8602 2012 02 n179 · 2015. 12. 4. · diaconia 2013 nous invite à décliner sous toutes les formes...

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Un vote pour quelle société ? Ecclesia campus Pour célébrer le 50 e anniversaire de l’ouverture du II e concile du Vatican Jeunes en marche Eglise en France Prix du numéro : 2,60 - Abonnement 55 (France) - 60 (Étranger) D I O C E S E P O I T I E R S Poitou Église en Quinzaine religieuse du diocèse de Poitiers 29 février 2012 N° 179

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  • Un vote pour quelle société ?

    Ecclesia campus

    Pour célébrer le 50e anniversaire de l’ouverture du IIe concile du Vatican

    ■ Jeunes en marche

    ■ Eglise en France

    Prix du numéro : 2,60 € - Abonnement 55 € (France) - 60 € (Étranger)

    8602

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    PoitouÉglise

    enQuinzaine religieuse du diocèse de Poitiers

    29 février 2012

    N° 179

  • CollègeClasses bilingues Français / Anglais

    Classes Européennes - Possibilité 2 L.V. dès la 6e

    Lycée ProfessionnelBac Pro : Commerce

    Bac Pro : Optique lunetterie

    Lycée Technologiqueet Professionnel

    Pôle

    6e -5

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    62 rue du Porteau - BP 19 - 86001 Poitiers Cedex - Tél. 05 49 50 34 00 - [email protected] - www.isaac-etoile.fr

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    ÉTABLISSEMENTCATHOLIQUED’ENSEIGNEMENT

    ge à l’Enseignement SupérieurDu Collègofessionnelles : MaintenanceFilières pro

    (industrielle, automobile, camion, engins (industrielde travaux publics et de manutention), Transport & Logistique, Conduite routière, Tourisme, Commerce international et Pharmacie

    Bac Général Séries ES, L et S, Section européenne espagnol

    gÉcole et Collège du Sacré-Cœur

    Classes de la Maternelle à la 3ème

    g g ,Classes bilangue anglais, allemand dès la 6ème

    2 Place Ste Croix - BP 42986011 POITIERS

    Tél. 05 49 41 32 59www.union-chretienne-poitiers.fr

    ÉÉcole et collège de la Providence

  • Éditoriald to a

    La politique consiste à vouloir le bien de la personne humaine, de la société, et à agir en conséquence.

    E n ouvrant le 2e concile du Vatican, le pape Jean XXIII disait : “Les hommes sont de plus en plus convaincus que la dignité et la perfection humaine sont des valeurs très importantes qui exigent de rudes efforts” (cf EEP n°175, page 20).Cette remarque, toujours d’actualité, pourrait être reprise par tous les candidats à l’élection présidentielle, tant chacun est convaincu que la politique consiste à vouloir le bien de la personne humaine, de la société, et à agir en conséquence. Or, quand il s’agit d’entrer dans le concret, les divergences de vues apparaissent. Dans une société en perpétuelle transformation, l’approche du bon, du mieux, peut se vivre au détriment des plus fragiles, de la valeur marchande de l’individu, de la capacité ou non à recevoir l’autre, celui qui m’est étranger, comme un frère. Le bonheur doit-il empêcher la souffrance de l’enfant qui va naître, et la souffrance de celui qui se meurt ? Le bonheur individuel peut contredire le bonheur d’une vie en société ! Où placer le bien pour chaque individu et pour la société ?Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France nous offre quelques clefs de lecture pour favoriser notre réfl exion à l’approche de l’élection présidentielle.

    La réfl exion des Mouvements apostoliques, des services, nous invite sans cesse à aller à l’essentiel. Le Mouvement VEA lui donne un sens : “S’ouvrir aux autres”. Le CMR propose une journée de réfl exion sur “partager plus pour s’enrichir”. Diaconia 2013 nous invite à décliner sous toutes les formes la manière dont nous servons la fraternité. Cette année, le Mouvement chrétien des retraités nous appelle à la gratuité.

    Le bien commun, le bien de tous, le bien de chaque personne prend sa source dans l’Évangile. Le vouloir, c’est, à la suite du Christ, ne pas tomber dans les pièges du Tentateur. La liturgie du carême nous accompagne sur ce chemin. Que serait le jeûne, sans le partage ? Que serait le partage, sans l’appui de la prière ? Que serait la prière vidée de la chair de notre humanité ? Le bien de tous exige de sortir de soi et de faire les bons choix !

    Père Gérard Touraynne

    Choisir le bien de tous

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    Sommaire

    Un vote pour quelle société ?

    Ecclesia campus

    Pour célébrer le 50e anniversaire de l’ouverture du IIe concile du Vatican

    ■ Jeunes en marche

    ■ Eglise en France

    Prix du numéro : 2,60 € - Abonnement 55 € (France) - 60 € (Étranger)

    8602

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    I OC E S

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    PoitouÉglise

    en

    Quinzaine religieuse du diocèse de Poitiers

    29 février 2012

    N° 179

    Quinzaine religieusedu diocèse de Poitiers,revue de l’associationdiocésaine de Poitiers,1-3 place Sainte Croix,86035 Poitiers cedexTél. 05 49 60 63 [email protected] :Karine Guédeau10, rue de La Trinité86034 Poitiers cedex05 49 60 63 95

    Commission paritairen° 1107 L 82 383

    Directeur de publication :P. Serge Duguet

    Équipe de rédaction :Pierre Duclos,Serge Duguet,Thomas Guérard,Isabelle Parmentier,Marc Taillebois.ISSN : 0220-9748Dépôt légal à parution

    Conception et réalisation :Bayard Service Édition ouest,BP 97 257,35 772 Vern-sur-SeicheTél. 02 99 77 36 [email protected]

    Secrétaire de rédaction :Romain Pénisson.Maquette :Vanessa Fleury

    Crédits photos :première de couverture :Ciric - Corinne Simon,dernière de couverture :D.R.

    Imprimerie Moderne de Dreux(28 Vernouillet)

    Offi ciel

    Visages d’Église

    • Editorial du père Gérard Touraynne

    • Agenda de Mgr Pascal Wintzer, Archevêque nommé, et de son conseil épiscopal

    • Messe du 18 mars 2012 à 15 h à la cathédrale

    • Retraite des prêtres du diocèse

    • Lundi saint le 2 avril 2012

    • Un vote pour quelle société ?

    • A la mémoire du père Gérard Charrier

    • JOC : Compagnons, amis du Christ en Église, au cœur du monde

    • Ecclesia Campus : l’unité dans la diversité20

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    Jeunes en marche

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  • 5

    Vie diocésaine

    Église en France

    Culture et agenda

    Méditation

    • Ce qui nous fait vivre aujourd’hui en VEA

    • CMR : se former à l’accompagnement des équipes

    • Vivre autrement le dimanche : se déplacer pour inventer

    • La Croix de Beaulieu : 30 ans déjà !

    • Fiche biblique n°4 : Une loi pour vivre

    • Enseignement catholique : Stimuler l’éducation au développement solidaire et à l’universel

    • Pour célébrer le 50e anniversaire de l’ouverture du IIe concile du Vatican

    • Livres- Vatican II raconté à ceux qui ne l’ont pas vécu- L’événement Vatican II- Commentaires des Ephésiens

    par Saint Thomas d’Aquin

    • Annonces- Vendredi 2 mars, Journée mondiale de prière- Du 10 au 11 mars, appels décisifs des jeunes- Propositions de formation pour les équipes des journaux locaux- Diaconia : rappel

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    • Manifestation

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  • 6

    LUNDI 5 MARSMgr P. Wintzer

    • Absent du 5 au 8 mars

    J.-P. Russeil

    • Prédication d’une retraite en Normandie (jusqu’au 8 mars inclus)

    G. Bulteau

    • Soirée carême dans le territoire du Loudunais

    F. Lardeau

    • Équipe diocésaine du diaconat

    MARDI 6 MARSG. Mouchard

    • Rencontre de l’équipe diocésaine des aumôneries d’hôpitaux

    G. Touraynne

    • Conseil pastoral de secteur d’Airvault/Saint-Loup

    MERCREDI 7 MARSG. Bulteau

    • Rencontre avec l’équipe pastorale du secteur du Cerizéen

    JEUDI 8 MARSF. Lardeau

    • Comité diocésain du diaconat

    VENDREDI 9 MARSConseil épiscopal

    SAMEDI 10 MARSMgr P. Wintzer

    • Appels décisifs des jeunes catéchumènes à Châtellerault

    J.-P. Russeil

    • Rencontre des équipes de soutien aux communautés locales (avec G. Bulteau et G. Touraynne)

    DIMANCHE 11 MARSMgr P. Wintzer

    • Appels décisifs des jeunes catéchumènes à Châtellerault

    G. Touraynne

    • Renouvellement d’équipes locales d’animation du secteur des Deux-Sources à Secondigny

    LUNDI 12 MARSMgr P. Wintzer

    • Avec le Service diocésain de la pastorale liturgique et sacramentelle (avec F. Lardeau)

    G. Mouchard

    • Dans le secteur de Haute-Boutonne

    G. Bulteau

    • Soirée carême dans le territoire du Loudunais

    MARDI 13 MARSMgr P. Wintzer

    • Avec la Direction diocésaine de l’enseignement catholique

    • Conseil de mission du territoire à Loudun

    Agenda de Mgr Wintzer, Archevêque

  • Offi ciel

    7

    J.-P. Russeil

    • Conseil de mission du territoire de Poitiers

    G. Touraynne

    • Avec l’équipe diocésaine de la Pastorale des jeunes

    F. Lardeau

    • Avec la commission formation du diaconat

    • Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens

    MERCREDI 14 MARSMgr P. Wintzer

    • Observatoire Foi et Culture à Paris

    G. Mouchard

    • Avec l’équipe d’animation du territoire du Montmorillonnais

    S. Duguet

    • Rencontre des supérieur(e)s majeur(e)s de la province de Poitiers

    J.-P. Russeil

    • Au Carmel de Bessines• Avec l’équipe d’animation

    du Busseau/la Chapelle-Thireuil/Saint-Laurs/Puy-Hardy

    G. Touraynne

    • Conseil pastoral du secteur des Deux-Sources

    • Conseil pastoral du secteur des Rives-du-Thouet

    F. Lardeau

    • Avec la Mutuelle Saint-Christophe à Saintes

    JEUDI 15 MARSRencontre des doyens de la Vienne

    et des Deux-Sèvres

    G. Touraynne

    • Conseil de mission du territoire de Gâtine

    F. Lardeau

    • Avec le comité Voir Ensemble (groupe de Poitiers)

    VENDREDI 16 MARSConseil épiscopal

    Conseil de mission des territoires

    SAMEDI 17 MARSJ.-P. Russeil

    • Récollection avec les sœurs de Salvert

    G. Bulteau

    • Rencontre diocésaine des participants aux PIF

    DIMANCHE 18 MARSMesse d’installation

    de Mgr Pascal Wintzer

    comme nouvel archevêque,

    à la cathédrale à 15 h

    nommé, et de son conseil épiscopal

  • 8

    Messe du 18 mars 2012 à 15 h à la cathédralePour accueillir offi ciellement notre nouvel archevêque en sa cathédrale, toute la communauté chrétienne est invitée à se rassembler le dimanche 18 mars prochain. Quelques informations sur l’organisation pratique :• Transport : Il est demandé à tous les diocésains de s’organiser pour privilégier les transports

    collectifs, soit sous forme de covoiturage, soit par l’organisation de cars au plan des secteurs ou territoires pastoraux. La messe commençant à 15 h précise, il est recommandé aux cars d’arriver sur Poitiers pour 14 h.

    • Parking : A Poitiers, les véhicules individuels doivent utiliser les parkings municipaux. La place de la cathédrale étant réservée pour la manifestation et l’accès aux véhicules autorisés (offi ciels, personnes à mobilité réduite, livraison de matériel). Les prêtres et services diocésains peuvent utiliser le parking de la Maison diocésaine du 36 bd Anatole France (70 places) ; celui du haut étant indisponible.

    Concernant les cars : - Des arrêts minutes sont prévus bd Anatole France et au chevet de Sainte-Radegonde

    et leurs stationnements Promenade des Cours. - À l’issue de la célébration, un roulement de navettes de bus Vitalis est prévu pour raccompagner

    les groupes à leurs cars.• Déroulement de la journée : A 15 h, messe à la cathédrale suivie d’un vin d’honneur pour tous

    à la sortie de la cathédrale sous les tilleuls.• Enfants : Une garderie sera organisée pour les plus petits (3 à 6 ans) pendant la célébration

    à l’Union chrétienne. Le secteur centre-ville de Poitiers propose à partir de 14 h une animation pour expliquer ce qui va se vivre pour les 7-12 ans du diocèse. Les enfants doivent être accompagnés d’un adulte pour dix. Contact : Odile Chayé 05 49 41 60 91, [email protected].

    Pour toutes les questions pratiques sur cette journée, une adresse mail est à votre disposition :

    [email protected]

    Retraite des prêtres du diocèseCette année, c’est à la maison des Filles de la Croix à La Puye (86) qu’aura lieu la retraite des prêtres. Elle se tiendra du dimanche soir 1er juillet 2012 (19 h pour le repas) au vendredi 6 juillet (14 h).Une retraite en silence avec le père Marc Donze, vicaire épiscopal du diocèse de Fribourg (Suisse).

    Les prêtres désirant participer à cette retraite sont invités à s’inscrire dès maintenant auprès du P. Gérard Mouchard, Archevêché, 1-3, Place Sainte-Croix, 86035 Poitiers Cedex.

    Bulletin d’inscriptionRetraite des prêtres 1er juillet - 6 juillet 2012

    Père

    Adresse

    ■■ participera à la retraite■■ prendra le repas du dimanche soir 1er juillet.

  • 9

    Offi ciel

    Prêtres jubilaires en 201225 ans d’ordinationP. François Pongo Lowanga

    50 ans d’ordinationP. Loïc PaumierP. Guy BocherelP. Gérard BonneauP. André BrossardP. François GodetP. Jean MarchandP. Gérard MotardP. Robert NeauP. André Sentier

    60 ans d’ordinationP. Jacques AudinetP. Gérard DaigneauMgr François FavreauP. Fernand Le DelaisirP. Joseph Sachot

    Journée du presbyteriumLundi saint 2012

    Nom

    Prénom

    Territoire

    Secteur

    Participera à la journée du 2 avril 2012 ■■ OUI ■■ NON

    Prendra le repas ■■ OUI ■■ NON

    À envoyer avant le 28 mars 2012 au P. Gérard Mouchard, Archevêché, 1-3 place Sainte-Croix, 86035 Poitiers Cedex.

    Lundi saint le 2 avril 2012

    Journée du presbyteriumCette année, c’est à Celles-sur-Belle que nous nous rendrons. “Témoins et acteurs de la première réception du concile Vatican II” (1965-1975) sera le thème de cette journée au moment où nous allons célébrer le 50e anniversaire de son ouverture. Mgr François Favreau et le père Pierre Toulat ont accepté de venir témoigner de cet événement si important pour l’Église.

    Programme• 9 h 30 : Accueil à Celles-sur-Belle

    (salle des anciennes halles, à quelques mètres de l’abbatiale. De grands parkings sont à proximité).

    • 10 h : Laudes.• 10 h 15 : Interventions et témoignages.• 12 h 15 : Apéritif et repas à l’abbaye.• 15 h : Célébration de la messe chrismale à l’abbatiale.

    Messe chrismale du 18 avril 2011 à la cathédrale.

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    C es temps que nous tra-versons sont des temps de crise. Une crise globale touche tous les pays occidentaux depuis plusieurs dizaines d’années. Ce n’est pas une particularité française. Les effets de la crise fi nancière mondiale qui s’est accélérée en septembre 2008 sont loin d’être épuisés. Ce déséqui-libre s’est ajouté aux diffi cultés sociales et politiques qui sont les conséquences de la trans-formation profonde et rapide de nos sociétés et de toutes les structures qui organisent notre vie sociale.

    De nombreux facteurs de trans-formation se conjuguent. Trois d’entre eux méritent, selon nous, de retenir l’attention de tous :- Tout d’abord, nous pensons

    au formidable développement des techniques scientifi ques. Celui-ci ne cesse de se pour-suivre. Il incite à projeter ou même à mettre à exécution des idées qui étaient restées

    jusque-là au stade des rêves ou des cauchemars. Ainsi le per-fectionnement de la connais-sance et de la compréhension du vivant suscitent des désirs que rien ne paraît pouvoir limi-ter. Il est donc urgent et indis-pensable que l’homme puisse mieux défi nir qui il est, et dé-terminer les conditions de son propre respect. Faute d’une appréhension précise de sa dignité, il se laisse inexorable-ment fasciner par son pouvoir scientifi que, dont il est tenté d’attendre la solution à tous ses problèmes, en oubliant de voir ce qui risque de se retour-ner contre lui.

    - Un deuxième facteur de trans-formation est la fi n d’une cer-taine homogénéité culturelle de nos sociétés. Bien avant que la réalité de la mondialisa-tion soit appréhendée et com-mentée, nos pays d’Europe occidentale ont connu - et connaissent encore - des va-gues d’immigration diverses.

    Ainsi coexistent aujourd’hui, à égalité de droits, des per-sonnes ayant des origines ethniques et des références culturelles et religieuses les plus variées. Pour des ci-toyens de plus ou moins vieille souche, ceci peut engendrer un sentiment d’instabilité très délicat à vivre. Pour beaucoup de nouveaux arrivés, cela se traduit par le fait de se sentir mal accueillis et de ne pas pouvoir trouver une place dans une société qu’ils ne peuvent pourtant plus quitter.

    - Enfi n, dans nos sociétés, cha-cun revendique toujours plus ses droits sans beaucoup s’in-quiéter de ses devoirs. Dans ce domaine, nous assistons sans doute à un mouvement amorcé depuis longtemps. Les libertés individuelles ont contribué à augmenter le sens de la responsabilité person-nelle. Mais l’individualisme fi nit par dissoudre la vie so-ciale, dès lors que chacun juge toute chose en fonction de son intérêt propre. Le bien commun de tous risque d’être confondu avec la somme des avantages particuliers.

    Déclaration des Évêques de France

    Élections : un vote pour quelle

    Durant les prochains mois, notre attention sera largement sollicitée par la préparation des élections présidentielles et législatives.

    Affi ches des élections du 22 avril 2007.

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  • Offi ciel

    11

    Ces transformations interro-gent la conception que l’on se fait de l’homme, de sa dignité et de sa vocation. Les gouver-nants et les législateurs sont confrontés à des questions nouvelles. L’éclatement des ré-férences éthiques fait reposer un poids moral toujours plus lourd sur la formulation des lois. Puisqu’elles jouent inévi-tablement un rôle de référence morale dont il convient de tenir compte, le législateur ne peut se contenter d’enregistrer l’évo-lution des mœurs.

    Dans ce contexte, notre de-voir d’évêques est de rappeler la haute importance que l’Église, depuis ses origines, reconnaît à la fonction politique. Dans une démocratie représentative, le vote est la manière par laquelle chacun peut participer à l’exer-cice du pouvoir. Il est donc es-sentiel d’y prendre part, de la ma-nière la plus sérieuse possible. Un vote ne peut être simplement dicté par l’habitude, par l’appar-tenance à une classe sociale ou par la poursuite d’intérêts parti-culiers. Il doit prendre en compte les défi s qui se présentent et viser ce qui pourra rendre notre pays plus agréable à vivre et plus humain pour tous.

    Comme chrétiens, nous de-vons être confi ants : les crises qui traversent les sociétés hu-maines peuvent être des oc-casions de renouveau, et des expériences qui réorientent l’avenir. Elles ne doivent pas nous empêcher de viser tou-jours et en toutes circonstances le respect de la dignité de toute personne humaine, l’attention particulière aux plus faibles, le développement des coopéra-tions avec d’autres pays, et la

    recherche de la justice et de la paix pour tous les peuples.

    Cependant, nous ne pouvons pas attendre du pouvoir poli-tique plus qu’il ne peut donner. Élire un président de la Répu-blique et choisir des représen-tants ne suffi ra pas à relever les défi s qui se présentent à nous aujourd’hui. Les déséquilibres actuels, avec leurs dimensions sociales, culturelles et écono-miques, nous font mesurer l’ap-port considérable de la produc-tion industrielle et de la société de consommation, mais aussi leurs limites et leurs fragilités. Le mode de vie qui est le nôtre depuis quelques décennies ne pourra pas être celui de tous les pays du monde, ni même se maintenir perpétuellement tel quel chez nous.

    Depuis longtemps, avec d’autres, les papes et les évêques appellent chacun à re-considérer sa manière de vivre, à privilégier l’être plus que l’avoir, à chercher et promouvoir un “développement intégral” pour tous. Sous des termes variés, c’est la même invitation pres-sante à un changement de mode de vie. Chrétiens, à bien des égards, nous sommes mieux équipés que beaucoup d’autres pour choisir ce changement plu-tôt que de le subir seulement.

    À cette lettre, nous joignons un document qui détaille quelques points qui nous semblent impor-tants à prendre en compte en vue de ces élections. À chaque citoyen, à chacun de vous donc, il revient d’examiner comment les programmes et les projets des partis et des candidats trai-tent ces différents points, et de déterminer si ces approches sont cohérentes ou non avec la

    société dans laquelle nous vou-lons vivre. À chacun de vous il reviendra aussi de hiérarchiser ces différents points en vue du vote. D’autres, bien sûr, peuvent y être ajoutés.

    Dans un temps d’hypermé-diatisation, il convient d’être prudent devant la surenchère des informations qui seront diffusées, de ne pas se laisser entraîner par des calomnies ou des médisances, de rechercher avec précaution, autant que chacun en est capable, ce qui est vrai et ce qui est juste.

    En vous adressant ce mes-sage en amont de l’ouverture de la campagne électorale, nous croyons répondre à l’at-tente de beaucoup. Prions pour que le désir du bien de tous domine dans nos choix et dans ceux de nos concitoyens.

    Paris, le 3 octobre 2011

    Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France :

    Cardinal ANDRÉ VINGT-TROIS,archevêque de Paris,

    président de la Conférence des évêques de France

    Mgr HIPPOLYTE SIMON,archevêque de Clermont

    vice-président de la Conférence des évêques de France

    Mgr LAURENT ULRICH,archevêque de Lille

    vice-président de la Conférence des évêques de France

    Mgr JACQUES BLAQUART,évêque d’Orléans

    Mgr JEAN-CLAUDE BOULANGER,évêque de Bayeux et Lisieux

    Mgr JEAN-PIERRE GRALLET,archevêque de Strasbourg

    Mgr HUBERT HERBRETEAU,évêque d’Agen

    Mgr JEAN-PAUL JAEGER,évêque d’Arras

    Mgr JEAN-PAUL JAMES,évêque de Nantes

    société ?

  • 12

    D e sa contemplation du Christ, l’Église tire une vision cohérente de la personne en toutes ses dimen-sions, inséparables les unes des autres. Cette vision peut servir de guide et de mesure aux projets qu’une société doit se donner.

    Vie naissanteChaque personne est unique

    aux yeux de Dieu. L’engage-ment résolu des chrétiens n’est pas dicté d’abord par une mo-rale mais par l’amour de la vie que ni la maladie ni l’âge ne peut amoindrir. Il est impératif que les autorités publiques refusent l’instrumentalisation de l’em-bryon. De même, l’avortement ne peut en aucun cas être pré-senté comme une solution pour les mères en diffi culté. Les chré-tiens doivent veiller à ce que la société consacre de grands ef-forts pour l’accueil de la vie.

    FamilleEn créant l’être humain,

    “homme et femme”, Dieu a sus-cité une relation de complémen-tarité à la fois biologique et so-ciale qui se retrouve dans toute la société. La différence sexuelle de l’homme et de la femme est fondatrice et structurante de tout le devenir humain. De plus, l’union de l’homme et de la femme scellée dans le mariage est le moyen le plus simple et le plus effi cace d’accompagner le renouvellement des généra-tions et d’accueillir les enfants pour les introduire en ce monde. La famille, fondée sur l’union durable de l’homme et de la femme, doit être aidée écono-miquement et défendue socia-

    lement car, à travers les enfants qu’elle porte et qu’elle éduque, c’est l’avenir et la stabilité de la société qui sont en jeu.

    ÉducationL’éducation est une des ex-

    pressions majeures du respect de la personne. Une éducation juste implique : la liberté et la responsabilité des parents, la transmission à tous des savoirs essentiels, l’attention spéci-fi que à ceux qui rencontrent des diffi cultés scolaires, le respect de la liberté de conscience, des enseignements respectueux de la dignité et de la beauté de la vie humaine.

    JeunesseL’intégration des jeunes gé-

    nérations est un objectif incon-tournable pour toute société. Chez nous, divers facteurs ren-dent cette intégration diffi cile. L’aide aux familles dans leur responsabilité éducative, les conditions de la vie étudiante, l’entrée dans la vie profession-nelle, la possibilité de fonder une famille indépendante, etc. sont autant de domaines dans lesquels le soutien institutionnel et fi nancier de la collectivité ne doit pas être perçu comme une faveur, mais comme un inves-tissement nécessaire à la cohé-sion et à la paix sociales.

    Banlieues et citéesDepuis quelques années,

    malgré des efforts répétés, certains quartiers et certaines cités deviennent des lieux de violence, de trafi cs. Plus géné-ralement, certains de leurs ha-bitants s’y trouvent enfermés, ne parvenant pas et parfois

    ne voulant plus prendre pied dans la société globale. Une politique purement répressive ne saurait suffi re ni résoudre les problèmes de fond. Des efforts d’aménagement, no-tamment de renouvellement de l’habitat et des transports, sont nécessaires. Des initiatives doivent être prises pour aider les habitants à comprendre la société où ils se trouvent et à s’en considérer comme partie prenante. Un certain nombre d’associations jouent un rôle important qui doit être soutenu et encouragé.

    EnvironnementLa terre est un don d’amour

    fait par le Créateur pour que l’homme soit le gérant de ce bien donné. En l’invitant à do-miner la terre, Dieu ne l’a pas invité à l’épuiser ou à la dé-truire. C’est pourquoi l’Église invite la société à promouvoir des modes de vie respectueux de l’environnement et à inté-grer cette préoccupation dans le développement économique et social. Les prouesses tech-niques dont la société est ca-pable sont à encourager si elles sont respectueuses de l’“écolo-gie humaine” (Benoît XVI).

    Économie et justiceLe travail demeure une néces-

    sité fondamentale pour la struc-turation de la personne. C’est pourquoi l’objectif de toute poli-tique économique doit être d’of-frir à tous ceux qui se présentent, et en particulier aux jeunes, une perspective de travail et une véri-table préparation à l’emploi. Une politique économique qui se ré-soudrait au maintien dans la dé-

    Conférence des évêques de France

    Élections 2012 : éléments de discernement

  • Offi ciel

    13

    pendance vis-à-vis de l’État se-rait contraire à cet impératif. Les autorités publiques doivent créer les conditions d’une plus grande justice dans la vie économique en veillant à l’équité des sa-laires, des prix et des échanges. L’équilibre de la société exige la correction des écarts dispropor-tionnés de richesse.

    Mais la société ne se limite pas aux échanges écono-miques. La gratuité qui est à l’œuvre dans la vie associative et culturelle est une des condi-tions de sa vitalité. L’État doit encourager et faciliter les ci-toyens à s’engager fi nancière-ment et personnellement dans des associations de tous ordres qui renforcent le tissu social.

    Coopération internationale et immigration

    Le bien commun implique la paix entre personnes et entre nations. Il proscrit l’usage de la force entre les États, sauf dans les situations extrêmes où toute autre solution est impos-sible. Il appelle un partage des richesses et le développement des actions de coopération. Il passe par des institutions in-ternationales dont le fonction-nement et les actions servent effi cacement la dignité des per-sonnes et des peuples.

    L’Église reconnaît à tout homme le droit d’émigrer pour améliorer sa situation, même s’il est regrettable que tous ne puis-sent pas survivre dans leurs pays.

    Mais dans un monde aussi organisé que le nôtre, une régu-lation des migrations est néces-saire. Elle ne peut pas se réduire à une fermeture protectrice des

    frontières. Elle doit permettre d’accueillir au mieux ceux qui se présentent, avec respect et sérieux, et en leur offrant une vraie possibilité d’intégration.

    HandicapNos sociétés modernes s’ho-

    norent d’un renouvellement du regard sur les personnes handicapées. Elles savent leur permettre de trouver leur place dans la vie sociale. Les chré-tiens y reconnaissent volontiers un écho de l’attitude du Christ rencontrant et réconfortant des personnes malades ou atteintes de handicap (Marc 1, 40 ; Luc 5, 17...) Ce souci doit donc être encouragé. Mais le dépis-tage prénatal systématique qui risque de déboucher sur l’élimi-nation des personnes porteuses de certains handicaps remet en cause en son fondement même la solidarité envers le plus faible qui doit animer la société.

    Fin de VieToute personne, quel que soit

    son âge, son état de fatigue, son handicap ou sa maladie, n’en garde pas moins sa di-gnité. Pour cette raison, “l’eu-

    thanasie est une fausse solution au drame de la souffrance, une solution indigne de l’homme” (Benoît XVI) car elle vise, sous prétexte de compassion, à abandonner les personnes au moment où elles ont le plus be-soin d’aide et d’accompagne-ment. L’arrivée de générations importantes dans le grand âge doit inviter la société à une plus grande solidarité. Le dévelop-pement des soins palliatifs, fruit d’un progrès éthique et scien-tifi que, doit être poursuivi pour que tous ceux qui en ont besoin puissent en bénéfi cier.

    Patrimoine et cultureNotre pays hérite de l’effort

    culturel des générations précé-dentes. La culture ne coïncide pas avec la production cultu-relle ou même avec la réception de ses produits. Elle permet à chaque personne d’inscrire sa destinée dans la communauté humaine avec celle des autres devant les horizons de la plus grande espérance. Il est souhai-table que les pouvoirs publics

    BSE

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  • 14

    assemblent les conditions pour que les jeunes générations profi -tent de ce que nous lègue le passé pour se projeter dans l’avenir.

    EuropeLe projet européen peut être

    compris de bien des manières. En son origine, il représente un magnifi que effort pour as-sumer l’histoire d’un continent en termes de pardon et de pro-messe. Dans le monde globalisé où nous vivons, bien des réali-tés ne peuvent être traitées qu’à cette échelle. Mais la construc-tion européenne appelle des États capables de proposer et de défendre un projet clair, en vue de créer un espace de liberté et de créativité.

    L’Union européenne est de-venue le cadre institutionnel de beaucoup des activités humaines en notre pays. Mais elle agit trop souvent comme une instance administrative et même bureau-cratique. Le marché unique est un beau projet dans la mesure où il est sous-tendu par une vi-sion spirituelle de l’homme. Les chrétiens désirent que l’Europe, loin de réduire l’homme à n’être qu’un consommateur sans cesse insatisfait et soucieux de ses droits, permette à ses habitants d’agir de façon responsable, avec les ressources spirituelles, morales, économiques et poli-tiques qui sont les leurs, pour le bien de l’ensemble du monde.

    Laïcité et vie en sociétéDans notre pays, la relation

    entre l’Église catholique et l’État a été marquée par une histoire diffi cile et souvent confl ictuelle. Cette relation est aujourd’hui largement apaisée et c’est une bonne chose pour l’équilibre de notre société. Nous vivons dans un régime de séparation - de-puis la loi de 1905 - et la laïcité

    est un principe constitutionnel de la République française. À plu-sieurs reprises et notamment lors du centenaire de la loi de 1905 [1], l’Église a affi rmé accepter le cadre dans lequel nous nous situons. Séparation ne signifi e pas ignorance réciproque ; nom-breux sont les lieux et les occa-sions de rencontre, de dialogue, tant au plan local que national. Si l’État ne reconnaît ni ne sub-ventionne aucun culte (art. 2 de la loi de 1905), il se doit d’assurer la liberté de conscience et de ga-rantir le libre exercice des cultes (art. 1). C’est dans le sens de la liberté que la jurisprudence a de façon constante interprété la loi. Récemment le débat sur la laï-cité est revenu sur le devant de la scène, en raison de la présence plus nombreuse de citoyens de religion musulmane et des questions posées par certaines pratiques minoritaires. Ces dé-bats ne doivent pas stigmatiser les religions dans notre pays au risque d’aboutir à la laïcité la plus fermée, c’est-à-dire celle du re-fus de toute expression religieuse publique. Certaines pratiques administratives ont montré que ce risque n’est pas illusoire.

    De même, certaines réactions excessives, dans des débats récents, ont montré que l’intolé-rance à l’égard de l’Église catho-lique (et des religions en général) ne constituait pas uniquement des vestiges du passé. Les ca-tholiques n’entendent pas être des citoyens interdits de parole dans la société démocratique. En exprimant ce qu’ils pensent, ils ne vont pas à l’encontre de l’intelli-gence et de la liberté de jugement de ceux qui ne partagent pas leur foi. Ils souhaitent une application apaisée et ouverte des lois et des règlements qui défi nissent le pacte laïc de notre commune Ré-publique.

    Références bibliographiques

    • Vatican II, Constitution

    pastorale sur l’Église dans le

    monde de ce temps, Gaudium

    et spes, décembre 1965.

    • Catéchisme de l’Église catho-

    lique, coéd. Centurion/Cerf/

    Fleurus-Mame, paragraphes

    2196 à 2463, 1998.

    • Conseil pontifi cal Justice et

    Paix, Compendium de la doc-

    trine sociale de l’Église, coéd.

    Bayard/Cerf/Fleurus-Mame,

    décembre 2005.

    • Benoît XVI, L’Amour dans la

    vérité.

    • Conférence des évêques

    de France, Conseil Famille

    et Société, Grandir dans la

    crise, coéd. Bayard/Cerf/Fleu-

    rus-Mame, coll. Documents

    d’Église, mars 2011.

  • Offi ciel

    15

    Les questions sociales, écono-miques et éthiques sont de plus en plus en plus complexes. Les experts ont une parole qui peut aider à la réfl exion des citoyens mais ne peut pas s’y substituer.

    L’éducation de la conscience, par le dialogue raisonné de la foi, est donc un impératif pour tout croyant s’il ne veut pas en rester à quelques formules toutes faites. Il est invité par l’Église à découvrir la richesse de son enseignement, jalonné par les encycliques des papes et récapitulé dans le caté-chisme de l’Église catholique, qui concerne l’homme tout entier.

    “Beaucoup de comportements cyniques ou simplement irré-fl échis ont conduit à la perte du sens d’une destinée commune, à commencer par l’affi rmation selon laquelle chacun n’a de comptes à rendre qu’à lui-même en oubliant que les droits n’ont de sens qu’en lien avec des respon-sabilités [...] Lorsque le sens de l’existence ne passe plus par le lien à autrui, la perception même de l’intérêt général est brouillée. Les propositions politiques de long terme sont dévalorisées. Les attentes des citoyens s’en trou-vent faussées.

    Il n’y a plus de hiérarchie des priorités et chacun réclame l’in-tervention de l’État pour ses problèmes particuliers”. [2]

    Si “l’Église ne peut ni ne doit prendre en main la bataille po-litique pour édifi er une société la plus juste possible [...], elle ne peut ni ne doit non plus res-ter à l’écart dans la lutte pour la justice. Elle doit s’insérer en elle par la voie de l’argumentation

    rationnelle et elle doit réveiller les forces spirituelles, sans les-quelles la justice, qui requiert aussi des renoncements, ne peut s’affi rmer ni se développer”. [3]

    Le véritable développement humain suppose “des hommes droits, des acteurs économiques et des hommes politiques fortement interpellés dans leur conscience par le souci du bien commun. La compétence professionnelle et la cohérence morale sont néces-saires l’une et l’autre !” [4]

    “La crise couvait depuis long-temps. Elle s’est manifestée d’abord dans le domaine éco-logique. Puis les crises alimen-taire, fi nancière, économique, monétaire et sociale se sont succédées rapidement, révélant une crise bien plus profonde, une crise spirituelle, une crise de sens. Cette crise du sens profond de l’existence a été masquée par une confi ance excessive dans l’économie libérale. Il est clair aujourd’hui que l’économie seule ne peut fournir les réponses adé-quates à tous les problèmes de société” [5]

    “On voudrait être convaincu que les dérives fi nancières de 2008 n’ont pas été oubliées et que les événements qui les ont provoquées n’ont pas repris leurs cours. Les contrôles réels des fl ux fi nanciers, au niveau natio-nal et international, peinent à se mettre en place. L’illusion d’une grande distribution des fonds publics continue de masquer les failles structurelles de notre pays et contribue à prolonger le rêve d’une société de consomma-

    tion sans rapport réel avec les moyens disponibles, ni dans les foyers ni dans la société. L’ap-pel que nous lançons régulière-ment à promouvoir de nouveaux modes de vie n’est pas une in-cantation moralisante. C’est plu-tôt l’avertissement que la raison humaine doit lancer devant les excès de notre système”. [6]

    Une redéfi nition du bien com-mun est sans doute nécessaire. “Il appartient à chacun d’intégrer que ses envies personnelles ne peu-vent être l’unique ressort de son agir et de son jugement. Il est fort possible que la prise en compte du bien commun demande des sacrifi ces à chacun”. [7]

    “Aucun pays ne peut penser être en mesure de faire face seul aux problèmes migratoires de notre temps. Nous sommes tous témoins du poids de souf-frances, de malaises, et d’as-pirations qui accompagnent les fl ux migratoires. [...] les tra-vailleurs étrangers, malgré les diffi cultés liées à leur intégra-tion, apportent par leur travail une contribution appréciable au développement économique du pays qui les accueille, mais aus-si à leur pays d’origine par leur envoi d’argent. Il est évident que ces travailleurs ne doivent pas être considérés comme une marchandise ou simplement comme une force de travail [...]. Tout migrant est une personne humaine qui, en tant que telle, possède des droits fondamen-taux inaliénables qui doivent être respectés par tous et en toute circonstance”. [8]

    [1] Jean-Paul II, Lettre aux évêques de France, février 2005.Déclaration des évêques de France. Assemblée plénière, juin 2005.

    [2] Conférence des évêques de France, conseil famille et société, Grandir dans la crise, coéd. Bayard/Cerf/ Fleurus-Mame, coll. Documents d’Église, mars 2011, page 18-19.

    [3] Benoît XVI, Deus caritas est, n° 28, 2006.

    [4] Benoît XVI, Caritas in veritate, n° 71, 2009.[5] IBID., Grandir dans la crise, page 29.[6] Cal André Vingt-Trois, Discours d’ouverture,

    Assemblée plénière, Lourdes 2011.[7] IBID., Grandir dans la crise, page 47.[8] Benoît XVI, Caritas in veritate, n° 62, 2009.

    Pour aller plus loin

  • 16

    D ans cette période de pré-campagne électorale, en regardant des sites Internet où les uns et les autres, personnes, groupes, lobbies, expriment des opinions, des satisfactions et des méconten-tements, je suis frappé de ce que certains de ces sites n’ont, comme grille de lecture, que la prise en compte d’une préoccu-pation unique, comme l’avorte-ment, l’adoption par des couples homosexuels, le nucléaire, l’im-migration, le maintien dans la zone euro ou l’interdiction des licenciements… Ainsi, le candi-dat, la candidate, et son parti, ne sont estimés qu’en fonction d’un seul critère.

    Bien entendu, chacune de ces questions est importante ; elle appartient à ce qui doit faire par-tie du débat qui touche la vie en société et les choix politiques qui doivent l’orienter.

    Mais, ce que je déplore, c’est lorsqu’une seule de ces ques-tions est retenue comme étant “le” critère qui crédite ou entache l’ensemble d’un projet présiden-tiel. J’estime qu’un programme électoral ne peut ni être un catalo-gue qui s’efforce de fl atter toutes les catégories de population, ni

    se résumer à une seule option, fût-ce celle

    du logement de ceux qui n’ont

    pas de toit.

    Bien sûr, lorsque, dans quelques semaines, je voterai, au premier comme au second tour, pour tel ou tel candidat ou candidate, je le ferai en fonction de priorités que j’estime plus décisives, mais je sais fort bien, que s’il ou elle répond à ces priorités, pour d’autres, je se-rai en désaccord avec ses options. Peut-il en être autrement ? Et ce-pendant, je voterai en prenant en compte d’autres options, d’autres priorités, qui ne sont peut-être pas les miennes mais qui peuvent être bonnes pour l’ensemble du pays.

    Je ne rêve pas d’un pays, et même, je ne souhaite pas un pays, qui soit l’exact refl et de ma conception de l’existence, ni même qui soit l’exact refl et de ce que pense l’Église catholique.

    Bien sûr la France est un pays où vivent de nombreux catho-liques, et aussi un pays qui doit se garder de chercher à effacer tout ce que le christianisme im-prime dans son histoire et dans sa culture. Mais, depuis déjà longtemps, la France n’est plus un pays exclusivement catho-lique.

    Se peut-il, qu’en votant, nous n’ayons pas, pour seule préoc-cupation, de rechercher le pro-gramme qui correspondra trait pour trait à ce que chacun veut pour lui-même, et préférions la recherche de ce qui sera le meilleur pour tous ?

    Mgr Pascal Wintzer,Archevêque nommé

    de Poitiers

    Billet d’humeur du mardi 31 janvier sur Radio Accords

    Choisir pour le bien commun

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  • Visages d’Église

    17

    Gérard Charrier• Né à La Verrie (en Vendée),

    le 26 novembre 1934.• Ordonné prêtre à la Verrie

    le 30 juin 1963, pour le diocèse de Poitiers.

    • Vicaire à Saint-Jean-Bap-tiste de Châtellerault et aumônier dans l’Ensei-gnement public.

    • À Paris, recyclage théolo-gique et pastoral.

    • 1970-1971, vicaire à la cathédrale de Poitiers. À l’aumônerie du lycée Henri IV et du collège du Jardin des Plantes.

    • 1979, aumônier du Patronage Saint-Joseph à Poitiers.

    • 1985, aumônier du mouvement diocésain “Vivre Ensemble l’Évangile Aujourd’hui”.

    • 1988, responsable du secteur pastoral de Neuville-de-Poitou.

    • 2003, responsable du secteur pastoral de Vivonne.

    • 2004, à l’aumônerie diocésaine du Mouvement chrétien des retraités.

    • 2007, il rejoint la Maison diocésaine de Poitiers ; en conservant l’aumônerie des deux mêmes mouvements diocésains.

    • Décédé le mardi 7 février à la maison de retraite des prêtres.

    • Obsèques célébrées le jeudi 9 février à la cathé-drale de Poitiers, suivies de l’inhumation au cime-tière de la Pierre-Levée.

    S ainte-Thérèse de l’Enfant Jésus, que Gérard aimait beaucoup, disait : “Je ne meurs pas, j’entre dans la vie”. Gérard vient de traverser la nuit et de franchir la porte. Il vient d’entrer dans la vie.

    Le mal qui le frappait depuis plusieurs années s’est aggravé ces derniers mois qu’il a vécus dans la souffrance. Il s’est éteint mardi matin, dans le calme et la paix. Il était prêt. Il se savait au terme de sa marche vers sa der-nière demeure. Il me disait, dans une de ses confi dences, qu’il tra-versait l’épreuve pour aller vers la gloire comme le Christ lui-même l’avait fait. L’épreuve, il la vivait comme un chemin qui conduit à la vie.

    Y a-t-il quelques mots qui ca-ractérisent la vie et le ministère de Gérard ?

    L’un d’eux me semble donné par cet évangile de l’Annoncia-tion dont le choix a peut-être sur-pris, mais que Gérard aimait par-ticulièrement, car la Vierge Marie tenait une grande place dans sa vie, témoins les nombreux pè-lerinages qu’il a accompagnés à Lourdes et ailleurs. N’avait-il pas dit qu’il désirait partir le 2 ou le 11 février ? Ce qui le fascinait dans l’Évangile de l’Annoncia-tion, c’est le Fiat de Marie. Le oui à la volonté de Dieu résumait tout pour lui. Il le méditait souvent. Toute sa vie de prêtre en a été marquée et même dynamisée.

    Toujours dans cet évangile, il y a le mot de service qui a eu du poids, aussi, pour lui. Le service : ce mot est beau, noble et grand quand il est illustré dans une existence d’homme. Jésus, qui s’est fait serviteur jusqu’au bout, l’a employé pour désigner ceux qui méritent récompense. “Bon et fi dèle serviteur” : Gérard le ré-pétait souvent dans ses cours de spiritualité. Ce serviteur fi dèle, Gérard a essayé de l’être dans tous les ministères qui lui ont été confi és, tant auprès des jeunes que des adultes à Poitiers, à Châ-tellerault, à Neuville et à Vivonne et aussi dans l’accompagnement des mouvements comme Vivre ensemble l’Évangile aujourd’hui (VEA) et le Mouvement des chré-tiens retraités (MCR).

    Nul doute que maintenant il est entré dans la joie de son maître (souhait qu’il exprimait souvent )

    Gérard avait d’indéniables qualités intellectuelles. Formé à Strasbourg et à Paris après son temps de séminaire en Vendée, il s’exprimait avec aisance et profondeur. Ses cours de spi-ritualité donnés aux sémina-ristes pendant deux ans ont été très appréciés et lui-même en a éprouvé beaucoup de joie. L’été dernier, confi ant dans l’avenir, il me proposait d’assurer une nou-velle année. Il y a peu de temps encore, il donnait des homélies à Radio-Accords et au Mouvement Chrétiens des Retraités […]

    Extrait de l’homélie du père Gérard Blochat

    Sépulture du père Gérard Charrier

    Xavi

    er G

    uillo

    teau

  • 18

    Marie : Alors Mika, t’en as pensé quoi de ta deuxième retraite

    comme permanent ?Michaël : Bah, c’était bizarre.

    Il y avait des trucs biens comme les apports sur les différents sacrements et puis d’autres trucs où j’ai eu plus de mal.Marie : T’as eu du mal

    avec le silence imposé ?Michaël : Bah oui j’aime bien

    les retraites, ça permet de se rap-procher de Dieu mais perso Dieu je le vois aussi dans la vie et les paroles des autres. Alors nous demander de ne pas nous par-ler pendant une semaine, c’est chaud !Marie : Je comprends ce que tu veux dire, en JOC on a beaucoup l’habitude de partager en révision de vie notamment. Moi perso, les temps de silence ça m’a beau-coup apporté, c’est comme ça que j’ai réellement réussi à prier et à rentrer en dialogue avec Jésus.Michaël : Je suis plutôt d’accord, moi aussi me mettre en silence ça

    me permet de mieux écouter Dieu à travers sa parole mais faire ça en permanence c’est trop !Marie : Le plus dur pour moi ça été pendant les repas, non pas que je ne voulais pas essayer mais les repas c’est quelque chose d’im-portant en tant que chrétienne. C’est le moment où l’on se par-tage sa journée. Imagine Jésus si à la Cène il n’avait pas parlé ! On ne ferait pas l’eucharistie !Michaël : Pour moi, c’était quand même une retraite positive, ça nous a bousculés dans nos pra-tiques ! Comme tous les ans une retraite, c’est un temps de pause bienfaiteur dans notre vie et dans notre engagement pour les jeunes de milieux ouvriers.Marie : En même temps, c’est tous les mois qu’on se pose. Re-garde : comme tous les jocistes on se retrouve tous les mois en révision de vie pour se poser sur notre vie, l’éclairer à la lumière de l’Évangile et agir pour changer ce qui ne va pas.Michaël : Oui et puis on a aussi des temps d’arrêt pour redonner du sens à notre mission au service des jeunes. Ca m’aide à rester co-hérent entre ma foi et mon travail. Par exemple, lorsque je crée des moyens pour aider les jocistes à améliorer leurs vies, je le fais pour ces jeunes qu’on dit irrécu-pérables et qui sont fi nalement les Zachée de notre société.Marie : Je me souviens une fois on a fait un temps d’arrêt sur le royaume de Dieu, ça m’a beau-coup marquée. Après, je me de-

    Compagnons, amis du Christ en Michaël et Marie sont dans la voiture au retour de la retraite animée par Isabelle Parmentier au mois de janvier à Cerfroid, pour l’équipe nationale de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) composée de jeunes de 21 à 30 ans.

    D.R.

    D.R.

  • Visages d’Église

    19

    mandais tous les soirs comment aujourd’hui j’avais construit un bout du royaume de Dieu. C’est comme çà que je me sens au ser-vice : en créant des temps de for-mation qui permettent aux jeunes responsables de fédération de former eux-mêmes les jocistes de leur fédération. Comme ça, je permets la responsabilisation et l’épanouissement de ces jeunes car ils se rendent compte qu’ils peuvent faire grandir d’autres jeunes.Michael : Et puis c’est aussi ça pour moi être chrétien. Je ne vais peut-être pas tout le temps à la messe dans ma paroisse mais j’agis pour que les jeunes éloignés de l’Église découvrent le Christ dans leurs vies grâce à la JOC.Marie : C’est ça qu’est fort à la JOC, on invite d’abord les jeunes à faire la fête et petit à petit ils dé-couvrent la foi et le militantisme. Je pense par exemple à Clémence de Niort. Elle se disait agnostique, mais n’empêche elle disait de belles paroles de foi quand elle prenait un texte d’Évangile en Révision de vie. Jésus a bien dit : ce que vous faites aux plus petits d’entre vos frères, c’est à moi que vous le faites.Michaël : Et bah par exemple, une équipe de Poitiers réfl échit à une action pour les demandeurs d’em-plois. À Niort, une autre équipe

    se rapproche d’une association contre le racisme pour agir en-semble.Marie : C’est cool ! Je vois que la région est toujours aussi active !Michael : Oui et puis tous les jo-cistes et leurs copains de la région se retrouveront au Temps Fort Militant le 31mars et 1er avril 2012 pour faire la fête, partager, décou-vrir des métiers et célébrer à la manière de la JOC.Marie : Qu’est ce que t’entends par là ? Les célébrations JOC, ce n’est pas des vraies ?Michaël : Si bien sûr, on respecte toute la liturgie mais on permet aux jeunes d’être acteurs de celle-ci et de partager leur foi dans une cé-lébration dynamique et à l’image des jeunes. Là aussi, ils ne res-tent pas dans le silence pendant une heure : par exemple après la lecture de l’Évangile ils peu-vent se mettre en petits groupes pour en discuter. Et puis l’envoi est un envoi vers le monde pour que chaque jeune agisse pour construire une société plus juste à l’image du Royaume de Dieu.Marie : Oui tu as raison. C’est tout ça la JOC : Pas de foi sans action et pas d’action sans foi !

    Propos recueillis par Marie-Luce Rousselot,

    accompagnatrice nationale JOC

    Église, au cœur du monde

    Portraits

    Marie Chateigner a 27 ans.

    Elle est secrétaire nationale

    de la JOC à la formation.

    Elle vient de Niort

    où elle a commencé la JOC

    en 1999 puis a été appelée

    fédérale de la fédération

    des Deux-Sèvres.

    Michaël Suaud a 24 ans.

    Il est secrétaire national

    aux moyens du mouve-

    ment de la JOC.

    Il fait le lien avec les

    6 fédérations de la région

    Poitou-Charentes-Limou-

    sin en soutenant les res-

    ponsables de fédération.

    D.R.

  • 20

    Qu’est-ce qui se cache derrière ces belles paroles ? Qu’ont-ils fait pendant cette rencontre, cet Ecclesia Campus ?

    Tant de choses qu’il nous serait diffi cile de résumer cela dans les lignes à notre disposition ! En effet, ce rassemblement, grande première réunissant à la fois les chrétiens en grandes écoles (CGE) et les aumôneries étudiantes, a été riche. Riche en rencontres, conférences, ate-liers, célébrations et concerts.

    De Mgr Barbarin (archevêque de Lyon et primat des Gaules) à Elena Lasida (docteur en sciences économiques et sociales), de Mgr d’Ornellas (évêque de Rennes, Dol et Saint-Malo) à Emma-nuel Faber (vice-président du groupe Danone) en passant par les groupes de

    pop louange EssentCiel et Glorious, les intervenants, chacun à leur manière, ont éclairé notre lanterne sur ce thème si dif-fi cile mais ô combien important qu’est l’unité des chrétiens. Nous pourrions vous décrire une à une ces activités mais nous passerions alors à côté de l’essen-tiel. Car s’il est évident que toutes ces activités sont venues enrichir notre foi encore balbutiante de jeunes étudiants, elles ne constituent pas l’enjeu principal de la rencontre.

    Comme le disait saint Paul (1 Co 12) : “J’aurai beau parler toutes les langues de la terre, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante.” Et cet amour, cette lumière, c’est le Christ.

    Une rencontre avec le ChristSi nous devons résumer Ecclesia

    Campus, nous vous parlerons donc d’une rencontre : une rencontre, à tra-vers tous nos frères chrétiens, si diffé-rents soient-ils, avec le Christ. N’ayons pas peur de le dire, Dieu était présent à

    Rennes en cet hivernal week-end du 4 et 5 février 2012. Et Il nous montre par le souffl e de son Esprit, à travers toutes les activités et toutes les ren-contres vécues, qu’il est beau de croire en Son amour et en Sa miséri-corde infi nie et qu’il est beau d’être chrétien !

    “N’ayez pas peur ! Ouvrez toutes grandes les portes au Christ !” Ce mot du bienheureux Jean Paul II ré-sume parfaitement tous les enseigne-ments reçus à Ecclésia Campus, où

    L’unité“Que tous, ils soient un, comme toi, Père

    , tu es en moi, et moi en toi.

    Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé.”

    (Jn 17, 21).

    C’est autour du thème “L’unité dans la diversité” qu’Ecclésia Campus,

    le rassemblement des jeunes chrétiens de l’enseignement supérieur,

    s’est déroulé le week-end du 4 et 5 février à Rennes.

    D.R.

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    de R

    enne

    s

    La délégation poitevine à Ecclesia campus.

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  • Jeunes en marche

    212121

    nos chers pasteurs nous ont invités à ne pas avoir peur de nous engager sur ce chemin, certes exigeant, mais tellement beau d’une vie vécue dans une relation d’amitié profonde avec le Christ Jésus. Une invitation reprise par Mgr Barba-rin qui assurait ce samedi “Nous avons confi ance en vous !” Conseils et encou-ragements dans la parfaite continuité de ceux de notre pape Benoît XVI qui nous invitait cet été lors des Journées mon-diales de la jeunesse de Madrid à nous affermir dans la foi et à nous enraciner dans le Christ.

    Un coup de “boost”Dès aujourd’hui, nous pouvons dire

    qu’il y a eu un avant et qu’il y aura un après “Ecclesia Campus” comme il y eut un avant et un après “JMJ”. Ces événe-ments intenses sont indispensables et autant de coups de “boost” pour notre

    foi et notre engagement dans la société, qui ont une tendance malheureuse à s’attiédir avec le temps et la routine de la vie étudiante. Ces temps forts sont autant d’opportunités pour nous, jeunes étudiants, de trouver des réponses, des conseils dans nos choix de vie fu-ture, dans l’Église et au quotidien. Ainsi, Ecclésia Campus a été un rayon de soleil sur notre route, une rencontre avec l’autre mais aussi avec soi-même. Bref, une occasion de se ressourcer, de se recentrer, de s’unir tous à Celui qui nous aima “jusqu’au bout” (Jn 13, 1).

    Rendez-vous est pris en 2013 pour les prochaines rencontres nationales des étu-diants chrétiens et pour les Journées mon-diales de la jeunesse de Rio de Janeiro.

    Pour Galilée,François Thevenot

    et Lucille Veracruz-Boissard

    Dioc

    èse

    de R

    enne

    s

    Dioc

    èse

    de R

    enne

    s

    la diversité

  • 22

    Quel est cet essentiel ?Tout est dans l’appellation de

    notre mouvement qui s’appuie sur le passage de l’Évangile de Luc “les disciples d’Emmaüs”. C’est la rencontre de l’autre, le partage de nos vies faites de soucis, de découragement tout autant que de joie et d’espé-rance.- Dire nos soucis, c’est déjà les

    dépasser- Exprimer nos joies c’est déjà

    être heureux.C’est à la lumière de l’Évan-

    gile que nous découvrons que le Christ est-là dans tous les mo-ments de nos vies. Il est dans la joie de se retrouver - dans le respect et l’accueil de chacun, en ce qu’il est sans a priori, sans ju-gement. Ils sont nombreux dans nos équipes, ceux qui s’étant éloignés pour des raisons per-sonnelles, ont retrouvé une vie d’Église à travers le mouvement.

    Quelques réfl exions enten-dues dans nos équipes : “Il ne s’agit pas d’une conversation de surface, mais d’un échange où l’autre me surprend”. “En équipe des liens d’amitié très forts se tis-sent, mais sans doute l’essentiel est-il au-delà de ces liens hu-mains, dans la Foi partagée”.

    Ce qui fait vivre les membres des équipes VEA ce sont :- les rencontres avec les équipes

    du Poitou-Charentes, Périgord.- les temps de récollection dans

    une abbaye, où chacun parti-cipe selon ses propres convic-tions, pour se donner le temps de réfl échir au sens de nos actes, de nos choix de notre vie.

    Les 4 étapes d’une rencontre :• Vivre :

    “De quoi parliez-vous” (Luc 24,17). La simplicité des échanges - Mettre des mots sur des questions et des blessures.

    • Comprendre : “Leurs yeux s’ouvrirent” (Luc 24. 31). Prendre conscience de ses propres richesses.

    • Reconnaître : “Ils le reconnurent” (Luc 24, 31). Découvrir où l’Évangile rejoint nos vies.

    • Changer : “Ils partirent” (Luc 24,33). Donner un nouveau sens à sa vie, à la lumière de la Bonne Nouvelle.

    Michel Tesson

    Revenir à l’essentiel, c’est s’ouvrir aux autres : c’est un des points principaux qu’en équipe de Vivre Ensemble l’Évangile Aujourd’hui (VEA) nous essayons de vivre.

    Ce qui nous fait vivre aujourd’hui en VEA

    À noterLes équipes se retrouvent à l’abbaye d’Echougnac (Dordogne) les 12 et 13 avril 2012.

    ContactMichel Tesson 05 49 41 56 [email protected]

  • Vie diocésaine

    23

    O n ne s’improvise pas accom-pagnateur ! C’est une mis-sion. Il nous faut aussi garder une ligne de conduite en harmonie avec notre mouvement. D’où la nécessité de se former. C’est ce que nous avons fait durant quatre jour-nées à Niort, avec les fédérations CMR des Deux-Sèvres et de Cha-rente-Maritime, avec quatre axes de travail et de réfl exion.

    1 - Connaissance du mouve-ment : Le CMR est Mouvement d’Action Catholique et aussi un Mouvement d’Éducation Populaire. Avec deux intervenants du CMR national, nous avons approfondi ces deux dimensions qui construisent la spécifi cité de notre mouvement.

    2 - L’écoute : Un point impor-tant pour bien accomplir sa mis-sion d’accompagnateur. Savoir se mettre en retrait, garder une cer-taine distance... être attentif, bien-veillant... relancer la réfl exion... notre intervenant Jean-Paul Godet nous a éclairés sur toutes ces facettes de l’écoute, puis il nous a proposé des exercices de mise en situations.

    3 - La parole de Dieu : Comment l’aborder en équipes ? Souvent dans l’équipe on attend que l’ac-compagnateur guide la réfl exion. Prendre du temps pour réfl échir sur la Parole fait partie de notre “Démarche de réfl exion”. Souvent, nous prenons la Parole qui nous

    est donnée (celle du jour ou du di-manche). Avec Isabelle Parmentier, nous avons découvert des moyens simples de partager la parole de Dieu, une façon de dire simplement notre foi avec nos mots, avec des moyens aussi...

    4 - Apport théologique : Notre démarche de mouvement s’inscrit dans notre histoire chrétienne et dans la vie. Par nous et avec nous le fi ls de Dieu s’associe à notre monde. Avec le père André Talbot nous avons tenté de comprendre les traits particuliers de notre temps et d’en retenir des points d’attention pour les jeunes générations. À tra-vers deux textes du Concile Vatican II, Décret sur l’apostolat des laïcs, nous trouvons combien la vie des hommes concerne l’Église et com-ment notre place d’homme et de femme est reconnue.

    Notre mission d’accompagna-teur trouve sa source dans les sa-crements de l’initiation (baptême, communion et confi rmation). Nous espérons que chacun aura trouvé nourriture dans ce temps de forma-tion et vivra plus sereinement cette mission au service des équipes du mouvement.

    Noëlle Toulat,Équipe d’aumônerie

    diversifi ée Vienne

    Les équipes CMR sont “accompagnées” par un représentant de l’Église. Si hier, les aumôniers étaient tous des prêtres, aujourd’hui cette mission est portée aussi par des religieuses et des laïcs. Une trentaine d’accompagnateurs de la région Poitou-Charentes ont suivi une formation, que nous présente Noëlle Toulat.

    Méthode

    La démarche de Réfl exion

    chrétienne est un outil du

    CMR destinée aux équipes

    de base. Elle s’inspire du

    “Voir, juger, agir” des mou-

    vements apostoliques.

    Cette démarche comprend

    quatre étapes.

    - Dans l’équipe, je m’exprime

    en confi ance (dire JE,

    partage d’un fait de vie).

    - Dans l’équipe, chacun de

    nous s’exprime (dire nous,

    comprendre, analyser…)

    - Dans l’équipe, nous nous

    mettons à l’écoute de la

    Parole de Dieu (comment

    cette Parole nous rejoint,

    nous interpelle…)

    - Dans l’équipe, nous

    cherchons ce que nous

    pouvons entreprendre

    (pourquoi ? comment ?

    avec qui ?)

    Se former à l’accompagnement des équipes

    Marc Taillebois

  • 24

    “ Nous avons besoin d’agiter des questions qui sont au cœur de la pastorale !” dit d’emblée le père René Dissart, comme si l’immobilisme faisait plus peur que le déplacement. Pour une déléguée pastorale, c’est la curiosité qui a été la plus forte : “Je viens pour voir, écouter, apprendre.”. Se déplacer pour ne pas gémir ! Quand certains constatent ce qui n’est plus (“qu’est devenu le dimanche d’avant ?”), d’autres disent vouloir “essayer d’avancer avec des initiatives nouvelles, en entretenant la confi ance.” Et il semble que le partage espéré lors de ces formations crée un encourage-ment mutuel. “Il faut partir de constats, et voir si on est toujours dans le coup !” Et une jeune maman d’ajouter : “Il nous faut être plus vivants, pour donner le goût du Christ à d’autres !”

    Qui sont ces autres auxquels cha-cun pense ? “Ceux qui nous entou-rent, familles, amis, voisins, habitants du quartier ou de la ville…” Et aussi “les habitués de nos communautés

    qui ne s’expriment pas, ceux qui ont pris de la distance après une blessure, ceux qui demandent occasionnelle-ment un service à nos communautés ou qui les observent de l’extérieur…” L’enjeu est exprimé fortement : “For-mer une communauté qui s’adresse à tous, qui réserve une place au plus grand nombre”.

    Se convertir ensembleUn parcours en plusieurs étapes est

    proposé. D’abord, regarder “autre-ment” le monde d’aujourd’hui. “Que font nos enfants, nos voisins, nos collègues de travail le dimanche ?” Michelle Berthomé met à jour les tensions et des espoirs largement partagés par les chrétiens. Le monde a changé. Pourtant, l’eucharistie de-meure le cœur du dimanche des chré-tiens. Un itinéraire spirituel guidé par Isabelle Parmentier permet en petits groupes de partager sa foi au Christ ressuscité et la joie de célébrer. Cha-cun fait la vérité sur sa foi et sa pra-tique. Les représentations bougent : Dieu le premier est croyant pratiquant.

    Vient alors le moment des rêves. Pourquoi pas… “un dimanche qui prend son temps, célébrer hors les murs, avec plein de familles, des en-fants et des jeunes ; dimanches ou-vert à tous, pour tous, avec les plus démunis. Dimanches de la fraternité où l’on fait davantage corps autour

    En février dernier, deux temps de formation diocésaine ont eu lieu à Antoigné, près de Châtellerault, et à Mougon, dans le Pays mellois. Qu’est-ce qui peut bien pousser tant de personnes à sortir de chez elles, dans le froid et la neige, en soirée ou un samedi ? Vous avez dit “dimanche autrement ?”

    Se déplacer pour inventer

    Le matin, Michelle Berthomé posant une question aux petits groupes. De gauche à droite, les animateurs : Thomas Guérard, Isabelle Parmentier et Michelle Berthomé.

    Vivre autrement le dimanche

    24

    F. Ro

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    rd

    Châtelleraudais

    Mellois

  • Vie diocésaine

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    de l’Évangile…” Rien n’est impos-sible à celui qui croit. Thomas Gué-rard et sœur Valérie Besin donnent sens et profondeur à ces rêves.

    Plusieurs ont déjà vécu des ex-périences de dimanches autrement. Michelle les interviewe à l’aide de la grille ci contre.

    Comme un vent de folieMarie, de Saint-Paul, à Poitiers

    raconte. “L’initiative est venue de l’équipe d’animation locale. Ça nous a pris comme un vent de folie, une envie de faire vivre quelque chose de simple et de différent pour que tous soient actifs dans la communauté.” Ce dimanche de janvier, 18 panneaux habillent l’Église pour “Vivre la Parole autrement.” 18 groupes partagent la Parole de Dieu, avant de préparer un temps liturgique de célébration. L’eucharistie a été particulièrement intense. Les surprises ? “On a eu beaucoup de remontées, des gens heureux, qu’on n’avait pas l’habitude d’entendre. Même à la boulangerie du quartier, ça a discuté !”

    À Châtellerault, secteur de Châ-teauneuf, “l’initiative est partie du CPS. Nous avions le désir de sortir de l’église”, raconte le père René Dis-sart. Un dimanche de juillet, quatre équipes se mettent en route dans le quartier, dès 9 h, avec un jeu de ques-tions. “De quoi parliez-vous en mar-chant ?” À l’arrivée, les équipes témoi-gnent sur le parvis de l’église. Puis, pique-nique sur la place d’armes où les mouvements apostoliques avaient préparé des panneaux. Beaucoup de gens circulent, parlent, se décou-vrent. L’après-midi, ateliers art fl oral, peinture, etc. L’eucharistie célébrée à 16 heures, est “un bonheur.” Le plus réussi ? “La préparation des panneaux pendant huit jours a suscité des ren-contres entre la communauté locale et les mouvements d’autant plus précieux qu’ils sont rares.” Les fruits pastoraux ? “La journée a donné un nouvel élan au CPS La communauté a manifesté une unité visible. Elle a réa-lisé ce qu’elle dit.”

    Après ces expériences, l’équipe d’animation présente le dossier des fi ches réalisées par le diocèse en 2011, des fi ches-outils conçues pour stimuler la créativité autour de la Pa-role de Dieu.

    Ne rentrez pas chez vous comme avant…

    “J’ai mieux réalisé la place cen-trale de la Parole de Dieu et combien c’est elle qui bâtit la communauté.” “Parfois j’ai l’impression que l’on dé-ploie beaucoup d’énergie pour peu de fruits... Peut-être est-ce parce que l’on ne met pas assez le Christ au centre.” “Je repars avec le désir de faire redécouvrir autour de moi la richesse de l’eucharistie du di-manche.” “Votre équipe montre que des laïcs en responsabilité peuvent promouvoir de nouvelles façons de vivre en Église en travaillant ensemble, entre respon-sables de services diversi-fi és. Ça va inspirer notre animation pastorale chez nous, et pas seulement le dimanche !”

    Pour l’équipe inter-services,

    Thomas Guérard et Isabelle Parmentier

    Témoigner

    Vous avez vécu autrement un dimanche dans votre secteur ou votre

    communauté locale. Ce guide peut vous aider à rendre compte de

    l’événement par oral ou par écrit.

    - Qui a pris l’initiative ? Quel a été le point de départ déclencheur ?

    - Quelle situation, quel désir, quel événement, nous ont mis en route ?

    - Qu’est-ce que nous avons fait ? ce qui s’est passé… Un minimum de

    description des faits et des personnes ou groupes rassemblés. (une

    marche, un pique-nique géant, une célébration, etc.)

    - Avec qui ? Que nous est-il arrivé ? Les surprises du jour, l’inattendu

    de Dieu. (Ce qui a marqué, l’inespéré, le beau, le joyeux. Une ou deux

    phrases-lumière, des gestes symboliques, un extrait d’homélie, une

    œuvre d’art contemplée ensemble, etc.)

    - Des fruits pastoraux. Qu’est-ce qui a changé ?

    - Comment la communauté - ou des membres de la communauté -

    ont-ils été transformés ? Quelles perspectives pour la suite ?

    25

    Une participante interviewée par Michelle Berthomé.

    F. Robillard

  • 26

    L ors de l’inauguration de la Croix de Beaulieu, le pasteur Alain Martin, de l’Église Réformée de Poitiers, récemment décédé, rappelait qu’il ne s’agit pas de vivre de manière juxtaposée, mais de faire de ce lieu un point de ren-contre entre chrétiens désireux de se connaître pour mieux se reconnaître. Une conviction partagée par ses confrères Mgr Rozier, évêque de Poitiers et le pasteur Lucien Clerc de l’Église évangélique baptiste.

    Les 30 ans de ce lieu de culte ont été célébrés dans le cadre de la Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens, en pré-sence de nombreux fi dèles des trois églises, auxquels se sont ajoutés des membres de la communauté Fondacio qui uti-lise également cette salle. Nous avons noté la présence du père Jean-Paul Russeil vicaire épis-copal représentant Mgr Wintzer récemment nommé archevêque du diocèse de Poitiers, du père Jérôme de la Roulière prêtre du secteur, d’Emmanuel Diallo délé-gué pastoral de la communauté locale catholique de Beaulieu, de Dominique Coste président du conseil presbytéral de l’Église réformée de Poitiers, du pasteur Jean-Luc Gadreau de l’Église protestante baptiste de Poitiers et de Jean-Claude Bonnefond, représentant le Maire de Poitiers.

    Ensemble dans la prièreLe 27 janvier dernier, la salle

    était aussi pleine qu’une nuit de Noël. Dans une ambiance fami-

    liale, les chants, la lecture de la Parole de Dieu et les prières se sont succédé après une brève introduction de Bernard Capillon président du Comité de gestion de cette salle. La chorale de l’Église adventiste de Poitiers a clos cette rencontre par des chants gospels très priants. La soirée s’est naturellement pro-longée autour d’un pot de l’amitié dans les locaux du centre d’ani-mation de Beaulieu, attenants à la Croix de Beaulieu. Ce qui ca-ractérise cette soirée ce fut la di-versité qui s’exprima dans la suc-cession de ces différents temps.

    Une naissance pas banaleLa Croix de Beaulieu constitue

    l’un des rares lieux de culte œcu-ménique existant en France.

    Lors de la construction du centre d’animation de Beaulieu, le Maire avait proposé qu’en son sein, soit aménagé un lieu qui se-rait mis à la disposition de trois Églises chrétiennes de la ville. L’Église catholique cherchait un emplacement pour établir un lieu de culte dans ce tout nou-veau quartier. Jean-Marc Bordier, alors maire adjoint à la Culture, eut l’idée de proposer, plutôt qu’un emplacement pour une seule Église, un local polycultuel, à charge pour les participants de verser une location annuelle symbolique au propriétaire du centre, c’est-à-dire la Municipa-lité de Poitiers. Initiative géné-reuse et novatrice à contre-cou-rant de la conception rigide de la séparation entre collectivité civile et organisations religieuses. Les

    Églises réformée et baptiste ont alors uni leurs faibles forces pour trouver l’argent nécessaire à leur contribution et se sont adressées au Conseil Œcuménique des Églises à Genève, en insistant sur l’inhabituelle ouverture d’esprit de cette proposition municipale et sur les perspectives ouvertes par de telles dispositions, tant au point de vue des relations entre Églises, qu’à celui des relations des Églises locales avec leur en-vironnement civil.

    Contrairement à des schémas plus classiques de prêt de locaux, à des communautés sœurs, à Beaulieu, chacune des trois com-munautés chrétiennes de la ville peut dire : Nous sommes là chez nous ; mais “les autres Églises” sont là aussi chez elles. Une as-sociation de gestion où les trois Églises sont représentées a vu le jour, gère maintenant ce lieu de culte dans un esprit fraternel et œcuménique.

    Le terme salle polycultuelle, dénomination initiale, a laissé place à cette appellation si belle dans sa simplicité : La Croix de Beaulieu. La croix qui domine le toit dans un entrelacement de trois fi lets métalliques qui fi gurent les trois Églises présentes, ainsi que la croix fi xée au chevet in-térieur, l’une et l’autre d’une élé-gante sobriété, sont là pour rap-peler le signe essentiel qui parle à tous les chrétiens.

    Jean-Pierre Caillault,trésorier du comité

    de gestion de la “Croix de Beaulieu”

    Catholiques, réformés et baptistes poitevins partagent une salle polycultuelle, depuis 30 ans. D.R.

    La Croix de Beaulieu : 30 ans déjà !

    Poitiers

    26

  • 27

    ✂Fiche biblique

    Fich

    e 4

    Quelquesquestionspour poursuivre l’échange

    - En quoi ces dix paroles

    sont-elles importantes

    pour votre foi ?

    - Comment notre relation

    à Dieu oriente-t-elle

    notre manière de vivre ?

    - Comment Jésus relit

    le décalogue ?

    Cf Mt, 5, 17-48 ; Mt 22, 34-40.

    Pour aller plus loin,

    F. Garcia-Lopez, Le Décalogue,

    Paris, Cerf (Cahiers Évangile

    n° 81), 1992. Olivier Artus,

    Damien Noël, Les livres de la

    Loi, Paris, Centurion, 1998.

    Pourapprofondiret partager

    - Lisez le texte en équipe.

    - Chacun prend ensuite

    un temps de silence.

    - Bref échange où chacun

    exprime les mots,

    expressions qui lui parlent.

    L e livre de l’exode raconte les événements fondateurs du peuple Israël. Par son intervention Dieu libère le peuple qu’il s’est choisi, de l’esclavage en Égypte (Ex 13, 17-15, 21). Après avoir traversé la Mer rouge à pied sec sous la conduite de Moïse, Dieu conduit son peuple vers la terre promise. Sur le sommet du Sinaï, le Seigneur se manifeste dans une théophanie solennelle (Ex 19) et établit une alliance dont, les dix paroles de Dieu du Décalogue sont le pacte : Exode 20, 1-17.

    On a coutume de diviser ce passage en deux parties mon-trant le lien étroit que le texte établit entre la relation à Dieu (v 3-12) et la relation au prochain (v 13-17). Cependant, une vue d’ensemble permet de repérer les douze interdits et les deux préceptes positifs (le sabbat et les parents) qui sont au cœur de ces paroles. Les tournures néga-tives ne se contentent pas seu-lement d’interdire, sans dire ce qu’il faut faire, elles ouvrent un chemin de liberté qui répond au chemin de libération initié par ce Dieu qui “a fait sortir de la mai-son de la servitude” (v. 2). Ainsi, le verset 2 est-il la clé de lecture de ce passage en dévoilant que le don de Dieu précède la loi et l’y enracine.

    En effet, les dix paroles ne constituent pas une loi rigide, elles sont avant tout l’expression d’un Dieu qui sauve et libère et elles veulent mettre en garde contre tout ce qui pourrait de nouveau asservir l’être humain, comme les idoles (Sg 14, 23s), les fausses images de Dieu qui ne

    sont que des projections de nos désirs qui défi gurent le Seigneur sauveur et libérateur. Si Dieu se présente comme un “Dieu jaloux” (v 5), c’est qu’il refuse de voir ce peuple qu’il s’est choisi et qu’il aime passionnément retomber dans l’idolâtrie ; Il est avant tout un Dieu fi dèle et miséricordieux ; sa grâce dépasse infi niment sa punition (v 6).

    Clé de voûte du décalogue, la prescription du Sabbat (v 8-11) commémore l’acte créateur de Dieu (cf Genèse1) et rappelle la li-mite qui s’impose à l’homme dans son rapport à la création. En effet, celui-ci est appelé à littéralement “cesser” tout ouvrage le septième jour pour se reposer, contempler l’œuvre de ses mains et recon-naître dans son serviteur, sa ser-vante ou l’étranger qui vivent à ses côtés, un être humain, créé à l’image et la ressemblance divine. Jour sacré, le Sabbat l’est en tant qu’il resitue les hommes dans une juste relation avec la création.

    Les versets 13-17 énumèrent les préceptes qui permettent à l’homme de vivre en société en respectant son prochain. En rappelant que Dieu est le seul maître de la vie (v. 13), ces pa-roles invitent chacun au respect de l’autre, car quand Dieu donne une loi, c’est une loi pour vivre qui déploie un chemin de liberté dont la vérité et la fi délité sont l’expression.

    Équipe de rédaction des fi ches bibliques :

    Stéphanie Babault, Père Joseph Chesseron,

    Dominique Sillard, Josette Sylvestre

    Exode 20, 1-17

    Une loi pour vivre

  • 28

    I l règne une ambiance parti-culière au lycée Saint-André de Niort ce mercredi matin. Ce ne sont pas des élèves qui affl uent mais des profs venant de Charente-Maritime, des Deux-Sèvres et de la Vienne. Sont aussi présents quelques responsables de pastorale et quelques parents d’élèves. S’ils ont bravé le grand froid, c’est pour participer à la journée de la commission EDDU (traduisez Éducation au Développement Durable et à l’Universel) qui pro-pose un temps de ressource-ment et de partage. Après l’ac-cueil par le trio d’organisateurs, Marie-Françoise Bossis, Eli-sabeth Brunet de la Grange et Fabien Hamel, le directeur dio-césain adjoint, Bernard Roux, introduit la journée. Grâce à un théâtre-forum mettant en scène un groupe d’enseignants devant proposer le développe-ment durable, l’assistance est plongée dans la problématique : comment sensibiliser les élèves au développement durable ?

    À cette question et plus lar-gement, les deux grands té-moins invités vont apporter une contribution. René Nouailhat, formateur d’enseignants et spé-cialiste de l’enseignement du fait religieux, ouvre le bal. Après avoir rappelé que nous vivons le basculement vers un nouveau monde diffi cile à défi nir, l’his-torien observe que notre mode de développement est dans l’impasse. Les sociétés comme les religions sont en crise et personne ne peut prétendre à l’exclusivité de la vérité. Des théologiens du Tiers-Monde affi rment que les religions ont par le passé divisé l’humanité. Selon eux, la foi demain sera faite d’un mélange de plusieurs traditions religieuses.

    Des indicateurs d’espérancePour autant, René Nouailhat

    note des indicateurs d’espé-rance dans le succès de livres tels que le “Indignez-vous” de Stéphane Hessel ou le manifeste des “économistes atterrés”. Ceci

    montre une réelle quête de sens. Voilà pourquoi il plaide pour une éducation qui se recentre sur l’homme, en apprenant aux en-fants et aux jeunes qu’ils sont des êtres métaphysiques, habités par un désir de vie, une source de po-tentialité, une puissance d’infi ni. Il faut aussi transformer la façon de transmettre les savoirs en fai-sant ce qu’Edgar Morin appelle de la reliance. C’est-à-dire relier, relier encore et relier toujours les disciplines. En suivant la pensée d’Evelyne Martini, René Nouailhat milite pour la formation en profon-deur de tout enfant, qui a un cœur, une sensibilité, des désirs. Il faut nourrir l’intellect mais aussi l’af-fect. D’où l’importance du sens, du sensible, du cœur. Il faut enfi n oser regarder chaque personne comme un être sacré, proposer

    Le 1er février dernier, la commission Éducation au développement durable et à l’universel a organisé une journée régionale à Niort avec deux grands témoins : René Nouailhat, historien spécialiste du fait religieux, et l’écologiste Jean-Marie Pelt.

    Stimuler l’éducation au développement solidaire et à l’universel

    Bernard Roux introduit la journée.

    28

    Intervention de Jean-Marie Pelt.

    René Nouailhat

    Mar

    c Ta

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    Enseignement catholique

  • Vie diocésaine

    29

    des actions collectives et mili-ter pour l’écologie, comme voie éducative. En conclusion, l’inter-venant espère un Enseignement catholique qui soit de plein vent, au cœur d’une société de concur-rence et une Église qui risque de se replier sur elle-même.

    Des valeurs durablesEn écho, le grand spécialiste

    de l’écologie Jean-Marie Pelt poursuit la réfl exion en partant des récits bibliques. Il montre comment le destin de l’homme et celui de la nature sont inti-mement liés tout au long de l’histoire sainte, de la création à la fi n des temps. En proposant un rapide parcours historique, il montre que la nature fut d’abord reçue avec crainte et respect au Moyen-Âge, avant d’être consi-dérée comme inerte à la Renais-sance et d’être l’objet d’une su-rexploitation de nos jours, avec les incertitudes pour les géné-rations futures. Dans un second temps, Jean-Marie Pelt a pointé des valeurs essentielles pour l’écologie : la sobriété heureuse, la (bio)-diversité, l’humilité à avoir devant la nature et la règle d’or : “Ce que tu veux que l’on fasse pour toi, fais-le pour les autres”. “Ces valeurs sont uni-verselles et sentent bon l’Évan-gile” a-t-il indiqué. De fait, il y a nécessité de réconcilier pour les élèves la science et la foi. Il faut sortir de l’intégrisme du

    scientisme et comprendre que la Bible est porteuse de sens et non de science. “Il y a non re-couvrement des magistères” ex-plique le scientifi que. “Si on ne veut pas faire des athées en sor-tant du cours de SVT, il faut trai-ter de la question du sens et de la science de manière distincte”. En conclusion, l’intervenant appelle les enseignants à offrir aux jeunes des occasions de contact avec la vraie nature car les enfants de l’ère numérique sont “dénaturés”.

    Après une pause-déjeuner bienvenue, l’après-midi offre la possibilité aux participants de vivre des ateliers avec des témoi-gnages d’initiatives réalisées par des établissements de la région : on peut écouter les expériences d’échanges européens avec le projet Coménius à Bressuire, en terme d’éducation au développe-ment avec l’ICCSA de Niort (en partenariat avec le CCFD), autour de l’éducation à la paix (Collège la Chaume à Vouillé), ou encore la mise en place d’un agenda 21 (à Niort) ou d’une éco-école à Vasles (en partenariat avec le CPIE). Ces ateliers thématiques montrent qu’il est fi nalement possible de s’engager, même dans des actions modestes.

    À l’issue de cette journée, les participants sont repartis enri-chis, confortés dans leur tâche d’éducateurs. Avec l’espérance partagée par Jean-Marie Pelt : “Il est tard, mais pas trop tard. A la fi n, tout fi nira par s’arranger”.

    Marc Taillebois

    Le jeu du pas en avant

    Durant la journée, le CCFD a proposé un temps d’anima-

    tion avec le jeu du pas en avant dans le gymnase du lycée

    Saint-André. Chaque personne représentait une situation de

    vie, avec des chances inégales de réussite dans l’existence.

    À travers ce jeu et sa relecture, on peut aider des jeunes à réfl échir aux

    questions de développement et d’inégalités des chances.

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    Témoignage d’éco-école à Vasles.

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    “Sur les portes du concile”Précisément, le pape Jean XXIII

    souhaitait que deux versets de la lettre aux Ephésiens soient “écrits sur les portes du concile” 1. Quels sont ces deux versets ? Voici : “Confessant la vérité dans l’amour, nous grandirons à tous égards vers celui qui est la tête, Christ. Et c’est de lui que le Corps tout entier, coor-donné et bien uni grâce à toutes les articulations qui le desservent, selon une activité répartie à la me-sure de chacun, réalise sa propre croissance pour se construire lui-même dans l’amour” (Ep 4, 15-16). Les Actes synodaux Serviteurs d’Évangile citent ces deux versets. C’est bien cette vision dynamique de l’Église que désire manifester le rassemblement national de ce mois de mars à Lourdes.

    Un rassemblement des diocèses à Lourdes

    Pour manifester la vitalité de l’Église et la diversité de ses membres, chaque diocèse est invité à envoyer des délégués à ce rassemblement qui aura lieu à Lourdes les 24 et 25 mars pro-chains. Organisé par la Confé-

    rence des évêques qui tiendra la semaine suivante son Assemblée de printemps, ces deux jours se veulent avant tout un temps de célébration et une expérience spi-rituelle du Peuple de Dieu dans la cité mariale.

    D’abord rendre grâceCe rassemblement est à rece-

    voir comme une épiphanie de la multiplicité des dons et vocations qui animent l’Église et sa mission. Chacun(e) - à sa mesure - est appelé(e) à participer à l’annonce de l’Évangile en ce temps. Com-ment ne pas rendre grâce d’abord pour les fruits portés ? Si le concile Vatican II nous laisse un corpus de textes, il est d’abord à recevoir comme un événement de grâce. Tel est le premier témoignage des évêques qui y ont participé. Pour Mgr Vion, “les 2500 Pères du concile si différents de race, de

    Un rassemblement à L