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80 BOULEVARD AUGUSTE-BLANQUI75707 PARIS CEDEX 13 - 01 57 28 20 00

09 JAN 15Hebdomadaire

Surface approx. (cm²) : 586N° de page : 5

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ZULMA1473462400524/GHC/ART/1

Tous droits réservés à l'éditeur

Critiques LittératureL'Islandais Andri Snaer Magnason livre avec « LoveStar », sonpremier roman, une dystopie audacieuse, entre drame et farce

Et l'humanité fut libérée de la liberté

NILS C. AHL

De prime abord, Love-Star, d'Andri Snaer Ma-gnason, a le goût d'unobjet littéraire non

identifié autant que la noncha-lance d'une satire politique déli-rante. Cet étrange sentimentcesse rapidement, cependant, et,avec lui, l'ambiguïté qui accom-pagne son registre absurde. Car ily a du George Orwell (1984), ici, duJonathan Swift (Modeste proposi-tion), voire du Douglas Adams (LeGuide du voyageur galactique). Entout cas, la même audace habileet gourmande à confondre le trèssérieux et le parfaitement déri-soire. La même facilité à distraireet effrayer à la fois son lecteurdérouté.

Car il s'agit d'une déroute. AndriSnaer Magnason, né en 1973 àReykjavik, dépeint en effet unmonde dystopique, où l'écono-

mie, la publicité et la technologieont suivi une progression certesétonnante mais loin d'être im-possible ou improbable, et leprécédent de 1984 devrait nousinciter à la prudence. Ici, une en-treprise mystérieuse dirigée parun insaisissable tycoon (l'une etl'autre surnommés LoveStar) apris le pouvoir sur les grandes af-faires de ce monde autant que surles petites de chacun et de cha-cune. Des études de probabilitésont remplacé le libre arbitre,l'amour se calcule, la mort se pro-gramme. L'objectif de LoveStarest de libérer l'humanité de ladictature de la liberté.

Mission accomplie. Pourtant,tout avait commencé par un scé-nario apocalyptique assez crédi-ble : des migrateurs perdaient lenord, des abeilles devenaient fol-les, les ondes polluaient l'atmos-phère jusqu'à la rendre irrespira-ble dans tous les sens du terme.L'habileté de l'écrivain tient à sacapacité à nous faire envisager lepire sous le sceau de la fantaisie- alors que, de fait, rien de ce qu'ilavance n'est fantaisiste. L'agence-

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ment des chapitres s'en ressent,mêlant d'authentiques citationset de véritables faits scientifiquesà des intrigues et des descrip-tions trop délibérément baro-ques pour l'être vraiment. En per-manence, Magnason va à re-bours des poncifs de la science-fiction en faisant mine de nejamais vraiment nous faire croireà ce qu'il raconte. Le monde qu'ildécrit, pourtant, n'est pas si loindu nôtre.

Le pouvoir des multinationales,le rôle de la publicité et de lacommunication, les désordres

climatiques etLOVESTAR, environne-d'AndriSnaer mentaux, uneMagnason, technologie en-traduitde vahissante :l'islandais par tout cela existeEricBoury, déjà. LoveStarZulma, extrapole à432 p., 21,50 €. peine quand il

transforme deshommes et des femmes en«aboyeurs» (rémunérés) dont lamission est de relayer des messa-ges publicitaires ou de servir depense-bête. L'effet comique estcertain, mais le concept n'est pasnouveau. L'un de ses personna-ges principaux, Indridi, est un« aboyeur», mais contre son gré.Car il s'agit d'une forte tête, en dé-pit des efforts de ses parents (quil'avaient «rembobiné» après unpremier essai de cinq ans). Un ro-mantique : au mépris des calculsles plus savants, il aime Sigriduret Sigridur l'aime. Pourtant, cettedernière est promise par lascience à un autre, Per, qui a ledouble avantage d'être danois etacteur de film porno.

Grand méchant loupEn sourdine, cependant, Ma-

gnason tire un autre fil narratifque les deux cents premières pa-ges ne laissent pas soupçonner.Le final (vraiment) apocalyptiquede son roman ne laisse pas de

doute, cependant, sur sa nature :il s'agit d'un fil mythologique - àla fois Scandinave, gréco-romainet biblique. L'ouverture lyriquedu livre (comme un cantique)donnait un indice. La présence etle rôle final d'un grand méchantloup géant échappé à la fois descontes de fées et de la mythologieScandinave le confirme. LoveStara perdu la partie, seul à bord d'unavion, une mystérieuse graine aucreux de la paume. On ne saittrop s'il s'agit d'une conclusionoptimiste, mais on détestait cemonde-là.

En 2002, la parution de LoveStaren Islande a lancé la carrièredAndri Snaer Magnason. Livre del'année pour les libraires de l'île, ila été traduit dans plusieurs lan-gues depuis, dont l'anglais - cequi est assez rare pour être men-tionné. L'excellente traductionfrançaise d'Eric Boury est à signa-ler, ici. Il tient particulièrementbien sa langue et son ton, laissantce qu'il faut de heurts dans le ré-cit tout en lissant l'ensemble - etrendant au texte une distance etun humour qui rajoutent à saprofondeur et à sa subtilité. On ycroit sans y croire - ce qui est toutl'enjeu de LoveStar. On aimeraitseulement savoir ce qu'il advientvraiment d'Indridi et de Sigridurà la fin du roman : un autre livrepouvait s'ouvrir. Ce souffle inex-tinguible dit la puissance de l'écri-vain. Il pouvait en écrire biendavantage, on attend la suite. •

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Surface approx. (cm²) : 586N° de page : 5

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Extrait« Indridi Haraldsson appartenant à cette catégoried'hommes modernes et sansfil, nul n'était en mesurede dire si oui ou non il débloquait. Lorsqu'il monolo-guait dans la rue, rien ne permettait d'affirmer qu'iln'était pas connecté à un interlocuteur invisible. Quandil riait à gorge déployée, la raison était peut-être lamême, ou peut-être écoutait-il une émission comique.Rien n'excluait, par ailleurs, qu'il regarde une comédiesur sa lentille ou encore qu'il soit en train délire uneblague. En réalité, il était impossible de dire ce qui sepassait à l'intérieur de son crâne et il n'y avait là rien defoncièrement anormal. S'il descendait la rue au pasde course en criant à tue-tête "La fin du monde est pourdemain ! La fin du monde est pour demain !", la plu-part des témoins supposaient qu'il participait à un jeuradiophonique et que ce coup d'éclat lui permettraitde remporter un hamburger. »

LOVESTAR

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Date : AOUT 15

Pays : FrancePériodicité : MensuelOJD : 111643

Page de l'article : p.24Journaliste : Nicolas Melan

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ZULMA 5803774400503Tous droits réservés à l'éditeur

L I T T É R A T U R E

Amour et algorithmesLoveStar

d'Andn Snaer Magnason

LTraduit de I islandais par Eric B nury

Zulma Paris 2015428 pages 21,50 euros

IOVESTAR est un genie II a liberele monde des cables electriques et de l'em-prise de l'électronique apres avoir perce lemystere des ondes émises par les sternesarctiques L'«homme moderne et sansfil»apparaît comme la nouvelle etape de revo-lution Depuis la vallee d'Oxanadalur, propriete du heros en Islande,l'entreprise LoveStar, qui donne son nom au mystérieux savant, va rayon-ner a travers le monde grâce au monopole de cette toute nouvelle façonde transmettre des donnees Maîs aussi grâce a un service marketing qui,en plus de « transformer tout ce qu tl touche en or» va imposer sans dif-ficulté des normes et un modele social

L'adhésion a LoveStar est totale, depuis le scientifique jusqu auconsommateur lambda «Tous travailleraient mam dans la mam a developperl'empire reduire lei couts et améliorer les services proposes » Et quelsservices ' Ainsi, la publicite ne s arrête plus aux frontieres physiques desindividus elle les pénètre littéralement par le biais des ondes qui forcentles cordes vocales a cracher des messages promotionnels De façon generalel'entreprise pétille d initiatives qui sont autant de remedes aux chagrins etaux errements des hommes La creation de LoveMort révolutionne ainsi lafaçon de disposer dcs défunts plutôt que dè les enterrer un rite jugearchaïque — on peut désormais les envoyer dans l'espace, les transformeren etoiles filantes La conquête du marche est vite assuree comment nepas préférer a de tristes obsèques vin spectacle aussi fantastique ? LoveStarlibere des> peurs archaïques et corrige même ce qui déplaît au present Parexemple les enfants dont tout laisse a penser qu'ils pourraient mal tournerou donner bien peu de satisfactions a leure parents, peuvent etre «rembobines»ce qui représente un sacre soulagement

Dans le même esprit, une nouvelle application InLove, identifiescientifiquement les âmes sœurs Les relations amoureuses sont maintenanta l'abn du hasard ou autre facteur de trouble Ceux qui s'obstment a nepas vouloir etre « calcules » a préférer leurs sentiments spontanés enbref, les dissidents, sont perçus comme des «victimes de la liberte»C'est le cas de Signôur et Indriôi, deux tourtereaux jeunes et naïfs quiévoquent les heros de La Nuit des temps de Rene Barjavel Ils s'aimentd'un amour a eux qui ne doit rien a l'analyse de donnees, maîs ils vontdevoir en éprouver la solidité, ébranlée par les rouages de la machineLoveStar II n est pas si facile d apprendre que leur histoire est statisti-quement prévue pour durer cinq ans et sept mois, et qu ils feraientmieux de saisir l'offre promotionnelle au vol car un jour ils chercherontleur veritable âme sœur, maîs les conditions d InLove seront alorsnettement plus onéreuses

Ne en 1973, I Islandais Andri Snasr Magnason est connu commeauteur de livres jeunesse et célèbre pour un documentaire sur la criseecologique et financiere en Islande Dreamland Manuel de survie pourune population terrifiée (2009) Ce titre aurait pu convenir aussi a LoveStarson premier roman (2002) Avec cette contre-utopie fantasque et saisissantequi use des mécanismes de la science-fiction pour décliner ce qui s'apparentea un conte philosophique grinçant, il mêle une fantaisie effervescente al'àprete et invente une constellation qui lie de façon imprévue ItaloCalvino, Philip K Dick et les Monty Python

NICOLAS MELAN

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Date : 29 JAN 15

Pays : FrancePériodicité : Hebdomadaire Paris

Page de l'article : p.8Journaliste : Francoise Dargent

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ZULMA 2027482400508Tous droits réservés à l'éditeur

Prêcheur d'IslandePORTRAIT Andri Snœr Magnason, auteurcaustique, dénonce dans ses romans, ses essaiset ses poèmes les dérives du progrès dans son pays.

LOVESTARDAndnSricerMagnasontraduit de I islandaispar Eric BouryEditions Zulma430 p 2150 €

FRANCOISE DARGENTfdargent (Slefigaro.fr

UNE LEGENDE islandaise dit que dans cepetit pays de 327000âmes, la moitié dc lapopulation écrit des

livres que l'autre moitié lit Le paysdes "volcans et des geysers est eneftet le champion du monded'ouvrages publies par habitant Lerude climat qui pousse aux retraitesau coin du feu n'est certainementpas le seul indice explicatif, l'histoire \ eut que l'on puise éternellementaux sagas que chaque habitant vé-nère, tout comme ils vénèrent lesccm anis nationaux

C'est justement en évoquantHalldor Laxness, le Prix Nobel delitterature islandais 195S, que le romander Andri Snaer Magnasonnous accueillait en decembre danssa ville de Reykjavik Rendez-vousétait fixe a l'opéra flambant neuf dela ville, monument dc verre ultra-moderne pose en bordure de mercomme un paquebot etincelant delumieres dans cette pénombre ca-ractéristique de l'hiver islandais Lenouveau prodige des lettres localestenait a nous le faire visiter encompagnie dc son ami ct directeurdes lieux, specialiste de Laxness llfallait en préambule rappelerl'existence de ce Nobel et de sesœuvres aux hôtes français On par-lerait des livres d'Andri SnaerMagnason plus tard

L'auteur islandais publie en effetce mois-ci LoveStar, son premierroman traduit en français Un récitd'anticipation qui se déroule dansune Islande futuriste ou les hom-mes hypercomiectes sont les jouetsd'une societe consumeriste, ou lesenfants méchants peuvent être« rembobines » et ou une entrepri-se décide de qui sera votre âmesoeur sur la base de calculs infor-matiques infaillibles

LoveStar cst une allégorie grin-çante sur les méfaits d'un progresenvahissant et liberticide «Bienn'arrête une idée » proclame lebandeau sur la couverture du livreL'auteui revient volontiers a l'his-toire récente de son pa} s et a sonevolution economique pour expli-quer son propos « En 1906, le pre-mier chalutier islandais a fait sonapparition dans le port de ReykjavikEn 2008, le pays qui s'est, en quèl-

ques annees, converti au liberalismele plus agressif, connaît une banque-route dramatique fl fallait alorsavoir le plus gros 4 * 4, le telephoneportable le plus en pointe, étre branche en permanence En tant qu'écri-vain, j'utilise l'Islande comme unmicrocosme pour essayer de com-prendre le monde »

\ndri Snaa- Magnason a publicLoveStar en 2002 II connaît ungrand succes dans son pa} sL'homme n'est pas un inconnu IIécrit depuis qu'il a vingt-deux ansalors qu'il était encore a l'universite, étudiant la litterature islandaiseet se passionnait pour les poèmesmédiévaux chantes «Ecrire étaitquelque chose de naturel pour moi,des poèmes, ce fut évident. J'ai etepublie tout de suite fai eu du succesMais ii est bien vu de publier cheznous » L'homme le dit sans forfan-terie II est en effet d'un genre peuaffecte II a ainsi étudie un recueil

En 2008, le paysqui s'est, en quèlques

années, convertiau libéralisme le plusagressif, connaîtune banqueroutedramatique. Il fallaitalors avoir le plus gros4X4, le téléphoneportable le plusen pointe, être brancheen permanence.ANDRI SNAER MAGNASON

de poesie intitule Bonus Poetry,dont la couv ertui e representant uncochon rose reprenait l'enseigned'un célèbre supermarche islandaisepony me Ce lh re était vendu chezBonus On pouvait y lire des poè-mes surréalistes assez drôles sur undes endroits les moins poétiques duquotidien les allées du magasinCe Dante de la menagere commen-çait sa promenade au « paradis »,rayon fruits et legumes, pour ter-miner dans « l'enfer » du rayonboucherie '

« On est ce qu'on mange, je suisun monde en miniature », constatesans que l'on sache si c'est du lard

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Date : 29 JAN 15

Pays : FrancePériodicité : Hebdomadaire Paris

Page de l'article : p.8Journaliste : Francoise Dargent

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ZULMA 2027482400508Tous droits réservés à l'éditeur

Andri Snœr Magnasonest un grand défenseurde l'environnementet de l'économie durablell le traduit dans ses livres

ou du cochon ce défenseur acharnede l'environnement et dè l'economie durable en faisant referenceaux multiples produits issus del'exportation que nous consommons Plus jeune, il se sou\ientavoir travaille dans l'usine de cra-bes de Reykjavik, un boulot « terrible » mais le passage oblige detout adolescent islandais alors IIaime rappeler cc genre dc souve-nir, typiquement local

S'il habite dans la capitale avec satcmmc infirmière ct ses quatre en-fants, il chérit sa nature grandioseEn J006, il publie avecgiandretentassement Dreamland, un essai

sous-titre « Manuel de survie pourune nation terrifiée » La prefacemilitante est de son amie, la chan-teuse islandaise Bjoik II veut no-tamment sensibiliser ses compatriotes a la destruction du paysageislandais Les terres truffées dei es-sourccs géothermiques ct hvdrolo-giques attirent les convoitisesétrangères Ces deiniei es annees, legouvernement a donc concède dcgrands espaces aux societes améri-caines qui y ont installe des tonderies d'aluminium « Que rappor-tent-ils a notre pays sinon ladestruction de notre environnementet le mirage d'une croissance en

trompe l'œil», souligne l'enfantterrible des lettres islandaisesApres la crise, il a investi une an-cienne usine d'électricité de la ca-pitale pour y installe! ime pépinièrede créateurs II tient a la montreraux visiteurs de passage louant lacreativite dcs artistes dc son paysDans ce paysage insolite de ville, aubas d'une colline ou les petits Islan-dais s'essayent au ski a l'aide d'unantique tire-fesses, serpente la ri-viere Ellioaa, leputee pour ses nidgnifiqucs saumons On peut venir vpêcher maîs il faut remettre lespoissons a l'eau « Le permis esthors de prix », se moque l'écrivain

Ce tropisme ecologique, il ad'abord voulu le faire partager auxenfants en écrivant un conte LesEnfants de la planete bleue, ti aduiten lù langues et publie en françaischez Gallimard II a reçu pour ce li-vre la plus haute distinction litte-laire d'Islande C'était la premierefois qu'un livre jeunesse le rempor-tait Comme d'autres auteurs islan-dais, il est a l'aise avec le conte et lamagie LoveSrar est d'ailleurs truffede refei ences a de vieux mythes II\ mêle des extrapolations sul" le tutur et ces descriptions d'une naturesauvage inchangée « Mon grand-père était chirurgien a l'hôpital deNew York II a opere le Shah en 1979et il a aussi soigne Oppenheimer Fn-fant, j'étais fascine par ces histoires,tout se mélangeait Oppenheimer, labombe, Cela a certainement influesur mon imaginaire » Un grand-père chirurgien et un autre qui par-tait avec sa temme tilmei les glaciers du cercle arctique lorsqu'ilsn'étaient pas encore menaces par lelechautfement L'alliance de lascience ct dc la nature se transfor-me dans l'esprit inventif du roman-cier en un cocktail explosif II osetout

Dans LoveStor, l'auteur imaginela \ allee sacrée d'Oxnadalur, chereaux Islandais, transformée en ram-pe de lancement pour des fusées quis'avèrent être la dernieie demeuredes habitants de la Terre envovesdans l'espace et transformes apresexplosion en etoile filante I esproches viennent assister en massea ce dernier voyage, « plusprotique,plus hygiénique, plus simple et plusbeau » que l'inhumation a l'ancien-ne Tout ce barnum futuriste, dia-blement troublant par ce qu'il imagine du sort de notre societeactuelle, est évidemment dit sur unmode terriblement caustique Cetrublion pourrait être le Houelle-becq islandais, en mode militant eten version beaucoup plus fraîche,air vif oblige •

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Date : 28 JAN/03 FEV 15

Pays : FrancePériodicité : Hebdomadaire ParisOJD : 420255

Page de l'article : p.81Journaliste : Marianne Payot

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ZULMA 6504382400501Tous droits réservés à l'éditeur

Le meilleur cles trollsPremière apparition en France d'Andri Snœr Magnason, apôtre en son Islande.Son LoveStar, merveilleux roman futuriste, est une saga au parfum orwellien.

S 'il se présentait, il seraitélu président de laRépublique », assure-

t-on dans son entourage. Et,s'il l'avait voulu, il aurait purevêtir la blouse du médecinou de l'infirmier, à l'instarde ses arrière-grand-père,grand-père, père, sœur, mère,femme... Mais, voilà :AndriSnœr Magnason a choisi lavoie de l'écriture, commenombre de ses concitoyens- un adage veut qu'ici, surcette terre de sagas islandaise,la moitié de la populationécrit ce que l'autre moitié lit.

En fait, Magnason est unpeu tout cela à la fois, traitantautant de la chose publique,du bien-être de la nature quede la folie des hommes. C'està ce titre, ou presque, que cequadragénaire aux faux airsde Patrick Besson est invitésous toutes les latitudes, mul-tipliant les conférences et lessignatures, de lAllemagneaux Etats-Unis, et jusqu'auJapon. Mais c'est sur son îlebattue par le vent et baignéepar le Gulf Stream que nousle rencontrons en ces jour-nées (ou plutôt ces nuitées)d'hiver. En France, seuls lesjeunes lecteurs ont, pourl'heure, fait la connaissancedAndri, auteur d'une mer-veilleuse fable, Les Enfantsde la planète bleue (Galli-mard), vendue dans unetrentaine de pays - et dontil a tiré une pièce, qui, à sontour, fait le tour du monde.Mais parions que les adultesapprendront vite à pronon-cer le nom (somme toutefacile) de l'écrivain, dontZulma publie LoveStar.

Star, Magnason en est une,à sa manière, entre sériosité

et humour, intelligencescientifique et geste poé-tique. Une gageure au paysde Halldor Laxness (Nobel1955), dAnaldur Indridasonet dÂudur Ava Olafsdottir(Kasa Candida). C'esten 2006 avec Dreamland.Manuel de survie pour unenation terrifiée - 25 DOO exem-plaires vendus pour unepopulation de 328 DOO habi-tants, soit l'équivalent de25 millions à l'échelle desEtats-Unis - qu'il a acquis sastature. « Pour la premièrefois, signale Halldor Gud-mundsson, son ex-éditeuraujourd'hui président del'Opéra de Reykjavik, l'ontraitait d'écologie et deconsommation avec poésie.Et son procès aussi docu-menté qu'implacable contrenotre société de consom-mation et la transformationde nos paysages par d'im-menses barrages hydrau-liques ou géothermiques etd'inutiles usines d'alumi-

nium a convaincu, et éclairenotre crise d'identité. » Deuxans après Dreamland, lesfaillites bancaires ébran-laient tout le système éco-nomique islandais...

De Boulgakovaux Monty PythonDevin, Magnason l'est assu-rément comme il le démon-tre avec LoveStar, petit joyauécrit en 2002, dystopie (uto-pie négative) si amusante etsi créative qu'elle devrait sé-duire les plus réfractaires.Point de départ de ce texteenchanteur, où se croisent,non loin du volcan du Voyageau centre de la Terre, de JulesVerne, l'esprit de Boulgakov,de Calvino, de Vonnegut,mais aussi des Monty Pythonet d'Orwell : la découvertepar le dénommé LoveStaret son équipe scientifique dela transmission des donnéesvia les ondes des oiseaux et,dans la foulée, la naissancede l'homme moderne et sans

fil. Ces connexions invisiblesouvrent la boîte de Pandore :la consommation et la publi-cité envahissent littérale-ment les corps, le bonheurde tous est exigé, notammentgrâce au « calcul » de l'âmesœur, les morts sont cata-pultés dans les deux, le librearbitre est aboli, et plus rienne peut arrêter les idées enmarche, selon cet axiomeimparable : « Si je n'y vaispas, un autre ira. »

C'est drôle, absurde, fou :les loups se font agneaux,les Mickey, agressifs etméchants, des coureurs fonttourner les éoliennes, le maî-tre se fait déborder par l'unde ses sbires. Et le lecteur nerêve plus que d'aller foulerà son tour ce pays futuristeempli de volcans et de trollsmillénaires. • Marianne Payot

LoveStar, d'Andri SnaerMagnason, trad. (très bien)de l'islandais par Eric Boury.Zulma, 432 p., 21,50 ë.

CREATIF Le monde imaginairede Magnason est drôle, absurdeet complètement fou.

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80 BOULEVARD AUGUSTE BLANQUI75013 PARIS - 01 48 88 46 00

01/07 JAN 15HebdomadaireOJD : 104111

Surface approx. (cm²) : 1475N° de page : 50-52

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Tous droits réservés à l'éditeur

CultureDans

^

'

r !e romancier Andri Snaer^.ne son île comme

un « meilleur des mondes » ultraconnecté,avec l'amour et la mort sous contrôle.

^ISLANDEÀ LA FOLIE

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01/07 JAN 15HebdomadaireOJD : 104111

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VÉRITABLE LEADER D'OPINION en Islande I écnva necie tique s attaque à tous les debats de son temps

Uvres

Parcoursd'un agitateurd'idées1973 Naissance à Reykjavik

1976-1982 lt grandit auxEtats-Unis ou son père estmédecin Puis ta famille revientvivre en Islande

1996 Premier recueilde nouvelles et premier recueitde poésie « de contrebande »intitulé Bonus Poetry.

1999 Les Enfants de to planètebleue livre jeunesse(traduit en français en 2003 etillustré par Pef, Gallimard)

2002 Premier romanet récit d anticipation, LoveStor

2006 Son essai d'écologiepolitique sur tes dériveséconomiques de l'IslandeDreomland est préfacepar sa compatriotela chanteuse Bjûrk

2013 Le Coffre du temps,essai sur les valeurs

2015 LoveStor traduiten français, est publié chezZulma

Dans le vieux port de Reykjavik sous laneige, les bateaux qui emmènent les loupistes voir les baleines sont a quai, et lesmouettes criaillent aux mâts des chalutiersamarres le long des usines a poissons. Adeux pas de la, sourire facétieux aux levres,Andri Magnason nous accueille dans unbâtiment de verre et d'acier qui en jette« un vrai decor pour roman d'anticipation »,avec ses 10000 vitres en nid-d'abeilles,animées lanuitpardes diodes aux lumieres

changeantes Toute visite culturelie a Reykjavik compte desormaîs une etape au Harpa (« laharpe »), le monumenta! edificequi abrite I opera, et qui estdevenu le symbole de l'Islandedu XXIe siecle. Sa façade estI œuvre du célèbre designer envogue OlafurEliasson, d'ascendance islandaise (même s'il estdanois, maîs n allez pas froissernotre hôte ) et a bien failli nepas exister en raison du terribleeffondrement economique de2008 Projet issu de I epoque dela bulle immobiliere, le Harpafaisait partie d'un chantier pha-raonique conçu parles banquesresponsables de la crise et futdonc brutalement inter-rompu .. Aujourd'hui, revenudans le giron public, il est l'orgueil de la capitale d'un petitpayb (257000 habitants) enconvalescence, une nation sijeune au plan artistique « En1830, il n'y avait ici qu'une poi-gnee de musiciens de fanfareSept pianos étaient répertoriesdans la capitale, qui dénombrait

a peine quèlques centaines d'âmes sur uneUe entierement rurale, rappelle l'écrivain.La litterature est vraiment la seule traditionque nous ayons » Et d une vivacite sansegale L adage veut qu'ici la moitié de lapopulation écrive des œuvres que l'autremoitié lit Les Islandais chérissent leurNobel de litterature - Halldor Laxness,couronne en 1955. Et chaque rue du centrede Reykjavik héberge une librairie oupresque La litterature a aide a construirel'identité du pays - devenu indépendanten 1944, apres des siècles de souverainetédanoise. « Tres populaire, notre traditionde poèmes rimes vient tout droit de lapériode médiévale », explique AndriMagnason Et de chanter tout de goquèlques vers dans une langue islandaiserocailleuse a souhait, laquelle n'a pratique-ment pas change depuis le Moyen Âge.

MILITANT ÉCOLOGISTE ET CITOYEN

Maîs lejeune écrivain souhaite nousemmener vers son lieu prefere, a quèlquesencablures sur les hauteurs de la villeL'institut Arm Magnusson recelé un tresordésormais inscrit au patrimoine mondialde l'Unesco les anciens manuscrits islandais des sagas des XIIe et XIII6 siècles (récitshistoriques et légendaires) et des Edda(poèmes épiques et mythologiques en vers),véritables matrices de toute la litteratureeuropeenne et qui fascinèrent un geniecomme Tolkien « Ils sont notre Mona Lisa»,dit en souriant le romancier, qui nous faitpénétrer dans le saint des saints La conservatnce ouvre pour nous une grande couverture de bois. des pages en velin (peaude veau) noircies par les annees et les mainsde générations de lecteurs racontent leshistoires des familles et clans islandais,copiées et recopiées par les moines oumême les fermiers - une singularité del'île Lin minuscule manuscrit de la Legendede sainte Marguerite, traduite du latin, tientdanslecreuxdelamain Et Andri Magnasons'enflamme pour un Edda qui narre deshistoires de déesses, de géants et de sorcieres Comme tous les Islandais, le romancier révère ce precieux patrimoine, ce quine I empêche pas d être totalement branchesur son epoque, quand il ne fait pas glisserses récits vers l'anticipation sociale IIaime se présenter en écrivain touche atout, double d un militant ecologiste etcitoyen, happe par les debats de son tempsAuteur de livres pour enfants, de nouvelles

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80 BOULEVARD AUGUSTE BLANQUI75013 PARIS - 01 48 88 46 00

01/07 JAN 15HebdomadaireOJD : 104111

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et romans, de pièces de théâtre, il a débutéavec un recueil baroque de poésie du quo-tidien, inspire par le supermarché le plusconnu d'Islande (Bonus, à l'enseigne d'uncochon rose). Auteur d'essais et de filmsdocumentaires qui ont fait date, il partageaussi avec des musiciens et des créateursun QG alternatif, situé dans une centraleélectrique désaffectée de Reykjavik.

PAYS D'HOMMES SANS FILL'incroyable vitesse avec laquelle l'Is-

lande a bascule dans la modernité, cetempressement d'une nation de tranquilleséleveurs de moutons et de pêcheurs desaumons à devenir une patrie du néoli-béralisme le plus agressif et un éden pourgeeks, a nourri ses écrits. En un quart desiècle, le pays le plus pauvre d'Europe aviré à l'eldorado le plus riche de la pla-nète. .. L'auteur a vécu sa jeunesse en paral-lèle à cette rapide métamorphose, due engrande part à Internet et au téléphoneportable : plus aucun coin d'Islande n'estaujourd'hui isolé. Il est loin le temps oùle grand-père d'Andri mettait deuxsemaines en taxi depuis Reykjavik, sur deméchants chemins, pour aller faire sademande en mariage à l'autre bout del'île... Avec le flair de l'écrivain, AndriMagnason a pourtant senti avant tout lemonde que la frénétique course au profit,la frime en 4x4 et à crédit, conduisaientson pays vers l'abîme. En 2002, il s'étaitpermis la fable grinçante qui débarqueen ce début d'année en France : LoveStar,un récit de science-fiction où l'Islande,aux prises avec les dérives de la techno-logie, de la communication, du marketinget de la consommation, est devenue unpays « d'hommes sansfil » contrôles parune sorte de Super Steve Jobs, agitateurd'idées et tyran qui manipule leur vie,leurs amours et leur mort. Pathétiquesmarionnettes, qui, à bien y réfléchir, nesont plus qu'à une faible distance deshommes de 2015, avec leurs données pri-vées siphonnées par les moteurs derecherche et autres réseaux sociaux...

En 2006, deux ans avant le crash desbanques, Andri Magnason publiait l'essaiDreamland (Au pays des rêves, sous-titréManuel de survie pour une nation effrayée),accompagné d'une préface militante de lachanteuse Bjork. Vigoureux plaidoyer pourl'île, à la nature jusque-là préservée del'industrialisation mais devenue la proie

ANDRI SN/ER MAGNASONLoveStarK.* » Inspiré par les ondes des oiseaux migrateurs, le génial LoveStar inventel'homme sans fil, au cerveau connecté, à la pupille sans cesse branchée sur desécrans de publicité. Bienvenue dans l'Islande du futur, où l'on vous procurerale partenaire idéal grâce à InLove et la mort la plus fun grâce à LoveMort. Biensûr, ce délirant meilleur des mondes technologique et tyrannique court droità la catastrophe. Sauf qu'une petite graine subsiste, ainsi qu'un couple de vraisamoureux, Indridi et Sigridur, qui sauront sauver l'humanité avec la complicitéd'un loup à fermeture Éclair... L'imagination sans bornes et l'humour duromancier islandais, qui sait recycler les vieux mythes, donnent à ce récitd'anticipation une réjouissante fraîcheur.*? MAME CHAUDEY iZulma, 21,50 e. ;

rend chaque été en famille, avec son fils etses trois filles. Le romancier, qui a vécuune bonne partie de son enfance aux États-unis où son père exerçait comme médecin,revenait sur cette côte sauvage chaque été.Un paradis auquel il tient comme la pru-nelle (bleue) de ses yeux. Il y renoue avecl'essentiel : la nature encore sauvage deson pays de volcans et de glaces, mais aussil'héritage et la transmission. Car lesancêtres d'Andri Magnason constituentun formidable vivier à histoires : on a lechoix entre un grand-père chirurgien quiopéra en Amérique le savant Oppenheimerou le chah d'Iran, des grands-parents quifurent explorateurs de glaciers et qui ontfilmé, dans les années 1950, des documen-taires désormais témoins du réchauffe-ment climatique, un oncle spécialiste descrocodiles qui a donné son nom à uneespèce, ou une grand-tante qui fut la baby-sitter de la famille Tolkien à Oxford dansles années 1930 au moment de l'écrituredu Hobbit... Le dernier livre d'AndriMagnason est une méditation sur le legsfamilial, le temps qui passe et la sagessedu dalai-lama, ainsi qu'il le résume en unclin d'oeil. Pour l'heure, le romanciers'implique à fond dans la protestationcontre la hausse de la TVA du livre enIslande, qui menace de passer de 7 à 12 %et serait ainsi la plus élevée des pays nor-diques. Ce jour-là, dans le vent glacial, lesécrivains manifestent devant le Parlement,avec un bouquin brandi pour toute arme.Andri Magnason est le premier à forcerl'entrée du bâtiment. On peut compter surlui pour faire du bruit. 9

TXTE MARIE CHAUDEY

PHOTO BRAGI OÔR JÔSEFSSON POUR LA VIE

LA LEGENDEDE SAINTEMARGUERITE,tient dans le creuxde la mam

des multinationales de l'acier avec la com-plicité des dirigeants politiques, l'ouvrageconnut un immense succès. Jumelé avecun film documentaire réalisé par Magna-son, il fut l'occasion d'une prise deconscience :« Pas suffisante pour prévenirla crise », soupire l'écrivain. Le miracleislandais vira au cauchemar en 2008, et lepays, encore lourdement endetté, resteaujourd'hui fragile.

FORMIDABLE VIVIER À HISTOIRESÉcrivain prolixe, habité par cent idées

à l'heure, devenu un leader d'opinion àReykjavik, Andri Magnason affirme l'hu-maniste nécessité de se recentrer et de seressourcer. Son ancrage à lui, c'est la fermede ses grands-parents paternels dans lapéninsule du nord-est de l'Islande où il se

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Date : MARS 15

Pays : FrancePériodicité : MensuelOJD : 57216

Page de l'article : p.83Journaliste : A.F.

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L'homme

sans filAndri Snaer MAGNASONDans ce roman d'anticipation, l'auteur islandais dépeintun monde totalement bouleversé, où l'on peut prévoir l'aveniret trouver son double programme. Un regard prospectifpour mieux interroger notre présent. Prémonitoire ?

Les adultes ont aussi leurs

contes leurs fables Celleproposée par Andri SnœrMagnason est pertinente elmoderne LoveStar a paru en

Islande en 2002 avant l'utilisation massivede Facebook et de Tweeter Ce fascinantobjet litteraire débarque enfin sur notre solgrâce aux editions Zulma et autraducteur Eric Bour) a quil'on doit notamment les versions françaises des romansd'Arnaldur Indridason et deJon Kalman Stefansson

Treize ans plus tard,LoveStar reste d une incroya-ble actualite, d une rare forceprémonitoire Et nous plongedans un monde étrange et dé-routant Un monde totalementdérègle Paris a ete envahi parles sternes arctiques « belli-queuses créatures » qui ne mi-grent plus d'un hémisphère al'autre Chicago a ete colonisepar des mouches a miel pi-quantes et bourdonnantesPartout, l'atmosphère est satu-rée de messages d emissionsde champs magnétiques

Dans un hangar desaffecte de l'aéroportde Reykjavîk un groupe d'ornithologuesde spécialistes en aérodynamique et en chi-mie organique cherche a précipiter la faillitedes reseaux satellite, et a favoriser I avenement de « I homme sans fil », adepte de lacommunication par les ondes L entreprisea ete baptisée LoveStar C'est aussi le nomde son directeur Pas a pas, celui-ci a bâti unveritable empire aux multiples arcanes Touten cherchant a se tenir en retrait a prat:quant « I anti-promotion »

LoveStar se veut humble II prétend quece sont les idees qui s emparent de lui

qu'elles agissent telles des drogues Desidees notre homme n'en manque pas ll aaussi lance ReGret qui a la capacite de toutprévoir et permet d apurer le passe d etre enpaix avec sa vie le monde et son destin Sansparler de LoveMort Formidable conceptcense rendre la mort « plus propre plus belle,plus grandiose et surtout, plus simple »

LoveStar parle d aboyeurs publicitairesd hébergeurs clandestins D ecologie, de li-berte Son talentueux auteur met aussi enscene Indndi Haraldsson Un jeune hommemoderne et sans fil, constamment connectea un interlocuteur invisible Précisons quece gentil garçon applique est une répliquede sa propre personne Qu'il a ete rembo-bine et a bénéficie d'une seconde naissancea l'âge dc cinq ans apres avoir ete un incu-rable garnement On ne peut résumer unvolume plein comme un œuf que le lecteurdévore en se demandant ou il va Des sur-prises il y en a pléthore Jusqu'à une chutequi laissera tout le monde pantois

Résolument original LoveStar offre unesingulière reflexion sur notre epoque et nossocietes consumenstes Maître de I absurdeet digne heritier de George Orwell etd Aldous Huxley Andri Snaer Magnasonoseille parfaitement entre la tragédie et lacomedie, s'amusant a montrer le pirecomme le meilleur Ne le 14 juillet 1973 dansun pays d'aluminium et de lave, Magansonétait déjà apparu une premiere fois dansles librairies françaises en 2003, quandGallimard Jeunesse sortit Lei, Enfants de laplanete bleue Un conte de fées bluffant illustre par Pcf et traduit dans trente pays

Quand on le rencontre a Reykjavfk unapres midi d'hiver et de tempête Magnasonexplique qu'il a commence par étudier la litterature et la inedecme Une discipline qu apeu pres tout le monde pratique dans sa fa-mille d'une maniere ou d'une autre, entreun pere toubib une mere et une épouse in-firmières En 1996 le gandin a déboule surla scene litteraire avec Bonus Poetry Unrecueil de poèmes qui arrivait a faire se croiser la Divine comedie de Dante et la plus

grosse chaîne de supermarchesd'Islande '

Depuis, il n a jamais chômeEntre sa collaboration avec laformation electronique Muml'écriture de pieces de theâtred'un recueil de nouvelles Etcelle de Dreamland (2006) sonlivre le plus vendu sur sa terrenatale Un essai, sous titréManuel de survie pour unenation terrifiée, preface parBjork et traduit au Japon, enEspagne et aux Etats-Unis ouil a ete salue par le New YorkTimes L écrivain y propose unautre regard sur son pays etson developpement, brocar-dant la mentalité a court termede certains de ses concitoyensencore ébranles par la crise fi

nanciere de 2008Andri Snaer Magnason fourmille de

projets, d'idées On attend de pied ferme laversion française de son dernier livre,Timakistan (2013) Un autre conte pourjeunes et moins jeunes lecteurs qui semblelui encore, reserver biendes surprises A.F.

(LoveStar) parAndri Snaer Magnason,traduit de I islandaispar Eric Boury 430 pZulma 21 50€

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Date : FEV 15

Pays : FrancePériodicité : Mensuel

Page de l'article : p.40Journaliste : Thierry Guinhut

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LoveStar, rose vifUne tyrannie publicitaire

mène-t-elle le monde à sa

perte ? Premier roman

d'anticipation de l'Islandais

Andri Snaer Magnason.

U n conte écologique, une rc-écnture de Roméo et Juliette,une ant i -utopie poli t ique 'Devant ce roman aux appa-

rences d'abord modestes, nous hésitonsà lui coller une étiquette sur le dos.Jusqu'à ce que toutes soient finalementsignifiantes, enlaçant les séductions dudésir et celle de la répulsion. Qui nevoudrait en effet trouver, grâce à unescience rigoureuse, l'âme sœur ? Qui necraindrait pas pour sa liberté devantl'ommscience de la publicité 'Dans le cadre d'un récit aux prémicesréalistes, deux intrigues alternent et senouent : celle d'un )eune couple amou-reux (Indndi et Signdur), puis celle deLoveStar , qui condu i t son « idée »jusqu'à la réussite planétaire. Du mêmenom que son entreprise en expansion, ilnous confie ses recherches sur les oi-seaux, alors que sternes et mouches àmiel envahissent et détruisent les villes.Bientôt, leurs ondes rendent mutilesfibre optique et satellites. Chacun estconnecté grâce à sa retine, les « aires lan-gagières » sont capturées ; ainsi Indndidevient « aboyeur de publiâtes », d'« an-nonces de rééducation ». La firme capita-liste permet qu'un mauvais enfant soit« rembobiné », crédité d 'une nouvellenaissance On consulte « ReGret » pourjustifier son destin Grâce à une autresuccursale de LoveStar, « LoveMort »,les défunts deviennent « étoile* filante* »l'Islande devient « à la fois le Gange, Beth-léem, La Mecque et Graceland ».Cependant, le drame se révèle entre lesdeux amants , l o r squ ' i l s apprennentpar « inLove » que Signdur a une « âmesœur » « LoveStar se chargeait de l'amourautant que de la mort », en une entité to-talitaire bénéfique. Conséquence : « lesguerres et les conflits appartiendront aupassé ». Magnason n'est pas dupe decette niaiserie en sa satire : « Les jetés cal-culatoires d'inLove étaient l'un des pro-

grammes télévisés les plus populaires », oùl'on voit deux « moitiés » se rencontrer ;ce qui permet de citer Le Banquet dePlaton... Maîs où est passée la liberté,quand ceux qui refusent d'être « calcu-lés » sont les « dernieres victimes de la li-berté» ? De fait, Indndi et Signdur, sans« confirmation scientifique », sont des re-belles de l'amour. À moins qu'un pervers ait «falsifié les calculs » . . .Sous l'apparence d'une fantaisie, d'unrécit d'aventure, la dimension morales'affirme : « // comprit que la faute n'in-combait pas au service Ambiance, maîsqu'elle était intrinsèque a la nature bu-mame ». À la faveur de la perspective as-cendante du roman, l'on saura com-ment l 'argent sépare l 'au-delà entreparadis et enfer, comment « LoveDieu »peut devenir une tyrannie théocra-tique : jusqu'à l'apocalypse...L'œuvre de Magnason unit le grandioseet le puéril, Ie grotesque et le métaphy-sique, le réalisme et le merveilleux, lepoétique, l'économique et le politique,non lom des Cosmicomics de Calvino,de L'Écume des jours de Vian. Les échoslittéraires et mémonels fourmillent ici :le roman rose et sentimental est caressédans le sens du poil, le méchant louptechnologique venu de Charles Perraultfait peur et beaucoup rire, le scienti-fique d'opérette a un air de DocteurFrankenstein, le conte de « Medias » re-prend le mythe de Midas, quand le BigBrother d'Orwell prend les couleursd'un LoveStar qui s 'offre les servicesd'un écrivain-biographe indiscipliné..On ne s'étonnera pas que Magnason,né a Reykjavik en 1973, ait publié pourla jeunesse, puis un documentaire sur lacrise écologique et financière en Is-lande. Tel un coup de jeune féerique etinquiétant sur l'anti-utopie, LoveStar atout pour nouer une histoire d'amouravec ses lecteurs Surfant sur deuxthèmes éternels de la littérature, amouret mort captés par les nouvelles techno-logies, Magnason les renouvelle avecmalice, grâce au relief troublant de lascience-fiction et de l'apologue, commeun conte de Voltaire revu par Google etFacebook.

Thierry Guinhut

LOVESTAR D'ANDRI SNAER MAGNASONTraduit l'islandais par Eric Boury, Zulma,432 pages, 2 1,50 fe

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Février  2015          

Andri  Snær  Magnason,  LoveStar,  Éditions  Zulma,  432  p.,  21,50  €  Ô,  merveille  !  Que  l’humanité  est  admirable  !  William  SHAKESPEARE,  La  Tempête                                            Imaginer  un  monde  –  un  «  meilleur  des  mondes  »  inquiétant  où  l’on  reconnaît,  par  analogie,  le  nôtre  –  n’est-­‐ce  pas,  pour  un  écrivain,  follement  amusant  ?  L’imagination  est  la  seule  limite.  

 

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Andri Snær Magnason a imaginé beaucoup de choses. Voyons : unpersonnage de « grand dirigeant » concepteur d’un Éden artificieldans une « vallée venteuse et glacée » d’Islande ; des humainsemployés comme « aboyeurs », louant les zones langagières etémotionnelles de leur cerveau et programmés pour hurler des sloganset des messages de santé publique (même les bébés peuvent être« aboyeurs », car les gens trouvent cela mignon) ; une application sansfil qui sert à « apurer » les regrets ; une autre qui « calcule », aumoyen d’algorithmes, l’identité de votre âme sœur, rendant obsolètela quête de l’amour ; et, pour finir, un « beau concept » : des cadavrespropulsés dans l’espace et transformés en étoiles filantes.Oui, c’est amusant, d’imaginer un monde. Les problèmes de la viey apparaissent sous un jour nouveau. LoveStar (c’est le nom du granddirigeant) trouve à chacun une réponse « plus pratique, plus hygié-nique ». Finis, le pourrissement de la chair et les mystères de l’âme ;évacués, l’amour et la mort à l’ancienne. Même la foi ! LoveDieu,la dernière « idée » du Zorglub local, offre des perspectives inédites.« L’illumination », « la révélation » ou encore « l’intime conviction »n’échappent pas à une « solution globale », basée sur l’analyse desondes émises par les humains qui prient (car « tout est matière. Lesurnaturel n’existe pas »).Le risque de ce genre de « fable » à la frontière de la science-fictionporte sur la façon dont ce « monde » inconnu est introduit auprèsdu lecteur qui « débarque ». Magnason est souvent explicatif, ce quidonne des passages tels que :

« Le dispositif consistait à mesurer les ondes émises par le plus grandnombre possible de gens. Ensuite, on collectait les données, puis onles traitait dans les instituts de recherche qu’abritaient les entrailles dela vallée d’Öxnadalur. Peu à peu se dégagèrent des motifs structurés etprobants » (p. 237).

Il est certain qu’à cet égard, le cinéma ne connaît pas les mêmescontraintes qui, par l’image, déploie son univers comme une évidence

Notes

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La Revue littéraire

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(songeons à The Island, de Michael Bay, à Waterworld de KevinReynolds, à La Planète des Singes, etc.). Le roman, lui, doit délica-tement l’intégrer au récit, un peu comme on intègre des blancsd’œuf battus en neige et du chocolat fondu. C’est amusant, d’ima-giner un monde, mais on ne doit pas trop voir les coutures…Passons sur les dialogues parfois nunuches, façon Le Petit Prince. Ledilemme du couple fusionnel Ingriði / Sigríður est le moteur qui faitavancer le récit : si un « amour scientifiquement prouvé » est possible,s’il existe ailleurs une âme sœur véritable, à quoi bon « trop imbri-quer sa vie dans celle de quelqu’un d’autre » ? « On a trouvé ton seulet unique ! Ça ne fait pas décoller ton imaginaire ? » demande uneamie à Sigríður. C’est, sans doute, la seule question qui vaille.Et de ce point de vue, il y a quelque chose de pourri, dans leroyaume de Lovestar. Rappelons-nous le modèle du genre, LeMeilleur des mondes d’Aldous Huxley (1931), cauchemar moderneamené par l’industrialisation de masse et le progrès technologique.L’Utopie, cette « tyrannie-providence », écrit Huxley, menace de« standardiser le produit humain ». Voilà qui était bien vu, à l’époque.Mais, presque un siècle plus tard, une humanité aliénée, un dirigeantmégalomane à la tête d’un néo-Google à peine travesti, des Mickeyvivants qui s’avèrent sanguinaires (vous saisissez le message ?)... ladystopie de Magnason n’a plus rien d’original.Le plus intéressant, le plus effrayant, au fond, ce serait plutôt la « viebonne » à laquelle LoveStar renvoie en négatif. On devine un idéalaristotélo-scandinave de tempérance, de confort et de naturalité.L’aurore y caresse de ses rayons les courbes d’un siège en bois où sepelotonne une jeune non-fumeuse en pyjama pour boire un chocolatchaud. Ô, merveille ! Ô splendide Nouveau Monde !

Clément Bosqué

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TERRA ECODate : MARS 15Pays : France

Périodicité : Mensuel Page de l'article : p.74Journaliste : S. B.

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LOVESTARROMAN GLAÇANT

Àndri Snaer MagnasonZulma, 430 pages,21,50 eurosLin jour, les sternes arctiquescessèrent de migrer etdevinrent l'emblème de Paris.Les papillons monarquesdésertèrent le Mexiquepour mourir au pôle Nord.

En étudiant les ondes deces animaux désorientés,LoveStar, un entrepreneurislandais, invente un mode detransmission révolutionnaire :tout « homme moderne etsons fil » se doit de recourirà ses services interactifs, sipratiques. En ayant accèsaux informations intimes desindividus, la société LoveStaren vient à gouverner leur vie àcoups d'algorithmes, prédisantl'avenir ou « calculant » l'âmesœur dénichée pour chacunsur Terre. Même à ceux quipensent l'avoir déjà trouvée,comme Indndi et Sigridur,fous amoureux...Après un documentaireremarqué sur la crise enIslande, Andri Snaer Magnasonsigne avec ce premier romanune anticipation glaçante,

digne d'Orwell ou de K. Dick,une satire écolo du meilleurdes mondes tel que leséchafaudent Google & co. Sisa trame est classique - unhomme en lutte pour sonlibre arbitre -, l'imaginationest ébouriffante (enfants« rembobinés », usinesd'animaux...), l'humour givréomniprésent d'excellentrunn/ng gag des « aboyeurs »de pub) et le cocktaildétonant. — S. B.

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PLANETE ROBOTSDate : SEPT/OCT 15Pays : France

Périodicité : Bimestriel Page de l'article : p.92

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RomanLOVESTAWInspiré par le comportement bizarre et inex-pliqué dè diverses espèces animales(mouches à miel, papillons monarques,ours polaires ), LoveStar, le génial et énig-matique fondateur de l'entreprise eponyme,a inventé un mode révolutionnaire dè trans-mission des donnees qui a libére l'humanitéde son emprise de l'électronique A laplace, il a développé plusieurs applicationsconsuméristes et liberticides comme le rem-bobinage des enfants qui filent un mauvais

coton, le système ReGret qui permet« d'apurer le passe », des hommes et desfemmes ultra-connectes qui sont payespour hurler des publicités à des passantscibles ou encore InLove, un algorithme no-vateur qui identifie de manière infaillible lesâmes sœurs par simple calcul de leursondes respectives Ce roman islandais, inci-sif et satirique, est une dystopie qui nousplonge dans un univers où la science adésormais réponse a tous nos problèmes(l'éducation des enfants, la consommation,l'amour, la mort ) Une façon originale denous démontrer que ce qui ressemble au« meilleur des mondes » peut, en réalité, serévéler être un veritable cauchemar

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10 RUE DU BREIL ZI RENNES SUD-EST35051 RENNES CEDEX 09 - 02 99 32 60 00

06 JAN 15Quotidien

OJD : 749258

Surface approx. (cm²) : 55

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e672954d57600402427b4304b20395650f40b66df169502ZULMA0921162400524/MAN/ATA/2

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L'amour au défi du calcul

LoveStar,AndnMagnason,Zulma,432 pages,21,50 €

« Peu de temps apres queles mouches a miel eurentcolonise Chicago, les papil-lons monarques furent saisisd'un étrange comportementAu lieu d'aller vers le sud re-joindre leurs quartiers d'hiver,

ils se dirigèrent vers le nord »C'est ainsi que s'ouvre ce ro-man, fable curieuse nourriea la fois par Italo Calvmo etles Monty Python Face a lasoudaine déroute de toutessortes d'espèces volantes, legénial LoveStar, vibrionnantet enigmatique fondateur del'entreprise du même nom,invente un mode de trans-mission des donnees inspiredes ondes des oiseaux pourson plus grand bonheur, del'universelle emprise de l'e-lectronique ll développe au

passage quèlques applica-tions aussi consumenstes quehberticides Quand Indnd etSigndur, jeunes gens par tropnaïfs et sûrs de leur amour,se retrouvent « calcules », ilstombent des nues leur moi-tié est ailleurs Les voila par-tis, Romeo et Juliette post-modernes contraries par lafatalité, pour une serie de mé-saventures cocasses et pa-thétiques, jusqu'à ce que leurroute croise celle de LoveStarlui même, en quête de son ul-time invention

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 28  novembre  2014  

           

 

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Date : N 78/2015

Pays : FrancePériodicité : Trimestriel

Page de l'article : p.89-90Journaliste : Erwann Perchoc

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ZULMA 0739674400501Tous droits réservés à l'éditeur

Andri Snaer Magnason - Zulma - janvier 2015 (roman inédittraduit de l'islandais par E. Boury - 432 pp. Gdp. 21,50 €)

Les romans islandais à paraître en françaisne sont pas légion Les récits de science-fiction islandais le sont encore moins. Voilà

deux bonnes raisons pour sepencher sur LoveStar, premierroman d'Andri Snaar MagnasonLoveStar, c'est une multinatio-nale, équivalent islandais desgéants de l'infonnatique actuelscomme Google, Facebook ouApple LoveStar, c'est surtoutson fondateur, individu dont lesidées ont révolutionné le mon-de une nouvelle méthode detransmission des données ba-sée sur les ondes des oiseaux,c[m rend obsolète les moyensélectroniques conventionnels ,REGRET, qui vous épargne lesremords en prophétisant votre

mort, voire la fm du monde, si vous n'aviezfait tel ou tel choix , LoveMort, qui se pro-pose d'envoyer les corps des défunts dansl'espace et de les faire se consumer dansl'atmosphère , inLovE, qui se charge de cal-culer quelle personne sur Terre est votreâme-sœur . etc LoveStar est presque undieu, et son prochain service se penche surla question de la divinité, justement Maîsl'omniprésence de LoveStar n'est pas forcé-ment du goût de tous, comme Indridi et Si-gri8ur, un jeune couple follement amoureux,sûrement un peu niaiseux Indri8i et Sigri9ursont faits l'un pour l'autre, ils n'en doutentpas Jusqu'à ce qu'mLovE annonce à Sigridurque sa véritable âme-soeur est un Danois

du nom de Per M011er Le couple va toutfaire pour lutter contre le calcul d'mLovE,quand bien même le sort — ou plutôt lesservices de LoveStar — semble s'acharnercontre Indndi Quant à LoveStar, il a déjà se-ine les graines de sa propre destruction

« Rien n'arrête une idée » avec LoveStaret son personnage-titre, qui prefère mettreau point une idée, aussi mauvaise sort-elle,avant que quelqu'un d'autre s'en empare,Andri Snaer Magnason questionne fins etmoyens dans une société hyper-technologi-que, miroir à peine déformé de la nôtre Nonsans humour, tragédie et fantaisie Fantaisie,c'est le terme qui convient l'amateur de hardscience ou d'anticipation sociale en sera sû-rement pour ses frais Plus qu'un roman descience-fiction, ou la partie science seraitaussi légère qu'aventureuse (voire, disons,poétique), LoveStar rappelle par momentl'inventivité sans bornes à l'œuvre dans lesromans de Boris Vian De fait, le romanfourmille d'idées, maîs laisse parfois l'his-toire à la traîne la romancecontrariée entre Indri3i et Si-gri3ur est racontée avec unenonchalance un tantinet dom-mageable, et l'on pourra trou-ver la résolution dè l'intrigueentourant inLovE peu convain-cante fl n'empêche LoveStardemeure d'une lecture dis-trayante Lecteurs de Baxter ouEgan, passez votre chemin Ama-teurs de curiosités, vous savezce qu'il vous reste à faire

Erwann Perchoc

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Date : 08/14 MAI 15

Pays : FrancePériodicité : HebdomadaireOJD : 6940

Journaliste : Alphonse Cugier

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Andn Snaer Magnason

«LoveStar», d'Andri Snaer Magnason

Utopie et voyages versl'Ailleurs, ici et maintenant

La lecture en Islande, terredes sagas, est un « sport

national » et Magnason en est unepièce maî t resse : en 2006, son«Dreamland. Manuel de survie pourune nation terrifiée » bat les recordsde tirage et ce, deux ans avant qu'unlibéralisme agressif, toutes vannesouvertes, ne débouche sur desfaillites bancaires successives.« LoveStar », écrit en 2002 est unedystopie, utopie négative.Le monde se met à tournebouler :les sternes, les mouches à miel,papillons et ours polaires n'ont plusde repères. LoveStar, personnageénigmatique, à la tête d'une entre-prise qui brasse les grandes affairessans négliger les petites de tout unchacun, découvre avec son équipescientifique que la transmission desdonnées peut s'opérer par des ondesinspirées de celles des oiseaux.

Un nouveau« 1984 » d'Orwell

L'homme de demain (c'est-à-dired'aujourd'hui) est devenu permé-able, les messages publicitairesempruntent ces connexions invisi-bles et imbibent son corps : leconsumérisme bat son plein.Surveillance, décervelage, séduc-tion organisée... Le « bonheur » estplanifié (on trouve l'âme soeur parcalcul et un jeune couple amoureux

est sommé de se séparer en raisonde normes infaillibles). Les enfantsqui «.filent du mauvais coton sontrembobinés », des Mickeys nouvellegénération remplacent les animauxde compagnie, ils adorent lesbambins, leur chair sur tout ; lesmorts sont expédiés (solutionhygiénique) dans l'espace parmi lesétoiles filantes et idée géniale, lesprières adressées à Dieu sontcaptées pour repérer les besoins etdésirs des consommateurs...Magnason réussit à fondre ensem-ble le monde totalitaire d'Orwell, leconte voltairien, le récit d'aventuresà la Jules Verne, l'art de marier lafantaisie au réalisme d'Halo Calvino.Il nous concocte un monde insenséet le rend plausible. Le cocasse, lefacétieux se décantent, flirtent avecle tragique qui paradoxalement senourrit de leur présence jusqu'aufinal apocalyptique. Le grandméchant loup a quitté sur la pointedes pieds le conte pour enfants, s'estinvité dans un univers qui trans-gresse la réalité et donne une visionconvulsive de notre temps.Où sont passés les trolls, ces lutinsmalicieux du folklore Scandinave ?Les sternes repassent dans le ciel etla graine devient arbre...

Alphonse CUGIER

• Éditons Zulma, 432 pages, 21,50 €

Page 29: 75707 PARIS CEDEX 13 - 01 57 28 20 00

Date : Novembre -decembre 2018

Pays : FRPériodicité : Bimestriel

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DES RELATIONS INTERPERSONNELLES PLUS

PÉRENNES GRÂCE AUX ALGORITHMES ?SCIENCE-FICTION

Extrait de Black Mirror

Pendez le Dj

Le perfectionnement des algorithmes permet

tra-t-il un jour de trouver l'âme sœur grâce à

une application ? Cette idée est à la base de

plusieurs œuvres d'anticipation.

Ainsi, dans l'épisode 4 de la saison 4 de BlackMirror \ une application ultraperfectionnée

promet à chacun de rencontrer l'élu de son

cœur. Seule condition : accepter des relationsavec différents partenaires

choisis par l'algorithme (allant de quèlques heures à plu

sieurs années), pour lui permettre de mieux connaître chaquepersonne et dè s'assurer qu'il lui présentera finalement la

moitié idoine.

Ce thème est aussi au cœur du roman de science-fiction

LoveStar, d'Andri Snaer Magnason 2, dans lequel chaque humain est « calculé » en fonction des ondes qu'il émet pour

étre présente à son « seul et unique », la seule autre personne sur la planète qui émet les mêmes ondes que lui /

elle.Futuribles

.