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80 BOULEVARD AUGUSTE-BLANQUI 75707 PARIS CEDEX 13 - 01 57 28 20 00 24 AOUT 12 Hebdomadaire Paris Surface approx. (cm²) : 375 N° de page : 19 Page 1/1 SEUIL 2847233300501/GFS/AJR/1 Eléments de recherche : LES ÉDITIONS DE L'OLIVIER : maison d'édition, toutes citations Pagaille organisée Le feuilleton IP'EHIC CHEVILLARD I I a donc fallu établir des taxinomies, nommer les espèces et les sous- espèces, identifier les phénomènes puis les classer par genres, creer des catégories divisées elles mêmes en petites cases que l'on a du cloison ner encore pour prendre la mesure de ce monde Impossible de faire tenir un globe dans un meuble a compartiments si on ne le coupe préalablement en tranches, puis en des L'homme s'y est employe sans menager sa science Ni sa litterature, idea lement outillée pour forger des arche types, définir des modeles, camper dans le reel la figure humaine si vacillante, si floue, si contingente II s'agissait en som me de s'entendre sur une organisation, d'aboutir a un ordre et de se donner ainsi l'illusion de tout maitriser Dans un XIX e siecle épris de rationalité, ou la science et la philosophie étaient sup posées avoir réponse a tout, Bouvard et Pécuchet, pas si bêtes, posaient les bonnes questions Qu'est ce que le corps ? Qu'est ce que Dieu ' Qu'est ce que l'univers ? Or il semble que quelque chose se soit dérègle depuis dans notre systeme d'explication du monde, que ces vieilles questions mêmes ne soient plus opérantes pour en interroger l'énigme et decouvrir enfin qui nous sommes Voici a present celles qui nous viennent aux levres « Comment lais ser flotter les fillettes ' ». « Comment habi ter le paramilitaire ? », « Comment faire le lit de I homme non schizoïde et non aile ne ' » « Friedrich Nietzsche est il balai ? », « Comment planter sa fourchette ? » Ces questions beaucoup plus pertmen tes aujourd'hui on en conviendra, sont les titres de quèlques uns des chapitres du livre d'Emmanuelle Pireyre intitule lui même non sans ironie Féerie generale, lecture hautement recommandable au moment ou nous nous apprêtons a atta quer la montagne de livres qui a pousse cet ete dans notre dos, par orogenèse tns tantanee, tandis que nous contemplions l'océan La langue ou plutôt les langues de tous bois que nous parlons et écrivons désormais y sont en effet surprises en fla- grant délit de mensonge, litteraire ou non Nous les voyons inventer les fictions poli tiques, communautanstes, generation- nelles, toutes les mythologies artificielles de l'époque Nous voyons le discours engendrer le cliche, puis le cliche saturer le discours Nous voyons se constituer, avec ce Meccano de phrases toutes faites, nos nouvelles représentations du monde et triompher le paradoxe suivant le lieu commun est un no man s land, la défini lion moderne de la solitude Ce roman se donne moins comme un récit que comme un dispositif ludique ou une installation d'art contemporain avec ordinateurs et videos, lesquels sont deve nus, tout autant que les ecrans de la fie tion desmiroirsdureel Nous n avons sur lui d autre prise que celle ci semble t il «Nous ne pouvons demeurer a l'intérieur des choses, même si elles sont notre plus grand amour ( ) Nous ne pouvons pas nous attarder Impossible, même si la joie nous envahit, de tenir en place surunflanc de montagne pour regarder le lac brillant dans la nuit » Aussi bien, nous ne lirons pas ici un de ces romans ou tout tient et se tient son encre n'est pas une huile injectée dans les rouages grippes du monde La fiction du reel ordonnée par la li ttera ture nefait plus « Féerie générale », une manière somme toute optimiste de nommer le bordel ambiant illusion Maîs si Emmanuelle Pireyre se moque férocement de ceux qui persistent a y croire elle sait pourtant que l'on peut en avoir la nostalgie, comme du paradis perdu Alors elle nous montre une fillette de g ans, Roxane qui s'entête a peindre tandis que ses camarades profitent plutôt des récréations pour spéculer en Bourse Et non seulement elle peint, au lieu de son ger comme les autres a «renflouer ses comptes de trading», maîs elle s est «spé- cialisée dans le genre pictural légèrement désuet de la peinture equestre » Des microreats s'enchâssent et se chas- sent nous surprenons la conversation pontifiante de responsables politiques, nous suivons en France un universitaire suédois attire par les «centres historiques et lesfillesfaales » (maîs « si nous sommes prets a offrir énormément a nos visiteurs étrangers ( ), les Francais ne sont pas mûrs pour le tourisme sexuel »), nous lisons les conseils de bonne conduite qu'une jeune musulmane prodigue a ses soeurs, nous apprenons que happenings et perfor mancesfurent surtout concusparlesartis tes pour lutter contre le froid de leurs lofts new yorkais Et mille autres aspects en core de cette « féerie generale » qui est une maniere somme toute optimiste de nom mer le bordel ambiant Car Emmanuelle Pireyre n ignore pas que la théorie de ce naufrage relevé aussi du discours « l'out se passe comme si, au lieu de vivre dans le monde reel nous vivions dans le Musee de l'homme ( ) Le reel museifie n'est plus disponible, le reel est un pauvre fromage sous cloche » Ce sont des étudiants qui parlent et leur luci dite prétendue n est qu une volute encore de notre logique en vrille, eperdument en quête d'un sens qui se dérobe Féerie gene raie est un livre sans lecon, dont toutes les démonstrations n aboutissent qu'a prou ver la belle sante morale de l'humour en temps de crise Puis aussi la nécessite de preserverenversetcontretout«notrepre cieuse reserve de récalcitrant» rn Film GÉNÉRAL!, d'Emmanuelle Pireyre, L'Olivier, 256p., 19€.

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80 BOULEVARD AUGUSTE-BLANQUI75707 PARIS CEDEX 13 - 01 57 28 20 00

24 AOUT 12Hebdomadaire Paris

Surface approx. (cm²) : 375N° de page : 19

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SEUIL2847233300501/GFS/AJR/1

Eléments de recherche : LES ÉDITIONS DE L'OLIVIER : maison d'édition, toutes citations

Pagaille organiséeLe feuilleton

IP'EHIC CHEVILLARD

II a donc fallu établir des taxinomies,nommer les espèces et les sous-espèces, identifier les phénomènespuis les classer par genres, creer descatégories divisées elles mêmes enpetites cases que l'on a du cloison

ner encore pour prendre la mesure de cemonde Impossible de faire tenir un globedans un meuble a compartiments si on nele coupe préalablement en tranches, puisen des L'homme s'y est employe sansmenager sa science Ni sa litterature, idealement outillée pour forger des archetypes, définir des modeles, camper dans lereel la figure humaine si vacillante, sifloue, si contingente II s'agissait en somme de s'entendre sur une organisation,d'aboutir a un ordre et de se donner ainsil'illusion de tout maitriser

Dans un XIXe siecle épris de rationalité,ou la science et la philosophie étaient supposées avoir réponse a tout, Bouvard etPécuchet, pas si bêtes, posaient les bonnesquestions Qu'est ce que le corps ? Qu'estce que Dieu ' Qu'est ce que l'univers ? Or ilsemble que quelque chose se soit dérègledepuis dans notre systeme d'explicationdu monde, que ces vieilles questionsmêmes ne soient plus opérantes pour eninterroger l'énigme et decouvrir enfin quinous sommes Voici a present celles quinous viennent aux levres « Comment laisser flotter les fillettes ' ». « Comment habiter le paramilitaire ? », « Comment faire lelit de I homme non schizoïde et non ailene ' » « Friedrich Nietzsche est il balai ? »,« Comment planter sa fourchette? »

Ces questions beaucoup plus pertmentes aujourd'hui on en conviendra, sont lestitres de quèlques uns des chapitres dulivre d'Emmanuelle Pireyre intitule luimême non sans ironie Féerie generale,lecture hautement recommandable aumoment ou nous nous apprêtons a attaquer la montagne de livres qui a poussecet ete dans notre dos, par orogenèse tnstantanee, tandis que nous contemplionsl'océan La langue ou plutôt les langues detous bois que nous parlons et écrivonsdésormais y sont en effet surprises en fla-grant délit de mensonge, litteraire ou nonNous les voyons inventer les fictions politiques, communautanstes, generation-nelles, toutes les mythologies artificiellesde l'époque Nous voyons le discoursengendrer le cliche, puis le cliche saturerle discours Nous voyons se constituer,avec ce Meccano de phrases toutes faites,nos nouvelles représentations du mondeet triompher le paradoxe suivant le lieucommun est un no man s land, la définilion moderne de la solitude

Ce roman se donne moins comme unrécit que comme un dispositif ludique ouune installation d'art contemporain avecordinateurs et videos, lesquels sont devenus, tout autant que les ecrans de la fietion desmiroirsdureel Nous n avons sur

lui d autre prise que celle ci semble t il«Nous ne pouvons demeurer a l'intérieurdes choses, même si elles sont notre plusgrand amour ( ) Nous ne pouvons pasnous attarder Impossible, même si la joienous envahit, de tenir en place surunflancde montagne pour regarder le lac brillantdans la nuit »

Aussi bien, nous ne lirons pas ici un deces romans ou tout tient et se tient sonencre n'est pas une huile injectée dans lesrouages grippes du monde La fiction dureel ordonnée par la li ttera ture nefait plus

« Féerie générale »,une manière somme touteoptimiste de nommerle bordel ambiant

illusion Maîs si Emmanuelle Pireyre semoque férocement de ceux qui persistenta y croire elle sait pourtant que l'on peuten avoir la nostalgie, comme du paradisperdu Alors elle nous montre une fillettede g ans, Roxane qui s'entête a peindretandis que ses camarades profitent plutôtdes récréations pour spéculer en BourseEt non seulement elle peint, au lieu de songer comme les autres a «renflouer sescomptes de trading», maîs elle s est «spé-cialisée dans le genre pictural légèrementdésuet de la peinture equestre »

Des microreats s'enchâssent et se chas-sent nous surprenons la conversation

pontifiante de responsables politiques,nous suivons en France un universitairesuédois attire par les «centres historiqueset lesfillesfaales » (maîs « si nous sommesprets a offrir énormément a nos visiteursétrangers ( ), les Francais ne sont pas mûrspour le tourisme sexuel »), nous lisons lesconseils de bonne conduite qu'une jeunemusulmane prodigue a ses sœurs, nousapprenons que happenings et performancesfurent surtout concusparlesartistes pour lutter contre le froid de leurs loftsnew yorkais Et mille autres aspects encore de cette « féerie generale » qui est unemaniere somme toute optimiste de nommer le bordel ambiant

Car Emmanuelle Pireyre n ignore pasque la théorie de ce naufrage relevé aussidu discours « l'out se passe comme si, aulieu de vivre dans le monde reel nousvivions dans le Musee de l'homme ( ) Lereel museifie n'est plus disponible, le reelest un pauvre fromage sous cloche » Cesont des étudiants qui parlent et leur lucidite prétendue n est qu une volute encorede notre logique en vrille, eperdument enquête d'un sens qui se dérobe Féerie generaie est un livre sans lecon, dont toutes lesdémonstrations n aboutissent qu'a prouver la belle sante morale de l'humour entemps de crise Puis aussi la nécessite depreserverenversetcontretout«notreprecieuse reserve de récalcitrant» rn

Film GÉNÉRAL!,

d'Emmanuelle Pireyre,L'Olivier, 256p., 19€.

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164 RUE AMBROISE CROIZAT93528 SAINT DENIS CEDEX - 01 49 22 73 29

04 OCT 12Quotidien Paris

OJD : 48118

Surface approx. (cm²) : 300N° de page : 16

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Eléments de recherche : LES ÉDITIONS DE L'OLIVIER : maison d'édition, toutes citations

Emmanuelle Pireyre,la subversion souriante

Féerie générale, quatrième livre d'Emmanuelle Pireyre, fait, au travers de sept textes,surgir de l'inattendu pour introduire le doute sur le discours des évidences.FEERIE GENERALE,d'Emmanuelle Pireyre.ÉDITIONS DE L'OLIVIER, 248 PAGES,19 EUROS.

Dans le monde desfées, l'impossible seproduit tout le tempset, en plus, personne

ne s'en aperçoit C'est même ladéfinition du terme « féerie »,un monde où le merveilleuxest monnaie courante, nous ysommes, semble dire Emma-nuelle Pireyre, qui entreprendde nous le f aire toucher du doigtdans un livre comme elle a l'ha-bitude d'en faire, profondémentjuste et totalement décalé Onse souvient de Comment fairedisparaître la terre9, à propos dequoi elle nous confiait (l'Huma-nitédu 30 mars 2006) son intérêtpour les « toboggans de la pen-sée », cette manière de rebondird'idée en idée, du détail à l'ordredu monde, de la lamentationdu deuil à la recette de cuisine

« Toboggans de la pensée »dans Féerie générale, ils nousconduisent, de cascade en cas-cade, de « Comment laisserflotter les fillettes 9 » à « fré-déric Nietzsche est-il balai9 »,de « Comment faire le lit del'homme non schizoïde et nonaliéné ? » à « Comment être làce soir avec les couples et lemoral9 » Au total, sept textesintroduits par ces questionssaugrenues, et qu'on auraittort de réduire à une volontéd'étonner à bon compte, en

Dire que rien ne va de soi, c'est peut-être le propos de la « féerie » d'Emmanuelle Pireyre.

$*étonner,se mettre

d'une politique

en rajoutant dans le cocasse etl'incongru

II est vrai qu'EmmanuellePireyre a un vrai talent pourrapprocher des situations, desmots, des idées qu'on n'auraitjamais pensé devoir se rencon-trer, maîs le propos n'est pas là

Dire que rien ne va desoi, c'est peut-être le proposde cette « féerie » qu'elle dé-

busque et met en pleine lu-mière Ni le monde, ni la lan-gue ne doivent passer commeune lettre à la poste S'étonner,se mettre en alerte, voilà le pre-mier devoir d'une politiquede la lecture Ainsi, on lira lesaventures de Roxane, une pe-tite fille de neuf ans plongeantdans la peinture animalièrepour éviter les papotages de sescopains d'école sur GoldmanSachs et Standard & Poor's,celle de Batoule, biogueusemusulmane, donneuse deconseils de modestie vesti-mentaire à ses sœurs et experteen classification de fictions,

X ou soft On partagera le cau-chemar de ces traders qui « nepensent pas aux 7 milliards depersonnes qui ne sont pas entrain de devenir multimillion-naires » et les voient en rêve,portant leurs têtes au bout defourches Histoires vite dites,paroles toutes faites, idéesreçues volent en éclats quandEmmanuelle Pireyre tire sousleurs pieds le tapis de la lan-gue, avec ce livre allègrementsubversif, féerique, en somme

ALAIN NICOLAS

Lire aussi Foire internationale EditionsLes Petits Matins, 72 pages, 9 euros

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24 RUE SAINT SABIN75011 PARIS - 01 42 44 16 16

19/25 SEPT 12Hebdomadaire Paris

OJD : 35600

Surface approx. (cm²) : 186N° de page : 93

Page 1/1

SEUIL8874953300508/GST/ATA/2

Eléments de recherche : LES ÉDITIONS DE L'OLIVIER : maison d'édition, toutes citations

nouveauxparamètresdu conteGrave et drolatique, le quatrième romand'Emmanuelle Pireyre capte le flux aléatoiredes médias et du web dans un conte de fées 2.0.

Prenez une conversation médias, chats, photos, SMS),bobo, mélangez-laà une séancede drague sur internet,

saupoudrez le tout de SMShyper cryptes Féeriegénérale aurait pu être undispositif pompeux destinéà singer la sunnformationde l'époque ll n'en est rienLe quatrième livre de cetteauteur ayant un pied dansl'art contemporain réussitlà où beaucoup échouenttrouvera partir desnouveaux médias une formelittéraire, convertir cettematiere brute et speeden fiction qui ne se contentepas de mimer maîs inventeEn s'appuyant sur lessupports virtuels (forums,sites de rencontres,

en relatant faits divers,légendes, rêveset anecdotes personnelles,Emmanuelle Pireyrefabrique un ouvragefourmillant et drôle,étourdissant et culotté,où le coq-à-lâne estérigé en art et le fragmentun réjouissant prétexteà carambolages

Shaker romanesque,Féerie générale brasseun petit peuple hétéroclitebambins requins dela finance, psychopathefan de mangas, artiste logédans un bunker, hacker,collectionneuse de baiserset VIP en pagaille (JamesBrown, Nietzsche, UmbertoEco, Louis de Funès,

Yoko Ono, Christine Angot )Ces microfictions, farces

empreintes de gravité,reproduisent à leur manièredécousue et maniaquele film accéléré de nosvies virtuelles, pratiquantune radioscopie de

notre psyché à I ere desmachines puissantes, de laviande halal et de la crisefinancière Emily Barnettphoto Alexandre Guirkinger

Féerie générale (Editionsde I Olivier), 256 pages, 19 €

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10/12 PLACE DE LA BOURSE75081 PARIS CEDEX 02 - 01 44 88 34 34

20/26 SEPT 12Hebdomadaire Paris

OJD : 502108

Surface approx. (cm²) : 699N° de page : 116-117

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Lectures pour tous

Famouspar Bruno Mouron et Pascal Rostain, Robert Laffont,192 p, 35 euros

*** Mouron se destinait à la photo animalièreet Rostain à une carrière commerciale. Ils y sontparvenus, en quelque sorte, puisque cescompères, associés depuis des années, sontles deux plus grands paparazzis français. Ils ontpioché dans leurs archives de fabuleuses photosvolées de « célébrités », prises entre 1960 et 1980(et plus). L'intemporel noir et blanc magnifieBardot, Gainsbourg, Delon et Romy, Johnny etSylvie, Steve McQueen, Jack Nicholson (photo),tant d'autres, à Paris et ailleurs. Nostalgie assurée.VÉRONIQUE CASSARIN-GRAND

l'histoire de Daniel,Jean et Odette, un trioinsolite qui se déchireautour d un traficde coke. Ils cherchenta échappera leurs vies minablesmaîs des les premiersmots, on a comprisque c'est impossibleQuentin Mouron elèveun fait divers entragédie moderneet universelle.XAVIER THOMANN

Libellulespar Joël Egloff, BuchetChastel, 188 p, 15 euros* - Sur une autoroute,un car de touristesen partance pourun voyage organisecroise un camion emplide poules. «Commenous avons bien dè lachance départir en

Notre-Dame-de-la-Mercipar Quentin Mouron,Olivier Morattel Editeur,120 p, 15 euros# * * Phénomènelitteraire en Suisse apresla parution d' « Au pointd'effusion des egouts »,QuentinMouron (photo),23 ans, arrive en Franceavec son deuxiemeroman. Il se pose enspectateur dans un bledquébécois pour raconter

vacances quand d'autresvont a l'abattoir », pensele narrateur. Dans cettesuite de courts textes,on retrouve toutl'humour, le sensde l'absurde et la tendrelégèreté de Joël EgloffL'auteur de« l'Etourdissement »a consigne une fouled'observations qui, telsles fragments d'unkaléidoscope, secombinent pour reflétersa vision du mondeCLAIRE JULLIARD

Féerie généralepar Emmanuelle Pireyre(photo), Editions del'Olivier, 256 p lg euros** Pas facile derésumer cette « Feeriegenerale ». Le livre estdéroutant, a mi-cheminentre le roman et l'essai,qui explore l'esprit dece debut de siècle avecsept parties en formedécollages On y trouveun peu de tout,des schémas, des photoset une petite fille quia son mot a dire surla finance Un pari ose,maîs réussi, par l'auteurqui dévoile un vrai talentpour la compositionet l'expérimentationformelle. Un ovnilitteraire jamaishermétique, souventdrôle et toujourspertinent. X. T.

I.

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M LE MAGAZINE DU MONDE80 BOULEVARD AUGUSTE-BLANQUI75707 PARIS CEDEX 13 - 01 57 28 20 00

29 SEPT 12Hebdomadaire Paris

OJD : 256449

Surface approx. (cm²) : 1104N° de page : 128-129

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Le style.

S'éveiller au parc de la Tête d'Or« Pour monter k curseur féerie au maximum, des l'aube,on w pilote au nord oue^l du parc encore fermé, errantdans la Cité internationale, parmi les groupes de congres-sistes étrangers Puis a 6fi30, on y entre seul par la"porte du Musee d'art contemporain ", et on s'avance dansle:, odeurs de terre et d'heibe, entre les magnolias, jusqu 'aulac, out a une étrange et fraîche densité vert sombre »

FRANCE

Le Lyond'EmmanuellePi rey re.

De son propre aveu Emmanuelle Pireyre 43 ans est une ecnvaine qui tra-vaille lentement «Jattends de chaque livre que/que chose qui metonne »Elle aime ainsi mêler au texte proprement dit d autres formes (videosPowerpoint ) Auteure notamment de Mes vêtements ne sont pas desdraps de 'it (Maurice Nadeau 2001) et de Comment faire disparaitre laterre'(Seuil 2006) elle signe un nouvel ouvrage Féerie generale publieaux editions oe Lolivier La jeune femme nous invite aujourd hui a unevisite tres exe usive de Lyon ou elle vit Propos recueillis par Emilie Grangeray

S'étourdira r échangeurde Perruche' Jetais,, ie n'est pas une évidente, maîs il fautaller voir cet echangeur un ouvrage bétonne enplein centre-ville, ou re rejoignent deux automates,ou debute le tunnel de Fourviere, ou se croisenttrains, tramways, toitures, bus et camions surplusieurs étages souterrains et aériens II faut yaller a pied, traverser le Rhône en admirant l'eau,s'apercevoir trop tard qu'on a traversé du mau-vais côte et se retrouver, en y mettant un peudu sien, sur la bretelle de l'autoroute du SoleilSur un mode Crash de Cronenberg, poussanta ses ultimes conséquences le désir pour la voi-ture, on est dans l'expérience urbaine extrêmede ce que signifie la hausse du trafic routier »

Epousseterla devise de Duras

uRcnre, c'était la seule choseau.l'enchantait Je l'ai fait L'écri-ture ne m'a jamais quittéeMarguerite Duras " Cette joliedevise se trouve sur une façadedu huitième arrondissementCelle d'une bonne médiathèque,

\ d'ailleurs Un jour, j'ai remar\ que que la phrase prenait

la poussière Comme je voulaisqu 'elle reste toujours aussibelle, j'ai acheté un Cif javelliséet une peau de chamois, et f aidemande une autorisation à ladirection des bibliothèques pourpouvoir rn 'introduire dansla vitrine et la briquer »

Emmanuelle Pircyrc Nfttnytrunephrase de Matyyente Duras in lourset détours en bibliotheque 20 carnets devoyage (Presses de I Enssib 2012)

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M LE MAGAZINE DU MONDE80 BOULEVARD AUGUSTE-BLANQUI75707 PARIS CEDEX 13 - 01 57 28 20 00

29 SEPT 12Hebdomadaire Paris

OJD : 256449

Surface approx. (cm²) : 1104N° de page : 128-129

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Se souvenir au Centre dhistoirede la Résistance etde la déportation« Installe dans les bâtiments qui, en 1943, abritaientla Gestapo de Klaus Barbie et, en sous sol, des cellulesou de nombreux résistants furent emprisonnes et *.torturés, le musee a pour cap de conserver vivace etactive la réflexion sur la guerre et sur les guerresLe témoignage humain y est central, et les objets - uni-fnimes, valises, affiches, armes, bocal de hancots, journaun intimes - constituant les collections prennentleur valeur et leur sens par les récits de donateurs quileur sont attachés Idem pour le centre de documentation,qui accueille parmi ses rayonnages de livres etd'archives non seulement les chercheurs, maîs aussiles particuliers en quête de leur passe familial »

Arpenter les pucesde Vaulx-en-Velin« Avec d'autres familles, on acheté a un prixvraiment très correct 25 kilos de carottes,20 kilos de navets el un agneau, sous un cielmagnifique, superbleu Ht pourquoi le cielest il st bleu alors qu 'on devrait, a priori,être enfoui dans le fameux brouillardlyonnais? Parce que la brume a ete suppri-mée depuis longtemps par assèchementdes zones marécageuses de la ville qui ontcédé leur place à l'immense parc de MinbelJon age Z 200 hectares oit on peut allermanger ses carottes et ses navets, et faire

lier son agneau, les pieds dans l'eau. »

CARNET PRATIQUEI/ Parc de la Tête d'OrPorte du Museedart contemporainquai Achille-LignonLyon 6e

2/ Echangeur dePerrachePont Gallieni (Rhône)3/ Médiathèquedu BachutPlace du 11-Novembre-1918 Lyon-8"wwwbm-lyon fr4/ Centre d'histoirede la Résistance et dela déportation14 avenue Berthelotl_yon-7e

wwwchrd lyon fr5/ Super marchéaux pucesDimanche matinrue Titta CoisVaulx-en-VelinAcces bus C36/ Grand parcde Miribel-JonageVaulx-en-Velin Accessaisonnier (d avril aseptembre) bus 83www grand parc f r

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4 RUE DU TEXEL75014 PARIS - 01 40 47 44 00

OCT 12Mensuel

Surface approx. (cm²) : 179N° de page : 32

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Eléments de recherche : LES ÉDITIONS DE L'OLIVIER : maison d'édition, toutes citations

En nos temps scintillantsFéerie générale, Emmanuelle Pireyre, éd. de L'Olivier, 248 p., 19 €.

Par Yann Nicol

O u peut-on croiser tour a tour - et parfois simultanément -une petite fille passionnée de peinture animalière, un uni-versitaire dépressif, une poétesse allergique aux PowerPoint,

maîs également Hemingway, Jung, Tolstoï, les Desperate Housewiveset les Pokemon ' Dans le dernier et stimulant livre gigogne d Emma-nuelle Pireyre, auteur il y a quèlques annees de Comment faire dis-paraître la terre ? (ou elle proposait une variation actuelle de la« femme de trente ans » chere a Balzac), qui capte avecFeenegene-rale l'élan paradoxal du monde contemporain, entre uniformisationet dislocation, mythes et décadence, culture savante et medias demasse Les nombreux chapitres, appendices, schémas et photogra-phies qui composent ce récit kaleidoscopique proposent un singuliervoyage dans le temps et l'espace, maîs aussi dans les registres desmicro-fictions, du discours sociologique, des récits intimistes et desanalyses philosophiques sm des sujets aussi divers que I ecologie, lafinance, l'art contemporain, la religion ou la vie en entreprise Ceschemins de traverse permettent a Emmanuelle Pireyre un regard par-ticulièrement aiguise sur les tics de notre epoque, avec notammentune reflexion passionnante sur les différents langages, jargons, etautres storytellmg qui composent notre paysage professionnel etaffectif Au cœur de ce collage d'éléments epars, qui repond tres sou-vent a la logique de la digression et de l'association d'idées, on

Féeriegenérale

EmmanuellePireyre

retrouve un certain nombre de ques-tions qui illustrent l'esprit, a la foiscocasse et profond, de son auteurComment laisser flotter les fillettes 'Comment habiller le paramilitaire "> Com-ment planter sa fourchette ' Le tourismereprésente-t-il un danger pour nos fillesfaciles ' Autant d'interrogations qui,comme pour son livre précèdent, donnent au roman d'EmmanuellePireyre des allures de « Manuel pratique a l'usage des êtres humainsdu xxie siecle » le lecteur pourra ainsi être confronte a un raisonne-ment tres concret sur les liens entre la frénésie proprietaire et la msefinanciere, decouvrir une théorie plus personnelle sur les caractéris-tiques de I homme moderne (et ses liens occultes avec la baronnede Rothschild), comprendre l'importance sociologique des barbe-cues, des machines a cafe et des steaks tartare, tout en se regalant dereflexions décalées sur les enjeux de l'identité, du bonheur ou dubaiser ' Les incises récurrentes, intitulées « collection de baisers », quireviennent notamment sur la place que tient la culture américaine- en particulier le cinema hollywoodien - dans notre quotidien leplus intime, sont le symbole d un livre a la fois erudit et loufoque,clairvoyant et déjante, petri de culture classique et nourri a l'enter-tainment contemporain Son audace dans la composition, fragmen-taire et éclectique, maîs aussi la puissance de sa langue et I acuité deson regard sur le monde font de Feene generale un roman résolu-ment moderne, en profonde résonance avec son temps O

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EMMANUELLE PIREYRE est auteurs de théâtre, de fictionsradiodiffusées, etde deux fictions non conventionnellesque l'on peut rapprocher de la poesie. Elle est surtout unesprit libre, moqueur, une philosophe.

EMMANUELLEPIREYREPar MICHEL EDO

Librairie Lucioles (Vienne)

ET C'EST EN PHILOSOPHE et en poète qu elle pose dans Féenegené-rale des questions aussi saugrenues que fondamentales Quefaire des casernes abandonnées pour cause de désertion du bel-licisme européen' Pourquoi les villes occidentales changent-ellessi lentement ' Comment se regarder dans la glace quand on pro-fesse une philosophie décroissante et que I on aime par-dessustout le tourisme 'Ces interrogations piochées ça et là dans le dis-cours ambiant, il s'agit d'y répondre et de la manière la plus claireet la plus détaillée possible Car on acquiesce bêtement, ll faut leconfesser, à tout ce que les médias et les penseurs appointés nousassènent comme vente nouvelle On ne prend pas souvent le tempsde réfléchir deux secondes aux idées prédigerées qui flottent dansl'air On pratique le progressisme mou comme d'autres la réactionOn s'accroche a la pensée du jour comme des bernard l'hermiteà leur coquille A la manière de Cortâzar - ou de Lydie Salvayre -Emmanuelle Pireyre développe des thèmes de société, met le doigtsur les errements de la morale ou de la culture et y répond par l'ab-surde, c'est-à-dire en développant jusqu'à l'absurde leur logiqueLe resultat de ce travail donne une série de textes brillants etdrôles qui moquent les petits mondes clos de l'entre soi, religion,politique, an contemporain, finance qui manquent - maîs quisommes-nous pour les blâmer' - de recul pour juger des logiquesqui les animent Pireyre joue ici le rôle du fou Elle pose les bonnesquestions celles qui grattent Ainsi, nous pourrons enfin savoir sile tourisme de masse est un danger pour nos filles faciles, si unepetite fille qui préfère la peinture animalière aux arcanes de la sta-tistique financiere a des chances d être heureuse dans la vie, autantd'interrogations primordiales qui par ailleurs ne nous auraientmême pas effleuré l'esprit Féene générale forme comme un vitraildont chaque détail est porteur de sens et dont l'ensemble apportel'illumination soyons critique, maîs n'oublions pas d'en rire ! •

Emmanuelle PireyreFéerie generaleLolivier

256 p, 19 «

» Lu & conseille parC. CouthenxLib. Baby et ete(Bordeaux)D HouilleLib. M'ùre (Laval)D BerlandLib Coquillettes(Lyon)N.VerotLib Lucioles (Vienne)

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EMMANUELLEPIREYRE

I «Féerie géné-ral e» #•&>->

A l'heure où le lan-gage fait l'objet de

tous les soupçons (cf le feuilletonsur les «expressions à la eon» dans«Libé»ou les tweets moquantles argumentaires marketing desmaisons d'édition), le drôle de livred'Emmanuelle Pireyre constitueun manuel de survie indispensableau pessimisme réac'ambiantDans un carambolage de discourssavants et de bla-bla communs,elle nous fait voyager dans ce XXIe

siècle où la foi dans le storytelling

s'est épuisée pour faire place a uneréalité bordélique, en pleine crisePlutôt que de se perdre dans unmonde en voie de muséificationet de pleurer ce paradis perdu,Pireyre nous suggère d'être «vrai-ment là» et d'avancer

En chemin, on rencontre dans«Féerie générale» une petite fillequi déteste lahnance et dessinedes chevaux, des inconscients quise promènent dans les Pyrénées entongs, des artistes qui ont investides casernes militaires autant depersonnages précieux, car récal-citrants à échanger leur libertécontre une sécurité mortifère-r L'Olivier.256pages.ig€.

G. M.

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Emmanuelle Pireyre ou l’art de décollerles sensPAR CHRISTINE MARCANDIER ET VINCENT TRUFFYARTICLE PUBLIÉ LE MARDI 9 OCTOBRE 2012

Le titre du livre sonne comme un mot d’ordre :Féerie générale. Comme on dit « grève générale». Comme on a dit « rêve générale » – pourtantEmmanuelle Pireyre n’y a pas pensé. Comme uneinjonction d’enchanter le monde alentour.

Rien d’autoritaire pourtant dans son entrepriselittéraire. Seulement dire la d’aujourd’hui, poser desquestions sans y répondre, saisir les circonstances dumonde et faire un pas de côté pour en dérégler lamécanique trop huilée. Comme chez Francis Ponge,passer outre la banalité des choses pour saisir le beauet le monstrueux. « Friedrich Nietzsche est-il halal ?» demande-t-elle. « Le tourisme représente-t-il undanger pour nos filles faciles ? », « Comment être làce soir avec les couilles et le moral ? ».Rien d’évanescent, non plus : Emmanuelle Pireyrerevient toujours au réel. Elle le prélève, dans lesmédias, les forums de discussion, les discours officielset les expressions figées pour « décoller les phrases »de leur sens fossilisé. Elle décale les angles et les

perspectives pour proposer un nouvel agencement auxchoses qui permet de les penser à nouveau. Tels cesenfants, dans Comment laisser flotter les fillettes ?,qui parlent comme de grands patrons du CAC40 et ont« coutume de dire » qu’« on n’est plus à Wall Streetdans les années 80. L’époque est finie où on travaillaitseuls en psychopathe, où l’instinct, la coke et lesindividualités menaient la danse ». Eux s’entraident,échangent dépêches de l’AFP et revues de presse (LesÉchos, le Financial Times), pestent contre la criseet leurs mauvaises anticipations du marché (« Si çacontinue, je vais devoir vendre un de mes apparts àCannes pour renflouer mes comptes de trading ! »).C’est ainsi qu’Emmanuelle Pireyre compte remettrele monde en mouvement, par une poésie impertinented’où s’échappent les sens, comme elle l’énonçait dansCongélations et décongélations (Maurice Nadeau,2000) : « Regardant de biais, la tête allongée versl’horizon, j’ai vu les éclats du monde hésiter, changerde couleur, et s’enfuir à reculons derrière les collinessous le soleil glissant. » Roman peut-être, écritslittéraires plus sûrement, Féerie générale appartientà la poésie, pour autant qu’il s’agit d’« un lieu delittérature où toutes les formes sont possibles, où il y ala plus grande liberté, où on peut inventer tout ce donton a besoin au moment où on en a besoin ».

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Inventaire à la PireyreLe livre se présente d’abord comme une collection– mieux, une collection de collections –, un cabinetde curiosités, relevant du conte, de la nouvelle,du théâtre, de la poésie, de la philosophie, de lalinguistique, mêlant l’attesté et la fiction, télescoperdes personnages inventés et d’autres, bien réels,redécouverts ou eux-mêmes « décollés » : à l’aube

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de chaque chapitre, une liste de personnages, où l’ondécouvre Roxane, un cheval, Claude Lévi-Strauss,Umberto Eco et la population japonaise (Commentlaisser flotter les fillettes ?), mais aussi Aurelija,James Brown, le commissaire Moulin, ChristineAngot, Russell Banks, le public d’un colloque ettous les peuples européens (Comment habiter leparamilitaire ?).

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Beaucoup de choses se disent dans cette page liminairede chaque chapitre qui met le lecteur aux aguets :un « il était une fois » qui nous entraîne dansl’imaginaire, la fiction, une liste de personnages sisaugrenue que le lecteur se demande comment ilspourront bien se rencontrer puisque les temporalitéscomme les géographies se télescopent et que l’auteur,comme dans le plus fou des drames romantiques,convoque « des peuples » sur sa scène romanesque.Puis le récit progresse, par détails, ponctions etpresque confessions : un “je” qui découvre, observe,décortique. Et le saugrenu – qui demeure – fait placeau sentiment de pertinence face à ces détournements,ces échantillons de réel, de langage, ces histoires quifont entrer en collision des espaces auxquels le mondedonne habituellement des frontières étanches.Emmanuelle Pireyre écoute et reprend ces élémentsde langage que tissent nos discours, souvent demanière inconsciente. Les redire, mais en décalant leregard, nous donne à entendre ce que nous disons demanière automatique, peu réfléchie. Tout le langagecontemporain est rassemblé dans Féerie générale, cesréflexions d'économistes du dimanche, les émoticoneset autres raccourcis SMS – . Elle prélève et redispose,ces décrochages et pas de côté sont des révélateurs.L'œuvre d'Emmanuelle Pireyre est là, dans ce Parti

pris des choses qui est autant une saisie poétique dumonde, de ses , ses qu'un commentaire politique desa marche.Le langage, bombe à fragmentationsEmmanuelle Pireyre aime les listes (la collectionde baisers), les typologies, les inventions (celle dela fourchette), les « comment ? » qui sont des« pourquoi ? ». Les questions initiales soulèventdes histoires qui s’écoulent ensuite en comme laconversation qui passe de proche en proche d'un sujetà un autre, du coq à l'âne, qui produisent une série dedans un texte qui est le laboratoire poétique et sensédu monde extérieur.Son ironie fondamentale nous fait rire, certes, mais ellenous invite à la réflexion, elle est une métaphysique,un regard, une mise en scène. Elle réalise l'inventairede situations mi-figue mi-raison, n'a de cesse detraquer les événements du monde, d'un collectionneurde mangas, devenu serial-killer à Christine Angotet Russell Banks assistant à un colloque littérairesous des couvertures kaki. La moindre situationpourrait sembler saugrenue, simplement surréaliste,elle soulève un monde. Ainsi lorsque EmmanuellePireyre remarque une phrase de Marguerite Duras quiprend la poussière sur le mur de sa médiathèque dequartier, à Lyon. Le symbole lui déplaît, commentlaisser Duras se salir ? Intervenir toujours, auplumeau cette fois. Mais il n'est pas si simple depouvoir atteindre cette citation, d'obtenir autorisationsadministratives et laissez-passer, d'atteindre les motssous la cage de verre :

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Foire internationaleIl s'agit bien là de sonder et reproduire la Foireinternationale (titre d'un autre opus d’EmmanuellePireyre aux éditions du Matin publié en même temps),de mettre en scène un théâtre de situations. Cequi explique, sans doute, la rencontre nécessaire dutravail de Myriam Marzouki, metteur en scène, avecl’œuvre d'Emmanuelle Pireyre. Myriam Marzouki aporté au théâtre des textes de Perec, Ponge, Nathalie

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Quintane ou Hugues Jallon, autant d'entreprises dedéconstruction de la langue et du monde. Dansson cheminement artistique comme politique, elledécouvre les textes d'Emmanuelle Pireyre, ces desens, elle s'enthousiasme pour la manière dont , dontpeu à peu se met en relation ce qui pourrait d'abordsembler .

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Myriam Marzouki, qui venait de monter Europeana,une brève histoire du XXe siècle de Patrik Ourednik,souhaite alors mettre en scène le monde contemporain,post-2001, et trouver un texte susceptible derassembler une vision politique, théorique, écologiquemais aussi littéraire.Ce sera Laissez-nous juste le temps de nousdétruire, mise en scène de Myriam Marzouki, textesd'Emmanuelle Pireyre, représenté à la Maison dela poésie du 7 au 25 mars 2012. Poésie, théâtre,politique, on retrouve les croisements qui tissentl'univers singulier des deux artistes qui évoquent pournous ce travail collectif de :

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• Emmanuelle Pireyre, Féerie générale, Éditionsde l'Olivier, 250 p., 19 euros (format ePub, 12, 99euros) - Lire un extrait (pdf)

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• Emmanuelle Pireyre, Foire internationale, éd.Les petits matins, 80 p., 9 euros - Lire un extrait(pdf)

• Emmanuelle Pireyre, Nettoyer une phrasede Marguerite Duras, Tours et détours enbibliothèques : Carnet de voyage, Enssib (voir enpage 5, un long extrait de ce texte et une présentationde son projet général).

• Patrik Ourednik, Europeana, une brève histoiredu XXe siècle, Allia, 2004

Nettoyer une phrase de Marguerite DurasLe texte d'Emmanuelle Pireyre, Nettoyer unephrase de Marguerite Duras, est publié dans uneanthologie publiée par l'Enssib, Tours et détours enbibliothèques : Carnet de voyage.

Emmanuelle Pireyre © Aurélie Pétrel

Nettoyer une phrase de Marguerite Duras

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1 – Nous sommes en avril 2012, les feuillagespersistants se relèvent d’un pénible hiver àcontretemps, notre république reprend son soufflepour changer de président, et les bibliothèquesdemeurent nos lieux magiques, lieux pascaliensde l’humanité apaisée et du savoir classé. Pascalpréconisait que nous restions assis à la maison, dansun fauteuil proche de la fenêtre, un gros volume ouvertsur les genoux ; mais il n’aurait pas vu d’inconvénient,j’en suis sûre, à ce que nous sortions une fois parsemaine pour nous réapprovisionner à la bibliothèque.2 – En avril 2007, il y a cinq ans presque jour pour jour,tandis que j’arrivais à Lyon et emménageais dans lesud-est de la ville, ouvrait dans le même quartier, unemédiathèque nommée Marguerite Duras. Le quartieroù nous vivons, la médiathèque Marguerite Duraset moi depuis cinq ans, est un quartier en cours derequalification, ancien quartier d’ateliers et de petitesentreprises, nouveau quartier d’habitation. J’habitedans un ancien bâtiment de bureaux transformé enhabitation ; la médiathèque est un bâtiment neuf etlumineux, construit après démolition d’une barre.3 – Marguerite Duras, nom simple, lyrique,souhaitable, me disais-je, un nom qui choisit deconserver le livre et la littérature en tête de proue mêmesi on aura à l’intérieur du bâtiment du son, de l’imageet des ordinateurs. Je repensais par contraste aux nomsde rues et lieux culturels donnant l’impression quenous nous cognons à chaque pas à un plafond trop bas,ou qu’au contraire on nous appuie dessus pour tenterde nous noyer dans un liquide quelconque.4 – Les médiathèques sont de l’ordre du clinamen :au départ, avant le début du monde, tous les atomestombent dans le même sens, parallèlement ; mais, àun moment donné, expliquait Epicure, un atome semet à dévier de sa trajectoire, percute ses semblables,s’accroche à quelques uns, en agglutine d’autres aupassage, et si tout va bien, il crée un monde. Un mondeapparaît, là où on n’avait jusqu’alors qu’une pluiemonotone de particules.5 – Au départ, tous les atomes de l’économiemondialisée tombent dans le même sens, et lapopulation mondiale est unanime : la séduction

maximale va aux centres commerciaux, aushopping. L’architecte Rem Koolhaas expliquel’épanouissement dans le monde entier des malls,les vastes centres commerciaux, par les innovationstechniques : escalator, air conditionné, lumièreartificielle. Tous les malls tombent dans le même sens,dans le monde entier, les gens en raffolent. Or, à unmoment donné, il y a vingt ans : clinamen, le fameuxclinamen de 1992. En 1992, le prestige souhaité parnos autorités se mit à coïncider avec le savoir etsa démocratisation encore mieux qu’avec les centrescommerciaux. Les pouvoirs publics eurent subitementenvie de ranger les livres, les films, la musique,dans de vastes bâtiments ouverts sur la ville, éclairésnon par des ampoules mais par la lumière du jour,bâtiments dont on ressent l’ampleur en 3D traverséede passerelles et d’ascenseurs. En comparaison, cen’est pas pour critiquer, mais autant dire que lescentres commerciaux perdirent de leur attractivité,et devinrent désagréables et datés avec leur pauvrelumière électrique, avec leur vacarme, leurs produits,leurs marques.6 – Ainsi est notre médiathèque Marguerite Duras du8e arrondissement de Lyon : née en 2007 des suites duclinamen 1992 toujours vivace quinze ans plus tard.Spacieuse, ouverte sur l’extérieur, précise à l’intérieur,vitrée de bas en haut. A gauche de la porte d’entrée, enfaçade, dans l’immense vitrine de verre, on peut lireune phrase de Marguerite Duras :« Ecrire, c’était la seule chose qui peuplait ma vie etqui l’enchantait. Je l’ai fait. L’écriture ne m’a jamaisquittée. »7 – J’aime la présence dans le quartier de cette phraseécrite sur une seule ligne de dix mètres de long, enlettres blanches très visibles de la rue, sur fond debois blond. Lorsque j’ai emménagé dans le quartier,j’aimais la voir ainsi, lisible depuis le tramway. Neconnaissant pas la ville, j’aimais que notre quartier enrénovation porte cette devise inattendue, comme uneindication de direction à suivre. Et j’aime cette phrasepour elle-même, ces trois phrases qui n’en formentqu’une et résument une vie où ce qui tient du rêve, del’enchantement, a tout simplement été réalisé.

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« Ecrire, c’était la seule chose qui peuplait ma vie etqui l’enchantait. Je l’ai fait. L’écriture ne m’a jamaisquittée. »C’est le résumé d’un monde où les conseillersd’orientation ont un emploi du temps réduit. Pas delongs tests de QI, pas d’étude de marché. Une questionunique posée aux collégiens : « Qu’est-ce qui enchantevotre vie ? » Une réponse unique à leur réponse : « Ok,eh bien alors faites-le. »8 – Je me souviens des premières phrases deMarguerite Duras que j’ai lues. J’avais quinze ans,c’était un samedi en fin de matinée ; je rentrais dulycée. L’Amant venait d’obtenir le prix Goncourt.Marguerite Duras y parlait de son visage, dévasté,vieilli prématurément. Elle parlait aussi, dans uneinterview peut-être, des paroles déterminantes deQueneau, lorsqu’il lui avait conseillé de toujoursécrire, de ne plus rien faire d’autre que ça, le reste desa vie, de ne se laisser intimider par rien. J’étais enclasse de seconde. L’Amant était arrivé dans le salon demes parents par abonnement : le livre du mois était leprix Goncourt, l’Amant de Marguerite Duras. Et c’estainsi par le truchement imprévisible du prix Goncourtet de l’abonnement France Loisir que, confrontée àcette étrangeté d’être au monde et au magnétisme dulivre, j’ai ressenti une intense secousse esthétique, unenchantement.9 – Dès lors, en quête du même enchantement, j’ai lutous les autres livres de Marguerite Duras, les livresécrits avant celui-ci, entre le moment où elle avaitdécidé de consacrer sa vie à l’écriture et le momentoù elle avait rédigé l’Amant d’une seule coulée, trèsvite. Tous ses opus étaient au cdi de mon collège ;je les ai dévorés, réservant quand même la palme dumagnétisme à l’Amant. Marguerite Duras l’expliquaiten 1984, plusieurs années d’écriture lui avaient étéutiles pour mettre au point le style à l’œuvre dansl’Amant : à force d’écrire, à force de travail dans lesannées passées, elle avait atteint un stade où l’écriture,rapide, fluide, ne lui demandait plus d’efforts et coulaitd’elle avec facilité, si bien que l’Amant avait étéécrit en trois petits mois. A force d’écrire, MargueriteDuras avait transformé son existence, sa parole, sa

personne : tout était devenu écriture. Dans les annéesqui suivirent, cette parole très particulière émanaitd’elle et transformait les choses du monde ; le mondepassait à travers elle, à travers sa machine, et ressortaità chaque fois enchanté.10 – Et cet enchantement est devenu notre devise dequartier. Ainsi sommes-nous dans le sud-est lyonnais,dit la devise, il y a cette sorte d’exemplarité quinous caractérise : nous voulons que soient mis àdisposition de tous les meilleurs livres, films, disques.Nous localisons ce qui enchante notre vie, et nous leréalisons. Quand nos kids shootent dans leur ballonde foot sur la placette devant la médiathèque, ils onttoujours à l’horizon de leur champ de vision la phrasede Marguerite Duras, et leurs passes, leurs buts, sontimprégnés de cette vérité.11 – Simplement une chose me tracassait depuisquelques mois. En l’espace des cinq ans écoulés depuisl’ouverture de la médiathèque, la poussière a pénétrédans la vitrine à gauche de la porte d’entrée : la phrases’est ternie. Des toiles d’araignées pendent ici et làde notre devise. Je m’inquiétais qu’en cinq ans, laphrase de Marguerite Duras se soit altérée, laissant àcraindre que dans dix ans, certaines lettres de notredevise pendront tête en bas, que dans vingt ans desgravats envahiront la vitrine, que nos rêves et nos idéesseront bafoués. Etrange d’ailleurs, me disais-je, quela phrase de Marguerite Duras s’abîme quand le restedu bâtiment reste impeccable. L’imprévoyance quecela suppose m’inquiétait et me rappelait vaguementune bureaucratie années 70 quelque chose de sourdet inattentif. La même incompréhension qu’on ressentquand les horloges des bâtiments institutionnels, leshorloges des stations de tramway, s’arrêtent et sontabandonnées à un horaire faux parce que semble-t-il on n’a pas prévu de budget pour les piles ; unelégèreté dans l’organisation du collectif qui, déjà ensoi, nous rend nerveux, et nous inquiète d’autant plus

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un an après Fukushima, et nous évoque les réacteurs,les milliers de vannes et robinetteries, les centaines demilliers de petits joints, enfin bref.

12 – Pour toutes ces raisons, j’ai acheté une peau dechamois et un cif javelisé. Et, comme on me proposaitd’écrire un texte sur une médiathèque, j’ai bien sûrchoisi la médiathèque Marguerite Duras, et profité del’occasion pour tenter de me faufiler jusqu’à la phrase.J’ai acheté cette peau de chamois et ce cif et le 10janvier, je me suis présentée à la médiathèque et j’aiproposé à la direction mes services de ménagère envue de nettoyer la phrase de Marguerite Duras. Uneménagère peut-être pas excellente, mais que j’espéraissuffisamment compétente pour une tâche limitée, pourun nettoyage de phrase.

(...)Tours et détours en bibliothèques : Carnet devoyage (octobre 2012, 55 €). Chaque texte part à larencontre d'une bibliothèque, en un tour de Francesingulier. Le volume rassemble 19 écrivains et unephotographe (Aurélie Pétrel) : Mouloud Akkouche(BM de Biarritz), Baptiste-Marrey (BM Elsa Trioletde Villejuif), François Bon (BM de Poitiers) , Jeande Breyne (BM de Nîmes), Pascal Commère (BMd’Epinal), Christine Détrez (BM de Valenciennes),Dominique Fabre (BU de Paris 8), Nicolas Fargues(la BULAC, Paris), Alice Ferney (BM Alfortville),Philippe Fusaro (BM de Gérardmer), Sylvie Gracia(BM Alcazar, Marseille), Leslie Kaplan (BU Sainte-Barbe, Paris), Aurélie Pétrel (choix en cours),Emmanuelle Pireyre (BM du Bachut, Lyon), HenriRaczymow (BU Paris-Diderot), François Salvaing(BM de Lorient), Jane Sautière (BM MargueriteYourcenar, Paris), Jacques Séréna (Médiathèque de laRoseraie, Angers), Lucien Suel (BM d’Armentières),Fabienne Swiatly (BU Chevreul, Lyon 2). Un blogprésente ce Carnet de voyage.

Directeur de la publication : Edwy PlenelDirecteur éditorial : François BonnetLe journal MEDIAPART est édité par la Société Editrice de Mediapart (SAS).Durée de la société : quatre-vingt-dix-neuf ans à compter du 24 octobre 2007.Capital social : 1 538 587,60€.Immatriculée sous le numéro 500 631 932 RCS PARIS. Numéro de Commission paritaire despublications et agences de presse : 1214Y90071.Conseil d'administration : François Bonnet, Michel Broué, Gérard Cicurel, Laurent Mauduit,Edwy Plenel (Président), Marie-Hélène Smiéjan, Thierry Wilhelm. Actionnaires directs etindirects : Godefroy Beauvallet, François Bonnet, Gérard Desportes, Laurent Mauduit, EdwyPlenel, Marie-Hélène Smiéjan ; Laurent Chemla, F. Vitrani ; Société Ecofinance, SociétéDoxa, Société des Amis de Mediapart.

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