20-castelman_fiches-cri-tcz_11-2009

2
La maladie de Castelman ou angioplasie folliculaire est une affection lymphoproliférative rare, décrite en 1956. Il s’agit d’une hyperplasie bénigne lymphovasculaire, avec prolifération lymphoplasmocytaire polyclonale se traduisant par une adénomégalie soit unique (formes focales les plus fréquentes) soit multifocale. Les localisations essentielles sont au médiastin et au rétropéritoine ; l’évolution est lente, se faisant parfois vers un lymphome. Le virus HHV8 est incriminé à l’origine de la maladie et certaines observations ont été rapportées au cours de l’infection HTLV1. Le tocilizumab a été approuvé au Japon en avril 2005 (2) comme traitement de la maladie de Castelman ou angioplasie folliculaire en raison de ses capacités à bloquer spécifiquement l’IL-6. Les manifestations cliniques sont en rapport avec une hyper-production pathologique d’interleukine 6 (IL-6) par les ganglions malades réalisant un véritable « syndrome inapproprié d’hypersécrétion d’IL-6 », responsable de l’ensemble de la symptomatologie qui se carac- térise par des signes généraux (fièvre, perte de poids, lymphadénopathies, splénomégalie ..) et des anomalies biologiques (anémie, syndrome inflammatoire, hypergammaglobulinémie, auto-anticorps, agglutinines-froides...) ; des complications telles une anémie hémolytique, une amylose, une atteinte cardiaque ou pulmonaire interstitielle peuvent s’observer (1) . Le traitement classique reposait sur la chirurgie en cas de forme focale, sur la corticothérapie et des antimitotiques dans les formes diffuses. Dans l’étude princeps (2) , 28 patients avec une angioplasie folliculaire échappant à toute thérapeutique (dont la chirurgie et les corticoïdes au long cours) ont été traités par le tocilizumab à la dose de 8mg/kg tous les 15 jours pendant 4 mois avec une amélioration des critères cliniques et biologiques principaux (2) . On assiste à la disparition de la masse ganglionnaire, des signes inflammatoires cliniques et biologiques ainsi qu’à la correction progressive de l’anémie, de l’hypo-albuminémie, du cholestérol total et de l’indice de masse corporelle. Chez tous les patients, la fatigue diminue significativement (2, 4) . Chez 28% des patients traités, la posologie du tocilizumab a pu être réduite (jusqu’à 4 mg/kg tous les mois) et les délais entre deux perfusions allongés (un mois). Chez 73% des patients, les corticoïdes sont réduits ou interrompus (2) . Dans une phase d’étude d’extension, durant en moyenne 1191 jours, les patients recevaient le traitement avec une tolérance et une efficacité maintenues (2, 4, 5) . Les effets secondaires principaux ont été une nasopharyngite (88,6%), des rashs cutanés (31,4%), un prurit (28,6%) et une neutropénie (25,7%). La tolérance générale est bonne. La durée idéale théorique du traitement n’est pas connue (3, 5) . Traitement par anti IL-6 dans la maladie de Castelman : données de la littérature Rationnel du ciblage thérapeutique de l’IL-6 dans la maladie de Castelman 1 Utilisation du tocilizumab dans la maladie de Castelman Evidence Based Medicine Recommandations officielles Avis des experts

Upload: francis-berenbaum

Post on 30-Mar-2016

212 views

Category:

Documents


0 download

DESCRIPTION

Traitement par anti IL-6 dans la maladie de Castelman : données de la littérature Evidence Based Medicine Recommandations officielles Avis des experts 1 Bibliographie La SFR et le CRI ont mis en place un registre prospectif appelé REGATE visant à collecter l’ensemble des patients traités par tocilizumab. L’inclusion des patients dans ce registre permettra d’harmoniser le suivi clinique et biologique. 2

TRANSCRIPT

La maladie de Castelman ou angioplasie folliculaire est une affection lymphoproliférative rare,décrite en 1956. Il s’agit d’une hyperplasie bénigne lymphovasculaire, avec proliférationlymphoplasmocytaire polyclonale se traduisant par une adénomégalie soit unique (formesfocales les plus fréquentes) soit multifocale. Les localisations essentielles sont au médiastinet au rétropéritoine ; l’évolution est lente, se faisant parfois vers un lymphome. Le virus HHV8est incriminé à l’origine de la maladie et certaines observations ont été rapportées au coursde l’infection HTLV1.

Le tocilizumab a été approuvé au Japon en avril 2005 (2) comme traitement de la maladie deCastelman ou angioplasie folliculaire en raison de ses capacités à bloquer spécifiquement l’IL-6.

Les manifestations cliniques sont en rapport avec une hyper-production pathologique d’interleukine 6 (IL-6) par les ganglions malades réalisant un véritable « syndrome inappropriéd’hypersécrétion d’IL-6 », responsable de l’ensemble de la symptomatologie qui se carac-térise par des signes généraux (fièvre, perte de poids, lymphadénopathies, splénomégalie ..)et des anomalies biologiques (anémie, syndrome inflammatoire, hypergammaglobulinémie,auto-anticorps, agglutinines-froides...) ; des complications telles une anémie hémolytique,une amylose, une atteinte cardiaque ou pulmonaire interstitielle peuvent s’observer (1).

Le traitement classique reposait sur la chirurgie en cas de forme focale, sur la corticothérapieet des antimitotiques dans les formes diffuses.

Dans l’étude princeps (2), 28 patients avec une angioplasie folliculaire échappant à toute thérapeutique (dont la chirurgie et les corticoïdes au long cours) ont été traités par le tocilizumabà la dose de 8mg/kg tous les 15 jours pendant 4 mois avec une amélioration des critères cliniques et biologiques principaux (2). On assiste à la disparition de la masse ganglionnaire,des signes inflammatoires cliniques et biologiques ainsi qu’à la correction progressive del’anémie, de l’hypo-albuminémie, du cholestérol total et de l’indice de masse corporelle. Cheztous les patients, la fatigue diminue significativement (2, 4).

Chez 28% des patients traités, la posologie du tocilizumab a pu être réduite (jusqu’à 4 mg/kgtous les mois) et les délais entre deux perfusions allongés (un mois). Chez 73% des patients,les corticoïdes sont réduits ou interrompus (2).

Dans une phase d’étude d’extension, durant en moyenne 1191 jours, les patients recevaientle traitement avec une tolérance et une efficacité maintenues (2, 4, 5). Les effets secondairesprincipaux ont été une nasopharyngite (88,6%), des rashs cutanés (31,4%), un prurit (28,6%)et une neutropénie (25,7%). La tolérance générale est bonne. La durée idéale théorique dutraitement n’est pas connue (3, 5).

Traitement par anti IL-6 dans la maladie de Castelman : données de la littérature

Rationnel du ciblage thérapeutique de l’IL-6 dans la maladie de Castelman

1

Utilisation du tocilizumab dans

la maladie de CastelmanEvidence Based Medicine Recommandations officielles Avis des experts

La SFR et le CRI ont mis en place un registre prospectif appelé REGATE visant à collecterl’ensemble des patients traités par tocilizumab. L’inclusion des patients dans ce registrepermettra d’harmoniser le suivi clinique et biologique.

1. Nishimoto N, Kishimoto T. Interleukin 6: from bench to bedside. Nat Clin Pract Rheumatol 2006;2:619-26.Erratum in: Nat Clin Pract Rheumatol 2006;2:691.

2. Nishimoto N, Kanakura Y, Aozasa K et al. Humanized anti-interleukin-6 receptor antibody treatment of multicentric Castelman disease. Blood 2005;106:2627-32.

3. Nishimoto N. Clinical studies in patients with Castleman’s disease, Crohn’s disease, and rheumatoid arthritisin Japan. Clin Rev Allergy Immunol. 2005;28:221-30.

4. Kanda J, Kawakawa H, Yamaji Y et al. Reversible cardiomyopathy associated with Multicentric Castlemandisease: successful treatment with tocilizumab, an anti-interleukin 6 receptor antibody. Int J Hematol2007;85:207-11.

5 Nishimoto N, Terao K, Mima T et al. Mechanisms and pathologic significances in increase in serum interleukin-6 (IL-6) and soluble IL-6 receptor after administration of an anti-IL-6 receptor antibody, tocilizumab,in patients with rheumatoid arthritis and Castleman disease. Blood 2008;112:3959-64.

Bibliographie

Le registre REGATE

2