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SAINT LOUIS

PréLUde

UN mONde eNTre SAcré eT PrOfANe1. Motet à 3 voix - Et gaudebit / O quam sancta / El mois d’avril (EP / JG / RM) ________ 02’05

PremIère PArTIe

SAINT LOUIS rOI de frANce l I - NaIssaNce et baptême de saINt LouIs2. Récit. Jean de Joinville (RB) _________________________________________________ 00’353. Introït (Litanies majeures) - Exaudivit de templo (Tutti / EB) _______________________ 02’464. Communion - Omnes qui in Christo (Tutti) ____________________________________ 00’42 l II - ÉducatIoN de saINt LouIs5. Récit. Jean de Joinville (RB) __________________________________________________ 00’146. Chanson - On doit la mere Dieu (AB / EB / RM – SR / SD / BS) ____________________ 03’32 l III - couroNNemeNt de saINt LouIs7. Récit. Guillaume de Nangis & Jean de Joinville (RB) ______________________________ 00’458. Introït - Ad te levavi (Tutti / MP) _____________________________________________ 02’489. Antienne - Unxerunt Salomonem (EB) _______________________________________ 00’3910. Conduit à 2 voix - Gaude, felix Francia (RB / DR) _______________________________ 04’20 l IV - marIage de saINt LouIs11. Récit. Grandes chroniques de France & Guillaume de Nangis (RB) __________________ 00’3412. Chanson - Vos que’m semblatz (EP – BS / SD) __________________________________ 01’2213. Chanson - Jamais, nul temps (RB – SR / SD / BS / RM) ___________________________ 04’00 l V - La VIe à La cour14. Récit. Jean de Joinville (RB) __________________________________________________ 00’1215. Instrumental - Estampie royale n°6 (SR / SD / BS / RM) ___________________________02’2716. Organum - Benedicamus Domino (MP / CG / EB / Tutti) __________________________ 01’2117. Récit. Jean de Joinville (RB) __________________________________________________ 00’1718. Chanson - Jeu - parti - Bernart a vous vueil demander (DR / MP – SD / BS) ____________04’07

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INTerLUde

LA dévOTION mArIALe de SAINT LOUIS19. Chanson - L’autrier matin (AB – SR / SD / BS) __________________________________ 06’54

deUxIème PArTIe

de PArIS à JérUSALem l I - Le cuLte des reLIques20. Récit. Grandes chroniques de France (RB) _____________________________________ 00’1421. Répons - Occidentem (Tutti / AB) ____________________________________________ 02’1522. Prose - Regis et pontificis (EB / tutti) _________________________________________ 03’30 l II - La croIsade d’Égypte23. Récit. Jean de Joinville (RB) __________________________________________________ 00’1724. Chanson - Tous li mons doit mener joie (RM – SR / SD / BS / RM) ___________________06’2725. Improvisation de percussions - La bataille de Mansourah (RM) _____________________ 01’1626. Chanson - Nus ne porroit de mauvese reson (CG – SR / SD / BS / RM) & récit. Jean de Joinville (RB) _________________________________________________ 04’1527. Conduit à 2 voix - Ierusalem accipitur (AB / RM) _______________________________ 05’50 l III - La mort de saINt LouIs28. Récit. Guillaume de Saint-Pathus (RB) __________________________________________ 01’1629. Communion - Ierusalem que edificatur (Tutti) __________________________________ 01’13

fINAL

mémOIre eT cULTe de SAINT LOUIS30. Récit. Jean de Joinville (RB) _________________________________________________ 00’3831. Prose - Gaudiose Francia (CG / tutti) _________________________________________ 03’0932. Répons - Felix regnum (Tutti / AB) ____________________________________________ 02’19 Durée totale__________________________________________________________ 01’12’35

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SAINT LOUIS eT LA mUSIqUe de SON TemPS

Située entre les innovations polyphoniques et rythmiques de l’École de Notre-Dame (fin XIIe siècle) et celles de l’Ars nova (XIVe siècle), la musique du temps de saint Louis n’en est pas moins riche. Elle accompagne une œuvre poétique et littéraire de grande qualité.

Les conduits en sont un exemple remarquable. Compositions libres (non assujetties au plain-chant), ils sont écrits en vers et alternent sections syllabiques et sections mélismatiques. Ils sont parfois liés à un événement politique, comme le conduit Gaude felix Francia [n°10] composé spécifiquement pour le sacre du jeune Louis IX en 1226. Néanmoins, ils abordent la plupart du temps des sujets religieux. Ierusalem accipitur [n°27] expose, avec beaucoup de tendresse, les significations spirituelles de cette Jérusalem à laquelle le roi aspire tant. La ville sainte y est assimilée à Marie, « cité du Saint », témoignant ainsi de l’importance de la piété mariale au cours de ce siècle, piété qui est aussi celle de saint Louis…

Le motet, quant à lui, devient au XIIIe siècle une forme musicale autonome, avant de parvenir à son summum avec l’Ars nova. Au-dessus d’une teneur vocalisée (extraite d’un mélisme du

plain-chant), les parties polyphoniques peuvent être chantées en latin, sur un texte religieux, en français, sur un texte profane, ou bien même superposer latin et français, religieux et profane. C’est ainsi que dans le motet El mois d’avril / O quam sancta / Et gaudebit [n°1], sous le texte français d’une pastourelle légère, bucolique et printanière (en ce mois d’avril qui a vu naître notre futur roi), se superpose avec un art consommé une touchante prière à la « mère du Sauveur »…

La chanson est à cette époque un genre très en vogue. Le mariage de Louis IX avec Marguerite de Provence à Sens en 1234 est illustré par une chanson d’amour du troubadour Gaucelm Faidit (c.1150-c.1205) empreinte d’un grand raffinement poétique : Jamais nul temps [n°13]. Elle est précédée d’une strophe (Vos que’m semblatz, [n°12]) composée, sur le modèle de la chanson de Gaucelm, par Garsenda, comtesse de Provence (c.1180-c.1242) et grand-mère paternelle de Marguerite…

Mais l’art des trouvères, en langue d’oïl, est également à son apogée. Les deux chansons de croisades présentées ici ont été composées à l’occasion de l’expédition du roi en Égypte. Tous li mons doit mener joie [n°24] relate la maladie qui le terrasse en 1244, sa vision de Jérusalem et sa décision de se croiser. La chanson Nus ne porroit de mauvese reson [n°26] exhorte le roi

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à demeurer en terre sainte après sa défaite en Égypte.

La chanson Bernart a vous vueil demander [n°18] est un « jeu – parti ». Cette forme, qui fait intervenir plusieurs protagonistes sur un sujet à débattre avant de faire appel à une tierce personne pour clore le débat, est l’équivalent de la disputatio universitaire. Elle reflète bien l’ambiance de la cour et les relations de saint Louis avec son entourage, comme le relate Jean de Joinville, son principal biographe :

« Quand le roi était d’humeur joyeuse, il me disait  : “ Sénéchal, dites-moi donc les raisons pour lesquelles un prud’homme vaut mieux qu’un dévot ? ” Alors recommençait la dispute entre moi et maître Robert (Robert de Sorbon, fondateur de la Sorbonne)… Quand nous avions discuté un grand moment, le roi rendait sa sentence et disait ainsi : “ Maître Robert, je voudrais bien avoir la réputation d’être prud’homme, à la condition de l’être… Car prud’homme est une chose si grande et si bonne que rien qu’à prononcer le mot, il remplit la bouche. ” »

Ce même Joinville nous renseigne sur le respect du roi envers la musique et les musiciens, lorsqu’il tenait à « ne pas interrompre les ménestrels qui jouaient à la fin du repas » et à attendre «  pour entendre ses grâces » qu’ils aient terminé

leur morceau… C’est ce que veut illustrer la juxtaposition d’une estampie [n°15] — danse qui figure parmi les premiers exemples de musique instrumentale notée au XIIIe siècle —, et d’un petit organum à 3 voix : Benedicamus Domino [n°16].

Cependant saint Louis, s’il ne peut échapper, du fait de sa condition de roi, à la musique profane, a une préférence très marquée pour la musique religieuse. Il désire « chanter Dieu ou Marie », exhortant son entourage à faire de même, et n’hésite pas à chanter en personne avec son écuyer… [cf. n°19]. La chanson pieuse, souvent mariale, est un genre bien spécifique. Il s’agit la plupart du temps de réadaptations (de contrafacta) de chansons d’amour. On doit la mere Dieu [n°6] illustre ainsi l’éducation religieuse du roi, sous la houlette de sa mère Blanche de Castille, tandis que L’autrier matin [n°19] représente ce qu’il pouvait chanter à l’âge adulte. Cette composition originale, qui alterne vers français et vers latins (extraits d’hymnes liturgiques), reprend le genre de la pastourelle et son contexte printanier et bucolique. Néanmoins, elle en détourne l’objet dans un sens spirituel : la nature n’est plus le lieu du tourment amoureux mais celui de la prière, du « sentiment de paix », et la femme rencontrée est la Mère de Dieu…

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Saint Louis entend le plain-chant lors des offices auxquels il est très assidu. Joinville prend à témoin la liturgie, lors de grands événements de sa vie, pour en tirer un sens prophétique ou pour expliciter ses dispositions intérieures. Ainsi, à l’évocation de son couronnement, le 1er dimanche de l’Avent [n°7], il cite l’introït du jour Ad te levavi [n°8] pour montrer sa « grande confiance en Dieu ». Pareillement, au jour de sa naissance, il évoque la procession liturgique des Litanies majeures et les « croix noires » portées en cette occasion, pour annoncer sa mort et « la multitude d’hommes qui périrent au cours des deux croisades » [n°2]. L’introït de ces Litanies, Exaudivit de templo [n°3], évoque la voix entendue dans le temple, tandis que le jeune Louis est baptisé dans la collégiale de Poissy. Sa mort, quant à elle, est évoquée par la communion Ierusalem que edificatur [n°29] qui fait écho à la prière qu’il « dit à voix basse » lors de son agonie : « Ô Jérusalem, ô Jérusalem… » [n°28]

Mais le répertoire de plain-chant comprend également de nouvelles compositions créées à l’occasion de l’apparition de nouveaux offices  : l’office de la couronne d’épines (répons Occidentem [n°21]) et, après sa mort et sa canonisation, l’office de saint Louis (répons Felix regnum [n°32]).

Pour ces célébrations, de nouvelles proses (ou séquences) sont également écrites, dans le style

des compositions d’Adam de Saint-Victor, poète et musicien parisien du XIIe siècle qui a, en son temps, marqué l’apogée du genre (Regis et pontificis [n°22], et Gaudiose Francia [n°31]). Ces textes latins qui étaient alors chantés pendant la messe entre l’alléluia et l’Évangile sont, tout en invitant à la louange de Dieu, de véritables poèmes pédagogiques et hagiographiques. Par ailleurs, ils ne peuvent pas être dissociés du contexte historique spécifiquement français, voire parisien, dans lequel ils ont été écrits.

À partir de la musique de son temps et du témoignage de ses biographes, le programme de ce disque est donc une illustration de la vie du roi saint Louis. Dans une première partie sont décrites les principales étapes de sa vie, et dans une deuxième partie sa « montée vers Jérusalem  ». Dès sa jeunesse il voue un culte fervent aux reliques de la Passion du Christ. En 1239 il acquiert la couronne d’épines [cf. n°20-22] pour laquelle il fait ériger la Sainte-Chapelle, image du temple de Jérusalem. Les deux croisades qu’il entreprend [cf. n°2 & 23-26] ne lui permettent pas d’entrer dans la ville sainte. Mais c’est par sa mort que métaphoriquement, il accède à la Jérusalem céleste [cf. n°28 & 29], tandis que sa mémoire reste vivante… [cf. n°30-32].

Sylvain Dieudonné

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Sources des textes lus :

Jean de Joinville (v. 1224 – 24 décembre 1317) ; Vie de saint Louis [n°2, 5, 7, 14, 17, 23, 25, 26, 30]BnF fr. 13568 (1330 - 1340) ; « Histoire de la vie du roy sainct Louis »(traduction de Jacques Monfrin dans “Lettres gothiques”, Garnier 1995)

Guillaume de Nangis († 1300) ; Vie de saint Louis[n°7, 11]BnF fr. 4977 (XIVe) & BnF fr. 23277 (XIVe)

Grandes chroniques de France [n°11, 20]BnF fr. 2813 (1375 - 1380)

Guillaume de Saint-Pathus (1250 – 1315) ; La vie et les miracles de saint Louis [n°28]BnF fr. 5716 (1330 - 1350)

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mUSIc dUrINg The reIgN Of KINg LOUIS Ix Of frANce

Between the groundbreaking rhythmic innovations of the Notre Dame School of polyphony (late 12th century) and those of the Ars Nova (14th century), 13th-century music presents a rich and diverse repertoire in its own right. In addition, the reign of Saint Louis also witnessed the development of poetry and literature productions of rare quality.

The most obvious example is the conductus. An essentially free form (i.e not based on existing chants), the conductus is a metrical song alternating melismatic and syllabic sections. Although they may commemorate a particular event - Gaude felix Francia [n°10] was specifically written upon the occasion of the young king’s coronation, in 1226 - most conductus deal with religious subjects. Ierusalem accipitur [n°27] is a graceful evocation of the spiritual significance of Jerusalem. The parallel between the Holy City and the Blessed Virgin Mary, “city of the Holy One”, exemplifies the importance of Marian devotion during the 13th century. King Louis IX was known for his particular devotion to the Blessed Virgin.The polyphonic motet gradually gained status as a new genre and the form reached its peak during the Ars Nova period. The various texted voices added to an existing tenor (usually a vocalized passage taken from a melisma in the chant) were

based on a sacred text (in Latin) or a secular one (in French), or a mixture of both. El mois d’avril / O quam sancta / Et gaudebit [n°1] subtly combines a merry pastoral-like French text celebrating the month of April, ‘when our future king was born’ and a very moving prayer (in Latin) to the “mother of our Savior”.

The chanson was the dominant secular genre. Jamais nul temps [n°13], a strikingly beautiful, refined love song by famous troubadour Gaucelm Faidit (c.1150-c.1205), illustrates the royal wedding (in 1234, Louis IX married Marguerite de Provence in Sens). The one-strophe poem Vos que’m semblatz, [n°12], modeled after Gaucelm’s song, was written by Garsenda, Countess of Provence (c.1180-c.1242) and incidentally the paternal grandmother of the king’s bride.

The reign of Louis IX also marks the golden age of the art of the trouvères. Both Crusade songs in langue d’oïl on this program were composed on the occasion of the King’s expedition to Egypt. Tous li mons doit mener joie [n°24] recounts the king’s grave illness (1244), his vision of Jerusalem and his decision to set out on a Crusade. Nus ne porroit de mauvese reson [n°26] advises the King to stay in the Holy Land after his defeat in Egypt.

Bernart a vous vueil demander [n°18] is a partimen, i.e. a discussion in the form of a poem, in which

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two (or more) speakers debate on a particular topic before calling on a third party to reach a conclusion. A musical equivalent of the classical rhetoric disputatio, the partimen provides insight into the French court and the relation between the monarch and his entourage, as reported by Jean de Joinville, his main biographer:

“When the King was merry, he would say to me: «Come, seneschal, tell me the reasons why a gallant man is better than a devout person?» “Then would begin the argument between Master Robert [Robert de Sorbon, founder of the Sorbonne college in Paris] and me; and when we had disputed a good while, he would give judgment thus: «Master Robert, I would wish to have the name of a gallant man, provided that I were one […] For a gallant man is such a great thing and such a fine thing, that the very sound of it fills one’s mouth.»“

Joinville informs us that the king enjoyed music and showed much respect for musicians, for “when minstrels came to his house after dinner […] he would wait to hear grace” until they had ended their performance. To illustrate this aspect of the king’s personality, we selected an estampie [n°15] — a dance that is among the earliest surviving examples of written instrumental music - and a short 3-part organum: Benedicamus Domino [n°16].

Secular music was allowed at court, yet the king’s preference went to sacred music. He himself would only sing “praise to the Lord or Mary”, and exhorted his entourage to follow his example. He even taught one of his equerries to sing anthems [cf n°19]. Devotional (mostly Marian) song is a particular musical genre. The pieces are usually contrafacta i.e. adaptations of secular love songs. On doit la mere Dieu [n°6] echoes the ‘good teachings’ of Blanche de Castille (the king’s mother) while L’autrier matin [n°19] is the kind of song he could have sung as a young man. This original composition, alternating French and Latin verses from liturgical hymns, is modeled after the bucolic pastourelle, yet with a definite religious twist: there is no amorous torment here but the “great peace” that may be found in prayer, and the lady seen walking in the ‘charming field’ is the Mother of God.

A most devout king, Louis IX ‘listened attentively and with piety to the service of the holy Church and particularly to the Mass and other church service’ traditionally sung in plainsong. Joinville uses references to the liturgy of the day to cast an almost prophetic light on the major events in the king’s life or to highlight Louis’ frame of mind. The Introit for the first Sunday in Advent [n°7], Ad te levavi [n°8], highlights the king’s “trust in the Lord” (Louis’ coronation), The “black crosses” carried in procession on the feast of St Mark the

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Evangelist (Louis’ birthday) seem to prophesize “the great many people who died on the two crusades”[n°2]. The Introit for the Greater Litanies, Exaudivit de templo [n°3], recalls the ‘voice heard from the holy Temple’ (Louis’ christening at the Collegiate Church of Poissy). The Communion song Ierusalem que edificatur [n°29] echoes the prayer the sovereign “whispered” on his deathbed: “Jerusalem! O Jerusalem…” [n°28]

Original compositions enriched traditional plainchant repertoire as new church services were established, such as the Veneration of the Crown of Thorns (responsory: Occidentem [n°21]) and (after the king was canonized), the office in his honor (responsory: Felix regnum [n°32]).

New “proses” – or sequences – were modeled on the liturgical sequences of Adam de Saint-Victor, a great 12th-century Parisian poet and musician whose perfect style is the culmination of the genre (Regis et pontificis [n°22], and Gaudiose Francia [n°31]). The sequences (in Latin) were sung during Mass, between the Alleluia and the reading of the Gospel as an exhortation to praise God, yet they are beautiful instructional and hagiographic poems in their own right. They are also deeply rooted in, and inseparable from their original historical and geographical (Parisian) context.

Based on contemporary music and biographical information, this program was conceived as an evocation of the life of Saint Louis. The first part presents the key moments of his life; the second part focuses on his “way up to Jerusalem”. From a very young age, he worshipped the relics of the Passion. In 1239, he acquired the Holy Crown of Thorns [cf. n°20-22]. Just as King Solomon had built the great Temple to house the Ark of the Covenant, so did King Louis IX build the Sainte-Chapelle in Paris as a shrine for the precious relic. His two Crusades [cf. n°2 & 23-26] failed and he never entered the Holy City - yet he did, metaphorically speaking: his saintly death opened the gates of the Heavenly Jerusalem [cf. n°28 & 29], and his memory lives on…[cf. n°30-32].

Sylvain Dieudonné

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teNorEt gaudebit.

dupLumO quam sancta, quam benigna,fulget mater salvatoris!Laude plena, virgo digna,archa noe, iacob scala,vasculum pudoris,aula redemptoris,totius fons dulcoris,angelorum gaudium!Lactans dei filium,regem omnium,audi, salus gentium,preces supplicantium!Ave virgo, iesse virga nobilis,super omnes venerabilis!

Spes unica, succurre miseris!Inebrians animas fons es admirabilis,que tuos nunquam mori deseris.O anima, ex sordibus vilis,ad mariam virginem expostula,ut sit pro te sedulaexorare filium propicium,una spes fidelium.O genitrix, gaude in filio!Gaudens ego gaudebo in domino.

teNorEt il se réjouira.

dupLumÔ combien la mère du Sauveurbrille de sainteté et de bonté !Vierge digne, pleine de louanges,arche de Noé, échelle de Jacob,vase de délicatesse,palais du Rédempteur,source de toute douceur,joie des anges !Toi qui as allaité le Fils de Dieu,le roi de tous,écoute, ô salut des peuples,les prières de ceux qui te supplient !Salut ô Vierge, noble tige de Jessé,vénérable entre toutes !

Tu es notre seul espoir, aide les misérables !Tu es la source admirable qui remplis les âmes à foison, toi qui n’abandonnes jamais ton peuple à la mort. Ô mon âme, méprisable dans le péché, demande instamment à la Vierge Mariede plaider pour toi avec empressementauprès de son Fils, afin que, unique espoir des fidèles, il te soit propice.Ô mère, réjouis-toi en ton Fils ! Moi je me réjouirai d’une grande joie dans le Seigneur.

PréLUde

UN mONde eNTre SAcré eT PrOfANe / beTweeN The SAcred ANd The PrOfANe

1. Motet à 3 voix - ET GAUDEBIT / O qUAM SANCTA / EL MOIS D’AVRILMontpellier, Faculté de Médecine H196 [Manuscrit parisien de l’Ars Antiqua, XIIIe siècle]

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trIpLumEl mois d’avril, qu’iver vait departant,que cil oiseil recommencent leur chant,par un matin, lés un bois chevauchantm’en entrait.En une sente pensant m’en alai,que qu’estoie d’amors en tel pensé,lors ne sai quel part fui torné.Et quant en moi regardaiet fui apercevant,en un vergier lors m’en entraiqui tant estoit deduisant:que d’une part chante li rossignol,d’autre part li mauvis,qu’il n’est nus cuers tant dursne fust resbaudis!L’esproon et l’aloe chantent si doucement,la chalandre si renvoise ensement:que vos diroie je les nons de tous chans?Illuec estoit tous li deduis d’oisiaus.

Entre qu’estoie ilueques, si oïune pucelle qui chant en haut cri:“amors noveles font fins amans jolis.”Tant iert pleisant et de bele faiture,qu’a icel tans n’avoit onques naturenul pensé a si grant biauté.Freche ot la color blanche com flor,ieuz vers rians, vis a point coloré,chief blont, luisant, menu recercelé,boche vermelle, dens petis,drus semez, bien ordenés,sorcis voutis, brunés et bien formez.Sa grant biautéraconter ne puet bouche ne cuer penser.S’amor li pri, sospirant respondi:“aïmi, ja ne m’en partirai, car loial l’ai l’ami.“

trIpLumAu mois d’avril, lorsque l’hiver prend congéet que les oiseaux renouvellent leur chant,je chevauchai de bon matinle long d’un bois.Perdu dans mes pensées, je partis par un chemin,mais j’étais tellement préoccupé par les pensées de l’amour, que je ne sais pas par où je m’en suis allé.Et quand je repris enfin mes esprits,j’entrai dans un vergerqui était absolument charmant :d’un côté chantait le rossignolet de l’autre côté la grive,il n’y a pas de cœur assez durpour ne pas en être rempli de joie !L’étourneau et l’alouette chantaient si doucement,et l’alouette calandre se réjouissait avec eux :comment pourrais-je vous dire les noms de tous ces chants ? Il y avait là toute la joie des oiseaux.Pendant que j’étais là, j’entendisune jeune fille chantant à haute voix :« Un nouvel amour rend les vrais amants joyeux ».Elle était si agréable et de si bel aspect,qu’avant elle la nature n’avait jamaisconçu une si grande beauté.Sa peau était aussi fraîche et blanche qu’une fleur, ses yeux rieurs étaient brillants, son visage d’une coloration parfaite, ses cheveux blonds, brillants, frisés en petites boucles, sa bouche écarlate, ses dents petites, droites, bien ordonnées,ses sourcils galbés, sombres et bien formés.Nulle bouche ne peut dire, ni aucun cœur concevoir sa grande beauté. Je mendiai son amour, en soupirant elle répondit :« Hélas ! J’ai un ami fidèle et jamais je ne me séparerai de lui. »

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teNorAnd he shall rejoice. dupLumO how holy, how kind shines the mother of the Savior! Worthy Virgin, full of praise, Noah’s ark, Jacob’s ladder, vessel of modesty, palace of the Redeemer, font of all sweetness, joy of the angels! You who nursed the Son of God, the King of all the Earth, listen, o salvation of the peoples, and hear the prayers of those who beg your mercy! Hail, Virgin, noble rod of Jesse, venerable above all others!

Our only hope, help us wretched sinners! You are the wonderful font which fills the souls to overflowing, you who never abandon your people to die. O my soul, most despicable in your sin, beseech the Virgin Mary to plead on your behalf with her Son, that He, the only hope of the faithful, may be merciful. O Mother, rejoice in your Son! Rejoicing I shall rejoice in the Lord.

trIpLumEarly one morning, in the month of April, when Winter takes its leave and birds renew their song, I was riding alongside a wood. Pensive, I followed a path but I was so lost in thoughts of love that I do not know where I went. When I finally came to my senses, I entered a delightful orchard - on the one side there sang a nightingale, and on the other, a thrush. Even the coldest heart would have been overwhelmed with joy. The starling and the lark sang so sweetly, and the calandra lark rejoiced with them: how could I tell you the names of all the songs? Joyful bird song filled the place.

While I was there, I heard a maiden sing out loud: “A new love makes true lovers merry.” She was so pleasing and perfect that never before had Nature conceived such beauty. Her skin was as fresh and white as a flower. Her laughing eyes were gray. Her complexion was pure, her shining blond hair curled in tiny ringlets, her lips scarlet, her little teeth even, her eyebrows shapely, dark and arched. No tongue can tell, no heart can conceive of such great beauty. I begged for her love but she replied with a sigh: “Alas! I have a loyal sweetheart and I will never part from him.”

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Nostre saint roy looÿs fu né le jour saint marc euvangeliste, aprés pasques. Celi jour, porte l’en croix au processions en moult de liex, et en france les appelle l’en les croiz noires. Dont ce fu aussi comme une prophecie de la grant foison de gens qui moururent en ce douz croisement: c’est a savoir en celi de egypte, et en l’autre, la ou il mourut en carthage.

Notre saint roi Louis naquit après Pâques, le jour de la fête de Saint Marc l’évangéliste. Ce jour là, en de nombreux lieux, on porte des croix en procession ; en France on les appelle les Croix noires. Ce fut, d’une certaine manière, une prophétie de la multitude d’hommes qui périrent au cours de ces deux croisades : à savoir celle d’Égypte et l’autre, celle de Carthage, où il mourut.

Saint Louis was born on the day of Saint Mark the Evangelist, after Easter. On that day, in many places they carry crosses in procession. In France they are called ‘black crosses’. This was, as it were, a prophecy of the great many people who died on the two crusades – that of Egypt, and the other, where the king died at Carthage.

Exaudivit de templo sancto suo vocem meam, alleluya: et cla-mor meus, in conspectu eius, introivit in aures eius, alleluya, alleluya.

Ps. Diligam te, domine, fortitu-do mea; dominus firmamentum meum, et refugium meum, et liberator meus.

De son saint temple, il a entendu ma voix, alléluia ; et mon cri, poussé en sa présence, est parvenu à ses oreilles, alléluia, alléluia.

Ps. Je t’aimerai, Seigneur, toi qui es ma force ; le Seigneur est mon appui, mon refuge et mon libérateur.

He heard my voice from his holy temple. And my cry to him reached his ears. Alleluia, alleluia.

Ps. I love you, o Lord, my strength. The Lord is my rock, my fortress and my deliverer.

PremIère PArTIe

SAINT LOUIS, rOI de frANce / Saint LouiS, king of france- I -

NAISSANCE ET BAPTêME DE SAINT LOUIS / The birTh and chrisTening of sainT Louis

2. Jean de Joinville, Vie de saint Louis, 68 & 69Récit de la naissance et du baptême de saint Louis

3. Introït (Litanies majeures) : EXAUDIVIT DE TEMPLO (Ps. 17, 7 et 2 - 3)Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. lat. 1112 [Missel parisien de Notre-Dame, XIIIe siècle]

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Omnes qui in christo bapti-zati estis, christum induistis, alleluya.

Vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ, alléluia.

All of you who have been baptized in Christ, you have put on Christ. Alleluia.

Dieu le garda par les bons enseignemens de sa mere qui l’enseigna a dieu croire et a amer, et li attrait entour li toutes gens de religion.

Dieu le protégea grâce aux bonnes leçons de sa mère qui lui apprit à croire en Dieu et à l’aimer, et qui attira dans son entourage quantité de religieux.

God kept his soul through the good teachings of his mother, who taught him to love and believe in God, and gathered men of religion around him.

On doit la mere dieu honorersanz demorer,et desor totes aorer,car ce est nostre amie.

Virge douce marie,ne nos oublïéz mie!

Il n’est nus,tant ait fait de pechies,tant soit blecies,qui ne soit bien tost redreciess’il de fin cuer la prie.

Virge douce marie…

Sans retard, on doit honorer la mère de Dieu et la prier par dessus toutes, car elle est notre amie.

Douce Vierge Marie, ne nous oubliez pas !

Il n’est nul homme, quels que soient ses péchés, quelles que soient ses souillures, qui ne soit bien vite rétabli s’il la prie d’un cœur pur.

Douce Vierge Marie…

We must honor the mother of God without delay and exalt her above all others, for she loves us.

Sweet Virgin Mary, do not forget us!

She heals the souls of even the most wretched sinners, if they pray to her with a sincere heart.

Sweet Virgin Mary…

4. Antienne de communion : OMNES qUI IN CHRISTO (Gal. 3, 27)Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. lat. 1112 [Missel parisien de Notre-Dame, XIIIe siècle]

5. Jean de Joinville, Vie de saint Louis, 71Récit de l’éducation de saint Louis

6. Chanson à la Vierge : ON DOIT LA MERE DIEUParis, Bibliothèque nationale de France, n.a.f. 1050 [Chansonnier Clérambault, XIIIe siècle]

- II - ÉDUCATION DE SAINT LOUIS / The educaTion of sainT Louis

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Par li avons tuit joie et honor,grant et menor,car ele porta le seignorqui tot a en baillie.

Virge douce marie…

Tuit estion a dieu descordéet mal cordé,tuit fusmes par li racordéet en grant seignorie.

Virge douce marie…

Bien nos devon a li tuit corderet racorder,puis qu’ele nos veut descorderde tote vilanie.

Virge douce marie…

Tous, grands et petits, nous avons par elle joie et honneur, car elle a porté le Seigneur qui tient tout en son pouvoir.Douce Vierge Marie…Nous étions tous désunis et mal accordés à Dieu ; par elle, nous avons tous été réconciliés dans la dignité.Douce Vierge Marie…Nous devons bien tous nous ac-corder à elle et nous réconcilier avec elle, puisqu’elle veut nous séparer de toute méchanceté.Douce Vierge Marie…

She bestowed joy and honor upon mankind for she bore the Lord Almighty.

Sweet Virgin Mary…We were disunited from God but she reconciled us all and restored our dignity.

Sweet Virgin Mary…Indeed we must reconcile to her, who wants to protect us from all wickedness.

Sweet Virgin Mary…

- III - COURONNEMENT DE SAINT LOUIS / The crowning of sainT Louis

Loeys, qui n’avoit pas accompli le douxieme an de son eage, fu sacrez et couronnez a rainz en roy de france, le premier dimenche de l’avent nostre seigneur.

Le commencement de celi dymanche de la messe si est: “ad te levavi animam meam“, et dit ainsi: “biaus sire diex, je leverai m’amme a toy, je me fie en toy.“ En dieu ot moult grant fiance de son enfance jusques a la mort.

Louis, à peine dans la douzième année de son âge, fut sacré et couronné roi de France à Reims, le premier dimanche de l’Avent de Notre Seigneur.

Le commencement de la messe de ce dimanche est : « Ad te levavi animam meam », ce qui signifie : « Beau sire Dieu, j’élèverai mon âme vers toi, je mets ma confiance en toi ». Il eut la plus grande confiance en Dieu depuis son enfance jusqu’à la mort.

Louis was only twelve years old when he was crowned King of France in Reims, on the first Sunday in Advent.

The mass for that Sunday begins: “Ad te levavi anima meam”, that is, translated: “To Thee have I lifted up my soul, I put my trust in you.” In God he firmly trusted all his life…

7. Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, chap. 1 & Jean de Joinville, Vie de saint Louis, 70Récit du couronnement de saint Louis

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Ad te levavi animam meam, deus meus, in te confido, non erubescam. Neque irrideant me inimici mei, et enim universi qui te exspectant non confun-dentur.

Ps. Vias tuas, domine, demonstra mihi, et semitas tuas doce me.

Vers toi j’ai élevé mon âme, mon Dieu, en toi je mets ma confiance, je n’aurai pas à en rougir. Que mes ennemis ne se moquent pas de moi, car tous ceux qui t’attendent ne seront pas confondus.

Ps. Seigneur, fais-moi connaître tes voies, enseigne-moi tes sentiers.

Unto you I lifted up my soul, O my God I trust in you, do not let me be put to shame. Do not let my enemies triumph over me. No one who hopes in you will be disappointed.

Ps. Lord, show me your ways and teach me your paths.

Unxerunt salomonem sadoch sacerdos et nathan propheta regem in gyon et, accedentes leti, dixerunt: “vivat rex in eternum”.

Le prêtre Sadoc et le prophète Nathan donnèrent l’onction royale à Salomon à Gihon et, s’approchant joyeux, ils dirent : « Que le roi vive à jamais ! »

Zadok the priest and Nathan the prophet anointed Solomon King at Gihon. From there they have gone up cheering: “Let the King live forever!”

Gaude, felix francia,speciali gaudio!Felix es militia,felix es et studio.Sed precellit omniatui regis unctio:quam regnans in gloriatibi donat,qui solus in solioregni tonat;cuius miseratioin misericordia te coronat.

Réjouis-toi, heureuse France,d’une joie exceptionnelle !Tu es favorisée par les armes,tu es favorisée aussi par l’étude.Mais, plus haut que tout,l’onction de ton roi l’emporte :c’est le don de celuiqui règne dans la gloire,de celui qui tonne,seul sur le trône de royauté ;sa pitié te couronnedans la miséricorde.

Rejoice, France, and be glad! You are blessed with victory and fame, but above all with the anointing of your king, a gift from Him who reigns alone in glory and thunders from heaven, and whose love crowns you with mercy.

8. Introït : AD TE LEVAVI (Ps. 24, 1 - 4) Reims Bibliothèque municipale ms. 224[Missel de la cathédrale de Reims, à l’usage de la chapelle Saint-Bartholomée, XIVe siècle]

9. Antienne du Sacre : UNXERUNT SALOMONEM (Rois I. 1, 45) Reims, Bibliothèque municipale, ms. 342 [Pontifical de la cathédrale de Reims, XIIIe siècle]

10. Conduit à 2 voix : GAUDE FELIX FRANCIA Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 15139 [Manuscrit parisien de Saint-Victor, XIIIe siècle]

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Felix regnum francie,cuius donat regibusrex glorie,qui tonat in nubibus,oleum letitiepre suis consortibus;quam coronat hodiein misericordiemiserationibus.

Heureux royaume de France,aux rois duquelle Roi de gloire,tonnant dans les nuées,donne devant leurs pairsl’huile de la joie ;France qu’il couronne aujourd’hui dans la pitiéde sa miséricorde !

Rejoice, kingdom of France, to whose kings the King of Glory, whose thunder is heard in the clouds, gives the holy anointing oil in front of all their peers; whose king he crowns today with love and compassion.

- IV - MARIAGE DE SAINT LOUIS / The royaL wedding

L’an de grace mil cc. et xxxiiii, le roy envoia l’arcevesque de sens et messire jehan de neele au conte de prouvence et li manda qu’il li envoiast marguerite sa fille, car il la vouloit espouser… Li roys, quant il la vit, la receut mout liement, et l’espousa un poi de temps après en la cité de sens, et la fit couronner et sacrer a royne de france.

L’an de grâce 1234, le roi envoya l’archevêque de Sens et monseigneur Jehan de Nesle au comte de Provence pour lui demander sa fille Marguerite, car il voulait l’épouser… Quand il la vit, le roi la reçut très gracieusement, et il l’épousa peu de temps après dans la cité de Sens, avant de la faire couronner et sacrer reine de France.

In 1234, the king sent the archbishop of Sens and Sire Jean de Nesles as ambassadors to the Count of Provence to ask for the hand of his daughter Margaret whom he wished to marry…The king met her most graciously. They were married in the town of Sens and she was crowned Queen of France immediately afterwards.

Vos que’m semblatz dels corals amadors,ja non volgra que fossetz tan doptanz;e platz me molt quar vos destreing m’amors,qu’atressi sui eu per vos malananz.Ez avetz dan en vostre vulpillatge,quar nous ausatz de preiar enardir;e faitz a vos ez a mi gran dampnatge,

Vous qui me semblez être de ces amants de cœur, je ne voudrais pas que vous fussiez maintenant aussi craintif ; et il me plaît fort que votre amour pour moi vous tourmente, puisque pareillement je suis malheureuse à cause de vous. Mais votre faiblesse vous cause du dom-mage, car vous n’êtes pas assez hardi pour m’adresser vos prières ; et vous me causez ainsi, comme à vous

11. Grandes chroniques de France & Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, chap. 9Récit du mariage de Saint Louis

12. Chanson : VOS qUE’M SEMBLATZ (Comtesse de Proessa)Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 15211 (texte seulement) [Recueil – Chansonnier, XIVe siècle]

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que ges dompna non ausa descobrirtot so qu’il vol, per paor de faillir!

même, grand dommage, car aucune dame n’ose dévoiler, par peur d’un faux pas, tout ce qu’elle désire.

You who seem so truehearted as a lover, I wish you wouldn’t be so hesitant. I’m glad your love for me is making you suffer otherwise I’d be the one to suffer. Still, in the long run it’s you who stands to lose if you’re not brave enough to court me, and you’ll do both of us great harm if you refuse. For a lady dares not reveal her true wishes, for fear of disgrace.

Love cannot cause me any pain, nor make me suffer, nor torment me ever again, for the joy he gives me now makes up for all the harm I ever suffered – and rightly so, for I was a fool. And should Love cause me any harm again, I forgive him right away for my prayers have been heard by a lady whose beauty is an ample compensation for all the pain I ever suffered.

My heart easily forgot other ladies and devoted itself to her alone. Love made me hesitant but when I saw her beautiful eyes, my heart was so overwhelmed that I could not take my eyes away from her. Then I knew that the eyes were the messengers of love for my heart was at once both cold and on fire, joyful and sad, fearless and fearful.

Jamais, nul temps, no’m pot ren far amorsqe’m sia greu; ni maltraitz, ni afans,qe tan mi fai ara valen socorsqe las perdas me restaura e’ls dansc’avia pres, a drech, per mon follatge.E si, anc jorn, mi fetz de ren marrir,ar li perdon lo destric e’l damnatge,c’a tal domna fai mos precs acolhirdon m’esmenda tot can m’a faitz sofrir.

Jamais, à aucun moment, Amour ne peut plus rien me faire qui me soit pénible ; ni souffrance, ni tourment, car il me donne maintenant un si appréciable secours qu’il répare les pertes et les dommages que j’avais subis, à juste titre, pour ma folie. Et si, quelque jour, il m’afflige en quelque chose, je lui pardonne maintenant l’embarras et le dommage, car il fait accueillir mes prières par une dame telle que ceci me dédommage de tout ce qu’il m’a fait souffrir.

Molt mi saup gen mon cor d’autras partiret ajostar a lieis totz mos talans,lo jorn c’amors mi fez doptan venirvas la bela, don us cortes semblansdels sieus bels huoills m’intret inz el coratge,si que anc pueis no’m puec virar aillors;adoncs saup ieu que l’hueill m’eron mesatged’amor, c’al cor me venc freitz e calors,jois e consirs, ardimens e paors.

Il me plut beaucoup d’éloigner mon cœur d’autres femmes et d’amener à elle tous mes désirs, le jour où Amour me fit tout craintif venir vers la belle, et l’air courtois de ses beaux yeux m’entra jusqu’au fond du cœur, si bien que jamais plus je ne pus le détourner ; alors je sus que les yeux étaient pour moi messagers d’amour, car il m’en vint au cœur froid et chaleur, joie et soucis, hardiesse et peur.

13. Chanson : JAMAIS, NUL TEMPS (Gaucelm Faidit c. 1150 – c. 1205)Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 22543 [Chansonnier provençal, XIVe siècle]

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Domna valen, riq’e de bon aire,no-us pes s’ie-us am ses bauzia,car esser deu se c’amors vol qe sia.

Dame accomplie, riche et de bonne lignée,n’ayez point de souci si je vous aime sans fausseté,car ce qu’amour veut qu’il soit doit arriver.

Worthy Lady, of good and wealthy lineage, do not fear for I, too, love you truly; and what Love wishes, whatever it may be, must happen.

- V - LA VIE à LA COUR / Life aT courT

quant les menestriers venoient leans et il apportoient leur vielles aprés manger, il attendoit a oïr ses graces tant que le menestrier eust fait sa lesse…

Quand les ménestrels venaient dans la salle et apportaient leurs vièles après le repas, il attendait pour entendre ses grâces que le ménestrel ait fini son morceau…

When minstrels came after dinner, and brought their fiddles, he would wait to hear grace until a minstrel had ended his piece…

Benedicamus domino.Deo gratias.

Bénissons le Seigneur.Nous rendons grâce à Dieu.

Bless the Lord.Thanks be to God.

quant nous estions priveement leans, il s’asseoit aus piés de son lit et il disoit: “il n’est si bon livre aprés manger comme quolibet, c’est a dire que chascun die ce que il veut.”

Quand nous étions en privé, il s’asseyait au pied de son lit et disait : « Il n’y a pas d’aussi bon livre après manger qu’un quolibet, c’est à dire que chacun dise ce qu’il veut. »

When we were in private, he would sit at the foot of his bed and said: “There is no book so good as a ‘quodlibet,’ and that means “let each say what he pleases.“

14. Jean de Joinville, Vie de saint Louis, 668Récit de la vie à la cour (1)

15. Danse instrumentale : ESTAMPIE ROYALE N°6Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 844 [Manuscrit du roi, chansonnier français, XIIIe siècle]

16. Organum : BENEDICAMUS DOMINOMontpellier, Faculté de Médecine H 196 [Manuscrit parisien de l’Ars antiqua, XIIIe siècle]

17. Jean de Joinville, Vie de saint Louis, 668Récit de la vie à la cour (2)

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Bernart, pray tell me which is best: bravery, which I have heard so highly praised, or largesse, which is so appreciated. Tell me your opinion for I have always heard it said that a knight cannot fight properly without bravery.

Count of Brittany, to be honest, I think largesse is preferable, for it makes a man loved throughout his country. Largesse may also win over one’s enemies, or maybe acquire the love of the King of heaven; largesse makes a man most honorable.

Bernart, a vous vueil demanderde deus choses la plus vaillant:proëce que tant oi loër,ou largece qu’on aime tant.Si m’en dites vostre senblant,car j’ai touz jorz oï contersanz proëce ne puet monternul chevalier tres bien avantqui d’armes soit entremetant.

Bernard, je veux vous demanderquelle est la meilleure de deux choses :ou bien la valeur que j’ai tant entendu louer,ou bien la libéralité qu’on aime tant.Dites m’en votre avis,car j’ai toujours ouï direque, sans prouesse, un chevalierqui fuit le parti des armesne peut aller loin.

Cuens de bretaigne, sanz fausser,largece vaut melz, ce m’est vis,car largece fet honme amera trestouz ceus de son païs.Meesmement ses anemispuet on conquerre par doner,et si en puet on acheterl’amor au roi de paradis,et qui l’a mult li est bien pris.

Comte de Bretagne, franchement,à mon avis, largesse est préférable,car c’est elle qui fait aimer un hommedans tout son pays.Grâce à elle, on peut mêmegagner ses ennemis par des dons,et acquérir l’amour du Roi du ciel :et celui qui la possèdeest un homme bien estimable.

Bernart de la ferté, amis,ne cuit sans proëce vaillelargece. Ançois m’est avisque ele senble feu de paille,quant est ars bien sé sanz failleriens ne vaut. Pour ce, m’est avisproëce doit avoir le pris,car qui l’a ne fera faille,en nul besoing ou il aille.

Bernard de la Ferté, mon ami,ne crois pas que largesse ait quelque prixsans la prouesse. Il me semble au contrairequ’elle ressemble au feu de paillequi, quand il a brûlé un instant,ne vaut plus rien. Je conclus doncque prouesse doit l’emporter,car celui qui est preux ne manquera jamais,en quelque lieu qu’il aille.

18. Chanson jeu – parti : BERNART, A VOUS VUEIL DEMANDER (Li cuens de Bretaigne)Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, ms. 5198 [Chansonnier, XIIIe siècle]

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Bernart de la Ferté, my friend, largesse without bravery is nothing. Indeed, it is like a straw fire that burns too quickly. I therefore conclude that bravery must win, for a valiant knight will never fail, wherever he goes.

Count, I say that without largesse, one will never be honorable for it is largesse that prompts a man to do good. To which I may add that the rich man who is liberal out of generosity and not because he fears death, should be given commandment over a country, but never the valiant man who would prove a traitor.

Bernart, if you agree, let us send this discussion to the Comte d’Anjou, who will understand the arguments. And we shall pray him to be the judge, for he shall say the truth. And he will try and find the occasion to let us know the right answer.

Cuens, et je di sanz largecene porroit nus estre preudon,car a toz biens cil fere adrececelui qui l’a en sa meson.Et meesmement riches honqui de doner n’a perece,ne ne le fet par destrece,itel doit avoir region,et non mie le preus felon.

Comte, je dis moi que sans largesseon ne peut être un prud’homme,car c’est elle qui engage celui qui la possèdeà faire le bien.J’ajoute de plus qu’un homme richequi est prompt à donner,et qui ne le fait pas par crainte de la mort,devrait posséder un royaume, et jamais le preuxqui en même temps serait un traître.

Bernart, quant nos sonmes d’un gré,cest gieu parti en envoionsau conte d’anjou, car bien séqu’il entendra bien les resons.Et de jugier droit li prions,qu’en toz biens a mis son pensé,por c’en dira la verité,et si n’i querra achesonsde nos rendre le drois respons.

Bernard, si nous sommes d’accord,envoyons ce jeu partiau comte d’Anjou, car on sait bienqu’il en comprendra parfaitement le propos.Et nous le prions de juger droitement,lui qui a mis sa pensée en tout bien,car il dira la vérité,et il cherchera ainsi l’occasionde nous faire connaître la juste réponse.

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quant saint lois chanter vouloit,De dieu ou de sa mère chantoit […]Dont un escuier il avoitqui du siècle trop bien chantoit,Il li deffent que plus n’en die,Et qu’il chante de dame marie.Li fist aprendre de la belePlusieurs antienes et iceleHymne “ave maris stella”.Tant l’a riote qu’apris l’a.A l’escuier mult grief estoit,Mes obéir li convenoit.Dont il et li gracieus roysSouvent chantoient à haute voisCe que savoient de la royneDame marie, sus toutes dignes.Ainsi sa vie le devise,Or enchanton en ceste guise:

Quand saint Louis voulait chanter,il chantait Dieu ou sa mère. […]Alors qu’il avait un écuyerqui chantait à l’excès les chansons du monde,il lui ordonna de ne plus en direet de chanter dame Marie.De la belle, il lui fit apprendreplusieurs antiennes et cettehymne : « Ave maris stella ».Il l’a tant houspillé qu’il l’apprit.Ce fut très pénible pour l’écuyer,mais il se devait d’obéir.Alors lui et le gracieux roichantaient souvent à haute voixce qu’ils connaissaient de la Reine dame Marie, remarquable par dessus toutes les femmes. Ainsi le récit de sa vie le raconte,maintenant chantons de cette manière :

INTerLUde

LA dévOTION mArIALe de SAINT LOUIS / LouiS’ devotion to the BLeSSed virgin Mary

19. Chanson pieuse : L’AUTRIER MATINParis, Bibliothèque nationale de France, fr. 12483 [Miracles de la Vierge en rimes françaises, manuscrit français en provenance des Jacobins de Poissy, XIVe siècle]

Saint Louis only sang praise to the Lord or to His mother… One of his equerries, who loved to sing secular songs, was given order to abstain and learn anthems to Our Lady and the Ave Maris Stella instead. The man found it quite difficult but obeyed the king’s order. The gracious King used to sing with him and together they sang praise to Our Lady Mary, blessed above all women. And now let us sing:

L’autrier matin, el mois de may,regis eterni munere,que par un matin me levay,mundum proponens fugere.En un plesant pre m’en entray,psalmos intendens psallere.La mere dieu ilec trouvay,iam lucis orto sidere.

L’autre matin, au mois de mai, par un don du roi éternel, je me levai de bonne heure, décidant de fuir le monde. J’entrai dans un pré charmant, ayant l’intention de chanter des psaumes. Là je trouvai la Mère de Dieu, l’astre de lumière était déjà levé.

One morning in May, a gift from the eternal king. I rose early inten-ding to retreat from the world. I went into a charming field to sing psalms. There I found the mother of God, now that daylight fills the sky.

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quant je la vi si seule aler,et progressu deifico,je regarday son dous vis cler,vultu satis angelico.Lors vins a lui sans demourer,cum affecto pacifico;la commençay a saluer,ex more docti místico.

“Douce dame, le haut seignour,celum regens empireum,soit o vous par sa grant douçour,flos et decus virgineum,vostre homme sui, sans nul retour; hic super florem croceum,conseliez cest las pecheour:ecce tempus ydoneum.”

El respont: ”de tout mal garderte velit dei filius,qui de moy, pour homme sauver,carnem sumpsit propicius.Saches, pour toy amonnester,ut sit tibi salubrius,me fait hui si matin leverales diei nuncius.”

Mere de dieu, vrai salut, port,fons pietatis maxime,de celui m’envoies confortsalutem prestans anime.Gardes moi de l’anemi fortqui me temptat sepissime!Paradis m’otroit a la mortrerum creator optime!

Quand je la vis s’avancer ainsi, seule, en une marche qui est l’œuvre de Dieu, je regardai son visage doux et brillant, un visage comme angélique. Sans tarder, je vins alors vers elle avec un senti-ment de paix ; je commençai à la saluer, selon l’enseignement sacré.« Douce Dame, que le haut Sei-gneur, qui régit le ciel et l’empire, soit avec vous par sa grande douceur ; ô fleur et gloire des vierges, je suis pour toujours votre serviteur ; ici, au-dessus de la fleur de safran, conseillez ce misérable pécheur : c’est maintenant le temps opportun. »Elle répondit : « Le Fils de Dieu a voulu te garder de tout mal, lui qui, par moi, afin de sauver les hommes, a revêtu la chair humaine. Sache que pour te conseiller, afin de t’apporter le salut, le messager ailé du jour m’a fait ici lever ce matin. »Mère de Dieu, vrai salut, refuge, très grande source de piété, envoyez-moi le réconfort de celui qui procure le salut de l’âme. Protégez-moi de la puissance du diable qui me tente si souvent ! Qu’à l’heure de la mort, le très grand Créateur de toutes choses m’octroie le paradis !

When I saw her walk towards me, her steps were the work of God, I looked at her sweet, shining face, the face of an angel. I imme-diately went to her and felt a great peace. I greeted her, inspired by mystic words.

“Sweet lady, the Lord who reigns in the empyrean heaven be with you. O flower and glory of the virgins, more beautiful than the saffron, I am your servant. Advise this miserable sinner: now is our accepted day.”

She answered: ” The Son of God wanted to protect you from all evil, He who was made flesh in me, to save mankind. Know that, for your salvation, the winged herald of the day made me rise early this morning.”

Mother of God, true salvation and refuge, font of piety, send me the solace of your Son who saves my soul. Protect me from evil and its many temptations! And when I die, may the Creator of all things take me to Paradise!

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L’enpereour de contantinoble li donna et otroia la sainte coronne d’espines dont nostre sires fu coroné en sa passion et en son tourment.

L’empereur de Constantinople lui accorda et concéda la sainte couronne d’épines dont Notre Seigneur fut couronné lors de sa Passion et de son supplice.

The Emperor of Constantinople gave the King of France the Holy Crown of Thorns that had adorned the head of Our Lord during His Passion.

deUxIème PArTIe

de PArIS à JérUSALem / froM PariS to JeruSaLeM- I -

LE CULTE DES RELIqUES / The worship of The reLics

20. Grandes chroniques de FranceRécit du culte des reliques

21. Répons : OCCIDENTEMParis, Bibliothèque nationale de France, lat. 1028[Bréviaire de Sens, XIIIe siècle]

The East illuminates the West through the generous gift of the Crown: this new sun fills the Franks with hopes of victory.The King of mankind comes to our land and reveals himself to us as the true Solomon.Through the generous gift of the Crown, with hopes of victory.

Occidentem illustrat oriens,novum solem francis adiciensspem vincendi coronam largiens.

Visitat rex omnium nostram regionemet se nobis exhibet verum salomonem.

Spem vincendi coronam largiens.

L’Orient illumine l’Occident, apportant aux Francs un nouveau soleil par le don généreux de la couronne, espoir de victoire.

Le Roi de tous les hommes visite notre pays et se montre pour nous le vrai Salomon.

Par le don généreux de la couronne, espoir de victoire.

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Regis et pontificisdyadema mysticishonoremus laudibus.Iocundemur tropiciscanticis, angelicisconcordemus moribus.

In corona domini,forma datur hominipulchre necessaria:spina, mortis stimulus,sed corone circulus,mortis est victoria.

Levitas arundinis,levis casus hominis,cor natura labile.Fert coronam spineam,spinam arundineam,cor contritum humile.

Spina pungit cor elatum,cor emolit induratum,pungens ex arundine.Orbis, orbis est coronevel unguentum vite bone,fragrans ex dulcedine.

Hanc coronam hodiesue confert gallierex misericordie.Cuius testimoniavera clamant omnia,mundus et demonia.

Honorons de louanges mystiques le diadème du roi et du pontife. Réjouissons-nous par des cantiques métaphoriques, accordons-nous aux mœurs angéliques.

La nature fondamentale de l’homme est merveilleusement représentée par la couronne du Seigneur : l’épine, c’est l’aiguillon de la mort, mais le cercle de la couronne, c’est la victoire sur la mort.

La légèreté du roseau, c’est le sort léger de l’homme, son cœur muable par nature. La couronne d’épines, le roseau épineux, est portée par un cœur humble et contrit.

L’épine blesse le cœur orgueilleux, elle attendrit le cœur endurci, en le frappant avec le roseau. Le rond de la couronne, c’est le monde ou le parfum d’une vie bonne, embaumant de douceur.

C’est cette couronne aujourd’hui que le roi de miséricorde remet à sa France. Tout rend témoignage de vérité à ce fait, aussi bien le monde que les démons.

Let us honor the crown of the high priest and king with our mystic praise. Let us rejoice with the angels and sing tropes.

The Crown of our Lord beautifully symbolizes our human condition: the sharp thorn is death’s sharp sting, but the round shape means victory over death.

The light stem of the reed is mankind’s unstable state, and the weak nature of man’s heart. The crown of thorns, the reed bearing thorns, adorns a meek and contrite heart.

The thorn pricks the proud heart and the reed softens the most hardened heart. The circle of the crown is the orb or the sweet fragrance of a good life.

Today, the king of mercy offers this crown to France. The whole Creation, on earth and under the earth, bears witness to the fact.

22. Prose : REGIS ET PONTIFICISBari, manuscrit du Chapitre de Saint-Nicolas [Prosaire de la Sainte-Chapelle, vers 1250]

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Une grant maladie prist le roy a paris… Nostre seigneur ouvra en li et li envoia sante tanstot. Il requist que en li donnast la croix, et si fist on.

À Paris, le roi tomba gravement malade… Notre Seigneur œuvra en lui et lui envoya aussitôt la santé. Il réclama qu’on lui donnât la croix, ce que l’on fit.

The King fell gravely ill…Our Lord worked in him, and presently sent him health. He desired, that they would give him the cross, and they did so.

Dilatetur ampliuscivitas parisius,gallie ginnasium. Et in sensum spiritustranseat divinituslitterale studium.

Ludovice, rex francorum,sub te vigent antiquorumregum dyademata,dum corona coronarum,spina crucis, flos spinarum,tua prefert scimata.

O rex regum, qui centenis,sexagenis et tricenises coronis gloria,hac corona nos coroneset illarum per hanc dones,post agonis stadia,beata nobis gaudia.Amen.

Que la ville de Paris, école de la France, soit encore agrandie. Et que l’étude de la lettre en vienne divinement au sens spirituel.

Ô Louis, roi des Français, les diadèmes des anciens rois sont prospères sous toi, alors que la couronne des couronnes, l’épine de la croix, la fleur des épines, porte tes emblèmes.

Ô Roi des rois, toi qui glorifies par des centaines, des soixantaines et des trentaines de couronnes, couronne-nous de cette couronne-ci et, par elle, accorde-nous, après une vie de combats, les joies bienheureuses. Amen.

May the city of Paris, France’s seat of learning, not only understand the literal meaning of this event but also acknowledge it as a divine sign.

O Louis, King of France, your predecessors were crowned with diadems but the crown of crowns, the thorn from the Cross, the flower among the thorns, bears your emblems.

O king of kings, you who may glorify through thirty, sixty, hundreds of crowns, crown us with this crown, so that we may delight in blissful joy in the afterlife. Amen.

23. Jean de Joinville, Vie de saint Louis, 106 - 107Récit de la croisade d’Égypte (1)

- I I- LA CROISADE D’ÉGYPTE / The egypTian crusade

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Tous li mons doit mener joieet estre bien envoisiés:li rois de france est croisiéspour aler en chele voie,la ou chil pas ne s’emploiecui tient detriés ses pechiés.Saus est qui en la mer noie.Trop m’est tart que je n’i soie,la diex fu crucefiiés;n’a nul qui aler n’i doie.

Il ot une maladiequi longuement li dura,par quel raison se croisa,quar bien fu lieue et demiequ’en quidoit qu’il fust sans vie;aucuns dist qu’il trespassa.Dame blanche, l’eschevie,qui est sa mère et s’amie,mout durement s’escria:“fis, tant dure départie”.

Tuit quidierent voirementque li roi fust trespassés.Uns dras fu seur li jetéset plouroient durement.Entra i toute sa gent,onc tiex diex nu fut menés.Li quens d’artois voirementdist au roi mout doucement:“beax dous frère, a moi parlés,se jesus le vous consent “.

Tout le monde doit se livrer à la joie et être dans l’allégresse : le roi de France s’est croisé pour aller en cette voie où ne s’emploie pas celui que son péché retient. Celui qui se noie en mer est sauvé !Il me tarde beaucoup d’être là-bas, car c’est là-bas que Dieu fut crucifié ; il n’y a personne qui n’ait le devoir d’y aller.

Il eut une longue maladie, et c’est la raison pour laquelle il se croisa, car pendant plus d’une heure on le crut sans vie ; certains dirent qu’il était mort ! Dame Blanche, la belle, qui est sa mère et son amie, s’écria douloureusement : « Fils, quelle dure séparation ! »

Tous crurent en vérité que le roi était mort. Un drap fut jeté sur lui et l’on pleurait tristement. Toute sa cour entra, jamais tel deuil ne fut mené. Le comte d’Artois dit au roi très doucement : « Beau doux frère, parlez-moi, si Jésus vous le permet ! »

Let us all rejoice and be glad for the King of France has taken the Cross. He follows the path that no sinner would ever take. He who drowns at sea will be saved! How I long to be there, where the Lord was crucified. It is the duty of every man to go there.

He [the King] was ill for a long time, and that is the reason why he took the Cross. For over one hour he seemed lifeless: some even said the king was dead! The Lady Blanche, his mother and friend, cried sadly: “My son, how cruel to be parted from you!”

Truly they all thought he was dead. A sheet was drawn up over his face. Never was there such great mourning. The Count of Artois whispered softly: “Sweet brother, speak to me, so Jesus will!”

24. Chanson de croisade : TOUS LI MONS DOIT MENER JOIECambridge, University Library, Dd. 11, 78 (texte seulement)[Manuscrit de la fin du XIIIe siècle] (Contrafactum moderne de la chanson « Por cele ou m’entente si mise », Paris, Bibliothèque de l’Arsenal 5198)

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Adont li rois souspira:“e, beaus frère, dous amis,ou’st li vesques de paris?Or tost, si me croisera,quar longuement esté aoutre mer mes esperis,et li miens cors i ira,se dieu plaist, et conquerrala terre seur sarrasins;bien ait qui m’i aidera!”Chascuns a cheste nouveledoit estre bien esbaudis,quar, issi com m’est a vis,ele est avenant et bele.Mout sera en haute seledevant dieu, en paradis,qui respandra sa cervele,ou son sanc, ou sa bouele,en la terre ou eu pais,la dieus nasqui de s’ancele.

Alors le roi soupira : « Beau frère, doux ami, où est l’évêque de Paris ? Faites vite ! Il me croisera, car mon esprit a été longuement outre-mer, et mon corps ira là-bas, s’il plaît à Dieu, et conquerra la terre sur les Sarrasins ; béni soit qui m’y aidera ! »

Chacun à cette nouvelle doit être bien heureux, car elle est, en vérité je le crois, avenante et belle. Il sera mis en haut siège devant Dieu, au paradis, celui qui répandra sa cervelle, ou son sang, ou ses entrailles, au pays où Dieu naquit de sa servante.

To which the king answered: “Dear brother, my friend, call the bishop of Paris at once for I shall take the Cross: I have long thought of going across the sea, and so I will, so please God, I shall conquer the land from the Saracens; blessed be all who will help me.”

Let all rejoice at the news! For the man who will die in the land where the Lord was born of His servant, will sit with God in Paradise.

[…] Si ferirent des esperons qui plus plus et qui miex miex. Et cha-cerent les turs, qui s’enfuioient devant eulz, tout parmi la ville de la massourre jusques aus chans par devers babiloine. […]

[…] Ils piquèrent des éperons à qui mieux mieux. Et ils donnèrent la chasse aux Turcs qui s’enfuyaient devant eux tout au travers de la ville de Mansourah jusqu’aux champs du côté du Caire. […]

So they spurred on wildly, each trying to outdo the other. They chased the Turks, who were fleeing before them, right through the city of Mansoora and out into the fields towards Cairo.

Nus ne porroit, de mauvese reson,bonne chançon ne fere ne chanter;pour ce, n’i vueill mettre m’entencion,que j’é assez autre chose a penser.

Nul ne pourrait, sur un mauvais thème,composer ou chanter une bonne chanson ;aussi, je ne veux pas m’y appliquer,ayant bien autre chose à penser.

25. Improvisation de percussions : LA BATAILLE DE MANSOURAHJean de Joinville (v. 1224 - 1317), Vie de Saint-Louis, 219

26. Chanson de croisade : NUS NE PORROIT DE MAUVESE RESONParis, Bibliothèque Nationale de France, fr. 24406 (& fr. 20050 - texte seulement)[Chansonnier français, XIIIe siècle]

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No one can write (nor sing) a good song for a bad reason. Indeed I have no intention to do so for I have other things in mind. Yet I see that the land across the sea is in such great danger that with my song I want to beg the King of France not to heed the cowards or the flatterers but to avenge his defeat and that of the Lord.

Ah! Noble King! When the Lord made you take the cross, all Egypt trembled at the mention of your name. Now you stand to lose everything if you leave Jerusalem in her captivity. Since God chose you as the instrument of his vengeance, show your strength and avenge the dead and the prisoners who suffered in the name of the Lord.

O King, you have more gold and silver that any other sovereign ever had in his possession. Give plenty of your riches and stay to protect this land. For you have lost more than you have conquered and it would be a shame to leave, defeated. Stay and do great deeds until France recovers its honor.

Et non pour quant la terre d’outre mervoi en si très grant balance,qu’en chantant vueil proierle roy de france,qu’il ne croie couart ne losengier,de sa honte ne de la dieu vengier.

Et pourtant, je vois la terre d’outre-meren un tel périlque je veux, en chantant, prierle roi de France,afin qu’il ne croie pas les couards ni les flatteurs,quand il s’agit de venger sa honte et celle de Dieu.

Hé, gentilz roys, quant diex vous fist croisier,toute egypte doutoit vostre renon;or perdez tout, s’ainsi voulez lessierjherusalem en tel chetivoison.Car quant diex fist de vous électionet seigneur de sa venjance,bien deüssiez mostrer vostre puissancede revengier les morts et les chetis,qui pour dieu sont et pour vous mort et pris.

Ah, noble roi ! Quand Dieu vous fit prendre la croix,toute l’Égypte redoutait votre renom ;maintenant vous perdez tout, si vous laissezJérusalem en une telle captivité.Certes, puisque Dieu vous a fait son éluet le seigneur de sa vengeance,vous devriez bien montrer votre forceà venger les morts et les prisonniers qui, pour Dieu et pour vous, sont morts ou faits prisonniers.

Rois, vous avez trésor d’or et d’argent,plus que nus rois n’ot onques, ce m’est vis.Si en devez doner plus largementet demorer pour garder cest païs;car vous avez plus perdu que conquis,si seroit trop grant vitancede retorner atout la mescheance;mais demorez, si ferez grant vigor,tant que france ait recovree s’onor.

Roi, vous avez trésor d’or et d’argent plus grand,ce me semble, que n’en eut jamais aucun autre roi.Vous devez donc en faire plus grande largesseet rester pour garder ce pays ;car vous avez plus perdu que conquis,et ce serait un trop grand avilissementque de s’en retourner avec sa défaite ;mais restez, et vous ferez de grands exploits,jusqu’à ce que la France ait recouvré son honneur.

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La parole le roy fu tele: “si ai regardé que a nul feur je ne leroie le royaume de jerusalem perdre, lequel je sui venu pour garder et pour conquerre.“

Tel fut le propos du roi : « Ainsi, j’ai décidé qu’à aucun prix je ne laisserai le royaume de Jérusalem se perdre, lui que je suis venu protéger et conquérir… »

The King then said: “Therefore I resolved not to abandon the kingdom of Jerusalem, which I came to conquer and defend…”

Ierusalem accipiturapud nos quadrifariam.Nam, secundum historiam,per civitatem ponitur;secundum sensum tropicum,est anima fidelis;secundum allegoriam,istam signat ecclesiam;secundum anagogicum,illam que est in celis.

Maria, tu ierusalem,quia tu sancti civitas;maria, cuius animasponsas inter pulcherrimase non ignorat talem.

Maria, que dum militas,tua fundat humilitashanc aulam temporalemet apud triumphalem,ut culmen supereminestranscendens omnes ordines,nusquam habens equalem.

Jérusalem possède pour nous quatre significations. En effet, selon l’histoire, elle renvoie à une cité ; au sens moral, c’est l’âme fidèle ; selon l’allégorie, elle désigne l’Église présente ; selon l’anagogie, l’Église qui est aux cieux.

Marie, tu es Jérusalem, car tu es la cité du Saint ; Marie, toi dont l’âme sait qu’elle est la plus belle des épouses !

Marie, tandis que tu combats, ton humilité soutient cette cour terrestre auprès de la cour triomphale, de sorte que, tel un sommet, tu dépasses tous les ordres (angéliques), sans avoir d’égale.

Jerusalem has a fourfold significance for us. In its historical sense, it is a city. In its moral sense, it is the faithful soul. In the allegorical sense, it signifies the church on earth. In the anagogical sense, it typifies the Church in heaven.

Mary, you are Jerusalem, for you are the city of the Holy One. Mary, whose soul knows itself to be the most beautiful among brides!

Mary, while you do battle, your humility supports this temporal hall at the heavenly hall where you tower high above all angelic orders, and are without equal.

Récit, Jean de Joinville (v. 1224 – 1317), Vie de saint Louis, 436 - 437Récit de la croisade d’Égypte (2)

27. Conduit à 2 voix : IERUSALEM ACCIPITURParis, Bibliothèque nationale de France, lat. 15139 [Manuscrit parisien de Saint-Victor, XIIIe siècle]

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Maria, pacis visio,nam pacem veram vidimusin sue terre medioquam fundavit altissimus.In cuius pacis nomine,benedicamus domino.

Marie, vision de paix ! Car nous avons vu la paix véritable au milieu de sa terre que le Très-Haut a fondée. Au nom de cette paix, bénissons le Seigneur.

Mary, o vision of peace! We have seen true peace in the middle of the land founded by the Highest. In the name of that peace, let us bless Our Lord.

En la nuit devant le jour que il trespassa, il souspira et dit bassement : “o jherusalem, o jerusalem”. Et u jour du lundi, lendemain de la saint berthelemy, li sains roys tendi ses mains jointes au ciel et dist : “biau sires dieu, aies merci de ce peuple qui ici demeure, et le conduie en son pais”. Et apres ce un pou de tens, li benoiz roys dit ces paroles en latin : “pere je commant mon esperit en ta garde”. Et quant il ot ce dit, il ne parla puis, mes un pou de tens apres trespassa de cest siecle a nostre seigneur.

Dans la nuit qui précéda sa mort, il soupira et dit à voix basse : « Ô Jérusalem ! Ô Jérusalem ! » Et le lundi, le lendemain de la Saint Barthélémy, le saint roi étendit ses mains jointes vers le ciel et dit : « Beau sire Dieu, aie pitié du peuple qui est sur ces rivages, et conduis-le en son pays ». Quelque temps après, le bienheureux roi dit en latin : « Père, je remets mon âme en ta protection ! » Et quand il eut dit ceci, il ne parla plus, mais peu de temps après il rendit le dernier soupir…

The night before he died, he whispered the words: “Jerusalem! Jerusalem!” On the morrow, which was a Monday, the day after the feast day of Bartholomew the Apostle, he raised his hands towards heaven and said: “Fair Sir God, have mercy on these people that abides here and bring them back to their own land…” Later, he said in Latin: “Father, into your hands I commit my spirit!” Whereupon he was silent and shortly afterwards he yielded his spirit…

28. Guillaume de Saint-Pathus, Vie et miracles de saint Louis, chap. 20Récit de la mort de saint Louis

- III- LA MORT DE SAINT LOUIS / The deaTh of sainT Louis

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Precieuse chose et digne est de plorer le trespasse-ment de ce saint prince qui, si saintement et loialment, garda son royaume… Et ainsi, comme l’escrivain qui a fait son livre, qui l’enlumine d’or et d’azur, enlumina le dit roy son royaume de belles abbaies que il y fist, des mansions dieu, des preescheurs, des cordeliers et des autres religions…

Il est appréciable et digne de pleurer le trépas de ce saint prince qui garda si saintement et si justement son royaume… Et, de la même manière que le scribe enlumine son livre d’or et d’azur, le dit roi enlumina son royaume de belles abbayes qu’il y fonda, d’hôtels-Dieu et de couvents de Prêcheurs, de Cordeliers et d’autres ordres religieux…

A precious matter and worthy of tears is the death of this holy Prince, who so righteously and faithfully watched over his kingdom… And just as a writer, when he has ended his book, illuminates it with gold and azure, so did this King illuminate his kingdom with the fair abbeys that he built, and with the almshouses, and convents of Preachers, Greyfriars and other orders aforetold…

Gaudiose franciadiem hanc expendas!Ad laudum preconiate totam extendas!

France, passe ce jour dans la joie ! Consacre-toi tout entière à des chants de louanges !

Rejoice, o France, on this glorious day! Devote yourself to singing songs of praise!

Ierusalem, que edificatur ut civitas cuius participatio eius in idipsum. Illuc enim ascen-derunt tribus, tribus domini, ad confitendum nomini tuo, domine.

Jérusalem est bâtie comme une cité dont tous les éléments se tiennent. C’est là que sont montées les tribus, les tribus du Seigneur, pour célébrer ton nom, Seigneur.

Jerusalem is built like a city that is closely compacted together. That is where the tribes go up, the tribes of the Lord, to praise your name, o Lord.

30. Récit, Jean de Joinville (v. 1224 – 1317), Vie de saint Louis, 758Récit de la mémoire et du culte de saint Louis

31. Prose : GAUDIOSE FRANCIAParis, Bibliothèque de l’Arsenal, ms. 608 [In translatione beati Ludovici][Missel de la Sainte-Chapelle à l’usage de Poissy, 1ère moitié du XIVe siècle]

29. Antienne de Communion : IERUSALEM qUE EDIFICATUR (Ps. 121, 3. 4)Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 1112 [Missel parisien de Notre-Dame, XIIIe siècle]

fINAL

mémOIre eT cULTe de SAINT LOUIS / MeMory and veneration of Saint LouiS

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Collauda cunctis seculisregem dominantem,de ludovici titulisfrancos iocundantem.Te prudenter mater edocuit,ludovice, tibique prebuitmorum instructorem.qui te dei per tibi traditadiligenter divina monitafecit amatorem.Tu summo studiopeccatum odiosemper habuisti;tu te virtutibusperficientibusmente imbuisti.Tu pro fide christiregnum reliquisti,bis transisti mare.Ibi te crudeles,christo non fideles,tractarunt amare.Tibi capto perditusliber preda celituscito restauratur.Per te, propter titulumperfidie, cingulummilitie negatur.Tu querebaspacem popularem,tu fovebasgentem regularem,tu spernebaspompam secularemmundanorum.

Pendant tous les siècles loue le Roi triomphant qui réjouit les Français des titres de Louis.

Ta mère t’éduqua avec sagesse, Louis, et te confia à un bon précepteur. Il te fit aimer les commandements divins qu’il t’enseigna avec soin.

Tu eus toujours le péché en suprême horreur ; tu t’imprégnas en ton esprit des vertus qui rendent parfait.

Tu quittas ton royaume pour la foi du Christ, tu traversas la mer deux fois. Là des hommes cruels, infidèles au Christ, te traitèrent durement.

Le butin que tu avais perdu captif est rapidement rendu grâce au ciel. Par toi, la ceinture militaire est refusée pour des raisons de félonie.

Tu recherchais la paix pour le peuple, tu chérissais les ordres réguliers, tu méprisais la pompe séculière des mondains.

Forever praise King Louis whose people rejoice in the praise of his name and triumph.

Your mother showed great wisdom in your education and gave you the best tutors: they implanted in you a deep regard for the divine commandments.

You always abhorred sin and devoted yourself to the pursuit of virtue and perfection of the soul.

You left your kingdom in the name of the Lord Christ and twice went across the sea. There, in foreign land, the cruel enemies of Christ treated you bitterly.

You were taken prisoner and lost all your booty but through Heaven’s grace, you recovered it quickly.

You always wanted your subjects to live in peace and favored regular over secular orders.

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Felix regnum cuius rex providus,pacificus, pius et pudicus,in adversis semper intrepidus.Talis fuit sanctus ludovicus.

Rex erigit terram et patriamqui diligit se qui iusticiam.

Talis fuit sanctus ludovicus.

Heureux le royaume dont le roi est prévoyant, pacifique, bon et chaste, toujours intrépide dans les dangers. Tel fut saint Louis.

Le roi qui aime suivre la justice a élevé la terre et la patrie.

Tel fut saint Louis.

Happy is the kingdom whose king is provident, pacific, pious and chaste, and fearless in adversity. Such was Saint Louis.

The king who loves justice gives stability to this country and fatherland.

Such was Saint Louis.

Te delicie non allexerunt,te divitie non attraxerunt,te malitie non inflexeruntperversorum.

Per te plura grandi curamonasteria sunt edificata,per que cultus deo multusfit in francia per te decorata.

Ob hec, et alia deo placentia,nunc celi gloria coronaris.quo tua gratia nobis suffragiasalutis propria largiaris, alleluya.

Les plaisirs ne t’ont pas séduit, les richesses ne t’ont pas attiré, la perversité des méchants ne t’a pas influencé.

Grâce à toi de nombreux monastères ont été construits avec grand soin, par lesquels un culte abondant est rendu à Dieu dans la France embellie grâce à toi.

Pour ces raisons, et d’autres encore qui plaisent à Dieu, tu es maintenant couronné de la gloire céleste. Par ta grâce fais-nous don de tes propres suffrages pour parvenir au salut, alléluia.

You were neither enticed by the pleasures of this world, nor attracted by wealth nor stained with the perverseness of the wicked.

You had many beautiful monasteries built in honor of the Lord and they adorn France.

For all these reasons, and many more that please the Lord, you are now crowned with celestial glory. Through your grace, help us by your prayers, that we may find our salvation, alleluia.

32. Répons : FELIX REGNUMRouen, Bibliothèque Municipale, ms. 221 (texte seulement) & Leber 144[Diurnal à l’usage des Dominicaines de Poissy, XIIIe – XIVe siècles, & Processionnal dominicain, XVe siècle]

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Association Loi 1901 créée en 1991 par la Ville de Paris, le ministère de la Culture et de la Communication et l’Association diocésaine de Paris, Musique Sacrée à Notre-Dame de Paris est une école supérieure de chant choral, qui a également en charge la coordination de l’ensemble de la musique dans la Cathédrale.

L’action de l’association s’oriente autour des missions principales suivantes :

- l’enseignement musical et l’enseignement des chanteurs de la prestigieuse Maîtrise Notre-Dame de Paris (Pré-Maîtrise, Chœur d’enfants, Jeune Ensemble et Chœur d’adultes) ;

- la production d’une saison de concerts et d’auditions ;

- la recherche musicologique ;- la diffusion du répertoire et le soutien à la création

contemporaine, en partenariat avec des com-positeurs actuels et par le biais d’enregistrements discographiques régulièrement récompensés par la critique ;

- à ces missions s’ajoute une vocation sociétale, avec notamment un programme d’ouverture culturelle pour les publics en difficulté, à travers un partenariat avec l’association Cultures du Cœur.

Created in 1991 by the City of Paris, the Ministry of Culture and of Communication, and the Diocesan Association of Paris, the association of Musique Sacrée à Notre-Dame de Paris is a school of vocal arts charged with the responsibility coordinating all musical activities at the Notre-Dame Cathedral on both artistic and administrative levels.

The association’s primary missions are the following:

- The musical instruction and training of singers through the prestigious Maîtrise Notre-Dame de Pa-ris (Pré-Maîtrise, Children’s Choir, Youth Ensemble, and Adult Choir);

- The production of concerts and recitals throughout the year;

- Musicology research;

- The creation and circulation of contemporary music through CD recordings in partnership with the com-posers;

- In addition, Musique Sacrée à Notre-Dame is invol-ved in community outreach programs, supporting access to culture for the underprivileged through a partnership with Cultures du Cœur.

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L’association « Saint Louis Poissy 2014 » a vu le jour au printemps 2012 afin de promouvoir et d’organiser projets et événements culturels, pédagogiques ou festifs à l’occasion du huitième centenaire de la naissance et du baptême de Louis IX (saint Louis) à Poissy.

Tout au long de l’année 2014, expositions, spectacles, conférences, salon du livre, fête médiévale ont permis de faire rayonner la figure de ce roi qui a profondément marqué le XIIIe siècle (devenu le siècle de saint Louis) et qui reste si présent dans notre imaginaire collectif.

Le concert exceptionnel donné dans la collégiale Notre-Dame de Poissy, « Musique au temps de saint Louis », le 27 avril 2014, huit siècles et deux jours après l’événement commémoré, fut un temps fort de ces manifestations. Afin de faire mieux connaître saint Louis et son siècle, l’association s’est engagée aux côtés de Musique Sacrée à Notre-Dame de Paris pour permettre la réalisation de cet enregistrement.

Saint Louis Poissy 2014 was founded in the Spring of 2012. The core purpose of the association was to or-ganize and promote various cultural, educational or festive projects and events in relation to the 800th an-niversary of the birth and christening of King Louis IX (Saint Louis) in Poissy.

Throughout 2014, an array of various events - exhi-bitions, performances, lectures, a book fair and a medieval festival - gave exposure to the charismatic figure of the king who left such a deep mark on the 13th century (known in French history as the “Century of Saint Louis”) and whose memory is forever dearly ingrained in our collective psyche.

One of the highlights of the year was an exceptional concert - Musique au temps de saint Louis - given at Notre-Dame de Poissy Collegiate Church, on April 27, 2014, exactly 800 years and two days after the king’s christening. In order to enhance awareness about Saint Louis and his time, the association worked in partnership with Musique Sacrée à Notre-Dame de Paris and their joint effort made this recording a reality.

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SYLvAIN dIeUdONNéAprès des études de violon au Conservatoire National de Région de Versailles, Sylvain Dieudonné intègre en 1988 le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris où il obtient six Premiers Prix : Harmonie, Contrepoint, Fugue, Orchestration, Analyse et enfin Direction de chœur grégorien qui devient rapidement sa spécialité. Il approfondit l’étude du chant grégorien plus particulièrement avec le chanoine Jean Jeanneteau et les pères Dom Jean Claire et Dom Daniel Saulnier de l’atelier de paléographie musicale de l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes. Enfin, depuis quelques années, il s’est spécialisé dans la vièle médiévale à archet.

Il a été professeur d’Analyse et d’Écriture à l’École Nationale de Musique de Vichy pendant dix ans. Nommé en 1994 chef de chœur à la Maîtrise Notre-Dame de Paris, il a en charge le Département de musique médiévale : pédagogie, recherche, concerts à Notre-Dame de Paris et enfin liturgie avec la messe grégorienne qu’il dirige chaque semaine, offrant à ce répertoire continuité et permanence dans la première cathédrale de France. Dans le cadre de la saison de concerts à Notre-Dame de Paris, il prend également en charge la program-mation artistique pour la musique médiévale. Le développement des activités du Département de musique médiévale et de l’enseignement qu’il dispense aux différents chœurs qui composent la Maîtrise Notre-Dame de Paris lui permettent de réaliser des partenariats avec des musiciens et des ensembles, tels que Brigitte Lesne et l’ensemble Alla Francesca, Dominique Vellard, Marie-Noël Colette,

Antoine Guerber et l’Ensemble Diabolus in Musica ou Jean-Yves Hameline.Sylvain Dieudonné conjugue son activité de chef de chœur et de pédagogue à celle de chercheur. Une grande partie de ses travaux est consacrée à l’étude de manuscrits, où une place de choix est réservée au répertoire de l’Ecole de Notre-Dame. Il réalise un important travail de restitution d’œuvres qui prennent place non seulement dans les programmes des concerts qu’il dirige tant à Notre-Dame de Paris que partout en France et à l’étranger, mais aussi dans les enregistrements discographiques qu’il dirige.

eNSembLe vOcALde NOTre-dAme de PArISComposante spécifique du dispositif musical de la Cathédrale, l’Ensemble Vocal de Notre-Dame de Paris regroupe des chanteurs professionnels ayant reçu une formation dans le cadre de la Maîtrise Notre-Dame de Paris. Ayant pour vocation la promotion des répertoires sacrés du Moyen Âge à nos jours, toujours en lien avec la recherche musicologique, il se produit essentiellement dans le cadre de la saison de concerts à Notre-Dame de Paris, mais aussi partout ailleurs, en France ou à l’étranger. Il s’efforce toujours de porter une considération particulière au lieu où il est amené à se produire, en intégrant ses dimensions spatiales, acoustiques, historiques et sacrées.

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SYLvAIN dIeUdONNéSylvain Dieudonné first studied violin at Versailles Conservatoire. In 1988, he joined the Paris Conservatoire National Supérieur where he studied harmony, counterpoint, fugue, orchestration, analysis and Gregorian choir conducting, graduating in all these disciplines. He then specialized in Gregorian chant and music paleography with Canon Jean Jeanneteau, Dom Jean Claire and Dom Saulnier at Saint Pierre de Solesmes Abbey. S. Dieudonné also plays the bowed medieval fiddle (vièle).

His pedagogical career started at the École Nationale de Musique in Vichy where he taught analysis and composition for ten years before being appointed choirmaster at Maîtrise de Notre-Dame de Paris (1994). Head of the medieval music department, he is in charge of coordinating pedagogy programs, research, concerts at Notre-Dame and liturgical services. The weekly singing of the Gregorian mass ensures the continuity and presence of this repertoire in France’s greatest cathedral. S. Dieudonné is also in charge of Notre-Dame concert season medieval programs. As the medieval music department increases its activities and develops projects involving the various Maîtrise choirs he coaches, S. Dieudonné has encouraged collaboration with renowned musicians and ensembles such as Brigitte Lesne (Alla Francesca), Dominique Vellard, Marie-Noël Colette, Antoine Guerber (Diabolus in musica) or Jean-Yves Hameline.

In addition to his teaching and conducting activities, Sylvain Dieudonné devotes much of his time to

musicological research with a focus on manuscript sources and Notre-Dame School repertoire, reconstructing works that are brought back to life through concert performances and recordings under his direction in France and abroad.

eNSembLe vOcALde NOTre-dAme de PArISA distinct entity within the music department of the Cathedral, the Notre-Dame de Paris Vocal Ensemble is a group of professional singers trained and educated at the Notre-Dame Maîtrise (choir school). They focus on sacred repertoire, combining performance practise and musicological research. A major feature in the Notre-Dame concert series, the ensemble also performs throughout France and abroad.Concert programs always integrate the spatial, acoustic, historical and sacred dimensions of the concert venue itself.

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dISTrIbUTION

Maîtrise Notre-Dame de Paris, chœur d’adultes

Ensemble vocal de Notre-Dame de Paris

Instruments

sopranos / altos

Hélène CARPENTIERMaria LUEIRO GARCIA

Gaëlle MARCKSusie MARTIN

Hélène PICARDLaurence POUDEROUXJoséphine GEOFFRAY

ténors / basses

Andrés AGUDELOGaël MARTIN

Augustin MONDANAlexandre NERVET-PALMAJesús RODIL RODRIGUEZ

Adrien STADLERAndrés PRUNELL VULCANO

Maxime SAÏUMatthieu WALENDZIK

sopranos / altos

Julia GAUDIN (JG)Eugénie de PADIRAC (EP)

Anaïs BERTRAND (AB)Raphaël MAS (RM)

ténors / basses

Raphaël BOULAY (RB)Martial PAULIAT (MP)Damien RIVIÈRE (DR)

Emmanuel BOUQUEY (EB)Christophe GAUTIER (CG)

Raphaël MAS (RM), percussionsSolène RIOT (SR), flûtes et cornet muet

Bérengère SARDIN (BS), harpe gothiqueSylvain DIEUDONNÉ (SD), vièle médiévale à archet

Raphaël BOULAY (RB), récitant

Sylvain DIEUDONNÉ, direction

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Flûtes / FlutesFlûte à bec ténor en DO, modèle Rafi de Francesco Li Virghi ; flûte à bec soprano en DO, modèle Ganassi de Jean-Luc Boudreau ; flûte en os de chevreuil fabriquée par Jean-Daniel Talma ; flûte traversière renaissance ténor en RÉ de Giovanni Tardino.

Tenor recorder in C, Rafi model, by Francesco Li Virghi; Soprano recorder in C, Ganassi model by Jean Luc Boudreau; Alto recorder in G SOL, Ganassi model by Jean Luc Boudreau; Tenor Renaissance transverse flute in D by Giovanni Tardino.

Cornets muets de Serge Delmas.Cornetto muto by Serge Delmas.

Harpe / HarpHarpe gothique du facteur R. Thurau, 1985.

Gothic harp by R. Thurau, 1985.

Vièles médiévales à archet / bowed medieval viele Vièle à 5 cordes réalisée d’après les sculptures du portail royal de la cathédrale de Chartres, Olivier Pont 2008 ; vièle à 5 cordes réalisée d’après une fresque de l’église « Santa Maria Novella » à Florence, XIVe siècle, Olivier Pont 2010.

5-string viele after instruments carved in stone and decorating the Royal Portal of Chartres Cathedral, by Olivier Pont 2008; 5-string viele after an instrument on a 14th-century fresco in Santa Maria Novella Church in Florence, by Olivier Pont 2010.

percussions / percussionsTambours sur cadre de chez Eckerman et Schlagwerk : bendir, tambourin, mizhar, riqq.

Frame drums by Eckerman: bendir, tambourine.

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Prise de son : Camille FrachetMontage, mixage et mastering : Camille FrachetDirection artistique : Sylvain Dieudonné et Emmanuel ConquerConception du programme et transcription des pièces : Sylvain DieudonnéConception graphique : EggaPhotographies : © MSNDP ; Bibliothèque Saint-Geneviève, Paris (enluminure de la couverture)Traductions anglaises : Geneviève BégouEnregistré à Paris du 6 au 11 décembre 2015 en la chapelle Notre-Dame de Bon Secours« Avec le soutien de l’association Saint Louis Poissy 2014 »

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