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DECEMBRE 09 / JANVIER 2010 SPM 35 ÉNIGMES DE LA SCIENCE L es animaux possèdent des facultés depuis longtemps perdues par l’être humain. Dans cet ouvrage paru en 1999, Rupert Sheldrake fait état de cinq années de recherches sur les pouvoirs de perception des animaux, ef- fectuées grâce à plus de 2000 propriétaires d’ani- maux de compagnie et de dresseurs. Les pouvoirs inexpliqués, mystérieux, pro- pres à l’espèce animale, ne sont pas une nou- veauté. On compte par millions les détenteurs d’animaux familiers qui en ont fait l’expérience. Chiens anticipant le retour de leur maître, chats «répondant» au téléphone lorsqu’une personne à laquelle ils sont attachés est au bout du fil. Che- vaux regagnant leur domicile en empruntant des itinéraires qui ne leur sont pas familiers, animaux pressentant l’imminence d’un séisme. Autant de comportements qui suggèrent l’existence, chez eux, de certaines formes de perceptions dépas- sant les critères scientifiques reconnus à ce jour. UNE SCIENCE RÉTICENTE Toutefois ceci a été ignoré de la science institutionnelle à cause du tabou qui empêche, dans nos sociétés, de considérer les animaux fa- miliers avec sérieux et attention. Cette attitude résulte de l’écart qui nous sépare de plus en plus du monde animal. Stimulées par la science et la technologie, nos sociétés ont généré une concep- tion mécaniste du vivant, une vision qui est issue de la théorie cartésienne selon laquelle l’homme et le monde fonctionnent comme une machine. Les animaux et les plantes passant pour géné- tiquement programmés, leur exploitation est considérée comme allant de soi. De retour chez eux, les travailleurs humains retrouvent pourtant leurs compagnons à quatre pattes, mais leur ob- servation demeure une affaire purement subjec- tive ou privée. Les expériences menées avec eux ne relèvent pas du monde réel objectif. Le tabou mentionné plus haut ne constitue qu’une des raisons pour lesquelles l’objet de ce livre resta négligé par la science institutionnelle. Il est un autre tabou qui entoure les phénomènes psy- chiques, qui sont plus fréquents qu’on ne le pense. Ils sont appelés «paranormaux» du fait qu’ils n’entrent pas dans les catégories tradi- tionnelles de la science et sortent du cadre de la théorie mécaniste du monde. DÉMARCHE EXPÉRIMENTALE DE RUPERT SHELDRAKE C’est toutefois en scientifique con- vaincu que R. Sheldrake choisit d’ignorer ces tabous. Pour lui, est réellement scientifique toute méthode d’investigation non restrictive, attentive aux preuves permettant de confirmer les ehypothèses possibles au moyen d’une dé- marche expérimentale. L’investigation parti- cipe, en effet, davantage du véritable esprit de la science que la négation systématique. Au cours de ses recherches, trois types d’approche complémentaires furent utilisés. En premier lieu, des centaines de personnes familières des animaux, souvent pour des rai- sons professionnelles : maîtres-chiens, vétéri- naires, employés de zoos, éleveurs, etc., ont été interviewées. Plus de deux mille témoigna- ges relatifs à des comportements susceptibles d’accréditer l’existence de facultés perceptives inhabituelles ont été ainsi recueillis. Dans un deuxième temps, des sondages réalisés au sein de familles, en Grande-Bretagne et aux Etats- Unis, afin de mesurer la fréquence des divers types de perceptions manifestées par les ani- maux ont été méthodiquement analysés. En- fin en troisième lieu, le bien-fondé du crédit accordé à leurs animaux par les personnes in- terrogées a été examiné au moyen de procédés expérimentaux rigoureux. Les "pouvoirs inexpliqués" des animaux selon Rupert Sheldrake Par Marie-Hélène Courtat Rupert Sheldrake n’est pas seulement le père de la théorie des champs morphiques, il s’est aussi beaucoup intéressé aux comportements des animaux, dans lesquels il observait une confirmation de l’existence de ces champs . Carte ancienne de la série : "Les gens dans les bêtes" d'après Grandville.

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Page 1: Par Marie-Hélène Courtat pouvoirs inexpliqués des …sacree-planete.com/PDF/M37P46.pdf · sur les pouvoirs de perception des animaux, ef-fectuées grâce à plus de 2000 propriétaires

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Les animaux possèdent des facultés depuis longtemps perdues par l’être humain. Dans cet ouvrage paru en 1999, Rupert

Sheldrake fait état de cinq années de recherches sur les pouvoirs de perception des animaux, ef-fectuées grâce à plus de 2000 propriétaires d’ani-maux de compagnie et de dresseurs.

Les pouvoirs inexpliqués, mystérieux, pro-pres à l’espèce animale, ne sont pas une nou-veauté. On compte par millions les détenteurs d’animaux familiers qui en ont fait l’expérience. Chiens anticipant le retour de leur maître, chats «répondant» au téléphone lorsqu’une personne à laquelle ils sont attachés est au bout du fi l. Che-vaux regagnant leur domicile en empruntant des itinéraires qui ne leur sont pas familiers, animaux pressentant l’imminence d’un séisme. Autant de comportements qui suggèrent l’existence, chez eux, de certaines formes de perceptions dépas-sant les critères scientifi ques reconnus à ce jour.

UNE SCIENCE RÉTICENTE Toutefois ceci a été ignoré de la science

institutionnelle à cause du tabou qui empêche, dans nos sociétés, de considérer les animaux fa-miliers avec sérieux et attention. Cette attitude résulte de l’écart qui nous sépare de plus en plus du monde animal. Stimulées par la science et la technologie, nos sociétés ont généré une concep-tion mécaniste du vivant, une vision qui est issue de la théorie cartésienne selon laquelle l’homme et le monde fonctionnent comme une machine. Les animaux et les plantes passant pour géné-tiquement programmés, leur exploitation est considérée comme allant de soi. De retour chez eux, les travailleurs humains retrouvent pourtant leurs compagnons à quatre pattes, mais leur ob-servation demeure une aff aire purement subjec-tive ou privée. Les expériences menées avec eux ne relèvent pas du monde réel objectif. Le tabou

mentionné plus haut ne constitue qu’une des raisons pour lesquelles l’objet de ce livre resta négligé par la science institutionnelle. Il est un autre tabou qui entoure les phénomènes psy-chiques, qui sont plus fréquents qu’on ne le pense. Ils sont appelés «paranormaux» du fait qu’ils n’entrent pas dans les catégories tradi-tionnelles de la science et sortent du cadre de la théorie mécaniste du monde.

DÉMARCHE EXPÉRIMENTALE DE RUPERT SHELDRAKE

C’est toutefois en scientifi que con-vaincu que R. Sheldrake choisit d’ignorer ces tabous. Pour lui, est réellement scientifi que toute méthode d’investigation non restrictive, attentive aux preuves permettant de confi rmer les ehypothèses possibles au moyen d’une dé-marche expérimentale. L’investigation parti-cipe, en eff et, davantage du véritable esprit de la science que la négation systématique.

Au cours de ses recherches, trois types d’approche complémentaires furent utilisés. En premier lieu, des centaines de personnes familières des animaux, souvent pour des rai-sons professionnelles : maîtres-chiens, vétéri-naires, employés de zoos, éleveurs, etc., ont été interviewées. Plus de deux mille témoigna-ges relatifs à des comportements susceptibles d’accréditer l’existence de facultés perceptives inhabituelles ont été ainsi recueillis. Dans un deuxième temps, des sondages réalisés au sein de familles, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, afi n de mesurer la fréquence des divers types de perceptions manifestées par les ani-maux ont été méthodiquement analysés. En-fi n en troisième lieu, le bien-fondé du crédit accordé à leurs animaux par les personnes in-terrogées a été examiné au moyen de procédés expérimentaux rigoureux.

Les "pouvoirs inexpliqués" des animaux

selon Rupert Sheldrake

Par Marie-Hélène Courtat

Rupert Sheldrake n’est pas seulement le père de la théorie des champs morphiques, il s’est aussi beaucoup intéressé aux comportements des animaux, dans lesquels il observait une confi rmation de l’existence de ces champs .

Carte ancienne de la série : "Les gens dans les bêtes"

d'après Grandville.

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TÉLÉPATHIE, SENS DE L’ORIENTATION ET SENS PRÉMONITOIRE

Trois grands types de perceptions inexpliquées rencontrées chez les animaux ont retenu l’attention de R. Sheldrake : la télépathie, le sens de l’orientation et le sens prémonitoire. • La télépathie : certains chiens ainsi que d’autres animaux de compagnie sont en mesure de «connaître» le moment du retour de leur maître à la maison. Des vidéos l'ont prouvé en utilisant des heures choisies de manière aléatoire et par des moyens de transport diff érents. Certains animaux répondent également par le moyen de la télépathie, à des appels ou à des ordres silencieux. Certains «savent» qui téléphone, d’autres réagissent quand leur maître se trouve en danger. Nous supposons que ces communications télépathiques reposent sur des liens – qui ne sont pas des métaphores mais des connexions réelles – existant entre humains et animaux. Formé à partir d’une double racine grecque, le mot télépathie signifi e littéralement «sentiment à distance». Si les chiens répondent télépathiquement à leur maître, c’est bien qu’ils captent, d’une manière ou d’une autre, les pensées ou les sentiments de celui-ci.• Le sens de l’orientation : Les pigeons voyageurs et les hirondelles sont parfai-tement capables de retrouver le lieu d’où ils sont partis après avoir survolé d’im-menses territoires inconnus, alors qu’aucun sens olfactif ne peut rendre compte de cette capacité. Les chats, les chiens et les chevaux sont aussi capables de retrou-ver le chemin de leur domicile depuis des lieux non familiers très éloignés. Tout se passe comme si un cordon élastique les attachait à ce lieu. Il arrive aussi que ce lien relie l’animal à un être humain, certains animaux étant capables de retrouver leur compagnon dans un lieu qui leur est inconnu.• Le sens prémonitoire : Certaines prémonitions peuvent s’expliquer en termes de stimuli physiques. Il en est ainsi probablement pour la survenue des tremble-ments de terre ou pour l’imminence d’une crise d’épilepsie pour le maître d’un chien, mais il en existe d’autres qui sont plus mystérieuses.

Tout cela relève de perceptions extrasensorielles, c’est-à-dire qui s’établissent au-delà ou en dehors des sens connus. La science ne peut progresser qu’en dépas-sant les limites courantes. R. Sheldrake espère démontrer avec cet ouvrage qu’il est possible d’enquêter scientifi quement sur les pouvoirs encore inexpliqués des animaux. Nous avons beaucoup à apprendre de nos compagnons animaux. Ils ont également beaucoup à apprendre de nous.

LES CHIENS Lorsque Edward rentre à sa maison de Wickword, ses setters irlandais se

trouvent toujours quasiment au portail pour l’accueillir. Sa femme raconte qu’ils commencent à l’attendre entre dix et vingt minutes avant son arrivée, et en tout cas bien avant qu’il n’engage sa voiture dans l’allée. Ceci l'intrigue d’autant plus que son mari travaille à Londres, selon des horaires irréguliers, et ne lui donnae généralement aucune indication sur son heure de retour. La capacité des setters irlandais à percevoir le retour de leur maître est commune à bien des chiens. Au cours de ses recherches aux Etats-Unis et en Europe, R. Sheldrake rassembla sur le sujet, plus de 500 témoignages.

La première tentation fut d’attribuer ce comportement à des automatismes routiniers acquis par l’espèce ou au fait que le chien est équipé d’un odorat très performant et d’une ouïe très fi ne. Après étude, R. Sheldrake s’aperçut que ces élé-ments ne suffi saient pas à expliquer totalement le phénomène. Ce comportement routinier pouvait être évoqué si les maîtres rentraient tous les jours à la même heure. Mais dans nombre d’observations, ce n’était pas le cas, les allées et venues des maîtres étaient aléatoires.

La plupart des chiens possèdent un sens olfactif plus développé que le nô-tre ; ils sont donc probablement en mesure de fl airer leur maître ou le véhicule à une distance bien supérieure à la nôtre. Mais jusqu’où au juste ? Pour fl airer

Le mot télépathie

signifi e littéralement

«sentiment à distance».

Si les chiens répondent

télépathiquement à

leur maître, c’est bien

qu’ils captent d’une

manière ou d’une

autre, les pensées ou les

sentiments de clui-ci

Le saint-hubert, un chien au fl air particulièrement développé

Nous avons beaucoup à apprendre de nos compagnons animaux. Ils ont également beaucoup à

apprendre de nous.

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quelqu’un qui rentre chez lui, le chien doit humer l’air. À supposer que le vent souf-fl e dans la bonne direction, que l’animal soit dehors, jusqu’à quelle distance est-il physiquement possible à l’animal de sentir l’approche d’une personne ? Les estima-tions les plus fi ables considèrent que cette distance est considérablement inférieure à un mille (soit 1,6 km) avec un chien saint hubert, le plus olfactivement sensi-ble de toutes les races. Les spécialistes ont constaté que cette race, placée vent arrière, est capable de détecter la présence d’une personne cachée dans une haie jusqu’à 800 mètres de distance, à condition que le vent souffl e dans la bonne direction et que la personne reste immobile… Ceci peut expliquer pourquoi certains chiens réagis-sent une minute ou deux avant l’arrivée de leur maître, mais pas pourquoi certains le font dix ou vingt minutes avant, et indé-pendamment de l’ouverture de la fenêtre ou du sens du vent.

On sait également que l’animal peut percevoir des sons émis à des distances bien supérieures aux possibilités humai-nes ainsi que des fréquences auditives inaudibles à l’oreille humaine. Des études scientifi ques menées en Angleterre par Kevin Munro, selon la méthode du «Po-tentiel évoqué Auditif», ont établi que les diff érences de perceptions entre l’homme et le chien étaient quasiment identiques, excepté pour la perception des fréquences aiguës. Ceci écarte l’explication par l’acui-té auditive.

Nombreux sont aussi les maîtres qui

peuvent témoigner de la capacité de leur chien à anticiper leur retour en l’absence de tout bruit. Ainsi le mari de madame Gavitt, habitant Morrow en Géorgie a pu constater que leur chien commençait à réagir au moment où sa femme décidait de regagner son domicile et se dirigeait vers le véhicule qu’elle avait choisi de prendre. En fait, un certain nombre de témoignages attestent que le chien «perçoit», quel que soit le moyen de locomotion utilisé, le mo-ment où la personne se met en route.

Pendant plus d'une année, R. Sheldrake se livra alors à une série d’expériences qui furent fi lmées, avec un chien qui montrait cette faculté de pressentir le retour de sa maîtresse : tout fut soigneusement consi-gné par écrit. Aucun autre animal n’a enco-re été observé aussi minutieusement, mais plusieurs séries de vidéos ont été réalisées avec d’autres chiens. Les conclusions sont que les chiens semblent en eff et réellement savoir quand leur compagnon humain rentre à la maison, même lorsque ce retour s’eff ectue à des heures choisies au hasard et dans des véhicules non habituels.

LES CHATS Bien des chats semblent éga-

lement savoir quand leur maître va ren-trer à la maison, mais dans une moindre proportion : 359 témoignages collectés contre 585 pour les chiens. Il est probable qu’une des raisons en est que les chats sont plus indépendants et éprouvent moins le besoin d’évoluer dans l’intimité de leur

Au moins 17 espèces animales autres que les chiens et les chats paraissent capables de prévoir le retour d’un compagnon humain. On y trouve des oiseaux et notamment des perroquets et bien sûr les chevaux.

Le cheval du chamanPeinture d'Annie Lauro

(Carte au chant

des toiles 05 53 50 74 40)

Un fermier attentif à ses vaches

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maître. Les chats ayant la possibilité de vagabonder librement à l’extérieur, ils adaptent généralement leur comportement aux conditions météorologiques. Ces fl uctuations gênent la mise sur pied d’expériences fi l-mées pour les chats, mais des observations écrites dé-taillées ont toutefois été réalisées. Elles ont amené à des conclusions semblables.

À l’instar de celles des chiens, ces manifestations sont de nature télépathiques et dépendent de la force des liens unissant le chat et l’homme. J’avance l’hypo-thèse que ces liens s’établissent par le truchement des champs morphiques et que ces derniers s’étirent mais ne se rompent pas lorsque l’homme part et laisse le chat derrière lui.

Les réactions des chiens et des chats anticipant le retour de leur maître reposent sur de puissants liens so-ciaux noués entre les hommes et les animaux. Il existe toutefois suffi samment de matériau permettant de pen-ser qu’au moins 17 autres espèces animales paraissent capables de prévoir le retour d’un compagnon humain. On y trouve des oiseaux et notamment des perroquets (Sur 33 témoignages reçus à propos des oiseaux, 20 concernent les perroquets) et bien sûr les chevaux.

ET CHEZ LES HUMAINS ? Si les réactions anticipatives sont tellement

répandues chez les animaux, tout donne à penser qu’il en va de même chez les humains. Ceux qui ont vécu ou voyagé en Afrique connaissent bien les capacités de cer-tains indigènes à pressentir le retour des leurs en dehors de tout moyen de communication. Ainsi, Laurens van der Post découvrit que les Bushmen du Kalahari étaient en mesure de «savoir» que des membres de leur tribu regagnaient leur camp après avoir tué une antilope à 80 km de là. Ils entendaient la mélopée entonnée en de telles circonstances dès leur arrivée au camp. Dès la mort de l’antilope, ils avaient été informés «subti-lement».

Il est probable que le terreau qui fonde les sociétés traditionnelles favorise davantage l’enracinement de

telles facultés. Nous citerons encore le célèbre «don de double vue» des populations celtiques implantées dans les Highlands d’Écosse qui incluait, entre autres, la «perception» anticipative du retour de personnes provi-soirement absentes. En Norvège, ce phénomène porte même le nom de «Vardoger» qui signifi e littéralement «esprit avertisseur». Les personnes déclarent entendre celui qui arrive dans la maison alors qu’en réalité, il n’arrive que 10 à 30 minutes plus tard.

Analysé dans le contexte du comportement anti-cipatif chez les animaux, ce type de réactions s’intègre dans une typologie beaucoup plus vaste. Le pressenti-ment de l’arrivée peut constituer un aspect important de l’histoire naturelle de la télépathie. Le fait que ce type de réactions peut aff ecter des bébés ou des person-nes endormies montre qu’elles ne font pas appel aux sphères les plus élevées du mental mais cheminent à des niveaux plus fondamentaux.

TENTATIVE D’EXPLICATION Il est à remarquer que ces phénomènes sur-

viennent au sein de groupes dans lesquels sont établis des liens sociaux. Les animaux sont reliés aux autres membres du groupe par des liens invisibles. Il en va de même pour les humains. À ces liens s’ajoutent aussi les relations inter-espèces comme celles qui se nouent entre les animaux de compagnie et leurs maîtres. Ces liens d’interdépendance ne sont pas, selon R. Sheldrake, de simples métaphores mais correspondent à une réa-lité très concrète, unissant durablement des individus qui se trouvent séparés par la distance. Il n’est pas im-possible que des connexions à distance constituent des canaux de transmission télépathiques. Comme leurs équivalents connus dans le domaine de la physique, ils relient à distance des éléments entre eux. Ces champs sociaux appartiennent à une catégorie particulière que j’appelle les champs morphiques car ils ont la particu-larité d’évoluer et de contenir une sorte de mémoire.

Les champs morphiques maintiennent et coordon-nent toutes les parties d’un système dans l’espace et

Art pictural des Bushmen - Les animaux y sont très présents. Lien très privilégié du dauphin et de l'homme.

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dans le temps. Ils intègrent une mémoire des systèmes similaires an-térieurs. Chacun d’entre nous est calé sur la fréquence d’une mémoire collective, fort semblable au célèbre «inconscient collectif» de Jung. Les animaux sont reliés les uns aux autres par des champs sociaux caractéris-tiques du groupe auquel ils appartiennent. Les instincts ressemblent fort à des habitudes collectives, propres à chaque espèce, acquises au fi l des générations. Le processus par lequel cette mémoire se transmet du passé au présent se nomme la résonance morphique. Un champ morphique réunit en son sein tous les membres du groupe et un élément qui s’éloi-gne demeure toujours connecté au groupe par le biais de ce champ qui est élastique. Les champs morphiques permettraient ainsi à une gamme d’ondes de nature télépathique de se propager au sein d’un groupe d’un humain à un autre ou d’un humain à un animal. Semblables à d’in-visibles faisceaux de caoutchouc, ces champs constituent de véritables canaux de transmission télépathique quelle que soit la distance.

Les sociétés animales off rent un moyen simple de tester directement l’infl uence de ces champs car les individus peuvent être séparés et donc empêchés de communiquer par des voies sensorielles. Si dans ces con-ditions, l’information continue de circuler, c’est qu’il existe entre les individus des connexions de même nature que celles fournies par les champs morphiques. Les liens unissant hommes et animaux domesti-ques constituent une voie particulièrement prometteuse pour ce type de recherche. Nous sommes au seuil d’une révolution dans la manière d’appréhender l’esprit. C’est ce que démontre l'ouvrage de Rupert Shel-drake.

Propos recueillis par Marie-Hélène Courtat

Pour aller plus loin : «Les pouvoirs inexpliqués des animaux - Pres-

sentiment et télépathie chez les animaux sauvages et

domestiques» de R. SheldrakeL’ouvrage regorge de témoignages et d’histoires plus extraordinaires les unes que les autres sur le monde animal. Expé-riences qui mettent en évidence des «capacités» que l’homme, qui partage une partie de son héritage avec l’animal, devrait théorique-ment posséder également.

Il offre la possibilité d’être lu à plusieurs niveaux. Les amoureux des animaux y trouveront d’émouvantes histoires sur leurs amis à quatre pattes. Le scientifi que sera séduit par une démonstration claire et logique. Quant à celui qui a des préoccupations plus philosophiques, il y trouvera d’intéressantes pistes de réfl exion sur la nature de la vie. Le monde animal, resté plus proche de ses racines, a beaucoup à apprendre, en toute sim-plicité, à l’Homo Technicus d’aujourd’hui qui touche ses limites et recherche sa véritable nature et les raisons de sa présence sur terre. Un ouvrage à mettre en toutes les mains…

BIBLIOGRAPHIE• Dans notre boutique p. 54 :- Perles de sagesse du peuple animal de Dawn B. Brunke - La connexion perdue, retrouver la communication intuitive avec les animaux et la nature de Marta Williams en collaboration avec Chantal de Foleville - Le peuple animal de A. Givaudan et D. Meurois- Communiquer avec les animaux de Laïla del Monte- L’eff et Mowgli de JL Janiszewski- Ces animaux qui nous font du bien de J.-L. Victor

Rakham, un labrador éduqué à l'assistance. Plus qu'une belle complicité de tous les instants, Rakham est indispensable à Guillaume qui peut vivre "autonome" dans sa maison.

Rencontre inattendue entre un faon et une vache !

• Chez votre libraire :- Les pouvoirs inexpliqués des animaux de Rupert Sheldrake (Ed. J’ai lu Po-che (encadré ci-contre))- Fleurs de Bach pour les animaux de Graham et Vlamis (Ed. Médicis)- À l’écoute du monde animal de J. Martin et C. Bouteraon (Ed. Le temps présent)- Ces chiens qui attendent leur maître de R. Sheldrake (Ed. du rocher)