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1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle 1 « Peut-on faire confiance aux états financiers ? Le cas de 8 entreprises camerounaises ». MBALLA ATANGANA Yves Vincent Docteur en sciences de gestion, Assistant à la faculté des sciences économiques et de gestion de l’Université de Yaoundé II – Soa (Cameroun) Courriel : [email protected] FEUDJO JULES ROGER Agrégé des sciences de gestion, Vice-doyen chargé de la coopération et de la recherche à la faculté des sciences économiques et de gestion de l’Université de Dschang (Cameroun). Courriel : [email protected] Résumé Cette communication a pour objectif de questionner les états financiers produits et publiés au sein des entreprises camerounaises. Ils représentent le pilier central de la problématique comptable. L’examen par l’analyse documentaire, inspirée de l’approche qualitative par la méthode des cas, des états financiers de 8 entreprises opérant au Cameroun suivi des entretiens auprès de 8 professionnels a permis de mettre en exergue trois faits saillants : (i) la gestion des amortissements des immobilisations ; (ii) (l’existence des montages financiers fictifs et le profil psychologique des acteurs de la comptabilité (iii) expliquent le déficit du contenu informationnel des états financiers annuels. L’amélioration de l’information comptable produite au Cameroun est sujette à la mise en place des institutions fonctionnelles permettant d’encadrer la production de l’information comptable, gage de la stabilité et la confiance en l’information au sein des entreprises. Mots clés : états financiers, image fidèle, méthode qualitative, société anonyme, Cameroun. Abstract This communication aims to question the financial statements produced and published in the Cameroonian companies. They represent the central pillar of the accounting issues. An examination by the literature inspired by the qualitative approach by the case method, the financial statements of 8 companies operating in Cameroon tracking interviews with eight professionals allowed to highlight three highlights : (i) management of capital depreciation; (ii) (the existence of fictitious financial structures and the psychological profile of the actors of accounting (iii) explain the deficit of the information content of annual financial statements. The improvement of accounting information produced in Cameroon is subject to the implementation establish functional institutions used to manage the production of accounting information, a guarantee of stability and confidence in the information within companies. Keywords : financial statements, fair, qualitative method, a limited company, Cameroon. Introduction Les états financiers de synthèse constituent le reflet de la représentation comptable de l’entrepr ise, produit de la comptabilité. La comptabilité est l’instrument qui permet de façonner le contenu informationnel des états de synthèse annuels. En tant que langage commun, elle suscite de nombreuses controverses. Elle est une science (Kurosawa, 1929). Cette position est contradictoire avec celle de May (1943, p.1) selon lequel « la comptabilité est une technique, et elle ne peut donc être une science ». Kurosawa soutient son raisonnement sur la scientificité de la comptabilité dans

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1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle

1

« Peut-on faire confiance aux états financiers ? Le cas de 8 entreprises

camerounaises ».

MBALLA ATANGANA Yves Vincent

Docteur en sciences de gestion, Assistant à la faculté des sciences économiques et de gestion de

l’Université de Yaoundé II – Soa (Cameroun)

Courriel : [email protected]

FEUDJO JULES ROGER

Agrégé des sciences de gestion, Vice-doyen chargé de la coopération et de la recherche à la faculté

des sciences économiques et de gestion de l’Université de Dschang (Cameroun).

Courriel : [email protected]

Résumé

Cette communication a pour objectif de questionner les états financiers produits et publiés au sein

des entreprises camerounaises. Ils représentent le pilier central de la problématique comptable.

L’examen par l’analyse documentaire, inspirée de l’approche qualitative par la méthode des cas,

des états financiers de 8 entreprises opérant au Cameroun suivi des entretiens auprès de 8

professionnels a permis de mettre en exergue trois faits saillants : (i) la gestion des amortissements

des immobilisations ; (ii) (l’existence des montages financiers fictifs et le profil psychologique des

acteurs de la comptabilité (iii) expliquent le déficit du contenu informationnel des états financiers

annuels. L’amélioration de l’information comptable produite au Cameroun est sujette à la mise en

place des institutions fonctionnelles permettant d’encadrer la production de l’information

comptable, gage de la stabilité et la confiance en l’information au sein des entreprises.

Mots clés : états financiers, image fidèle, méthode qualitative, société anonyme, Cameroun.

Abstract

This communication aims to question the financial statements produced and published in the

Cameroonian companies. They represent the central pillar of the accounting issues. An

examination by the literature inspired by the qualitative approach by the case method, the financial

statements of 8 companies operating in Cameroon tracking interviews with eight professionals

allowed to highlight three highlights : (i) management of capital depreciation; (ii) (the existence of

fictitious financial structures and the psychological profile of the actors of accounting (iii) explain

the deficit of the information content of annual financial statements. The improvement of

accounting information produced in Cameroon is subject to the implementation establish functional

institutions used to manage the production of accounting information, a guarantee of stability and

confidence in the information within companies.

Keywords : financial statements, fair, qualitative method, a limited company, Cameroon.

Introduction

Les états financiers de synthèse constituent le reflet de la représentation comptable de l’entreprise,

produit de la comptabilité. La comptabilité est l’instrument qui permet de façonner le contenu

informationnel des états de synthèse annuels. En tant que langage commun, elle suscite de

nombreuses controverses. Elle est une science (Kurosawa, 1929). Cette position est contradictoire

avec celle de May (1943, p.1) selon lequel « la comptabilité est une technique, et elle ne peut donc

être une science ». Kurosawa soutient son raisonnement sur la scientificité de la comptabilité dans

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la recherche de « phénomènes comptables » universels, c’est-à-dire, observables dans toutes les

entreprises quelle que soit la nature de leur activité. De même, Terasawa (1941), dans le

prolongement de la pensée de Kurosawa, affirme que la comptabilité est une science dont le but est

différent de celui de la gestion de l’économie, elle doit donc garder son indépendance. Cette

approche conceptuelle de Terasawa est vivement critiquée par Kurosawa, en la qualifiant de

conception réductrice du rôle de la comptabilité. Ainsi, la comptabilité est qualifiée d’instrument de

régulation économique (Kurosawa, 1931) et plus précisément de science sociale (Kurosawa, 1951).

La comptabilité est : « un système d’information ayant pour objet, à des fins multiples et mal

connues du Comptable lui-même, de représenter l’entreprise ». L’objectif premier de la

comptabilité est de fournir les informations utiles à la prise de décision, pas d’orienter les

comportements dans un sens ou dans un autre (Salomons, 1991).

Pour les préparateurs des états financiers l’enjeu est considérable. Comme de nombreux répondants

de notre étude l’ont souligné, les états financiers concentrent des enjeux forts d’image et de

réputation : « Pour informer les différentes parties prenantes, une information fiable et sincère dans

les états financiers entache l’image de l’entreprise ». Les états financiers identifiés comme un

instrument de communication, constituent le socle des manipulations comptables au sein des

entreprises. Documents stratégiques aujourd’hui, incontournables demain, les états financiers de

synthèse demeurent pourtant énigmatiques : Que sait-on en effet du contenu informationnel des

états financiers annuels de l’entreprise ? De leurs conditions d’élaboration et faculté à refléter

l’image fidèle de la situation patrimoniale et des performances de l’entreprise ? La littérature sur la

lecture des états financiers des entreprises nous renseignent très peu sur leur mode de production.

Ainsi, la présente recherche naît d’un double constat : si les états financiers sont jugés comme

stratégiques, ils demeurent néanmoins entourés d’un pouvoir quasi-magique. D’où l’idée à travers

cette recherche de tenter de leur donner la parole : Ceci en écho au titre d’une contribution

collective canadienne ayant inspiré les premiers pas de cette investigation et intitulée : « If Numbers

could speak » (Gibbins, Richardson, Waterhouse, 1989).

Ainsi deux questions de recherche sont posées :

- Les états financiers produits au sein des entreprises au Cameroun reflètent-t-ils l’image

fidèle de leur patrimoine et situation financière ?

- Quels sont les déterminants principaux du déficit informationnel des états financiers annuels

?

La revue de littérature en étroite relation avec notre sujet sera proposée. Ensuite, seront déclinés la

méthode de recherche employée suivie des principaux résultats de la recherche. Il s’en suivra la

discussion de ces résultats et enfin les implications pratiques de la recherche, et à la formulation de

certaines prescriptions susceptibles d’améliorer le contenu informationnel des états financiers

produits au sein des entreprises au Cameroun. De nouvelles perspectives de recherche seront alors

envisagées.

1. Revue de littérature

En raison de l’incertitude inhérente aux activités, de nombreux éléments des états financiers ne

peuvent pas être mesurés avec précision, mais ils ne peuvent être estimés. Le processus d'estimation

implique que des jugements soient fondés sur les dernières informations disponibles et crédibles.

La presse spécialisée a montré une série de cas de manipulation de comportement de l'utilisateur

grâce à l'information comptable dissimulé qui a débouché sur les grands scandales financiers. Les

exemples incluent : société d'énergie Enron, qui a fait faillite peu de temps après la découverte des

irrégularités en Décembre 2001 (la firme dissimula un montant total de 27 milliards de dollars), la

compagnie de télécommunications WorldCom, qui a gonflé les flux de trésorerie avec près de 4

milliards dollars américains et la découverte de fraude financière du fabricant mondial de

photocopieurs Xerox (en Juillet 2002) qui a augmenté son chiffre d'affaires illégalement avec

environ 2 milliards de dollars entre 1997-2001. Ces cas de fraudes comptables démontrent à

suffisance la portée du contenu informationnel des états de synthèse annuels. Le problème de la

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représentation comptable de l’entreprise reste d’actualité et la capacité de la comptabilité à traduire

fidèlement la réalité de l’entreprise.

Très peu de contributions ont traité du contenu informationnel des états financiers de synthèse

(bilan, compte de résultat, annexe) dans leur ensemble. Les études de Beaver (1968), Gibbins et al.

(1990) puis celles de Holland et Stoner (1996), Holland (1998, 2005) constituent à ce titre de rares

et précieuses exceptions. Ces contributions sont aussi intéressantes pour la méthode de recherche

utilisée. Ces différents auteurs ont en effet employé la méthode de la théorie enracinée pour

identifier les principaux déterminants et composants conditionnant le comportement de

communication financière des entreprises (Corporate public disclosure behaviour). Leurs études

sont ainsi basées sur des interviews et une observation directe, ce qui donne un réalisme fort à leurs

conclusions.

Toutefois ces études renseignent peu sur la capacité des états financiers à refléter l’image fidèle de

la situation patrimoniale et financière de l’entreprise. Soit elles retiennent un point de vue trop

globalisant (Gibbins et al., 1990 ; Holland et Stoner, 1996), soit elles ciblent précisément une

catégorie d’informations comptables pour décrire le contenu informationnel des états financiers

annuels (Holland, 2005). Ainsi, la considération des résultats de ces différentes recherches ne

permet pas de prédire la portée et l’intensité du pouvoir informationnel des états financiers annuels.

De ce fait, à notre avis, l’information comptable constitue un enjeu de pouvoir et de contre-pouvoir

au service des différents acteurs du processus de reddition comptable afin de donner une orientation

à l’information publiée au sein des entreprises. L’information comptable est de ce fait assimilée à

une « arme fatale » permettant de donner du contenu aux états financiers. Dévoilée de sa qualité

principale, à savoir, refléter l’image fidèle de l’entreprise, l’information comptable est considérée

comme un instrument de chantage, voire de conformisme permettant de satisfaire aux exigences

fiscales en matière de communication financière. Il se dégage que les états financiers produits

présentent un contenu fiscal et un contenu comptable.

Le contenu fiscal répond aux exigences de la réglementation fiscale axée sur une optimisation des

charges permettant de réduire la charge fiscale. En ce qui concerne le contenu comptable, il reflète

l’état d’esprit des acteurs comptables au cœur de la reddition comptable caractérisés des

motivations diverses (opportunisme managérial, prestige, enracinement, rente, …). Ces différentes

facettes que présentent les états financiers annuels confortent le déficit informationnel au sein des

entreprises au Cameroun.

Néanmoins d’autres études traitent de certains déterminants de la complexité du système

d’information comptable et financière au sein des entreprises camerounaises (Djoutsa Wamba et al.

2013 ; Souleymane, 2010, Ngantchou, 2008 ; Djongoué, 2007 ; Nyengue Edimo, 2005). Ainsi les

facteurs structurels et comportementaux, la taille de l’entreprise et les dysfonctionnements

systémiques constitueraient des déterminants du contenu informationnel des états financiers publiés

au sein des entreprises dans le contexte OHADA.

Cependant, notons que ces nombreux résultats de recherche sont très contraints voire biaisés par la

méthodologie de recherche employée. En effet ces dernières études citées sont exclusivement

basées sur la seule considération informations recueillies à l’aide d’un questionnaire administrée au

sein des entreprises, c’est-à-dire sans prendre le soin d’interroger directement le contenu des

documents publiés au sein de chacune des sociétés envisagées.

La seule chose qui manque est la raison (Mădălina et Otilia, 2014). Dans ce contexte, la

comptabilité peut être désignée comme « le vendeur de la performance économique de

l'entreprise » (Pigé, 2005). Au fil du temps, la comptabilité a été traitée comme un art - « l'art de

stock de faux ou de truc » (Bertolus, 1988), « l'art du calcul des prestations » (Lignon, 1989),

« l'art de présenter un bilan » (Gounin, 1991), « l'art de créer des dispositions » (Pourqueri, 1991).

Par conséquent de nombreux autres déterminants du contenu informationnel devant refléter l’image

fidèle - voire peut être les plus essentiels - en matière de communication financière au sein des

entreprises demeurent encore inexplorées. En effet de nombreux auteurs ont traité des incitations et

motivations de la direction vis-à-vis de l’information financière (Hopwood, 1983 ; Holland et

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Stoner, 1996). Il se dégage de ces études que les dirigeants optent pour une stratégie défensive et

offensive comptable. La stratégie défensive comptable invite à se conformer à la réglementation en

vigueur. La stratégie comptable offensive consiste (pour la direction) à profiter de la diffusion d’une

information aux investisseurs pour améliorer sa relation avec eux et ainsi abaisser le coût du capital.

Watts et Zimmerman (1986) évoquent de leur côté la réduction des coûts d’agence, des coûts

politiques et médiatiques alors que Verrechia (1983) développe la question de la réduction des coûts

de propriété.

Enfin, certains auteurs ont traité des incitations de la direction en matière de mauvaises nouvelles.

Ainsi, Skinner (1994), puis Kaznik et Lev (1995) indiquent que les managers ont une incitation

forte à communiquer les mauvaises nouvelles le plus tôt possible pour éviter des procès, d’avoir une

réputation de rétenteur d’information entraînant la désaffection des gestionnaires de fonds, ou enfin

dissuader l’entrée de nouveaux concurrents sur le secteur (Teoh et Hwang, 1991).

La problématique du contenu informationnel des états financiers trouve son écho au Cameroun par

la délivrance des quitus de bonne gestion à l’intention du manager des sociétés publique et

parapublique. Ces dirigeants se retrouvent aujourd’hui empêtrés dans des procès en justice du fait

des états financiers frauduleux. Ainsi, le rapport de la chambre des comptes (2014, p. 118)

s’interroge sur la fiabilité des états financiers de la Société Immobilière du Cameroun (SIC) : Le

Commissaire aux comptes a relevé dans ses rapports de certification des comptes des exercices 2004 et 2005

des incohérences et le non-respect de certains principes comptables. La Chambre des Comptes a, lors de

l’examen desdits comptes, confirmé ces insuffisances de nature à donner une image infidèle de la situation

financière de la SIC.

De même, le rapport sus évoqué relève des incohérences dans les états financiers de la MAETUR. Pour la

Chambre des Comptes, ces incohérences relevées dans une infime partie des valeurs d’exploitation des

exercices concernés dénotent le manque de fiabilité des travaux d’inventaire de fin d’année réalisés, la

non maîtrise du portefeuille clients, et jettent le doute sur la sincérité des états financiers (p, 91).

En réponse de la MAETUR, il se dégage que : l’état d’inventaire qui fait ressortir un montant de

créances de FCFA 618 321 941 en 2004 et de FCFA 347 638 048 en 2005 est un état Excel établi par le

service commercial sur la base du prix de vente attendu. Le montant affiché au bilan en 2004 de FCFA

352 181 729 et en 2005 de FCFA 528 780 480 est la résultante des enregistrements sur la base des

pièces justificatives.

La comptabilité, pour des raisons de respect des principes comptables (prudence, réalité), ne peut pas

prendre en compte les données issues d’un état Excel extra comptable qui demeure un outil de pilotage

pour les commerciaux. La comptabilité s’appuie sur des pièces justificatives probantes à savoir

factures, reçus… (p. 92).

Les différentes manipulations comptables observées au cœur des choix managériaux dégradent

fatalement le contenu et la portée des états financiers produits au sein des entreprises

camerounaises. Ces faits graves justifient l’intérêt de questionner en interrogeant les acteurs du

processus de reddition des états financiers au sein des entreprises camerounaises.

Par ailleurs, comme l’indiquent Gibbins et al. (1990), un autre acteur est supposé jouer un rôle

important dans la communication des données financières : l’auditeur légal. Gibbins (2005) évoque

pour sa part l’existence d’une réelle négociation entre la direction et l’auditeur en matière de

communication financière tandis que Wallace (1992) tente de répondre à la question de : Qui au

terme de cette activité détient finalement le pouvoir ? « Whose Power Prevails in Disclosure

Practices ? » répondant alors en faveur de l’auditeur…

A l’issue de cette revue de littérature, et à ce moment de la recherche, seul le terrain peut désormais

venir éclairer nos interrogations.

2. Problématique et méthodologie de la recherche Nous avons fait le choix de centrer le travail sur le contenu informatif des états financiers produits

au sein des entreprises camerounaises. Il nous semble en effet que les choix managériaux en matière

de politique comptable, fondés sur l’opportunisme, structurent largement le processus de reddition

comptable dans les entreprises. Ceci est vrai aussi bien pour un pays en voie de développement

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comme le Cameroun que pour les pays avancés, pour peu qu’on s’intéresse aux différents scandales

financiers observés au sein des entreprises qui correspondent à l’objet de notre étude. Par ailleurs, si

nous avions décidé de travailler prioritairement sur la politique comptable des entreprises, le travail

d’observation à travers l’analyse documentaire suivie d’un questionnement auprès des différents

acteurs de la comptabilité, constitue l’approche appropriée pour la compréhension du contenu

informatif des états financiers produits au sein des entreprises camerounaises.

La problématique de notre recherche est donc la suivante : « L’information comptable produite au

sein des entreprises camerounaises est – t- elle fiable ? Bien plus, peut-on faire confiance aux états

financiers produits au Cameroun ?». Elle correspond à une approche fondamentalement descriptive

et exploratoire. Nous nous sommes intéressés aux entreprises formalisées de plus de 300 salariés.

Ces entreprises sont de trois catégories : les entreprises privées, filiales locales des multinationales

(50%), les entreprises parapubliques (37,5 %) et les entreprises publiques (12,5 %).

Dans une phase préalable de cadrage de l’étude, des échanges avec des professionnels de référence,

nous ont permis de mettre en évidence les principales questions et les enjeux de l’étude ainsi que de

cerner les traits essentiels de la réalité de la politique comptable des entreprises au Cameroun.

Ensuite une phase exploratoire a eu lieu, axée sur le contenu des états financiers sur la période

2003-20091. De ce fait, pour comprendre s’il y a eu des avancées, nous avons mené une enquête

basée sur des entretiens semi structurés qui se sont échelonnés de mars 2013 à septembre 2013,

avec une durée pour chaque entretien allant de 1 à 2 h. A l’instar de Gibbins et al. (1990) qui ont

interrogé 20 personnes issues d’entités différentes, nous avons interrogé 8 professionnels de la

comptabilité appartenant toutes ou presque à des organisations différentes (tableau 1).

Tableau 1 : Profils des répondants de l’étude

N° Noms et Prénoms Organisations Fonction

1

2

3

4

5

6

7

8

Monsieur W. R

Monsieur O. M.

Madame M. S. M. S

Monsieur A.E. F. E

Monsieur T.M.A.

Monsieur E. J. J.

Monsieur M. M. J.

Monsieur K. M.

SITRACEL SA

SIC

CAMPOST

CSPH

CAMRAIL

CNPS

KPMG

VISION CONSEIL,

CABINET COMPTABLE

Directeur comptable, financier et fiscal

Directeur financier et comptable

Chef de division de la comptabilité, des finances

et du contrôle de gestion

Chef de département des affaires financières et

comptables

Directeur administratif et financier

Directeur Adjoint des finances et du patrimoine

Auditeur senior

Directeur général

Ce choix a été motivé par les enjeux informationnels exacerbés auxquelles elles sont confrontées

(en particulier la présence au sein des SA d’un commissaire aux comptes, garant de la qualité de

l’information publiée), d’une part, et la suppression de l’obligation d’attestation de la comptabilité

des entreprises par les experts comptables par l’Etat du Cameroun2.

Pour enquêter sur le contenu informatif des états financiers au sein des entreprises camerounaises,

nous avons opté pour l’approche qualitative inspirée de la méthode de la théorie enracinée

développée par Glaser et Strauss (1967) en adoptant la méthode des cas. Nous décrivons ci-dessous

les cas ayant constitué notre échantillon.

Les cas étudiés dans la recherche présentent un certain nombre de traits en commun. Ils

appartiennent tous à une même population théorique. Il s’agit d’après notre système fiscal des

grandes entreprises, ayant opté pour statut juridique, société anonyme. Toutes ces entreprises sont

contrôlées par un conseil d’administration. Les huit cas de l’étude ont été sélectionnés sur la base

des critères suivants :

1 Il s’agit de base des grandes entreprises de l’Institut National de la Statistique (INS). Les états financiers de cette base

porte sur 7 ans (2003 – 2009). Jusqu’à ce jour, cette base n’est pas actualisée. 2 Il s’agit de l’article L4 du code général des impôts de 2009 dans la loi des finances 2010.

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- disponibilité des données sur la période de l’étude ;

- présence du phénomène de manipulation dans les comptes annuels de l’entreprise ;

- choix raisonné des cas du fait de la difficulté d’accès à l’information ;

- etc…

Le tableau 2 ci-dessous résume les principaux paramètres de l’échantillonnage retenu.

Tableau n° 2 : Paramètres de l’échantillonnage retenu

Sociétés Secteur d’activité Branche Régime spécial Siège

Cas n° 1 Industrie Ciment et métallurgie Parapublique Edéa

Cas n° 2 Industrie Ciment et métallurgie Parapublique Douala

Cas n° 3 Industrie Agro-industrie Privée Douala

Cas n° 4 Industrie Industrie alimentaire Privée Douala

Cas n° 5 Industrie Industrie alimentaire Privée Douala

Cas n° 6 Industrie Boissons et tabacs Privée Douala

Cas n° 7 Industrie Eau et énergie Publique Limbé

Cas n° 8 Services Transports Parapublique Douala

Source : Auteur

Le contenu de l’échantillon repose sur une grande diversité des individus tant en terme d’origine

géographique qu’en terme d’activité. L’échantillon retenu est en majorité constitué des entreprises

industrielles (90 %) de différentes branches d’activités. C’est un échantillon de convenance du fait

des difficultés d’accès à l’information et de la disponibilité des données fiables dans la base de

l’INS. Ces entreprises sont essentiellement localisées à Douala, capitale économique du Cameroun.

Le tableau n° 2 ci-dessous présente de façon synthétique les différents cas de l’étude :

Tableau n° 3 : Présentation synoptique des cas

Cas Capital social au

31.12.2009

Participation (%) Effectif

total

Chiffre

d’affaires HT

Année de

création Privée cam. Etat Etrangère

1 34 776 000 000 - 47.22 52.78 603 71 004 643 911 1952

2 5 600 000 000 2.00 43.07 54.93 530 92 686 294 802 1963

3 15 252 630 000 77.64 22.36 - 1 326 33 217 433 167 1968

4 650 000 000 - - 100 363 40 143 346 554 2001

5 4 626 000 000 58.00 - 42.00 554 28 781 859 276 1977

6 11 083 630 000 5.20 10 84.80 1 920 242 803 666 625 1948

7 23 000 000 000 - 82 18 597 471 247 305 079 1974

8 15 314 830 000 86.47 13.53 - 2 099 55 805 234 629 1973 Source : Base des données de l’INS Afin d’atteindre les objectifs de l’étude, la première étape conduira à une analyse descriptive des

données relatives aux différents cas pour déceler les différentes irrégularités contenues dans les

documents de synthèse annuels de l’entreprise. Pour une meilleure compréhension, l’approche

consistera à présenter sommairement les différents cas de l’étude (géographie du capital, montant

du capital, activité,…). Par la suite, une analyse groupée sera faite pour ressortir les différents

résultats de cette analyse descriptive. Les différents cas de l’étude seront présentés par branche

d’activité. Toutes ces entreprises sont de grande taille et ont plus de 10 ans d’existence. Il s’agit des

entreprises de la branche ciment et métallurgie (2), l’agro-industrie (2), l’industrie alimentaire (3) et

les services (1).

3. Résultats de recherche

Trois résultats principaux émergent de cette recherche :

- Les amortissements des immobilisations constituent un levier incontournable de gestion des

données au sein des sociétés anonymes au Cameroun.

- L’existence des montages financiers fictifs permettant aux dirigeants de procéder à une

« gestion des charges à maxima » par une hausse fulgurante des charges financières.

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- Le profil psychologique des acteurs de la comptabilité est un déterminant majeur du déficit

informationnel des états publiés au sein des entreprises au Cameroun.

3.1. La pratique des dotations fictives au cœur des choix managériaux de

l’entreprise

Les immobilisations sont des éléments qui servent à l’activité de l’entreprise de façon durable et ne

se consomment pas au premier usage. La mise en valeur de l’immobilisation corporelle a une

incidence sur l’actif économique de l’entreprise. L’entreprise doit de ce fait constater une

dépréciation en comptabilité. Cette dépréciation remplit quatre fonctions dans le processus de

renouvellement des immobilisations corporelles3(graphique n° 1).

Le cas n°1 présente une augmentation sensible des immobilisations corporelles sur la période de

2003 à 2008. Toutefois, entre 2008 et 2009, ces immobilisations subissent légèrement une

diminution de 4,3 %. Sur la même période, les dotations augmentent dans des fortes proportions

que les immobilisations corporelles. Un constat de dégage de ce lien : l’entreprise comptabilise les

dotations sans tenir compte de l’évolution des immobilisations corporelles. Ainsi, entre 2003 et

2004, les dotations augmentent de 17,5 % pendant que les immobilisations corporelles (base

amortissable) connaissent une légère hausse de 6,8 %. De même, entre 2004 et 2005, pour une

augmentation très négligeable des immobilisations corporelles (1 %), les dotations aux

amortissements font un bond spectaculaire avec une hausse de 34 %. Dans la même logique, les

dotations augmentent de 73 % entre 2006 et 2007 tandis que les immobilisations corporelles

connaissent une hausse de 3 %. Ainsi, au sein de l’entreprise, il existerait une politique

d’amortissement figée qui ne tient pas compte de l’évolution des immobilisations corporelles. Elle

constituerait donc des dotations fictives lui permettant de réduire la base d’imposition à l’impôt

par une augmentation systématique des charges. Les manipulations opérées ont des visées fiscales.

Il s’agit de donner aux états financiers de l’entreprise un contenu fiscal en vue d’une optimisation

de la charge fiscale annuelle de l’entreprise. Ce comportement trouve un écho du fait d’un système

déclaratif en vigueur au Cameroun.

Bien plus, entre 2007 et 2008, immobilisations corporelles et dotations aux amortissements

évoluent en sens inverse. Pour une augmentation des immobilisations corporelles de 3,7 %, les

dotations quant à elles subissent une baisse dans les mêmes proportions (3,8 %). La politique

d’amortissement constitue de ce fait un véritable levier de gestion du contenu informationnel des

états financiers annuels de l’entreprise. De même, une baisse des immobilisations corporelles de 4,3

%, les dotations fluctuent dans le même sens mais dans une forte proportion (13,2 %). Ces

pratiques managériales au sein de cette entreprise à capitaux étrangers (52,58 %) sont dictées par

la société mère afin d’opérer des transferts de richesses auprès des propriétaires. Il se dégage une

forte ampleur de manipulation de l’information comptable afin de donner à l’entreprise une

« image voulue » des comptes, du patrimoine et de la situation financière. Dans les cas n° 2 et 3, il

existe un gap très important entre les deux courbes qui n’évoluent pas généralement dans le même

sens. Dans les états financiers de ces entreprises, il apparaît un soupçon de manipulation de

l’information comptable. Dans ces deux entreprises, une diminution des immobilisations corporelles

entraine une forte hausse des dotations aux amortissements, ce qui semble un peu « tiré par les

cheveux ». A titre illustratif, dans le cas n°3, entre 2003 et 2004, pour une diminution des

immobilisations corporelles de 6 %, les dotations sont fortement en hausse de 37,38 %. A contrario,

pour une hausse des immobilisations corporelles de 5,22 % entre 2006 et 2007, les dotations sur la

même période subissent une forte baisse de 10,97 %. Plus édifiant encore, pour une hausse de 1,13

% des immobilisations corporelles entre 2007 et 2008, les dotations aux amortissements augmentent

presque 10 fois pour se situer à 10,01 %. De même, entre 2004 et 2005, une diminution des

immobilisations corporelles de 2,41 % entraine une baisse plus que proportionnelle des dotations

aux amortissements de 20,35 %. Les dirigeants de cette entreprise à capitaux camerounais (77,64

%) orienteraient l’information comptable produite afin de tendre vers l’objectif préalablement fixé.

3 Pour plus de détails, voir le Lexique de comptabilité de Lassèque et al. (2012, p. 24-26).

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1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle

8

Les chiffres publiés ne sont que le reflet d’une gestion tant à la hausse qu’à la baisse suivant les

objectifs visés par les dirigeants de l’entreprise.

Le cas n°4 ne s’écarte pas des mêmes pratiques managériales. Cette entreprise étrangère (100 %),

filiale d’une grande multinationale, met un accent sur la réalisation des bénéfices au profit de la

société mère. Ainsi, entre 2003 et 2004, pour des investissements nouveaux de 559 517 814 F cfa,

soit de 10 %, les dotations quant à elles sur la même période sont en hausse de 49,5 %, soit des

dotations nouvelles de 365 957 444 F cfa. Il s’agit d’une volonté manifeste d’augmentation des

charges sans tenir compte de l’évolution des immobilisations corporelles. Bien plus, pour une

augmentation des immobilisations corporelles de 16 794 723 F cfa, soit de 0,3 %, le montant des

dotations aux amortissements augmente de 333 272 901 F cfa, soit de 30,1 % entre 2004 et 2005. Il

se dégage donc une politique d’amortissement figée. Ainsi, entre 2006 et 2007, pour une hausse des

immobilisations corporelles de 8,4 %, les dotations subissent une baisse considérable de 44,4 %. Ce

qui ne saurait s’expliquer par la théorie comptable. Ces constats suscitent de nombreuses

controverses. Une augmentation des immobilisations corporelles ne saurait se traduire par une forte

baisse des dotations aux amortissements.

Le cas n°5 à l’opposé du cas n°4 est une entreprise détenue à 100 % par les investisseurs

camerounais. Cette entreprise met en avant d’autres formes de manipulations comptables. Ici, les

dotations aux amortissements augmentent dans les proportions moindres que les immobilisations

corporelles. Ainsi, entre 2003 et 2004, les dotations aux amortissements augmentent de 4,2 % tandis

que la base amortissable quant à elle augmente de 7,3 %. Il en est de même pour les périodes 2007

et 2008 où les immobilisations corporelles augmentent de 6,8 % tandis que les dotations aux

amortissements fluctuent de 4,9 %. A contrario, entre 2004 et 2006, une baisse des immobilisations

corporelles entraine une hausse des dotations aux amortissements sur la même période. Plus grave

encore, entre 2008 et 2009, une opération de désinvestissement à concurrence de 12,3 % se traduit

par une hausse des dotations aux amortissements de 20,3 %. Il s’agit là d’une utopie ! Ces dotations

aux amortissements seraient constituées à dessein, il s’agirait des dotations fictives permettant de

réaliser des économies fiscales. Toujours dans cette optique de dissimulation de l’information

comptable, les comptes annuels de l’entreprise de l’exercice 2007 enregistrent une forte hausse des

immobilisations corporelles (31 %) entrainant une baisse des dotations aux amortissements de 7 %

sur le même exercice. Cette pratique au sein de cette entreprise s’explique par une intention pour les

dirigeants d’avoir une forte influence sur le contenu informationnel des états financiers annuels de

l’entreprise.

Le cas n°6 est une entreprise brassicole à capitaux étrangers (84 %). Sa politique d’amortissement

est largement influencée par la société mère. Entre 2003 et 2004, les dotations sont en hausse de

16,7 % en dépit d’une réduction des immobilisations corporelles de 2 %. De même, entre 2004 et

2005, les immobilisations corporelles augmentent moins que les dotations aux amortissements avec

un écart très important de 12 %. Sur les deux années, les immobilisations corporelles augmentent de

6,2 % (passant de -1,6 % à 4,6 %) tandis que les dotations aux amortissements baissent de 0,1 %

(passant de 16,7 % à 16,6 %). Ces résultats sont en contradiction de la théorie comptable en matière

de politique d’amortissement. A l’inverse, entre 2006 et 2007, pour une hausse des immobilisations

corporelles de 5,2 %, les dotations aux amortissements subissent une baisse de 2 %. L’évolution des

dotations aux amortissements et les immobilisations corporelles est sensiblement anormale. Ainsi,

une augmentation des immobilisations corporelles de 12,5 % (passant de 26,4 % à 38,9 %) se

traduit par une réduction des dotations aux amortissements de 3,2 % (passant de 18 % à 14,8 %).

Ces résultats confirment une forte manipulation de l’information comptable au sein des entreprises

camerounaises.

Le cas n°7, entreprise publique (82 %) ne s’écarte pas de ces pratiques de manipulations

comptables. A titre illustratif, entre 2003 et 2004, pour une diminution des immobilisations

corporelles de 10 %, les dotations aux amortissements augmentent de 7 %. Toutefois, entre 2005 et

2006, les comptes annuels sont faiblement manipulés puisque immobilisations corporelles et les

dotations aux amortissements sont toutes en baisse. Elles évoluent donc dans le même sens comme

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1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle

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le prédit la théorie comptable. Malgré ce constat reluisant, les choix managériaux prônés au sein

cette entreprise confortent une idée de dissimulation comptable. De ce fait, entre 2006 et 2007, les

immobilisations corporelles sont en baisse de 8 %, sur la même période, les dotations aux

amortissements augmentent de 114,44 %, ce qui ne saurait trouver une explication scientifique. A

contrario, une hausse de 8 % des immobilisations corporelles entre 2007 et 2008 entraine une

diminution des dotations aux amortissements de 38,25 %. Enfin, entre 2008 et 2009, les

immobilisations corporelles augmentent de 16,60 %, ce qui se traduit par une hausse des dotations

aux amortissements de 25 %. Ces résultats relèvent des comportements atypiques dans le lien entre

dotations aux amortissements et immobilisations corporelles.

Enfin le cas n°8 met en exergue des résultats aussi controversés. Entre 2004 et 2008, une

diminution des immobilisations corporelles se traduit par une augmentation des dotations aux

amortissements. Cette entreprise pratiquerait des dotations fictives afin d’augmenter

substantiellement les charges de l’entreprise. Ce qui entraine des économies fiscales. A l’inverse,

entre 2008 et 2009, une augmentation des immobilisations corporelles de 3 % se traduit par une

baisse des dotations aux amortissements de 1 %.

De même, dans le rapport de la chambre des comptes (2014 p. 93), il ressort que : Les comptes de

résultat de la MAETUR indiquent des « dotations aux amortissements et provisions » de 5 764 688

679 FCFA et 5 152 506 896 FCFA en 2004 et 2005 respectivement. Ces montants qui constituent la

fraction annuelle de ces charges calculées sont nettement supérieurs aux montants figurant au bilan

qui eux sont le cumul des amortissements et provisions de plusieurs exercices. En effet, les

amortissements et provisions constitués sur les actifs sont de 4 406 117 825 FCFA en 2004 et de 3

839 555 955 FCFA en 2005.

En conclusion, la comptabilisation de ces charges calculées aux comptes de résultat n’est pas en

cohérence avec son enregistrement au bilan, ce qui jette un doute sur la fiabilité des états financiers

de la MAETUR pour les exercices 2004 et 2005.

Dans l’ensemble, les différents cas retenus pour l’analyse descriptive mettent en exergue différentes

formes de manipulations comptables au sein des entreprises camerounaises. Les enseignements à

tirer de cette analyse à visée descriptive sont les suivants :

L’existence des dotations fictives afin de réaliser des économies fiscales du fait d’une

augmentation systématique des charges ;

La fixité du montant des dotations aux amortissements est mise en place en dépit de

l’évolution conséquente des immobilisations corporelles. Des transferts comptables de

richesses sont opérés au profit de la société mère.

L’habillage des états financiers est pratiqué à dessein afin de donner aux comptes annuels

une « image voulue » de l’entreprise.

De ce fait, les manipulations sont présentes au sein des entreprises camerounaises quelle que soit la

géographie du capital. Il se dégage une forme de mimétisme au niveau des pratiques managériales

frauduleuses, que l’entreprise soit camerounaise (privée), publique ou étrangère dans le contexte

camerounais. Les amortissements constituent un levier de manipulation de l’information comptable,

voire un « matelas de liquidités », permettant aux dirigeants d’orienter le contenu informationnel

des états financiers annuels. En conclusion, il se dégage des graphiques quatre profils différents de

manipulation de l’information comptable au sein des entreprises camerounaises. Il s’agit :

Un comportement de maximisation « maximisateurs » (cas n° 3 ; 5 et 7) du fait d’une baisse

du montant des investissements entraînant par une gestion à la hausse des dotations aux

amortissements. Cette pratique s’illustre par une gestion des charges (expense manipulation)

afin de se soustraire au paiement normal de l’impôt.

Un comportement de minimisation « minimisateurs » (cas n° 1 et 2) : cette stratégie de

manipulation élaborée par le dirigeant vise à diminuer le montant des investissements afin

de constater un faible montant des dotations. Ce qui permet au dirigeant de conforter son

pouvoir en conférant aux comptes annuels une image voulue.

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1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle

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Un comportement de lissage « lisseurs » (cas n° 6 et 8) : ce profil s’illustre par une

inadéquation entre la politique d’amortissement et la politique d’investissement de

l’entreprise. Cette pratique s’explique par une fixité au niveau des dotations afin d’atteindre

un seuil.

Un comportement d’évitement « non conformistes » (cas n° 4) : cette entreprise étrangère

s’illustre par un nettoyage des comptes annuels afin de réaliser des bénéfices au profit de la

société mère. De ce fait, l’on assiste à une forte augmentation des dotations, ce qui conforte

une volonté manifeste des choix managériaux de gestion des charges de l’entreprise.

Ce constat peut s’expliquer par la perception de l’absence d’un cadre institutionnel strict et

rigoureux de contrôle et de régulation comptable au sein des entreprises camerounaises.

3.2. L’existence des montages financiers sophistiqués au sein des entreprises

camerounaises

Le financement de ses investissements nécessite des emprunts qui seront rémunérés à l’aide d’un

intérêt. Les dettes financières sont des ressources de financement fournies par des tiers contre

rémunération. Cette rémunération est assimilée à un intérêt ou une charge financière. Elle est versée

par l’emprunteur au prêteur. Afin d’atteindre l’objectif fixé, le dirigeant peut manipuler le contenu

des charges financières pour donner aux comptes annuels l’image souhaitée de l’entreprise. Un

constat se dégage à cet effet, il existerait un lien entre l’évolution des charges financières et les

dettes financières. Dans les différents cas de la première partie de cette étude à visée descriptive du

contenu informationnel des états financiers annuels, le graphique n°2 ci-dessous met en exergue ce

lien. L’allure de ces graphiques conforte à suffisance le déficit informationnel à savoir l’information

contenue dans les états financiers annuels ne reflète pas la réalité des comptes, du patrimoine et de

la situation financière de l’entreprise.

Dans le cas n°1, il y a une confusion nette entre les dettes financières et les charges financières.

Avant toute interprétation des résultats, il convient de rappeler que les charges financières

représentent le coût de l’endettement. Ce coût se situe au sein des banques camerounaises en

moyenne entre 10 % et 20 %. A titre d’exemple, en 2003 pour un montant des dettes financières de

549 333 209 F cfa, les charges financières s’élèvent à 2 799 600 436 F cfa, de façon triviale, le

montant des charges financières est supérieur à celui des dettes financières, ce qui ne saurait

s’expliquer du fait que l’intérêt n’est payé que par ce qu’il existe des dettes financières, soit un coût

de la dette de 509,64 %. En 2004, les charges financières s’élèvent à 3 021 705 861 F cfa pour un

montant des dettes financières de 1 182 272 801 F cfa, soit un coût de la dette de 255,58 %. En

poursuivant l’analyse, dans l’ensemble, les charges financières sont supérieures aux dettes

financières, le coût de la dette se situant en moyenne au-dessus de 100 %. Comment pourrait-on en

arriver là ? Cette entreprise à capitaux étrangers extrapolent ses charges afin d’opérer des transferts

de fonds auprès de la société mère. Ce gonflement des charges financières a pour conséquence

immédiate la minoration de la base imposable à l’impôt sur le résultat et le transfert de richesses

auprès des tiers. Ces états financiers ayant été approuvés par l’administration fiscale, il se pose un

problème du profil des agents du fisc d’une part, et d’autre part l’existence des dysfonctionnements

systémiques (corruption, favoritisme, népotisme…).

Pour une augmentation des dettes financières de 115,2 % entre 2003 et 2004, les charges financières

augmentent faiblement durant la même période pour se situer à 8 %. De même, entre 2004 et 2005,

pour une hausse des dettes financières de 82,6 %, les charges financières quant à elles diminuent de

de 6,5 %. Bien plus, entre 2006 et 2007, les charges financières fluctuent considérablement avec

une hausse de 133,2 % suite à une augmentation des dettes financières de 71,4 %. Tous ces faits

démontrent à suffisance que l’information contenue dans les états financiers des entreprises

camerounaises ne reflète pas l’image fidèle de l’entreprise.

Le cas n°2 suscite de tirer quelques enseignements à l’observation de l’évolution des charges

financières et des dettes financières. Pour l’exercice 2003, les charges financières supportées par

l’entreprise s’élèvent à 280 516 686 F cfa pour une dette financière de 1 772 450 701 F cfa, soit un

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1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle

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coût de la dette de 15,83 %. En 2005, le coût de la dette est estimé à 2,45 % pour un montant de la

dette financière de 2 276 931 290 F cfa, les charges financières quant à elles sont évaluées à

55 803 555 F cfa. Toujours dans la même entreprise, en 2008, le coût de la dette est estimé à 11,39

%. Au cours de cet exercice, la dette financière est évaluée à 18 700 725 983 F cfa avec des charges

financières de 2 129 811 800 F cfa. Bien plus, entre 2003 et 2004, les dettes financières augmentent

de 23,70 %, ce qui se traduit par une diminution des charges financières de 37,83 %. De même,

entre 2004 et 2005, pendant qu’on constate une forte baisse des charges financières de 68 %, le

montant des dettes financières connaît une légère hausse estimée à 4 %.

Plus paradoxal encore, entre 2005 et 2006, l’augmentation des dettes financières de presque 10 % se

traduit par une hausse astronomique et inexplicable du montant des charges financières de 385 %.

Dans la même perception des faits, entre 2008 et 2009, une augmentation des dettes financières de

0,65 % entraine une baisse des charges financières de 20 %. Ces résultats confortent l’idée selon

laquelle les choix managériaux sont faits au sein des entreprises à dessein. Les charges constituent

de ce fait des leviers de manipulations et de dissimulations comptables. L’objectif de cette

technique de gestion des résultats est la réalisation des économies fiscales et le bien-être du

dirigeant dans la mesure où il existerait des intéressements indexés sur les résultats de l’entreprise.

Ces poches de dissimulation permettent au dirigeant d’assurer le nettoyage des comptes et

l’habillage des états financiers afin présenter un « résultat voulu ».

Dans le cas n°3, l’évolution des charges financières et dettes financières semble normale. Sur toute

la période de l’étude, les dettes financières sont supérieures aux charges financières. En 2003, pour

un montant des dettes financières de 8 764 428 747 F cfa, les charges financières se situent à

1 535 982 311 F cfa, soit un coût de la dette de 17,525 %. En 2006, le coût de la dette fluctue à

19,77 % pour un montant des dettes financières de 10 710 781 704 F cfa, les charges financières

supportées par l’entreprise sont évaluées à 2 117 857 547 F cfa. Dans l’ensemble, les emprunts sont

rémunérés en moyenne au taux de 18 % sur la période. Ce taux ne semble pas trop s’éloigner de la

fourchette des taux pratiqués par les banques camerounaises.

Toutefois, l’évolution sur la période des dettes financières et charges financières suscite quelques

controverses. A titre illustratif, entre 2004 et 2005, la diminution des dettes financières de 17,44 %

se traduit tout de même par une hausse des charges financières de 1,16 %. De même, entre 2006 et

2007, les dettes financières fluctuent fortement en hausse de 83,70 %. Sur la même période, les

charges financières sont en baisse de 2,22 %. Notons à propos qu’une hausse des dettes financières

peut s’expliquer par une baisse du coût de la dette sans tout de même avoir un impact très

considérable avec un gap de plus 80 % entre les deux courbes. Ces faits observés laissent présager

une certaine manipulation des comptes de l’entreprise bien que marginale. Cette atténuation avec

des chiffres tout du moins acceptables se justifie à notre avis par la cotation en bourse de cette

entreprise à la Douala Stock Exchange. Ces observations sont à mettre à l’actif des contraintes

réglementaires conduisant à l’entrée en bourse d’une entreprise. Dans cette entreprise, le principal

enseignement à tirer est qu’on assiste à une gestion des résultats « calculée » voire « mesurée », ce

qui conduirait à un lissage des résultats qui se fait dans l’espace discrétionnaire des choix

managériaux de l’entreprise.

Le cas n°4 met en exergue d’autres techniques de manipulations des comptes. De 2003 à 2009, les

charges financières sont largement supérieures aux dettes financières. Cette entreprise détenue à

100 % par les investisseurs étrangers élabore des états financiers où les charges financières sont

supérieures aux dettes financières. Ainsi, en 2003, pour un montant des dettes financières de

168 843 314 F cfa, les charges financières supportées par l’entreprise au cours dudit exercice

s’élèvent à 1 272 170 816 F cfa, soit un coût de la dette de 753,46 %. En 2004, les charges

financières s’élèvent à 1 700 415 193 F cfa pour une dette financière de 615 228 216 F cfa, soit un

coût de la dette de 276,39 %. Dans la même logique, en 2005, les charges financières engagées par

l’entreprise sont évaluées à2 321 027 811 F cfa pour une dette financière de 840 451 937 F cfa, soit

un taux d’intérêt estimé à 276,16 %. De même, entre 2003 et 2004, les dettes financières

augmentent considérablement de 264,38 %, ce qui se traduit par une augmentation moins

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1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle

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importante des charges financières de 33,66 %. Par contre, entre 2007 et 2008, une augmentation

des dettes financières de 54,06 % entraine une diminution des charges financières de 49,23 %. Il en

est de même entre 2008 et 2009 où une baisse des dettes financières de 61,16 % se traduit par une

nette progression des charges financières de 16,10 %.

Le cas n°5 présente quelques particularités dans l’évolution des charges financières et dettes

financières. Notons tout d’abord que les résultats obtenus sont en contradiction de la théorie

économique. Cette théorie prédit une évolution en sens inverse entre dettes financières et charges

financières. Ainsi, toute augmentation des dettes financières devrait être la résultante d’une

anticipation à la baisse des taux d’intérêt. A titre d’exemple, entre 2003 et 2004, une très forte

augmentation des dettes financières de 191 % entraine tout aussi une augmentation des charges

financières de 55,3 %. De même, entre 2004 et 2005, la faible diminution des dettes financières de

4,5 % se traduit par une baisse des charges financières de 27,1 %. Bien plus, en 2003, les charges

financières engagées par l’entreprise sont évaluées à 526 447 433 F cfa pour une dette financière de

1 381 106 403 F cfa, soit un coût de la dette de 38,12 % . En 2004, ce coût est situé à 20,34 %

traduisant une anticipation à la baisse des taux d’intérêt. Pour cet exercice, les dettes financières

sont fortement en hausse pour se situer à 4 018 668 793 F cfa. Plus paradoxal, en 2009, le coût de la

dette est estimé à 60,38 %, car une dette financière de 1 505 815 324 F cfa, l’entreprise a supporté

une charge financière de 909 334 121 F cfa. Cette évolution des charges financières de cette

entreprise privée camerounaise n’obéit à aucune théorie économique avec des taux d’intérêt

anormaux.

Dans les cas n°6 et 8, les dettes financières sont largement supérieures aux charges financières.

Cette évolution peut sembler normale. Relevons toutefois que l’évolution des charges financières

d’un exercice à l’autre laisse transparaitre un comportement lissage des charges. Il s’agit là d’une

gestion des seuils. A titre illustratif, pour le cas n°6, en 2005, les charges financières s’élèvent à

1 616 579 227 F cfa pour des dettes financières évaluées à 49 515 877 204 F cfa, soit un coût de la

dette de 3,26 %. Dans la même logique, en 2009, pour une dette financière totale de 67 721 150 354

F cfa, les charges financières engagées s’élèvent à 1 500 343 508 F, soit un coût de la dette de 2,20

%. Ces taux d’intérêt très faibles ne sauraient s’expliquer dans un environnement où les taux

fluctuent entre 10 % et 20 %.

Le cas n°8 se situe dans la même fourchette de la pratique des taux bas. Ainsi, en 2004, les charges

financières s’élèvent à 2 415 074 953 F cfa pour une dette financière évaluée à 135 099 210 807 F

cfa, soit un coût de la dette estimé à 1,79 %. En 2007, le coût de la dette est de 1,76 %. Les dettes

financières de 123 520 452 062 F cfa sont rémunérées à 2 178 003 753 F cfa.

Cette pratique consistant à minorer les charges financières peut s’expliquer par une embellie d’une

situation très dégradée (cas n° 8) ou par des montages financiers fictifs (cas n° 6) afin de réduire

une partie des bénéfices devant revenir aux parties prenantes de l’entreprise. Il s’agit pour ces deux

entreprises d’une « gestion à minima ».

Dans le cas n°7, l’évolution des charges financières et dettes financières conforte les pratiques de

management mises en place dans les cas précédents. Ici, les charges financières sont très élevées, ce

qui constitue un poids très important dans la structure des charges de l’entreprise. Ainsi, entre 2003

et 2004, une augmentation des dettes financières de 87 % se traduit par une baisse des charges

financières de 26,37 %. De même, entre 2006 et 2007, une forte augmentation des dettes financières

de 118,12 % se traduit par une diminution très faible des charges financières de 4 %. Ce constat est

inexplicable. Bien plus, en 2005, pour une dette financière évaluée à 29 026 786 525 F cfa, les

charges financières engagées par l’entreprise se chiffrent à 20 782 312 500 F cfa, soit un coût de la

dette estimé à 71,60 %. En 2006, le coût de la dette dépasse 100 %. Les comptes annuels constatent

des charges financières de 12 439 695 742 F cfa pour une dette financière de 12 364 003 829 F cfa.

Il s’agit là des irrégularités qui confortent à suffisance une intention de la part des dirigeants à

orienter le contenu informationnel des états financiers. En 2009 par contre, pour une dette financière

de 47 613 187 547 F cfa, les charges financières sont évaluées à 10 213 368 954 F cfa, soit un coût

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1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle

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de la dette de 21,45 %. Cette disparité des taux au sein de cette entreprise publique ne saurait

trouver une explication par le seul fait des lois économiques.

L’observation de ce graphique laisse présager différents profils dans la gestion de l’information

comptable au sein des SA camerounaises. A cet effet, les différents comportements comptables

méritent d’être relevés :

Un comportement de lissage « lisseurs » (Cas n° 2 ; 3 ; 5 ; 6 ; 8) : Ce sont des entreprises

dont le montant des charges est en inadéquation avec l’évolution des dettes financières. Les

charges financières constatées dans le compte de résultat résultent donc des montages fictifs

permettant de conforter une gestion tantôt minimaliste ou maximaliste.

Un comportement d’évitement « les non-conformistes » (Cas n° 1 ; 4 ; 7) : Ces entreprises

laissent apparaître dans leurs états financiers un montant des charges financières supérieur

au principal de l’emprunt. Cette situation s’explique à notre avis par l’existence au sein de

l’entreprise des montages financiers fictifs permettant d’orienter l’information contenue

dans les états financiers de l’entreprise.

Pour conclure, l’évolution des charges financières et dettes financières au sein des entreprises

camerounaises laissent présager quelques enseignements :

L’existence des montages financiers fictifs permettant aux dirigeants de procéder à une

« gestion des charges à maxima » par une hausse fulgurante des charges financières. Par

cette pratique, l’on assiste à des taux d’intérêt autour de 100 %. Par ailleurs, d’autres

dirigeants procèdent à une « gestion à minima » avec des taux d’intérêt en dessous de 5 % ;

Ces pratiques tendent à une uniformisation, voire un mimétisme de la part des dirigeants.

La manipulation des comptes constituerait le socle des pratiques managériales au sein des

entreprises camerounaises ;

L’existence des dysfonctionnements systémiques (corruption, favoritisme, népotisme…) du

fait de l’approbation des comptes annuels où les charges financières seraient supérieures

aux dettes financières ;

Le problème du profil des auditeurs externes, bien plus, l’existence des contrats implicites

qui empêcheront les auditeurs légaux de travailler en toute indépendance.

3.3. Le profil psychologique des acteurs de la reddition des comptes : Un

déterminant majeur du déficit informationnel

A la question « Quels facteurs selon vous qui ont une incidence le contenu des états financiers

annuels ? », les répondants ont formulé de nombreuses réponses. Toutefois nous nous limiterons ici

à évoquer un facteur considéré comme particulièrement important par les répondants : le profil

psychologique acteurs de la comptabilité (directeur de la comptabilité et auditeur légal).

Les témoignages ci-dessous éclairent cet aspect :

- Les états financiers et les situations présentés, même s’ils sont produits relativement dans

les délais, les règles et les principes fondamentaux de comptabilisation et de confection, ne

sont pas pris en compte ; ce qui traduit leur manque de sincérité et ne reflète pas l’image de

la situation réelle ou exacte de la SODECOTON4. Il s’agit d’un témoignage sur la qualité de

l’audit financier. Ce constat conforte le manque de professionnalisme des auditeurs.

- Bien plus, il existe des contrats implicites entre le commissaire aux comptes et l’équipe

managériale. De ce fait, l’auditeur légal censé garantir la sincérité et l’image fidèle des états

financiers annuels se retrouve au cœur des manipulations comptables. Ce qui conforte le

déficit du contenu informationnel des états financiers de synthèse publiés au sein des

entreprises camerounaises : « La complicité des Commissaires aux Comptes dans les

dérapages constatés dans la SODECOTON est caractérisée par le manque de

professionnalisme, la légèreté dans la certification des comptes et situations, les conflits ou

collusion » (p. 70).

4 Rapport de la Commission Nationale Anti-Corruption (CONAC) de 2013, p. 78.

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1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle

14

- Dans ce rapport de la CONAC (2013), le profil des auditeurs apparaît comme des acteurs de

la gestion des données comptables. Ainsi, les auditeurs financiers participent activement

dans la confection des états financiers de synthèse de l’entreprise : « Les Commissaires aux

Comptes de la SODECOTON : Cabinet ECA et le Cameroun Audit Conseil (CAC)

perçoivent systématiquement à tous les conseils d’administration et Assemblées Générales

des actionnaires, les jetons de présence à hauteur de 1 000 000 (un million) de FCFA par

session et par cabinet en sus des honoraires statutaires facturés à la SODECOTON ; ce qui

constitue une double emploi et une violation des textes » (p. 80).

- De même, les acteurs privilégiés de la confection des états financiers de synthèse évoquent

un déficit informationnel au sein des entreprises camerounaises du fait de l’implication des

auditeurs. A cet effet, un directeur de la comptabilité d’une société spécialisée dans

l’immobilier déclare lors de nos entretiens : « L’information contenue dans les états

financiers annuels ne reflète pas le volume des activités de l’entreprise. Il y a trop de

manipulations. L’année passée (fin de l’exercice 2012), j’ai établi les états financiers en

respectant les règles et principes comptables prônés par le système comptable OHADA, il se

dégageait une perte sèche de presque 3 milliards. Une fois les états présentés au Directeur

général, il m’a demandé de me rapprocher du commissaire aux comptes, ce dernier m’a

demandé d’ajuster les reprises de provisions afin de ramener cette perte à un niveau

acceptable. Donc l’on ne peut pas s’appuyer sur cette information pour prendre une

décision ». Il s’agit là d’un aveu de manipulation comptable qui conforte le déficit

informationnel des états financiers publiés au sein des entreprises camerounaises.

Enfin, il émerge de nos résultats de terrain une typologie de profils psychologiques de directeurs de

la comptabilité et auditeurs dont nous précisons dès maintenant son caractère exploratoire et donc

inachevé.

Il ressort de l’entretien avec le Directeur des Finances et de la Comptabilité (DFC) de la Société

Immobilière du Cameroun (SIC) que l’information comptable est manipulée avec la complicité des

commissaires aux comptes et n’est produite que pour un conformisme institutionnel et

réglementaire : Avant, c’est le commissaire aux comptes qui établissaient les états financiers.

L’information comptable n’est pas un outil d’aide à la prise de décision à la SIC. Elle est une

formalité pour la gestion… De ce fait le rapport de la chambre des comptes (p. 77) relève le

paiement indu des primes de bilan par la SIC aux commissaires aux comptes. Il s’agit : des bons de

caisses n°s 50490 du 14 février 2005 et 60545 du 28 décembre 2005, les sommes de 1 000 000

FCFA et 750 000 FCFA ont été payées à certains membres des cabinets Eura Audit et CB MESSI

au titre de prime de bilan 2001/2002 et de « prime d’encouragement dans le cadre des travaux du

bilan 2004 ».

S’agissant de leur rémunération, l’article 723 de l’Acte uniforme OHADA dispose que : « Les

honoraires des commissaires aux comptes sont à la charge de la société. Le montant des honoraires

est fixé globalement, quel que soit le nombre des commissaires qui se répartissent entre eux ces

honoraires ».

La Chambre des Comptes observe que la contrepartie des prestations des commissaires aux

comptes étant fixée dans le cadre de leur mission de vérification et de certification des comptes de

la SIC, tout autre paiement effectué en dehors de ce cadre contractuel est irrégulier. En

conséquence, le paiement de la somme de 1 750 000 F CFA à ces deux cabinets est indû.

En d’autres termes, il ne s’agit pas de minimiser le pouvoir conditionnant du résultat cible sur les

options comptables des acteurs de la reddition comptable mais d’en relativiser la portée : Le profil

psychologique du directeur comptable et de l’auditeur constitue un facteur explicatif puissant de

l’option comptable choisie afin de conforter le déficit informationnel.

4. Discussion des résultats

Les résultats de la présente recherche légitime la pertinence du cadre conceptuel élaboré pour

questionner le contenu informationnel des états financiers produits au Cameroun. Dans l’analyse

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1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle

15

des états financiers, la gestion des charges, l’existence des montages financiers fictifs et profil des

acteurs expliquent la crise de confiance en l’information produite au sein des entreprises

camerounaises. Dans la phase de production de l’information comptable, les pratiques frauduleuses

des acteurs visent à modifier les comptes, essentiellement dans un souci d’amélioration, mais

parfois dans le but de « détérioration » (Stolowy, 2000). Il ne s’agit donc pas de donner

systématiquement la représentation comptable la plus favorable possible des performances et de la

situation financière de l’entreprise mais d’agir aussi sur le niveau de résultat, à la hausse ou la

baisse, ou la présentation des états financiers, dans un sens favorable ou défavorable (Stolow,

2000). La politique comptable au sein des choix managériaux de l’entreprise est de ce fait orientée

vers l’optimisation. Il s’agit pour Colasse (1992), des pratiques imaginées pour donner des comptes

d’une entreprise l’image la plus flatteuse possible, confortant la crise de confiance en l’information

comptable de l’entreprise.

L’information comptable produite est de ce fait manipulée à des fins opportunistes. Les entreprises

dans ce contexte adoptent le « principe de quatre bilans »5 où chaque bilan satisfait à un objectif.

Cette pratique frauduleuse va à l’encontre du principe d’unicité des états financiers destinés aux

différentes parties prenantes de l’entreprise. En conséquence, ces choix managériaux en matière de

politique comptable instaurent une crise de confiance en l’information produite et certifiée par

l’auditeur légal, garant de la sincérité et l’image fidèle des comptes annuels de l’entreprise. Force

est de constater que ces irrégularités instaurent en l’investisseur potentiel une crise de confiance aux

états produits et publiés au sein des entreprises camerounaises

L’analyse des choix managériaux axés sur la gestion des dotations aux amortissements confortant

la manipulation comptable résulte de la révision du plan d’amortissement en augmentant (ou en

réduisant) la durée résiduelle d’amortissement. Cette pratique permet pour l’entreprise une

réduction (augmentation) des dotations futures sur une plus longue (courte période). De ce fait,

Shabou et Boulila Taktak (2002) dans leur étude expliquent le recours à ces techniques

sophistiquées est plus perceptible au sein des entreprises contrôlées par des actionnaires

institutionnels que des entreprises contrôlées par des actionnaires individuels en Tunisie. Ainsi,

force est constater que la géographie du capital détermine la gestion de l’information comptable du

fait de la faiblesse des mécanismes de contrôle.

S’agissant de l’existence des montages financiers fictifs, notre étude a montré qu’il s’agit d’un

désendettement de fait (in substance defeasance – annulation économique). Concrètement, ces

nouveaux montages juridico-financiers traduisent une comptabilité imaginative. Dans cette logique,

Bathès de Ruther et Gélard (1992) estiment que l’imagination de l’ingénierie financière moderne

crée sans cesse des nouveaux produits ou montages qui sont proposés aux dirigeants de groupes.

Parfois, ils ont pour objectif de contourner des règles comptables jugées pénalisantes en regard

principalement du résultat, des capitaux ou de l’endettement.

Ce résultat s’explique par la nécessité de respecter certains indicateurs (ratios d’endettement). Bien

plus Breton et Schatt (2003) avancent même l’idée que les dirigeants manipulent l’information

comptable afin de transférer de la richesse de certaines parties prenantes vers les actionnaires. Un

autre élément à souligner est le profil psychologique des acteurs de la reddition comptable. Parmi

ces acteurs, l’auditeur légal est cœur des manipulations comptables au sein des entreprises

5 Ce principe de « quatre bilans » reflète l’état d’esprit des acteurs dans le processus de production de l’information

comptable. Ce jet d’états financiers se décline ainsi :

- Un bilan pour le « conseil d’administration » afin de rassurer les administrateurs sur la bonne gestion de

l’entreprise. Ces derniers en retour délivreront un quitus de bonne gestion ;

- Un bilan pour « l’Etat » avec pour objectif de minimiser des transferts au profit de l’administration fiscale ;

- Un bilan pour les « créanciers » afin de garantir le service de l’emprunt en minimisant le risque d’insolvabilité ;

Un bilan pour le « dirigeant » qui traduit la situation réelle et exacte « image fidèle » de l’entreprise. Ce dernier

constitue le véritable outil de pilotage de l’entreprise et permet au dirigeant d’apprécier l’ampleur des

manipulations comptables opérées pour traduire « l’image souhaitée » des comptes annuels. Ce bilan est

généralement confidentiel.

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1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle

16

camerounaises (Rapport de la chambre des comptes, 2014). Si l’auditeur, quant à lui, entretient un

doute quant à la capacité de l’entreprise à poursuivre son activité et si les comptes de l’entreprise ne

traduisent pas fidèlement la situation de l’entreprise, il incite les dirigeants à les modifier afin qu’ils

n’induisent pas en erreur leurs destinataires. Dès lors que les dirigeants n’acceptent pas de modifier

les comptes, l’auditeur doit les certifier avec réserve ou refuser de les certifier.

De ce fait, l’auditeur peut cependant adopter un comportement opportuniste. Selon Bertin, Jaussaud

et Kanie (2002), l’opportunisme de l’auditeur repose sur l’intensité plus ou moins grande du travail

fourni et sur son degré d’indépendance vis-à-vis de son client.

L’affaire Enron, impliquant le cabinet Arthur Andersen, tendrait à créditer l’idée selon laquelle

l’auditeur légal peut se dérober de sa mission en adoptant un comportement opportuniste

préjudiciable aux intérêts de son mandant (actionnaires/propriétaires), par exemple en ne révélant

pas les irrégularités détectées, ceci par crainte de perdre son mandat ou de ne plus pouvoir réaliser

des activités de conseil au sein de la société dans laquelle le cabinet détient un mandat légal.

Les constats effectués lors de cette étude permettent de conforter la crise de confiance en

l’information comptable produite au sein des entreprises Cameroun.

5. Implications

L’objet de cette recherche était d’améliorer notre compréhension de la problématique du déficit

informationnel des états financiers annuels au sein des entreprises camerounaises. Pour ce faire, une

approche qualitative a été menée à partir de 8 cas opérant au Cameroun.

Au terme de cette étude, nous constatons la gestion des dotations aux amortissements et l’existence

des montages financiers fictifs constituent des leviers incontournables des manipulations

comptables observées au sein des entreprises au Cameroun. Ces choix managériaux sont encadrés

par l’audit légal, garant de la sincérité des comptes annuels, qui se caractérise par un comportement

défiant. Ce comportement par son immixtion dans la gestion quotidienne de l’entreprise s’explique

par l’existence des contrats implicites entre l’auditeur et le dirigeant. De ce fait, la production de

l’information comptable fiable et sincère nécessite la mise en place des institutions fonctionnelles et

coercitives d’encadrement des acteurs de la comptabilité. Ces actions permettront à la comptabilité

de cesser d’être assimilée comme une arme de crime au service des choix managériaux mais plutôt

un langage commun permettant de se comprendre en projetant une image réelle, exacte et adéquate

de la situation patrimoniale et financière de l’entreprise. Certes, la comptabilité est un langage

commun mais ne permet pas de se comprendre, ce qui justifie la mise en place d’un cadre

harmonisé permettant de s’entendre et de se comprendre à partir de l’information contenue dans les

états financiers de synthèse.

Comme toute recherche, celle-ci souffre de certaines limites qu’il convient de soulever.

L’une des principales limites réside du fait que la recherche privilégie une dimension longitudinale

et ne tient donc pas compte du caractère évolutif du processus de reddition comptable. Cette limite

s’explique par les difficultés d’accès aux états financiers, l’institut national des statiques constitue

de fait la source privilégiée6. De plus, l’échantillon composé des entreprises publiques,

parapubliques et privées qui limitent ainsi la validité externe de nos conclusions du fait qu’ils s’agit

des entreprises ayant des styles management différents. Toutefois, cette dernière limite a été

atténuée par le caractère exploratoire de ce travail. Le présent travail constitue en fait le prélude à

une étude comparative entre entreprises publiques et privées, qui permettra d’identifier les

entreprises les plus exposées au déficit informationnel.

6 Il s’agit des données de la base des grandes entreprises issues du recensement général des entreprises (RGE, 2009).

Toutefois, l’appel à candidature a été lancé le 20 août 2016 par l’INS pour le recrutement du personnel devant assurer le

deuxième recensement général des entreprises (RGE 2).

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1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle

17

De ce fait, l’efficacité dans la compréhension et la détection des différentes formes de

manipulations au sein de l’entreprise sera renforcée. Les recommandations suivantes sont suggérées

afin d’améliorer la qualité de l’information comptable au sein des entreprises camerounaises :

L’Etat pourrait aussi assainir le marché de l’audit légal par l’instauration d’une organisation

des commissaires aux comptes sous l’encadrement de l’ONECCA en s’inspirant des pays

comme la France où il existe le CNCC.

En s’inspirant des dispositifs développés dans le cadre des pays de l’Afrique de l’Ouest comme

le Sénégal, la Côte d’Ivoire où le CNC a été mis en place pour renforcer et crédibiliser la

qualité de l’information comptable, il s’avère urgent de mettre sur pied un Conseil National des

Pratiques Comptables (CNPC). Ce conseil aura pour mission de réguler par un audit des

opérations courantes permettant de déceler des irrégularités comptables observées dans la

tenue de la comptabilité au sein des entreprises.

La création de la Centrale des Etats Financiers (CEF) pour le renforcement des mesures de

sécurité. Cette structure devra lutter contre le « principe de quatre bilans » orchestré au sein

des entreprises camerounaises. A cet effet, les entreprises seront contraintes à déposer leurs

états financiers auprès de cette centrale, et après examen, se chargera de les transmettre aux

différents utilisateurs de la comptabilité (INS, Administration fiscale, membres du conseil

d’administration, banquiers, investisseurs potentiels).

L’instauration des missions de contrôle ponctuelles au sein des entreprises sur la tenue de la

comptabilité qui permettront le renforcement de la qualité de l’information produite et publiée.

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Graphique n° 1 : Evolution dotations aux amortissements et immobilisations corporelles

Cas n° 1 : CIM – 1 Cas n° 2 : CIM – 2

Cas n° 3 : INA – 1 Cas n° 4 : INA – 2

Cas n° 5 : INA – 3 Cas n° 6 : Boissons et Tabacs

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1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle

20

Cas n° 7 : Eau et Energie Cas n° 8 : Transports

Immobilisations corporelles Dotations aux amortissements

Graphique n° 2 : Evolution des charges financières et dettes financières Cas n° 1 : CIM – 1 Cas n° 2 : CIM – 2

Cas n° 3 : INA – 1 Cas n° 4 : INA – 2

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1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle

21

Cas n° 5 : INA – 3 Cas n° 6 : Boissons et Tabacs

Cas n° 7 : Eau et Energie Cas n° 8 : Transports

Dettes financières Charges financières

Annexe 1 : Les données de l’étude issues de la base de l’INS

CAS n° 1 : CIM - 1

Tableau n° 1.1. : Evolution des dotations aux amortissements et immobilisations corporelles brutes

Exercice Immobilisations

corporelles Variation IC Evolution

Dotations aux

amortissements

Variation

Dotations Evolution

2 003 22 200 941 640 1 514 137 847 0,068 4 572 658 497 799 148 489 0,175

2 004 23 715 079 487 233 553 661 0,009 5 371 806 986 1 814 295 152 0,338

2 005 23 948 633 148 9 320 187 458 0,389 7 186 102 138 814 706 985 0,113

2 006 33 268 820 606 820 900 698 0,025 8 000 809 123 5 843 824 825 0,730

2 007 34 089 721 304 1 264 730 979 0,037 13 844 633 948 -522 618 984 -0,038

2 008 35 354 452 283 -1 535 601 691 -0,043 13 322 014 964 -1 758 951 627 -0,132

2 009 33 818 850 592 11 563 063 337

Tableau n° 1.2. : Evolution des charges financières et dettes financières

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1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle

22

Exercice Dettes financières Variation des DF Evolution Charges financières Variation des CF Taux

2 003 549 333 209 632 939 592 1,152 2 799 600 436 222 105 425 0,079

2 004 1 182 272 801 977 700 000 0,826 3 021 705 861 -198 401 778 -0,065

2 005 2 159 972 801 2 139 633 480 0,990 2 823 304 083 515 950 019 0,183

2 006 4 299 606 281 3 071 838 424 0,714 3 339 254 102 4 449 170 515 1,332

2 007 7 371 444 705 2 784 832 260 0,378 7 788 424 617 2 305 157 950 0,296

2 008 10 156 276 965 -2 754 827 483 -0,271 10 093 582 567 -3 103 374 299 -0,307

2 009 7 401 449 482 6 990 208 268

CAS n° 2 : CIM-2

Tableau n° 2.1. : Evolution des dotations aux amortissements et immobilisations corporelles brutes

Exercice Immobilisations

corporelles Variation IC Evolution

Dotations aux

amortissements

Variation

Dotations Evolution

2 003 10 582 537 507 -682 402 746 -0,006 1 654 131 094 447 759 655 0,271

2 004 9 900 134 761 1 216 055 815 0,123 2 101 890 749 -245 266 007 -0,117

2 005 11 116 190 576 402 069 499 0,018 1 856 624 742 224 153 257 0,121

2 006 11 518 260 075 10 533 994 238 0,948 2 080 777 999 -75 124 641 -0,036

2 007 22 052 254 313 17 935 675 919 0,813 2 005 653 358 1 070 567 889 0,534

2 008 39 987 930 232 4 395 666 595 0,110 3 076 221 247 173 350 837 0,056

2 009 44 383 596 827 3 249 572 084

Tableau n° 2.2. : Evolution des charges financières et dettes financières

Exercice Dettes financières Variation des DF Evolution Charges

financières

Variation des CF Taux

2 003 1 772 450 701 420 005 008 0,2370 280 516 686 -106 119 051 -0,3783

2 004 2 192 455 709 84 475 581 0,0385 174 397 635 -118 594 080 -0,6800

2 005 2 276 931 290 220 000 000 0,0966 55 803 555 214 781 254 3,8489

2 006 2 496 931 290 220 000 000 0,0881 270 584 809 331 555 506 1,2253

2 007 2 716 931 290 15 983 794 693 5,8830 602 140 315 1 527 671 485 2,5371

2 008 18 700 725 983 121 861 551 0,0065 2 129 811 800 -425 321 967 -0,1997

2 009 18 822 587 534 1 704 489 833

CAS n° 3 : INA - 1

Tableau n° 3.1. : Evolution des dotations aux amortissements et immobilisations corporelles brutes

Exercice Immobilisations

corporelles Variation IC Evolution

Dotations aux

amortissements Variation Dotations Evolution

2 003 20 105 898 275 -1 178 056 463 -0,0586 2 767 460 021 1 034 531 501 0,3738

2 004 18 927 841 812 -456 229 475 -0,0241 3 801 991 522 -780 523 536 -0,2053

2 005 18 471 612 337 1 652 826 423 0,0895 3 021 467 986 593 548 423 0,1964

2 006 20 124 438 760 1 050 211 606 0,0522 3 615 016 409 -396 717 818 -0,1097

2 007 21 174 650 366 240 144 983 0,0113 3 218 298 591 322 274 538 0,1001

2 008 21 414 795 349 2 350 422 810 0,1098 3 540 573 129 447 935 989 0,1265

2 009 23 765 218 159 3 988 509 118

Tableau n° 3.2. : Evolution des charges financières et dettes financières

Exercice Dettes financières Variation des DF Evolution Charges

financières

Variation des

CF

Evolution

2 003 8 764 428 747 3 797 872 028 0,4333 1 535 982 311 331 144 567 0,2156

2 004 12 562 300 775 -2 190 405 649 -0,1744 1 867 126 878 21 709 482 0,0116

2 005 10 371 895 126 338 886 578 0,0327 1 888 836 360 229 021 187 0,1212

2 006 10 710 781 704 8 965 439 052 0,8370 2 117 857 547 -47 077 839 -0,0222

2 007 19 676 220 756 -3 315 787 547 -0,1685 2 070 779 708 -191 012 560 -0,0922

2 008 16 360 433 209 -6 573 029 058 -0,4018 1 879 767 148 -567 862 281 -0,3021

2 009 9 787 404 151 1 311 904 867

CAS n° 4 : INA – 2

Tableau n° 4.1. : Evolution des dotations aux amortissements et immobilisations corporelles brutes

Exercice Immobilisations

corporelles Variation IC Evolution

Dotations aux

amortissements

Variation

Dotations Evolution

2 003 5 625 804 276 559 517 814 0,099 739 192 247 365 957 444 0,495

2 004 6 185 322 090 16 794 723 0,003 1 105 149 691 333 272 901 0,302

2 005 6 202 116 813 -302 985 577 -0,049 1 438 422 592 340 449 133 0,237

2 006 5 899 131 236 496 636 593 0,084 1 778 871 725 -789 988 483 0,444

2 007 6 395 767 829 401 426 122 0,063 988 883 242 575 649 856 0,582

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1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle

23

2 008 6 797 193 951 -25 704 031 -0,038 1 564 533 098 -682 071 390 -0,436

2 009 6 771 489 920 882 461 708

Tableau n° 4.2. : Evolution des charges financières et dettes financières

Exercice Dettes

financières

Variation des DF Evolution Charges

financières

Variation des

CF

Taux

2 003 168 843 314 446 384 902 2,6438 1 272 170 816 428 244 377 0,3366

2 004 615 228 216 225 223 721 0,3661 1 700 415 193 620 612 618 0,3650

2 005 840 451 937 122 534 729 0,1458 2 321 027 811 -220 765 567 -0,0095

2 006 962 986 666 -439 718 932 -0,4566 2 100 262 244 -1 034 021 927 -0,4923

2 007 523 267 734 282 901 498 0,5406 1 066 240 317 -451 452 867 -0,4234

2 008 806 169 232 -493 056 955 -0,6116 614 787 450 98 994 592 0,1610

2 009 313 112 277 713 782 042

CAS n° 5 : INA - 3

Tableau n° 5.1. : Evolution des dotations aux amortissements et immobilisations corporelles brutes

Exercice Immobilisations

corporelles Variation IC Evolution

Dotations aux

amortissements

Variation

Dotations Evolution

2 003 8 632 999 216 631 399 044 0,073 1 115 498 690 46 351 819 0,042

2 004 9 264 398 260 -727 890 101 -0,079 1 161 850 509 112 182 047 0,097

2 005 8 536 508 159 -727 240 622 -0,085 1 274 032 556 133 309 859 0,105

2 006 7 809 267 537 2 388 255 042 0,306 1 407 342 415 -97 333 771 -0,069

2 007 10 197 522 579 693 839 902 0,068 1 310 008 644 64 058 875 0,049

2 008 10 891 362 481 -1 342 202 502 -0,123 1 374 067 519 279 483 639 0,203

2 009 9 549 159 979 1 653 551 158

Tableau n° 5.2. : Evolution des charges financières et dettes financières

Exercice Dettes

financières

Variation des DF Evolution Charges

financières

Variation des

CF

Taux

2 003 1 381 106 403 2 637 562 390 1,910 526 447 433 291 329 309 0,553

2 004 4 018 668 793 -180 228 307 -0,045 817 776 742 -221 900 358 -0,271

2 005 3 838 440 486 -865 621 256 -0,226 595 876 384 -110 543 543 -0,186

2 006 2 972 819 230 -1 922 521 494 -0,647 485 332 841 -66 611 120 -0,137

2 007 1 050 297 736 1 147 935 397 1,093 418 721 721 305 035 535 0,728

2 008 2 198 233 133 -692 417 809 -0,315 723 757 256 185 576 865 0,256

2 009 1 505 815 324 909 334 121

CAS n° 6 : Boissons et Tabacs

Tableau n° 6.1. : Evolution des dotations aux amortissements et immobilisations corporelles brutes

Exercice Immobilisations

corporelles Variation IC Evolution

Dotations aux

amortissements

Variation

Dotations Evolution

2 003 35 519 110 490 -562 708 922 -0,016 9 548 647 469 1 593 033 811 0,167

2 004 34 956 401 568 1 599 659 417 0,046 11 141 681 280 1 851 128 881 0,166

2 005 36 556 060 985 -3 191 140 866 -0,087 12 992 810 161 -3 699 296 484 -0,285

2 006 33 364 920 119 1 740 581 397 0,052 9 293 513 677 -154 885 562 -0,017

2 007 35 105 501 516 9 259 295 834 0,264 9 138 628 115 1 645 778 362 0,180

2 008 44 364 797 350 17 243 794 296 0,389 10 784 406 477 1 593 251 327 0,148

2 009 61 608 591 646 12 377 657 804

Tableau n° 6.2. : Evolution des charges financières et dettes financières

Exercice Dettes financières Variation des DF Evolution Charges

financières

Variation des CF Evolution

2 003 39 020 808 483 4 112 144 681 0,105 945 136 500 -90 343 242 -0,096

2 004 43 132 953 164 6 382 924 040 0,148 854 793 258 761 785 969 0,891

2 005 49 515 877 204 -1 433 340 362 -0,029 1 616 579 227 -973 274 874 0,602

2 006 48 082 536 842 151 176 070 0,003 643 304 353 -392 100 307 -0,610

2 007 48 233 712 912 983 250 626 0,020 251 204 046 201 726 550 0,803

2 008 49 216 963 538 18 504 186 816 0,376 452 930 596 1 047 412 912 2,313

2 009 67 721 150 354 1 500 343 508

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1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle

24

CAS n° 7 : Eau et Energie

Tableau n° 7.1. : Evolution des dotations aux amortissements et immobilisations corporelles brutes

Exercice Immobilisations

corporelles Variation IC Evolution

Dotations aux

amortissements

Variation

Dotations Evolution

2 003 54 167 156 155 -5 640 814 404 -0,1004 12 195 613 610 856 465 485 0,0702

2 004 48 526 341 751 -5 890 588 154 -0,1214 13 052 079 095 -1 770 322 757 -0,1356

2 005 42 635 753 597 -6 656 513 172 -0,1561 11 281 756 338 -3 074 151 369 -0,2725

2 006 35 979 240 425 -2 824 628 520 -0,0785 8 207 604 969 9 228 245 790 1,1244

2 007 33 154 611 905 25 864 199 922 0,0780 17 435 850 759 -6 669 647 491 -0,3825

2 008 59 018 811 827 9 798 015 689 0,1660 10 766 203 268 2 644 753 759 0,2457

2 009 68 816 827 516 13 410 957 027

Tableau n° 7.2. : Evolution des charges financières et dettes financières

Exercice Dettes financières Variation des DF Evolution Charges

financières

Variation des

CF

Taux

2 003 19 700 101 377 17 155 823 905 0,8708 15 720 280 398 -4 146 142 265 -0,2637

2 004 36 855 925 282 -7 829 138 757 -0,2124 11 574 138 133 9 208 174 367 0,7956

2 005 29 026 786 525 -16 662 782 696 -0,5740 20 782 312 500 -8 342 616 758 -0,4014

2 006 12 364 003 829 14 604 329 870 1,1812 12 439 695 742 -498 356 640 -0,0401

2 007 26 968 333 699 20 767 749 558 0,7701 11 941 339 102 8 354 596 071 0,7147

2 008 47 736 083 257 -122 895 710 -0,0026 20 295 935 173 -10 082 566 219 -0,4968

2 009 47 613 187 547 10 213 368 954

CAS n° 8 : Transports

Tableau n° 8.1. : Evolution des dotations aux amortissements et immobilisations corporelles brutes

Exercice Immobilisations

corporelles Variation IC Evolution

Dotations aux

amortissements Variation Dotations Evolution

2 003 146 520 068 312 6 642 758 539 0,0453 6 822 157 154 145 909 287 0,0214

2 004 153 162 826 851 -2 101 796 912 -0,0137 6 968 066 441 200 301 589 0,0287

2 005 151 061 029 939 -3 636 919 774 -0,0241 7 168 368 030 423 754 863 0,0591

2 006 147 424 110 165 -879 484 256 -0,0060 7 592 122 893 545 324 568 0,0718

2 007 146 544 625 909 -1 970 767 066 -0,0134 8 137 447 461 912 228 819 0,1121

2 008 144 573 858 843 4 221 518 423 0,0292 9 049 676 280 -93 054 527 -0,0103

2 009 148 795 377 266 8 956 621 753

Tableau n° 8.2. : Evolution des charges financières et dettes financières

Exercice Dettes financières Variation des

DF

Evolution Charges

financières

Variation des CF Taux

2 003 131 159 368 273 3 939 842 534 0,0300 2 091 126 329 323 948 624 0,1549

2 004 135 099 210 807 -5 520 470 498 -0,0409 2 415 074 953 107 013 841 0,0443

2 005 129 578 740 309 -1 369 633 026 -0,0106 2 522 088 794 -318 182 759 -0,1262

2 006 128 209 107 283 -4 688 655 221 -0,0366 2 203 906 035 -25 902 282 -0,0118

2 007 123 520 452 062 -4 967 379 008 -0,0402 2 178 003 753 -100 854 917 -0,0463

2 008 118 553 073 054 -7 433 447 927 -0,0627 2 077 148 836 1 548 408 324 0,7454

2 009 111 119 625 127 3 625 557 160