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STRATEGIES POUR LA METROPOLE NOCTURNE VERS UNE ISOTROPIE DU TERRITOIRE L’équipe AUC affirme : « Un diner en ville, la friction de la masse dans les transports en commun, la rencontre fortuite d’une étrangeté dans le diffus, une réunion autour d’une table de travail dans un office-hotel, le branchement des flux mondiaux sur les opérateurs invisibles de la métropole parqués dans les compartiments de services, les travailleurs sans papiers côtoyant les décideurs sans frontières dans un restaurant, au-dessus une fabrique de vêtements de luxe, une discussion de couloir dans la maison de la négociation, un voisinage suburbain, un épisode de la vie quotidienne d’une jeune femme en partance et de son compagnon jardinier, une foule autour de l’icône… sont autant de passages du commun aux pluriels, ou des pluriels au commun, de la « macro-écume urbaine (Peter Sloterdjick, Sphères, tome 3 : écume, Sphérologie plurielle, Maren Sell éditeur, 2005) aux microclimats des situations métropolitaines ». Comment appréhender, analyser et agir sur cet archipel métropolitain? En considérant que la métropole de demain est « déjà là », qu’il s’agit d’une « métropole héritée » de faits métropolitains, d’un ensemble de situations que nous devons considérer comme l’unique condition de notre travail. C’est-à- dire, aller à la recherche de ses matières, de ses couches, de ses récits, des monuments perdus qui constituent la matrice de notre métropole. Cette dernière souffre d’un manque d’identification évident. Le système radioconcentrique qui l’a toujours structuré nous insuffle une vision floue de ses limites, de son échelle, troublant alors la perception de l’espace métropolitain dans lequel nous vivons.

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STRATEGIES POUR LA METROPOLE NOCTURNE

VERS UNE ISOTROPIE DU TERRITOIRE

L’équipe AUC affirme :

« Un diner en ville, la friction de la masse dans les transports en commun, la rencontre fortuite d’une étrangeté dans le diffus, une réunion autour d’une table de travail dans un office-hotel, le branchement des flux mondiaux sur les opérateurs invisibles de la métropole parqués dans les compartiments de services, les travailleurs sans papiers côtoyant les décideurs sans frontières dans un restaurant, au-dessus une fabrique de vêtements de luxe, une discussion de couloir dans la maison de la négociation, un voisinage suburbain, un épisode de la vie quotidienne d’une jeune femme en partance et de son compagnon jardinier, une foule autour de l’icône… sont autant de passages du commun aux pluriels, ou des pluriels au commun, de la « macro-écume urbaine (Peter Sloterdjick, Sphères, tome 3 : écume, Sphérologie plurielle, Maren Sell éditeur, 2005) aux microclimats des situations métropolitaines ».

Comment appréhender, analyser et agir sur cet archipel métropolitain?

En considérant que la métropole de demain est « déjà là », qu’il s’agit d’une « métropole héritée » de faits métropolitains, d’un ensemble de situations que nous devons considérer comme l’unique condition de notre travail. C’est-à-dire, aller à la recherche de ses matières, de ses couches, de ses récits, des monuments perdus qui constituent la matrice de notre métropole.Cette dernière souffre d’un manque d’identification évident. Le système radioconcentrique qui l’a toujours structuré nous insuffle une vision floue de ses limites, de son échelle, troublant alors la perception de l’espace métropolitain dans lequel nous vivons. Il est aujourd’hui nécessaire d’inventer une nouvelle lecture territoriale, ayant la capacité de faire reconnaître les figures multiples, les dynamiques diverses qui constituent notre quotidien. Il s’agit donc de revisiter et d’élaborer une représentation d’un grand espace commun. C’est-à-dire esquisser une « carte d’identité » de la métropole parisienne pour donner enfin la chance à ses habitants de pouvoir la comprendre et s’y attacher.Il faut désormais admettre que la métropolisation à depuis longtemps dépassé les limites de la première et de la deuxième couronne, et que les enjeux actuels résident dans la mise en valeur du fonctionnement de ce vaste territoire qui s’appuie non pas seulement sur des faits économiques, sociaux et politiques, mais aussi sur des données sensibles telles que la topologie, les reliefs, les cours d’eau, les rocades, les villes nouvelles, les étendues pavillonnaires, les territoires post-industriels, les grands ensembles, les forêts, les terres agricoles… Il faut à tous prix rendre compte de cette richesse et de cette diversité qui est « déjà là » et la valoriser. Il faudrait même s’en servir comme moteur de projet, pour rompre avec cette sensation « d’un spectacle de la vacance et de l’incommunicabilité » de ce territoire tel que nous nous le représentons.

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Le développement de la métropole ne devrait-il pas passer par celui de son identité ?

Paris est une ville vieillissante qui souffre d’un problème d’identité et il faut reconnaitre qu’elle a pris un certain retard en terme de stratégie urbaine. A la fois parce que sa muséification a depuis longtemps eu raison d’elle même, peut être également mis en cause la densité de son tissu urbain qui a atteint un seuil de développement maximal, enfin, pour citer des faits récents, l’échec de sa candidature aux Jeux Olympiques de 2008 puis de 2012 sont, parmi les symptômes d’un déficit de lisibilité de la capitale.Mais au moment où Paris, dans le cadre du projet du Grand Paris, détient la chance d’écrire une nouvelle page de son histoire, un brouillard politique directement hérité du système de gestion territorial français vient semer un trouble dans la compréhension global du devenir de la métropole. Les divers systèmes de communauté de communes, communauté d’agglomérations, les OIN (opérations d’intérêt national), les programmes urbanistiques communaux, les EPA (établissements publics d’aménagements) les SEM (sociétés d’économie mixte)… sont tous acteurs de la métropole du futur. Ainsi, si l’on ajoute à ceci, la disparité des couleurs politiques qui influencent et remettent en cause quelconque décision, et à n’importe qu’elle échelle, comprendre ce qu’est le Grand Paris relève du défi ! Ainsi, la création du site internet www.mon-grandparis.fr soit disant destiné aux habitants de la région Ile de France afin de participer aux différents débats du projet apparaît comme un leurre en terme d’intégration citoyenne. Ceci reflète donc le poids étatique sur le projet de la métropole du futur. Puisque lorsque l’on retrace l’histoire du développement du projet, en finalité il s’agit du projet d’arc express et de….. de Christian Blanc, nommé par notre président de la

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République Nicolas Sarkozy lui-même, qui apparaît comme l’unique proposition retenue ; au regard de celles des 10 équipes d’architectes qui avaient quant-à elles été retenues sur concours. Ainsi les propositions en terme de stratégie urbaine s’orientent essentiellement sur la création de nouvelles polarités multimodales auxquelles les architectes doivent adapter leur vision de la métropole du futur. Vient s’y ajouter de manière presque évidente la question de la connexion entre ses différents territoires potentiellement viables. Ainsi, une attention particulière est accordée à la thématique des transports, qui apparait comme l’unique urgence pour notre région. (cf la carte Deux projets de transport pour l’Ile de France).Les notions de clusters urbains sont donc parties intégrantes de ce projet, évoquant alors une volonté de Paris de déléguer son influence sur ses territoires limitrophes.

Mais le Grand Paris n’est-t-il pas le projet de tous ?

Bien qu’il faille des projets d’amélioration du réseau de transports, ne serait-ce pas une vision trop étriquée de notre environnement que de se limiter essentiellement sur un réseau de mobilité ? Ne s’éloigne-t-on pas de la réalité de la métropole évoquée précédemment ? Qu’en est-il de ces évènements urbains « déjà là » ?

Il est urgent d’adopter des stratégies urbaines adaptées aux récits de la métropole, à sa matière, et non forcément engager des grands projets d’aménagement. Quelle est la bonne logique de métabolisme ?

Pour ce faire ne serait-il pas louable de resituer la métropole dans sa temporalité ? C’est-à-dire de se demander comment l’envisager à travers une réflexion sur l’espace et le temps. Puisqu’en effet, comme le témoigne le collectif Quand la nuit se meurt en silence (www.quandlanuitmeurtensilence.com) Paris souffre de la pauvreté de son identité culturelle nocturne. La particularité de cette donnée réside dans le fait qu’elle se situe exclusivement dans un espace/temps précis. Or, l’espace ne bouge pas, il change certes, mais il souffre d’une mutation infligée par l’omission de la moitié du temps sur lequel il existe. Ainsi, bien que l’urgence d’une réflexion sur le futur de la métropole ait été entendue, il apparaît tout aussi urgent de le concevoir de nuit. C’est-à-dire penser la ville sur la totalité de son temps.Il faudrait alors maintenant dresser une grille de nuit de notre territoire, engager des questions liées au paysage nocturne et envisager la nuit comme un filtre, comme une narration, ou même comme une projection de ce qui pourrait s’y passer. C’est en ces termes que nous pouvons commencer à parler de stratégie nouvelle pour la métropole… nocturne. Et se demander alors : Qu’est-ce qu’il fait que la ville dort ? Quelle est la carte d’identité de la métropole nocturne ? Quelles en sont ses situations ? Quelle est sa condition ?

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2/ Recoupement avec la problématique et/ou les sites du Grand Paris

Mais qu’est-ce qui m’intéresse dans la ville la nuit ?

En me rattachant au fil conducteur de mon discours qu’est l’isotropie territoriale, plusieurs typologies de sites retiennent mon attention. Ces sites oubliés de tous, situés aux franges de la seconde et de la troisième couronne de notre région. Ces territoires, localisés entre l’urbain et le rural, dans une sorte d’entre-deux, enclavés, mais toutefois porteurs d’un imaginaire. Porteur d’une identité à revitaliser pour le bien commun. Je suis donc partie à la recherche des hétérotopies de la région Ile de France, ces espaces « déjà là » qui nous emmènent déjà vers un ailleurs dont il faudrait voir comment nous pouvons repousser cette logique encore plus loin. Ces espaces qui constituent déjà une matière d’architecture en eux-mêmes. Et dont il faudrait trouver un moyen de les métaboliser ou même juste de les montrer pour qu’ils puissent enfin servir au riverains.

Ainsi, mon attention s’est portée naturellement, sur l’espace/temps de la Seine. En raison du fait qu’il s’agit d’un espace qui s’étend à l’échelle de la région Ile de France, et qu’il reflète exemplairement ce problème de représentation de notre territoire. Dans la mesure où dans Paris le fleuve profite à la ville et la met en scène et qu’au-delà du périphérique il est à l’arrière, créant alors une coupure dans le territoire. Les berges sont délaissées, en friches ou industrielles, profitant rarement aux populations riveraines. Alors, tout comme Jaime Lerner : « Je veux parler de ces villes qui ont utilisé l’eau pour faire de l’acuponcture urbaine. Ou plutôt de l’aqua-poncture. Et aussi de celles qui ont plâtré leurs canaux, recouvert leur fleuves, créé des désastres écologiques. Des villes qui ont délaisser leurs fleuves et qui ont nuit à leur

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caractère en les transformant en lieu d’inondation, d’égouts et d’ordures ; des attitudes de reniement des fleuves qui ont fait leur histoire ».Puisque selon moi l’eau constitue le pont entre le passé et le futur de la ville : elle l’inscrit dans la permanence. Ainsi l’eau constitue le lieu entre l’espace et le temps.

A la suite de plusieurs explorations nocturne en Seine aval, la ville d’Achères m’a parut comme le lieu le plus approprié à mes propos. Il s’inscrit dans ma vision du Grand Paris en raison de son patrimoine industriel important, de l’implantation de l’usine Peugeot-Citroën qui s’étend depuis la gare de Poissy sur 180 Ha fonctionnant sur le système des 3/8, son tissu pavillonnaire présent majoritairement sur le territoire de la commune, la proximité avec la grande forêt de Saint Germain en Laye, sa station d’épuration, ses plaines agricoles polluées et inexploitables aujourd’hui en raison de cette dernière, la proximité avec la Seine jumelée à son contexte de confluence avec l’Oise, la manière dont la ville tourne le dos au fleuve, sa situation en zone inondable d’une partie de ses terrains, son contexte géologique (coteaux), sa proximité avec l’A13 l’A14 et l’A15, le projet du nouveau port de transport fluvial de marchandise projeté dans le cadre du grand Paris qui en fait alors une nouvelle porte vers le monde, sa position à la convergence des Yvelines et de l’Oise, sa situation dans la communauté d’agglomération de Cergy pontoise et en même temps dans l’agglomération « Plaine commune », son implantation au sein de l’OIN, son intérêt évoqué dans les projets de la SIAM (Système d’information et d’aide pour les mutations).

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3/ Hypothèse de stratégie

Global versus local.

Comment revisiter l’art du branchement ?La ville doit-elle s’approcher ?Que fait-on de la campagne ?

Equation finale

A // En marge d’un système radioconcentrique, contre un aménagement de Paris à l’échelle de l’Ile de France

B// Revitalisation des identités des territoires périphériques proches et lointains, contre un Grand paris du transport

C// Une acuponcture urbaine et paysagère, contre un zoning de grands aménagements

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La reconquête des terres par l’esprit, André Malraux

Selon moi, le territoire d’Achères s’apparente de très prés à un Tiers-paysage comme le définit Gilles Clément. C’est-à-dire « une somme d’espaces où l’homme abandonne l’évolution du paysage à la seule nature ».

Puisque, pour retracer brièvement son histoire, Achères au XIXème siècle était considéré comme le « grenier de Paris ». Plus grande station d’épuration d’Europe, elle subit une importante pollution de ses sols liés à l’épandage (depuis 2000 la production agro alimentaire y est interdite). De plus, elle doit faire face à une forte exposition aux crues de la Seine (les anciennes digues n’étant plus adaptées aux risques actuels), un enclavement (la D30 semble imposer une limite bien arbitraire entre la ville et la plaine), de nombreuses friches et carrières souvent fermées au public. Achères accueil donc ce que la ville rejette.Cependant, dans cette mise en scène de ce chao urbain, Achères détient des atouts majeurs de développement urbains et paysagers : l’eau, ses coteaux, la plaine et la forêt de Saint-Germain qui offrent un cadre de vie exceptionnel, que l’on pourrait d’autant plus exploiter. Dans ce territoire subsiste alors une urgence de faire interagir le sol, le fleuve et la ville.

Considéré sous cet angle ce Tiers-paysage apparaît comme « le réservoir génétique de la planète, l’espace du futur » ; Puisque si l’on aborde le Tiers-Paysage en tant que « nécessité biologique conditionnant l’avenir des êtres vivants » alors il modifie la lecture du territoire et valorise des lieux habituellement considérés comme négligeables.

De plus, si l’on parle de Tiers-Paysage, il faut parler de Jardin planétaire. J’entends par ces mots l’article du même nom de Gilles Clément. Celui-ci explique que le Jardin Planétaire est « le lieu de l’accumulation de toute une diversité soumise à l’évolution, aujourd’hui orientée par l’activité humaine, jugée en péril ».Cela reviendrai donc à appliquer la logique du Jardin en Mouvement : « Faire le plus possible avec, le moins possible contre ». ; Puisque la finalité du Jardin Planétaire consiste à chercher comment exploiter la diversité sans la détruire.

« Et si la ville était bien construite, au bon endroit, avec des cafés au soleil et des arbres qui poussent bien le long de la rivière, formant ce cortège végétal qui crée ces belles cérémonies urbaines où les collines se voient du fond des rues et où la civilisation du trottoir ait le plaisir de la marche, de la découverte, que la ville-territoire ne soit pas un artifice de plus dans les critères paysagers des canons urbains ».

L’eau urbaine, les ateliers de la création urbaine 2030

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Au regard des différents enjeux qui ont guidé mon choix sur la ville Achères, il serait donc nécessaire d’établir une stratégie qui permette à la fois de travailler en zoom et dé-zoom, de manière à soigner chaque corps malade de la métropole, à la fois à leur micro-échelle, mais aussi à une échelle plus globale de la commune, de ses voisins, repoussant même cette stratégie en essayant d’établir une résonnance avec d’autres satellites ou pop-up de la métropole parisienne. L’ambition est d’initier des lieux qui aient une fonction de « locomotive » pour les villes, d’enclencher un processus depuis la Seine vers la ville, entre les villes et, à plus long terme, à l’échelle de la métropole.

Pour se faire, Stan Allen dans son article Practice versus Project évoque l’idée selon laquelle il existe différentes pratiques du projet dont certaines ne peuvent plus être opérantes face à la multiplication des échelles et des acteurs dans le projet. Le projet doit donc se doter d’une grande « narration » pour ne pas être absorbée par la multiplication de ses petites « narrations ».

Le site bénéficie de la présence de nombreuses infrastructures qui représentent des investissements lourds et misent sur le long terme pour créer de grandes infrastructures de transport fluvial. C’est une perspective « hard », parce qu’elle nécessite un système de décision qui fonctionne de haut en bas et qui repose sur une infrastructure lourde et pérenne.Mais nous pouvons aussi imaginer une perspective « soft », qui s’inscrirait dans un processus sur le court terme, tout en laissant le champ du « laisser-faire » s’exprimer dans le temps. C’est-à-dire mettre en place un dispositif qui répond à une diminution des investissements, à une sorte de décentralisation de l’infrastructure qui correspondrait davantage à un fonctionnement de bas en haut. Cet enjeu de restructuration du fonctionnement bas/haut permet donc d’envisager un axe de travail : l’axe soft / hard.

J’aimerais donc maintenant parler de la notion de porosité urbaine, notamment développée par l’équipe Secchi & Vigano dans le cadre du Grand Paris. Cette vision de la métropole m’intéresse dans la mesure où elle engendre des questions de reconversion, concerne des processus « d’inclusion/exclusion » dans le but de favoriser le désenclavement à la fois à la micro-échelle et à la macro-échelle de la métropole.Si l’on met en relation le sujet de l’eau avec le principe de la ville poreuse, il faut considérer ses deux entrées de travail en rapport avec l’histoire et le temps. Puisque « l’eau a travaillé la géologie du territoire de l’Ile de France et en a dessiné la forme. Elle a construit dans la longue durée les opportunités et les possibilités d’appropriation du territoire par ses habitants et, plus en général, les opportunités et les possibilités de production même de la ville. » Bernado SecchiCe dernier évoque la notion de Wetlands, en affirmant que « le projet d’une ville poreuse élargit la section des rivières, utilise les espaces non utilisés, sous-utilisés ou résiduels (dross) pour créer ou renforcer les zones humides. Les Wetlands sont le résultat d’une lecture de la topographie et, à partir des risques actuels, de la soustraction de ce qui ne peut pas être raisonnablement modifié et pour lequel on propose une stratégie de coexistence avec l’eau ».

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Si l’on suit cette méthodologie, Il faudrait donc considérer le paysage de la métropole. Ou plutôt les paysages. C’est-à-dire les forêts sur les sols pauvres des plateaux, les zones humides de la vallée, les coteaux avec leur richesse en biodiversité qui, par ailleurs, jouent un rôle de mise en valeur de ses autres paysages. Ces derniers détiennent en effet la possibilité de connecter les paysages à l’eau. Puisque le territoire de travail n’est pas la Seine en elle-même, mais sa capacité à faire du lien social et paysager. Il y a des ruptures, des choses qui construisent des blocages territoriaux. Il faut donc revisiter la vision en plan, la détourner pour aller à la rencontre de la matrice de la ville en attente. C’est-à-dire donner corps à ces monuments perdus, imprévus, aller à l’encontre des limites. Par exemple se poser la question de la berge, de son tracé, essayer de l’associer à des questions d’accessibilité, puisque dans le cas d’Achères ce tracé apparaît déjà lui-même déterritorialisé.

Puis, lorsque l’on parle de paysage, on parle de regard et de traversée. En référence à la notion d’espace/temps que nous avons évoqué précédemment, la traversée vient s’ancrer de manière indubitable dans l’idée selon laquelle la substrat symbolique, historique et géographique de notre métropole peut engendrer par extrapolation, le programme de sa propre évolution.

Il faudrait donc maintenant établir des scénarios du fil de l’eau pour pouvoir appliquer l’équation stratégique pour la métropole nocturne. Scénarios que l’on pourrait intitulé Au fil de l’eau, de manière à les concevoir dans la temporalité des 24h. Ainsi, l’eau pourrait être envisagé comme le lien entre l’espace et le temps, à la fois diurne et nocturne et son seulement dans son cycle naturel. C’est-à-dire utiliser cette stratégie de global versus local avec l’eau comme support et vecteur permettant la mise en place et la concrétisation des matières pour la mutation et la revalorisation de la métropole.

Scénario du fil de l’eau

De quoi le site a besoin ?En quoi la nuit peut-elle être est privilégiée sur ce site ?En quoi les projets du Grand Paris vont influencer ce site ?

Si chaque scénarios constitue une base incontournable de possibles et de suppositions, il n’est en fait que le contenant de la boîte à outil qui permet justement la constitution de la métropole de demain. Cette boîte à outils prend la forme d’une trousse à pharmacie des territoires. Pour chaque scénario, il est possible de développer un mode d’emploi, une notice pharmaceutique comprenant une série de préconisations relatives au développement du site.

Pour se faire, il faudrait donc, dans la prochaine étape de notre approche urbaine, étudier en détail tous les enjeux évoqués précédemment. A la fois territoriaux, politiques, sociaux… Mais aussi les enjeux prospectifs, s’appuyant sur de réels projets déjà en cours, comme par exemple le nouveau port de transport fluvial dont la construction est programmée sur 30 ans.

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