une vie maupassant

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Chapitre 1: Introduction: La scne se passe Rouen que Jeanne quitte pour la campagne. L'exposition est trs efficace, les personnages, Jeanne et le baron, y sont prsents. Maupassant nous montre les volonts du pre pour l'ducation de sa fille et l'amour rciproque qui existe entre eux. Le Plan: l 1-13: Le projet du pre et son portrait l 14-34: Le portrait de Jeanne l 35-36: Retour avec les deux personnages 1/ Le Pre Le pre se veut philosophe ducateur, il est "Disciple de JeanJacques Rousseau", il a conu un projet d'ducation pour sa fille bas sur les bienfaits au sein de la nature. On verra donc: - sa volont - les moyens employs pour la russite du projet 1/ La conception du projet Le baron a rflchi intensment son projet, d'o l'emploi du verbe: "mditait". D'entre de jeu, Maupassant nous montre l'abstraction du projet avec le nom "thorie", on devine qu'il ne s'adapte pas l'volution de l'enfant. Il y a donc un jugement implicite du narrateur (limite du naturalisme) qui nous annonce que le projet va chouer. Le pre a un rel plaisir de construire sa fille (mythe de Pygmalion) comme le montre le verbe "faire" L'adjectif indfini intense "tout" nous montre l'enthousiasme du pre pour l'ducation de sa fille. Maupassant numre les pithtes qui nous montre la volont ("voulant") du pre, il veut que Jeanne aie: - le bonheur: la recherche (comme Rousseau): "heureuse" - la vertu: "bonne, adroite" - le cur: "tendre" Le bonheur est bien entendu la consquence des trois autres. Le baron veut en fait dvelopper le bonheur de son environnement. 2/La ralisation du projet Le baron a prvu le pass et l'avenir de Jeanne.1

a-L'enfance et l'adolescence A part l'exercice de sa volont, Le pre n'a qu'un rle d'organisateur, l'ducation est abandonne aux autres: - "Jusqu' 12 ans": sa "mre", ce qui rappelle le gynce grec - "aprs 12 ans": Jeanne est confie au "Sacr-Cur" Pour marquer la rclusion, Maupassant utilise une assonance en "": "il l'avait tenu svrement enferme, cloitre, ignore". Ces trois participes passs noncs en rythme ternaire nous montre que le pre veut prserver Jeanne physiquement et moralement. D'o le participe prsent: "ignorante" qui reprend le terme et nous montre que, comme le dit Rousseau, Jeanne doit rester loin des autres hommes qui corrompent et bien-sr de la sexualit, "les choses humaines". Mais l'adjectif "ignorante" qui nous rappelle la chastet ("chaste") de Jeanne nous promet dj que sa vie sera un chec. b- Le baron s'octroie un rle d'ducateur Le baron prvoit une ducation caractristique des aristocrates qu'il va pouvoir complter. Il adopte donc une dmarche exprimentale: Jeanne devra dcouvrir "l'aspect de l'amour". Ce projet a bien entendu lieu dans la nature, on en retrouve le champ lexical avec "les champs", "la terre", "les animaux". C'est donc la faune et la flore qui doivent instruire la vie de Jeanne. La procration a alors lieu selon les lois de la nature, on en retrouve le champ lexical: "fconde", "amour", "tendresse". Les deux infinitifs "ouvrir" et "dgourdir" scandent la phrase. Le complment d'objet direct est suivi de trois complments du nom dispose en rythme ternaire qui nous montre le projet du pre: la dcouverte de l'amour par les animaux et donc l'veil la vie. Il veut rveiller sa fille ("ouvrir") et lui redonner vie, "dgourdir". Le baron croit en fait aux lois de la nature originelle, "simple", "sereine" et "naf", il est rousseauiste. Il a d'ailleurs un rle privilgi dans l'ducation comme le montre le pronom "lui-mme" et le sujet "il". C'est lui qui agit par les verbes infinitifs et non Jeanne. La mtaphore de l'alchimie, "tremper dans un bain" nous rappelle le cote exprimental de l'ducation, du mtal, il veut la transformer en or. On observe en fait le rle du pre qui veut veiller sa fille. c-Le narrateur anonyme exprime implicitement son jugement

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De part le caractre excessif de la description et des expressions comme "une sorte de" qui invitent le lecteur prendre du recul, le narrateur quitte un peu l'objectivit. En parlant de "posie raisonnable", or, on sait quel raison tue la posie, Maupassant dment la russite d'un tel projet et appelle le projet de l'hrone et son portrait. 2/ Le Portrait de Jeanne Au moment de la narration, Jeanne nous apparat comme elle sort du couvent, c'est donc un premier rsultat de l'ducation obtenu au Couvent. 1/ Portrait moral La nature semble dj veille en Jeanne, elle est "radieuse" et mme compare la nature dans une mtaphore, elle est "pleine de sve". Jeanne est en plus pleine de dsir et avide de surprise comme le montre ses "apptits". Ses dsirs sont vastes, traduits par l'adjectif indfini: "toutes les joies". Le monde du sentiment est bien entendu connot dans le mot "joie". Cette impatience s'oppose au "serein", Maupassant numre les rsultats esprs dans un rythme saccad et les causes dans une gradation: "le dsuvrement, la longueur, la solitude", passant du rythme ternaire au rythme binaire. Maupassant utilise en fait diffrents substantifs abstraits pour dsigner l'ennui, "la longueur", "le dsuvrement", "la solitude". Mais, comme on le voit, Jeanne s'ennuyait tellement au couvent qu'elle en faisait des insomnies ("nuit"). L'opposition "jours"-"nuits" nous montre que Jeanne souffrait tout le temps. Elle tait donc porte vers l'imagination et "l'esprance". L'adverbe "dj" nous montre au passage que le pre est pris de cours dans son programme. La curiosit nous montre donc un chec partiel du projet du pre. 2/Le portrait moral a-Un air impressionniste Le portrait est clair par les lumires: "luisant", "dteint", "ombre", "soleil" et les couleurs comme le "blanc", le "pale", le "blond", le "rose" et le "bleu opaque".3

Avec le champ lexical des imprcisions, Maupassant nous donne l'impression de l'impressionnisme: "semblait", "nuance", "sorte de", "aurait dit" (conditionnel). En comparaison, le portrait est caractris par sa difficult d'approche. Enfin, le portrait est anim par le mouvement et son champ lexical: "caressait", "geste familier", "ondoyante de la taille", "portrait". b- Le portrait raliste En bon raliste, Maupassant a compos son portrait et n'a choisi que certains dtails. Le portrait est donc organise, de bas en haut, il dpeint ensuite l'attitude puis le comportement. Maupassant a procd un choix de dtails selon la technique raliste: - pour les "cheveux", il retient la couleur - son visage est "ple", ce qui rappelle les critres de beaut aristocrates au XIXme sicle - le "bleu" des yeux nous montre une beaut classique. Mais Maupassant a galement choisi des dtails pjoratifs: - le "blond dteint" - Jeanne a un lger "duvet" et quelques "poils" au menton - les grains de beaut sont placs prcisment: "sur l'aile gauche de la narine". Pour la silhouette, il nous rappelle qu'elle est "grande", comme Maupassant, c'est une nageuse. Elle a des traits sensuels, comme le fait qu'elle soit "mure de poitrine", ce qui s'oppose au projet de son pre tout comme sa fminit, Jeanne est "ondoyante de la taille". En bon naturaliste, Maupassant oppose la "voix trop aigue" au "rire franc" et montre les tiques de la jeune fille, comme le "geste familier" qui reste un geste coquet "pour lisser sa chevelure" C'est donc un portrait impressionniste qui rvle la cote raliste du peintre. 3/ La Complicit Pre-Fille Rien n'est compromis dans les relations entre le pre et la fille, le passe simple nous montre la raction positive et affectueuse de Jeanne qui aperoit son pre: "elle courut...l'embrassa" d'autant plus quon nobserve pas de froideur aristocrate dans l'ducation. Le discours direct "eh bien, partons-nous" nous montre l'entente du pre et de la fille mais aussi la hte de la jeune fille.4

Conclusion Comme dans Madame Bovary, le roman se droule en Normandie. Cet extrait fait partie de l'exposition du roman. Dans la ethnique d'criture, on remarque d'un ct le ralisme et de l'autre la subjectivit mais contrairement au Pre Goriot ou au Rouge et le Noir, le jugement est implicite.

Chapitre 2: Introduction: Apres avoir rve du bonheur, Jeanne va le vivre. Elle vient d'arriver aux Peuples et, pour la premire fois, elle est seule dans la nature (ce qui causait son impatience de quitter Rouen), elle peut vivre le bonheur dans le dcor. L'imparfait de rptition nous montre que ce bonheur dure, il n'est pas limit, il n'y a qu'un seul pass simple. Le Plan: l 1-30: Le bonheur sur la terre l 30-47: Le bonheur dans l'eau Plan synthtique: Le portrait en action de Jeanne Le bonheur Le portrait en action de Jeanne 1/ Des activits contrastes rvlant un personnage cyclothymique On observe des contradictions dans le caractre de Jeanne. En effet, souvent en activit calme, elle change brusquement d'activit comme le montre la ligne 41 articule par la conjonction "et": "et puis Jeanne5

se redressait et, dans un affolement de joie" ou plus tt: "elle se mettait souvent courir sur les falaises" (l 23) a- Les Activits lentes Jeanne flne en gnral et ne bouge pas trs brutalement, ainsi "elle lisait", "elle rvait" et fait de la marche lente ("a pas lents"). Jeanne est en plus dans une position "assise" et abandonne totalement les activits: "une mollesse" la prend; de plus "elle se mettait sur le dos". De plus les rythmes binaires (l 3:"a pas lents, l'esprit") et ternaires (l 13) rguliers donne une certaine mollesse au texte. Jeanne se prend en fait la rverie: "elle rvait". Cette tendance est montre par "les yeux perdus" et le fait qu'elle reste "si longtemps assise" laissant place l'exaltation, c'est la vitalit du personnage. b- Les activits vives Comme le montrent les liens logiques "ou bien" (l 4) et "et puis" (l 41), Jeanne change souvent sa passivit en activit plus vive. Ainsi, le verbe "descendait", accentu par le grondif "en gambadant" nous montre ces activits plus intenses: "elle se mettait a courir". De plus, des lignes 4 7, on observe de nombreuses juxtapositions et un rythme effrn. Dans l'eau, Jeanne est galement trs active, "elle nageait", on se rappelle son potentiel physique, elle est "forte et hardie". Le complment de lieu hyperbolique nous montre l'intensit de l'activit puisqu'elle va " perte de vue" et qu'il faut "une barque" pour aller la chercher. Jeanne est en plus caractris par son got du risque: "sans conscience du danger". On observe en fait le caractre cyclothymique qui s'abandonne au personnage, le rve laisse ainsi soudain place au mouvement qui s'y oppose. 2/Les Occupations de Jeanne traduisent ses aspirations a la sortie du couvent Dans tout le texte, on observe le champ lexical du changement, avec les termes: "esprit parti", "se mouvoir", Jeanne a en effet une grande envie de changer. Elle mne donc une vie "libre", cette libert se traduit par le fait qu'il n'y a pas de limites dans l'espace, on parle des "environs" ou "long de la route". On remarque d'ailleurs l'emploi d'expressions telles "trop loin" ou "lointain". Le lieu est donn en perspective, on observe une "voile l'horizon"6

Seule sa "faim" la pousse rentrer au chteau (ce qui contraste au passage avec l'aristocratie du XIXeme ou les horaires taient strictement rgules) De plus, Jeanne est seule, ses parents ne sont pas l. Cette solitude est recherche et contraste avec le refuge du couvent. On remarque ainsi l'apposition "toute seule". Maupassant reste d'ailleurs objectif quand il parle de "l'amour de la solitude". Cette solitude permet en fait Jeanne un tte--tte avec elle-mme et la nature (sur ce point, elle rejoint Rousseau, l'ducation souhaite par le pre est donc suivie). Enfin, on retrouve le got de la jeune fille romantique. Le temprament de Jeanne la pousse donc goter le bonheur dans la nature. Pour la premire fois, Maupassant se dtache de Jeanna puisque lui, il n'aime pas cette nature. Le Bonheur dans la Nature 1/Le Bonheur Rel Ce bonheur est vraiment vcu physiquement par l'hrone. Pour les joies, ces sens sont donc satisfaits: - le touch: l'herbe est "drue", Jeanne est "fouette par l'air" et Maupassant parle du "frais pays". - Le got avec les "vins parfums" - l'oue avec le "murmure loign" - la vue avec la couleur des flots et l'esthtique dans les contrastes. On observe galement des reliefs dans la description comme la diffrence entre l'"ondulation" arrondi et les "falaises" tortueuses. Enfin, on observe des mtaphores avec les couleurs comme la "chape d'or" du manteau ou les "toison de fleurs" ce qui provoque un contraste or/vert tout comme le blanc de la "voile" et des mouettes avec la mer et le ciel. On peut encore voir un contraste vert/bleu avec le ciel et la verdure. La perception est en plus attnue puisqu'elle est "confuse", "insaisissable". La jouissance est donc trs forte et Maupassant nous le montre puisque l'odeur des fleurs "la grisait comme un vin" et qu'elle est "vibrante d'une jouissance exquise".

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Il y a donc une communion totale entre Jeanne et la nature (les "poissons", les "hirondelles", les "lapins") comme Maupassant au Vergues Etretat. Ce bonheur est rel puisqu'il est vcu dans les sens, "elle se sentait bien dans cette eau froide" Ce bonheur est ressenti avec les labiales et les liquides: "il lui semblait qu'elle jetait un peu de son cur tous les plis du vallon". Il y a une fusion entre Jeanne et la nature, cette fusion liquide est traduite par le passage dans l'eau, Jeanne est "comme les poissons dans l'eau", ce qui rappelle sa taille ondoyante, on est vritablement a l'acm du bonheur dans la nature. 2/ Le Bonheur Rve On remarque une conception de la future tourne vers le passe. En effet, au temps du rcit, l'imparfait est adjoint un souvenir qui ne s'est pas encore produit: "il lui venait des joies dsordonnes comme a l'approche mystrieuse de bonheurs planant sur elle". Le bonheur rve semble plus important que le bonheur vcu. On apprend qu'"elle semait partout des souvenirs". Jeanne attend ce bonheur mais, comme Frdrique dans l'ducation sentimentale, elle est passive, "il lui semblait que le bonheur tardait venir", ce qui nous rappelle sa vision fataliste de la vie. La comparaison "comme on jette des graines sur la terre" donne l'ide de souvenirs qui germent et qui, se faisant, deviendront plus grand mais artificiel en fait. Le naturaliste nous montre que, comme sa mre, Jeanne prpare son avenir, d o la reprise du mot "souvenir", c'est la loi du dterminisme. La tournure impersonnelle "il lui venait" et l'adjectif "mystrieuse" (l 14) nous montre qu'elle n'est pas capable d'interprter cela. C'est seulement quand elle rentrera aux Peuples aprs son voyage de noce qu'elle s'apercevra que son bonheur est d'attendre. Conclusion La vigueur physique et le got de la mer ont t pris Maupassant, Jeanne a un potentiel de vie impressionnant (corps et esprit). Mais elle tient par hrdit de sa mre (son milieu et son ducation) le fait de vivre dans le passe. On remarque de plus que cette page, d'un point de vue externe est trs bien crite et trs fluide.8

Le paysage reflte les sentiments du personnage (symboliste comme Baudelaire) mais, s'il ne trahit pas le projet raliste, a deux moments, Maupassant est prsent dans le texte pour nous montrer que Jeanne vit dans le passe et qu'elle est passive, ce qui s'oppose au naturalisme. Chapitre 3: Introduction: La famille Le Perhuis des Vauds cuve un bonheur sans pareil reclus dans son chteau. L'abb est, sans le savoir l'instrument du destin. En effet, Julien l'utilise pour se faire connaitre de Jeanne et l'pouser, il est son agent malgr lui. A la sortie de l'glise, Jeanne et sa mre rencontre le vicomte de L amarre Le Plan: l 1-19: La premire Rencontre et le portrait de Julien l 20-33: La premire visite Plan synthtique: Maupassant nous offre une observation raliste d'un milieu et d'un homme Maupassant pose un regard critique Un passage Raliste 1/L'vocation d'un milieu a- La noblesse de Province En rappelant les titres: "le vicomte", "la baronne" et les particules "de La marre", Maupassant nous rappelle que les protagonistes sont aristocrates. Cependant, ce n'est pas l'aristocratie parisienne et les "dames hautaines des salons" mais plutt "les filles en bonnet", Maupassant marquant l'opposition. La Campagne nous est rappele avec le "banc rustique", tout comme la Normandie et le "tilleul". Enfin, la scne se droule dans un contexte familial avec l'appellation "petite mre". On remarque en fait la simplicit de ce milieu aristocrate. b-L'etiquette9

Bien qu'il s'agisse d'un milieu aristocrate assez simple, on remarque le respect de l'tiquette et des formalits, ainsi, le "vicomte s'inclina". Le Vicomte a une aisance a parl, son mode d'locution est celui d'"un homme comme il faut", il est "monsieur de Lamarre". On remarque galement que, comme par respect de l'tiquette, le vicomte doit donner son avis, "il fut consulte". La politesse est presque excessive puisqu'il y a "beaucoup de compliments". Ils ont tous un certain gout de la conversation, ainsi, le vicomte "parla du pays", il "se mit a causer" ou encore "fut consulte". Mais, au-del de sa politesse, le monde aristocrate est caractris par sa passivit, c'est une vie de loisir, on parle du "banc" et on se demande comment paysager la cour ? Ce dbat n'est videmment pas vital et il nous montre l'oisivet des nobles. 2/La prsentation du vicomte Le narrateur semble neutre, il nous dpeint Julien physiquement comme un grand sducteur. a- Le portrait physique Le portrait physique est compose, on observe un mouvement vertical sur tout le visage (du haut vers le bas). Maupassant commence par une phrase positive, "il possdait une de ces figures heureuses", sa figure est heureuse mais surtout utile, c'est celle d'un jeune premier qui sduit toutes les femmes: la "dame hautaine" (Gilberte de Fourville dans la suite du rcit), la "fille en bonnet" (Rosalie). On retrouve un portrait naturaliste, Maupassant n'a en effet retenu que certains dtails: - Les "cheveux noirs" caractristiques du charme du XIXeme sicle - Le "teint bruni" qui lui donne un aspect mystrieux de "beau tnbreux" et, surtout, qui est en harmonie avec le teint "sombre" des yeux. - Ses "sourcils" qui nous montrent sa virilit Le personnage apparait sombre mais: - la "rgularit des sourcils" nous montre son quilibre - ses yeux sont "tendres" ce qui attenue la froideur - il a un regard qui parle, qui courtise, cette "loquence passionne" appelle le "charme langoureux" Mais le baron soigne les apparences, il se rase, la barbe, nonce en rythme ternaire : "drue, luisante et fine" nous montre ses soins.10

Maupassant le raliste nous montre qu'il cache une imperfection, "une mchoire un peu forte". Mais, en gnral, les dtails retenus montrent le charme. b-La politesse La politesse de Julien lui permet de sduire, "il s'inclina". Julien est en plus courtois puisqu'"il fut de l'avis de la baronne", c'est un "homme comme il faut", il est habile et "cause avec aisance". Sa facilite a parler se retrouve dans son initiative puisqu'il "dclarait". Il parle en plus longtemps et monopolise la parole, "il parla du pays", le baron sait scander quand il parle, on remarque les termes entre guillemets: "pittoresque", "site". On observe donc une maitrise parfaite du vicomte. La description est donc parfaitement objective pour le physique et les gestes de Julien, ce qui nous montre le ralisme de Maupassant, mais il y a trop d'implicite pour un lecteur averti qui pense. Sur ce point Maupassant se distingue de Zola qui, lui, dit tout aprs l'implicite. Maupassant donne un regard critique 1/Julien, un sducteur habile a-Exprience et Stratgie Maupassant nous apprend tout d'abord que Julien n'est pas un jeune hros naf, il a de l'exprience avec les femmes: "il a vcu". De plus, la stratgie de Julien est presque nonce. En parlant du "dsir ancien de faire leur connaissance", Julien nous rappelle l'utilisation du cur, il veut s'attirer la bienveillance de la famille et commence par un compliment. De plus, quand il parle de ses "promenades solitaires", Julien, en rappelant sa solitude, fait n appel au soutien de Jeanne. Il marque en plus un certain empressement revenir puisqu'il est la "deux jours aprs", c'est un vritable coureur de dot. b-Ses talents Julien sait utiliser ses talents pour sduire Jeanne: - il est loquent - il rencontre les yeux de Jeanne "comme par hasard" - il est rapide a les dvier dans le jeu des regards puisque ses yeux sont "vite dtournes".11

Julien n'a donc rien de naturel, seulement de l'habilet, il utilise son charme. 2/Julien, un antihros Les hommes s'aperoivent de son cote ngatif et coureur, sa figure est "dsagrable a tous les hommes". En effet, comme il utilise les femmes, on ne le reconnait lus comme appartenant aux hommes. On remarque l'emploi du champ lexical de la tromperie, Julien "faisait croire", "cachait" et "donnait de l'importance". En associant les termes opposes "moindre" et "importance", Maupassant nous montre que les propos de Julien sont vides et creux et qu'il les mtamorphose. L'utilisation des guillemets est galement un trait d'ironie de l'auteur, Julien n'est pas personnel, il est indiffrent au paysage et feint l'esprit. Julien se donne en plus de la sensibilit puisqu'il en faut, il charge donc son regard "d'une admiration caressante, sympathie veille". L'"admiration" est ncessaire pour elle, l'adjectif "caressante" nous montre sa sensualit et la "sympathie" est un premier sentiment, cette expression ressemble d'ailleurs presqu' un chiasme. Le lecteur est donc amne porter un jugement critique sur ce antihros 3/Le jugement critique de Maupassant Maupassant profite de cette description pour dpasser un peu le naturalisme a-Maupassant juge l'aristocratie Maupassant nous montre lesche de formalit prsente chez les aristocrates, "beaucoup de compliment" et les gestes anodins comme la discussion sur le "banc". Maupassant pour souligner l'importance inutile accorde a l'avnement a donc dispose sa phrase en symtrie, "le baron voulait...la baronne ne voulait pas" faisant une asyndte avec le point-virgule. Il nous montre en plus la haine dveloppe avec l'adjectif "ennemi", ironie de Maupassant qui nous montre la force prise par un tout petit sujet. b- Face a Julian Les parents sont perdus devant le manipulateur, ils ne parlent plus, leur silence suggre l'impression produit par le Vicomte. Jeanne12

aussi prouveuse "sensation singulire", elle est en fait innocente et n'a pas les moyens de comprendre ce qui lui arrive. La "victoire" instantane de Julien nous montre bien la superficialit du milieu, ce qui tait l'objectif de Maupassant. Conclusion Dans cet extrait, la dmarche raliste est dpasse, Maupassant intervient; ce qui force le lecteur tre alerte et actif. Il veut bien-sur nous montrer qu'il s'agit de l'arrive de l'oiseau de malheur; Julien vient tout troubler.

Chapitre 6: Introduction: Pour Jeanne, le bonheur semble termine, le vent est froid, l'anecdote de l'argent l'a profondment touche et Julien a change. Pour la premire fois, Jeanne devient lucide. La prise de conscience est claire: "Alors elle s'aperut qu'elle n'avait plus rien faire". Pour la premire fois, Jeanne regarde vers le passe et les "murs austres", elle y voit un lment positif, elle vivait dans le rve, on peut donc s'y activer intellectuellement. En repensant l'"attente tout de suite accomplie", Jeanne est frustre, elle n'a pas vcu le bonheur compltement. Elle reconnait son emballement prcipite: Julien ne l'a "laisse rflchir a rien" et l'a pouse "comme on pouse en ces brusques dterminations". Le Plan: l 1-10: Prise de conscience de Jeanne qui tente une evasion l 11-18: Evocation de la nature et dception de Jeanne l 19-31: Le tableau automnal reflte le malheur 1/ La prise de Conscience 1/ L'avenir est bouche, c'est un pige sans issu13

Jeanne prend conscience de la transformation de sa vie avec l'emploi du verbe "allait devenir", futur proche et donc inexorable, il n'y aura plus de possibilits de charmantes inquitudes d'ou la mtaphore de la porte ferme Dans la structure en chiasme "douce ralit...ralit quotidienne", elle oppose le voyage et le passe, les "premiers jours" qui taient synonyme d'attente d'"espoir indfini" sa vie actuelle, "quotidienne" qui la plonge dans une sorte de train-train, le prsent devient rptitif, l'avenir est vide, il "fermait la porte" a tout espoir, "c'tait fini d'attendre". Cette situation rappelle le Spleen, c'est un mur. Le lien logique "mais" est bien-sur ngatif et la locution "voila que" est resultative. 2/ Vers une activit qui n'a plus rien de pratique: Plus de rve Jeanne prend conscience qu'il n'y a plus d'espoir avec le verbe tourne ngativement "plus rien faire". C'est une douleur interne (Spleen) qui vient des autres, on retrouve presque l'expression du spleen Baudelairien avec des termes tels "dsillusion" ou "affaissement". Jeanne est en fait livre un abandon lthargique, comme le montre la mtaphore, elle est crase par "l'affaissement" (l'effondrement). 3/ La nature s'oppose a une initiative de Jeanne Jeanne est tout-de-mme saisie par une volont, "elle se leva", "elle se dcida" mais la nature a susse changer, on y trouve des mouvements hostiles: "les nuages...se roulaient" et des couleurs "sombre" hostiles. On trouve donc deux visions antithtiques, l'automne et le spleen. 2/ Evocation de la nature au printemps et dception Cet extrait est guid par l'hypallage, la nature est le reflet des sentiments. On remarque dans cette description des rythmes ternaires presque emballes: "la mme campagne, la mme herbe, les mmes arbres", qui se retrouvent dans les circonstanciels: "ou flambaient, ou saignaient, ou rayonnaient" et les complments du nom "de vie, d'aromes, d'atomes" Ce souvenir du printemps lui montre ses sens satisfaits:14

- La vue: la scne est pleine de mouvement: "frtillaient", de couleurs: vert "les feuilles...le gazon", rouge "les coquelicots saignaient" et jaune "ensoleille, marguerite" et de lumire: "flambaient...ensoleille" - Le gout: on retrouve la vie dans cette nature avec les mots "fcondant", "charge de vie" Il y a comme un renouveau du printemps trs vif (verbes trs forts comme "saignaient") et joyeux ("la gaiet...la posie") qui rappelle le bonheur prouve par Jeanne quand elle gambadait dans le nature. On remarque les numrations de fleur ("pissenlits, coquelicots, marguerites") et d'insectes ("papillons"), ce paysage printanier est trs anime. Mais cette description est sous forme interrogative et au passe: "taient-ce...Qu'taient". Cette vocation traduit donc une dception; Jeanne prouve une douleur quand elle ne retrouve pas SA nature. Elle sestime trahie par la nature. L'adjectif indfini "mme" nous montre le changement, ce changement est rendu poignant par la conjonction "donc" qui renforce la question. en chute de la description, Jeanne rappelle que la scne se droule au passe, ce passe "n'existait plus", il a disparu. 3/ Le tableau automnal nous montre l'expression du dsespoir 1/ La nature a change Jeanne a l'impression que la nature est victime d'un acharnement pour la dtruire: les avenues sont "dtrempes de continuelles averses d'eau", il pleut "sans cesse", la pluie est "incessante". Le vent dsagrge et dtruit tout, si bien que "les branches tremblaient au vent". Le paysage a pourri, les feuilles sont "jaunes". Le froid est galement peru ngativement, on observe donc "la maigreur grelottante" ou encore "les branches grles" Jeanne insiste donc surtout sur les lments destructeurs du paysage; la nature a change en mal, c'est un spectacle de dsolation.

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2/La Nature morte On remarque la faiblesse de l'ensemble des lments numres, ce champ lexical se retrouve dans "les branches grles", "les peupliers nus", "prt s'grener dans l'espace", "des feuilles mortes". Le paysage est maintenant vide, il ne reste que "quelques feuillages", "des dernires feuilles toutes jaunes". Et, si l'on croit apercevoir un mouvement, Maupassant achve son numration de verbes par "se dtachaient, tournoyaient, voltigeaient et tombaient" sur la chute (la mort) des feuilles, brisant le rythme ternaire. L'hypallage nous traduit les sentiments de Jeanne, elle est, elle-aussi "triste" et "grelottante" Jeanne est dsormais enferme dans ce paysage qui se prsente "comme la chambre d'un mourant", la dsolation absolue. Conclusion: Si l'utilisation de l'hypallage dtourne quelque peu la dmarche naturaliste, le Spleen demeure rel dans l'esprit de Jeanne et rappelle Baudelaire. Cet extrait constitue un tournant dans la vie de Jeanne, le bonheur est termin, sa vie va sombrer dans la dsolation.

Chapitre 8: Introduction: Jeanne a t "anantie" par la dcouverte de l'adultre de Julien. Maintenant enceinte, elle reste triste avec ses parents. Par opposition, Julien "parcourt le pays" et se dcouvre un "gout nouveau" pour les chevaux alors qu'il n'aimait pas en Corse. Connait-il dj les Fourville ? Maupassant utilise la focalisation interne de Jeanne. Le narrateur cherche en fait crer un effet de surprise au lecteur; il suscite son interet en opposant la situation morne de Jeanne a Julien. Maupassant va nous permettre de comprendre ce que la navet ne permet pas Jeanne de comprendre. Julien est all faire un bout de toilette, il rapparait. Le Plan: l 1-11: Portrait et transformation du Vicomte16

l 12-18: Le dpart des Fourville l 19-31: Le commentaire de Jeanne et Julien (discours renoue) 1/ La Mtamorphose de Julien Le champ lexical du changement "reconnaissait plus", "taient redevenus" et "avaient repris" nous permet de remarquer la forte impression que fait Julien a Jeanne. 1/ L'effet de dramatisation, la surprise de Jeanne Dans les deux premires phrases, Maupassant dramatise l'arrive de Julien avec l'adverbe "tout-a-coup". Cette irruption spontane est en plus marque par le passe simple: "entra". La raction vive de Jeanne nous est montre par l'pithte "stupfaite" et le verbe "reconnaissait" avec la ngation absolue "ne...plus". 2/Le portrait physique justifie la raction de Jeanne Alors que depuis le chapitre 6 Julien ne se rasaient plus, on apprend par Jeanne qu'il "s'tait rase" ce qui force la surprise, tout tant vu sous le regard de Jeanne. Maupassant numre ensuite les qualificatifs de Julien "beau, lgant, sduisant", les accumulant dans un rythme ternaire. La comparaison nous montre au passage que Jeanne vit dans le passe: "comme aux jours de leur fianailles". Sa droiture d'me pousse en fait Jeanne a toujours tre sensible a la sduction de Julien, elle retrouve l'emprise physique de Julien. Ce qui nous montre au passage qu'elle est nave et qui accroit l'attente du lecteur: Pourquoi Julien s'est-il ainsi habille ? 3/Le portrait en action Julien est retourne aux manires de la courtoisie. Julien a le souci de sduire ses deux invites On observe une symtrie dans la phrase, mais, de part le lexique, la comtesse est favorise. Ainsi, il "serra" la main du Comte et "baisa" celle de la Comtesse. Maupassant parle de la "patte" du comte et de la "main" de la Comtesse. De plus, le comte est associe avec une relative "qui sembla" alors que la comtesse en a deux: "dont...dont". Maupassant file la mtaphore de l'ours avec la "patte velue", le comte est un personnage rustique qui n'aime pas tre dans les salons, c'est17

son amiti pour Julien qui le "rveille", ne connaissant pas Jeanne il lui est pour l'instant indiffrent. La Comtesse, elle est trouble, on observe en effet deux details troublants: "elle rosit" et a un "tressaillement" mais Jeanne n'interprte rien et le narrateur n'intervient pas. Au contraire, le fait qu'elle se fasse "baiser les mains" veille la sympathie de Jeanne. Julien continue a prendre des initiatives comme nous montre le passe simple "il parla", il a le dsir de plaire puisqu'il "fut aimable" mais si Jeanne remarque cette transformation, elle n'en voit pas le but. On a, au passage, un cho au dbut, Jeanne trouve Julien "comme autrefois", justement au moment ou elle avait t sduite. Les atouts de Julien qui l'avaient sduite taient les cheveux et les yeux. Ici, justement Julien a de "larges yeux" caressants comme ils l'ont sduit. Le "miroir d'amour" nous rappelle la sduction de Jeanne. La structure en chiasme "ternes et durs...molles et luisantes" nous montre la mtamorphose des cheveux de Julien; ils sont "parfume" ce qui montre la sensualit de Julienne "la brosse" nous montre le soin que Julien s'est donne. Le fait qu'ils soient "luisant", enfin, nous montre, par leur rayonnement, que julien veut sduire. Julien a donc repris les armes du sducteur qu'il avait utilises pour Jeanne pourtant le narrateur ne nous montre aucune interprtation de Jeanne, ce qui nous montre sa navet. 2/ Le dpart des Fourville nous montre la navet de Jeanne 1/ Le dialogue bref La Comtesse se livre son tour a une scne de sduction a l'adresse de Julien (elle a t sduite) puis a celle de Julien. Le couple de sducteur Julien-Gilberte s'oppose aux Comtes. Le dialogue entre les futurs amants restent polis et formels, ils ne veulent pas laisser de doutes: "mon cher Vicomte" l'appelant par son titre, la comtesse utilise un registre soutenu: "voulez-vous". Le vicomte s'incline en rponse et reprend le titre "Madame" et utilise un registre soutenu lui-aussi avec l'adverbe "mais certainement". Le recours au discours direct nous fait une rvlation qui explique le gout de Julien pour le chevala Comtesse aime faire "une promenade a cheval". Le lecteur peut alors faire son jugement sur le regard de Jeanne.18

La Comtesse, elle, joue un double jeu; connaissant dj la rponse de Julien, elle ne l'coute pas et va tout de suite Jeanne comme le montre la locution prpositionnel "pendant que", elle veut loigner son mari et Jeanne de tous soupons. LA comtesse est donc plus familire et plus chaleureuse avec Jeanne, elle "lui prend la main" et, s'opposant a son dialogue prcdant avec Julien, utilise le registre familier. Cette sympathie cre pour Jeanne se traduit par les pithtes "tendre et pntrante", la comtesse est affectueuse avec "son sourire". Elle s'installe tout de suite en amie avec l'interjection "oh". Cependant l'utilisation du terme "gurie" pour parler de Jeanne enceinte nous montre sa mauvaise cote: -elle est aigrie parce quelle ne peut pas en avoir -dans sa complicit avec Julien, elle n'aime pas les enfants Avec le projet "galoperons", la comtesse sduit Jeanne qui aime les chevaux. La comtesse exclut d'ores et dj son mari puisqu'ils seront "tous les trois", mettant en place un mnage trois amante-marifemme. Elle est diabolique, ce sera "dlicieux". Et pourtant, tout se droule en cho avec l'invitation au vicomte "voulez-vous". 2/Le dpart des deux cavaliers LA focalisation interne nous permet un contraste entre les deux Fourville du point de vue de Jeanne. La Comtesse est pleine de grce avec "sa lgret d'oiseau", elle apparait soigneuse et coquette puisqu'elle "relve sa queue d'amazone". Elle est en plus trs fine et fait un "geste aise". Pour la dcrire, Maupassant-Jeanne utilise un vocabulaire prcis de l'ducation: "en selle". L'opposition introduite par la conjonction "tandis que" nous prsente un comte rustre ("gauchement"); il est prsente comme un paysan avec un cheval de traie, une "bte normande". La mtaphore de l'ours est file avec la comparaison au "centaure". Plus tard, on le verra sauver sa femme a cheval. On a donc un contraste entre les deux, il n'y a aucune harmonie dans le couple et le comte apparait comme le complet oppose de Julien. Jeanne se trompe dans la description en prfrant la Comtesse. 3/ L'ironie tragique dans le dialogue renoue 1/ Le dialogue renoue19

Julien est tout heureux de la visite comme le montre le champ lexical du bonheur: "enchante", "gaiement", "charmantes". De plus le geste "se frottant les mains" nous montre la bonne humeur de Julien mais il est surtout habile et JOUE un jeu. Il fait croire qu'il est intresse: "connaissance utile" et parle de l'ducation, "c'est un vrai noble". Pour masquer son jeu, Julien ne s'intresse qu'au mari et fait semblant d'une conversation avec une concession "un peu rude" et semble raliste "rencontre par hasard". Jeanne aussi est heureuse ("joie") mais "sans savoir pourquoi". C'est elle qui valorise la comtesse, la qualifiant de "ravissante" et tant sure qu'elle "l'aimera". En revanche, elle fait une erreur sur son mari puisqu'elle le croit une "brute". Les dialogues confirment donc l'opinion pressentie dans les descriptions de la focalisation interne. 2/L'ironie tragique de Maupassant L'adverbe "presque" ne nous fait pas croire au bonheur. Maupassant parle de "bonheur cache" alors qu'il s'agit d'un malheur, il se moque presque de sa pitoyable hrone qui croit tre sauve alors que le spectateur sait que non. La locution "comme si" est trompeuse, il nous montre que Jeanne se trompe, le malheur est arrive. Conclusion: Julien pour la seconde fois commence tromper Jeanne. On peut remarquer la scne anime (parole et description) qui rappelle le cinma. Le narrateur nous peint le caractre naf de son hrone a travers cette rencontre. Il pose un regard impartial mais, avec l'ironie tragique, fait en sorte que le lecteur voit l'adultre. Cette ironie limite le ralisme.

Chapitre 14: Introduction: Deux vnements symboliques viennent de se produire: - Le retour aux Peuples a t pour Jeanne l'occasion de dfinitivement tourner la page; Batteville devient le port d'attache. - La lettre de Paul qui scande et acclre le rcit (mise en attente) Les dernires lignes livrent les sentiments de Jeanne.20

Le Plan: l 1-6: Un paysage qui rvle les sentiments l 7-18: Jeanne reprend gout a la vie l 19-24: L'ultime leon de Rosalie 1/ Le paysage Maupassant nous dcrit un paysage de printemps, il est marque par sa "clart", ses couleurs vives et les comparaisons. On a en fait un lien entre l'incipit et cet excipait: la voiture, le soleil... Les sentiments de Jeanne sont les mmes. 1/ Le reflet raliste Ce passage dcrit la fin d'une journe "le soleil baissait" mais aussi la fin d'une vie, attnue par des sonorits trs douces. La mtaphore "inondant de clart" nous montre l'immensit du paysage ouvert et sans obstacles, les "plaines". Ce paysage est marque par les couleurs: le vert ("verdoyantes"), "l'or", le rouge "le sang". On retrouve au passage la mtaphore des coquelicots qui saignent comme au dbut du roman et plus tard quand ils manquaient a Jeanne a son retour de Corse. La redondance "quitude...tranquille" nous montre le calme absolu du paysage. Cette scne rappelle le tableau final de Germinal ou tout germe comme nous le montre "les sves". L'hypallage "terre tranquille" nous montre que, de mme que la paix est infinie, le maitre vient de mourir, ce qui est une raison de bonheur et de paix pour Jeanne. Ce nouvel lan et cette nouvelle vie est marque par la "carriole" et sa vivacit: "grand train". 2/ Rappel de l'incipit Dans l'incipit, Maupassant parlait des "berlines qui dvalaient sur les quais au trot des grands chevaux". De mme, a la fin, on retrouve cette vitesse avec "la carriole allait a grand train". La fin de la pluie qui marquait le bonheur de Jeanne arrivant aux Peuples se retrouve ici puisque "le soleil" est tmoin de ce dernier bonheur. 2/ Le Dernier Portrait de Jeanne en action21

1/ Jeanne regarde devant elle Le regard explicite la focalisation interne avec le verbe "regardait" qui donne a Jeanne un caractre actif. La symbolique du regard nous montre la nouvelle dtermination de Jeanne davant un avenir qui lui semble nouveau ouvert, elle regarde "droit devant elle". De plus on observe un mouvement ascendant "en l'air". On a bel et bien un lan vers un avenir qui est plus haut. On observe en plus un rythme ternaire "dans me ciel qui coupait, comme des fuses, le vol cintre des hirondelles". La comparaison appelle, elle-aussi, la vitesse: "comme des fuses". L'imparfait nous montre un regard qui dure. On observe au passage une prcision naturaliste: "le vol cintre" qui nous informe sur la technique de vol des hirondelles. Ce nouvel engouement est amplifie par la rptition des conjonctions "et". 2/ Jeanne prend conscience de l'existence du nourrisson L'adverbe "soudain" arrache le personnage d'une sensation visuelle a une sensation tactile. On observe en fait une mise en attente dans la description des sentiments. Maupassant retourne alors au passe simple "gagna" et, par trois verbes d'action: "traversant, gagna, pntra" nous annonce l'interprtation que Jeanne a de cette chaleur avec l'imparfait explicatif "c'tait" lie par la juxtaposition en point-virgule. On observe en plus une double gradation: la temprature volue avec "tideur...chaleur douce" et les lieux de pntration: "robes...jambe...peau". L'enfant est ainsi mis en valeur. 3/ Jeanne est en contemplation devant l'enfant En le qualifiant de "petit tre", Maupassant-Jeanne nous montre sa fragilit, il "dormait", il y a donc un appel a la protestions, ce besoin du nourrisson, Jeanne le ressent comme une "motion infinie". Cette joie traduit une raction excessive avec la force de l'motion montre par des termes forts comme "infinie", "brusquement", "furieusement". Jeanne serait-elle en train de recommencer l'erreur de l'ducation de Paul ? Le naturaliste franchit-il ses limites ou nous montre-t-il simplement le dterminisme ? En tout cas, l'motion prend possession de Jeanne, "envahit".22

Avec la priphrase: "la fille de son fils", Maupassant fait une gnralisation, le roman raconte une vie; mais c'est aussi l'occasion de montrer que c'est la propre filiation de Jeanne, cette crche. Toute la lumire est en tout cas porte sur l'enfant; la conscience de son existence est une naissance; le nourrisson est porteur de vie: - par la parole: il "remue la bouche" - par le regard: il aux "yeux bleus", Jeanne s'y retrouve, c'est l'occasion pour Maupassant de montrer son naturalisme. Mais le terme "frappe", ngatif, nous rappelle le pessimisme de Maupassant, la naissance est le premier malheur de l'homme, on se rappelle en effet les naissances de Paul et Denis. Ici, on a plutt un regard optimiste de l'enfant qui ouvre les yeux. Mais sa fragilit est toujours la, il est "frle". 4/ La raction excessive de Jeanne Jeanne fait alors un geste de passion, d'amour: "se mit", ce sentiment d'impatience soudain s'oppose a la dure du regard: "qu'elle n'avait pas encore vue". Les trois verbes numres en rythme ternaire: "embrasser, soulever, baiser" nous montre la dmesure de l'hrone, le lecteur peut craindre une mauvaise ducation de la petite fille a cause de la hargne de Jeanne ("furieusement", "cribler"). Cette fin ambige n'claire donc pas le lecteur. 3/ Les dernires paroles de Rosalie 1/ Rosalie intervient Le lien logique "mais" oppose la lucidit de Rosalie a l'exthase de sa maitresse. Les rapports maitresse-servante se sont inverses. En effet, depuis le chapitre 11 (p 237) ou Rosalie "l'emporte comme elle l'eut fait d'une petite enfant", la servante est autorise a rprimander sa maitresse. Elle met donc fin la violence de l'action de Jeanne: "elle l'arrta" tout en parlant amicalement: "voyons, voyons". Jeanne, elle, aime mais "fait crier". Cet excs goste montre par Rosalie pourrait nous promettre une suite plus pessimiste. Heureusement la prsence de Rosalie va sauver l'ducation de la petite fille. 2/ L'ultime leon23

Le narrateur ne sait pas si Rosalie a raison, elle rpond "sans doute". L'ambigut pousse le lecteur a se demander si elle rpond a sa pense ou a celle de Jeanne. En tout cas, on a la l'image idyllique des deux surs qui se retrouvent. On a la une association des personnages (bien pour Jeanne) ou une dissociation si elles s'opposent. C'est une vision terne de la vie que Maupassant nous propose, "l'humble vrit", selon lui, c'est que la vie n'est pas formidable. L'auteur est en fait ironique puisque, lui, trouve toujours une solution (phrase de Rosalie). C'est la femme du peuple qui donne la lecon. Conclusion: Maupassant nous propose une fin strotype, la fin ne peut pas tre trop heureuse, le roman se clt donc sur une ambigut en ce qui concerne l'avenir de la petite fille. Ce passage est aussi l'occasion de noter la beaut du paysage raliste et l'exploitation du discours direct. L'auteur aura t symbolique jusqu'au bout avec l'hypallage, tout est la par le biais du symbole. Maupassant est all du particulier au gnral, il veut nous montrer la vie plutt que Une Vie, c'est cela: "l'humble vrit".

Maupassant (1850-1893) Issu de la petite noblesse de Province, Guy de Maupassant est n en 1850 au chteau de Miromesnil prs de Dieppe en Normandie. Aprs la sparation de ses parents en 1860, il vit avec sa mre prs des paysans. Chass du prceptorat d'Yvetot pour son rationalisme, il entre au lyce de Rouen ou, grce Louis Bouilhet, il rencontre Flaubert. il en ressort bachelier en 1869. Il arrive alors a Paris pour faire des tudes de droit vite interrompues par la guerre franco-prussienne. Mobilis, il se souviendra de son exprience et surtout de sa haine envers les militaires rudes et les politiques qui dclenchent les conflits. Rentre a Paris, il connait la vie de bureau a l'instruction publique ou ses rares moments d'vasion sur la Seine lui inspireront Une Partie de Campagne (1878).24

Toujours sous l'influence de Flaubert, il crit des pomes comme Au bord de l'eau. en 1880, il commence frquenter l'cole naturaliste et Zola. La publication des Soires de Medan rvle Boule de Suif, Maupassant a acquis suffisamment de notorit pour vivre de sa plume. Entre 1880 et 1891, Maupassant va crier prs de 300 nouvelles runie en 18 volumes et 6 romans dont Une Vie en 1883. Maupassant russit conjointement dans le milieu journaliste dont il fait la satire dans Bel-Ami (1885). Apres Mont-Oriol (1887) et Pierre et Jean (1889), Maupassant dpeint la vie mondaine en s'inspirant de ses propres aventures dans Fort comme la mort (1889) et Notre Cur (1890). Les portes de la haute socit lui sont dsormais ouvertes, il frquente les salons, a de nombreuses maitresses et voyage beaucoup sur son yacht Le Bel-Ami, rapportant ses souvenirs dans des nouvelles comme Sur l'eau (1888). cependant depuis 1884, Maupassant souffre de nvralgies, victime d'hallucinations et de crises d'angoisse, son mal se rpand. Il a alors l'impression de sentir prs de lui une force mystrieuse et hostile, Le Horla. Syphillitique, il est condamn mourir de dgnrescence. Apres une premire tentative de suicide rate le 1er janvier 1892, il est interne a la maison de sante du docteur Blanche comme son frre Herce en 1889. Cette fin d'existence vgtative s'achve le 6 juillet 1893, il n'aura jamais retrouve la lucidit. Brillant lve de l'cole raliste et naturaliste, disciple de Zola et admirateur de Flaubert, Maupassant se caractris par son pessimisme et sa peur de la mort. Une Vie: Ecrit en 1883, Une Vie est le premier roman de Maupassant. Fortement inspire de son enfance passe en Normandie, Maupassant nous raconte la vie d'une aristocrate de Province, Jeanna Le Perhuis des Vauds. Chapitre 1: DEPART DE ROUEN ET IMPATIENCE DE RETROUVER LA CAMPAGNE (Comprend un extrait expliqu) Tout est dj engag quand l'action commence, Jeanne plie ses bagages avant de sortir du couvent, le 2 mai 1819. Le lendemain, 3 mai, accompagne des domestiques, Rosalie, Ludivine et le Pre Simon, Jeanne retourne aux Peuples a la campagne avec son pre.25

elle y retrouve avec bonheur sa maison, la campagne, sa mre, la mer. Le pre et la fille, le lendemain de leur arrive, visitent leur domaine et vont jusqu'au village voisin, Yport. Bien qu'il s'agisse du premier roman de Maupassant, on retrouve l'habitude du conteur (Maupassant est galement l'auteur de nouvelles). Le lecteur surprend donc l'hrone. Maupassant ouvre par dtail (l'averse), il remonte le temps et se retrouve dans une socit de Restauration. La scne se passe Rouen que Jeanne quitte pour la campagne. L'exposition nous prsente: - Le lieu de l'histoire: Rouen o Jeanne a pass son enfance Les Peuples, demeure de Jeanne Le village (Yport) La proximit de la mer (falaise) -L'atmosphre de l'histoire pour l'instant est le bonheur: L'achat des poissons avec le pre La redcouverte de la chambre Le fait qu'ils se prennent par la main Le bonheur rv (anticipation) la fentre Le bonheur d'avoir une vie nouvelle au sortir du Couvent Le retour la campagne qui inspire le bonheur Jeanne Cependant, Maupassant a plac de nombreux signes prmonitoires que l'on retrouvera dans l'uvre: -"la pluie" qui scande l'uvre et le temps qui passe. Pour Jeanne, le pass a toujours t meilleur. - Le calendrier, Jeanne garde prcieusement les calendriers, tmoins du temps. - La pendule qui est un tmoin de la Vie de Jeanne - Le fait que Rosalie soit la sur de lait de Jeanne - La tapisserie qui raconte un amour malheureux - Le portefeuille qui chappe aux mains de la baronne - La mconnaissance de soi en gnral Maupassant nous dcrit galement la Normandie, le littoral orageux et son aspect esthtique. Le soleil levant symbolise l'espoir au dbut de cette nouvelle existence. De la description dteint le caractre des personnages. Jeanne est capable d'tre heureuse dans la nature. On peut donc dire que le ralisme de Maupassant est subjectif. En effet, les26

descriptions nous montrent par exemple, que Jeanne n'est pas une intellectuelle de part son dsintressement pour la bibliothque. Chapitre 2: LA VIE EN FAMILLE AUX PEUPLES OU LE BONHEUR CACHE (Comprend un extrait expliqu) Jeanne maintenant aux Peuples goute avec sa famille toutes les joies de la nature. Elle fait de longues promenades rveuses, et se confond avec la nature. Le baron trouve son bonheur entre son domaine agricole et les parties de pch, la baronne fire de son hypertrophie fouille ses reliques. A la fin du chapitre, l'abb Picot parle la famille du Vicomte de Lamarre qui lui a fait le meilleur effet. Le Chapitre 2 n'est pas dat, on a une rptition d'activits sur quelque semaine (comme pendant l'enfance de Paul). Jeanne, dans son bonheur, perd la notion du temps. Le mode d'approche des personnages est assez similaire au cinma, on les voit, on les entend et le narrateur se place dans une focalisation externe. Le chapitre 2 est l'occasion de mieux connatre les parents et ce qu'ils ont transmis Jeanne (pour la mre notamment, le temps statique, le sentimentalisme, la candeur, les lectures).

Chapitre 3: L'ARRIVEE DE JULIEN ET LA REALISATION DES REVES (Comprend un extrait expliqu) A la sortie d'un office, la baronne et Jeanne font la rencontre du vicomte de Lamarre qui les charme tout de suite par son physique et sa politesse. Rapidement invite au chteau, il s'entend a merveille avec le baron et commence a emmener Jeanne en promenade. Dans le foret ou sur la mer, l'idylle commence, d'autant plus que le pre Lastique voit l "un bien joli couple". Le baron offre en surprise a Jeanne un bateau, La Jeanne, le soir mme du baptme, Julien (le vicomte) fait sa dclaration a Jeanne. La nature a un rle trs important dans ce chapitre, c'est tout d'abord la qu'ont lieu les promenades le soir. Page 58, on remarque l'esthtique du tableau marin avec "la coquetterie de la mer" personnifie.27

De plus, les lments de la nature disent eux-mmes l'amour, le soleil devient "amant de feu" et la mer, "monstrueuse fiance". Cette vision pique, semblable une scne mythologique, rappelle Zola. La nature donne toujours les sensations, les deux amants posent un regard de la falaise sur la cote et la nature, "petit coin de verdure" prend un aspect symbolique, refuge des amants. C'est galement pour le lecteur l'occasion de regarder l'volution des sentiments de Jeanne, ce n'est pas un coup de foudre mais c'est par dsir d'aimer, sans lan que Jeanne va s'prendre de Julien: "il lui semblait qu'elle commenait aimer". Jeanne a un rle actif, c'est elle qui propose a Julien de s'asseoir. Mais l'amour entre les deux existe-t-il vraiment ? Quand Julien lui demande, Jeanne ne rpond pas, c'est lui qui lit dans son regard. Maupassant se moque en plus du fatalisme de Jeanne, elle se demande "tait-ce bien lui ?". Dans ce passage, il dnonce ses personnages. Maupassant prend galement du recul face a Julien, s'loignant du ralisme. Dj son portrait nous le laissait pressentir mais le fait que Julien soit mal a l'aise quand Rosalie dclare qu'elle le trouve a son gout nous montre bien son esprit coureur. De plus, il se fiche des femmes comme nous le montre l'anecdote du lapin. On peut galement noter que Jeanne se demande si Julien l'aime par ivresse ou par exprience Enfin, ce passage est truffe de passage comique: la baronne fait la gnalogie de toute la famille, ce qui permet Maupassant de critiquer les aristocrates qui se connaissent sans se voir. On retrouve des passages ralistes avec le jet de salive brute ou l'accent populaire. Mais c'est surtout l'anticlricalisme de Maupassant qui ressort puisque le prtre glisse du latin et lance des Amenas. Chapitre 4: LE MARIAGE DE JEANNE ET SA PREMIERE DECONVENUE Un matin de juillet 1819, le baron annonce a Jeanne que Julien l'a demande en mariage. Bien qu'il soit beaucoup moins riche, la famille accepte. Apres la radieuse saison des fianailles et les premires embrassades, le mariage se droule le 15 aout. Les seuls invites sont l'abb Picot et Tante Lison dont on ne se soucie peu mais qui fond en sanglot devant l'idylle des deux amants. Les noces se droulent trs simplement et, sans qu'elle y comprenne grand chose, le baron tente d'expliquer a Jeanne les principes de la28

sexualit. Comme elle se refuse a lui, Julien viole Jeanne le soir des noces. Le lendemain, tout semble avoir repris son cours, "il n'y a qu'un homme de plus dans la maison". Ce chapitre semble nous annoncer le bonheur futur de Jeanne. Mais si la sympathie des parents pour Julien, l'attraction physique qu'il produit sur Jeanne et l'impression de rve ralis que Jeanne a le soir de ses noces semblent nous annoncer le bonheur, le manque d'ducation de cette dernire, ses dboires sexuelles, premires dsillusions, et ses questions troublantes "aimait-elle son mari" nous suggre plutt que ce mariage sera un chec. Jeanne a d'ailleurs un caractre trs proche de la Tante Lison. Dans la description du mariage, Maupassant en profite pour une lgre satire du clerg avec les noces de Ganache. Le raliste montre quelques limites, que ce soit pqr l'emploi des verbes "semble", "a l'air" par la tendance a gnraliser des moments comme la communion d'amour entre les personnages: "il est de ces moments ou tout semble changer autour de nous", ou encore par son opposition au mariage qui transparait dans la scne. On remarque que galement l'ironie de Maupassant et sa "voix indiffrente qui parle sans penser". Mais Maupassant reste un naturaliste avec des scnes comme la nuit de noce qui rappelle Zola ou le portrait de la Tante Lison, pur produit de la socit aristocrate. Chapitre 5: LE VOYAGE DE NOCE EN CORSE Les deux maries partent en voyage de noce. Oubliant les rapports physiques qui la dgoutent toujours, Jeanne s'est habitue a Julien. Elle part avec une bourse pleine que Julien, autoritaire, lui prend instantanment. Apres un voyage rveur et merveilleux, ils arrivent a Ajaccio ou Jeanne est due par Julien, tant par ses exigences physiques (il demande une chambre pour la journe) que par sa pingrerie. Mais, comme le voyage avance, tout devient gai et heureux. Jeanne, devant la beaut des choses au Val d'Ota, embrasse Julien. Ce faisant, les maries dcouvrent galement les corses et leurs murs difficiles, apprenant un meurtre et promettant la concierge un pistolet. Au retour, les amants passent par l'Italie et atteignent Marseille le 15 octobre. Le bref passage a Paris ne sera marque que par l'autorit exerce par Julien pour le don de l'argent.29

La-encore, le chapitre nous montre l'idylle des deux amants et semble nous annoncer leur bonheur. En effet, le voyage est ralise comme un rve et Jeanne prouve des plaisirs intenses comme au Val d'Ota. Mais les dboires physiques recommencent et Jeanne est choque par l'insensibilit de Julien a l'htel, de plus, il n'prouve rien devant les paysages, ce qui surprend Jeanne et est nerve par "ces nervements de femme". On peut galement noter l'autorit qu'il exerce sur l'argent donne par la mre. Le malheur est donc partiellement annonce. Du point de vue de l'auteur, si le raliste peint a merveille la Corse et ses murs, on remarque que son amour pour cette rgion transparais de part les nombreux points d'exclamation. Chapitre 6: LE REGNE DE L'ENNUI (Comprend un extrait expliqu) Jeanne rentre aux Peuples dans une profonde dsillusion. La tristesse du paysage la fait sombrer dans la mlancolie, elle n'a plus rien a faire. De plus, Julien lui parait dsormais un tranger, il ne s'occupe qu surveiller son argent, cupide. Soucieux de rendre visite aux aristocrates du canton, il fait peindre sur une berline les armes des Lamarre et des Le Perhuis des Vaud. Cependant, la premire sortie chez les Briseville est marque par la dispute de julien avec le baron. Julien accuse ouvertement le baron d'avoir dilapide sa fortune. Le 9 janvier, les parents doivent quitter Jeanne, avant de partir, Jeanne et le baron font une dernire promenade a Yport. La focalisation interne dans ce chapitre nous montre le regard de Jeanne sur la nature, qui permet de reconnaitre ses sentiments. On a alors une forte opposition entre la Corse et la Normandie. De plus le lecteur peut observer la fidlit de ses sentiments envers Julien mme si elle le trouve changer. Le temps s'acclre pendant ce chapitre, "toutes les semaines du mois ressemblent la premire". Du point de vue du ralisme et du naturalisme, le narrateur analyse la situation avec concision et impartialit. Jeanne a hrite de sa mre cette vie dans le passe et se laisse aller a la letargie, cependant, contrairement a sa mre, elle veut parfois "tout savoir". Le destin de la mre et de la fille semblent similaires. Mais le narrateur intervient quelque peu puisqu'il semble juger la "froideur" de Julien devant le dpart des parents.30

Chapitre 7: LA DECOUVERTE DE LA TRAHISON DE JULIEN Les mois d'hiver 1820 sont durs pour Jeanne qui doit obir a Julien et sa cupidit croissante. Un matin de fvrier, Rosalie est prise d'un mal soudain et accouche d'un nourrisson. Si Julien cherche s'en dbarrasser, Jeanne se montre plutt compatissante envers sa sur de lait. Le soir de l'vnement, par un hasard extraordinaire, Julien retrouve le lit de son pouse. Quelques jours plus tard, comme elle ne se sent pas trs bien, Jeanne va chercher Rosalie en pleine nuit. Ne la trouvant pas, elle entrouvre la porte de la chambre de Julien et l'y dcouvre avec la bonne. Epouvante, Jeanne part se suicider mais la pense de ses parents l'en dissuade, elle s'vanouit dans la neige. A son rveil, elle apprend qu'elle est enceinte mais, comme elle raconte l'histoire de Julien, sa mre refuse de la croire et Julien dment fortement quand le baron lui demande. Mais, a l'aide de l'abe Picot, le forfait est avoue par Rosalie qui raconte que Julien des sa premire visite est all coucher avec Rosalie. Les parents de Jeanne nerves sont forces d'avouer eux-mmes a l'abb qu'ils ont aussi eu des aventures. Pour se dbarrasser de Rosalie, le baron la dote de 20 000 francs. Ce chapitre est le plus long du roman bien qu'il ne recouvre que quelques semaines. L'action est raconte en temps rel, on retrouve des dialogues. Il s'agit du moment-clef de l'uvre, Jeanne a sa premire dsillusion et sait que Julien ne lui apportera plus de bonheur. Le couple rconcilie se prpare a une nouvelle tape, l'arrive d'un enfant. Mais, comme Jeanne a perdu toutes affections pour Julien, on sait qu'elle la reportera sur l'enfant. Jeanne apparait toujours comme un personnage trs naf, elle ne comprend pas l'adultre quand Rosalie accouche. Du point de vue du naturalisme, ce chapitre est trs fort, la dispute avec le pre et la course de Jeanne dans la neige rappelle Zola. Mais Maupassant se montre trs pessimisme, ainsi, la fidlit n'est pas possible. Chapitre 8: LE RENOUVEAU DU BONHEUR (Comprend un extrait expliqu) Jeanne est "anantie", "courbe", "alourdie" depuis qu'elle a dcouvert l'adultre de Julien. Rosalie est partie et Jeanne connait31

l'ennui dans son priode de grossesse. Son seul moment heureux sera la rencontre des Fourville pour qui Julien s'est transforme. Fin juillet 1820, Jeanne accouche prmaturment dans la douleur alors que Rosalie n'avait eu aucune peine. Mais, des l'enfantement, elle se saisit d'une nouvelle passion pour son fils Paul. Jeanne est tellement possessive qu'on doit bientt la sparer de l'enfant dont Julien est totalement indiffrent. Apres le baptme de Paul, Julien refuse de cder une si grosse dote au mari de Rosalie, cependant le baron n'a qu'une parole et elle pouse Dsire Lecoq. Jeanne, de son cote, s'prend pour son fils. Ce chapitre est l'occasion pour Jeanne de retrouver le bonheur; trois vnements majeurs surviennent en effet; la naissance de Paul, la rencontre avec les Fourville et le mariage de Rosalie. Chapitre 9: LE RETOUR DU MALHEUR Jeanne est dsormais remise de sa grossesse, elle peut se donner aux visites mondaines. Les Fourville avec qui elle s'entend a merveille lui proposent les promenades a cheval. Le comte, cette fois-ci, lui fait le meilleur effet. Leur visite chez les Coutelier est elle moins rjouissante, ils y sont considres avec mpris. Si l'attitude de Julien envers Paul est toujours aussi averse, le comte de Fourville, lui est trs proche de l'enfant. La comtesse, elle, est de plus en plus colrique si bien qu'un jour son cheval s'emporte et que, devant la faiblesse de Julien, le comte va la sauver. Un jour qu'elle se promne seule, Jeanne dcouvre l'adultre de Julien, elle se ressoude alors ne plus aimer que son fils et ses parents. En mai 1821, les Parents reviennent justement aux Peuples mais la baronne est trs amoindrie. Consultant une dernire fois ses reliques, Corinne et les Mditations, elle s'teint quelques semaines plus tard sous les yeux de Jeanne qui se refusent a cette mort. Dans les reliques, Jeanne dcouvre que sa mre a, elle-aussi, entretenu des relations avec un noble, Paul d'Ennemare. L'enterrement a tout de mme lieu par un temps radieux. Ce chapitre est replace sous le signe du malheur, Jeanne decouvre l'adultere de Julien et la baronne meurt, lui apprenant sa vie infidele. Pour Maupassant, c'est l'occasion de peindre le couple et le peuple. Chapitre 10: VIOLENCE ET MORT Depuis sa mort, Jeanne retrouve sa mre dans les objets qu'elle a laisses. Un jour, Paul vient a tomber malade, Jeanne comprend32

qu'elle peut perdre son unique raison de vivre. Elle prend alors la dcision d'avoir un autre enfant, ce qui pose un problme puisque Julien vit totalement spare d'elle. Son pre tant absent, elle a donc recours l'abb Picot. Celui-ci rconcilie les deux poux. Les rapports physiques reprennent ce qui rpugne toujours Jeanne mais Julien fait en sorte que Jeanne ne puisse avoir un autre enfant. Celleci retourne voir l'abb Picot qui lui donne un nouveau conseil. Jeanne prtend tre dj enceinte a Julien et celui-ci ne prend alors plus de prcautions. Jeanne tombe alors enceinte comme elle le souhaitait. L'abb Picot est nomme doyen de Goderville, il quitte Etuvent. Un jeune prtre fanatique exigeant, l'abb Tolbiac, arrive dans la paroisse. Si Julien respecte ses ides a la lettre, le baron voit tout de suite "un inquisiteur". Un jour, l'abb Tolbiac dcouvre l'adultre de Julien avec Gilberte; il somme alors Jeanne d'intervenir pour arrter mais celle-ci refuse. Fou de rage, il massacre une chienne qui mettait bas en quittant le chteau. Le seul chiot survivant sera baptis Massacre. Devant l'intervention du baron, le jeune abb promet une vengeance terrible. L'abb sait dsormais ou les amants se runissent. Un jour, le comte de Fourville arrive brutalement chez Jeanne, lui demande ou est sa femme et, devant l'ignorance de Jeanne, part vers une petite cabane de berger vers le Val de Vaucotte ou sont runis les amants qu'il prcipite dans la falaise. Le soir mme, Jeanne accouche d'un enfant mort-ne. Ce chapitre est marque par la violence et la mort (les amants, la chienne et l'enfant). Maupassant y traite des sujets tabous, comme la volont de Jeanne d'tre enceinte ou le meurtre de la chienne. On retrouve le naturalisme avec la leon de vie (didactique) mais aussi le naturalisme avec le tableau des corps mutile des amants et de la chienne. Chapitre 11: L'USURE DU TEMPS Apres la mort de Julien en 1822, Jeanne reste trois mois traumatise, refusant la thse de l'accident et pensant qu'il s'agit d'un plan fanatique de l'abb Tolbiac. Son pre et Tante Lison se sont dsormais installes aux Peuples. Elle se consacre dsormais a Paul devenu "Poulet" qui ne va ni a l'cole ni a l'office. Cette ducation pousse l'abb Tolbiac a lui interdire la communion, ce qui exclut la famille de toute relation avec33

le village et les autres nobles. Quand il a 15 ans, Jeanne doit se rsoudre envoyer Paul au Collge du Havre. A 20 ans et prs deux redoublements, il commence limiter ses visites a la maille. Un jour, un usurier juif vient rclamer a la famille 1500 francs. Le baron dcouvre vite la vrit, Paul entretient une femme la ville et prtexte des faux certificats d'tude. Rapatrie aux Peuples par sa mre et son grand-pre, Paul fuit en Angleterre avec sa compagne. L'abb Tolbiac en profite pour accepter un "demi pardon" pour Jeanne. Le baron doit dsormais rgulirement payer les dettes et faillites de Paul, hypothquant tous ses biens, y-compris le chteau des Peuples. Le baron meurt d'une crise d'apoplexie en 1844, Tante Lison dcde peu de temps aprs. Jeanne qui n'a plus envie de vivre est ramne aux Peuples par Rosalie, qui, veuve, vient s'installer avec Jeanne. Maupassant profite de ce chapitre pour critiquer l'ducation de Paul mais c'est surtout l'isolement de Jeanne et la mort du baron qui attriste Jeanne.

Chapitre 12: LE RETOUR DE ROSALIE QUI PREND EN MAIN LES AFFAIRES Rosalie, qui a pris en main les affaires, impose a Jeanne pour viter la ruine totale de vendre les Peuples. L'acheteur est Monsieur Jeoffrin, un bourgeois. Jeanne fait une rapide chasse aux souvenirs (plerinage aux greniers) et se dcide choisir les rares meubles qu'elle emportera. C'est le fils de Julien, Denis Lecoq, qui aide au dmnagement. Jeanne doit faire ses adieux, elle retrouve alors Massacre, presque mort. Le jour crucial du dpart, Jeanne tombe en syncope devant le souvenir du jour de son retour aux Peuples en 1819. On la dpose inanime dans la carriole. Pendant le trajet, Rosalie et son fils, en guise de vengeance, lance un filet de boue a l'abb Tolbiac; Jeanne, elle, exige qu'on lui rapporte Massacre. La vente des Peuples est la plus grande dsillusion pour Jeanne qui y voit la fin d'un monde. Chapitre 13: INSTALLATION A BATTEVILLE, VOYAGE A PARIS Jeanne s'installe Batteville fin 1845. Au dbut, accable de besognes, elle n'a pas besoin de penser. On amnage une chambre pour Poulet en vue d'un hypothtique retour du fils prodigue. Bientt,34

Jeanne sombre dans l'inactivit, elle ressent alors le besoin insatisfait de la mer. Massacre, hurle lui tous les soirs, on finit par le retrouver mort un matin au soulagement de la maison. Jeanne se dcide crire a son fils; celui-ci li rpond, lui demandant un peu d'argent et surtout l'autorisation d'pouser sa compagne. Jeanne est "atterre", Rosalie refuse qu'il pouse cette "traine". Jeanne est alors prise du dsir d'aller voir son fils Paris. 28 ans aprs ses noces, elle redcouvre la capitale mais est compltement perdue dans la grande ville. Elle apprend rapidement que Paul, endette, a quitte sa demeure sans laisser d'adresse. C'est sur cette nouvelle dsillusion qu'elle rentre a Batteville alors qu'il neige.

Chapitre 14: LE PRINTEMPS OUVRE LE RENOUVEAU DANS LA PARALYSIE (Comprend un extrait expliqu) Jeanne passe l'hiver 1847 dans la prostration, ne faisant que ressasser ses vieux souvenirs. Au printemps, Jeanne sort sur les routes et se reprend rvasser. Une affaire de Rosalie est pour elle l'occasion de retourner aux Peuples, Jeanne est tellement mue qu'elle y a des hallucinations. Un jour une lettre de Paul annonce la naissance d'une petite fille et la mort prochaine de sa compagne. Jeanne est prise d'une joie inavouable et Rosalie accepte qu'il pouse sa compagne. Elle va alors chercher la petite fille a Paris. L'arrive du nourrisson provoque une joie infinie a Jeanne. C'est le renouveau partielle de Jeanne; Rosalie a le dernier mot de l'histoire, "la vie, voyez-vous, ce n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit".

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