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SEQUENCE __ Une Vie, Guy de Maupassant. Problématique : Peut-on baser sa vie sur ses rêves de jeunesse ? Introduction : Comment rêvez-vous votre vie ? (Travail oral en groupe puis écriture personnelle). (1h) SEANCE 1 : L’entrée en scène du personnage principal. (2h) OBJECTIFS • Comprendre la situation du personnage principal au début du roman (incipit) • Étudier la figure centrale de Jeanne, l’héroïne du roman • Formuler des hypothèses de lecture sur la suite de l’histoire • Éclairer une comparaison en confrontant une description littéraire et un tableau. SEANCE 2 : Les rêves de Jeanne deviennent-ils réalité ? (1h) OBJECTIFS • Etudier la personnalité de Jeanne et l’apparent accomplissement de ses rêves Dresser le portrait physique et moral de Julien à partir de différents extraits. Travail sur les champs lexicaux SEANCE 3 : Jeanne dans la tourmente. (2h) OBJECTIFS • Comprendre et analyser les réactions du personnage dans une situation nouvelle • Construire la notion d’actant, en imaginant les décisions de Jeanne et leurs répercussions sur la suite des événements • Le point de vue dans le récit Evaluation intra-séquentielle sur les points de vue dans le récit. (1h) SEANCE 4 : Paul, l’enfant bien-aimé. (1h) OBJECTIFS • Mettre en valeur un trait de caractère dominant chez un personnage • Analyser quels peuvent être les moteurs d’une éducation Les paroles rapportées dans le récit SEANCE 5 : Jeanne, bilan d’une vie. (2h) OBJECTIFS • Analyser les transformations du personnage de Jeanne (de l’incipit à l’excipit) • Comprendre le parcours et l’évolution du personnage • Dégager la portée du roman : une réflexion sur la vie et les rêves de jeunesse Evaluation sommative (texte descriptif « le grenier de Jeanne » + réponse à question initiale de la séquence) (2h)

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Page 1: SEQUENCE Une Vie, Guy de Maupassant. Problématique : Peut ... · tenue à l’écat de la société et de l’évolution du monde et éduquée de manière très autoritaire. Le début

SEQUENCE __ Une Vie, Guy de Maupassant.

Problématique : Peut-on baser sa vie sur ses rêves de jeunesse ? Introduction : Comment rêvez-vous votre vie ? (Travail oral en groupe puis écriture personnelle). (1h) SEANCE 1 : L’entrée en scène du personnage principal. (2h) OBJECTIFS

• Comprendre la situation du personnage principal au début du roman (incipit)

• Étudier la figure centrale de Jeanne, l’héroïne du roman

• Formuler des hypothèses de lecture sur la suite de l’histoire

• Éclairer une comparaison en confrontant une description littéraire et un tableau.

SEANCE 2 : Les rêves de Jeanne deviennent-ils réalité ? (1h) OBJECTIFS • Etudier la personnalité de Jeanne et l’apparent accomplissement de ses rêves • Dresser le portrait physique et moral de Julien à partir de différents extraits. • Travail sur les champs lexicaux SEANCE 3 : Jeanne dans la tourmente. (2h) OBJECTIFS • Comprendre et analyser les réactions du personnage dans une situation nouvelle • Construire la notion d’actant, en imaginant les décisions de Jeanne et leurs répercussions sur la suite des événements • Le point de vue dans le récit Evaluation intra-séquentielle sur les points de vue dans le récit. (1h) SEANCE 4 : Paul, l’enfant bien-aimé. (1h) OBJECTIFS • Mettre en valeur un trait de caractère dominant chez un personnage • Analyser quels peuvent être les moteurs d’une éducation • Les paroles rapportées dans le récit SEANCE 5 : Jeanne, bilan d’une vie. (2h) OBJECTIFS • Analyser les transformations du personnage de Jeanne (de l’incipit à l’excipit) • Comprendre le parcours et l’évolution du personnage • Dégager la portée du roman : une réflexion sur la vie et les rêves de jeunesse Evaluation sommative (texte descriptif « le grenier de Jeanne » + réponse à question initiale de la séquence) (2h)

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SEANCE 1 : A la découverte de l’héroïne…

L’auteur : Grand admirateur de Flaubert, c’est sur ses conseils que Maupassant commence à écrire en 1875. Il publie d’abord les contes et les nouvelles, puis fait paraître son 1er roman : une vie en 1883. Il s’est inspiré de Mme Bovary, grand roman de Flaubert. Ce roman raconte le parcours d’une jeune fille confrontée aux bouleversements politiques et sociaux du 19e siècle. Cherchant à témoigner de son époque, Maupassant comme Flaubert fait partie des écrivains réalistes.

I) Analyse de la première page

1) Repérez la date à laquelle se déroule cette scène. A votre avis où se situe-t-elle ? 2) Qui est le personnage principal ?

Présentez-le : nom, âge, traits physiques, milieu familial et social. Soulignez dans le passage les traits physiques le concernant puis classez-les pour définir l’ordre de la

description. Quelle vision est ainsi donnée du personnage ?

3) Comparez le portrait de « La belle Nanni » et le portrait de Jeanne (l.30 à 40) (tableau à compléter) Pensez-vous comme il est dit dans le texte qu’ « elle semblait un tableau de Véronèse » ?

Expressions du texte Éléments du tableau

4) Quelle a été son éducation ? Expliquez-la en deux ou trois lignes. 5) Quel objet résume sa jeunesse ? Que révèle-t-il ? 6) Décrivez l’état d’esprit dans lequel se trouve Jeanne à la sortie du couvent. Quels sont ses rêves ? 7) Relevez les éléments décrits lignes 3 à 11 et ce qui les caractérise dans le tableau. Quel est le rôle de la description au début du roman ?

Élément décrit Caractérisation

II) Ecriture

Imaginez en une dizaine de lignes, la vie future de Jeanne, de retour dans « le château de famille planté près d’Yport ».

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SEANCE 1 : A la découverte de l’héroïne…

Jeanne, ayant fini ses malles, s'approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas. L'averse, toute la nuit, avait sonné contre les carreaux et les toits. Le ciel bas et chargé d'eau semblait crevé, se vidant

sur la terre, la délayant en bouillie, la fondant comme du sucre. Des rafales passaient pleines d'une chaleur lourde. Le ronflement des ruisseaux débordés emplissait les rues désertes où les maisons, comme des éponges, buvaient l'humidité qui pénétrait au-dedans et faisait suer les murs de la cave au grenier.

Jeanne, sortie la veille du couvent, libre enfin pour toujours, prête à saisir tous les bonheurs de la vie dont elle rêvait depuis si longtemps, craignait que son père hésitât à partir si le temps ne s'éclaircissait pas, et pour la centième fois depuis le matin elle interrogeait l'horizon.

Puis elle s'aperçut qu'elle avait oublié de mettre son calendrier dans son sac de voyage. Elle cueillit sur le mur le petit carton divisé par mois, et portant au milieu d'un dessin la date de l'année courante 1819 en chiffres d'or. Puis elle biffa à coups de crayon les quatre premières colonnes, rayant chaque nom de saint jusqu'au 2 mai, jour de sa sortie du couvent.

Une voix, derrière la porte, appela : « Jeannette ! » Jeanne répondit : « Entre, papa. » Et son père parut. Le baron Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds était un gentilhomme de l'autre siècle, maniaque et bon. Disciple

enthousiaste de Jean-Jacques Rousseau, il avait des tendresses d'amant pour la nature, les champs, les bois, les bêtes. Aristocrate de naissance, il haïssait par instinct quatre-vingt-treize ; mais philosophe par tempérament, et libéral par

éducation, il exécrait la tyrannie d'une haine inoffensive et déclamatoire. Sa grande force et sa grande faiblesse, c'était la bonté, une bonté qui n'avait pas assez de bras pour caresser, pour

donner, pour étreindre, une bonté de créateur, éparse, sans résistance, comme l'engourdissement d'un nerf de la volonté, une lacune dans l'énergie, presque un vice.

Homme de théorie, il méditait tout un plan d'éducation pour sa fille, voulant la faire heureuse, bonne, droite et tendre. Elle était demeurée jusqu'à douze ans dans la maison, puis, malgré les pleurs de la mère, elle fut mise au Sacré-Cœur. Il l'avait tenue là sévèrement enfermée, cloîtrée, ignorée et ignorante des choses humaines. Il voulait qu'on la lui rendît

chaste à dix-sept ans pour la tremper lui-même dans une sorte de bain de poésie raisonnable ; et, par les champs, au milieu de la terre fécondée, ouvrir son âme, dégourdir son ignorance à l'aspect de l'amour naïf, des tendresses simples des animaux, des lois sereines de la vie.

Elle sortait maintenant du couvent, radieuse, pleine de sèves et d'appétits de bonheur, prête à toutes les joies, à tous les hasards charmants que dans le désœuvrement des jours, la longueur des nuits, la solitude des espérances, son esprit avait déjà parcourus.

Elle semblait un portrait de Véronèse avec ses cheveux d'un blond luisant qu'on aurait dit avoir déteint sur sa chair, une chair d'aristocrate à peine nuancée de rose, ombrée d'un léger duvet, d'une sorte de velours pâle qu'on apercevait un peu quand le soleil la caressait. Ses yeux étaient bleus, de ce bleu opaque qu'ont ceux des bonshommes en faïence de Hollande.

Elle avait, sur l'aile gauche de la narine, un petit grain de beauté, un autre à droite, sur le menton, où frisaient quelques poils si semblables à sa peau qu'on les distinguait à peine. Elle était grande, mûre de poitrine, ondoyante de la taille. Sa voix nette semblait parfois trop aiguë ; mais son rire franc jetait de la joie autour d'elle. Souvent, d'un geste familier, elle portait ses deux mains à ses tempes comme pour lisser sa chevelure.

Véronèse, Portrait de femme, dite la belle Nanni, détail 1550

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SEANCE 1 : ÉLÉMENTS DE CORRIGÉ

1. Date : 2 mai 1819. Jeanne se situe au couvent du Sacré-Cœur à Rouen. 2. Qui est Jeanne ? Présentez-la : nom, âge, traits physiques, milieu familial et social…

Jeanne Le Perthuis des Vauds est une jeune aristocrate provinciale de 17 ans. Elle est la fille du baron Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds (lignes 21 à 23). Elle a des cheveux blonds, des yeux bleus, « sa chair d’aristocrate est à peine nuancée de rose, ombrée d’un léger duvet… » (lignes 30 à 40).

son visage, son allure physique, sa voix, un geste familier. une vision de poupée, tableau «de Véronèse ».

3. Comparez le portrait de « La belle Nanni » et le portrait de Jeanne (lignes 30 à 39). Pensez-vous comme il est dit dans le texte qu’ « elle semblait un tableau de Véronèse » ? Excepté les grains de beauté sur l’aile gauche de la narine et sur le menton, le portrait de Véronèse correspond plutôt au

portrait de Jeanne dans cet extrait, comme les éléments suivants le montrent.

Expressions du texte Éléments du tableau

« cheveux d’un blond luisant » La jeune femme représentée est blonde.

« chair d’aristocrate à peine nuancée de rose » Elle a le teint pâle et des joues roses.

« ses yeux étaient bleus, de ce bleu opaque qu’ont ceux des bonshommes en faïence de Hollande »

On remarque qu’elle a les yeux bleus.

« ombrée d’un léger duvet, d’une sorte de velours pâle » Ce duvet est perceptible dans l’ovale du visage

Cependant, le portrait de Véronèse est figé alors que celui de Maupassant est animé et traduit les aspirations de la jeune fille (« ondoyante », « rire franc », « portait ses deux mains à sa tempe »). Maupassant décrit une jeune fille offerte à la vie (« grande, mûre de poitrine, ondoyante de la taille »).

4. Quelle éducation a-t-elle reçue ? Expliquez-la en deux ou trois lignes. De douze à dix-sept ans, elle a été placée au couvent du Sacré-Cœur par la volonté de son père afin d’y recevoir une éducation propre à son rang. Elle y est « cloîtrée, sévèrement enfermée et ignorante des choses humaines ». Elle y est tenue à l’écart de la société et de l’évolution du monde et éduquée de manière très autoritaire. Le début du roman in media res correspond à sa sortie du couvent (« le 2 mai 1819 », repère chronologique précis et défini qui montre l’importance de l’événement), au moment où son père la prend en charge pour poursuivre son éducation, en particulier amoureuse (lignes 21 à 25).

5. Quel objet résume sa jeunesse ? Que révèle-t-il ? C’est un calendrier en carton sur lequel elle compte les jours jusqu’à sa sortie du couvent. Cet objet révèle l’impatience de Jeanne à quitter le lieu et à se sentir enfin libre. (lignes 12 à 16) 6. Décrivez l’état d’esprit dans lequel se trouve Jeanne à sa sortie du couvent. À quoi rêve-t-elle ? À ce moment de sa vie, Jeanne est très enthousiaste (« radieuse, pleine de sèves et d’appétits de bonheur » ligne 27). Elle attend cet instant depuis longtemps (cf. l’importance du calendrier) car elle a rêvé d’une autre vie à l’extérieur du couvent (« prête à toutes les joies, à tous les hasards charmants que dans le désœuvrement des jours, la longueur des nuits, la solitude des espérances, son esprit avait déjà parcourus » (lignes 26 à 29)).

7. Relevez les éléments décrits (lignes 2 à 10) et ce qui les caractérise dans un tableau à deux colonnes. Quel est le rôle de la description au début du roman ?

Élément décrit Caractérisation

pluie Ne cessait pas

averse Sonné contre les carreaux et les toits

ciel Bas, chargé d’eau, se vidant sur la terre, la délayant en bouillie la fondant comme du sucre

rafales Pleines d’une chaleur lourde

ruisseaux Ronflement, débordés, comme des éponges buvaient l’humidité

Cette pluie violente annonce le destin tragique de Jeanne : « le temps ne s’éclaircissait pas » ; « pour la centième fois, elle interrogeait l’horizon ». On peut conclure alors sur le personnage de Jeanne et ce qu’elle représente à ce moment du récit : une jeune aristocrate, ingénue, qui va affronter une vie à laquelle elle n’a pas été préparée et qui débute sous un déluge, annonciateur des malheurs qui vont bouleverser son existence. Elle est le personnage principal, l’héroïne, sur laquelle repose le roman, ce que confirme le titre éponyme.

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ACTIVITÉS COMPLÉMENTAIRES

Faites des recherches sur « L’éducation des jeunes filles était-elle la même pour toutes au XIXe siècle ? »

Comparer deux textes à travers les personnages de Jeanne et d’Emma (Madame Bovary, G. Flaubert).

Gustave Flaubert – Madame Bovary, « La sortie du couvent »

Elle avait lu Paul et Virginie et elle avait rêvé la maisonnette de bambous, le nègre Domingo, le chien Fidèle, mais surtout l’amitié douce de quelque bon petit frère, qui va chercher pour vous des fruits rouges dans des grands arbres plus hauts que des clochers, ou qui court pieds nus sur le sable, vous apportant un nid d’oiseau.

Lorsqu’elle eut treize ans, son père l’amena lui-même à la ville, pour la mettre au couvent. Ils descendirent dans une auberge du quartier Saint-Gervais, où ils eurent à leur souper des assiettes peintes

qui représentaient l’histoire de mademoiselle de La Vallière. Les explications légendaires, coupées ça et là par l’égratignure des couteaux, glorifiaient toutes la religion, les délicatesses du cœur et les pompes de la Cour.

Loin de s’ennuyer au couvent les premiers temps, elle se plut dans la société des bonnes sœurs, qui, pour l’amuser, la conduisaient dans la chapelle, où l’on pénétrait du réfectoire par un long corridor. Elle jouait fort peu durant les récréations, comprenait bien le catéchisme, et c’est elle qui répondait toujours à M. le vicaire dans les questions difficiles. Vivant donc sans jamais sortir de la tiède atmosphère des classes et parmi ces femmes au teint blanc portant des chapelets à croix de cuivre, elle s’assoupit doucement à la langueur sympathique qui s’exhale des parfums de l’autel, de la fraîcheur des bénitiers et du rayonnement des cierges. Au lieu de suivre la messe, elle regardait dans son livre les vignettes pieuses bordées d’azur, et elle aimait la brebis malade, le Sacré-Cœur percé de flèches aiguës, ou le pauvre Jésus, qui tombe en marchant sous sa croix. Elle essaya, par mortification, de rester tout un jour sans manger. Elle cherchait dans sa tête quelque vœu à accomplir.

Quand elle allait à confesse, elle inventait de petits péchés afin de rester la plus longtemps, à genoux dans l’ombre, les mains jointes, le visage à la grille sous le chuchotement du prêtre. Les comparaisons de fiancé, d’époux, d’amant céleste et de mariage éternel qui reviennent dans les sermons lui soulevaient au fond de l’âme des douceurs inattendues.

Le soir, avant la prière, on faisait dans l’étude une lecture religieuse. C’était, pendant la semaine, quelque résumé d’Histoire sainte ou les Conférences de l’abbé Frayssinous, et, le dimanche, des passages du Génie du christianisme, par récréation. Comme elle écouta, les premières fois, la lamentation sonore des mélancolies romantiques se répétant à tous les échos de la terre et de l’éternité ! Si son enfance se fût écoulée dans l’arrière-boutique d’un quartier marchand, elle se serait peut-être ouverte alors aux envahissements lyriques de la nature, qui, d’ordinaire, ne nous arrivent que par la traduction des écrivains. Mais elle connaissait trop la campagne ; elle savait le bêlement des troupeaux, les laitages, les charrues. Habituée aux aspects calmes, elle se tournait au contraire vers les accidentées. Elle n’aimait la mer qu’à cause de ses tempêtes, et la verdure seulement lorsqu’elle pût retirer des choses une sorte de profit personnel ; et elle rejetait comme inutile tout ce qui ne contribuait pas à la consommation immédiate de son cœur, étant de tempérament plus sentimentale qu’artiste, cherchant des émotions et non des paysages. […]

Quand son père la retira de la pension, on ne fût point fâché de la voir partir. La supérieure trouvait qu’elle était devenue, dans les derniers temps, peu révérencieuse envers la communauté.

Emma, rentrée chez elle, se plut d’abord au commandement des domestiques, prit ensuite la campagne en dégoût et regretta son couvent. Quand Charles vint aux Bertaux pour la première fois, elle se considérait comme fort désillusionnée, n’ayant rien à apprendre, ne devant plus rien sentir.

Mais l’anxiété d’un état nouveau causée par la présence de cet homme, avait suffi à lui faire croire qu’elle possédait enfin cette passion merveilleuse qui jusqu’alors s’était tenue comme un grand oiseau au plumage rose planant dans la splendeur des ciels poétiques ; et elle ne pouvait s’imaginer à présent que ce calme où elle vivait fût le bonheur qu’elle avait rêvé.

Gustave Flaubert, Madame Bovary, partie I, 1857.

Pistes d’étude 1. Faire relever aux élèves les points communs entre l’incipit d’Une Vie et cet extrait de Madame Bovary (type de personnage, époque, éducation, attitude…) qui témoignent de l’influence de Flaubert sur Maupassant. 2. Étudier ce qui distingue Emma et Jeanne :

– le moment où chacune entre en scène dans le roman (sortie du couvent / Jeanne ; pendant et après son séjour au couvent / Emma Bovary) ; – leur état d’esprit à leur sortie du couvent (Jeanne oisive, rêveuse / Emma passionnée, exigeante, nourrissant ses rêves à travers la littérature).

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SEANCE 2 : Les rêves de Jeanne deviennent-ils réalité ?

Extrait 1 1. Portrait physique : beau jeune homme qui plait aux femmes de toutes les conditions sociales, charmeur.

Portrait moral : sûr de lui, sachant bien parler, charmeur, poli. 2. Aiguise la jalousie des hommes dont il peut se présenter en rival puisqu’il plait par son physique et ses

manières aux dames. 3. Points communs : rang social noble, beauté, jeunesse.

Différences : caractère (elle effacée, lui sûr de lui), leur physique (elle blonde, lui brun), leur éducation. Extrait 2

1. Champ lexical : ensemble de mots se rapportant au même thème Trouble, émotions : « élans tumultueux, ravissements fous, remuait le cœur, rougissait, pâlissait, frissonnait ».

2. Jeanne rêve de l’amour idéal, parfait, bref DU GRAND AMOUR

Extrait 3 1. Phrases interrogatives, écriture en majuscule de LUI, L’AMOUR. Vocabulaire en relation avec destinée,

l’idéalisme : « époux promis », « voix secrètes », « Providence », « l’être crée pour elle », « deux prédestinés » …

2. « Etranglée par une émotion soudaine, défaillante, trembler, secousse nerveuse, ivresse d’amour ». 3. Comme son futur mariage : « eau bénite, main dans la main, prêtre était là, n’était-ce pas elle qu’on

mariait ?, fiançailles »… 4. Doute : « savait-il seulement par expérience qu’aucune femme ne lui résistait ? » « gardait sa figure brave

de beau garçon ». Extrait 4

1. Avarice. Il lui parle avec autorité. 2. Elle ne réagit pas. Elle s’incline et s’adapte mais si elle demeure un peu frustrée. 3. Julien est en train de changer et de montrer un nouveau visage, il veut prendre les choses en main et

imposer sa manière de voir les choses.

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SEANCE 3 : Jeanne dans la tourmente.

I) Analyse du passage :

1. La vie de Jeanne ressemble-t-elle aux hypothèses de lecture que vous aviez faites à la fin de la séance 1 ?

2. Que ressent-elle à ce moment de l’histoire ? Relevez le vocabulaire appartenant à ce champ lexical.

3. A la fin de l’extrait, apparaît un autre sentiment. Lequel ? 4. Pour montrer l’intensité de ce sentiment, Maupassant utilise différents procédés d’écriture. Essayez de les

repérer en étant attentif au vocabulaire, à la construction des phrases, aux images poétiques.

5. Comparez le portrait de Jeanne au milieu de l’histoire et celui de Jeanne au début du roman (voir séance 1). Que constatez-vous ?

6. Comment son père réagit-il ? Qu’est-il prêt à faire ?

7. En quoi cette scène constitue-t-elle un tournant dans la vie de Jeanne ? A votre avis que va-t-elle décider ?

II) Les points de vue dans le récit

Dites quel est le point de vue utilisé dans ce récit. Justifiez votre réponse. (Fiche ressource et exercices d’application.)

ÉLÉMENTS DE CORRIGÉ

1. Réponse libre.

2. Après avoir éprouvé de la colère, Jeanne est désespérée, dépitée et pleure (« elle reprit enfin d’une voix changée, mouillée, d’une voix de femme qui pleure », « elle se sentait maintenant toute pénétrée d’un désespoir morne, lent, profond, infini »/ vocabulaire des sentiments : « accablée, désespoir, tordait le cœur… »).

3. sentiment de profonde déception et d’amertume (elle n’oubliera jamais). Sa déception est grande car elle avait fondé toute son existence sur son mariage et Julien a brisé son rêve. Il ne lui reste plus rien auquel se raccrocher (« c’est uniquement pour cela qu’elle s’était donnée, liée pour la vie, qu’elle avait renoncé à toute autre espérance »).

4. Images : métaphore du puits pour le mariage, « pénétrait comme une vrille » : comparaison qui montre encore son degré de souffrance. Vocabulaire : « une parole de Rosalie lui était revenue … pénétrait dans son cœur ». « Elle était tombée dans ce mariage, dans ce trou sans bords … dans cette tristesse, dans ce désespoir ». Répétition du mot « Gentil » qui l’a piégé. Construction des phrases : exclamative, discours direct.

5. La comparaison des deux portraits met en évidence les bouleversements de la vie de Jeanne, entre le début et cet épisode central du roman. Pour conclure on peut demander aux élèves de citer une expression populaire appropriée, par exemple « Cela se lit sur son visage ».

6. Son père est indigné par le comportement de Julien. Il veut emmener sa fille pour la protéger de cet homme.

7. C’est un tournant dans la vie de Jeanne. Emplie d’espoirs et d’illusions à sa sortie du couvent, Jeanne est abattue : cet événement détruit l’image du couple idéal, représenté par ses parents, et auquel elle avait tant rêvé. S’offrent à elle plusieurs voies : accepter la situation de manière résignée ou sous certaines conditions ; essayer de reconquérir Julien ; chasser son mari ou quitter le domicile conjugal.

II)Le point de vue utilisé est le point de vue interne.

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SEANCE 3 : Jeanne dans la tourmente.

Jeanne, accablée, sentit à son tour ses yeux ruisselants ; et les gouttes sans bruit coulèrent sur ses joues. L'enfant de sa bonne avait le même père que le sien ! Sa colère était tombée. Elle se sentait maintenant

toute pénétrée d'un désespoir morne, lent, profond, infini. Elle reprit enfin d'une voix changée, mouillée, d'une voix de femme qui pleure :

" Quand nous sommes revenus de... là-bas... du voyage... quand est-ce qu'il a recommencé ? " La petite bonne, tout à fait écroulée par terre, balbutia ; " Le... le premier soir, il est v'nu. " Chaque parole tordait le cœur de Jeanne. Ainsi, le premier soir, le soir du retour aux Peuples, il l'avait quittée

pour cette fille. Voilà pourquoi il la laissait dormir seule ! Elle en savait assez, maintenant, elle ne voulait plus rien apprendre ; elle cria : " Va-t'en, va-t'en ! " Et comme

Rosalie ne bougeait point, anéantie, Jeanne appela son père : " Emmène-la, emporte-la. " Mais le curé, qui n'avait encore rien dit, jugea le moment venu de placer un petit sermon. […]

Le baron, qui tremblait d'énervement, l'interrompit : " Elle ? Que m'importe ! Mais c'est Julien qui m'indigne. C'est infâme ce qu'il a fait là, et je vais emmener ma fille. "

Et il marchait, s'animant toujours, exaspéré : " C'est infâme d'avoir ainsi trahi ma fille, infâme ! C'est un gueux, cet homme, une canaille, un misérable ; et je le lui dirai, je le souffletterai, je le tuerai sous ma canne ! " […] Le baron ne remuait plus, bouleversé.

Jeanne, affaissée, les yeux ouverts devant elle, allongée sur le dos et les bras inertes, songeait douloureusement. Une parole de Rosalie lui était revenue qui lui blessait l'âme, et pénétrait comme une vrille en son cœur : " Moi, j'ai rien dit parce que je le trouvais gentil. "

Elle aussi l'avait trouvé gentil ; et c'est uniquement pour cela qu'elle s'était donnée, liée pour la vie, qu'elle avait renoncé à toute autre espérance, à tous les projets entrevus, à tout l'inconnu de demain. Elle était tombée dans ce mariage, dans ce trou sans bords pour remonter dans cette misère, dans cette tristesse, dans ce désespoir, parce que, comme Rosalie, elle l'avait trouvé gentil !

Analyse du passage :

1. La vie de Jeanne ressemble-t-elle aux hypothèses de lecture que vous aviez faites à la fin de la séance 1 ?

2. Que ressent-elle à ce moment de l’histoire ? Relevez le vocabulaire appartenant à ce champ lexical.

3. A la fin de l’extrait, apparaît un autre sentiment. Lequel ? 4. Pour montrer l’intensité de ce sentiment, Maupassant utilise différents procédés d’écriture. Essayez de les

repérer en étant attentif au vocabulaire, à la construction des phrases, aux images poétiques.

5. Comparez le portrait de Jeanne au milieu de l’histoire et celui de Jeanne au début du roman (voir séance 1). Que constatez-vous ?

6. Comment son père réagit-il ? Qu’est-il prêt à faire ?

7. En quoi cette scène constitue-t-elle un tournant dans la vie de Jeanne ? A votre avis que va-t-elle décider ?

Les points de vue dans le récit

Dites quel est le point de vue utilisé dans ce récit. Justifiez votre réponse. (Fiche ressource et exercices d’application.)

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SEANCE 4 : Paul, le fils bien-aimé.

I) Extrait 1 : L’enfance

Toujours ensemble autour du petit, tantôt dans sa chambre, tantôt dans le grand salon, tantôt dans le jardin, ils s'extasiaient sur ses bégaiements, sur ses expressions drôles, sur ses gestes.

Sa mère l'appelait Poulet par câlinerie, il ne pouvait articuler ce mot et le prononçait Poulet, ce qui éveillait des rires interminables. Le surnom de Poulet lui resta. On ne le désignait plus autrement. Comme il grandissait vite, une des passionnantes occupations des trois parents que le baron appelait “ ses trois mères ” était de mesurer sa taille.

On avait tracé sur le lambris contre la porte du salon une série de petits traits au canif indiquant de mois en mois sa croissance.

Cette échelle, baptisée “échelle de Poulet”, tenait une place considérable dans l'existence de tout le monde. Puis un nouvel individu vint jouer un rôle important dans la famille, le chien “ Massacre ”, négligé par Jeanne préoccupée uniquement de son fils. Nourri par Ludivine et logé dans un vieux baril devant l'écurie, il vivait solitaire, toujours à la chaîne.

Paul un matin le remarqua, et se mit à crier pour aller l'embrasser. On l'y conduisit avec des craintes infinies. Le chien fit fête à l'enfant qui beugla quand on voulut les séparer Alors Massacre fut lâché et installé dans la maison. Il devint l'inséparable de Paul, l'ami de tous les instants.

Ils se roulaient ensemble, dormaient côte à côte sur le tapis. Puis bientôt Massacre coucha dans le lit de son camarade qui ne consentait plus à le quitter Jeanne se désolait parfois à cause des puces, et tante Lison en voulait au chien de prendre une si grosse part de l'affection du petit, de l'affection volée par cette bête, lui semblait-il, de l'affection qu'elle aurait tant désirée. L'enfant prenait dix ans ; sa mère semblait en avoir quarante : Il était fort, turbulent, hardi pour grimper dans les arbres, mais il ne savait pas grand-chose. Les leçons l'ennuyant, il les interrompait tout de suite. Et, toutes les fois que le baron le retenait un peu longtemps devant un livre, Jeanne aussitôt arrivait, disant : “ Laisse-le donc jouer maintenant. Il ne faut pas le fatiguer, il est si jeune. ” Pour elle, il avait toujours six mois ou un an. C'est à peine si elle se rendait compte qu'il marchait, courait, parlait comme un petit homme ; et elle vivait dans une peur constante qu'il ne tombât, qu'il n'eût froid, qu'il n'eût chaud en s'agitant, qu'il ne mangeât trop pour son estomac, ou trop peu pour sa croissance. Quand il eut douze ans, une grosse difficulté surgit ; celle de la première communion. Le baron prit la direction des études de Paul, et le mit au latin. La mère n'avait plus qu'une recommandation : “ Surtout ne le fatigue pas” ; et elle rôdait, inquiète, près de la chambre aux leçons, petit père lui en ayant interdit l'entrée parce qu'elle interrompait à tout instant l'enseignement pour demander : “ Tu n'as pas froid aux pieds, Poulet ? ” Ou bien : “ Tu n'as pas mal à la tête, Poulet ? ” Ou bien pour arrêter le maître : “ Ne le fais pas tant parler tu vas lui fatiguer la gorge. ” Dès que le petit était libre, il descendait jardiner avec mère et tante. Ils avaient maintenant un grand amour pour la culture de la terre ; et tous trois plantaient des jeunes arbres au printemps, semaient des graines dont l'éclosion et la poussée les passionnaient, taillaient des branches, coupaient des fleurs pour faire des bouquets.

1. Où se passe l’enfance de Paul ?

Relevez dans la première partie, les expressions utilisées pour désigner l’enfant et les adultes puis expliquez-les.

2. Comment peut-on définir cette éducation ? Comment la jugez-vous ?

3. Quel sentiment règne entre les adultes ?

4. A quel âge vont commencer les études de Paul ? Qui est le professeur ?

5. Quelle est alors l’attitude de Jeanne ?

6. Quelle passion semble animer le jeune garçon ?

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II) Extrait 2 : L’adolescence

Poulet devenait grand, il atteignait quinze ans ; et l'échelle du salon marquait un mètre cinquante-huit. Mais il restait enfant d'esprit, ignorant, niais, étouffé entre ces deux jupes et ce vieil homme aimable qui n'était plus du siècle. Un soir enfin le baron parla du collège ; et Jeanne aussitôt se mit à sangloter Tante Lison effarée se tenait dans un coin sombre. La mère répondait : “ Qu'a-t-il besoin de tant savoir. Nous en ferons un homme des champs, un gentilhomme campagnard. Il cultivera des terres comme font beaucoup de nobles. Il vivra et vieillira heureux dans cette maison où nous aurons vécu avant lui, où nous mourrons. Que peut-on demander de plus ? ” Mais le baron hochait la tête. “ Que répondras-tu s'il vient te dire, lorsqu'il aura vingt-cinq ans : Je ne suis rien, je ne sais rien par ta faute, par la faute de ton égoïsme maternel. Je me sens incapable de travailler de devenir quelqu'un, et pourtant je n'étais pas fait pour la vie obscure, humble, et triste à mourir à laquelle ta tendresse imprévoyante m'a condamné. ” Elle pleurait toujours, implorant son fils. “ Dis, Poulet, tu ne me reprocheras jamais de t’avoir trop aimé, n'est-ce pas ? ” Et le grand enfant surpris promettait : “ Non, maman. - Tu me le jures ? - Oui, maman. - Tu veux rester ici, n'est-ce pas ? - Oui, maman. ” Alors le baron parla ferme et haut : “ Jeanne, tu n'as pas le droit de disposer de cette vie. Ce que tu fais là est lâche et presque criminel ; tu sacrifies ton enfant à ton bonheur particulier ” Elle cacha sa figure dans ses mains, poussant des sanglots précipités, et elle balbutiait dans ses larmes : “ J'ai été si malheureuse... si malheureuse ! Maintenant que je suis tranquille avec lui, on me l'enlève... Qu'est-ce que je deviendrai... toute seule... à présent ?... ” Son père se leva, vint s'asseoir auprès d'elle, la prit dans ses bras. “ Et moi, Jeanne ? ” Elle le saisit brusquement par le cou, l'embrassa avec violence, puis, toute suffoquée encore, elle articula au milieu d'étranglements : “ Oui. Tu as raison... peut-être...petit père. J'étais folle, mais j'ai tant souffert. Je veux bien qu'il aille au collège. ” Et, sans trop comprendre ce qu'on allait faire de lui, Poulet, à son tour se mit à larmoyer. Alors ses trois mères l'embrassant, le calmant, l'encouragèrent. Et lorsqu'on monta se coucher tous avaient le cœur serré et tous pleurèrent dans leurs lits, même le baron qui s'était contenu. Il fut décidé qu'à la rentrée on mettrait le jeune homme au collège du Havre ; et il eut, pendant tout l'été, plus de gâteries que jamais. Sa mère gémissait souvent à la pensée de la séparation. Elle prépara son trousseau comme s'il allait entreprendre un voyage de dix ans ; puis, un matin d'octobre, après une nuit sans sommeil, les deux femmes et le baron montèrent avec lui dans la calèche qui partit au trot des deux chevaux. On avait déjà choisi, dans un autre voyage, sa place au dortoir et sa place en classe. Jeanne, aidée de tante Lison, passa tout le jour à ranger les hardes dans la petite commode. Comme le meuble ne contenait pas le quart de ce qu'on avait apporté, elle alla trouver le proviseur pour en obtenir un second. L'économe fut appelé ; il représenta que tant de linge et d'effets ne feraient que gêner sans servir jamais ; et il refusa, au nom du règlement, de céder une autre commode. La mère désolée se résolut alors à louer une chambre dans un petit hôtel voisin en recommandant à l’hôtelier d'aller lui-même porter à Poulet tout ce dont il aurait besoin, au premier appel de l'enfant. Puis on fit un tour sur la jetée pour regarder sortir et entrer les navires. Le triste soir tomba sur la ville qui s'illumina peu à peu. On entra dîner dans un restaurant. Aucun d'eux n'avait faim ; et ils se regardaient d'un œil humide pendant que les plats défilaient devant eux et s'en retournaient presque pleins. Puis on se mit en marche lentement vers le collège.

1) Le portrait moral de Paul à 15 ans : relevez les expressions permettant de faire son portrait moral, en les expliquant.

2) De quel avenir Jeanne rêve-t-elle pour son fils ? Pourquoi ? Que redoute-t-elle ?

3) * De quel trait de caractère fait alors preuve le baron ?

* Quels arguments utilise-t-il pour faire céder sa fille ?

4) Comment peut-on expliquer le comportement de Jeanne ?

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III) Les paroles rapportées dans le récit

1) Repérez dans l’extrait 2 les passages contenant des paroles : mettez-les entre crochets.

2) Quel nom donne-t-on à ce type de discours ? Qu’est-ce qui le caractérise ?

3) * Quel autre discours est utilisé pour rapporter les paroles des personnages ? * Transformez le passage souligné en utilisant cet autre discours.

* Quelles transformations apparaissent ?

4) Fiche ressource et exercices d’application.

SEANCE 4 : éléments de corrigé

I) Extrait 1

1. L’enfance de Paul se passe aux Peuples. 2. L’enfant « un despote », « l’idole », « ce maître » - les adultes « les 3 mères », « les 3 esclaves ».

Education où l’enfant est Roi, on le laisse tout faire, les adultes sont là pour obéir aux caprices et servir. 3. Rivalité pour l’affection de l’enfant. 4. Les études de Paul commencent à 12 ans. Le baron (grand-père) est le professeur. 5. Jeanne a peur que Paul se fatigue, elle est inquiète, elle le couve = mère ultra-possessive ! 6. Il semble adorer le travail manuel, le travail de la terre, alors que sa mère aurait aimé qu’il soit intellectuel.

II) Extrait 2

1. Portrait moral : « enfant d’esprit, ignorant, niais, étouffé ». 2. « un homme des champs, un gentilhomme campagnard ». 3. Baron fait preuve d’autorité. Arguments utilisés : « égoïsme maternel, tendresse imprévoyante, lâche et

presque criminel : tu sacrifies ton enfant à ton bonheur particulier ». 4. Elle reconnaît ses torts et les justifie par la vie de malheurs qu’elle a connue.

III) Paroles des personnages.

2. Il s’agit de discours direct caractérisé par une ponctuation particulière avec guillemets, phrases simples

introduites par des verbes de parole, temps du discours, des pronoms personnels à la première et deuxième personne.

3. Autre type de discours rapporté : le discours indirect (un personnage rapporte les paroles d’un autre) « Alors le baron dit fermement que Jeanne n’avait pas le droit de disposer ainsi de la vie de son fils, que ce

qu’elle faisait là était lâche et presque criminel et qu’elle sacrifiait son enfant à son bonheur particulier. » « Elle cacha sa figure dans ses mains, poussant des sanglots précipités et elle balbutia dans les larmes qu’elle

avait été si malheureuse, que maintenant qu’elle avait retrouvé sa tranquillité avec son enfant, on le lui enlevait. Elle se demandait ce qu’elle deviendrait toute seule à présent. »

Transformations : ponctuation, phrase complexe avec subordonnées relatives introduites par un verbe de

parole, verbes à l’imparfait et au passé simple, pronoms personnels et possessifs à la 3° personne.

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SEANCE 5 : Jeanne, le bilan d’une vie.

1. Quelle femme est devenue Jeanne ? 2. Retrouvez les deux éléments qui lui apportent de la joie. Expliquez-les et précisez quels malheurs ils cachent. 3. Quel rôle privilégie-t-elle désormais ? 4. Dans cet extrait qui constitue la fin du roman, relevez des expressions qui montrent le nouveau départ de

Jeanne. 5. Comparez la description de la nature au début du roman (voir séance 1) et à la fin du roman. 6. Que remarquez-vous ? Comment l’interprétez-vous ? 7. Expliquez la dernière parole de Rosalie « La vie, voyez-vous, ça n’est jamais si bon si mauvais qu’on croit ». 8. Cette réflexion peut-on s’appliquer au parcours de Jeanne ? Justifiez votre réponse. 9. Pourquoi Maupassant a-t-il donné comme titre à son roman UNE VIE ?

ÉLÉMENTS DE CORRIGÉ

1. Jeanne est devenue une femme aigrie et apathique, sans volonté, capable de haine.

2. À la fin de cet extrait, Jeanne est très heureuse car elle découvre sa petite fille (« une émotion infinie l’envahit »

(ligne 29)). Ce bonheur s’accompagne d’un sentiment de revanche à l’annonce de la mort de la maîtresse de son fils

qui l’avait éloigné d’elle (« une joie perfide qu’elle voulait cacher à tout prix, une de ces joies abominables dont on

rougit, mais dont on jouit ardemment dans le secret mystérieux de l’âme : la maîtresse de son fils allait mourir »

(lignes 1 à 4)). Jeanne, à défaut d’un mariage heureux, s’est dévouée toute entière à son fils qui va lui revenir.

3. Jeanne privilégie son rôle de grand-mère (lignes 29 à 33).

4. « Jeanne regardait droit devant elle…une chaleur de vie gagna ses jambes »… Jeanne est alors capable d’avancer

et de dresser un bilan de sa vie mitigé entre les épreuves traversées et les joies éprouvées, comme le résume la

dernière phrase du texte.

5. Maupassant met en scène le nouveau départ de Jeanne avec l’arrivée d’un nouveau personnage : la figure de

l’enfant, symbole de renaissance, dans une atmosphère harmonieuse où la nature se renouvelle (plusieurs indices

prouvent que la scène se déroule au printemps : « soleil », « inondant de clarté les plaines verdoyantes » « terre

tranquille où germaient les sèves »…(ligne 20)).

Le début d’un nouveau cycle (printemps au début comme à la fin), annoncé par la nature, symbolise la renaissance

du personnage et s’oppose à la pluie annonciatrice des malheurs de Jeanne au début du roman. Le soleil et la nature

chaleureuse et accueillante de la fin du roman symbolisent le nouveau départ de Jeanne, désormais sereine et

heureuse.

6. 7. Réponse libre.

ACTIVITÉS COMPLÉMENTAIRES

Expression orale

Choisissez l’une de ces citations sur le sens de la vie et expliquez-la en développant au moins trois arguments. Vous

pouvez commencer ainsi : « De mon point de vue, la citation de… résume bien le sens de la vie parce que… ».

« La vie offre toujours deux pentes. On grimpe ou on se laisse glisser. » Pierre Hebey

« La vie est un puzzle. Chacun croit vivre une vie différente parce qu'il commence le puzzle autrement que son

voisin, mais quand le puzzle est achevé, l'image recomposée est la même : la mort ». Michel Polac

« La vie est un mauvais quart d'heure composé de moments délicieux ». Oscar Wilde

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SEANCE 5 : JEANNE, LE BILAN D’UNE VIE

Jeanne se réfugie dans l’amour pour son fils, tandis que Julien retrouve assez vite une nouvelle maîtresse, Mme de Fourville. Découverts par le mari jaloux, les deux amants mourront, précipités du haut d’une falaise par M. De Fourville. Les années s’écoulent et la vie de jeanne sera marquée par la mort de sa mère et le départ de son fils, qui abandonnant ses études, s’enfuit pour Londres en compagnie d’une jeune femme. Un jour, Paul envoie une lettre à sa mère pour lui demander de s’occuper de sa fille, sa compagne étant sur le point de mourir…Voici la dernière page du roman. Vers trois heures elle fit atteler la carriole d'un voisin qui la conduisit à la gare de Goderville pour attendre sa servante. Elle restait debout sur le quai, l'œil tendu sur la ligne droite des rails qui fuyaient en se rapprochant là-bas, au bout de l'horizon. De temps en temps elle regardait l'horloge. - Encore dix minutes- Encore cinq minutes - Encore deux minutes - Voici l'heure. Rien n'apparaissait sur la voie lointaine. Puis tout à coup elle aperçut une tache blanche, une fumée, puis au-dessous un point noir qui grandit, grandit, accourant à toute vitesse. La grosse machine enfin, ralentissant sa marche, passa, en ronflant, devant Jeanne qui guettait avidement les portières. Plusieurs s'ouvrirent ; des gens descendaient, des paysans en blouse, des fermières avec des paniers, des petit-bourgeois en chapeau mou. Enfin elle aperçut Rosalie qui portait en ses bras une sorte de paquet de linge. Elle voulut aller vers elle, mais elle craignait de tomber tant ses jambes étaient devenues molles. Sa bonne, l'ayant vue, la rejoignit avec son air calme ordinaire ; et elle dit : « Bonjour madame ; me v'là revenue, c'est pas sans peine ». Jeanne balbutia : « Eh bien ? » Rosalie répondit : « Eh bien, elle est morte c'te nuit. Ils sont mariés, v'là la petite. » Et elle tendit l'enfant qu'on ne voyait point dans ses langes. Jeanne la reçut machinalement et elles sortirent de la gare, puis montèrent dans la voiture. Rosalie reprit : « M. Paul viendra dès l'enterrement fini. Demain à la même heure, faut croire. » Jeanne murmura : « Paul... » et n'ajouta rien. Le soleil baissait vers l'horizon, inondant de clarté les plaines verdoyantes, tachées de place en place par l'or des colzas en fleur et par le sang des coquelicots. Une quiétude infinie planait sur la terre tranquille où germaient les sèves. La carriole allait grand train, le paysan claquant de la langue pour exciter son cheval. Et Jeanne regardait droit devant elle en l'air dans le ciel que coupait, comme des fusées, le vol cintré des hirondelles. Et soudain une tiédeur douce, une chaleur de vie traversant ses robes, gagna ses jambes, pénétra sa chair ; c'était la chaleur du petit être qui dormait sur ses genoux. Alors une émotion infinie l'envahit. Elle découvrit brusquement la figure de l'enfant qu'elle n'avait pas encore vue : la fille de son fils. Et comme la frêle créature, frappée par la lumière vive, ouvrait ses yeux bleus en remuant la bouche, Jeanne se mit à l'embrasser furieusement, la soulevant dans ses bras, la criblant de baisers. Mais Rosalie, contente et bourrue, l'arrêta. « Voyons, voyons, madame Jeanne, finissez ; vous allez la faire crier ». Puis elle ajouta, répondant sans doute à sa propre pensée : « La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit. »

GUY DE MAUPASSANT, Une Vie, 1883

1. Quelle femme est devenue Jeanne ?

2. Retrouvez les deux éléments qui lui apportent de la joie. Expliquez-les et précisez quels malheurs ils cachent.

3. Quel rôle privilégie-t-elle désormais ?

4. Dans cet extrait qui constitue la fin du roman, relevez des expressions qui montrent le nouveau départ de

Jeanne.

5. Comparez la description de la nature au début du roman (voir séance 1) et à la fin du roman. 6. Que remarquez-vous ? Comment l’interprétez-vous ?

7. Expliquez la dernière parole de Rosalie « La vie, voyez-vous, ça n’est jamais si bon si mauvais qu’on croit ».

8. Cette réflexion peut-on s’appliquer au parcours de Jeanne ? Justifiez votre réponse.

9. Pourquoi Maupassant a-t-il donné comme titre à son roman UNE VIE ?

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EVALUATION SOMMATIVE

La maison familiale de Normandie est vendue et Jeanne s’apprête à partir dans « sa nouvelle maison fort petite ».

Elle allait de pièce en pièce, cherchant les meubles qui lui rappelaient des événements, ces meubles amis qui font partie de notre vie, presque de notre être, connus depuis la jeunesse et auxquels sont attachés des souvenirs de joies ou de tristesses, des dates de notre histoire, qui ont été les compagnons muets de nos heures douces ou sombres, qui ont vieilli, qui se sont usés à côté de nous, dont l'étoffe est crevée par places et la doublure déchirée, dont les articulations branlent, dont la couleur s'est effacée. Elle les choisissait un à un, hésitant souvent, troublée comme avant de prendre des déterminations capitales, revenant. À tout instant sur sa décision, balançant les mérites de deux fauteuils ou de quelque vieux secrétaire comparé à une ancienne table à ouvrage. Elle ouvrait les tiroirs, cherchait à se rappeler des faits ; puis, quand elle s'était bien dit : “ Oui, je prendrai ceci ”, on descendait l'objet dans la salle à manger. Elle voulut garder tout le mobilier de sa chambre, son lit, ses tapisseries, sa pendule, tout. Elle prit quelques sièges du salon, ceux dont elle avait aimé les dessins dès sa petite enfance ; le renard et la cigogne, le renard et le corbeau, la cigale et la fourmi, et le héron mélancolique. Puis, en rôdant par tous les coins de cette demeure qu'elle allait abandonner elle monta, un jour dans le grenier. Elle demeura saisie d'étonnement ; c'était un fouillis d'objets de toute nature, les uns brisés, les autres salis seulement, les autres montés là on ne sait pourquoi, parce qu'ils ne plaisaient plus, parce qu'ils avaient été remplacés. Elle apercevait mille bibelots connus jadis, et disparus tout à coup sans qu'elle j eût songé, des riens qu'elle avait maniés, ces vieux petits objets insignifiants qui avaient traîné quinze ans à côté d'elle, qu'elle avait vus chaque jour sans les remarquer et qui, tout à coup, retrouvés là, dans ce grenier à côté d'autres plus anciens dont elle se rappelait parfaitement les places aux premiers temps de son arrivée, prenaient une importance soudaine de témoins oubliés, d'amis retrouvés. Ils lui faisaient l'effet de ces gens qu'on a fréquentés longtemps sans qu'ils se soient jamais révélés et qui soudain, un soir à propos de rien, se mettent à bavarder sans fin, à raconter toute leur âme qu'on ne soupçonnait pas. Elle allait de l'un à l'autre avec des secousses au cœur se disant : “tiens, c'est moi qui ai fêlé cette tasse de Chine, un soir quelques jours avant mon mariage. - Ah ! voici la petite lanterne de mère et la canne que petit père a cassée en voulant ouvrir la barrière dont le bois était gonflé par la pluie. ” Il y avait aussi là-dedans beaucoup de choses qu'elle ne connaissait pas, qui ne lui rappelaient rien, venues de ses grands-parents, ou de ses arrière-grands-parents, de ces choses poudreuses qui ont l'air exilées dans un temps qui n'est plus le leur et qui semblent tristes de leur abandon, dont personne ne sait l'histoire, les aventures, personne n'ayant vu ceux qui les ont choisies, achetées, possédées, aimées, personne n'ayant connu les mains qui les maniaient familièrement et les yeux qui les regardaient avec plaisir Jeanne les touchait, les retournait, marquant ses doigts dans la poussière accumulée ; et elle demeurait là au milieu de ces vieilleries, sous le jour terne qui tombait par quelques petits carreaux de verre encastrés dans la toiture. Elle examinait minutieusement des chaises à trois pieds, cherchant si elles ne lui rappelaient rien, une bassinoire en cuivre, une chaufferette défoncée qu'elle croyait reconnaître et un tas d'ustensiles de ménage hors de service. Puis elle fit un lot de ce qu'elle voulait emporter et, redescendant, elle envoya Rosalie le chercher La bonne indignée refusait de descendre

I) QUESTIONS DE COMPREHENSION: 10 points

1. Qu’est-ce qui distinguent les objets tout d’abord découverts par Jeanne dans le grenier de ceux qu’elle aperçoit ensuite ? Justifiez votre réponse par un mot ou une expression. (2 points)

2. Quels sentiments éprouve-t-elle ? Pourquoi ? (4 points) 3. Que deviennent ces objets pour elle ? Relevez des expressions à l’appui. (2 points) 4. Quel est le point de vue utilisé dans ce passage ? Justifiez votre réponse (2 points)

II) COMPETENCES D’ECRITURE : 10 points

Jeanne recueille sa petite fille. Sur le trajet du retour, elle discute avec Rosalie de l’avenir de la petite fille : de quel avenir rêvent-elles pour l’enfant ? Vous rédigerez votre texte en utilisant le discours direct et en veillant à respecter la cohérence avec le texte original. Longueur : 20 lignes.

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Eléments de correction :

I) 1. L1 à 8 ce sont des objets familiers, qui lui rappellent ses propres souvenirs. Ensuite, ce sont des objets qui

ont appartenus à ses grands-parents mais qui ne lui parlent plus, elle essaye en vain de les reconnaître.

2. Elle est d’abord étonnée par l’accumulation « d’objets de toute nature » puis émue car ils lui rappellent sa

vie passée.

3. Ces objets deviennent vite des «amis retrouvés », elle les personnifie. « Ils lui faisaient l’effet de ces gens

qu’on a fréquentés longtemps …bavarder sans fin, à raconter toute leur âme qu’on ne soupçonnait pas ».

4. Point de vue interne. On voit à travers les yeux de Jeanne, on connait ses impressions, ses sentiments les

plus secrets. C’est son histoire passée qui est ici en partie révélée à travers les vieux objets.

II)

Autre possibilité d’expression écrite :

Jeanne décide d’emporter dans sa nouvelle demeure, certains objets du grenier. Elle envoie sa bonne Rosalie les

chercher ; mais celle-ci indignée refuse de descendre « ces saletés ».

Une vive discussion s’engage alors entre les deux femmes. Imaginez les arguments de l’une et de l’autre que vous

rédigerez sous forme de dialogue. A la fin de la discussion, une décision sera prise.