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Une collection dirigée parJean-Luc Luciani

Merci à Thomas Allart pour ses conseils et encouragements.

E.S.

L’auteur tient à remercier Daniel Beugger

et la merveilleuse équipe de La Bataille des Livres pour leur soutien logistique et financier,

ainsi que tous les élèves des classes participant à son atelier d’écriturede l’édition 2005-2006

Cette histoire est aussi la vôtre.J.-L. L.

© Éd. ROUGE SAFRAN - IV/2006www.editions-rougesafran.fr

ISBN : 2-913647-20-0 - ISSN : 1764-9889“ Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949

sur les publications destinées à la jeunesse”

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JEAN-LUC LUCIANI

Un bruitqui court

IllustrationsERIC STOFFEL

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1. Une nouvelle rumeur

– VIENS LÀ, JÉJÉ ! HURLE NICO. J’AI UN

truc pour toi !Le garçon qui est en train de s’exciter

tout seul devant le passage protégés’appelle Nicolas Sauvin, le spécialistedu bruit qui court. Pour être tout à faitjuste, la véritable championne toutescatégories de la propagation de rumeursc’est sa mère. Georgette Sauvin. Unegrosse femme aux habits difformes, auxcheveux gras et qui traîne derrière elleune forte odeur de tabac. Dans notrepetite ville tout le monde la connaîtsous le nom de Radio-Portail. Du matinjusqu’au soir, elle reste plantée devantles grilles de l’école, cigarette au bec, à distiller ses secrets au compte-gouttes,à entretenir les curieux en attente de sadernière révélation.

En fait, Nicolas n’est qu’un instrumentdont elle se sert pour diffuser ses men-songes à l’intérieur même de notreécole.

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Mon père, lui, l’a surnommée “la boîte à rumeurs.” Je crois que ça aun rapport avec les boîtes à meuhhhhh.Il dit toujours que si on renversait mada-me Sauvin tête en bas, il n’en sortiraitpas le beuglement d’une vache, maistrès certainement une nouvelle rumeurà chaque fois. Ma mère, elle, m’a expli-qué que cette pauvre femme était plus àplaindre qu’autre chose. Qu’elle devaitse sentir bien seule dans la vie et qu’el-le n’avait trouvé que ce moyen-là pourse rendre intéressante aux yeux des autres.

Aussi, avec le temps, j’ai appris à neplus faire vraiment cas des lubies deRadio-Portail et de son fils.

Je m’approche et lui demande sur unton moqueur :

– Alors, que se passe-t-il cette fois ?Le directeur de l’école bat sa femmetous les soirs après la classe ? L’insti-tuteur des CM1 est devenu alcooliquesuite à sa dépression ? Il y a une prised’otages chez les maternelles et les gen-darmes sont sur le point d’intervenir ?

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Nicolas se raidit. Visiblement il n’ap-précie pas que je puisse mettre sa pa-role en doute, lui qui ne m’a mentiqu’une bonne centaine de fois déjà.

– Non Jérémy, ne plaisante pas. Cettefois, c’est du sérieux. Je le jure sur latête de ma tante Hortense.

Je suis sûr qu’il n’a jamais eu de tanteHortense, mais je fais semblant de croire à sa promesse, histoire de pou-voir entendre la suite. De voir jusqu’oùNicolas est capable d’aller afin de satis-faire son goût morbide* pour l’informa-tion de première main. Le “scoop”,comme il dit.

Le digne fils de Georgette Sauvinregarde autour de lui avec méfiance etme questionne à voix basse :

– Tu te souviens de ce qui est arrivéla semaine dernière dans notre classe ?

Je cherche un moment, mais rien nevient. Le vide total.

– Non, que s’est-il passé ?Nicolas piaffe d’impatience.– Rappelle-toi, le maître qui ne retrou-

vait plus son portefeuille.

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* Malsain.

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Maintenant j’y suis. Je vois ce qu’ilveut dire.

– Ah oui, mais là y’a rien de nouveau.Monsieur Solari nous a dit qu’il pensaitl’avoir perdu en allant faire ses coursesà l’hypermarché.

Nicolas me regarde avec une minedésolée et remue sa tête de gauche àdroite.

– Faux Jérémy, tu as tout faux. Tu n’yes pas du tout.

Le voilà qui recommence. Ce mytho-mane* n’en finit pas de repousser leslimites.

– Ah bon ! Alors monsieur-je-sais-toutva sans doute m’apprendre ce qui estréellement arrivé au portefeuille demonsieur Solari !

– Parfaitement ! Et je le sais de sour-ce sûre !

Il m’énerve Nico, il m’énerve telle-ment que parfois j’ai vraiment envie delui coller deux ou trois baffes, juste pourme calmer les nerfs. Mais bon, je décided’attendre un peu. Casser la figure debon matin à un copain de classe, ce

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* Gros menteur.

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n’est pas dans mes habitudes. Pas enco-re du moins.

– Vas-y, je t’écoute.Il se rapproche de moi et met sa main

droite en forme de cornet, tout contremon oreille. Des fois que des camérasespionnes nous épient...

– Quelqu’un a volé le portefeuille dumaître !

Ben voyons ! Pourquoi n’y ai-je paspensé plus tôt ? Élémentaire mon cherNicolas ! Ce qu’il y a de bien avec lui,c’est qu’il parvient toujours à me sur-prendre. Je décide à mon tour de l’éton-ner un peu.

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– Dis Nico...– Oui ?– Si jamais tu échoues dans tes études

de médecine, tu pourras toujours terecycler comme journaliste fouineur oubien encore comme concierge d’immeu-ble.

Là, il prend son petit air pincé et suf-fisant. Apparemment, il n’apprécie pasmon sens de l’humour.

– C’est ça, moque-toi de moi.N’empêche que moi je connais le nomdu coupable.

Cette fois-ci, il m’intéresse vraiment.Il est sur le point de me lâcher un nompour de vrai ! Et tel que je connais Nico,le coupable désigné sera sur toutes leslèvres d’ici la récréation de dix heures.C’est le moment de le caresser dans lesens du poil, sinon cet imbécile estcapable de se refermer comme une huî-tre.

Je rajoute : – Ou alors tu peux aussi devenir lieu-

tenant de police. Je te prédis une trèsbelle carrière.

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Le fiston de la boîte à rumeurs com-mence à perdre patience :

– Tu veux connaître le nom du voleuroui ou non ?

Je tends l’oreille, sans me hâter.Surtout ne pas lui montrer qu’il a réussià m’appâter et que je ne demande qu’àmordre à l’hameçon tel le poissonmoyen que je suis.

Nicolas est maintenant rassuré sur sesqualités de langue de vipère. Tout sou-rire, il se rapproche pour me livrer lenom du criminel sur un plateau d’ar-gent.

– Et bien, le voleur c’est...11

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2. Un coupable tout désigné

– NON MAIS C’EST IMPOSSIBLE ! TU RACONTES

vraiment n’importe quoi !– Ah oui ? Alors pourquoi la mère de

Fabien l’a vu en train d’acheter des jeuxvidéo ? C’est elle qui l’a raconté à mamère.

Nicolas vient de m’annoncer, sanssourciller, que le voleur de portefeuillen’est autre que Lali. Lali le gitan commeon le surnomme dans l’école. Je parieque dès demain, ça risque d’être Lali levoleur.

C’est un nouvel élève dans notre classe. Voilà deux mois qu’il est arrivéavec sa famille dans notre petite ville.Pas facile de s’intégrer quand ondébarque plusieurs semaines après larentrée et qu’on ne fait rien comme lesautres. Il paraît qu’ils vivent dans unecaravane, sur le terrain vague qui setrouve à côté du stade municipal. Et quepersonne chez lui n’a de travail.

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Je persiste dans mon doute. Maman,qui est secrétaire pour un cabinet d’avo-cats, m’a toujours répété qu’il fautapporter des preuves lorsqu’on accuseet qu’en aucun cas on ne peut condam-ner une personne sur de simples suspi-cions*.

– Et alors ? Lali a bien le droit d’ache-ter ce qu’il veut. Toi, on ne t’accuse pasde vol chaque fois que tu te payesquelque chose.

– Mais moi ce n’est pas pareil, s’em-porte Nicolas. Tous les gitans sont desvoleurs, c’est bien connu ! On a mêmerapporté à ma mère qu’on avait aperçuson père rôder autour de la ferme desGallaudry.

Cette fois, j’en ai assez entendu. Jesuis furieux. Je dois faire un gros effortpour ne pas lui aplatir le nez en pleinerue.

– Ah bon ? Et depuis quand est-ce uncrime de se promener dans la campa-gne ? Les gens racontent vraiment n’im-porte quoi. Et ta mère ferait bien mieuxde s’occuper de ses affaires !

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* Soupçons.

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Mais rien ne semble atteindre Nicolas.Il s’entête dans sa logique.

– Bon d’accord, dit-il comme s’il étaità cours d’arguments.

Mais ce n’est que pour mieux rebon-dir sur ses deux pieds et me balancerune nouvelle évidence.

– Et ses chaussures alors ? Qu’est-ceque tu en fais ? Si ce n’est pas une preu-ve, ça !

C’est vrai qu’il y a trois jours, Lali estarrivé à l’école avec des baskets neuvesaux pieds. Les mêmes que j’avaisdemandé à Maman de m’acheter il y aun mois. Elle avait refusé, prétextantleur prix élevé. Depuis que Papa est auchômage, on fait un peu plus attentionà la maison. S’il espère pouvoir me fairedouter, cet imbécile se met le doigt dansl’œil. “Jusqu’au coude !”, comme diraitma grand-mère maternelle.

– Et ça suffit pour en faire le voleur ?– Tu veux l’avis de ma mère à ce

sujet ? demande Nicolas.Pas la force de répondre qu’il ne

m’intéresse pas. J’y aurais eu droit detoute manière.

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– Elle pense que notre instituteur a inventé cette histoire de portefeuilleperdu pour éviter des ennuis à Lali et àsa tribu. D’ailleurs, mardi soir, le grandfrère de Margot a vu sa voiture garéeprès de leur caravane, c’est lui qui...

– Oui je sais, qui l’a dit à ta mère.Il m’énerve. C’est fou comme il

m’énerve. Comment peut-on être sibête ? C’est sûrement inscrit dans lesgènes parce que Radio-Portail, on nepeut pas dire qu’elle ait inventé le fil à couper le beurre.

Je prends mon air angélique, celuiqu’adopte le serpent à sonnettes avantd’attaquer. Il charme toujours sa proie.

– Je peux te poser une question,Nicolas ?

– Oui, vas-y. Je me ferai une joie dete répondre.

Ça j’en doute. Mais je vais en avoir laconfirmation très vite. Je suis certainque Nicolas ne me répondra pas etqu’aucune joie ne se lira sur son visage.Je suis prêt à parier mes trois euros d’ar-gent de poche hebdomadaire sur cecoup-là.

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Je me lance. Je me fais mon premiergrand plaisir de la matinée.

– Dis-moi, ta mère, à part dire dessottises devant le portail de l’école àlongueur de journée, elle fait quoi d’au-tre dans la vie ?

Comme prévu, Nicolas ne me répondpas. Il s’éloigne en haussant les épaules.Le rejeton de Radio-Portail s’approched’un groupe d’élèves en train de discu-ter à l’autre bout du trottoir.

– Eh les gars, vous connaissez la der-nière ?

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3. Les révélations du petit gitan

DEUX JOURS MAINTENANT QUE LA RUMEUR

se répand à travers l’école. Qu’elle courtde bouche à oreille, qu’elle enfle, qu’elle se transforme et commence àproduire son effet.

Et je suis bien obligé de reconnaîtreque je m’étais trompé sur un point. Le nouveau surnom du prétendu voleur,c’est Lali le pestiféré. Plus personne ne l’approche ou ne lui parle. Déjà qu’avant ce n’était pas fameux...

C’est vraiment trop injuste. Il faut à tout prix que j’en sache plus : à larécréation du matin, je décide de lerejoindre dans le coin de la cour où ils’est isolé.

– Bonjour ! je lance en guise d’appro-che.

Il se tourne vers moi, l’air mauvais. – Qu’est-ce que tu me veux ? Tu peux

pas m’ignorer comme tous les autres ?Fous-moi la paix !

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On ne peut pas dire que son accueilsoit des plus chaleureux. Sauf qu’il enfaut plus en général pour me fairerenoncer. Papa dit souvent que je suisaussi têtu qu’un troupeau de bourricotscorses.

– Je veux juste parler avec toi, dis-jed’une voix tranquille en m’asseyant àses côtés.

Du coup, Lali se radoucit. Il me faitsigne que c’est d’accord, que je peuxrester si ça me chante. Mais je com-prends vite qu’il n’est pas question pourlui de faire des efforts.

Comment lui en vouloir ? À force d’être harcelés, les gens en arrivent par-fois à se comporter comme des bêtestraquées. Et mordre la main qui veut lessecourir.

Il est évident que c’est à moi de ten-ter d’établir le contact. Je pense à unephrase censée être drôle et qui finiraitde le rassurer sur mes intentions.

– Alors, ce n’est pas trop dur d’ap-prendre qu’on a la peste à notre

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époque ? Comment se passe ta mise enquarantaine* ?

Je marque mon premier point. J’arriveà lui arracher un sourire.

– Ça va, dit-il en soupirant, j’ai l’habi-tude. J’aimerais juste en connaître la rai-son, cette fois-ci.

Je suis sidéré. Personne n’a pris lapeine de lui expliquer. Donc, aucunechance pour lui de se disculper. Maphrase claque déjà comme une sentence.

– Et bien, on t’accuse d’avoir volé leportefeuille du maître.

Lali secoue sa tête dans tous les sens.– N’importe quoi, vraiment. Et puis

d’abord, c’est qui ce “on” mystérieux ?Je réfléchis un moment avant de lui

répondre.– C’est bien là tout le problème. C’est

juste une rumeur !Ensuite, je lui parle des indices qui

ont suffi pour établir les preuves de saculpabilité. Je raconte les jeux vidéo, lesbaskets neuves, la voiture du maître

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* Mise en quarantaine : autrefois, les personnessuspectées d’être porteuses d’une maladie conta-gieuse étaient mises à l’écart de la population pen-dant quarante jours.

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garée près de sa caravane, son père quirôde autour de la ferme des Gallaudry...

Cette fois, il se prend la tête à deuxmains.

– Non mais je rêve ! C’est vraimentn’importe quoi !

Et puis le silence. Je laisse passer uneminute ou deux avant de reprendre laparole.

– Moi, je ne demande qu’à compren-dre. Explique-toi.

Lali tourne son regard vers moi et mefixe intensément. Il cherche à savoir s’ilpeut me faire confiance. Une minutes’écoule à nouveau et soudain je saisque je viens de réussir mon examen depassage. Il se met à parler. À me parler.

Lali s’exprime avec une voix grave etposée, presque comme un adulte.

– D’accord. Alors écoute-moi bien,parce que je ne le répéteraipas. Primo, cen’est pas parceque l’on vitdans une carava-ne que l’on est pauvre. Les jeux vidéo etles baskets, je me les suis payés avec

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l’argent que m’ont donné mes parentspour mon anniversaire. J’ai eu onze ans,il y a une semaine. Secundo, en ce quiconcerne la ferme, mon père s’y rendtous les soirs pour acheter des œufs etdu lait. Il ne vole rien. Il paye tout. Tu n’as qu’à demander à monsieurGallaudry si tu n’as pas confiance...

Je lui fais signe que c’est bon, que jecrois en son histoire, qu’il faut juste qu’ilcontinue.

– Tertio, pour la voiture du maître,c’est très simple. Il s’entraîne au foottous les mardis et les jeudis. Il se gareprès de chez nous parce qu’ensuite ilvient me donner des leçons particuliè-res. En échange, mon père rempaille leschaises de sa maison.

Et de nouveau le silence.– Voilà, murmure enfin Lali. Tu sais

tout maintenant...Je n’en reviens pas. Le château de

cartes monté par Radio-Portail s’écroule.Il ne reposait que sur du sable. Nicolasne va pas en revenir. Mais je doute quecela suffise à le faire taire définitive-ment.

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Je bondis tel un diablotin hors de saboîte à malices.

– Mais alors, cela signifie que tu esinnocent !

– Bien entendu, soupire Lali. Ce n’estpas moi qui ai volé le portefeuille dumaître. D’ailleurs, je n’ai jamais rien voléde toute ma vie !

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4. Une visite chez Lali

JE RENTRE EN COUP DE VENT DANS

la cuisine où Papa est en train de prépa-rer le repas du soir en attendant leretour de Maman. Je pique une pommeau passage.

– Je vais faire un tour à vélo, jereviens dans une heure environ.

Accaparé par l’épluchure des légu-mes, c’est tout juste s’il daigne lever latête.

– D’accord chéri, sois prudent.On ne peut pas dire que mes parents

soient pénibles en ce qui concerne l’au-torité, ils me font juste confiance. Çamarche comme ça à la maison.

Je cours récupérer mon vélo tout-ter-rain au fond du garage et c’est partipour l’aventure !

Je pédale comme un fou jusqu’à laplace du marché, puis je coupe à droitepar la gare, je descends vers la salle des

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fêtes. Arrivé à hauteur de la station-ser-vice, je tourne à gauche et j’arrive enfinau stade municipal.

Un peu à l’écart, j’aperçois la voiturede monsieur Solari garée tout prèsd’une magnifique caravane. Il doit êtreencore en train de s’entraîner avec l’équipe de foot. J’entends quelqu’uncrier mon prénom, je me retourne et jevois mon nouvel ami qui me fait degrands signes. Je roule dans sa direction.

– Salut Lali !– Salut Jérémy. Descends donc de ton

vélo que je te présente aux autres mem-bres de ma famille.

J’abandonne mon VTT contre unarbre et nous nous dirigeons vers lacaravane.

Nous croisons tout d’abord son pèreJoseph, un grand bonhomme aux largesépaules et aux yeux verts, qui file endirection des vestiaires du stade avec ungros bidon de métal entre les mains.

– C’est parce que nous n’avons pasl’eau courante, précise Lali. D’habitude,les communes nous autorisent à nous

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brancher directement sur une sortie decanalisation, mais votre maire ne veutrien savoir. Ça oblige mon père à fairedes allers-retours incessants. Heureu-sement que le gardien est un typesympa...

Puis sa mère Maïa vient à notre ren-contre. C’est une belle femme qui a demagnifiques cheveux noirs ondulés. Sesfins poignets sont encombrés de nom-breux bracelets d’argent qui produisentune étrange musique lorsqu’elle sedéplace. Sa narine droite est transpercéed’une créole* d’or. Je note qu’une odeurde patchouli et de musc** flotte dansson sillage. Si je ne me trompe pas, elleutilise le même parfum que ma mère.

Tandis qu’elle s’avance, un petit gar-çon aux cheveux ébouriffés s’accrochedésespérément à ses jupons colorés.

– Lui c’est mon petit frère Alphonse,rigole Lali. Il n’a que trois ans et commetu peux le voir, il est toujours fourrédans les jambes de ma mère.

Soudain, des cris montent de der-rière la caravane. Surgit alors une furie

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* Anneau.** Patchouli et musc : parfums très odorants.

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poursuivie par un labrador qui tente delui mordiller les mollets. Tous deuxfilent en zigzaguant vers la forêt. Lali lessuit de son index tendu en précisant :

– La sauvageonne aux pieds nus,c’est ma sœur Zaratha. Mais nous onl’appelle Zara. C’est plus commode.

– Il y en encore beaucoup d’autres ?je demande sur un ton perplexe.

Lali écarte les bras.– Non, c’est fini. Tu connais tout le

monde. Ah oui j’oubliais, dit-il en sou-riant de toutes ses dents. Le nom duchien c’est Castagnettes.

Puis il m’entraîne à l’intérieur de lacaravane.

– Viens, on va faire une partie de bas-ton en attendant le maître. Il n’en a pluspour très longtemps.

Je m’installe tandis qu’il connecte laconsole de jeux à l’écran de télévision.Lali se tourne vers moi en clignant del’œil.

– Pour le branchement électrique, ona préféré ne pas demander l’autorisationà la mairie.

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Toujours bon à savoir, sauf que moic’est une autre question qui me taraudel’esprit.

– Castagnettes c’est plutôt un drôlede nom pour un chien, non ?

Lali rit de plus belle.– C’est mon père qui l’appelle comme

ça. Il dit que c’est à cause de ses casta-gnettes qui battent toujours la mesurelorsqu’il court.

Tout en parlant, il me désigne sa bra-guette et je comprends l’allusion.

– D’accord, n’en parlons plus, je sou-pire, voyons voir quels jeux tu me pro-poses...

Une vingtaine de minutes s’écoulentdurant lesquelles Lali me met une racléesur un jeu où je pensais être imbattable.

Je commence enfin à comprendrecomment manœuvrer pour lui tenir têtelorsque la porte s’ouvre sur notre maî-tre en sueur.

– Ça alors, Jérémy ! s’exclame-t-il visi-blement très surpris de me trouver là.Que fais-tu dans cette caravane ?

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C’est Lali qui répond à ma place.– Et bien voilà, j’ai... comment dire...

un petit problème à l’école et Jérémym’a convaincu de vous en parler. Ilpense que vous trouverez certainementune solution pour arranger les choses.

Monsieur Solari ouvre son sac desport vert et en sort une serviette aveclaquelle il s’éponge le visage.

– Bien, dit-il, je suis d’accord pourvous écouter mais à une condition.

– Laquelle ? s’inquiète Lali.– Que tu m’offres un grand verre

d’eau fraîche !– Pas de problème, le frigo fonc-

tionne encore.Lali me fait signe de commencer pen-

dant qu’il s’occupe de servir à boire. Jeraconte donc toute l’histoire à monsieurSolari qui m’écoute attentivement.

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Ensuite, il boit son verre d’eau lente-ment en donnant l’impression de réflé-chir en même temps.

Notre maître se lève enfin et, tout enarpentant l’intérieur de la caravane delong en large, il nous explique :

– Mon portefeuille, je l’ai perdu enfaisant mes courses à l’hyper, j’en suissûr. Même que ça m’a embêté tout leweek-end. Pas à cause de l’argent, ilétait quasiment vide, mais surtout parceque c’était un cadeau de ma mère. Je neme suis toujours pas résolu à en acheterun nouveau. Je garde espoir qu’une per-sonne le retrouve et me le rapporte.

– Oui, mais en attendant Nicolasaccuse Lali d’être le voleur et tout lemonde le croit. Quant à sa mère, elle esten train de convaincre tous les parents.

Monsieur Solari repose son verre engrimaçant.

– Ah, Radio-Portail est mêlée à l’affai-re, soupire-t-il. Quelle plaie celle-là !

Son regard semble voguer dans lelointain, puis soudain il s’illumine.

– Je crois que je viens d’avoir uneidée pour faire cesser la rumeur...

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5. Un surprenant coupable

LE LENDEMAIN, NOTRE INSTITUTEUR VIENT

de terminer l’appel et se prépare à écri-re la date du jour sur le tableau noirlorsque, soudain, il se retourne et faitface à la classe. Monsieur Solari faitmine de se souvenir d’un truc du stylehyper important, du genre “j’avaisoublié de vous en parler” et je luidécouvre un talent certain pour lacomédie.

– Ah au fait, dit-il, j’ai retrouvé monportefeuille.

Aussitôt un murmure parcourt la clas-se. De ma place, j’observe Nicolas encoin. Le fils Sauvin tire la tête de quel-qu’un qui ne comprend pas ce qui luiarrive. Sa bouche reste ouverte, commebloquée, et ses yeux ressemblent à desboules de pétanque.

Le maître vient maintenant de sortirun portefeuille de cuir rouge de sa mal-lette et le montre à tout le monde.

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– En fait, il avait glissé dans mon sacde sport. Je l’ai trouvé hier soir aprèsmon entraînement de foot. Voilà doncune histoire qui se termine bien.

Le murmure s’amplifie le long desrangs. Chacun commente l’informationavec son voisin de table. Je ne quitteplus Nicolas des yeux. Il se mord les lèvres et tressaute sur sa chaise. Un début de panique semble le gagner.On dirait qu’il veut crier quelque chose,mais qu’il se retient. Contraint et forcébien malgré lui de taire ce qu’il a enviede hurler à la face du monde.

Je souris. Mon regard croise celui de Lali et je lui fais un clin d’œil. Il mesourit à son tour. Nous nous compre-nons et cette complicité nouvelle meréchauffe le cœur. Un peu comme lespetits déjeuners du dimanche matin queMaman me sert toujours au lit.

– Bon, l’incident étant clos, conclut lemaître, il est temps de se mettre au tra-vail. Ouvrez votre livre de français à lapage quatre-vingt-cinq, aujourd’huinous allons étudier le groupe nominal

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faisant fonction de complément d’objetdirect...

À la récréation, un groupe d’élèvesentoure Lali.

Certains sontvenus spon-t a n é m e n ts’excuser de

l’avoir soup-çonné à tort. Et

les autres ont suivi.Penauds et visiblement mal à l’aise des’être comportés comme des moutons.On lui serre la main, on tape sur sonépaule. Des phrases flottent dans l’air.

– Sans rancune mec !– J’ai été trop bête, excuse-moi !– Ça me servira de leçon.– La prochaine fois, on sera plus

méfiants.Tout à coup, Nicolas apparaît. Il a

l’air furieux. Il bouscule tout le mondeet se place au centre du cercle. Puis telune toupie, il tourne sur lui-même,dévisageant un à un les élèves présents.

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Sa figure vire au rouge cramoisi, il estprêt à exploser.

– Mais arrêtez, bande de zombies !Vous ne voyez pas qu’on vous manipule* ?

Je rentre dans le cercle à mon tour. Jelui fais face.

– Ah bon ? Je croyais qu’il n’y avaitque toi ici pour manipuler les autres.

– Toi et ta mère, rajoute Lali qui seplace à mes côtés.

Mais Nicolas s’entête. Fidèle à sonhabitude, il ne veut pas lâcher le mor-ceau.

– Monsieur Solari nous a menti. Cen’est pas son portefeuille qu’il nous amontré tout à l’heure !

– Qu’est-ce que tu en sais d’abord ?lui demande à son tour Sandrine, ladéléguée de classe.

Et là, Nicolas se lâche :– Je le sais parce que le portefeuille

du maître n’a jamais été rouge. Celuiqu’il a perdu dans la galerie de l’hyper-marché était noir !

Soudain Radio-Portillon, comme le sur-nomme Lali, s’arrête de parler. Il réalise

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* Manipuler : amener habilement quelqu’un à fairece que l’on veut.

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qu’il en a trop dit. Mais il est trop tard.Le mal est déjà fait. Le cercle se défaitlentement et les élèves s’éloignent de luien silence. Ils ont compris.

Lali et moi, on s’attarde un peu. Nousl’interrogeons du regard, mais Nicolas adésormais les yeux rivés au sol. Perdusdans le vide.

– Je croyais que personne n’avaitjamais vu le portefeuille du maître, com-ment peux-tu en connaître la couleuralors ? lui demande Lali en s’éloignant àson tour.

La sonnerie retentit, signifiant la finde la récréation. Je décide de lancer unedernière pique avant de rejoindre lerang.

– Tiens donc, il l’a perdu dans lagalerie marchande de l’hyper, tu savaistout ça, toi ? Pourquoi alors nous avoirfait croire toutes ces choses à propos deLali ?

Nicolas ne répond pas. Il reste seulau milieu de la cour.

Démasqué.

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6. Retournement de situation

LA JOURNÉE D’ÉCOLE SE TERMINE.La sonnerie du soir vient de retentir. Lesélèves se lèvent et commencent à ran-ger leurs affaires dans le brouhaha habi-tuel. Durant toute l’après-midi, la nou-velle s’est propagée à travers les classeset cette fois-ci, ce n’était pas unerumeur, Radio-Portail n’y était pour rien.

Partout il se disait que Nicolas était aucourant pour la perte du portefeuille.Qu’il se trouvait sans doute lui aussidans la galerie commerciale de l’hyperau moment où le maître l’a fait tomber.Peut-être même qu’il l’a ramassé. Maisça c’est déjà une autre histoire et à monavis les adultes de l’école vont se char-ger de la régler rapidement. Les bruitsde couloir finissent toujours par remon-ter jusqu’au bureau du directeur.

Tandis que les chefs de rang s’instal-lent sur le seuil de la classe et que les

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autres élèves commencent à s’alignerderrière eux, monsieur Solari se racle lagorge.

– Hum, pas toi Nicolas. J’aimerais quetu restes un moment ici, j’ai deux motsà te dire.

Le visage de Nicolas prend la mêmeteinte blanchâtre que celle d’un bâtonde craie et ses yeux sont rougis par deslarmes naissantes.

– Attends-moi, poursuit le maître. Jereviens dans deux minutes et ensuitenous irons ensemble voir monsieurStrongflerkt.

J’avais raison. Le directeur a sansdoute eu vent de l’histoire et il veut luidemander quelques explications sup-plémentaires. À mon avis, Nicolasrisque de passer un sale quart d’heure.Je ne voudrais pas être à sa place pour tout l’or du monde. MonsieurStrongflerkt est une véritable terreurdans son genre. Il mesure plus de deuxmètres, il a de longues mains osseusesavec des ongles pointus et son teintpâle ainsi que ses yeux exorbités lui

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donnent une allure de comte Dracula*.Dans l’école, certains élèves tremblentde peur à la simple évocation de sonnom. Qui, il est vrai, est à lui tout seulune invitation pour un aller simple versla Transylvanie**.

Lali se range à mes côtés dans lerang, il semble apaisé.

– Et voilà, c’est terminé, souffle-t-il.Le cauchemar vient de prendre fin.

Je souris. – Ça dépend du côté où l’on se place.

Pour Nicolas, il vient juste de débuter.Les chefs de rang se mettent en mar-

che et nous suivons en discutant tran-quillement.

– Je tiens à te remercier, me dit Lali.Sans toi, tout ceci ne serait pas arrivé.Tu as fait du bon boulot.

Je rougis.– De rien, ça a été un véritable plai-

sir...Nous commençons à descendre dans

la cage d’escalier où nous croisons les

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* Célèbre vampire créé par l’écrivain Bram Stoker.** Région de la Roumanie d’où est originaire Dracula.

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élèves de la classe de mademoiselleCarles et cette fois, c’est au tour demonsieur Solari de rougir un peu.

– Après vous, murmure-t-il d’un airattendri.

Tandis que nous laissons passer lesCM1, je me tourne vers mon ami.

– Mais mon boulot, comme tu dis,n’est pas vraiment terminé. Il me resteencore une chose à faire.

Lali semble surpris. – Quoi donc ?Je prends mon air mystérieux.– Tu n’as qu’à me suivre, tu verras

bien.Le rang se disloque à la sortie de

l’école. Certains élèves repartent accom-pagnés de leurs parents, d’autres seuls.À ma grande surprise, mon père estvenu m’attendre. Je cours vers lui.

– Qu’est-ce que tu fais là ?Il me passe la main dans les cheveux

en déposant un baiser sur le haut demon crâne.

– J’avais une bonne nouvelle à t’an-noncer et je n’ai pas eu la force d’atten-dre ton retour.

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Je m’impatiente déjà.– Et alors, c’est quoi cette bonne nou-

velle ? Papa me serre très fort contre lui.– J’ai retrouvé du travail ! Ce soir, je

vous invite toi et ta mère dans lemeilleur restaurant de toute la ville !

Décidément, c’est vraiment unemagnifique journée. Plus qu’une choseà faire pour qu’elle devienne mémo-rable.

– Papa, tu me laisses une minute ?Juste un truc à régler et ensuite on ren-tre à la maison.

– Pas de problème Jérémy, prendstout ton temps.

Je reviens vers Lali qui patiente enretrait.

– Maintenant, regarde bien ce qui vaarriver.

Je m’approche de la mère de Nicolasqui, fidèle à son habitude, est plantéedevant le portail de l’école à l’écoute detout ce qui se dit. Elle ne semble mêmepas étonnée que son fils ne soit pasencore là tellement elle est occupée àtendre ses oreilles dans tous les sens.

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Une cigarette à moitié consumée pen-douille au coin de sa bouche et unetâche de gras orne le devant de son pulldifforme.

Je prends mon petit air d’ange. – Eh, madame, vous connaissez la

dernière ?Elle se penche vers moi.– Non mon petit, dis-moi. Je sens qu’elle frétille, qu’elle se

délecte à l’avance de l’information queje m’apprête à lui balancer. Ensuite, ellepourra la transformer, l’amplifier àvolonté. Elle en bave presque de bon-heur.

C’est un grand moment, vraiment. Jem’approche de son oreille et je lui souf-fle avec un plaisir extrême :

– Votre fils Nicolas est un menteur !

Il se raconte depuis dans mon écoleque le règne de Radio-Portail prit fin cejour-là.

Fin

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L’auteur

Jean-Luc Luciani adore écrire des his-toires pour les enfants. C’est ce qu’il saitfaire le mieux après la brasse coulée, les tar-tines au Nutella et les salades de fruits.

Il vit à Marseille où il partage son tempsentre l’enseignement, l’écriture, les lecturesde manuscrits, l’éducation de ses deuxenfants, et... la fabrication de tartines et sesdélicieuses salades de fruits.Son site : http://aujourlejour.free.fr

L’illustrateur

Eric Stoffel est homme de plumepuisque scénariste de BD, mais il aime éga-lement jouer du crayon et de la tablette gra-phique de temps en temps !Bibliographie sélective (scénariste) :- ARVANDOR (tome 1 à 3 – Vents d’Ouest 2001-2003)- PANDORA (tome 1 à 4 – Vents d’Ouest 2001-2004)- MALEDICTIS (Tome 1 – Clair de Lune, épuisé 2001)- DERM (tome 1 – série en cours - Delcourt 2005)- AXELLE (tome 1 – Bamboo, à paraître 2007)- OUKASE (tome 1 – Bamboo, à paraître 2007)Son site : www.zarmatelier.com

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LES ÉCOLES QUI ONT PARTICIPÉ :

En Belgique :

- L’école communale de Hoves avec LineVrancx.

Au Québec :

- À Chicoutimi, l’école Quatre-Vents avecMyriam Sheehy.- À Montréal, l’école arménienne Sourp Hagopavec la classe 6B de Félix Guenette.

En Suisse :

- À Berne, l’école Tavannes avec la classe 6A deDavid Schultess.- À Berne, l’école Tavannes avec la classe 6B deNathalie Zuber.- À Fribourg, l’école Terre-Lune avec la classe6P de Richard Mettraux.- À Genève, l’école Genthod avec la classe deDominique Favre.- À Genève, l’école de Laconnex avec la classe deJean-Michel Moeri.- L’école du Noirmont avec la classe de MurielSchaller.- À La Chaux-de-Fonds avec la classe deMarjorie Kuenzi.- À La Chaux-de-Fonds, le collège de l’Ouestavec la classe 5e35 de Nathalie Jeanneret.- En Valais, l’école Crans-Montana avec la clas-se 6A de Stéphanie Mendicino et Jean-ClaudeSavoy.

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Un bruit qui courta été achevé d’imprimer sur les presses

de DUMAS-TITOULET (Saint-Etienne - France)en avril 2006

ISBN 2-913647-20-0Dépôt légal à parution

DÉJÀ PARUS DANS LA COLLECTION CANNELLE :

Le secret de Papy Frioulde Jean-Luc LUCIANIIllustrations : Olivier BLAZY

Lisa et le bobo sucréde Karine MARCHAND

Illustrations : Stéphane NICOLET

Le mystère du pointude Michéa JACOBIIllustrations : Robert SCOFFONI

Effroyable cantinede Marie MÉLISOU

Illustrations : Gali FOURCHON

J’ai effacé la maîtressede Sophie RIGAL-GOULARDIllustrations : Stéphane NICOLET