un tigre dans le moteur - groupe banque...

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LE MAGAZINE CRÉATEUR DE LEADERS Automne 2016 # 105 SPÉCIAL INNOVATION UN TIGRE DANS LE MOTEUR Innover pour conquérir le marché de l’aéronautique, par Mécafi, champion mondial de l’usinage à forte valeur ajoutée DES IDÉES EN RÉGION 5 portraits d’entrepreneurs innovants, 5 visions d’acteurs clés de l’innovation CROISSANCE & INNOVATION Entretien croisé entre Éric Léandri, président de Qwant, et Christophe Descos, de Banque Populaire EN PERSPECTIVE Penser le futur pour innover autrement : le décryptage de Nicolas Minvielle NEXT INNOV Zoom sur le dispositif d’accompagnement à l’innovation des entreprises de Banque Populaire

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LE MAGAZINE CRÉATEUR DE LEADERSAutomne 2016

# 105SPÉCIAL

INNOVATION

UN TIGRE DANS LE MOTEURInnover pour conquérir le marché de l’aéronautique, par Mécafi, champion mondial de l’usinage à forte valeur ajoutée

DES IDÉES EN RÉGION5 portraits

d’entrepreneurs innovants,

5 visions d’acteurs clés

de l’innovation

CROISSANCE & INNOVAT IONEntretien croisé entre

Éric Léandri, président de Qwant,

et Christophe Descos,

de Banque Populaire

EN PERSPEC T I V EPenser le futur pour innover

autrement : le décryptage

de Nicolas Minvielle

NE X T INNOVZoom sur le dispositif

d’accompagnement à

l’innovation des entreprises

de Banque Populaire

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?

L ILLE

AMIENSLE HAVRE

ROUEN ST-DENIS

BUSSY-ST-G.LONGJUMEAU

MELUN

SACLAY

PARIS REIMSMETZ

NANCY

STRASBOURG

MULHOUSE

BESANÇON

DIJON

TROYES

ORLÉANS

TOURS

POITIERSLA-ROCHE-SUR-YON

NANTES

ANGERSST-NAZAIRE

VANNESLORIENT

QUIMPER

BREST ST-BRIEUC

CAEN

RENNES

LE MANS

BORDEAUX

AGEN

TOULOUSEALBI

PERPIGNAN

MONTPELLIER

NÎMES

MARSEILLE

N ICEVALBONNE

VALENCE

GRENOBLE

CHAMBÉRY

ANNECY

ST-ÉTIENNE

CLERMONT-FERRAND LYON

S A R ASIN AC TORTom Pouce

et les géants

- 04 -

- 10 - MÉCAF IUn tigre

dans le moteur

- 12 - OCE ASOF T

Capteur d’idées

PHARE OUES TLa croissance

qui pétille !

- 06 -

F LUOP T ICSLa pépite

des medtechs

- 08 -

- 1 4 - NE X T INNOV

Le nouveau dispositifd’accompagnement

des start-up

COCKPIT - BPCE ; 50, avenue Pierre Mendès-France - 75013 Paris. http://www.banquepopulaire.fr. Publication trimestrielle de Banque Populaire. Tirage : 35�000 exemplaires. Destinataires : chefs d’entreprise, dirigeants, administrateurs. Directeur de la publication : François Pérol, président du directoire du Groupe BPCE. Directeur de la rédaction : Frédéric Chenot. Rédaction en chef : C. Descos, M. Vergnes. Comité de rédaction  : T. Armand, T. Bouvard, L. Brugnon, M. Delattre, D. Entz, F. Hiraux, O. Mirande, P. Pain, S. Pennequin, J. Persod. Réalisation : Publicis Consultants France – département édition. Crédits photos : Frédéric Stucin / La Company (couverture, p. 4, 7, 8, 11, 12), droits réservés (p. 2), Greg Gonzales (p. 3), Philippe Cauneau (p. 15). Impression et routage : Les Éditions de l’Épargne. Le papier sélectionné pour cette publication est composé de fibres recyclées et de fibres vierges certifiées FSC TM Sources Mixtes. Membre de l’UJJEF. N° ISSN : 1165-7839.

À l’occasion du lancement de NEXT INNOV, son nouveau programme d’accompagnement des entreprises innovantes, Banque Populaire vous propose un numéro spécial innovation.

À découvrir : 5 portraits d’entrepreneurs et 5 points de vue d’acteurs de l’innovation

qui font bouger leur région ! Mais aussi, bien sûr, un focus sur NEXT INNOV et ses 50 points

de contact dédiés à l’innovation.

SPÉCIALINNOVATION

SOMMAIRE

PENSEZ-VOUS QUE LES ENTREPRISES FRANÇAISES SONT SUFFISAMMENT INNOVANTES ET AMBITIEUSES POUR S’IMPOSER DANS LA COMPÉTITION MONDIALE ?

Éric Léandri - Dans la compétition mondiale, on joue contre ceux qui ont plus d’argent, mais pas forcément plus d’idées. Or des idées innovantes et ambitieuses naissent chaque jour au sein des nouveaux espaces de coworking, incubateurs et pépinières des grandes villes françaises. Cet écosystème des start-up made in France, soutenu par le label French Tech, est désormais l’un des plus denses au monde. Alors oui, nous pensons effectivement que les entreprises françaises ont leur mot à dire dans la compétition mondiale.

Christophe Descos - Bien sûr qu’elles ont leur mot à dire, mais si notre pays connaît des succès incontestables en matière de création d’entreprise, il y a ensuite, à l’évidence, un déficit de dynamique pour permettre à ces jeunes pousses de changer d’échelle. Nous devons donc parvenir à capitaliser sur l’esprit d’entreprise initial qui anime les créateurs pour entretenir la flamme et donner à ces entrepreneurs l’envie de croître et d’innover.

COMMENT PASSE-T-ON D’UNE INNOVATION TECHNOLOGIQUE À UN BUSINESS ?

E. L. - Il est nécessaire, pour s’engager dans cette voie, d’avoir au préalable clairement identifié toutes les problématiques liées à la création d’entreprise, à savoir l’opportunité de marché, le business model… Un autre

ÉR IC L É ANDR ICofondateur et président de Qwant

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E N T R E T I E N C R O I S É

CROISSANCE & INNOVATION

— 03 —

CHR IS TOPHE DESCOSDirecteur du marché Entreprises & Institutionnels, Banque Populaire

aspect fondamental pour la création et la survie d’une start-up réside dans ses capacités de financement. Les levées de fonds sont une partie importante de la vie d’un entrepreneur et il faut les aborder en gardant à l’esprit les conditions et les conséquences de l’intégration au capital de nouveaux investisseurs. Dans le même temps, les acteurs historiques du financement font également évoluer leur offre avec des solutions de financement et d’accompagnement adaptées aux start-up.

C. D. - Nous accompagnons effectivement toutes les entreprises innovantes dans leur stratégie de développement, par exemple en finançant leurs dépenses de R&D. Or globalement, les entreprises françaises investissent insuffisamment dans la R&D et obèrent ainsi leur dynamisme en termes d’innovation technologique. À nous de renverser la vapeur en apportant une capacité de financement complémentaire aux dispositifs publics existants comme le crédit d’impôt recherche (CIR). Banque Populaire va pour cela mettre en place le dispositif NEXT INNOV, qui constituera le réseau français le plus dense en termes d’accompagnement bancaire des entreprises innovantes (lire page 14).

POURQUOI UNE ENTREPRISE INNOVANTE DOIT-ELLE ADAPTER SES MODÈLES RH, MARKETING, COMMERCIAL ET FINANCIER ?

E. L. - L’innovation, c’est d’abord un état d’esprit qui doit être dans la culture d’entreprise de toute start-up, et qui doit donc naturellement imprégner tous les départements de l’organisation, qu’il s’agisse de la R&D ou des RH, du marketing, du commercial... En effet, plus l’entreprise se vit comme innovante dans toutes

ses fonctions, plus elle favorise en interne un climat innovant qui rejaillit sur toute son activité.

C.D. - Vous parlez de culture d’entreprise et vous avez raison. Le défi de la croissance ne concerne pas uniquement les dirigeants mais également leurs salariés. Il faut encourager l’intrapreneuriat et la mobilisation des collaborateurs dans les projets de croissance de leur entreprise pour faire naître une réelle dynamique. Ce mouvement passe notamment par de nouveaux modèles managériaux sur le mode collaboratif, avec des organisations en mode projet et des clusters de compétences.

COMMENT ACCOMPAGNER LES JEUNES POUSSES POUR LES AIDER À GRANDIR ?

E. L. - La France et l’Europe ne manquent pas de cerveaux prêts à créer les « licornes » de demain, aptes à proposer des alternatives crédibles aux modèles existants. Mais pour que cette dynamique rencontre le succès qu’elle mérite, elle devra aussi compter sur le soutien des législateurs français et européens à travers de réelles stratégies pour faire évoluer le paysage numérique.

C. D. - La transformation digitale des entreprises, leur capacité à s’adapter à la révolution numérique qui est en marche, sont effectivement un enjeu majeur pour la croissance. Le digital rebat les cartes de l’organisation, brouille les rôles et rapproche la production, la distribution et le service client. Si les acteurs publics se mobilisent, nous devons, nous aussi, aider les entreprises à se moderniser. L’autre facteur de croissance, c’est l’international. Une entreprise ne peut pas grandir si elle

COMMENT AIDER LES START-UP FRANÇAISES À GRANDIR ET À S’IMPOSER DANS LA COMPÉTITION MONDIALE ? ENTRETIEN CROISÉ ENTRE ÉRIC LÉANDRI, COFONDATEUR ET PRÉSIDENT DE QWANT – LE MOTEUR DE RECHERCHE EUROPÉEN QUI VEUT CONCURRENCER GOOGLE – ET CHRISTOPHE DESCOS, DIRECTEUR DU MARCHÉ ENTREPRISES ET INSTITUTIONNELS DE BANQUE POPULAIRE.

reste confinée à son marché domestique. Mais pour exporter ou s’implanter à l’international, elle doit atteindre une taille critique. Tout est lié. Nous devons donc conjuguer nos efforts pour enclencher ce cercle vertueux : investir, innover, grandir, en un mot, entreprendre !

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“ Nous sommes une petite PME, mais notre bureau

d’études compte cinq personnes, dont

un ingénieur à temps plein sur la R&D. ”

— 04 —

R E NC ON T R E AV E CDIRIGEANT DE SARASIN ACTORMICHEL LEGRAS

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— 05 —

’est un peu l’histoire de Tom Pouce au milieu des géants. Afin de survivre, Sarasin Actor, petite entreprise

industrielle du Nord, n’avait d’autre choix que d’être innovante et réactive pour se différencier de ses concurrents. Son métier : la fabrication de motorisations de vannes industrielles. D’énormes robinets motorisés, automatisés, commandés à distance pour ouvrir ou fermer des oléoducs, des gazoducs, des circuits hydrauliques d’installations nucléaires… Dans la banlieue de Lille, son usine de Sequedin assemble des composants simples pour former des éléments complexes. Du quasi sur-mesure pour répondre parfaitement aux attentes des clients. Ici on parle acier carbone, alliage haute résistance, acier chromé… et les noms des produits qui sortent des chaînes sont empreints de poésie industrielle : actionneurs type linéaire ou quart de tour pour vannes à sièges parallèles, à coin flexible, robinets à soupape, robinets de fond de cuve, vannes murales, vannes papillon, sphériques, coniques… Seuls les experts s’y retrouvent !

Quand il rachète l’entreprise en 2009, Michel Legras découvre un monde insoupçonné : ses clients sont des mastodontes – Total, GDF Suez, Alstom, Arkema, EDF, General Electric, Qatargas… Leur terrain de jeu : le monde entier. Congo, Gabon, Nigeria, Algérie, Émirats arabes unis, Koweit, Qatar, Iran, Inde, Brésil, Indonésie... les motorisations de vannes Sarasin Actor sont présentes partout depuis plus de 50 ans.Ingénieur de formation, jusque-là salarié de grands groupes aéronautiques ou automobiles, Michel Legras réalise un vieux rêve en reprenant l’équipementier : devenir entrepreneur. « C’était pour moi le bon moment, j’étais prêt », confie l’industriel qui mène à bien son projet grâce à des fonds d’investissement et des partenaires bancaires, dont la Banque Populaire du Nord, qui financent une dette senior.

MISER SUR LE CAPITAL INTELLECTUEL DE L’ENTREPRISEDepuis, la PME n’a eu de cesse de développer son activité pour gagner des parts de marché. « Nous avons renforcé notre service après-vente, imaginé de nouveaux produits simples pour compléter notre gamme », explique Michel Legras. Surtout, l’entreprise a tout misé sur l’innovation en étoffant son bureau d’études avec le recrutement de deux ingénieurs dont l’un se consacre à plein temps à la R&D. « Cinq personnes dans un bureau d’études pour une petite structure comme la nôtre, c’est beaucoup », constate avec fierté le dirigeant. À la clé, des gains de qualité et de productivité qui donnent à Sarasin Actor des

avantages concurrentiels et lui permettent de répondre aux nouvelles exigences de ses clients. « Nous travaillons à améliorer l’automatisation de nos coffrets de pilotage, pour laquelle nous allons déposer un brevet, confie Michel Legras, et nous mettons au point un nouveau type de motorisation pour nos produits en codéveloppement avec l’un de nos clients. »

Face à elle sur le marché, des fabricants italiens ou américains qui pèsent plusieurs centaines de millions d’euros de chiffre d’affaires. La PME est donc « condamnée » à grandir pour faire face. Elle emploie aujourd’hui 24 salariés pour un chiffre d’affaires annuel de 5 millions d’euros et envisage de réaliser prochainement une nouvelle croissance externe après avoir pris le contrôle de l’un de ses fournisseurs régionaux en 2015. Par ailleurs, confrontée aux difficultés économiques actuelles du secteur pétrolier, l’entreprise cherche de nouveaux relais de croissance sur d’autres marchés. « Un tiers de notre activité est déjà diversifiée notamment dans les centrales nucléaires, les centrales thermiques et les chaufferies, explique Michel Legras. Nous allons à présent nous orienter vers l’hydroélectricité et les énergies renouvelables comme la méthanisation. »Une ambition nouvelle qui devrait contribuer à accélérer le développement de la petite entreprise industrielle du Nord.

OLÉODUCS ET GAZODUCS NE SAURAIENT SE PASSER DES ROBINETS ISSUS DES SOLUTIONS CONÇUES PAR LES INGÉNIEURS DE MICHEL LEGRAS, À LA TÊTE DE LA PME SARASIN ACTOR INSTALLÉE PRÈS DE LILLE.

TOM POUCE ET LES GÉANTS

L’INNOVATION EN HAUTS-DE-FRANCE

AVEC ANTONIO MOLINAPDG et fondateur du groupe Mader, président du pôle de compétitivité Matikem

Antonio Molina est une figure de proue de l’industrie hexagonale du futur. Mader, son groupe, est implanté à Lille et réalise un chiffre d’affaires de 175 millions d’euros avec 850 salariés, 14 usines et une présence à l’international. Spécialisé dans les peintures, les résines et les matériaux composites, il est leader mondial sur ses marchés (ferroviaire, automobile, aéronautique). « Nous consacrons 10 % de notre chiffre d’affaires annuel à la R&D », explique l’industriel qui préside le pôle de compétitivité Matikem (matériaux chimie et chimie verte). « Avec le programme Verem, nous voulons promouvoir la recherche, la transformer en innovation, faire éclore des start-up et encourager les transferts dans l’industrie grâce à un fonds régional de financement pour créer des emplois », détaille-t-il. Pour faire de la région le centre mondial des matériaux agrosourcés.

C’est l’étendue de la présence dans le monde des produits Sarasin Actor.

60 PAYS Flashez la photo p. 4 et retrouvez

les 3 conseils de Michel Legras pour reprendre une entreprise

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hare Ouest : un nom de société prédestiné pour des dirigeants qui ont su faire figure de pionniers ! Le PDG

Stéphane Kerdodé et son associé Éric Ollive ont le sens de l’humour mais surtout celui des affaires, et un réel talent d’innovation. Ils l’ont prouvé en créant le « Breizh Cola », premier cola régional sur le marché très fortement concurrentiel des soft-drinks. Face à eux, les deux géants mondiaux du secteur : Pepsi et Coca-Cola. Un défi qui les a plutôt stimulés. Il faut dire que Stéphane Kerdodé a le goût du risque. En 1999, il quitte un poste de manager à fort potentiel chez le numéro un mondial de la bière pour intégrer la brasserie Lancelot, une petite structure artisanale de six salariés au Roc-Saint-André, dans le Morbihan. « Pour repartir de zéro dans l’entreprise où j’avais fait mon premier stage étudiant », confie le PDG du groupe Phare Ouest. C’est là qu’il rencontre son futur associé, Éric Ollive, ingénieur chimiste. Leur complémentarité fait merveille.

Lancelot se développe sur le marché naissant des microbrasseries. « Dès le départ nous voulions reprendre l’entreprise, mais avec l’apport de nos compétences, sa valeur s’est accrue, ironise Stéphane Kerdodé. Nous avons dû trouver un relais de croissance pour financer notre projet. » Le Breizh Cola est mis au point en 2002 et sa fabrication sous-traitée à un limonadier breton. « Nous voulions faire un produit différent, pas une pâle copie de Pepsi ou Coca, explique le PDG. Nous avons investi seulement nos économies, quelques milliers d’euros. » Le résultat dépasse leurs espérances.

UNE CROISSANCE À DEUX CHIFFRES Le Breizh Cola s’impose dans les linéaires bretons – le cap du million de bouteilles produites est franchi en 2004 – et l’aventure s’emballe. Phare Ouest prend le contrôle de son sous-traitant, puis rachète la brasserie Lancelot. Depuis, le groupe a continué

sur sa lancée. Le catalogue de références de bières s’est élargi et le positionnement sur le marché est monté en gamme : bière rousse, blonde, blanche, bières aromatisées, bio, de saison... La marque Breizh, de son côté, a continué d’innover avec le Breizh Thé glacé, le Breizh Agrum, le cola allégé... « Nous avons été les premiers, en 2010, à proposer un cola avec de la stévia comme édulcorant, revendique Stéphane Kerdodé, et des étiquettes vertes comme Coca-Cola qui nous a emboîté le pas quatre ans plus tard avec son Coca Life. »

En 2010, la brasserie investit également dans le renouvellement de ses cuves avec le soutien de la Banque Populaire Atlantique.Aujourd’hui Phare Ouest, qui emploie plus de 50 salariés, réalise près de 25 millions d’euros de chiffre d’affaires, « à 80 % sur les six départements bretons, la Bretagne historique et Paris », précise Stéphane Kerdodé. Pour conforter sa croissance à deux chiffres, l’entreprise envisage d’élargir sa palette en créant une distillerie en fin d’année afin de produire des alcools – whisky, gin, vodka – bretons. Surtout, Stéphane Kerdodé se dit convaincu que le marché hexagonal de la bière artisanale en France, pour l’heure très atomisé, va se développer. « En France, il existe aujourd’hui quelque 800 brasseries qui ne pèsent que 5 % du marché alors qu’aux États-Unis, par exemple, les brasseries artisanales représentent 60 % des ventes », affirme le brasseur bien décidé à imposer sa marque en misant sur une stratégie industrielle lui permettant notamment de garantir la qualité du produit.

C’est le nombre de bouteilles produites chaque année par Phare Ouest avec ses trois boissons Breizh.

15 MILLIONS

— 06 —

PHARE OUEST OU LE RENOUVELLEMENT DU MARKETING RÉGIONAL. AVEC SON « COLA BRETON », STÉPHANE KERDODÉ SE LANCE À L’ASSAUT DES LINÉAIRES DE BOISSONS GAZEUSES.

LA CROISSANCE QUI PÉTILLE !

L’INNOVATION EN BRETAGNE ET PAYS DE LA LOIRE

AVEC ADRIEN POGGETTIDirecteur d’Atlantic 2.0

Atlantic 2.0 est, depuis 2008, le premier réseau d’accompagnement de l’innovation numérique en Pays de la Loire. « Nous voulions faire bouger les lignes », explique son directeur Adrien Poggetti.L’association, qui emploie huitsalariés pour 1,2 million d’euros de budget annuel, fédère270 entreprises dont une centaine de start-up avec l’aide de ses partenaires parmi lesquels la Banque Populaire Atlantique. Elle met ces jeunes entreprises en relation avec des industriels à la recherche de solutions technologiques innovantes, des écoles, des fonds d’investissement. Aux côtés des acteurs de Nantestech, elle a permis de créer à Nantes 2 400 emplois en deux ans, soit le plus fort taux d’emplois générés dans le numérique en France.

R E NC ON T R E AV E CCOFONDATEUR DE PHARE OUEST STÉPHANE KERDODÉ

Flashez la photo p. 7 et découvrez en vidéo l’aventure entrepreneuriale

de Stéphane Kerdodé

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“ Nous imposer en France et prouver que l’on peut innover en

matière de stratégie commerciale. ”

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“ J’avais l’envie forte d’entreprendre dans un secteur innovant et la

confiance pour réussir. ”

R E NC ON T R E AV E CFONDATRICE DE FLUOPTICSODILE ALLARD

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endre visible l’invisible, c’est le pari de Fluoptics. Son imagerie de fluorescence aide les chirurgiens à mieux opérer en

leur permettant de localiser avec précision des tumeurs cancéreuses invisibles à l’œil nu. Le principe est simple : un liquide fluorescent est injecté au patient avant l’opération. Une fois dans le sang, ce liquide permet de repérer en infrarouge des cellules tumorales grâce à une caméra spéciale qui retransmet les images sur un écran pendant l’intervention. Cette innovation majeure dans l’univers de la santé, on la doit à une femme qui a su fédérer autour d’elle les compétences nécessaires pour mener à bien son projet.En 2006, Odile Allard, ingénieur en informatique, décide de créer son entreprise. « C’était une prise de conscience, j’avais l’envie forte d’entreprendre dans un secteur innovant et la confiance pour réussir », explique la fondatrice de la start-up grenobloise. Sa rencontre avec Philippe Rizo, responsable du laboratoire d’imagerie optique du CEA-Léti (le centre de transfert de technologies du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives), sert de déclic. « J’ai tout de suite compris qu’il y avait dans ses recherches un réel potentiel, même si elles se situaient loin de mes bases », confie-t-elle.Durant deux ans, les deux associés peaufinent leur projet avec l’aide du CEA qui leur octroie une licence d’exploitation de ses brevets. « Être une femme ne m’a jamais gênée, en revanche ne pas être une scientifique issue du domaine dont je parlais m’a posé problème au début en termes de crédibilité », reconnaît la dirigeante qui multiplie les rencontres avec des médecins et des scientifiques pour valider ses concepts et convaincre de sa détermination.

UN MARCHÉ MONDIALL’entreprise est finalement créée en 2009. Odile Allard recrute – physicien, biologiste, chimiste –, cherche des fonds et met le cap sur l’international

avec pour feuille de route le développement de son business. Sa volonté affichée de commercialiser rapidement un outil facile à mettre en œuvre sur un marché d’emblée mondial séduit les investisseurs. En 2010 et 2013, les deux premières levées de fonds – 750 000 euros puis 2 millions d’euros – auprès de business angels régionaux et nationaux jouent à plein l’effet de levier auprès des banques. À commencer par la Banque Populaire des Alpes qui accorde un prêt Innov&Plus (lire page 14) à la jeune pousse pour accompagner son développement, lui permettre de recruter des talents, d’investir dans la R&D et de mettre au point ses prototypes. Fluoptics obtient sa première certification pour un produit commercialisable en 2012. « Cela m’a paru long », reconnaît Odile Allard, désormais habituée des honneurs du monde économique. Elle a reçu entre autres le Prix de la start-up de l’année 2015 en Rhône-Alpes, décerné par Ernst & Young et L’Express, et, la même année, le trophée Présences de la femme chef d’entreprise en Isère décerné par la CCI de Grenoble.

Fluoptics est aujourd’hui une pépite des medtechs hexagonales qui a réalisé, en 2015, 1,7 million d’euros de chiffre d’affaires – en hausse de 80 % – avec 23 salariés. Présente sur les marchés européen et asiatique, elle a créé il y a deux ans une filiale aux États-Unis. Une centaine de ses équipements sont en service dans les hôpitaux d’une vingtaine de pays, et l’entreprise espère en commercialiser 300 chaque année d’ici trois ans en renforçant sa présence en Asie, après avoir obtenu des certifications à Taïwan et en Thaïlande et signé des accords de distribution dans ces deux pays. Elle vient pour cela de réaliser une nouvelle levée de fonds – 530 000 euros – auprès de ses partenaires historiques. De quoi permettre à Fluoptics de continuer à innover pour venir en aide aux malades atteints d’un cancer dans le monde entier.

LES PLUS GRANDS CHIRURGIENS MONDIAUX LOCALISENT LES CANCERS AVEC PRÉCISION GRÂCE AUX ÉQUIPEMENTS DE FLUOPTICS, UNE ENTREPRISE COFONDÉE PAR ODILE ALLARD À GRENOBLE.

LA PÉPITE DES MEDTECHS

C’est le taux de croissance exponentielle du chiffre d’affaires de Fluoptics en 2015.

+ 80 %

L’INNOVATION EN AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

AVEC DANIEL PILAUDMembre du directoire d’IT-Translation

IT-Translation associe recherche dans le numérique et création d’entreprise. « Nous sommes là pour aider les chercheurs à devenir entrepreneurs », explique Daniel Pilaud. Cet informaticien habitué des laboratoires de recherche d’Inria, créateur d’entreprises technologiques et président de Digital Grenoble, a contribué à créer le fonds d’IT-Translation pour intervenir très en amont dans l’émergence de jeunes pousses. « Nous opérons en tant qu’investisseur et cofondateur de start-up issues de la recherche publique ou privée, et ce dès la conception de l’idée, explique-t-il. Cela nous permet de traduire rapidement la technologie en produit ou en service. »Au total, 30 millions d’euros seront investis pour accompagner plus de 50 entreprises d’ici trois ans.

Flashez la photo p. 8 et retrouvez les 3 conseils d’Odile Allard

pour créer une start-up

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râce à sa capacité à innover, Mécafi est devenue, en l’espace de dix ans, une championne mondiale de

l’usinage à forte valeur ajoutée, décuplant à la fois son activité et ses effectifs. « Nous avions de réelles compétences, nous avons fait le pari de faire ce que les autres ne savaient pas faire sur les secteurs les plus compliqués comme l’aéronautique ou la compétition automobile. » Sylvain Accorsini venait de cet univers lorsqu’il a repris en 2005 l’entreprise de Châtellerault. L’ingénieur mécanicien dirigeait alors plusieurs grandes structures industrielles avec, pour feuille de route, la fermeture des sites et le transfert de l’activité dans des pays à bas coûts. « J’étais dans une spirale négative, je n’adhérais pas à cette stratégie, j’étais convaincu que l’on pouvait innover en France », confie ce fils d’agriculteur né en Seine-Saint-Denis. Avec Mécafi, il mise d’emblée sur la R&D en y consacrant chaque année entre 10 et 20 % de son chiffre d’affaires.

« La problématique de nos clients était simple : faire des produits plus légers, plus résistants, plus petits, plus concentrés avec des matériaux innovants », explique l’entrepreneur qui traite avec Safran, Rolls Royce, General Electric ou Dassault.Le cercle vertueux s’enclenche grâce au dispositif du crédit d’impôt recherche (CIR) et au soutien financier de ses partenaires bancaires, dont la Banque Populaire Val de France.

LE BOOM DE L’AÉRONAUTIQUE En ciblant spécifiquement les moteurs, Mécafi remporte rapidement des marchés dans le secteur de l’aéronautique, alors en forte croissance. Ce qui oblige l’entreprise à investir lourdement dans ses moyens de production.

« Jusqu’en 2012, nous nous sommes développés par croissance organique », souligne Sylvain Accorsini. La PMI crée à Châtellerault un nouveau site de production baptisé Idéa, pour une nouvelle activité à forte valeur ajoutée (le contrôle, l’assemblage et les traitements de surface), puis elle prend le virage technologique des matériaux composites et de la croissance externe en rachetant une entreprise italienne à Modène, CPC. « Il s’agissait d’un centre d’excellence dans le composite carbone, qui est très bien implanté dans la compétition automobile et représente désormais 40 % du chiffre d’affaires du groupe », justifie le PDG de Mécafi.

Aujourd’hui, le groupe Atmec – maison-mère de Mécafi – pèse 72 millions d’euros de chiffre d’affaires avec quelque 650 salariés, une filiale en Pologne (« pour être au plus près de nos donneurs d’ordres », précise Sylvain Accorsini), et l’ambition de dépasser les 100 millions d’euros de commandes et les 800 salariés d’ici trois ans.

Pour cela, une troisième usine est sortie de terre en 2015 à Châtellerault afin de répondre à la montée en charge du programme Leap, le nouveau moteur d’avion de Safran et General Electric qui équipera désormais les Airbus, Boeing et Comac chinois. Surtout, Mécafi investit dans l’additive manufacturing, l’impression 3D métallique. Une technologie en passe de révolutionner le secteur de l’aéronautique en permettant aux sous-traitants de s’installer au plus près des sites de maintenance de leurs clients pour les opérations de réparation.

C’est la part du chiffre d’affaires consacrée annuellement à la R&D par Mécafi.

ENTRE 10 ET 20 %

— 10 —

À CHÂTELLERAULT, SYLVAIN ACCORSINI ET SON ENTREPRISE MÉCAFI FONT VROMBIR L’INNOVATION DANS L’AÉRONAUTIQUE ET L’AUTOMOBILE POUR MIEUX MULTIPLIER LES USINES ET LES EMBAUCHES.

UN TIGRE DANS LE MOTEUR

L’INNOVATION EN CENTRE-VAL DE LOIREET ÎLE-DE-FRANCE

AVEC JEAN-PIERRE HUMBERTPrésident de Scientipôle Capital

Scientipôle Capital intervient « pour financer de jeunes entreprises innovantes dès leur création », explique son président Jean-Pierre Humbert, ancien dirigeant du groupe HP en France. Créé en 2006 pour compléter la plateforme de prêt d’honneur Scientipôle Initiative implantée sur le plateau de Saclay dans l’Essonne, ce fonds d’amorçage est désormais un acteur majeur du financement de l’innovation francilienne. Il dispose pour cela de 10 millions d’euros sur fonds publics et privés, notamment bancaires (les Banques Populaires Val de France et Rives de Paris participent à son tour de table). Ses cibles : des start-up régionales de moins de 8 ans tous secteurs confondus, à l’exclusion des biotechs. « Nos prises de participation sont limitées à un million d’euros, insiste Jean-Pierre Humbert. En dix ans, nous avons investi dans 32 entreprises qui ont créé 400 emplois. »

R E NC ON T R E AV E CDIRIGEANT DE MÉCAFISYLVAIN ACCORSINI

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“ J’étais convaincu que l’on pouvait innover en France. ”

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“ Donner du sens, expliquer sa stratégie, transmettre son enthousiasme aux équipes

pour qu’elles aient également envie de grandir et d’innover. ”

R E NC ON T R E AV E CFONDATEUR D’OCEASOFTLAURENT ROUSSEAU

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es précédentes décennies ont été marquées par une exigence accrue en matière de traçabilité. C’est dans

ce contexte qu’est née OCEASOFT. Son fondateur, Laurent Rousseau, ingénieur en systèmes embarqués, a passé huit ans dans l’armée de l’air avant de perfectionner ses connaissances en informatique au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), puis dans une SSII parisienne. En 2000, il décide de voler de ses propres ailes. Son idée : créer des capteurs intelligents et connectés pour mesurer des paramètres physiques comme la température, le degré d’humidité, le taux de CO2, le niveau de pression différentielle... principalement pour les secteurs de la santé et de l’agroalimentaire. « Nos capteurs disposent d’une connectivité sans fil pour transmettre facilement les données. Nous avons été les premiers à le faire », se félicite le Montpelliérain.

Durant quatre ans, son projet est incubé au Centre européen d’entreprises et d’innovation (CEEI) Cap Alpha de Montpellier. « Ici, tout le monde travaille en équipe pour faire grandir les entreprises et créer des emplois », explique Laurent Rousseau. La Banque Populaire du Sud, acteur à part entière de l’écosystème local, finance les premiers investissements de la start-up. « À cette époque, la recherche de fonds occupait une grande partie de mon temps, se souvient le patron d’OCEASOFT. Toute l’attention allait à Internet. Ce n’était pas facile de convaincre. Il a fallu accepter de lâcher un peu de capital. » Un premier fonds régional d’amorçage entre au tour de table. « De 2004 à 2010, nous avons patiemment développé l’entreprise jusqu’à décrocher notre premier gros contrat avec le groupe américain Thermo Fisher Scientific (matériel de recherche et d’analyse pour les laboratoires). C’est de là que date notre développement à l’international. »

CAP SUR L’ASIE La phase de croissance soutenue qui s’ouvre alors nécessite une nouvelle levée de fonds. « En 2012, après la crise, il n’était pas facile de trouver de l’argent », explique le dirigeant. OCEASOFT s’oriente vers la bourse et lève finalement un peu plus de 9 millions d’euros sur Alternext en 2015 (soit environ 30 % du capital). « Nous avons financé notre développement commercial et marketing, étoffé notre force de vente, investi dans la R&D pour renforcer notre gamme de produits. »Depuis, OCEASOFT a recruté 31 personnes en 12 mois pour atteindre 77 salariés et a réalisé

6,1 millions d’euros de chiffre d’affaires sur son dernier exercice (dont 20 % en Amérique du Nord), en hausse de 17,7 %. Elle a créé une filiale aux États-Unis, négocie des contrats au Moyen-Orient, en Inde et bien sûr en Europe. Une croissance rapide mais organique. « Nous avons développé nos pôles de compétences pour atteindre une taille critique », précise Laurent Rousseau. Il a fallu pour cela structurer l’entreprise, renforcer le management intermédiaire. « Ça demande beaucoup d’investissement, beaucoup d’énergie, ajoute le dirigeant. Il faut sans cesse donner du sens, expliquer sa stratégie, transmettre son enthousiasme aux équipes pour qu’elles aient également envie de grandir et d’innover. » Résolument tournée vers l’international, la société ambitionne de doubler son chiffre d’affaires en s’implantant en Asie du Sud-Est. « Nous visons la Chine mais aussi la Corée, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et le Japon », précise Laurent Rousseau qui, par ailleurs, a signé en début d’année un important contrat au Qatar. Après une première commande de 828 capteurs, OCEASOFT y installera prochainement 521 capteurs pour surveiller les conditions de transport et de stockage des poches de sang dans l’un des plus gros hôpitaux du pays.

L’INFINIMENT SENSIBLE RÉUSSIT À LAURENT ROUSSEAU, PRÉSIDENT D’OCEASOFT, INSTALLÉE À MONTPELLIER. SES CAPTEURS INTELLIGENTS CONQUIÈRENT LES ÉTATS-UNIS, LE MOYEN-ORIENT... ET LA BOURSE.

CAPTEUR D’IDÉES

L’INNOVATION EN OCCITANIE

AVEC CHRISTOPHE CARNIELFondateur de Vogo

À Montpellier, Christophe Carniel est l’un des acteurs essentiels de l’écosystème qui accompagne les jeunes entreprises innovantes.D’abord parce qu’il préside Transferts LR, l’agence régionale de l’innovation du Languedoc-Roussillon créée par l’État et la Région. Ensuite parce qu’il participe au financement des start-up locales. « Comme d’autres chefs d’entreprise de la région, j’accompagne les porteurs de projet avec quelques moyens financiers, en leur ouvrant mon carnet d’adresses, en les faisant bénéficier de mon expérience d’entrepreneur. » Enfin parce qu’après avoir créé Netia en 1993, un éditeur de logiciels revendu à Orange en 2008, il vient de fonder Vogo. Cet éditeur d’applications mobiles permet aux spectateurs d’une compétition sportive de voir en direct les images vidéo sur leur tablette ou leur smartphone (choix de l’angle de vue, retour en arrière, ralenti…). Une innovation de rupture pour les « smart stadium » présentée au club France lors des Jeux Olympiques de Rio.

Flashez la photo p. 12 et découvrez en vidéo l’aventure entrepreneuriale

de Laurent Rousseau

C’est le nombre de nouvelles recrues arrivées en 12 mois chez OCEASOFT. L’entreprise, qui compte aujourd’hui 77 salariés, a multiplié par deux ses effectifs en seulement un an.

31 PERSONNES

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VALENCE

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CHAMBÉRY

ANNECY

ST-ÉTIENNE

CLERMONT-FERRAND LYON

même qualité de service quel que soit le lieu, avec une approche codifiée des projets proposés. »

UNE MÉTHODOLOGIE INÉDITE« L’analyse des projets réalisée avec les critères habituels du monde bancaire ne permet pas de disposer des bons éléments pour prendre la bonne décision, explique Christophe Descos. Nous avons donc développé de nouveaux outils sur les fondamentaux de la “méthode Lean”, et notamment une grille de caractérisation du projet et de son contexte. Comprendre ce qui est innovant dans la proposition de valeur de la start-up est un préalable incontournable et ce n’est pas toujours facile. La cartographie que nous réalisons objective notre façon d’analyser le projet et de déterminer le meilleur accompagnement, quel que soit le secteur d’activité. » À la clé, la possibilité pour le conseiller Innovation de concevoir une proposition d’accompagnement sérieuse en un laps de temps très court.

DES OFFRES DIFFÉRENCIANTES« Il ne s’agit pas de se cantonner au financement, souligne Christophe Descos, mais bien de proposer un accompagnement global pouvant faire

LES ENTREPRISES INNOVANTES REPROCHENT SOUVENT AU MONDE BANCAIRE SON MANQUE D’ADAPTABILITÉ PAR RAPPORT À LEURS BESOINS. C’EST POURQUOI BANQUE POPULAIRE A DÉCIDÉ DE METTRE AU POINT UN PROGRAMME AMBITIEUX AVEC UN ACCOMPAGNEMENT GLOBAL DES ENTREPRISES AYANT UN PROJET INNOVANT D’ENVERGURE.

50 POINTS DE CONTACT INNOVATION« Nous avons choisi, parmi nos 150 centres d’affaires Entreprises, de labelliser 50 points de contact Innovation, au plus près des écosystèmes régionaux de l’innovation et de leurs grands partenaires comme Bpifrance Innovation », explique Christophe Descos, directeur du marché Entreprises et Institutionnels de Banque Populaire. Les conseillers référents Innovation, tous formés à une méthode d’analyse des projets innovants, vont permettre d’offrir la

NEXT INNOV, L’ACCOMPAGNEMENT DES ENTREPRISES INNOVANTES

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GUADELOUPE

RÉUNIONMARTINIQUE

MAYOTTEGUYANE

E N P R AT I Q UE

1. Le présent fi nancement bénéfi cie du mécanisme de garantie « InnovFin SME Guarantee Facility » avec l’appui fi nancier de l’Union européenne grâce aux instruments fi nanciers Horizon 2020 et au Fonds européen

pour les investissements stratégiques (FEIS) établi par le plan d’investissement pour l’Europe. Le but du FEIS est d’aider à soutenir le fi nancement et l’implantation d’investissements productifs dans l’Union européenne et de s’assurer du développement de l’accès au crédit.

intervenir certains de nos partenaires en France et à l’étranger. Nous sommes dans une nouvelle approche structurée du projet innovant avec un objectif bien défini : susciter la bonne rencontre. » Prochainement, Pramex International proposera aux start-up ayant un projet d’implantation à l’étranger le dispositif « Implant-Up » (information, conseil d’experts sur place, formalités réglementaires et gestion de filiales, accès aux aides publiques…). Côté financement, le prêt Innov&Plus1 est en mesure de financer tous types de dépenses liées à un projet innovant. Grâce à lui, l’autofinancement des dépenses immatérielles est limité tout comme ses effets indésirables sur la trésorerie. Une nouvelle offre de financement participatif en equity crowdfunding est également en préparation pour le printemps 2017.

SAINT-PIERRE

POINTE-À-PITRE

FORT-DE-FRANCE

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INNOVER EN SE CONFRONTANT À L’ALTÉRITÉ Aujourd’hui, pour penser autrement, les entreprises doivent réfléchir hors de leurs murs, s’enrichir des axes d’amélioration d’un produit ou service pouvant avoir des problématiques communes avec leur univers. Même et surtout si ces produits ou services se trouvent être éloignés de leur cœur de métier ! L’essentiel est de sortir physiquement de son bureau pour comparer ses pratiques aux savoir-faire d’autres métiers. Par exemple, un grand distributeur de matériels sportifs a eu l’idée d’interroger la Nasa sur l’équilibre alimentaire des scientifiques partant en mission ; une préoccupation partagée par les acheteurs de vélos, ouverts à des services complémentaires dans ce domaine.

LA CRÉATIVITÉ À TOUS LES ÉTAGES Au sein de l’entreprise, la réflexion ne doit plus être réservée aux experts, mais élargie à toutes les équipes en les réunissant autour d’une même table dès le départ. En remplaçant le traditionnel circuit qui débute par une idée du bureau d’étudeset finit au bout de longs mois par le veto d’une autre division de l’entreprise, le désilotage et les ateliers croisant les expertises permettent de détecter immédiatement les points de blocage et de gagner ainsi un temps précieux. Les ateliers de créativité ne transforment pas tous les salariés en créatifs, mais permettent à ceux qui ont une connaissance approfondie de leur secteur et de leur métier de poser tout de suite les bonnes questions.

L’INNOVATION CENTRÉE SUR LES USAGES Les entreprises se doivent d’interroger l’utilisateur final ou de faire l’expérience de vivre comme leur client. Tandis que le marketing s’attend à faire des tests sur des produits ou services aboutis, l’innovation prône désormais le quick-and-dirty (tester en amont un concept de façon rapide et économique auprès des utilisateurs).

E N P E R SP E C T I V E

PENSER LE FUTUR POUR INNOVER AUTREMENT

Une chaîne hôtelière a par exemple pensé à faire livrer, dans les chambres et par un robot, des produits de première nécessité (comme une brosse à dents). Pour tester l’acceptation de la délivrance du service par un non-humain, un faux robot rudimentaire, comportant essentiellement une voiture télécommandée et une tablette, a été conçu. Le panel de testeurs, aucunement prévenu de l’expérience, s’est révélé ravi, surtout quand le robot réagissait avec humour. La pertinence du service a ainsi pu être prouvée avec un minimum d’investissement.

TESTER L’INNOVATION SANS S’ENGAGER, MAIS SUR UNE DURÉE LONGUE L’Internet des objets, comme par exemple les montres connectées compteurs de pas, attirent les acheteurs. Mais seront-elles encore utilisées un mois ou un an après l’achat ? Que faut-il pour que ces équipements apparemment séduisants entrent dans le quotidien des utilisateurs ? Suffit-il de compter les pas ou faut-il intégrer la mesure des battements du cœur ? Seule l’évaluation précise de l’usage sur le moyen terme peut éviter à une nouvelle technologie de disparaître aussi vite qu’elle est apparue.

QUELS FUTURS ? Tous les entrepreneurs scrutent le futur pour faire les bons choix stratégiques. On peut penser dès aujourd’hui que les voitures connectées autonomes auront un impact sur l’assurance ou sur le secteur de la réparation automobile. Mais lequel et dans quelle mesure ? Le meilleur moyen de répondre à ces interrogations est de penser le monde comme si ce futur était déjà présent. Le débat qui s’ouvre se déplace ainsi de l’imagination d’un monde lointain et fictionnel à un présent concret. La science-fiction et l’art contemporain ont déjà largement exploré ces mondes alternatifs ; penser l’innovation en passant par la fiction la rend réelle et tangible.

L’APPROCHE HISTORIQUE DE L’INNOVATION RÉSERVAIT

CETTE DÉMARCHE À DES EXPERTS (BUREAUX D’ÉTUDES, AGENCES DESIGN). VOICI VENU LE TEMPS D’INNOVER AU SEIN MÊME DE

L’ENTREPRISE, EN INTERROGEANT D’AUTRES MÉTIERS OU EN STIMULANT LA CRÉATIVITÉ

DE TOUS. NICOLAS MINVIELLE, DIRECTEUR DU MASTÈRE SPÉCIALISÉ

« MARKETING, DESIGN ET CRÉATION » À AUDENCIA NANTES ET CO-AUTEUR

DE L’OUVRAGE JOUER AVEC LES FUTURS, DÉCRYPTE POUR

NOUS CES NOUVELLES PRATIQUES.

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ADDITIONNER LES FORCES MULTIPLIER LES CHANCES

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* Sous réserve d’acceptation de votre dossier par votre Banque Populaire Régionale.

Le présent fi nancement bénéfi cie du mécanisme de garantie “InnovFin SME Guarantee Facility”

avec l’appui fi nancier de l’Union Européenne grâce aux Instruments Financiers Horizon 2020

et au Fonds Européen pour les Investissements Stratégiques (EFSI) établi par le Plan

d’Investissement pour l’Europe.

Le but du EFSI est d’aider à soutenir le fi nancement et l’implantation d’investissements productifs

dans l’Union Européenne et de s’assurer du développement de l’accès au crédit.

PRÊT INNOV&PLUSPARCE QUE VOUS AVEZ LES BONNES IDÉES POUR DÉVELOPPER VOTRE ENTREPRISEVos bonnes idées n’attendent pas. Avec le prêt Innov&Plus, fi nancez vos projets d’innovation sans puiser dans votre trésorerie*.

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