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Un drôle de chemin Johanna Grosgurin (ESFJ) Mémoire pour la formation au coaching DIM 10 3 ème année Osiris Conseil Avril 2009

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Page 1: Un drôle de chemin Johanna Grosgurin (ESFJ)

 

Un drôle de chemin 

Johanna Grosgurin (ESFJ)  

Mémoire pour la formation au coaching 

DIM 10 3ème année 

Osiris Conseil 

Avril 2009 

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Introduction 

 

Le chemin parcouru 

   

La machine à assumer tombe en panne 

  Je me retire dans ma bulle 

  La chouette blanche qui aide à relativiser 

  Lorsque la fleur rencontre l’homme en plastique noir 

  Je sors la Kalachnikov 

Le gros galet qui donne confiance 

  La modestie est une vertu 

 

Conclusion 

  La lueur du soleil et le lutin 

 

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Introduction 

 

En pensant à  la    façon dont  j’ai écrit  ce mémoire,  je me suis dit que c’est déjà en soi une illustration du développement possible pour une SFJ. Ma conception des mémoires était un travail horrible de recherche, des heures passées à la bibliothèque, enfouie sous des livres, et  ensuite  des  journées  interminables  d’analyse  et  d’écriture  (un  supplice  pour  une  SF).  Alors lorsqu’on nous a dit qu’il ne fallait pas que ça soit un supplice, mais quelque chose qui nous ferait plaisir et qui ne serait pas trop lourd à écrire, en lien avec le dialogue intérieur, j’ai commencé à avoir envie de le faire.  Alors j’ai éteint la machine à assumer, je n’ai pas fait de plan, mais j’ai écrit ce qui venait, sans essayer de structurer ou de limiter. De ce « laissé aller »  sont  venus  les  textes  qui  suivent,  qui  tracent  un  chemin.  Il  illustre  des  sous‐personnalités qui m’ont marquée,  ou des  rencontres  avec des  sous‐personnalités d’autres personnes.  Je les ai laissé parler librement. Certains parlent directement, d’autres n’ont pas envie  de  parler,  et  certaines  rencontres  entre  sous‐personnalités  ont  été  illustrées  en comptines, comme je les ai vécues.  A la fin des histoires, j’ai interprété ce que ça voulait dire pour moi.  

L’image  de  l’arbre  sur  la  couverture  a  été  choisie  parce  qu’elle  représente  des  valeurs essentielles pour moi : l’enracinement, la lumière du soleil qui passe à travers les feuilles, et le contact avec la nature qui permet de se ressourcer.  Tout ce dont ont besoin les arbres (et les hommes) pour bien s’épanouir. 

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La machine à assumer tombe en panne 

 

Je suis la machine qui assume, carrée, en métal gris et bien solide. 

On  n’a même pas  besoin  d’appuyer  sur  un  bouton  pour  que  je me mette  en marche,    je marche automatiquement. 

J’ai un grand sens des responsabilités, et on peut toujours compter sur moi. 

On m’apprécie pour mon professionnalisme, mon calme et ma  force,  les difficultés ne me font pas reculer. 

Lorsque  Johanna a des défis professionnels,  je  suis  là et  j’assume avec brio,  je  lui  fais  vite apprendre les nouvelles choses et relever ces défis. 

Lorsqu’elle  est  fatiguée  et  qu’elle  pleure  en  cachette  dans  le  garage  le  matin  avant  de prendre sa voiture pour aller au travail, je lui  fais essuyer les larmes et prendre une grande respiration.  Compter sur moi pour me mettre en route et c’est reparti pour la journée.  On ne pense plus, on assume ! 

Lorsque son mari a des soucis et  lutte contre  la dépression,  j’assume doublement pour  les deux.  J’ai des larges épaules pour porter toutes les responsabilités. 

Pour m’arrêter, il faut que quelqu’un appui sur le bouton. Qui ose le faire ? 

Personne. 

Pourtant il y a bien quelqu’un qui essaie, qui se met à pleurer le Vendredi soir à l’aéroport de Heathrow,  lorsqu’on  annonce  encore  une  heure  d’attente  dans  l’avion  pour  rentrer  –  la douleur de ne pas pouvoir souhaiter bonne nuit à ses enfants. 

Lorsque je lui fais expliquer que la fatigue n’est que passagère, et que ca ira mieux bientôt, il y a une autre voix qui me réplique que je lui avais déjà dit cela il y a un an. Peut‐être, mais j’ai assumé depuis, pas besoin de s’arrêter ! 

Une  autre  fois  ce  sont  les  enfants,  qui  appellent  lorsqu’Elle  est  en  voyage  et  ne  peut  pas rentrer le Vendredi soir. Ils se fâchent au téléphone en se demandant si ça allait à nouveau être comme cela toute l’année. Elle ne sera donc jamais à la maison ? Qu’est qu’il peut bien y avoir de si important qu’on ne puisse pas rentrer à la maison voir ses enfants le soir ? Face à  cette  question,  il  y  a  quelqu’un  qui  hurle  de  douleur,  cette mère  à  qui  on  a  planté  un couteau  dans  le  cœur.  Mais  heureusement  que  je  suis  là,  je  continue  à  marcher  et  à assumer,    j’essuie  les  larmes et  j’étouffe les voix des autres.   On ne peut quand même pas laisser tomber,  il faut qu’on avance et qu’on assume ses responsabilités ! 

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Un jour arrive ou les voix sont si fortes qu’elles commencent à me gêner, elles prennent le dessus  et  me  paralysent.  Je  n’arrive  plus  à  marcher,  tellement  les  voix  hurlent  fort  et épuisent toutes mes ressources. Je ne fais même plus ce qu’on attend de moi – c’est quand même  inconcevable !  Jamais  je  n’avais  laissé  tomber mes  devoirs,  mais  là  les  voix  m’ont paralysé, et elles m’empêchent de fonctionner. 

Je suis donc paralysée, les voix de la douleur et de l’épuisement ont pris le dessus. Je n’aime pas cela, mais pour le moment elles sont plus fortes que moi. Ce sera le moment pour moi de faire une révision,  j’ai  tellement assumé ces dernières années, en étant  la plus forte de toutes. Quelle bonne machine à assumer je suis ! Après un bon entretien j’aurais encore plus de force et je serais prête à reprendre le service dès qu’on aura besoin de moi.  

 

Cette machine représente ma personnalité primaire, qui veut toujours tout faire « comme il faut », et qui est toujours là pour les autres. Elle en fait tellement qu’elle arrive à m’épuiser, mais elle fait tellement partie de moi que je ne m’en rends même pas compte. J’étais arriveé à la formation au coaching dans un état d’épuisement total, au bord d’un réel burn‐out, sans pouvoir me l’admettre. J’avais écrit  lors de la première session que j’avais souvent envie de démissionner de ma vie.  Le travail de dialogue intérieur m’a obligée à regarder ma situation en  face.  Depuis  j’ai  changé ma  vie,  démissionné  de mon  travail  et  je me  suis mise  à mon compte. Aujourd’hui j’essaie de profiter des bons cotés de la machine, qui m’aident dans mon travail,  tout en étant  consciente qu’il  ne  faut pas  la  laisser prendre  toute  la place.    Je  vois beaucoup de cadres, des femmes en particulier, qui ont également leurs machines à assumer, et qui n’arrivent pas à  les arrêter avant qu’elles  soient complètement épuisées, et qui  sont obligées de s’arrêter parce qu’elles tombent malades, divorcent etc. C’est la matriarche chez nous  les  femmes, et surtout  les mères, qui continuent toujours à assumer coûte que coûte, même au dépens de notre propre bien‐être. Je suis devenue plus vigilante, et j’ai envie de me protéger. 

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Je me retire dans ma bulle 

 

Je suis blessée, fatiguée, j’en ai assez. J’ai envie de me protéger, de  m’éloigner de tout. Alors je me retire dans ma bulle.  

Cette  bulle  qui  me  protège,  je  m’y  sens  bien.  On  voit  à  travers  la  bulle,  mais  les  bruits extérieurs sont comme atténués, je les entends de loin.  

Je  suis  tranquille,  je  sens  la  bulle  autour  de moi  comme  du  coton  doux.  Je  n’ai  envie  de parler à personne, je suis tournée vers l’intérieur de moi.   

Je  n’ai  même  pas  envie  de  réfléchir,  les  pensées  me  font  trop  mal,  je  suis  juste  là,  à contempler le monde qui tourne autour de moi, à l’extérieur de la bulle.   

De temps en temps les gens s’approchent de Johanna et essayent de lui parler – quelqu’un leur répond mais moi j’ai hâte de retourner dans la quiétude de ma bulle.  

Les autres se regardent d’un air surpris : « Mais qu'est‐ce qu’elle a aujourd’hui, elle n’est pas comme d’habitude ? Elle est toujours si sociable et gentille, alors qu’on ne  l’a pas entendu aujourd’hui, elle s’est retirée dans son coin. Que se passe‐t‐il ?»  

 Je  les  laisse dire,  je  n’ai  pas  envie de parler.   On    a  quand même  le droit  de ne pas  être toujours la personne agréable et  souriante, non ? Je reste dans ma bulle qui me protège, et je ne sortirai que lorsque je n’aurai plus mal. Je me laisse bercer par la douceur de la bulle, et je me sens détachée du monde, légère comme de l’air. Qu’on m’y laisse tranquille ! 

 

Cette bulle représente pour moi le coté introverti, qui intervient chez moi dans les moments de  stress  ou  de  grande  fatigue.  Il  m’est  même  difficile  de  lui  donner  une  fonction,  parce qu’elle ne fait vraiment rien, elle ne pense même pas. C’est  juste  le silence et  le retirement total  du  reste  du  monde.  C’est  souvent  une  réaction  des  extravertis  en  cas  de  stress  qui surprend  beaucoup  leur  entourage  ‐  se  retirer  et  de  ce  fait  se  couper  de  son  énergie habituelle. Cela permet de  se  reposer pendant quelque  temps,  jusqu’à  ce que  le besoin du monde extérieur se fasse à nouveau sentir. 

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La fleur qui rencontre l’homme en plastique noir 

 

Il était une fois une jolie fleur blanche, avec une tige et des feuilles vertes bien foncées. Elle habitait  au  bord  d’un  lac,  à  l’ombre  des  arbres  et  au milieu  des myrtilles,  des  airelles  et autres petites plantes, sur un sol couvert par des feuilles séchés et de la mousse bien verte, entrecoupé des cailloux et petits rochers. Le soleil filtrait à travers les arbres, faisant sentir sa douce chaleur sur la fleur, et le vent la faisait bouger doucement.  La fleur se sentait bien.  

Un jour elle vit arriver un homme énorme en plastique noir très rigide.  Cet homme était très imposant,  et  restait  immobile  dans  un  coin  du  jardin.  Dès  qu’on  s’approchait  de  lui,  il  se dressait  dans  toute  sa  splendeur,  et  ne  laissait  passer  personne.  Il  était  très  noir  et  son plastique  était  dur  et  rigide.  La  fleur  regarda  cet  homme  imposant,  et  décida  d’aller  lui parler.    L’homme noir  la  regardait  d’en haut  –  que pouvait  donc bien  vouloir  cette  petite plante qu’on voyait à peine ? En s’approchant de  l’homme noir,  la  fleur aperçut des petits personnages  derrière  l’homme,  qui  guignaient  sur  les  cotés.  La  fleur  essayait  de  s’en approcher, mais l’homme en plastique noir se mettait devant, et la petite fleur se heurtait au plastique noir inflexible. La fleur essaya plusieurs fois, elle voulait juste parler, mais à chaque fois elle  se heurtait au plastique. Alors elle  restait devant  l’homme et  racontait  sa vie,  ses émotions,  ses  frustrations et  ses envies de  faire connaissance avec  les petits personnages, elle avait même envie de pleurer. L’homme en plastique noir n’y comprenait rien, ne voyait aucun  logique dans tout ce qu’elle racontait, et ne comprenait pas toute cette agitation.  Il restait  donc  immobile.  Il  protégeait  les  petits  personnages  derrière,  et  ne  laissait  passer personne.  

La  Kalachnikov  regardait  les  efforts  de  la  fleur,  et  pensait  qu’une  approche  un  peu  plus musclée ferait certainement reculer l’homme en plastique noir. Elle décida de venir en aide à la fleur. Elle prépara sa charge, et envoya une grande rafale sur l’homme en plastique noir. L’homme  se  pliait  depuis  sa  base, mais  se  redressait    aussitôt  avec  encore  plus  de  force, muré dans son silence.  La Kalachnikov essayait encore, mais toujours sans résultats. Chaque fois  que  la  Kalachnikov  se  présentait  devant  l’homme  noir,  il  s’en  allait,  regardant  la Kalachnikov d’un air méprisant. 

L’envie de faire connaissance avec ces petits personnages continuait à harceler la fleur. Ces personnages avaient l’air si doux et drôles, qu’il serait vraiment dommage ne pas pouvoir les connaître.   Mais elle comprenait bien que l’homme en plastique noir ne la laisserait  jamais passer. Alors elle décida de  faire appel au vieux sage,  la chouette blanche. Elle expliqua  la situation à la chouette,  et la chouette accepta de l’aider.  Alors la chouette se mit en route, et  se  présenta  devant  l’homme  en  plastique  noir.  La  chouette  lui  expliqua  la  situation calmement,  sans  émotion  et  avec  des  arguments  logiques.    L’homme en  plastique  noir  la regarda avec respect, comprenant bien la logique de ses arguments. Il se mettait un peu sur le coté pour laisser passer les petits personnages, qui allaient vite à l’encontre de la fleur.  La 

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fleur et les petits personnages bavardaient pendant un long moment, ils riaient au soleil qui les  chauffait  doucement.    Les petits personnages étaient  couchés  sur  le doux matelas des feuilles séchées, les mains derrière la tête et les jambes croisées de façon détendue.  La fleur était heureuse,  elle buvait ces discussions comme un jus qui lui donnerait de l’énergie pour plus tard.   

Lorsque l’heure pour  la chouette était venue de rentrer,  l’homme en plastique noir appela les  petits  personnages  pour  qu’ils  rentrent  derrière  lui.  Ils  dirent  au  revoir  à  la  fleur  et promirent de revenir bientôt.  La fleur se sentit remplie d’énergie, et l’homme en plastique noir était rassuré de voir rentrer ses petits personnages. La fleur remercia de tout cœur  la chouette.  « Pas  besoin  de  me  remercier,  vous  pouvez  compter  sur  moi  si  vous  voulez  à nouveau parler avec les petits personnages. Il suffit de m’appeler », répondit la chouette. La fleur retourna dans son environnement, si contente d’avoir pu sortir et bavarder.  Enfin elle avait trouvé le moyen de contourner l’homme en plastique noir.  

 

Cette  rencontre  entre deux  sous‐personnalités  est  apparue  lors  d’une  séance dans  laquelle j’avais  évoqué  mes  difficultés  de  dialoguer  avec  mon  mari  (ESTP).    J’avais  souvent l’impression qu’il n’avait besoin de parler de rien, alors que moi  j’avais envie d’entendre ce qu’il  sentait,  pensait.  Ces  discussions  peu  fructueuses  finissaient  souvent  par  des  disputes, avec moi qui m’énervais et  lui qui se murait dans son silence.   Cette séance m’a permis de comprendre plusieurs choses. Déjà qu’il n’était pas si facile que cela pour lui de parler de ses sentiments et de ses pensées profondes (les petits personnages), et qu’il  les protégeait sous son  coté T  très  rationnelle et pragmatique. Elle m’a aussi  fait prendre  conscience que  si  je voulais lui parler, il fallait que je me serve de ma partie inférieure, Ti, pour m’adresser à lui. Dés  que  j’arrive  à  lui  expliquer  calmement  et  sans  exagération  des  choses,  on  arrive  à dialoguer. Aujourd’hui je ne vous dirai pas que l’on y arrive toujours, mais plus souvent quand même qu’avant. 

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Je sors la Kalachnikov 

 

Prenez garde – je sors la Kalachnikov et je tire ! 

Tout le monde en prend pour son grade, un coup à droite, un coup à gauche. Vous n’aviez qu’à mieux vous tenir, au lieu de venir m’énerver. 

Ces gens qui n’y comprennent rien, faut que leur dise les 4 vérités. Je ne peux quand même pas tout faire, pendant qu’eux se la coulent douce. Non, mais ! S’ils veulent s’en sortir, il va falloir faire des efforts et mettre les bouchées doubles, le service est fini ! Il y en a marre de tout assumer !  Prenez vos responsabilités et ne compter plus sur moi ! 

Les chaussettes et autres vêtements sales qui trainent par terre, ils vont se ranger par magie ou quoi ? Et quand on vous appelle pour venir manger, il vous en faut du temps pour venir. La prochaine fois vous n’avez qu’à faire votre repas vous‐même, ça vous apprendra.  Et tous le fourbis qui rempli la cave et traine dans le bureau – ce n’est pas possible de vouloir tout garder, on étouffe enfin ! Libérez de la place, sinon je tire ! 

Et  enfin,  c’est  toujours moi  qui  fais  tout  les  efforts  et  sacrifices,    quand  sera  le  tour  des autres  de  sortir  de  leur  confort ?    C’est moi  qui  a  fait  l’effort  de  quitter mon  pays  et ma famille pour venir ici, alors que les autres n’ont aucun effort à faire.  Mais je ne me plierais plus, et je ne m’adapterais plus – je fais ce que je veux, pour une fois !  

J’envoi balader tout  le monde, n’essayez pas de me calmer. On a quand même  le droit de s’énerver de  temps en  temps, non ?  Je  claque  la porte et  je  vais prendre  l’air,  débrouillez vous maintenant. Mais avant j’arrose encore tout le monde d’une grande rafale. 

 

Malheureusement  ce  n’est  que ma  famille  qui  reçoit  les  tires  de  la  Kalachnikov,  car  il  est difficile  pour  une  F  de  se  fâcher  et  de  déplaire  aux  autres  –  en  dehors  de  la  famille,  bien évidemment. Ce côté de moi est quasi inconnu de mes connaissances et collègues de travail. Le chemin du développement pour moi (Fe) est d’arriver à plus m’affirmer, de savoir dire non et  mettre  les  limites  dans  le  travail,  pour  moins  avoir  besoin  d’exploser  en  famille. Heureusement que la famille le prend parfois sur le ton de l’humour, en faisant semblant de sortir leurs Kalachnikovs aussi ou en se cachant de mes rafales en hurlant… 

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La chouette blanche qui fait du bien 

 

Elle est là, cette chouette blanche, à regarder le monde de son œil si savant, si sage, qui sait prendre de  la distance.   Elle  fait du bien. Dans sa sagesse elle apaise, aide à  relativiser  les choses, et à prendre un peu de distance, de se sentir moins coupable, moins concerné. C’est la voix de la raison, sans exagération, ni critique, sans émotions fortes. Juste la raison dans toute sa simplicité et sa sérénité. 

Lorsqu’il y a un problème à résoudre, une décision à prendre, à évaluer quelque chose qui s’est  passé,  sans  trop  d’émotion,  on  peut  faire  appel  à  elle.    Alors  elle  vient,  regarde  la situation de là haut et parle avec sa voix calme et apaisante.  Elle pose les bonnes questions, et regarde les choses d’un point de vue neutre.  Pas besoin de s’énerver, ni de se critiquer. On peut tout simplement poser les faits, sans y ajouter d’interprétations.  Et ensuite réfléchir calmement à ce qu’on va faire, ou ne pas faire. On peut enfin cesser de chercher ce qu’on a mal  fait,  et  regarder  simplement  la  situation  d’une manière  rationnelle.    Cela  permet  de relativiser les choses. Reste là, chouette blanche, ne t’éloigne pas trop afin que l’on te voie et que l’on t’entende. 

 

La  chouette  blanche  représente  ma  fonction  inférieure,  Ti,  qui  m’est  parfois  difficilement accessible, mais qui m’aide énormément lorsque j’arrive à y accéder. J’arrive plus facilement à faire appel à elle pour des questions professionnelles que privées, qui  impliquent souvent trop d’émotions et où ma personnalité primaire est bien présente. Cela peut paraitre normal pour un T, mais pour une Fe, pouvoir regarder les choses à distance et sans émotions est un véritable exploit. La chouette blanche est une de mes sous‐personnalités préférées. 

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Le gros galet qui donne confiance 

 

Allons, ma belle, nous allons nous en sortir ! 

Tu as déjà eu des  situations beaucoup plus difficiles que  cela,  et  tu  as  su  t’en  sortir.  Tu a beaucoup plus de capacités que tu ne crois.  Je crois en toi. Regarde tout le feedback positif que tu  reçois de  tes clients :  ils  te  trouvent d’un grand professionnalisme,    tu  leur  inspires confiance.  Ils  se  sentent  à  l’aise  avec  toi,  et  apprécient  ta  qualité  d’écoute.  Tu  sais  rester calme dans les situations difficiles. Tes collègues trouvent très facile de travailler avec toi, tu es flexible, collaborative, responsable et organisée. Pas mal, non ?  

Et si pour une fois tu laissais ta modestie naturelle de côté, et tu regardais tout ce que tu as réussi à  faire, en te donnant tout  le crédit que tu mérites. Tu as quand même construit  ta propre affaire, avec des clients complètement nouveaux, qui maintenant t’appellent de plus en plus. Ils aiment bien travailler avec toi.  

Moi, je le savais. Je suis là pour te rappeler toutes tes qualités, et te donner confiance. Parce que moi j’ai confiance.  Je sais ce que tu es capable de faire.  Il faudrait juste me donner la parole un peu plus souvent…  

 

C’est un côté de moi qui m’avait un peu surpris, je ne le connaissais pas bien. J’ai beaucoup de mal à le laisser parler, sans que son opposé arrive toute de suite pour le faire taire. Les 2 côtés opposés sont une véritable paire, mais jusqu'à là c’était surtout la modestie qui régnait, et c’est le travail de dialogue intérieur qui a enfin permis au gros galet de parler. C’est un allié de la chouette blanche. 

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La modestie est une vertu 

 

Tu ne vas quand même pas leur dire tout cela ? C’est un peu gonflé quand même… 

Ils vont penser que tu as la grosse tête. Ca ne se fait pas de se flatter pareillement, en faisant un numéro de soi‐même.  Enfin ! Il y en a d’autres qui réussissent très bien, alors ne te crois pas  la seule. Et surtout, n’en parle pas. Les gens vont bien  le comprendre par eux‐mêmes, pas besoin de le dire. 

Tu ne veux quand même pas attirer autant d’attention sur toi ? Change vite de sujet, s’ils se mettent à en parler, on ne va quand même pas s’éterniser  là‐dessus, ce serait  trop. Tu ne veux quand même pas être  le centre d’attention, ni  le sujet de conversation. Ca ne se  fait pas, et tu le sais très bien.  Alors tais‐toi ! 

 

En laissant parler le gros galet, une autre voix s’est toute de suite fait entendre … Elle arrive  toujours pour faire taire le gros galet. Je situe les origines pour cette modestie à mes origines et à mon éducation, car en Finlande, d’où je viens, la modestie est effectivement toujours une vertu.  Il  est  très  mal  vu  de  parler  beaucoup  de  soi‐même,  c’est  toute  de  suite  considéré comme se vanter. En arrivant en France, j’ai dû faire un gros travail sur moi pour comprendre que les gens ne pouvaient pas deviner tout ce que je savais faire, si je ne leur en parlais pas.  

Cette  sous‐personnalité  est  un  allié  de  la  critique  intérieure,  et  ensemble,  ils  font  des ravages… 

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Conclusion 

Le  chemin continue. Chaque  fois que  je pense avoir    trouvé  l’équilibre, de nouveaux défis arrivent  et mes  propres  réactions me  surprennent.    Alors  que  je  croyais me  connaître  et même me maitriser un peu … La machine à assumer à repris  le service, mais  j’essaie aussi d’entendre la chouette blanche, et le gros galet.  Et j’en découvre d’autres sur le chemin. 

Pour  conclure  j’aimerais  utiliser  les  paroles  d’une  chanson  finlandaise  que  je  chantais souvent à mes enfants lorsqu’ils allaient se coucher.  Je trouve que cette chanson illustre à merveille le travail du dialogue intérieur, et nos différentes sous‐personnalités.  Les paroles ont été traduites librement du finnois. 

 

 

La lueur du soleil et le lutin 

 

Lorsque  la nuit commença à  tomber, elle est  restée derrière ses sœurs ;  la plus petite des lueurs  du soleil. 

En voyant l’obscurité arriver, la petite lueur de soleil pensa à s’envoler, lorsqu’elle croisa un lutin  qui  venait  de  se  lever,  sortant  de  sa  grotte,  car  le  lutin  ne  peut  pas  vivre  dans  la lumière. 

Ils se regardèrent, et le lutin sentit un drôle de chaleur dans son cœur. 

Il dit à la lueur du soleil qu’il n’avait jamais rien vu de si joli, même si le fait de la regarder lui brûlait les yeux. 

« Cela  ne  fait  rien  si  ton    rayonnement me  rend  aveugle,  il  est  si  facile  de marcher  dans l’obscurité », lui dit il. « Viens avec moi, je t’amène dans ma grotte, et je te chérirais pour la vie. » 

La petite lueur de soleil lui répondit : « Cher lutin, je ne peux point vivre dans l’obscurité, la nuit me prend la vie. Il faut que je m’envole vers la lumière sans attendre, sinon je ne vivrai plus. » 

Ainsi s’en allait la lueur du soleil. 

Mais quand le lutin se promène seul dans la nuit, il pense à la lueur du soleil et se demande pourquoi  ils ne pouvaient se retrouver, un enfant de la lumière, et la créature de la nuit.