tout empire périra

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1 LCL Arbaretier Cours N° 6 : Impérialisme et stratégie navale Après avoir étudié les différents aspects de la stratégie et de la tactique essentiellement terrestres, je vous invite à entrevoir ce que représentent à partir de l’époque moderne, les piliers de l’impérialisme et de la colonisation, ainsi que de la stratégie navale. Nous étudierons essentiellement les deux stratégistes fondamentaux que sont l’Américain Mahan et le Britannique Corbett. Nous verrons également un peu l’école française et en particulier l’amiral Castex, l’un des pères de notre géopolitique. Nous verrons comment la stratégie maritime influence la stratégie globale au travers de la vision américaine de la domination mondiale et de l’influence de la stratégie navale sur la vision anglo-saxonne de la géopolitique. Tout d’abord, réfléchissons au concept d’empire. Je vous ramènerai à la définition qu’en donne Jean-Baptiste Duroselle, le grand historien français dans son ouvrage fondamental : tout empire périra. Un empire consiste donc à diriger ou contrôler plusieurs nations au profit de la nation dirigeante. Ce n’est ni une fédération ni une confédération. L’ Imperium romain consistait à englober sous l’influence de Rome des nations païennes conquises ou vassalisées.

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LCL Arbaretier

Cours N° 6 : Impérialisme et stratégie navale

Après avoir étudié les différents aspects de la stratégie et de la tactique essentiellement

terrestres, je vous invite à entrevoir ce que représentent à partir de l’époque moderne, les

piliers de l’impérialisme et de la colonisation, ainsi que de la stratégie navale.

Nous étudierons essentiellement les deux stratégistes fondamentaux que sont l’Américain

Mahan et le Britannique Corbett. Nous verrons également un peu l’école française et en

particulier l’amiral Castex, l’un des pères de notre géopolitique.

Nous verrons comment la stratégie maritime influence la stratégie globale au travers de la

vision américaine de la domination mondiale et de l’influence de la stratégie navale sur la

vision anglo-saxonne de la géopolitique.

Tout d’abord, réfléchissons au concept d’empire. Je vous ramènerai à la définition qu’en

donne Jean-Baptiste Duroselle, le grand historien français dans son ouvrage fondamental :

tout empire périra.

Un empire consiste donc à diriger ou contrôler plusieurs nations au profit de la nation

dirigeante. Ce n’est ni une fédération ni une confédération. L’Imperium romain consistait à

englober sous l’influence de Rome des nations païennes conquises ou vassalisées.

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Derrière un empire, il y a une civilisation, mais aussi une nécessité de domination

commerciale. L’empire peut être formalisé ou non : l’Empire austro-hongrois existait comme

l’Empire russe formellement, l’Empire britannique également mais laisser supposer une

adhésion de certains de ses membres à la richesse commune (Common Wealth) … Derrière

l’Empire britannique, il y avait une stratégie culturelle (cf Kipling) : civiliser l’homme de

couleur qu’on retrouver avec l’œuvre civilisatrice de Jules Ferry avec la constitution de

l’Empire colonial français de la 3e République.

Parmi les empires maritimes et coloniaux qui se sont succédés depuis les grandes

découvertes du 15e siècle. Le Portugal, pays tourné résolument vers les grands espaces

maritimes avec la maison de Bragance, et notamment Henri le Navigateur, fut sans conteste

le premier d’entre eux. La Chine que l’on a déjà un peu étudiée eut une volonté initiale de se

constituer un empire maritime, puis suite aux mésaventures de l’amiral Zheng He au début

du 15e siècle, se replia sur elle-même pour devenir l’Empire du Milieu. Cette période

correspond à une extension de la zone d'influence des Ming. Sous le règne de l'empereur

Yongle, des expéditions chinoises explorent des terres et surtout des mers inconnues.

L'apogée de cette période exploratrice est l'épopée de Zheng He, eunuque chinois qui va

jusqu'en Afrique. Sa flotte, selon l'auteur britannique Gavin Menzies, aurait entrepris

d'explorer la totalité du globe, atteignant l'Australie et les Amériques. Les Chinois, en

encourageant les ambassadeurs des autres pays à leur payer des tributs et en se montrant

eux-mêmes extrêmement généreux avec tous les États de leur zone d'influence, ne

cherchent pas à retirer de bénéfices matériels de ces voyages, contrairement aux Européens

qui commencent à explorer les côtes ouest de l'Afrique quelques décennies plus tard. À la fin

du XVe siècle, la Chine impériale interdit à ses sujets de construire des navires de haute mer

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et de quitter le pays. Les historiens contemporains s'accordent à voir cette mesure comme

une réponse à la piraterie. Les restrictions sur l'émigration et la construction de navires sont

largement levées au milieu du XVIIe siècle. Le Danemark, que l’on connaît peu à cette

époque, entame une période coloniale au 17e siècle, alors qu’il a conforté sa position en

Scandinavie, ayant colonisé le royaume de Norvège après la guerre de Kalmar (1611-1613).

Le Danemark conserva un certain nombre de colonies en dehors de la Scandinavie,

entamant son mouvement d'expansion dès le XVIIe siècle et le poursuivant jusqu'au XXe

siècle. Le Danemark fonda ainsi des colonies au Groenland et en Islande dans l'Atlantique

nord quand il était rattaché à la Norvège. Christian IV, roi de 1588 à 1648 fut l'initiateur de

ce mouvement de colonisation en développant le commerce maritime de son royaume avec

l'extérieur. Il adopta la tendance mercantiliste qui était alors populaire dans les autres

gouvernements européens. Le Danemark établit ses toutes premières colonies à

Tranquebar, sur la côte sud de l'Inde, en 1620. Dans les Caraïbes, le Danemark fonda une

colonie à Saint-Thomas en 1671, Saint-John en 1718, et acheta Saint Croix à la France en

1733. Le Danemark conserva ses colonies indiennes, à savoir Tranquebar et également

d'autres petites colonies de moindre importance, durant environ deux-cents ans. La

compagnie danoise des Indes orientales commerça en dehors de Tranquebar. À son apogée,

cette dernière et la compagnie suédoise des Indes orientales importèrent plus de thé que la

compagnie anglaise des Indes orientales et vendirent 90 % de leurs marchandises à

l'Angleterre, ce qui leur rapportèrent des profits considérables. L'ensemble de ces colonies

et comptoirs commerciaux implantés en Inde devinrent moins actives au cours des guerres

napoléoniennes. Les Danois conservèrent néanmoins d'autres colonies, forts et divers

comptoirs commerciaux en Afrique de l'Ouest notamment, essentiellement dans le but de

faire du commerce d'esclaves. Je ne fais que suggérer ce que fut l’Empire colonial espagnol

du 16e siècle à la fin du 19e siècle : 1898 fut une date importante pour l’Espagne avec la

perte des Philippines, de Cuba et de Porto Rico qui devinrent toutes des zones d’influence

américaines. Il reste de cette présence un rayonnement mondial de la langue espagnole.

Les Pays Bas, quant à eux, une fois indépendants des Espagnols, se constituèrent une flotte

commerciale et militaire qui leur permit d’acquérir des comptoirs et d’avoir une présence

sur tous les continents, en particulier en Insulindes où ils conservèrent les Indes

néerlandaises jusqu’en 1947. Prise de Kochi aux Portugais par la compagnie des Indes

orientales en 1663. Au XVIe siècle, le Portugal et l'Espagne deviennent, grâce au

colonialisme, les premières puissances européennes et des puissances mondiales. Dès 1580,

les Néerlandais lanceront des raids sur le Brésil, et s'empareront du Nordeste de 1630 à

1661, ce qui leur permettra d'acquérir d'immenses plantations de cannes à sucre. Les

Hollandais et les Zélandais sont de redoutables corsaires et arriveront maintes fois à

détourner des marchandises de navires d´autres nations européennes. En 1608, les

Néerlandais forment des sociétés par actions (dont la Compagnie des Indes orientales et la

Compagnie des Indes occidentales) qui se lancent dans le commerce des épices avec

l'Insulinde et l'Inde mais aussi dans la traite négrière. Les Bataves s'empareront des

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comptoirs portugais en Angola, sur tout le pourtour de l'Afrique et dans l'océan Indien. Aux

Amériques, ils sont beaucoup moins présents et n'assureront au total qu'à peine 4 % de la

traite négrière dans l'ensemble de l'histoire de l'esclavage. Dès 1619, les Néerlandais

fondent à Java le comptoir de Batavia et supplantent les Portugais dans le commerce des

épices avec l'Insulinde et s´assurent un monopole.

En 1626, le navigateur Pierre Minuit achète l'île de Manhattan à des Indiens pour la valeur

de 60 florins en colifichets et verroteries. Pendant une quarantaine d'année, les Néerlandais

coloniseront la région comprise entre les fleuves Delaware et le Connecticut, la Nouvelle-

Néerlande. À la suite de la Seconde Guerre anglo-néerlandaise les Anglais obtiennent la

colonie nord-américaine néerlandaise alors peuplée de 7 000 à 10 000 colons, contre le

Suriname anglais. Cet échange permet aux Néerlandais d'expulser une de leurs nations

rivales alors juchée sur la Côte sauvage sud-américaine. Les Néerlandais ont laissé nombre

de connaissances en géographie, cartographie et dans la construction navale et d'autres

navigateurs hollandais laisseront leurs noms dans l'histoire et la géographie : Abel Tasman,

qui explora le sud de l'Australie et à qui la mer de Tasman doit son nom, Willem Schouten

qui découvrit le cap Horn, Hudson, Baffin, Abel Dirrecksen, etc.

Bataille de Focchies, où s'affrontent une flotte combinée de vaisseaux néerlandais et

vénitienne contre l'Empire ottoman durant la guerre de Crête en 1656. En 1652, en Afrique

du Sud, les explorateurs néerlandais trouvèrent commode d'installer un comptoir

permanent pour y faire escale lors des retours en provenance des Indes Orientales, et c'est

ainsi que Le Cap fut fondé. La côte sud-africaine fut rebaptisée par la suite : Windhoek (« le

coin venteux ») en Namibie, Franshoek ("le coin des Français") ou Vereniging ("réunion") en

Afrique du Sud, pôles majeurs du futur État du Transvaal où les Boers ("fermiers")

séjourneront et établiront les bases raciales de l'apartheid. Le commerce des épices dans

l'Empire des Indes se révèle lucratif, à tel point que la Compagnie néerlandaise des Indes

orientales devient une menace pour le royaume, dont elle rachète allègrement les colonies

(Aruba) afin d'étendre ses compétences. À la tête de cette compagnie, les "Messieurs

Douze", véritables gouverneurs dont le pouvoir politique est immense. En 1625 est fondée la

Compagnie Néerlandaise des Indes Occidentales, spécialisée dans le commerce des

fourrures venues d'Amérique du Nord notamment. L'essor colonial favorise la création de

manufactures, raffineries de sucre. On fabrique tissu, armes, verre pour l'échanger contre

des esclaves. L'action des Néerlandais aura ruiné le Portugal, qui pour se protéger aura fait

appel à l'Angleterre. En contrepartie les Anglais obtiendront des monopoles commerciaux

avec le Portugal et le Brésil. Le Brésil fera désormais partie de l´empire invisible britannique.

L'Empire des Indes évolue lui aussi : la ville de Batavia (actuellement Jakarta) est bâtie à

l'image d'Amsterdam, (canaux, pignons de style hollandais), de même pour Bandoeng (en

français Bandung). Au XVIIe siècle, les navires hollandais sont les mieux armés du monde, en

partie grâce au succès de la Compagnie des Indes. Les Turcs constituèrent l’Empire Ottoman

dont le centre de gravité resta centré autour de l’Europe orientale, de la Méditerranée et de

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l’Afrique et du Moyen-Orient jusqu’en 1918. La France envoya ses premiers navigateurs au

16e siècle mais ne commença à constituer une vraie marine qu’à partir du 17e siècle. Son

empire colonial subsista jusqu’au XXe siècle. La Belgique créée en 1830 acquit le Congo à la

fin du 19e siècle, l’Autriche-Hongrie annexa la Bosnie et envoya des navigateurs jusqu’au

pôle Nord, utilisant le navire portant le nom de l’amiral vonTegetthoff, le vainqueur de Lissa

en 1866 contre la toute jeune marine italienne non encore complétement unifiée, qui

découvrit et nomma un archipel polaire « François-Joseph » au nord de la Russie.

L'expédition austro-hongroise au pôle Nord est une expédition arctique, menée entre 1872

et 1874, qui découvrit la Terre François-Joseph. Selon Julius von Payer, l'un des leaders de

l'expédition, le voyage était destiné à découvrir le passage du Nord-Est. L'expédition explora

réellement la région au nord-ouest de la Nouvelle-Zemble. Selon l'autre leader, Karl

Weyprecht, le pôle Nord était un objectif secondaire. Le coût estimé de l'expédition fut de

175 000 florins, financé par des nobles austro-hongrois.Le navire principal de l'expédition

était le Tegetthoff, nommé d'après l'amiral autrichien Wilhelm von Tegetthoff, sous les

ordres duquel Weyprecht avait servi. Le navire avait été construit par Teklenborg &

Beurmann à Bremerhaven. C'était une goélette de 3 mats de 38 m de long, équipée d'une

moteur à vapeur de 100 cv (75 kW). L'équipage venait de toute l'Autriche-Hongrie mais

principalement d'Istrie et de Dalmatie. La Russie commença depuis les règnes de Pierre le

Grand et de la Grande Catherine un Empire terrestre et maritime avec la construction d’une

flotte qui connut ses premières mésaventures en 1904-1905 lors de la guerre russo-

japonaise. Sans tirer un coup de feu, la Russie acquit sur le Japon à la fin de la Seconde

Guerre mondiale notamment les îles Kouriles toujours aujourd’hui revendiquées par le

Japon. L’Italie, l’Allemagne et les Etats-Unis furent les derniers venus dans cette course aux

colonies. Ces derniers acquirent Porto Rico, Cuba et les Philippines au détriment de

l’Espagne en 1898.

Après ces rappels sur les différents empires qui se sont succédés aux époques moderne et

contemporaine, commençons par étudier la doctrine navale française à l’époque

contemporaine, et en particulier à la fin du 19e siècle et au début du 20e.

Le souvenir des guerres navales de la Révolution et de l'Empire, et la rivalité constante avec

le Royaume-Uni, conduisent la France du Second Empire à s'interroger sur la place de sa

marine. L'émergence d'un nouvel adversaire, l'Allemagne, va amener à penser que la France

n'a pas les moyens de disputer la suprématie sur mer, comme elle le peut sur terre.

La modification rapide des techniques navales, l'apparition de la vapeur et des navires en fer

va entraîner une augmentation rapide des coûts des nouveaux navires.

C'est dans ce contexte que l'on va voir apparaitre la nouvelle doctrine qui sera appelée jeune

école, en reprenant les mots de l'un de ses partisans.

La figure emblématique de cette nouvelle doctrine est l'amiral Théophile Aube.

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Il a publié en un opuscule La guerre maritime et les ports militaires de la France. Il y affirme

que le développement des nouvelles techniques va rendre inopérants tant les blocus que la

guerre d'escadre ; par exemple avec l'usage de la torpille automobile. En conséquence, il

faut éviter de se lancer dans la construction de cuirassés mais plutôt se reposer sur un grand

nombre de petits navires côtiers, torpilleurs, garde-côtes, béliers pour protéger la façade

maritime. Pour l'offensive, il préconise la guerre de course menée par des croiseurs. Dans les

deux cas, il est partisan de donner la meilleure vitesse possible aux nouveaux bâtiments.

Ses idées vont emporter l'adhésion de nombreuses personnes. Non seulement des marins,

mais aussi de journalistes comme Gabriel Charmes. En effet, la loi du 29 juillet 1881 sur la

liberté de la presse a eu comme conséquence parmi d'autres que les journaux se sont sentis

autorisés de parler de tous les sujets, y compris de stratégie et de tactique navale.

L'avantage de l'irruption de l'opinion publique dans le débat sera de forcer les protagonistes

à affuter leurs arguments. Mais, en contrepartie, cela signifiera l'intervention de

protagonistes peu au fait des contraintes navales.

Gabriel Charmes, né en 1850 à Aurillac, proche de l'amiral Aube, est entré en 1874 comme

journaliste au Journal des Débats. Au début des années 1880, il jouit d'une certaine célébrité

liée à une série d'articles sur l'Orient. Il va embrasser la cause de la « Jeune École » et publier

plusieurs articles, en 1884 et 1885, en faveur de ces thèses, dans la Revue Politique et

Littéraire et le Journal des Débats.

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Pour lui, le torpilleur est l'arme-miracle du pauvre, un microbe de cent tonnes et de deux

cent mille francs, capable, d'une torpille, d'envoyer par le fond un monstre de 10 000 tonnes

coûtant 30 millions de francs. Il va gauchir la théorie de l'amiral Aube en substituant au

trinôme un simple binôme torpilleur-croiseur.

Ses attaques, comme celles des autres défenseurs de la « Jeune École », visent aussi

l'Administration de la marine, critiquant son immobilisme et son conservatisme. Ces

critiques ne seront pas pour rien dans la popularité de la nouvelle doctrine.

Le monde politique va aussi trouver de quoi alimenter ses jeux. Le torpilleur, prôné par la «

jeune école », va devenir l'outil des républicains tandis que le cuirassé serait celui de la

droite. Le torpilleur illustrant la revanche du petit sur le gros, il sera aussi l'équivalent

industriel du microbe de Pasteur, capable de terrasser les plus grosses créatures.

C'est aussi une manière d'attaquer les barons d'industrie, en particulier ceux qui fournissent

les plaques de blindage, si importantes pour les flottes cuirassées. Vouloir conserver ces

grands bâtiments était, pour certains des républicains et des radicaux, simplement vouloir

sauvegarder les profits de ces industriels.

Mais la querelle sert aussi les intérêts budgétaires des gouvernements. Il revient bien moins

cher de construire des torpilleurs, même en grand nombre, que des navires de ligne dont les

déplacements ne cessent de croître.

En réalité, la stratégie navale française des 19e et 20e siècles est celle d’une puissance

maritime secondaire dont la connivence puis la collaboration avec la puissance maritime

principale britannique à partir de 1904 (l’Entente cordiale) est vitale pour la préservation des

liens vers un empire colonial non seulement africain mais aussi mondial : Pacifique, Extrême-

Orient à partir de 1860 et les Antilles depuis le 18e siècle.

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Etudions maintenant (en anglais svp1) la comparaison des travaux de Corbett, le stratégiste

naval britannique, et de l’amiral Mahan, le grand stratégiste naval américain, tous deux

du début du 20e siècle, époque où la Grand Bretagne décroit économiquement, notamment

face à l’Empire allemand de l’empereur Guillaume II et de l’amiral Tirpitz, et époque où la

puissance américaine augmente aux plans économique, naval et financier, et ce, dans les 20

ans qui précèdent la Première Guerre mondiale. Comme nous l’avons vu plus tôt, les Etats

Unis acquièrent au détriment de l’Espagne notamment un certain nombre de colonies qui

constitueront pour cette nouvelle puissance émergente autant de points d’appui nouveaux

vers l’Extrême-Orient notamment.

• professor of civil and military engineering at USMA, an interpreter of Jomini,

Major works:

• 1890: The Influence of Sea Power on History (1660-1783)

• 1892: The Influence of Sea Power upon the French Revolution

• Both described the naval history of Great Britain: sea battles, political events, political, social,

economic and military consequences.

His ideas concerned the relationship

• between sea power and national greatness,

• Between naval warfare and strategy.

“Naval battles of the past furnish a mass of facts amply sufficient for the formulation of laws or

principles which, once established, would raise maritime war to the level of a science”

1840-1865

1 Il s’agit d’emprunts à un cours de l’école de guerre navale américaine.

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The United States continued its growth west with our acquisition of the Oregon Territory from the

British and the annexation of Texas. Following closely was the Mexican-American War which

consolidated United States territory from the Atlantic seaboard to the coast of the Pacific. Although

this expansion occurred early in Mahan’s life, its effects were surely felt well into his adulthood.

Before the country could fully focus on populating and developing these new territories, the issue of

slavery had to be settled, and thus the Civil War. Overlaying all of these events was the rapid growth

of industrialization throughout the nation and the world.

1866-1914

With the Civil War over, the U.S. could complete the task of subduing the American Indians and in

fact by the late 19th century had virtually completed this mission.

European nations continued their imperialistic ways around the globe and with the deterioration of

the Spanish empire in the later portion of the century, a critical vacuum in Spain’s western

hemisphere colonies began to develop.

Many strategic thinkers, including Mahan, feared that some other European nation might try to step

through this breach, and establish a foothold in the Americas. Mahan particularly felt that the

building of a canal across the isthmus of the Americas would be an added and irresistible temptation

to those powers.

Meanwhile a naval arms race was on among the industrialized nations as each tried to outdo the

other in both expanding and modernizing their fleets.

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Thesis: Mastery of the seas made nations victorious in war and prosperous in peace. Not all nations

possessed the raw ingredients of sea power were.

Insight: The clue to the rise and fall of empires was control of the sea or lack of it. An historic factor

that had never been systematically appreciated and expounded.

Principles of strategy included

• Lines of communication

• Central position Interior lines

• Key: concentration for a decisive victory over the enemy’s main battle fleet, thereby gaining

command of the sea.

Mahan stressed the importance of lines of communication, the central position and interior lines.

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These elements were universal and timeless in character.

1. Geographic Position: An island was an advantage, not force to defend itself.

2. Physical Conformation: access to seas from interior via rivers and bays. Numerous and deep

harbors

3. Extent of Territory: length of coastline and character of the harbors

4. Number of Population: number engaged in sea-going occupations or suited to them

5. National Character: strong leaning towards commerce and business

6. Character of the Government: faithful to the will of the people, provide intelligent direction,

promote eth the growth and strength of sea-going commerce and build a strong navy.

Mahan himself stated the meaning could be covered by three items.

• By production, Mahan meant the ability and necessity of producing products for

exchange or trade. He felt that by this trade, national wealth would be accumulated.

• By shipping Mahan referred to both Naval ships and merchantmen and strongly felt

that both were essential to Sea Power. A healthy sea borne commerce

• Lastly, Mahan felt that colonies were required as not only markets for our goods, but

as protected points for our lines of communications upon the sea. The fairly short

legs of the coal fired warships of the day, forced frequent stops to refuel and the

need for protected harbors in which to rearm and replenish.

Mahan’s ideas comprised a trinity of commerce, colonies and bases.

• A healthy sea borne foreign commerce

• Reliable terminals of trade as sources of raw materials and as markets

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• The means to protect the lines of communication and the terms of trade at the

terminals by force.

• “Communications dominate war….”

• Need bases for fuel, ammo, and food.

• According to Mahan, navies should

• Build in time of peace

• Concentrate the battle fleet in time of crisis and or war

• In war engage the adversary’s main naval forces.

• Navies were better instruments than armies:

• Less blunt

• Less symbolic of aggressive intent

• More mobile

• More responsive to political direction.

Command of the Sea through naval superiority.

That combination of maritime commerce, overseas possessions, and privileged access to

foreign markets that produces national wealth and greatness.

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Mahanian Pillars of Naval Strategy

• Concentration to gain local superiority by using naval mobility

• The predominant principle: to be superior in one quarters while holding the

enemy in the other.

• Objective: the proper objective for was the organized military force of the enemy.

Guerre de course (commerce raiding) was not a proper or effective strategy for a

navy.

• Overseas bases: a successful maritime strategy then depended upon naval bases and

access to them by the fleet: distant coaling stations. where needed. And secure

SLOCs

• Offensive: was must be waged offensively and aggressively. Control of the sea by

reducing the enemy’s navy is the determining consideration in a naval war. France’s

fault was using her fleet defensively, yielding the weather gauge, over-reliance on

commerce raiding.

• Communications - positions, lines logistics dominate.

Mahan : un “jominien”

Mahan was published in many leading journals of the day including Atlantic monthly, forum, and of

course proceedings. He also received honorary degrees from Harvard and Yale.

Both Kaiser Wilhelm II, the Emperor of Germany and King of Prussia, and Admiral Alfred von Tirpitz,

the Secretary of State for Naval Affairs in Germany, read and respected Mahan’s works and used

them to formulate German naval strategy in the buildup prior to the first world war.

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In Japan, the government placed translations of Mahan’s works in all schools, and adopted “The

Influence of Sea Power upon History, 1660-1783” as a textbook at the naval and military colleges.

Mahan was a strong advocate for an isthmian canal, believing it necessary for the protection of the

United States by allowing the fleet to swing quickly from one ocean to another as required to defeat

any enemy. This fit nicely with his dictum, “Do not divide the fleet.”

Importantly, Mahan also had friends in high places.

Required reading at the NWC (Naval War College) in early 20th Century

Somewhat overtaken by war-gaming in the inter War Years

Some influence in WWII

Overcome today by the idea of interdependence of armed services.

Control of a central strategic or pivotal area determined greatness: the heartland.

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This quote is from Henry L. Stimson, Secretary of War from 1940 to 1945. He felt there was

a peculiar psychology within the Navy Department, which frequently seemed to retire from

the realm of logic, into a dim religious world in which Neptune was God, Mahan his prophet,

and the United States Navy the only true church.”

Today US merchant marine is shrinking as well as US ship building industry and pool of active

mariners. Much of this is due to the tax advantages of Liberian and Panamanian registry.

I’m not sure if this makes us weak but it certainly does not make those two countries naval

powers. What is probably important is that we control shipping and have access to markets.

GATT and other trade treaties also have their impact by opening markets in the global

economy.

SLOCs are still important and the navy expends a great deal of energy conducting freedom

Of navigation Operations to ensure that critical passages stay open. Look at what happened

when the Iranians attempted to interdict the flow of oil through the straits of Hormuz.

Overseas bases have become less important as the Navy has become better at underway

replenishment. We still have to plug in somewhere but our lineup of allies throughout the

world gives us whatever access we need.

US still concentrate for the decisive battle. During the Gulf War carriers and amphibious

ships came both coasts.

Sea power is still a requirement to be a great power. In fact if you submit to the premise

that we are currently the only great power left, you must also recognize that we are also the

only Navy still around with global presence. There is a connection.

The Navy is a critical player in our national strategy. The naval services are usually the first

on the scene in any crisis and are specifically designed and trained to control the situation

and facilitate the introduction of follow-on forces.

Sir Julian Corbett (1854-1922)

He is a Brit, a Clausewitzian, not a Jominian.

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He is concerned with the position of Britain at the end of the 19th century, a declining naval

power which faced with a limited budget and limited manpower resources

Interested in obtaining local command of the sea as opposed to Mahan’s emphasis on total

command of the sea

Official historian for the Royal Navy

Provided the royal Navy with a coherent doctrine of maritime strategy

Emphasized modernizing naval policy and assisted in the formation of a group of reformers.

The 3 following factors are affecting Sea Power, this is Corbett’s Trinity :

Le stratège naval et stratégiste français Raoul Castex auquel se référait feu le Professeur et

stratégiste Hervé Coutau-Bégarie.

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Pour Castex, le centre de gravité de la stratégie française se situe clairement en dehors de

l’hexagone.

Il est l’un des derniers stratèges de l’Empire ou de la « plus grande France ».

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