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Compte-Rendu Stage du Soleil USI Cyclo Du 7 au 14 Mai 2011 Roquebrune sur Argens – UFOLEP 06 Participants Section : Anselmo, Damien, Daniel, Didier, Eric, Franck, Laurent, Matias, Philippe, Patrick, Samir Accompagnants : Claire Les choses étaient plutôt mal engagées. C’est le moment tant attendu du départ pour le Stage du Soleil et mon compagnon d’entrainement et accessoirement d’infortune, Philippe, vient de rater le train du dimanche soir pour Roquebrune sur Argens que nous devions prendre ensemble. La plupart des copains était

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Compte-Rendu Stage du Soleil USI Cyclo

Du 7 au 14 Mai 2011

Roquebrune sur Argens – UFOLEP 06

Participants   Section : Anselmo, Damien, Daniel, Didier, Eric, Franck, Laurent, Matias, Philippe, Patrick, Samir

Accompagnants   : Claire

Les choses étaient plutôt mal engagées. C’est le moment tant attendu du départ pour le Stage du Soleil et mon compagnon d’entrainement et accessoirement d’infortune, Philippe, vient de rater le train du dimanche soir pour Roquebrune sur Argens que nous devions prendre ensemble. La plupart des copains était déjà arrivée sur place dès le Samedi, qui en train, qui en fourgonnette (Matias chauffeur émérite, Laurent et Claire), la gueule pleine (la camionnette, pas Claire !) à ras bord de nos bicyclettes enveloppées et amarrées tant bien que mal, prête à les vomir sur l’asphalte fondu au soleil du premier virage mal négocié. Déjà ça la fichait un peu mal ; imaginez donc une équipée hétéroclite de maillots rouges et noirs, tendus vers une même destination mais cependant éparpillés aux 6 coins (eh oui, il s’agit d’un hexagone !)

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tant goudronnés que ferrés de notre beau pays. Et par-dessus le marché, t’as l’autre foutu fouteux qui rajoute une complication et un suspense supplémentaire à une entreprise déjà complexe ! Bon d’accord il a gagné un match important pour le maintien de son équipe, mais, quand même. J’imagine déjà les sarcasmes des copains qui nous attendent et, surtout, ceux des autres équipes à l’encontre de ces franciliens qui décidément ne font jamais rien comme tout le monde ! J’entends déjà le rire sonore du sieur Chatillon, qui nous a valu les multiples et nombreuses plaintes et complaintes de riverains tirés brutalementet en sursaut de leur grasse mat dominicale par une meute bigarrée, traversant trop lentement à leur goût leur bourgade, qui a pour seule malencontreuse particularitéde se situer sur l’un ou l’autre de nos itinéraires d’entraînement.C’est donc avec le remords d’abandonner mon ami et partenaireque je quittai un Paris ensoleillé où, je l’imaginais essayant de courir, son vélo démonté sous un bras et son sac sous l’autre, se frayant un chemin difficile sur le quai de gare bondé d’une fin de week-end printanier, implorant les instances suprêmes de la SNCF de retenir, par une panne quelconque, le TGV qu’il voyait s’éloigner inexorablement. Il venait néanmoins de battre un record absolu :rallier la Gare de Lyon depuis l’Haÿ-Les-Roses en exactement 28 minutes est un sacré challenge. Je dois maintenant avouer, qu’il aurait probablement réussi à sauter dans notre voiture à la dernière seconde si, par ruse, et, disons-le, une pointe de méchanceté alimentée par la rivalité cycliste, je ne l’avais malencontreusement guidé vers la Gare de Bercy. Ces 10 minutes d’éloignement inutiles lui furent fatales et je pus ainsi poursuivre mon chemin,avec pour seuls compagnons de voyage des grappes demastards au poil ras rejoignant leurs garnisons disséminées le long de la French Riviera.Par principe de précaution, je décidai de ne pas leur raconter les différentes blagues pas drôles que j’avais apprises par cœur pour égayer le voyage de mon ami malchanceux. De toutes façons je ne les retiens pas et je m’emmêle dans les chutes, alors, tant pis (ou plutôt tant mieux pour mes fesses !). Mais là je m’égare : revenons à nos moutons à deux roues. Nous avions déjà raté la première sortie du stage qui avait eu lieu le matin même. Celle-ci, longue de 78 km avait donné lieu à la « sélection » sur les pentes du Col de Valdingarde, une petite bosse de 10 km, qui menait le peloton des 120 coureurs participants à une altitude de 392 m. Le peloton fut divisé en 8 groupes de niveaux d’une quinzaine de coureurs chacun, déterminés par l’ordre de passage. Le but était de créer des groupes de taille gérable sur la route et surtout homogènes au sens grimpette du terme s’entend ! Et voici le Palmarès de la section : en résumé plutôt un tir groupé : dans le G1…le G1 ! Bonne pioche. Anselmo, Damien, Eric, Franck et Laurent se hissèrent parmi les meilleurs des meilleurs du stage.

Et vu la supériorité numérique des coureurs au maillot rouge dans le G1, je vous laisse deviner combien cruelle fut la souffrance de ceux de leur groupe qui tentèrent vaille que vaille de s’accrocher au wagon fou de l’USI lancé à grand train sur les pentes sérieusement inclinées des accidents géologiques du Var. Je pense en particulier à un coureur transatlantique parlant un patois francien du XVIème siècle parsemé de vocables Iroquois et Mohicans, glanés ici ou là au cours des siècles le

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long du fleuve St Laurent (Québec). Je l’ai vu de mes yeux escalader le Col du Tanneron, un interminable talus de 6km à 8% de dénivelée sur la plaque (52 dents). Décidément mes moutons se complaisent dans l’égarement. Le G2…dans le G6. Eh oui c’est à y perdre son latin de cuisine mais, en effet, d’une manière générale, le niveau, quelque soient les groupes était assez relevé, et nous avons constaté qu’il était nécessaire d’avoir roulé pour ne pas trop souffrir sur les pentes du stage. A vu de nez, je pense qu’il faut un minimum de 2500 à 3000 km pour être bien et profiter à plein des merveilles goudronnées et de l’extraordinaire paysage de l’arrière-pays Varois. J’oubliais de le mentionner, mais cela a toute son importance sur des descentes abruptes aux virages serrés : nous avons bénéficié d’un temps magnifique, beau et sec, un poil frisquet le matin, un poil trop chaud vers midi, parfait quoi ! Je reviens au G6, composé de Patrick, Matias et Daniel. Philippe et moi n’ayant pas participé aux sélections avions d’emblée décidé de rejoindre nos potes du G2. Oui, je sais ça se complique : G1=G1, donc G2=…G6 ! Si j’avais été meilleur que cela en maths, ça se saurait et j’aurais peut-être fait Polytechnique. Mais cela est une autre histoire ! Vous en voulez une bonne ? Non ? Bon je vous la raconte quand même : G3=…G8 !!! Logique non ? Samir, seul représentant du G3 de la section se retrouvait avec le Groupe 8.

J’entends déjà vos sarcasmes et je tiens à les couper sec ; et d’une les parcours, les distances et les dénivelées étaient les mêmes pour tous les groupes ! Tous les coureurs sont passés par les mêmes tourments et les mêmes tournants. Et de deux, bon je n’ai pas de deux mais quand même ! Les départs des différents groupes étaient étalés de 10 minutes en 10 minutes sur une heure environ le matin. Cette organisation nous permettait de rouler en petits groupes compacts et homogènes. Nous nous rejoignions ou nous doublions tous à un moment ou à un autre sur les parcours de chacune des sorties. Ainsi, les arrivées à l’hébergement se faisaient de manière assez regroupée malgré les grandes différences de moyennes horaires entre les groupes. C’est le moment de tirer notre chapeau pour la qualité de l’organisation à l’UFOLEP 06. Nous étions hébergés à l’Hôtel ClubVacanciel-Bagatelle de Roquebrune sur Argens, pas très loin de la RN7, faisant face au rocher

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de Roquebrune, fier promontoire de pierre rouge pelée, digne des spectaculaires paysages de westerns spaghettis. Ce complexe de qualité est composé d’une ancienne bastide transformée en hôtel moderne et de bungalows, d’une salle de restaurant, de salles de réunion et d’une piscine extérieure chauffée. Idéal pour les afters aux jambes lourdes.

Je dois ici m’appesantir (c’est le cas de le dire !) sur la restauration. Nous étions en pension complète et la quantité comme la qualité de l’alimentation était au rendez-vous quelque-soit l’heure à laquelle nous rentrions de nos promenades vélocipédiques. Nous profitions des petits déj pour se préparer des petits sandwiches à déguster sur la selle. Pâtes à volonté à tous les repas, en plus des plats cuisinés. Et surtout….un accès illimité aux glaces dont certains, …, suivez mon regard,…ont usé et abusé. Tant et si bien que parfois le soir, un copain que je ne dénoncerai pas ici, par pur souci de charité, se retrouva avec la particularité anatomique de présenter 4 boules au lieu des 2 règlementaires.D’ailleurs le « 4 boules » fut le tarif minimum quotidien de la personne en question ! Chaque soir nous avions droit à un briefing, où la sortie du jour, les différents incidents et les dernières recommandations pour la sortie du lendemain été évoqués. La soirée était introduite par un certain Jean-Louis, aux longues et fières bacchantes, cycliste apparemmentcélèbre à l’UFOLEP, aussi habile à descendre les blagues lourdes que le litron. Quant à l’hébergement à proprement parler, nous étions logés à deux par chambre (4 si on compte les vélos !). Pour ma part, Matias et moi avions établi une colonie hispanophone dans la chambre 324. Ce lieu sulfureux, fut longtemps soupçonné par nos concurrents, les organisateurs et même les copains, d’abriter des pratiques alchimiques nocturnes, sensées donner des ailes à leurs adeptes. Du coup, la zone où nous effectuions nos subtils mélanges de divers liquides, aux origines peu recommandables, fut vite classée en zone à risque biologique majeur, en raison des émanations toxiques qui s’en échappaient de temps à autres. Pour éviter le bûcher de l’UCI, je dus me résoudre à incinérer tous les manuscritset grimoires médiévaux fétides écris de la main même de mon Seigneur et Maître, le Dr Fuentes, où il avait méticuleusement consigné ses recettes secrètes et d’où nous puisions l’inspiration. Les ailes, oui nous les avions (oups !). Mais, en fiers hidalgos Conquistadores au maillot rouge, c’est à la pédale et à l’eau claire que nous conquirent notre âge d’or !

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En parlant de pédale, évacuons tout de suite le sujet. Patrick nous avait bercésd’illusions pendant des mois. Des semaines et des semaines durant, à chaque sortie pluri-hebdomadaire (contrairement à Philippe, Daniel et moi, vous n’avez pas, pour la plupart d’entre vous, la « chance» de rouler avec luile samedi matin, en plus de la sortie dominicale!)celui-ci nous a bassinés avec sa soi-disant absolue certitude de réaliser des échanges quotidiens de sécrétions physiologiques intimes avec des représentantes des délégations féminines d’anciens pays frères. Je pense à l’Ukraine et la Slovaquie. Et c’est en rêvant à une hypothétique Tatiana ou à sa sœur d’infortune Irina que je vidais mon CCP, puis rejoignais la Côte d’Azur lesté de quelques centaines d’euros. Résultat des courses : extinction des feux à 21h30…tous les soirs !Les professionnelles du coin ont fait faillite pendant notre séjour à Roquebrune et Patrick nous fit ainsi la démonstration définitive de son énorme capacité à envoyer du gros braquet…au moins avec la langue !!! Et ça c’est une authentique certitude !!!

Revenons à la constitution des groupes   :

Chaque groupe bénéficiait d’un capitaine de route membre de l’organisation. Deux voitures avec galerie à vélos assuraient la sécurité et les ravitos sur les parcours. Toutes les régions de France étaient représentées et l’on doit noter une forte présence du Sud-Ouest, Pau Thezé 64 et du Nord, La Bassée. De nombreux coureurs Canadiens, Luxembourgeois et Suisses étaient présents également. Ainsi l’ambiance était très détendue, amicale, sans concurrence, mais plutôt dans la convivialité et le partage. En parlant d’échange inter-régionaux, j’aurais bien troqué un ou deux copains du G6 contre une très avenante bien que décolorée coureuse Gasconne du G5, mais malheureusement (pour elle !) la transaction fit long feu. En faible compensation à cet échec, Matias et moi, au cours d’une rude sortie avons réussi à nous hisser à la hauteur du paquet du G5 dont elle fermait majestueusement la marche. Nous en profitâmes pour nous caler dans sa roue afin de se refaire une santé, musculaire, cardiaque et…oculaire. Nous avons sucé celle-ci (sa roue !) un long moment tout en nous délectant de l’admirable vue que nous offrait son arrière….pays Varois.

Les sorties (eh oui, je vous rappelle qu’à l’origine il s’agissait d’un stage cycliste   !)   :

Lundi 9   :

Roquebrune-Roquebrune, La Corniche, 121 km et 1250 m de dénivelée le long de la corniche maritime de St Aygulf à Cannes en passant par l’Estérel (majestueuse montagne pelée au bord de la mer). Puis un poil avant Cannes à La Napoule on bifurque à gauche et à cet endroit commence le Col du Tanneron dont j’ai déjà parlé. Là, la solidarité s’effrite sous les coups de boutoirs des virages brutalement dressés

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sur notre route. Chacun monte à sa main et le jeu en vaut la chandelle car le paysage est juste grandiose. Une route escarpée serpentant dans la forêt de chênes lièges puis de mimosas, puis à l’orée du col, une superbe vue plongeante sur la ville de Cannes et la côte jusqu’à la presqu’île d’Antibes. Ravito rapide puis descente jusqu’au lac de St Cassien, puis retour à Roquebrune. Magnifique mise en bouche !

Mardi 10   :

Roquebrune-Roquebrune, Ste Maxime-Col de Vignon, 85 km et 600 m de dénivelée. On nous avait dit qu’entre Roquebrune et Ste Maxime il y avait le col de Bougnon. Matias et moi n’avons rien senti si ce n’est un long faux plat avalé sur la plaque à 30-35 km/h. Cependant la descente sur Ste Maxime est assez dangereuse, virages en épingle sur des routes resserrées au revêtement parfois instable. On longe la mer un brin, puis on bifurque sur la droite et après une approche de quelques kilomètres on attaque le Col de Vignon 6 km à 5,5 %. Les Espagnols du groupe se sont distingués encore une fois sur ces pentes, en franchissant le col à un train d’enfer et sur la plaque. Mais la justice et la précision du récit me forcent à reconnaitre que les autres n’étaient pas très loin non plus, ce qui dénote l’homogénéité du groupe et l’état de forme général ! Après un arrêt pipi, longue et dangereuse descente à travers une forêt de châtaigniers. De retour à Roquebrune, notre soif de kilomètres n’étant pas complètement étanchée, nous décidâmes de nous farcir l’ascension du Rocher de Roquebrune. Ce fut dur mais,… elle le vaut bien ! Sublime panorama sur le Canyon du Verdon, la vallée de l’Argens et le magnifique rocher lui-même.Je m’arrêtais quelques instants pour me rêver chevauchant une impétueuse monture Apaloosaà travers les grands espaces dénudés de l’Ouest Américain, repoussant les frontières du monde connu comme dans un film de Sergio Leone. La descente très technique vers l’hôtel me réveilla aussi sec de mes inutiles songeries.

Mercredi 11   :

Roquebrune-Roquebrune, par Châteaudouble, Le Lac de Ste Croix et Aups, 148 km et 2000 m de dénivelée. Nous avions surnommé cette sortie « l’étape de la mort » ! C’est en effet à 20 km et 600 m de dénivelée près l’équivalent de la « Volcanique » sur l’Ardéchoise. Sauf que nous avions déjà 3 sorties dures dans les jambes depuis le début de la semaine et qu’il en restait deux autres derrière, donc la consigne fut « ménageons nos fesses ». Autant dire que cela ne s’est pas passé du tout comme prévu et que nous sommes partis à donf comme d’hab !Ce parcours nous faisait contourner la ville de Draguignan à deux reprises, par l’Est puis par l’Ouest. A partir de Vérignon, altitude 845 m et point culminant du parcours, une longue descente nous amenait sur le lac de Ste Croix que nous longeâmes un long moment avant de nous engouffrer dans les gorges du Verdon. Inutile de vous décrire la beauté de ce paysage. Immense lac topaze, mer intérieure cernée de hautes montagnes pour se terminer dans les eaux émeraudes de l’étriqué défilé du Verdon. Sublime route goudronnée, serpentant au milieu de ces purs joyaux géologiques, généreusement offerts à nos yeux par les circonvolutions millénaire de notre planète. Bifurcation à

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gauche, nous atteignons une route de crête reliant les villages hauts perchés du Haut-Var par Tourtour où est sensée se trouver la villa-château de Mickaël Schumacher. Je dois avouer que, sans-doute passant trop vite, je ne vis pas la modeste demeure du chauffard teuton ! Après une brève mais brave incursion dans le département des Alpes de Haute-Provence nous amorçâmes une longue descente (40 km) vers la mer et nos paddocks bien mérités. Un ou deux incidents à rapporter ici. Samir dut emprunter le véhicule d’assistance à partir du ravito à Aups en raison d’un début de tendinite au genou. Samir tu devrais t’adresser à un vrai mécano pour changer tes cales. On ne fait pas n’importe quoi sur un vélo ! Second incident, je dois dire à postériori que ça sentait un peu bizarre, comme s’il y avait un rat mort dans un virage un peu avant le ravito à Aups. Y aurait-il un lien avec une actualité criminelle récente ?

Jeudi 12   :

Roquebrune-Roquebrune, par Bargemont, 83 km et 1100 m de dénivelée. Cette étape était réputée « de récupération ». Je vous rassure tout de suite : il ne fut jamais question de récupération. Nous escaladâmes à nouveau les contreforts de l’arrière-pays provençal, vers les villages haut perchés, par une longue succession de casse pattes où j’installais définitivement le paleto à pois rouges sur mes larges épaules de rouleur flandrien (si je ne me flatte pas un peu, personne ne le fera à ma place, et encore moins mes potes du G2 !). A signaler le col du Blavet où la gent péninsulaire et néanmoins transpyrénéenne se distingua à nouveau ! Décidément ces Ibères ne sont pas Sibériens, ils ont le sang chaud et la pédale lourde. Eh oui, Damien, c’est de ta faute : si tu avais confié la responsabilité d’écrire ce compte-rendu à un de tes compatriotes Vendéens, on y aurait évoqué un peu plus le beurre salé, les galettes du Mont St Michel ou le pays Bigouden au lieu du chorizo et de la sangria. Mais bon, il se trouve que là, en l’occurrence, c’est bibi qui pointe du bon côté de la plume ! Mais je digresse à nouveau. Back to the report comme dirait DSK, dont je parlerai à nouveau un peu plus loin, en espérant ne pas trop faire de hors sujet et en évitant les dérapages sur pentes glissantes qui rapportent 25 ans de cul de basse fosse au bas mot à son auteur.Bargemont et ses 400 m d’altitude furent le point culminant de cette promenade de santé. Puis pour le reste, RAS comme disait mon Commandant quatre barrettes à l’armée lorsqu’il n’avait plus ni l’envie et encore moins la lucidité de me dicter un rapport destiné à ses supérieurs.

Vendredi 13 (eh oui)   :

Roquebrune-Roquebrune, par le Col de Boussague, le Col de Bourigaille et Mons, 113 km, 1800 m de dénivelée. Pour cette dernière sortie le plafond était plutôt bas mais le temps plutôt sec, bien qu’il ait plu sur le relief la nuit précédente. Daniel fut préparé psychologiquement dès le petit déjeuner aux longues descentes dangereuses qui l’attendaient sur le parcours. Le Vendredi 13, la pluie, le froid, les virages serrés, la fatigue furent les arguments avancés, sensés le terroriser encore plus, si cela était nécessaire. L’honnêteté intellectuelle me pousse à rapporter ici qu’il

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battit en effet un record absolu sur cette sortie : Il escalada le Col de Boussague à presque 35 km/h, puis descendit la Roche Taillée à l’allure phénoménale d’…au moins 25 km/h. Mais comme il le dit si bien lui-même: « l’essentiel au vélo c’est d’y prendre du plaisir et d’arriver en entier en fin de sortie » ! Le col de Figanières fut avalé assez rapidement. Puis, nous attaquâmes la montée vers Callas qui est un long faux plat assez roulant malgré la déclivité sensible du terrain, suivi d’une véritable ascension jusqu’à Bargemont que nous prenions en sens inverse de la veille (Patrick aurait dit « en levrette » !). Matias, le « Le Président » coureur de Cholet et moi-même avions pris les choses en main, comme souvent lorsque la route s’inclinait. Au bout de 3 km d’un rythme soutenu sur la plaque je pensais que le trou était fait définitivement. Puis j’entendis un cliquetis à l’arrière, accompagné d’un rire étouffé en sous cape qui m’était familier, puis le souffle rauque et profond d’une respiration rendue difficile par la difficulté me fit penser à l’hippopotame du zoo de Vincennes : Philippe et Patrick avaient surgi de je ne sais où ! Leur intention était plus de briller sur les pentes que de nous aider à nous hisser jusqu’à Mons. Un clin d’œil à Matias, un petit coup sur la manette des vitesses et hop, bye, bye et rendez-vous àBargemont, point de ralliement du groupe. Après une longue descente vers Seillans nous attaquâmes l’ascension du Col de Bourigaille jusqu’à Mons. Pour la petite histoire, au sein du G2 (G6 !) nous avions préalablement convenu en début de séjour que ce Col de Bourigaille représenterait le « juge de Paix » de la semaine. En d’autres termes, sur ces 14 km, pas de pitié, pas de course de groupe ni même d’équipe, c’est chacun pour soi et l’objectif est d’arriver le premier au ravito de Mons. Les premiers hectomètres de ce col sont une véritable tuerie. A vue de nez je dirais 800 m à 14%, puis 2-3 km à 10-12 %, puis 2-3 km à 8-10 % et le reste à l’avenant sur une route étroite qui serpente tantôt dans les vignes, puis dans la forêt d’altitude. Enfin, elle longe le camp militaire de Canjuers sur un petit replat de 2 bornes environ. Puis, on rejoint une route à plus gros débit, une descente puis enfin se profile la montée finale d’environ 2 km jusqu’à Mons. Aidés par Anselmo et Laurent, Patrick et moi réussîmes à nous hisser jusqu’à Mons suivis de Matias puis de Philippe et de Daniel. Patrick me dit qu’à cet instant il avait tutoyé les anges, et je veux bien le croire. Le seul problème c’est que les anges préfèrent qu’on les vouvoie. Mais bon, chapeau l’ami. J’aurais bien aimé franchir le panneau Mons avec mon pote mais, je sentais déjà la meute affamée lancée sur nous à toute berzingue renifler mon mollet avec avidité et gourmandise ! Bien joué le G6, super partie de manivelle, on en redemande ! Le reste de la sortie commence par une longue descente glacée, heureusement que le prévoyant Matias m’avait conseillé au matin d’enfourner un coupe-vent dans la voiture d’assistance. Puis une longue succession de casse-pattes et la descente du Blavet. C’est ici que je dois décerner la mention spéciale du Jury à Delval dit « La dévale » ! Lui, c’est le cas exactement inverse de Daniel, les descentes, non seulement elles ne lui font pas peur, mais il en redemande ! Sur toutes les pentes du séjour on voyait souvent débouler une flèche bariolée, regroupée sur sa machine, fendant l’air à une allure que j’ai du mal à atteindre même en voiture. Les trajectoires sont impeccables et je m’en inspirais pour améliorer mon style de pingouin. Chapeau l’artiste ! Je ne sais qui de lui ou de Matias a décroché le

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maillot vert mais quel plaisir de rouler avec les potes, dans une ambiance de gentille moquerie, de calembours, d’entraide, de fierté aussi de montrer le maillot de l’USI sans jamais se prendre au sérieux !!! Retour à Roquebrune et c’est le cœur lourd que nous abandonnions nos vélos. Quelle magnifique aventure, quels superbes souvenirs nous allons en garder. Des anecdotes en veux-tu en voilà, des crises de fou rire quasi permanentes. Par exemple, Matias et moi avons vu DSK dans le plus simple appareil les premier ; au moins 48h avant que l’affaire n’éclate au grand jour dans les médias internationaux. Eh oui, il vous suffit de frapper à la porte de la chambre de Patrick et de Philippe, de vous annoncer, et hop, emballez c’est pesé ! Une autre : Patrick Chatillon, qui est le seul cycliste que je connaisse à ne jamais sentir le vent sur la route, s’est pris vent sur vent auprès de la gent féminine, notamment Canadienne ! Là, question vent il assure, et ça aussi c’est une absolue certitude !

Bon, vous allez me demander et quid du G1 ? Voici ce que j’en ai vu : mis à part les repas et autres apéros que nous prenions régulièrement ensemble, je me souviens d’avoir été bousculé de temps en temps sur la route par une violente tornade rouge et noire, sous l’effet de laquelle j’avais du mal à maitriser les caprices de ma roue avant ; un vent fort, puis, plus rien ! Les cris d’encouragement de voix familières à mon encontre et celle de mes camarades de galère me rendirent à l’évidence que ces brusques bourrasques signaient le passage brutal et furtif du G1. C’est tout ! On n’est définitivement pas sur la même planète, mais bon, dans le vélo il en faut pour tout le monde et nous au G2, on n’est pas sectaires, on accepte aussi les compétiteurs (hein Damien, Eric et les autres !). Ceci dit les organisateurs, lors du dernier briefing, ont désigné Anselmo comme un garçon d’avenir et plein de potentiel ! Bravo Anselmo, on est fiers de toi (je m’occupe aussi des transferts mais je prends ma com’ !).

Bilan de la semaine   :

Six sorties, 632 km, environ 7600 m de dénivelée positive. Pas de chute à déplorer, si ce n’est celle de Matias à l’arrêt sans gravité, à part la brisure de son téléphone portable. Pas de blessure notable, tous rentrés sains et saufs dans nos foyers respectifs. Superbe semaine au soleil de la Provence, où notre seul souci était de garder notre roue avant dans l’alignement du long ruban goudronné. Nous avons quasiment tous effectué toutes les sorties quotidiennes malgré l’empilementdes kilomètres, du dénivelé et l’accumulation de la fatigue sur une semaine. Superbe ambiance de convivialité, de camaraderie et de chahut bon enfant. Je pense qu’au nom de tous les participants au séjour nous pouvons remercier l’USI, la section pour son organisation encore une fois remarquable, son bureau, son président et son trésorier. Si c’était à refaire je le referais volontiers et je recommande vivement ce stage du soleil à quiconque aurait envie de le faire.