séminaire de formation : janvier 2011

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Séminaire de formation politique et idéologique pour le Parti Communiste Congolais Janvier 2011 Chapitre 1 : nos principes 1.1. l’expérience et idées de Lumumba – Mulele et Kabila p. 03 1.2. les conceptions marxistes : philosophie – histoire – lutte de classe – économie – socialisme p. 07 1.3. quelques éléments de l’idéologie d’un parti communiste : parti de la classe ouvrière et de l’alliance ouvriers - paysans / parti contre l’exploitation de l’homme par l’homme / éthique communiste p. 10 Chapitre 2 : L’expérience du socialisme au 20 e siècle et du mouvement communiste internationale 2.1. La révolution d’octobre 1917 et l’URSS p. 12 2.2. Le socialisme en Chine p. 15 2.3. le mouvement communiste international p. 18 2.4. Le communisme en Afrique, les partis communistes africains et le panafricanisme p. 19 Chapitre 3 : Le monde en 2011 et la crise mondiale 3.1. le capitalisme mondial et la crise économique p. 26 3.2. le capitalisme et la crise écologique p. 29 3.3. changement des rapports de force dans le monde : vers un monde plus multipolaire, dans lequel la lutte pour l’hégémonie mondiale va encore être plus dure p. 32 3.4. les tâches des communistes p. 37 Chapitre 4 : la révolution national démocratique 4.1. la domination impérialiste au Congo depuis 5 siècles p. 38 4.2. les tâches de la révolution national démocratique p. 41 4.3. l’importance du parti communiste dans la révolution nationale démocratique p. 43 Chapitre 5 : analyse de classe de la société congolaise Introduction p.XX 5.1 le camp de l’ennemi du peuple congolais : impérialisme et bourgeoisie compradore p. 46 5.2. le camp du peuple congolais : prolétariat, paysannerie, petite-bourgeoise et bourgeoisie nationale p. 50 Chapitre 6 : la phase actuelle de la révolution nationale démocratique et le programme général des communistes 6.1. D’où vient la RDC et où elle se trouve aujourd’hui ? p. 54 6.2. La phase actuelle de la révolution nationale démocratique et le programme général des communistes p. 55 6.3. Quelles forces politiques existent aujourd’hui au Congo ? p. 56 6.4. Quelques réflexions à l’occasion des élections qui auront lieu en 201 1 p. 58

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Du 13 au 15 janvier le P.C.CO a organisé son premier séminaire de formation. Ont été traité les questions de la vision communiste sur le monde, le socialisme, mouvement communiste international et le panafricanisme, la crise du capitalisme et enfin l’analyse de classe de la société congolaise et l’application de la stratégie en rdc:

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Page 1: Séminaire de formation : janvier 2011

Séminaire de formation politique et idéologique

pour le Parti Communiste Congolais

Janvier 2011

Chapitre 1 : nos principes

1.1. l’expérience et idées de Lumumba – Mulele et Kabila p. 03

1.2. les conceptions marxistes : philosophie – histoire – lutte de classe – économie – socialisme p. 07

1.3. quelques éléments de l’idéologie d’un parti communiste : parti de la classe ouvrière et de l’alliance ouvriers - paysans / parti contre l’exploitation de l’homme par l’homme / éthique communiste p. 10

Chapitre 2 : L’expérience du socialisme au 20e siècle et du mouvement communiste internationale

2.1. La révolution d’octobre 1917 et l’URSS p. 12

2.2. Le socialisme en Chine p. 15

2.3. le mouvement communiste international p. 18

2.4. Le communisme en Afrique, les partis communistes africains et le panafricanisme p. 19

Chapitre 3 : Le monde en 2011 et la crise mondiale

3.1. le capitalisme mondial et la crise économique p. 26

3.2. le capitalisme et la crise écologique p. 29

3.3. changement des rapports de force dans le monde : vers un monde plus multipolaire, dans lequel la lutte pour l’hégémonie mondiale va encore être plus dure p. 32

3.4. les tâches des communistes p. 37

Chapitre 4 : la révolution national démocratique

4.1. la domination impérialiste au Congo depuis 5 siècles p. 38

4.2. les tâches de la révolution national démocratique p. 41

4.3. l’importance du parti communiste dans la révolution nationale démocratique p. 43

Chapitre 5 : analyse de classe de la société congolaise

Introduction p.XX

5.1 le camp de l’ennemi du peuple congolais : impérialisme et bourgeoisie compradore p. 46

5.2. le camp du peuple congolais : prolétariat, paysannerie, petite-bourgeoise et bourgeoisie nationale p. 50

Chapitre 6 : la phase actuelle de la révolution nationale démocratique et le programme général des communistes

6.1. D’où vient la RDC et où elle se trouve aujourd’hui ? p. 54

6.2. La phase actuelle de la révolution nationale démocratique

et le programme général des communistes p. 55

6.3. Quelles forces politiques existent aujourd’hui au Congo ? p. 56

6.4. Quelques réflexions à l’occasion des élections qui auront lieu en 2011 p. 58

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Chapitre 1. Nos principes1.1. l’expérience et les idées de Lumumba – Mulele et Kabila

1.2. les conceptions marxistes : philosophie – histoire – lutte de classe – économie – socialisme

1.3. quelques éléments de l’idéologie d’un parti communiste : parti de la classe ouvrière et de l’alliance ouvriers-paysans / parti contre l’exploitation de l’homme par l’homme / éthique communiste

1.1. Les expériences et idées de Lumumba, Mulele et Kabila

1. Partout où il y a oppression, il y a résistance. Le peuple congolais a depuis le début de la domination impérialiste résisté. Cette résistance a eu plusieurs formes et elle a eu plusieurs dirigeants ou représentants. Chaque dirigeant a ses prédécesseurs. Avant la révolte dans la Force publique des Baoni (1895-1908), il y avait la lutte de Béatrice Kimpa Vita contre l’esclavagisme (1704-1706). Avant Lumumba, Mulele et Kabila, il y avait Paul Panda Farnana et Simon Kibangu. Chaque dirigeant correspond à une période et une phase spécifique de cette résistance. Leurs expériences et leurs conceptions font aussi bien partie de l’histoire de la résistance du peuple congolais à la domination impérialiste qu’à l’histoire de la lutte anti-impérialiste des peuples du monde entier.

2. Si Béatrice Kimpa Vita et les Baonis représentent plutôt la phase de la résistance évidente et spontanée contre l’humiliation et l’oppression du peuple congolais, on peut dire que Paul Panda Farnana et Simon Kimbangu représentent l’éveil anticolonial. Lumumba représente dans l’histoire congolaise l’éveil de la conscience patriotique et révolutionnaire. Mulele représente la maturité de cette conscience et une première matérialisation dans l’organisation de la résistance. Enfin, Kabila représente la matérialisation de la ligne révolutionnaire de Lumumba et de Mulele grâce à la conquête du pouvoir de l’État par la lutte armée et la chute de la dictature néocoloniale.

Beatrice Kimpa Vita(1704 – 1706)

La révolte des Baoni(1895 – 1908)

Simon Kimbangu(1918 – 1951)

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3. Les communistes veulent la victoire de la résistance. C’est la raison pour laquelle ils s’inspirent sur les expériences et les conceptions les plus avancées dans l’histoire de la résistance populaire au Congo. Avec « avancé », nous voulons dire, les expériences qui se sont les plus rapprochées avec la victoire de la révolution nationale démocratique. C’est ainsi que nous insistons sur quelques idées et expériences de Patrice Lumumba, Pierre Mulele et Laurent Kabila.

4. Lumumba représente dans l’histoire congolaise l’éveil de la conscience patriotique et révolutionnaire. Le premier mérite historique de Lumumba fut d’avoir su adapter ses pensées, dans un pays en plein bouleversement, aux changements de plus en plus accélérés qui se produisaient au sein des masses profondes du Congo. En 1956, dans son livre : Congo, Terre d’avenir, est-il menacé ? Lumumba écrivait encore : « Certains Blancs, des moins recommandables, abusant de la crédulité des Noirs encore peu cultivés, instiguent ceux-ci réclamer immédiatement l’indépendance! » Quatre années plus tard, Lumumba sera métamorphosé par l’expérience de la lutte anticolonialiste et il s’est débarrassé des idées de soumission. Son génie a été qu’il a réussi à adapter ses idées et son action à la réalité de la résistance des colonisateurs contre la volonté d’indépendance du peuple congolais. L’un après l’autre, il a dénoncé tous les mensonges, intrigues et manœuvres. C’est ainsi que le peuple congolais voyait en lui leur porte-parole qui disait ce qui, intuitivement, ils trouvaient juste.

5. Dans le feu de la lutte, Lumumba s’est forgé une conviction anti-impérialiste : En 1958, à Ghana, le pays de Kwame Nkrumah, Lumumba se joint à la lutte contre le colonialisme lors du premier congrès panafricaine : « L’Afrique est irrésistiblement engagée, pour sa libération, dans une lutte sans merci contre le colonialisme et l’impérialisme. Le �ongo ne peut��tre considéréLe �ongo ne peut��tre considéré comme une colonie ni d’exploitation ni de peuplement et son accession à l’indépendance est la  condition de  la paix. L’objectif  du Mouvement National �ongolais est d’unir et d’organiser les masses congolaises dans la lutte pour l’amélioration de leur sort,  la liquidation du régime colonialiste et de l’exploitation de l’homme par l’homme. »

  Le 30 juin, lors de la cérémonie de l’indépendance, Lumumba, vainceur des élmection,s, dira : « Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des ‘nègres’. (…)

  Nous qui  avons  souffert  dans notre  corps et  dans notre cœur de l’oppression colonialiste, nous vous le disons tout haut : tout cela est désormais fini. (…)

  Nous  allons  veiller  à  ce  que  les  terres  de  notre patrie profitent véritablement à ses enfants (…) Nous allons revoir toutes les lois d’autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles.(…)

  L’indépendance du �ongo marque un pas décisif vers la libération de tout le continent africain. (…) J’ invite tous les citoyens congolais, hommes, femmes et enfants de se mettre résolument au travail, en vue de créer une économie nationale prospère qui consacrera notre indépendance économique.

  Hommage aux combattants de la liberté nationale !

  Vive l’Indépendance et l’Unité africaine ! »

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6. Les agressions auquel le Congo indépendant sera soumis lors de la très brève période dans laquelle il est premier ministre, feront que Lumumba, au lieu de capituler, confirme et approfondit sa conviction anti-impérialiste : « Les  Occidentaux  ont  voulu  que  notre gouvernement  soit  à  la  solde  des  impérialistes.  �es traités nous ont été proposés.�es  traités  nous  ont  été  proposés. J’ai décidé de ne point signer ces accords, parce qu’ils ne signifient rien d’autre que la domination économique du Congo par les groupes financiers de la Belgique. �omme  nous  sommes  un  gouvernement  nationaliste,  qui  ne  vise  que  l’intér�t  de  la  patrie, ceux qui convoitent nos richesses tentent de provoquer l’anarchie, pour finalement monter la population contre nous et faire tomber notre gouvernement. Ils se serviront alors de marionnettes qui n’hésiteront pas à signer aveuglément n’importe quel accord pour placer  le �ongo sous une  domination  étrangère.  Voilà  la  vérité. » Ou encore : « Les  cadeaux,  on  n’apprécie  pas. L’indépendance cadeau, ce n’est pas une bonne indépendance. L’indépendance conquise est la vraie indépendance. »

7. Pour Lumumba les masses étaient la première référence. En avril 1959 il déclarait « Les ministres doivent vivre avec le peuple (…). Nous  ne  devons  pas  passer  aux  yeux  de  la  population  comme  les remplaçants des colonialistes. »   Le 15 juillet Lumumba déclarait devant la chambre : « La masse est  beaucoup  plus  révolutionnaire  que  nous.  Quand  nous  sommes avec la masse, c’est la masse m�me qui nous pousse, elle voudrait aller beaucoup plus rapidement que nous. »  Devant le Sénat, le 8 septembre 1960, Lumumba déclara : « Le peuple attend le bonheur, l’amélioration de ses conditions de vie. Pour nous,  il  n’y  a  pas  d’indépendance  tant  que  nous  n’aurons  pas  une économie nationale prospère pour relever les conditions de vie de nos frères. »

8. Lumumba apprenait le peuple à se défendre. Sur la façon avec laquelle les colonisateurs avaient détruit la confiance en soi des Congolais : « Il fallait simplement réciter le catéchisme colonial pour qu’on vous bénisse. Le fait pour un �ongolais d’avoir exprimé son idée : “�’est un anti-Blanc, c’est une mauvaise religion” Interdiction ! (...) Nous allons procéder à la décolonisation mentale parce qu’on endoctrine faussement le peuple depuis 80 ans. Avec notre cerveau, avec nos mains, nous allons développer le �ongo. »

« �’est  le peuple qui, à travers son gouvernement central, va  lutter contre  les ennemis de  la liberté, contre les ennemis de la patrie, contre les traîtres. On a distribué à travers la cité de Léo des milliers de tracts qui sont venus tout droit de Bruxelles. Ils ont été transportés à bord des avions Sabena, dans des caisses portant la mention ’Journaux’. (...) 

Les Belges ne peuvent plus distribuer eux-mêmes leurs tracts aujourd’hui, et ce sont des Noirs qui détruisent le Congo, pour avoir reçu 500 francs. Si c’est votre frère, votre fils qui vend notre pays, qui collabore avec l’ennemi, c’est à vous, au peuple, d’�tre juge, d’arr�ter ce voyou, ce collaborateur, ce traître. »

9. Après la neutralisation des forces lumumbistes au conclave de Lovanium, Pierre Mulele est allé en Chine pour étudier l’expérience du Parti communiste chinois. Il y a approfondi sa conviction de combattant anticoloniale et est devenu marxiste.

Il a exprimé les idées marxistes sur l’État, la lutte de classes, l’impérialisme et le colonialisme, la guerre populaire de longue durée.

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Dans les leçons politiques qu’il donnait au Maquis il traduisait ces idées marxistes aux paysans :

« L’État est une communauté de natifs organisés, et gouvernés par des lois qui régissent la vie courante de ces natifs. �es lois qui les régissent sont faites au nom de tous par un groupe de personnes qui exercent le pouvoir sur cet État. (…) dans les États où le capital privé prime, ces lois ne garantissent que les intér�ts de la classe dirigeante. �ans les pays nouvellement libérés (devenus  indépendants, ndlr), ce capital étant entièrement étranger, ces  lois garantissent  les intér�ts des impérialistes représentés par la réaction au pouvoir. �ette situation indique dans le  premier  cas  l’existence  de  deux  classes :  les  capitalistes  et  les  pauvres  perpétuellement exploités et opprimés par les premiers, tandis que dans le second cas elle indique l’existence : 1° de la Réaction appuyée par l’impérialisme et 2° de la grande masse du peuple exploité et opprimé par l’intermédiaire de la Réaction. L’existence de la Réaction d’une part et de la Masse populaire exploitée et opprimée d’autre part entraîne inévitablement une lutte. »

10. Mulele a réalisé aussi une première fois la résistance organisée du peuple congolais et la démocratie populaire pendant une importante période. De janvier 1964 à mars 1966 la zone contrôlée par les partisans de Mulele comprenait 500.000 habitants. 100.000 jeunes étaient organisés dans les « Équipes de village » : ces jeunes vivaient dans le camp des partisans, un peu à l’écart du village. Les filles combattantes constituaient 25 à 30 % des équipes. Ces Équipes formaient des unités politico-militaires : elles étudiaient régulièrement les « leçons politiques » de Mulele et menaient des discussions politiques sur l’actualité. Mais leur tâche fondamentale était de mener la lutte armée contre l’armée néocoloniale de Mobutu. Les villages dans la zone libérée étaient dirigés par des Comités du Pouvoir Populaire, précurseurs des CPP que le Président L.D. Kabila a lancé 35 années plus tard en janvier et avril 1999.

11. Mulele et son compagnon Mukwidi ont insisté sur la nécessité du Parti révolutionnaire. En août 1966, Mulele insistait dans une lettre destinée à ses amis à Brazza : « L’époque que nous vivons exige une forte unité de toutes les forces vives de la Nation. �’est pourquoi je vous prie de lancer un appel à l’unité de toutes les forces vives de la Nation pour la bonne continuation de la lutte révolutionnaire. » Deux mois plus tard, le 3 octobre 1966, le compagnon de Mulele, Thomas Mukwidi rédigea un document intitulé « An 3 de la révolution �ongolaise ». Parmi les causes du déclin de la révolution à ce moment, il cite : « le manque d’un noyau de direction et une organisation unie et homogène, véritable avant�garde de notre  lutte  libératrice, ayant un dévouement total à la cause de la révolution et sincèrement attaché aux intér�ts du peuple. 

De janvier 1964 à mars 1966 la zone contrôlée par les partisans de Mulele comprenait 500.000 habitants. 100.000 jeunes étaient organisés dans les « Equipes de village ».

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  Les conditions de ce noyau doivent �tre : 

  � Une unité et une identité politique complètes sur la libération de Peuple congolais  � Une discipline stricte et rigoureuse. Le noyau doit �tre foncièrement révolutionnaire composé d’éléments sérieux, conscients, capables de lier la théorie révolutionnaire à la pratique et les paroles aux actes ; � �e noyau doit avoir comme tâche la fondation d’un Parti d’avant�garde (…) La fondation de ce Parti doit �tre le résultat d’un travail objectif. �’est dire qu’un pareil Parti doit �tre constitué sur la base de la masse, dans l’intérieur du pays et au cours de la pratique révolutionnaire. »

12. Laurent Kabila a été le tombeur de la dictature néo-colonial qui a dominé le Congo pour 36 années. La chute du régime du dictateur Mobutu est la victoire d’une alliance étendue, mais Laurent Kabila a effectivement joué, en tant que porte-parole, un rôle décisif. C’est grâce à son intervention, que Mobutu est chassé du pouvoir et n’est pas succédé par une espèce de gouvernement d’unité nationale de transition comme l’auraient souhaité les États-Unis. De cette manière, Kabila pose les bases d’un nouvel État congolais.

Jusqu’à aujourd’hui, nombreuses sont les hautes fonctions de ce pays et de ce gouvernement aux mains de personnes ou de partis qui n’ont jamais appartenu à la classe mobutiste : le fils de Laurent Kabila, Joseph, le Parti Lumumbiste Unifié (PALU), le Mouvement Social pour le Renouveau (MSR) et une grande partie des membres du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD). Seulement une partie de l’ancienne classe mobutiste joue encore un rôle de second rang.

13. Laurent Kabila a suivi une politique patriotique de construction d’un pays indépendant. Entre le 17 mai 1997, date de la chute de Mobutu, et le 2 août 1998, début de la guerre d’agression menée par le Rwanda et l’Ouganda, Kabila mène une politique indépendante.

Pour la première fois dans l’histoire, des ministres congolais rédigent un plan triennal afin de reconstruire leur pays sans l’intervention de l’Occident et du Fonds Monétaire International.

Ils ne reconnaissent pas les dettes scandaleuses que Mobutu a amassées en collaborant avec les banques occidentales et qui entravent tout développement économique indépendant. Kabila rétablit l’ordre, bride le banditisme et se consacre à la stabilité de la monnaie congolaise.

Il crée des cantines populaires (où la population peut manger gratuitement) et cherche à conférer une certaine infrastructure aux marchés (comme des sentiers en béton et un approvisionnement en eau et en électricité) où les

producteurs congolais peuvent vendre correctement leurs marchandises. Après 36 ans de dictature et de soumission à l’Occident, ceci est un soulagement pour la population congolaise. Ces actions ravivent l’espoir et la confiance en soi même des habitants.

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14. Mzee a fait échouer l’agression américaine. « Le  �ongo  dispose  de  28 %  des  réserves mondiales de cobalt, de 13 % du potentiel mondial en hydroélectricité, de 18 % des réserves mondiales de diamant, d’énormes quantités de terres fertiles pour l’agriculture et de la moitié de la for�t tropicale en Afrique. Le pays est une priorité pour les intér�ts américains en Afrique. » C’est ce que disait déjà le diplomate américain Richardson en 1998 devant le Parlement américain. Un État véritablement indépendant au Congo était – et est toujours – inadmissible aux yeux du monde financier international. L’Occident a applaudi la guerre d’agression lancée contre le Congo par le Rwanda et l’Ouganda – à l’instigation des États-Unis, qui éclatait le 2 août 1998. La moitié du Congo était occupée, la guerre a fait des millions de morts et le pays a risqué d’être balayé de la carte… Le début de la reconstruction de l’État par Laurent Kabila était réduit à néant et le pays menaçait de sombrer en un no man’s land.

Mais les choses ne sont pas allées jusque-là. Laurent Kabila a fait échouer les plans de Washington : il dénonçait la guerre d’agression étrangère servant à tordre le cou à l’indépendance du Congo et posait ainsi la base d’une large alliance panafricaine avec des pays comme l’Angola, le Zimbabwe et la Namibie, alliance qui allait combattre les régimes proaméricains du Rwanda et de l’Ouganda.

Kabila a appelé avec succès la population à organiser la résistance contre les occupants étrangers. C’est cette expérience de résistance à la guerre d’agression qui fait en sorte que, cinq ans après la mort de Kabila, la population congolaise participe en masse aux élections de 2006 et montre ainsi clairement qu’elle entend rester une nation, avec un pays uni, et qu’elle exige que l’on respecte l’intégrité territoriale du pays.

15. Au cours de ses nombreux discours surtout sur les CPP, Kabila a esquissé pour la première fois dans l’histoire du Congo un projet clair de révolution nationale démocratique au Congo, lequel devait mener au socialisme ou à « la suppression de l’exploitation » et à « une société juste », comme il le disait. Laurent Kabila insistait sur la nécessité de mettre sur pied un appareil d’État absolument neuf qui allait rompre avec le genre d’État que les Congolais avaient connu entre 1885 et 1997.

Il voulait un État où le peuple avait directement voix au chapitre dans la gestion, une véritable démocratie populaire. Cet État devait passer par une « décolonisation économique » et poser les bases d’un développement économique dans lequel « les richesses du pays seraient au service du peuple congolais ». Même si, après sa mort, certaines réalisations allant en ce sens étaient court-circuitées et que le nouveau président Joseph Kabila se voyait forcé d’accepter maints compromis et concessions, ces idées et discours n’en demeurent pas moins une importante source d’inspiration tant pour ce qui se passe aujourd’hui au Congo que pour l’avenir.

16. Dans le texte de son Hymne des opprimés, Mzee Kabila confirmait son intense conviction de communiste :

« �es �PP�ci sont la lumière des ouvriers et des paysans, ainsi que de tout opprimé. Il n’y a point de doute d’abattre l’exploitation et de créer une juste société. Notre serment est de ne jamais échouer,  enjoignons toutes nos forces en un faisceau, tenons bien nos armes dans nos mains, car ces �PP sont la force du peuple. �ans sa noble cause, jamais de spoliation. Notre lutte revendique nos droits, quoiqu’il en coûte, jamais de servitude. Pour les opprimés, 

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la Révolution est un rempart, son ultime but est que le peuple gouverne. »

17. Le gauchisme petit-bourgeois, déjà critiqué par Lénine dans « Le gauchisme, maladie infantiel du communisme », s’est toujours refusé de reconnaître le génie de Mzee Laurent Désiré Kabila. Là où les révolutions anticoloniales avaient le vent en poupe dans les années 50-70, elles étaient dans la défensive totale lors des années 90, après le renversement du socialisme en USSR et le déclenchement des guerres impérialistes contre l’Irak et la Yougoslavie. Refuser de voir que, dans ce contexte, les concessions et les compromis faites par Mzee Kabila sont justement des illustrations de son génie révolutionnaire qui sait reconnaître les rapports de forces réelles du moment, c’est du gauchisme infantile propre à la petite-bourgeoisie impatiemment à la recherche de slogans miracles et de positions « pures » qui ne mènent nulle part mais qui donnent bonne conscience au intellectuels petit-bourgeois et auto satisfaits.

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1.2. la conception du monde du marxisme

18. Les questions auxquelles nous sommes confrontés au quotidien sont nombreuses. Le père qui rentre le soir après avoir parcouru la ville pendant toute la journée en vain à la recherche d’un peu de manger pour sa famille. Le fils qui ne sait pas comment payer le médicament pour son père qui a une attaque de malaria. Les problèmes qu’ont des villageois pour amener leurs produits agricoles au marché le plus proche. La violence qui a tellement changé la vie de tant de patriotes à l’Est. Tant de questions et de problèmes ! Mais il existe un lien entre tous. Et la réponse à ces questions s’appuie sur une vision cohérente de l’être humain et de la société sur une conception du monde. La conception du monde d’un parti communiste s’appelle le marxisme. Ses fondements ont été posés par Karl Marx, Friedrich Engels et Vladimir Lénine. Le marxisme consiste en cinq grands éléments qui, ensemble, forment un tout cohérent et harmonieux.

19. La compréhension de l’univers, du monde et de l’humanité

Nous recherchons une attitude objective et rationnelle. Nous partons des développements actuels de la science. Nous essayons de comprendre la nature, l’homme et la société tels qu’ils « sont ». Nous ne cherchons aucune explication se situant en dehors de la réalité. La nature, l’homme et la société sont en changement et en développement continuels. Le monde bouge. Le mouvement est le résultat de la connexion dynamique de tous les éléments, de leurs relations et contradictions mutuelles. Il s’agit d’un processus permanent consistant à abandonner un certain état pour entrer dans un autre. Nous examinons les choses dans leur interdépendance, dans leur contexte. La partie est partie d’un tout. Isoler les parties de l’ensemble donne une image déformée. Cette philosophie s’appelle le matérialisme dialectique.

20. La compréhension de l’histoire de la société humaine

Pour vivre, les gens doivent manger, boire, se vêtir, se loger. Ils doivent « produire ». Cette production, et plus précisément les rapports sociaux dans la production, constituent la base de la société. Si on voulait exposer en cent pages la vie de l’homme moderne, nonante pages décriraient une société communautaire, dix pages porteraient sur une société d’exploitation de l’homme par l’homme, dont les dix dernières lignes sur le capitalisme.

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Et cela n’est pas la fin de l’histoire. Pendant plus de 100 000 ans, les humains ont vécu en communauté de chasseurs-cueilleurs dans une économie primitive.1 Le développement de nouvelles techniques, voici moins de 10 000 ans, y amena des changements.2 Désormais, l’homme pouvait produire plus qu’une simple réserve pour pallier les mauvaises récoltes et saisons. Apparut alors la possibilité pour certains groupes de s’approprier systématiquement le surplus des autres. Le caractère égalitaire disparut, la société commença à se scinder en classes, en exploiteurs et en exploités.

L’enrôlement d’hommes armés, l’investissement dans de nouvelles techniques, la promulgation de lois, bref, un État était devenu nécessaire à fin de contrôler le surplus. L’État ne naquit pas comme un organe neutre entourant la société, mais comme un instrument de pouvoir de la classe possédante. L’économie constitue le fondement, l’infrastructure de la société.

Les institutions politiques et idéologiques constituent l’étage supérieur, la superstructure. Les développements scientifiques et techniques et la lutte entre les classes constituent les forces motrices de l’histoire du monde. Cette conception de l’histoire est appelée le matérialisme historique.

21. La compréhension de la lutte entre les classes

Dans les sociétés esclavagistes et, plus tard, dans les sociétés féodales ainsi que dans la société capitaliste, un petit groupe s’est chaque fois approprié le surplus. Les sociétés évoluent, rien n’est établi pour toujours. Une forme de société peut se muer en une autre en relativement peu de temps : quand la forme ancienne de société est devenue un frein intenable à l’évolution de la science et de la technique et aux possibilités de production. Les tensions entre les classes deviennent telles que les rapports sociaux doivent changer. On parle alors de révolution. Ainsi, entre les années 1750 et 1850 en Europe continentale, la société féodale est passée à une société capitaliste. La bourgeoisie a retiré les commandes des mains de la noblesse. En d’autres termes, ce sont les gens qui font l’histoire.

Dans la nouvelle société bourgeoise naquirent de nouvelles classes. La grande industrie fit naître la classe ouvrière. Marx et Engels apportèrent à cette jeune classe la compréhension de ce qu’un grand changement social ne pouvait être l’œuvre que de la classe ouvrière elle-même. Non, le socialisme n’était pas une chimère de rêveurs, mais le résultat nécessaire des développements dans la société moderne. Marx et Engels ont installé la science en lieu et place des chimères. À la classe ouvrière encore jeune, ils enseignèrent la connaissance de soi et la conscience de soi : les changements sociaux étaient réalisés par des travailleurs en chair et en os, par les ouvriers et leurs milliers de chefs de fi le et représentants actifs sur les lieux de travail durant les jours de lutte, mais également durant les jours plus difficiles.

Cette lutte des classes est une lutte politique, une lutte pour le pouvoir dans la société. Non pas pour reprendre ce qui existe déjà, mais pour fonder un nouvel État, une nouvelle société et en démanteler les anciennes formes.

22. La compréhension de l’économie

Une classe produit la richesse, l’autre se l’approprie : telle est l’exploitation. Dans la société capitaliste, cela se fait par la plus-value. Le travailleur vend sa force de travail à l’entrepreneur.

� Desanalysesgénétiquesrécentes(ADN)prouventquenotreespècehumaineestapparueenAfriquevoiciquelque150000ans.Et,parlasuite,voicienviron50000ans,elleacommencéàserépandredanslemonde(Asie,Australie,Europe).Leshumainsvivaientcollectivementen«clans».Lesmoyens(primitifs)deproductionétaientlapossessioncommuneduclan.

� Cettepériodeaétébaptiséelarévolutionnéolithiqueenraisondelarévolutiondansledéveloppementdesforcesproductives:lescommunautés,sédentariséesentre-temps,vontseservirdecanauxd’irrigationetdufumage;desanimauxcommeforcedetractionetdelacharrue;devéhiculesmunisderoues,debateauxàvoile;ducuivre,dubronze,delapierreetduverre;ducalendriersolaire,del’écriture,dessystèmesdenumération,etc.

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Pour son travail, il est rémunéré par un salaire dont il a besoin pour son entretien, sa formation, sa santé, son logement… Mais le travail de l’ouvrier a plus de valeur que son salaire. Cette plus-value, l’entrepreneur se la met en poche et c’est de là qu’il tire son bénéfice.

Dans le système capitaliste, tout entrepreneur doit se mettre en quête du profit maximal. Sinon, il succombe immanquablement sous le poids de la concurrence. C’est pourquoi il exige un travail plus intense, plus flexible, ne cesse d’opérer des restructurations, recherche les matières premières au prix le plus bas possible, veut des journées de travail plus longues et des zones de débouchés – ou marchés – les plus vastes qui soient.

Alors que la production augmente, le pouvoir d’achat réel de la population laborieuse baisse. Apparaissent alors des crises de surproduction. Cette doctrine économique, nous l’appelons l’économie politique du marxisme.

23. La compréhension des expériences du socialisme

Les efforts en vue de réaliser un monde autre que le monde capitaliste ne sont pas neufs. C’est pourquoi il est absurde de faire table rase des expériences de lutte et de socialisme du passé. Les pays socialistes ont dû se construire dans des circonstances particulièrement difficiles et souvent à partir de rapports sociaux arriérés et féodaux. Ils ont fourni d’énormes efforts pour développer les forces productives, sans exploitation coloniale. Ils ont éliminé le chômage et instauré les législations du travail les plus progressistes. Ils ont mis sur pied des campagnes d’alphabétisation à grande échelle, réalisé le droit à l’enseignement, de même que l’égalité des droits pour les femmes. Ils ont fondé les premiers services nationaux de santé et fait de la santé un droit.

Le socialisme a dû se construire en conflit permanent avec un capitalisme répandu dans le monde entier. Et cela l’a marqué. Dès le tout premier jour de son existence, la jeune Union soviétique fut confrontée à l’interventionnisme, au blocus économique, à l’encerclement politique et militaire, à la subversion, au sabotage et à la désinformation. La jeune Union soviétique a dû repousser une guerre d’intervention et, par la suite, elle a fourni une contribution déterminante à la défaite du fascisme hitlérien. Cela a coûté énormément de forces et d’énergie, lesquelles n’ont pu être investies dans d’autres domaines.

La construction d’une société socialiste a toujours été un processus. En Europe, le système capitaliste a eu besoin de plus de deux cents ans – et de beaucoup de violence – pour se réaliser. Le socialisme aura également besoin de temps. Il n’existe pas de recettes toutes prêtes pour la construction d’une nouvelle société. C’est un long processus historique, avec des hauts et des bas. Avec de belles réalisations, mais aussi avec de sérieuses erreurs.

La contre-révolution de velours, qui a renversé le socialisme en Union soviétique et dans les pays de l’Europe de l’Est, a eu des conséquences dramatiques. Cela aussi, c’est une leçon de l’histoire. Une grande partie de la production industrielle et agricole a été anéantie.

Les habitants des anciens pays socialistes ont vu leur niveau de vie baisser considérablement. Maffia, prostitution enfantine, alcoolisme, trafic d’organes, corruption massive et nationalisme extrême ont connu une montée en fl èche.

Pour l’Europe occidentale aussi, la situation a changé. Une fois le bastion socialiste démantelé, une attaque a été lancée contre les acquis sociaux et politiques. Les rapports de forces internationaux ont changé. Les États-Unis, en tant que superpuissance désormais unique, ont entamé une nouvelle marche agressive à la conquête du monde.

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24. Connaître et comprendre le marxisme ne tombe pas du ciel. L’étude doit se faire à fond, et non pas superficiellement. Deux dangers dans l’attitude vis-à-vis de la théorie marxiste : Le premier danger réside dans la sous-estimation de l’étude ou de l’importance de la théorie. Certains ont tendance à parler tout de suite de résolutions pratiques et de passer par-dessus l’analyse et la discussion de fond. C’est une erreur. La compréhension requiert de l’étude. La théorie est importante pour l’établissement des principes, de la stratégie, de la politique et de la tactique. Ce n’est que par une analyse correcte que, selon les circonstances, nous sommes en mesure d’avancer les mots d’ordre, les formes d’organisation et les propositions d’actions corrects.

D’autres ont tendance à se limiter à mener la discussion théorique et analytique, sans la transformer en une orientation politique et tactique vers la pratique. C’est le second danger : la séparation de l’étude et de la pratique. L’étude sert à améliorer la pratique. Et la pratique posera de nouveaux problèmes, qui réclameront de nouvelles réponses.

Le marxisme est une science vivante. Il est perpétuellement en mouvement. Ce n’est pas une collection d’un certain nombre de formules. Ce n’est pas un livre de cuisine : tant de grammes de ceci, tant de grammes de cela… Il s’agit de connaître la théorie sur le bout des doigts et de pouvoir l’appliquer de façon créative dans la situation actuelle. C’est de cette manière également qu’une théorie s’enrichit et acquiert de multiples facettes supplémentaires. Cela vaut pour toute discipline scientifique : c’est la pratique, avec ses très nombreux essais et erreurs, qui la fait progresser. Ceux qui l’oublient tombent dans l’immobilisme et le dogmatisme.

1.3. Quelques éléments de l’idéologie d’un parti communiste

25. Un parti communiste contemporain

Un parti communiste n’est pas un parti classique ou traditionnel. Un PC s’inscrit dans un concept de parti de type nouveau. Cela se caractérise par notre objectif, notre analyse, nos tâches et nos principes de fonctionnement.

L’objectif. Le parti rassemble tous ceux qui aspirent à une société socialiste. Une société sans exploitation de l’homme par l’homme. Nous nous organisons pour avancer vers cet objectif historique.

L’analyse. Le parti nous met en mesure de faire des analyses stratégiques, basées sur une vision marxiste du monde, et de les adapter de façon créative à la situation concrète.

L’étude, la discussion et la généralisation des expériences, le dépassement des points de vue unilatéraux et des erreurs, l’aide et la formation : toutes ces choses sont nécessaires.

Tout cela n’est possible qu’au sein d’un tout collectif, le parti. Et un collectif permet de transformer efficacement de nouvelles idées en une orientation politique et tactique pour la pratique commune.

26. Individualisme et égoïsme versus collectivisme et solidarité.

Le capitalisme crée l’individualisme, mais le socialisme crée la solidarité. Le capitalisme abandonne les gens à leur sort, encourage le « chacun-pour-soi » et dresse les gens les uns contre les autres.

Mais le socialisme et un Parti Communiste s’oriente vers l’intégration des gens. Il veut le collectivisme, l’humanisme, le panafricanisme, l’internationalisme, l’antiracisme ou l’anti-

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ethnicisme et l’antirégionalisme. Il veut l’honnêteté, la modestie, la justice et le sens des responsabilités. C’est pour cela que par exemple 38.000 médecins cubains ont proposé leur aide médicale bénévole dans 92 pays.

27. Aimer le travail et l’étude.

Avec l’apparition des classes dans la société il y a eu une division de travail entre travail manuel et travail intellectuel. Les communistes sont pour l’abolition des classes et aussi pour l’abolition entre travail manuel et travail intellectuel. Le mépris des aristocrates pour le travail manuel comme quelque chose qui serait pour des gens inférieurs est une attitude étrange au communiste. La théorie trouve justement son origine dans la pratique. Les plus grands inventeurs et scientifiques ont trouvé souvent l’inspiration de leurs théories après observation ou même participation du travail manuel.

La science et la théorie sont des clés pour comprendre le monde. « Sans théorie révolutionnaire pas de révolution » disait Lénine. L’attitude de mépris envers la théorie et l’étude comme quelque chose pour des intellectuels coupés de la réalité et du monde de travail, est aussi étrange aux communistes.

28. Sur la religion.

Les communistes défendent et respectent les droits des communautés religieuses ainsi que les droits de ceux qui ne croient en aucune religion en n’en pratiquent aucune. La conviction religieuse ou l’absence d’une telle conviction appartiennent à la vie privée de chaque individu et les droits démocratiques impliquent le respect pour la vie privé de chaque individu.

Les communistes défendent aussi la séparation entre religion et politique. Ils dénoncent l’intrusion d’églises dans la vie économique, politique et administrative de la nation. Ils combattent les idées qui prêchent la soumission, le fatalisme et l’esclavagisme et qui défendent ainsi les intérêts des exploiteurs.

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Chapitre 2. L’expérience du socialisme au 20e siècle et du mouvement communiste internationale2.1. La révolution d’octobre 1917 et l’URSS

2.2. Le socialisme en Chine

2.3. le mouvement communiste international

2.4. Le communisme en Afrique, les partis communistes africains et le panafricanisme

2.1. La révolution d’octobre 1917 et l’URSS

1. Pour comprendre la révolution d’octobre, il faut comprendre la Première Guerre mondiale. Cette première guerre mondiale avait une tout autre nature que la Deuxième Guerre mondiale. La Deuxième Guerre mondiale était une guerre entre une alliance de pays antifascistes avec la participation de l’Union Soviétique socialiste et un bloc de pays dirigés par des forces fascistes. La Première Guerre mondiale, par contre, était en guerre entre deux blocs impérialistes : l’Angleterre, la France, la Belgique et la Russie dans un camp ; l’Allemagne, l’Autriche et la Turquie dans l’autre. C’est la plus grande boucherie que l’humanité ait connue jusqu’alors : elle fera dix millions de morts.

2. Dans les deux camps, les partis qui mènent la guerre veulent élargir leur territoire, leurs colonies, conquérir et piller de nouveaux territoires. Ils ont tous un second but : utiliser la guerre pour évincer le mouvement socialiste, qui devient une menace réelle pour l’ordre existant, en persécutant les révolutionnaires au sein du mouvement socialiste, les arrêter, les exécuter. Les évincer aussi en s’adjoignant les opportunistes du mouvement socialiste et en les récupérant dans l’ordre socio-économique existant. Au lieu de la lutte des classes, les partis socialistes, depuis 1890, ont en fait prêché la collaboration avec la bourgeoisie. En plus, depuis des dizaines d’années, dans toute l’Europe, ces partis socialistes pêchaient par nationalisme, par chauvinisme et même par esprit colonial. Dans le parti socialiste allemand, qui était le plus grand au monde, des voix s’élevaient depuis la fin du 19e siècle pour reconnaître à l’Allemagne le droit d’avoir des colonies. Ces partis socialistes adoptent un point de vue nationaliste et chauvin et ils disent : cette guerre est une guerre pour la défense de la patrie et ils vont soutenir à fond la collaboration avec la bourgeoisie.

3. Lénine dit : Sur le territoire belge combattaient aussi bien des soldats belges, des soldats français et anglais, à côté de soldats marocains, sénégalais, chinois, indiens. C’était donc une guerre internationale, dans laquelle tous ces pays étaient concernés. Les travailleurs et les révolutionnaires de tous ces pays doivent condamner cette guerre unanimement comme étant une guerre criminelle. Ils doivent faire comprendre que les ouvriers et les travailleurs n’ont rien à gagner dans cette boucherie et qu’ils doivent y mettre fin en renversant la bourgeoisie. Les armes, il ne faut donc pas les tourner contre les travailleurs d’autres pays, mais tous les travailleurs doivent fraterniser, tourner les armes contre leur propre bourgeoisie et transformer ainsi la guerre mondiale injuste en une guerre civile pour le renversement de la classe des oppresseurs et du capitalisme.

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4. La social-démocratie qui était passée dans sa quasi-totalité dans les rangs de l’impérialisme en 1914, poursuivit son œuvre de protection du système impérialiste, jusqu’à collaborer à l’écrasement des insurrections et des révolutions. La social-démocratie allemande a noyé dans le sang la révolution allemande de 1918-1919. Le parti socialiste belge, il a soutenu toutes les opérations militaires au Congo, de 1914 à nos jours. On peut prouver matériellement que les partis socialistes d’Europe, depuis plus de 90 ans, travaillent, comme machine de parti, pour l’impérialisme, pour le colonialisme, pour la grande bourgeoisie.

5. En lutte contre la trahison sociale-démocrate, le Parti des bolcheviks et de Lénine a défendu le marxisme et il a développé la stratégie et les tactiques de la révolution socialiste, il a dirigé l’insurrection d’Octobre et arraché les travailleurs à la barbarie de la guerre impérialiste et des interventions impérialistes. Lénine a formulé la ligne générale pour l’édification socialiste. La Révolution d’Octobre a créé une situation nouvelle dans le monde : l’ordre bourgeois a dû coexister avec son opposé, l’ordre socialiste ; l’existence d’un grand pays socialiste rappelait à tous les exploités et opprimés que l’ordre injuste du capitalisme et de l’impérialisme pouvait être renversé. Le capitalisme vit son champ d’exploitation de la force de travail et des richesses du sous-sol se réduire fondamentalement.

6. La bataille de l’industrialisation mobilisa des millions de jeunes ouvriers et a transformé un pays arriéré et féodal en une puissance industrielle capable de tenir tête à l’impérialisme mondial. L’agriculture moyenâgeuse est devenue dans un délai de deux décennies une agriculture collective mécanisée. Grâce à la révolution culturelle, l’ancien pays des analphabètes devint le pays des hommes de science, des ingénieurs et techniciens, qui envoie les premiers hommes dans l’espace.

7. Le Parti bolchevique, sous la direction de Lénine et Staline, a formé l’Armée rouge dans un esprit d’initiative et d’héroïsme et il a forgé des liens étroits entre l’armée et les masses populaires. Pratiquement toute seule, Armée rouge a vaincu les armées hitlériennes.

8. La victoire de l’Union soviétique sur l’impérialisme allemand a donné une nouvelle impulsion au mouvement révolutionnaire anticolonial et anti-impérialiste qui ébranla la domination impérialiste en Asie et en Afrique. Dans plusieurs pays, la démocratie populaire et le socialisme ont triomphé. À la mort de Staline, le camp socialiste et les forces de la révolution anti-impérialiste avaient une puissance et un prestige jamais vus, ils se trouvaient dans une position offensive, les opprimés du monde entier pouvaient voir l’avenir avec optimisme.

9. La montée du révisionnisme et la lutte contre ce fléau L’arrivée de Khrouchtchev à la tête du PCUS a marqué un tournant dans l’histoire. Le groupe de Khrouchtchev a initié son œuvre de destruction en dénigrant les grandes batailles révolutionnaires que les communistes, sous la direction de Staline, ont menées pour matérialiser les principes et les orientations donnés par Lénine.

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10. Le révisionnisme, introduit par le groupe de Khrouchtchev, a eu besoin de plus de 35 ans pour détruire toute l’œuvre réalisée par Lénine, Staline et trois générations de bolcheviks!

11. Khrouchtchev a lancé beaucoup d’idées réactionnaires sur « l’État du peuple tout entier » et le « parti du peuple tout entier » qui ont conduit à la liquidation de la dictature du prolétariat et à la cessation de la lutte de classe contre les forces et influences bourgeoises. La théorie de « la coopération entre l’Union soviétique et les États-Unis dans la lutte pour la paix » a porté des coups à la lutte anti-impérialiste. La théorie de « la voie parlementaire et pacifique vers le socialisme » a renforcé les courants sociaux-démocrates au sein de plusieurs partis communistes.

12. Sous Brejnev, une nouvelle petite bourgeoisie a émergé au sein de la bureaucratie et de l’intelligentsia et celle-ci a été la base sociale la plus importante du révisionnisme. Elle a encouragé le développement d’un secteur capitaliste ’de l’ombre’ et a impulsé un processus de dégénérescence au sein des entreprises socialistes.

13. Le révisionnisme de Gorbatchev a pris finalement des formes ouvertement anticommunistes. Les forces sous sa direction, soutenues par la bourgeoisie internationale, ont poussé à son terme le processus contre-révolutionnaire en Union soviétique pour le faire déboucher sur la restauration ouverte du capitalisme dans ses formes les plus sauvages. Gorbatchev et Eltsine ont été les artisans d’une victoire de portée internationale des forces de l’impérialisme et de la réaction.

14. Tous les courants opportunistes œuvrant dans le mouvement ouvrier, les sociaux-démocrates et les trotskistes ont soutenu le processus contre-révolutionnaire en Union soviétique jusqu’à appuyer le coup d’État d’extrême droite de Eltsine et de la CIA en août 1991.

15. Grâce à la dictature du prolétariat et l’économie socialiste planifiée, l’URSS a réussi à résoudre de nombreuses questions fondamentales qu’aucun pays capitaliste ne parviendra jamais à les résoudre. L’URSS a réalisé l’égalité et la coopération fraternelle de plus de 100 peuples, elle a résolu les problèmes du plein emploi, de l’enseignement et de la médecine gratuits, de l’accès à la science et à la culture, du logement, des services sociaux et du transport public pratiquement gratuits. Aucun pays capitaliste n’a jamais assuré la sécurité que l’Union soviétique garantissait à ses populations sous le socialisme.

16. Dès que le socialisme a été complètement détruit en Europe de l’Est et en Union soviétique, toutes les contradictions du monde se sont brusquement et dramatiquement aggravées.

17. En Russie, la nouvelle grande bourgeoisie maffieuse et criminelle a réduit le pays à un état de dépendance par rapport au capital américain et européen. Le capitalisme a plongé les peuples de l’ex-Union soviétique dans des catastrophes hallucinantes, dans la misère, le chômage, les divisions ethniques, les guerres civiles. La production industrielle a chuté de 55 %. Ces facteurs ont provoqué une diminution de la population de la Russie et de l’Ukraine de dix

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millions d’hommes en dix ans. Les Républiques, nouvellement créées, sont, pour la plupart, dominées par le capital financier américain et allemand et dirigées par des bourgeoisies compradores.

18. Dès la disparition de l’Union soviétique, l’impérialisme a commencé une offensive néo-coloniale contre le tiers monde, il démantèle les États nationaux, dicte leur politique économique, s’empare de leurs forces productives et intervient directement dans leurs affaires internes. La Première Guerre et l’embargo contre l’Irak ont tué 1.500.000 hommes, femmes et enfants, la Deuxième Guerre et l’occupation ont coûté encore une fois la vie à 1,5 million d’Irakiens. Depuis 1994 on a connu en Afrique centrale génocides, massacres et guerres... Depuis 1991, la Yougoslavie, pays indépendant et non aligné a été divisé et « balkanisé » sous les coups de l’impérialisme allemand et américain. En 2000, ce qui restait de la Yougoslavie a été l’objet d’une agression par les armées de l’OTAN, violant les principes fondamentaux de la Charte de l’ONU. Et en octobre 2001, sous le prétexte de vouloir exécuter un seul homme, Oussama Ben Laden, l’impérialisme a bombardé aveuglément un pays déjà complètement ravagé, l’Afghanistan. Et cela, dans le but d’implanter de nouvelles bases militaires pour contrôler l’Asie Centrale et encercler l’Iran et la Chine.

2.2. Le socialisme en Chine

19. La Chine a été dominée d’abord par plusieurs puissances occidentales, jusqu’à ce qu’elle tombe presque entièrement sous la domination du fascisme japonais au début des années 1930. Depuis 221 la Chine vivait aussi sous la domination d’un empereur absolutiste et d’un système féodal bureaucratique. En 1949 le peuple chinois se libérait sous la direction du Parti communiste chinois de ces deux formes d’oppression : le colonialisme et la féodalité bureaucratique. Au moment de la victoire de la révolution nationale et démocratique en 1949, la Chine était un pays extrêmement pauvre, son PIB par habitant n’atteignait qu’un quart de celui de l’Afrique.

20. Au début des années 50, la Chine a entamé son passage au socialisme. Elle n’a pas cessé depuis de s’en revendiquer.

21. Le socialisme comme le concevaient Marx et Engels remplacerait inévitablement le système capitaliste une fois que celui-ci aurait atteint un niveau de développement élevé. La Chine des années 50 n’en était nullement là. Le capitalisme n’y existait encore qu’à une échelle extrêmement réduite et était essentiellement présent dans les anciennes concessions coloniales. En effet, l’immense Chine n’a jamais été complètement colonisée, mais diverses grandes puissances – la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France, le Japon et même la Belgique – y possédaient des « concessions » (quartiers) dans quelques grandes villes, surtout près de la côte.

22. Une période de transition s’imposait inévitablement. Depuis les réformes de 1978, le gouvernement a reprivatisé un certain nombre d’autres secteurs et encourage l’établissement d’entreprises privées, chinoises ou étrangères. Il développe une économie de marché que l’État contrôle à un certain degré. À l’heure actuelle, 70 % des 500 entreprises chinoises au

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chiffre d’affaires le plus élevé sont des entreprises publiques ou contrôlées par l’État. Leurs capitaux représentent 85 % du capital total de ces 500 entreprises. L’État socialiste possède ou contrôle les secteurs économiques d’importance stratégique.

23. Ces réformes offrent des possibilités, mais présentent aussi des dangers. Grâce à elles, la Chine a pu augmenter rapidement le niveau de vie de sa population – qui s’élève à plus de 1,3 milliard d’habitants déjà. En même temps, les lois du système de propriété privée des moyens de production (c.-à-d. du capitalisme) et du marché se manifestent aussi. Des inégalités s’accentuent entre riches et pauvres, entre villes et campagnes. Le nombre de capitalistes augmente et peut devenir une force menaçante pour le socialisme. L’histoire dira si les communistes chinois pourront développer de manière correcte et créative le socialisme dans cet immense pays du Sud.

24. La Chine d’aujourd’hui est toujours un pays en voie de développement. Malgré une région côtière industriellement développée, la majorité de la population reste rurale. En 2009, 38 pour cent de la population professionnelle travaillait encore dans l’agriculture, soit une baisse de 12 points depuis 2000. En comparaison, aux États-Unis, 1 pour cent de la population travaille encore dans l’agriculture. Plus la part de l’agriculture dans l’emploi est élevée, moins le pays est développé et plus il est difficile de faire croître l’économie. La Chine se classe parmi les pays moyennement pauvres. Le rapport sur le Développement humain (2010) des Nations Unies classe la Chine à la 89e place, sur un total de169 pays.

25. Dès l’automne 2008, des économistes occidentaux avaient prévu avec certitude que la crise financière et économique dans les grandes métropoles capitalistes allait réduire de moitié au moins la croissance annuelle de 9 à 10 pour cent que la Chine avait connue au cours des deux décennies écoulées. Le grand patron du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn affirmait en décembre 2008 : « L’an dernier, la Chine a connu une croissance de plus de 11 pour cent. Elle va retomber à 5 ou 6 pour cent. » En Chine, l’économie a continué de croître : durant la première année de crise, de 9,6 pour cent ; l’année suivante, de 9,1 pour cent ; et, en 2010, de 10,1 pour cent (estimation).

26. Pour compenser l’affaiblissement des exportations vers l’Occident depuis la crise de 2008, les autorités chinoises ont fait grimper les investissements et les commandes publiques et ont également assuré une hausse encore plus rapide du revenu des familles. C’est une réponse à la crise qui est à l’opposé de ce que les pays capitalistes ont fait. Plus tard, dans les métropoles capitalistes, on a également lancé des trains de mesures financiers contre la crise. Mais il n’y fut pas question d’augmenter le revenu des familles. Et le soutien aux banques y consista en la reprise de leurs dettes. Socialisation de la dette, privatisation du profit, dirent les analystes. Aujourd’hui des pays européens (Grèce, Irlande, Espagne) sont en train de tomber dans le rôle des victimes du FMI comme l’Afrique depuis les années 80.

27. En laissant la Chine entrer dans l’OMC (Organisation mondiale du commerce) en septembre 2001, les États-Unis, l’Europe et le Japon espéraient contrôler son économie. Ils étaient convaincus que la Chine allait détricoter progressivement le secteur d’État dans l’économie et que le Parti communiste allait être mis de côté comme en URSS. Ils doivent constater l’échec de cette politique. Aujourd’hui, il s’avère que le secteur d’État est de plus en plus fort. Le

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magazine Foreign Policy, une publication proche des démocrates aux États-Unis, écrit : « Au fur et à mesure que la Chine se renforce et s’enrichit, les secteurs de l’économie contrôlés par l’État se développent. Ils deviennent plus puissants, au contraire du secteur privé indépendant, qui est sciemment opprimé. 95 % des 586 milliards de dollars du montant des incitatifs annoncé par Beijing en novembre 2008 va aux entreprises du secteur d’État. Le secteur d’État, plus puissant, donne au parti communiste plus de moyens encore de renforcer son emprise sur l’économie et la société. »

28. La Chine a acquis de nouvelles technologies et la capacité de produire elle-même, dans tous les domaines. Grâce à cela, elle a pu sortir des dizaines de millions de paysans de la pauvreté et faire progresser le pays entier. Cela lui permet aussi de développer des relations économiques avec un nombre croissant de pays d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique qui peuvent ainsi diminuer leur dépendance vis-à-vis des multinationales impérialistes. Souvent la Chine leur fournit une aide non négligeable. Ainsi, en échange de matières premières, de pétrole surtout, la Chine s’engage dans de nombreux projets de développement en Afrique.

29. Pour la première fois dans l’histoire moderne, l’Afrique voit la possibilité de se développer de manière indépendante. Les puissances occidentales comptaient renforcer leur mainmise sur le Sud à fin d’exploiter à fond ses ressources et ses marchés. Mais voilà qu’elles ne peuvent pas empêcher la Chine de développer des relations commerciales privilégiées avec leurs anciennes « chasses gardées », africaines pour l’Europe, latino-américaines pour les États-Unis.

2.3. le mouvement communiste international

30. Dès l’instant où la théorie marxiste a gagné du terrain au sein du mouvement des travailleurs, l’internationalisme a été un élément essentiel du mouvement. « Travailleurs de tous les pays, unissez-vous » en est devenu la devise. L’unité du monde du travail face aux intérêts communs du monde du capital a reçu un nom : « l’internationalisme prolétarien ».

31. Aujourd’hui, le monde du capital pense et agit de façon plus que jamais internationale. Il se bat pour le contrôle des marchés mondiaux et des matières premières. Sans compter ses sous-traitants, Siemens emploie 426 000 travailleurs dans 78 pays différents. Jamais un si petit nombre de grands actionnaires n’a eu le contrôle des fruits du travail d’un si grand nombre de travailleurs d’autant de pays différents.

32. La classe ouvrière ne peut réussir qu’en tant que force internationale unie. L’unité internationale des ouvriers est plus importante que leur unité nationale. Il s’agit d’y arriver aussi en pratique. L’internationalisme est une attitude envers le monde. Les communistes veulent traduire cette attitude dans les orientations et dans les initiatives pratiques de leur parti.

33. Chaque parti communiste fait partie du mouvement communiste international.

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34. La bourgeoisie a dû lutter pendant plus de trois siècles, avant de triompher définitivement de la féodalité. La révolution socialiste a pour but de mettre fin au long règne des différentes classes exploiteuses et d’éliminer toutes les formes d’exploitation de l’homme par l’homme. La victoire définitive du socialisme dans le monde entier demandera toute une époque historique.

35. Le vingtième siècle a été le témoin non seulement de grandes victoires dans la révolution et la construction socialistes, mais aussi de la trahison et de la contre-révolution dans les rangs des communistes. La social-démocratie, le trotskisme et le révisionnisme à l’intérieur des partis communistes ont largement contribué et appuyé le renversement de l’Union Soviétique. Le vingtième siècle a été celui de la répétition générale au cours de laquelle le prolétariat a accumulé des expériences positives grandioses, mais aussi des expériences négatives et dramatiques.

36. Depuis le renversement du socialisme en Union Soviétique, des partis communistes ont organisé des séminaires et des rencontres internationales et régionales pour le rétablissement du mouvement communiste international, à fin de restaurer la confiance dans le futur socialiste de l’humanité pour tous ceux qui se battent contre le capitalisme et l’impérialisme.

37. En dépit de ces pas en avant, la lutte entre les points de vue communistes révolutionnaires et les points de vue réformistes et opportunistes continue dans ses rangs. Le conflit entre la ligne de « résistance et rupture » et la ligne « adaptation et assimilation » au système impérialiste continue.

38. Il faut participer activement à ses activités internationales afin de donner une forme plus nette à la coopération avec les partis communistes et ouvriers, le pôle communiste. Ce pôle communiste va créer de meilleures conditions pour affronter les difficultés existantes. Cela facilitera aussi un rassemblement plus large des forces anti-impérialistes.

39. Un pôle communiste bien défini ne rend en aucun cas caduques la souveraineté de chaque parti et leur responsabilité dans la relation avec la classe et le mouvement ouvrier dans leur pays respectif. Il prendra la forme d’une coordination d’actions communes, basée sur l’égalité.

40. En ce qui concerne les différences idéologiques entre partis communistes, ces divergences ne peuvent pas nous empêcher à poursuivre nos efforts pour des actions communes autour d’objectifs anti-impérialiste et anti-monopoles tout en réfutant les points de vue politiques et idéologiques erronés.

2.4. Le communisme en Afrique et le panafricanisme

2.4.1. Communisme versus social-démocratie dans la question coloniale

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41. Dans la question coloniale, dès la fin du 19e siècle et le début du 20e, deux lignes politiques s’affrontent au sein de la gauche internationale : celle qui est clairement anticoloniale et celle qui propage le chauvinisme et le devoir de coloniser au nom de la civilisation. La première position est défendue par les marxistes. La deuxième par la social-démocratie.

42. Les communistes prennent une position clairement anticoloniale : « Tout Parti appartenant à la IIIe Internationale a pour devoir de dévoiler impitoyablement les prouesses de “ses” impérialistes aux colonies, de soutenir non en paroles, mais en fait, tout mouvement d’émancipation dans les colonies, d’exiger que les impérialistes de la métropole soient expulsés des colonies, de nourrir au cœur des travailleurs du pays des sentiments véritablement fraternels vis-à-vis de la population laborieuse des colonies et des nationalités opprimées et d’entretenir parmi les troupes de la métropole, une agitation continue contre toute oppression des peuples coloniaux. » 3

43. Bernstein, un des plus importants dirigeants et idéologues de la social-démocratie allemande écrit en 1899 : « Nous devons également songer à l’avenir. L’Allemagne importe chaque année des quantités considérables de produits coloniaux : un jour viendra où nous souhaiterons, au moins pour une part, trouver ces produits dans nos propres colonies. (...) » « Il n’est pas fatal que l’occupation de pays tropicaux par les Européens porte préjudice aux indigènes, et dans de nombreux cas, c’est plutôt l’inverse qui se produit. Ce n’est pas la conquête qui crée des droits, mais la mise en valeur du sol. Une civilisation évoluée a donc, en définitive, des droits supérieurs. » En 1903 Bernstein déclare : « Sans progrès de notre économie dans les colonies, la misère actuelle en Europe, que nous nous efforçons d’éliminer, serait infiniment plus grande. (...) Même comparé aux atrocités coloniales, l’avantage tiré des colonies pèse toujours plus lourdement dans la balance. »

44. Émile Vandervelde, dirigeant et idéologue de la social-démocratie belge comme internationale, conclut en 1908 après un voyage au Congo : « Je tiens le Congo pour un champ d’action admirable, où l’on a déjà fait de grandes choses, mais il reste tant de choses à faire que la mise en valeur en sera très onéreuse, du moins pendant les premières années. Quant aux réformes — spécialement en ce qui concerne la corvée du caoutchouc — je considère que, même si des considérations de justice, d’humanité ou du respect d’engagements internationaux ne les imposaient pas, encore faudrait-il les faire, parce que, du point de vue purement économique (...) Les méthodes vicieuses d’exploitation finissent par rendre le travail forcé plus onéreux que le travail libre. » Vandervelde se termine par un appel « aux milliers de jeunes gens qui assiègent les ministères et les administrations pour obtenir une misérable place », afin « qu’ils aillent plutôt au Congo. Ils y trouveront des traitements plus élevés, des occasions plus nombreuses de se mettre hors pair et, surtout, une vie plus libre et plus intéressante au milieu des possibilités des pays neufs, dans la majestueuse solitude des forêts et de la brousse. » Quand une majorité au congrès du Parti socialiste belge risque de voter pour une position anticoloniale, Vandervelde l’empêche en menaçant avec sa démission.

45. L’argument théorique des sociaux-démocrates est que « Quand la production capitaliste entre en lutte avec les formes de production arriérées, nous ne pouvons et ne devons pas lui dresser des obstacles sur son chemin. » Ce qui revient à dire qu’un mouvement révolutionnaire dans les colonies serait réactionnaire puisqu’il risque d’entraver le développement du régime capitaliste « en faveur d’une forme de production arriérée ».

� Congrèsdel’InternationaleCommuniste,juillet1920.

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46. Les communistes répondent : « Le but du capitalisme n’est pas de développer les forces productives, mais de créer du profit pour les capitalistes. Le développement des forces productives est seulement la conséquence des conditions dans lesquelles le profit est créé. La caractéristique de tout système de colonisation est qu’il est déterminé dans ses formes et dans son développement par les nécessités intérieures du pays colonisateur, en ce que ces nécessités ont de plus exclusif et de plus inconciliable avec le développement du pays colonisé. » 4

47. Ce sera Lénine qui analyse la base matérielle de la position de la social-démocratie : « Le capitalisme a assuré une situation privilégiée à une poignée d’États particulièrement riches et puissants qui pillent le monde entier (...). On conçoit que ce gigantesque surprofit (car il est obtenu en sus du profit que les capitalistes extorquent aux ouvriers de “leurs” pays) permette de corrompre les chefs ouvriers et les couches supérieures de l’aristocratie ouvrière (...). Cette couche d’ouvriers embourgeoisés ou de “l’aristocratie ouvrière”, entièrement petits-bourgeois par leur mode de vie, par leurs salaires, par toute leur conception du monde, est le principal soutien de la IIe Internationale, le principal soutien social (...) de la bourgeoisie, car ce sont de véritables agents de la bourgeoisie au sein du mouvement ouvrier, des commis ouvriers de la classe des capitalistes (...), de véritables propagateurs du réformisme et du chauvinisme. »5

2.4.2. Le Panafricanisme anti-impérialiste

48. Dans le monde de la « mondialisation » impérialiste d’aujourd’hui, une entreprise « privée » comme General Electrics a des actions d’une valeur de 782 milliards de dollars. En 2009 la RDC avait un produit intérieur brut d’environ 11 milliards de dollars. Sans le panafricanisme anti-impérialiste, ce ne sera jamais possible pour la RDC ou n’importe quel pays africains d’en finir avec le régime néo-colonial et d’obtenir une vraie indépendance et une vraie démocratie pour son peuple.

49. Sous la direction de Mzee Laurent Kabila se tenait du 12 au 15 mai 1998 une Conférence de Solidarité et de Développement, où les pays des Grands Lacs participaient. Dans la synthèse des travaux, on lit : « Face au défi de la mondialisation, aucun pays ne peut s’en sortir seul. Il nous faudra mettre en commun nos ressources, il nous faudra définir et appliquer des politiques communes, si nous voulons que cette mondialisation devienne pour nos pays une opportunité de croissance, de développement et d’éradication de la pauvreté... »6

50. La vraie solidarité panafricaine implique que les pays règlent leurs différences en dehors de toute immixtion de la part des puissances impérialistes et dans l’intérêt commun des peuples africains. Or en Afrique, il y a nécessairement autant de mouvements panafricanistes différents qu’il y a de classes sociales. Au-delà des frontières africaines, les courants politiques identiques se soutiennent mutuellement, créant un panafricanisme à contenu de classe déterminé.

� Rapportau6econgrèsdel’internationalecommunistedeTogliatti«Lasocial-démocratieetlaquestionsociale»,1928.

� Lénine,L’impérialisme,stadesuprêmeducapitalisme.Préfaceauxéditionsfrançaiseetallemande,6juillet1920

� Kabila et la révolution congolaise. Panafricanisme ou néocolonialisme ?LudoMartens2002.P.306-307.

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51. Il y a d’abord le panafricanisme réactionnaire pro-impérialiste. L’abbé Fulbert Youlou, le président du Congo-Brazzaville, a été un représentant typique de ce panafricanisme réactionnaire. « Les civilisations du Bénin et du Nigeria témoignent d’un Moyen Age honorable. » « Il est temps que les Africains pensent eux-mêmes leur politique. » « L’heure des grands ensembles est aussi l’heure de l’Afrique à son éveil. » « Le péril qui menace l’Afrique aujourd’hui est teinté du jaune communiste de Pékin. » « C’est la race noire tout entière qui est menacée d’extermination sous l’occupation massive des vagues chinoises. » « L’idéologie mondiale communiste qui a diaboliquement poussé l’Homme d’Occident à douter de la valeur de sa civilisation chrétienne est la cause essentielle du drame africain. »

52. Les vrais nationalistes doivent s’allier aux « représentants traditionnels de l’Afrique ». Il faut « une grande stratégie de tous les États du continent noir », à mettre en œuvre avec Houphouët-Boigny de la Côte d’Ivoire, Tombalbaye du Tchad, Banda du Malawi, Yaméogo de la Haute-Volta, Diori Hamani du Nigeria, Dacko de la République centrafricaine, le roi Mwabusta IV du Burundi et avec Tshombe et Mobutu au Congo-Kinshasa. « L’unité africaine n’est réalisable que dans l’adhésion du continent noir au bloc occidental. » « Je me bats pour que le Marché commun soit étendu à tout le continent africain. » Il faut « associer la défense de l’Afrique à celle du Monde libre » en élargissant « la zone couverte par l’OTAN ».

53. Le 19 septembre 1960, Mobutu place Bomboko et ses Commissaires généraux à la tête du Congo. Les Commissaires lisent une proclamation rédigée en concertation avec Mobutu lui-même : « Le colonel Joseph Mobutu est aujourd’hui l’homme qui nous a délivrés du colonialisme communiste et de l’impérialisme marxiste-léniniste. Grâce à l’armée nationale congolaise, nous ne passerons pas d’un esclavage à un autre. » À l’époque, tous les agents de l’impérialisme prétendent « dénoncer tout néocolonialisme d’où qu’il vienne, celui de l’Est aussi bien que celui de l’Ouest ». On trouve cette même phrase dans la bouche de Malula, de Mobutu ou de Bomboko. Mais tous veulent en même temps la perpétuation de la domination impérialiste, et feront tout pour lier le Congo pieds et poings liés à ses pires exploiteurs, aux pires assassins, les impérialistes américains, français et belges.

54. Le panafricanisme de la grande bourgeoisie africaine n’est qu’une facette du mondialisme du capital. Les multinationales sont la force dirigeante du panafricanisme bourgeois. En mai et décembre 2008, le groupe qui entoure Paul Kagame a participé à deux conférences qui ont abouti au texte « Le consensus du lac Kivu, un programme pour une Afrique compétitive ». Quand on lit la liste des les 56 signataires on se rend compte qu’il s’agit d’un réseau de la droite républicaine aux États-Unis, de la droite sud-africaine autour de la famille De Beers, de la démocratie chrétienne allemande et de certaines figures du groupe proche de Kagame. Le texte contient des directives sur la politique économique qui devrait aboutir à une augmentation de la compétitivité de l’économie africaine, selon la recette ultralibérale mieux connue comme « le consensus de Washington ». 7 Les mêmes auteurs de ce texte sur le « consensus du Lac Kivu », ont aussi écrit un texte provocateur prêchant la balkanisation de la RDCV sous le titre « There is no Congo ».

55. Il y a ensuite le panafricanisme de la petite bourgeoisie, rêvant d’une Afrique politiquement indépendante et unie, mais en maintenant les illusions dans la démocratie bourgeoise

� http://www.thebrenthurstfoundation.org/Files/Brenthurst_Commisioned_Reports/BD0901_Lake_Kivu_French.pdf

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occidentale. Ce panafricanisme de la petite bourgeoisie a à certains moments un caractère révolutionnaire quand il vise à briser les chaînes coloniales et à mettre fin à la domination politique directe de l’Occident. Mais le panafricanisme de la petite bourgeoisie n’est pas conséquent et ne veut rompre ni avec l’impérialisme, ni avec le capitalisme.

56. George Padmore a été un dirigeant panafricaniste révolutionnaire influencé par le communisme dans sa jeunesse. Mais dans son dernier livre Communisme ou Panafricanisme, il estimait que les « anticolonialistes britanniques » qui suivaient « une politique conséquente » se trouvaient dans le Parti travailliste. S’adressant aux États-Unis, Padmore écrit en 1955 : « Je puis offrir une garantie contre le communisme. Cette garantie... rendra à jamais cher aux Africains le peuple de la grande république nord-américaine... Les hommes d’État américains n’ont qu’à faire un geste hardi en faveur des Africains... Ce geste doit revêtir la forme d’un programme d’un plan Marshall d’aide pour l’Afrique... Quelle belle façon de réparer les torts jadis infligés aux Africains. » Il conclut son credo : « Le panafricanisme offre une alternative idéologique par rapport au communisme... Le panafricanisme porte son regard au-dessus des étroits intérêts de classe et de race... il veut une vraie égalité pour tous. »

57. Pendant longtemps, Sékou Touré a maintenu un discours nationaliste, populiste et révolutionnaire qui avait très peu de rapport avec la réalité sociale et économique changeante de la Guinée. Dès le début des années soixante, la corruption se développa parmi les fonctionnaires et quelques purges spectaculaires ne l’ont nullement freiné. En avril 1962, un nouveau code des investissements offrait d’amples avantages et privilèges au capital étranger auquel des hauts fonctionnaires se sont liés à travers des sociétés mixtes. En novembre 1962, Sékou Touré s’était réconcilié avec le « panafricaniste réactionnaire » Houphouët-Boigny qui s’écria lors de sa visite à Conakry : « Hommage à mon frère Sékou Touré, artisan déterminé de l’Unité africaine ; nous faisons le serment que nous ne nous séparerons jamais ; nous oeuvrons tous pour une Afrique unie, prospère et fraternelle ».

58. Le seul panafricanisme qui pourra vaincre dans le combat avec l’impérialisme c’est le panafricanisme révolutionnaire et anti-impérialiste, le panafricanisme dont le prolétariat africain est le moteur. Ce panafricanisme ne peut pas exister sans concrétisation, sur le terrain africain, de l’internationalisme prolétarien, de l’unité de pensée et d’action du prolétariat mondial, représenté par le mouvement communiste international. Au 20e siècle des Partis communistes africains ont été fondés sous l’influence et avec l’aide de l’Internationale Communiste. Certains ont joué un rôle important dans la lutte pour la démocratie et l’indépendance dans leur pays. Le Parti comuniste sud-africain et soudanais continuent à jouer aujourd’hui un rôle important.

59. Le Parti communiste sud-africain a accumulé une expérience très importante en vue d’augmenter l’hégémonie de la classe ouvrière dans la société à partir d’une stratégie de révolution nationale démocratique. Il a une longue tradition d’éducation politique, de journalisme progressiste, de lutte syndicale révolutionnaire, de mobilisation populaire et de pouvoir populaire, de travail parmi les jeunes comme les paysans dans les zones rurales, de coopératives et de lutte armée, dont tous les communistes africains peuvent apprendre.

60. Le Parti communiste soudanais est actuellement le seul Parti qui bat campagne dans tout le Soudan, aussi bien au Nord qu’au Sud, pour le maintien de l’unité et la défense des droits

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démocratique du pays.

61. Pendant la vague révolutionnaire des années soixante, ce panafricanisme révolutionnaire s’est manifesté dans l’œuvre et dans la pratique de Mulele au Congo, d’Osende Afana au Cameroun, d’Amilcar Cabral en Guinée-Bissau et dans les derniers ouvrages de Nkrumah. Ces révolutionnaires africains ont développé leur idéologie en étudiant le marxisme-léninisme, entre autres à travers les expériences de la révolution chinoise et cubaine.

62. Les communistes africains ont joué et doivent encore jouer dans le futur le rôle de moteur du panafricanisme révolutionnaire, capable de casser la domination impérialiste. Inspiré de la lutte de Patrice Emery Lumumba et d’autres révolutionnaires africains, le mouvement communiste africain montre sa vitalité de la Tunisie à l’Afrique du Sud en passant par le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Soudan, le Sénégal, la RDC, le Swaziland et bien d’autres pays. Cela est clairement apparu lors des conférences de l’Africa Left Network Forum (ALNEF) en 2008 et 2010.

63. Enfin, nous ne pouvons pas oublier les communistes cubains qui, motivés par l’internationalisme prolétarien, se sont jetés dans la lutte pour briser le joug colonial en Afrique. Cela a commencé avec l’arrivée au Congo de Che Guevara en avril 1965 et cela a continué avec l’engagement de 500 000 Cubains venus aider les peuples africains en lutte contre le système de l’apartheid et l’impérialisme américain. Thenjiwe Mtintso, l’ambassadeur sud-africain à Cuba, l’a exprimé avec éloquence en décembre 2005 : « Aujourd’hui l’Afrique du Sud a trouvé beaucoup d’amis nouveaux. Hier encore ces amis traitaient nos dirigeants comme des terroristes et ils appuyaient l’apartheid… Aujourd’hui ces amis veulent que nous dénoncions et nous isolions Cuba. Notre réponse est très simple : c’est le sang des martyrs cubains – et pas de ces amis nouveaux – qui a coulé sur notre terre et qui a nourri l’arbre de la liberté dans notre pays. »

64. Le mouvement communiste international des pays capitalistes et les pays socialistes forment les alliés naturels du panafricanisme anti-impérialiste. Pour deux raisons. D’abord, les communistes ont, eux-mêmes, terriblement souffert des agressions impérialistes. Lors de l’agression nazie de 1941-1944 des dizaines de millions de communistes ont sacrifié leur vie pour la victoire sur le nazisme. La Chine, quant à elle, a subi la domination des colonialistes occidentaux et, au cours des années 20, 30 et 40, son sort a été pire que celui de l’Afrique! Ensuite, les pays communistes veulent construire une économie indépendante et, pour cela, ils doivent se soustraire à la domination politique et économique de l’impérialisme. Pour progresser dans cette voie, ils ont intérêt à soutenir tous les pays qui, eux aussi, veulent se soustraire à la domination de ces mêmes impérialistes. En ce qui concerne les communistes dans les pays capitalistes, Staline disait : « Les intérêts du mouvement prolétarien dans les pays évolués et du mouvement de libération aux colonies exigent que les deux aspects du mouvement révolutionnaire s’unissent en un front commun de lutte contre l’ennemi commun, contre l’impérialisme. »

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Chapitre 3. Le monde en 20113.1. le capitalisme mondial et la crise économique

3.2. le capitalisme et la crise écologique

3.3. changement des rapports de force dans le monde : vers un monde plus multipolaire, dans lequel la lutte pour l’hégémonie mondiale va encore être plus dure

3.4. les tâches des communistes

3.1. le capitalisme mondial et la crise économique

1. Le système capitaliste fait face à la crise la plus grave depuis la dépression de 1929. Il ne s’agit pas d’une récession passagère et conjoncturelle, mais d’une crise généralisée du système capitaliste, dont la source se situe dans la sphère de la production. Cette crise sera longue et profonde et nous n’en sommes qu’au début.

2. Cette crise changera inévitablement la face du monde. Les rapports de force entre grandes puissances seront bouleversés. Les contradictions de classe s’aiguiseront. Les travailleurs et les peuples payent déjà les frais de la crise, à travers de nouvelles séries de mesures au profit des monopoles, par la montée du chômage et une exploitation renforcée, par de nouvelles charges et des économies dans les secteurs sociaux. Tous ceux qui gagnent leur vie grâce au travail connaîtront plus d’insécurité, de faim et de pauvreté.

3. Les travailleurs et les peuples du monde ont devant eux la tâche de lutter pour des changements profonds de la structure économique et sociale, dans une perspective de renversement révolutionnaire du capitalisme et de construction du socialisme. C’est la seule et unique réponse efficace à la crise du système et pour éviter que le capital se relance sur les mêmes bases après avoir vaincu la crise par ’l’assainissement’ du marché, de sorte qu’il puisse profiter d’une nouvelle période de développement capitaliste et de profits plantureux.

4. Les causes de la crise : Les gouvernements des pays capitalistes entretiennent sciemment la fausse perception selon laquelle la crise actuelle trouve son origine dans la sphère financière parce qu’ils craignent que le système économique lui-même soit remis en cause. Selon eux, il suffirait d’une régulation plus stricte des acteurs et des opérations financières pour redémarrer comme avant. La chute vertigineuse de la production ne serait qu’une conséquence des problèmes du monde financier qu’on pourrait résoudre par la restauration de la confiance des consommateurs et des investisseurs.

5. Il est vrai que la sphère financière a pris une place de plus en plus dominante depuis l’éclatement d’une crise économique au début des années 70. Il suffit de constater qu’entre 1980 et 2007 le produit mondial a été multiplié par cinq et que les stocks financiers ont été multipliés par quatorze. Ainsi un écart croissant s’est formé entre la sphère productive et la sphère financière, gonflée par un développement gigantesque de produits spéculatifs. Mais l’éclatement de cette bulle financière, qui s’est orientée de plus en plus avidement vers les

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nouveaux produits à très haut risque, a mis à nu et renforcé une crise structurelle sous-jacente de surproduction.

6. Comme chaque entreprise ou groupe capitaliste a comme seul souci de s’accaparer le marché des autres, il est poussé à exploiter toujours plus les travailleurs, à produire plus, plus vite et à moindres frais. Il s’ensuit une contradiction croissante entre le développement de la capacité de production d’une part et la baisse relative du pouvoir d’achat des masses d’autre part. Cette contradiction se reproduit inévitablement sous les rapports de production capitalistes où une petite minorité possède les moyens de production et s’enrichit par l’exploitation de la force de travail de la grande majorité. Engels a caractérisé ainsi les crises de surproduction: « Les travailleurs manquent de moyens de subsistance parce qu’ils ont produit trop de moyens de subsistance. »

7. Après la Seconde Guerre mondiale, on a connu une période de croissance stable relativement importante, qui provenait en grande partie de la reconstruction d’après-guerre. Mais à la fin des golden sixties, le moteur économique a commencé à s’enrayer. En 1973, la crise a éclaté complètement lorsque les pays de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) ont quadruplé le prix du pétrole et l’ont à nouveau doublé en 1979. Cette crise de surproduction a entraîné dans les années 70 d’importantes restructurations dans les secteurs de l’exploitation minière, de l’acier, du verre, du textile et de la construction navale.

8. Depuis les années 80, les États-Unis ont développé face à la crise une politique leur permettant de maintenir artificiellement une consommation élevée. Sous le président Reagan, on a réduit de manière considérable les impôts des riches qui se retrouvaient ainsi avec plus d’argent à dépenser. Plus tard, on a également poussé les pauvres à consommer en facilitant les emprunts. Dès 2000, les gens ont pu contracter un emprunt hypothécaire sans devoir fournir le moindre justificatif quant à leurs revenus. C’est ainsi que six millions de personnes non solvables ont acheté une maison. Il s’agissait là d’une immense bulle financière. Sur ces six millions, deux à trois millions se retrouvent aujourd’hui sans maison.

9. La crise de surproduction rendait les investissements dans l’économie réelle peu - voire pas du tout - rentables. Le capital a donc cherché une issue, à savoir le secteur financier. Dès le début des années 80, l’économie financière a été globalisée et tous les freins ont été levés. Les autorités ont dérégulé un nombre important d’opérations financières et stimulé la spéculation en bourse, même pour les particuliers. Depuis, le secteur financier a connu une croissance trois fois plus rapide que celle du secteur de production. Tandis que le PIB au niveau mondial connaissait une croissance de cinq pour cent, le secteur financier lui augmentait de quinze pour cent. Mais cette économie financière en réalité vit du secteur de production. Tôt ou tard, ce système devait s’effondrer et c’est ce qui se passe en ce moment.

10. Derrière cette crise financière spectaculaire se cache donc une crise économique prête à présent à se développer complètement. L’économie mondiale a été « dopée » depuis les années 80 grâce à la consommation artificielle, les crédits et la spéculation. Le problème c’est qu’aujourd’hui ces stimulants sont épuisés.

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11. Les États les plus puissants (les pays de l’OCDE) sont intervenus massivement pour sécuriser les profits capitalistes, pour sauver leurs banques ainsi que leurs monopoles industriels et pour éviter l’éclatement du système financier mondial. Après avoir libéralisé complètement les marchés financiers et après avoir soutenu à fond ’la main invisible du marché’, les États sont appelés à la rescousse pour payer les pots cassés. Cela détruit le mythe social-démocrate selon lequel les États auraient perdu leur pouvoir. Ils ont aboli volontairement leur pouvoir d’intervention pour laisser la liberté totale au capital. Les nationalisations actuelles servent à protéger les intérêts du grand capital avec l’argent de l’État, de sorte que le secteur redevienne suffisamment rentable pour le rendre intégralement au privé. Il en sortira une concentration encore plus grande du capital. Les fonds que l’État met à disposition du capital privé, sous forme d’augmentations de capital ou de garanties d’État montrent une fois de plus combien le système capitaliste est parasitaire. Les bénéfices sont privatisés, les pertes sont socialisées.

12. En 2010 on peut dire que la crise financière s’est déplacée vers les États : les États-Unis accusent un déficit d’environ 12 % et un déséquilibre dans leur balance commerciale. Alors que les pays de l’Union européenne sont prêts à appliquer des plans d’austérité pour 400 milliards. Le gouvernement Irlandais, par exemple, avait avant la crise en 2008 un budget de 29,5 milliards d’euros, après plusieurs plans d’austérité ce budget s’est réduit aujourd’hui jusqu’à 15 milliard d’euro. Entre 2010 et 2014 le gouvernement irlandais veut encore diminuer avec 6 milliards d’euros vers 9 milliards donc. On peut difficilement imaginer que cela n’aura pas d’influence sur les dépenses des gens, leur pouvoir d’achat et leur niveau de vie. Voyez la Grèce et son plan d’austérité radical : l’an prochain, on y attend une croissance de moins 4 %.

13. Suite à la crise actuelle, le fossé entre riches et pauvres s’agrandit, la majorité des pays du monde vont connaître une dégradation encore plus désastreuse. Cette dégradation frappera avant tout les pays en développement. Les diktats du FMI, de l’OMC, des EU et de l’UE ont détruit leur tissu industriel local et leur agriculture et les ont soumis à la domination de compagnies transnationales. Cela les a rendus de plus en plus dépendants de la conjoncture économique du monde développé. Cette vulnérabilité les pousse une fois de plus dans le cycle d’emprunts, d’endettement et de nouveaux diktats des sphères impérialistes. Aussi dans le monde capitaliste les travailleurs et paysans risquent la montée rapide du chômage, de la précarité et de l’exclusion. Les mesures d’austérité des différents gouvernements prévoient prolongation d’âge de pensions, baisses de salaires avec 5 à 30 %,licenciements massifs dans le secteur public… Entre-temps la pauvreté augmente.

14. Le capitalisme ne s’effondre pas de lui-même. C’est un système condamnable, mais il cherchera toujours des issues et ce sera toujours au détriment de la population laborieuse. Lors de la dépression des années 30, ce n’est pas le « New Deal » qui a sorti l’économie capitaliste du marasme, mais bien la Deuxième Guerre mondiale. Nous sommes devant une période de contradictions renforcées pendant que le capital devient plus agressif. Cela risque d’aboutir à de nouveaux conflits armés. La crise actuelle fait peser également une menace énorme de régression sociale et démocratique et crée la base pour des mouvements autoritaires et militaristes, comme l’histoire l’a montré.

15. C’est aux communistes de développer et de soutenir toute lutte de résistance contre les tentatives de faire payer la crise par les victimes. En même temps, nous avons un important débat idéologique à lancer, le débat sur la faillite du système capitaliste et sur la supériorité du projet socialiste.

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16. Les communistes consacreront toutes leurs forces pour être en première ligne de la lutte des travailleurs, de la paysannerie, petite et moyenne, et des indépendants. La période à venir sera pleine d’opportunités pour faire avancer la cause communiste. Mais la crise n’amène pas automatiquement la lutte. Elle peut aussi la paralyser temporairement ou écraser la révolte par la peur. Il s’agit de travailler avec confiance et patience parmi les masses et de découvrir la créativité et l’esprit de solidarité, car ce seront finalement la classe ouvrière et les autres masses travailleuses qui détermineront le cours de l’histoire.

17. L’important, c’est de construire et de renforcer les partis communistes. Ce sera le facteur décisif pour pouvoir saisir les opportunités qui s’offriront aux peuples et travailleurs dans le futur et pour frayer la voie à une société socialiste, une société sans exploitation ni oppression par le capital.

18. Les communistes intensifieront la collaboration internationale entre partis communistes et développeront une stratégie unifiée contre l’impérialisme, car c’est une condition essentielle pour avancer plus rapidement vers un futur de progrès, de justice et de paix et pour être à la hauteur des tâches qui sont devant nous.

3.2. le capitalisme et la crise écologique

19. Le système capitaliste est un système de production et de consommation qui vise le profit illimité, coupe l’homme de la nature, met en place une logique de domination de la nature et transforme tout en marchandise : l’eau, le sol, le génome humain, la culture de nos ancêtres, la biodiversité, la justice, l’éthique, les droits des peuples, la vie et la mort mêmes.

20. Pendant les 50 dernières années, la température en surface a augmenté au niveau planétaire deux fois plus rapidement qu’au cours du siècle dernier, et elle devrait augmenter encore plus vite dans les décennies à venir. La cause principale en est que l’industrialisation sous le capitalisme a engendré un rejet croissant de CO

2.

Un réchauffement de deux degrés représente pour 20 à 30 % de toutes les espèces vivantes sur terre un risque accru d’extinction. Ce scénario entraînera une forte extension des déserts et des steppes. Et si les rejets de CO2 à l’échelle mondiale ne baissent pas à partir de 2020, la situation peut devenir irréversible…

21. Les pays industrialisés accusent les pays en développement d’être les plus grands pollueurs. Ils ont déjà bâti toutes leurs infrastructures (routes, écoles, logements, hôpitaux. Or les pays du tiers monde se trouvent dans une phase de construction et de développement économique, ils ne pourront bâtir leurs infrastructures s’ils ne peuvent pas dépasser des normes de rejets de CO

2. Quand on calcule le rejet de CO

2 d’un pays entre 1900 et aujourd’hui, divisé par le

nombre d’habitants de ce pays, alors la Chine a un rejet historique cumulatif de 23 tonnes de carbone par personne. Pour la France, le chiffre est de 211 tonnes, pour l’Allemagne de 280 tonnes et pour les États-Unis de 587 tonnes. La plupart des pays industrialisés ont déjà largement dépassé leur « budget historique honnête en carbone »

22. Les capitalistes essaient aussi de culpabiliser la population travailleuse dans les pays

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développés. Or les déchets ménagers récoltés localement représentent seulement 2,5 % du total des déchets américains. Tout le reste consiste en déchets industriels, résidus de matériaux de construction et travaux de démolition et ce que l’on appelle les « déchets spéciaux » comme ceux issus de l’exploitation minière.

23. Le premier consommateur de pétrole du monde est le Pentagone. Officiellement, l’armée américaine consomme chaque jour 320 000 barils de pétrole, un chiffre qui n’inclut pas la consommation des entreprises travaillant sur mandat ni des installations louées ou privatisées, sans parler des énormes quantités d’énergie et de ressources englouties dans la production et l’entretien de son arsenal meurtrier, comme les bombes, les grenades ou les missiles.

24. Toutes ces responsabilités sont esquivées par les gouvernements des pays capitalistes développés. Les États-Unis ont d’abord fait inscrire dans l’accord de Kyoto en 1997, que des dépenses militaires sont exclues de l’accord. Ensuite ils ont même refusé de signer l’accord qui prévoyait en une diminution de rejet de CO

2 vers 2012 avec 5,2 % par rapport à 1990. Et

l’Union européenne n’a pas atteint les normes qui y avaient été fixées. Dans les conférences suivantes à Copenhague et à Cancún, cet objectif a été balayé et ces conférences ont failli à arriver à des conclusions efficaces.

25. Or le temps presse. Le GIEC, groupe d’étude des Nations unies, déclare qu’en 2020, le point de changement de cap dans les rejets de CO2 devrait être atteint. À partir de cette année, le rejet ne pourrait plus augmenter, sinon on risque de subir des dynamiques que l’on ne sait plus arrêter. Mais si l’on veut donner la chance aux pays du Tiers Monde de se développer, les pays industrialisés devraient réduire leurs rejets à eux d’au moins 85 % et, de préférence, de 95 %. Cela requiert un revirement tellement grand dans l’organisation de la société et un planning de l’économie qui est seulement possible dans une société socialiste

26. Les communistes exigent la reconnaissance de la dette climatique historique amassée dans le passé par les pays industrialisés capitalistes. Ils sont conscients de la nécessité de mesures draconiennes en faveur du droit à une existence saine pour l’humanité dans le futur. Des mesures draconiennes qui ne seront pas possibles dans le cadre du capitalisme.

3.3. changement des rapports de force dans le monde : vers un monde plus multipolaire, dans lequel la lutte pour l’hégémonie mondiale va encore être plus dure

27. La crise renforce la tendance au changement des rapports de force sur les marchés mondiaux avec un déclin de la part relative des EU dans le produit mondial brut, la montée de celle des pays émergents comme la Chine, l’Inde et même le Brésil. Le pouvoir économique glisse vers l’Asie et vers la Chine. La Russie se redresse elle aussi et, en Amérique du Sud, quelques pays essaient de collaborer plus étroitement… Les États-Unis se préparent à réagir à la perte de leur position de force. Nous allons avoir un monde plus multipolaire, dans lequel la lutte pour l’hégémonie mondiale va encore être plus dure.

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28. L’aigle blessé (l’économie nord-américaine) L’économie nord-américaine est de plus en plus dépendante des produits fabriqués à l’étranger, et particulièrement dans le Sud. Il en était tout autrement il y a un quart de siècle. En 1973, quasiment tout était produit aux États-Unis mêmes. Aujourd’hui, l’industrie américaine ne produit plus que la moitié des besoins du pays, tandis que les importations de pays en voie de développement assurent plus d’un quart des besoins. C’est la cause de l’énorme déficit commercial des États-Unis, déficit qui approchait 800 milliards de dollars en 2006, soit 6 % du PIB 8. Si cela se passait dans un autre pays, on verrait y débarquer les experts du Fonds monétaire international pour redresser l’économie. Mais tant que les États-Unis peuvent s’appuyer sur leur statut international de superpuissance, ils peuvent compenser ce déficit par un apport de capitaux étrangers. Pour 2006, on estime cet apport à environ 800 milliards de dollars.

29. La dette du gouvernement étasunien monte aujourd’hui (janvier 2011) à 13.950 milliards de dollars, soit 1000 fois la dette de la RDC avant l’annulation de la dette en juillet 2010. Entre 31 mars et 16 mai, cette dette va casser le plafond de 14.500 milliards de dollars que les États-Unis s’étaient imposé. Ou bien il faudra augmenter le plafond ou diminuer la dette. Dans les deux cas, cela annonce une catastrophe économique pour les États-Unis. Des millions de chômeurs risquent d’augmenter les rangs des 17,1 millions de chômeurs actuels.

30. L’Union européenne : du plomb dans l’aile Voilà neuf ans que les dirigeants de l’Union adoptaient à Lisbonne l’objectif avancé par les grands industriels européens : devenir pour 2010 l’économie la plus compétitive au monde. Mais l’Union européenne ne parvient pas à combler l’écart avec les États-Unis. Aux États-Unis, l’âge légal de la retraite est de 70 ans. Un ouvrier y trime en moyenne 1 900 heures par an, contre 1 700 dans l’Union européenne. Les charges sociales n’y sont que de 26 %, contre 40 % dans l’Union européenne, etc. Toutes les tentatives de lancer des plans draconiens pour « rattraper le retard » de différents gouvernements européens, se heurtent à la résistance des travailleurs.

31. Les États européens ont dû s’endetter pour sauver le marché financier, or aujourd’hui ils sont devenus eux-mêmes les cibles du même marché financier. Des fonds de couvertures spéculent sur les dettes des États. La Grèce et l’Irlande sont devenues les premiers États européens qui ont été obligés de demander de l’aide financière et qui sont tombés ainsi sous la tutelle du FMI. Avant ce n’étaient que des pays du Tiers Monde à qui cela arrivait. La première semaine de janvier 2011 les gouvernements français et allemand ont exhorté le Portugal de demander de l’aide à son tour à fin « d’éviter une contagion à l’Espagne voisine ou à la Belgique ».

32. Il s’agit d’une bataille pour la survie de l’euro. En décembre 2010, la Commission européenne avait prévu un fonds de sauvetage pour stopper la spéculation contre les États membres. En janvier 2011 déjà le journal allemand Der Spiegel note : « Les membres de la zone euro devraient s’engager à fournir tous les moyens nécessaires pour défendre la monnaie unique, quitte à dépasser les 750 milliards d’euros déjà mis à disposition ».

33. Au niveau politique et militaire, l’Union européenne s’est élargi les années passées à de

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nouveaux États membres. Cependant, les milieux dirigeants de ces nouveaux adhérents de l’Europe de l’Est sont souvent étroitement liés aux États-Unis. C’est ainsi que l’élargissement de l’Union européenne a aggravé ses contradictions internes. Afin de renforcer son unité, L’UE s’est vue obligée de faire de plus en plus des compromis avec les forces pro-américaines en son sein. Le renforcement de l’OTAN, l’envoi des troupes européennes en Afghanistan, l’unité de Sarkozy et d’Obama dans la question du Côte d’Ivoire, l’attitude hostile contre la Chine… Tout cela sont des exemples du suivisme européen vis-à-vis des États-Unis.

34. Aujourd’hui, la Chine est devenue le premier exportateur au monde. Au rythme de croissance actuel d’environ 10 % par an, son produit intérieur brut dépassera celui des États-Unis avant la moitié du siècle, certains disent avant même 1927. La crise a fait en sorte que la Chine est devenue aujourd’hui le moteur le plus important de l’économie mondiale, après que les États-Unis l’ont été durant 65 années d’affilée.

35. C’est ainsi qu’en 2009, la Chine est devenue la première partenaire commerciale de l’Afrique, au détriment des États-Unis. Cette année, la Chine a également dépassé les États-Unis pour devenir la première partenaire commerciale du Brésil, le plus grand et le plus important pays de l’Amérique latine. En 1995, le Japon exportait trois fois plus en direction des États-Unis que vers la Chine. Mais, aujourd’hui, la Chine est devenue la première importatrice de produits japonais.

36. La Chine est également la première partenaire commerciale de l’Australie, de Taiwan, de la Corée du Sud et de l’Inde. Cela rend la position des États-Unis en Asie nettement plus faible : Taiwan, la Corée du Sud, le Japon et l’Australie étaient des alliés des États-Unis dont le rôle était de tenir la Chine en respect. La Chine est même devenue une plus grande importatrice de pétrole du Moyen-Orient que les États-Unis. Le Moyen-Orient ! – depuis soixante ou septante ans la réserve pétrolière privée des États-Unis !

37. L’Union soviétique démembrée, la Maison blanche a rêvé de réduire la Russie au rang de pays dépendant. Washington a tout fait pour affaiblir la Russie et la déchirer et susciter des guerres séparatistes en son sein – comme en Tchétchénie. Les États-Unis ont étendu l’OTAN jusqu’aux portes de la Russie et l’ont encerclée de bases militaires. Mais la Russie se redresse. Son économie profite des immenses richesses naturelles, comme le gaz naturel et le pétrole, et de nombreux minéraux. Le PIB par exemple a grimpé de 260 milliards de dollars en 2000 à 1.232 milliards de dollars en 2009. La grande bourgeoisie, avec à sa tête Poutine, tente – non sans succès – de rendre à la Russie son statut de puissance mondiale.

38. Le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et depuis décembre 2010 aussi l’Afrique d Sud, forment le « BRICS », les pays des économies émergentes. De nombreuses études démontrent que le développement vigoureux de grands pays du sud suscite une telle demande envers les entreprises des pays industrialisés qu’en fait ils jouent au moteur économique et ils avouent l’effet de la crise.

39. Différentes nouvelles organisations de collaboration économique, politique et même militaire renforcent cette tendance au développement indépendant. En 2001, la Chine concluait une

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collaboration à multiples facettes avec la Russie et quatre républiques de l’Asie centrale, la fameuse Shanghai Coopération Organisation (SCO). L’Inde (plus d’un milliard d’habitants), la Mongolie, le Pakistan et l’Iran y ont demandé et reçu le statut d’observateurs. Lors de leur réunion de juin 2009, ils représentaient ensemble plus d’un tiers de la population mondiale.

40. Depuis 2000 existait un plan visant à mettre sur pied le plus grand marché commun de la planète : « ASEAN + Chine ». Depuis le 1er janvier 2010, cette communauté libre-échangiste géante de près de 2 milliards d’humains est un fait. Impuissants, les États-Unis ne peuvent que regarder.

41. Depuis les années 90 d’éminents stratèges américains comme Zbigniew Brzezisnky et Henry Kissinger ont esquissé pour les États-Unis le scénario le plus grave imaginable : la naissance d’alliances en Asie, autour d’une Chine de plus en plus puissante économiquement (voir encadré). à éviter à tout prix, car, de ce fait, la position dominante des États-Unis allait s’en trouver compromise. La décennie écoulée a fait de ce cauchemar une réalité… Un responsable américain résumait la situation à la fin de l’ère Bush comme suit : “On pourrait dire que la première décennie du 21e siècle a été la dernière décennie du siècle américain. Nous entrons maintenant le siècle multipolaire.”

42. Obama a été choisi et supporté par la grande bourgeoisie américaine pour 1) réparer les dégâts causés par Bush et restaurer vite la domination américaine dans le monde, et 2) au cas où l’unipolarité ne serait plus possible, manipuler la transition vers un monde multipolaire de cette façon que les États-Unis restent la première puissance mondiale.

43. Obama définissait sa politique économique ainsi : « Voyez-vous, Washington nous a dit d’attendre des décennies, même lorsque les problèmes empiraient. Entre-temps, la Chine n’a pas attendu pour renforcer son économie. L’Allemagne non plus n’attend pas. L’Inde n’attend pas. Ces nations ne piétinent pas. Ces nations ne jouent pas pour la seconde place. Eh bien, moi je n’accepte pas de seconde place pour les États-unis. … Il devient temps de devenir sérieux face aux problèmes qui bloquent notre croissance. Nous devons exporter plus de nos produits… Nous devons rechercher de nouveaux marchés de manière agressive, comme le font nos concurrents… Mais cela signifie renforcer les accords internationaux, afin que nos partenaires commerciaux se tiennent aussi aux règles. C’est pour cela que nous continuerons à forger un accord commercial à Doha qui ouvre les marchés globaux. C’est pour cela que nous renforcerons nos relations commerciales en Asie ainsi qu’avec des partenaires clés tels que la Corée du Sud, le Panama ou la Colombie… »

44. En ce qui concerne la politique étrangère et militaire, Obama a caché pendant sa campagne sa vraie position qu’il a montrée après en tant que Président. En 2007 déjà il écrivait : « Aujourd’hui nous sommes à nouveau appelés à fournir un leadership éclairé (visionnaire)… Afin de renouveler le leadership américain, nous devons immédiatement commencer par revitaliser notre armée… Nous devons saisir ce moment afin de reconstruire notre armée ainsi que de la préparer pour ces missions futures. Nous devons préserver la capacité de défaire aisément n’importe quelle menace conventionnelle contre notre pays et nos intérêts vitaux. Afin de renouveler le leadership américain dans le monde, j’ai l’intention de reconstruire les

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alliances, partenariats et institutions nécessaires pour faire face aux menaces communes et renforcer la sécurité commune. »

45. Comme pour affirmer la continuité avec la politique fondamentale du passé, Hilary Clinton déclare le 8 septembre 2010 au « Council Of Foreign Relations », le plus important club en politique internationale : « Et maintenant, après des années de guerre et d’incertitude, les gens se demandent ce que sera l’avenir, ici et ailleurs. Laissez ainsi moi le dire clairement : Les États-Unis peuvent, doivent, et sauront être les dirigeants de ce siècle nouveau... Le moment doit être saisi grâce à un travail dur et des décisions fermes afin de jeter les fondements pour un leadership américain durable pendant des décennies à venir..... Que personne ne s’y trompe. Naturellement, cette administration s’engage également à maintenir la plus grande force militaire de l’histoire du monde ….. Aujourd’hui, nous pouvons dire en toute confiance que ce modèle de leadership américain – qui met en œuvre tout instrument disponible au nom de nos intérêts nationaux – fonctionne – et qu’il permet d’espérer le meilleur dans ce monde dangereux. »

46. Les grandes lignes stratégiques des États-Unis depuis 2000 sont : - encercler l’Iran et la Chine avec des bases militaires et des flottes. - renforcer et réorganise les structures de commandes de l’armée américaine avec entre autres la création d’AFRICOM en 2008. - renforcer l’OTAN et le rôle dirigeant des États-Unis au sein de l’OTAN

47. Depuis son arrivé au pouvoir, en janvier 2009, Obama a continué ces grandes lignes et pris une série d’initiatives à fin de récupérer le terrain perdu sous Bush. Voici une liste non exhaustive : - 18/02/2009 : liste des infrastructures dans le monde qui sont vitales pour les intérêts stratégiques des États-Unis publiée par WikiLeaks (premier pays mentionné sur cette très longue liste : Congo avec une mine de cobalt (Tenke Fungurume ?) - 28/06/2009 : Coup d’État au Honduras - 27/08/2009 : Colombie : installation de 7 nouvelles bases contre le Venezuela (“Why is the Obama administration pushing for these bases, despite having previously criticized Colombia’s human rights record?”) - 14/09/2009 : Obama renouvelle le blocus contre Cuba - 26/03/2010 : provocation autour du bateau de guerre sud-coréen - ? /10/2010 : speech de Michael Battle, ambassadeur américain chez l’Union Africain : Le but de l’Africom est de protéger les intérêts américains pour le pétrole dans le Golfe de Guinée et d’assurer un climat favorable pour les profits et les investissements des sociétés américaines. - 23/11/2010 : provocation autour de l’île coréenne de Yeonpyeong - 03/12/2010 : Obama annonce que Gbagbo doit partir et pousse vers la guerre en Afrique de l’Ouest - 09/01/2011 : Obama a obtenu le referendum sur l’indépendance du Sud Soudan et provoque ainsi une situation de guerre et de somalisation au cœur de l’Afrique.

48. À travers l’année 2010, on voit que l’administration Obama, suivie par l’Union européenne, essaie de commencer une nouvelle guère froide, cette fois contre la Chine. Les incidents provoqués autour du Daila Lama, le prix Nobel pour la paix, les incidents autour des Corées et la propagande contre la Chine qui serait à la base de la crise économique aux États-Unis à

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cause du Yuan trop fort, etc. vont dans ce sens.

49. Or la Chine comme les autres membres des BRICS ont besoin d’un environnement pacifique pour pouvoir continuer à aller de l’avant sur le plan économique et assurer leurs habitants développement et prospérité. La Chine essaie d’éviter la confrontation avec les États-Unis et de freiner son agressivité. Les États-Unis doivent aussi se montrer prudents, car la Chine possède plus d’un cinquième de la dette extérieure des États-Unis.

3.4. les tâches des communistes

50. La crise est grave, les tensions montent dans le monde. Le danger de guerre, les mouvements autoritaires et militaristes dans les pays industrialisés montent. Mais en même temps augmentent le nombre d’opportunités pour le mouvement communiste de jouer son rôle d’avant-garde. Au séminaire du mouvement communiste Internationale de mai 2009, la déclaration commune des partis signataires concluait en ce qui concerne les taches de communistes dans ce monde en crise avec les points suivants :

51. Les communistes ont un important débat idéologique à lancer, le débat sur la faillite du système capitaliste et sur la supériorité du projet socialiste. Ils doivent fermer également l’échappatoire du marché libre ’contrôlé’ ou ’régulé’, version sociale-démocrate de l’apologie du système. Leur critique vise le système économique et pas seulement les ’exagérations’, les ’abus’ ou la ’cupidité des banquiers’.

52. En même temps, ils consacreront toutes leurs forces pour être en première ligne de la lutte des travailleurs, de la paysannerie, petite et moyenne, et des indépendants. La période à venir sera pleine d’opportunités pour faire avancer la cause communiste. Mais la crise n’amène pas automatiquement la lutte. Elle peut aussi la paralyser temporairement ou écraser la révolte par la peur. Il s’agit de travailler avec confiance et patience parmi les masses et de découvrir la créativité et l’esprit de solidarité, car ce seront finalement la classe ouvrière et les autres masses travailleuses qui détermineront le cours de l’histoire.

53. L’important, c’est de construire et de renforcer les partis communistes. Ce sera le facteur décisif pour pouvoir saisir les opportunités qui s’offriront aux peuples et travailleurs dans le futur et pour frayer la voie à une société socialiste, une société sans exploitation ni oppression par le capital.

54. Les communistes doivent intensifier la collaboration internationale entre partis communistes et développer une stratégie unifiée contre l’impérialisme, car c’est une condition essentielle pour avancer plus rapidement vers un futur de progrès, de justice et de paix et pour être à la hauteur des tâches qui sont devant nous.

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Chapitre 4 : la révolution nationale démocratique4.1. la domination impérialiste au Congo depuis 5 siècles

4.2. les tâches de la révolution nationale démocratique

4.3. l’importance du parti communiste dans la révolution nationale démocratique

4.1. la domination impérialiste au Congo depuis 5 siècles

1. Pour parler de « stratégie révolutionnaire », il faut d’abord savoir quel est le problème crucial, dominant qu’il faut à tout prix résoudre pour changer fondamentalement la situation marquée par la domination des puissances impérialistes dans la vie politique et économique du Congo.

2. Au Congo, la tâche révolutionnaire déterminante consiste à réaliser principalement l’élimination de la domination économique, politique, militaire et culturelle des puissances impérialistes et principalement des États-Unis, puis de la France.

3. Au Congo, cette domination s’exerce essentiellement par l’intermédiaire de la bourgeoisie compradore congolaise et les bourgeois compradors, agents de l’impérialisme dans la région. Ces bourgeoisies compradores sont des forces antipopulaires qui tiennent leur richesse et leur pouvoir grâce à leur alliance avec une ou plusieurs puissances impérialistes.

4. La même tâche déterminante s’était posée devant le peuple chinois vers les années 1840-1920, lorsque la Chine était devenue une semi-colonie. La tâche de l’élimination de domination économique et politique par les puissances impérialistes a été accomplie par la victoire de la longue guerre de Libération, qui commença en 1924 et s’est terminée victorieusement le 1er octobre 1949.

5. Dans la constitution du Parti communiste chinois, il est expliqué que pour évoluer vers une société sans exploitation de l’homme par l’homme, c’est-à-dire une société communiste, il faut développer les forces productives en Chine. Le PCC estime que pour évoluer d’un pays économiquement arriéré vers un pays avec une économie modernisée comparable aux groupes de pays modérément développés, cela durera 100 ans. C’est-à-dire que cela prendrait jusqu’à 2050 pour sortir le pays de la situation dans laquelle il se trouvait en 1949 et pour jeter les bases pour le développement d’une société communiste en Chine.

6. Mais l’histoire de la Chine est sous plusieurs aspects différente de celle du Congo.

7. Jusqu’au début des années 1800, la Chine avait été un des États les plus puissants de la terre, un État doté d’un pouvoir central fort. L’Empereur de Chine estimait diriger l’État le plus puissant du monde...

8. À l’opposé, le Congo n’a jamais connu un État central puissant, prenant appui sur une classe nationale dominante et puissante. Au Congo, la domination économique, politique, militaire et culturelle par les puissances impérialistes est le problème déterminant, vieux de cinq siècles!

9. Il y a eu d’abord la période de la traite d’esclaves entre 1500 et 1800. Dans cette période

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le mode de production capitaliste a décollé en Europe et cette période a aussi provoqué un « crash » terrible dans le développement de l’Afrique. Le produit intérieur brut (les richesses produites) de l’Afrique a été amputé de 30 % par an. L’Europe, par contre, a gagné dans cette période un « surplus » de son PIB de 30 % par an, grâce à la vente d’esclaves, le développement de la construction navale et du commerce international, amenant le sucre, le coton, le café, produits du travail des esclaves en Amérique vers l’Europe.

10. Le continent a connu dans cette période une perte énorme de population. Les estimations sont que 20 millions de jeunes hommes et femmes africains ont été transportés comme esclaves vers l’Amérique. Si l’on compte la perte en vies humaines à cause de la destruction des activités économiques et des infrastructures existantes et le manque de naissances d’enfants à cause de cette perte, on arrive à des chiffres allant jusqu’à 600 millions de personnes perdus pour l’Afrique, dans cette période. Proportionnellement cela durera encore jusqu’en 2050 avant que la population africaine forme 20 % de la population mondiale comme c’était le cas au milieu du 16e siècle.

11. La période de la domination coloniale a été un long calvaire pour le peuple congolais.

12. Le colonialisme de Léopold II a construit un grand État fortement centralisé au centre de l’Afrique. Or cet État était imposé à partir de l’extérieur et c’était une prison pour la population congolaise. Il n’y avait pas de droits politiques ni syndicaux. Un enseignement unilatéralement orienté vers l’école primaire sans possibilité de faire des études supérieures. Pour se former, un jeune congolais devait entrer dans le système paternaliste qui prévoyait la « possibilité » d’obtenir le statut d’évolué, c’est-à-dire quelqu’un qui « par ses comportements, manifestait un véritable désir d’atteindre un degré de civilisation supérieur ».

13. Si ce colonialisme a effectivement développé les forces productives, créé des entreprises, tracé des routes, organisé l’enseignement de base, c’était essentiellement pour apporter d’énormes profits aux capitalistes belges. Le taux de bénéfice moyen de l’ensemble des entreprises coloniales est estimé à 30 % pour la période allant de 1950 à 1955, et celui des sociétés minières même à 50 à 60 %. En 1928, la valeur des actions congolaises s’élevait à 26 % de la valeur totale des sociétés cotées en bourse. En 1955, celle-ci a atteint les 44 %.

14. La classe ouvrière congolaise a été formée dans un bref délai par la force. Le nombre de Congolais salariés a évolué de 47.000 en 1917 à 543.957 en 1939. La guerre constituait un excellent prétexte pour pousser le système du travail forcé à l’extrême : en 1944, le Congo comptait 691.067 salariés, ce qui correspond à une augmentation de 150.000 unités dans une période de 5 ans.

15. Les Congolais étaient expulsés des meilleures terres, confisquées et données aux grandes sociétés coloniales. Les impôts introduits par l’État colonial étaient aussi une manière d’obliger les Congolais à chercher du travail dans les compagnies coloniales. En 1940, un ouvrier devait travailler trois à six mois par an pour payer l’impôt direct et acquérir un certain pouvoir d’achat supplémentaire.

16. Le système de cultures obligatoires introduit depuis 1917 était encore une autre façon de forcer les Congolais à devenir des ouvriers. En 1937, on estimait le nombre de chefs de famille concernés par ce système à 700 000.

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17. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les cultures obligatoires ont été multipliées à l’extrême. La surface obligatoire destinée au coton est passée de 70 000 hectares en 1933 à 375 000 hectares en 1944. Entre 1939 et 1944, la surface où il fallait obligatoirement cultiver des palmiers s’est agrandie de 18 000 à 35 000 hectares. Pour le riz, elle est passée de 50 000 à 132 000 et pour le manioc de 157 000 à 340 000 hectares.

18. En 1924, un ouvrier de l’Union minière coûtait 8 000 à 9 000 francs par an, tandis qu’il rapportait 50 000 francs. En 1956, les 25 000 Blancs employés dans la colonie gagnaient presque autant que la totalité des 1 200 000 ouvriers noirs. Le revenu de ces 25 000 Blancs était également comparable au revenu de l’ensemble de la population rurale, c’est-à-dire d’à peu près 10 millions de personnes. Selon des chiffres exacts, 22 % du revenu national étaient destinés aux 25 000 Européens, 24 % aux 1 200 000 salariés congolais et 28 % étaient répartis sur l’ensemble de la population rurale. Un ouvrier noir gagnait à peu près 9 000 francs par an, tandis qu’un salarié blanc percevait en moyenne 400 000 francs.

19. En 1960-1965, l’indépendance fut confisquée et les défenseurs de l’indépendance, des lumumbistes assassinés en 1961 jusqu’aux rebelles mulélistes et simba en 1965, furent réprimés dans le sang. Des estimations comptent dans cette période un nombre de victimes allant de 300.000 à 1.000.000. Le système colonial était remplacé par le système néocolonial. Or la dictature néocoloniale était encore plus féroce que l’ancien colonialisme. Au lieu d’investir pour augmenter la production, l’impérialisme a diminué ses investissements et a commencé à soumettre le Congo à une exploitation de pillage, où l’on ne fait que prendre, sans investissements réels.

20. Quatre mécanismes ont détruit les infrastructures laissées par le colonialisme : 1) L’État néocolonial était laissé en dette depuis 1960. L’argent investi dans les années 60 et 70 dans des projets appelés « éléphants blancs », c’est-à-dire des projets énormes, mais pas rentables comme le barrage de Inga ou l’aciérie de Maluku, l’a été en majorité sous forme de crédit. Depuis 1983 le Zaïre était devenu un exportateur net de capital : les remboursements du principal et les paiements des intérêts, dépassaient le déboursement des prêts accordés. Entre 1983 et 1987 le Zaïre remboursait ainsi 830 millions de dollars en plus de ce qu’il recevait via le crédit extérieur. 2) L’évolution des prix des matières premières et des produits finis, en d’autres mots des produits d’exportation et d’importation du Zaïre, a évolué dans la période entre 60-97 d’une façon très négative pour l’économie du Zaïre dans le temps. Vers le bas pour l’exportation et vers le haut pour l’importation. En 1986, par exemple, le Zaïre a ainsi enregistré une moins-value de ses recettes d’exportations estimée à 400 millions de dollars, une somme égale à la moitié des recettes de l’État, à cause de ces évolutions des prix de produits d’exportation et d’importations, fixés sur les bourses à Londres, Paris, Bruxelles et New York. 3) La dette a été employée par le Fonds Monétaire International pour imposer une politique libérale en fonction des intérêts des grandes multinationales. Sous prétexte d’améliorer le climat d’affaires, les multinationales doivent pouvoir se comporter comme en territoire conquis. L’État doit tout faire pour servir ces multinationales et garantir des bénéfices maximaux. Nous voyons toujours cette politique à l’œuvre, anno 2010 avec le chantage de First Quanstum et FreeportMcMoran, deux grandes multinationales occidentales qui refusent la révision de leurs contrat léonins qu’ils avaient su imposer dans une période que le Congo se trouvait avec le dos contre le mur, victime d’une guerre d’agression et ensuite d’une tutelle internationale. 4) En quatrième lieu, l’économie congolaise a été détruite par le maintien au pouvoir d’une classe de bourgeois très corrompus sous la direction de Mobutu. En 1985 la Banque Mondiale notait : que 21 % de toutes les importations dédouanées l’étaient en franchise. « L’allocation des devises se fait de façon arbitraire et partisane et sert en partie à des opérations spéculatives. Les recettes de l’État sont systématiquement

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surestimées, les dépenses sous-estimées, la majeure partie des revenus provenant du commerce en gros (...) et des revenus locatifs échappent à l’impôt », etc. En 1982, Blumenthal, un banquier allemand envoyé par le Fonds Monétaire Internationale pour améliorer la gestion de la Banque centrale, écrivait dans son rapport définitif que, vu la gabegie et la corruption massives par la classe mobutiste, il n’y avait « aucune chance que les créanciers pourraient un jour voir leur argent ». En dépit de cela, entre 1982 et 1989, le FMI a accordé au Zaïre le triple de ce qu’il lui avait accordé entre 1967 et 1982, la période sur laquelle Blumenthal avait enquêté. Ce fait démontre la complicité totale de la classe mobutiste compradore et l’impérialisme.

4.2. Les tâches de la révolution nationale démocratique au Congo

21. Le peuple congolais a depuis le début de la domination impérialiste résisté. Cette résistance a eu plusieurs formes et elle a eu plusieurs dirigeants. Quand, au terme de la première vague de la guerre d’agression américano-rwando-ougandaise, Laurent Kabila a prononcé deux discours majeurs sur les Comités du Pouvoir Populaire, en janvier et avril 1999, beaucoup pensaient qu’il était juste en train d’improviser. Laurent Kabila avait pourtant à juste titre ramené une idée maîtresse du Conseil National de Libération qui a mené une guerre révolutionnaire de résistance en 1964-1965.

22. Dans le programme du 5 avril 1964, le CNL avait formulé ses objectifs comme suit : « Restaurer la souveraineté populaire ; reconquérir l’indépendance nationale, rétablir la liberté et la démocratie nationale, restituer le patrimoine et la richesse nationale au peuple souverain et aux travailleurs, établir un gouvernement révolutionnaire, national et populaire. » L’idée du pouvoir national et populaire existait déjà dans le maquis de Pierre Mulele, en 1964-1968, où les villages libérés, étaient dirigés par un... Comité du Pouvoir Populaire !

23. Pour atteindre ses objectifs, le CNL a défini sa ligne politique dans des termes que l’on retrouve de manière récurrente chez le camarade Laurent Kabila, depuis son discours du 17 mai 1997 jusqu’à son assassinat : « Dans la politique intérieure : briser l’emprise du joug impérialiste des États-Unis afin de permettre une vie nationale libre et démocratique et de garantir l’unité territoriale et administrative du Congo. » « Sur le plan économique et social : garantir et augmenter le niveau de vie des masses, développer l’économie nationale basée sur des expériences scientifiques en cours dans le monde (c’est-à-dire, les pays socialistes), une production nationale planifiée et contrôlée, ouvrir les portes de la connaissance et de la culture à tous les enfants du peuple sans distinction de sexe. »

24. Dans son discours sur le CPP, Laurent Kabila a insisté sur deux choix fondamentaux. Premièrement : garder le vieil État répressif au service des intérêts étrangers ou créer un État indépendant au service du peuple congolais ? Deuxièmement : maintenir une économie orientée vers l’exportation, dominée par les multinationales, ou construire une économie nationale puissante et décolonisée ?

25. À la première question, Kabila répond : « L’État libre du Congo de Léopold II existait pour récolter du caoutchouc. Le fouet était quotidien. Ils ont saccagé et pillé. Ils sont partis et nous

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avons été traités dans un autre État, avec à sa tête des Congolais, mais c’étaient des agents des puissances étrangères. La mission de cet État était de punir toujours, partout. Sous Mobutu, le pays avait un État anti-citoyens, un État dont la mission était de protéger les intérêts étrangers. Le résultat a été l’extrême pauvreté partout, une économie saccagée et extravertie. (...) Cet État compradore n’a que trop duré. Il a créé une culture, des habitudes dans le domaine de la production, de la pensée, dans le comportement des citoyens. »

26. Créer un appareil d’État, fondamentalement différent de ce que le Congo a subi entre 1885 et 1997, est une tâche ardue qui prend beaucoup de temps. Le concept clé est une rupture radicale avec le passé. Dans son discours, Kabila a parlé très clairement sur ce point : « Le 17 mai 1997, le pouvoir était détenu militairement par ceux qui ont été applaudis par les masses, qui ont traqué les derniers bastions du pouvoir déchu de Mobutu ».

27. Kabila a déclaré : « Il est nécessaire de créer un État populaire, un État du peuple, un État qui pense d’abord et avant tout aux intérêts du Congo. Maintenant, nous devons organiser les gens pour qu’ils prennent leur destin en main. Organiser le peuple signifie le mobiliser et le mettre au pouvoir. Les CPP, c’est le peuple organisé dans les organes du pouvoir de l’État populaire, il exerce la gestion directe des affaires publiques à tous les niveaux du gouvernement, poursuivant un seul but : être le maître incontesté de son destin. Vous n’avez pas d’autre maître. Le peuple est le seul maître. »

28. Deuxièmement : l’État populaire, radicalement opposé à l’État néo-colonial, a pour principal objectif la décolonisation économique du Congo, la construction d’une économie nationale forte, la création d’une société juste et sans exploitation. « Nous devons créer une nouvelle économie pour notre pays. C’est l’objectif de l’État du peuple. Le moment est venu de bâtir une économie nationale florissante. Nous devons produire des véhicules nous-mêmes. Où est notre industrie lourde ? C’est la mission de l’État de la population, la mission du peuple organisé en Comités du Pouvoir Populaire de créer une économie forte pour nous faire respecter. Donc, notre mission est de créer une industrie nationale. Lorsque nous sommes arrivés, il fallait le faire. Les CPP doivent être compris comme un gigantesque mouvement patriotique national. La coalition congolaise autour d’un idéal très noble. Nous allons créer une société nouvelle, juste et prospère, grâce à une stratégie : la mobilisation de tout le peuple autour de la reconstruction nationale. »

29. Laurent-Désiré Kabila est resté toute sa vie dans la ligne de la lutte du peuple pour l’indépendance, le socialisme et la paix. Ce credo révolutionnaire, il le chante dans son Hymne des Opprimés : « Le CPP est la lumière des ouvriers et des paysans, et de tous les autres peuples opprimés. Il n’y a aucun doute sur la destruction de l’exploitation et sur la création d’une société juste. » Kabila est donc la voix des exploités et des ouvriers et paysans opprimés, dont le but est de « supprimer l’exploitation » de l’homme par l’homme, qui dans la littérature marxiste, est appelé « la création d’une société juste socialiste ».

30. Grâce à la mobilisation du peuple congolais à travers les CPP et à travers un front panafricain où les gouvernements de l’Angola, de la Namibie et du Zimbabwe ont joué un rôle important, Laurent Kabila a réussi à stopper l’agression rwando-ougando-américaine et, en décembre 2000, est même parvenu à obliger les gouvernements du Rwanda et de l’Ouganda à conclure

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des accords bilatéraux pour le retrait de leurs troupes. Mais le 16 janvier 2001, Mzee Kabila a été assassiné. Les nationalistes congolais ont été obligés de passer à une stratégie défensive et les CPP ont été abolis deux ans plus tard.

31. A ajouter : démasquer le gauchise stérile anti-Kabila. « les CPP étaient une affaire mobutiste, c’était ne belle nettoyage quand c’est disapru »

4.3. L’importance du parti communiste dans la révolution nationale démocratique

32. Pourquoi cette forme de démocratie populaire n’a-t-elle pas pu survivre ? Dans le monde de la « mondialisation » impérialiste d’aujourd’hui, une entreprise « privée » comme General Electrics a des actions d’une valeur de 782 milliards de dollars. Or en 2009, la RD Congo avait un produit intérieur brut d’environ 11 milliards de dollars, soit 1,4 % des actions d’un multinational américain. Dans ce monde, décider d’une démocratie efficace pour les masses signifie faire un choix de classe contre l’impérialisme. Veut-on maintenir une démocratie où le pouvoir de l’argent, le pouvoir de l’ancien État néo-colonial et les interventions étrangères directes et indirectes décident du résultat des élections ? Ou bien décide-t-on d’organiser une nouvelle démocratie, qui donne aux masses, aux pauvres, les moyens effectifs d’imposer le choix de la majorité écrasante ? Il est impossible de faire ce dernier choix et de donner une orientation résolue à cette lutte sans un parti marxiste d’avant-garde.

33. Le PRP de Laurent Kabila était un tel parti marxiste. Mais depuis les années quatre-vingt, en raison de la répression sanglante contre le maquis de Fizi Baraka, ce parti a été décapité. La majorité des cadres avec lesquels Laurent Kabila avait dirigé ce parti communiste, ont été assassinés. Lorsque la guerre de libération a commencé en octobre 1996, les événements se sont succédé si rapidement pour Laurent Kabila, avec d’importantes tâches immédiates comme la gestion de la guerre et de l’État qu’il était impossible pour lui de reconstruire son parti. Mais la démocratie populaire des CPP ne pouvait être atteinte de manière durable sans un parti qui aurait interprété la ligne développée par Laurent Kabila à travers la critique des anciennes croyances et attitudes héritées de 37 ans de néo-colonialisme.

34. Un travail éducatif à long terme aurait été nécessaire pour permettre aux idées de Kabila de pénétrer à tous les niveaux des CPP. Laurent Kabila en personne a joué le rôle d’état-major de la lutte de classe et du front au Congo, un rôle habituellement occupé par un parti tout entier. Cela a été très clair quand, après la mort de Mzee Kabila, il ne s’est trouvé aucune force œuvrant activement pour la poursuite et l’approfondissement de la démocratie populaire. Le fait qu’aujourd’hui il y a un parti communiste qui s’est fondé est donc d’une signification très importante. Cela rendra possible que la démocratie populaire des CPP, défendue par Mzee Kabila, pourra devenir au courant des années à venir de nouveau une réalité, mais cette fois-ci une réalité durable.

35. Dans le temps des CPP, il y avait des gens qui pensaient que les CPP, c’était le parti de Mzee Kabila. D’autres pensaient que les CPP allaient remplacer les partis politiques. Ce sont deux interprétations que Mzee lui-même a tenu à contredire : « Le CPP, ce n’est pas un parti politique. J’ai dit que c’est le peuple organisé et structuré, c’est un grand rassemblement de

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tous les Congolais patriotes conscients, poursuivant un seul but : être les maîtres indiscutables de leur destin. Vous n’avez pas de maître. Le peuple est seul maître. (…)Nous ne sommes pas contre les partis politiques. Ils ont la liberté d’expression et de parole. Mais le jugement, c’est le vôtre. »

36. Il faut donc éviter l’amalgame entre parti révolutionnaire et organisation des masses et en même temps il faut ne pas opposer le parti révolutionnaire aux organisations des masses. Le Parti ne peut pas remplir ses tâches sans le travail dans les masses et sans organiser les masses dans des organisations de masse. Mais cela ne veut pas dire que le Parti devrait être dissous dans l’organisation de masse.

37. Lénine se battait contre cette confusion : « Il n’est pas permis de confondre le Parti, avant-garde de la classe ouvrière, avec toute la classe. (…) en vertu de quelle logique a-t-on pu, du fait que nous sommes un Parti de classe, conclure qu’il ne fallait pas faire de différence entre ceux qui appartiennent au Parti et ceux qui s’y rattachent ? C’est le contraire qui est vrai : étant donné les différents degrés de conscience et d’activité, il importe d’établir une différence dans le degré de rapprochement vis-à-vis du Parti. Nous sommes le Parti de la classe, et c’est pourquoi presque toute la classe doit agir sous la direction de notre Parti, doit serrer les rangs le plus possible autour de lui. Mais ce serait du « suivisme » que de penser que sous capitalisme presque toute la classe ou la classe tout entière sera un jour en état de s’élever au point d’acquérir le degré de conscience et d’activité de son détachement, d’avant-garde, de son Parti. Sous le capitalisme, même l’organisation syndicale (plus primitive, plus accessible aux couches non développées) n’est pas en mesure d’englober presque toute, ou toute la classe ouvrière. Ce ne serait que se leurrer soi-même, fermer les yeux sur l’immensité de nos tâches, restreindre ces tâches, que d’oublier la différence entre le détachement d’avant-garde et les masses qui gravitent autour de lui, d’oublier l’obligation constante pour le détachement d’avant-garde d’élever des couches de plus en plus vastes à ce niveau avancé. Et c’est justement agir ainsi que d’effacer la différence entre les sympathisants et les adhérents, entre les éléments conscients et actifs, et ceux qui nous aident. » (Un pas en avant, deux pas en arrières)

38. Devient membre d’un parti communiste, celui qui veut se former et s’engager en tant que communiste, c’est-à-dire en tant que membre d’un parti qui veut changer toute la société selon le programme politique et de l’idéologie de la classe ouvrière. Il a une conscience et un sens de discipline élevés.

39. Devient membre d’une organisation de masse, tout qui veut participer à une lutte partielle qui fait parti de la révolution nationale démocratique. Des luttes partielles sont, par exemple, la lutte pour l’émancipation de la femme (organisation des femmes), les jeunes, les villageois ou les habitants d’un quartier qui se battent pour résoudre les problèmes qu’ils vivent au quotidien, la lutte syndicale des ouvriers, etc.

40. La maturation politique se fait différemment dans le parti que dans les organisations de masses. Dans le parti cela se fait à travers la combinaison entre la pratique dans la lutte de classes et la formation théorique dans le marxisme. Dans l’organisation de masse, cela se fait surtout à travers la pratique de la lutte.

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41. Les décisions se prennent aussi différemment. Dans les organisations de masse, la démocratie de base est plus importante. Dans le parti communiste, les décisions sont prises selon les principes du centralisme démocratique, qui conviennent plus aux tâches complexes de politique et de tactique du parti.

42. Les communistes doivent savoir travailler dans les deux types d’organisations sans faire la confusion et en respectant les caractéristiques spécifiques de ces deux types d’organisation : le parti et les organisations de masse. Tout en sachant que l’outil principal pour diriger la révolution nationale démocratique c’est le Parti.

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Chapitre 5 : Analyse de classe de la société congolaise

5.1. le camp de l’ennemi du peuple congolais : impérialisme et bourgeoisie compradore

5.2. le camp du peuple congolais : prolétariat, paysannerie, petite-bourgeoise et bourgeoisie nationale

Introduction

1. Dans toute société divisée en classes sociales, toute révolution ou contre-révolution se fait par des classes déterminées contre d’autres classes déterminées. (Il faut faire une distinction entre origine de classe et position de classe. Une personne peut avoir une autre position de classe que son origine. Par exemple Friedrich Engels était issu d’une famille de la grande bourgeoisie allemande, or il a choisi de prendre la position de classe de la classe ouvrière.)

2. Depuis cinq siècles, il y a des mouvements révolutionnaires congolais pour préserver ou pour arracher l’indépendance nationale dans le domaine politique et économique. Et depuis 1960, il y a eu trois révolutions pour instaurer le pouvoir populaire en arrachant l’indépendance politique et économique : la révolution muléliste de 1964-65, la révolution du PRP initiée en 1967-1977 et la guerre de libération dirigée par l’AFDL en 1996-97.

3. Alors : quelles classes sociales peuvent participer à une véritable révolution nationale et démocratique au Congo ? Observons les différentes classes sociales. Mais pour éviter toute confusion, il faut faire une distinction entre « l’origine de classe », « la situation de classe » et « la position de classe ». - L’origine de classe renvoie à la classe ou la couche sociale dont on est issu. - La situation de classe est une donnée matérielle, objective. La société est divisée en classes sociales sur base de la place que les individus occupent dans le processus social de production, sur base de leur rapport avec les moyens de production. Sous le capitalisme, il en découle deux classes antagoniques, la bourgeoisie et la classe ouvrière. À côté de cela, il y a les paysans et les couches intermédiaires ou de transition, dite de la petite bourgeoisie. - La position de classe est la position subjective adoptée à l’avantage de l’une ou de l’autre classe. Il s’agit des positions politiques qui sont dans l’intérêt de telle ou telle classe. Tous les membres d’une classe sociale donnée ne défendent pas nécessairement les intérêts de leur classe. Par exemple : il y a des ouvriers syndicalistes qui ont défendu les intérêts de classe de la grande bourgeoisie en trompant les syndicalistes et en combattant la lutte de la classe ouvrière. Et l’inverse existe aussi : il y a des fils d’industriels, des familles bourgeoises qui nt chois le camp de la classe ouvrière et qui sont devenu des grands dirigeants communistes comme Marx et Engels.

4. Ce type d’analyse doit être fait à partir de la réalité, des chiffres et des faits à tous les niveaux : au niveau national, et régionale, dans chaque territoire. L’analyse de classes est la base pour faire de la politique : qui est l’ennemi principale, qui est l’avant-garde, où se trouve la masse de la révolution, quels sont nos alliés durables et les alliés temporaire, quels sont les ennemis qu’il faut neutraliser en ne pas les provoquant etc… quels mots d’ordre et attitude envers chaque classe et groupe ?. Il faut rompre avec la pratique, datant de la période mobutiste, de faire de la politique sur base de pseudo analyses simplistes et gauchistes basées sur des insultes et des généralités comme « ce sont des voleurs », « LA petite-bourgeoisie », etc…

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5.1. le camp de l’ennemi du peuple congolais : impérialisme et bourgeoisie compradore

5. L’ennemi principal de la révolution nationale démocratique, ce sont les grandes multinationales occidentales et les gouvernements américains et européens qui considèrent la RDC comme leur chasse gardée et les richesses naturelles de la RDC comme leur propriété privée.

6. Barclays Capital est la Banque qui s’est renforcée à travers la crise de 2008 en reprenant la fameuse société financière « Lehman Brothers ». Barclays Capital avait en 2008 un chiffre d’affaires de 2.779 milliards de dollars. En 2009 le revenu de la Banque était de 31 milliards de dollars. La banque fait le commerce des obligations des Banques centrales des gouvernements américain et européen. Bref : c’est un représentant du grand capital anglo-américain. Le 14 octobre 2010, cette Banque fait un briefing avertissant le monde des finances internationales que « la plus grande menace pour les intérêts géostratégiques des sociétés minières dans le monde vient de la RDC ». La Banque prend la défense de ses alliés, des sociétés comme Freeport McMoran, qui est propriétaire de la plus grande mine en RDC, Tenke Fungurume. Et aussi First Quantum, une société canadienne qui mène une vraie guerre contre la RDC, car elle a vu échapper des grands bénéfices à cause de la résiliation de son contrat par le gouvernement congolais.

7. Ce type de société vise avant tout le secteur minier (cuivre, cobalt, etc.). Ils cherchent des bénéfices comme dans le temps colonial (entre 30 et 50 %)8. Elles s’en foutent du sort du peuple congolais et elles sont capables de mettre toute la région à feu et à sang pour obtenir leurs objectifs.

8. Un autre type de sociétés capitalistes sont le groupe de capitalistes qui n’ont jamais quitté le Congo, depuis l’époque coloniale. Le groupe Forrest, Damseaux, Bralima, Unibra, Tabacongo/Rothman Corp., BAT Congo… Aussi ces sociétés ne cherchent pas le bien-être du peuple congolais, mais bien les bénéfices. La preuve en est donnée encore récemment avec la décision du ministre de l’Économie nationale d’amender quatre de ces sociétés (Damseaux, Socimex, Congo Futur, Taba Congo) pour une somme de 60 millions de dollars pour avoir imposé des prix exorbitants en dehors du cadre légal. (Radio Okapi, 4 novembre 2010) Ce deuxième groupe de capitalistes est lié avec le capital international et en même temps est le plus proche avec la bourgeoisie nationale. Damseaux par exemple, est vice-président de la fédération des entreprises congolaises (FEC).

9. Le capital international vise au Congo avant tout autre chose la consolidation et l’augmentation de leurs bénéfices en RDC. Pour cela ils exigent au niveau économique l’application d’une politique de privatisation aveugle et complet de sociétés d’État congolaises et des ressources de la RDC. Via le FMI et la Banque mondiale, ils essaient d’imposer cette politique. Et depuis 2006 il est devenu clair que le FMI n’est rien d’autre qu’un syndicat qui défend les intérêts des grandes multinationales occidentales et qui emploi l’arme de la dette pour faire du chantage et contrecarrer chaque dynamique économique indépendante en RDC ; notamment via le contrat chinois et la politique des cinq chantiers.

� Dansledocument“Deliveringtruevalue”,delasociétéAstradaMinerals,datantdu6mars2006.Cettesociété(l’ancienneAmericanMineralFields)sevantequeleprojetdeFirstQuantum,dontAstradadétient8%desactions,donneraitunretourde29,2%paran.Pourles8%desactionsprivilégiéesdétenuesparAstradaMinerals,lasociétéprometunretourde40,4%.

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10. Au niveau politique le grand capital international et ses gouvernements américains et européens ont deux stratégies qui sont parfois complémentaires et parfois contradictoires. La stratégie la plus agressive est celle de la balkanisation et la pression maximale sur les autorités congolaises. Cette stratégie est décrite par Steven Metz (1996), Marina Ottaway (1999) et Jeffrey Herbst et Greg Mills (2009). Cette stratégie vise à long terme le contrôle politique total sur l’État congolais. En effet, pour faire des bénéfices comme dans le temps colonial, il faut avoir un appareil d’État complètement contrôlé par le grand capital international. Ottaway et Metz on décrit dans leurs textes que le but de la balkanisation n’est pas le déchirement comme tel de la RDC, mais que c’est bien la recherche des hommes politique ou de force politique qui est à la hauteur pour gérer un ou plusieurs États qui permettent un contrôle total de l’économie en Afrique centrale par le grand captal international.

11. Une deuxième stratégie qui est parfois complémentaire, parfois en opposition avec la première, est celle de l’infiltration de l’appareil d’État congolais et qui use des formes de tutelle directe sur l’État. Cette stratégie semble moins agressive que la première. Dans le sens que l’on respecte officiellement la souveraineté de l’État congolais, mais dans les faits on installe toute sorte de formes d’ingérence politique, militaire, etc.

12. La période de la guère d’agression (1998-2003) était la période dans laquelle la première stratégie dominait. La période de 2003-2006 est la période dans laquelle la deuxième stratégie prévalait. Qu’une stratégie prévalait dans une période ne veut pas dire que le capital international avait renoncé totalement à l’autre stratégie. Par exemple, dans la période 2003-2006, il y a eu aussi des menaces de nouvelles guerres d’agression par exemple en 2004. Et à l’inverse : dans la période de la guerre d’agression, les États-Unis ont imposé l’accord de Lusaka et la MONUC, qui visait à installer l’ingérence politique et de tutelle militaire.

13. Dans la période 1990-1996 on peut même dire que les deux stratégies ont été en même temps employées. Il y a avait en même temps une pression maximale sur Mobutu avec rupture des la coopération bilatérale et avec le FMI et la Banque mondiale. Et en même temps il y avait une tentative de créer une nouvelle classe politique pour préparer l’après-Mobutu.

14. En général nous pouvons constater que jusqu’à présent ces deux stratégies ont échoué et que l’État en RDC n’est pas l’État que le grand capital international veut au Congo. C’est-à-dire un État qui garantit la stabilité et les bénéfices maximums pour le grand capital. Aujourd’hui, le grand capital international est même dextrement inquiété par la présence de la Chine et le développement des relations avec les pays émergents (Brésil, Inde, Chine). Cela risque une trop grande autonomie de l’État congolais. Ce qui explique des commentaires de ces milieux en panique, comme celui cité de Barclays dans le paragraphe 5 de ce chapitre. Cette situation rend le grand capital international plus agressif et à la recherche d’une formule qui permettrait le contrôle total sur les ressources congolaises à travers un État complètement sous leur contrôle.

La grande bourgeoisie compradore et bureaucratique africaine et congolaise.

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Cette classe se divise au Congo en trois groupes :

15. Primo : Les marionnettes de l’impérialisme américain dans la région : Museveni et Kagame. C’est eux qui ont exécuté le plan de balkanisation américain et mené la guerre de 5 ans. Ce plan a échoué provisoirement et ils ont été obligés d’opter pour une stratégie moins agressive. Mais ils continuent à poursuivre les mêmes objectifs : la réalisation d’un marché libre sous contrôle des États-Unis dans la région dans lequel l’Ouganda ou le Rwanda serait le carrefour et le centre. Notons aussi qu’il existe une grande rivalité entre ces deux gouvernements et que Museveni joue pour le moment un rôle important pour les Américains au Soudan.

16. Secundo : Il y a l’aile de la classe mobutiste qui mène de l’opposition contre Jospeh Kabila et/ou est prêt à s’allier à tout le monde, aussi des agresseurs du pays, à fin de reconquérir leur paradis perdu. Bemba, Ngbanda, Tshisekedi et autres sont dans cette catégorie. Ce groupe se présente souvent comme le meilleur allié de l’impérialisme américain (Nkunda a fait plusieurs fois des déclarations dans ce sens en 2008) or il est parfaitement capable de lancer un ton anti-impérialiste comme l’a fait Bemba pendant la campagne électorale ou comme le fait Ngbanda dans son réseau sur internet. On se rappelle Mobutu, l’assassin de Lumumba, s’exclamant : « Je déclare Lumumba Héros national ». Le thème de congolité dans lequel on attaque le Président congolais, Joseph Kabila, comme un étranger, instrument d’une domination étrangère sur la RDC, est aussi exemplaire du degré de démagogie.

17. Tertio : Il y a l’aile de la classe mobutiste qui s’est infiltrée dans l’État congolais aujourd’hui et dans l’Alliance pour une Majorité présidentielle avec le programme de reconquérir le pouvoir et de retourner sous l’influence exclusive des gouvernements américains et/ou européens. Dans cette catégorie se trouve de gens comme Kengo Wa Dondo et Vital Kamerhe. Mais très probablement aussi des gens comme Kamitatu, Mbusa Nyamwisi, Thambwe Mwamba, Endundo, etc.

18. Cette bourgeoisie compradore et bureaucratique a toujours tiré ses « richesses » de sa fonction d’intermédiaire pour l’impérialisme et de son contrôle sur l’appareil d’État néocolonial. La grande bourgeoise s’enrichit par sa fonction de relais des puissances impérialistes qui « organisent » le sous-développement. Elle ne peut jamais se dresser contre les multinationales qui lui permettent de s’enrichir sans effort...

19. Depuis l’indépendance, un des phénomènes les plus marquants de la vie politique est la recomposition à intervalle régulier de cette grande bourgeoisie néocoloniale. Depuis 1960, des individus créent des partis ou trament d’intrigues ou mêmes font des guerres ou des coups d’État pour s’emparer de postes dans l’appareil d’État, postes qui leur permettent de s’enrichir par les détournements, les combines, le trafic d’influence, etc. Ils s’enrichissent aussi en tant qu’intermédiaires pour les entreprises commerciales et industrielles des grands pays impérialistes. Des conflits d’intérêts entre ces grands bourgeois et candidats à la grande bourgeoisie sont inévitables. Le parti du prolétariat doit étudier ces contradictions pour en tirer profit. Pour cela il faut suivre deux principes : 1) isoler l’ennemi le plus dangereux et principal et faire le plus que possible des alliances tactiques pour battre les ennemis principaux. 2) En même temps il ne faut jamais oublier la nature de classe et le double programme de ces bourgeois compradors et savoir que celui qui aujourd’hui est un allié, pourrait être demain un ennemi.

5.2. Le camp du peuple congolais : prolétariat, paysannerie, petite-bourgeoise et bourgeoisie nationale

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20. Les estimations démographiques vacillent entre 65 millions jusqu’à 72 millions de Congolais (Wikipedia). 60 % de la population congolaise a moins de 20 ans, il s’agit donc de 39 millions à 43 millions de jeunes. L’exode rural a gonflé les villes : Kinshasa (8 millions d’habitants), Lubumbashi (1,5 million d’habitants), Kisangani (0,7 million d’habitants), Mbuji-Mayi (2 millions d’habitants), Kananga (1,1 million d’habitants), Mbandaka (0,7 million d’habitants), Bukavu (0,3 million d’habitants), etc. Si on ajoute à cela les nombreuses personnes déplacées qui sont estimées à 2,1 millions de Congolais et toutes les autres villes, on peut dire que 1/3 de la population congolaise vit en dehors de la campagne, 2/3 dans les zones rurales.

21. 63 % de la population, donc entre 40 et 47 millions de Congolais sont actifs dans l’économie. 40,8 % de cette population active le serait en milieu urbain (entre 16 et 19 millions). 68 % seraient actifs en milieu rural (entre 27 et 32 millions).

22. L’économie formelle est organisée comme suit : - 53 % du produit intérieur brut est réalisé dans le secteur primaire : agriculture, pêche, bois, chasse, etc. ( 39 %) + mines (14 %) - 13 % dans le secteur secondaire : manufacture, construction, électricité et eau. - 32 % dans le secteur tertiaire : commerce, transport et communications, administration publique…

23. 70 % de la population active serait active dans le secteur informel (entre 28 à 33 millions) c’est-à-dire autour de 28 à 33 millions. Il s’agit d’activités qui sont soustraites au contrôle de l’État et qui remplacent souvent la perte de boulots et d’activités dans l’économie formelle.

Le peuple congolais est aussi divisé en classes :

La bourgeoisie nationale.

24. La Chine a subi de longs siècles de domination par l’Empereur et par la classe des propriétaires fonciers. Dans ces conditions, la jeune bourgeoisie chinoise qui voulait rompre avec la féodalité a été révolutionnaire à certains moments de l’histoire. Sun Yat Sen fut un grand révolutionnaire bourgeois qui a soulevé en 1924 les masses pour la lutte armée contre le régime féodal et réactionnaire. Certaines fractions de la bourgeoisie nationale sont restées anti-impérialistes. En Chine, lors de la guerre contre l’occupation des fascistes japonais, une partie de la bourgeoisie nationale chinoise s’est jointe au Parti communiste pour combattre les agresseurs.

25. Au Congo, une partie de la bourgeoisie nationale aspire à rejoindre la grande bourgeoisie. C’est un mouvement constant depuis 1960. On a déjà signalé le fait que cette bourgeoisie nationale congolaise est sous forte influence du grand capital international, via les Damseaux et les Forrest. Dans son ensemble, la bourgeoisie nationale congolaise n’a donc pas la force ni la détermination ni le degré d’organisation pour faire une véritable révolution anti-impérialiste. Mais il est vrai qu’une fraction de cette classe a soutenu le mouvement populaire révolutionnaire en 1964-65.

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Aussi pendant la période 1997-2001, une fraction de la bourgeoisie nationale et même du grand capital international a appuyé la direction révolutionnaire de Laurent Kabila.

26. La révolution algérienne a été dirigée par une bourgeoisie nationale farouchement anticolonialiste qui a dirigé une guerre du peuple contre l’occupation française. Cette guerre a coûté un million de victimes. Mais même cette bourgeoisie nationale algérienne, qui a dirigé une des luttes armées les plus larges et les plus dures pour arracher l’indépendance, n’a pas pu mener une politique radicalement opposée à l’impérialisme et, sous la pression, les complots et les intrigues de ce dernier, elle s’est « rangée » dans l’ordre de la démocratie néocoloniale... Il doit y avoir des alliances avec cette bourgeoisie pour renforcer le camp de la révolution nationale et démocratique, camp dirigé par le prolétariat. Mais les révolutionnaires doivent garder leur autonomie et chercher avant tout à renforcer d’une façon adaptée leurs positions pour pousser la révolution démocratique bourgeoise en avant vers la révolution nationale démocratique, afin d’empêcher que cette « révolution démocratique bourgeoise » se transforme dans une nouvelle dictature néo-coloniale.

La petite-bourgeoisie Nous pouvons distinguer deux groupes au sein de la petite-bourgeoisie : l’élite et la masse.

D’abord sur l’élite :

27. Sous Mobutu il y a une classe d’intellectuels qui a été formée, mais qui était fortement encadré dans un système féodal maffieux. Ils ont ainsi appris à employer tous leurs capacités et leurs connaissances pour servir leur seigneur et protecteur Mobutu ou un ou autre baron mobutiste et/ou à se positionner pour le combat pour obtenir des postes dans l’appareil d’État d’où ils cherchent d’accumuler du capital pour devenir des grands bourgeois compradore.

28. Sous Kabila père et fils, nous avons vu des éléments de la petite-bourgeoisie, souvent venus de l’exil, sans organisation révolutionnaire, sans idéologie révolutionnaire et sans discipline, obtenir de hautes fonctions dans l’État. Certains ont volé comme les mobutistes jadis et sont devenus de véritables « bourgeois compradors ». Il y en a qui par amertume et mécontentement ont choisi le camp de la réaction en utilisant le mensonge, l’intoxication et la trahison complète.

29. D’autres éléments de la petite bourgeoisie étaient nationalistes, mais n’avaient aucune connaissance des révolutions qui ont bouleversé le Tiers Monde, ils n’étaient pas organisés et ils n’ont pas été capables de contribuer à la conscientisation des masses et à leur organisation. Au contraire, ils ont contribué à affaiblir et à miner le mouvement nationaliste révolutionnaire, ce qui a facilité l’assassinat du 16 janvier 2001...

30. La masse de la petite bourgeoisie fait partie de la grande masse du peuple congolais. Il faudra chercher des chiffres du nombre d’étudiants universitaires, des diplômés, des métiers indépendants et des cadres dans l’État. On peut dire qu’un grand nombre de jeunes sont à la recherche de connaissances, et des possibilités d’augmenter leurs capacités à fin de contribuer au développement et au bien-être en RDC.

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31. Une enquête a eu lieu parmi 800 étudiants dans 11 universités à qui l’on a posé 120 questions sur comment ils voient l’avenir et quelles sont leurs sources d’inspiration.9 Plus que 80 % de ces étudiants voient la RDC en 20 à 25 ans avec une situation économique et politique satisfaisante. Ils voient en ordre de priorité comme source d’inspiration et exemples à suivre : Laurent Kabila, Patrice Lumumba, Joseph Kabila et Nelson Mandela. Aujourd’hui le combat pour gagner des intellectuels et des cadres pour la révolution est important. En d’autres mots, c’est une force progressiste importante et une source pour les futurs cadres du parti. Dans ce sens le parti doit développer un programme d’action à l’égard de la masse d’étudiants surtout. Les professeurs et académiciens progressistes sont des alliés importants dans ce travail. La mise sur pied d’un programme pour installer des bibliothèques, pour organiser l’étude, des cours en histoire, en politique et en sciences, etc. est à développer.

La paysannerie.

32. C’est la classe qui a le plus souffert de la colonisation et du néocolonialisme. Elle souffre de la pauvreté, de l’ignorance et de l’arriération culturelle et technologique. Souvent elle survit dans des zones enclavées sans beaucoup de moyens de transport. Cela veut dire aussi qu’elle n’a pas accès au marché pour vendre ses produits. En plus elle est souvent et surtout à l’Est terrorisée et exploitée par des milices.

33. Cette population n’accepte pas son sort et exige un changement au niveau de ces problèmes : l’enclavement, le manque d’accès à l’eau, le manque de vendre ses produits, le manque de soins de santé et d’enseignement.

34. La paysannerie est trop éparpillée, non organisée à cause de ses conditions de travail et de lutte. Elle travaille avec des techniques extrêmement arriérées et elle n’a pas une vision sur le développement scientifique et économique moderne. Elle ne peut diriger la révolution nationale contre l’impérialisme jusqu’à la victoire. Mais dans chaque mouvement révolutionnaire authentique au Congo, depuis la lutte pour l’indépendance en 1960 et depuis la guerre populaire pour la « deuxième indépendance » initiée en 1964-65 par Pierre Mulele, cette classe s’est mobilisée et a lutté avec héroïsme. Sa force c’est son nombre.

La classe ouvrière

35. La seule classe qui peut diriger au Congo une révolution de l’ampleur et de la profondeur de la révolution anti-impérialiste, est la classe ouvrière encadrée par des intellectuels qui ont choisi le camp de la classe ouvrière et des masses populaires et qui ont assimilé les leçons des grandes révolutions nationalistes et socialistes.

36. Où se trouve la classe ouvrière en RDC ? Elle se trouve partout où il y a des activités salariées dans le secteur de l’industrie et des services, que ce soit dans le secteur du transports, des mines, des constructions ou ailleurs.

� “RDCongo.Paysdel’avenir”livreouvert2010,parProfesseurLucReychleretJeanMigaboKalere,universitéscongolai-sesetInternationalPeaceResearchAsocciation(IPRA),UniversitédeLeuven.

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37. La classe ouvrière congolaise est directement exploitée par le capitalisme. Le capitalisme constitue la première formation sociale et économique qui a développé la productivité humaine à une échelle gigantesque. La classe ouvrière fait donc directement face à la classe exploiteuse moderne qui a créé les forces productives les plus avancées de l’histoire. E RDC c’est la classe ouvrière qui se trouve en face des sociétés comme Freeport McMoran et cie.

38. La classe ouvrière est une force organisée par les capitalistes qui lui apprennent, dans les usines et entreprises, la discipline et l’organisation. La classe ouvrière comprend facilement qu’on pourrait organiser la production industrielle, non plus au profit d’individus, mais au profit de tous les travailleurs, de toutes les masses populaires du pays.

39. La classe ouvrière vise à détruire le système d’oppression et d’exploitation capitaliste, avec la détermination de développer à un rythme supérieur le progrès scientifique et la productivité humaine, mais cela dans des conditions radicalement différentes. Elle est la seule classe qui est capable de voir l’intérêt de toute la nation et de comprendre les objectifs à long terme de la révolution nationale démocratique et de ne pas rester enfermée dans ses intérêts immédiats à court terme.

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Chapitre 6 : la phase actuelle de la révolution nationale démocratique, le programme général de communistes et les élections

6.1. D’où vient la RDC et où elle se trouve aujourd’hui ?

6.2. La phase actuelle de la révolution nationale démocratique et le programme général des communistes.

6.3. Quelles forces politiques existent aujourd’hui au Congo ?

6.4. Quelques réflexions à l’occasion des élections qui auront lieu en 2011

6.1. D’où vient la RDC et où elle se trouve aujourd’hui ?

1. Entre 1885 et 2006 la RD Congo n’a connu que deux très brèves périodes de souveraineté réelle. C’est sous le gouvernement Lumumba entre le 30 juin et le 14 septembre 1960 et entre le 17 mai 1996 et le 2 août 1998 sous le gouvernement de Mzee Kabila.

2. Depuis les élections en 2006 la RDC a reconquit une grande partie de sa souveraineté politique, mais le pays reste toujours soumis à une certaine tutelle et ingérence économique et politique de la part de la « communauté internationale » qui est dominée par l’impérialisme étasunien et européen, à travers l’action du FMI, de la Banque Mondiale et du MONUSCO.

3. Après 75 années de colonialisme, 36 années de dictature néocoloniale, 5 ans de guerre d’agression, 7 années de tutelle partielle sur le pays et après tant d’années de lutte pour la liberté du peuple congolais, le rapport du PNUD (programme des Nations-Unies pour le développement) note qu’en 2007 le produit national brut (PNB) était de 9 milliards de dollars. Cela fait 0,69 % du PNB de toute l’Afrique. Or la RDC occupe 7,7 % de la surface de l’Afrique et la population congolaise forme 6,9 % de la population africaine.

4. Le budget du gouvernement congolais a évolué comme suit : de 1,8 milliard d’euros en 2008, 2,9 milliards d’euros en 2009 et 5,6 milliards d’euros en 2010. C’est une évolution importante vers le haut, or il faut se rendre compte que cela implique des moyens très très faibles que le gouvernement congolais peut dépenser. Si l’on compare avec la population, cela implique que le gouvernement a en 2010 la possibilité de dépenser 81,6 euros par Congolais pour construire des routes, payer les fonctionnaires, les soldats, financer les secteurs de l’agriculture, l’enseignement, la santé, etc.. Par contre : le gouvernement rwandais dispose de 104 euros par habitant en 2010, le gouvernement français dispose de 4.050 euros par habitant. Les États-Unis ont 8.645 euros par habitant.

5. Mzee L.D. Kabila disait toujours : « nous avons le malheur d’être assis sur des mines et des

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richesses » En effet, c’est à cause de son positionnement stratégique et de ses richesses naturelles que les périodes de souveraineté réelle ont été très brèves et rares en RDC et que la souveraineté y est très difficile à sauvegarder.

6. Nous prenons les deux citations suivantes comme preuve. 1°) William Mennen , ancien Sous-Secrétaire d’État américain en 1965 : « La première et peut-être la plus importante donnée de base sur le Congo est que ce pays est le cœur géographique et stratégique de l’Afrique. Ce qui se passe au Congo exerce le plus grand impact sur tous ses voisins et le reste de l’Afrique. Pour ces raisons le contrôle du Congo a été et demeure le point d’appui cherché par beaucoup. Les États-Unis sont intéressés par tout ce qui se passe au Congo. » 2°) Bill Richardson, envoyé spécial du Président Clinton pour l’Afrique centrale, en 1998 : « La République démocratique du Congo est d’une importance stratégique capitale pour les États-Unis en Afrique. La RDC offre d’immenses possibilités au niveau de son développement économique et d’investissements américains : elle concentre sur son territoire 13 % des réserves mondiales hydro-électriques, 28 % des réserves mondiales de cobalt, 18 % des réserves mondiales de diamant industriel, 6 % des réserves mondiales de cuivre, de la terre agricole fertile et, enfin, la moitié de la forêt tropicale en Afrique. »

7. C’est pour dire que les défis de défendre la souveraineté de la RDC, de gagner la paix totale et définitive et de réaliser un développement économique important garantissant une prospérité réelle pour la population, sont des défis énormes et cela demande une lutte de longue haleine qu’il faut mener avec un grand sens de réalité et de compréhension pour les rapports de forces avec nos convoiteurs à chaque étape.

6.2. La phase actuelle de la révolution nationale démocratique et le programme général des communistes.

8. Ensemble avec la chute de l’apartheid, la révolution du 17 mai 1997 est un mijlpaal dans l’histoire du continent africain. Dans un contexte très défavorable pour la révolution au niveau mondiale, a un moment qu’après le renversement du socialisme en Union Soviétique, certains prêchaient la victoire définitive du capitalisme sur le socialisme, l’impérialisme a reçu deux grands coups de massue dans son système néo-coloniale en Afrique. La chute de la dictature mobutiste a annoncé une nouvelle ère, l’ère de la révolution nationale démocratique. Les différents systèmes politiques qui ont existés depuis lors (le gouvernement révolutionnaire du Président Laurent Désire Kabila, le gouvernement nationaliste du 16 janvier 2001 à 2003 du Président Jospeh Kabila, le gouvernement d’union nationale sous tutelle internationale de 2003 à 2006, le gouvernement nationaliste depuis 2006,) sont tous supérieue du point de vue de l’anti-colonialisme et de la démocratie à la dictature mobutiste.

9. La révolution nationale démocratique veut obtenir l’indépendance, la souveraineté et la démocratie populaire que Mzee Kabila défendait. C’est une révolution qui oppose au tribalisme et régionalisme, l’esprit panafricaniste et internationaliste. C’est une révolution qui veut développer les moyens de production en RDC et en finir avec le simple rôle de fournisseur de matières premières au profit des impérialistes. C’est enfin la révolution qui poursuit le but d’une société sans l’exploitation et l’oppression de l’homme par l’homme.

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10. Le combat pour la révolution nationale démocratique est un combat de longue durée qui se place dans un contexte historique et mondial. Après la chute du socialisme en Europe de l’Est, les prophètes du néocolonialisme se trouvaient dans l’euphorie de la victoire. Mais c’est justement dans ces années qu’ils doivent essuyer deux graves revers en Afrique. En 1994, en Afrique du Sud, le régime de l’apartheid est aboli et le mouvement de résistance ANC gagne les élections. Et au Congo, le 17 mai 1997, Mobutu est chassé du pouvoir et Laurent Kabila devient président. Ces deux évènements ne signifient pas la victoire définitive dans la lutte pour la vraie indépendance et la démocratie en Afrique. Mais ils constituent des avancées considérables dans cette voie. Deux États néocoloniaux ont été renversés et ont du subir des grandes changements, qui ont rendu possible plus de libertés politiques pour les peuples sans pour autant remplir les attentes en ce qui concerne travail, améliorations des conditions de vie, paix, etc.

11. Dans ces conditions, le défi stratégique à moyen terme, c’est-à-dire pour les années à venir, le programme général des communistes pourrait consister à faire (re)vivre l’esprit de la démocratie populaire, des CPP pour changer les rapports de forces avec l’impérialisme et préparer le terrain pour l’avènement d’un vrai État de démocratie populaire. L’esprit des CPP c’est l’idée que le peuple n’est plus un observateur passif, mais peut devenir l’acteur de son destin. C’est en prenant en main les problèmes auxquels on est confronté quotidiennement que l’on peut mûrir politiquement. C’est en s’organisant que le peuple peut participer au combat pour la paix, le maintien de l’unité du pays, la formation d’une armée qui est du côté du peuple, les cinq chantiers, etc.

12. Le proverbe dit « le mieux est souvent l’ennemi du bien ». C’est-à-dire que l’idéalisme, la poursuite de la pureté et le moralisme mènent bien à des critiques faciles que l’on peut faire dans la marge et dans des petits groupes, mais qui n’apportent rien à la lutte de classes et au changement de la société. Au contraire, ils affaiblissent les forces progressistes et donnent de la munition aux forces conservatrices. Ce que l’opportunisme de gauche à en commun avec l’opportunisme de droite c’est l’impatience de la petite-bourgeoise qui refuse le travail difficile et lent de changer les rapports de forces. Les gauchistes refusent ce travail en niant les rapports de forces et en mettant en avant des mots d’ordre qui isolent les communistes de la grande majorité, qui multiplient les ennemis et qui finissent par faire écraser l’avant-garde par la réaction. Les opportunistes de droite refusent le même travail en capitulant pour les forces de la réaction et en limitant les mots d’ordre au suivisme du programme de l’impérialisme.

6.3. Quelles forces politiques existent aujourd’hui au Congo ?

13. Pour changer les rapports de forces, il faut agir en fonction de la conscience de la grande majorité des Congolais. Comme toutes les révolutions qui ont eu lieu dans le monde, la révolution congolaise se fera aussi en front uni avec des forces qui correspondent à chaque étape à la conscience de la grande majorité de la population congolaise. Quelles forces politiques existent aujourd’hui au Congo ?

14. Il y a d’abord les pêcheurs en eaux troubles. Ces forces jouent sur la division, le manque

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de confiance en soi et l’impuissance du peuple congolais. Les pêcheurs en eaux troubles, nostalgiques de la dictature mobutiste, qui sont prêts à tout pour renverser l’ordre existant. Car cet ordre existant les gêne comme il est fondé sur la chute de leur paradis sous Mobutu. Leur seul but c’est de regagner leur paradis perdu et de pouvoir s’asseoir à la table du pouvoir et se remplir les poches. Pendant la campagne électorale en 2005-2006, il y a eu une campagne de haine qui prônait la « congolité » c’est-à-dire l’idéologie chauvine, diviseur du peuple congolais et africain. Pour inculquer cette haine dans la population, la fantaisie pour trouver des thèmes d’intoxication contre Joseph Kabila était inépuisable. Ainsi, il y a eu des témoins qui savaient que Joseph Kabila n’était pas le fils de son père, ni le mari de sa femme ni le père de sa fille. On a vu circuler des photos truquées sur lesquelles on pouvait voir Joseph Kabila comme garde de corps de Kagame, etc.

15. En même temps, ces forces négatives se présentent comme l’avant-garde du marché libre de l’Occident et les pires ennemis d’une nouvelle alliance de la RDC avec la Chine et d’autres pays émergents.

16. Que ces forces négatives emploient parfois une démagogie pseudo nationaliste, voir même gauchiste ne peut pas tromper. Comme les nazis qui s’appelaient aussi « nationaux-socialistes », Mobutu se disait aussi « lumumbiste et nationaliste ». Toutes les forces de gauche devraient prendre leur distance avec le sinistre Honoré Ngbanda qui, comme ses maîtres et anciens professeurs de la CIA et du Mossad l’ont appris, n’hésite pas à se présenter comme un anti-impérialiste qui « dénonce » les intrigues impérialistes en lançant de l’intoxication et des mensonges de bas étage contre Joseph Kabila.

17. Ensuite il y a le large front autour de la personne de Joseph Kabila : L’assassinat de Mzee Kabila a été un coup très dur pour la révolution nationale démocratique. Joseph Kabila qui a pris la relève à la tête de l’État a choisi pour une orientation défensive que l’on peut résumer comme suit : « faire des concessions pour sauver l’essentiel et avancer lentement mais sûrement vers une vraie indépendance et un développement économique réel ».

18. On peut discuter beaucoup sur cette stratégie, mais les faits sont qu’aujourd’hui on est plus avancé qu’en 2001 et que personne n’a fait mieux. La guerre de balkanisation de la RDC a échoué, le pays est réuni, la RDC a accepté une période de tutelle internationale, mais aujourd’hui la RDC a regagné sa souveraineté, limitée c’est vrai par le FMI et les pressions des gouvernements occidentaux. Mais ces limites à la souveraineté n’ont pas pu empêcher l’alliance avec les économies émergentes comme la Chine, ni une politique de défense et la reconstruction d’une armée sans tutelle, comme les États-Unis et l’Union européenne poursuivent. En effet, selon les gouvernements occidentaux la réforme de l’armée a échoué, car le gouvernement congolais n’a jamais accepté de mettre sous tutelle la direction de FARDC et les postes de commandement. En attendant cette mise sous tutelle internationale, les différents gouvernements occidentaux essaient d’infiltrer au maximum les rangs des FARDC à travers des programmes de coopération militaire bilatéraux. Mais il s’agit ici d’une stratégie à défaut de pouvoir imposer la tutelle complète sur les FARDC.

19. Le résultat de cette politique est donc une RDC dans laquelle les forces négatives sont perdantes et les forces constructives s’efforcent à contribuer à l’installation et au renforcement

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