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Roscoff, ville fantôme Mis à jour : 28/01/2011 Page 1 R R R O O O S S S C C C O O O F F F F F F , , , V V V I I I L L L L L L E E E F F F A A A N N N T T T Ô Ô Ô M M M E E E ! ! ! *********************************************************************************** Par IsaBeau De Lorraine sur une idée originale de Chris Breizh

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Roscoff, ville fantôme Mis à jour : 28/01/2011

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RRROOO SSSCCC OOO FFFFFF,,, VVVIIILLLLLLEEE FFFAAANNN TTTÔÔÔ MMM EEE !!!

***********************************************************************************

PPaarr IIssaaBBeeaauu DDee LLoorrrraaiinnee ssuurr uunnee iiddééee oorriiggiinnaallee ddee CChhrriiss BBrreeiizzhh

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A la superbe Ville de Roscoff...

Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne serait que pure coïncidence.

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RROO SSCC OO FFFF,, VVIILLLLEE FFAANN TTÔÔ MM EE !!

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1

ne camionnette banalisée s’arrête sur le parking en centre ville. Il fait déjà nuit,

l’éclairage public diffuse une lumière orangée, noyée dans le brouillard et la fine pluie

de ce mois de Novembre. Pas un bruit dans la ville, pas une fenêtre éclairée, aucun

phare pour trouer l’obscurité en dehors de ceux de notre véhicule. On se croirait vraiment

dans une ville fantôme... Je prends ma mallette tandis que John récupère son Smith et

Wesson, posé à côté de lui. Steph attrape l’imposante lampe-torche et la garde en main.

Nous sortons tous trois du véhicule et nous dirigeons vers l’immeuble situé à droite du

parking. Pas de lumière aux fenêtres, pas d’aboiements de chien lorsque John appuie

successivement sur toutes les sonnettes en quête d’une réponse qui ne vient pas. A l’aide

de la torche, Steph brise un carreau et ouvre la porte d’entrée de l’intérieur. John nous

précède, l’arme en main, dans un hall désert, puis dans l’escalier jusqu’au premier. Nous

nous arrêtons devant la première porte ; John y tambourine à réveiller toute la petite cité...

en vain ! Alors il arme son pistolet et tire dans la serrure, il ouvre la porte d’un grand coup de

pied. Nous pénétrons dans un hall plongé dans la pénombre. Tandis que les deux hommes,

méfiants, font le tour du propriétaire, je pose ma mallette au sol et en sors quelques

instruments. Je me remémore ce coup de fil reçu chez moi, à Paris, le matin même.

Ordre me fut donné de me rendre immédiatement à la gare Montparnasse, une voiture

m’attendait devant la porte. Un véhicule de police stationné devant mon entrée me conduisit

jusqu’à la grande gare parisienne, où à l’accueil je reçus mon ordre de mission et où me

furent présentés mes 2 compagnons : John, le policier, commandant du RAID et Steph,

section investigation des Pompiers de Paris. Deux hommes choisis pour leurs compétences

et leur courage, tout autant que pour leur sens inné du danger et de la sécurité. Notre

mission : nous rendre à Roscoff, Finistère Nord, où depuis ce matin aucun mouvement n’a

été détecté, explorer la ville et trouver la raison de sa transformation en ville fantôme. Les

analyses externes n’ont trouvé aucun poison susceptible d’être à l’origine de ce phénomène.

Voilà pourquoi je suis là, dans ma combinaison blanche, agenouillée sur la moquette de ce

petit appartement, avec un homme armé à mes côtés, tandis que Steph, toujours casqué,

explore encore, en profondeur, les autres pièces.

2

Les analyses faites, nous décidons de changer de quartier et nous dirigeons vers la plage de

Rockroum, au bord de laquelle se dressent un hôtel et un centre de Bien-être. Pas d’hôtesse

à la réception ! Bizarre ! Je prends au hasard quelques clés pour aller visiter les chambres.

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J’en distribue à mes collègues, cela ira plus vite si on s’y met tous les trois ! Soudain Steph

nous appelle, il a trouvé quelque chose d’insolite. Je fonce chambre 5 ; la porte est ouverte

et je découvre une jeune femme allongée sur le lit. Elle semble en catalepsie, et ne réagit à

aucuns stimuli. Steph prend sa radio et appelle immédiatement la section de Secours à

victime des Pompiers de Paris restée à l’extérieur de la ville. Un hélicoptère va venir

récupérer le corps de la jeune femme dont John recherche l’identité. Il trouve enfin son sac à

main et son nom : Nina Simon.

Notre perquisition dans l’hôtel nous permet de retrouver encore 3 corps endormis, qui sont

héliportés au grand hôpital le plus proche, la Cavale Blanche à Brest. Là, tous les examens

possibles seront réalisés afin de comprendre les mécanismes du phénomène survenu à

Roscoff. En attendant les hélicoptères, nous faisons un dernier tour, mais ne trouvons nul

autre indice intéressant. La question qui se pose à moi est la suivante : pourquoi certaines

personnes disparaissent-elles et d’autres (plus rares) tombent-elles en catalepsie ? Le

dernier hélicoptère, celui du SAMU de Brest, ayant décollé, il nous faut penser à prendre un

peu de repos, la journée du lendemain sera encore chargée et je baille à m’en décrocher la

mâchoire sous l’œil narquois de mes deux camarades.

Nous sommes logés à Saint-Pol-de-Léon, dans un petit hôtel en centre-ville prés de la

cathédrale. Nous n’avons rien mangé depuis un bon bout de temps et nos estomacs crient

famine. Nous sommes heureux de trouver un petit snack où nous acheter des sandwichs et

des boissons que nous rentrons déguster dans nos chambres respectives. Nous nous

donnons rendez-vous au petit déjeuner à 7h, le lendemain matin et nous nous quittons sur

un au revoir poli.

3

Au petit déjeuner, nous dévorons de bon appétit, en prévision d'une journée qui risque

encore d'être forte en émotion. Nous retournons à Roscoff, afin de continuer nos

investigations. Plusieurs escouades de la gendarmerie nous accompagnent, car il va nous

falloir fouiller toutes les maisons à la recherche de rescapés tombés en catalepsie. Pendant

que John briefe les gendarmes, Steph et moi retournons à l'hôtel, dans la chambre de Mlle

Simon. De nouveau mon matériel entre en action, et je fais des prélèvements et des

analyses, tandis que mon compagnon fouille une nouvelle fois la chambre, à la recherche

d'un indice qui nous aurait échappé. Mon portable sonne, c'est la Cavale Blanche, ils ont

trouvé dans le sang des victimes un agent pathogène responsable de leur état, mais ne

peuvent encore me dire comment il est arrivé là. Je sais déjà par les analyses que ce n'est

pas par un agent respiratoire. Steph se tourne soudain vers moi et me dit :

- Tiens la jeune femme est allée voir un concert de harpe celtique à l'Église Notre-Dame de

Croas-Batz, nous devrions y aller et peut-être passer aussi à la mairie.

- C'est une bonne idée, réponds-je, appelle John et dis lui de nous rejoindre là-bas, ok ?

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Steph n'a rien trouvé de nouveau, ni moi non plus. Nous sommes sur les dents et fonçons

dans la petite ville jusqu'à la belle église aux caravelles. Nous en faisons respectueusement

le tour, passant devant la mairie et nous décidons d'y aller en premier lieu. La mairie semble

déserte à première vue, mais nous découvrons monsieur le maire endormi derrière son

bureau, en plein travail, les doigts restés sur le clavier. John vient d'arriver avec les

gendarmes qui ont commencé les perquisitions en règle. L'hélicoptère stationné hors la ville

est rappelé pour venir récupérer la nouvelle victime du fléau inconnu.

- Bon, Cindy, me dit Steph, laissons les secours faire leur travail et allons à l'église !

Au moment où nous passons le porche de l'église, résonne à nos oreilles un long hurlement

en provenance de l'intérieur. Je frissonne et Steph me prend le coude pour m'encourager. Je

le remercie d'un sourire avant de pénétrer dans l'édifice. Face à nous : un berger allemand

qui grogne et nous montre les crocs. Je lui parle doucement et il finit par se laisser

approcher, son regard semble plein de désarroi, sans doute cherche-t-il son maître.

- Steph, aides-moi à l'attraper, c'est le seul être vivant que nous ayons trouvé ici depuis notre

arrivée, hier soir ; je veux savoir pourquoi il a échappé à la catalepsie ou à la destruction

cellulaire.

De sa voix douce, il calme le chien et le prend dans ses bras. Je veux l'examiner et faire des

analyses. Je prends mon portable pour demander si le véhicule sanitaire spécial est arrivé.

- Oui, commandant, nous vous l'envoyons immédiatement prés de l'église...

Je suis heureuse de voir que notre enquête progresse et il semble en être de même pour

mon ami pompier. Il porte avec précaution le chien jusqu'au camion blanc qui vient de se

garer et le dépose doucement sur la table d'examen. Je lui demande de le tenir le temps de

lui faire une piqûre pour l'endormir.

- Steph, je vais être occupée par mes analyses un bon bout de temps, tu devrais aller

rejoindre John !

- Ok, Cindy, mais sache que j'apprécie beaucoup ta compagnie, me répond-il avec un

sourire ravageur.

J'ai un pincement au cœur, cela ne fait pas longtemps que j'ai rompu avec mon ex, et cela

m'est encore douloureux.

- Merci Steph, je t'apprécie énormément aussi...

Je baisse les yeux et fais semblant de m'absorber dans mes tâches pendant que le pompier

sort du véhicule. Je fais mes prises de sang et mes examens qui occupent une bonne partie

de la journée. Je me contente d'un cola et d'un sandwich sur le pouce à midi. En fin de

journée, comme la veille, nous rentrons à notre hôtel et après une bonne douche, je

m'apprête à sortir chercher à manger lorsqu'on frappe à ma porte.

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- Pardon, Cindy, j'ai pensé que tu aimerais peut-être diner dehors ce soir, les sandwichs, ce

n'est pas la panacée.

Steph porte un pantalon noir et un pull irlandais qui lui vont à merveille. Je le trouve très

beau avec ses cheveux sombres et ses yeux d'un vert lumineux. Moi, je porte un simple jean

avec un gros pull à col roulé, je ne me sens pas vraiment au top et je rougis.

- Tu es très bien comme ça, Cindy, viens, ne reste pas enfermée dans ta chambre, nous

avons aussi besoin de voir du monde.

Je reconnais la justesse de ses propos et finis par accepter sa proposition. Nous passons

une agréable soirée dans un petit restaurant à la cuisine familiale, avant de rentrer, bras

dessus bras dessous à notre hôtel.

- Je te remercie pour cette soirée, tu avais raison, j'en avais besoin.

- C'est moi qui te remercie, dit-il en caressant doucement ma joue du bout des doigts.

Je prends congé rapidement, le laissant penaud sur le pas de ma porte, et m'enferme pour

rédiger mon rapport sur mon pc portable avant de le crypter et de l'envoyer à mes chefs.

4

Après avoir expédié rapidement notre petit déjeuner, nous voici de retour à Roscoff. Les

gendarmes nous accueillent et nous demandent de les suivre dans un petit salon de thé, où

je découvre 3 personnes qui sont en fait les patrons de l’établissement : Michelle et son mari

Charles, ainsi que le Papet, père de Michelle la boulangère. Tous trois semblent robotisés,

exécutant en boucle les mêmes tâches. Leurs yeux sont fixes, leurs regards concentrés et ils

ne répondent pas à nos questions. Ils ne se sont même pas aperçus de l’entrée des

gendarmes ni de notre arrivée. Décidément le mystère semble s’épaissir de jour en jour !

Les trois personnes sont transportées à la Cavale par hélicoptère pendant que la

gendarmerie mène son enquête dans le salon de thé. Elle relève des traces suspectes à

certains endroits et les analyses que j’effectue à bord de mon laboratoire mobile me

prouvent que cette poussière est faite de cendres humaines. Donc, il y aurait trois

comportements possibles suite à l’infection virale qui semble frapper Roscoff. Une

combustion spontanée serait-elle possible, il faut que je creuse cette piste. Je vais en parler

à Steph, peut-être pourra-t-il m’éclairer de ses connaissances sur le sujet.

Je le retrouve dans les locaux de la police municipale, où il épluche les derniers dossiers. Un

certain nombre de disparitions ont été signalées les dernières soixante-douze heures avant

notre mission. Je lui parle alors de mon hypothèse concernant l’ignition spontanée et lui

demande son avis.

- Cindy, me dit Steph, je pense que c’est possible, j’en ai déjà vu dans mon métier. As-tu

pensé à faire des analyses bio marines, afin de s’assurer que la mer n’est pas contaminée ?

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- Non, alors je prends ma mallette et nous y allons ! Mais par où commencer nos

recherches ?

- Je te propose d’aller au CNRS. Nous pourrons faire les analyses avec leur matériel sur la

plage en bas de la promenade.

Ainsi fut fait, et c’est en descendant sur la plage par l’escalier au milieu de la promenade que

nous découvrons un dauphin décédé échoué sur le sable. Cette découverte me fait penser

que peut-être le mal dont souffre la ville serait en rapport direct avec la mer. Le mammifère

est transporté jusqu’au CNRS où des chercheurs de mon équipe se mettent aussitôt au

travail. En effet, devant l’ampleur de la tâche, j’ai sollicité l’avant-veille l’aide de mes

collègues scientifiques, un Transall de l’Armée des l’Air les ayant acheminés jusqu’à la base

Aéronavale de Landivisiau

Pendant ce temps, Steph et moi décidons de nous rendre sur l’embarcadère pour l’île de

Batz, afin d’avoir une vue globale et étendue de la situation. Le vent fouette nos visages

alors que nous avançons, les mains dans les poches, lorsque soudain je m’arrête, l’oreille

aux aguets. Steph, lui aussi ; s’est figé à mes côtés, il remet son casque et court vers la

plateforme de l’embarcadère. Il attrape à bras le corps une jeune femme qui pleure et

semble vouloir se jeter à l’eau. Un VSAV est demandé, car il fait glacial et la jeune femme

est frigorifiée ; elle claque tellement des dents que nous ne comprenons pas ce qu’elle

cherche à nous dire. En attendant les secours, Steph la couvre de sa veste de pompier et

nous la réchauffons en la frictionnant vigoureusement.

Je ne tiens pas à ce que la seule personne vivante et consciente trouvée dans la ville soit

emmenée à Brest, aussi je décide de la garder auprès de nous dans le véhicule des

pompiers. Nous attendrons demain pour l’interroger, je crois qu’aujourd’hui elle n’est pas

vraiment en mesure de nous livrer quelconque information. Elle est actuellement en soins

avec le médecin du SAMU, au camping « Aux quatre saisons » de Pérharidy.

L’après-midi se termine, il est dix-huit heures et le soir tombe sur Roscoff. Nous rejoignons

notre hôtel, mais je n’ai pas le cœur à sortir ce soir et décline l’invitation de Steph de diner

ensemble. Cependant, il me rapporte de quoi me sustenter et je l’en remercie

chaleureusement. Alors qu’il sort de ma chambre, il se retourne vers moi et me dit :

- Cindy, je ne sais pas pourquoi, mais je me sens bien avec toi.

Je rougis sous le compliment sans trouver quoi répondre. Alors, spontanément, je

m’approche de lui et dépose un doux baiser sur sa joue. Steph me regarde, étonné, mais ne

dit rien, il tourne les talons et s’en va, le sourire aux lèvres.

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Lorsque nous arrivons à Roscoff, le lendemain matin, je me rends en premier lieu au VSAV

afin de rendre visite à notre rescapée. Mais elle dort encore, sous monitoring, et je m’éclipse

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sur la pointe des pieds pour ne pas la déranger. Steph et moi, nous rendons au CNRS afin

de connaître les résultats des analyses faites sur le dauphin trouvé la veille.

-Bonjour, dis-je à la cantonade aux chercheurs penchés sur leurs microscopes. Alors quoi de

neuf ?

- Bonjour ! Me répond l’un deux, venez voir commandant, ce que nous avons trouvé !

Je me penche sur son microscope pour examiner l’objet de son excitation. C’est une bactérie

encore inconnue, de couleur bleue, mouchetée de vert, avec de longs cils très mobiles qui

s’activent sous mes yeux.

- Nous allons la mettre en culture, me dit-il, afin de voir comment elle réagit. Je vous

tiendrais au courant au fur et à mesure des résultats.

- Ok, dis-je, j’espère que cela nous permettra de lever une partie du voile sur cette étrange

affaire.

Steph, resté à mes côtés, jette aussi un œil au microscope, curieux de voir lui aussi la

présumée coupable de la transformation de Roscoff en ville fantôme. Après quoi nous

décidons de retourner voir si notre rescapée est enfin réveillée et prête à nous livrer son

secret. Le médecin nous accueille à notre arrivée et nous confirme le réveil de sa patiente.

- Pouvons-nous la voir, docteur ?

- Oui, mais pas longtemps, elle est encore fatiguée et sous le choc.

Stéphane ouvre la porte du véhicule et s’efface pour me laisser entrer. La jeune femme est

assise sur son lit de fortune, les cheveux en bataille et les yeux hagards, regardant autour

d’elle d’un air perdu. Je m’avance vers elle et me présente à elle, puis lui présente Steph qui

lui sourit. Elle secoue la tête en nous regardant, des larmes plein les yeux. Je m’assieds

auprès d’elle et passe mon bras autour de ses épaules. Je lui demande doucement :

- Comment vous appelez-vous ?

- Roseline, me dit-elle d’une toute petite voix.

- Bonjour Roseline, comment vous sentez-vous aujourd’hui ? Mieux ?

- Je ne sais pas pourquoi vous m’avez sauvée, je n’en peux plus de cette ville abandonnée !

s’écrie-t-elle alors en serrant les poings. J’ai perdu toute ma famille, disparue, sans que je

sache pourquoi, et moi je suis restée seule et vivante. C’était insupportable pour moi, je n’en

pouvais plus !

Je lui caresse doucement le bras, lui souris gentiment pour l’inciter à continuer. Ses yeux

sont voilés de larmes et elle se remet à sangloter sur mon épaule. Steph lui tend un

mouchoir en papier dont elle se tamponne les yeux.

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- J’étais à la maison lorsque mon père, qui appartenait à la police municipale, rentra de son

travail, l’air soucieux. Il nous parla alors des disparitions inexpliquées qui semblaient se faire

de plus en plus nombreuses et du manque de renseignements dont ils souffraient pour faire

une enquête convenable. Le lendemain matin, lorsque je me levais, je m’étonnais de voir

que mes parents n’étaient pas encore levés. Je frappais à la porte de leur chambre, mais

n’obtins pas de réponse. Je poussais la porte, mais il n’y avait personne... Juste un peu de

poussière grise sur le drap blanc. En un éclair, je compris qu’eux aussi avaient succombé au

terrible mal qui dépeuplait ma ville. Je n’ai rien entendu, rien vu, mais je me suis interrogée

sur la raison qui faisait que j’étais encore vivante et eux non. Je me suis rappelée que mon

père et ma mère avaient pris un bain aux algues avant d’aller se coucher, moi je n’en avais

pas pris, préférant un bon bain moussant parfumé à la rose. Voilà, c’est tout ce que je sais.

Roseline ferme les yeux et pousse un gros soupir. Il n’est pas question de la laisser plus

longtemps ici, aussi je demande à Steph de faire en sorte qu’elle soit transférée le plus

rapidement possible à la Cavale Blanche. Ce qu’il fait sur-le-champ ! Un hélicoptère du

détachement des pompiers de Paris se pose quelques temps après sur l’esplanade du

camping et emmène la jeune femme sur Brest.

Les recherches se poursuivent toute l’après-midi et nous sommes sidérés par le nombre de

personnes atteintes par cette fameuse bactérie. Les analyses se continuent au CNRS, sans

donner pour l’instant de résultats probants. De notre côté, Steph et moi nous chargeons des

différents hôtels, examinant leurs registres afin de trouver les noms des clients et leur

numéro de chambre. Travail ô combien ardu, mais nécessaire pour les suites de l’enquête

que nous menions tous avec sérieux et gravité.

Il est plus de 19 heures lorsque nous rentrons à Saint-Pol avec John à qui nous expliquons

notre dure journée. Lui-même n’a pas chômé et nous relate sa journée de travail. Steph

semble fatigué et inquiet autant que John de ce qui vient de se passer à Roscoff. C’est donc

moi qui vais au ravitaillement et leur apporte leur diner dans la chambre de John, où tous

deux, après une bonne douche, confrontent leurs idées, allongés sur le lit. Nous dînons

ensemble, aucun de nous trois ne souhaitant rester seul pour le moment. Une belle

discussion sur l’évolution de l’enquête et les faits constatés, qui nous amène jusque loin

dans la nuit. Steph et moi prenons enfin congé de John, à moitié endormi, et nous éclipsons

sur la pointe des pieds. Mon ami pompier me raccompagne jusqu’à la porte de ma chambre,

il se penche vers moi et effleure mes lèvres d’un doux baiser avant de disparaitre dans sa

propre chambre. Mes doigts caressent ma bouche où les lèvres de Steph ont laissé une

trace enflammée. Je secoue la tête, rentre dans ma chambre et me couche immédiatement,

la tête pleine de rêve.

6

Ce matin, le ciel est clair et pur au-dessus de Saint-Pol, lorsque nous prenons la voiture pour

nous rendre à Roscoff. A peine garés sur le parking, un gendarme arrive au pas de course

pour nous informer de la dernière nouvelle : des oiseaux marins ont été retrouvés inertes,

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flottant sur les eaux. Ils ont été immédiatement emportés au CNRS pour analyse. Mes 2

compagnons et moi-même nous y rendons illico.

Les chercheurs sont comme à l’accoutumée concentrés sur leur travail et lèvent à peine la

tête à notre entrée. Je m’approche de celui avec qui j’ai parlé la veille.

- Avez-vous les résultats des analyses faites sur les oiseaux ? Dis-je en me penchant vers

son microscope

- Oui, nous avons retrouvé la même bactérie, mais celle-ci semble avoir muté ce qui

expliquerait la catalepsie. Les cultures commencées hier ne nous ont encore rien donné, il

faut attendre...

- Pas de problème, dit Steph, la patience, ça nous connaît !

John opine du chef en souriant. Les investigations sont souvent longues et demandent une

infinie patience. Sur ce, nous ressortons et nous dirigeons, après concertation vers le vieux

port. Soudain, un petit garçon court vers nous, en brandissant son lapin en peluche ; il crie et

semble complètement perdu. Steph l’attrape et le prend dans ses bras. L’enfant ‘se débat,

puis se calme et se met à pleurer. Le pompier le berce doucement en lui parlant tendrement,

jusqu’à ce que les pleurs diminuent. Enfin, le garçonnet nous livre son prénom : Axel. Nous

appelons un véhicule de secours et en attendant essayons de bavarder avec l’enfant. Ses

phrases sont entremêlées de sanglots, mais nous comprenons tout de même que ses

parents étaient venus faire une cure et qu’ils ont disparu, le laissant seul et désemparé. Il a

erré dans la ville, n’osant s’approcher des gendarmes dont l’uniforme lui faisait peur. Lorsque

l’ambulance arrive, nous faisons tous un gros bisou à Axel avant de le confier au personnel

compétent, en lui demandant de prendre bien soin de sa peluche. L’enfant conditionné,

l’ambulance prend la route, quand tout à coup, un Rafale de Landivisiau vient frôler la vase

dans le vieux port, la projetant aux alentours. Steph s’inquiète de ce passage au ras du sol,

peu fréquent et interdit dans l’aviation.

- Tu as l’air de bien t’y connaître en pilotage Steph, dis-je, l’air étonné.

Steph semble ne pas avoir capté mes paroles, occupé à surveiller l’avion, qui vient de

toucher la vase dans un vrombissement particulier. John appelle les gendarmes afin qu’ils

viennent à la rescousse du pilote, enlisé au milieu du vieux port. Avec les jumelles de John,

je scrute l’appareil, pour constater que le pilote ne s’est pas éjecté et semble inanimé dans

son cockpit. .Une nouvelle ambulance est demandée sur le port pendant que les gendarmes

et les pompiers délivrent le pilote de son aéronef et s’affairent autour de ce dernier. Cela fait

déjà beaucoup de nouveaux événements pour cette matinée et je commence à avoir envie

de souffler cinq minutes.

Nous retournons au CNRS où nous prenons le temps d’avaler un sandwich et de boire un

café, avant de repartir au travail.

Un hélicoptère de la Marine vient en début d’après-midi récupérer l’avion enlisé avant que ne

monte la marée. Il sera analysé par les experts de l’armée qui nous tiendront au courant de

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leurs résultats. Nous restons à regarder l’hélitreuillage de l’avion de chasse, puis, nous nous

rendons au briefing qui se tient dans la mairie de Roscoff.

Je mets au courant la cellule spéciale des derniers événements. De notre côté, nous

apprenons enfin une bonne nouvelle, le chien découvert dans l’église de Roscoff, et

emmené à la SPA du Léon, a retrouvé son maître parti pour quelques jours chez des amis et

qui n’était au courant de rien. Celui-ci fut affolé en apprenant la nouvelle de la disparition des

membres de sa famille, mais heureux de voir son animal familier sain et sauf.

Après plus de deux heures de réunion, durant lesquelles nous avons fait le point de la

situation, en présence du préfet du Finistère, nous prenons enfin congés des autorités d’une

chaleureuse poignée de main en promettant de les tenir régulièrement au courant des

progrès de l’enquête.

Je n’ai pas envie de retourner immédiatement à l’hôtel et décide de faire un petit tour en bord

de mer, histoire de prendre l’air. Aussitôt, Steph propose de m’accompagner et me prend

familièrement le bras tout en devisant avec moi. John, quant à lui, préfère rester dans la

voiture ! Nous nous arrêtons sur la promenade et nous asseyons sur un banc face à la mer.

J’appuie mes coudes sur mes genoux et réalise soudain que nous n’avons eu aucune

nouvelle de l’île de Batz pourtant presque en face de nous. Demain, notre première tâche

sera d’y envoyer gendarmes et pompiers afin de faire là aussi l’état des lieux. De plus en

plus, je pense que la mer est responsable de ce désastre et que c’est elle qui nous livrera le

fin mot de l’histoire. Steph passe son bras autour de mes épaules et m’attire à lui, je me

détends et pose ma tête sur son épaule. Les yeux fermés, j’oublie pour un moment tous mes

soucis et me laisse bercer par cet instant magique. ¸Mais voilà que le vent se lève, je

frissonne et décide de rentrer sur Saint-Pol-de-Léon.

Dans la voiture, nous restons tous les trois silencieux, plongés dans nos pensées Je suis au

volant et mon regard ne quitte pas la route, malgré mon désir de tourner les yeux vers le

profil de Steph, assis à mes côtés. A l’hôtel, John nous laisse pour aller prendre une douche.

Je me retrouve seule face à mon ami pompier et ne sais quoi lui dire. Il me sourit gentiment

et m’attire à lui, sa main caresse ma nuque et je frissonne, non plus de froid, mais de désir.

Cependant, je préfère rentrer dans ma chambre sous prétexte d’aller aux toilettes et plante là

mon compagnon, une fois de plus désarçonné par mon attitude professionnelle.

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Nous sommes dimanche et pourtant au travail dés 8 heures, nous n’avons pas un instant à

perdre pour élucider le mystère de Roscoff. John, avec une escouade de gendarmes et les

pompiers de Paris, se rendent sur l’Ile de Batz, où la situation n’est guère mieux que dans la

petite cité corsaire. Le ballet aérien des hélicoptères n’arrête pratiquement pas au-dessus de

nos têtes. Au Bourg cependant, John fait la rencontre d’un vieux marin barbu qui, bien planté

sur ses deux jambes, vêtu d’une vieille salopette bleue sous une parka noire, regarde

débarquer tous ces personnels sans s’en émouvoir.

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- Bonjour dit John à l’homme en lui tendant la main, je suis policier, membre du RAID, nous

enquêtons sur les étranges disparitions de personnes dans la région depuis quelques jours.

L’homme lui serre la main et se présente à son tour

- Je m’appelle Roger Legoff, je vis sur l’île depuis ma plus tendre enfance. Je la connais sur

le bout des doigts et justement, du côté de Toul-ar-Zarpant, j’ai ramassé une algue à la

texture inhabituelle, que je n’avais encore jamais vue dans le coin.

- Et où peut-on trouver cette algue, demande John, intrigué.

- Suivez-moi, lui dit Roger en indiquant la direction, de sa canne taillée dans le chêne, j’en

conserve justement quelques échantillons chez moi. Si vous les voulez, je vous les donne.

John suit le vieil homme et la fumée de sa pipe jusqu’à une petite maison à la sortie du

Bourg. L’homme sort une clef d’une de ses poches, ouvre la porte qui grince et fait pénétrer

John dans son logis. Il se dirige vers la cuisine, cueille un bocal sur une des étagères et le

rapporte fièrement au policier à qui il tend sa trouvaille avec un clin d’œil.

- Merci, dit John, cette algue va sans doute nous être d’un grand secours dans notre

enquête. Je vais la faire analyser par les chercheurs du CNRS. Je la fais transporter à

Roscoff par le prochain hélico en partance.

Le vieil homme hoche la tête et propose à John un petit coup de gnôle, que notre policier

refuse bien poliment. Le travail l’attend et il ne peut se permettre de prendre du bon temps

pendant que tous ses collègues s’affairent autour de lui.

De notre côté, Steph et moi, comme à l’accoutumée nous rendons en premier lieu au CNRS

afin d’avoir les dernières nouvelles des chercheurs, qui travaillent par équipes, jour et nuit,

sur la bactérie inconnue découverte récemment. Le Centre bourdonne comme une ruche,

alors que dehors la pluie se déchaîne, frappant inlassablement les carreaux et dégoulinant le

long des vitres. Nous nous asseyons pour lire les derniers rapports et apprendre que la

nouvelle bactérie a été nommée « Blue Ocean ». Les résultats des cultures commencent à

arriver, mais sans pouvoir encore nous révéler les causes de la catastrophe de Roscoff. .

Avant de repartir à l’assaut de la ville, nous buvons un café et bavardons avec les

chercheurs, qui semblent de plus en plus intéressés par cette affaire et ses prolongements

scientifiques. En effet, jusqu’à présent, la catalepsie n’était pas induite, mais commandée par

le cerveau des patients atteints de cette maladie.

Nous décidons de nous rendre sur Brest, pour nous entretenir avec le maire et Mlle Simon,

qui semblent s’être parfaitement remis de leur catalepsie. Un hélicoptère nous récupère sur

le grand parking pour nous conduire jusqu’à l’hôpital de la Cavale Blanche, où un infirmier

nous mène jusqu’au service de virologie. Monsieur le maire, en pyjama, est assis dans le

petit salon, où il nous reçoit très cordialement. Il ne se souvient plus de grand chose, si ce

n’est une soudaine fatigue qui lui a fait fermer les yeux, pour quelques secondes, croyait-il.

La veille, il était allé se baigner, comme il le fait de temps en temps, même en hiver, dans

l’eau claire d’une des plages de Roscoff à marée haute. Son bain fut rapide et revigorant,

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mais il y avait beaucoup d’algues aux alentours. Nous remercions Monsieur le maire pour

ses précieuses indications, avant de nous rendre dans la chambre de Mlle Simon.

Celle-ci est assise sur son lit, en robe de chambre et regarde la télévision, un masque

impassible sur le visage. Je l’interroge sur sa venue à Roscoff, mais elle ne semble pas

décidée à nous dire grand chose. Elle nous regarde à peine, comme captivée par l’écran et

ne répond pas à nos questions. Cette attitude nous semble immédiatement suspecte et

j’appelle alors le policier qui était de faction dans le service. Il me confirme que la demoiselle

a refusé de quitter sa chambre depuis qu’elle est réveillée et ne veut parler à personne.

- Mlle Simon, lui dis-je alors, votre attitude me semble peu correspondre avec celle d’une

personne n’ayant rien à se reprocher. Aussi, pour plus de sûreté, vais-je vous faire placer en

garde à vue, le temps de faire une enquête sur votre compte.

Steph sort les habits de la jeune femme de son placard et lui demande de s’habiller pendant

que nous attendons dans le couloir. Au bout d’un certain temps, je passe la tête par la porte

entrebâillée pour voir si la suspecte est bien habillée. Elle l’est, mais s’est assise sur le lit et

fait mine de ne pas me voir. J’appelle les deux hommes qui viennent aussitôt à ma

rescousse et obligent Nina à se lever et à nous suivre jusqu’au véhicule de police stationné

devant l’accueil de l’hôpital. L’infirmier se chargera des papiers de sortie...

Au commissariat de police, je me connecte à l’ordinateur central pour rechercher des

renseignements sur notre énigmatique détenue. A part sa carte d’identité, elle n’est nulle part

fichée, elle n’a pas de permis de conduire et n’est pas affiliée à la Sécurité Sociale. Nina

Simon est-il vraiment son véritable nom ? Je me pose la question... Je vais faire une

demande pour la passer au détecteur de mensonge et l’interroger sur sa véritable identité.

En attendant la réponse à ma demande, faxée au commissaire divisionnaire, je profite de

ces quelques instants de tranquillité pour rejoindre Steph devant la machine à café, où il

discute avec quelques policiers, dont l’un est originaire de Roscoff. Il connait parfaitement la

ville où il a passé toute son enfance et son adolescence et se propose spontanément pour

nous aider dans nos recherches. Toute aide me semble précieuse, aussi j’accepte bien

volontiers de l’intégrer à notre équipe.

- Bienvenue dans la galère, Fred, lui dit Steph, en lui tapant sur l’épaule. Tu verras, on n’a

vraiment pas le temps de s’ennuyer !

Il est déjà midi et nous commençons à avoir une petite faim. Fred nous propose de prendre

sa voiture et d’aller manger dans une cafétéria toute proche. « La Tarte Citron » se trouve

dans la rue de Siam, et nous y prenons un déjeuner sur le pouce, mais copieux avant de

reprendre le collier. J’apprécie la grande salle à l’étage donnant sur la rue et l’espace « mon

lecteur qui roule » et sa librairie bien achalandée.

Fred redépose sa voiture sur le parking de la police et monte avec nous dans l’hélico qui est

revenu nous chercher pour nous ramener à Roscoff. Pendant le court trajet, Fred nous parle

de son enfance et du Roscoff qu’il a connu, il a dû la quitter en raison de son travail. Une fois

déposés sur le parking du centre ville, nous nous dirigeons de nouveau vers le CNRS, où

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nous attend John, impatient de nous faire son rapport concernant l’île de Batz. Là aussi, ils

ont trouvé beaucoup d’algues, des insulaires en catalepsie et de nombreuses disparitions

inexpliquées. Cependant, John a trouvé un vieux marin qui avait gardé dans un bocal une

espèce d’algue à la texture inhabituelle qu’il lui a confiée pour analyse.

- Les chercheurs sont déjà au travail sur celle-ci, me dit-il, et ils semblent captivés par ce

qu’ils ont trouvé ! Cela fait maintenant une semaine que nous sommes sur les dents, et

enfin, il me semble que nous progressons d’une manière positive dans cette purée de pois.

- Oui, lui dis-je et de notre côté, nous avons enfin une suspecte : il s’agit de la dénommée

Mlle Simon, dont je suis rien moins que sûre que ce soit le vrai nom. Je pense que je

pourrais l’interroger demain sous détecteur de mensonge, pour en savoir plus sur elle.

Laissant les scientifiques à leur travail, nous sortons et allons saluer gendarmes et pompiers

qui se préparent à quitter la ville, tandis que vont se mettre en place de nouvelles équipes.

Pour une fois, il n’est pas trop tard lorsque nous rentrons à St Pol, et nous en profitons pour

aller admirer la cathédrale et les autres monuments de la vieille ville. Au bout d’un moment,

John décide de rentrer à l’hôtel, me laissant seule avec Steph et Fred ; Celui-ci décide de

rentrer chez lui à Landivisiau, et nous dit au revoir sur le quai de la gare où nous l’avons

accompagné. Il nous rejoindra à notre hôtel le lendemain matin. Dès que le policier a tourné

le dos, Steph s’empare de ma main, et dépose un long baiser sur ma paume... Je n’ose

retirer mes doigts de sa main chaude et la lui abandonne bien volontiers. Et c’est donc main

dans la main que nous finissons notre visite éclair de St Pol avant de rentrer à l’hôtel. Steph

me prend la clé des mains et ouvre la porte de ma chambre, puis il entre, dépose le

trousseau sur la commode, m’enlace et m’embrasse à embraser le ciel de Bretagne. Je noue

mes mains derrière sa nuque et lui rends son baiser avec passion. Puis, je le repousse

doucement, et il quitte ma chambre après m’avoir envoyé un bisou du bout des doigts.

8

Fred nous rejoint dans la salle du petit-déjeuner où nous finissons de manger. Il en profite

pour commander un café et un croissant car il n’a pas pris le temps de se restaurer avant de

partir de chez lui. Une fois tout le monde prêt, nous nous engouffrons dans la voiture, et en

route pour Roscoff !

John prend le volant, Fred à ses côtés, qui peste contre son idée farfelue d’avoir laissé sa

voiture à Brest.

- Ne t’inquiète pas, lui dis-je, cela peut s’arranger puisque nous retournons au commissariat

cet après-midi pour l’entretien avec la suspecte.

Il me remercie gentiment avec un petit sourire complice et un regard amical. Une fois la

voiture garée sur le grand parking, nous nous rendons au CNRS où nous retrouvons nos

chercheurs toujours sur le pied de guerre. Ils ont analysé l’algue en provenance de l’Ile de

Batz, et nous annoncent qu’elle semble être la source de notre fameuse bactérie. Voilà enfin

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quelque chose de positif dans notre enquête qui avance à grands pas. Les cultures faites ont

aussi donné leurs résultats, avec plusieurs souches mutantes en fonction du terrain de

culture.

Je me tourne vers John et lui dis :

- Il vaudrait peut-être mieux interdire toute baignade en mer tant que nous n’avons pas

d’autres résultats, je sais bien que l’eau est froide, mais je connais des personnes assez

téméraires pour s’y risquer quand même.

- Je m’en occupe, dit John et vais faire paraître un avis dans les journaux pour en aviser la

population, ainsi que des flashes à la radio et à la télévision.

Il nous quitte alors afin de réaliser sa mission, tandis que Steph, Fred et moi allons voir sur le

port, là où le Rafale est tombé la veille. Il n’y a plus trace de l’accident d’autant plus que la

vase à repris possession du sable. Steph prend son portable et appelle la base de

Landivisiau pour avoir des nouvelles du pilote et de son appareil. L’aéronef est endommagé.

Quant au pilote, il a repris connaissance, mais semble très perturbé par son crash. Il a

annoncé être allé la semaine précédant notre intervention, faire des soins de bien-être à la

thalasso de Roscoff.

- Ah, ah, dit Steph, voilà qui explique son malaise, heureusement comme les pilotes de

chasse ont un organisme résistant, son corps a lutté victorieusement contre la bactérie ! Il

faudrait demander une prise de sang avec dosage et analyse des anticorps ! Je le fais de

suite.

- Bon, dis-je en regardant ma montre, il est temps de demander un hélico pour Brest, le

commissariat a dû recevoir la réponse à ma demande et j’ai hâte d’interroger Mlle Simon.

Cette femme est une véritable énigme, que j’ai bien envie d’élucider !.

Nous retournons sur le parking du centre ville où l’hélicoptère se pose tant bien que mal,

suite à une panne de turbines. Après une tentative de redémarrage, demeurée infructueuse,

nous faisons appel à un second appareil tandis que l’équipage du premier attend les

mécanos.

Enfin, nous nous envolons pour Brest où nous attend une certaine demoiselle. Fred

commence à avoir faim :

- On ne mange pas souvent ici, dit-il en regardant nos corps minces et musclés.

- Promis, lui répond John, on retourne à « La Tarte Citron » avant d’entamer l’interrogatoire.

Ce sera plus agréable de le faire l’estomac plein !

L’hélico nous dépose dans la cour du commissariat où Fred récupère sa voiture et nous

emmène centre Siam pour le déjeuner. Nous nous accordons encore une fois, le temps d’un

repas, un peu de quiétude et de tranquillité en discutant de la panne de l’hélicoptère qui

semble suspecte à première vue. Justement, Fred reçoit au même moment un appel de ses

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supérieurs, lui annonçant que notre appareil avait été saboté. Mlle Simon aurait-elle des

complices ?

- Bon, il est temps d’y aller, dis-je encore une fois à mon équipe. Et nous retraversons la ville

jusqu’au commissariat principal Colbert. L’autorisation d’interrogatoire sous sérum de vérité

est arrivée et je fais appeler le médecin, qui assisté de Steph veillera sur l’état de sante de

Mlle Nina.

Elle nous est amenée, menottes aux poignets, et nous jette un regard hostile, mais ne

daigne pas dire un mot.

Le médecin la fait asseoir dans un confortable fauteuil avant de la mettre sous perfusion.

Steph, pendant ce temps-là, l’a attachée aux accoudoirs du fauteuil. Nous attendons

quelques minutes que le produit agisse, tandis que sont posées les électrodes et que Steph

les relie à l’ordinateur.

Je commence par poser les questions test, auxquelles Mlle Simon répond de mauvaise

grâce. Puis j’entame enfin le véritable interrogatoire.

- Quel est votre nom ?

- Nina Simon ! La machine bipe, réponse fausse !

Je réitère ma question et, avec hésitation, elle me répond

- Élise Charcot. Simultanément l’officier de police judiciaire qui nous était adjoint se rend sur

l’ordinateur central afin de nous fournir des renseignements complémentaires sur la

demoiselle. Je lui demande encore si elle sait quelque chose concernant la contamination de

la ville. Elle me répond qu’elle a juste été chargée de placer des tubes remplis d’un liquide

bleu vert à certains endroits de la ville. Ceux-ci possédaient un système d’ouverture à

retardement. Élise aurait dû quitter la ville aussitôt mais une panne de voiture l’en a

empêchée. Elle s’est alors fait prendre à son propre piège.

L’officier judiciaire revient alors avec un dossier qu’il me tend, celui de la jeune femme. Il

s’agit d’une personne appartenant à un organisme terroriste appelé « Neverland ». Elle est

recherchée par Interpol suite à divers attentats terroristes commis dans plusieurs villes

européennes. Malgré mes demandes répétées, elle semble incapable de me fournir le

moindre renseignement sur qui dirige cet organisme. Mais elle nous apprend que si cet essai

est concluant, il sera étendu aux capitales du monde entier.

Je comprends alors l’urgence et l’enjeu de notre mission : si nous échouons, toute la planète

en souffrira. Les chercheurs du CNRS ont donc une lourde responsabilité, qui est de trouver

un antidote à ce mal inconnu.

L’interrogatoire terminé, Mlle Charcot est ramenée en cellule, sous bonne garde. John et

Fred lisent à leur tour le dossier de la jeune terroriste et sont abasourdis par ce qu’ils y

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découvrent. Il nous reste à mettre Interpol au courant de notre arrestation, à prévenir du

danger latent le préfet du Finistère et à continuer nos investigations.

Fred reprend alors sa voiture pour rentrer chez lui et nous l’hélico pour retourner sur Saint-

Pol, où John n’est pas encore rentré à l’hôtel. Je vais prendre une douche et changer de

vêtements, j’ai envie aussi de me changer les idées. L’énormité de la catastrophe qui se

profile à l’horizon me fait froid dans le dos.

Pour une fois, c’est moi qui vais frapper à la porte de Steph et l’invite à venir boire un verre

avec moi. Il semble ravi et sort immédiatement après avoir attrapé au vol son blouson en

cuir.

Nous nous installons dans un petit bar et discutons à voix basse de peur d’être entendus.

.Finalement, notre verre avalé, nous préférons aller nous promener par les rues de la ville,

regardant les vitrines illuminées pour les fêtes et les décorations de Noël qui scintillent au

dessus de nos têtes. Cela nous fait du bien et nous revigore. Nous prenons un petit repas

dans un snack, avant de rentrer à l’hôtel où Steph va apporter à John le repas que nous lui

avons commandé, pendant que je m’en vais rédiger mon rapport.

Nous sommes tous fatigués et je ne revois pas mes amis de la soirée. Je me couche tôt et

m’endors d’un sommeil lourd, peuplé de cauchemars.

Je me réveille en sursaut en pleine nuit, le cœur battant et la gorge sèche, incapable de me

rendormir. Je me décide alors à prendre ma robe de chambre et à aller frapper à la porte de

Steph. Celui-ci ne met pas longtemps à m’ouvrir sa porte et je me jette dans ses bras en

pleurant. Il m’ouvre les bras et me berce un moment, puis me propose de m’allonger à ses

côtés pour me reposer encore un peu. Je blottis ma tête au creux de son épaule, et c’est

sans m’en rendre compte que je m’endors dans ses bras.

99

J’ouvre les yeux sur le sourire de Steph, qui m’observait dans mon sommeil. Il me faut un

instant pour réaliser où je suis et pourquoi.

- Pardon, dis-je, d’avoir abusé de ton hospitalité.

- De rien, me répond-il, tout le plaisir était pour moi !

Ce qui me fait rougir jusqu’à la racine des cheveux. Je me lève et rejoins ma chambre pour

une bonne douche matinale avant de reprendre le collier. Au petit déjeuner, je retrouve ma

petite équipe guillerette et en pleine forme, prête à en découdre avec notre ennemi commun.

Notre premier repas du jour englouti, nous reprenons le chemin de Roscoff, où il y a encore

un peu de travail pour nous.

Comme à l’accoutumée, notre première visite est pour le CNRS, où les chercheurs sont

toujours en effervescence… Chaque trouvaille est scrupuleusement notée dans un

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ordinateur portable posé sur la paillasse. J’y consulte le dossier, déjà impressionnant, des

découvertes concernant notre bactérie et nous nous rendons ensuite au briefing du jour : il

est 10 heures. J’apprends à toutes et à tous les nouvelles dévoilées par la jeune terroriste la

veille et l’enjeu terrible qui pèse sur leurs épaules. Ils me regardent un moment en silence,

puis tous se mettent à parler en même temps.

- Nous progressons rapidement, maintenant, me dit l’un deux, car nous travaillons jour et nuit

sur cette bactérie et elle nous livre petit à petit ses secrets ! Nous savons désormais que le

facteur déclenchant la destruction cellulaire est la concentration importante de cette bactérie

dans l’eau consommée ou en contact avec la peau. Plus la concentration est élevée, plus la

destruction cellulaire est rapide.

- De mon côté, dit un petit homme à lunettes d’écaille, j’étudie le sang du chien, ainsi que

celui du pilote de Rafale, que Landivisiau nous a apporté. Ils semblent tous deux comporter

de nouveaux anticorps que j’essaie de synthétiser pour créer un nouvel antidote à cette

menace.

- Très bien, leur dis-je, continuez ainsi et trouvez moi rapidement une solution à notre

problème. Moi je dois me rendre à Paris pour parler avec le chef d’Interpol. Il devrait pouvoir

m’en dire un peu plus sur cette organisation baptisée « Neverland ».

Steph semble un peu embêté, sans doute se demande-t-il ce qu’il doit faire, m’accompagner

ou rester à Roscoff, pour épauler John et son équipe, toujours au travail. Je lui propose donc

de m’accompagner, ce qu’il accepte avec enthousiasme. Un hélicoptère des Pompiers de

Paris vient nous chercher pour nous emmener vers la capitale, où je suis attendue à 15

heures. Steph en profitera pour passer à la caserne faire son rapport à ses chefs. Il en a des

choses à dire ! Une bonne surprise nous attend dans l’hélico ; où nous trouvons des

sandwichs, des boissons, ainsi que des chocolats ; humm, miam !!! Il est vrai que nous

n’aurons certainement pas le temps de manger avant de revenir en Bretagne.

Steph et ses collègues me déposent à mon rendez-vous, je les appellerai sitôt l’entretien

terminé. Je les regarde s’éloigner dans le ciel de Paris, avant de franchir, d’un pas déterminé

le porche monumental de l’immeuble, où un ascenseur me dépose au 8e étage, dans un

vaste hall moquetté de marron. Une secrétaire au sourire stéréotypée et aux doigts

manucurés me demande courtoisement avec qui j’ai rendez-vous. Je lui montre ma carte et

elle hoche la tête avant de se pencher sur son interphone.

- Votre visiteuse est arrivée, susurre-t-elle dans le micro, en me jetant un petit regard de

côté. J’ai pourtant fait un effort ce matin en mettant mon bel uniforme de service. « Le Boss

vous attend, finit-elle par me dire du bout des lèvres. En m’indiquant du menton le couloir qui

s’ouvre devant moi.

Des portes fermées jalonnent le couloir, mais tout au fond, il y a une grande porte ouverte

sur un bureau entièrement vitré, donnant un panorama magnifique sur la capitale. Le

Président m’attend, et me fait signe de m’installer dans un confortable fauteuil en face de lui.

Je lui apprends ce que nous avons découvert la veille, et l’histoire que nous a contée Élise

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Charcot. Il m’écoute, le bout de ses doigts joints, les yeux mi-clos, en hochant de temps en

temps la tête. Lorsque j’ai fini mon rapport, il me pose quelques questions, puis pousse vers

moi un épais dossier marqué « ORGANISATION NEVERLAND ». Tandis que je le consulte,

il émet l’hypothèse que la panne de voiture de Mlle Charcot n’était peut-être pas un incident

anodin, mais la volonté des dirigeants de la jeune femme, de la voir disparaître afin de ne

pas laisser de trace. Cela me semble relever de la vérité pure, et je me dis en moi-même

que cet homme, malgré son physique quelconque, mérite bien son poste clé dans la police.

Le dossier TOP SECRET m’en apprend un peu plus sur l’organisation terroriste mondiale qui

semble avoir déjà fait pression sur de nombreux gouvernements pour obtenir ce qu’elle

désire sous peine de polluer fleuves et océans de la planète.

Je prends enfin congé du Boss, qui me tend la main avec un sourire débonnaire, mais je ne

m’y fie pas, je sais qu’il peut être terriblement dur avec les ennemis de la paix. On met à ma

disposition une voiture pour me permettre de rejoindre la caserne Masséna, où m’attend

Steph. Il y a beaucoup de circulation et je peste tant et plus contre ces parisiens qui roulent

comme des dingues dans leurs grosses voitures. Steph m’accueille à l’entrée de la caserne

et m’offre une visite succincte de son fief avant de me proposer d’assister à un départ en

intervention. J’accepte la proposition avec intérêt, et regarde chacun s’affairer dans

l’effervescence et la rigueur.

- Impressionnant, lui dis-je, réellement bluffée par la parfaite coordination des ces hommes

et femmes d’exception.

Il est presque dix-huit heures lorsque nous quittons la caserne, alors que se pose la question

de savoir si nous retournons à Roscoff ce soir ou demain matin. J’avoue que je passerais

bien un petit moment dans mon appartement, mais je ne sais pas ce que Steph va en

penser. Comme souvent, il répond à ma question muette en me demandant ce que je pense

faire ce soir : rentrer ou rester sur Paris ?

- J’ai mon appartement à Paris, lui réponds-je doucement, et je peux t’accueillir car j’ai une

chambre d’ami… si cela te dit, bien sûr !

- Va pour ton appart’, me dit-il après une seconde ou deux de réflexion, j’ai toujours rêvé de

voir où habitait un expert scientifique de la police.

Il nous faut un peu plus d’une demi-heure pour nous rendre chez moi, à Neuilly, à cause de

la circulation, très dense à cette heure-là. J’habite au 6e étage, un grand appartement de

standing dans un immeuble résidentiel. Je propose à Steph de prendre une douche pendant

que je prépare le dîner. Il revient 30 minutes plus tard, revêtu d’un peignoir qu’il a trouvé

dans la salle de bains et les cheveux encore humides. Son regard pétille alors qu’il s’assied

sur un tabouret haut face à la cuisine américaine où je m’affaire encore. Je lui propose de

m’aider en dressant le couvert, après lui avoir indiqué où se trouvait rangée ma vaisselle.

Nous dinons en tête-à-tête, avec en fond sonore de la musique classique, d’une quiche

lorraine maison avec une bonne salade composée, de fromage et d’une salade de fruits de

saison. Puis je mets la vaisselle dans le lave-vaisselle, avant d’apporter au salon le plateau

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avec le café et des macarons. Nous devisons tranquillement tout en sirotant notre chaud

breuvage, comme si cette situation n’avait rien d’exceptionnel, alors que Steph est le premier

homme à entrer dans mon appartement depuis ma rupture. Je le laisse feuilleter quelques

magazines le temps d’aller prendre ma douche et le retrouve à demi-endormi sur le canapé.

- Hop, au lit, lui dis-je en riant, tu dors sur place, il est temps d’aller se coucher.

Je lui montre sa chambre et avant de lui souhaiter bonne nuit je m’approche de lui pour

l’embrasser sur la joue. Mais il me saisit par la taille, m’attire à lui et m’embrasse

fougueusement sur les lèvres. Surprise, je réponds à son baiser, avant de le repousser

doucement et de sortir de la chambre, non sans lui lâcher :

- Demain, debout à 4 heures, alors pas question de faire des folies de nos corps !

Un dernier regard, et je le quitte en lui envoyant un baiser du bout des doigts, auquel il me

répond par une comique petite révérence. Je me glisse voluptueusement sous ma couette

recouverte de satin et ne tarde pas à plonger dans un sommeil réparateur.

10

Mon réveil sonne : il est déjà 4 heures du matin ! Je m’étire, puis m’extirpe de mon lit et vais

frapper à la porte de la chambre de Steph, en long tee-shirt et pieds nus. Je prépare

rapidement du café avant d’aller m’habiller et de rejoindre mon ami dans le salon où, déjà en

tenue, il sirote sa tasse de café. Pendant que je bois le mien, il appelle ses collègues pour

demander un hélico afin de nous ramener à Roscoff. Notre pilote suit la ligne de chemin de

fer Paris-Brest et nous survolons un long moment le TGV Atlantique dans sa course vers la

mer. Il faut dire que notre pilote, pour le retour, est un ancien pilote de chasse, habitué à

voler bas et dans des conditions extrêmes. J’en ai des frissons !!! Enfin, aux alentours de

midi, nous arrivons à Roscoff, où nous accueille John bien content de retrouver ses équipiers

et amis.

Immanquablement, nous nous rendons au CNRS, lorsque le téléphone de John retentit. On

le prévient qu’un voyage scolaire vient d’arriver en car sur le grand parking. Nous faisons

donc demi-tour et retournons à notre point de départ, pour y trouver un car de tourisme

rempli d’écoliers et de leurs encadrants, l’air surpris devant les gendarmes qui empêchent

les enfants de descendre du car. Nous leur expliquons que la ville est actuellement fermée

au tourisme de quelque manière que ce soit et qu’ils ont sans doute bénéficié d’un trou au

moment de la relève de midi pour passer les barrages Le problème est que ces personnes

ont roulé toute la nuit et sont mortes de faim. Ils avaient prévu de visiter le CNRS, la station

des algues, l’institut de Bien-être et de visiter la petite ville et ses maisons de pierres. Après

une brève réflexion, j’appelle l’office du tourisme de Saint-Pol-de-Léon, pour les avertir de

l’arrivée en car d’un groupe scolaire désireux de visiter la ville et ses environs. A eux de

préparer la visite afin de satisfaire au mieux les enfants avides de nouveauté. J’appelle aussi

un salon de thé où le groupe pourra aller prendre un déjeuner sur le pouce.

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Ouf, nous pouvons enfin rejoindre le CNRS comme c’est de règle tous les matins (sauf que

nous ne sommes déjà plus le matin !). Tous les chercheurs sont à leurs paillasses, en train

de travailler, certains encore la bouche pleine ou un café posé à côté d’eux. Steph va nous

chercher 2 expressos pendant que j’interroge ces messieurs-dames et le chef du laboratoire

sur les derniers résultats. Je suis heureuse d’apprendre que la mise au point de l’antidote

avance à grands pas et devrait être prêt d’ici quelques jours. Il faudra encore le tester avant

d’être sûrs de son efficacité totale, mais c’est déjà pour moi, une excellente nouvelle. Steph

me tend mon gobelet de café et je lui annonce la nouvelle qui le met également en joie.

- Nous allons peut-être enfin pouvoir faire obstruction aux désirs de « Neverland », me dit-il

en hochant la tête !

- Oui, lui dis-je et nous allons aussi, dés demain, parler à la jeune Élise de la possibilité que

son problème mécanique ait été prémédité par ses « amis » terroristes.

Je téléphone donc aussitôt à Brest pour demander une nouvelle autorisation d’interroger la

suspecte Charcot Élise. J’aurai la réponse et l’heure du RDV demain dans la matinée. En

attendant, nous faisons une virée en ville, à la nuit tombante… Il règne un froid peu habituel

dans cette région et je m’emmitoufle dans mon manteau fourré. Il y a de la lumière à la

mairie et nous y surprenons Monsieur le Maire, assis à son bureau et penché sur ses

registres.

- Bonsoir, nous dit-il avec un bon sourire, je me suis remis au travail, puisque je suis guéri et

j’essaie d’établir la liste des disparus et celle des survivants. J’espère ainsi, à ma façon,

pouvoir vous aider dans votre enquête. Mais une chose est sûre : finis pour moi les bains de

mer en hiver !!!

- Merci de votre aide Monsieur le Maire, lui dis-je en lui serrant la main, celle-ci vous honore

car nous n’avons pas encore levé le blocus de la ville. Malgré tout, nous avons dû détourner

un car scolaire vers Saint-Pol. Il avait réussi à passer les barrages routiers, comment nous

ne le savons pas encore.

Je prends le temps de regarder la liste, déjà longue des disparus, penchée au-dessus de

l’épaule de monsieur le Maire, avant de me redresser avec un long soupir : que de

personnes disparues pour le plaisir de gens sanguinaires et sans scrupule !

Ensuite, nous nous dirigeons vers l’embarcadère et nous restons un instant à contempler la

mer, très claire, instrument innocent de la haine humaine. J’aimerais tant plonger ma main

dans l’eau et sentir sa fraîcheur sur ma peau, mais je sais que cela serait bien trop risqué !

Cependant, Steph me fait remarquer les goélands, qui plongent dans les eaux salées et en

ressortent parfois avec un poisson dans le bec.

- Il semblerait, me dit-il, que l’épidémie soit finie, sans doute la bactérie n’est-elle pas faite

pour survivre longtemps dans l’eau !

- Oui, lui réponds-je et il faut immédiatement en avertir le CNRS, cela pourrait aider nos amis

chercheurs dans leur travail.

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Nous y retournons donc une fois de plus pour annoncer la bonne nouvelle, qui est accueillie

par des applaudissements. La ville semble renaître de ses cendres et l’espoir brille dans les

yeux de tous.

Steph et moi commençons à ressentir la fatigue de cette longue journée et sommes heureux

de retrouver John en sortant. Il nous ramène à notre hôtel, où nous nous empressons de

prendre une douche chaude. J’‘entends Steph siffloter de l’autre côté du mur. John,

conscient de notre fatigue est allé nous chercher de quoi dîner et après avoir, comme à

l’accoutumée, rédigé et crypté mon rapport, je me plonge avec délice dans les draps blancs

et parfumés. Ma dernière pensée est pour Steph, qui doit lui aussi s’être mis au lit après

toutes ces péripéties.

11

Le lendemain matin, nous sommes à pied d’œuvre de bonne heure, sachant que nous

devons retourner à Brest l’après-midi. Quelques personnes, habitant la petite ville, ont

commencé à réintégrer leur domicile, et c’est ainsi que nous croisons le chemin d’une jeune

femme vêtue d’un jogging et qui semble bien déroutée par le silence sépulcral de la ville. Elle

s’approche de notre petit groupe et nous demande si nous ne saurions pas, par hasard où

pourrait être son amie Élise. Aussitôt, je demande, l’air intéressé :

- Élise ? Élise Charcot ?

- Oui, me répond-elle, nous nous sommes connues alors que j’allais à la piscine de l’Institut

et avons sympathisé. Elle m’a dit être venue pour le travail, mais semblait plutôt embêtée.

D’ailleurs, lorsque je lui ai demandé ce qu’elle faisait comme métier, elle a éludé la question.

- Sachez, Mademoiselle, que votre « amie » figure parmi les suspects ayant engendré cette

calamité. Je dois retourner l’interroger dans l’après-midi à Brest !

- Comme j’aimerais vous y accompagner, me dit-elle du tac au tac avec un sourire

mélancolique. Élise est une jeune femme merveilleuse, qui mérite mieux que cette espèce

de secte dont elle a essayé de me parler.

- Tiens, tiens, lui dis-je en dressant l’oreille, et que vous en a-t’elle dit ? Suivez nous, nous

allons prendre votre déposition dans notre bureau de la mairie.

Nous apprenons, grâce à Sophie, un certain nombre de choses concernant « Neverland »,

renseignements que je note scrupuleusement, sur un calepin blanc. Ces connaissances me

seront précieuses durant le nouvel interrogatoire.

Après quoi, je me rends auprès de monsieur le Maire, pour savoir où il en est dans son

recensement. Il va avoir un certain nombre de familles à prévenir de la perte de proches et

aussi remettre sur pied les activités de la ville, stoppées par la bactérie. Je lui donne

quelques conseils, tout comme Steph, le spécialiste de la gestion des populations en temps

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de crise. Soudain, mon téléphone sonne, il s’agit de Fred qui m’annonce avoir trouvé au pied

de l’embarcadère une seconde bombe à retardement bourrée de bactéries.

- J’arrive, lui dis-je, ne touche à rien, je passe chercher mon matos et Steph appelle les

démineurs pour qu’ils viennent désamorcer l’engin. Cela veut dire que « Neverland » a

toujours quelqu’un dans la place et sait qu’Élise est toujours en vie. Je vais aussi donner des

ordres afin qu’elle soit surveillée et protégée jusqu’à nouvel avis.

- Voilà, j’ai prévenu les démineurs, Cindy, ils seront sur place très rapidement, mais en

attendant, il faut boucler le périmètre et empêcher quiconque de s’approcher. Nos amis

gendarmes vont s’en charger, je leur ai aussi passé un coup de fil.

- Merci Steph, tu es un partenaire précieux, lui dis-je avec mon plus chaleureux sourire .

Nous nous rendons donc à l’estacade, où la gendarmerie a déjà mis en place un barrage

pour empêcher les curieux d’approcher. Nous avons eu de la chance de découvrir cette

bombe avant la marée haute qui l’aurait complètement recouverte. Cinq minutes après

arrivent les démineurs qui décrochent l’engin de son support et le ramènent sur le bitume.

- C’est une bombe à retardement, nous apprennent-ils, mais il semblerait que son système

d’horlogerie ait été légèrement abîmé par l’humidité. Elle aurait dû exploser à marée haute,

mais le système n’a pas fonctionné correctement. Nous avons eu beaucoup de chance !!!

- Très bien, dit John en se tournant vers les policiers et les gendarmes, je veux une liste de

toutes les personnes se trouvant à Roscoff depuis 24 H. Cela prendra du temps, mais nous

devons tous les interroger. Au boulot, et que ça saute !!!

John s’éloigne derrière ses hommes, tandis que Fred nous rejoint, un peu pâlot après sa

découverte… Steph lui pose la main sur l’épaule et lui sourit.

- Tu es un rudement bon policier, lui dit-il, tu as un flair, du tonnerre… de Brest !

En fendant la foule massée derrière le barrage de gendarmerie, j’aperçois Sophie, et lui fais

signe de nous rejoindre. Une idée a germé dans ma tête, celle de lui demander de nous

accompagner jusqu’à Brest afin de voir son amie. A cette proposition, elle semble ravie et

accepte avec enthousiasme de venir avec nous.

Comme il va bientôt être midi, nous allons sur le grand parking attendre l’hélico qui ne

devrait pas tarder. Fred est lui aussi du voyage, avec Sophie qui ne tarit pas d’éloges sur sa

nouvelle amie Élise.

Bientôt nous nous retrouvons tous à Brest, et comme nous apprécions vraiment cet endroit,

décidons d’aller une nouvelle fois manger à la « Tarte Citron » rue de Siam. Sophie connaît

déjà et nous confie qu’elle aime beaucoup cette chaîne de restauration pour son rapport

qualité/prix. Après avoir copieusement déjeuné, nous nous rendons au commissariat où

nous attend Élise toujours en garde à vue. A la vue de Sophie, entre Steph et Fred, elle

pousse un petit cri en appelant son amie.

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- Sophie, mais que fais-tu là, que t’ont-ils fait, pas du mal j’espère !

Sophie s’approche d’elle et passe sa main entre les barreaux pour lui toucher la joue.

- Ne t’inquiètes pas, tout va bien, je suis venue pour te voir et te rassurer sur mon sort.

Madame Cindy m’a proposé de l’accompagner et tu penses bien que je n’ai pas refusé cette

aubaine. Mais j’ai promis que tu nous dirais tout ce que tu sais sur « Neverland ». En plus, ils

ont remis une nouvelle bombe à Roscoff, heureusement qu’on l’a retrouvée avant qu’elle ne

fasse des dégâts ! Je t’ai toujours dit que cette secte ne me paraissait pas bien catholique

avec ses drôles de façons de faire. Je t’en supplie, Élise, aides-nous, sinon beaucoup

d’autres innocents risquent de mourir.

Nous faisons sortir Élise de sa cellule et la conduisons en salle d’interrogatoire. Sophie va

nous attendre dehors en sirotant un café au distributeur du poste de police, pendant que

nous menons l’interrogatoire. Élise, vidée par ses 48 H de garde à vue, son interrogatoire

sous sérum de vérité et la bonne surprise de retrouver son amie saine et sauve, se prête de

bonne grâce au jeu de questions et nous donne le maximum de renseignements dont elle

dispose. C’est une jeune femme intelligente, donc les déductions développées à partir de

quelques bribes de discussion me semblent parfaitement pertinentes.

Nous apprenons grâce à elle qu’il doit exister une filiale de la secte à Paris prés du

Trocadéro, et que certainement, il doit y avoir parmi les membres quelqu’un de Roscoff, qui

aurait proposé sa ville pour tenter l’expérience. Cela doit être cette personne qui a ramené la

nouvelle bombe jusqu’à destination et il est important de la découvrir au plus vite !

Je faxe le nouveau rapport à John, remercie Élise pour sa coopération, mais nous décidons

de la garder encore au commissariat afin qu’elle reste sous protection policière.

L’hélico de la police redécolle encore une fois pour nous ramener à Roscoff où nous quittons

Sophie, très heureuse d’avoir pu nous rendre service et revoir son amie. Pour notre part,

nous reprenons la voiture pour rentrer sur Saint-Pol. Après une douche bien chaude, je sors

de mon sac la petite robe en laine noire que j’ai récupérée chez moi, j’enfile une paire de

bottes et je vais frapper à la porte de Steph pour l’inviter à dîner. Il reste bouche bée devant

moi, puis son sourire se fait enjôleur et il m’invite à entrer dans sa chambre le temps qu’il

finisse de se préparer. Je m’assieds sur le bord du lit, un peu gênée de partager ainsi son

intimité, mais ne peux m’empêcher d’admirer sa silhouette sportive et musclée. Nous allons

dîner en tête-à-tête, laissant encore une fois John devant ses sandwichs, puis c’est main

dans la main que nous faisons un petit tour du centre ville et de ses vitrines avant de rentrer

à l’hôtel et d’aller dormir. Sur le pas de ma porte, Steph me prend dans ses bras et nous

échangeons un long baiser langoureux avant de nous séparer, non sans difficulté, car nous

nous sentons de plus en plus attirés l’un vers l’autre.

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Nous retrouvons John au petit déjeuner, qui nous tient au courant, tout en buvant son café,

des débuts de la nouvelle enquête. Il est très difficile de recenser toutes les personnes

présentes la veille à Roscoff, car il faut visiter toutes les maisons.

- Mais, dit Steph, pourquoi ne pas demander à chacun de venir se présenter à la mairie, cela

serait sans doute plus rapide !

- Oui répond John, mais comment savoir si quelqu’un ne va pas oublier de venir se

présenter ?

- Vous aurez aujourd’hui la liste des personnes encore vivantes habitant Roscoff, il suffira de

cocher celles qui se présentent et d’interroger tout le monde, puis d’aller quérir les

manquants à l’appel.

- C’est juste, réfléchit John, idée acceptée, merci Steph !

En route pour la cité corsaire où nous attend pas mal de travail aujourd’hui encore ! John se

dirige directement vers la mairie, alors que Steph et moi allons, comme à notre habitude au

CNRS. Fred n’est pas encore arrivé, il appellera sans doute pour savoir où nous sommes.

Au CNRS, c’est l’effervescence, ils ont récupéré la nouvelle bombe désamorcée et travaillent

de pied ferme sur ce nouvel échantillon de bactéries fraîches. Ils testent différents produits

susceptibles de venir rapidement à bout de « Océan Blue » et ne désespèrent pas de lui

trouver un ennemi mortel parmi la flore aquatique ou terrestre, voir parmi tous les éléments

naturels ou synthétiques en notre possession. L’un des chercheurs travaille d’ailleurs

actuellement sur les échantillons sanguins et gastriques du pilote de Landivisiau, car il est

persuadé que là est la solution. Les travaux avancent bien et les chercheurs sont

enthousiastes, cela fait plaisir à voir.

Fred nous appelle alors sur mon téléphone pour nous expliquer qu’il a été pris en otage,

alors qu’il s’apprêtait à nous rejoindre. La communication coupe immédiatement, puis je

reçois un autre appel m’intimant l’ordre de quitter Roscoff avec toute mon équipe sous peine

de voir disparaître mon coéquipier. Nous allons immédiatement rejoindre John à la mairie

pour le tenir au courant de ce dernier rebondissement de notre enquête. Il secoue la tête en

serrant les dents, se penche vers moi et me murmure :

- Je me demande de plus en plus s’il n’y aurait pas dans la secte quelqu’un de la police

locale. Ils en savent trop et rien n’est divulgué par les journaux, qu’ils soient locaux ou

nationaux.

Je fronce les sourcils à cette évocation, mais me dit qu’elle semble fondée et qu’il va nous

falloir redoubler de prudence. John va se charger d’essayer de savoir, grâce à l’appel des

terroristes, où se trouve Fred actuellement. Puis, nous nous rendons auprès de monsieur le

Maire pour prendre en sa compagnie une décision sur la suite de notre enquête. Pour

protéger Fred, il nous faut quitter la ville, mais peut-être grâce à l’aide de la municipalité et

des chercheurs pouvons nous continuer à tout diriger en restant à Saint-Pol. Et de plus, sous

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couvert d’exercices militaires l’aéronavale va pouvoir nous fournir de précieuses

informations.

John, Steph et moi nous rendons ostensiblement sur le parking où est garée la voiture en

saluant le plus de monde possible sur notre passage, afin de bien laisser croire que nous

capitulons. Dans le ciel roscovite, déjà deux Mirage 2000C armés, dont nous reconnaissons

le fuselage étincelant au soleil, ont investi le ciel de Roscoff et ont bien l’intention de faire

montre de leur présence et de leur force.

Un peu rassurés, nous quittons la petite ville de caractère, la mort dans l’âme en pensant à

Fred, notre ami, séquestré pour avoir voulu nous aider. Arrivés à l’hôtel, je m’enferme dans

ma chambre pour rédiger de suite un rapport circonstancié à mes chefs. Je vais attendre

leurs ordres avant de bouger. En attendant, n’ayant pas le cœur à rester seule, je vais

frapper à la porte de Steph, qui m’ouvre derechef. J’ai la surprise de trouver John déjà

installé sur l’unique chaise de la chambre, l’air soucieux, et Steph retourne s’asseoir sur le

bord du lit pour regarder sans l’écouter la télévision qu’il a allumée sans le son.

Nous décidons de faire de la chambre de Steph notre nouveau QG, en attendant de pouvoir

réinvestir la ville. Et nous nous mettons de suite au travail ; passant coups de fils sur coups

de fils, à nos supérieurs et autres indicateurs ; à monsieur le Maire et à la base de

Landivisiau, qui accueille les 2000. A midi, nous allons déjeuner dans un petit snack pas loin

de l’hôtel, puis nous faisons une petite promenade dans les rues, à l’affût des conversations,

car les habitants commencent à s’étonner du blocus de Roscoff.

Puis nous rentrons à l’hôtel, et je me rends dans ma chambre, pour trouver sur mon pc

portable un message de ma direction. Le RAID a été appelé en renfort, ainsi qu’un Mirage

2000D de la base de Nancy. La localisation de l’appel de Fred est terminée et ce dernier

appareil est chargé de survoler la zone à basse altitude, voire très basse ! L’après-midi

passe en recherche sur le web, et en appels.

Pendant ce temps à Roscoff, l’équipe de monsieur le Maire continue le recensement, qui se

fait non sans mal. Sophie, de’ son côté, s’est portée volontaire pour les aider, et parcourt la

ville à la recherche de personnes qui ne se seraient pas présentées. Elle croise un policier

municipal et s’étonne de le trouver là alors que tous sont à la mairie. Discrètement ; elle le

photographie avec son téléphone portable avant de s’en retourner à la mairie munie de son

butin. Tandis que dans le ciel, le Mirage, avec son pod camera, mitraille les rues peu

fréquentées de la petite ville et obtient quelques clichés intéressants.

A la mairie, nul ne reconnait l’homme photographié par Sophie, et son portrait est envoyé

immédiatement au service d’identification de la police nationale. Enfin un indice ?

De mon côté, je reçois sur mon portable la copie de la photo du suspect. C’est la tête pleine

d’espoir, que je m’endors ce soir-là après une pensée émue pour Fred, muré dans sa

solitude.

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Dés la nuit tombée, le RAID prend position autour du lieu où est retenu Fred. L’assaut sera

donné à six heures du matin… la nuit passe lentement à surveiller les alentours et les va-et-

vient. A l’heure dite, le RAID s’élance, et c’est sans coup férir qu’il délivre Fred qui les

accueille avec un évident plaisir et beaucoup de soulagement. Les terroristes ont tenté de

s’enfuir par une sortie dérobée, mais des cordons de sécurité avaient été mis en place et

tous furent capturés avant d’être emmenés pour un interrogatoire musclé.

Alors que je sors de la douche, mon téléphone sonne et j’ai la joie d’entendre la voix de

Fred, qui me souhaite une bonne journée. Il semble fatigué et va prendre quelques jours

pour se reposer et se remettre de ses émotions. Ce sont les pompiers qui le prennent en

charge et vont dans un premier temps l’emmener faire un bilan à l’hôpital militaire Clermont-

Tonnerre de Brest. Je ne prends même pas le temps de m’habiller, et c’est en peignoir et les

cheveux encore humides que je frappe à la porte de Steph pour lui annoncer la bonne

nouvelle. Il m’ouvre, en jean et torse nu et m’invite à entrer d’un geste du menton. Je me

jette dans ses bras pour lui apprendre que Fred a été libéré, sain et sauf, aux aurores et que

nous pouvons donc reprendre notre enquête. Je file m’habiller et nous nous retrouvons pour

prendre un copieux petit-déjeuner, la libération de notre ami semblant avoir aiguisé notre

appétit.

A Roscoff, nous passons en premier lieu au CNRS où la nouvelle de la libération de Fred

soulève des bravos inattendus. Puis on m’annonce solennellement être sur la voie d’un

antidote contre la bactérie « Ocean Blue », antidote qui sera mis au point grâce aux analyses

du pilote de chasse. Je me félicite de cette nouvelle réussite qui va damner le pion à nos

terroristes, qui se croyaient invincible, mais en même temps, je me rappelle les doutes de

John et demande à tout le monde de garder le secret tant que je ne saurai pas qui est la

taupe dans notre équipe élargie. Puis Steph et moi gagnons la mairie où nous attend

monsieur le Maire avec son équipe d’investigation. Ils ont bien progressé et sont satisfait du

travail accompli, mais ne savent toujours pas qui est l’individu photographié par Sophie.

Je téléphone donc aux RG afin de savoir s’ils ont pu glaner des renseignements concernant

notre inconnu. Je leur donne le numéro de téléphone fax de la mairie afin qu’ils me fassent

parvenir le dossier qu’ils ont monté sur notre suspect. Notre affaire avance à grand pas,

même s’il reste de grandes zones d’ombre, mais je ne désespère plus d’en venir à bout. En

attendant le fax des RG, Steph et moi prenons un petit café, en contemplant la salle des

mariages avec sa vaste cheminée et son escalier à vis. Une secrétaire vient nous prévenir

que le fax tant attendu est enfin arrivé et nous remontons dans le bureau du Maire. Il me

tend la liasse de papiers que je parcours du regard avant de la passer à Steph, qui la lit à

son tour. Comme moi, ce qu’il apprend de Nicolas Flamel l’étonne et le laisse perplexe. Cet

homme est un chercheur qui travaille pour différentes agences de lutte contre le terrorisme

et pourtant, il est déclaré « perdu » pour les services français depuis quelques mois. Alors

que fait-il à Roscoff ?

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Nous décidons, avec l’aide unique des personnes sûres de traquer et de retrouver notre

agent rebelle dans la ville avant qu’il ne nous échappe complètement. Trop de questions se

bousculent dans ma tête à son sujet… et je veux des réponses ! Après avoir enregistré mon

numéro de portable, tout le monde se disperse aux quatre coins de la ville. Steph est resté

avec moi et nous arpentons les rues du centre ville en scrutant discrètement les visages.

- Que penses-tu de ce nouveau rebondissement ? Si les RG sont dans le coup, cette affaire

doit être rudement importante ! Dis-je à mon compagnon, qui pour que notre promenade

paraisse moins suspecte, m’a prise par la main.

- Tu as parfaitement raison, me dit-il, et cela éclaire d’un jour nouveau la présence d’une

taupe dans notre équipe. J’ai l’impression que nous sommes tombés sur une grosse affaire :

guerre bactériologique, terrorisme, secte et embrigadement, ils n’y vont pas de main morte, à

« Neverland ».

Soudain, je lui serre la main très fort, je viens de reconnaître notre individu sortant de

l’épicerie un sac de plastique rose à la main. Steph et moi n’avons besoin que d’un regard

pour nous séparer et passer chacun d’un côté du suspect. Avec un synchronisme parfait,

nous l’attrapons par le bras et Steph lui enfonce son arme dans les côtes pour bien lui

montrer que nous ne plaisantons pas. L’homme se débat violemment, m’envoyant un coup

de coude qui me plie en deux, mais Steph ne lâche pas sa prise et d’une violente poussée le

fait tomber au sol. Pendant qu’il le maintient dans cette position, un genou dans son dos et

l’arme dans son cou, j’appelle John et la gendarmerie afin qu’ils viennent récupérer notre

gibier.

Nicolas Flamel ne daigne pas décrocher un mot et reste prostré au sol jusqu’à l’arrivée des

gendarmes. Ceux-ci le relèvent sans ménagement et toujours menotté l’obligent à monter

dans leur voiture. Je m’interroge sur le lieu où ils vont l’emmener : le poste de police

municipale de Roscoff, la gendarmerie de Saint-Pol ou directement à Brest ? Si c’est le cas,

il nous faudra de nouveau un hélico pour nous y rendre. Mais finalement, c’est à Saint-Pol-

de-Léon que notre individu est emmené, sans toutefois avoir dit le moindre mot.

Nous nous empressons de reprendre notre voiture et de filer sur Saint-Pol et sa

gendarmerie. Lorsque nous arrivons, John est déjà là, Flamel menotté en face de lui et les

deux hommes s’observent dans un silence de mort. Aucun d’eux ne parle ni ne tressaille et

les deux visages qui se scrutent sont aussi impassibles l’un que l’autre. Nous venons sans

bruit nous placer derrière John et je rive mon regard sur l’être en face de moi. Il est grand et

musclé, style prof de sport, mais ses petits yeux sont durs comme de l’acier et son visage

semble n’avoir jamais connu la joie d’un sourire. John se penche alors vers lui, met en route

le dictaphone numérique et pose sa première question.

- Quel est votre nom ? Que faisiez-vous à Roscoff, déguisé en policier municipal ? Pourquoi

ne vous êtes-vous pas présenté à vos supérieurs afin de les rassurer sur votre compte ?

Connaissez-vous « Neverland » ? Avez-vous entendu parler du blocus de Roscoff et qui

vous a mis au courant ? Répondez à mes questions, vous êtes toujours un agent français,

que je sache !

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Flamel se contente de lui décocher un sourire condescendant et de hocher la tête, comme si

tout cela n’avait aucune importance. Je sens Steph frémir d’impatience à mes côtés, le

mutisme de l’homme commençant fortement à l’irriter. En s’appuyant des deux mains sur la

table, il se penche en avant et lui dit en articulant exagérément :

- De gré ou de force, tu finiras par nous dire ce que nous voulons savoir, alors pas la peine

de jouer les héros pour des gens qui n’ont aucun respect pour la vie humaine. Le jour où ils

n’auront plus besoin de toi, je ne donnerai pas cher de ta peau.

- Mon petit, lui répond alors l’agent des RG, j’ai roulé ma bosse dans bien des pays et me

suis trouvé dans des situations pires que celle-ci, aussi tes menaces ne me font-elles pas

peur. Je fais mon travail sans m’inquiéter des conséquences, j‘ai une mission à mener à

bien, et elle seule compte pour moi actuellement. Vous pouvez croire et penser ce que vous

voudrez, je n’ai plus rien à ajouter.

Il pose ses coudes sur la table et appuie son front sur ses mains jointes. Les yeux fermés, il

semble absent de cette pièce comme s’il n’y avait jamais mis les pieds. Malgré toute la

persuasion de John et de Steph, plus aucun mot ne sort désormais de sa bouche. Nous

appelons les gendarmes qui viennent rechercher Flamel et l’emmener en cellule. Il nous

décoche un regard moqueur en franchissant la porte.

Je m’installe au bureau et je prends mon portable pour appeler le service des RG ; Il est

grand temps de leur annoncer la nouvelle de la capture de leur agent en vadrouille. Je

repose le téléphone devant moi et annonce à mes amis que nous partirons dés le lendemain

matin à Paris, au siège des RG pour y accompagner l’agent fugueur. Départ de Saint-Pol à 7

heures ! Et il se peut que nous ayons à rester la journée sur la capitale.

Nous remercions les gendarmes de leur hospitalité en dégustant le café que l’on nous a

proposé, puis nous nous interrogeons sur l’utilité de repartir à Roscoff. Finalement, nous

décidons, une fois n’est pas coutume, de nous accorder un après-midi de détente et je fais

du shopping dans une petit librairie-salon de thé où je paie un excellent chocolat chaud à

mes deux amis. C’est les bras chargés de fournitures et de quelques cadeaux que nous

rejoignons notre hôtel en fin de journée pour une nuit réparatrice avant un nouveau jour qui

nous réservera sans doute encore pas mal de surprises. Nous dinons de sandwiches et

boissons fraîches dans notre « QG », puis soucieux d’être en forme pour le lendemain, nous

prenons congé les uns des autres pour aller nous coucher. Sur le seuil de ma porte, Steph

échange encore avec moi un dernier baiser passionné avant de me quitter, non sans

difficulté.

14

Il est 6H du matin lorsque sonne mon téléphone portable, c’est un réveil pratique en voyage !

Je me lève en baillant avant de filer sous la douche. La salle du petit déjeuner n’ouvre pas

avant 7H30 aussi partirons nous l’estomac vide, j’espère que le pilote de l’hélico aura pensé

à nous. L’appareil doit atterrir à 7H pile sur le parking de la cathédrale où nous l’attendrons.

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John, Steph et moi nous retrouvons dans le hall de l’hôtel et nous rendons tous ensemble

vers la place de la cathédrale. En chemin, nous découvrons un bar-tabac ouvert où nous

commandons 3 petits-déjeuners. Nous déboulons sur le parking de la cathédrale au moment

où arrive notre appareil. Il se pose, laissant tourner ses pales au ralenti, le temps que nous

embarquions, puis nous redécollons afin de rejoindre l’hélicoptère de la gendarmerie avec

Flamel à son bord pour l’escorter jusqu’à Paris.

Le voyage se passe sans encombre et nous nous posons aux environs de midi devant le

bâtiment des RG où nous sommes attendus. Flamel est descendu sans ménagement de son

hélico et, encadré par 2 gendarmes, conduit en même temps que nous dans le grand

bâtiment de verre et d’acier. Menottes aux poignets et avec sa barbe naissante, il a quelque

chose de sauvage que ne dément pas son regard froid de prédateur.

Nous sommes conduits, par une secrétaire en treillis jusqu’au bureau du chef du

département des RG qui nous accueille avec une chaleureuse poignée de main et un regard

froid pour son agent. Celui-ci est assis sur une chaise métallique tandis que nous prenons

place dans de confortables fauteuils. On amène le matériel pour un interrogatoire sous

sérum de vérité et le médecin administre à Flamel la 1ère dose. C’est son chef en personne

qui lui pose les premières questions qui vont servir à étalonner la machine.

- Quel est votre nom de code ?

- Coleshaw ! L’aiguille s’affole sur le papier et nous savons alors que ce n’est pas son vrai

nom de code.

- Dites-nous la vérité, je la connais très bien, mais je veux que vous en fassiez part à ces

officiers ici présents.

- Je suis Le Docteur, et soudain une alarme jaillit de l’appareil, nous avertissant que le cœur

de l’homme interrogé s’est mis à fibriller. Steph se lève immédiatement de son fauteuil pour

donner un coup de main au médecin qui a sorti déjà le défibrillateur de son étui. Le cœur

repart au 2e essai, mais il n’est plus question d’interrogatoire pour le moment et l’agent des

RG est emmené en urgence à l’hôpital ; où il restera sous bonne garde, malgré son coma

actuel.

Notre présence à Paris n’étant plus nécessaire, nous reprenons l’hélicoptère qui nous

attendait pour retourner en Bretagne Nord, dans le Finistère. Il est 18H lorsque le pilote

nous dépose à Roscoff avec l’impression désagréable d’avoir perdu notre journée. Mon

téléphone portable vibre dans ma poche et je m’empresse de décrocher pour apprendre le

décès de Nicolas Flamel dont le cœur n’a pas résisté à un second arrêt cardiaque.

J’apprends la nouvelle à mes amis, qui poussent un soupir de découragement devant cette

nouvelle adversité.

- Bon, dis-je, allons donc faire un tour dans la ville, nous passerons à la police municipale

pour voir s’il y a quelqu’un susceptible de nous ramener plus tard à notre hôtel.

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Je vois le visage fatigué de John qui regarde le clocher de l’église N.D. de Croas-Batz, je le

sens tendu et dégoutté de cette enquête et de ce dernier échec.

- Désolé, finit-il par dire entre ses dents, je vais arrêter là notre association et vous laisser

continuer l’enquête tous seuls, de toute façon, vous n’avez pas besoin de moi, Steph et toi,

je m’en suis bien aperçu, va ! Fred va bien, il reprend du service demain et finira de traiter

cette affaire avec vous ; moi je rentre au bercail, marre de la Bretagne !

Steph et moi nous regardons ; je lis dans le regard de celui-ci qu’il semblait se douter de la

décision de notre ami policier et n’en est pas étonné. Je crois que j’aurais à lui parler ce soir,

il y a des choses qui m’échappent… Je serre la main de John, il va me manquer, je m’étais

habituée à sa présence discrète mais efficace à mes côtés. La poignée de main qu’il

échange avec Steph est plus froide et plus cérémoniale.

John s’éloigne seul dans la rue Gambetta en direction du bâtiment de la police municipale,

sans doute a-t-il prévenu sans m’en tenir au courant de sa décision de quitter l’enquête. J’ai

envie de le rattraper, de lui demander de rester avec nous, mais Steph me retient par le bras

et me dit :

- Laisse, c’est sa décision, c’est un pur Parisien et il m’a dit que la capitale lui manquait, ainsi

que sa famille. Fred se fera un plaisir de nous aider, il est certainement encore plus motivé

depuis son enlèvement.

Je me contente de hocher la tête et laisse partir John, la mort dans l’âme. Mon pompier

préféré, m’entraîne vers l’embarcadère, une petite promenade iodée nous fera le plus grand

bien. Nous empruntons l’estacade et contemplons la mer dans toute sa splendeur nocturne,

lorsqu’une odeur putride atteint nos narines. Je fronce le nez, Steph sort sa torche et scrute

la mer alentour. Nous découvrons de grosses bulles verdâtres qui viennent crever la surface

de l’eau à quelques mètres de nous, lieu d’où semble émaner l’odeur qui nous incommode.

J’attrape aussitôt mon portable pour appeler les gendarmes afin de demander une équipe de

plongeurs pour aller voir sur place de quoi il retourne. Puis j’appelle la police municipale, il

faut une fois de plus barrer l’accès à l’embarcadère. John viendra-t-il ?

Bientôt l’équipe requise est à pied d’œuvre et remonte à la surface une ogive dont la tête

entrouverte laisse échapper un liquide nauséabond. Voilà donc le responsable de cette

mauvaise odeur ! Tout à coup, je sens une main sur mon épaule, je tressaille et me retourne

pour découvrir John en face de moi.

- Je ne peux pas vous laisser seule, ce serait de la lâcheté, me dit-il en baissant la tête.

Pardonnez-moi mon esclandre de tout à l’heure et reprenons cette enquête !

Je hoche la tête et lui souris avec affection ; je ne peux m’empêcher de lui plaquer un gros

baiser sur la joue, ce qui fait naître un sourire sur son visage. Steph, quant à lui, nous rejoint

à grandes enjambées et serre à nouveau la main de son collègue, mais bien plus

chaleureusement cette fois-ci.

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Soudain, nous levons la tête ; un avion passe au-dessus de nous. Nous sommes mercredi,

en principe il ne devrait pas y avoir de vol de nuit ! J’appelle la base de Landivisiau qui me

confirme qu’elle n’a fait décoller aucun appareil. John pousse un cri de rage et me désigne

quelque chose qui vient d’être éjecté par l’appareil au-dessus de la mer. Il faut intercepter

l’avion ! Au travail, Landivisiau ! Pendant ce temps-là, les plongeurs se sont rendus sur le

lieu d’impact pour récupérer l’engin.

« Neverland » me semble une entité de plus en plus puissante et cela n’est pas pour me

plaire. Heureusement, les 2 Rafale de Landi passent alors dans le ciel à pleine vitesse, à la

poursuite de notre avion terroriste. On se sent tout de suite rassuré en entendant ces

appareils rugir de force et de puissance dans la nuit bretonne. Les deux engins sont

désamorcés rapidement, puis emmenés au CNRS dans des caissons étanches. Steph baille

à mes côtés, lui aussi est fatigué. De toute façon, nous ne pouvons rien faire de plus ce soir,

alors autant rentrer à notre hôtel et dormir tout notre soûl ! John se met au volant, tandis que

Steph et moi passons à l’arrière de notre voiture. Je laisse ma tête tomber sur l’épaule de

mon ami qui passe son bras autour de mes épaules. J’ai droit à un clin d’œil de John dans le

rétroviseur. Brusquement, John freine, une silhouette se découpe devant nous dans la

lumière des phares. John pose sa main sur son arme et entrouvre sa vitre. La silhouette

s’approche et nous reconnaissons alors Sophie, blême et les larmes aux yeux. Elle tend à

John un papier qu’elle serrait dans sa main : il s’agit d’une menace de mort à son encontre. Il

n’est plus question de laisser la jeune femme seule à Roscoff et nous lui faisons signe de

monter à l’avant à côté de John.

A notre hôtel, il n’y a plus de chambre libre, mais John, galamment lui propose, en tout bien

tout honneur de partager sa chambre, ce que Sophie accepte avec un petit sourire qui en dit

long sur ce qu’elle pense de notre ami. Je laisse nos deux amis à la porte de leur chambre et

retrouve Steph devant la mienne. Il semble intimidé, mais j’en profite pour lui dire que j’ai à

lui parler et l’entraîner dans ma chambre. Finalement, notre conversation se finira au creux

de mon lit, mais chut, je ne vous en dirai pas plus !

15

Le lendemain matin, nous nous retrouvons tous les 4 au petit-déjeuner. Sophie a décidé de

mener l’enquête avec nous. Je lui rappelle que cela peut être dangereux, mais elle me

rétorque que de toute façon, dangereux pour dangereux, elle préfère encore nous aider que

rester toute seule à l’hôtel à se morfondre.

- Alors, direction Roscoff, dis-je à ma petite troupe après avoir avalé ma dernière goutte de

café.

Un quart d’heure après, nous sommes tous réunis dans le bureau du maire, qui me tend un

fax de Landivisiau : le pilote de l’appareil inconnu s’est rendu et se trouve actuellement en

garde à vue sur la base aéronavale. Je prends rendez-vous avec le commandant de la base,

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afin de pouvoir interroger l’homme avant qu’il ne soit incarcéré. Il semblerait que celui-ci soit

prêt à nous livrer tout ce qu’il sait !

En attendant, nous épluchons la liste des habitants de Roscoff qui se sont présentés dans la

petite mairie dans l’objectif de se faire recenser. La secrétaire de mairie a souligné au feutre

rouge les personnes qui ne sont pas encore venues et nous décidons d’aller à leur

rencontre. Munis de la liste et d’un plan de Roscoff, aidés par Sophie qui connaît très bien la

ville, nous parcourons les rues à la recherche des noms inscrits. Plusieurs personnes sont

des gens âgés et effrayés par toute cette affaire, qu’ils ne comprennent pas. Nous essayons

de les rassurer du mieux que nous pouvons et promettons de revenir les voir. Prochaine

adresse : 22, rue de l’ancre de marine ! Il s’agit d’un certain Mr De Honnecourt, Roger,

médecin généraliste à Roscoff, nouvel arrivant car n’exerçant son art dans cette ville que

depuis un an.

Le cabinet est fermé et nous faisons le tour de la maison dont tous les volets sont clos.

- Étrange, dit Steph, normalement il devrait être en consultation, mais son absence ne

semble pas gêner qui que ce soit.

- Il n’était pas encore très connu, dit Sophie, et ses manières bourrues ne plaisaient pas à

tout le monde.

Avec son passe, John nous ouvre la porte arrière de la maison que nous fouillons tous

ensemble. Nous faisons quand même quelques découvertes intéressantes : un journal

ouvert sur la table du salon parlant du blocus de la ville, un ordinateur portable abandonné

dans la chambre et que John s’empresse de récupérer et enfin, un croquis au crayon

ressemblant fort à l’ogive balancée à la mer. Ce Mr De Honnecourt me semble mystérieux et

plutôt louche, je vais donc devoir encore une fois faire appel à mes collègues du RG pour

avoir quelques renseignements le concernant. Sophie, qui fouille la bibliothèque, revient

avec une clé USB et une photo.

- Cela doit être lui sur la photo et j’ai trouvé cette clé cachée derrière une pile de livres de

médecine. J’ai pensé qu’elle pourrait peut-être nous livrer quelque chose d’intéressant

- Merci, Sophie, tu ferais une excellente enquêtrice, lui dit John en prenant la clé et en lui

souriant.

Steph, à son tour nous rejoint, il était parti fouiller le bureau. Il y a trouvé une photo d’avion

bombardier, parfait pour larguer les ogives à la mer. Au dos de celle-ci, un nom : Matthieu

Laloup. Et c’est justement le nom du pilote qui a été arraisonné dans la nuit par la Marine.

- Nous sommes sur la piste, dis-je, le regard brillant, cet homme n’est pas blanc comme

neige, il faut essayer de le retrouver. Serait-il encore à Roscoff ? Nous allons organiser une

battue pour tenter de le retrouver. Sus à l’ennemi !!!

Gendarmes, policiers municipaux et police nationale vont nous aider à quadriller la ville à la

recherche du médecin. Sa photo dupliquée a été remise à toutes les équipes et la battue

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peut commencer. Mon équipe est formée de mes 3 amis et de Fred qui vient d’arriver. Celui-

ci jette un œil au plan et nous entraîne en direction de Ste Barbe. Nous grimpons

allégrement vers la vénérable chapelle (protectrice des artificiers et des sapeurs-pompiers et

de tout métier ayant rapport avec le feu ou contre la foudre naturelle ou la foudre de guerre),

lorsque Fred nous désigne une petite ruelle bordée de vieilles maisons de pierre à moitié

délabrées.

- Il m’a semblé entendre un bruit presque imperceptible venant de cette ruelle, nous devrions

y aller voir !

Je demande à Sophie de faire le guet à l’entrée de l’impasse, pendant que nous y pénétrons.

Sur la pointe des pieds, les hommes et moi jetons un coup d’œil dans les vieilles demeures

pleines de toiles d’araignées et de poussière. Quelques rats et souris fuient à notre

approche, mais point de fugitif à l’horizon. Soudain, Steph pose un doigt sur ses lèvres et me

désigne une petite porte donnant sans doute sur une ancienne écurie. Sans faire de bruit, je

m’approche, tandis que mon ami pompier fait le tour par l’extérieur, l’arme à la main, afin de

bloquer la fuite de notre médecin. Je pousse la porte violemment d’un grand coup de pied,

en criant : « Police ! » Une silhouette surgie de l’ombre me bouscule, et se faufile derrière

moi. Malheureusement, il avait oublié Fred, qui m’ayant entendue se précipitait vers la

maison. Les 2 hommes se heurtent de plein fouet et s’écroulent sur le sol. Avant que le

docteur ait pu se relever, Fred le maîtrise et lui passe les menottes, aidé par John qui est

arrivé au pas de course.

Nous poussons sans ménagement l’homme devant nous et Sophie, qui avait gardé la radio,

appelle une voiture. Celle-ci emmène notre suspect à Saint-Pol, où nous rejoignons John qui

est resté avec lui. Je profite d’un ordinateur libre pour connecter la clé USB afin d’en lire son

contenu. Ce que j’y trouve me laisse sans voix et c’est d’un signe de la main que j’invite mes

amis à me rejoindre autour du pc.

- Regardez, il y a toute une liste de lieux de Roscoff, dont certains sont marqués d’une croix.

C’est là que nous avons trouvé les engins à bactérie.

- Et cette liste de noms à quoi correspond-elle, me demande Sophie penchée au dessus de

mon épaule. Tiens, il y a le nom d’Élise !

- Sacrebleu, jure Steph entre ses dents, je parie que c’est la liste des sympathisants de

« Neverland » pour la Bretagne.

- Fais un copier-coller de la liste, me dit Fred et nous l’enverrons aux RG afin qu’ils se

renseignent sur toutes ces personnes et mettent en place une discrète filature de celles qui

semblent le plus impliquées dans la secte.

- Ok, je te fais ça tout de suite, dis-je en copiant-collant le document Word dans l’ordinateur

de la police, puis en cliquant sur l’icône Imprimer.

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- Docteur, dis-je alors en me tournant vers le médecin, vous ne pouvez pas nier que vous

êtes partie prenante dans cette affaire ! Vous risquez gros, à moins que vous n’acceptiez de

nous dire tout ce que vous savez de « Neverland » et de ses desseins.

L’homme reste prostré sur sa chaise, puis il relève la tête et me regarde dans les yeux.

- Si je parle, je ne donne pas cher de ma peau, ils me tueront dés qu’ils le pourront. Ils

peuvent être très patients, vous savez !

- Ne vous inquiétez pas, lui rétorque John, vous serez protégé et bénéficierez d’une nouvelle

identité si nécessaire.

- J’étais chargé de centraliser les actes de terrorisme de nos différents agents, voilà pourquoi

j’avais cette liste en ma possession. J’ai senti trop tard, hélas, que le vent avait tourné et je

n’ai pas eu le temps de détruire ma clé avant que vous n’arriviez. Je’ l’ai cachée en espérant

que vous ne la trouveriez pas, mais peine perdue ! Je ne connais pas les membres des

autres secteurs, « Neverland » est bien compartimenté. Désolé de ne pouvoir vous en dire

plus. Mais je pourrais, si vous le voulez, vous en dire plus sur la fameuse bactérie.

Sophie apporte le dictaphone numérique, et le docteur se lance dans de savantes

explications qui seront fort utiles à nos chercheurs du CNRS. Après quoi, la gendarmerie de

Saint-Pol prend en charge le professionnel de santé, tandis que mon équipe et moi allons

nous restaurer avant de filer sur Landivisiau, où nous attend le pilote arraisonné.

Nous nous présentons à l’entrée principale où nous déclinons nos noms et professions. Un

planton nous tend nos badges provisoires et nous indique l’endroit où nous sommes

attendus. Le commandant de la base aéronavale nous reçoit fort courtoisement et nous

accompagne jusqu’à la cellule où se trouve Matthieu Laloup. Le pilote se lève à notre entrée

et nous tend la main. Je contemple ses traits tirés et fatigués, ses épaules basses et son air

las. Lui aussi, comme le docteur, nous livre toutes les informations dont il est en possession.

Il commence sérieusement à regretter son embrigadement dans cette secte trop portée sur

le meurtre.

A l’aide des nouveaux renseignements glanés aujourd’hui, je suis persuadée maintenant de

pouvoir venir à bout des plans de cette maudite « Neverland ». Nous reprenons la route vers

Saint-Pol et déposons Fred chez lui. Son épouse nous accueille sur le pas de la porte et

nous propose de dîner avec eux. Après un instant d’hésitation, nous finissons par accepter

sa proposition et nous passons une agréable soirée en famille devant un bon feu de

cheminée et une raclette réconfortante.

Il est plus de minuit lorsque Sophie, Steph, John et moi-même rentrons à notre hôtel. Nos

deux couples se séparent dans le couloir, et Steph et moi regagnons ma chambre. J’allume

mon ordinateur afin de faire mon rapport à mes supérieurs pendant que Steph prend une

bonne douche chaude, je fais de même après ma tâche accomplie et c’est avec délices que

je me blottis dans ses bras dès la lumière éteinte.

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Il est huit heures du matin lorsque j’ouvre enfin les yeux, d’habitude, à cette heure-ci, je suis

déjà douchée et habillée et prête à descendre prendre le petit-déjeuner. Je réveille Steph,

qui dort encore, d’un doux baiser et nous sautons du lit pour nous préparer à toute vitesse.

John et Sophie nous attendent déjà à notre table habituelle et nous sourient d’un air

entendu. Nous nous jetons sur les croissants avec appétit tout en bavardant des

événements de la veille. Une demi-heure plus tard, nous sommes en route pour Roscoff.

John reçoit un appel de Fred, déjà sur place : il nous apprend la nouvelle du jour, une manif’

des Roscovites contre le maintien du blocus de la ville. Monsieur le Maire nous attend de

toute urgence pour décider de la conduite à tenir. Déjà, un hélicoptère de la gendarmerie est

sur place. Nous arrivons le plus rapidement possible et garons notre voiture devant la mairie.

La secrétaire nous salue, puis nous montons directement dans le bureau de monsieur le

Maire, qui se lève à notre entrée et vient nous serrer la main. Au dehors, la manifestation

anti-blocus bat son plein, encadrée par les forces de l’ordre. Aux cris de « A bas le blocus »

et « Roscoff aux Roscovites », les habitants défilent en brandissant des banderoles et des

drapeaux bretons. Le maire hoche la tête d’un air préoccupé et va fermer la fenêtre pour ne

plus entendre la population en colère.

Soudain, le téléphone sonne et le haut-parleur allumé, nous entendons la voix affolée d’une

dame demander si l’avion au-dessus du vieux port et épandant un gaz verdâtre, est encore

une facétie des « Parisiens ». Par prudence, John demande à faire évacuer les manifestants

vers la gare et notre équipe, après avoir récupéré des masques se rend sur les lieux. Je

prends dans une éprouvette un échantillon de gaz et nous décidons de l’emporter

directement au CNRS pour analyse. Les chercheurs se mettent immédiatement au travail

pour nous livrer la nature de ce gaz mystérieux. Nous attendons les résultats en sirotant un

café face au front de mer. Un des chercheurs en blouse blanche vient nous avertir que ce

gaz contient des particules de « Ocean Blue », mais en moindre quantité. Ce gaz n’aurait eu

pour effet que de faire tomber les habitants en léthargie. En même temps, j’apprends que les

appareils de Landivisiau ont reçu du premier ministre l’ordre de tir contre l’avion épandeur.

Ceci fait, je comprends que l’état commence à se mêler de notre affaire et désire en finir au

plus vite. Dés lors des avions de chasse vont sillonner régulièrement le ciel de Roscoff. Il

nous faut maintenant reprendre et analyser les aveux du pilote, afin d’en tirer une synthèse

utile. Pour se faire, nous nous installons dans la grande salle du 1er étage de la mairie avec

le dictaphone numérique, des calepins, des stylos et le dictionnaire médical, car nous avons

pris la décision de décortiquer aussi les aveux du docteur De Honnecourt.

Tout d’abord nous réécoutons l’interrogatoire du pilote et notons chacun les détails qui nous

semblent dignes d’intérêt : mode de paiement en liquide par un intermédiaire dont le nom

figure sur la liste du docteur, avion prêt sur un aérodrome privé où il nous faudra aller

enquêter… Les renseignements du médecin généraliste nous permettent de mieux

comprendre les desseins de « Neverland » qui cherche par la terreur à prendre le contrôle

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d’un certain nombre d’états pour les infiltrer et leur imposer ses décisions. Le clocher de

l’église sonne les douze coups de midi et nous décidons d’aller manger des crêpes arrosées

d’un bon cidre breton.

Entre temps, le fax de la mairie a bien travaillé et à notre retour nous trouvons le rapport des

RG posé sur ma table de travail. De nouveau, nous nous plongeons dans la paperasserie, et

Sophie s’aperçoit avec étonnement qu’elle connaît certaines des personnes inscrites dans la

liste. Avec son aide, nous regroupons certaines personnes par catégorie et nous sommes

surpris de découvrir que la secte choisit en priorité des personnes ayant peu d’attache et très

peu de famille. Nous décidons ensuite d’aller rendre visite à une des personnes notées sur la

liste et qui habite Roscoff, un ancien loup de mer qui tient ses quartiers dans un café sur le

vieux port. Le vieil homme est assis au bar, sa pipe éteinte entre les dents et sirote une

bière. Sophie le salue et l’invite à prendre un verre avec nous. Il hésite un instant, puis finit

par prendre son verre et venir s’installer à notre table. Dés qu’il est installé, j’attaque

immédiatement en jetant négligemment

- Nous voudrions vous parler de « Neverland » !

Il me regarde en fronçant ses sourcils broussailleux et retire sa pipe d’entre ses lèvres.

- Que savez-vous de « Neverland » ? me demande-t-il lentement, comme en pesant ses

mots. Moi, j’en sais très peu, juste ce dont j’ai besoin pour mes missions, et c’est tout ! Et

vous ? C’est la première fois que je vois ensemble plusieurs membres… Qui êtes vous ?

C’est Sophie qui répond en se présentant avec un aplomb inouï. Le vieil homme hoche la

tête, il se rappelle sans doute l’avoir déjà vue dans les rues de la ville.

- Je vous présente mes amis Cindy, Fred, John et Steph, lui dit-elle en nous désignant du

menton.

- Ouais, répond-t-il du tac au tac, je crois bien les avoir vu rôder du côté de la mairie. Ils ne

sont pas du coin, ceux-là, peut-être même pas Bretons !

- C’est vrai, ils ne sont pas d’ici, mais ils sont là pour nous aider à mener une enquête sur

des disparitions tragiques, qui commencent à faire du bruit jusqu’à la tête de l’état.

A ce moment même je reçois un coup de téléphone du premier ministre en personne. Il

m’apprend l’arrivée imminente de renfort de l’armée française afin d’en finir au plus vite avec

cette affaire qui a assez duré. Mon ego en prend un coup, on ne me trouve pas assez

efficace et je commence à craindre de me trouver remplacée et de devoir repartir à Paris. Je

commence à aimer la Bretagne, la mer et les gens du pays. En attendant les nouveaux

renforts, on m’a donné ordre de rentrer à l’hôtel avec mon équipe. Cela ne me plaît guère,

mais je n’ai pas le choix, ce sont les ordres ! Nous remercions le vieux bonhomme à la pipe

qui nous serre la main et nous regarde nous éloigner de ses yeux d’un bleu délavé.

- Ils ont donc bien raison, ces jeunes, je trouve qu’il y a bien des mystères derrière tout ce

tintouin et ça commence à ne pas me plaire !

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Il boit le reste de sa bière et sort du café, l’air songeur. Dans sa tête, les pensées se

télescopent, et il se dit de plus en plus que cela ne sent pas bon, et qu’il est peut-être grand

temps qu’il dise adieu à cette secte par trop secrète à ses yeux. Après tout, en tant que vieux

bourlingueur, il en a vu bien d’autre et ils ne lui font pas peur à lui !

Notre petit groupe a rejoint Saint-Pol et déjà le vol des hélicoptères se fait entendre au-

dessus de nos têtes. Je pousse un gros soupir et Steph me prend par les épaules.

- Ne t’inquiètes pas, va, ils ne vont pas te renvoyer alors que l’enquête touche à sa fin ! Ils ne

feraient pas ça quand même ! Et moi aussi, je devrais rentrer à Paris, nous avons de la

chance, nous pourrons nous revoir, mais qu’en sera-t-il pour John et Sophie ? Tu y as

pensé ?

- Oui, et c’est cela qui me fait le plus de peine, ne plus vous revoir alors que nous sommes

devenus amis… J’ai peu d’amis à Paris et c’est ici, en Bretagne, à vos côtés que j’ai appris

le sens du mot amitié.

Pour passer le temps, nous décidons d’aller voir un film au cinéma, puis de dîner dans un

petit restaurant sympa. La soirée est assez morose, malgré nos efforts à tous pour faire

bonne figure et l’on entend des réflexions désagréables concernant le piétinement de

l’enquête à Roscoff. Nous nous retenons de répondre et préférons rentrer à l’hôtel. Pour une

fois, nous nous couchons tôt. J’ai malgré tout le temps d’envoyer mon rapport avant de me

glisser entre les draps et entre les bras de mon pompier personnel.

17

Je me réveille en sursaut et regarde l’heure sur ma montre : 5 heures trente ! Les avions de

l’Armée de l’Air font des rondes de nuit au-dessus de la région, et à cause de mon sommeil

ultraléger, je suis régulièrement éveillée. Je me lève et m’approche de la fenêtre,

contemplant dans le ciel nocturne les lumières de ces grands oiseaux de proie. Le front

appuyé contre la fraîcheur de la vitre, je repense à l’ordre qui m’a été donné hier soir et à la

possibilité d’être dessaisie de l’enquête. Je m’installe alors devant mon pc portable et me

connecte sur notre site avec mon mot de passe. J’attends quelques secondes avant que l’on

ne me réponde. Je demande, si possible, à parler à l’un des responsables de l’enquête à

Paris. Après quelques minutes encore de patience, une vidéo conférence m’est proposée et

je l’accepte avec grand plaisir.

- Il est bien tard, me dit mon chef en personne, mais je suis ravi de vous voir !

- Moi de même, Monsieur et j’espère ne pas vous déranger outre mesure. J’ai reçu hier

l’ordre de me retirer de l’affaire de Roscoff pour laisser place à l’armée, je voulais en savoir

la raison. Ai-je négligé mon travail ? Pourtant nous avons bien avancé et l’affaire touche

maintenant à sa fin.

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- Ne vous inquiétez pas Cindy, tout cela est arrangé et vous continuez à être à la tête de

cette enquête ; pas question de vous la retirer, vous êtes une de nos meilleurs agents et je

sais de quoi je parle.

- Merci Monsieur, vous retirez un lourd fardeau de mes épaules. Je vous promets que cette

affaire sera vite réglée et que « Neverland » va passer un mauvais quart d’heure à cause de

nous !

J’arrache un sourire de mon chef, ce qui lui arrive rarement, puis il me conseille, vu l’heure et

le fait que j’ai encore pas mal de travail qui m’attend, de retourner me coucher. J’obtempère

aussitôt, d’autant plus que Steph, réveillé par le son de ma voix n’arrête pas de faire des

pitreries pour essayer de me faire rire. Je rejoins notre nid douillet et m’allonge sur le dos, les

mains derrière la tête.

- Je reprends l’enquête, lui dis-je avec le sourire, du coup ce n’est pas encore aujourd’hui

que tu retourneras à la caserne !

- Sniff, me fait-il avec un petit sourire en coin. Mais aucune des pompières de celle-ci n’est

aussi jolie que toi. Et peut-être même aucune aussi intelligente !!!

Nos deux corps se rapprochent et se mêlent dans une étreinte passionnée ; avant que le

sommeil ne nous cueille dans les bras l’un de l’autre. Le jour pointe le bout de son nez

lorsque je me réveille à nouveau, la place prés de moi est vide et j’entends Steph chantonner

sous la douche. Je saute du lit à mon tour, retire mon pyjama et vais le rejoindre sous la

douche. L’eau me fait frissonner et Steph me serre dans ses bras pour me réchauffer. Je

termine rapidement ma toilette, nous nous habillons et descendons à la salle du petit-

déjeuner où nous sommes les premiers, pour une fois. Il faut dire que nos compagnons ne

sont pas encore au courant de notre reprise de l’enquête. C’est mon athlétique pompier qui

se dévoue pour aller leur annoncer la nouvelle et leur dire de se démener car il y a encore du

pain sur la planche. Sophie et John sont très vite attablés avec nous, se réjouissant de

pouvoir reprendre l’enquête qui a failli nous échapper.

Et nous voici, une fois de plus, en route pour la cité corsaire, où les forces de l’armée

française doivent déjà nous attendre pour la reprise des opérations. Dés notre arrivée dans

la ville, je prends contact avec le colonel B., chef du détachement interarmées pour le tenir

succinctement au courant des progrès de l’enquête. Je lui transmets la liste des membres de

la section « Bretagne » de « Neverland », il est temps de frapper un grand coup et de leur

faire savoir que nous avons mis le turbo. De notre côté, nous avons décidé de retrouver le

vieux marin afin d’avoir une plus longue discussion avec lui. Nous retournons au café, mais

le vieux bonhomme n’y est pas encore et décidons de nous rendre chez lui. Il nous accueille

en tricot de corps et nous fait entrer dans une cuisine rustique embaumant le café frais. Nous

nous installons autour de la table et dégustons une merveille d’arabica qui n’est en vente

dans aucun magasin. Dommage !!!

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Tout en sirotant le délicieux breuvage, nous reprenons notre conversation entamée la veille.

Le vieux Gaël Robic nous avoue avoir beaucoup réfléchi depuis la veille et vouloir quitter

« Neverland » France le plus tôt possible.

- Êtes-vous sûr qu’ils accepteront votre décision sans broncher ? J’en doute, cette

association de terroristes n’a pas l’air de faire dans la dentelle et je ne pense pas qu’ils vous

laisseront partir autrement que les pieds devant.

- Vous savez ma p’tite dame, j’en ai connu des galères dans ma petite vie de marin, et je ne

suis pas prêt à laisser des inconnus me dicter ma conduite quand j’ai décidé quelque chose.

Sur ma pipe, je vous le dis !!!

Soudain résonne dans la petite maison un coup de sonnette impérieux.

- Restez là, je vais ouvrir dit John en sortant instinctivement son arme de son holster. Steph

le suit, son arme également à la main.

Au dehors, un hélicoptère de l’Armée de l’air survole le quartier, où le pilote connaît notre

présence. Derrière la porte de chêne, se trouvent 4 personnes vêtues de combinaisons

noires et masquées d’une cagoule qui pointent leurs armes vers les 2 hommes. Dés que la

caméra de l’hélico a visionné la scène, celui-ci descend le plus rapidement possible et se

positionne de façon à ce que les hostiles se trouvent dans la ligne de mire du tireur d’élite.

Par le mégaphone est diffusé un message ordonnant aux hommes cagoulés de poser leurs

armes au sol et de se rendre.

Vont-ils obtempérer ? Devant notre déploiement de force, après une courte hésitation, ils

posent leurs armes devant eux et lèvent les mains au ciel. Steph va récupérer les armes

pendant que John les tient en respect. Ils les font rentrer dans la maison tandis que l’appareil

se pose et les militaires viennent nous rejoindre dans la cuisine, qui soudain semble avoir

rétréci. Nous apprenons aux membres de « Neverland » la détermination de M. Robic à

quitter leurs rangs et la forte possibilité que la secte terroriste se voie complètement

démantelée en France par nos équipes. Les 4 personnages se regardent et lentement, l’un

après l’autre, retirent leur cagoule. Il y a 3 hommes et une femme dans le groupe, qui

semblent plutôt satisfaits de ne pas être obligé d’accomplir cette mission qui ne leur plaisait

guère. Il faut dire qu’il ne doit pas être facile pour une femme enceinte d’appuyer sur la

gâchette ! Je la regarde avec compassion et je vois alors de grosses larmes couler sur ses

joues. Je présume qu’il s’agit encore d’une de ces personnes fragiles psychologiquement

que manipulent les chefs de la secte.

Eux aussi, spontanément nous livrent ce qu’ils savent et ce qu’ils ont sur le cœur. Ils se

présentent et je note leurs noms afin de les rechercher sur la liste du Docteur. Quant à la

jeune future maman, prénommée Agathe, Steph a demandé pour elle un hélicoptère

sanitaire et reste à ses côtés pour s’occuper d’elle. John, Fred, Sophie, et moi-même

attendons les 2 voitures chargées de venir prendre les 3 hommes pour les amener à Saint-

Pol. C’est presque en même temps qu’hélicoptère et voitures arrivent et bientôt notre petit

groupe se retrouve seul avec le vieux marin. Celui-ci nous remercie de notre aide précieuse

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et nous assure de son entier concours. Il va faire en sorte que la secte connaisse l’échec de

sa tentative d’élimination et comprenne qu’elle n’a pas affaire à des bleus. De son QG au

café, il continuera à glaner des renseignements, mais cette fois-ci, ils seront pour nous.

Nous prenons congé de notre nouvel ami, alors que nous observons un combat aérien entre

un avion aux couleurs de « Neverland » et un Mirage 2000 bien décidé à en finir avec ce

moucheron. Avec tous ces rebondissements, la matinée est passée à une vitesse folle et il

est déjà presque midi. Nous allons déjeuner dans un petit salon de thé tandis que résonne à

nos oreilles le bruit d’une explosion en plein ciel. Cet après-midi, nous devons nous rendre

sur l’aérodrome privé afin d’en apprendre plus sur le réseau aérien mis en place par les

terroristes. Nous nous entassons dans la voiture et en route pour le terrain d’aviation !

Nous sommes accueillis au bureau par une jeune femme souriante, qui nous demande ce

qu’elle peut faire pour nous.

- Nous voudrions parler à votre directeur, nous avons quelques questions à lui poser, dis-je

en lui montrant ma carte de police.

Elle s’empresse de l’appeler et nous guide jusqu’à un bureau, où un homme élégamment

vêtu nous reçoit la main tendue. Il nous invite à prendre place autour de son imposant

bureau, nous offre des boissons à notre goût, puis se tournant vers moi, me demande ce qui

lui vaut l’honneur de notre visite. Je lui explique brièvement ce que nous cherchons et il

pianote sur son ordinateur à la recherche des informations demandées. Une association de

pilotes civils a loué un hangar pour entreposer ses appareils et se sert de leur piste d’envol

pour leurs vols programmés. Il me fait une copie papier de tous les renseignements qu’il

vient de me donner et nous propose d’aller visiter le fameux entrepôt situé au fond de

l’aérodrome dans un secteur sécurisé. 2 appareils y reposent encore : un vieil hélicoptère à

la peinture écaillée et un petit avion de tourisme à l’allure neuve, dont le fuselage porte le

sigle de « Neverland ».

Steph monte dans les 2 aéronefs qu’il fouille de fond en comble à la recherche de nouveaux

indices. Dans l’un d’eux, il trouve un plan de vol avec des annotations au stylo et dans

l’autre, sans doute tombée d’une poche, une carte de visite avec une adresse sur Morlaix. Je

demande à notre accompagnateur de bien vouloir immobiliser les 2 appareils qui ne sont

plus autorisés à voler et nous les mettons sous scellés. Steph me tend le tout avant de

redescendre et nous prenons quelques photos des 2 appareils avant de quitter l’aérodrome,

non sans avoir remercié chaleureusement son directeur. Voilà de nouveaux indices pour

notre puzzle qui prend forme de jour en jour. Nous allons maintenant rentrer sur Roscoff et

retourner une nouvelle fois au CNRS ;

Il est presque 18H lorsque nous nous garons sur le parking prés de la promenade. Il fait déjà

presque nuit et je frissonne malgré ma veste chaude. Pourtant, nous croisons une jeune

femme en jupe courte qui sourit d’un air aguicheur aux 3 hommes qui n’ont pu s’empêcher

de regarder ses longues jambes. Je fronce les sourcils devant cette demoiselle à la tenue

peu orthodoxe en cette période hivernale, fais signe à mes collègues de ne pas bouger et

m’avance vers elle.

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- Bonsoir, lui dis-je, il fait bien frais pour se vêtir si courtement, vous allez attraper froid,

mademoiselle.

Elle me toise d’un air hautain, et semble regarder au-delà de moi, vers les hommes restés à

l’écart. Je pose la main sur son bras, ce qui la fait sursauter, et par réaction, John sort son

arme de son étui. La jeune femme lui jette une œillade effarouchée et fait quelques pas

chaloupés vers lui. Sophie s’interpose immédiatement et vient au devant de l’inconnue.

- Toi, lui dit-elle d’un air déterminé, tu te tiens à distance respectueuse de nos hommes,

sinon je me transforme en tigresse et je te lacère de mes ongles. Bien compris, ou tu veux

une démo ? Et d’abord, qui es-tu, il me semble que je ne t’ai jamais vue dans les parages et

le blocus est toujours maintenu. Comment es-tu arrivée jusqu’ici ?

Comme tétanisée, elle reste devant notre amie, bouche bée, puis soudain elle sort de sa

poche un aérosol aux couleurs de « Neverland » et tente d’en asperger Sophie. Mais cette

dernière, avec un réflexe fulgurant se jette au sol et Steph, qui est le plus prés des deux

femmes sort rapidement sa bombe lacrymo et en asperge le visage de l’inconnue. Elle lâche

alors son aérosol, que Sophie récupère avec aplomb avant de se redresser. Elle ne fait ni

une ni deux et d’une petite giclée envoie la demoiselle dans les bras de Morphée. Tant pis

pour elle, les gendarmes viendront la chercher, pendant ce temps-là, nous nous rendons au

CNRS, munis de la bombe loin d’être vide. Décidément, les indices sont de plus en plus

nombreux. Quand les gendarmes arrivent pour embarquer la jeune femme, ils la trouvent

inanimée sur le sol, victime d’une allergie au cocktail lacrymo-« Neverland ». Elle décédera

dans l’hélico chargé de l’amener d’urgence à Brest.

Notre butin remis aux chercheurs, nous repartons à notre QG à la mairie afin de faire le point

journalier avec notre équipe. Certains suspects de la liste semblent s’être volatilisés, quant

aux autres, dont la jeune femme sur la promenade, nous n’avons encore que peu de détails

à leur sujet. Il fait nuit noire lorsque nous quittons la ville pour rentrer à notre hôtel. Nous

nous arrêtons en chemin au snack pour acheter de quoi dîner, puis rentrons directement à

l’hôtel. Fred nous quitte et rentre chez lui, son épouse l’attend. Nous mangeons pour notre

part dans la chambre de John. Ensuite nous nous quittons après un échange de baisers

amicaux. Je m’installe devant mon pc portable pendant que Steph téléphone à ses chefs

pour leur donner les dernières nouvelles. Nous nous allongeons sur le lit et allumons la

télévision pour voir les informations. Pas un mot sur Roscoff, il semblerait qu’en haut lieu on

ait étouffé l’affaire. La journée a été rude et nous commençons à sentir la fatigue, mais avant

de nous endormir, nous prenons le temps, dans les bras l’un de l’autre de bavarder à bâtons

rompus et de nous faire quelques câlins avant d’éteindre la veilleuse et de penser au

sommeil.

C’est la pluie tombant en trombe sur les carreaux qui me réveille au matin. Je sors mon

imperméable de la valise et choisis des vêtements chauds. La journée ne va pas être bien

drôle sous la pluie, mais j’en ai vu d’autres et cela ne me fait pas peur.

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Steph s’étire dans le lit et grimace en voyant le temps. Il se lève et choisit de se remonter le

moral sous une bonne douche chaude. Sophie vient frapper à notre porte pour nous dire

qu’ils sont prêts et nous descendons ensemble dans la salle du petit déjeuner. Sitôt nos

estomacs remplis, nous reprenons encore une fois la route de Roscoff. Heureusement qu’il

n’y a que peu de kilomètres entre les deux villes car la conduite est malaisée en raison de la

forte pluie. Nous nous garons devant la mairie, où se trouve déjà la voiture de Fred et le

retrouvons sirotant un café dans la salle des mariages.

Nous nous rendons tous dans l‘antre de monsieur le maire qui nous attend derrière son,

bureau. Après nous avoir cordialement salués, il nous tend, avec le sourire, le dernier

rapport du CNRS : ils ont enfin trouvé l’antidote à la bactérie « Ocean Blue » et celui-ci sera

fabriqué en nombre pour lutter contre les manigances de « Neverland ». Voilà une bonne

nouvelle qui égaie cette journée sinistre. Le brouillard se lève, noyant tout dans un flou

cotonneux et grisâtre.

Je prends aussi le temps de lire le rapport journalier de l’Armée. Ils ont appréhendé une

bonne partie des membres « Bretagne » de la secte. Certains se sont montrés réticents,

mais pour la plupart, ces personnes, malgré leur attachement aux valeurs de « Neverland »

jugeaient leurs actions trop violentes et pas toujours utiles. En recoupant les nombreux

renseignements perçus, nous avons désormais une idée bien plus précise de l’endroit où est

situé le QG breton de « Neverland ».

Quimper ! Cela fait un bout de route et pas question d’y aller ce marin avec ce temps de

chien. Pas le temps de nous organiser ! Les forces armées vont se préparer à une attaque

surprise qui aura lieu demain matin au lever du jour. Bien sûr, notre équipe au complet sera

sur le théâtre d’opération, il va sans dire ! Mais avant tout, nous voulons redonner à Roscoff

son allure d’avant, sa gaieté et son air de vieille dame guillerette. Le blocus est levé dés

aujourd’hui et tous les habitants vont pouvoir rejoindre leurs pénates.

Les avions de chasse, pour leur part, continueront à mener leur ronde efficace au-dessus de

la région, afin de mettre en garde les terroristes contre toute nouvelle envie de récidiver. La

ville continuera à être sillonnée régulièrement par les gendarmes pour s’assurer du calme

revenu dans la commune. Notre affaire touche à sa fin, et je sens enfin la proximité du

dénouement qui fait battre mon cœur plus vite. Nous prendrons la route cet après-midi, si le

temps se lève comme nous l’espérons pour nous rendre à Quimper et être à pied d’œuvre à

l’heure dite. Mon téléphone portable sonne et j’apprends par le contrôle de Landi qu’un 2ème

Mirage 2000D a décollé de Nancy pour rallier la base aéronavale.

Fred appelle son épouse pour la prévenir qu’il ne rentrera pas ce soir, tandis que John se

met en rapport avec le GIPN pour lui demander main forte. Ils seront à Quimper très

rapidement et dés à présent la gendarmerie de la ville et la police surveillent conjointement

les lieux pour éviter toute fuite possible. Je sens que notre coup de filet va être une vraie

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réussite. Sophie, de son côté me confie son envie d’entrer dans la police, John lui a dit

qu’elle était plutôt douée, sportive et nullement peureuse, peut-être même un peu casse-cou,

mais cela peut servir dans le métier. Je la conforte dans cette idée, car j’ai pu remarquer moi

aussi ses qualités de limier et sa combativité.

La pluie semble perdre de sa force et nous pourrons donc partir vers 14H pour Quimper.

Fred prendra le volant, il connaît le chemin. Dans le ciel nuageux de Roscoff, j’entends le

grondement de 2 chasseurs qui viennent nous saluer avant de filer sur Landivisiau. Comme

il est rassurant ce bruit de réacteurs vrombissant au-dessus de nos têtes ! J’adore les avions

de chasse et dans cette enquête je suis aux premières loges. Il doit faire bon vivre à

Roscoff !!!

Après un repas sur le pouce et un bon café que nous prenons en compagnie de Gaël Robic,

notre ami marin pécheur, nous partons pour Quimper en début d’après-midi. Il nous faut

environ une heure et demie avant d’arriver dans le chef-lieu du Finistère. Fred nous conduit

au commissariat de police où se regroupent toutes les forces en présence pour l’assaut du

lendemain. Un briefing aura lieu à 17H, ce qui nous laisse le temps de trouver un hôtel pour

la nuit. Nous en trouvons un dans une rue tranquille pas trop loin du centre-ville et y

déposons nos affaires.

Le commissariat bruisse de conversations lorsque nous y revenons un peu avant 17H. Nous

prenons place dans la grande salle de conférence, où bientôt le silence se fait. Après le

garde à vous de rigueur, je prends enfin la parole pour résumer à tous notre enquête, la

personnalité des dirigeants de « Neverland », celle de ses membres et leurs noirs desseins.

Sur écran géant, sont diffusées des diapos illustrant mon discours, les images parlent

toujours mieux que les mots. John prend ensuite la parole pour faire le point sur les armes et

engins qui seront utilisés demain. Quant à Steph, il s’inquiète de la sécurité des habitants et

souhaite que son détachement soit présent. Accepté ! Les pilotes des Mirage nous

demandent alors d’éclaircir pour eux quelques points obscurs. Après une dernière salve de

questions diverses, chacun étant conscient de l’enjeu de sa mission, nous clôturons cette

séance. De nombreuses poignées de main sont échangées et des conversations se croisent

entre les différents protagonistes de l’assaut final.

Nous profitons d’un peu de répit pour flâner dans les rues de la ville, découvrir la cathédrale

Saint Corentin illuminée et admirer les décorations lumineuses d’avant Noël. Des cracheurs

de feu, un orgue de barbarie, des vendeurs de marrons chauds égaient les rues bordées de

jolies maisons à colombages Sophie déniche une petite crêperie au cadre sympathique,

dans laquelle nous dinons à la lumière de chandelles. Nous dégustons avec délices galettes

et crêpes, le tout arrosé de cidre maison, avant de faire une dernière promenade digestive à

travers les rues illuminées. Nous rentrons de bonne heure à l’hôtel, car nous devrons nous

lever aux aurores ; voire bien avant !

Allongés l’un contre l’autre, nous nous exhortons au calme et à la sérénité, chose peu facile

à la veille d’un tel assaut. Le sommeil nous fuit et je me tourne et me retourne dans le lit,

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tendue comme un arc. Je finis par me lever et aller boire un verre d’eau ; Steph me rappelle

auprès de lui

- Viens te coucher, mon cœur, sinon tu ne seras pas en forme tout à l’heure ! Il faut te

reposer, tu dois être au maximum de tes capacités physiques et mentales.

Je le rejoins et me blottis dans ses bras, il me caresse doucement les cheveux en me

murmurant des choses tendres et je sombre enfin dans un sommeil réparateur bien que de

courte durée.

19

Dans le silence de cette fin de nuit, nous prenons nos places avant l’assaut tout autour de

l’office du tourisme, devenu le QG de « Neverland ». La majorité des lumières sont éteintes

pour faciliter notre mission. A Landivisiau les appareils de combat se préparent eux aussi

pour l’assaut. Ils devraient arriver au dessus de Quimper quelques minutes avant le « top

action ».Les 4 avions, 2 Rafale et 2 Mirage 2000D, seront en circuit d’attente. Les hommes,

au sol, ont synchronisé leurs montres, et tous, après le briefing matinal, sont tendus vers

l’action. Au « Top Action » les équipes s’élancent dans un grand silence et un parfait

synchronisme. Au même moment, les avions font leur apparition au-dessus du mont Fruggy

dans le vrombissement de leurs réacteurs. La première vague d’assaut surprend les

terroristes dans leur sommeil, tandis que les chasseurs font au-dessus de leurs têtes une

manœuvre d’intimidation, réussie. Les hommes du GIPN réunissent tous les prisonniers

dans une même salle sous la menace de leurs armes, il nous reste à faire le plus important :

séparer le bon grain de l’ivraie. Les fanatiques n’auront pas la chance de voir le soleil se

lever aujourd’hui, les membres de la secte, de leur côté, impressionnés par le déploiement

de force et le passage répété des aéronefs, tremblent de peur devant les hommes cagoulés.

La petite troupe de prisonniers rescapés est conduite à l’abri. Mais un terroriste a réussi à

nous échapper, a pris une voiture puissante et fonce vers le centre ville. C’est un Mirage qui

le prend en chasse, fonçant en très basse altitude, frôlant les toits des maisons, pour ne pas

perdre l’hostile sur son radar. Dés que le moment propice se présente, il met en œuvre son

canon et tire sur le véhicule qui s’embrase dans un lieu heureusement désert. Les pompiers,

qui étaient déjà sur le terrain, interviennent rapidement pour éteindre le feu..

Une fois l’assaut donné, les prisonniers évacués et le terroriste en fuite abattu, mon équipe

fait ouf. Nous appelons Sophie, qui est restée à l’hôtel conformément aux ordres du chef de

mission. Elle jubile à l’annonce de la pleine réussite de l’opération. Les avions, désormais

inutiles, rentrent au terrain, où ils suivront le débriefing par visioconférence. En attendant,

une équipe de la police nationale, à nos côtés, prend le temps de fouiller de fond en comble

le bâtiment à la recherche de preuves et documents. Notre butin est plutôt satisfaisant, et je

me charge de réunir toutes ces preuves dans un accablant dossier contre « Neverland ».

Nous avons désormais largement assez de preuves pour faire de «la secte internationale »

notre ennemi public numéro 1, l’ « homme » à abattre dans tous les pays de l’Union. Je me

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rends directement au commissariat afin de mettre tous ces documents en sécurité, puis je

réintègre notre hôtel afin d’envoyer un tout dernier compte-rendu d’opération à mes

supérieurs.

Je reçois quelques minutes plus tard, sur ma messagerie, un courriel de félicitation pour

avoir su conclure cette affaire dans les meilleurs délais. Je suis aux anges et saute au cou

de Steph, qui me serre très fort contre lui. Puis il regarde sa montre et me rappelle que nous

avons un débriefing qui nous attend. John nous rejoint, toujours sans Sophie, qui a décidé,

« pour se venger », de faire une matinée shopping. Je suis sûre qu’elle ne reviendra pas les

mains vides, mais sa carte bleue risque d’en prendre un sérieux coup.

Le débriefing a lieu dans la même salle, mais l’on sent cette fois-ci les hommes beaucoup

plus détendus. Les rires fusent, les conversations vont bon train et l’on a apporté pour

restaurer tout ce beau monde, boissons chaudes, croissants et autres viennoiseries. Il est

vrai qu’après un tel assaut, lorsque les nerfs retombent, j’ai toujours faim, moi. Une fois tout

le monde restauré et désaltéré, nous prenons nos places et la séance peut enfin

commencer. C’est tout d’abord le commandant du GIPN qui prend la parole afin de nous

relater l’assaut et ses résultats. Aucune perte n’a été à déplorer, et l’assaut a eu lieu dans

des conditions idéales, avec des troupes bien entraînées, ce qui a permis un vrai travail de

pro.

Les « nuisibles » ont été éradiqués comme convenu et le reste des membres de la secte mis

en sûreté. Les policiers pour leur part rendent compte de leur fouille en règle des lieux et des

documents découverts, ceux-ci m’ayant été confiés comme cela avait été décidé le matin

même. Par visioconférence, nous nous mettons en rapport avec les pilotes de chasse, qui

nous font le rapport de leur opération, dont l’attaque de la voiture en fuite et de leurs

résultats positifs. Les gendarmes, qui ont sécurisé la zone, n’ont eu à déplorer que quelques

badauds matinaux, intrigués par ce remue-ménage, mais qui ont très vite dégagé à la

demande de la marée-chaussée.

- Je tiens à remercier tout le monde pour sa participation à cet assaut et cette victoire qui

nous est commune et que nous partageons dans le respect et l’attention de chacun, dis-je

avec emphase, même si je sens une boule dans la gorge et comme une envie de pleurer

après tous ces rebondissements. Bravo à vous toutes et tous pour cette opération menée de

main de maître. Je crois que nous avons bien mérité une salve d’applaudissements. Je tiens

aussi à féliciter l’équipage féminin du Mirage qui a pris en chasse le fuyard, piloter un tel

engin en ville, ce n’est pas du gâteau !

- Dites, commandant, que vont devenir les ex-membres de la secte ? demande un policier

dans l’assistance.

- Nous allons prendre leurs dépositions puis les relâcherons, car ils sont plus victimes

qu’autre chose dans cette histoire. Voilà où mène la faiblesse humaine, heureusement, je

n’ai affaire pour ma part qu’à des personnes de caractère.

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Après avoir tapé mon compte-rendu de l’assaut pour le bureau de police, je récupère mes

acolytes et nous fonçons à l’hôtel chercher Sophie, car nous devons nous rendre cet après-

midi à Landivisiau pour une cérémonie en grande tenue. Sophie nous attend dans le hall de

l’hôtel avec nos maigres bagages et les énormes emplettes de notre amie. Enfin, elle a bien

le droit de se faire plaisir !!! C’est dans une ambiance détendue que nous déjeunons à l’hôtel

dans la petite salle prévue à cet effet, réglons notre note et quittons la jolie cité quimpéroise

en nous promettant d’y revenir pour une visite plus poussée.

A notre arrivée à la base aéronavale de Landivisiau, nous sommes accueillis par l’amiral en

personne, le chef d’état-major de l’armée de l’air et bien d’autres hauts gradés auxquels

nous ne nous attendions pas. On est allé chercher nos tenues d’apparat et nous apprécions

la douche et la petite pièce mise à notre disposition pour nous changer et nous reposer.

Sophie sort de son sac la tenue achetée le matin même : une robe couleur pervenche,

longue, des escarpins blancs et une large ceinture de cuir blanc pour mettre en valeur sa

taille fine et musclée. Mais le sac est loin d’être vide et elle en sort un cadeau pour chacun

d’entre nous : pour John un portefeuille en cuir vachette noir, pour Steph, un agenda

électronique et pour moi, un sac banane plein de poches pour y mettre tout mon attirail. Elle

a aussi un cadeau pour Fred, mais celui-ci n’a pas souhaité participer à la cérémonie et a

préféré repartir à Brest.

Il est 17H, nous sortons dans la cour d’honneur et nous plaçons dans nos alignements

respectifs. Le garde-à-vous est lancé et l’amiral, chef d’état-major de la Marine Nationale,

prend la parole.

- Repos ! Nous sommes ici pour honorer une équipe pluridisciplinaire grâce à laquelle

« Neverland Bretagne », cette secte maléfique et violente, a pu être démantelée dans un

délai très bref. Félicitations aux pilotes qui ont participé à l’enquête et à l’assaut final. Je

demande au commandant Cindy Meyer, au commandant John Defoe, chef de groupe du

RAID et au commandant Stéphane Bourrel, chef de l’unité d’investigation des pompiers de

Paris, de faire un pas en avant. Nous obtempérons et nous mettons au garde à vous. L’un

après l’autre, nous déclarons :

- Mon amiral, à vos ordres !

- Mes commandants, je suis très fier d’être devant vous aujourd’hui et de pouvoir honorer

trois corps d’élite à travers leurs meilleurs membres. Cette enquête fut rondement menée,

bien qu’elle parût au départ plutôt confuse car nous n’avions aucuns renseignements précis

sur cette affaire. Votre volonté d’avancer malgré les difficultés – et je veux à ce moment avoir

une pensée pour le lieutenant de police Freddy Martin qui a risqué sa vie dans cette affaire –

votre hargne et votre courage ont forcé notre admiration à tous. Je tiens à vous faire membre

d’honneur de la BAN de Landivisiau, désormais vous êtes ici chez vous.

De nombreux militaires ont été médaillés par leurs chefs d’état-major successifs qui ont pris

la parole à tour de rôle. Quant à nous, nous ne sommes pas oubliés et arborons aussi

fièrement nos médailles toutes brillantes.

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Nous saluons pour remercier, puis nous sommes conviés à un apéritif dinatoire qui se tient

au mess des officiers. Une coupe à la main, nous circulons entre les officiers supérieurs et

généraux et sommes souvent entretenus de notre dernière enquête. Sophie, seule civile

parmi tous ces militaires et ces policiers s’accroche désespérément à John, tant elle se sent

perdue. Elle ressemble à une pervenche au milieu d’un champ de bataille, comme me le

murmure Steph à l’oreille lorsque nous avons l’occasion de nous croiser entre deux groupes.

J’avoue que John semble un peu gêné par ce paquet encombrant qu’il promène à son bras.

Je m’approche subrepticement d’elle, l’attrape par le bras et la mène à l’écart.

- Tu n’as pas l’air de t’amuser, lui dis-je gentiment. Si tu veux, je demande un taxi pour te

ramener à Roscoff.

- D’accord, me répond-elle après une légère hésitation, je vois bien que je suis de trop ici, je

n’ai plus aucun plaisir à être avec vous, tout le monde m’ignore !

Je vois des larmes dans ses yeux, et lui souris malgré tout, mais je sais au fond de moi-

même que son roman d’amour avec John est terminé. Je fais demander un taxi par un

Fusillier marin, qui raccompagne la civile jusqu’à la porte. Mes 2 amis et moi profitons alors

pleinement de ce moment de détente avant de rentrer nous aussi à Saint-Pol pour un repos

bien mérité. John, quelques minutes après notre arrivée, vient frapper à notre porte et nous

montre un papier laissé par sa compagne sur l’oreiller. Il lit :

« Je vois bien que je suis un fardeau pour toi, je ne suis pas de ton monde. Je préfère partir

avant que nous nous disputions pour des broutilles comme certains couples que je trouve

ridicules. Adieu et bonne chance, Sophie »

Je le vois relever la tête et m’aperçois qu’il n’éprouve aucun chagrin à la lecture de cette

missive. C’est un dur à cuire, et une jeune femme aussi fragile n’est certes pas faite pour un

homme de son gabarit. Nous restons à bavarder quelques minutes dans notre chambre, puis

John fatigué se retire dans sa chambre de célibataire, nous laissant Steph et moi déguster

en tête à tête notre victoire.

20

Encore un matin qui se lève sur le Pays du Léon, avec quelques flocons de neige qui

volètent de ci de là. Pour la dernière fois, après le petit déjeuner, nous retournons à Roscoff,

où la municipalité a organisé une fête pour le retour à la normale et remercier toute l’équipe

des chercheurs qui ont travaillé d’arrache-pied à éradiquer la dangereuse bactérie. Fred,

comme la veille, n’a pas souhaité participer aux festivités locales.

Monsieur le maire et son conseil au complet nous accueillent dans le hall de la mairie où

nous échangeons de chaleureuses poignées de mains. Quelques minutes plus tard, nous

nous rendons dans la salle polyvalente et y retrouvons l’équipe de recherche, qui est arrivée

depuis quelques minutes. Le maire, puis son adjoint font de beaux discours pour nous

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remercier tous du travail effectué et de l’entente cordiale qui nous a tous liés pendant cette

enquête.

C’est avec le plus grand sérieux qu’une petite fille habillée de blanc apporte sur un coussin

de velours rouge les clés de la ville que monsieur le maire nous remet avec beaucoup

d’émotion.

- Nous avons travaillé ensemble, main dans la main, et ce fut un plaisir que cette

participation mutuelle entre civils et militaires. C’est pourquoi, puisque vous avez sauvé

Roscoff qui courait à sa perte, il me semble naturel, en ce jour de vous remettre

solennellement les clés de notre ville, qui vous est à jamais dévouée. Vous y serez toujours

les bienvenus et nous espérons que vous prendrez un jour le temps de venir visiter notre

belle petite cité de caractère aux beaux jours quand elle déploie tous ses charmes.

- Merci, dis-je à l’édile municipal en prenant de ses mains les clés dorées à l’or fin. Nous

sommes venus ici portés par le travail, mais votre charmante cité nous a appris bien plus

que les mystères voués à la mortelle bactérie. Nous avons trouvé ici, en Bretagne, des gens

chaleureux et accueillants, un temps pas pire que partout ailleurs, au contraire, et tissé des

liens très forts les uns avec les autres. Merci à toute la ville pour son aide et sa patience, je

sais que ce ne fut facile pour personne et je vous en fais mes excuses. Mais cela valait la

peine de se donner du mal, puisque aujourd’hui nous avons toutes les preuves en main pour

éradiquer « Neverland » section Bretagne et porter la secte devant les tribunaux.

Tout le monde applaudit et nous nous dirigeons vers le fond de la salle où ont été disposés

des plateaux savoureusement garnis. Steph, raisonnable, prend un verre de cocktail de jus

de fruits en grignotant des cacahuètes et gâteaux apéritifs. Pour ma part je ne résiste pas à

une coupe de champagne que je sirote du bout des lèvres tout en circulant dans les rangs.

Je prends le temps d’échanger un mot avec chacun, et de tous les remercier pour l’aide

qu’ils nous ont apportée.

Petit à petit, la salle se vide de ses convives et nous décidons aussi de prendre congé de

nos hôtes, non sans les avoir une nouvelle fois remerciés et promis de revenir au plus tôt

dans cette accueillante cité, dont nous n’avons pas encore pu faire le tour. En sortant de la

salle, dans le hall d’entrée, nous trouvons Sophie qui nous attend les bras croisés. Elle n’a

pas osé venir nous rejoindre dans la salle et est restée plantée là depuis un bon moment

semble-t-il. Elle regarde John bien en face et lui jette à la figure :

- Eh bien, on peut dire que tu ne tenais guère à moi, à en juger par les coups de fil que tu

n’as pas cessé de m’envoyer ! Tu es un goujat et je t’interdis de remettre les pieds dans

cette ville tant que j’y serai.

Je fronce des sourcils devant cette diatribe, puis lorsque la furie a fini de cracher son venin,

je me campe devant elle, les mains sur les hanches et lui réplique :

- Regardez-moi cette demoiselle qui se croit intéressante ! Elle fait sa mijaurée, joue les

martyres et pourtant c’est toi qui a décidé de partir, si John ne t’a pas retenue, c’est sans

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doute qu’il a ses raisons. C’est un homme honnête, loyal et droit. Et je t’interdis d’en douter.

La susceptibilité dont tu fais preuve aujourd’hui me conforte dans l’idée que tu n’es pas faite

pour travailler en équipe, ni dans la police, ni dans la gendarmerie, tu ne t’y entendrais pas

avec tes collègues.

Sophie reste à me regarder, la bouche ouverte comme si elle baillait aux corneilles et cela

me semble soudain si comique que je me mets à rire sans pouvoir m’arrêter. John et Steph

me regardent d’un air égaré, puis au bout d’un instant, tous deux se mettent aussi à rire à

gorge déployée. Sophie nous regarde, l’air indécis, puis tourne les talons et préfère partir,

avec un haussement d’épaules.

- Bon débarras, murmure Steph. John, tu l’as échappé belle, tu te rends compte du genre de

dragon que tu aurais pu avoir sur le dos ?

- Mes chefs me suffisent amplement, rétorque John en grimaçant comiquement. Mais trêve

de plaisanterie les amis, il nous faut prendre congé et rentrer à Saint-Pol où de nouvelles

instructions doivent nous y attendre.

Sitôt dit, sitôt fait ! Nous voilà de retour dans la ville de Saint-Pol-de-Léon, encapuchonnée

de blanc. Nous admirons en silence la cathédrale qui brille dans la lumière de ce froid

hivernal. Steph prend même son téléphone portable pour immortaliser cette vision céleste.

Nous rentrons à l’hôtel, où nous attendent des enveloppes scellées à nos 3 noms. Chacun

prend la sienne et la triture entre ses doigts, pas vraiment pressé de l’ouvrir, sachant que

cela mettra fin à notre trio amical. Enfin, je me décide à ouvrir mon courrier sous le regard

anxieux de mes 2 complices. Je pousse un cri de joie en lisant la lettre à en-tête de la police

scientifique./

- Steph, John, ouvrez vite vos missives, je crois qu’elles aussi vous réservent une bonne

surprise !

Mes deux acolytes s’exécutent sur le champ et je vois bientôt leurs visages s’éclairer d’un

chaleureux sourire devant la nouvelle qu’ils lisent. Puis Steph lève la tête vers moi et sans

plus hésiter, il me prend dans ses bras et me fait tourbillonner comme si je n’étais qu’une

poupée de chiffon. Je ris aux éclats, mais lui demande quand même de me poser. John est

resté là, à nous regarder sans bouger, regrette-t-il le départ de Sophie ? Je m’approche alors

de lui et dépose sur sa joue un gros baiser affectueux.

- Tu restes avec nous, hein, John, tu ne vas pas nous abandonner au moment où on peut

enfin en profiter !

Steph surenchérit et donne une bourrade amicale au policier qui lui répond enfin par un

sourire.

- Si vous êtes sûrs que vous voulez que je reste avec vous, alors, tant pis pour vous, il

faudra me supporter !

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Et il rend sa bourrade à Steph, qui manque s’allonger sur le tapis, tant celle-ci l’a pris par

surprise. Nous avons le choix entre rester dans notre hôtel actuel ou choisir un petit hôtel de

Roscoff, pour nos 4 semaines de vacances bien méritées.

- Alors, ici ou à Roscoff, interroge Steph en nous regardant tour à tour. Moi,

personnellement, je préférerai aller à Roscoff, il ne manque pas d’hôtel là-bas. Et vous ?

- Moi aussi j’aime mieux Roscoff, lui dis-je dans un grand sourire, c’est quand même un peu

plus pittoresque et j’adore son côté vieilles pierres.

- Alors va pour Roscoff, déclare John, en souriant lui aussi !

Nous nous penchons sur les quelques hôtels encore ouverts dans la cité corsaire et nous

décidons pour l’Hôtel sous les Arcades. Nous nous concertons et décidons finalement

d’opter pour une chambre à trois, cela sera plus sympa de rester tous ensemble. J’envoie un

message à mon chef pour lui confirmer qu’on peut venir retirer le matériel de nos chambres

car nous avons décidé de changer de lieu de résidence. Nous avons la chance de pouvoir

garder la voiture, ainsi pourrons nous rayonner dans la région pour y visiter les sites

intéressants, et ils regorgent d’après ce que nous a dit Fred. Peut-être irons-nous même lui

rendre une petite visite, cela lui fera sans doute plaisir.

21

Une fois installés dans notre nouvel hôtel-restaurant avec vue sur mer, nous ressortons pour

nous promener dans le petit centre ville où les touristes se font rares. Nous faisons notre

provision de cartes postales pour la famille et les amis, puis les écrivons devant un café dans

le salon de thé décoré pour les fêtes. Nous allons ensuite les poster en cœur avant de

rentrer dîner. La salle du restaurant a un charmant panorama sur la mer et l’embarcadère.

Le repas terminé nous allons nous promener sur l’estacade et regardons le soleil se coucher

à l’horizon. Je prends la main de Steph dans la mienne et pose ma tête sur son épaule. Je

sens mon cœur battre la chamade, je n’ai plus peur de l’avenir, je ne pense plus à ma

dernière rupture, je me sens heureuse !

Le lendemain, après le petit-déjeuner, nous décidons d’aller jusqu’à Morlaix, afin de voir son

fameux viaduc. Steph se met au volant et je m’assieds à ses côtés. C’est John, installé à

l’arrière qui garde la carte routière, au cas où…. La route nous permet de longer la baie de

Morlaix avec ses petits villages typiques et ses ports de plaisance, où pour l’instant, ne se

balancent que peu d’embarcations. Comme le GPS décide lui aussi de prendre des

vacances, John sort la carte de la région et l’étale sur ses genoux, histoire de jouer les

copilotes. Nous arrivons enfin à Morlaix, charmante vieille ville encaissée et dominée par son

viaduc qui semble toujours veiller sur la cité. Nous arpentons les rues en pente et c’est dans

un petit café-restaurant tranquille, situé tout en haut en face de la gare, que nous déjeunons

avec appétit. Après avoir fait le plein de photos, avoir visité quelques échoppes et fait

quelques emplettes, nous prenons le chemin du retour. Nous dinons à l’hôtel où nous avons

choisi la demi-pension, faisons un dernier tour sur la promenade pour profiter du coucher de

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soleil avant de rejoindre notre chambre pour bavarder tranquillement de la journée passée et

décider de ce que nous ferons demain.

Il y a du brouillard ce matin, et nous ne savons pas s’il est prudent de prendre la route ou s’il

vaut mieux rester dans les environs. Nous optons pour la seconde solution et décidons de

passer un après-midi cocooning au Centre de Bien-être, après tout nous l’avons bien mérité !

Massages, enveloppements d’algues et tisanes à la clé, nous profitons au maximum de ce

riche moment de détente où le corps et l’esprit s’évadent des soucis habituels et où l’on se

remet aux mains des jeunes femmes qui nous chouchoutent. Pour terminer l’après-midi en

beauté, nous allons prendre un cocktail de jus de fruit frais au bar de l’hôtel et j’en profite

pour acheter quelques produits à base d’algues, tels shampooing et gel douche.

Nous sommes déjà jeudi et nous ne voyons pas le temps passer, cela ressemble à un rêve

éveillé, d’autant plus que la neige s’est remise à tomber, recouvrant tout d’un joli tapis blanc.

Ce n’est pas encore aujourd’hui que nous allons faire de la route, alors autant en profiter

pour visiter les environs. Nous allons donc jusqu’à la presqu’île de Perharidy, puis au jardin

de Kerdilés où les animaux se sont mis à l’abri du mauvais temps. Nous allons aussi voir le

jardin exotique, mais le trouvons fermé en cette saison. Ce soir, une chorale chante dans

l’église de Roscoff, et nous avons décidé d’aller les écouter religieusement, profitant de la

prodigieuse acoustique du lieu.

Un pâle soleil brille aujourd’hui sur la cité corsaire et la météo annonce du beau temps pour

la journée. Nous décidons d’aller à Brest, car nous n’avons pas pu visiter la Cité du Ponant

depuis notre arrivée, si ce n’est succinctement. Nous voyons la tour Tanguy, le château, le

musée de la Marine. Puis nous profitons de cette belle journée pour flâner au Vallon du

Stangalard, oasis de verdure, véritable poumon de la ville. Sa crêperie nous accueille pour

un goûter à la bretonne, crêpes, kouign amann et cidre frais. Il est temps déjà de reprendre

la route, car la voiture, GPS réparé, nous attend pour le retour.

Ce samedi, Fred ne travaille pas et il nous a conviés à venir passer la journée chez lui. Je

passe prendre des fleurs pour son épouse, des chocolats pour les enfants, tandis que mes

hommes se chargent du cadeau pour notre ami policier. Nous arrivons chez lui un peu avant

midi, pile à l’heure de l’apéritif que nous prenons devant la cheminée où flambe un bon feu

de bois odorant. Les petits présents sont appréciés et toute la famille nous remercie

chaleureusement. Nous parlons de notre visite à Brest, du plaisir que nous avons eu à

parcourir les allées du Stangalard et des délicieuses crêpes dont nous avons fait notre

quatre heures. Cette journée sous le signe de l’amitié, se déroule comme dans un rêve, les

enfants sont charmants et nous récitent même des poèmes appris à l’école. Fred emmène

ses collègues masculins visiter sa cave à vin et y range la bonne bouteille de bordeaux

millésimé qu’ils lui ont offerte. Nous prenons congé sur les coups de 22 heures afin de

rentrer à Roscoff. Mon téléphone portable vibre dans la poche de mon jean : C’est la

gendarmerie de Saint-Pol qui nous prévient qu’une jeune femme essayait de pénétrer sans

autorisation dans notre chambre. C’est avec stupéfaction que nous apprenons qu’il s’agit de

Sophie, qui semble toujours en vouloir à John de son « abandon «. Une nuit de garde-à-vue

la fera peut-être réfléchir et si elle ne change pas de disposition à notre égard, nous irons

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déposer notre plainte dés le lendemain matin. Notre chambre bien chauffée nous semble un

nid douillet et c’est avec délices que nous nous glissons entre les draps de coton blanc.

En ce dimanche matin, Steph et moi avons décidé de nous rendre ensemble à la messe. Au

sortir de l’office, nous retrouvons John dans le salon bar de l’hôtel en train de siroter un jus

de fruit. Nous prenons un verre tous les 3, puis nous rendons à Saint-Pol à la gendarmerie.

Sophie est toujours en cellule et nous apprenons qu’elle s’est montrée très peu coopérante

avec les gendarmes.

- Alors, on porte plainte, ou pas, dis-je en me tournant vers John dont le visage sombre et

tendu ne présage rien de bon.

- Non, on ne porte pas plainte, répond-t-il entre ses dents, le regard tourné vers la cellule

d’où son ex amie nous crie des insultes.

- Bon, comme tu veux, je ne porterai pas plainte non plus, John !

Steph approuve ma décision. Je comprends un peu le comportement de John, il a eu des

sentiments pour elle et il n’a pas encore tourné la page. Sophie est donc relaxée. Nous

allons profiter de ce dimanche pour rester sur Saint-Pol, visiter quelques monuments

remarquables. Pendant toute l’après-midi, John reste morose et c’est à notre retour qu’il

nous annonce sa décision de rentrer à Paris dés lundi. Nous cherchons à l’en dissuader,

mais il tient bon et prépare déjà sa valise en nous tournant le dos.

22

Ce matin, nous sommes plutôt moroses au petit déjeuner. Des dissensions existent entre

Steph et John. Celui-ci garde la tête baissée sur son bol fumant, et grignote plus qu’il ne

mange, l’air ailleurs. On dirait un enfant qui vient d’être puni par ses parents… J’essaie de

détendre l’atmosphère comme je le peux, mais sans grande réussite. John enfin relève la

tête et nous regarde en face.

- En fait, on m’a demandé de rentrer à Paris, je suis en mise à pied après cette histoire avec

Sophie, je ne sais même pas si je reprendrai le travail !

Steph et moi nous regardons d’un air étonné, il y a quelque chose de louche dans cette

histoire ! Nous proposons au policier de l’emmener à la gare pour prendre son billet et

déterminer son horaire de départ. Il n’y a personne dans la petite gare lorsque nous y

pénétrons. Le guichetier, fort aimable, nous renseigne et John achète son billet pour le

départ de 11H33. Nous lui proposons en attendant d’aller prendre un verre au petit troquet

légèrement en contrebas de la gare. Mais il décline notre offre froidement et nous dit qu’il

vaut mieux que nous le laissions seul. Alors que nous remontons en voiture, John

s’approche de ma portière et me dit tout bas :

- Demande à Sophie de t’expliquer, elle sera trop heureuse de le faire ! Allez, bonnes

vacances !!!

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Nous errons dans la ville au gré des rues et ruelles, puis rentrons déjeuner à notre hôtel. Ca

y est, John est parti ! L’envie me démange de plus en plus d’aller demander des explications

à Sophie et j’en fais part à mon ami pompier. Il trouve mon idée plutôt bonne et notre café

avalé, nous nous dirigeons vers sa maison prés de la chapelle Sainte Anne. Nous sonnons

et attendons quelques secondes. Sophie, en lingerie sexy, vient nous ouvrir et nous invite à

entrer. Nous nous installons dans sa petite cuisine où elle nous sert un déca et des biscuits

secs. Elle s’assied enfin en bout de table et nous interroge du regard.

- Voilà Sophie, attaque Steph immédiatement, ce qui nous amène vers toi est l’envie de

connaître le fin mot de l’histoire entre John et toi ! Je crois que Cindy et moi avons dû louper

un épisode.

- Oui, répond Sophie sans se troubler. En vivant auprès de John ces quelques jours, je me

suis aperçue qu’il n’était pas blanc comme neige dans cette histoire et il avait quelques

accointances avec « Neverland ».

- Quoi ? Nous écrions-nous en même temps. Mais c’est impossible ! Les agents du RAID

sont triés sur le volet …

Sophie entoure sa tasse de ses doigts et nous explique tout bien tranquillement.

- Voilà, nous dit-elle, un soir que je m’étais couchée avant lui, il est allé aux toilettes en

laissant son pc portable allumé. Je n’ai pas pu m’empêcher d’y jeter un œil rapide, mais le

site sur lequel il était n’avait pas grand-chose à voir avec l’enquête en cours. Il s’agissait de

la page d’accueil de « Neverland » et il y avait inscrit son identifiant et son mot de passe. Je

me suis tout de suite dit que ce n’était pas normal et j’en ai parlé dés que je l’ai pu à Fred qui

s’est renseigné en douce sur votre collègue. Mais je crois que John se doutait de quelque

chose et je ne me sentais pas trop rassurée. C’est pourquoi j’ai fait un peu de grabuge pour

pouvoir être protégée pendant que les supérieurs du policier prenaient une décision le

concernant.

- Je comprends mieux, lui dis-je, ta prétendue « folie », il te fallait un alibi pour que les

gendarmes puissent te garder.

Steph hoche la tête sans mot dire, mais son regard lui, en dit long. Il est toujours difficile de

se dire que quelqu’un avec qui on a passé d’agréables moments, a pu nous mentir et nous

trahir à ce point. Nous présentons alors nos excuses à Sophie, qui nous embrasse tous deux

en nous disant qu’elle aurait réagi de la même façon que nous dans les mêmes

circonstances. Nous lui demandons si elle veut bien nous servir de guide dans la région

pendant nos 3 dernières semaines de repos.

- Bien sûr, avec plaisir, nous dit-elle avec un large sourire. Il y a tant de belles choses à voir

en Finistère ! Il faut faire le tour des enclos paroissiaux, se promener dans les monts

d’Arrée, voir Pont-Aven et tant d’autres lieux encore ! Je vais vous faire un programme du

tonnerre.

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Pour le lendemain, Sophie nous propose de visiter Océanopolis à Brest. Cette visite mérite

bien toute une journée pour elle seule. On peut y voir des manchots royaux, des phoques,

des morses, pieuvres et autres petits requins ou autres poissons. Cette idée nous enchante.

En attendant, il nous reste une après-midi à meubler, et nous décidons d’aller nous

promener en amoureux le long de la côte. Les paysages bretons sont si magnifiques, que

cette promenade nous emplit les yeux de beauté sauvage. Nous avons invité Sophie à se

joindre à nous pour le diner. Elle arrive à l’heure dite, vêtue d’une jupe très courte dévoilant

ses longues jambes, que ses rondeurs ne font que sublimer. Nous dégustons un excellent

plateau de fruits de mer en devisant joyeusement.

Le lendemain matin, Sophie nous rejoint devant notre hôtel et prend elle-même le volant

pour nous conduire vers Océanopolis. Mais, avant d’arriver, nous nous arrêtons brutalement

en pleine route, victimes d’une panne d’essence mal venue. C’est Steph qui s’y colle pour

aller en stop chercher un dépanneur au garage le plus proche. En l’attendant, Sophie et moi

papotons de choses et d’autres, et en priorité de l’attitude de John. Je m’en veux de ne

m’être doutée de rien et d’avoir mis par ce fait la vie de mon amie en danger. Pourtant sa

décontraction et son sang-froid me laissent pantoise ! Elle pose sa main sur mon bras et me

sourit chaleureusement. Steph revient enfin avec le garagiste et de quoi refaire le plein de

notre véhicule. Nous pouvons reprendre la route sans autre tracas. Cette journée à

Océanopolis est une vraie réussite. Le retour se fait dans la bonne humeur et les rires avec

plein de souvenirs. Sophie nous invite à dîner chez elle sur le pouce de galettes et crêpes

maison.

Le mercredi, comme il fait plutôt beau, nous nous rendons dans les Monts d’Arrée. Nous

admirons les splendides paysages de la montagne bretonne, ses petits villages typiques et

allons jusqu’au lac de Brennilis. Nous nous arrêtons le midi pour déjeuner dans un petit

restaurant de routiers, dont la cuisine, familiale et excellente, nous met très vite la salive à la

bouche. Nous rentrons par Morlaix, où nous faisons l’objet d’un contrôle de gendarmerie.

Comme nos papiers sont en règle et notre voiture aussi, nous repartons très vite et arrivons

à Roscoff à la nuit tombée. Je rentre dans mon portable les photos prises dans la journée et

prend le temps de les renommer sachant bien qu’autrement je ne me rappellerai plus de tous

les noms. Steph m’aide à trouver des légendes poétiques ou humoristiques, ce qui nous vaut

quelques bons fous rires partagés.

Jeudi, il pleut à verse et nous regardons tomber la pluie par les fenêtres de notre chambre.

Ce n’est pas un temps à mettre qui que ce soit dehors et nous décidons d’aller saluer notre

ami Gaël Robic, que nous n’avons pas encore revu. Mais soudain, mon téléphone sonne

pour m’annoncer que « Neverland » a encore frappé, cette fois-ci à Perharidy.

- Bon, nous irons voir Gaël plus tard, dis-je en me tournant vers Steph, nous devons aller à

Perharidy pour voir ce qu’il s’y passe.

- Ok, répond Steph en saisissant les clés de la voiture, on y va ! Racontes-moi ce que tu

sais.

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- Oh, pas grand-chose, juste que « Neverland » a encore frappé, mais nous n’avons pour le

moment aucun autre renseignement concernant cette attaque. Alors, mes chefs m’ont

demandé d’aller y faire un petit tour pour voir déjà si c’est réel ou juste une « plaisanterie »

de mauvais goût.

Nous sommes très vite à la presqu’île, qui semble calme et paisible. S’est-il réellement

passé quelque chose ? Nous nous arrêtons à la porte du Centre et allons voir le vigile, qui

nous fait les yeux ronds.

- Non, il ne s’est rien passé d’anormal, nous confirme-t-il, en nous observant d’un air étonné.

Mais qui êtes-vous ?

Nous lui montrons nos cartes et lui demandons de bien vouloir nous prévenir s’il se passait

quoi que ce soit d’anormal. Pour se faire, je lui laisse une de mes cartes de visite avec mon

numéro de portable. En me réinstallant dans la voiture, je décide d’appeler les gendarmes de

Saint-Pol pour savoir s’ils ont eu des plaintes et des appels au sujet d’activités anormales.

RAS ! Je téléphone donc à mes supérieurs pour leur signifier une fin d’alerte et nous

pouvons enfin reprendre le cours de nos vacances.

Au « Café de la Jetée », nous retrouvons notre vieil ami assis au bar, en train de siroter une

bière en lisant le journal du jour. Il nous fait un signe de la main en nous apercevant et, son

verre à la main, vient s’assoir à notre table. Nous lui narrons l’incident de ce début d’après-

midi et il hoche la tête en fronçant les sourcils.

- Manœuvre de diversion ? se demande-t-il en plongeant son regard dans l’ambre doré de

son breuvage. Ou bien juste une façon de vous faire comprendre que « Neverland » ne

lâche pas l’affaire !

- C’est possible, dit Steph, en tout cas, aucun problème n’a été détecté à Perharidy ! Je

pense qu’ils ont voulu nous faire douter de nous ! Mais nous ne sommes pas parano, et ne

sommes pas tombés dans leur piège grossier. Pour qui nous prennent-ils ? Des novices ?

Je pose ma main sur la sienne pour le calmer et lui envoie un sourire charmeur, qui lui fait

instantanément retrouver son sang-froid. Nous parlons aussi de John et de son accointance

avec cette maudite secte internationale. Gaël réfléchit quelques secondes, puis déclare :

- Au fond, ce n’est pas étonnant, cet homme, malgré son air amical, ne m’inspirait guère

confiance, il manquait d’initiative et de sens pratique pour être vraiment un bon agent. Mais

je ne voulais pas me fier à mon instinct, ni vous induire en erreur si je me trompais… Alors

j’ai préféré me taire et attendre.

- C’est Sophie qui a découvert le pot aux roses et s’est arrangée pour dénoncer John, tout

en se mettant à l’abri. Maligne, la petite !!! Dis-je en sirotant mon café crème.

La pluie tambourine sur la vitrine du café, noyant la ville sous un manteau gris et opaque.

Que faire à présent dans cette petite ville balnéaire par mauvais temps ? Nous passons à la

librairie-presse et achetons quelques revues et magazines que nous feuilletons allongés sur

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notre lit jusqu’à l’heure du dîner. Je déteste ces journées perdues à tourner en rond dans

une pièce trop exigüe.

Vendredi matin, nous flânons au lit, nous faisant monter le petit-déjeuner dans la chambre.

La pluie a cessé, mais le ciel reste sombre et les nuages bas. Où pourrions-nous aller

aujourd’hui ? Nous appelons Sophie à la rescousse qui nous propose la visite du Centre des

Algues, au moins nous serons à l’abri s’il se remet à pleuvoir ! Cette visite s’avère

passionnante, car nous y apprenons quantité de choses que nous ne soupçonnions même

pas et nous goûtons même du pain aux algues et certains aliments cuisinés avec celles-ci.

Puis nous allons prendre notre goûter dans le petit salon de thé en face de notre hôtel et

décidons d’aller faire un billard. Nous en avons repéré un pas trop loin. Steph se montre très

doué, surtout pour les bandes et il me bat à plate couture, mais je ne lui en veux pas et

félicite au contraire chaleureusement le vainqueur. Nous faisons plusieurs parties d’affilée

jusqu’à l’heure du dîner que nous prenons à notre hôtel. Il y a un film projeté ce soir au

cinéma Sainte Barbe et nous décidons d’y aller pour occuper notre soirée. Enfin, nous

rentrons à l’hôtel alors que de grosses gouttes de pluie s’écrasent sur les toits de Roscoff.

23

En ce samedi matin, le soleil pointe timidement le bout de son nez poussé par de grandes

rafales de vent qui secouent les volets aux alentours et éparpillent les déchets vers la mer.

Steph et moi avons décidé de nous promener à pied dans la cité corsaire qui semble

endormie avant Noël. Nous flânons par les rues désertes, montons jusqu’à Sainte Barbe,

admirons les belles propriétés aux façades décorées de pierres. J’adore ce style manoir

avec ses tourelles rondes qui semblent nous ramener au Moyen Age. A midi, nous pique-

niquons dans notre chambre : pain au beurre salé, jambon et fruit de saison. Un peu de

régime ne peut pas faire de mal lorsque l’on mange souvent au restaurant. Beaucoup de

magasins sont fermés maintenant et ne rouvriront qu’au printemps. Nous continuons notre

flânerie l’après-midi, main dans la main, les cheveux au vent et l’esprit vagabond. Soudain le

pied de Steph bute sur quelque chose qui roule devant nous. Il se baisse pour ramasser

l’objet et contemple un tube de verre rempli d’un épais gel vert.

- Mince, dit-il, les yeux exorbités, ce n’est pas possible, c’est encore « Neverland » qui nous

joue des tours.

Je lui arrache presque le tube des mains et l’enveloppe dans mon mouchoir propre. Puis je

prends mon téléphone pour appeler mes supérieurs et les mettre au courant de notre

découverte. Je dois ramener immédiatement le tube au CNRS pour le faire analyser. Ce que

Steph et moi faisons sur le champ trop heureux de nous débarrasser de cet objet oh

combien encombrant malgré sa petite taille. C’est presque au pas de course que nous

retraversons la ville jusqu’au CNRS où nous entrons sans même prendre le temps de nous

présenter. Le chef des chercheurs, en nous apercevant, vient à notre rencontre et nous

salue poliment. Je lui tends le tube de verre enveloppé dans mon mouchoir et lui demande

une analyse détaillée de l’objet et de son contenu.

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- Très bien, me répond-t-il, nous nous y attelons de suite ! Pour quand vous faut-il les

résultats ?

- Le plus tôt possible, lui réponds-je, nous soupçonnons ceci d’être une nouvelle attaque de

« Neverland » !

- Alors, c’est parti, me dit-il en emportant le tube vers sa paillasse.

En attendant les résultats, Steph et moi allons nous balader sur la promenade, vide en cette

saison, en dehors d’une ou deux personnes bien emmitouflées. La mer est haute et nous la

regardons lécher les murs et essayer d’y grimper avec persévérance. Le vent iodé fouette

nos visages ; soufflant à nos oreilles des histoires de marins dans la tempête.

Deux heures plus tard, un message sur mon portable m’apprend que l’analyse du gel vert

est terminée et que nous pouvons nous rendre au CNRS. Ce que nous faisons, bien

évidemment ! Nous retrouvons notre ami chercheur qui nous tend une liasse de feuilles : les

résultats de ses analyses.

Je pousse un soupir de soulagement en lisant le topo, rien de dangereux dans ce gel, qui

n’est composé que d’eau gélifiée et de colorants alimentaires. Steph s’empare du tube, le

débouche et en avale le contenu avec un clin d’œil dans ma direction.

- Tant qu’à faire, autant que ce gel serve à me désaltérer, me dit-il avec un franc sourire.

Appelle vite tes chefs avant qu’ils ne mettent toute l’armée sur le pied de guerre ! Les

pauvres roscovites en ont assez vu comme cela !

J’obtempère et appelle mon service pour les rassurer. Mon chef me remercie et me

demande de garder l’œil ouvert tant que je resterai sur le terrain. Cela n’est pas un problème

pour moi, comme Steph j’aime la marche à pied et j’ai l’habitude de scruter tout autour de

moi. Nous remercions chaleureusement les chercheurs pour leur rapidité et nous éclipsons

sans bruit pour ne pas déranger celles et ceux qui travaillent encore.

Il fait déjà nuit et nous rentrons à l’hôtel, nous montons à notre chambre et je décide de

prendre un bon bain chaud. Pendant ce temps, Steph allume mon pc portable et en profite

pour aller lire ses mails. C’est super la wifi, quand ça marche ! Je sors de la salle de bains en

peignoir et turban blancs et je passe mes bras autour du cou de mon pompier adoré, qui du

coup laisse tomber l’informatique pour s’intéresser de plus prés à moi.

Ce n’est qu’un long moment après, que nous quittons enfin notre chambre pour rejoindre le

restaurant. Après un succulent dîner de fruits de mer, nous sirotons un déca au bar tout en

survolant les nouvelles du jour. Rien de bien spécial quelques jours avant Noël, si ce n’est

les commerçants qui se plaignent du manque de clients. Nous remontons dans notre

chambre, j’envoie un mail à mon service pour récapituler les événements de la journée, puis

au dodo dans les bras musclés et tendres de mon amour.

Ce dimanche tous les magasins sont ouverts et nous nous rendons à Brest pour faire nos

emplettes de Noël. Nous le fêterons tous les deux à Roscoff, mais famille et amis recevront

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leurs présents par la poste. J’ai réussi à voler un peu de temps pour trouver un cadeau à

Steph, et sans doute en a-t-il fait de même pour moi. Nous flânons dans les boutiques

brillamment éclairées, allons nous restaurer à la « Tarte Citron» où les serveuses sont

coiffées de bonnets rouges à pompon. A la nuit tombée, nous admirons les illuminations des

rues avant de repartir sur Roscoff. Nous arrivons juste à l’heure du dîner et n’avons que le

temps de porter nos paquets dans notre chambre et de nous changer. Nous passons la

soirée à rédiger nos cartes de vœux et à mettre les adresses sur les enveloppes. Tous les

cadeaux seront expédiés demain !

24

Ce matin, nous avons une tâche importante à faire, convoyer tous nos paquets jusqu’à la

poste afin de les expédier dans les temps, Ouf, mission accomplie !!! Nous achetons des

croissants et des pains au chocolat et allons voir Sophie, la lève-tard. Elle nous accueille en

pyjama et robe de chambre de velours, en bâillant à qui mieux mieux. Installés devant un

café viennois, nous bavardons à bâtons rompus. Lorsque nous apprenons que notre amie

sera seule pour le réveillon et le jour de Noël, Steph lui propose spontanément de se joindre

à nous.

- Merci, dit-elle sobrement mais les larmes aux yeux. Vous êtes de véritables amis, comme

on en fait peu de nos jours. Elle se lève et vient plaquer un gros bisou sur chacune de nos

joues.

Par la fenêtre donnant sur le petit jardin, nous voyons de gros flocons de neige qui

commencent à recouvrir la pelouse. Peut-être aurons-nous droit à un Noël blanc ? Sophie

nous invite à rester avec elle pour le déjeuner et nous acceptons bien volontiers son offre,

peu désireux de vagabonder par ce temps frisquet. Le repas, à la bonne franquette, est

simple mais délicieux et la bonne humeur y est de mise. Sophie nous raconte quelques

anecdotes sur Roscoff, Steph sur son travail et moi sur certains chercheurs un peu fêlés.

Après le café, nous nous installons au salon pour regarder les albums photos de notre amie,

il y a quelques superbes clichées de Roscoff que je ne peux m’empêcher d’admirer. Sophie

ayant fait l’année dernière l’achat d’un APN, nous visionnons ses dernières photos sur son

ordinateur portable. Steph la trouve plutôt bien équipée, elle a choisi un Asus avec écran 22

pouces. Le mien ne supporterait pas la comparaison ! Mais enfin, ce n’est que mon PC de

travail et mon ordinateur de bureau, à la maison, est quand même une belle pièce, comme

me l’a fait remarquer Steph.

Nous terminons l’après-midi avec un petit goûter gourmand et quelques jeux de société.

Depuis combien de temps n’ai-je pas passé un après-midi de détente avec des amis ? Il me

semble que cela fait une éternité. Je me promets encore une fois de consacrer un peu plus

de temps à ma vie privée. Maintenant que Steph est entré dans ma vie, je ne compte pas le

négliger à cause de mon travail. Je ne peux m’empêcher de prendre sa main dans la mienne

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et de déposer un baiser au creux de sa paume. Sophie nous sourit avec attendrissement :

c’est toujours beau, l’amour !

Nous quittons notre amie vers 18H30 et rentrons à l’hôtel sous un déluge de flocons blancs.

Steph, qui ne faisait pas très attention, a glissé sur la neige et s’est étalé de tout son long, le

nez dans la poudreuse. Quelle allure il a, avec son pantalon trempé, sa parka mouillée et

une bosse sur le front. Il s’est un peu tordu la cheville et boîte légèrement, mais cela ne

semble franchement pas grave. Il en a vu d’autres !!! Un bon bain chaud pour se réchauffer,

un léger massage de la cheville et un peu de repos avant le repas su soir et voilà mon

pompier de nouveau en pleine forme. Tellement en forme d’ailleurs, qu’il n’arrête pas de

blaguer avec notre jolie serveuse qu’il fait rire et sourire. Nous remontons dans nos quartiers,

nous reposons un peu en regardant la télévision avant de finir par nous endormir de fatigue.

Mardi 9H30, j’émerge du sommeil alors que Steph dort encore et vais contempler le paysage

derrière les doubles rideaux opaques. Surprise ! Tout est blanc. Roscoff semble empaqueté

dans du papier cadeau blanc et argent. Je réveille Steph pour qu’il profite du spectacle avec

moi et nous nous accoudons tous deux à la fenêtre pour admirer cette étrange « carte

postale »: Roscoff sous la neige. Mais encore une fois, nous voilà bloqués dans la petite cité,

sans trop savoir quoi y faire. Nous décidons d’aller chercher Sophie et d’aller faire quelques

parties de billard avec elle l’après-midi. Sophie s’avère une bonne joueuse, même si elle

manque d’entrainement. Les parties sont acharnées mais pleines de rires et de gaité.

Quelques clients oisifs de l’hôtel finissent même par venir nous regarder jouer ! Sophie est

aux anges, elle qui pensait s’ennuyer pendant sa semaine de vacances, apprécie notre

présence et notre bonne humeur communicative.

Mercredi matin, malgré la neige encore tombée dans la nuit, nous nous rendons au marché

prés du phare. J’y achète du miel et nous flânons entre les étalages parmi les fruits et

légumes, les fruits de mer, les fromages et quelques marchands en tout genre. Nous

déjeunons à l’hôtel et allons l’après-midi au cinéma Ste Barbe voir le dernier Disney sorti

pour les fêtes. Sophie nous y accompagne, mais semble somnolente. Elle s’endort même

durant la séance, ce qui m’étonne grandement. Steph la secoue à la fin du film d’animation,

mais elle ne réagit pas. Nous nous regardons un moment en silence, puis je prends mon

téléphone pour appeler les pompiers tandis que mon ami s’occupe de Sophie. Une fois tous

les spectateurs sortis et les pompiers sur place, nous faisons fermer la salle de cinéma et

j’inspecte le sac et les poches de notre amie roscovite. Dans une des poches de son

manteau, je découvre un papier de bonbon froissé. Il exhale la même odeur que son haleine,

un parfum mentholé et légèrement poivré. Je n’ai encore jamais vu ce genre de bonbon

enveloppé dans un papier sans marque, il va falloir que je le fasse analyser, car c’est sans

doute la dernière chose qu’ai avalée Sophie avant de tomber en léthargie.

Et nous voilà de retour au CNRS où notre arrivée précipitée ne semble point étonner. Je

tends le sac plastique dans lequel j’ai emballé le papier de bonbon et en demande l’analyse

immédiate.

- Avez-vous aussi l’antidote contre la bactérie ‘Ocean Blue » ?

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- Oui, nous en avons conservé quelques exemplaires, pour en refaire si nécessaire. Je vais

nous en chercher une dose.

Dés que je suis en possession de celle-ci, je la donne à Steph qui se précipite au dehors,

aperçoit un jeune garçon en scooter ; le lui emprunte pour quelques minutes et fonce

apporter l’antidote au VSAV devant le cinéma. Pour ma part, j’ai décidé de rester dans les

lieux jusqu’à obtention des résultats de l’analyse en cours. J’en profite pour m’isoler dans un

bureau vide quelques minutes afin de contacter mes supérieurs et les informer de la situation

d’urgence. Steph, pour sa part, restera auprès de notre amie après avoir ramené son scooter

au jeune homme et l’avoir encore une fois remercié de sa gentillesse.

La nouvelle n’est pas pour plaire à mes chefs et c’est de nouveau le branle-bas de combat

dans les bureaux. Je sais que les menaces de « Neverland » sont prises très au sérieux,

surtout depuis la menace d’attentat sur les habitants de Roscoff ayant échappé au premier

fléau. Tandis que 2 Rafale de la Marine survolent à nouveau la ville, je me dis :

- Et allez, c’est reparti !

Grâce à la prompte arrivée du SAMU, l’antidote a pu être injecté rapidement et Sophie s’est

enfin réveillée. Mais, elle est amnésique, ne se souvenant pas même de son nom. Tandis

que l’hélico l’emmène à Brest, Steph reste à ses côtés, lui parlant, doucement, répétant son

nom en lui tenant la main. Sophie garde les yeux ouverts, l’air hagard et complètement

perdu. L’hélicoptère atterrit sur l’aire de la Cavale Blanche où Sophie est immédiatement

conduite aux soins intensifs.

Steph a l’idée de téléphoner à son amie Élise pour lui demander de passer voir Sophie à

l’hôpital afin de l’aider si possible à retrouver la mémoire .Elle promet de passer la voir dés le

lendemain et d’emmener quelques affaires personnelles pour elle, ainsi qu’une photo d’elles

deux.

Pendant ce temps, au CNRS, je tiens entre mes mains les résultats d’analyse du papier de

bonbon. Il contient bien la bactérie « Ocean Blue », mais celle-ci a été modifiée pour agir sur

certaines cellules du cerveau en effaçant les cellules mémorielles. Les chercheurs se

remettent spontanément au travail pour fabriquer un nouvel antidote le plus rapidement

possible. Je me fais du souci pour Sophie, heureusement que Steph m’a donné de ses

nouvelles. Comme je ne puis rien faire d’utile pour l’instant, je me résous à rentrer à l’hôtel

pour y attendre mon aimé. Je trouve une enveloppe cachetée déposée sur le bureau, et

j’entends une explosion, sans doute les Rafale ont-ils intercepté un appareil hostile. Le

survol de Roscoff est toujours interdit à tout appareil non autorisé.

Je décachète enfin l’enveloppe sur laquelle on a inscrit en majuscules enfantines nos

prénoms : Cindy & Steph. Découpé dans du papier journal et expédié depuis la poste de

Saint-Pol, je lis ce message sibyllin : C’EST TOUJOURS NOUS QUI TENONS LES RENES !

J’ai une folle envie de déchirer ce bout de papier mais y résiste car il s’agit toujours d’une

preuve supplémentaire. Un SMS sur mon portable me confirme que la base de Landivisiau

vient d’être remise en alerte rouge et est prête à recevoir le détachement. J’allume mon pc

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portable et scanne le message à mes supérieurs avant de me glisser dans un bon bain

chaud. Je suis tout juste habillée et légèrement maquillée quand Steph frappe à la porte de

notre chambre. Je lui ouvre et lui saute au cou, il m’embrasse sauvagement en me serrant

contre lui. Il est déjà tard, aussi nous empressons nous d’aller diner avant de retourner bien

sagement dans nos quartiers.

25

Après une nuit agitée, nous avons bien du mal à émerger du sommeil à la sonnerie du réveil.

Le temps est toujours à la neige et il fait de plus en plus froid ; Dés que nous sommes prêts,

nous appelons l’hôpital pour avoir des nouvelles de Sophie ! Et là une bonne nouvelle nous

attend : il semblerait que l’amnésie ne soit que passagère et notre amie a retrouvé sa

mémoire intacte. Je lève les yeux au ciel en entendant le vrombissement d’un moteur et

aperçois un appareil aux couleurs de « Neverland » escorté de 2 Rafale, le pilote, devant la

supériorité numérique a préféré se rendre.

Nous descendons au petit déjeuner, puis nous rendons au CNRS pour le briefing du jour

avec les chercheurs. Ils nous accueillent chaleureusement avec un bon café car il ne fait pas

bien chaud dans ce grand bâtiment. Aussitôt, le porte-parole du groupe nous annonce qu’ils

ont trouvé le point faible de la nouvelle bactérie : elle ne supporte pas le froid et meurt en-

dessous de +3 °.C’est pourquoi elle n’a pas agi pleinement sur Sophie et ne pourra être

opérationnelle en hiver.

- Voilà une bien bonne nouvelle, dis-je en me frottant les mains, mais reste à savoir s’ils

n’ont pas un autre tour dans leur sac !

- Ca, répond Steph, je n’en mettrai pas ma main au feu ! Ils ont le don de nous pourrir la vie

et cela m’étonnerait qu’ils nous laissent passer Noël tranquilles !

- Il y a parfois des miracles à Noël, espérons qu’il en sera ainsi cette année, réplique le chef

des chercheurs en hochant la tête.

Nous quittons le CNRS pour retrouver la froidure hivernale et un vent bien présent. Nous

n’avons guère envie de rester dehors et rentrons à notre hôtel, d’où j’appelle Sophie pour

avoir de ses nouvelles. Elle en profite pour me donner le signalement de la personne qui lui

a offert le bonbon à la menthe.

- Une femme d’une cinquantaine d’année, plutôt ronde, portant des lunettes de vue et

s’appuyant sur une canne. Elle paraissait bien gentille et bien inoffensive. Elle avait des

cheveux châtains mi-longs et bouclés et des chaussures orthopédiques.

Je remercie notre amie pour ses renseignements, mais je doute de pouvoir les utiliser, sans

doute cette personne a-t-elle déjà quitté la ville. Néanmoins, je vais malgré tout émettre un

avis de recherche, on ne sait jamais ! Ensuite je téléphone à mes supérieurs pour les tenir

au courant des nouvelles du jour. A midi, nous allons déjeuner au salon de thé en face de

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notre hôtel, puis nous allons chez Sophie arroser ses plantes. Steph en profite pour faire le

tour du propriétaire. Il trouve dans sa chambre un gros carnet rempli de notes sur ce qui

s’est passé à Roscoff.

- Je ne savais pas qu’elle tenait un journal de la vie à Roscoff, me dit-il en me tendant le

calepin.

- Bizarre, dis-je en le feuilletant, elle ne parle même pas de nous. Uniquement de John !

Voudrait-elle écrire un roman sur son aventure ? Après tout, ce serait possible !

- L’avenir nous le dira, réplique Steph, qui va reposer le carnet là où il était. Et toi, tu n’as rien

trouvé ?

Ma réponse étant négative, nous quittons la maison, mais en sortant, je m’aperçois qu’une

fenêtre est ouverte, ce qui m’étonne fort vu le froid de ce mois de décembre. Je la montre à

Steph, qui décide d’aller voir. De mon côté, je rappelle Sophie, qui me confirme qu’elle avait

laissé une fenêtre entrouverte. Steph revient et confirme qu’il a vu des traces de pas dans la

cuisine.

- Que pouvait-on bien chercher chez toi ?

- Mon cahier où j’avais noté tous les détails de l’affaire, l’avez-vous vu ?

- Non, je n’ai trouvé que celui où tu parles de ta relation avec John.

- Ne t’inquiètes pas, je suis plus maline qu’eux, j’ai pensé à faire une sauvegarde sur clé et

j’ai toujours celle-ci avec moi, je rentre demain et vous la confierai.

- Alors à demain Sophie, nous sommes contents que tu ailles bien ! Gros bisous de nous

2 !!!

Ensuite, nous allons déjeuner dans un petit restaurant « Chez Victor » de moules-frites avant

de retourner faire une sieste à l’hôtel. C’est épuisant, les vacances ! En redescendant, je

réserve une place à notre table pour notre amie, réveillon et jour de Noël compris. Tout cela

sera rajouté sur notre note, il faudra que j’en informe mes supérieurs, quitte à payer le

supplément. Je me dis qu’il est temps que je me trouve une jolie tenue pour les fêtes et je

demande à Steph s’il veut bien faire du shopping avec moi. Bien entendu, il est enchanté et

prend le volant pour m’emmener à Morlaix.

Steph a prévenu les gendarmes de la visite chez Sophie et deux d’entre eux ont été

désignés pour rester dans sa maison et la surveiller jusqu’à son retour. Nous passons donc

en premier lieu déposer le trousseau de clés à la gendarmerie de Saint-Pol. Un café nous y

est offert et nous prenons le temps de bavarder quelques minutes sur l’affaire. Puis, en route

pour Morlaix ! J’y déniche la tenue de fêtes que je voulais. Une longue jupe de velours noir et

un top en lamé doré qui selon mon compagnon me rendent digne d’un mannequin. Lui

s’achète une superbe chemise en soie couleur champagne et un magnifique costume de

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velours noir pour être en harmonie avec ma propre tenue. Nous en profitons bien sûr pour

faire quelques courses et flâner dans les rayons de la grande surface.

Nous sommes de retour à Roscoff vers 19H30, le temps de nous rafraîchir et de descendre

dîner. Je trouve un mail de mes chefs sur ma messagerie, auquel je réponds en relatant les

derniers événements. Steph, lui aussi, prend le temps d’appeler sa caserne pour rendre

compte de ses vacances, qui n’en sont pas vraiment. Nous nous mettons au lit, télé allumée

pour regarder un bon film, mais je ne tarde pas à sombrer dans le sommeil car je suis un peu

fatiguée. C’est mon compagnon qui éteint le téléviseur avant de retourner entre les draps. Il

m’observe un instant dans mon sommeil et finit par déposer un doux baiser sur mon front

avant de s’allonger et de s’endormir à son tour.

26

Aujourd’hui, nous sommes le 24 décembre, veille de Noël ! En ouvrant les yeux, je ne peux

m’empêcher de penser que la vie m’a fait le plus beau des cadeaux en la personne de

Steph, endormi à mes côtés, le visage lisse et souriant. Je passe ma main doucement dans

ses cheveux pour ne pas le réveiller et reste un moment à le contempler, les yeux embués

de bonheur. Tout à coup, mon aimé ouvre les yeux et me sourit.

Il me tend les bras et me serre très fort contre lui. Enivrés d’amour et de désir, nous nous

laissons emporter par une douce vague de plaisir qui nous submerge totalement. Que c’est

bon, l’amour ! Nous finissons par nous lever, faire notre toilette et descendre au petit

déjeuner. La salle du restaurant est magnifiquement décorée et un grand sapin rutile de mille

feux en son milieu. Cette ambiance de fête nous imprègne de nostalgie en pensant à nos

familles.

Mais fi de la tristesse en un pareil jour ! Nous allons voir Sophie, rentrée chez elle et qui doit

nous donner cette fameuse clé USB qui lui a valu la visite d’un cambrioleur. Elle nous ouvre

en peignoir éponge mauve, nous fait entrer et asseoir dans la cuisine bien chauffée.

- Vous savez quoi ? nous demande-t-elle à brûle pourpoint, les gendarmes m’ont fait la

morale, parce que j’avais laissé une de mes fenêtres entrouverte. Je l’avais complètement

oubliée, cela peut arriver à tout le monde ! Mais je leur ai malgré tout promis de faire plus

attention à l’avenir. Vous voulez prendre quelque chose ? Un petit café, un thé, un chocolat

chaud ?

Nous hochons la tête négativement, et lui rappelons que nous venons de prendre notre petit

déjeuner à l’hôtel, où ceux-ci sont plus que copieux. Sophie nous sourit en se versant une

tasse de café noir et en attrapant un croissant bien doré. Steph bout d’impatience d’avoir

enfin entre les mains la fameuse clé, mais notre amie ne semble pour l’instant guère pressée

d’aller la chercher. Elle nous fait languir…

Steph pianote des doigts sur la table, finit par se lever et tourne en rond dans la cuisine.

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- Bon alors, tu nous le dis, où elle est cette satanée clé ? Sinon je mets la maison sens

dessus dessous pour la trouver.

- Oui, dis-je aussi, Steph a raison, tu joues avec nos nerfs, là ! Allez, ne nous fais pas plus

attendre, sinon je te mords !

Sophie repose sur son assiette le croissant à demi consommé, se lève au moment même où

un gendarme frappe à la porte. Elle va lui ouvrir nonchalamment et le prie poliment d’entrer

et de se joindre à nous. Il obtempère et s’assied aux côtés de Steph qu’il salue d’une

énergique poignée de main avant d’incliner poliment la tête devant moi ! Sophie revient enfin

dans la pièce avec la clé qu’elle est allée chercher pendant ce temps-là.

Steph sort alors de sous la table mon pc portable qu’il a pensé à amener avec lui pour

pouvoir lire immédiatement le contenu du support amovible. Il contient un journal de bord

des événements qui se sont déroulés ces dernières semaines, avec toutes les annotations et

réflexions de Sophie à la lumière de ce qu’elle savait et de ce que nous lui avons appris. Sa

synthèse des incidents du mois de décembre me parait plutôt pertinente et je l’en félicite, il y

a là matière à réflexion pour nos experts. Le gendarme prend enfin la parole pour rappeler à

Sophie qu’elle doit passer faire une déclaration de vol à Saint-Pol et aussi porter plainte

contre son « agresseur » au bonbon. Il lui dit aussi qu’elle pourrait être poursuivie pour

détention d’informations non communiquées aux personnes habilitées, ce qui équivaut à une

entrave à la justice.

Nous prenons finalement congé de notre amie en lui rappelant que nous l’attendons pour le

réveillon. Mais le gendarme, pour sa part, préfère rester, il ne semble pas faire confiance à

Sophie. Saurait-il quelque chose de plus que nous ? Nous n’avons pas vraiment faim et nous

contentons d’un sandwich et d’une boisson chaude au salon de thé en face de l’hôtel, puis

nous allons au tabac-presse feuilleter quelques revues. Nous en choisissons quelques unes

avant de les redéposer à l’hôtel et d’aller faire une promenade de santé au bord de mer.

Le repas se prendra plus tardivement ce soir et nous rentrons à l’hôtel afin de nous préparer

et nous mettre sur notre trente-et-un. Steph est superbe dans son costume et je le félicite

pour son bon goût. Une fois prêts, nous descendons au bar où nous est offerte une coupe de

champagne, que nous dégustons accompagnée de mini feuilletés au fromage maison. La

serveuse me complimente pour ma tenue, ce qui me fait rougir.

Nous attendons Sophie, mais l’heure tourne et elle n’est toujours pas là. Les derniers

convives arrivés viennent de se mettre à table et nous nous décidons à les y rejoindre, la

mort dans l’âme. Que se passe-t-il avec notre amie, aurait-elle encore des démêlés avec la

justice ? Mais bientôt mon téléphone vibre m’annonçant un nouveau message. C’est la

gendarmerie de Saint-Pol qui m’appelle pour me prévenir d’une nouvelle garde à vue de

notre amie Sophie dans ses locaux. Je remets mon portable dans ma poche, je ne veux pas

gâcher notre réveillon avec ce genre de nouvelles, j’en parlerai à Steph plus tard, de toute

façon, pour le moment, il n’y a rien que nous puissions faire.

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Le repas de Réveillon est excellent et nos voisins de table, chaleureux, ont une conversation

des plus passionnantes. Il se trouve que ce sont justement de jeunes chercheurs venus

travailler au CNRS sur la bactérie « Ocean Blue ». Nous parlons ensemble du groupe

« Neverland » et de notre enquête, pas encore tout à fait terminée. Ils me font remarquer

que pour être si au courant des événements, la secte avait forcément quelqu’un dans la

place. Je repense à John, puis à Sophie. Se peut-il que John ne soit pas le coupable ? Et si

c’était Sophie ? Il faudra que je demande des nouvelles de notre ami policier !

Une fois la dernière coupe de champagne dégustée, nous nous retirons dans notre chambre

où nous nous offrons mutuellement nos présents. Ceux de Sophie me narguent, posés sur

une chaise, et je détourne le regard. Je ne peux m’empêcher de parler à mon compagnon de

mes doutes au sujet de la jolie roskovite. Steph m’écoute attentivement, puis il me rappelle

que c’est Noël et que ce n’est pas le moment de travailler. Il m’enlace et je pose ma tête sur

son épaule, nous nous approchons de la fenêtre et regardons les lumières de la ville se

refléter sur la mer.

- Joyeux Noël, me murmure mon aimé à l’oreille, je t’aime.

- Moi aussi je t’aime, mon amour. Joyeux Noël à toi aussi !

Nous finissons par nous glisser entre les draps, enlacés dans les bras l’un de l’autre, avant

que Steph ne sombre dans le sommeil. Cela m’est plus difficile car je n’arrive pas à arrêter

de penser à Sophie et à sa fourberie. Enfin, je glisse dans les bras de Morphée, après avoir

entendu passer deux Mirage très vite et très bas : Heureusement, Steph a un bon sommeil

et le bruit ne le réveille pas. Cependant, il grommelle en dormant et se retourne dans le lit.

Quelques temps après, nous sommes réveillés en sursaut par deux avions qui tournent

autour de l’hôtel à très basse altitude.

Comme ils semblent ne pas vouloir s’éloigner, réveillant une partie des clients de l’hôtel, je

finis par saisir mon téléphone mobile et appeler la base de Landivisiau. J’apprends qu’il

s’agit de 2 Mirage, peut-être même ceux qui sont passés tout à l’heure. Que font au-dessus

de notre hôtel ces deux avions de l’Armée de l’Air ? A Landi, on nous promet de mener

l’enquête et de nous tenir au courant. Ils envoient aussi la PO pour obliger les Mirage à

quitter la zone. Nous pouvons enfin nous recoucher et sombrer dans le sommeil.

27

J’ouvre les yeux sur une chambre encore plongée dans la pénombre. Je m’assois sur le bord

du lit, regarde Steph qui s’étire longuement, souple comme un chat et me sourit. Nous nous

préparons et descendons au petit déjeuner, où tous les serveurs sont coiffés d’un bonnet

rouge à pompon. On y parle beaucoup du dérangement de cette nuit. Nous prenons ensuite

un peu de temps pour souhaiter, par téléphone interposé, de bonnes fêtes à la famille et aux

amis. Ensuite je repense à Sophie et décide d’appeler la gendarmerie pour avoir de plus

amples renseignements sur la raison de sa garde à vue. Le gendarme de service me répond

aimablement, et me souhaite un Joyeux Noël. Je lui explique la raison de ma démarche.

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Mais il ne peut rien me dire, il faut attendre le lendemain pour parler à son supérieur.

J’enrage en reposant le combiné sur son socle, mais Steph me prend dans ses bras et me

rappelle une fois de plus que c’est la trêve de Noël.

Comme il n’y a pas grand-chose à voir dans la petite ville, nous décidons d’aller faire un petit

tour à Brest, histoire de retrouver un peu l’ambiance d’une grande cité. Nous faisons un tour

en calèche, contemplant les bâtiments et les illuminations au son des pas du cheval. Nous

nous offrons un goûter de fête et craquons devant un vendeur de marrons chauds. Nous

décidons même de dîner en ville le soir et pour une fois, nous nous offrons un bon restaurant

qui nous avait été conseillé par Fred. D’ailleurs nous n’avons pas oublié de l’appeler et il

nous a invités à passer la journée du lendemain avec eux.

Nous rentrons tard à notre hôtel, fatigués mais heureux de cette journée passée en tête à

tête. La porte est déjà fermée et nous devons sonner pour nous faire ouvrir. C’est sans bruit

que nous regagnons notre chambre afin de ne pas déranger les dormeurs. Je prends le

temps d’allumer mon portable pour vérifier mes mails, il y en a quelques uns de vœux pour

la nativité et un mail de mon supérieur, que je lis attentivement. Je lui fais mon rapport et lui

demande de faire une enquête plus approfondie sur Sophie, sur laquelle j’ai de plus en plus

de doutes. Puis je cède l’ordi à Steph afin qu’il aille lui aussi sur sa messagerie ; pendant ce

temps je me change et m’installe sur le lit pour l’attendre.

Voilà encore un Noël terminé, une journée agréable aux côtés de celui que j’aime. Je me dis

avant de m’endormir que je souhaite en connaître beaucoup d’autres. Steph est étendu prés

de moi, une main posée sur ma hanche, il est déjà presque endormi. Je contemple dans la

pénombre de la chambre le bracelet qu’il m’a offert : une chaînette d’or avec une plaque

gravée de nos deux prénoms et d’un cœur. Lui a autour du cou une chaîne en or avec un

cœur plein gravé de nos deux initiales. Je ne regrette pas cette enquête qui m’a permis de

rencontrer l’amour de ma vie et de connaître cette belle région qu’est la Bretagne, même en

hiver !

En me levant ce matin, je vois que j’ai reçu un mail prioritaire sur mon portable. Je m’assieds

devant le bureau pour ouvrir mon courrier. Il s’agit du rapport que j’ai demandé sur Sophie.

En le lisant, je me rends compte que la petite maligne nous a caché pas mal de choses sur

son passé. En fait, elle a déjà un casier, et bien chargé même ! Avant de nous rendre chez

Fred, j’ai encore quelques tâches à accomplir. Je prends le combiné et appelle la

gendarmerie de Saint-Pol, où j’arrive cette fois-ci à joindre le commandant de brigade. Très

aimable, celui-ci me donne les renseignements attendus, à savoir que Sophie a agressé le

gendarme qui était venu l’interroger.

- Vous avez commis une faute grave, mon capitaine, lui réponds-je du tac au tac, on ne vient

jamais seul rendre visite à un suspect.

- C’est vrai, me réplique-t-il, mais avant Noël les effectifs sont souvent au plus bas. Alors

nous faisons comme nous pouvons et pas toujours comme je le voudrais, c’est-à-dire dans

les règles.

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Je lui demande s’il nous serait possible de voir Sophie, mais il me dit que vu son agressivité,

ils ont dû la placer en isolement. Et de fait, elle a été transférée à la gendarmerie de Brest

centre. Je prends ensuite mon téléphone portable pour essayer de joindre John, je voudrais

qu’il me fournisse quelques explications sur son départ trop rapide. Au bout d’à peine 2

sonneries, j’entends sa voix dans l’écouteur.

- Bonjour John, c’est Cindy, j’espère que tu as passé un bon Noël, comment vas-tu et que

deviens-tu ?

- Salut Cindy et merci pour ta carte de vœux que j’ai bien reçue. J’ai passé Noël dans ma

famille et j’ai été bien gâté. Je suis de nouveau en vacances les soupçons qui pesaient

contre moi étaient sans fondement.

- Justement, John, à ce sujet, j’aimerais comprendre ce qui s’est passé ; as-tu réellement

des accointances avec « Neverland » ?

- Non, dit John, je voulais juste le faire croire à Sophie, mais c’est elle qui m’a piégé, elle est

rudement intelligente et sacrément perverse. Je voulais qu’elle croit que j’étais de son côté

afin qu’elle ose me donner des renseignements, mais elle n’a pas parlé et j’ai été pour mes

frais. Elle a même eu le culot d’envoyer un de mes mails qui lui était destiné à mes chefs,

d’où mon rappel aussi subit.

- Je suis contente John que tu aies été blanchi dans cette histoire, cela me soulage.

- Mais où donc est Steph, me demande gentiment mon ami policier, d’habitude il n’est jamais

loin.

- Il est parti faire un exercice avec les pompiers de Saint-Pol, cela lui fait du bien de ne pas

perdre la main, c’est important dans son métier de rester toujours opérationnel en toute

circonstance. Je lui passerai ton bonjour et lui apprendrai les bonnes nouvelles. J’espère que

nous pourrons nous revoir tous les trois lorsque nous rentrerons à Paris. Allez, je te laisse, je

vais me préparer, car nous allons passer la journée chez Fred.

- Salue-le de ma part et dit lui que… Non finalement, je viens ! En avion Brest n’est pas loin

de Paris. Bonne journée et à ce soir, réservez moi une chambre dans l’hôtel.

- Pas de problème John, mais tu peux réintégrer notre chambre, ce sera plus sympa !

- Va pour le ménage à trois, me répond-t-il du tac au tac et je devine son petit sourire au bout

du fil.

Après avoir raccroché, je m’habille et descend au petit déjeuner. Je passe par la réception

de l’hôtel et annonce le retour de notre ami dans la soirée. Cela me fait drôle d’être assise

seule à cette table sans mon Steph pour me regarder, me sourire et raconter des blagues

pour me faire rire. Mais il prendra sa collation d’après exercice avec ses collègues pompiers.

Je récupère la voiture au parking et vais chercher mon chéri devant le centre de secours de

Saint-Pol. Après être allée saluer les pompiers et avoir discuté quelques minutes avec eux,

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je remonte dans la voiture dont Steph a pris le volant et nous nous rendons chez notre ami

Fred, qui nous accueille sur le pas de sa porte avec femme et enfants.

Je lui donne des nouvelles de John et lui annonce son retour pour le soir même. De le savoir

innocenté soulage immédiatement Fred, qui semble vraiment heureux du dénouement de

l’affaire. A notre grand étonnement, de petits cadeaux nous attendent dans nos assiettes,

certains faits par les enfants eux-mêmes. Nous passons une agréable journée en famille,

pleine de rires, de chansons et de bonne humeur. Nous ne rentrons pas trop tard, car nous

désirons être là à l’arrivée de John, qui je crois a loué une voiture à l’aéroport de Brest-

Guipavas.

Nous nous installons au bar pour l’attendre en sirotant un café bien chaud. Enfin, je

reconnais sa voix qui demande le numéro de sa chambre à l’accueil et Steph et moi allons le

rejoindre dans le hall de l’hôtel. Il serre Steph dans ses bras et m’embrasse sur les deux

joues, les yeux remplis de joie par nos retrouvailles. Nous l’accompagnons jusqu’à la

chambre où nous lui narrons les derniers événements de l’enquête et l’arrestation de Sophie

qui se trouve actuellement incarcérée à Brest. John nous relate en détail son stratagème

pour gagner la confiance de Sophie, ainsi que son échec et ses conséquences. Il passera

ses derniers jours de vacances avec nous, et ensuite nous pourrons rentrer ensemble sur

Paris. Notre trio ne se séparera pas de sitôt, sauf mission spéciale pour l’un ou l’autre.

Mon téléphone portable sonne alors, et j’ai mon supérieur hiérarchique au bout du fil qui

m’annonce la meilleure : Sophie était en fait la commandante en chef de la section

« Neverland Bretagne », son arrestation a permis de démanteler tout le réseau de la secte

sur la région, ce qui est une extraordinaire victoire pour nos services et surtout pour ceux qui

ont mené l’enquête sans se laisser démonter. Une prime spéciale nous attend à la fin des

vacances, à notre retour dans la capitale.

Comme j’avais branché le haut-parleur, mes compagnons ont pu entendre notre

conversation et dés que j’ai raccroché, nous nous jetons dans les bras les uns des autres et

nous congratulons mutuellement. Là, je me sens vraiment en vacances, l’esprit libre et

tranquille pour profiter de Roscoff, de mon amour et de la présence à nos côtés de notre

ami.

Nous allons pouvoir passer une semaine encore à Roscoff, tous frais payés par nos

organismes respectifs et fêter la Nouvelle Année avec Fred qui nous a invités tous les trois à

partager ce moment de fête avec eux. Nous passons une semaine idyllique dans Roscoff

redevenue calme et sereine. Nous retrouvons notre ami marin Gaël Robic, qui nous emmène

déguster les meilleures galettes et crêpes de la région, le tout arrosé de merveilleux cidres

bretons.

Le réveillon de Nouvel An est lui aussi une réussite, l’épouse de Fred a mis les petits plats

dans les grands pour nous régaler, il y a plein de friandises à déguster, nous rions beaucoup

et faisons des jeux de société pour attendre minuit. Tout le monde s’embrasse et nous

formulons nos vœux pour l’année nouvelle. Le désir de tous serait de pouvoir encore

travailler ensemble dans cette chaleureuse Bretagne, pourquoi ne pas créer une cellule anti-

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Neverland dans la région, puisqu’elle a été la première cité visée par son attaque ? Nous

dormons chez Fred à la bonne franquette et ne rentrons à Roscoff que le lendemain matin,

après de chaleureux au revoir et de longues embrassades.

28

Notre séjour dans la belle cité corsaire tire à sa fin. John, nostalgique, regrette le temps

perdu loin de la Bretagne ; région que nous avons tous adoptée. Nous commençons à

refaire nos bagages, la mort dans l’âme de devoir quitter une telle ville et une telle région

lorsque mon téléphone se met à sonner avec insistance. Je prends la communication et me

trouve en relation avec mes supérieurs. La nouvelle qu’on m’annonce me laisse sans voix,

puis je bondis sur mes pieds en criant : « Hourrah » !!! Mes compagnons me regardent d’un

air étonné et je leur envoie un grand et chaleureux sourire.

- Je viens d’avoir mon chef au téléphone, il me propose une promotion ! Un nouveau bureau

de’ lutte contre le terrorisme doit ouvrir prochainement dans la région Bretagne et plus

précisément en Finistère. On m’a pressentie pour prendre la direction de ce service, avec

possibilité d’embaucher les personnes que je pense être les mieux adaptées pour ce boulot.

J’ai les dernières 24 heures de notre séjour ici pour me décider et rendre ma réponse.

- Et qu’as-tu l’intention de répondre, en as-tu une petite idée ? Prends les 24 heures qui te

sont données pour peser le pour et le contre et prendre ta décision, il ne faut pas que tu te

trompes ou que tu en viennes à regretter Paris et sa bousculade.

- Tu sais, Steph, moi Paris n’a jamais été ma ville préférée, trop bruyante avec des gens trop

pressés qui ne savent plus dire bonjour à qui que ce soit. Mon appartement devrait se

vendre facilement et ainsi je pourrais acheter une petite maison dans la région. Seulement,

j’ai une énorme envie de vous embaucher, John et toi pour me seconder, qu’en pensez-

vous ?

- C’est plutôt une bonne idée, surtout si tu me permets de loger sous ton toit, cela nous fera

faire des économies pour nos futurs enfants, me répond Steph avec un clin d’œil coquin.

- Moi je te dis oui tout de suite, surenchérit John, je suis vraiment tombé amoureux de la

Bretagne et je n’ai pas envie de retrouver la vie trépidante de la capitale. D’ailleurs, tu

pourrais aussi proposer à Fred de rejoindre la nouvelle antenne Bretagne, il nous a

largement prouvé que c’est un agent qualifié et en plus il connait parfaitement sa région, ce

qui pourrait nous être très utile.

- Oui, tu as raison, je me mettrais en rapport avec lui pour lui proposer de rejoindre notre

équipe si je me décide à accepter ce nouveau poste. En attendant, si nous allions prendre

nos petits déjeuners, j’ai le ventre qui commence à réclamer sa pitance.

Après un copieux petit déjeuner face à une mer démontée, nous nous habillons chaudement

et allons nous promener dans la ville balayée par le vent ; iodé et vivifiant. Nous éprouvons

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tous les 3 de la nostalgie face à notre aventure et au charme de la vieille ville corsaire qui

nous a si gentiment accueillis. La décision à prendre pèse sur mes épaules, mais tout en

marchant, je me laisse envahir par la certitude que ma place est ici auprès de la mer pour

lutter contre toutes les sortes de terrorisme. Très vite, je décide en mon for intérieur

d’accepter la proposition de mes chefs et de rester en Bretagne. Mais je vais attendre

cependant demain matin pour communiquer ma décision à mes camarades et à mes

supérieurs.

Nous rentrons à l’hôtel pour le déjeuner, que nous dévorons à belles dents car la balade le

nez au vent nous a donné faim. L’après-midi est tout aussi calme que le matin. Nous faisons

nos adieux à la ville et allons retrouver notre ami Gaël au « Bar du port » où nous lui tenons

compagnie un long moment devant un bon chocolat fumant. Il nous narre encore plein

d’anecdotes de marins que je m’empresse d’inscrire dans ma mémoire avant de les

transcrire sur mon petit carnet. Je rêve d’écrire un livre sur mes différentes enquêtes, mais

ce n’est pas encore pour tout de suite. Nous repassons faire un tour à la boutique de

souvenir, où comme la fois précédente je me régale devant ce déballage de souvenirs divers

et variés qui me donnent presque envie d’acheter toute la boutique. Steph m’offre un joli

collier en ambre et je choisis une bague assortie, qu’il me passe solennellement au doigt

comme un gage d’amour éternel. John, quant à lui… Mais justement, où est-il, notre ami

policier. En tout cas il n’est plus dans la boutique ! Je balaye la rue du regard dans l’espoir

de l’apercevoir, mais en vain. Je prends mon portable et l’appelle, mais il a enclenché son

répondeur. Je finis par me dire qu’il a sans doute envie d’être seul un moment pour faire ces

adieux à la cité et je rejoins mon amour dans la boutique où le patron, installé derrière son

comptoir achève les paquets cadeaux. Nous déposons ceux-ci dans notre chambre où nous

retrouvons John, l’air songeur, allongé sur le lit. Nous le convainquons de venir avec nous

prendre un dernier goûter au salon de thé en face, afin de les remercier de leur gentillesse à

notre égard. Puis, retour à l’hôtel, où nous nous préparons pour le diner que nous prendrons

en compagnie de Monsieur le Maire en toute simplicité mais avec son écharpe quand même.

Enfin, nous nous couchons de bonne heure car le lendemain nous reprenons, en principe le

train pour Paris. J’ai un peu de mal à trouver le sommeil, blottie contre la large poitrine virile

de Steph, j’écoute alors respectueusement les battements réguliers de son coeur et cette

berceuse paisible finit par m’endormir.

Je me réveille en sursaut le lendemain matin sous un beau soleil de janvier. Je saute à bas

du lit, puis me rappelle que c’est aujourd’hui que je dois donner ma réponse au bureau

concernant la nouvelle antenne Bretagne. Je laisse Steph dormir du sommeil du juste et je

vais prendre une douche avant de m’habiller dans la salle de bain. Lorsque je regagne la

chambre, je le trouve allongé sur le dos, les mains derrière la tête et il me sourit. Je le rejoins

pour un câlin matinal, puis m’installe devant l’ordinateur pendant qu’il se prépare. John

comme moi, s’est réveillé et levé de bonne heure.

Notre dernier petit déjeuner dans ce sympathique hôtel du bord de mer se déroule dans une

ambiance plutôt feutrée. J’ai à peine fini que mon portable vibre au fond de ma poche. C’est

le numéro de nos services à Paris.

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- Bonjour Cindy, comment allez-vous ? Avez-vous eu le temps de réfléchir à ma

proposition ? Quelle est votre décision ?

- Mes respects, chef ! Je vais bien et il fait un temps superbe ce matin. J’ai pris le temps de

peser le pour et le contre de votre proposition et ai pris ma décision.

- Quelle est-elle ?

- Je désire rester en Bretagne et y monter ma propre équipe, avec en tète, mes deux

compagnons actuels et si possible le policier de Brest qui nous a aidé dans la lutte contre

« Neverland ».

- Accordé Cindy ! Maintenant, puisque vous aimez les bords de mer, je tiens à vous signaler

que notre antenne se situera au Conquet, pointe Finistère Nord. Un point névralgique pour la

région. Nous y avons acheté une charmante et vieille maison dans laquelle vous pourrez

ouvrir nos locaux et également y loger. La maison est assez grande, ainsi pourrez-vous tous

y habiter facilement, sauf peut-être votre ami Fred à cause de sa famille.

- Je n’ai pas encore pu lui proposer notre offre, je le ferai dés que vous aurez raccroché ! Je

devrai le trouver au commissariat central.

- Très bien, alors je vous laisse, vous rentrez à Paris pour quelques jours, puis retour définitif

en Bretagne. Moi je me charge d’obtenir les différentes autorisations pour vos collègues.

Passez me voir dés que vous le pouvez, afin que nous puissions avoir une conversation face

à face.

- Bien, chef, à très bientôt !

Retour à Paris pour tout le monde, avec la promesse de nous revoir quelques jours plus tard.

Une enquête se termine, mais l’amour et l’amitié ne font que commencer !!!

TTHHEE EENNDD

(Achevé d’écriture le : 28/01/2011

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ÉÉppiilloogguuee

’’eesstt mmaaiinn ddaannss llaa mmaaiinn qquuee SStteepphh eett mmooii ddééccoouuvvrroonnss llaa vviieeiillllee ddeemmeeuurree dduu CCoonnqquueett qquuii

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FFiinn ddee ll’’ééppiilloogguuee

CC

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Bretagne Nord - Finistère Nord ( 29N ) - Code postal de la Commune du Conquet ; 29217

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Informations sur le roman

Ce livre à été écrit par Isabelle alias IsaBeau De Lorraine sur une idée originale proposée par

Christophe alias Chris Breizh.

’aime lire et j’écris aussi quelques poésies à mes moments perdus et pour mon blog. A la suite de

la lecture d’un roman mettant en scène la ville de Roscoff, mon ami Chris a eu envie de tenter la

même expérience et nous nous sommes lancés dans l’aventure. Ce polar politico-scientifique-fiction,

né de notre imagination débordante; m’a permis de savoir si j’étais capable d’écrire un livre en totalité

et de garder le plaisir d’écrire jusqu’au bout. Pour moi, c’est une réussite ! Notre bébé, si quelqu’un le

lit un jour, autre que moi-même et mon compagnon, saura, je l’espère captiver son lecteur et lui

procurer l’envie d’aller jusqu’au bout de la dernière page.

Merci à Chris pour ses idées qui émaillent ce roman, pour sa présence et son amour ; merci aux

personnes qui ont écouté les premiers chapitres et nous ont incité à continuer ; merci à la maman de

Christophe qui seule a pu juger de mon humble talent d’écrivaine et enfin merci à toutes celles et tous

ceux que j’aime pour leur amour inconditionnel.

Un merci particulier, venu du cœur, à ma maman sans laquelle je ne serai pas ce que je suis, malgré

sa triste disparition, je la sens chaque jour à mes côtés et enfin, merci à Patrice, mon frère trop tôt

disparu, mon ange gardien, de veiller toujours sur moi avec amour et persévérance.

L’auteure – IsaBeau De Lorraine

Nous écrire :

Isabelle : [email protected]

Christophe : [email protected]

MMeerrccii àà ttoouutteess eett àà ttoouuss !!!!!!

J

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Bretagne Nord - Finistère Nord ( 29N ) - Code postal de la Commune de Roscoff ; 29680

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PPRREESSEENNTTAATTIIOONN DDEE RROOSSCCOOFFFF

oscoff, ville côtière du Finistère nord, est une cité de villégiature fort prisée par les touristes en

été où ils se pressent en nombre. La ville passe en effet d’une moyenne de 3500 habitants à

l’année à 25000 occupants en été. Son climat agréable, grâce au passage du Gulf Stream qui initie un

microclimat; sa végétation luxuriante et fleurie, son histoire, sa thalassothérapie (la 1ère

en France) en

font un lieu de vacances idéal. Cette ancienne cité corsaire, dont on admire encore aujourd’hui les

belles maisons aux façades sculptées ou ornées de balcons de pierre, vous

offrira ses plages de sable fin pour les séances de bronzage, le vent pour

voguer ou surfer, des sentiers de randonnées fléchés. Les amoureux de la

nature iront visiter son jardin exotique et pourront même grimper tout en

haut du rocher pour bénéficier d’un panorama magique sur la côte et la mer

qui entoure la ville sur 3 côtés. Admirez sa belle église Notre Dame de

Croas-Batz et son clocher de dentelle de pierre qui se découpe dans le

couchant, regardez la bien : vous verrez sculptés sur ses murs des

caravelles et des canons (tournés vers l’Angleterre, quelle coïncidence !).

Apprenez l’histoire des Johnnies, ces marchands d’oignons rosés qui

parcouraient l’Angleterre pour vendre leur production à vélo. Vous

découvrirez aussi qu’Alexandre Dumas père prisait fortement cette cité, que

de nombreux peintres ont été inspirés par ses cieux superbes aux couleurs uniques, que poètes et

écrivains ont été inspirés par sa douceur de vivre. Et puis il reste à voir l’île de Batz, son petit port de

pêche, ses cultures, ses chevaux et son jardin Delassalle, où poussent fleurs et plantes exotiques,

profitant de la clémence du climat. Pour atteindre cette île, nul autre moyen que le bateau, des

vedettes faisant la navette entre Roscoff et l’île. A marée basse, on prend ces vedettes au bout de

l’estacade, longue de plus de 500 m, pont jeté en pleine mer au devant de l’île de Batz qui lui fait face.

En effet le marnage à Roscoff est de 9,50m et la mer se retire loin à l’horizon. Sans doute vous

demandez-vous ce qu’est le marnage : eh bien, il s’agit de la différente de hauteur entre marée haute

et marée basse (pensez au Mont Saint Michel !). Si vous ne voulez pas vous fatiguer, vous pourrez

emprunter le petit train touristique qui vous fera faire le tour de la ville et de ses curiosités et vous

emmènera jusqu’à la chapelle Sainte Barbe, érigée sur les hauteurs de la ville, offrant elle aussi un

panorama magnifique sur la mer et la ville à ses pieds. Vous profiterez de la pureté de son air vivifiant,

du charme de son centre ville aux vieilles demeures de pierres, de

ses rues et ruelles fleuries, vous flânerez au jardin Louis Kerdilés et

découvrirez ses animaux, poneys, kangourous (eh oui), oiseaux en

semi liberté et toujours une foison de fleurs dont de magnifiques

hortensias, car vous savez tous que l’hortensia aime la terre de

Bretagne et s’y épanouit dans une gamme de couleurs allant du

bleu, au violet, en passant par toutes les teintes de rose.

Maintenant; Roscoff n’est pas seulement une ville de loisir, elle

profite aussi de la pureté de son air et de la douceur de son climat

pour accueillir un centre de soin performant à Perharidy, presqu’île faisant face elle aussi à la ville

ainsi qu’un centre de rééducation cardio-vasculaire, le centre Saint-Luc, non loin de la

thalassothérapie, réputée pour ses manœuvres de palper-rouler et ses cures maman-bébé. Bon

séjour et bonnes vacances à Roscoff ! Je peux vous assurer pour avoir vécu quelques années entre

ses vieux murs de pierre, que qui s’arrête un jour à Roscoff y reviendra tôt ou tard !

BBoonn ssééjjoouurr àà RRoossccooffff !!!!!!

RR

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DÉCOUVRIR SAINT-POL-DE-

LÉON

La jolie ville de Saint-Pol-de-Léon, sise en Finistère Nord, garde le charme d'une station portuaire très fréquentée en été avec les beaux jours. Sa baie est une des plus belles de la province et abrite de nombreuses espèces d'oiseaux. Ouverte sur la mer, Saint-Pol-de-Léon est, parmi les villes de

Bretagne, celle qui possède le caractère religieux le plus marqué. Mais elle est aussi une des 1ères régions maraîchères de France et l'une des plus importantes d'Europe ! Lors de vacances Bretonnes, Saint-Pol-de-Léon est une étape obligée. A VOIR A SAINT-POL DE LEON :

Hôtel de ville : il s'agit du dernier palais épiscopal. Admirez son bel escalier monumental agrémenté de quelques tableaux du Louvre. Demandez à voir aussi le tableau peint par Yan' Dargent, "Fillette léonarde".

Maison prébendale : Située Place du Petit Cloître, elle appartenait au chanoine de Léon et de Nantes, et porte ce nom car à son titre de chanoine, l'archidiacre d'Ack touchait des revenus ecclésiastiques dits prébendes. Admirez les figures humaines sculptées sur les jambages de la porte d'entrée, ainsi que le lion et le dragon sur le pignon.

Chapelle Saint-Joseph : construite en 1846, son clocher est haut de 33 mètres. Il fallut une intervention auprès du Ministre de la Marine pour le conserver à Saint-Pol sous le prétexte que ce haut clocher pouvait servir d'amer pour la navigation.

Chapelle Saint-Pierre : dominant le cimetière, elle possède une nef du XVe siècle. Entrez et admirez sa statue de la Vierge à l'Enfant (fin XIVe-début XVe) et sur les murs de l'enclos du cimetière 9 reliquaires du XVIe.

Chapelle Notre-Dame du Kreisker : dressant ses 78 mètres vers le ciel, son clocher est le plus haut de Bretagne. Sa fondation remonte au VIe siècle et relève d'un miracle dû à Saint Kirec.Son nom vient du fait qu'elle était située au milieu d'un village.

Ancien séminaire : l'ancien Grand Séminaire du Léon fut construit en 1708. Depuis 1911, c'est le Lycée du Kreisker qui a pris possession de ses locaux sous l'appellation de Collège du Léon.

La Maison du Pilori : édifiée en 1680, elle est surmontée d'un toit à 2 demi-coupes,permettant de penser qu'il s'agit de la réunion parcellaire de 2 maisons.

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Hôtel de Kermenguy : cette construction, soignée et homogène, témoigne de la qualité des bâtiments privés du XVIIe siècle. L'échauguette d'angle rappelle celles de Roscoff !

Ancienne mairie : édifiée pendant la 1ère moitié du XVIIe siècle, elle devint vers 1640, "maison de ville" (l'ancêtre de la mairie).

Fontaine lenn Ar Gloar : située rue Poullou, prés un ancien lavoir, elle abrite une ancienne statue de la Vierge, bénie par Saint Paul Aurélien lui-même et ne s'est jamais tarie. Classée monument historique en 1909.

Manoir de Keroulas : Un beau portail et de jolies fenêtres à meneaux. Admirez aussi à l'intérieur l'escalier à vis et les cheminées monumentales.

Cathédrale Pol Aurélien : Bâtie en l'honneur de Paul Aurélien, 1er évêque du Léon qui aurait terrassé un dragon sur l'île de Batz. Elle est aussi depuis 1901 basilique mineure de l'Annonciation. Vous pourrez y admirez les stalles en chêne, les reliques, la cloche celtique, les "boîtes à crâne" (curiosité majeure de l'édifice), la dalle de Marie Amice Picard, son grand orgue et son ciborium.

Sans doute vous laisserez vous tenter aussi par son littoral et ses plages bien aménagées,

véritables paradis pour les pêcheurs à pied qui y font la cueillette de coquillages et de

crevettes.

Pour en savoir plus sur Kastell-Paol (Saint-Pol-de-Léon, en Breton), rendez-vous sur

le site officiel de l'office du tourisme : http://www.saintpoldeleon.fr !

Excellente visite !!!

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CChhaappeellllee SSaaiinnttee--bbaarrbbee

RROOMMAANN PPOOLLIICCIIEERR SSCCIIEENNTTIIFFIIQQUUEE

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Roscoff, ville fantôme Mis à jour : 28/01/2011

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81

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--Résumé--

Une équipe pluridisciplinaire,

constituée par Cindy, de la police

scientifique, Steph, de la section

investigation des Pompiers de Paris,

John, commandant du RAID et enfin

Fred, de la police locale, enquête sur

une mystérieuse épidémie ayant

atteint la petite ville de Roscoff.

Suivez, pas à pas, les recherches et la

vie de cette sympathique équipe et

découvrez à leurs côtés pourquoi

Roscoff s’est transformée en … ville

fantôme !

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Mot de l’écrivaine

L’auteure de ce roman, dont c’est le premier livre, Isabeau de Lorraine, s’est essayée, après la poésie

à un roman policier scientifique. Avec l’aide et les idées de Chris Breizh, ce premier ouvrage semble

remplir ses promesses et nous entraîne à travers une Bretagne pittoresque et pleine de charme.

IsaBeau De Lorraine - [email protected]