religion et superstition en corée 1904

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SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGIE DE LYON éan ·e du 5 D · ce1 1]1re 190' UI iR 0 Emile BOURDARE 1 T 'LYO A. RE & C, 10 , 1 1 R 1 i\1 E U 11 1 1 u f{ , GE TIL, f 9 i Sou r ce g a 11 i c a. b n f. fr / Bi b 1 i o th è q u e n a t io 11 a 1 e cJ e Fr- an ce

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SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGIE DE LYON éan ·e du 5 D · ce1 1]1re 190'

UI iR 0

Emile BOURDARE 1T

'LYO A. RE & C, 10 , 1 1 R 1 i\1 E U 111

1 u f{ , RU~ GE TIL,

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Sou r ce g a 11 i c a. b n f. fr / Bi b 1 i o th è q u e n a t i o 11 a 1 e cJ e Fr-an ce

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SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGIE DE LYON

Séance du 5 Décen1bre 1903

RELIGION ET SUPERSTITION '

• EN COREE

Il i1'y a pas, à 1Jro1Jre111e11t IJarler, de religio11 11ationale en

Curée. 011 y IJratiqt1e trois cultes IJrincipaux : le culte confu~

cia11iste, le culte lJot1clcll1ic1ue et le culte des esprits. A mo11

avis, ce cler11ier est, cle tot1s, le lJlus imp.ortant, celui que tous

les Corée11s, cle1Juis le gra11cl fo11ct ionnaire jusqu'à l'l11r1)Jle tra­

vailleur, acco111plisse11t avec le IJlus de soin, car on lJeut dire

c1u'ils so11t, ava11t tout, des aclorateurs d'esprits. Toutes les

idées, tot1tes les cro:y·a11ces religieuses, doctri11e de Confucius, .

religio11 cle Fô, su1Jcrstit io11s, 111agic, sorcellerie, géomancie

vio1111e11t cle la Cl1i11e, c111i fut l'éclucatrice de la Corée en toutes

choses, 111ais ce1Je11da11t. le c11lte des forces de la 11ature, si

,·iva11t 011 Corée cle 11os jo11l'>',

IJerstitio11s 1JOIJ11laires IJl'O!Jl'es

· c111e lui.

l'c11ose sur

a lt IJays et

u11 fo11cls de su-. .

aussi a11c1e11nes

Le c11Jte cles es11rits 1Je11t être regardé co111111e la for111e pre-

111ière clos idées rolig·ie11ses. 11011 soulo111011t de la Cl1i11e,

111ais des 11eu1Jles 111011gols e11 g·ér1éral. L'évol11tio11 s'est faite

IJlus tare! 011 i\To11golie et e11 Cl1i11e, mais, à côté de la reli­

gio11 officielle, 011 co11state toujours la s11rviva11ce d'une

catégorie de 111agicie11s, 11011 sa11s prestige, parmi les tribus

cle la i\To11g·olie, où ils so11t appelés cc cl1ama11es ». Les

Cl1i11ois, à l'at1rore cle le11r 11istoire, voyaient aussi partout,

cla11s tous les 1Jl1én.0111è11es cle la ''ie, l'œuvre de gé11ies bons

ou 111alfaisa11ts. La terre, le ciel, les n1ers, les 111ontagnes,

les rochers, 'les fleuves étaient à11imés , d·'êtres: invisibles et

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-'>--toujours présents, et l'ho1nme cléfe11dait sa faiblesse contre tant d'ennemis au moyen de conjurations, de prières, d'exor­cismes, d'offrandes. Dans la l1iérarcl1ie c1L1i i1'avait pas tardé à être étalJlie entre tous les esprits, l'e111pereur de la Cl1ine s'était réservé de faire des offra11cles au Ciel, qu'ils appelaie11t

« Tien ·"· Du IV0 au XIVe siècle, le lJoudcll1isn1e rég11ait en Corée, ~-

où il était la religion officielle. :\ }Jartir clu XIVe siècle, il f11t re1nplacé par le co11fucianis111e. E11 111ê111e temps c1ue la Corée adoptait alors le calendrier et, })ar co11séc1uent, la faço11 cl1inoise de con1pter les a1111ées, elle prescrivait la cloctrine cle Confucius co1nme religior1 officielle, et des lois sévères co11-damnaient ceux qui ne se sour11ettraie11t })as à ces nouveaux rites.

Compris seuleme11t par u11e élite de lettrés, ni le bouddhis1ne ili le confucianisn1e n'ont eLl cle }Jl'ise sur le Coréen; il se pros­terne, il offre des sacrifices, ruais :';a11s co1nprendre. Seule, la croyance populaire a11x es1Jrits a clo111i11é sur l'imagi11a­ti-0n des ces êtres foncière111ent ig-r1ora11ts, 11aïfs et puérils, et elle en a fait u11 peuple exLrè111e111e11t s111Jerstitieux. On peut dire que to11tes les femmes et les trois c1uarts des l1ommes en Corée sacrifient à tous les es1)rits et clé111011s dont ils 011t peuplé la terre, les maiso11s, les arlires, le ciel, etc. Le reste suit la doctrine cle Co11fuci11s, et J)e11 ou pas sont restés ]Jouddl1istes. Et la co11ce1)tio11 religie11se cle la plupart d'entre · ceux-ci est assez peu précise p.011r c1u'o11 les voie s'adresser à la fois à Confucius, à Boudcll1a et a11x CSjJl'its. Tel c.oréen suit les règles d'éducation, cle 1uorale, cle v·ie sociale de Co11fu­cius ; mais il a recours à Bo L1cldl1a pour forn1uler un soul1ait, soit cru'il désire un e11fant, soit cru'il rêve la fortune. Enfin, en cas de maladie, avant cl'e11treprendre un voyage ou u11e affaire délicate, il ira sacrifier a11x esprits.

Si i1ous examino11s le culte po1J11laire, i1ous nous trouvons ' en présence d'un mélange de cl1a111a11is111e, de démonolâtrie, ! de fétichisme, difficile à tirer au clair, d'autant plus que les ' Coréens eux-mêmes confondent le t-Out. Depuis les temps les

"

. . . .

-3-

plus reculés, leur crédulité a ad111is l'existence de dén1011s,

d'êtres surnaturels 1Jienfaisa11ts ou nJalfaisantE·, des esprits

de toute sorte qui circuler1t autour de lui, c1u'il voit partout,

dans l'eau, dans l'ttir, da11" les r11ontagnes, da11s les 111aisons.

Ct1ac1ue n1aladie est le fait cl'un dén1011 qu'il faut se rendre

i)ropice en lui faisa11t des offra11des.

Lorsqu'il cl1en1ine, le Corée11 s~1it crue l'esprit cle la route le

st1rveille ; et certaine111e11t, sa pensée doit être aJ)sorJ)ée, dans

tous les ir1stants de sa vie, })ar le souci cle 11e pas offenser

t.el 011 tel cle ces ètres s11r11at11rels, do11i l[, liste serait inter-

111i11a1Jle si 11ous \'Ot1lio11s la dresser .. .\.u 11asarcl, 11ous cl1oisi­

ro11s ceux c111i se 111a11ifestent le IJlus souve11t, ceux qui ont

cles féticl1es u11 })et1 i)artout .

. .\. chac1ue insta11t, 011 e11te11cl réso1111er le ta11dJ011ri11 cle la

sorcière (111011ta.11u) crui vie11t faire des exorcisn1es dans u11e

111aiso11 ui'.1 se t ro11 \'e u11 111ktlktcle. C'est ftlors pa1· 1111 l)ruit

effroya))le de ta111-ta111, et }Jar cles offrandes de 111ets - cl-0nt

elle profite e11s11ite - cru'elle cil~tsse le dén1011 de la 111aladie.

Les JJlt11eso1t so11t cles rtveugles crui prédisent rave11ir et e11

c1ui le p11blic a 11nc gra11clc co11fiancc. Cc so11t c11corc les

ucoscO/JCS, c1ui cl1oisisse11t les e111place111e11ts des to1nbeaux.

Ces cler11iers .011t décidé, il 11'p a JJas rongte1111Js, le transfert

des restes de la reir1e :VIi11, Jp lie11 oi1 se trouvait so11 to1n)Jeau

n'étant plus favorftlJlc. ,\ la Cour cle Corée, les ucosco11cs

décicle11t l'c111plncen1c111. des ]Jùti111c11ts 11011vea11x tt ériger, ow

fu11t rtlJftI1do1111er t cl 011 tel t ra \'ail co111111e11cé, ,;otts i)rétexte

r111e le lieu 011 l'é11ot1uc 11e cu11Yic1111e11t 1>l11s a11 iirojet. 011

co111pre11cl <ti.sé111e11t leur i11111orta11cio, et avec c111el t<tle11t les

fo11ctio1111airei,; r11sés et lialJiles utilise11t leurs décisions au

111ieux de leurs i11térèts.

Donc, charr1a11is111e, c11lte i1aturalistc et grossier féticl1isme,

telle est la religio11 cle ce petit 11euple et cles fe111111es surtout,

clo11t l'i.r11a,gi11ët1.i.011 est J1antée par les exploits cle 111illiers dt~

111ti11s, c111i 11e cl1ercl1e11t r111'tt leur jouer de vilains tours.

« ltf.01tta11u et /Ja11csu11 » so11t religieuse111ent écoutés. U11

père r1ui a un fils aveugle s'en réjouit; car il sait c1ue 1~exis·

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tence de la fa111ille est assurée : son enfant est .u11 cl1a111ane.

Ces aveugles et sorcières co11stituent deux corporations im­

portantes avec des cl1efs. Le gol1verne111e11t lui-111è1r1e exerce

une surveillance et une ltaute clirection sur ces corp.orations

et les candidats i1e so11t ad111is cru'après av.air sulJi un exa­

men devant la Confrérie.

Pa1iesotl. - Comrr1e nous l'avons dit précéde111111ent, les

sorciers et géon1ancie11s ë.ont consultés ;;ur le cl1oix cl'un

emplace111e11t de to111lJeau, de ruai~:o11, de palais, r11è111e pour

les affaires difficiles à co11cll1re et da11s les cas de n1aladie, de

naissance, de rr1ariage, etc. Ils exercont leur influe11ce sur

les dé1nons au n1oyen de ltt i11ag·ie, de rites spéciaux, d'offran­

des de mets et d'un !Jon :c;alaire. Exorcis1ues, .oracles sont ac­

compagnés de danses, de cris et de ta111bouri11s. Con1111e la

clientèle a!Jonde, toujolirs co11fia11te, il s'e11suit crue la pro­

fessio11 de sorcier est très ll1cratiYe. D'ailleurs, ce 11'est pas

une sinécure. P.our satisfaire les cro;y·a11ts et les dé111011s, ils

ont fort à faire. La fortu11e et le bo11l1eur cl'un Corée11 éta11t

au pouvoir des esprits, s11iva11t CillÏls se les rendra propices

ou non, il est assuré de la lJl'OS]Jérité ou du 111alheur p.our

lui et les sie11s. l11fort u11es, accide11ts, 111aladies, i11ce11dies,

tout enfin, est sou111is à la volo11té, tl l'influe11ce dé111011iaque.

V-0yo11s con11nent s'y ]Jrer1d u11 " ]Janesou n pour expulser

le mauvais esprit qui ::::'e:o;t e1111laré d'un 111alade. Grü.ce à

quelcrues coups cle sa ]Jetite l:oîte de divinati.011, il reco11-

11aît le caractère et la 11ature du clé111011 et recl1ercl1e le nlo­

ment favora!Jle pour conti.i1uer son exorcis1ne. Il prend e11-

suite en main une baguette de ]Jais de pin cle 50 centinrètres

de longueur, qu'il remet à un i11e11tlJre de la farr1ille du nra­

lade, pour qu'il la tienne verticalen1ent sur une pierre à

battre le linge.· Il pro11011ce alors des forn1ules 1uagiques

jusc1l1'à ce crue la l1agl1ette co1nr11e11ce à :c:'ag·iter et à se SOltle­

''er a11-cles!':11~; ln pierre, cr r111i ir1dirr11r r1110 le dén1.011 est

entré e11 elle. A ce i110111e11t, u11e co11versatior1, ou plutôt un

interr.ogatoire s'engage entre le sorcier et l'esprit pour véri-

-5-fier l'exactitude de la 11ature et du 110111

que lu cause clc la 1r1aladie. Les c1uestio11s

clu dérr1or1,

sont lJOsées

• • a1ns1 • rapt-

tle111e11t par le i:;orcier. Lo clér11011 répo11d par u11e oscillatio11

de la ])aguette, ou il 11e répo11cl lJas. Qua11d il juge le n1ome11t

ve11u, le « pa11e>;ou » ordo1111e au clé111011 de disparaitre, et, si

ce dernier 11e réponcl pas à l'i11jo11ction, le sorcier s'apprête

à le déloger de force. Il lJrend alors u11e baguette spéciale,

en ]Jois de pêcl1er, qui a le pou\·oir de cl1asser les dé111ons, et

cru'il fait te11ir verticale111ent sur u11e petite table par un

aide ; puis il récite cles lJaroles é11ergic1l1es, crui fo11t re1nuer

la baguette en dé1Jit clos te11tati\·es de l'aide poui' la te11ir

i111rr1olJile. Il sor11111e l'es1Jrit de déclarer so11 lJllt, et il le rr1e-

11ace de le chasser, tout 011 lui iirériarant cles offra11des. L'aide

ql1i tie11t la ]Jaguette 111agicfllC est, à ce n10111e11t, violen1111ent

repoussé [Jar u11e force sur11aturelle e11 del1ors de la n1aison,

et il e11trai11e a\'ec lui le fu11este visiteur. Alors, u11 flacon à

large gou!.ot est placé Slll' le pla11cl1er de la cl1an1lJre et sur . u11e l1µ11de de lJUIJier e::;t ir1scrit le 110111 de l'esprit 111alfaisant

crue la cli\7i11atio11 dl1 Jl(t/1csou a [Jll déter111i11er exacte111ent. Ce

papier, tol1cl1é [Jar la ]Jaguette 111agique, est 111is da11s la bou­

teille; celle-ci, ra1Jide111e11t l1011cliée, est IJortée cla11s le cl1e-

111in .011 >;lll' le coteitu voisin, oi:1 011 l'c11terrc. Co111111e 011 le voit

cette 111ise e11 ]Jouteille est ttssez origi11ale. i\Iais ces exorcis-

1ues cll1re11t cruelql1cfois [Jlusiel1rs jol1rs, et so11t acco111pagnés

cl'offra11des c1ui doive11t se i)rése11ter à cles 1110111e11ts déter-

111i11és IJar les rites.

Les offra11des orclo1111ées [Jar le Gol1ver11e111e11t all i)ri11ten1ps

et à l'auto11111e, aya11t les se111ailles et a1Jrès la 111oisson,

so11t des coutl11ne,; clc ce culte 11atl1raliste, ce qui 111ontre lJien

cru'il règ·11e parto11t, et 111ê111e da11s les classes élevées, aux­

cruelles le confucianis111e ne s11ffit pas. Ces sacrifices sont

offiriels, et 011t lieu i1arto11t e11 Cnrt~e, it 1iartir de la 1on1!1ée d11

jo11r. Qnelcrnefois 111è111e, ils 011t lie11 à 111i1111it, 111ais ils cloi­

ve11t toujours ètre ter111i11és ava11t le cl1a11t clu coq, crui cl1asse

les esprits et détr11it les exorcis111es. Naturellen1ent, les for­

n1ules employées par les cl1amanes n'ont d'effet que dans leur

',

1

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boucl1e. Cependant, da11s les cas critiques, il y a une for111ule ,

qui peut être prononcée par tous avec quelque cl1ance de

succès, c'est la pl1rase des " vi11gt-l1uit étoiles '" récitée en

avant, en arrière et cle coté.

Gr~\ce à des paroles 111agic1ues, des sig11es cal)alisticrues et

des p,oudres, les cha111a11es dise11t l'a,·enir, retrouve11t les

objets pe1·dl1s, tirent l'l1orosco1Je d'u11 enfant avec l'an11ée

de sa i1aissance, le 111ois, le jour et l'l1eure. Si l'l1oroscope

anno11ce cruelqlle r11al1vaise cl1a11ce, le sorcier déllite des for-

1nules spéciales et, d'l111 arc e11 )Jois cle IJêcl1er, il tire cles

flèches e11 roseau cla11s l111 e1111Jl~1ce111e11t, favoralJle.

E11 cas cle r11ariag,e, l~t décisio11 de la clate !Jar le 11ci11csou

est très i111porta11te lJOlll' éviter crue les 111auvais esprits, la

malcl1ance n'e11tre11t e11 i11é11a,g,e avec les jeunes époux.

Le 111atériel du clevi11 " JJa11e,.;ou " se co111pose d'u11 JJetit

gong ·Olt d't111 ta1ul1ouri.11, cl'u11e ,;01111ette, cl'u11e l1oîte de divi­

natio11 et cle lJag·uettes 111ag,ic1t1e;;.

Les lJoîtes cle divi11~ttio11 011t la for111e d't111e tortue c1ui

remue la Jioucl1e. Elles re11feru1e11t tr,ois pièces de 11101111aie,

sur lesquelles le sorcier débite t111e ir1vocatio11 e11 les lançant

tr.bis fois: la co111bi11aiso11 cle8 caractères o!Jte11t1s lui lJerrnet

de tirer ses oracles.

Un autre i11str11111e11t de le111· n1i:~ticr est un tt1he e11 cuivre

ou u11e ca1111c e11 Jianil>oll fcrn11~c i111x cle11x extré111ités, sat1f

un troll IJercé da11s d't111e d'elles, et c1t1i per111et la sortie de

l'une cles l1uit aiguilles de 1Ja111lJ011 c1t1i sont enfer111ées dans ce

, tube. Ces aiguilles porter1t des e11tailles dont le no111lJre varie

cle u11e it l1uit, et c1ui ('O!'l'e>'p.n11cle11t it des sig11es cle la Ho­

pai, une talJle de divi11atio11 cl1i11oise vieille cle trente f.iècles.

Le sorcier fait :=:ortir des aiguilles de faço11 à ol1tenir l1uit

caractères corres1)onda11t à t111 des sy111])oles, t111 des sig11es

cle la talJle, à laquelle il se reporte }Jour déterr11iner son

oracle.

Enfin, ils fahriqt1ent et vende11t cles a111ulettes cor1tre les

inaladies, qui consiste11t e11 éclats de lJois frappé par la

foudre. D'autres charmes oonsistent en caractères chinois ou

Î •

e11 dessi11s cl'insectes tracés :'.t l'e11cre rouge

jaune préparé spécialement pour cet usage.

• sur un papier

Motttana. - Voyons à prése11t la catégorie fé111inine de cette

i111porta11te corporatio11 de clevi11s ou cl1ania11es.

l,e 110111 de " 111out1111g " s'applique aux sorcières, ainsi

c1u'à t111e classe de sorciers, les Pa](-Sou-i\1ot1, c1ui sont des

11ommes !1al1illés e11 ferr1111es, et qt1e tout le 111011de co11sidère

co111111e fe111111es, cl11 111oi11s cla11s l'exercice de leur 111étier.

" Mot1ia11g· " Ye11t dire sorcière, i1ossédée !Jar le démon;

celui-ci est supposé se saisir de la fe11i11re et lui i111poser ses

volontés. Celles qt1i e11tre11t da11s cette voie doivent r.ompre

toute relation de fa11iille et 11e st1!1ir d'autre autorité que

celle du démon CJlli les don1ir1e. Contrairement at1x z1anesoi.t,

qui e11 sont les 11iaîtres, i1t1isquïls réussissent à les cl1as­

ser, à les ''aincre, at1 111oye11 de for111ules 111agiques, les

111011.tctng n'ordo1111er1t rie11 at1x esprits, 111ais elles se les ren­

dent i1ropices 11ar des prii~res et des offra11cles. Elles so11t

a11ssi très norr1!1ret1ses et so11t appelées partout, chez la JJlus

h111nhle cles serva11tes co1111ue :'.t la cotir, po11r la reine et les

cla111es d'l101111eur. Elles exerre11t do11c les JJacificatio11s et les

propitiations de dé111011s qui se divise11t e11 pro1Jitiations oc­

casio1111elles et pro11itiatio11s i1ériodiq11ef, ou fêtes des dé-

111ons. L'1111e cle ces fètes r.':t i1u!Jlic111e et a lict1 tous les trois

a11s. Quancl Je n1on1er1t est ve11u, les l1alJita11ts de chaque

villag·e for111ent 1111 c:on1ité cl'organisatio11, fjlli dure trois

ou c1t1atre j.ours. Le,; frai,; so11i cot1verts par les ''illageois

et1x-111ê111es. lJ11 sorcier choisit le .iot1r c1t1i doit ot1vrir la

rét111io11, et il est 11écessaire c111'il JJren11e cles IJai11s fréquents et

11e 111ange pas de via11cle a11 111oi11s ]Jendant t111e semaine

ava11t l'époque fixée po11r le cl1oix du jot1r.

La 111011ta11.a prépare ses offra11cles. C'est, e11 un 111ot, la

fête d11 dé111on 011 esprit de la localité Cflie !'011 veut rendre

propice a11 village. 1\11 jo11r co11vent1, t111e !Jaraq11e décorée

d'étoffes voyantes est dressée près de l'autel du lieu, et au

bruit a:ss6urdissant des cris et du ta111-tan1, les moutangs ' . -~'

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8 --

dansent et gestict1lent autot1r de la taille des offrandes, c.om­

posées de mets variés. On suppose que le dén1on s'incarne

dans la sorcière, c1ui 11ro11011ce des oracles. Alors, les 11alJi­

tants lui ap1Jorte11t cl1ac1111 le11r 110 l cle riz et lui de111ande11t la

révélation de leur ave11ir 1Je11da11t le,; trois an11ées qui vo11t

suivre jusc1t1'au }Jrocl1ai11 sacrifice. La 111outa11g l1rûle des

cornets de papier ]Jlanc dans le bol ; si le papier rec;te au

fond, c'est un n1auvais lJrésage llOlll' l'ave11ir ; si, at1 co11traire,

le papier l1rûlé vient at1 11ord du 1101 et >;'e11vole, l'aug11re est bo11.

De i11ê111e CiUe la 111011lc111a est louée, car il ·va sans dire

qu'elle ne travaille }Jas é:a11s salaire, 11our se rendre }Jropice

le clén1on d'un \•illag·e, elle est louée a11ssi }Jour le dé111on

de la n1aiso11. Penda11t é:es exorcisn1es, l'esprit du logis

s'incarne en elle et lui réYèle l'avenir. C'est à elle qu'on a

recours p.aur JJUrifier la tle111et1re ,·isitée par la i11ort, la ma­

ladie ou tot1te a11tre ca11se c1ui e,·t l'œuvre d'un n1a11vais

génie, clo11t l'arrivée i11te1111lestive .nJilig·e l'ef.JJrit gardie11

du logis ù c111iiter la JJlace. Il s'agit cle faire réi11tégrer le

domicile a11 f11gitif, et ce sera la 111011ta110 q11i y Jlarviendra,

au 111oyen cle ses }Jaguet tes, de ,;es fnl'n111les rnagic111es et de

ses JJrières spéciales, 11e11da11t que réso1111era le ta111-ta111, et

que l'eat1 pt1re sera versée s11r le Jlla11cl1er de la n1aiso11.

V.ojci, d'aillet1rs, CO!ll!l1el1t elle s'y J1re11d pOUl' faire réill­

tégrer au logis l'esprit tutélaire. Elle attache t1ne bande de

papier autour d't111e l1ngnctte de cl1l'r1e, rrt1'ellc tie11t e11 l'air,

et elle sort à la recl1erclic tltt f11yard. Quelc1uefois, l'e~11rit se

tient tout près de la i11aiso11, ll'~t11tres fois, il est très loi11,

mais la sorcière recon11nît é:a prése11ce 11nrce c1ue, lorsqt1'elle

le rencontre, il secoue f-;i vi.olenl!11ent la lJaguette crue JJlt1-

siet1rs hommes ne peuvent la te11ir. La 111011tn11g le rap)Jortc

alors ù la maison, où il est reçu a\'ec les lJltl>i f",yn1pail1ic1ues

dén1onstratio11s. Le papier qui e11tourait la J1agt1ette de cl1è11e

est alors, avec cruelques menues i11011naies ù l'i11térie11r, plié et

tre1111Jé danf; dll vin corée11, puis la11cé contre une J)OUtre de la

inaiso11, où il f;e colle. 011 jette ensuite contre ce papier u11e

])Oignée de riz, dont r1uelques grains restent adhérents : c'est

9-

en ce point que l'esprit de la 1naison désormais résidera, jus­

qu'à ce qu'un n.ouvel événement vienne provoquer sa fuite.

Les sorcières 011t plusieurs procédés cle divination. Tantôt

elles jettent des grains ùe riz sur une taJ)le et observent les

con1J)inaisons for1r1ées ai11si au hasard par les grains. Tan­

tôt elles emploient u11 })ùto11 de noisetier sur111onté d'un cercle

garni de clocl1eties, et c'est alors aux sons ùu carillo11 qu'elles

reconnaissent les intentions tlu clén1011.

Les Corée11s, cr11i 011t llnC gra11de l)l'éfére11ce pour leurs

garço11s, et clésirc11t Cilte leur aYe11ir soit le plus J1eureux

possillle, les eo11sacre11t it 1111 e';l)l'it, l)C11sant crue c'est la

111eilleure faço11 de le11r éYiter les 111al1\·ais tours ùes démons.

Bien entendu, cette co11,écrat!o11 11e p.211t so faire que par

l'intern1édiaire des exorcis1ues cles 111outa11gf .. 011 ajoute au

non1 de l'enfa11t cel11i de J'e;o:1Jrit à crui il est co11sacré. C'est

>;ouvent à la 111ot1tang· cJJ.2-111èrue cr11e l'enfa11t est confié. Dans

ce cas, elle appre11cl - ll::tr 1111 rite spécial - au dé1non qui

la possède cru'elle doit r)re11dre cet enfa11t sous sa protectio11.

Elle en1porte de la 111aiso11 du tJère llll J;ol de riz, u11e cuillère

e11veloppée dan" l111 111orcoa11 cl'étoffc clc coton, f.Ur lequel est

écrite la cession du jeune garço11, et elle l)lace ces objets chez

elle, dans la cl1::t111l>re réserYée à so11 dé111011. At1x fêtes pério­

diques, elle fera des offra11des it ce dernier e11 fa\•eur cles

e11fants ai11si ado1)tés.

Lorscrue la " 111ot1ta11g " est a1Jpelée at1près d'un 111alad0,

elle arrive a\•ec 1111e aide. Celle-ci apporte u11 panier. Elle

s'assied sur le >;ol, et o;e 111et e11 devoir cle gratter ce panier

avec tln 111orcea11 de lioio:. i111ita11t ainsi le IJr11it cl'un rat. C'est

leur ma11ière spéciale po11r faire appel à llll esprit. Pendant

ce te111ps, la sorcière da11se, s'agite avec frénésie, invoque •

l'invisiJ)le. C'est au 1110111e11t où so11 agitation est à son comble

r1ue l'auditoire, assis tout at1tour de la cl1a1n])re, estime que

le dém.on s'est e111paré de la fe111111e, cru'il lJarle par sa hou.

cl1e. Elle crie, en effet, et révèle son 110111 ; elle dit ce qu'il

faut faire pour guérir le 111alade, quelle son11ne il faut ajou­

ter pour que la guérison soit certaine. Ceci fait, le malin est

. "

1 -~.'

. .

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-10 -

supposé s'e11 être allé dt1 corps de la sorcière, et celle-ci.

soudai11 cal111ée, 11e laisse i1Jus voir aucune trace de sa ré­

cente crise. Il est l11ê111e à ren1arc1uer c111e la créd11lité Lle

ces pauvres gens est si grossière que les sorcières, e11 so1111ne

11abiles à les expl.oiter, 11e se do1111e11t sot1ve11t l11êr11e 1Jas la

peine de si111uler la n1oi11dre fatigtte, le 111oi11dre épuise1nent.

Enfi11, no11s ajouteror1s e11core c111c le pe11ple a recours à la

« l11ot1tang " pour se l11ettre e11 co1111111111icatio11 avec l'esprit

des l11orts. Ceux-ci sont q11estion11és sur re c111i se passe dans

le roya11111e des Or11l1res. 011 Yeut >.avoir s'ils 011t vu telle ot1

telle 1Jero.011ne l11orte dept1is 1Je11 ott d'a11cienne date, et il>:

répondent avec d'auta11t IJl11s cle sa11g-froid c1u'ils l1e craig11e11t

pas d'être contredits. Da11s la croyance des Corée11s ig11ora11ts,

l'autre n1011de est got1ver11é ]Jar 1111 cl1ef clont il est. difficile

d'obtenir les faveurs. Il ,:·ag·it cln11r de faire cruelc1uc cl1o~e

pour le 111ort e11 lt1i concilia11t les l1a11tcs IJrotections dt! lie11.

At1ssi, Jorscrue la co11versatio11 est tern1i11ée avec Je cléft111t,

dit-011 à la " 111011ta11g· » d'a1J1Jeler le (:ranci Ji1g·e (ils ont clix

jt1ges 11011r le ro:irau111e des ;\Iorl~·<'. et c'est le Juge s1111rê111e

CJlte J'.011 i11vocrt1e en 111i 1Jrésentn11t clcs 111ets et en le 11ria11t

de re11clre l'cxiste11ce clans l':tutre 111011de facile à celt1i q11i est

parti. Gé11éralerr1e11t, le Gra11d .J11ge 11ro111et tout ce q11'or1

veut, et se retire en re111ercia11t la co11111ag·11ie des mets excel­

lents rru'elle lui a }Jrése11tés. Et 1<1 séa11ce cle dér11011olfttrie est

le,'ée.

Not1s ter111i11ero11s cette 1011gue série lles services re11dt1s par

les sorcières en clif:a11t qu'u11e de le11rs 1)J11s i1r11Jorta11tes fo11c­

tions est d'être l'i.11ter1r1étliaire avec le K\ve-yt1k Tà-Si11 otl le

... Grand esprit de la petite ''érole, car c'e,;t la seule inaladie

c1ui ait le privilège de posséder so11 esprit à elle. C'est ql1'ellc •

est la 111aladie la plus redoutée, étant la plus fréc1uente, et

trop souvent entraî11ant la 111ort. Lorsq11e la petite vérole a été

constatée dans une fan1ille, les i11e1r1hres ne doivent plus se

peigner, 11i cl1anger de vèten1c11ts, 11i l)alayer la 111aison. Il

ne faut pas i11lplorer l'esprit protecteur de la inaison. Les

parents d11 malade ne doivent manger c1ue du riz sans fèves .

'

-.. ~

1

- 11 -

E11fi11, at1ct111 n11i111al lle doit être tué, parce que le sang

versé ferait gratter et saig11er le lnalade .....

Le danger de tuer des a11in1aux pendant la petite vérole a

a été récen1n1e11t attesté penda11t la l11aladie du jeune prince.

Le Gouvernen1ent a défendu d'itbattre nul bétail pendant

l1euf jours .....

Le treizième jour est regardé co111n1e celui où le danger est

co11juré. L'esprit se retire alors et la " n1outang » préside tt

>;011 départ, en lui présenta11t de'; ;11ets et u11 petit cl1eval e11

bois - confectio1111é clans cc ])tlt - et cl1argé de 111enueB m.011-

naies et de riz, provisior:>; de \'Oyag·e dt1 dang·ereux \'isiteur,

a11c111el 011 .c;.1ul1aite t111 ])011 retour tt sa résid·'.'ncc IJerf.cinnellc.

• • • • • • • • • •

• • • • • • • • • • • •

• • • • • • • • • • • • •

Les " 111outang· » appartie1111ent à la basse classe cle la

,c;J.:'.iété. I.e11r professio11 est 11éréditaire. Il paraîtrait q11'elles

.c;o11t. a11ssi adoratrices de Bo11clclha, car le11r r11aiso11 renferrnc

clef; i111ag·ef; clc cc clie11 ù. c1'1té tJ.:- rrllcs clcs clén1ons. A11t.refoi~,

. elles 1Jrédif;aie11t J'ave11ir e11 observant les l11011ve111e11ts d'u11c

t.ort.11e de 111er, sur la cara1Jace de lacruelle elles applic1uaient

1111 fer cl1aud, 011 e11 oh;::erva11t, ro111111e les pytl1011isses de

Dodone, les fe11illes de rertai11s arbres. A11jo11rd'h11i, let1r

profession s'est co111plic1née, cc q11i 1r1or1tre crue le jJrestige

de ces rl1a111anes 11'a !Jas clir11i11né d'i111porta11re. Les filles

prenne11t les leço11s clc le11l' 111i•re e11 les arco1111Jag·11a11t. Il

y a a11ssi - co111111c je l'ai. dit IJl'écéden1111e11t -- relies que le

clén1on possède so11clai11, et q11i, !Jar ce fait, so11t désignées

pour ce n1étier. Pe11da11t le ter111Js de leur n1aladie, ces pos­

sédées rêvent de drago11s, d'arcs-e11-ciel, d0 i)êcl1ers en fleurs

011 d'un l101111ne d'ar1r1es sulJite111e11t tra11sfor111é e11 anin1al;

elles !)rotèrent cles paroles grossières, ''oient Jieaucoup de

cl1oses curie11ses, et 111e11are11t de 111art t.011s les gens de la

·1naiso11, si 011 11e leur per111et lJas de se livrer à la pratique des

exorcisn1es. Il en est n1ême dont l'in1ag·ination est tellenici1t

''

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. . .

' . . ...

.

• •

- 12 -

frappée par ces divagations dén1oniaques qu'elles succombent

devant la résistance de leur fan1ille.

Qua11d une fille noble est possédée par le dé111on, on la

tue, ou l'on s'en débarrasse, polir crue la disg·rùce 11e retombe

pas sur tolite la fan1ille. Celle crui e111lirasse sa nouvelle

v.ocatio11 ql1itte les sie11s, et va l1a)}iter la n1aison d'l1ne

cc mouta11g » décédée do11t elle ])re11d les vête111e11ts et les

instrl1111e11ts. Cette price de possession s'acco1111)ag11e, bien

entendu, d'exorcis111es. Elle i11scrit e11sl1ite son 110111 sur t111e

tablette, cru'elle ])lace da11s 1111e cila1ulire, et co111111e11ce à

exercer son 111étier.

Tolite << n1outa11g. " cl oit 11osséder 11l11sieurs rol1es, dont

quelcïues-u11es très coûteuses, 1111 tan1bo11ri11 de for111e spé-

ciale, des cy111))alef: en c11ivre, l111e liaguette

montée de clocl1ettes, des ))andes cle soie,

• en cuivre sur-

des )Ja11nières

qu'elle déploie qu.'t11cl 0lle danse, des é\'e11tails, des 0111!1relles,

des l1aguett0s 111agic111es, cles in1ag0s cl'ho111111es et cl'ani111aux,

des gongs, et une paire de paniers allo11gés employés

comn1e nous l'avons dit 11récéde111n1e11t - p.our s'e111parer de

l'esprit de certaines maladies, cr11e 1'011 attire a11 r1:.uyer1 ùc

gratte111e11ts. La pratic111e des exorcisn1es entraîne certains

jeûnes. Il arrive J)arfois q11e les f:orcières 111ette11t u11e telle

frénésie clans leurs da11ses n11'elles to1nbe11t ina11in1ées,

l'écun1e à la boucl1e, et 011t hesoi11 cle soins en11Jressés po11r

échaJ)per à la 111ort. Elles gag·11e11t très largement le11r vie

et celle de le11r famille . .-\l1ssi tro11ve11t-elles parf.ois à se 111a­

rier, 111ais, clans l'es11rit de J'ast11cieux 111ari, c'est ù, seule fin

d'avoir to11jo11rs une tal1le llie11 g·nr11ie. l,es sorcières de l101111e

famille exercent à dorr1icile, et sont enterrées s11r 11n flanc

de coteau, avec les instru111ents de leur profession.

Les esprits et les démons q11i peuplent l'univers des c.oréens

sont innombrables. Nous indicruerons - d'après le Rév. J.011es

- les plus con11us. Il faut ajouter c1u'e11 tlépit de la plus que

certain.e origine indigè:oe de ce c11lte cle la nat11re et de toute

cette démonolâtrie, c'est sous la farine cl1inoise .qu'il est

surtout pratiqué, en ce sens que l'on retrouve, dans toutes

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- 15 -

24. Esprits qui rodent autour des maisons, causant toutes

sortes de calamités.

25. Esprits qui fo11t 111ourir les Jiorr1n1es loin de leur 11a]Ji­

tation, de leur village.

26. Esprits qui fo11t r11ourir certains l1ommes p.our d'autres,

cor11111e re;111Jlaça11ts, co111111e délégués.

27. Esprits qui fo11t 111ourir les 11ommes par strangulation.

28. Esprits qL1i font n1ot1rir les !Jon1mes par noyade.

'J() ~ . Es1Jrits crui fo11t 111ot1rir les fen1111es e11 coucl1es.

30. Esprits c1ui i11spire11! le st:icicle aux ho111n1es.

31. Esprits c1t1i fo11t IJérir les !Jo111111es dans le feu des i11ce11-

dies.

Enfi11, les esprits de la lJeste, clt1 cl1oléra, etc., etc. Dans ce

1Jeuple de luti11s !1.011s et 111écl1ants, tot1t asiatique, certains

personnag·es apparaisse11t co111111e propres à la Corée. Tel est

le personn.age 111ytliic1ue a11pelé Ta11-I\ou11, do11t la léger1de se

IJlace vers 2300 ttva11t Jést1s-Cliri,:t.

Ottang-eu11g, fils dt1 créatet1r Chisok, descenclit st1r la terre

pour y créer u11 royaun1e terrestre (2332 av. J.-C.) Il se reposa

avec ses co111pagno11;; sot1s t111 ttrl1re, le " Pak Tal n, et se pro­

clama r.oi de l'U11ivcrs ... 11 cl1oisit co111n1e liet1tenants le

« Gouver11e11r clo la pluie n, le « Gé11éral clt1 \'e11t n et le

" i\1Iaître cles 11uages '" Il c11te11dit un jour t111 tigre et un ours

qui IJréte11claient deve11ir cles 110111111es. Il let1r conseilla p.our

cela d·e s'enfermer cla11s t111e grotte penda11t \'i11gt et tin jours

sa11s essayer de voir lt1 111111ière. Ils o]Jéire11t, rr1ais le tigre

sortit ava11t la date fixée. L'o11r;.;, pltts pi1tie11t, resta vi11gt

et u11 jo11r>; e11fer111~, et se tra11sfor111a e11 u11e superlJe fen1111e.

Le 1Jren1ier désir de celle-ci ft1t cl'avoir un fils, et, con11ne elle

én1ettait ce vœtl, Ou;111g-et111g, qt1i passait par là sur le

ve11t, l'e11te11dit et exauça sa prière. Elle et1t tin fils, et c'est

ltti c1ue les i11digènes ù. de111i sauvages trouvère11t sous l'arbre

Pal{ et appelère11t 1'a11-I\ot111.

Not1s avo11s t111e idée, ll'après la liste précédente, de la

\'ariété de ces esprits tot1rrrl'er1teurs ùes !10111111es. 011 leur

.attril)Ue des féticl1es: papier, pierre, )Jois, paille, vêtements,

. .

' . .

'

- i6 -

arbres, etc., etc., c1ui sont sacrés ttux yeux tlu Corée ri, lJoUr

lequel une ide11tification co111plète existe e11tre l'es1Jrit et so11

féticl1e.

·voyons à présent ce crue so11t les es11rits de l1aut ra11g.

Nous avons lJOur cela eu recolirs ati très i11téressa11t travail

du Rev. Jones M. A., pulJlié dans les cor111Jtes re11dt1s de la

cc Royal Asialie S.ociety, Korea11 l.1rancl1 n, ainsi c1t1'à celui

de lVI. Maurice Coura11t sur les cultes corée11s.

A tout seig11et1r tout l101111et11'. Voici O-lJa11g-tcl1ang-goun

(tcltall(J-(}011/l. signifie le cl1ef clu 111011cle, et o-IJCtll(J les cinc1

côtés). Cela ''eut dire lec; e';lJrits, les gé11érat1x cles ci11c1 par­

ties du ciel, et ils porte11t clec; 110111s ';péciaux corres1Jo11da11t

au ciel orie11tal, r11éridior1al, occide11tal, se1Jte11trional et ce11-

tral. Ce sont les pri11ci11ales clivi11ités coréen11es c1ui gouver­

nent le ciel, celles c1ue les clia111a11es i11voc1ue11t p.our co111-

battre les cléruo11s.

Ta11-l(ot1n, le seig·neur ruyt1Iic1l1e, sacrifiait at1 ciel à l(a11g­

rois dll Hoa, au so111rr1et du i\Œari-Sa11e,

Sin-raï égale111e11t. Des s~111gliers

à la 1oc lt1ne. Les

et cles cerfs étaient sacrifiés

au ciel. Partout, el e11 luut te1111Js, 011 a sacrifié au ciel, et c11

te1n1Js do g·uerre pour olJte11ir l~t ,·ictoire.

· P.our l\'I. Coura11t, ces ~;t1cr;fices 11e f;o11t lJas cl'urig·i11e. cl1i­

noise, car e11 Cl1ir1e ils >:;~1111. 1·é~ervés à l'e11111ereur set1le111e11t,

tandis qt1'e11 Corée ce droit e.-;t éter1clL1 à tollS. Les sacrifices

consistent en pà,te cle riz et er1 fruits ofierts sur les autels

en ex1Jiation, et pot1r se re11dre favoral1les ces puissances cé­

leste,;. Des lJrières sont récitées clév.ote1r1ent, avec acco111pa­

gneme11t de clocl1ettes et pendant c1l1e l'ence11s ]Jrùle. I"es i10111s

des 11: ~tilres du ciel sor1t écrits sur u11e ]Ja1111ière lJlacée au­

dessus cle l'autel. Ce sont les cc 1Jtt11esuu " crui so11t .cJ1argés des

sacrifices .

Ces o-bct110-lcha11a-aou 11 so11t les llie11x t11télairrs clrs villa­

ges; ils détour11e11t tle ce11x-ci les cs11l'its erra11ts et 111ali11s

qui rùdent aux alento11rs, cl1i11s les vrtllées. Leurs fétiches so11t

norr1breux et placés par groupes à l'entrée et à la sortie des

bourgs, des hameaux, ou à l'entrée d'une vallée. iVIais il sem-

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ne sont pas remplacés. Ils sont la survivance, ainsi que

les fétiches tsou-sari, d'une époque de barbarie, qui cède le

pas rapiden1ent aux progrès d'une civilisation tout europoonne

en Corée. Voici la lége11de rapportée au sujet des poteaux Tc1iang­

se1l1ig. Au ten1ps jadis, un noble, du nom de Tcl1ang, accusé

et reconnu coupable de trahison, fut mis au pilori. Il fut

décidé, pour rendre sa n1émoire exécrable à tout le peuple,

qu'il serait figuré. sur des poteaux de bois, et que ceux-ci se­

raient plantés partout sur les chemins. Il est possible que

l'.on ait eu l'idée d~u~ili~e~ ensuite ces poteaux corn.me indica-f • f _, __ _

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Lyon. - Im:p. A. REY, 4, rue Gentil. - 35o8&B '

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