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Reconstruire la Nation. Les réfugiés arméniens au Proche-Orient et en France 1917-1945 Exposition coordonnée par Raymond H. KEVORKIAN en partenariat avec la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration Document réalisé par le Département éducation avec la collaboration d’Inessa DARBINIAN et en s’appuyant sur la documentation fournie par le Centre du Patrimoine arménien de Valence CONTACTS Ratiba KHENICHE au 01 53 59 58 60 Hélène LE BON au 01 40 09 69 19

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Reconstruire la Nation.

Les réfugiés arméniens au Proche-Orient et en France

1917-1945

Exposition coordonnée par Raymond H. KEVORKIAN en partenariat avec

la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration

Document réalisé par le Département éducation avec la collaboration d’Inessa DARBINIAN

et en s’appuyant sur la documentation fournie par le Centre du Patrimoine arménien de Valence

CONTACTS

Ratiba KHENICHE au 01 53 59 58 60 Hélène LE BON au 01 40 09 69 19

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Reconstruire la nation. Les réfugiés arméniens au Proche-Orient et en France

1917-1945

EXPOSITION A LA CITE NATIONALE D’HISTOIRE DE L’IMMIGRATION DU 16 OCTOBRE 2007 AU 11 JANVIER 2008

SOMMAIRE

Présentation ---------------------------------------------------------------------------------------P.3

La Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration ------------------------------------------------ P.4

L’exposition ---------------------------------------------------------------------------------------P.5

Les Arméniens au Proche-Orient ----------------------------------------------------------------P.6

La diaspora arménienne de France --------------------------------------------------------------P.9

Parcours familiaux ------------------------------------------------------------------------------ P.13

Autour de l’exposition ---------------------------------------------------------------------------P.14

Les partenaires ----------------------------------------------------------------------------------P.15

Informations pratiques ------------------------------------------------------------------------- P.16

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Reconstruire la nation. Les réfugiés arméniens au Proche-Orient et en France

1917-1945

A l a C i t é N a t i o n a l e d e l ’ H i s t o i r e d e l ’ I m m i g r a t i o n d u 1 6 o c t o b r e 2 0 0 7 a u 1 1 j a n v i e r 2 0 0 8

L’exposition « Reconstruire la nation. Les réfugiés arméniens au Proche-Orient et en France 1917-1945 » est présentée par la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration dans le prolongement de l’Année de l’Arménie en France. Cette exposition qui est la première exposition temporaire de la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration retrace l’histoire des diasporas arméniennes dans la première moitié du XXe siècle. Coordonnée par l’historien Raymond H. Kévorkian, l’exposition s’intéresse aux communautés arméniennes du début de siècle installées au Proche-Orient (particulièrement au Liban et en Syrie) et en France. Elle revient essentiellement sur les processus d’adaptation aux sociétés d’accueil des différentes vagues migratoires arméniennes et apporte les bases indispensables à une réflexion sur la constitution d’une diaspora comme élément primordial de reconstruction d’une nation. Cet événement réunit pour la première fois une riche documentation (photographies, textes, cartes, importante documentation iconographique) déjà présentée, séparément, dans deux expositions. La première, intitulée « Les Arméniens (1917-1939). La quête d’un refuge au Proche-Orient », a été réalisée par Raymond H. Kévorkian, Lévon Nordiguian et Vahé Tachjian. Coproduite par l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (département d’histoire et bibliothèque orientale) et la bibliothèque Nubar de l’Union générale arménienne de bienfaisance (UGAB Paris), elle a été présentée à Beyrouth en mai 2006. La deuxième exposition, intitulée « Se reconstruire en exil. L’arrivée des réfugiés arméniens en France » a été conçue et mise en place du 2 mars au 29 avril 2007 par le Centre du Patrimoine Arménien à Valence, sous l’autorité scientifique de Raymond H. Kévorkian et en partenariat avec la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration. Un court-métrage, une série de conférences et d’ateliers, ainsi qu’un dossier pédagogique accompagneront l’exposition.

CONTACTS :

Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration – Ratiba KHENICHE / Hélène LE BON

Téléphone : 01 40 09 69 17 / 01 40 09 69 19 Mail : [email protected]

[email protected]

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LA CITE NATIONALE DE L’HISTOIRE DE L’ IMMIGRATION

La Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration, créée le 1er janvier 2007,

est une institution culturelle, pédagogique et citoyenne. Elle a pour mission de

rassembler, sauvegarder, mettre en valeur et rendre accessible les éléments relatifs à l’histoire de l’immigration en France depuis

le XIXe siècle.

Photo : Guillaume Robert © Cité nationale Elle contribue à la reconnaissance des parcours d’intégration des populations immigrées dans la société française, ainsi qu’à l’évolution des regards et des mentalités sur l’immigration en France. Souhaitant changer les regards sur l’immigration et dans le cadre de son projet scientifique et culturel, elle propose notamment un musée et une médiathèque. Elle a comme objectif d’accueillir de nombreuses manifestations scientifiques, pédagogiques et culturelles et invite l’ensemble des citoyens à prendre une part active au débat sur la composition plurielle de la société française. La Cité, qui occupe un lieu central à Paris, le Palais de la Porte Dorée, est également un réseau d’environ 1500 partenaires, composés d’associations, d’institutions culturelles, d’entreprises, de chercheurs, de collectivités locales et d’organismes publics et privés, en France et à l’étranger. Le site Internet de la Cité http://www.histoire-immigration.fr propose de riches ressources sur les thématiques de l’histoire de l’immigration et de la diversité culturelle et notamment des contenus multimédias comme une exposition virtuelle, des portraits d’immigrés, un magazine culturel…

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L’EXPOSITION L’intégration des Arméniens dans leurs pays d’accueil, en France et au Proche-Orient, n’a pas été facile. Dans le cas des Arméniens pour lesquels il s’agissait d’une immigration forcée, le processus d’adaptation et d’intégration dans les structures politiques, économiques et culturelles des sociétés d’accueil a été assez douloureux. Avant de devenir citoyens français, libanais ou syriens, ils ont vécu l’expérience de tout réfugié déraciné en quête d’un pays où trouver l’environnement propice à une reconstruction.

Au Proche-Orient, d’immenses efforts ont été déployés par les instances arméniennes ainsi que par quelques organisations caritatives internationales pour retrouver femmes et enfants dispersés.

Le quartier nord du camp de Mar Mkhayel à Beyrouth en 1924.

© Coll. Bibliothèque Nubar de l’UGAB

De vastes programmes de construction de quartiers urbains ou d’implantations rurales ont été menés par les agences pour les réfugiés de la Société des Nations, l’administration mandataire française et des organisations « compatriotiques » arméniennes qui ont permis l’évacuation progressive des camps vers un habitat plus décent. Des refuges, des orphelinats, des écoles, des églises ont été installés, parfois sous des tentes ou dans des baraques en bois, avant d’être édifiés en dur.

En France, entre 1923 et 1927, environ 58 000 réfugiés arméniens ont débarqué au port de Marseille, une arrivée massive étroitement liée aux bouleversements géopolitiques survenus au Proche-Orient. Bien que l’intégration des Arméniens passe par des étapes parfois douloureuses, la période de l’entre-deux-guerres reste un vaste chantier contribuant à la restauration de la vie collective et à la construction d'un destin commun des Arméniens avec leurs pays d’accueil.

Faisant écho au parcours des réfugiés arméniens au Proche-Orient et en France, cette exposition s’intéresse particulièrement à la prise de conscience du caractère définitif de la

diaspora arménienne après la Deuxième Guerre mondiale, quand les réfugiés commencent à veiller à la pérennité de leur langue et de leur culture, créant des organisations à vocation

humanitaire, éducative, culturelle, sportive, une presse et des éditions en langue arménienne.

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Les Arméniens au Proche-Orient

Les communautés arméniennes du Proche-Orient, notamment celle du Liban, ont constitué un chantier pour l’ensemble de la diaspora arménienne. Groupés autour de leur Eglise et de

leurs partis politiques, animés par des projets de retour, les réfugiés ont conservé leur culture d’origine tout en s'adaptant à la culture du pays.

CONTEXTE HISTORIQUE ET MOUVEMENTS DE POPULATIONS

Dès la fin de 1917, les armées britanniques ont entrepris la conquête du Sinaï, puis de la Palestine et de la Syrie. Durant leur progression vers le Nord, en territoire ottoman, les forces britanniques découvrent toute l’horreur engendrée par le génocide des Arméniens. Des survivants de la Catastrophe s’y trouvent dispersés dans les localités arabes, abandonnés à leur sort, chaque famille ayant perdu plus de la moitié de ses membres. Ce sont ces rescapés, en majorité des femmes et des enfants, qui ont constitué la base des futures communautés arméniennes de Syrie, du Liban et, d’une manière générale, de tous les pays du Proche-Orient. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, des dizaines de milliers

d’Arméniens aspiraient tous à rentrer dans leurs foyers. Dès janvier 1919, a commencé une vaste opération de rapatriement des réfugiés vers la Cilicie, au Sud de la Turquie, dont la France détenait le contrôle administratif et militaire. Pour la plupart des Arméniens, ce rapatriement était un retour dans le pays après trois ans de massacres et de souffrance. En 1921, suite à une insurrection turque, Georges Clémenceau cède la Cilicie à Mustafa Kemal. Désillusionnée, la population arménienne reprend le chemin de l’exil notamment vers la Syrie et le Liban qui allaient devenir leurs patries d’adoption.

Les photographies et les documents d’archives présentés témoignent des conditions difficiles dans lesquelles se

trouvait la population arménienne dispersée après le génocide. Ils retracent

le processus de rapatriement des Arméniens vers la Cilicie et le nouvel

exode vers la Syrie et le Liban.

Nouveaux réfugiés arméniens en provenance de Damas établis à Beyrouth, 1925

Photo : Antoine Poidebard Coll. Bibliothèque Orientale – USJ.

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LES PREMIERS PAS D’UNE RECONSTRUCTION DU MONDE ARMENIEN A la fin de l’année 1921, des dizaines de milliers d’Arméniens ont afflué vers les villes d’Alexandrette, Alep, Damas et Beyrouth. De ce fait le Liban devient le plus grand centre de regroupement des orphelins arméniens. On estime le nombre total des réfugiés en Syrie et au Liban à environ 200 000 personnes. Tous cherchent à se regrouper et à vivre en communauté. Ce comportement social favorise la formation d’immenses camps de réfugiés. Le plus grand camp était situé près de Beyrouth, dans la localité de Medawwar et était communément appelé « Grand Camp », « Camp central », « Camp Karantina » ou « Camp Adana ». Dans un premier temps, les réfugiés y étaient abrités sous des tentes ou des huttes. Quelques années plus tard ils vivent toujours dans des baraques de fortune où les conditions sanitaires sont déplorables.

A la différence du grand camp de Beyrouth, les réfugiés d’Alep sont intégrés dans le tissu urbain et isolés de la ville. Cette situation de grande précarité a été progressivement surmontée. Afin d’établir définitivement les Arméniens en Syrie et au Liban, le Haut commissariat français lance à partir de 1925 et notamment dans les années 1930 la construction de quartiers urbains et de centres ruraux. Les associations compatriotiques arméniennes récoltent à leur tour des fonds pour la construction d’églises et d’écoles. Parallèlement les Arméniens forment des maisons d’accueil et s’efforcent de regrouper les femmes et les enfants abandonnés. Ce sont les premières initiatives d’envergure, menées dans les ex-provinces arabes de l’Empire ottoman désormais sous mandat français, concernant le regroupement d’enfants sinistrés du génocide.

Au camp d’Alep

Photo Vartan Derounian Coll. Bnu

L’exposition rend compte de ces

initiatives du début du XXe siècle et traduit l’action des organisations

arméniennes et occidentales de l’époque. Des photographies inédites permettent de voir la formation des camps de réfugiés arméniens en Syrie et au Liban. Cette

documentation exceptionnelle retrace la vie quotidienne dans les camps : arrivée de nouveaux réfugiés, incendie dans le

camp de Mar Mkhayel à Beyrouth, apparition de nouveaux quartiers urbains suite à la mobilisation des organisations

internationales.

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LES REFUGIES AU QUOTIDIEN

Reconstruire sa vie est la préoccupation centrale de chaque réfugié. Comment surmonter en tant que rescapé les atrocités d‘un génocide ? Les associations arméniennes visent ainsi l’instruction et l’éducation des orphelins. Il n’y a pas un orphelinat qui n’ait intégré l’apprentissage d’un métier dans ses programmes.

Peu à peu les Arméniens du Proche-Orient s’investissent dans certains métiers, comme la cordonnerie, la confection et la bijouterie. Des ateliers de commerce ouvrent progressivement leurs portes. Des centres commerciaux et artisanaux aux activités débordantes s’établissent.

Les archives rassemblées permettent de suivre les réfugiés au quotidien. Des

photographies d’ateliers de cordonnerie, de menuiserie, de couture et de broderie

témoignent de la grande volonté d’assurer un avenir solide à cette

génération. L’instruction des enfants occupe une place primordiale. Plusieurs écoles ont été créées afin d’instruire les

orphelins arméniens : école Sahaguian du Grand camp de Beyrouth, école

maternelle Mesropian du camp de réfugiés d’Amanos, école arménienne de

Damas, école-orphelinat Kékélian à Dörtyol, école du camp d’Alep et

beaucoup d’autres. Atelier de couture à l’orphelinat Kékélian, Beyrouth, en 1929

Photo : Abel, coll. Bnu

LE DERNIER EXODE

La première partie de l’exposition s’achève par des photographies retraçant l’installation des réfugiés arméniens à Anjar, ville située dans la plaine de la Bekaa, à mi-chemin entre Beyrouth et Damas. Après avoir résisté près d’un mois et demi aux forces turques, les Arméniens du Moussa Dagh (Mont Moïse, situé sur la côte syrienne, au nord de la baie d’Antioche) ont été évacués par les troupes

françaises en septembre 1915. D’abord installés en Egypte, ces hommes formèrent le premier contingent de la Légion d’Orient qui a participé à la Campagne de Palestine et de Syrie. Rapatriés en 1919 dans leur patrie d’origine, ils furent de nouveau évacués de toute urgence en 1939 suite à la décision française de céder le sandjak d’Alexandrette incluant le Moussa Dagh à la Turquie.

« Le dernier exode » conclut la première partie de l’exposition sur l’immigration arménienne au Proche-Orient. Anjar, lieu marqué de la diaspora arménienne au Liban, rassemble quelques

milliers d’Arméniens à la frontière syrienne. Les photographies témoignent des difficultés survenues lors de ce dernier exil vers le Proche-

Orient et de l’installation des réfugiés arméniens à Anjar.

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Les Arméniens en France

Arrivés au début du XXe siècle, les Arméniens de France constituent la plus importante communauté arménienne d'Europe. Arrivés essentiellement par le port de

Marseille, plus de la moitié des Arméniens de France se sont installés à Paris et en banlieue parisienne. A partir des années 30, se sont constituées des « enclaves arméniennes » dans les communes d'Alfortville, Maisons-Alfort

ou Issy-les-Moulineaux. Le reste de la population arménienne vit dans les Bouches du Rhône - autour de Marseille - et dans les grandes villes du sillon rhodanien : Lyon, Villeurbanne,

mais aussi Valence, Romans.

L’ARRIVEE DES ARMENIENS EN FRANCE

Les réfugiés arméniens sont arrivés en France de Turquie, de Grèce, du Liban, de Syrie, de Bulgarie ou encore de Roumanie. Ils mènent la vie d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont tout quitté, voire tout perdu. Ce sont des itinéraires familiaux où le drame côtoie l’espoir. Tous ont attendu longtemps dans des camps de réfugiés ou des orphelinats, des papiers, un contrat de travail qui leur permettent de s’embarquer pour la France. L’arrivée massive de réfugiés arméniens en France, dès 1922, est étroitement liée aux bouleversements géopolitiques survenus au Proche-Orient, notamment à l’évacuation de Smyrne, en septembre

1922, et à l’entrée des Turcs kémalistes en Cilicie, après le retrait de la France. Les passeports délivrés à ces réfugiés par les autorités turques portaient la mention « sans retour possible », officialisant ainsi l’exclusion des rescapés arméniens. Environ 58 000 réfugiés arméniens débarquent dans le port de Marseille entre 1922 et 1924. Beaucoup parmi eux vont s’établir dans des camps de fortune, comme les camps Oddo, Saint-Jérôme, Les Mille, etc., avant d’aller, pour une partie d’entre eux, tenter leur chance dans la vallée du Rhône et dans la région parisienne.

Passeport établit le 19 juillet 1924 portant la mention « Retour interdit ». Coll. Centre du

Patrimoine Arménien – Ville de Valence

Certificat Nansen, sauf-conduit, passeport, laissez-

passer, certificat d’identité, contrat de travail, extrait de registres d’immatriculation, etc., les documents d’archives présentés témoignent du

labyrinthe administratif qui attend le candidat au départ et de l’ampleur des formalités à accomplir

sitôt le pied posé sur le sol français. L’exposition retrace également les étapes du

voyage depuis la Turquie via la Syrie, le Liban ou l’Europe centrale grâce à une carte des

mouvements migratoires vers la France entre 1922 et 1926. Sur place, des photographies de camps marseillais issues des collections de la Bibliothèque Nubar, notamment celle du camp

Oddo, laissent percevoir la précarité des conditions matérielles de cette arrivée et la capacité de la

communauté arménienne à organiser le quotidien : école, réfectoire, coiffeur…

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L’INTEGRATION PAR LE TRAVAIL

Arrivés avec des contrats de travail, les réfugiés arméniens viennent remplir le déficit démographique consécutif aux ravages de la Première Guerre mondiale. Ils sont pour la plupart embauchés comme ouvriers dans les mines de charbon, les usines textiles, les hauts-fourneaux de la métallurgie, la chimie et l’automobile. Dans les années 1930-1940, nombre de ces réfugiés s’insèrent

dans la société française en pratiquant des métiers emblématiques, comme cordonniers ou tailleurs. Mais c’est véritablement la Deuxième Guerre mondiale qui fait de ces réfugiés arméniens des citoyens français : leur engagement dans la Résistance et la nouvelle donne politique engendrent une naturalisation massive des anciens réfugiés en 1947-1948.

Des scènes de travail collectif dans les usines et dans les petits commerces plongent les visiteurs dans l’atmosphère des marchés et des ateliers de l’entre-deux-

guerres. Ces photographies restituent la diversité des

métiers exercés pour subsister.

Ouvriers arméniens de l’atelier de montage de chaussures à Belleville, Paris, 1926-1928. Coll. Bibliothèque Nubar de l’UGAB

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LES ARMENIENS DANS L’ARMEE FRANÇAISE Durant la Première Guerre mondiale, les Arméniens vivant en France s’engagèrent le plus souvent comme volontaires dans l’armée française (environ 400 soldats). Marseille a accueilli également les milliers d’Arméniens des Amériques et des quatre coins du monde qui avaient répondu à l’appel de Boghos Nubar, en 1916, pour former la fameuse Légion d’Orient qui combattit contre les Turcs

en 1917-1918. Mais c’est en 1939 que les réfugiés arméniens, encore privés de la citoyenneté française, ont été mobilisés et envoyés au combat. D’autres se sont engagés dans la Résistance, en particulier dans le sud-est de la France, ainsi que dans les mouvements clandestins, comme le FTP-MOI, commandé par Missak Manouchian. Ils ont ainsi acquis leur légitimité, puis leur naturalisation.

Hakob Handjian en 1940

Coll. Centre du Patrimoine Arménien – Ville de Valence

Documents inédits, des photographies et des archives rassemblées par Boghos Nubar permettent de suivre la

constitution de la Légion d’Orient et son embarquement à Port-Saïd (Égypte) à l’automne 1917. L’exposition accorde également une place importante aux mobilisés de 1939 :

de nombreux documents retracent les conditions de la mobilisation des Arméniens, tel le livret militaire d’Ohanès

Ayvayan, qui mentionne en rouge « ne possède pas la nationalité française ». Des photographies et des objets ramenés des stalags témoignent de leurs longs mois de captivité en Allemagne, tandis que l’Affiche rouge et le

portrait de Missak Manouchian sont l’occasion de rendre hommage aux étrangers engagés dans la Résistance.

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LA SURVIE D’UNE IDENTITE EN EXIL

Après une expérience aussi traumatisante qu’un génocide, les rescapés développent une sorte de réflexe de survie, qui se traduit par un besoin impérieux de préserver leur identité. Ainsi, les Arméniens se sont rapidement organisés dans leurs lieux d’implantation, en fondant d’abord églises et écoles, et en reconstituant leur réseau associatif. L’insertion des réfugiés arméniens a été facilitée par la création d’une multitude

d’organisations à vocation humanitaire, éducative, culturelle, sportive et, surtout, d’associations compatriotiques. Ce sont ces dernières qui ont joué un rôle capital grâce à l’entraide qu’elles ont organisée ; ce sont également elles qui ont lancé les collectes de fonds destinées à la construction des écoles et des églises. La presse arménienne constitue le lien majeur entre toutes les communautés implantées en France.

La plupart des photographies présentées dans cette partie sont l’œuvre de Krikor Djololian. Né en 1897, ce photographe qui fonda le

Studio Arax fut arrêté et déporté après 1915. Il vécut ensuite à

Constantinople avant de venir s’installer en France à partir de 1922.

Témoin privilégié de la vie communautaire des Arméniens à Paris, il immortalisa quarante ans

durant les plus grands personnages, comme les événements les plus

marquants : les funérailles du R.P. Komitas, celle du général Antranig, la

visite de Franz Werfel, etc.

Fête champêtre à Saint-Chamond

vers 1945 Coll. Jacques Simonian

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Les parcours fami l iaux

Le deuxième volet de l’exposition s’achève par des parcours familiaux. Ces itinéraires ont des points communs, mais traduisent tous des histoires singulières avec des vécus différents.

LES SARKISSIAN :

DE CONSTANTINOPLE A PARIS Itinéraire singulier, l’histoire des Sarkissian permet aux visiteurs de découvrir, par-delà les images de vie familiale, des documents administratifs qui les ont accompagnés dans

leur parcours de Constantinople à Paris.

Née à Erzenga dans la province

d’Erzeroum, Véhiné Sarkissian est issue d’un milieu intellectuel.

Son père Nichan était professeur. Il eut avec sa femme Yougaphère huit

enfants.

En 1906 Nichan est appelé à enseigner à Manisa (près de Smyrne). Il est rejoint par sa famille, ce qui leur

permettra à tous d’échapper au génocide de 1915-1916.

La famille Sarkissian à Paris vers 1925

Coll. Iris et Édouard Basmadjian

En 1919 les Sarkissian s’établissent à Constantinople alors sous contrôle des Alliés. Véhiné et sa sœur Arpinée y font leurs études. La famille est rejointe par Dabjad, le frère de Véhiné. Ancien officier de l’armée ottomane, il est assassiné par un policier turc prokémaliste cette même année à Constantinople. Les Sarkissian tentent de rejoindre leur fils Hratch, résidant en Suisse, mais

l’entrée du territoire leur est refusée. Leur voyage s’arrête alors à Venise. Dépouillé de ses économies sur le bateau, Nichan enseigne chez les Mekhitaristes pendant un an. En 1921, Nichan, son épouse et ses deux filles rejoignent Hratch qui s’est installé à Paris. Véhiné et sa sœur Arpinée reprennent leurs études à la Sorbonne et obtiennent une licence.

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Autour de l ’exposi t ion OUVRAGES PUBLIES A L ’OCCASION DE L ’EXPOSITION

Les Arméniens 1917-1939. La quête d'un refuge. RMN éditions : 22 x 28 cm, broché, 350 pages, prix : 45 € environ. ISBN : 978-2-7118-5352-6 Catalogue sous la direction de Raymond KEVORKIAN, Lévon NORDIGUIAN et Vahé TACHJIAN, édité à l’occasion de l’exposition de la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration, du 16 octobre 2007 au 11 janvier 2008.

La revue Hommes & Migrations, éditée par la Cité Nationale de l'Histoire de l'Immigration, a consacré son premier dossier de l'année à la diaspora arménienne. Ce dossier couvre plusieurs périodes historiques en parcourant des générations successives d’Arméniens et compare différentes aires géographiques : la France (avec des articles sur Paris, Marseille et la région Rhône-Alpes), mais aussi Thessalonique, Montréal, Los Angeles, Buenos Aires et Moscou en soulignant la diversité des dynamiques et les différentes évolutions des diasporas selon les territoires où elles s’implantent. Martine Hovanessian (anthropologue et chercheur au CNRS-Urmis) a mobilisé l’ensemble des sciences humaines pour réaliser ce vaste panorama de la diaspora arménienne à travers le monde.

Le sommaire de ce numéro est disponible sur le site de la revue

www.hommes-et-migrations.fr Information (promotion / diffusion) auprès de Karima DEKIOUK, 01 53 59 58 63

« LIRE EN FETE » Vendredi 19 octobre à 16h00 - rencontre avec Vartan BERBERIAN, auteur du Figuier de mon père CONFERENCES

Vendredi 19 octobre à 18h00 – conférence-débat avec Martine HOVANESSIAN, Sarah DJERGAIAN « Diaspora arménienne. Villes et lieux de mémoire » Vendredi 16 novembre à 19h00 - conférence-débat avec Raymond H. KEVORKIAN « Les réfugiés arméniens en quête d’un refuge » Mardi 4 décembre - conférence-débat avec Sossi ANDREZIAN « Les réfugiés arméniens en Palestine » ATELIERS

Samedi, le 17 novembre et le 15 décembre de 15h00 à 16h30

- atelier « Autour de la mémoire arménienne », animée par Carole SATURNO, auteur de « Enfants d’ici, parents d’ailleurs ».

TABLE RONDE

Samedi 1er décembre – Table ronde animée par Inessa DARBINIAN « Projets de la jeunesse arménienne en France » (sous réserve)

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Les partenaires

LE COMMISSAIRE DE L’EXPOSITION EN FRANCE : RAYMOND H. KEVORKIAN

Historien et enseignant à l’Institut français de géopolitique à l’université Paris VIII Saint-

Denis, Raymond H. KEVORKIAN dirige la Bibliothèque Nubar de l’Union Générale Arménienne de Bienfaisance (UGAB). Il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages consacrés à

l’histoire moderne et contemporaine de l’Arménie et des Arméniens et notamment, en 2006, de l’ouvrage intitulé Le génocide des Arméniens chez Odile Jacob.

L’UGAB remplit, depuis sa création par Boghos Nubar Pacha en 1906, une véritable mission de service public au profit de tous les Arméniens qu'ils soient en diaspora ou en Arménie. L'UGAB compte de nombreux établissements scolaires et attribue plusieurs centaines de bourses et de prêts annuels à des étudiants dans le monde entier et organise des stages d'été professionnels. L'action culturelle de l'UGAB s'exprime sous de multiples formes : expositions, concerts, publications, périodiques. A cela s'ajoutent la Maison des Etudiants Arméniens, créée dès 1928 par le fondateur de l'UGA et la bibliothèque Nubar de Paris. La Bibliothèque Nubar de l’UGAB est le centre de conservation du patrimoine arménien ottoman. Cette institution a été fondée en 1928 par Boghos Nubar. Ce dernier, témoin de la persécution des Arméniens de l'Empire ottoman avait perçu la nécessité impérative d’organiser un lieu de mémoire pour sauvegarder les archives et les traces de cette communauté. À présent, la Bibliothèque Nubar réunit toutes les archives de la Délégation Nationale Arménienne et les archives personnelles du patriarche Ormanian. Elle a par ailleurs mené une ambitieuse politique d'acquisition d'ouvrages et possède aujourd'hui un patrimoine historique d'une très grande valeur.

Le Centre du patrimoine arménien de Valence est une institution culturelle de la ville de Valence. C’est un lieu d’histoire vivante destiné au grand public s’interrogeant sur les questions de l’exil, des génocides, des apatrides, des diasporas, de l’intégration et de la diversité culturelle.

La Bibliothèque Orientale et le Département d’Histoire de l’Université Saint-Joseph à Beyrouth. Fondée en 1875, en même temps que l’Université Saint-Joseph, la Bibliothèque Orientale rassemble une importante documentation relative aux civilisations de l’Orient ancien et médiéval (archéologie, histoire, islamologie, philosophie, religions, littérature, linguistique etc.), des ouvrages souvent rares ou introuvables ailleurs.

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Informations pratiques

ADRESSE : Palais de la Porte Dorée 293, avenue Daumesnil www.histoire-immigration.fr

OUVERTURE : Du mardi au vendredi de 10h00 à 17h30 Les samedi et dimanche de 10h00 à 19h00

TARIFS :

Jusqu’au 31 décembre 2007 tarif exceptionnel pour l’ouverture : - Plein tarif : 3€ - Tarif réduit : 2€ • Tarif réduit : - Moins de 26 ans - Titulaires de la carte famille nombreuse • Gratuité (sur présentation d’un justificatif) : - Moins de 18 ans - Membres du corps enseignant en activité - Formateurs enseignants en CFA en activité - Demandeurs d’emploi - Titulaires des minima sociaux - Handicapés civils (avec un accompagnateur par personne) - Mutilés de guerre (avec un accompagnateur par personne) - Conférenciers nationaux et guide-interprètes nationaux, régionaux et auxiliaires - Artistes professionnels de la maison des artistes ou du CNFAP - Personnels en activité et retraités du ministère de la Culture (avec un accompagnateur par personne) - Personnels en activité et retraités de la direction des Populations et des Migrations, et de l’Agence nationale de pour la cohésion sociale et l’égalité des chances - Membre de l’ICOM, ICOMOS - Journalistes • L’entrée à la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration est gratuite le premier dimanche de chaque mois.

ACCES Pour se rendre à la Cité : En métro : Porte Dorée (ligne 8) En bus : 46 et PC2 Velib’ : Station Porte Dorée