que faire ? le retour : programme

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Extraits, poèmes, entretiens autour du spectacle. Mise en scène de Benoit Lambert, Texte de Cjean-Charles MAssera, avec les comédiens François Chattot et Martine Schambacher.

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Séances spéciales• Surtitrage français Vendredi 29 novembre• Surtitrage allemand Samedi 30 novembre

Bord de plateauà l'issue de la représentationMercredi 20 novembre

Regards croisésÀ la Librairie Quai des BrumesLibre-échange entre spectateurs à propos du spectacle suivi d’un débat avecNathalie Eberhardt, professeure de philosophie et Jean-Charles Massera, auteurSoirée animée par Barbara Engelhardt, journaliste et programmatriceJeudi 28 novembre à 18h45

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Côté publiC

> Vidéos sur www.tns.fr

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Que faire ? (Le retour) De Jean-Charles Massera, Benoît Lambert (and guests…) Conception et mise en scène Benoît Lambert

Scénographie et lumière antoine franchet Costumes Violaine L. Chartier Création sonore Yann france, Jean-Marc Bezou travail chorégraphique Véronique ros de la Grange travail vocal Pascal Sangla assistanat à la mise en scène Maxime Contrepois

avecMartine Schambacher et françois Chattot

Équipes techniquesDe la compagnierégisseur général Jean-Pierre Dos régisseur plateau Hervé Faisandaz régisseur lumière Laurie Salvy régisseur son Samuel Babouillard Du tNSrégie générale Bruno Bléger régie lumière Bernard Cathiard régie son Philippe Suss régie plateau Denis Schlotter Habilleuse Angèle Gaspar Lingère Angèle Maillard

Du mercredi 13 novembre au dimanche 1er décembre 2013Horaires : du mardi au samedi à 20h, dimanches 24 novembre et 1er décembre à 16hrelâche : les lundis et dimanche 17 novembreSalle GignouxDurée 1h30

Production théâtre Dijon-Bourgogne – Centre dramatique national, théâtre national de Marseille-La Criée, théâtre de la tentative, Compagnie Service Public

> Spectacle créé le 5 janvier 2011 au théâtre Dijon-bourgogne et joué à la Colline du 8 au 30 juin 2011.

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Écrire sur le monde, je n'y crois pas. Écrire un monde, un peu plus... Après avoir passé un certain nombre d'années à regarder d'un œil critique les mythologies autour desquelles nos existences s'organisent, après avoir théorisé sur leur sens, ou absence de sens, j'ai pris le risque d'aller vivre l'une de ces mythologies pour mettre en question mes certitudes théoriques.

Jean-Charles Massera

Et mai a fait éclater les contradictions. Nous nous sommes aperçus qu’au fond nous

cherchions beaucoup plus à justifier notre rôle, à nous trouver une utilité dans cette société,

dans ce système, qu’à avoir une action réelle. En disant cela, je ne prétends pas que le théâtre puisse faire une révolution, mais il devrait offrir matière à réflexion, à discussion, et développer les contradictions. Mai a radicalisé les choses.

Armand Gatti

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Cent ans après la parution du célèbre Que faire ? de Lénine, un couple dans sa cuisine prend soudain conscience de la vacuité des modes de vie dans les pays de l’hémisphère nord en ce début de siècle. ils décident alors de faire le tri dans l’Histoire, l’art et la Pensée : la révolution française, on garde ? et la révolution russe ? et Nietzsche ? et Mai 68 ? et l’art conceptuel ?… tels Bouvard et Pécuchet affrontant les contradictions du néo-libéralisme et de la post-modernité, ils se (re)mettent à l’ouvrage, et cherchent une issue.Les textes de Jean-Charles Massera fournissent ici l’impulsion d’un ensemble où l’on pourra trouver aussi bien des considérations sur le bricolage que les traces d’un lyrisme politique oublié, ou encore une table, des chaises, des assiettes, des verres et une soupière… Mais peut-être aussi Descartes, Deleuze, Beuys, Malevitch ou Godard…Par la confrontation rêvée de deux acteurs singuliers, Martine Schambacher et françois Chattot, Benoît Lambert continue d’explorer nos inquiétudes, nos préjugés, nos espoirs et nos déceptions. ainsi, « Que faire ? », la question politique par excellence, fait son retour en cuisine pour une comédie.après We are la France et We are l’Europe, Que faire ? (Le Retour) clôt un cycle féroce et burlesque né des textes de Jean-Charles Massera. C’est peut-être les prémisses d’une insurrection à venir, c’est surtout une comédie dans laquelle des gens ordinaires tentent, dans la confusion ambiante, de reprendre leur vie en main.

Martha RoslerLe nettoyage des rideaux

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Si on regarde l’histoire récente des luttes allant dans le sens de l’émancipation des subjectivités, ce qui a permis d’ouvrir des possibles a vite tourné à la mise en place et en œuvre de quelque chose d’assez misérable. Se libérer du poids de la vie écrite par les grands récits de l’Église ou par une idéologie totalitaire, c’est plutôt un bien. en revanche, si c’est pour aller consommer des produits dérivés de Mickey ou répondant à la seule logique de la rotation de l’offre le week-end et de la télé-réalité les soirs de jours ouvrables, c’est qu’il y a un problème de fond. C’est en ça que je dis que ce n’est pas pire qu’avant mais que ce n’est pas beaucoup mieux non plus. on a peu gagné finalement. ou ce qu’on a gagné, on l’a vite reperdu. J’insiste sur ce point car, si on ramène ça à la dimension critique de la littérature, il y a une lecture un peu rapide et surtout extrêmement problématique de certaines démarches comme celles que j’essaye de développer qui consite à assimiler celles-ci à toutes celles qui « tapent » sur le contemporain, qui stigmatisent ce que nous vivons aujourd’hui, sans faire la distinction fondamentale entre, d’une part, ce qui stigmatise en essayant d’opérer dans le champ de la poursuite des processus d’émancipation des subjectivités et de construction d’en-communs (pour aller vite) et, d’autre part, ce qui stigmatise l’aujourd’hui au nom d’un profond et terrible désir de restauration de valeurs à la con, de valeurs on ne peut plus aliénantes et problématiques pour la construction de l’homme. Mon travail ne s’inscrit absolument pas dans cette logique qui consiste à dire au secours, tout s’dégrade, c’était mieux avant. Malheureusement, si on parle en termes marxistes, la libération de l’homme par le travail, l’appropriation du produit du travail et la libération de temps dit « libre » pour la construction de soi, sont des promesses qui ont plutôt mal tourné. Les activités professionnelles qui peuvent encore se vivre comme des processus d’appropriation de ce qu’elles produisent sont relativement rares, elles ne concernent que quelques postes où la part de soi dans la réalisation de ce qui est produit est réelle (et non fantasmée). Le temps libre se confond essentiellement avec les « loisirs », c’est-à-dire principalement avec un temps de consommation des modes et des produits d’occupation et de captation improductifs du cerveau. il y a clairement quelque chose qui a foiré quelque part, un truc qui a dérapé à un moment donné du processus d’émancipation des consciences !

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S’affranchir des mythologies archaïques, je trouve ça très bien, mais en même temps, celles qu’on a mises à la place, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elles posent quelques problèmes de fond. La liste des logiques (des histoires) de la libération qui ont échoué, qui ont été récupérées à des fins vraiment pas émancipatrices, est tout de même assez longue.

aLorS MaiNteNaNt La QueStioN C’eSt De SaVoirCe Qu’oN fait aVeC Ça

La question qui m’occupe essentiellement aujourd’hui et qui est à l’origine de ma collaboration avec le metteur en scène Benoît Lambert […], c’est de savoir comment rebondir, comment faire avec ce donné-là sans retomber dans la seule esthétique de la critique virulente et « salutaire », pour reprendre un terme que la presse culturelle affectionne particulièrement. en effet, une fois qu’on dit NoN à tout, qu’on a désigné la catastrophe ambiante, qu’on a dit que ça craignait à tous les niveaux et dans tous les compartiments de l’existence, qu’est-ce qu’on fait ? C’est quoi le programme ? La vraie question, c’est ça. Bon maintenant ce qui est clair aussi, c’est qu’on n’a pas attendu que les auteurs du champ littéraire s’emparent de la question pour commencer à travailler. De Porto alegre à l’iri (l’institut de recherche et d’innovation créé sous l’impulsion de Bernard Stiegler pour « anticiper les mutations de l’offre et de la consommation culturelles permises par les nouvelles technologies numériques »), il y a des gens qui travaillent à la construction d’outils concrets. en fait, le cahier des charges, c’est :

CoMMeNt faire aVeC Ça ?

Jean-Charles MasseraIt’s too late to say NON !, entretien avec V. Devillers, dans NON ! Dix-sept auteurs résistent,

Revue Ah !, no 9, éd. le Cercle d’Art, 2009, pp. 73-74

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face à la massivité de la Domination et de la Consommation (et, par là, au fait que nous serions « tous coupables », à échelle variable, d’y participer), il est proposé de découvrir combien ce monde peut être renversé dans ses projets mêmes, combien l’existence quotidienne est aussi le lieu, invisible, d’une insoumission qui n’en a pas l’air, en dehors des clous de la Domination, malgré ses abrutissantes pratiques.alors, bien évidemment, tout ceci est insuffisant ; bien évidemment, le risque est réel de s’accoutumer à un monde en proie à la marchandisation effrénée, à la crétinisation forcenée sous prétexte qu’en creux se dégagent çà et là des pratiques subjectivantes. Le danger est grand, en effet, de se satisfaire de cet état critique-là, de faire fortune de peu, de s’accoutumer à tout sous prétexte d’en inventer l’usage ou même de renoncer à toute position conflictuelle et polémique puisqu’il est possible de se libérer seul, dans son coin, dans l’intensité même de ce qui existe pour nous aliéner. Le danger existe et il suppose d’être traité à l’instar du reste : dans la confiance en un autre usage de cette hypothèse. Car elle ne sous-entend pas l’acquiescement, mais le détournement du donné, elle n’est la finalité de rien et peut être l’origine de quelque chose. Le danger serait bien plus grand, semble-t-il, à vouloir refermer cette hypothèse au prétexte qu’elle n’aurait pas le tranchant des affrontements décisifs, la pureté de la critique intransigeante ou qu’elle pactiserait de trop près avec la réalité. Car elle dit juste, tout de même, sur les coordonnées du présent, sur la complaisance mortifère de la pensée critique, sur son mépris aussi pour qui n’épouse pas ses constats et son ton désenchanté. en quelque sorte, à sa manière, dans la tension du présent (de ce présent), dans sa contradiction (au sens où Hegel rappelait que c’est « dans la douleur du vivant qu’elle a son existence réelle »), ce travail décèle, contre toute évidence, des émancipations en actes, isolés, solitaires, microscopiques là où le regard ne perçoit rien d’autre que l’aliénation lourde et sans issue ; en d’autres termes, la domination connaît des ratés.

olivier Neveux« De la subjectivité du "petit Jordan" », dans Politiques du spectateur, éd. la Découverte, 2013, pp. 174-175

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– Ah d’accord… Donc en fait vous détournez l’truc !Vous vous appropriez vraiment la cuisine.Vous en faites autre chose.Vous la détournez d’son usage en fait.

Jean-Charles Massera

– Quoi !? Tu veux jeter la mondialisation ?– Ben évidemment que j’veux jeter la

mondialisation ! Qu’est-ce que tu veux qu’on en foute de la mondialisation ?

Jean-Charles Massera

peter Saul Planque communiste

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en même temps c’est vrai qu’y a quand même des trucs bien qui s’sont passés… au niveau d’la mondialisation. Parsque là en fait on a cassé tout squi spasse maintnant, enfin en gros depuis la chute du mur, mais bon là maintnant, comme on vient d’le dire, on pourrait peut-être voir les trucs qui vont non ? Parsqu’y a des trucs qui vont quand même. Parsque des fois on a un peu… enfin pt-être pas exagéré, parsque y a vraiment des trucs qui craignent… enfin en tout cas là où c’est clair que c’est plus possible, ça on va pas revnir dessus et c’est vrai que ça srait bien qu’on en finisse assez vite, déjà parsqu’on comprendrait plus pourquoi on a dit tout squ’on dit depuis le début, et puis aussi parsqu’on voit clairment qu’y a des trucs où faut qu’on arrête, mais vraiment ! Par exemple le coup des valeurs impérialistes mâles qui sont toujours présentes dans notre patrimoine là et qui font qu’dans notre représentation du monde ça bouge pas des masses, c’est vrai kje commence à l’sentir moyen, et d’ailleurs j’pense que nous notre génération on n’assume plus. Ça faut ksa soit clair : on en veut plus. Donc là oK ! Maintnant des choses commencent à spasser ailleurs ? Super ! … Puis bon franchment, qu’est-ce qu’on en a à foutre que maintnant ce sont d’autres pays qui vont nous dominer ? J’sais pas ça peut être cool, on va vivre des trucs ! Puis moi j’trouve que dans la mondialisation y a vraiment des côtés qui sont vraiment géniaux ! Par exemple le fait qu’elle soit en train d’désintégrer les cultures traditionnelles, moi ça m’rassure plutôt ! C’est vrai, savoir qu’on boit du Coca partout ça dit qu’on a des choses en commun ! et que mes gamins écoutent la même musique qu’à Libreville, tel-aviv, Beijing ou au Caire, ou qu’ils chattent avec des gosses de leur âge qui vivent à Montevideo ou à Bombay franchment c’était difficile de rêver mieux. Si ça continue comme ça, on va enfin pouvoir se parler… et ça c’est carrément génial !

Jean-Charles Massera« la nana qui trouve qu’il y a quand même des super trucs

dans la mondialisation et qui est sûre que ça va l’faire »,dans We are l’Europe (Le projet WALE), éd. Verticales, 2009, pp. 188-189

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Je réalisai à quel point j’avais des lacunes en héroïsme, à quel point mon idée du héros avait l’indigence du dessin animé de base. J’ai fini de grandir dans les années 80, des années où les héros étaient bien peu notre tasse de thé. Nous étions contre les héros, seul l’antihéros avait notre faveur. […]Les années 80 n’ont vraiment pas bonne presse. il est triste, entend-on continuellement, d’avoir grandi en cette période d’effondrement de la pensée et régression politique. Cette remarque est si fréquente qu’elle finit, je le signale, par devenir blessante pour tous ceux qui grandirent dans les années 80. Comment aurait-on pu faire autrement ?au point de vue héroïsme, les années 80, il est vrai, achevèrent les destructions de la décennie précédente. Le héros, devenu inutile, fut remplacé par l’anti-héros. Le héros, concentré sur quelques qualités hors-normes, passait pour un crétin prévisible, vite confondu avec les acteurs aux muscles énormes et huilés, ces gros analphabètes tout durs qui tournaient dans les péplums à Cinecittà. Seul l’antihéros en demi-teintes savait nous satisfaire. Nous aimions les personnalités énigmatiques constituées de couches superposées, acceptant la possibilité de l’errance et celle de l’échec, bouleversées par les percées surprises de l’inconscient. S’il est vrai aussi que les avancées de la pensée politique des années 70 furent humiliées par les années 80, en revanche, côté révolution sexuelle, attention, ce fut une période exemplaire, on garda tout et on l’améliora.

emmanuelle PireyreFéerie générale, éd. de l’Olivier, 2012, pp. 125-126

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Martin Kippenberger Enfant brisé

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Amador Fernández-Savater : Si la démocratie est, surtout, « le royaume des désirs illimités de l’individualisme consumériste », Mai 68 a été le bûcher où ont brûlé définitivement les restes du lien social traditionnel qui faisait de nous quelque chose de plus que ces « particules élémentaires ». Quels désordres évoquent encore Mai 68 pour être tellement insoutenables aux yeux du discours dominant ? S’agit-il de la même haine de la démocratie qui encourage à s’acharner contre le mouvement altermondialiste, la révolte des banlieues ou la contestation politique du CPE ?

Jacques Rancière : La haine de Mai 68 est en fait surdéterminée. il y a eu, bien sûr, la haine des partisans de l’ordre établi à l’égard d’un mouvement qui mettait à nu le secret du fondement de l’autorité, à savoir précisément le fait qu’elle est sans fondement dernier, que tout le système de l’ordre social peut s’écrouler comme un château de cartes. C’est cela, la révélation intolérable de Mai 68 : la révélation de la contingence dernière de l’ordre social, du principe anarchique qui soutient l’ordre étatique lui-même. La haine de 1968 est d’abord la haine de l’égalité, la haine suscitée par l’affirmation de l’intelligence de tous et de la contingence du pouvoir. Mais la haine suscitée par 68 a su se recoder. en un premier temps, elle a dénoncé ceux qui voulaient instituer en france l’ordre du Goulag. au fur et à mesure que la menace soviétique perdait sa valeur d’épouvantail, le discours anti-68 s’est transformé en une autre forme de dénonciation, prétendument anticapitaliste : Mai 68, a-t-il dit alors, a été une révolte de la jeunesse avide de briser les barrières à la satisfaction de ses désirs consuméristes. Ce mouvement a préparé sans le savoir le triomphe du marché et de la consommation en brisant les barrières traditionnelles qui le contenaient : autorité, religion, famille, etc.Cette transformation a été assurée par le ressentiment des acteurs du mouvement lui-même quand ce mouvement est retombé : l’échec de leur désir de transformer le monde s’est volontiers transformé en ressentiment contre l’idéologie qui leur avait fait croire qu’on pouvait changer le monde. après quoi est venu le ressentiment des plus jeunes – la génération des Houellebecq et Cie – au fond jaloux d’avoir été privés des « illusions » de leurs aînés et qui ont inversé le sens de leur ressentiment en déclarant que la génération de 68 leur avait, par sa fausse révolte, forgé un monde marqué par le triomphe de la barbarie consumériste. aujourd’hui encore, la dénonciation de tous les mouvements qui veulent changer le monde se nourrit de ce double discours. on l’a vu au moment de la mobilisation anti-CPe. on a accusé les jeunes qui s’y étaient engagés à la fois de vouloir restaurer les illusions révolutionnaires de Mai 68 et d’être en réalité des réformistes seulement soucieux d’assurer une bonne adaptation de l’université au marché. Les anciens soixante-huitards qui forment l’avant-garde de la réaction intellectuelle leur disaient à la fois « Ne recommencez pas comme nous à vouloir faire la révolution », mais aussi « Notre révolution à nous, c’était autre chose que votre misérable mouvement réformiste ».

Jacques rancière« le nouveau discours antidémocratique », dans Et tant pis pour les gens fatigués, Entretiens, éd. Amsterdam, 2009,pp. 544-545

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Ce que nous refusons n’est pas sans valeur ni sans importance. C’est bien à cause de cela que le refus est nécessaire. Il y a une raison que nous n’accepterons plus, il y a une apparence de sagesse qui nous fait horreur, il y a une offre d’accord et de conciliation que nous n’entendrons pas. Une rupture s’est produite. Nous avons été ramenés à cette franchise qui ne tolère plus la complicité.

Maurice blanchot

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BIOGRAPHIEs

Jean-Charles MasseraVit et travaille entre Paris et Berlin. auteur de fictions, il a publié chez P.o.L : France guide de l’utilisateur (1998), United Emmerdements of New Order précédé de United Problems of Coût de la Main d’œuvre (2002), Jean de La Ciotat confirme (2004) ; aux Éditions Verticales : A Cauchemar is Born (2007), Jean de La Ciotat, la légende (2007), We are l’Europe (2009) ; ou encore, avec eric arlix : Le guide du Démocrate – les clés pour gérer une vie sans projet, Lignes (2010). Nombre de ses textes sont portés à la scène notamment par B. Mounier, J.P. Vincent et B. Lambert avec lequel il a entamé une collaboration en 2008. il développe un travail dans d’autres formats que le livre : installations sonores, chansons, films et clips vidéo, diaporamas, photos ou affichages dans l’espace public, avec notamment Kiss My Mondialisation (exposition, institut d’art contemporain, Villeurbanne, 2010), et un livre-cd-dvd, Tunnel of Mondialisation, conçu avec P. Sangla (Verticales, 2011).

and guests...r. Descartes (1596-1650), Méditations métaphysiques, 1641 / e. Kant (1724-1804), Fondements de la métaphysique des mœurs, 1792 ; Sur l’expression courante : il se peut que ce soit juste en théorie, mais en pratique cela ne vaut rien, 1793 / Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, 1789 / a. de tocqueville (1805-1859), De la démocratie en Amérique, 1835-1840 /P.-J. Proudhon (1809-1865), Qu’est-ce que la propriété ?, 1840 ; Théorie de la propriété, 1840 / K. Marx (1818-1883), Le Capital, 1867 / G . flaubert (1821-1880), Lettres à Melle Leroyer de Chantepie, le 18 mai 1857 et à Ivan Tourgueniev, le 13 novembre 1872 / f. Nietzsche (1844- 1900), Ainsi parlait Zarathoustra, 1883-1885 / G. de Maupassant (1850-1893), Lettre à Flaubert, 10 décembre 1877 / V. i. o. Lénine (1870-1924), Que faire ?, 1902 / K. S. Malevitch (1879- 1935), Carré noir sur fond blanc, huile sur toile, 1913 / J. H. Beuys (1921-1986), Coyote : I Like America and America Likes Me..., performance, New York, mai 1974 / M. Mouloudji (1922-1994), « faut vivre », chanson de 1973 / G. Deleuze (1925-1995) et f. Guattari (1930-1992), « Mai 68 n’a pas eu lieu », Les Nouvelles littéraires, 3-9 mai 1984 / r. Vaneigem (1934), Pour l’abolition de la société marchande pour une société vivante, 2002 / a. Sylvestre (1934), « Les gens qui doutent », chanson de 1977 / M. rosler (1945), Semiotics of the kitchen, vidéo/performance sonore, noir et blanc, caméra fixe, 6’21’’, 1975 / L’Art au XXe siècle, 2 vol., taschen, 2006.

Benoît laMBertBenoît Lambert est metteur en scène, et directeur du théâtre Dijon Bourgogne – CDN depuis le 1er janvier 2013. ancien élève de l’École Normale Supérieure, il a étudié l’économie et la sociologie avant de suivre l’enseignement théâtral de Pierre Debauche à Paris au début des années 1990. en 1993, il fonde avec emmanuel Vérité, comédien, La tentative, compagnie avec laquelle il a monté Molière, Musset, Sarraute, Brecht, Valletti, Mrozek, Gombrowicz, Blutsch, Kroetz... entre 1999 et 2002, il réalise le feuilleton théâtral Pour ou contre un monde meilleur qui se poursuit avec Ça ira quand même, autour de la question de l’engagement en politique. Plus récemment, Benoît Lambert continue d’ausculter le fonctionnement de notre société capitaliste, au travers notamment des textes de Jean-Charles Massera, pour créer successivement : We Are La France en 2008, We Are L’Europe en 2009 et Que Faire ? (Le Retour) en 2011 ; en écrivant Bienvenue dans l’espèce humaine en 2012 ou en adaptant Dénommé Gospodin, de l’auteur allemand Philipp Löhle en mars 2013.

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Directrice de la publicationJulie brochenRéalisation du programmeMagali Mougelavec la collaboration de éric de la Cruz, Caroline Strauch, Quentin bonnell, Michèle lafosseCréditsphotos du spectacle : p. 9 élisabeth Carecchio, pp. 10-11 Vincent ArbeletGraphismetania Giemza

édité par le théâtre National de StrasbourgKehler Druck/Kehl – Novembre 2013

1 avenue de la Marseillaisebp 4018467005 Strasbourg Cedextéléphone : +33 (0)3 88 24 88 00Fax : +33 (0)3 88 37 37 [email protected]

Corinne Marchetti Au pays de Marchetti tout est permis. Vos rêves vous disent oui la réalité se prend pour vos désirs il suffit d'en avoir envie

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