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MINISTERE DE L'EDUCATION NATIONALE ET DE LA CULTURE SERVICE REGIONAL DE L'ARCHEOLOGIE DE BRETAGNE LA HERSONNAIS A PLECHATEL (ILLE-ET-VILAINE) Un vaste habitat du Néolithique final Rapport de fouille programmée et sondages de diagnostic 1992 Jean-Yves TINEVEZ avec la collaboration de G. LEROUX, G. MARCHAND, B. FRANCQUEVILLE Avec la participation du Conseil général d'Ille-et-Vilaine la Direction départementale de l'Equipement et la commune de Pléchâtel N° de site : 35.221.012.AP Autorisation de fouille programmée n° 753 du 30 mars 1992 Autorisation de sondages n° 92-56 du 28 juillet 1992 8o±

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MINISTERE DE L'EDUCATION NATIONALE ET DE LA CULTURE

SERVICE REGIONAL DE L 'ARCHEOLOGIE DE BRETAGNE

LA HERSONNAIS A PLECHATEL (ILLE-ET-VILAINE) Un vaste habitat du Néolithique final

Rapport de fouille programmée et sondages de diagnostic

1992

Jean-Yves TINEVEZ avec la collaboration de G. LEROUX, G. MARCHAND, B. FRANCQUEVILLE

Avec la participation du Conseil général d'Ille-et-Vilaine la Direction départementale de l'Equipement et la commune de Pléchâtel

N° de site : 35.221.012.AP Autorisation de fouille programmée n° 753 du 30 mars 1992 Autorisation de sondages n° 92-56 du 28 juillet 1992

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MINISTERE DE L'EDUCATION NATIONALE E T DE LA CULTURE

SERVICE REGIONAL DE L 'ARCHEOLOGIE DE BRETAGNE

LA HERSONNAIS A PLECHATEL (ILLE-ET-VILAINE) Un vaste habitat du Néolithique final

Rapport de fouille programmée et sondages de diagnostic

1992

Jean-Yves TINEVEZ avec la collaboration de G. LEROUX, G. MARCHAND, B. FRANCQUEVILLE

Avec la participation du Conseil général d'Ille-et-Vilaine la Direction départementale de l'Equipement et la commune de Pléchâtel

N° de site : 35.221.012.AP Autorisation de fouille programmée n° 753 du 30 mars 1992 Autorisation de sondages n° 92-56 du 28 juillet 1992

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SOMMAIRE

I - Contexte archéologique et historique de l'opération

II - Environnement géologique et topographique du site

III - Rappel des résultats principaux des sondages de novembre 1991

IV - Méthode utilisée

V - Les structures mises au jour.

1 - Le bâtiment A

a) Le fossé périphérique b) Les trous de poteaux c) Les fossés de cloisonnement transversaux d) Les entrées e) Quelques structures non contemporaines oblitérant les fondations du

bâtiment

2 - L'enceinte palissadée

3 - Un alignement de trous de poteaux parallèle à la façade sud-ouest

4 - Nouvelle interprétation des clichés aériens

5 - Le bâtiment B

6 - Quelques structures complémentaires

VI - Le mobilier archéologique

1 - Le mobilier du bâtiment A

2 - Le mobilier du bâtiment B

VII - Une première datation C 14

VIII - Conclusion

Bibliographie

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I - Contexte archéologique et historique de l'opération

La commune de Pléchatel et ses environs possèdent un riche patrimoine archéologique et depuis plusieurs années, les prospections au sol et aériennes n'ont fait que renforcer l'inventaire des sites. Dans cet inventaire, les périodes néolithiques sont bien représentées et notamment le Néolithique final.

La carte de répartition (Fig. 3) montre que le site de la Hersonnais n'est pas isolé d'un contexte archéologique.

A environ un kilomètre vers l'est, deux mégalithes dominent la vallée du Semnon, le petit dolmen du Chatellier et le menhir de la Pierre longue.

A quelques centaines de mètres à l'est et au sud-ouest du site de la Hersonnais, une série de tertres bas sont difficiles à, dater avec certitude. En prévision de travaux routiers, l'un d'eux a été exploré en 1981 (voir rapport de M. Gautier-1981). De dimensions au sol importantes (60 m X 15 m), pour une hauteur ne dépassant pas 1 mètre, ce tertre n'a livré aucun élément archéologique, ni structure, ni mobilier. Cependant, le secteur a fourni en propection de surface une série lithique et quelques tessons attribuables au Néolithique final.

Un nombre important de sites de surface a été localisé à l'ouest de la Hersonnais, essentiellement sur le plateau circonscrit entre la Vilaine à l'ouest et son affluent le Semnon au nord. Les séries lithiques caractérisant ces sites, associant la plupart du temps le silex et le grès, présentent une certaine affinité avec le Néolithique final. On retrouve la continuité de cette occupation sur le versant ouest de la vallée de la Vilaine, avec notamment quelques sites d'éperon comme celui de la fosse Auger à Saint-Senoux.

En élargissant le contexte archéologique, notons que la Hersonnais est situé à mi-chemin et à une distance à vol d'oiseau d'environ 25 Km entre l'ensemble mégalithique de Saint-Just au sud-ouest et le grand dolmen de type angevin de la Roche-aux-Fées à Essé au nord-est.

Avant toute recherche dans le secteur, le site de la Hersonnais s'était signalé par une découverte ancienne de trois lames retouchées en silex, du type "poignard pressignien", provenant d'un jardin à l'est du hameau.

A partir de 1989, un programme de prospections aériennes dans la moyenne vallée de la Vilaine vient compléter les recherches au sol et une partie du site de la Hersonnais est apparue lors de l'un de ces vols. Ainsi, les clichés indiquent, avec une netteté remarquable, l'extrémité d'un bâtiment de plan quadrangulaire composé d'un fossé périphérique enserrant une série de tierces de trous de poteaux.

Cette structure, orientée nord-ouest-sud-est et située à quelques dizaines de mètres du hameau actuel de la Hersonnais, est tronquée dans sa partie nord-ouest par une aire de stockage de matériaux utilisée lors de la réalisation de la voie express Rennes-Nantes voisine (aire D.D.E.).

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Une telle découverte, rapidement diffusée (Gautier, Leroux et Provost, 1989 ; Leroux, 1990) faisait spontanément référence aux habitations de tradition danubienne bien connues dans l'Est et le Nord de la France. Le contexte archéologique, et notamment la présence des lames en silex retouchées, allait dans le sens d'une attribution plus tardive dans le Néolithique.

Quoiqu'il en soit, dans une région où la connaissance de l'habitat de ces périodes n'est qu'à ses prémices, une vérification s'imposait et en novembre 1991, une série de trois sondages d'évaluation sur l'une des tierces a apporté des précisions supplémentaires et des résultats probants. Les structures de fondation (fossé latéral, fosses et trous de poteaux) ont une profondeur pouvant atteindre 1,80 m. de creusement dans le substrat rocheux. Le matériel lithique et céramique s'apparente aux productions du ÏÏIème millénaire.

A la suite de ces résultats positifs, une première campagne de fouille programmée est autorisée et réalisée en septembre 1992 grâce à un financement du Ministère de l'Education Nationale et de la Culture et une subvention du département d'Ille-et-Vilaine.

Parallèlement à la fouille programmée et en raison d'un projet d'aire de service autoroutière sur l'ensemble du secteur, un diagnostic d'évaluation archéologique, financé par la Direction Départementale de l'Equipement est entrepris sur environ 2,5 ha. Ces tranchées-sondages ont permis d'étendre de façon considérable la surface étudiée et de multiplier les structures en creux mises au jour.

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• EìS_l Position du site sur la carte I.G.N. 1725000e de Barn de Bretagne.

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- Fis 2 Position du site sur extrait cadastral.

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II- Environnement géologique et topographique du site

Dans la parcelle cultivée ZV.143, sous 0,20 m à 0,30 de terrre végétale labourée, le substrat forme un socle quasi horizontal légèrement entamé par le passage de la charrue. Le schiste bleu gris est diaclasé en surface mais très sain en profondeur. Les plaquettes, orientées préférentiellement est-ouest, présentent par endroits des plissements et variations d'orientation (parfois à 90°).

D'après la carte géologique au 1/50 000 ème de Bain-de-Bretagne, le schiste ordovicien appartient à la formation d'Angers-Traveusot caractérisée par des schistes subardoisiers sombres, connus également sous le nom de "schistes d'Angers" ou de "schistes à Calymènes". Il est à noter également vers l'ouest, la proximité de la formation du grès armoricain (Arènigien) sous forme de quartzites du membre gréseux supérieur et vers le nord-est, la présence de grès verts micacés et quartzites blancs de la formation du Chatellier. Le voisinage de ces bancs de roches dures a certainement un rôle à jouer dans l'approvisionnement lithique du site.

Les bâtisseurs néolithiques ont choisi unecroupe au relief adouci d'altitude 50 m. La topographie est accentuée à l'est et au sud par de légers talwegs et à l'ouest et au nord par la vallée plus encaissée du Ruisseau de la Lande de Bagaron, affluent du Semnon.

Le site est remarquablement dominé à l'ouest par la colline de Saint-Saturnin qui culmine à 100 mètres et cette topographie a certainement une importance dans l'environnement général du lieu , notamment dans les rapports avec l'occupation du plateau ouest.

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Environnement topographique et archéologique du site - 1 - Le site de la Hersonnais / - 2 - Dolmen / - 3 - Menhir / - 4 - Outillage lithique de surface / - 5 - Tertre.

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DI - Rappel des résultats principaux des sondages de novembre 1991 :

La parcelle ZV.143 étant cultivée en 1991, la tierce de fosses de fondation située en bordure nord-ouest a été choisie pour l'implantation de trois sondages ponctuels, d'une surface totale de 20 m2.

Sous 0,30 mètre de terre végétale, les éléments essentiels des structures creusées dans le substrat ont ainsi été dégagées :

- Les fossés latéraux nord et sud ont pour dimensions respectives 1 mètre de large pour 0,70 mètre de profondeur et 0,90 mètre de large pour 0,30 à 0,40 mètre de profondeur.

- Les trous de poteaux latéraux, creusés à partir du fond et dans l'angle d'une fosse de fondation plus large communiquent avec les fossés latéraux. La profondeur maximale ainsi atteinte est de 1,80 mètre dans le rocher.

- La fosse de fondation nord-est flanquée d'un trou de poteau auxilliaire interne plus léger (0,40 mètre de diamètre pour 0,70 mètre de profondeur). Son remplissage limoneux jaune clair contraste radicalement avec celui des structures principales.

- Un trou de poteau central est légèrement décalé par rapport à l'axe de la tierce (0,90 mètre de diamètre, 1,40 mètre de profondeur). A 0,60 mètre vers l'ouest, l'extrémité d'une seconde structure peut être interprétée, grâce à l'acquis de la campagne 1992, comme un cloisonnement interne à l'édifice.

L'étude des remplissages des structures principales et des coupes stratigraphiques réalisées montrent une construction sans hiatus dans la succession des diverses tâches techniques. L'absence de sédimentation naturelle dans le fond des structures et le comblement avec les plaquettes de schiste issues du creusement étayent cette hypothèse. Afin de pallier aux contraintes techniques dues à la dureté du schiste et à la profondeur considérable dés trous de poteaux latéraux, l'utilisation d'une fosse de fondation plus large comme plateforme relais entre le niveau naturel et le fond de la structure est également remarquable.

Les quelques pièces lithiques et fragments de céramique mis au jour dans le comblement des structures permettent, à titre d'hypothèse, une attribution chronologique au Néolithique final, en attente des résultats d'une analyse radiocarbone sur un échantillon de charbons de bois provenant du fond du fossé latéral sud.

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IV - Méthode utilisée

En septembre dernier, deux opérations archéologiques ont été menées conjointement sur le site : la première campagne de la fouille programmée sur la partie nord de la parcelle cultivée ZV.143 d'une part et des sondages de diagnostic sur une surface d'environ 2,5 ha incluant le reste de cette parcelle et l'aire de stockage de matériaux d'autre part.

Les sondages réalisés en 1991 ont permis de faire quelques observations sur l'état du sol et du substrat dans la parcelle en culture. La terre végétale de faible épaisseur (0,20 à 0,30 mètre) et fortement remaniée par les labours ne nécessite pas une fouille fine et le décapage mécanique "en rétro" et avec godet lisse a été utilisé.

Cependant, l'état du socle rocheux, fragilisé et diaclasé par les passages répétés de la charrue et la présence de fonds de structures à peine perceptibles sur le schiste, nous ont conduit à préserver du décapage mécanique une fine pellicule de terre végétale sur l'aire couverte par les anomalies décelées en prospection aérienne. Ainsi, le nettoyage à la truelle de la surface quasi horizontale du socle rocheux a mis au jour quelques pièces archéologiques et surtout des détails de structures, telles que des encoches peu profondes dans le rocher sur le bord externe des fossés latéraux.

En revanche, les sondages de diagnostic nécessitent un décapage jusqu'au substrat, suivi d'un balayage intensif du rocher, afin de repérer la totalité des structures en creux conservées. Lors des travaux routiers, la surface de l'aire de stockage (soit environ les 2/3 de la superficie du site) avait été arasée de la terre végétale et des niveaux superficiels du substrat (sur une profondeur estimée entre 0,10 mètre et 0,30 mètre suivant les endroits). Sur cette aire, le décapage a consisté à l'enlèvement d'une faible couche de gravier de nature diverse stabilisant la surface.

Pour les ensembles archéologiques principaux décelés (bâtiments A et B et fosses de palissade), nous avons pris le parti d'en décaper l'intégralité et de ne fouiller que les niveaux superficiels des comblements conservés, ceci afin d'évaluer au mieux les moyens nécessaires à une opération d'archéologie préventive en 1993.

Le plan quasi-complet du bâtiment principal (bâtiment A) et une portion de la palissade nord-ouest est ainsi déterminé et mis en évidence en surface du schiste naturel (Fig. 4). C'est le cas également de l'extrémité est du bâtiment B. Hormis quelques coupes de contrôle, l'essentiel des remplissages est préservé pour la suite de l'opération en 1993.

Pour ces deux ensembles principaux, un carroyage orthonormé matérialisé au sol a été mis en place suivant les axes longitudinaux respectifs des bâtiments. En raison des dimensions importantes de ceux-ci, un maillage de 5 m X 5 m a été choisi.

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Pour l'ensemble du site, un niveau général de référence a été positionné. Ce cadre de travail fixé pour la durée du chantier est utilisé pour l'enregistrement en trois dimensions des structures et du mobilier archéologique associé.

En dehors des ensembles principaux mis en évidence et largement dégagés, les 25 tranchées du diagnostic (dont 14 sur la parcelle ZV.143 et 11 sur l'aire D.D.E. Fig. 4) ont permis de déceler quelques structures, essentiellement dans l'axe et au sud-ouest du bâtiment B.

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Fis 4 Plan d'ensemble des vestiges repérés - Bât A et B = Bâtiments A et B - Pal - A à X = Tranchées de sondage - ZV - 143 = n° de la parcelle cultivée.

= Palissade

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Pl. 1 : 1 - Photo aérienne du site en 1990 : l'extrémité sud-est du bâtiment A apparaît dans la parcelle cultivée.

2 - Bâtiment A : extrémité nord-ouest en cours de fouilles. Au premier plan, fosses de fondation de la palissade.

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V - Les structures mises au jour

Sur le plan général (Fig. 4), il est possible de distinguer trois ensembles principaux : les bâtiments A et B, la portion d'enceinte palissadée nord-ouest et des indices supplémentaires entre les deux bâtiments et au sud-ouest du bâtiments B.

L'axe longitudinal des deux bâtiments, distants l'un de l'autre de 60 mètres, forme un V de 80° d'angle, ouvert à l'ouest.

1 - Le bâtiment A : (Fig. 5 à 12)

Cette vaste structure, dont l'extrémité sud-est est à l'origine de la découverte du site, se trouve en limite nord de l'aire étudiée. D'axe principal nord-ouest/sud-est, le plan quadrangulaire régulier atteint 104 mètres de pignon à pignon pour 12 à 13 mètres de large. L'ensemble est composé d'un fossé périphérique au tracé régulier et continu, hormis les trois interruptions des entrées, et de douze séries transversales de cinq trous de poteaux, renforcées au centre du bâtiment de tranchées de cloisonnement.

a) Le fossé périphérique : (Fig 5 )

Malgré l'arasement de l'aire D.D.E., l'ensemble du tracé a pu être reconnu sauf aux recoupements ponctuels d'un fossé de drainage ( en B.22 et F 24). Cependant, du fossé latéral sud, il ne reste plus qu'un fond de structure en B, C, D, E 24 (0,10 à 0,20 mètre de profondeur).

En faisant abstraction des différents degrés d'arasement, il apparait que le fossé est de dimensions nettement supérieures sur le tiers sud-est du bâtiment par rapport à la partie occidentale. En effet, dans le secteur AC.24, AB.24, un lambeau de talus du parcellaire traditionnel avait été épargné par l'aire D.D.E. Sous ce talus, le substrat n'a subit aucune altération récente et les structures en creux sont dans un état de conservation comparable à celui de la parcelle cultivée. La largeur du fossé périphérique varie donc de 1,40 mètre à l'extrémité est à moins de 0,70 mètre dans la partie ouest. Ces variations de dimensions entre l'est et l'ouest peut s'expliquer par une certaine déclivité naturelle du terrain d'est en ouest et le colluvionnement entraîne une épaisseur de sol végétal plus importante à l'ouest. De ce fait, le creusement nécessaire dans le schiste est moindre.

La campagne 1992 ayant été axée sur la mise en évidence des plans d'ensemble, seules quatre coupes ont été réalisées dans le fossé périphérique : lors des sondages de 1991 en H.22, H.24, G.22, G.24 et en fonction des recoupements avec le fossé de drainage de l'aire D.D.E. en D.22 et F.24.

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Dans les sondages 1991, le profil du fossé dessine un U net à parois verticales par utilisation des diaclases naturelles du rocher, fond plat et régulier. La profondeur de creusement atteint 0,70 mètre dans le rocher (voir rapport 1991).

Les coupes situées plus au nord-ouest (D.22 et F.24) indiquent un profil nettement plus adouci en V évasé et une profondeur plus faible de l'ordre de 0,30 mètre à 0,40 mètre. (Fig.12).

Le fossé dans son ensemble, tant en coupes que dans les niveaux superficiels présente un remplissage homogène composé essentiellement de plaquettes de schiste inclues dans une matrice grasse de teinte brun rougeâtre. L'absence de sédimentation naturelle dans le fond du fossé milite en faveur du synchronisme des différents stades de la construction : creusement, boisage et rebouchage avec les déblais de creusement peu mélangés.

Les indices de structures de bois ancrées dans le fossé périphérique se manifestent d'une part dans la coupe en H. 24 du sondage 1991 (colonne sombre et charbonneuse de 0,20 mètre de large contre la paroi interne), et dans les niveaux superficiels de comblement d'autre part, sous forme de tâches sombres conservant l'humidité ou plots de charbons de bois. Ces éléments fugaces disposés apparemment à intervalles réguliers devront faire l'objet d'une étude fine lors de la fouille des remplissages.

Le fossé périphérique présente ou est étroitement associé à une série de structures nettement plus légères ayant à peine altéré le substrat, surtout visibles dans la partie sud-est du bâtiment mieux conservée.

Une série d'encoches sub-circulaires entame le bord externe du fossé, à intervalles assez régulier variant de 2 mètres à 2,50 mètres. Ces encoches, d'un diamètre de 0,20 à 0,30 mètre, ne dépassent pas quelques centimètres de profondeur dans le schiste. Les quelques éléments fouillés montrent un léger pendage vers l'intérieur du fossé. L'hypothèse d'étais obliques renforçant les parois peut être émise avec certaines réserves en l'état actuel des recherches.

Une série de petits trous (diamètre moyen de 0,20 mètre), peu profonds dans le schiste également, longe la façade longitudinale sud-ouest, à environ 0,50 mètre du bord externe du fossé. De la même façon, l'hypothèse d'un lien entre ces éléments, dont le nombre et l'espacement n'est pas encore connu, et un débordement du toit peut être envisagée.

Une arête de schiste cloisonne longitudinalement le fossé latéral sud sur une longueur de 18 mètres environ (1.24 à L.25) (Fig. 7) et, plus légèrement, le fossé latéral nord (L.22, M.22). Cette arête centrale résiduelle correspond à un élargissement sensible du fossé mais le remplissage à forte concentration de plaquettes de schiste est identique de part et d'autre. A ce stade de la fouille, il est difficile de se prononcer sur la signification de cette particularité : anomalie de creusement, correction d'alignement, réfection, volonté d'efficacité accrue par compartimentage des fondations...

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- FiZ 5 Plan d'ensemble du Bâtiment A.

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- Fis 6 Bâtiment A - détail du pignon sud-est.

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- Fis 7 : Bâtiment A - détail du fossé latéral sud-est recoupé par le fossé parcellaire moderne ( en pointillé) et recoupant un petit fossé en arc de cercle plus ancien.

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Pl. II : 1 2

- Bâtiment A. Vue d'ensemble du pignon nord-ouest. - Bâtiment A. Détail du contact entre le fossé latéral sud dédoublé, deux trous

de poteaux latéraux et le petit fossé en arc de cercle plus ancien.

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b) Les trous de poteaux

Douze séries de trous de poteaux sont disposées transversalement dans le long quadrilatère fossoyé. L'espacement entre ces séries varie de 6 mètres à l'extrémité sud-est à 12,50 mètres au centre et 10 mètres à l'extrémité nord-est L'espace interne du bâtiment est ainsi subdivisé en onze compartiments dont la surface varie approximativement de 70 m2 à 120 m2, la largeur interne moyenne étant de 11 mètre.

Hormis au pignon sud-est dans lequel l'aménagement d'une entrée implique une disposition particulière, chaque série est composée de cinq trous de poteaux dont deux ensembles se distinguent nettement : une tierce lourde supportant la charpente et deux poteaux plus légers accolés aux supports latéraux.

En ce qui concerne la tierce, les sondages 1991 ont montré les dimensions hors du commun des trous de poteaux latéraux en H.22 et H.24 (voir rapport 1991).

D'après les coupes (fig. 11), les dimensions plus réduites de la série du pignon nord-est restent appréciables, compte-tenu d'un léger arasement du rocher dans ce secteur. Les trous de poteaux latéraux actuellement sondés ont une profondeur variant de 1,15 mètre à 1,40 mètre du pignon nord-ouest et 1,80 mètre en H.22 et H.24. L'ouverture avoisine 1 mètre de diamètre.

Le trou de poteau central est toujours plus léger (profondeur 0,80 mètre à 1,40 mètre, soit 0,40 à 0,50 mètre de moins) et systématiquement décalé vers l'est par rapport à l'alignement des poteaux latéraux (dispositif compensateur en fonction des vents dominants ?).

La procédure technique mise au jour en 1991 (en H.22 et H.24) consistant au creusement d'une fosse plus large utilisée comme palier et au décloisonnement entre cette fosse et le fossé périphérique, semble exceptionnelle et ne se vérifie pas dans les autres séries.

Les remplissages sont identiques à celui du fossé périphérique : une matrice brun rougeâtre à forte proportion de plaquettes de schiste entoure une colonne de sédiment plus fin, brun foncé, marquant la présence du poteau. Le diamètre de ce dernier varie de 0,40 mètre à 0,50 mètre pour les poteaux latéraux à 0,20-0,30 mètre pour les poteaux centraux. Certaines pièces de bois auraient été équarries d'après la section quadrangulaire du négatif. Des blocs de grès ou quartzite, souvent taillés sont fréquemment utilisés en calage, notamment à mi-hauteur du remplissage.

Un trou de poteau auxilliaire accompagne systématiquement le trou de poteau latéral. Ils sont proches les uns des autres et parfois jointifs. Les deux trous de poteaux auxilliaires sont creusés d'un même côté par rapport à l'axe des trous latéraux. Ces structures se distinguent nettement des tierces par des dimensions plus réduites (0,70 mètre de profondeur en moyenne) et surtout par un remplissage radicalement différent. Le comblement très homogène est constitué d'un sédiment limoneux très fin, de couleur jaune clair. Une trace sombre plus réduite est également visible dans la plupart des structures, parfois accompagnée de blocs de calage. L'association systématique et

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régulière de ces structures avec les tierces atteste de leur contemporanéité avec le bâtiment. La nature différente de leur remplissage et le recoupement de certains comblements avec celui des trous latéraux étayent l'hypothèse d'un aménagement interne dans un édifice déjà construit et peut-être fonctionnel. Les déblais de creusement de ces trous auxilliaires ne sont plus utilisés au rebouchage mais sont peut être évacués à l'extérieur, tandis que le sédiment fin et jaune peut provenir d'un sol intérieur aménagé.

c) Les fossés de cloisonnement transversaux

Six petits fossés transversaux ont été mis au jour dans le bâtiment A. A l'exception d'un cas près de l'entrée nord-ouest, ces fossés compartimentent la nef sud et seulement la partie centrale. Ainsi, quatre modules à l'est et deux modules à l'ouest ne sont pas cloisonnés. Remarquons que les deux modules ouest sont séparés des entrées en vis-à-vis par un cloisonnement plus développé formant une sorte de couloir.

Les fossés relient le trou de poteau latéral sud au trou de poteau central, sauf dans d'eux cas : en H.23, l'extrémité du cloisonnement est distant de 0,60 mètre du trou de poteau central, et en C.24/D.24, le fossé dessine un coude à angle droit délimitant un réduit de 1,50 mètre X 1,50 mètre environ, accessible par un étroit passage entre le trou de poteau latéral et la paroi sud du bâtiment (Fig. 9).

A propos de la paroi ouest de ce petit réduit, on peut noter que d'une part, la profondeur du fossé de fondation dépasse celle du fossé latéral sud, et, d'autre part, sous certaines conditions d'humidité, une trace allongée et étroite indique un cloisonnement en planches.

Hormis une largeur plus réduite, ces fossés latéraux ne différent en rien du fossé périphérique : profondeur similaire, remplissage très schisteux indiquant un rebouchage rapide avec les déblais de creusement, blocs dé grès en calage...

H apparait que ces compartimentages partiels aient été conçus et réalisés en même temps que le plan général du bâtiment.

d) Les entrées : (Fig. 6 et Fig. 8)

Le bâtiment ne comporte que trois entrées, nettement discernables par un aménagement particulier et situées, l'une au pignon (N.23, Fig. 6), les deux autres en vis à vis au quart ouest des parois latérales nord et sud (AC.22, AC.24, Fig. 8).

Une interruption supplémentaire du fossé périphérique sud en AD.24 semble fortuite en raison de son étroitesse et l'absence d'aménagement particulier.

Les trois entrées présentent un schéma identique. L'interruption du fossé périphérique est bordée de part et d'autre d'un trou de poteau creusé légèrement en

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0 5 1 i I i | M + + + +

- Fis 8 : Bâtiment A - détail des entrées latérales en vis à vis . En pointillé, les ornières d'un chemin moderne

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Eli 9 : Bâtiment A - détail d'un cloisonnement interne avec petite cellule.

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retrait vers l'intérieur du bâtiment. Le passage ainsi obtenu varie en largeur de moins d'un mètre au pignon est à 1,20 mètre aux entrées ouest.

Deux entrées sont protégées extérieurement par un aménagement complexe, partiellement mis en évidence.

f. ,

Perpendiculairement au pignon est, quatre fossés étroits encadrent l'entrée. Ces structures assimilables aux fondations d'un porche demandent une extension des fouilles vers l'est.

Devant l'entrée latérale nord-ouest, l'avancée, malheureusement tronquée par le chemin viscinal, semble plus imposante. A environ 1,30 mètres de part et d'autre de l'entrée, deux fossés, identiques par les dimensions et le remplissage au fossé périphérique, s'avancent perpendiculairement à la paroi latérale nord. Le fossé nord s'interrompt également par une entrée d'environ 1,30 mètre. Trois paires de trous de poteaux, une dans chaque angle sud du porche et une plus légère au centre, contribuent au soutient d'une charpente probablement à deux pans.

Comme les cloisonnements internes, la nature et la disposition des fondations des structures d'entrée indiquent une conception et une réalisation contemporaine de l'ensemble du bâtiment.

Bien que partiellement mis en évidence, le système à entrée indirecte au nord-ouest montre une configuration ingénieuse face à une exposition au froid et aux intempéries.

Au pignon ouest, une petite rigole de 0,20 mètre à 0,30 mètre de large pour 0,20 mètre de profondeur dans le substrat est difficile à expliquer en l'absence d'entrée à cet endroit. Une erreur de réalisation semble plus plausible qu'une structure partiellement conservée par l'arasement du sol.

Hormis cette antenne isolée, le plan d'ensemble de ce bâtiment apparaît très cohérent et semble découler d'une conception préalable élaborée.

e) Quelques structures non contemporaines oblitérant les fondations du Bâtiment :

Trois perturbations modernes traversent en oblique le plan du bâtiment A.

La plus récente est le fossé de drainage de l'aire de stockage D D E., recoupant le fossé périphérique en F.24 et B.22 et partiellement une tierce en D.23.

Le parcellaire ancien, figuré sur le cadastre napoléonien, a également laissé son empreinte dans le substrat.

Un petit fossé rectiligne large de 0,40 mètre en moyenne recoupe l'extrémité est du bâtiment et un chemin charretier dont les ornières sont nettement marquées dans le

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schiste naturel recoupe le bâtiment entre les deux entrées ouest, suivant la même orientation est-ouest que le fossé précèdent. Le lambeau de talus épargné par l'aménagement de l'aire de stockage et visible sur la photo aérienne bordait ce chemin.

Ces aménagements n'ont entamé le substrat que très superficiellement et peu altéré les structures préhistoriques.

Dans le secteur sud-est du bâtiment, un petit fossé en arc de cercle est d'un autre genre (1.24, J.24, K.24, L.24-25, Fig. 7). Le recoupement avec le fossé périphérique montre clairement que le petit fossé est antérieur à la construction du bâtiment. C'est une structure étroite (0,20 à 0,40 mètre de large), interrompue en 1.24, formant un arc de cercle irrégulier de 25 mètres de diamètre environ.

Seuls les niveaux superficiels d'une portion de ce fossé ont été étudiés, mais son remplissage brun foncé apparaît d'ores et déjà plus fin que celui des fondations principales du grand bâtiment. Un seul petit tesson néolithique provient pour l'instant de cette structure.

2 - L'enceinte palissadée : (Fig. 10 et fig. 13)

A moins de 10 mètres du pignon nord-ouest du bâtiment principal, une série de fosses sont alignées en un large arc de cercle, orienté sud-ouest/nord-nord-est. Sur la surface actuellement décapée à la pointe nord de l'aire de stockage, dans les carrés AI.23, 24, 25 et AJ. 18, 19, 20, 21, 22, dix fosses régulièrement espacées de 2 mètres à 2,50 mètres ont été déterminées. En AJ. 21, la fosse est renforcée d'une structure voisine légèrement décalée par rapport à l'ensemble.

Ces fondations ont pour la plupart une forme ovalaire et les dimensions varient de 1,30 m X 1,40 m à 2,00 m X 1,00 m.

Une seule fosse a été partiellement sondée et sa profondeur atteint 0,70 mètre de creusement dans le schiste, le fond formant une cuvette au profil régulier. A première vue, les matériaux de comblement restent très similaires à ceux du bâtiment voisin, mais les traces sombres, visibles en période humide, présentent des schémas plus variés et originaux.

Les indices de boisage sont, la plupart du temps, doubles, allongés et parallèles dans une même fosse et souvent accolés aux parois longitudinales de celle-ci.

Sous réserve d'une étude fine plus approfondie, nous pouvons émettre l'hypothèse d'une palissade composée d'étais verticaux (dont certains sous forme de planches épaisses ou madriers) ancrés par paire dans les fosses et enserrant des pièces de bois superposées horizontalement.

Dans certaines fosses, une répartition sélective des sédiments donne des indications sur les techniques de creusement et de rebouchage : dans certains cas, la terre meuble et le schiste creusé auraient été déposés de part et d'autre de la fosse avec

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M + +

-'-/AKvJy

+ +

1 0 Bâtiment A - pignon nord-ouest et partie de l'enceinte palissadée.

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- Eis. a Bâtiment A - Coupes des cinq trous de poteaux du pignon nord-ouest.

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B

- Fis 12 : Bâtiment A - Coupes du fossé périphérique - A = D.22, B = F.24

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PL. III : 1 - Bâtiment A. Coupe du fossé latéral sud (F.24) 2 - Bâtiment A. Bloc de grès taillé en calage dans le fossé latéral sud-ouest.

I,

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+ + +

+ + +

- Fig_ 13 Détail de l'enceinte palissadée.

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Pl. IV : 1 - Bâtiment A. Pignon nord-ouest. 2 - Palissade. Coupe de la fosse AI.24

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un minimum de mélange et cette répartition se retrouve naturellement dans le rebouchage, après positionnement des pièces de bois.

3 - Un alignement de trous de poteaux parallèle à la façade sud-ouest du bâtiment A :

Une série de trous de poteaux alignés a été décelée d'une part dans les premièrs sondages (A et B) de la parcelle cultivée ZY.143, près du pignon est, d'autre part au contact avec la palissade externe en AH.26, AG.26, AF.26 et AE.26.

Sept trous sont déterminés à l'heure actuelle, régulièrement distants de 2 mètres l'un de l'autre et disposés parallèlement à la façade sud-ouest, à 8,50 mètres environ de celle-ci. Ces structures, plus réduites que les fondations de la palissade, pourraient correspondre à une division interne du site.

4 - Nouvelle interprétation des clichés aériens :

Depuis la découverte du site en 1989, plusieurs clichés aériens ont fait apparaître diverses anomalies dans l'angle nord-ouest de la parcelle ZV.143, avec une intensité variable suivant la période et les conditions climatiques.

La mise au jour du chapelet de fosses de la palissade à l'ouest permet de faire un rapprochement avec une série d'anomalies ponctuelles situées symétriquement par rapport au pignon est du bâtiment A.

Si l'extension des décapages le confirme, nous serions en présence d'une vaste enceinte en "fer à cheval", se développant vers le nord-est à partir du bâtiment A, d'un diamètre de plus de 120 mètres et englobant le hameau actuel de La Hersonnais.

En revanche, certaines anomalies végétales ne seraient dues qu'à des variantes dans la nature du substrat schisteux. Ainsi, une anomalie au tracé ovalaire régulier semblait recouper le plan du bâtiment A. Un sondage limité devant la façade nord du bâtiment A en H.21, infirme l'existence d'un fossé et révèle une altération accrue du schiste en liaison avec un changement d'orientation des diaclases.

5 - Le bâtiment B : (Fig. 14)

L'extrémité nord-est d'un deuxième bâtiment a été décelée par les sondages de diagnostic dans l'angle sud-ouest de la parcelle en culture.

Le plan en est conservé sur une longueur maximum de 20 mètres. Il est ensuite recoupé ponctuellement par le fossé de drainage de l'aire de stockage, puis détruit sur plus de 30 mètres par une profonde excavation du substrat contemporaine des travaux

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routiers. Des indices de la continuité du bâtiment au delà de cette perturbation ont été décelés dans les sondages ouest.

Le plan général et les dimensions sont très proches de celui du bâtiment A : une largeur de 11 mètres, une entrée étroite (moins d'un mètre) au pignon est, bordée de deux gros trous de poteaux et prolongée à l'extérieur d'un petit porche, tierces distantes d'une dizaine de mètres l'une de l'autre.

A 50 mètres environ vers l'ouest, plusieurs structures en creux ont été décelées en sondage. Certaines d'entres elles sont situées dans l'axe de la paroi sud du bâtiment B et notamment, deux petites fosses ovalaires distantes l'une de l'autre de moins d'un mètre peuvent correspondre aux trous de poteau encadrant une entrée. Dans ce cas, la distance du pignon est à l'entrée latérale sud serait inférieure d'une dizaine de mètres seulement par rapport au bâtiment A.

Sous réserve de décapages complémentaires, on peut donc estimer une longueur et une disposition générale très proches de celles du bâtiment A.

Cependant, certaines différences importantes sont à noter. Les tierces ne sont pas complétées de poteaux auxilliaires. Les parois latérales sont ancrées tantôt dans un fossé étroit, tantôt dans une série de trous de poteaux espacés de 0,30 à 0,50 mètre. Mais, l'une des différences essentielles est la faible profondeur des structures latérales : certains trous de poteaux ne dépassent pas quelques centimètres de creusement dans le schiste, alors qu'aucun arasement du substrat ne le justifie dans ce secteur (angle sud ouest de la parcelle cultivée).

Ces fondations plus légères laissent présager d'un plan plus lacunaire pour le reste du bâtiment situé sur l'aire DDE au substrat partiellement arasé.

6 - Quelques structures complémentaires :

Les sondages sur l'aire de stockage ont mis au jour quelques structures supplémentaires au sud et au centre de l'aire. Ces structures, isolées à ce stade du décapage, sont du type trou de poteau, similaires aux autres structures quant à leur remplissage. Ces indices montrent une légère extension du site au sud du bâtiment B et la présence d'éléments en position centrale entre les deux bâtiments.

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- Eig_J4 : Bâtiment B - Extrémité Est mise au jour dans la parcelle ZV. 143 - En pointillé fossé de drainage de l'aire DDE.

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Pl. V : 1-2 : Bâtiment B Extrémité nord-est.

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VI - Le mobilier archéologique :

Compte tenu de l'état de conservation du site et à ce stade de la fouille, le mobilier recueilli ne donne qu'une image très partielle du potentiel archéologique des vestiges.

Les sols d'occupation ont disparu par érosion sur l'ensemble du site, y compris sur la parcelle ZV. 143, la mieux préservée.

Si on exclut quelques sondages de reconnaissance, l'essentiel de cette première campagne a été consacré à la détermination du plan et de l'organisation des structures. Aussi, seuls les niveaux superficiels des comblements ont été fouillés sur quelques centimètres de profondeur. Ceci explique la faiblesse relative du nombre de pièces relevées, un peu plus deux cents, en comparaison avec l'importance de la surface exploitée.

1 - Le mobilier du bâtiment A :

A part quelques objets mis au jour dans les infractuosités du substrat de la parcelle ZV.143, le mobilier provient du comblement des structures, soit des sédiments de rebouchage lors de la construction, soit par piégeage dans le négatif sombre des structures boisées en fin d'occupation.

A ce stade de la fouille, le mobilier fait une large part à la poterie avec près de 83 % de l'ensemble.

Le lithique est surtout représenté par les blocs de grès taillés, réutilisés en calage.

Le silex est extrêmement lacunaire avec une dizaine de pièces seulement en 1992. Trois silex ont été fortement chauffés et deux pièces présentent des retouches :

- Un petit grattoir carré sur éclat fin en silex gris opaque est aménagé sur trois côtés par retouches abruptes et semi-abruptes (Fig. 15, n° 3).

- Un talon de lame en silex gris verdâtre opaque est retouché régulièrement sur le bord gauche (Fig. 15, n° 2).

Ces deux pièces ont également subi l'action du feu.

Le grès armoricain est présent par quelques éclats fins et larges (fig. 15, n° 4) mais surtout par un outillage lourd réutilisé systématiquement comme blocs de calage dans les structures en creux.

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- EîS-JA : Outillage lithique - 1 = Bâtiment B / - 2 à 5 = Bâtiment A / - 1 à 3 = Silex / 4 - 5 = Grès.

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- EîS-IÂ. : Outillage lithique - "pics" en grès - Bâtiment A.

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Pl. V I : 1.-2 ; Blocs de grès taillés en outils de creusement et réutilisés en calages dans le fossé latéral nord du bâtiment A.

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Ces outils dont une dizaine d'exemplaires a été prélevée (fig. 15 et fîg. 16), sont généralement façonnés sur plaquettes naturelles de grès dont l'épaisseur varie de 35 mm à 90 mm..

Les dimensions varient de 350 X 190 mm à 180 X 120 mm.

Certaines pièces ne sont aménagées que par une encoche à mi-hauteur de chaque bord latéral.

L'enlèvement d'éclats à l'une ou les deux extrémités de l'objet résulte soit de l'utilisation ou d'un affûtage du "pic" (fig. 16, n° 1).

Deux pièces se distinguent par un façonnage plus poussé. L'une, réalisée sur une plaquette de 45 mm d'épaisseur est épannelée par retouches abruptes et larges sur toute sa périphérie. Les deux encoches latérales sont marquées par un net rétrécissement. Les deux extrémités sont fortement émoussées (fig. 16, n° 2).

- La seconde plus lourde et épaisse (90 mm) a également les bords largement abattus. Son épaisseur plus forte et son profil dissymétrique induisent une utilisation dans l'axe du bloc (utilisation de "type pioche"), tandis que les précédentes présentent une utilisation transversale de la plaquette support (utilisation du "type houe) (fig. 16, n° 3).

Si ces pièces sont fréquemment émoussées aux extrémités, aucune trace d'usure ne trahit une tentative d'emmanchement ; de plus, la profondeur des fosses de fondation et le manque de recul lors du creusement plaident en faveur d'une utilisation de ces outils en préhension directe.

La poterie est d'aspect homogène sur l'ensemble du site.

Hormis quelques pièces de meilleure facture et cuisson plus soutenue, la qualité des pâtes est très moyenne et la poterie très morcelée.

La cuisson assez faible donne des éléments souvent fragiles et craquelés. Le dégraissant est généralement grossier, irrégulier et varié, à dominante de grains de quartz. Le modelage est plutôt irrégulier et l'aménagement de surface est rare.

Les couleurs varient du gris/noir au brun/orangé ou brun/beige ; les pâtes claires et notamment brun/orangé sont dominantes dans la moitié ouest du bâtiment A.

Des sondages réalisés en 1991, deux pièces présentent des caractéristiques intéressantes :

- Le bord d'un vase à col légèrement rentrant et à lèvre simple, carène légère incurvée, provient du fond du fossé latéral nord (H.22.1 - fig. 18, n° 11).

La pâte brun clair, à gros dégraissant, est fragile.

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- Un ensemble de quatre tessons a été mis au jour au sommet du remplissage limoneux du trou de poteau auxilliaire nord. Il s'agit de la partie supérieure d'un vase biconique à col légèrement concave, lèvre simple affinée (Fig. 18, n° 12). Sur la rupture de la pente de la panse, une petite languette légèrement oblique est perforée verticalement. A partir de cette languette, le col est décoré d'une série d'incisions parallèles (au nombre de 8) traçant une ligne brisée.

Ces incisions au profil en V sont assez irrégulières, les lignes brisées étant obtenues par sillons successifs au raccord parfois maladroit. Le fond de certains sillons laisse apparaître des traces d'un sédiment blanchâtre rehaussant le décor en creux. L'aspect général de la poterie est brun clair pour l'extérieur et gris pour l'intérieur. La pâte, moyennement cuite, contient un dégraissant quartzeux avec grains de bonne taille (2-3 mm). Le lissage de surface reste sommaire et irrégulier.

En 1992, plusieurs éléments particuliers ont également été mis au jour .

Le décor incisé est également présent sur deux tessons :

- deux incisions parallèles et profondes sont visibles sur un tout petit tesson (N.24.8 - fig. 17, n° 4).

- un fragment de panse à courbure accentuée est profondément incisé d'au moins trois lignes brisées (N.24.3 - fig. 17, n° 2). Ce décor est réalisé à cru à l'aide d'un instrument acéré. La pâte, de couleur brun à brun orangé est fragilisée par une cuisson très moyenne (surface craquelée). Le dégraissant sableux est dense et homogène (quartz roulés).

- Un ensemble de tessons provenant des premiers niveaux du remplissage du fossé latéral sud est original par son décor (N.24.13 et N.24.15, fig. 17, n° 1). Trois lignes de triangles isocèles disposée en quinconce et pointe vers le haut orne le col légèrement rétréci d'un vase biconique. Les triangles sont délimités par une fine incision au tracé hésitant et l'intérieur de chaque triangle est hachuré de cinq ou six incisions obliques.

" La carène douce est renforcée d'un léger cordon, lui-même accentué d'une anse en languette à deux perforations verticales dont l'une est inachevée.

L'anse présente un profil redressé et le décor de triangles s'interrompt en dégradé à son niveau.

La forte angulation interne à la carène est le résultat d'un montage par plaques suivant une technique assez maladroite. L'ensemble assez fragile est constitué d'une pâte brun clair, à dégraissant moyen avec quelques gros grains de quartz ou feldspath.

Des traces de lissage, probablement au galet, sont visibles sur le col. Le diamètre à l'ouverture peut-être estimé entre 135 et 140 mm.

- La carène est également présente sur deux éléments (fig. 17, n° 3, fig. 18, n° 8), dont l'un est un col légèrement rentrant, à lèvre simple légèrement aplatie et carène

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située à 35 mm du bord (AE.22.7 - fig. 17, n° 3). Le diamètre à l'ouverture de ce vase peut-être estimé aux alentours de 140 mm. La pâte de couleur gris-noir est douce au toucher et contient de gros grains de quartz.

- Les lèvres sont généralement simples (AC.21.1, AC.22.4, N.24.42 et N.24.7) et plusieurs bords indiquent une forme ouverte du type bol (fig. 18, n° 1, 4, 5, 6).

Trois petits fragments de lèvre se distinguent du lot : l'une est légèrement ourlée vers l'extérieur (AC.21-1, fig. 18, n° 5), la seconde est aplatie et rentrante (N.23-8, fig. 18, n° 2), la dernière étant renflée et fermée (K.23-1, fig. 18, n° 3).

- Deux tessons épais (un fond et une base de paroi) évoquent des fonds plats (N.23-20, fig. 18, n° 9).

- Un bouton de préhension (AF.24-3, fig. 18, n° 10) à profil redressé est de nature très fragile par faible cuisson et inclusion de gros dégraissants dans une pâte brun-orangé.

- Quelques rares fragments de clayonnage proviennent surtout des fossés de cloisonnement internes au bâtiment.

- Les quelques tessons provenant des fosses de fondation de la palissade ont les mêmes caractéristiques générales : pâte variant du brun au brun-orangé, à gros dégraissant et cuisson moyenne.

2 - Le mobilier du bâtiment B :

Les rares tessons provenant du second bâtiment ne se distinguent pas des précédents.

L'un des trous de poteau décelé et sondé sur l'aire de stockage DDE (tranchée S, structure S1-S2) à livré un nucléus de silex et plusieurs tessons dont deux pièces particulières :

- un petit tesson à paroi fine (2-4 mm), de couleur brun clair et à dégraissant moyen est décoré d'une série de fines incisions peu profondes (fig. 17, n° 6). Ces incisions au tracé hésitant, semblent regroupées en motifs triangulaires allongés, positionnés pointe vers le haut sur le col à partir d'une ligne de base marquant la rupture de pente de la panse du vase.

Un fragment de petit bol (fig. 17, n° 5), à paroi d'épaisseur moyenne (5-8 mm) présente une lèvre ourlée. La pâte beige orangée est dégraissée avec de gros grains de quartz et est très fragile par sa faible cuisson.

- Le nucléus (fig. 15, n° 1) est taillé dans un mauvais silex beige marbré opaque. H est réduit à une plaquette à plans de frappe multiples. Un débitage lamellaire est obtenu notamment par la technique du "coup de burin".

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/ ^ I

- EkJI : Céramique - 1 à 4 = Bâtiment A / 5 à 6 = Bâtiment B.

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- Fig 18 Céramique - Bâtiment A.

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PL VII : Tessons de poterie du Néolithique final ; anses perforées, cordon, décors d'incisions.

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VII - Une première datation C 14 :

Dans les sondages réalisés en 1991, l'une des coupes (H.24) du fossé latéral sud faisait apparaître la trace d'un poteau adossé à la paroi interne verticale du fossé. Cette trace se présentait comme une colonne de sédiment brun foncé contenant de nombreux charbons de bois. Un échantillon de charbons prélevé à la base de la coupe a été proposé pour une mesure d'âge par le Carbone 14 au Laboratoire de Gif-sur-Yvette. Les résultats parvenus en novembre 1992 sont les suivants : 4070 + 50 ans, soit en date calibrée : cal BC (- 2859, - 2503), la calibration étant faite d'après PAZDUR et MICHCZYNSKA - 1989.

Cette mesure corrobore l'âge estimé à partir du mobilier et il est possible de la comparer aux datations réalisées sur certains sites du centre ouest comme celui d'Ors sur l 'île d'Oléron attribué au peu-Richardien (4080 + 120 et 4070 + 120) ou Semussac ouest (4070 + 120).

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Vni - Conclusion :

Les opérations conjointes de fouille programmée et sondages de diagnostic archéologique ont, de toute évidence, mis au jour un site d'une ampleur et d'une importance scientifique exceptionnnelle, compte tenu des connaissances encore lacunaires sur l'habitat néolithique du Illème millénaire.

S'il est encore trop tôt pour évoquer la fonction et le contexte d'un tel site, l'ampleur des structures dégagées et les observations enregistrées orientent vers certaines réflexions.

D'après la similitude des plans d'ensemble et du matériel archéologique, les deux bâtiments principaux apparaissent contemprorains ou sub-contemporains.

La question de la différence de profondeur des infrastructures entre A et B se pose : fonction différente, diachronisme et évolution des techniques de construction ? ..

Le site semble se limiter à un espace bien circonscrit naturellement et la mise au jour d'une portion de la palissade d'enceinte argumente en ce sens.

En ce qui concerne le bâtiment A un certain nombre de facteurs tels que les dimensions hors du commun de l'édifice et les moyens importants en oeuvre, la perfection et la régularité du plan y compris pour les entrées et les cloisonnements internes, la construction en une seule phase apparente, montrent que ce bâtiment est le résultat d'une conception détaillée préalable, fruit d'une société bien structurée et parfaitement intégrée dans un contexte local et régional. Les résultats des diverses prospections dans le secteur vont dans ce sens.

Sur les superstructures de ce bâtiment, l'hypothèse d'une construction quasi exclusivement en bois peut être avancée, sous réserve d'être confirmée par la suite des recherches. Plusieurs facteurs appuient cette hypothèse : rareté des fragments de clayonnage dans le fossé périphérique, absence d'argile et de fosse d'extraction à proximité et nombreuses traces de structures boisées.

Lors des prochaines campagnes de fouille, l'étude fine des comblements et notamment des traces fugaces des matières périssables devrait permettre d'approcher au mieux les techniques des charpentiers néolithiques, en associant à cette étude l'expérience actuelle de spécialistes en la matière.

En ce qui concerne la nature sociale du site de la Hersonnais, la fonction collective ne fait évidemment pas de doute, qu'elle soit simplement domestique ou plus largement cérémonielle ou rituelle. Son rôle localement centralisateur et fédérateur n'est également pas à exclure et, de ce point de vue, sa position topographique sur un méplat bien délimité, nettement dominé par le bord du plateau n'est certainement pas fortuit.

La dégradation des sols d'occupation est un handicap pour tenter d'appréhender la fonction du site. D'après le mobilier actuellement mis au jour, on peut noter que la

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céramique associe indistinctement des éléments fins, dont quelques rares pièces décorées, et des éléments épais et grossiers d'apparence plus domestique. En revanche, hormis l'outillage lourd de fouissage, le matériel lithique ne trahit aucune autre activité pour l'instant (pas de trace d'atelier de débitage, pas d'élément de meunerie par exemple).

Le matériel archéologique cadre bien avec les productions du Néolithique final, malgré l'indigence de séries de références locales pour ce type de site.

Le débitage du grès armoricain et quartzite est reconnu sur plusieurs sites du Néolithique final dans la région (prospection de surface dans la Vallée de la Vilaine, fouilles du site d'habitat de Saint-Laurent-sur-Oust dans le Morbihan).

Les caractéristiques générales des tessons communs et des formes rappellent cette période : les pâtes sont de nature variée, souvent grossières et à fort dégraissant. La cuisson est également d'intensité très variable mais majoritairement faible.

Les formes simples (bols, parois verticales) et les carènes assez hautes sont présentes.

Les quelques pièces plus remarquables par leur forme et leur décor permettent d'élargir le champ des affinités culturelles, malgré leur originalité très prononcée.

La référence régionale la plus proche semble être le style du niveau supérieur de Conguel, en considérant notamment le petit tesson incisé de la structure S1-S2 du bâtiment B.

En ce qui concerne le décor de lignes brisées incisées, des comparaisons avec l'Artenacien peuvent être proposées. Ainsi, une poterie biconique du site d'Ors dans l'Ile d'Oléron a le col incisé de cinq lignes brisées parallèles.

Dans lEure, la sépulture collective de portejoie a livré un vase à bord droit, fond rond et décor de six lignes brisées incisées sur le col.

- Sur le site de Fort Harrouard II (Eure et Loire), des céramiques fines sont décorées de bandes zigzagantes contrariées, incisées au peigne à trois dents ; la présence de mastic blanc dans ces incisions profondes est un phénomène mis en évidence sur le tesson H.22-2 de la Hersonnais.

Des similitudes de formes et de décors se retrouvent dans le Néolithique final et le Chalcolithique de régions plus éloignées comme la Provence et le Languedoc.

Une première datation radiocarbone confirme la position chronologique du site dans la première moitié du même millénaire (en dates calibrées).

Les références sur ce type de construction dans la fourchette chronologique considérée ne sont pas fréquentes. Certains clichés aériens font apparaître des plans comparables mais sans certitude sur la datation : c'est le cas par exemple, à Harting-Lez-ratisbonne en Bavière et Raissac-sur-Lampy dans l'Aude.

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