paroles des amériques 17

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Magazine culturel Paroles des Amériques

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Page 1: Paroles des Amériques 17

Numéro 17 - Novembre 2010 - édition gratuite et bilingue

Page 2: Paroles des Amériques 17

Responsable de Communication Assoc. Liens et Cultures Latines Directeur de communication S. Cabrejos S.Collaborateurs: Carlos Murayari - Jérémie Wach-Chastel - Xavier Barois - Hadrien Partouche - Christyan LozaMendez - Florencia Avila - Angélica Montes Corrections Julia Estevez Collaborateurs à l’étranger: José Ramirez(Hambourg, Allemagne) - Carmen Ponce (Trèves, Allemagne) - Gia Mateo (Californie, Etats-Unis ) - Juan Ponce(Lima, Pérou) - José Ponce (Bonn, Allemagne) Collaboration spéciale Olga L.Gonzalez - Rubén GrandePhotographies Hugo SeminarioConception graphique www.agc-creations.fr

Distribution Via Internet www.parolesdesameriques.com [email protected]

Sommaire

Les textes publiés dans cette édition n’engagent queleurs auteurs et non l’ensemble de la rédaction.

« Proposition 19 »

De son nom Tétrahydrocannabinol, le THC, cette molécule laplus connue contenue dans le cannabis, fut un des faits le plusmarquant de ce mois en Californie. « La proposition 19 » avaitemmené les californiens en referendum pour la dépénalisationtotale de cette drogue « douce ».Pendant de longs mois, les opposants et défenseurs de cette réfor-me, se sont donnés à cœur joie pour faire passer ou échouer cetteloi qui dans son ensemble voulait autoriser la possession d’unadulte de plus de 21 ans de une once (28,35 grammes) et la culti-

ver sur une surface maximum de 2,32 mètres carrés.C’est 57% de californiens contre 43%, qui se sont opposés contre cette réfor-me. Il faut aussi savoir que dans ce même état nord-américain, la consom-mation de ce produit à des fins médicales est autorisée depuis 1996, devantles Pays bas et la République tchèque.De retour au vieux continent, notre voisin hollandais, collecte de grandesrentrées d’argent pour l’état en taxant cette culture instaurée dans le paysdepuis 30 ans et que selon les études, une consommation encadrée et lui estnettement préférable, en économisant des sommes très coûteuses en répres-sion, et surtout très inefficaces.Dans d’autres pays frontaliers également, comme l’Allemagne, la Suisse,l’Irlande et l’Autriche la consommation a été dépénalisé mais pas la vente,l’Espagne où la consommation n’est pas interdite par le code pénal est toléréedans le cadre privé et le Portugal, où la détention et même la consommationà usage personnel sont aussi dépénalisés depuis l’année 2000.Cela dit, l’objet de cette éditorial, n’est pas de vous donner des atouts ou despropositions, ni surtout prendre parti de vos opinions, mais tout simplementde nous donner le choix d’élection ou d’emmener les concitoyens à la

réflexion grâce à des referendums efficaces en vued’une meilleure concertation démocratique.Et en France, c’est pour quand !! Peut être que lescaisses seraient mieux garnies et nous oublierons plusrapidement de faire travailler les gens plus longtemps,qui sait, tout le monde a le droit de rêver.

Avec des études en Communication et en PAO, S. Cabrejos S. a collaboré comme ani-mateur pour une radio associative et écrit des articles pour un magazine des spectacles àParis, ancien correspondant de presse pour une chaine de télévision au Pérou, est le pré-sident de l'association Liens et Cultures Latines qui mène le projet de ce magazine.

Numéro 17 - Novembre 2010

www.parolesdesameriques.comwww.parolesdesameriques.com< Edito >

< Edito >

3 Politique RéformesEn bref4 SOCIETE ImmigrationLa inmigración peruana enHamburgo:cambios y conflictos socio-culturales

6 SOCIETE IdentitéA propos de la Philosophie latino-américaine

8 CULTURE FestivalViva Colombia refait son Festival10 CULTURE Survival France

16 LITTERATURE RécitPapa piraña

12 CULTURE MusiqueBref survol des flûtes andines … 14 CULTURE ExpositionArte subterráneo

Page 3: Paroles des Amériques 17

3 Réformes Politique La famille noyée dans la solidarité

On a beau cherché, toute référence à la "famille" a bel et bien disparu des attributions ministérielles du nouveau gouverne-ment. Le secrétariat d'Etat confié depuis février 2008 à Nadine Morano est purement et simplement supprimé tandis quecette dernière est recasée auprès du ministre du travail, de l’emploi et de la santé, comme chargée de l’apprentissage et de la

formation professionnelle. Un oubli ou un choix ?

ême dans un gouvernement res-serré, oublier la famille est unchoix symbolique qui n'a paséchappé aux associations familiales.Celles-ci n'ont d'ailleurs pas tardé àexprimer surprise et déception. "Leschantiers engagés par le Gouvernementdans de nombreux domaines ont desconséquences sur la vie quotidienne desfamilles, a déclaré l'Unaf. Il est impor-tant qu'un ministre ait une compétencetransversale dans le champ familial."L'Union des Familles en Europe, tou-

jours impertinente, y voit au contraire "lafin d'une hypocrisie consistant à fairecroire qu'un secrétariat d'Etat avait pourcharge de défendre les familles". "Le sport n'a pas été oublié mais lafamille oui ! S’étonne Thierry Damien,président de Familles rurales. On apourtant constaté combien elle est unamortisseur de crise, le lieu de toutes lessolidarités." Justement, c'est bien auministère des Solidarités de RoselyneBachelot que revient la famille. Lundisoir, elle en a informé Jean-LouisDeroussen, président (CFTC) de la

Caisse nationale des allocations fami-liales qui trouve finalement logique deréunir dans un même ministère les res-ponsables chargés de la politique enversles personnes âgées, handicapées, lesallocataires des allocations familiales etdes minima sociaux. Cette option semble en tout cas délivrerun message clair : la politique familialene mérite pas d'être considérée en tantque telle. A moins que la famille ne soittout simplement un sujet impossible au

sein de l' UMP. "Rayer la famille du gou-vernement peut se lire comme uneforme habile d'évitement politique",avance le sociologue François de Singly.Quoi de commun entre une NadineMorano, favorable aux mères porteuses,soucieuse de "faciliter la vie des familleshomoparentales" et un Jean Léonetti -pragmatique et prudent au point d'êtrechargé de revoir la copie de l'ex-secré-taire d'Etat sur l'instauration de droitspour les beaux-parents ? Entre certains députés de la majoritéestimant que l'Etat doit soutenir la "famil-

le durable" et la frange libérale de l'UMPjugeant que la façon de vivre ensembleest un choix strictement privé sur lequelles pouvoirs publics n'ont pas à se pro-noncer ? "La disparition du secrétariat d'Etat à laFamille est une façon d'éluder le débat,estime également Hervé Mariton quisouligne les incertitudes de la pensée deNicolas Sarkozy sur cette question. Ledéputé villepiniste de la Drôme est l'au-teur avec 50 députés d'un amendementrécent rétablissant la déclaration fiscalecommune pour les jeunes mariés, maispas pour les pacsés. Un amendementadopté par la Commission des lois maiscritiqué par le gouvermenent qui voulaitsupprimer cette "niche fiscale" dans lesdeux cas. Dans le nouveau gouvernement, la poli-tique familiale apparaît ravalée au rangde politique de solidarité, ce qu'elle esten partie, mais pas seulement. La famil-le semble se réduire à un groupe d'indi-vidus se soutenant au nom de liensélectifs et affectifs, ce qu'elle est en partie,mais pas seulement. Cette vision limitéejustifierait ainsi les ponctions répétéessur la branche famille de la SécuritéSociale pour financer les déficitssociaux. Et Jacques Attali aurait toutesles raisons de s'obstiner à proposer lamise sous condition de ressources desallocations familiales.

Dominique Fonlupt

M

Nadine Morano, ancienne secrétaire d'Etat chargée de lafamille AFP PHOTO / BORIS HORVAT

Page 4: Paroles des Amériques 17

3.5.-TRES GENERACIONES DEINMIGRANTES...

La edad con la cual llega el inmigrante aAlemania-Hamburgo juega un rol muyimportante en el proceso de integración.Los que llegan por debajo de los seisaños de edad y provienen de un hogarpromedio, sin olvidar su origen, se inte-gran casi espontáneamente a la sociedaddominante. El jardín de infancia, las amistades, losvecinos, los medios de comunicación y lasociedad en su conjunto desempeñan unpapel muy importante en este proceso.Normalmente estos niños hablan unalemán estándar, son en su mayoríabilingües y tienen una buena predisposi-ción para aceptar otras culturas. La razónes que hasta esa edad el niño está en unaetapa de aprendizaje y socialización quelo hace, generalmente, inconsciente-mente. Los órganos fonéticos, por ejem-plo, no están lo suficientementedesarrollados o estructurados y ello lespermite pronunciar las palabras tal ycomo las escuchan de boca de lasmayorías. Y esto se repite también conotros órganos, especialmente el cerebro,para el aprendizaje. Los seis primerosaños son muy importantes enla socialización, en la forma-ción del carácter y la personali-dad del individuo. Los que llegan después deesta edad, por las mismasrazones anotadas para los pri-meros, pero a la inversa, tienenmayores problemas en la inte-gración. Hecho que se compli-ca realmente con la generaciónque llega entre los diez y veinteaños. Es el grupo que llega en el

problemático tiempo de la pubertad oen la complicada edad de la adolescen-cia. Esta generación intermedia da paratodo, es la más heterogénea y es la fuen-te de los mayores problemas sociales,como lo veremos después. Mientras que para los que llegan porsobre los veinte, treinta años o más, lasituación es bastante complicada perorelativamente clara. Ellos llegan con granparte de su vida hecha y hasta rehecha.Reiniciar de nuevo todo, comenzandopor lo complicado del idioma, es unatarea harto complicada. De este sectorde inmigrantes proviene el contingenteprincipal de lo que nosotros hemosdenominado en esta investigación, losautistas, que desarrollamos en el acápitesiguiente.Claro que al interior de este grupo haytambién diferencias. Los que llegaronpor causas económicas y su nivel cultu-ral-intelectual es inferior al promedio (nohan hecho una profesión universitaria,por ejemplo) tienen una actitud muchomás decidida para trabajar, en lo que seaposible, para ganarse el sustento diario.Mientras que un profesional-académicoque llegó por motivos políticos tiene una

actitud más reticente a trabajar en lo quese le presente. El primero tiene la venta-ja que salió de su país de origen con cier-to deseo y como consecuencia su actituden el nuevo país es más decidida paraaceptar el trabajo cuando tiene la opor-tunidad. Ello no ocurre con el otro sec-tor, ellos tuvieron que salir ya que no lesquedaba otra cosa. Pero tienen la venta-ja de comprender la situación general yparticular de la problemática social polí-tica y cultural. 3.6.-EL DRAMA DE LA SEGUNDAGENERACIÓN DE INMI-GRANTES...

Este sector llega en un momento cuan-do su carácter y su personalidad, conse-cuencia del mundo idiomático-cultural,ya está relativamente impregnado en suvida y ser social. Un buen sector delmismo ha comenzado la pubertad oadolescencia, la está viviendo o reciénestá saliendo de ella. Y como es bastanteconocida, esta etapa de la vida humanase caracteriza por el rechazo, la rebeldíaen contra de los padres, de la autoridad,del Estado y de la sociedad en su conjun-to. Si éste es el marcogeneral, en lo parti-cular dependerá decómo está constitui-da la familia, cómoes la relación entresus miembros,cuáles son las tareaso tal vez los idealesque los motivan aintegrarse en lasociedad alemana.Y, por último, lapersonalidad decada uno tiene, con

José Ramírez Agurto, nació en Huancayo-Perú, y es sociólogo por la Universidad Nacional del Centro del Perú.Persiste en seguir investigando sobre este controvertido y tan actual fenómeno de la migración para poder arribar a conclu-siones y sugerencias que asuman concretamente la posibilidad de buscar que el migrante pueda ser integrado en una socie-dad por ser un derecho del ser humano y no el privilegio de unos pocos.Vive desde 1990 en Alemania, y a la par, gracias a su talento musical ha recorrido por diferentes países difundiendo el folk-lore latinoamericano con su agrupación ILARECK (Amanecer). Actualmente tiene discos compactos plasmados y es autorde varios temas de profundo contenido social.

La inmigración peruana en Hamburgo:cambios y conflictos socio-culturales

4SOCIETE Immigration

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limitaciones, es verdad, su juego en elfenómeno de la integración.Uno de los dramas genéricos de estesector es que, para integrarse positiva-mente en la sociedad alemana, llegarondemasiado viejos, muy tarde. Por otrolado, para mantener su mundo culturaldel cual provienen, salieron demasiadojóvenes, muy temprano. En este desfasetemporal reside uno, posiblemente elmás importante, de los hechos donde seevidencia el drama de la segunda genera-ción de inmigrantes. Se da el caso de que,por ejemplo, la mayoría no sabe escribirbien en su idioma materno. Pero a la partampoco saben escribir bien en el idiomaaprendido, en este caso el alemán. Con este problema psico-cultural, susposibilidades de hacer bien el colegio yluego la universidad son muy difíciles en

la mayoría de los casos. Pero cuando lologran, producto de un largo esfuerzofamiliar y personal, normalmente sonpersonas con muchos problemas decarácter y personalidad que se expresanen el terrible complejo de inferioridad. Normalmente su complejo de inferiori-dad lo compensan con la arrogancia,sobrevalorándose, vendiendo la idea quelo han logrado todo. La mayoría de ellosdesean ser alemanes y hacen todo enfunción de ello, pero cuando se miranen el espejo viene la tormenta y muchasveces odian al mundo alemán. Comoproducto de sus complejos, cuando estánen medio de alemanes buscan diferen-ciarse levantando y exagerando sus carac-terísticas culturales del pasado. Cuandoestán entre sus con-nacionales hacentodo lo contrario para diferenciarse acen-tuando las características de la cultura ale-

mana en su persona. Son, en el planopolítico, los oportunistas, en el planosocial, los arribistas y en el plano intimopersonal, los desgraciados. Exceptuando a este pequeño grupo, quepodríamos decir con el historiador PabloMacera de los “miserables triunfadores”,a la gran mayoría podríamos llamar la“generación perdida”, la que no da nadao casi nada en positivo y mucho en nega-tivo desde la perspectiva de la integraciónen el mundo oficial. Mencionado el papel de la edad de losemigrantes en el proceso de integraciónen Alemania, pasemos a ver el rol quejuega la actitud de los mismos. En lamedida que si no hay voluntad de inte-grarse, todos los planes y programas alrespecto se quedarán en ello. ...

La photo du moisPar Christyan Loza Mendez

Exposition d’Ar Urbain, en conmemoration du bicentenaire, folklriquement accompagnée d’un pelerinage à la Basiliquede Guadaloupe, CD de Méxique.

Exposición de Arte Urbano, en conmemoración del bicentenario, folkloricamente acompanada de un pelerinage a laBasilica de Guadalupe, CD México.

Immigration SOCIETE 5

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Nous ne sommes paseuropéens, nous ne sommespas indiens mais une sorted’intermédiaire entre les aborigèneset les Espagnols » cette affirmationprononcée par Simon Bolívar devantle congrès d’Angostura, le 15 février1819, fait la synthèse de la complexetoile de fond liée au métissage àlaquelle sont confrontés les intellec-tuels qui parlent d’une philosophielatino-américaine. La question de l’identité d’une philo-sophie latino-américaine en tant quegroupe de pensée authentique et indé-pendante n’est pas nouvelle, elle restecependant encore ouverte. Dans l’article intitulé Amérique latine :un long voyage vers elle-même publié en1978, le philosophe mexicain LeopoldoZea pose le fait historique du métissagetri ethnique de la culture latino-américai-ne comme un élément important lors-qu’il s’agit de définir l’essence de cettephilosophie : à cette occasion, Zea miten lumière (en reprenant ainsi les proposdu célèbre José Marti) que «l'Amériquen’est pas un grand vide qui doit être sanscesse rempli"[2]. Pour lui il s’agit d’uneculture imprégnée de composantseuropéens mais aussi indigènes et noirs.C’est justement cela qui fait de l’Amé-rique Latine la synthèse de «trois formesdu monde » et donc de son authenticité. Cette particularité conduit les philo-sophes latino-américains à entamer dèsle siècle dernier (années 1950-1970), àune époque qui coïncidait avec la nais-sance de mouvements sociopolitiquesanticolonialistes et pro nationalistes, leprojet de libération intellectuelle qui leurpermettrait de «fonder » une Philosophielatino-américaine indépendante, c’est-à-dire une philosophie qui les confronte-rait à leurs propres actions face à leur«réalité ». Pour autant, peut-on parler d’une philo-sophie latino-américaine indépendantede toute interaction avec les autres cul-tures et philosophies ? A ce propos, dans son article La penséede la philosophie latino-américaine [3]Pablo Guadarrama (philosophe cubain)entreprend une analyse du sens queprend le mot «authentique » dans le cas

de la Philosophie latino-américaine. Il ysignale que des auteurs comme SalazarBondy, Leopoldo Zea et Enrique Dusselpartagent le fait d’être porteurs de l’idéed’une Philosophie de la Libération. D’une part, pour Bondy et Zea, selonGuadarrama, cette philosophie doits’acheminer vers une rupture avec la tra-dition, avec les modèles et méthodes phi-losophiques passés. Pour eux l’imitationa été la cause de retards politiques etsociaux, du sous-développement et del’esclavage néocolonial yankee. D’autre part, Dussel va à l’extrême decette théorie et devient régionaliste ensurestimant l’idée d’une philosophie lati-no-américaine à tel point qu’il finit paraffirmer que l’Amérique incarne l’èreanthropologique de la philosophiecomme les Grecs en incarnèrent l’èrephysiologique à leur époque, les peuplesdu Moyen Age la philosophie théolo-gique et les modernes la logoslogica (phi-losophie des sciences). Selon le philosophe cubain, pour Dussella philosophie latino-américaine est laPhilosophie de la Libération, celle qu’ilprésente comme une sorte de métaphy-sique dans laquelle on reconnaît l’êtrelatino-américain comme le non être (lemarginal), situé en dehors, dans la péri-phérie mondiale et confronté à l’être deculture européenne. Autrement dit, laPhilosophie de la Libération cherche lareconnaissance politique, sociale et éco-nomique des hommes latino-américainsen tant que différente de celle deseuropéens. Celle-ci nie l’homogénéisa-tion et revendique la pluralité de la cultu-re comme libération. La conception de Dussel, autour d’unephilosophie anthropologique, est pour

Guadarrama infondée, principalementparce que la question sur l’homme a tou-jours été présente, à un niveau plus oumoins élevé, dans la philosophie univer-selle. Ce que regrette le plus Guadarramadans le questionnement de la Philoso-phie de la Libération, comme Dussel l’anommé dans son étude, est que celle-cipuisse être réduite à une philosophie dela littérature anthropologique latino-amé-ricaine, à une esthétique et à une éthiquedont les spécificités indigènes et noiresfont l’authenticité, l’éloignant ainsi despréoccupations politiques et sociales. Par ailleurs, lorsqu’il s’agit de parler del’authentique philosophie latino-améri-caine et de son indépendance, il n’est pasnécessaire pour Guadarrama de partir àla recherche de nouvelles propositionsphilosophiques et politiques en rupturetotale avec ce qui est européen, alors qu’ilen existe déjà une qui s’est révélée effica-ce au moment de résoudre les pro-blèmes sociopolitiques de la région, celledu marxisme-léninisme (à partir delaquelle une révolution peut être engen-drée ainsi qu’une transformation qualita-tive des conditions desous-développement et de marginalitéauxquelles sont soumis les hommesd’Amérique latine). Mais les critiques de Guadarrama sont-elles réellement fondées ? Il faut dire quedans le cas de Zea et Dussel, elles ne lesont pas : Zea, par exemple, n’est pas enadéquation avec le modèle de «rupture »radicale quant à une alternative pour laphilosophie latino-américaine. Il affirmelui-même que «les expérienceseuropéennes et américaines seront debonnes expériences si elles sont mises auservice de l’Amérique Latine et de sa cul-ture et animées par celle-ci »[4]. Il affirmeaussi qu’en Amérique la philosophie

A propos de la philosophie latino-américaine [1]

«6SOCIETE Identité

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7 IdentitéSOCIETEcommence par être une philosophie desa propre histoire, une histoire inévita-blement liée à celle de la philosophieeuropéenne. Le fait que Dussel ne s’attache pas à laproposition marxiste léniniste, comme lefait Guadarrama, n’implique pas que cesoit un bourgeois ultra-libéral incapabled’envisager une alternative socialiste,comme le prétend le philosophe cubain. A la lecture des autres articles de Dussel,on se rend compte qu’il n’est pas prêt àlimiter la richesse de la philosophie lati-no-américaine aux questions politiqueset sociales. La dimension de l’éthique etmême de l’esthétique prend une valeursignificative qui ne doit pas être gâchéepar les besoins immédiats et par le désird’abandonner la misère du sous-déve-loppement. Une fois que ces perceptions de Dusselsont évoquées, on pourrait penser queles critiques de Guadarrama doivent êtreconservées comme des «mises en garde »signalant les directions vers lesquelles lesphilosophes latino-américains nedevraient pas avancer. Etant donné l’his-toire culturelle de ce continent il seraitmaladroit de fonder une Philosophie lati-no-américaine en l’écartant de l’élémenteuropéen puisque les élémentseuropéens font partie de l’identité latino-américaine. De plus, on peut répondre à la questioninitiale en disant que ce n’est pas en secoupant de la philosophie européenneque la philosophie latino-américaine par-viendra à être parce qu’elle est déjà, enplus de son authenticité et de son caractè-re pluriethnique. Il ne faut pas non plus faire l’apanaged’un humanisme littéraire dont le but neserait que d’atteindre, via la littérature,l’acceptation de l’être latino-américain. Ilne s’agit pas que les autres (européens etnord-américains) sachent comment estcet homme, qu’ils l’acceptent et cessentde l’évaluer, mais de changer qualitative-ment ses conditions réelles de vie, ce quis’obtient grâce à des changements positifsdans les pratiques politiques, sociales etéconomiques de ces pays. Quels sont donc les défis qui s’offrentaux philosophes latino-américains ? Ilsne vont pas imiter mais ne vont pas nonplus s’éloigner de l’élément européen ;

ils vont adopter ou «nationaliser » la phi-losophie et le modèle sociopolitique leplus approprié à la réalité latino-améri-caine et ce choix doit se faire en prenanten compte les conditions actuelles dumonde. Il ne leur conviendrait donc pasde s’isoler du consensus politique mon-dial. Ceci implique, pour un philosophecomme Guadarrama, une complexité,car par exemple le néolibéralisme en tantque politique socio-économique mon-diale ne correspond pas à leurs possibi-lités réelles. C’est néanmoins ce modèlequi prédomine. C’est ainsi que se complique la tache desphilosophes latino-américains, les pro-positions qu’ils suggéreront devronttendre à surmonter le sous-développe-ment et revendiquer la particularité triethnique de la culture latino-américaine,sans se mettre à dos les puissants paysdéveloppés.

Notes [1] Cet article a été publié en 2004

dans la revue Conceptos de l’Univer-sité de Carthagène. Il s’agit ici d’une

traduction de l’espagnol. [2] ZEA Leopoldo, América

Latina:largo viaje hacia si misma. EnFilosofia de la Cultura Latinoamérica-

na, edicion El Buho, Bogota 1981 [3] Guadarrama. P, El pensamiento

filosofico latinoamericano. En Cuader-no de filosofia latinoamericana, Bogota

1989 [4] Ibid. pp 210

Bibliographie Consultée Dussel, E, Eticidad de la existencia yMoralidad de la praxis latinoamérica-na. En Etica Latinoaméricana. Edi-

ciones El Buho, Bogota 1982 Dussel. E, La Filosofia de la Libera-cion en Argentina: irrupcion de una

nueva generacion filosofica. En Qué eseso de Filosofia de la Liberacion?. Edi-

ciones El Buho, Bogota 1970 Guadarrama. P, El pensamiento filo-sofico latinoamericano. En Cuadernode filosofia latinoamericana, Bogota

1989 Marquez.G, Enrique Dussel: filosofode la liberacion latinoamericana.En

Introduccion a la Filosofia de la Libera-cion. Ediciones Barcelona, Bogota

1980 ZEA Leopoldo, América Latina:largoviaje hacia si misma. En Filosofia de laCultura Latinoaméricana, edicion El

Buho, Bogota 1981

Angélica Montes Montoya

Philosophe colombienne. Spécialiste en philosophiepolitique, actuellement en doctorat à Paris VIII.

Pablo Guadarrama (philosophe cubain)

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a 4éme édition du Festi-val Viva Colombia a eulieu les 02 et 03octobrederniers avec un grand déploie-ment d’artistes colombiens etd’autres nationalités dans lecadre de cette activité annuelle etle Bicentenaire des Indépen-dances d’Amérique Latine, orga-nisé par l’Associationd’étudiants, chercheurs et artistescolombiens en France TIERRADENTRO.Nous avons pu constater quependant les deux jours une gran-de affluence des visiteurs, a pu serégaler de l’énorme qualité desreprésentations artistiques, quece soit dans la musique, la gas-tronomie, mais aussi la peinture,la photographie, les documen-taires, entre autres.Le premierjour, l’exposi-tion photogra-phique de Felipe ferré sur le parvis de la Mairie du XIIèmearrondissement nous a captivé énormément, par sa qualitéartistique et son message, les Indiens Araucos furent présentésdans leur quotidien; passants et visiteurs n’ont pas arrêté deregarder et analyser ses photos.Les enfants ont été aussi gâtés dans son ensemble, car le grou-pe Tri-Etnia a réalisé un stage pour les plus petits et une initia-tion à la danse.Même chose, de la part du groupe Madre Tierra, en réalisantun spectacle de marionnettes, troupe venue directement deColombie.Le théâtre espagnol « El Hogar Español » présent égalementavec l’œuvre de Federico Garcia Lorca « La Maison de Ber-narda Alba ».Plus tard, en fin d’après midi, le groupe de salsa « Tu infierno» a fait danser les visiteurs en plein air derrière la Mairie, avecleur salsa caliente, dont la température a augmenté considéra-blement, avant de pouvoir rencontrer le chanteur, lauréat de la

Mairie de Paris quelques annéesauparavant, Vanny Jordan, qui a faitbouger les gens venus s’installer sur leparvis, pour interpréter son reaggetontrès à la mode et sa force musicale,invitant aussi à d’autres musiciens àmonter sur scène et chanter ensembledans cette soirée du samedi assez par-ticulière.Le lendemain matin, transition àl’inauguration collective de peintureet photographique, « Paysages,Figures, Symboles et Abstractions del’Amérique Latine » exposition bienficelée par le Directeur artistique Car-los Obregón, qui n’a pas arrêté dedépenser beaucoup d’énergie en affi-nant les détails.Beaucoup de nouveautés ledimanche donc, avec la participationde la soprano Sofia Obregón, qui amis la touche classique à cet événe-ment.

Egalement lesconcerts de «Marimba y Son » et le concert collectif « Troubadours, cha-manes et Jaguars » qui se sont déroulés dans la Salle de Fêtes dela Mairie.Dans la Salle des Mariages nous avons accueillie avec plaisir laprojection du film documentaire « Dream Habana » de GaryMarks suivi d’une rencontre animée par le poète Jorge Torres,ce débat fut encadré par Espaces Latinos.La nuit approchait et le conte traditionnel inuit « La Femmesquelette » par Carmen Samayoa a attiré les grands et les petits.Il faudrait aussi mettre en valeur à cette occasion, la variétégastronomique de la Colombie et son délicieux café, qui pen-dant deux jours nous a complètement enchanté, ainsi que lesses cours improvisés de salsa colombienne de Maritza Arizala.Le Festival arrivait à sa fin, non sans savourer la magie de lachanteuse cubaine Grabiela Pérez, qui a fermé en grande fêtece IV ème « Viva Colmbia », à répéter sans modération.

S.Cabrejos S.

CULTURE Festival

Viva Colombia refait son Festival

8

L

Page 9: Paroles des Amériques 17

9 Festival CULTURE

Photo: Hugo Semi

nario

Photo: Hugo Seminario

Le Festival en images

Photo: José Henriquez

Photo: Carlos Obregón

Photo: Christyan L

oza Mendez

Page 10: Paroles des Amériques 17

10CULTURE Survival France

es leaders d’une tribu isolée d’Amérique du Sud ont lancé unappel désespéré à l’opinion publique au nom des membresisolés de leur famille habitant une forêt convoitée par deséleveurs de bétail.Certains membres de latribu des Ayoreo-Totobie-gosode du Paraguay occi-dental ont été chassés dela forêt dans les dernièresdécennies, mais d’autresrestent isolés – dans unezone forestière qui serétrécit de jour en jour.Reculantconstammentdevant les bulldo-zers qui pénè-trent dans leurdernier refuge, ilsévitent tout contact avec le monde extérieur. Durant ces dernièresannées, plusieurs maisons qu’ils avaient abandonnées ont étérepérées dans la région.Une grande compagnie brésilienne d’élevage de bétail, YaguaretePorá, a acquis une partie de cette région. Après avoir détruit au bull-dozer environ 3 000 hectares, ses activités ont été suspendues enmai dernier par les autorités paraguayennes qui l’ont accusée d’avoirpassé outre la présence d’Indiens isolés vulnérables dans la région.Suite à la pression acharnée des éleveurs pour être autorisés à pour-

suivre la déforestation, Gabide Etacori et Porai Picanerai, deux lea-ders ayoreo, ont lancé un appel urgent à l’opinion publique interna-tionale : ‘Nous sommes très inquiets parce que Yaguarete Porá neveut négocier ni avec nous ni avec le gouvernement paraguayen pournous laisser… la terre qui représente ce qu’il y a de plus importantpour notre peuple.‘Nous vous demandons de… nous aider à faire en sorte que notreterre soit protégée des bulldozers et que cette compagnie ne soit pasautorisée à détruire nos forêts.’Les Ayoreo luttent depuis 1993 pour obtenir la reconnaissance deleurs terres ancestrales.Survival International a écrit à l’INDI, le département paraguayendes affaires indigènes, l’exhortant à agir d’urgence pour empêcher denouvelles destructions. L’organisation a également lancé une cam-pagne publicitaire internationale pour mettre en évidence la situationdramatique des Ayoreo, l’un des derniers groupes d’Indiens isolésd’Amérique du Sud. L’encart publicitaire montre une vaste étendue de leur territoire quia été rasée pour faire place à l’élevage du bétail.Stephen Corry, directeur de Survival, a déclaré aujourd’hui : ‘Yagua-rete a continuellement ignoré l’appel des Ayoreo à se retirer de leursterres ancestrales. Il est grand temps que le gouvernement para-guayen assume son devoir de protéger ses citoyens les plus vulné-rables qui veulent désespérément être laissés en paix. Ils attendentdepuis 17 ans que leurs terres légitimes leurs soient restituées – maisbientôt ils n’auront plus aucune terre à défendre’.

u cours d’une attaque attribuée à ungroupe d’Indiens isolés, un adoles-cent de quatorze ans a été gravementblessé près de chez lui, à Monte Salvado, unhameau indigène du sud-est de l’Amazoniepéruvienne.Alors qu’il rentrait chez lui, Nilo VargasTereso, de la communauté de Yine, a étéatteint d’une flèche d’environ deux mètres,qu’on suppose avoir été tirée par un IndienMashco-Piro. Il a été transporté à l’hôpitalde Puerto Maldonado, une ville située à plusd’une journée de pirogue. Son état de santén’est pas encore connu.L’organisation indigène régionale FENA-MAD affirme que c’est la première fois quese produit une attaque de ce genre : ‘Il estprobable que nos frères isolés de la réserveterritoriale cherchent à agrandir leur territoi-re’, a déclaré Jaime Corisepa, le président del’organisation.Monte Salvado est situé au bord du rio Pie-dras qui est l’une des voies de pénétration

dans la réserve territoriale du Madre de Dioscréée pour les Indiens isolés en 2002. Suite àla pression exercée par les organisationsindigènes, la réserve a été définitivementfermée à la prospection pétrolière en 2009.L’exploitation forestière illégale à grandeéchelle dans cette région force les groupesisolés à fuir de l’autre côté de la frontière avecle Brésil.Les habitants de Monte Salvado restent

désormais cloîtrés dans leurs maisons pourse protéger d’éventuelles nouvelles attaqueset éviter tout contact avec ces Indiens extrê-mement vulnérables en raison de leur faiblesystème immunitaire.‘Ils sont dans nos jardins, dans nos planta-tions de manioc’, a déclaré mardi dernier lechef Teodoro Sebastián à la FENAMAD.‘Nous ne pouvons pas entrer en contact aveceux, nos outils mêmes peuvent être conta-gieux’.On estime qu’une quinzaine de groupesd’Indiens isolés vivent au Pérou. Ils sont tousmenacés de disparition par l’exploitationforestière et pétrolière qui s’étend sur plus de70% de l’Amazonie péruvienne.La FENAMAD a appelé à une réuniond’urgence et a demandé à l’INDEPA, ledépartement des affaires indigènes du gou-vernement, de prendre toutes lesmesures nécessaires pour garantir lesdroits de la communauté de Salvadoet des Indiens isolés.

L

Un enfant blessé lors d’une ‘attaque d’indiens isolés’

Des indiens lancent un SOS pour sauver leursfamilles isolées de l’extinction

A

Gabide Etacori est l'un des leaders qui alancé l'appel au nom des membres isolés desa famille.© Survival

Maisons construites par des Indiens isolés lelong du rio Curanja, au sud-est du Pérou. © C Fagan/Round River Conservation Studies

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11 agenda

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CULTURE Musique 12

Bref survol des flûtes andines… epuis les années 60 en France, nos oreilles ont puentendre le son de la quena / khena, puis des flûtes dePan (sikus ou antaras), ces flûtes andines de roseauque les disquaires appelaient (et appellent encore) souvent,sans distinction « Flûte(s) indienne(s) ». Ceux qui en jouaient,même s’ils venaient d’Amérique du sud (avec quelquesfrançais) n’étaient pas souvent « indiens » et les commentairessur les pochettes disaient très peu de chose de cette très gran-de diversité des flûtes andines, des peuples quechua et ayma-ra principalement. En France, les amateurs de musique andineont particulièrement apprécié des groupes comme celui des «Jairas » et le talent de son flutiste, Gilbert Fabre à la quena.Mais il a fallu attendre les années 1980 avec des groupescomme Bolivia Manta, par exemple, pour écouter et voir desdisques accompagnés de nombreuses photos d’instruments etde groupes de musiciens. Avec la musique, ces images et leurscommentaires faisaient découvrir la grande diversité des flûtesandines et le caractère surtout communautaire de cettemusique, les chants étant souvent en quechua. Il était alorspossible de se rendre compte que les petites formations dunéo-folklore urbain, réunissant des musiciens talentueux,certes, créatifs et même inspirés, ne permettaient pas (et pasplus aujourd’hui) d’imaginer qu’au Pérou, en Bolivie, en Equa-teur et dans les autres pays andins, ce sont souvent des groupesde plus d’une dizaine, parfois de plusieurs dizaines de flûtistes,qui jouent ensemble la même mélodie et dansent sur le mêmetype de flûte, dans 4 à 6 tailles différentes - l’ensemble desflûtes s’appelle « tropa » - comme une sorte d’orgue humainambulant, avançant et tournant aux rythmes des tambours(wancaras, bombos, cajas, etc.). En résumé : nous étions etsommes toujours trop habitués à voir (ici) un groupe demusique des Andes comme une formation réduite, chacunjouant d’un instrument différent, parfois de plusieurs : quena,quenacho, sikus, antara, charango, guitare, bombo, wancara,chajchas, maracas, etc. accordés selon les critères occidentaux.Et nous ne nous sommes pas encore habitués à considérerque les flûtes des Andes sont surtout le fait de nombreuses «tropas ». C’est aussi, bien sûr, une question de contexte, « ici »ce n’est pas « là-bas », et même là-bas, il y a une nette différen-ce entre « Musique des villes et musique des champs », selonl’expression de Xavier Bellenger (ethnomusicologue ; cf.article cité à la fin) entre un groupe citadin de néo-folklore etune « communauté dont l’expression la plus sacrée est maté-rialisée par le souffle, force qui l’anime » (cf. même article).

1) Bref aperçu des principaux types de flûtes des Andes(Pérou, Bolivie, Equateur, nord-ouest de l’Argentine, prinpa-lement ; et aussiColombie, Chili) Les exemples ci-dessous montrent que les peuples andinsconnaissent et pratiquent 4 des 5 modes d’insufflation desflûtes connus à travers le monde : flûte à encoche (quena),flûte de Pan ou syrinx (siku, antara), flûtes à bec/ à bloc/ àconduit (pinkillo, pinkuyllu, tarka, anata, mohoceños, etc.),flûtes traversières (pífanos). Les Andes sont une région dumonde où, depuis des temps immémoriaux, les flûtes pous-sent à foison ! Les seuls exemples ci-dessous démontrent clairement qu’enfait de « Flûte indienne » ou « Flûte des Andes » il faut dire :LES flûtes des Andes ! Il faut ajouter que pour chaque typede flûtes, il en existe de nombreuses variétés, selon lenombre de tuyaux, le type d’encoche, de bec ou de bloc,

selon la taille, la matière (roseau, bois, métal, céramique,pierre, os, autre) selon les danses et mélodies jouées, selon larégion, le département, la communauté, selon les saisons etles cycles agraires, etc. Celui qui écrit ces lignes n’en connaît-qu’une infime partie !

Pinkillo (flûte à bec)

Paire de Sikus (flûtes de Pan)

Tarka / Anata (flûtes à bec en bois)

Pífano (fifre, petite flûte traversière)

Rondador (Equateur)

Pifilka (Mapuche, Chili)

Gaitas ‘mâle’et ‘femelle’ (Colombie) - entre les Andes et la Caraïbe -

Quena / Quenacho (flûtes à encoche)

D

2) Une très grande variété de flûtes …

Phusi pias (famille des quenas, à 4 trous antérieurs)

Tarkas, pinkillos, almapinkillo, warinq’inaq’inas,pifano,cuecos, wacapinkillo.

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La grande famille des sikus, il faut icien exposer brièvement le principe : ils’agit de flûtes de Pan (ou syrinx) quisont jouées par paire : « siku ira » (lesiku qui mène, ‘mâle’ ; 6 tuyaux ouplus) et « siku arka » (le siku qui suit,‘femelle’ ; 7 tuyaux ou plus). Chaquesiku n’ayant que la moitié des notesest complété par l’autre siku. Le mot «Siku » viendrait d’une racine aymara quiveut dire : « questionner / répondre ». Les sikus(instruments) et sikuris (joueurs de sikus) exprimant un êtreensemble de type communautaire, chacun ne jouant qu’unepartie de la mélodie jouée par le groupe. Et aussi : dualité ‘ques-

tion/réponse’, dualité des principes‘mâle’ et ‘femelle’.3) Une musique jouée en groupe, encommunauté de souffle : les « tropas »Toutes ces flûtes sont, en général, jouéesen groupe ou « tropa ». Dans telle com-munauté, région de Puno, les instruments d’une même « tropa» sont fabriqués par le « maestro » (de nuit, en secret) pour for-mer un ensemble de flûtes de plusieurs tailles accordées entreelles, l’accord étant alors uniquement celui de cette « tropa », cequi lui donne sa « voix », reconnaissable. Au Pérou et en Boli-vie, par exemple, les orchestres regroupent souvent plus dedix musiciens, parfois plusieurs dizaines de flûtistes accompa-gnés par des tambours, quidéfilent, tournent, dansent,en union avec le cosmos. Les flûtes andines sont doncjouées dans deux types de

contextes : celui des festivités rituelles liéesaux cycles agraires (semailles, carnavals,récoltes, etc.) et d’autres fêtes traditionnelles; et celui de la tradition-création folkloriquequi s’est développée dans les villes, puisvenue jusqu’à nous en Europe, à travers lesgenres, rythmes et danses traditionnels :Huayno/ Wayñu, Yaraví / Harawi, Huaynito,Cueca, Carnavalito, Chacarera, Bailecito, Morenada, San-juanito, Danzante, Pasillo, Pasacalle, etc. Rappelons et précisons que toutes ces flûtes sont et restent,même à la suite de métissages culturels, les instruments despeuples autochtones des Andes, qui jouent de ces aérophonesau rythme des rites calendaires, pour célébrer l’harmonie avecle monde du haut, « Janaj Pacha » et le monde du bas, « UkuPacha », en communion avec la Pacha-Mama., la Terre-Mère.Ces flûtes et ceux qui en jouent ne sont pas « latinos/as », maisappartiennent d’abord aux peuples quechua, aymara, etc.Enfin, il est clair que ce qui précède ne pouvait être qu’un troprapide survol (où manquent beaucoup de choses importantes)étant donné l’immensité du sujet, tant du point de vue organo-logique (des instruments) qu’ethnomusicologique (des villageset communautés qui les fabriquent et les « vivent »). Celui quiécrit ces lignes est seulement un amateur,joueur de quena et siku (et d’autres flûtes desAndes et du monde) et ne peut que renvoyeraux musiciens et chercheurs qui pratiquent etétudient ces instruments.

A titre personnel, je peux dire que le fait desouffler dans uneflûte, surtout engroupe, en commu-nauté, est un actereligieux (qui relie)en union aumonde, au ciel et àla terre, à l’huma-nité. Vive le souffle,vive la vie !

Phusi pias, q’achwire, chuq’ela- familles des quenas et pinkillos -

Khantus

Quenacho, quena, quenilla, 3 sikus (3 tailles : sanka, malta, chuli)

Sikuris: joueurs de sikus

Toyo (2 m et plus !)

Xavier Barois est titulaire d'une maîtrise d'espagnol (Paris III). Sa passion pour l'Amérique latine etl'Amérique autochtone l'a saisi depuis tout jeune. Depuis les années 1970 il joue des flûtes andines(quena, quena-quena, siku, antara, tarka, anata, pífano) dans divers groupes musicaux en Ile-de-France. Il est également travailleur social dans le réseau du Service Social International - SSI.

« Tropa » de mohoceños

Tarkas

Musique CULTURE

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on la lengua fuera, unhombre bajito enmasca-rado entra corriendo alpaso subterráneo para peatones.Delante de sí está llevando unafuentecita de la que sube humo. Quince personas que están depie en el paso subterráneo vuel-ven sus cabezas hacia él. Elhombre pasa corriendo. Se diri-ge hacia su meta: los cuadros queestán colgados en las paredes deltúnel. Mientras pasa corriendo,les echa unos guijarritos, se vecomo si les diera una bendición. Una fra-gancia dulzona de incienso envuelve a laspersonas. El paso subterráneo entre laNassestraße y la Königstraße en el barriosur de Bonn se convirtió el viernes en unespacio público de arte. Tres artistasecuatorianos que viven y pintan en Bonncolgaron allí 26 cuadros. Anunciaron la acción por circular elec-trónica del siguiente contenido: “Elviernes a las 16 horas 30 habrá una acciónde arte (...). Los cuadros quedarán en sulugar hasta que los transeúntes se los lle-ven.” John Dolcé, uno de los tres artistasque planearon y realizaron laacción, explica: “El motivopara esta acción ha sidoque uno de mis cole-gas va a regresar aEcuador. Va adejar sus cuadrosacá, y ha queri-do exhibirlosen público.” Dice queencontrar unespacio parauna exhibiciónen Bonn es muydifícil, porque ensu mayoría soncarísimos o ya estánreservados con muchaanticipación. “Al inicio quisimos exhibir loscuadros en una pared de madera delantede una obra pública en la estación. Pero la pared ya estaba desmontada.Además está lloviendo, y en el paso sub-terráneo por lo menos nos quedamossecos.” Tiene algo de happening ver

como las pocas personas vestidas demanera alternativa se paran delante de loscuadros. El incienso sigue flotando en elaire. Entretanto, el enmascarado se haquitado la máscara. Es uno de los tres, yde hecho ha efectuado en los cuadros unaespecie de ritual de bendición con salvia ysemillas ecuatorianas. Los colores vivos de los cuadros recuer-dan pintadas murales. Algunos de loscuadros se ven como bosquejos, desen-frenados y sin estructura. Hay una granvariedad de tamaños, hay placas demadera pintadas, del tamañode una mesa plu-rifamiliar,pero

tam-biénpequeñastablas decocina pintadas,que están paradasen el suelo. Con unalambre verde, los tres artistascolocan los cuadros en las paredes. Un matrimonio, ambos tendrán unos 40años, se lleva un cuadro grande. Elhombre dice: “Nos hemos enterado dela acción por el sitio web de Rhizom

Bonn.” Rhizom es unpequeño grupo de arte y cul-tura de Bonn, de fundacióntodavía reciente. Imparteseminarios de Linux gratuitos,pero también proyecta pelícu-las en fachadas públicas en elbarrio antiguo de Bonn. JohnDolcé también ha circulado sumensaje a través del boletínelectrónico de Rhizom. Dolcéy sus colegas tuvieron algunavez un taller en el barrio sur deBonn, pero hoy en día ya nolo tienen. A pesar de ello, él ysu colega que se queda en Bonn siguentrabajando como artistas libres. ¿Volverán a organizar otra acción comola del paso subterráneo? John se encogede hombros y sonríe. Ahora lo primero que van a hacer es des-pedirse de su colega.

Stevie,Bonn, AllemaniaTraducción Johannes Mirbach

14CULTURE Exposition

C Arte subterráneo

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15 agenda

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LITTERATURE Récit

u aliento de esperanza me desper-taba los ánimos, me hacía sentirque la soledad por fin había abier-to sus brazos y me dejaría libre. Solo pen-saba en el gran error que me amenazabacada madrugada en donde solo la drogame entregaba clandestinamente el sueñoque tanto buscaba. El silencio me incomo-daba, me gritaba de vez en cuando y meexigía ahorcar todas las ideas de suicidio,su rostro tan angelical no podían vencer aldemonio que me tomaba como rehén ysolo me hacía pensar en ese químico.Tengo 23 años, hace 4 que nació mi hija.En uno de esos intentos aviesos, demonía-cos y abortivos mi mujer de 17 años falle-ció al tener una hemorragia severa y lotenía advertido, no existían los abortos de 7meses. Mi mujer murió pero vino una niñaa acompañarme, ella no murió. Ella luchócontra todo pronóstico, contra todo ins-trumento que trate de hacerle daño. Tam-bién lucho contra mí, que muchas vecesno almorzaba por verme sonreír, porverme tirado sin conciencia, sin esperan-zas, sin sueños, sin metas. Hace algunosdías tuvo fiebre, temperaturas altas queme obligaban a trabajar. Robar a tran-seúntes inocentes de mi realidad, igno-rada por todo un mundo, por toda unafamilia que al momento de tropezar medieron la espalda, nunca quisieron ayu-darme por más que les pedí. Sé que mimadre madrugaba en lágrimas y mi

padre solo la consolaba y se esforza-ba en olvidarme, criticarme y a decirque personas como yo no valennada. Trato de salir de este presenteagraviado, no puedo. Conseguí dinero suficiente paracomprar las medicinas, una cuadraantes me azotaban las frases que meofrecían ese vicio y mi cuerpo nece-sitaba su propia medicina, gasté todala plata en mi droga. Cuando regreséa casa no estaba mi hija, no sé que esde ella, por el momento no me importa. No soy pitoniso pero imagino el mañana,ya cuando los efectos se hayan despedidoy los vientos de soledad me toque pensaréen mi hija. Muchas veces dije hasta aquínomás. Hoy no puedo decir lo mismo, larealidad siempre me flagela, muchos letemen al futuro, yo le temo al presente. Elpresente se convirtió en un monstruo hacemucho tiempo, trato de poder encontrar elarma que me ayude a asesinarlo. Siemprepensé que sólo podría solucionar mis pro-blemas, y ahora estar sólo es uno de mis

problemas. El que la gente se haya ido ale-jando de mi es uno de mis grandes méri-tos, he tenido grandes y fieles consejerosque gastaron saliva en mi pero nunca quisepertenecer a sus maneras de pensar. Claro,siempre dicen que las cosas son fácilespero apuesto que ninguno de ustedespodría sobrevivir a esta crucifixión eterna,pero si esto es el infierno, cada día que des-pierto, muero al anochecer.

Juan Diego Ponce Tuesta, estudiante, cursa el 5to año de secundaria. Próximo estudiante deIng.Electronica, como a muchos, les parece extraño balancear estos dos gusto que son dospolos opuestos como el de ciencias y literatura. El arte de escribir es un hobbie, desde muypequeño solía invetar historias hasta que un día decidió de crear un blog y poder publicarcon mas frecuencia.

www.agc-creations.fr

www.europalatina.fr

S16

Papa piraña