l’écho des amériques

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Regards croisés sur la migration L’écho des Amériques L’écho des Amériques L’écho des Amériques L’écho des Amériques Regards Regards Regards Regards lycéen lycéen lycéen lycéens s s s sur les faits économiques et sociaux sur les faits économiques et sociaux sur les faits économiques et sociaux sur les faits économiques et sociaux Lycées français de Bogota, Mexico, Managua, San Salvador Lycées français de Bogota, Mexico, Managua, San Salvador Lycées français de Bogota, Mexico, Managua, San Salvador Lycées français de Bogota, Mexico, Managua, San Salvador Editorial L’écho des Amériques est un nouveau journal lycéen thématique centré sur les problématiques économiques et sociales. Encadrés par des enseignants dans différents lycées français du continent américain, les rédacteurs tenteront trois fois par an de réfléchir à des thèmes qui leur permettront de croiser leur regard et d’échanger. Pour son premier numéro, les élèves du Lycée Franco-Mexicain de Mexico, du Lycée Franco-Nicaraguayen de Managua et du Lycée Français de San Salvador ont choisi d’évoquer les phénomènes migratoires. Ils ont à travers des lectures et des entretiens, élaboré des articles très divers qui vous permettront , nous l’espérons, de mieux cerner le phénomène. Il ne s’agit bien entendu pas de traiter le sujet dans sa globalité mais d’offrir une analyse variée en fonction des rencontres effectuées par nos jeunes journalistes. Ils vous proposeront d’autre part un portrait de journaliste par numéro. Le comité de rédaction tient à remercier tout particulièrement le journal électronique « EL FARO » qui l’a autorisé à reproduire de nombreuses photos dans ce numéro. Il vous invite d’ailleurs à vous diriger vers sa page web consacrée au thème de la migration. Le comité de rédaction invite enfin les autres lycées du continent à le rejoindre afin de diversifier toujours plus les regards ! Bonne lecture à tous ! Comité de rédaction :Lycée Français de San Salvador : Cristina Kuri, Pamela Favre, Michelle Favre, Andrea Mejia, Javier Orellana, Gabriela Ramirez, Pamela Ramirez Professeurs coordinateurs : Pierre Patinec, Vincent Fiorello Lycée Franco-Mexicain : Maria José Rocha, Eric Martinez, Karen Paloma Sanchez, Margaux Van Wetswinkel, Stéphanie Garcia, Désirée Cousin Professeurs coordinateurs : Françoise Perrudin, Sylvie Guetienne, Philippe Herry Lycée Franco-Nicaraguayen : Luciana Tellez Chavez, Daniel Zavala Porras Professeur coordinateur : Thierry Maire Directeur de publication : Pierre Patinec (Lycée Français du Salvador) Courriel : [email protected] N°1 N°1 N°1 N°1 MARS MARS MARS MARS 2009 2009 2009 2009

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Regards lycéen lycéens sur les faits économiques et sociaux Lycées français de Bogota, Mexico, Managua, San Salvador

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Page 1: L’écho des Amériques

Regards croisés sur la migration

L’écho des AmériquesL’écho des AmériquesL’écho des AmériquesL’écho des Amériques RegardsRegardsRegardsRegards lycéenlycéenlycéenlycéens s s s sur les faits économiques et sociauxsur les faits économiques et sociauxsur les faits économiques et sociauxsur les faits économiques et sociaux

Lycées français de Bogota, Mexico, Managua, San SalvadorLycées français de Bogota, Mexico, Managua, San SalvadorLycées français de Bogota, Mexico, Managua, San SalvadorLycées français de Bogota, Mexico, Managua, San Salvador

Editorial

L’écho des Amériques est un nouveau journal lycéen thématique centré sur les problématiques économiques et sociales. Encadrés par des enseignants dans différents lycées français du continent américain, les rédacteurs tenteront trois fois par an de réfléchir à des thèmes qui leur permettront de croiser leur regard et d’échanger. Pour son premier numéro, les élèves du Lycée Franco-Mexicain de Mexico, du Lycée Franco-Nicaraguayen de Managua et du Lycée Français de San Salvador ont choisi d’évoquer les phénomènes migratoires. Ils ont à travers des lectures et des entretiens, élaboré des articles très divers qui vous permettront , nous l’espérons, de mieux cerner le phénomène. Il ne s’agit bien entendu pas de traiter le sujet dans sa globalité mais d’offrir une analyse variée en fonction des rencontres effectuées par nos jeunes journalistes. Ils vous proposeront d’autre part un portrait de journaliste par numéro. Le comité de rédaction tient à remercier tout particulièrement le journal électronique « EL FARO » qui l’a autorisé à reproduire de nombreuses photos dans ce numéro. Il vous invite d’ailleurs à vous diriger vers sa page web consacrée au thème de la migration. Le comité de rédaction invite enfin les autres lycées du continent à le rejoindre afin de diversifier toujours plus les regards ! Bonne lecture à tous !

Comité de rédaction :Lycée Français de San Salvador : Cristina Kuri, Pamela Favre, Michelle Favre, Andrea Mejia, Javier Orellana, Gabriela Ramirez, Pamela Ramirez Professeurs coordinateurs : Pierre Patinec, Vincent Fiorello Lycée Franco-Mexicain : Maria José Rocha, Eric Martinez, Karen Paloma Sanchez, Margaux Van Wetswinkel, Stéphanie Garcia, Désirée Cousin Professeurs coordinateurs : Françoise Perrudin, Sylvie Guetienne, Philippe Herry Lycée Franco-Nicaraguayen : Luciana Tellez Chavez, Daniel Zavala Porras Professeur coordinateur : Thierry Maire Directeur de publication : Pierre Patinec (Lycée Français du Salvador) Courriel : [email protected]

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L’écho des Amériques N° N°1 Mars 2009

La face cachée de l’immigration choisie D’après le Rapport 2008 sur l’état de la migration dans le monde1, il existe à l’heure actuelle plus de 200 millions de personnes en état migratoire. Et toujours dans le même rapport, il est estimé que pendant les quatre prochaines décennies il y aura suffisamment de travailleurs migrants du monde en développement pour satisfaire les besoins en main d’œuvre des pays développés. Or, si l’on observe les politiques migratoires de ces pays, depuis au moins les vingt dernières années on assiste à une sélectivité dans l’immigration, basée sur des principes en apparence économiques: c’est ce que politiciens et sociologues appellent « immigration choisie ». Ce choix des gouvernements, à accepter ou refuser l’entrée à tel ou tel groupe particulier, est devenu un des grands débats de société, tant en Europe qu’aux États-Unis : quels sont les manifestations et les fondements de l’immigration choisie ?

La fuite des cerveaux : refuser au Tiers-Monde le droit au développement

Selon une interview de 2006 réalisée par le Journal Marianne2 à l’ex-Président de la Commission de l’Union Africaine, Alpha Oumar, « Chaque année, plus de 25000 diplômés, dans tous les domaines, quittent l’Afrique. » L’exemple de l’Afrique, un continent très touché par la fuite des cerveaux, (de l’anglais brain drain), est assez représentatif de ce phénomène qui consiste à attirer vers un pays développé des travailleurs hautement qualifiés (recherche, industrie de pointe) ou des étudiants méritoires, de nations où les options professionnelles sont moindres. Cela permet d’augmenter le rayonnement scientifique ou culturel du pays d’accueil. Ces « fuites de cerveaux » peuvent avoir des effets dévastateurs dans bien des pays, comme c’est le cas de l’Afrique, où, faute de possibilités économiques ou académiques, ses États perdent la minorité de jeunes éduqués, qui partent vers des territoires plus « attrayants » en termes d’options. Ces derniers sont alors énormément favorisés quant à la recherche et l’industrie, tant dans le public que dans le privé : c’est ce qui explique que 30% des doctorants aux USA soient des étudiants internationaux.3

1. International Organization for Migration

2. Marianne, 25 avril-5 mai 2006 3. US Doctorates in the 20th Century,

National Science Foundation

4. US bureau of Labor Statistics

Tolérance ou délocalisations? Bien que les États-Unis profitent des migrants, notamment grâce aux centaines de chercheurs qualifiés, les contrôles de surveillance à la frontière du Mexique sont extrêmement agressifs. Parallèlement à la vague de délocalisations, qui dirige les entreprises au Mexique, pour profiter des bas salaires mexicains, les services de contrôle et la population, souvent issue des classes moyennes blanches, se chargent de tirer sur tout immigrant illégal qui prend le risque de traverser la frontière sud. Pourtant les travailleurs qui réussissent le passage, peu ou non qualifiés et évidemment sans ressources, deviennent alors le soutien de l’économie4 : ce sont les ouvriers dans les grandes usines, les employés de l’hôtellerie et du tourisme, les petits agriculteurs ; enfin, ceux qui occupent les places à rémunération minimale et aux mauvaises conditions de travail.

Mais ce n’est pas seulement le cas des USA. Au Royaume-Uni une situation semblable se produit, surtout avec les travailleurs des anciennes colonies anglaises (Asie majoritairement).L’entrée est très limitée, et certaines protestations contre les étrangers, notamment d’Europe de l’Est, circulant librement grâce à l’espace Schengen, se multiplient. Simultanément, nombre de firmes américaines et anglaises se délocalisent, pour s’implanter dans ces pays à l’économie de marché récente et à la main d’œuvre sous-payée. Un autre cas, l’Espagne, où de nombreux travailleurs irréguliers sont attaqués et répudiés par des partis politiques et des ligues xénophobes. Avec l’instabilité politique qui resurgit dans les DOM-TOM et la crise économique qui l’accompagne, la France se trouve dans une situation de redéfinition de la question postcoloniale et migratoire. À presque deux ans du gouvernement de Nicolas Sarkozy, dont un des slogans de campagne était l’immigration choisie, il est important de clarifier le sens du terme. Peut-être que l’on aura plus de réponses lors de la visite du président au Lycée Franco-Mexicain, le 9 mars prochain…

Eric Martinez Tomasini 1 ère S3 Lycée Franco-Mexicain

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El Salvador : Une politique migratoire évolutive Historiquement, la position du gouvernement en matière de politique migratoire a eu tendance à s’adapter aux variations du volume de migrants. La position du gouvernement salvadorien sur la question des politiques migratoires a évolué en fonction de la variation des flux migratoires. En fait, les flux migratoires se sont accrus, notamment à partir des années 1980. La crise économique des années 1970 et le conflit armé des années 1980 ont eu une forte incidence sur les raisons qui incitent les salvadoriens à migrer vers les USA. Il s’agissait alors, à n’en pas douter d’obtenir des revenus plus importants, mais aussi d’améliorer ses conditions de vie en échappant enfin à la violence. Dans les années 1980, la politique migratoire n’a pas été une préoccupation prioritaire des dirigeants en raison du conflit armé. Plus tard, au début des années 1990, avant l’installation de l´administration Flores, le gouvernement avait une politique migratoire très conjoncturelle. Les migrants salvadoriens bénéficièrent ainsi d´un Temporary Protected Status ou d´un statut de protection temporaire (TPS). Le premier TPS avait une validité de 2 ans. Le deuxième TPS sera institué après les tremblements de terre de janvier et février 2001 : c’est en effet à cette occasion que le gouvernement salvadorien demande au gouvernement des Etats-Unis un nouveau TPS, obtenant ainsi une sorte de prorogation du premier. Le président Francisco Flores (1999-2004), en créant la Direction générale pour l´attention aux communautés extérieures (DGACE) engage une politique migratoire affirmée. Du coup, la façon de percevoir l´enjeu migratoire se transforme institutionnellement. La DGACE est une unité spécialisée du Ministère des Relations Extérieures dont l’objectif principal est de renforcer les liens avec les concitoyens résidant hors du pays. Elle a pour but de les associer au processus de développement national dans les domaines culturel, social,

financier et économique. Il s’agit notamment d’inciter les salvadoriens à investir dans leur pays d’origine. Dans un même temps, le rôle diplomatique des consulats évolue, et présente alors, progressivement, une fonction plus sociale, plus humanitaire. Cette réorientation suit l´exemple mexicain : les autorités offrent des formations spécialisées et plus adaptées aux besoins des migrants. Avec l´administration du président Antonio Saca (depuis 2004) l´action du gouvernement précédent s´institutionnalise d´autant plus. Le 1er Juin 2004 est créé le Vice Ministère des Relations Extérieures pour les salvadoriens à l´extérieur. Il cherche à défendre les droits des salvadoriens vivant à l’étranger et à développer les opportunités de renforcer leurs liens avec leur pays d’origine. Il centre son action sur le respect des droits des migrants et l´assistance légale. De nombreux migrants sont en effet victimes d’agression et la police leur fait parfois subir de très fortes pressions. Le programme vise d’autre part à favoriser la stabilité familiale et la réunification familiale tout en offrant une assistance sociale et humanitaire. La dimension économique du projet est enfin renforcée car le pays cherche à profiter des salvadoriens résidant à l’étranger pour consolider son économie et développer son potentiel productif. La conscience que toute décision prise à El Salvador a un impact considérable sur les conditions de vie des salvadoriens à l´extérieur est nécessaire. Le Vice minist²ère des relations extérieures pour les salvadoriens à l´extérieur essaye de faire comprendre aux autres ministères que la question migratoire les concerne aussi. Ceci est, d´après le Vice ministère essentiel pour comprendre l´enjeu migratoire. Gabriela Ramirez TES Lycée Français du Salvador

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L’écho des Amériques N°1 Mars 2009

Le Mexique : zone d’immigration. Actuellement, l’immigration représente

un problème d’échelle mondiale. Sur ce sujet, le Mexique est un pays qui a subi les effets de l’immigration très tôt et dont les réformes migratoires ont été vite dépassées.

L’origine de l’immigration au Mexique

est liée à l’histoire du pays. Le Mexique est donc un pays multiethnique avec les indiens, les européens mais aussi avec les esclaves qu’ils ont amenés.

Le Mexique a aussi joué un rôle de refuge pour ceux qui échappaient aux horreurs de divers conflits politiques nés dans leurs pays d’origine.

La situation actuelle du Mexique est

aujourd’hui bien différente. Même si l’immigration européenne est encore présente, l’immigration prédominante est celle des pays voisins et elle est majoritairement illégale. D’autre part, les buts sont différents: les immigrants sont à la recherche d’une amélioration de leur niveau de vie. Ils utilisent le pays comme une voie pour arriver aux États Unis et ainsi atteindre leur « rêve américain ».

Même si de nombreuses réformes

migratoires sont en cours pour aider les immigrants, les mauvais traitements auxquels ils sont soumis sont en train d’augmenter. Quelle est l’explication de ce phénomène? D’après une enquête réalisée par IPSOS-BIMSA sur des citoyens mexicains et américains, ce sont les premiers qui se montrent les moins enthousiastes à accepter les immigrants provenant du sud.

L’attitude des mexicains est donc peut-

être une sorte d’imitation de l’attitude des États-Unis. C’est pourquoi le gouvernement mexicain est face au défi d’établir des réformes répondant à la situation actuelle des immigrants. Il doit rappeler l’enrichissement culturel et le soutien économique que les immigrants apportent au pays.

Un défi qui est amplifié en période de crise car les messages sont peu entendus et les étrangers sont malheureusement,

trop souvent, perçus comme des responsables.

Karen Paloma Sánchez 1S3 Lycée Franco-Mexicain

Photo: El Faro www.elfaro.net

Des guatémaltèques traversant la frontière vers le Mexique

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Hispaniola : un concentré des problèmes migratoires

République Dominicaine, Haïti, deux pays et en même temps deux mondes opposés réunis sur une même ile: Hispaniola. Ce morceau de terre présente le problème de l’immigration à une échelle réduite. Quelles sont les raisons de l’immigration haïtienne? En quoi ces pays illustrent bien le problème de l’immigration? Quels sont les enjeux de cette immigration ? Voila quelques questions qu’on peut se poser vis-à-vis de l’ile d’Hispaniola.

Située dans la mer des caraïbes, Hispaniola est occupée à deux tiers par la République Dominicaine, qui regroupe environ 8 442 533 personnes. L’autre tiers c’est Haïti. Un des pays les plus pauvres de la planète.

La République Dominicaine a connu la dictature, avec Rafael Leónidas Trujillo Molina. Cela ne s’est achevé qu’en 1961 avec la mort du dictateur, commémorée par ‘’la Fiesta del chivo’’. Actuellement c’est Leonel Fernandez, membre du parti de centre droit PLD, qui dirige cette nation. L’économie de celle-ci dépend majoritairement du tourisme et de l’agriculture ainsi que des envois d’argent de l’étranger (soit 1,5 milliards de dollars en 2000).

Haïti, ancienne colonie française, est aujourd’hui dirigée par René Préval. Il s’agit du pays le plus pauvre de l’Amérique (70% de la population vit dans la pauvreté). L’économie du pays se base encore aujourd’hui sur l’agriculture. Cette économie est freinée par des phénomènes tels que le ‘’brain drain’’ Beaucoup de ceux qui pourraient faire avancer le pays ne pensent qu’à migrer car ils ne trouvent aucune opportunité sur leur terre.

Ces deux pays sont bien opposés, l’un intégré à la mondialisation par des envois d’argent et des flux de personnes, l’autre vivant dans l’extrême pauvreté avec des habitants rêvant de se procurer une meilleure vie. Cela permet de comprendre la migration entre Haïti et la République Dominicaine. Il s’agit en fait du ‘’rêve dominicain’’ si on ose dire.

L’immigration haïtienne date du début du XX siècle, lorsque la production croissante de sucre a permis aux haïtiens d’obtenir des emplois dans l’agriculture. Peu à peu l’immigration s’est diversifiée grâce au développement du tourisme ainsi que d’autres secteurs. On compte a peu près

1 million d’haïtiens vivant en République Dominicaine actuellement. A travers l’immigration, les haïtiens cherchent un emploi et une sécurité qu’ils ne peuvent trouver dans leur pays. Cependant cela aboutit à des excès de la part de la République Dominicaine qui profite de l‘illégalité des immigrants pour les surexploiter (15 heures de travail par jour = 1 tonne de canne = 1 euro en ticket de rationnement) tout en maximisant leurs profits et en donnant l’image d’un pays compétitif mais qui en réalité n’offre même pas de droit d’éducation et de santé aux individus qui permettent sa croissance. Ces abus ont été dénoncés par de nombreuses institutions internationales telles que l’Organisation Internationale du Travail. De plus, les haitiens sont victimes de marginalisation et de ségrégation. Ils ne font donc que passer de la pauvreté à l’esclavage. Le fait que l’immigration haïtienne continue permet de se faire une idée de l’état dans lequel vivent les haïtiens dans leur pays. Ils préfèrent être des esclaves sans droits que de rester à Haïti.

Si on compare cette situation avec l’immigration qui a lieu entre le Mexique et les Etats-Unis, on se rend compte que l’ile de l’Hispaniola n’est qu’une représentation à petite échelle du problème des inégalités et de l’immigration. Ceci permet de dire que l’immigration où qu’elle se trouve, est liée aux mêmes raisons et que le rêve qu’il soit américain européen ou dominicain ne reste qu’un rêve. Même en se procurant une vie meilleure, on finit par vivre dans l’obscurité, le mépris des autres, l’esclavage, le manque de droits fondamentaux.

Désirée Cousin Tes 1 Lycée Franco-Mexicain

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L’Arkansas, nouvelle terre promise?

De 2000 à 2005, l’Arkansas est l’Etat américain qui a connu le plus fort taux de croissance de la population hispanique des Etats Unis. Etrange pour un état au passé raciste où les “Rednecks” et le “Ku Klux Klan” ont bien souvent défrayé la chronique. Cependant, bien qu’elle se soit accrue de 48% en 5 ans, la population hispanique de l’Etat ne représentait en 2005 que 1,9% de la population totale.

En 5 ans, plusieurs comtés du Nord-Est de l’Arkansas ont vu doubler le nombre de latinos. Dans ces comtés, la culture hispanique a émergé : fêtes, restaurants, coutumes, etc. modifiant progressivement l’identité de ces villes. Les Latinos arrivent dans le Nord-Est de l’Arkansas en quête d’une meilleure vie et du fameux rêve américain, souvent dans l’illégalité (51% des immigrants de l’Arkansas en 2005)

Capitale mondiale du poulet La zone offre beaucoup d’emplois dans l’agriculture, dans la construction, mais surtout dans l’industrie de la production de poulet et de viande. En effet, à Springdale, un des comtés du Nord-est de l’Arkansas, on trouve le siège principal de Tyson Foods, premier exportateur de bœuf américain. La ville est même connue comme la “Capitale Mondiale du Poulet”.

Le flux constant d’immigrants,

principalement dans les villes du Nord-est a incité les autorités à mettre en place des politiques adaptées aux nouveaux habitants, qui souvent ne parlent pas l’anglais. On a ainsi créé des écoles dédiées exclusivement à l’accueil des immigrants afin de favoriser l’apprentissage de la langue et de la culture. En 1990, il y avait 86 élèves d’origine hispanique dans les écoles de Springdal. Il y en a

à présent, plus de 6 000. Les élèves viennent même du Texas et de Californie.

Springdale a par exemple connu une hausse de 35% de sa population latine, mais elle est de loin la ville la moins touchée. La ville de Rogers a vu sa population latine passer de 5 000 habitants à 15 000, au point de représenter environ un tiers de la population totale. Le comté de Benton a connu une croissance de 100.1% en 5 ans, et celui de Washington a connu une croissance de 86%. Ces résultats sont d’autant plus logiques que Tyson Foods emploie 22 000 personnes en Arkansas. Sur ces 22 000 employés, 8 000 travaillent dans les comtés de Washington et de Benton, et à peu près un tiers d’entre eux est d’origine hispanique. Pilgrim’s Pride est une autre entreprise qui travaille dans l’industrie avicole. 50% des employés sont des immigrants, et une large majorité sont d’origine hispanique. Dans les entreprises de la région, les salaires varient en moyenne entre 10 $ de l’heure pour les personnes qui travaillent dans la production à 13-15 $ de l’heure pour les personnes qui travaillent dans l’entretien de l’entreprise. Jusqu’il y a environ 3 ou 4 ans, ces entreprises étaient la principale source de travail dans la zone, mais des nombreux contrôles migratoires ont rendu ces emplois de moins en moins attractifs pour les immigrants illégaux. Ils se sont alors dirigés vers les emplois dans le secteur de la construction et des services. Contrairement à une idée reçue, l’adaptation des immigrants latino-américains a été rapide. La population locale (principalement WASP, White Anglo-Saxon Protestant) semble apprécier ces nouveaux habitants. Le maire de la ville de Rogers a affirmé récemment « Les gens qui arrivent ici ont bon cœur, sont de bons travailleurs et formulent le même rêve que celui de mes ancêtres, améliorer leur sort et celui de leur famille ». Des blogs racistes ont cependant vu le jour et ce phénomène migratoire récent n’est pas du gout de tous. Reste donc à savoir si la crise économique à laquelle le monde fait face à présent n’affectera pas les bonnes relations entre les communautés. Le chômage progresse très rapidement et les américains sont de plus en plus disposés à travailler dans des secteurs jusqu’alors dénigrés. Les hispaniques pourraient de ce fait se retrouver en concurrence avec des travailleurs qu’ils n’avaient jusqu’à présent côtoyés. Andrea Mejia TS Lycée Français de San Salvador

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L’écho des Amériques

El Salvador : Le “boom” migratoire des années 1980 Il y a 30 ans débutait civile à El Salvador. Dès 1980, une majorité de Salvadoriens choisit de migrer pour échapper au conflit armé qui oppose l’armée nationale à une guérilla de gauche. Cet évènement vient renforcer un mouvement migratoire déjà significatif. Bien avant le conflit, la misère et les politiques agraires poussaient certains à rechercher ailleurs des conditions de vie plus dignes. Dès la mise en place de la première constitution de la République Salvadorienne en 1824, le gouvernement salvadorien va s’inspirer du modèle de développement des Etats-Unis. Cependant le déséquilibre dans la répartition des richesses s’accentue rapidement. Le rejet de la politique Américaine, et l’injustice sociale très fortement ressentie (une minorité de salvadoriens détient alors, à elle seule, la presque totalité des terres cultivables) étaient déjà des causes de départs du territoire Salvadorien. En effet, les populations indigènes et paysannes se trouvaient fréquemment soumises à des conditions de précarité économique du fde la privatisation des moyens de production. Ainsi, durant les années 1950 et 1960, le flux de salvadoriens migrants vers le Honduras n’a cessé d’augmenter suite au développement de la culture du coton. Chassés de leur terre les familles de paysans rejoignent les plantations de bananes du pays voisin. Avec la guerre, l’émigration explose La guerre civile va durer 12 ans (1980et va avoir des conséquences majeures sur les flux migratoires. Des centaines de milliers de salvadoriens vont rapidement tenter de fuir le pays. Les départements présentant les taux d’émigration les plus élevés sont ceux les plus touchés par le conflit (Chalatenango au Nord du pays, et les départements de l’Est tels San Vicente, Usulután, Morazán, Cabañas et Cuscatlán)

L’écho des Amériques N° N°1 Mars 2009

: Le “boom” migratoire des années

Il y a 30 ans débutait la guerre civile à El Salvador. Dès 1980, une majorité de Salvadoriens choisit de migrer pour échapper au conflit armé qui oppose l’armée nationale à une guérilla de gauche. Cet évènement vient renforcer un mouvement migratoire déjà

nt le conflit, la misère et les politiques agraires poussaient certains à rechercher ailleurs des conditions de vie

Dès la mise en place de la première constitution de la République Salvadorienne en 1824, le gouvernement salvadorien va

irer du modèle de développement des Unis. Cependant le déséquilibre dans

la répartition des richesses s’accentue rapidement. Le rejet de la politique Américaine, et l’injustice sociale très fortement ressentie (une minorité de

alors, à elle seule, la presque totalité des terres cultivables) étaient déjà des causes de départs du territoire Salvadorien. En effet, les populations indigènes et paysannes se trouvaient fréquemment soumises à des conditions de précarité économique du fait de la privatisation des moyens de production. Ainsi, durant les années 1950 et 1960, le flux de salvadoriens migrants vers le Honduras n’a cessé d’augmenter suite au développement de la culture du coton. Chassés de leur terre les familles de

joignent les plantations de

Avec la guerre, l’émigration explose

La guerre civile va durer 12 ans (1980-1992) et va avoir des conséquences majeures sur les flux migratoires. Des centaines de milliers de salvadoriens vont rapidement tenter de fuir le pays. Les départements présentant les taux d’émigration les plus

sont ceux les plus touchés par le conflit (Chalatenango au Nord du pays, et les départements de l’Est tels San Vicente, Usulután, Morazán, Cabañas et Cuscatlán) ;

tandis que San Salvador, Sonsonate et La Libertad (à l’Ouest) constituent les principaux départements d’accueil de ceux qui fuient le climat de guerre. Les Etats-Unis, le Canada et l’Australie sont alors les destinations extérieures préférées des Salvadoriens qui abandonnent leur patrie à la recherche de paix et de nouvelles opportunités. En effet, les Etatsadoucissent leur politique migratoire en ouvrant grandes leurs portes aux réfugiés de guerre qui réclament l’asile politique. A cette époque, les Etats-Unis vont accueillir 50% des Salvadoriens qui y résident actuellement. (voir article sur le TPS La guerre pousse les parents (principalement de la zone rurale de El Salvador) à avoir recours à tous les moyens, légaux et illégaux, pour aider leurs enfants à quitter le territoire en crise. Il s’agit surtout des garçons que la guérilla et tentent d’enrôler, souvent de force. Les années 1980 constituent de fait une période particulièrement instable et critique pour El Salvador, pendant laquelle se développe un nouveau type d’émigrationforcée, contrainte par la guerre.La fin de la guerre en 1992 ne mettra pas pour autant un terme au flux migratoire.

Cristina Kuri TES Lycée Français du Salvador

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N° N°1 Mars 2009

: Le “boom” migratoire des années

tandis que San Salvador, Sonsonate et La Libertad (à l’Ouest) constituent les

artements d’accueil de ceux qui fuient le climat de guerre.

Unis, le Canada et l’Australie sont alors les destinations extérieures préférées des Salvadoriens qui abandonnent leur patrie à la recherche de paix et de nouvelles

fet, les Etats-Unis adoucissent leur politique migratoire en ouvrant grandes leurs portes aux réfugiés de guerre qui réclament l’asile politique. A

Unis vont accueillir 50% des Salvadoriens qui y résident

sur le TPS)

La guerre pousse les parents (principalement de la zone rurale de El Salvador) à avoir recours à tous les moyens, légaux et illégaux, pour aider leurs enfants à quitter le territoire en crise. Il s’agit surtout des garçons que la guérilla et l’armée tentent d’enrôler, souvent de force. Les années 1980 constituent de fait une période particulièrement instable et critique pour El Salvador, pendant laquelle se développe un nouveau type d’émigration : l’émigration forcée, contrainte par la guerre. La fin de la guerre en 1992 ne mettra pas pour autant un terme au flux migratoire.

Cristina Kuri TES Lycée Français du

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L’écho des Amériques

Luis MIRANDA goût amer

Migrer illégalement aux Etatsvoyage est long, risqué et souvent coûteux. Luis Miranda, est parti cinq fois à la conquête de son rêve américain entre 1997 et 2006. Son dernier voyage lui a laissé un goût amer.

Les lunettes de soleil masquent un visage rayonnant et aujourd’hui apaisé. Luis Miranda (46 ans) n’a pas toujours affiché ce bien être durant ses voyages et séjours illégaux aux EtatsFuyant une situation économiqueffectue son premier voyage accompagné de son cousin en 1993. Ils cherchent alors à rejoindre son frère, chef dans un restaurant latino et installé légalement aux Etats-Unis dans la région de New York. Le premier voyage par voie terrestre djours depuis San Salvador et se déroule sans véritable problème. Le passage de la frontière américaine est évidemment le moment le plus long et le plus risqué. Il faut parfois attendre des jours avant de bénéficier d’une opportunité. Son premier séjour en Amérique du nord va durer 1 an et 4 mois. Il travaille alors dans un restaurant latino et gagne environ 2000 dollars par mois en travaillant près de 10 heures par jour. Il retournera au Salvador par avion à trois reprises fuyant le climat froid et désireux de retrouver sa famille.Lors de son 5ème et dernier voyage, il décide de partir avec un « coyote » et le paye 5000 $. Il part avec 26 personnes et Luis considère cette traversée comme la pire de toutes « Je me rappelle des longues journées sousoleil ardent, la soif, la faim, les animaux surtout les serpents et les centaines de cadavres qu’on a vus tout au long du voyage ». Son parcours dans le désert est douloureux, il y reste 3 jours et subit des traitements inhumains de la part du «et de la « migración » qui les guette jour et nuit. Finalement, il réussit à rejoindre les USA et travaille de nouveau dans un restaurant latino.La discrimination des américains envers les latinos et le racisme géneral envers les «américains » l’oblige à s’isoler dans son «Il n’adoptera jamais les coutumes de son « nouveau pays » de résidence et se contentera de son « ingles callejero ». Luis Miranda évoque avec amertume le sort partagé avec ses

Michelle Fa vre et Pamela Ramirez S

L’écho des Amériques N° N°1 Mars 2009

: Les Etats– Unis ou un rêve au

Migrer illégalement aux Etats-Unis est le sort quotidien de nombreux salvadoriens. Le voyage est long, risqué et souvent coûteux. Luis Miranda, est parti cinq fois à la conquête de son rêve américain entre 1997 et 2006. Son dernier voyage lui a laissé un

Les lunettes de soleil masquent un visage rayonnant et aujourd’hui apaisé. Luis Miranda (46 ans) n’a pas toujours affiché ce bien être durant ses voyages et séjours illégaux aux Etats-Unis. Fuyant une situation économique précaire, Il effectue son premier voyage accompagné de son cousin en 1993. Ils cherchent alors à rejoindre son frère, chef dans un restaurant latino et installé

Unis dans la région de New York. Le premier voyage par voie terrestre dure 16

depuis San Salvador et se déroule sans véritable problème. Le passage de la frontière américaine est évidemment le moment le plus long et le plus risqué. Il faut parfois attendre des jours avant de bénéficier d’une opportunité. Son

jour en Amérique du nord va durer 1 an et 4 mois. Il travaille alors dans un restaurant latino et gagne environ 2000 dollars par mois en travaillant près de 10 heures par jour. Il retournera au Salvador par avion à trois reprises fuyant le

désireux de retrouver sa famille. et dernier voyage, il décide de

» et le paye 5000 $. Il part avec 26 personnes et Luis considère cette

: Je me rappelle des longues journées sous le

soleil ardent, la soif, la faim, les animaux surtout les serpents et les centaines de cadavres qu’on a

Son parcours dans le désert est douloureux, il y reste 3 jours et subit des traitements inhumains de la part du « coyote »

» qui les guette jour et nuit. Finalement, il réussit à rejoindre les USA et travaille de nouveau dans un restaurant latino. La discrimination des américains envers les latinos et le racisme géneral envers les « autres

» l’oblige à s’isoler dans son « barrio ». Il n’adoptera jamais les coutumes de son

» de résidence et se contentera ». Luis Miranda évoque

avec amertume le sort partagé avec ses

compagnons d’infortunemoins considérés que des cafards ». Les conditions de travail sont évidemment très difficiles en particulier dans l’usine de découpe de poulets (pièces fermées, absence de protection sociale, durée du travail, rémunération inférieure à la moyenne…) Malgré ces difficultés, Luis précise qu’il gagnait 15 fois plus qu’au Salvador. Il parvenait à transférer près de 60% de ses revenus à sa famille (ce qui lui a permis de construire une maison à San Salvador). Il partageait un appartement de 2 pièces avec trois autres centroaméricains. La vie d’illégal était cependant angoissante car il craignait à tout moment d’être pris par la police. C’est justement ce qui lui arrive en 2006.Il travaille alors 9 h par jour depuis 7 mois dans un restaurant lorsqu’il est contrôlé en pleine rue par la police migratoire, arrêté et emprisonné (48 jours à New-York et 45 jours à San Antonio).Il est finalement renvoyé au Salvador et il lui est interdit de retourner aux EtatsLuis Miranda n’a aucune intentil’expérience et conseille d’ailleurs vivement à ceux qui pensent entamer le voyage, pour faire face à la crise, de ne pas partir.

vre et Pamela Ramirez S econde Lycée Français du Salvador

«moins considérés que

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N° N°1 Mars 2009

Unis ou un rêve au

Unis est le sort quotidien de nombreux salvadoriens. Le voyage est long, risqué et souvent coûteux. Luis Miranda, est parti cinq fois à la conquête de son rêve américain entre 1997 et 2006. Son dernier voyage lui a laissé un

compagnons d’infortune : « Là bas, nous étions moins considérés que des cafards ». Les conditions de travail sont évidemment très difficiles en particulier dans l’usine de découpe de poulets (pièces fermées, absence de protection sociale, durée du travail, rémunération inférieure à la

Malgré ces difficultés, Luis précise qu’il gagnait 15 fois plus qu’au Salvador. Il parvenait à transférer près de 60% de ses revenus à sa famille (ce qui lui a permis de construire une maison à San Salvador). Il partageait un appartement de 2

c trois autres centroaméricains. La vie d’illégal était cependant angoissante car il craignait à tout moment d’être pris par la police. C’est justement ce qui lui arrive en 2006. Il travaille alors 9 h par jour depuis 7 mois dans un

t contrôlé en pleine rue par la police migratoire, arrêté et emprisonné (48 jours à

York et 45 jours à San Antonio). Il est finalement renvoyé au Salvador et il lui est interdit de retourner aux Etats-Unis durant 10 ans. Luis Miranda n’a aucune intention de renouveler l’expérience et conseille d’ailleurs vivement à ceux qui pensent entamer le voyage, pour faire face à la crise, de ne pas partir.

« Là bas, nous étions moins considérés que

des cafards »

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L’écho des Amériques

Cholos : un destin entre pepsi et nopal

« Mon spanglish, mon pantalon trop grand, cette grande veste que je ne quitte jamais et mon chapeau italien me définissent. Je ne suis ni américain ni mexicain. Je suis un pachuco. Ma vie est une contradiction permanente. Je refuse d’appartenir a un endroveux « l’american way of life»« nopal power ». Je suis en crised’identité. »

C’est le cri des immigrés. Celui des années 40 mais aussi celui des générations actuelles coincées entre deux cultures fortes qui pourtant ne les absorbent pas totalement.

Nos ancêtres les pachucos

Avec nostalgie, on se remémore aujourd‘hui les pachucos, mais il ne s’agit plus que d’un style vestimentaire original. Ils restent cependant les ancêtres des cholos, ces mexicain des Etatsprovenant d’un milieu pauvre qui ont tendance à s’unir avec d’autres jeunes ayant les même origines qu’eux. Avec une identité très forte, ils manifestent leur situation tel Tin Tan il y a un demi

Germán Valdés Tin Tan, acteur mexicain de cinéma, eu beaucosuccès surtout au sein des jeunes pendant les années quarante. En effet, c’est lors d’une visite a Ciudad Juarez qu’il rencontra de jeunes pachucos et qu’il se lia tellement d’amitié avec eux qu’il adopta leur style vestimentaire et leur idéologie jusqu’ à devenir luisymbole de cette contre culture.(photo cicontre)

Les pachucos imposèrent une mode mais aussi un langage, le « spanglish » qui est aussi appelé « pachuquismo », une forme d’argot qui fusionne des mots et des phrases de façon créative et très originale entre l’espagnol et l’anglais. Des mots tels que « trocka », « wey », « chale . Ces mots sont utilisés aujourd’hui dans le langage de tous les jours

L’écho des Amériques N°1 Mars 2009

: un destin entre pepsi et nopal

Mon spanglish, mon pantalon trop grand, cette grande veste que je ne quitte jamais et mon chapeau italien me définissent. Je ne suis ni américain ni mexicain. Je suis un pachuco. Ma vie est une contradiction permanente. Je refuse d’appartenir a un endro it. Je

l’american way of life» , avec le Je suis en crise ! Crise

C’est le cri des immigrés. Celui des années 40 mais aussi celui des générations actuelles coincées entre deux cultures fortes qui pourtant ne les

Nos ancêtres les pachucos

Avec nostalgie, on se remémore aujourd‘hui les pachucos, mais il ne s’agit plus que d’un style vestimentaire original. Ils restent cependant les ancêtres des cholos, ces mexicain des Etats-Unis,

d’un milieu pauvre qui ont tendance à s’unir avec d’autres jeunes ayant les même origines qu’eux. Avec une identité très forte, ils manifestent leur situation tel Tin Tan il y a un demi-siècle.

Germán Valdés Tin Tan, acteur mexicain de cinéma, eu beaucoup de succès surtout au sein des jeunes pendant les années quarante. En effet, c’est lors d’une visite a Ciudad Juarez qu’il rencontra de jeunes pachucos et qu’il se lia tellement d’amitié avec eux qu’il adopta leur style vestimentaire et leur

à devenir lui-même un symbole de cette contre culture.(photo ci-

Les pachucos imposèrent une mode mais aussi un langage, le

» qui est aussi appelé », une forme d’argot qui

fusionne des mots et des phrases de éative et très originale entre

l’espagnol et l’anglais. Des mots tels que » et « chido »

. Ces mots sont utilisés aujourd’hui dans

.

Voici venu le temps des cholos.

Le Cholo est l’évolution du Pachuco .Il s’agit d’une «constituée par des immigrants mexicains de classe sociale basse aux Etats Unis. Ce mouvement surgit comme une marque d’identité nationale. Leur but étant de se défendre face à une culture américaine qui, selon eux, essaye d’imposer des traits fortement racistes contre la population latine.

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Voici venu le temps des cholos.

Le Cholo est l’évolution du .Il s’agit d’une « tribu urbaine »

constituée par des immigrants mexicains de classe sociale basse aux Etats Unis. Ce mouvement surgit comme une marque d’identité nationale. Leur but étant de se défendre face à une culture américaine

, essaye d’imposer des traits fortement racistes contre la population

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L’écho des Amériques N°1 Mars 2009

Ces jeunes excentriques ont souvent une conduite violente. Ils sont mal vus par la société qui les représente comme des « pandilleros » qui volent, et qui sont les auteurs des fameux graffitis qui envahissent les rues mexicaines. Une partie d’entre eux constituent la Mara Salvatrucha. Cela explique en grande partie le rejet de la population. En effet, la Mara Salvatrucha ou MS-13 est un gang de plusieurs milliers de membres impliqués dans des activités criminelles aux États-Unis, en Amérique Centrale et au Canada. Ils répandent la peur chez les civils.

Les cholos, de même que les pachucos affirment: « somos muy mexicanos para ser gringos y somos muy gringos para ser mexicano », c’est-à-dire, « nous sommes très mexicain pour être américains et très américains pour être mexicains ». De là, leur mode vestimentaire qui combine le baggy trouser et le t-shirt représentant la Vierge de Guadalupe. Ils ont aussi tendance a ce tatouer des signes religieux.

Qu’en pense le sage ?

Les pachucos comme les cholos éprouvent un problème identitaire. Celui-ci

a été traité par Octavio Paz, intellectuel mexicain, prix Nobel de littérature, dans son livre Le labyrinthe de la solitude. Ces jeunes, selon lui, ne souhaitent pas revenir à leurs origines mexicaines mais ils ne souhaitent pas non plus, du moins en apparence, se fondre dans la culture des Etats Unis.

Les pachucos ne revendiquent pas leur origines ethniques ni la nationalité de leurs ancêtres. Leur attitude montre une véritable volonté de « ne pas être comme les autres», selon le philosophe moderne Paz. Il s’agit d’affirmer leur personnalité au sein d’une civilisation qui les marginalise.. Mais leur comportement demeure ambigu. Leur « déguisement » les protège et en même temps celui ci les met en évidence et les isole, « il les occulte et les exhibe », affirme Octavio Paz.

Pour Paz, « le pachuco n’affirme rien, ne défend rien, sauf sa volonté exaspérée de ne pas être […] … le pachuco est la proie qui s’embellit pour attirer l’attention des chasseurs ».

Margaux Van Wetswinkel et Stéphanie Garcia TES 3 , Lycée Franco Mexicain

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L’écho des Amériques

Centre d’attention aux rapatriés Suite au renforcement des législations des Etats- Unis d’Amérique relatives aux immigrants, et de la croissance en volume des expulsés, le gouvernement salvadorien réagit en créant un centre d’accueil. (les photos ci- dessous nous ont été offertes par le Mi nistère des Relations extérieures)

Le Ministère des relations extérieures a décidé de renouveler son projet d’aide aux expulsés « Bienvenido a casa » créé il y a environ dix ans. Afin de prolonger cette initiative favorable à l’accompagnement du rapatriement, naît en juin 2008 le « Centre d’attention aux rapatriés(« Centro de atencion a repatriados

Désormais, le programme vise principalement à réintégrer les populations expulsées dans la vie économique du pays et à leur permettre de reprendre leurs études au niveau où elles s’étaient interrompues au moment de quitter le pays. De fait, la plupart des salvadoriens qui émigrent quittent le pays sans même avoir terminé leurs études primaires. Ce centre offre la possibilité d’acquérir des diplômes professionnels diversifiésmaintenance, électronique, boulangerie…etc. Il permet de suivre des formations de tailleur, de mécanicien automobile ou d’électricien, entre autres. Bien qu’il s’agisse avant tout de métiers à faible niveau de qualification, ils représentent un moyen envisageable de réinsertion sur le marché

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Centre d’attention aux rapatriés : une aide à la réinsertion

Suite au renforcement des législations Unis d’Amérique relatives

aux immigrants, et de la croissance en volume des expulsés, le gouvernement salvadorien réagit en

dessous nous ont été

nistère des Relations

Le Ministère des relations extérieures a décidé de renouveler son projet d’aide aux expulsés

» créé il y a environ dix ans. Afin de prolonger cette initiative favorable à

ent, naît en juin Centre d’attention aux rapatriés »

»).

Désormais, le programme vise principalement à réintégrer les populations expulsées dans la vie économique du pays et à leur permettre de

eurs études au niveau où elles s’étaient interrompues au moment de quitter le pays. De fait, la plupart des salvadoriens qui émigrent quittent le pays sans même avoir terminé leurs études primaires. Ce centre offre la possibilité d’acquérir

ofessionnels diversifiés : maintenance, électronique, boulangerie…etc. Il permet de suivre des formations de tailleur, de mécanicien automobile ou d’électricien, entre autres. Bien qu’il s’agisse avant tout de métiers à

représentent un moyen envisageable de réinsertion sur le marché

du travail du pays d’origine pour ces personnes qui connaissent des conditions de vie précaires.

4 vols de rapatriés par semaine

Ramon Hernandez, chargé de communication au Ministère des relations extérieures, explique cependant que, sur les quatre vols par semaine qui rapatrient chacun en moyenne quatreexpulsés, seules quinze personnes environ font appel au « Centre d’attention aux rapatriésservices qu’il propose. M. Hsatisfaction que, d’après les données de 2008, quatre cent individus ayant connu l’expulsion disposent actuellement d’un emploi.

Cristina Kuri et Gabriela Ramirez Français du Salvador

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: une aide à la réinsertion

du travail du pays d’origine pour ces personnes qui connaissent des conditions de vie précaires. 4 vols de rapatriés par semaine

Ramon Hernandez, chargé de communication au

es relations extérieures, explique cependant que, sur les quatre vols par semaine qui rapatrient chacun en moyenne quatre-vingt expulsés, seules quinze personnes environ font

Centre d’attention aux rapatriés » et aux services qu’il propose. M. Hernandez rapporte avec satisfaction que, d’après les données de 2008, quatre cent individus ayant connu l’expulsion disposent actuellement d’un emploi.

Cristina Kuri et Gabriela Ramirez TES Lycée

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L’écho des Amériques

Le Pèlerin : accueillir les plus démunis « Passer de la méfiance au respect, du rejet à l’accueil » : c’est avec ces mots que l’asile privé « Le Pèlerinles déportés qui regagnent leur patrie plus démunis qu’ils ne l’étaient avant de la quitter. Un étroit escalier mène au premier étage du bâtiment dont les murs sont les témoins silencieux des premiers pas vers la réintégration sociale de centaines de déportés. Sous l’initiative d’une ONG altruiste, CARITAS de El Salvador, naît en 1996 le programme d’aide aux déportés « Bienvenu chez toi » («casa »). Ceux-ci sont accueillis par l’asile «Pèlerin » (Albergue « El Peregrino »), seul centre d’accueil « privé » au Salvador situé à Jardines de Cuzcatlan, Ciudad Merliot à San Salvador. Actuellement, le centre est dirigé par Miguel Arévalo et Ricardo Ramírez. Ce dernier, 62 ans, raconte qu´il a lui-même vécu l´histoire des migrants illégaux.Il quitta El Salvador à l´âge de 15 ans et ne regagna son pays qu’en 2003, 40 ans après l’avoir quitté (10 ans comme marin et 30 ans résidant à New York). Sa sœur, sa femme et ses 5 enfants demeurent encore aux USA. C’est en 2004 qu’il est nommé responsable de l’établissement qui fut son seul secours cinq ans auparavant suite à son expulsion des Etats Unis. Ce centre tente d’offrir les conditions nécessaires pour l’adaptation des déportés à leur nouveau milieu. Ils sont accueillis chaleureusement En effet, le programme « Bienvenu chez toi » prend en compte les conditions dans lesquelles les déportés se trouvent au moment de leur retour, et leur propose une série de services afin d’encourager leur réintégration dans la société salvadorienne. L’asile compte sept chambres avec deux lits chacun, trois salles de bain, une cuisine, une salle à manger, un salon et une terrasse de « récréation ».Les déportés sont accueillis un maximum de trois jours, le temps de contacter leur famille grâce à l’aide fournie par le programme. Ils reçoivent jusqu'à huit dollars pour financer le transport jusqu’à leur domicile .Ils bénéficient d’autre part d’un so

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: accueillir les plus démunis

Passer de la méfiance au respect, du : c’est avec ces mots Le Pèlerin » accueille

les déportés qui regagnent leur patrie plus démunis qu’ils ne l’étaient avant de

tage du bâtiment dont les murs sont les témoins silencieux des premiers pas vers la réintégration sociale de

Sous l’initiative d’une ONG altruiste, CARITAS de El Salvador, naît en 1996 le programme d’aide aux

» (« Bienvenido a ci sont accueillis par l’asile « Le

»), seul centre » au Salvador situé à Jardines de

Cuzcatlan, Ciudad Merliot à San Salvador. par Miguel Arévalo

et Ricardo Ramírez. Ce dernier, 62 ans, raconte même vécu l´histoire des migrants illégaux.

Il quitta El Salvador à l´âge de 15 ans et ne regagna

s conditions nécessaires pour l’adaptation des déportés à leur nouveau milieu. Ils sont accueillis chaleureusement En effet, le

» prend en compte les conditions dans lesquelles les déportés se

, et leur propose une série de services afin d’encourager leur réintégration dans la société salvadorienne. L’asile compte sept chambres avec deux lits chacun, trois salles de bain, une cuisine, une salle à manger, un

». Les déportés sont accueillis un maximum de trois jours, le temps de contacter leur famille grâce à l’aide fournie par le programme. Ils reçoivent jusqu'à huit dollars pour financer le transport jusqu’à leur

.Ils bénéficient d’autre part d’un soutien

psychologique à travers des entretiens au cours desquels ils s’informent sur l’actualité du payssupport moral ; des formations pour qu’ils puissent s’intégrer au marché du travail, et de la nourriture. Egalement, l’asile dispose d’un réseau de d’autobus qui transportent les déportés de l’aéroport à l’asile (chaque lundi, mercredi et vendredi, des vols fédéraux arrivent à l’aéroport de Comalapa avec environ cent-vingt personnes Un programme gelé L’ONG « Catholic Ressource Sfinancier du programme à capital étasunien, l’église catholique représentée par CARITAS El Salvador et le gouvernement salvadorien contribuaient au financement du programme. Cependant, en 2004, avec l’arrivée au pouvoir du président Sgouvernement cesse de contribuer au financement du projet. Désormais, l’asile est contraint de supprimer un grand nombre des services et tourne au ralenti. Des déportés désorientés Le responsable se souvient de l’état de désorientation dans lequel la grande majorité des accueillis arrivaient et affirme qu’il s’agissait de victimes évidentes de l’acculturation puisque certains d’entre eux, ayant quittés leur pays dès un très jeune âge, se sentaient aussi étrangers chez eux qu’ils ne l’étaient ils avaient jusqu’alors résidé. Le but du programme était d’essayer de réintégrer ces personnes et de les habituer à voir ce pays à peu près inconnu comme leur nouveau foyer

Javier Orellana, Gabriella Ramirez, Pamela Favre, Cristina Kuri Terminale L et ES Lycée Français du Salvador

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psychologique à travers des entretiens au cours desquels ils s’informent sur l’actualité du pays ; du

; des formations pour qu’ils puissent s’intégrer au marché du travail, et de la nourriture. Egalement, l’asile dispose d’un réseau de taxis et d’autobus qui transportent les déportés de l’aéroport à l’asile (chaque lundi, mercredi et vendredi, des vols fédéraux arrivent à l’aéroport de Comalapa avec

vingt personnes menottées).

Catholic Ressource Service » (CRS), noyau financier du programme à capital étasunien, l’église catholique représentée par CARITAS El Salvador et le gouvernement salvadorien contribuaient au financement du programme. Cependant, en 2004, avec l’arrivée au pouvoir du président Saca, le gouvernement cesse de contribuer au financement du projet. Désormais, l’asile est contraint de supprimer un grand nombre des services et tourne au ralenti.

Des déportés désorientés

Le responsable se souvient de l’état de désorientation lequel la grande majorité des accueillis arrivaient

et affirme qu’il s’agissait de victimes évidentes de certains d’entre eux, ayant

quittés leur pays dès un très jeune âge, se sentaient aussi étrangers chez eux qu’ils ne l’étaient au pays où ils avaient jusqu’alors résidé. Le but du programme était d’essayer de réintégrer ces personnes et de les habituer à voir ce pays à peu près inconnu comme

Javier Orellana, Gabriella Ramirez, Pamela Favre, Terminale L et ES Lycée Français du

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L’écho des Amériques

. Migration: Des familles déstabilisées

La migration est souvent un facteur de séparation physique entre les membres de la famille. Cet éloignement remet parfois en cause son fonctionnement traditionnel et peut même la mettre en péril. Pourtant, séparation et éloignement n’ont qu’un seul objectifle sort de tous les membres de la famille. Reina Martínez, une salvadorienne de vingt-neuf ans, voit son foyer se désintégrer lorsque son mari part vers les Etatsjuin 2004. Il y refait rapidement sa vie, oubliant alors les deux enfants qu’il a quittés : « Mes enfants me demandaient tous les jours où se trouvait leur père et étaient tristes parce qu’ils pensaient qu’il les avait abandonnés, puisqu’il n’a plus téléphoné. Qu’est-ce je pouvais leur dire ? ».Les enfants souffrent d’une telle séparation, ce qui a pour effet d’amener certains d’entre eux à refuser de participer activement à la vie sociale. Or, l’objectif principal de la majorité des migrants est de trouver une vie meilleure pour eux et leur famille. Cette dernière doit s’adapter à une situation de séparation, et on constate qu’un grand nombre de familles maintiennent des relations « respectent les rôles dévolus à chaque

Photo: El Faro www.elfaro.net

L’écho des Amériques N°1

Migration: Des familles déstabilisées

La migration est souvent un facteur de séparation physique entre les membres de la famille. Cet

parfois en cause son fonctionnement traditionnel et peut même la mettre en péril. Pourtant, séparation et éloignement n’ont qu’un seul objectif : améliorer le sort de tous les membres de la

Reina Martínez, une salvadorienne de ns, voit son foyer se désintégrer

lorsque son mari part vers les Etats-Unis en juin 2004. Il y refait rapidement sa vie, oubliant alors les deux enfants qu’il a

Mes enfants me demandaient tous les jours où se trouvait leur père et

es parce qu’ils pensaient qu’il les avait abandonnés, puisqu’il n’a plus

ce je pouvais leur .Les enfants souffrent d’une telle

séparation, ce qui a pour effet d’amener certains d’entre eux à refuser de participer

Or, l’objectif principal de la majorité des migrants est de trouver une vie meilleure pour eux et leur famille. Cette dernière doit s’adapter à une situation de séparation, et on constate qu’un grand nombre de familles

normales » et respectent les rôles dévolus à chaque

membre. Cela devient possible grâce aux moyens classiques de communication. Mais les « remesas », sont sans nul doute un moyen privilégié, car elles permettent aux migrants de transférer desdestination de ceux qui sont restés au pays. Les migrants cherchent paradoxalement à subvenir aux besoins des leurs en les « abandonnant ». Les retrouvailles sont bien souvent reportéesvolontaires préfèrent aider leurs familles plutôt que de consacrer leurs gains à l’achat d’un billet de retour, et il faudrait une nouvelle fois risquer beaucoup pour revenir aux Etats-Unis. Un rapport du PNUD ( «desarrollo humano, El Salvador 2005suggère que des dysfonctionles structures des Etats en développement font qu’ils peinent à garantir la protection de leurs concitoyens. A cela s’ajoute une croissance économique insuffisante qui réduit les opportunités. Serait-il alors pertinent d’affirmer que les flux migratoires contribuent fortement à l’activité économique des Etats en développement, au prix de difficultés humaines qui touchent des millions d’individus ? Pamela Favre TL Lycée Français du Salvador

www.elfaro.net

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membre. Cela devient possible grâce aux moyens classiques de communication.

», sont sans nul doute un moyen privilégié, car elles permettent aux migrants de transférer des capitaux à destination de ceux qui sont restés au pays. Les migrants cherchent paradoxalement à subvenir aux besoins des leurs en les

». Les retrouvailles sont bien souvent reportées : les exilés volontaires préfèrent aider leurs familles

utôt que de consacrer leurs gains à l’achat d’un billet de retour, et il faudrait une nouvelle fois risquer beaucoup pour revenir

Un rapport du PNUD ( « Informe sobre desarrollo humano, El Salvador 2005 ») suggère que des dysfonctionnements dans les structures des Etats en développement font qu’ils peinent à garantir la protection de leurs concitoyens. A cela s’ajoute une croissance économique insuffisante qui

il alors pertinent d’affirmer que s flux migratoires contribuent fortement à

l’activité économique des Etats en développement, au prix de difficultés humaines qui touchent des millions

Pamela Favre TL Lycée Français du

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L’écho des Amériques

Les « remesas » victimes de la crise Près du quart de la population salvadorienne habite aux EtatsUnis. Les capitaux transférés par les migrants vers leur pays d’origine appelés plus couramment remesas soutiennent l'activité économique nationale. La crise qui frappe l’économie américaine pourrait cependant affecter de nombreuses familles salvadoriennes. Le Salvador est un pays en développement dont l’activité économique est en partie soutenue par l’argent envoyé par les émigrants, les « remesas ». Les USA, principal destination des migrants salvadoriens en accueillent environ 2 millions, essentiellement en Californie. En 2008 les « remesas » ont atteint 3 milliards 500 millions de dollars soit prés de 17% du PIB salvadorien de l’année 2008. Ces flux n'ont cessé d'augmenter depuis 1990. Ils représentaient à l'époque 322 millions de dollars (10 fois moins qu'aujourd'hui) soit 6,9% du PIB. Ces transferts jouent un rôle essentiel dans l’économie salvadorienne, puisqu'ils contribuent à compenser le déficit de la balance commerciale (les remesas représentent l’équivalent de 92,8% des exportations du pays). Le paaméricain a de plus adopté le dollar comme monnaie d’échange depuis l’année 2001. Actuellement, avec les conséquences néfastes de la crise, la situation de

Photo: El Faro www.elfaro.net

L’écho des Amériques N°1

» victimes de la crise

Près du quart de la population salvadorienne habite aux Etats -

transférés par les migrants vers leur pays d’origine appelés plus couramment remesas soutiennent l'activité économique nationale. La crise qui frappe l’économie américaine pourrait cependant affecter de nombreuses familles

Le Salvador est un pays en développement dont l’activité économique est en partie soutenue par l’argent envoyé par les

». Les USA, principal destination des migrants salvadoriens en accueillent environ 2

n Californie. En » ont atteint 3 milliards

500 millions de dollars soit prés de 17% du PIB salvadorien de l’année 2008. Ces flux n'ont cessé d'augmenter depuis 1990. Ils représentaient à l'époque 322 millions de

u'aujourd'hui) soit 6,9% du PIB. Ces transferts jouent un rôle essentiel dans l’économie salvadorienne, puisqu'ils contribuent à compenser le déficit de la balance commerciale (les remesas représentent l’équivalent de 92,8% des exportations du pays). Le pays centro américain a de plus adopté le dollar comme monnaie d’échange depuis l’année 2001. Actuellement, avec les conséquences néfastes de la crise, la situation de

beaucoup des migrants aux USA s’est dégradée. Beaucoup d’entre eux se retrouvent au chômage ou avec des salaires en baisse, surtout les illégaux. Une baisse des transferts de fonds de 8% en un mois L’envoi des « remesas arrêté, pour autant mais on note déjà une baisse des transferts de fonds de 8% en janvier 2009 par rapport àselon la banque centrale salvadorienne. Il est probable que cette tendance s'accentue dans les prochains mois. Cette évolution risque de peser sur l'économie nationale, car aujourd'hui prés d'une famille sur 4 améliore son quotidien grâce à Selon l’économiste du PNUD William Pleytez*, ce sont les pauvres qui seront les plus touchés, la crise pourrait donc entrainer une paupérisation des classes les plus populaires notamment en milieu rural. C'est par exemple le cas du village d’Intipuca a l'est du pays ou l’activité est soutenue essentiellement par les remesas. Le Salvador ne sera pas le seul pays touché. Selon la banque mondiale les « remesas » perçues par l’Amérique Latine pourraient diminuer de 58 à 61 milliards de dollars en 2009. (*) “Crisis en EEUU afecta remesas a El Salvador” Liza Gross (http://www.hispano.com) Javier Orellana TES Lycée Français de San Salvador

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beaucoup des migrants aux USA s’est dégradée. Beaucoup d’entre eux se

e ou avec des salaires en baisse, surtout les illégaux.

Une baisse des transferts de fonds de 8% en un mois

» ne s’est pas arrêté, pour autant mais on note déjà une baisse des transferts de fonds de 8% en janvier 2009 par rapport à janvier 2008 selon la banque centrale salvadorienne. Il est probable que cette tendance s'accentue dans les prochains mois. Cette évolution risque de peser sur l'économie nationale, car aujourd'hui prés d'une famille sur 4 améliore son quotidien grâce à cet apport. Selon l’économiste du PNUD William Pleytez*, ce sont les pauvres qui seront les plus touchés, la crise pourrait donc entrainer une paupérisation des classes les plus populaires notamment en milieu rural. C'est par exemple le cas du village

tipuca a l'est du pays ou l’activité est soutenue essentiellement par les remesas. Le Salvador ne sera pas le seul pays touché. Selon la banque mondiale les

» perçues par l’Amérique Latine pourraient diminuer de 58 à 61 milliards de

(*) “Crisis en EEUU afecta remesas a El Salvador” Liza Gross

Javier Orellana TES Lycée Français de

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Les mythes de l’immigration nicaraguayenne: entre patrie et progrès

Le processus de mondialisation que l’on constate depuis les années 1980, est marqué par la mondialisation financière, des pays de plus en plus interdépendants économiquement, une uniformisation culturelle, certes. Mais ce processus de mondialisation est aussi caractérisé par l’accroissement des migrations ainsi par une division de plus en plus marquée entre pays « émetteurs » de migrants, qui sont les PED (Pays En Développement) ou PMA (Pays Moins Avancés), puis les pays « récepteurs » de ces migrants, qui sont pour l’essentiel des pays industrialisés et développés. Or, dans ce contexte, le cas du Costa Rica est très particulier parce que, bien que ce pays constitue l’une des démocraties les plus anciennes et les plus fortes du continent latino-américain, avec un système de protection sociale très fort et enraciné dans la société, un IDH de 0.846 et un taux d’alphabétisation de 96%, il ne demeure pas pour autant un pays développé, et encore moins un pays industrialisé. Et cependant, ce petit pays d’Amérique centrale est le troisième pays récepteur de migrants sur le continent américain, devancé seulement par les Etats-Unis et le Canada. Ces immigrants viennent de plusieurs pays d’Amérique : Chili, Porto Rico, Guatemala, Cuba, République Dominicaine, Colombie, El Salvador, Honduras… et notamment, le Nicaragua. En effet, la relation qu’entretiennent ces deux pays voisins d’Amérique centrale pourrait être qualifiée d’ « amour et de haine », puisque, tout en ayant connu des époques de solidarité, notamment pendant la guerre civile au Nicaragua où le Costa Rica a servit de « base » pour les sandinistes, ces deux pays ont connu et connaissent le plus souvent des antagonismes, à cause surtout du décalage entre leurs économies et niveaux de vie. Ainsi, pour comprendre les enjeux que relève la situation migratoire entre le Nicaragua et le Costa Rica, il faut d’abord puiser dans les origines historiques de celle-ci. UN PEU D’HISTOIRE… Le XXème est une période turbulente pour le Nicaragua. L’histoire tragique et

sanglante du pays « des lacs et des volcans » explique en partie sa situation face au Costa Rica par rapport à la migration. Dès 1912, le Nicaragua est occupé par les marines américains, qui accepteront en 1937 l’ascension au pouvoir d’Anastasio Somoza Garcia, dictateur qui instaurera une dynastie féroce s’étalant pendant plus de 40 ans. En 1972 un tremblement de terre réduira la capitale, Managua, et ses alentours, à des ruines, accompagnées des cris de sa population. Le 19 juillet de 1979, après une sanglante guerre-civile qui opposa la dictature d’Anastasio Somoza Debayle, fils du premier Anastasio, et le FSLN (Front Sandiniste de Libération Nationale), guérilla révolutionnaire de tendance marxiste, celle-ci renverse le régime des Somoza pour instaurer un gouvernement révolutionnaire, qui s’alignera bientôt sur le bloc communiste. Inévitablement, l’administration Reagan, outragée par cette atteinte contre la doctrine Monroe, et en craignant la « contagion communiste », déclare ouvertement sa volonté de faire tomber le gouvernement des sandinistes, en soutenant les « contras » (mouvement contre-révolutionnaire), ce qui ne sera plus dit ouvertement. En 1982, le Grand du Nord déclenchera l’embargo commercial. En 1990, le gouvernement sandiniste, contraint par la guerre et l’embargo financés par les Etats-Unis, organise des élections, soit le premier suffrage universel marquant le début de la démocratie au Nicaragua. Or, ce sera l’UNO (Union Nationale d’Opposition) avec Violeta Chamorro, qui remportera les élections et organisera la mise en place des politiques de « structuration » imposées par le FMI après le consensus de Washington (privatisation de nombreux organes de l’État), débouchant sur une période économique assez trouble, le pays n’étant pas prêt pour de telles réformes… Ainsi, on constate que l’histoire nicaraguayenne depuis 1912 a été caractérisée par une occupation étrangère, une dictature qui durera 40 ans, deux guerres civiles consécutives, embargo commercial, réformes économiques

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imprudentes... malheureuse suite d’inconvénients? Cette situation instable n’est pas exclusive du Nicaragua ; elle touche d’autres pays de l’isthme (El Salvador, Honduras, Panama,..). À l’opposé, le Costa Rica, surnommé « la Suisse centre-américaine », se présente comme un îlot de paix au milieu d’une Amérique Centrale convulsionnée. Par conséquent, elle recevra environ 230 000 Nicaraguayens entre 1984 et 1997. Cela équivaut à 10% de la population nationale de l’époque. Alors, la crise politique du reste de l'Amérique centrale, fut donc à l’origine du flux croissant de déplacés et de réfugiés vers le Costa Rica. Bien que les accords de paix de 1992 et la victoire de l’UNO auraient supposé la stabilité politique du Nicaragua, et donc le retour des déplacés, ce ne fut pas le cas. En effet, le territoire nicaraguayen connaît toujours, conséquence de la guerre, des taux de chômage et de pauvreté élevés. Ainsi pendant les années 1990 un changement se produit : la cause de la migration devient économique. Les nicaraguayens, à la recherche d’une vie digne (emploi stable, éducation, santé…), voient dans le voisin du sud, la possibilité d’y réussir. En effet, à cette époque, le Costa Rica connaît une situation de croissance favorable, marqué par une demande croissante de main d’œuvre dans les activités que les costariciens tendaient à abandonner: travail agricole, service domestique et construction. De même, la législation sociale très avancée (Caisse Costaricienne de Sécurité Sociale en 1941, loi des Garanties Sociales en 1942, Code du Travail en 1943 et Droit de Vote aux Femmes en 1949) constituait une incitation pour les nicaraguayens qui aspiraient à un meilleur niveau de vie. AUJOURD’HUI. Le Costa Rica compte actuellement 700 000 immigrants, desquels 76% sont Nicaraguayens. Ces « déplacés économiques », se concentrent dans l’agriculture, particulièrement le café, la canne à sucre, les bananes et les ananas. Le secteur de sécurité est quasi totalement occupé par des nicaraguayens et s’étend à travers le pays, ainsi que le secteur de construction.

Les employées domestiques sont plus nombreuses dans la région centrale du pays, le « Valle Central », et dans les secteurs touristiques de la côte ouest. Le travail « au noir » occupe un nombre non négligeable d’immigrants : vendeurs ambulants, mécaniciens, artisans… La réalité des conditions de travail de ces milliers d’immigrants ne varie pas de ce que l’histoire confirme comme la norme : ils sont payés le moins possible, leur condition illégale laisse largement place aux abus, comme le licenciement sans indemnisations ou les journées de travail de jusqu’à 15 heures pour les employées domestiques. De plus, le travail infantile touche plus de 113 000 enfants de 9 à 14 ans, desquels la population immigrante est la plus concernée. Les syndicats font des efforts considérables pour améliorer les conditions de travail des immigrants. Cependant, ceux-ci, qui sont déjà très souvent des illégaux, connaissent des statuts très fragiles : CDD, emploi partiel, et parfois même sans contrat de travail ! Ces conditions rendent difficiles les efforts syndicaux, puisque les immigrants sont souvent menacés de licenciement quand ils y adhèrent, ce qui déclenche un cercle vicieux de mauvaises conditions d’emploi. La question est évidente : si ces immigrants sont condamnés aux mésaventures usuelles des travailleurs illégaux, pourquoi quittent-ils leurs pays, leur culture, leurs familles et leurs habitudes ? Car toute la misère qui les attend au-delà de Peñas Blancas, zone frontalière, est quand même moindre que celle qui les assèchera s’ils restent au Nicaragua. Car au-delà de cette frontière, ils peuvent espérer une vie digne, prospérité pour leurs familles, une bonne éducation gratuite et une sécurité sociale réelle. C’est un rêve atteignable, comme le sont l’Angleterre pour les Maghrébins ou l’Allemagne pour les Turcs, rien d’extraordinaire dans ce phénomène qui date dès la nuit des temps : la recherche du bonheur. C’est évidemment cette même raison qui les rend si vulnérables, n’importe quoi est mieux que ce qu’ils ont chez eux. Aujourd’hui, avec l’imminente réalité d’une crise économique qui pèse sur les intérêts des producteurs, les travailleurs immigrants, concentrés dans les secteurs

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précaires et peu syndicalisés, sont en première ligne pour le massacre d’emplois. Le FMI avait pourtant prévu que le Costa Rica serait un des pays les moins affectés par la crise. Au contraire, il est facile de s’apercevoir qu’aujourd’hui une vague de licenciements secoue les champs agricoles, surtout la culture d’ananas. Même phénomène pour la construction et le tourisme, secteurs qui sont liés et plus ou moins dépendants des investisseurs étrangers (le secteur de tourisme englobe 17% des IDE et représente 10% du PIB du Costa Rica). Les touristes européens et américains, aux poches réticentes cette année, seront peu nombreux à se trouver sur les côtes tropicales. Il faut également considérer que les transferts de fond venant du Costa Rica représentaient 13% du PIB nicaraguayen en 2007 et risquent de s’affaiblir cette année, ce qui affecte directement les milliers de familles nicaraguayennes qui en dépendent. SOCIÉTÉ. Évidemment cet afflux massif de « pinoleros » (surnom accordé aux nicaraguayens) eut un impact déterminant sur l’économie, mais aussi sur la société et la politique costariciennes. En août de 2006, durant le gouvernement d’Abel Pacheco, prédécesseur d’Oscar Arias (prix Nobel de la Paix), une réforme migratoire a été votée au Costa Rica, dans laquelle on prévoyait des fortes sanctions économiques et même la possibilité de prison pour ceux qui hébergeraient ou engageraient des immigrants illégaux. Parallèlement nous avons assisté à des « coups de filet » dans les rues du Costa Rica, pour attraper et déporter les immigrants. Cette réforme a suscité des vives réponses, surtout chez les syndicats, l’église et les organisations humanitaires qui animent un mouvement important de contre-réforme. Mais ces personnes ne furent pas les seules à protester : en août 2006, la chambre des exportations (CANATUR, par ses sigles en espagnol) avertissait que, à cause du manque de main d’œuvre, les exportations nationales pourraient diminuer d’un 15%. Or, celles-ci dépendent près d’un 25% du secteur agricole. En novembre 2007, la décision du gouvernement

costaricien d’admettre 10 000 nicaraguayens, est bien évidemment en relation avec les besoins en matière de main d’œuvre du secteur agricole. D’après un professeur de l’université de San José « Si les nicaraguayens partent, l’économie costaricienne s’effondre ». Et c’est bien le cas : loin de créer du chômage (taux de 4.8%, début 2008, pour le Costa Rica), les nicaraguayens ont comblé le vide des emplois que les costariciens tendaient à abandonner : agriculture, construction, ménage. Source de main d’œuvre à bon prix, les nicaraguayens ont contribué à la croissance économique du voisin, désormais mieux qualifié, et au maintien du secteur primaire face à un secteur tertiaire de plus en plus important. L’idée que tous les costariciens sont xénophobes et que tous les nicaraguayens sont ses victimes est nettement en décalage avec la réalité. De fait, deux tendances tiraillent ses sociétés voisines. Clairement, il y a de la xénophobie des deux côtés de la rivière frontalière, le San Juan. Pourtant il y a également des mouvements importants pour la solidarité, preuve que le sentiment existe mais également une volonté importante de le contester, voire de le supprimer. De nombreuses associations et ONG se dédient spécifiquement à promouvoir la fraternité entre ces deux peuples, à travers des concerts, la célébration des festivités typiques du Nicaragua au Costa Rica ou encore en organisant des projets humanitaires, par exemple à l’occasion de l’ouragan Félix, en septembre de 2007, qui ravagea la façade atlantique du Nicaragua. Ainsi, on confirme l’expression que nous avons utilisée au début, c’est-à-dire de la relation d’ « amour et de haine » qui caractérise ces deux pays. D’abord, l’interdépendance entre ceux-ci : les nicaraguayens font recours du Costa Rica pour atteindre un meilleur niveau de vie, et le Costa Rica a besoin des nicaraguayens pour contribuer à sa croissance. D’autre part, malgré leur interdépendance, leurs situations antagonistes, provoquent des fissures au sein de leurs sociétés. ALORS… Comme nous l’avons indiqué précédemment, le cas du Nicaragua et du Costa Rica est très particulier par rapport à la migration. En effet, ces deux pays côte à côte se situent dans le même isthme

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centraméricain, et pourtant, leurs réalités sont radicalement différentes. Pendant les années 1980, les nicaraguayens fuyaient leur pays à cause de la guerre et de l’instabilité politique. Dans ce sens, le Costa Rica était le lieu privilégié pour y réussir, en raison de son évidente proximité, son développement politique, économique, et social. Or, à partir des années 1990, qui marquèrent le début du suffrage universel (démocratie étant trop flatteuse) et du capitalisme économique au Nicaragua, la cause principale de ces migrations devint économique : la pauvreté provoquée par la guerre et une révolution implosée, s’approfondit parce que les réformes d’ouverture économique ne furent pas entreprises dans le bon moment. Aujourd’hui, la situation des immigrants n’est pas facile : essentiellement dans le secteur primaire, ils sont victimes des mauvaises conditions sanitaires, payés le moins possible, et incapables de défendre leurs droits, car interdits d’intégrer les syndicats, sous peine de perdre leur emploi. Quoiqu’il en résulte, leur situation au Costa Rica est pourtant meilleure que celle qu’ils envisageraient au nord. C’est pourquoi, on considère que la question ici n’est pas de se demander quel est le coupable de la situation des immigrants. Du côté nicaraguayen, il est impératif que l’État développe des politiques économiques et sociales cohérentes avec sa situation, afin que les migrants cessent de se sentir contraints à partir et conçoivent le progrès possible, sur sol national. Les personnes ne fuient leur pays que lorsqu’ils ne retrouvent pas de réponses à leurs demandes. L’État doit donc réaffirmer sa raison d’être : veiller au bien-être de ses citoyens, qu’ils soient dans ou en dehors du pays. De même, il est nécessaire de veiller à la protection des nombreuses familles nicaraguayennes divisés à cause des allers et retours des travailleurs saisonniers qui partent de l’autre côté du Rio San Juan. C’est à mettre en valeur que le grand perdant de cette situation est tout simplement l’État nicaraguayen, puisqu’il perd régulièrement de la capacité créative et une nombreuse main d’œuvre. Concernant le Costa Rica, nous sommes sans aucun doute pour des mesures contribuant au progrès économique et social des immigrants. L’image populaire de l’immigrant criminel et détestable, inhibant

le développement costaricien, ne constitue qu’un mythe. L’apport des migrants à la croissance est en effet indéniable. Finalement, l’idée d’un Costa Rica xénophobe et d’une Nicaragua victime, et vice-versa, est complètement fausse. Les multiples organisations et associations veillant à la prise de conscience de la population en sont la preuve. La secousse majeure qui constitue l’actuelle crise économique nous incite à repenser, tant qu’on pourra, notre rôle comme pays voisins. Il est temps de laisser de côté les divergences entre les gouvernements et leurs populations, ceux-ci finissant par ralentir, voire d’empêcher, notre développement. Nous devons agir ensemble, sachant que les défis que nous rencontrons nécessitent des pays forts, et au dessus de tout, unis, libres de préjugés vils et de considérations xénophobes. On peut ainsi dire, fiers et reconnaissants, « ¡Ticos y Nicas somos hermanos ! (7)». Luciana Tellez Chavez, élève de Pemière ES du Lycée franco nicaraguayen Victor Hugo Daniel Zavala Porras, élève de Terminale ES du Lycée franco nicaraguayen Victor Hugo Sources : 1. Centro Centroamericano de Población. http://ccp.ucr.ac.cr/investi/nicasjc.htm (Universidad de Costa Rica) 2.http://www.unicef.fr/index.php4?rub=218&articles=138 3.http://www.ambassadecostarica.org/le_costa_rica/LE%20COSTA%20RICA.html 4.http://www.oim.or.cr/espanol/boletines.shtml 5.http://risal.collectifs.net/spip.php?article2132 6. Atlas des migrations (Hors-série), Le monde et La Vie, 2008 7. « Costariciens et nicaraguayens nous sommes frères ! » 8. Costa Rica, helping migrants organize, ITUC (International Trade Union Confederation), décembre 2008

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L’écho des Amériques

Portrait de journalistePortrait de journalistePortrait de journalistePortrait de journaliste

Vladimir Galeana Solorzano. Enfant, il rêvait d’être avocat, inspiré par d’importants personnages de l’histoire de sa patrie, le Mexique. Pourtant, la vie et ses propres convictions l’ont amené vers sa vraie vocation : le journalisme.

« Journal à l’instant »

Une tasse de café à la main, des journaux du jour par terre et son ordinateur portable allumé, Vladimir Galena démarre l’émission du journal «instante » (Journal à l’instant). Une forte excitation de l’autre côté de la cabine se sentir. Le téléphone n’arrête pas de sonner. Gilbert Gil (le chef d’information) ne s’arrête plus ; il répond à milles sollicitude, tandis que Sindy Campero (La productrice en chef) veille au bon déroulement de l’émission.

Cela fait une année qu’il ancette émission de radio, et déjà six ans qu’il travaille pour Radio Capital. En parallèle, il avait un autre programme sur ABC Radio appelé « La Coyuntura » (La conjoncture). Toutefois, ceux ne sont pas ses premiers travaux. Il exerce ce métier depuis 37 ans mais il se considère véritablement journaliste depuis 10 ans, depuis qu’il a étudié d’une façon approfondie avec Mme. Campero. Avant, il faisait «empiriquement, » comme il l’avoue.

L’écho des Amériques N°1

Portrait de journalistePortrait de journalistePortrait de journalistePortrait de journaliste

Vladimir Galeana Solorzano.

d’être avocat, inspiré par d’importants personnages de l’histoire de sa patrie, le Mexique. Pourtant, la vie et ses propres convictions l’ont amené

: le journalisme.

Photo: María José Rocha

Une tasse de café à la main, des journaux du jour par terre et son ordinateur portable allumé, Vladimir Galena démarre l’émission du journal « Noticiero al

» (Journal à l’instant). Une forte excitation de l’autre côté de la cabine se fait sentir. Le téléphone n’arrête pas de sonner. Gilbert Gil (le chef d’information) ne s’arrête

; il répond à milles sollicitude, tandis que Sindy Campero (La productrice en chef) veille au bon déroulement de

Cela fait une année qu’il anime cette émission de radio, et déjà six ans qu’il travaille pour Radio Capital. En parallèle, il avait un autre programme sur ABC Radio

» (La conjoncture). Toutefois, ceux ne sont pas ses premiers travaux. Il exerce ce métier depuis plus de 37 ans mais il se considère véritablement journaliste depuis 10 ans, depuis qu’il a étudié d’une façon approfondie avec Mme. Campero. Avant, il faisait « de la radio

» comme il l’avoue.

Sa profession En effet, M. Galeana est une

personne possédant une énorme capacité de synthèse, d’attention et d’expression et qui, avant de rencontrer Mme. Campero, ne pensait pas avoir besoin de se mettre à étudier pour faire ce qu’il aimait.

Depuis tout petit, la radio l’attirait, et lorsqu’il s’est assis face à un microphone pour la première fois, il s’est senti très sûr de lui, et s'est mis à parler naturellement, « comment si l’avait fait depuis toujours », comme il le dit luiC’est à ce moment-là qu’il s’est rendu compte de ses qualités de communicant.Pourtant, il n’a pas décidé de prendre la voix du journalisme, dans un premier temps, il a suivi des études de Droit à l’UNAM (Université Nationale Autonome du Mexique). Il était inspiré par des personnages très importants de l’histoire dson pays comme Benito Juarez et Lázaro Cárdenas. En tant qu’avocat, il a disposé de tous les outils pour devenir analyste politique et, effectivement il a écrit des colonnes d’analyse politique dans divers magazines

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d’être avocat, inspiré par d’importants personnages de l’histoire de sa patrie, le Mexique. Pourtant, la vie et ses propres convictions l’ont amené

En effet, M. Galeana est une rsonne possédant une énorme capacité

de synthèse, d’attention et d’expression et qui, avant de rencontrer Mme. Campero, ne pensait pas avoir besoin de se mettre à étudier pour faire ce qu’il aimait.

Depuis tout petit, la radio l’attirait, est assis face à un

microphone pour la première fois, il s’est senti très sûr de lui, et s'est mis à parler

comment si l’avait fait », comme il le dit lui-même.

là qu’il s’est rendu de communicant.

Pourtant, il n’a pas décidé de prendre la voix du journalisme, dans un premier temps, il a suivi des études de Droit à l’UNAM (Université Nationale Autonome du Mexique). Il était inspiré par des personnages très importants de l’histoire de son pays comme Benito Juarez et Lázaro

En tant qu’avocat, il a disposé de tous les outils pour devenir analyste politique et, effectivement il a écrit des colonnes d’analyse politique dans divers magazines

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L’écho des Amériques

et journaux « Cambio »(Changement) et« Rumbo de México » (La course du Mexique).

Sa vocation En tant qu’avocat de formation, il ne supporte pas les injustices, c’est pourquoi, il n’hésite pas à dénoncer les injustices sociales dont les habitants de la plus grmonde souffrent. En fonction de cette grande sensibilité sociale, il a décidé dans les années 80 d’adhérer au Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI). En tant que militant de ce parti politique, il est devenu conseiller de campagnes électcela lui a permis de se rapprocher petit à petit des médias jusqu’à se retrouver complètement immergé dans l’ambiance journalistique.

Jusqu’à présent presque tous les programmes qu’il a conduits ont eu une portée sociale. Par exemple, les citoyentéléphoner et dénoncer ce qui ne va pas dans leurs quartiers, ou dans la ville. Ils alertent, réclament, dénoncent. Même si jusqu’en 1994 toutes les délégations de la ville de Mexico était issues du PRI, il ne trouvait pas d’inconvénient à faire passer des informations qui pouvaient améliorer la qualité de la vie des mexicains. Le programme qui a connu le plus de succès et d’acceptation par les citoyens a été « Buenos días, señor delegadoMonsieur le Délégué) qui était transmis parRadio Chapultepec.

Aujourd’hui, « Journal à l’instant

pas la même vocation, mais, pour autant, l’intérêt que Vladimir Galena a pour les problèmes sociaux n’est pas à la marge. Il essaye donc de ne pas perdre de vue l’audience et offre une analyse dqui débouche généralement sur la critique politique.

María José Rocha Lycée Franco

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(Changement) et » (La course du Mexique).

En tant qu’avocat de formation, il ne supporte pas les injustices, c’est pourquoi, il n’hésite pas à dénoncer les injustices sociales dont les habitants de la plus grande ville du monde souffrent. En fonction de cette grande sensibilité sociale, il a décidé dans les années 80 d’adhérer au Parti Révolutionnaire

En tant que militant de ce parti politique, il est devenu conseiller de campagnes électorales, cela lui a permis de se rapprocher petit à petit des médias jusqu’à se retrouver complètement immergé dans l’ambiance journalistique.

Jusqu’à présent presque tous les programmes qu’il a conduits ont eu une portée sociale. Par exemple, les citoyens peuvent téléphoner et dénoncer ce qui ne va pas dans leurs quartiers, ou dans la ville. Ils alertent, réclament, dénoncent. Même si jusqu’en 1994 toutes les délégations de la ville de Mexico était issues du PRI, il ne trouvait pas

ire passer des informations qui pouvaient améliorer la qualité de la vie des mexicains. Le programme qui a connu le plus de succès et d’acceptation par les citoyens a

Buenos días, señor delegado » (Bonjour, Monsieur le Délégué) qui était transmis par

Journal à l’instant » n’a pas la même vocation, mais, pour autant, l’intérêt que Vladimir Galena a pour les problèmes sociaux n’est pas à la marge. Il essaye donc de ne pas perdre de vue l’audience et offre une analyse des nouvelles qui débouche généralement sur la critique

María José Rocha Lycée Franco -Mexicain

Porfolio de la traversée de la frontière mexicaine (photographies d’Edu Ponces du journal El Faro)

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de la frontière d’Edu Ponces du