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performance de Miselaine Soobraydoo

sur un texte de Shénaz Patelconception et mise en scène Ahmed Madanimusique Eric Tritoninstallation et lumières Damien Kleincréation sonore Christophe Séchetphotographie François-Louis Athénas

production Madani compagnieavec le soutien du Centre culturel Charles Baudelaire et de l’Ambassade deFrance à l’Ile Maurice

Madani compagnie est subventionnée par le ministère de la Culture et de laCommunication - DMDTS

adresse de correspondance20 rue Rouget de l’Isle 93 500 Pantin tel 01 48 45 25 31 www.ahmedmadani.com

administrationClaire Guièze [email protected]

diffusionAstrid Rostaing [email protected]

PARADIS BLUES

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En octobre 2004, nous créons avec Miselaine Soobraydoo-Duval, Architrucde Robert Pinget au Centre dramatique de l’océan Indien à la Réunion enversion française et créole réunionnais, puis à l’Île Maurice en créole mauricien. Cette création est très largement diffusée dans l’océan Indien, enAfrique et en Europe. L’aventure est très forte, la complicité aussi.

En février 2007, c’est tout naturellement que naît dans l’ascenseur de l’HôtelBellerive à Lausanne, alors que nous donnons une longue série de représentations au Théâtre Vidy, l’idée d’un projet où Miselaine serait seuleen scène. La décision de confier l’écriture du texte à Shénaz Patel, romancière lauréate du concours Beaumarchais des écritures dramatiquesde l’Océan Indien, s’est rapidement imposée. L’une avec humour et gravité,l’autre avec sensibilité et acidité, elles expriment toutes deux des points devue convergents sur le statut social des femmes vivant dans l’enfermementinsulaire.

En novembre 2007, encouragés et soutenus par Jean Viala directeur du CCFCharles Baudelaire et de Fred Constant, conseiller culturel à l’ambassade deFrance à l’Île Maurice, nous avons pu mettre sur pied une première étape detravail qui s’est nourri du matériau brut et autofictionnel de MiselaineSoobraydoo. Suite à un rendu public d’une quinzaine de minutes, effectué le11 décembre 2007, Eric Triton musicien, David Constantin cinéaste, décident de s’embarquer avec nous. Ce laboratoire a permis d’orienter lespartis pris de l’écriture et d’affirmer des axes de recherches scéniques où lavidéo, la photo, la musique auraient une place prépondérante. La commande d’écriture passée à Shénaz Patel par Ahmed Madani est précise : Ecrire un monologue librement inspiré de la vie de MiselaineSoobraydoo.

Entre février, mars et avril 2008, une série d’entretiens sont réalisés entrel’auteur et l’actrice, La vie étonnante, trépidante et pleine de rebondisse-ments, de Miselaine Soobraydoo-Duval, donne naissance sous la plume deShenaz Patel à Paradis blues, un texte dense et brutal sur la place de lafemme dans la société mauricienne.

En mai 2008, une seconde étape de travail est mise en place au CCFCharles Baudelaire à Rose Hill avec comme objectif la réalisation d’unemaquette de Paradis blues où, cette fois-ci, l’équipe artistique est élargie :David Constantin cinéaste, Eric Triton bluesman, Christophe Séchet compositeur, Damien Klein éclairagiste.

En 2009 nous prévoyons une troisième et dernière étape de travail avecrépétition, création et diffusion de l’œuvre en Europe, dans l’Océan Indien eten Afrique Australe.

PARADIS BLUESPARCOURS

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L’île Maurice, est une petite île de l’Océan Indien, habitée par des danseusesà robes colorée aux multiples volants et par de jolis garçons d’hôtel stylés etobséquieux qui vous apportent de délicieux cocktails de rhums arrangés auxfruits exotiques. C’est un territoire fait uniquement de bords de mer, magnifiquement préser-vés qui s’étalent sur de belles affiches alléchantes avec plages-palmier-lagons-transparents-couchers-de-soleil-romantiques. Là- bas, c’est incroyable comme les indigènes sont gentils, serviables, doux,souriants et accueillants, ils parlent très bien le Français et sont toujoursprêts à se couper en quatre pour rendre service. Là-bas, c’est incroyable comme la vie n’est pas chère, on peut se nourrir pourdes sommes ridicules et l’on peut acheter des vêtements de grandes mar-ques pour le dixième de leur prix.Là-bas, on parle français, on écrit anglais, on vit à l’indienne, à la chinoise, àla créole, c’est le mélange des cultures, des langues, des coutumes, des religions. C’était l’Ile de France , puis l’île Maurice, et maintenant, c’est devenu “l’Ile-paradis”, celle du bonheur, celle où tout est paisible, calme, luxe et volupté.

L’ILE MAURICE

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J’ai peu visité l’Île Maurice, malgré les nombreux séjours que j’y ai faits, je laconnais bien mal ; à chaque fois que j’y passe, c’est pour m’enfermer dansune salle sombre et y travailler avec des acteurs, et puis je la quitte happépar d’autres lieux, d’autres rencontres... Ainsi, c’est toujours entre quatremurs que je découvre un peu plus l’Île, je voyage à l’intérieur des vies deceux qui la peuplent. Voyages exaltants. Le plus captivant dans ces tempsde rencontre et de recherche, c’est tenter de se comprendre, de saisir ce quifait que nous sommes si différents, de trouver les endroits où nous paraissons semblables, de chercher un vocabulaire commun, un vocabulaire où chacun peut se saisir de la matière humaine de l’autre, sel’approprier, la transformer et lui donner un sens nouveau. En élaborant cettecréation avec Miselaine Soobraydoo-Duval, j’ai voulu aller un peu plus à larencontre de ce pays et de son histoire. J’ai voulu faire un voyage sur desterres charnelles, des terres marquées par le passé, par la mémoire. J’aivoulu faire entendre la singularité d’une voix de femme venue d’ailleurs,mais, en vérité, si peu différente de celles que nous pourrions entendre ici,une voix transposée et intemporelle, marquée par le désir de vivre, de seréaliser, de s’exprimer.

J’ai repris et amplifié la démarche que j’avais développée sur les chantiersde ma dernière création à la Réunion, L’Improbable vérité du monde où jedemandais aux acteurs de livrer des morceaux de leur vie personnelle. Danscette nouvelle aventure, j’ai choisi de ne pas écrire pour me consacrer à ladramaturgie et aux aspects scéniques : scénographie, costumes, mise enscène. Etant donné le particularisme de l’insularité, de la culture mauricienne et dela personnalité de l’interprète, il m’a semblé naturel que l’écriture soit priseen charge par une romancière mauricienne dont l’écriture s’aventure sur lecontinent de l’intime féminin. J’ai donc proposé à Shénaz Patel de se saisirde la matière humaine de Miselaine Soobraydoo-Duval, et d’en tirer un textequi propulsera sans ménagement le spectateur dans la réalité des femmesMauriciennes.Ainsi cette création aura été le résultat d’une sorte de ménage à trois : uneactrice qui a accepté de parler le plus librement possible de sa vie, de sesdoutes, de ses peines et de ses espoirs, une romancière qui a mis sa plumeau service d’une voix singulière et qui, tout en mêlant ses propres lignes inspiratrices, a donné sens et poésie à un récit tumultueux, enfin un metteuren scène dramaturge désireux de raconter l’Île Maurice par la chair de ceuxqui y vivent.Tout est vrai ici, rien n’est inventé, mais tout est créé.

Le corps, la chair, l’histoire, les émotions, les photos de famille de la comédienne ont alimenté fortement la recherche, l’écriture et le travail scé-nique. Miselaine Soobraydoo-Duval est une actrice bien en chair, ronde,joviale, généreuse, qui a l’habitude de répondre aux attentes d’un publicenflammé, en développant un style de jeu haut en couleur. Cependant sous

INTENTIONS ARTISTIQUES

AHMED MADANI

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ce vernis, se cache l’histoire forte et douloureuse d’une femme qui a refuséle joug du mariage et les violences physiques et psychologiques qui la réduisaient à ne plus être qu’une servante docile. Une grande partie de savie aura été comparable à celles de toutes femmes qui, sous le poids despressions familiales, de la tradition et de la morale, souffrent en silence.Pendant de nombreuses années Miselaine Soobraydoo-Duval a enduré lapeur de l’ogre mâle qui rentrait chaque soir et sentait la chair fraîche. En unedizaine d’années de mariage, son corps s’est déformé et a pratiquementdoublé de volume, dressant entre elle et son mari, elle et le monde, unemuraille de chair et de suif. Un jour, pourtant, elle a décidé de rompre avecla fatalité de ce destin. Son combat, terrible, force l’admiration. Aujourd’hui,elle a engagé une cure intensive d’amaigrissement, afin de rompre définitivement avec ce passé.

Le texte de Shenaz, Paradis blues nous invite au voyage et transcende, l’histoire de Miselaine. C’est un acte d’écriture poétique et dramatique qui,parce qu’il a pris comme point de départ, non pas l’anecdotique, mais lamécanique des émotions et sa représentation par le verbe, se révèle d’unegrande puissance. L’héroïne, faîte île, nous parle avec ses rives, ses vagues,ses douleurs d’hier et d’aujourd’hui, avec ses plaines et ses monts, ses souvenirs et ses espoirs. Cette femme a traversé de grandes épreuves pourenfin parvenir à être elle-même, son récit dépasse de loin ce petit territoireperdu dans le vaste Océan indien car il n’interroge pas seulement la placedes femmes dans la société mauricienne mais bien celle de toutes les femmes dans la société des hommes.

Afin de coller au plus près à l’atmosphère onirique dégagée par le texte, lascénographie et la dramaturgie, mettront le spectateur dans la position detémoin involontaire des fulgurances de la pensée du personnage principal.L’aire de jeu, aseptisée, réduite à une tente médicale blanche, enfermantinterprètes et spectateurs dans un même espace, renforcera la proximité etprovoquera la pénétration de l’intime. Les murs de tissus bancs, tantôt écran,tantôt filtres de lumière, tantôt impalpables murs de toile, prendront vie. Peude gestes, des déplacements réduits à l’extrême, un visage d’où seront écartées toutes expressions trop marquées des sentiments. Les mots serontsusurrés, soufflés, égrainés, chuchotés. Réduire l’émotion à l’imposantemasse charnelle de l’actrice pour tordre le corps et le verbe jusqu’à fairevibrer, chuinter, grincer, gémir ces mots-cris de l’impossible amour et créerune impression de musicalité trouble qui distillera le mal être jusqu’à l’extase.Aussi, c’est dans un travail de l’épure, du souffle suspendu, de l’économie laplus grande que je souhaite orienter la présence de l’actrice sur le plateau etson jeu. La vie intérieure d’une Mauricienne, présentée froidement sur unetable d’opération, sera découpée au scalpel.

Lors du second chantier de recherche, j’ai demandé à Christophe Séchet devenir enregistrer des sons dans les rues, les manufactures de vêtements et

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sur les plages de l’île, cette matière sonore qui raconte l’ailleurs sera recomposée et mixée avec ses propres compositions électro-accoustiques,l’objectif étant d’apporter un second plan de lecture du texte.

Dans le même esprit, j’ai invité David Constantin à filmer une séance de lacure d’amaigrissement de Miselaine et à n’en rapporter que les images desmains fines et sensuelles de Pauline, la masseuse, qui pétrissent, malaxent,mélangent, plient et déplient la chair répétant les gestes d’un boulanger travaillant sa pâte. Les images mettent en scène l’aliénation d’un corps soumis à la pression sociale jusque dans ses remous intimes. D’autres mainsapparaîtront, celles, plus anonymes de ces femmes (Miselaine en fut) quichaque jour cousent les milliers de pantalons, chemises, tee-shirt dans lesateliers de confection. Des photographies empruntées à la vie privée deMiselaine Soobraydoo et l’étonnante vidéo de son mariage, intégreront aussicette seconde ligne narrative. La voix rocailleuse d’Eric Triton, muette pendant toute la présentation, nes’éveillera qu’à l’ultime minute, pour faire entendre le déchirant poème écrità cette occasion par Michel Ducasse, poète renommé de l’Île Maurice. EricTriton, proposera à l’issue de chaque représentation un mini-récital de chansons intégralement écrites pour l’occasion par Michel Ducasse, à partirdu récit de vie de Miselaine.

Cette aventure artistique insulaire est un moment rare dans une partie dumonde où les artistes femmes n’ont que peu l’occasion d’exprimer leur pointde vue et d’être à l’initiative de projets qui entraînent des hommes dans leursillage. Traduire les remous intérieurs d’une vie traversée de soubresauts, d’aller-retour, d’égarements et faire de la tragédie sociale un vibrant manifeste poétique, voilà notre ambition car chaque être humain est comme une île,unique et mystérieux.

Ahmed Madani

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Ecrire se nourrit d’une ambivalente solitude. Solitude vécue, que l’on chercheà repousser à travers les mots. Solitude recherchée, pour que l’acte d’écriture puisse jouir du silence nécessaire à son jaillissement. Oui, l’écriturenaît un jour de cet intime sentiment de décalage. De ce désir incontournabled’aller au-delà, par-delà l’apparence pour gratter, obstinément, avec lesongles cassés mais têtus des mots, la couche de vernis dont la brillancen’éblouit que pour mieux celer.Alors écrire. Ecrire pour aller à la recherche du mystère qu’est chaque êtrehumain, du secret qu’il abrite immanquablement jusque sous les dehors lesplus lisses. À travers romans et nouvelles, c’est sans doute ce à quoi l’auteur en moitente, encore et encore, de donner voix. En butant toujours sur l’insuffisancedes mots. En sachant qu’à l’autre bout, la page ne pourra prendre vie que loinde soi, entre les mains et sous les yeux de celui ou de celle qui, un jour peut-être, la lira. Et puis une rencontre, au détour d’une représentation théâtrale. Celle d’unevoix soudain incarnée, par la force d’un être qui la porte, qui lui donne chairet corps. Les mots écrits qui montent à la gorge, en un flux âpre et soudain,pour débusquer le silence. Là se situe la rencontre avec Ahmed Madani et Miselaine Soobraydoo-Duval,et le désir de cette aventure commune. Le défi, neuf, de sortir d’une écrituresolitaire pour mesurer mes mots et mon regard à la voix et à l’univers d’unecomédienne amie, à la fois si proche et si dissemblable, avec l’aide d’un metteur en scène accoucheur de maux, façonneur de glaise.S’emparer du récit d’une vie, s’imprégner des mots d’une autre, de ses fibres,de ses fêlures, de ses colères, de ses rêves, de sa force, et réagir à tout cela,interagir avec tout cela, pour en extraire la moëlle et lui réinsuffler une autrevie. S’appuyer sur la singularité d’un parcours personnel pour le sortir de sonisolement, de sa solitude : jaillit l’écriture.

Car il reste, au-delà des clichés d’usage, à dire les particularités de l’île. Leséisme quotidien qu’est tenter de s’y vivre, dans la violence d’un espace-temps aux limites géographiques restreintes, où le rapport au passé et auxracines tient du respect absolu pour l’immuabilité et la sécularité de la pierre,où le regard de l’autre est omniprésent, incontournable, où le moindre sondevient aisément assourdissant, il reste à dire l’île-tambour, implacablecaisse de résonance. Tout comme il reste à dire que tout être est une île, ceint par l’omniprésentebarrière de corail de ses doutes, ses contradictions, ses certitudes aussi,cerné par l’horizon, désiré autant que craint, des autres. Alors écrire encore, pour tenter de rompre l’enfermement, pour chercher lafissure, la passe qui ouvrirait l’échappée belle. Ce sera donc Paradis Blues.

Paradis Blues d’un double enfermement : dans l’image idéale et brillante del’île, dans l’image écornée mais incontournable du mariage.

CES ILES QUE NOUS PORTONS EN NOUS,

CES ILES QUE NOUS SOMMES

SHENAZ PATEL

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Paradis Blues, ou la voix d’un être humain qui cherche à s’affranchir. En l’occurrence, d’une femme qui cherche à s’affranchir. Parce que les femmes,plus que tout autre être humain, sont, ici et ailleurs, souvent soumises à unpoids qui les étouffe. Poids des traditions, des conventions. Poids de l’incompréhension d’un territoire intime qui sans doute effraie. Poids dessuperstitions qui fixent les interdits en usant de la peur. Poids d’un travail souvent subalterne, aliénant. Poids d’une subordination imposée par leshommes, certes. Mais aussi, beaucoup, par les femmes elles-mêmes. Cellesqui se croient investies d’une mission quasi divine de transmission desvaleurs établies. Pour que rien n’émarge, que rien ne dépasse. Pour repousser la tentation du désordre…

Alors les mots, la parole, la parole prise pour se défaire de la gangue dusilence ou des discours établis. Se délester de toutes barrières de protectioncomme d’une encombrante armure de chair et se mettre à nu, violemment,courageusement, dans sa vérité trop longtemps tue.Une intériorité en partage. Et le travail qu’implique ce partage. Les énergies,magnifiques, qu’il fédère autour de lui. L’expérience, ardue mais si belle, dupassage du texte au plateau, passage des mots à la parole, dix fois, vingtfois, sur le métier, remettre l’ouvrage, pour que l’écrit prenne bouche, ricoche,résonne. De la comédienne à chacun de nous. La solitude, un moment, vaincue.Magie du théâtre…

Shenaz Patel

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Shenaz Patel est née le 29 juillet 1966 à Rose Hill (Île Maurice). Elle grandit dans une famille passionnée de livres ; « Mon père allait dansdes ventes à l’encan, où d’autres achetaient des meubles ou appareils électroménagers, et en revenait avec de grandes caisses remplies de livres,où j’allais fouiller, fascinée par les trésors que j’y pressentais », raconte-t-elle. Cette omniprésence de la lecture, mais aussi de l’écriture, se manifesteégalement à travers son métier de journaliste, qu’elle exerce depuis 1985,d’abord au sein d’un journal politique (Le Nouveau Militant, dont elle a étérédactrice en chef), puis du principal hebdomadaire de l’île (Week End) oùelle s’occupe du secteur Culture et Société, et anime une rubrique éditorialesous le titre Interrogations.Si les expressions journalistique et littéraire constituent pour elle « deux respirations différentes », elles ne se rejoignent pas moins dans la volontéd’utiliser l’écriture pour aller « au fond des êtres et des choses », dans uneapproche qui s’attache autant à l’intériorité des individus qu’à leurs rapportsface à une certaine organisation sociale. « Donner chair, corps, sens à desréalités humaines inconnues ou ignorées. Sang qui palpite jusqu’au cœur,fragments d’âme désenfouis par les ongles cassés mais têtus des mots.C’est là, pour la lectrice passionnée que j’ai toujours été, et pour l’auteureque je tente d’être, l’essence profonde de la littérature », dit-elle.En 2000, avec un groupe d’écrivains mauriciens, elle participe à la créationde la revue littéraire Tracés, revue dont la publication a duré un an. Gratuite,imprimée sur papier-journal et diffusée à plus de 25 000 exemplaires en utilisant le réseau de distribution de la presse, cette revue visait à la fois àêtre un espace de création contemporaine et un moyen d’aller vers un lectorat qui ne fréquente pas forcément les quelques librairies de l’île situéesen zones urbaines uniquement.La nouvelle étant le genre de prédilection de Shenaz Patel, elle en a publiéun certain nombre (en français et en créole) dans des collectifs à Mauriceavant d’écrire son premier roman, Le Portrait Chamarel, qui remporte en2002 le Prix Radio France du Livre de l’Océan Indien décerné par un jury delecteurs présidé par J.M.G. Le Clézio. En 2003, les Éditions de l’Olivier-Le Seuil publient son deuxième romanSensitive, puis réitèrent en 2005 avec Le silence des Chagos.La première pièce de théâtre de Shenaz Patel, La phobie du caméléon, remporte en décembre 2005 Prix SACD/Beaumarchais des écritures dramatiques de l’Océan Indien.

SHENAZ PATELAUTEUR

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Après une aventure passionnante à la direction du Centre dramatique del’Océan Indien de 2003 à 2007, Ahmed Madani reprend ses activités artistiques au sein de sa compagnie et questionne l’histoire contemporainedans ce qu’elle a de plus troublant et de plus palpitant en produisant un théâtre d’art poétique et populaire dont le moteur est l’écriture. Les questionsdu sociétal et du politique, toujours vivaces dans ce monde en mutation, sontla matière vive de sa dramaturgie. L’adaptation d’œuvres du répertoire, l’écriture de pièces originales, la recher-che dans le cadre de chantiers artistiques, sont autant de pistes de travailpour un auteur en scène qui a choisi d’écrire une partie de son œuvre à partir de la matière humaine des artistes engagés à ses côtés. Les travauxde médiation et de confrontation aux réalités des territoires les plus divers, lacréation d’œuvres à destination du public familial et adulte, sont autant d’actes de transmission qui matérialisent une forme de propédeutique pourl’initiation de tous les éloignés du théâtre.Il réalise une trentaine de spectacles parmi lesquels : Le Médecin malgré luide Molière en version créole et en français, Architruc de Robert Pinget, La Leçon de Ionesco et On purge bébé de Feydeau (tous deux diffusés surFrance 3), Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare… Il met en scène sespropres textes : Ernest ou comment l’oublier, L’improbable vérité du monde,Petit Garçon Rouge, La Tour créé dans une tour désaffectée est adapté pourla télévision par Dominique Cabréra sous le titre Un balcon au Val Fourré,Rapt (Prix RFI 1993, radiodiffusé dans 40 pays francophones, traduit et jouéau Japon) L’Os, C’était une guerre et Familles, je vous hais... me (diffusionCanal+), Méfiez vous de la pierre à Barbe, Il faut tuer Sammy (traduit et jouéen Allemagne). Il réalise L’école en morceaux (documentaire / Planète).Ses textes sont édités chez Actes Sud-Papiers et à L’Ecole des loisirs.

Comédienne, scénariste, metteur en scène et directrice de troupe, MiselaineSoobraydoo a choisi le théâtre, dans un pays où se montrer sur une scèneest encore largement considéré comme un acte exhibitionniste peu compati-ble avec l’image bienséante que se doit de présenter toute femme. Dans unregistre burlesque et populaire, elle a créé, avec succès, Komiko, la premièretroupe théâtrale professionnelle, là où vivre de son art demeure, pour bonnombre, une vaine chimère. Elle suit une formation à l’écriture de scénarioavec Francis Leroi, participe aux chantiers artistiques du Centre dramatiquede l’Océan Indien. Elle reçoit plusieurs Awards au festival d’Art dramatique de Maurice pour lameilleure actrice, mise en scène et écriture. Elle a écrit et mis en scène 15 spectacles (Bel parol, Parol sacré, Tireur plan,Pa kass konté… et dernièrement Ti maimes). Elle incarne le roi dans Architruc de Robert Pinget sous la direction d’AhmedMadani et donne plus de 80 représentations à la Réunion, dans l’OcéanIndien , en Afrique Australe et Afrique de l’Est, en France, au Théâtre Vidy àLausanne, au Théâtre Royal de Namur en Belgique.

AHMED MADANI METTEUR EN SCENE

(ahmedmadani.com)

MISELAINE SOOBRAYDOO-DUVAL

ACTRICE

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Eric Triton 38 ans, vit à l’île Maurice, ce gaucher jouant sur une guitare dedroitier est tombé dans le blues et le jazz depuis tout petit. Quittant le “séga”,la musique traditionnelle Mauricienne, il suit sa voix. Il a été très influencé parde grands guitaristes tels que George Benson, Al di Méola, Paco de Lucia,John Mac Laughlin ou Stanley Jordan mais aussi de nombreux jazzmentels, Erroll Gardner, Duke Ellington, Dizzy Gillespie et d’autres issus du rythmand blues, comme James Brown, Aretha Franklin, Joe Cocker. Il chante en créole mauricien, en français, en anglais avec du blues, duswing, un peu de funky et d’afro. Ces textes racontent le revers de la cartepostale et révèlent une vision de l’île paradisiaque cachée aux touristes et aureste du monde. Quand il rencontre Jacques Higelin, celui-ci saisi par son talent lui dit : “Tu aston jeu à toi, tu as ta voix, tu as ta manière de chanter. Quitte ton île, tu vaspouvoir aller plus loin.”Eric Écoute le grand Jacques et émigre à l’île de laRéunion, où, très vite il est repéré et fait la première partie de plusieurs artistes comme Luther Allison ou Calvin Russel. Quelque temps plus tard ilest invité à faire la première partie de Calvin Russel à la Cigale à Paris. Là,il rencontre Jean-Philippe Allard de Polydor, Universal, avec qui il signe uncontrat. Il vit actuellement à l’île Maurice et prépare son troisième album.

Né le 26 juillet 1974 à l’Île Maurice. Formé à l’École Supérieure de l’audiovi-suel de Toulouse, il a débuté sa carrière comme cadreur avant de se tournervers la réalisation. En 2001 il crée à Maurice la société Caméléon Production,spécialisée dans la production pour le cinéma et la télévision et l’assistanceaux tournages étrangers à Maurice. Depuis 1999 David Constantin a réalisédes courts-métrages et des documentaires qui ont été primés dans diversfestivals internationaux (Montréal, Amiens etc.)David Constantin a enseigné l’audiovisuel et le cinéma pour le compte del’Université de l’Afrique du Sud (Unisa/Dcdm Business School), pour leMauritius Institute of Education. Il est depuis 2005 le responsable de la section audiovisuel/cinéma du Lycée des Mascareignes. Il réalise : Néons(1999), fiction (11’), 16mm Le Réveillon de Monsieur André (2000), fiction(4’), 16mm Colas, le dictionnaire (2003), fiction (14’), 35mm, couleur Diegol’Interdite (2002), documentaire (52’), Vidéo Bisanvil (2005), fiction (14’)35mm, couleur, La Musique de Bella (2006), documentaire (52’), en cours deproduction

Formé à la composition en musique électroacoustique par les compositeurs duGroupe de recherche musicale de l’INA. Prix Villa Medicis Hors-les-Murs (1990New-York). Il crée depuis dix ans toutes les musiques des spectacles d’YvesBeaunesnes. Compagnon de route d’Ahmed Madani, il réalise la plupart des créations sonoresde ses spectacles notamment Méfiez-vous de la pierre à barbe, Songe d’unenuit d’été, Le médecin malgré lui, Architruc, Ernestou comment l’oublier.

ERIC TRITONBLUESMAN

DAVID CONSTANTINVIDEASTE

CHRISTOPHE SECHETCOMPOSITEUR

CREATEUR D’ESPACESSONORES