numéro 11 – mars 2006

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Le Bulletin no 11 Mars 2006 Une plaque commémorative de l’Institut de la Pointe-aux-Trembles SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DU PROTESTANTISME FRANÇAIS AU QUÉBEC B ulletin L ’Atelier d’histoire de la Pointe-aux-Trembles en collaboration avec la Société d’histoire du protes- tantisme français au Québec a décidé d’installer une plaque commémorative pour rappeler la présence d’un collège à Pointe-aux-Trembles de 1846 à 1971. Cette plaque portera une photo et le texte suivant. L’Institut protestant de la Pointe-aux-Trembles (1846-1971) Pendant 125 ans, l’emplacement de ce qui est aujourd’hui « Le domaine » fut celui de l’Institut de la Pointe-aux- Trembles. D’abord créée à Belle-Rivière (Mirabel) en 1841, l’école de Madame Anne Cruchet-Amaron fut déplacée à Pointe- aux-Trembles en 1846 dans le but d’en faire une ferme-école. On y joignit l’année suivante une école de filles fondée à Montréal par Madame Olympe Hoerner-Tanner. En 1872, les deux pensionnats protestants fusionnèrent et l’Institut de la Pointe-aux-Trembles devint mixte, donc avant-gardiste pour l’époque. Après une dizaine d’années, l’enseignement général l’em- porta sur l’enseignement agricole. La formation de person- nalités fortes selon les principes évangéliques constitua toujours le cœur de l’approche éducative de ce collège qui connut un large rayonnement et éduqua en français de nom- breux élèves protestants, mais aussi catholiques, qui mar- quèrent par la suite leurs milieux respectifs. La durée des études fut prolongée en 1905 sous la direc- tion d’Edmond Brandt (1900-1937) afin que les quelque 275 élèves du collège puissent accéder directement à l’uni- versité. En 1929, l’école prit le nom d’Institut Français Évangélique après avoir absorbé l’Institut Méthodiste Français, de Westmount. L’urbanisation, les transformations du Québec et la créa- tion de classes protestantes françaises dans le système public à partir de 1955 diminuèrent finalement le besoin d’une telle institution. On y enseigna encore jusqu’en 1966 et des pen- sionnaires l’occupèrent jusqu’en 1971. L’édifice fut démoli en 1973-1974 pour faire place aux immeubles actuels. Nous convions tous nos membres et toutes les personnes intéressées à assister au dévoilement de cette plaque com- mémorative le vendredi 19 mai 2006 à 14 heures en présence d’invités de marque. La cérémonie aura lieu au 12 625, rue Notre-Dame Est. Elle sera suivie à 15 heures au Centre communautaire Roussin située au 12 125, rue Notre- Dame Est, d’une conférence donnée par Jean-Louis Lalonde sur l’histoire de l’Institut. L’Atelier de la PAT a largement financé les coûts de cette plaque mais la SHPFQ sollicite des dons pour défrayer la partie restante qui s’élève à 300 $. Libellez votre chèque à la Société d’histoire du protestantisme français au Québec. Notre Société a ainsi bénéficié de l’expérience et de la compétence de l’Atelier d’histoire de la Pointe-aux-Trembles dont nous avons apprécié l’attention à notre demande et la prise en charge de la réalisation du projet. Nous ne pouvons que nous réjouir d’une telle collaboration. Que Madame Elisabeth Gingras, la présidente de l’Atelier, trouve ici l’ex- pression de notre profonde gratitude. * * *

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Page 1: Numéro 11 – Mars 2006

Le

Bulletin no 11 Mars 2006

Une plaque commémorative del’Institut de la Pointe-aux-Trembles

SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DU PROTESTANTISME FRANÇAIS AU QUÉBECBulletin

L’Atelier d’histoire de la Pointe-aux-Trembles encollaboration avec la Société d’histoire du protes-

tantisme français au Québec a décidé d’installer uneplaque commémorative pour rappeler la présenced’un collège à Pointe-aux-Trembles de 1846 à 1971.Cette plaque portera une photo et le texte suivant.

L’Institut protestant de la Pointe-aux-Trembles (1846-1971)Pendant 125 ans, l’emplacement de ce qui est aujourd’hui«Le domaine» fut celui de l’Institut de la Pointe-aux-Trembles.

D’abord créée à Belle-Rivière (Mirabel) en 1841, l’écolede Madame Anne Cruchet-Amaron fut déplacée à Pointe-aux-Trembles en 1846 dans le but d’en faire une ferme-école.On y joignit l’année suivante une école de filles fondée àMontréal par Madame Olympe Hoerner-Tanner. En 1872,les deux pensionnats protestants fusionnèrent et l’Institut dela Pointe-aux-Trembles devint mixte, donc avant-gardistepour l’époque.

Après une dizaine d’années, l’enseignement général l’em-porta sur l’enseignement agricole. La formation de person-nalités fortes selon les principes évangéliques constituatoujours le cœur de l’approche éducative de ce collège quiconnut un large rayonnement et éduqua en français de nom-breux élèves protestants, mais aussi catholiques, qui mar-quèrent par la suite leurs milieux respectifs.

La durée des études fut prolongée en 1905 sous la direc-tion d’Edmond Brandt (1900-1937) afin que les quelque275 élèves du collège puissent accéder directement à l’uni-versité. En 1929, l’école prit le nom d’Institut FrançaisÉvangélique après avoir absorbé l’Institut MéthodisteFrançais, de Westmount.

L’urbanisation, les transformations du Québec et la créa-tion de classes protestantes françaises dans le système public àpartir de 1955 diminuèrent finalement le besoin d’une telleinstitution. On y enseigna encore jusqu’en 1966 et des pen-

sionnaires l’occupèrent jusqu’en 1971. L’édifice fut démolien 1973-1974 pour faire place aux immeubles actuels.

Nous convions tous nos membres et toutes les personnesintéressées à assister au dévoilement de cette plaque com-mémorative le vendredi 19 mai 2006 à 14 heures enprésence d’invités de marque. La cérémonie aura lieu au 12 625, rue Notre-Dame Est. Elle sera suivie à 15 heures auCentre communautaire Roussin située au 12125, rue Notre-Dame Est, d’une conférence donnée par Jean-Louis Lalondesur l’histoire de l’Institut.

L’Atelier de la PAT a largement financé les coûts de cetteplaque mais la SHPFQ sollicite des dons pour défrayer lapartie restante qui s’élève à 300$. Libellez votre chèque à laSociété d’histoire du protestantisme français au Québec.

Notre Société a ainsi bénéficié de l’expérience et de lacompétence de l’Atelier d’histoire de la Pointe-aux-Tremblesdont nous avons apprécié l’attention à notre demande et laprise en charge de la réalisation du projet. Nous ne pouvonsque nous réjouir d’une telle collaboration. Que MadameElisabeth Gingras, la présidente de l’Atelier, trouve ici l’ex-pression de notre profonde gratitude.

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Jean-Louis Lalonde complément à une rechercheantérieure de Richard Lougheed

Comme on le verra, les protestantsde langue française ont peu mar-

qué la toponymie des lieux et placespubliques du Québec. Il y a là une faib-lesse que l’on devrait tenter de corrigeravec le temps. Pour l’instant, nousvoudrions procéder à un inventaire desnoms repérés que nous présenteronspar ordre alphabétique. Peut-être noslecteurs pourront-ils nous en indiquerd’autres car l’origine de nombreuxtoponymes ne figure pas dans les guidesconsultés, alors que la tradition orale

régionale s’en souvient encore. A la finde notre rappel sommaire nous ren-voyons aux informations de la Banquedes noms de lieux de la Commission detoponymie du Québec (BNLQ) danslaquelle nous avons largement puisé.Pour les personnages décédés avant1930, on se référera au Dictionnairebiographique canadien en ligne(DBCel). DLB, renvoie à notre livre

Des loups dans la bergerie. Nous noussommes limité au seul territoire duQuébec sachant bien que de toute évi-dence certains personnages célèbressont aussi rappelés ailleurs.

On trouve à Québec depuis 1963une rue Abraham-Martin nommée enl’honneur d’Abraham Martin (1589-1664), dit l’Écossais, huguenot, pilotedu roi pour le fleuve Saint-Laurent,établi à Québec en 1629. Le cheminqui conduisait à sa terre était appelé,même avant sa mort, Côte d’Abraham.C’est aussi lui qui donna son nom auxcélèbres « Plaines » d’Abraham. En1922, la ville lui a consacré un monu-ment dans le bassin Louise illustré ci-contre. Consulter DBCel, BNLQ.

Il a existé une seigneurie Bruyèresdans la région de Bécancour. Ce nomrappelle celui Jean (John) Bruyères, (? – avant 1787). Il était venu auCanada avec l’armée de Wolfe et on leretrouva secrétaire du gouverneur deTrois-Rivières à la Conquête. Il épousaCatherine-Elisabeth Pommereau en1764 et devint coseigneur deBécancour. Ce mariage mixte célébrépar un pasteur protestant fit grand bruità l’époque. Biographie dans DBCel etBNLQ. La quasi totalité des nombreusesrues Bruyères ou des bruyères sont sansrapport avec ce personnage.

Le patriote Cyrille-Hector-OctaveCôte (1809-1850) n’a pas été oublié à

Saint-Jean-sur-Richelieu où on lui aconsacré dans le secteur Saint-Luc unerue Cyrille-Côte en 2003. Enseignant,médecin et journaliste, chef desPatriotes dans le Haut-Richelieu,Cyrille Côte est surtout connu desprotestants francophones parce qu’ils’est converti et est devenu ministrebaptiste à Saint-Pie et à Marieville. Ilexiste au Québec quelque 700 mentionstoponymiques qui contiennent le mot côteou côté, le plus souvent comme nom com-mun ou encore comme référence à desfamilles locales. Nous n’avons pu savoirsi la rue Côté de Roxton Pond, son lieude naissance, a un rapport avec ce patri-ote et pasteur. DBCel et BNLQ. De nom-breuses pages Internet sont consacrées àCyrille Côte et à son rôle dans lesRébellions de 1837-1838.

Le nom de Cramahé est attaché àun canton perdu du Lac-Ashuap -mushuam au Saguenay-Lac-Saint-Jean.Hector Théophilus Cramahé (1720-1788) a pourtant été le secrétaire civildes gouverneurs Murray, Carleton etHaldimand, il a même remplacé GuyCarleton de 1770 à 1774 et servicomme lieutenant-gouverneur de laprovince de Québec de 1771 à 1782.Bien que sa famille ait été d’originehuguenote et se soit réfugiée enAngleterre à la fin du 17e siècle, Hector

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Quelles traces les protestants delangue française ont-ils laisséesdans la toponymie du Québec ?

Monument d'Abraham Martin à Québec

Emplacement de la Seigneurie Bruyères

Cyrille-Hector-Octave Côté

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Cramahé était anglophone quand il vintau Canada. DBCel et BNLQ.

Les deux pionniers de la Nouvelle-France que sont Guillaume de Caën(huguenot) et son neveu Émery(catholique) n’ont guère besoin deprésentation. Ce sont eux qui possèdentle monopole du commerce enNouvelle-France avant d’être évincéspar la Compagnie des Cent-Associés en1627. Malgré leur rôle important dansles débuts de la colonie, ils n’ont laisséleur patronyme qu’à un lac De Caën,dans le territoire non organisé deRivière-Koksoak tout au nord duQuébec près de Kuujjuaq et peut-êtreun lac Caën près de Chibougamau. Lesrues de Caën de Boucherville, New-Glasgow, Québec et Sherbrooke rappellentplutôt la bataille de la Normandie lorsde la Deuxième Guerre mondiale.DBCel et BNLQ.

Pour ce qui est du huguenot Pierredu Calvet (1734-1786) qui avait fui laFrance pour « cause de religion » ets’était fait un ardent défenseur du sys-tème parlementaire, on ne trouve

qu’une rue de ville de Laval pour rap-peler sa mémoire. DBCel et voir ses liensavec Mesplet Fleury dans notre Bulletinde décembre 2003 où nous présentionsaussi la réédition du texte de Pierre duCalvet, Appel à la justice de l’État.Plusieurs pages Internet sur la maisondu Calvet à Montréal ou son Appel à lajustice de l’État.

Le seul village qui porte encore lenom d’un protestant francophone estcelui de Duclos dans l’Outaouais.L’auteur du Protestantisme français auCanada et aux États-Unis, Rieul-Prisque Duclos a été pasteur (1866-1868) de la paroisse d’Ottawa et de larégion. Il avait réclamé un bureau deposte pour la partie nord de Sainte-Cécile-de-Masham (maintenant inclusdans la municipalité de La Pêche) où ily avait une communauté protestantevivante. C’est grâce aux démarches dece pasteur qu’un bureau de poste y futétabli et on le baptisa en son honneur.Lire sa biographie dans Des loups…, p. 200-201. Peut-être la rue Duclos àSaint-Hyacinthe où il a œuvré pendantplus de dix ans a-t-elle été nommée enson honneur. Peut-être célèbre-t-elleplutôt l’industriel du cuir que fut SilasDuclos (voir Duclos et Payan ci-dessous), le frère de Rieul-Prisque. Onretrouve par ailleurs un peu partout demultiples rues Duclos sans rapport aucunavec le protestantisme francophone. Voiraussi notre Bulletin de juin 2004 sur ladécouverte du patrimoine protestant « enfaisant un tour de machine».

Il existe en Gaspésie (municipalitéde Rivière-Nouvelle) un canton deFauvel nommé en l’honneur deWilliam Le Boutillier Fauvel (1850-1897). W. Fauvel fut, entre autres,maire de New Carlisle et député à lachambre des communes pour le comtéde Bonaventure de 1890 à sa mort.Jersiais d’origine, il était anglican et aété enterré à New Carlisle. DBCel, pageweb sur Paspébiac et BNLQ où on nementionne toutefois pas son apparte-nance protestante.

A Saint-Blaise, il est resté des tracesdu passage des protestants francopho-nes. La symbolique Grande-Ligne a étéremplacée par la rue Principale mais aumoins on a consacré une rue àHenriette Feller (1800-1868) à deuxpas du collège Feller et de l’église bap-tiste Roussy Mémorial. Cette fondatriceremarquable est trop connue deslecteurs pour que nous insistions.DBCel. Plusieurs pages Internet lui sont consacrées. Voir par ailleurs de J. M. Cramp, Les mémoires de MadameFeller pour une biographie détaillée.

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Emplacement du lac De Caën

La Maison Pierre du Calvet dans le Vieux-Montréal

Le Rév. Rieul-Prisque Duclos

Emplacement du canton de Fauvel

Madame Henriette-Feller

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On trouve une rue Conrad-Gugy àYamachiche en Mauricie. Conrad Gugy(v 1734-1786) est le secrétaire du gou-verneur Haldimand en 1763. Il a étéseigneur du Petit-Yamachiche, directeurdes Forges du Saint-Maurice, a fait par-tie du Conseil législatif dès 1775.Plusieurs Gugy sont connus dans notrehistoire, notamment à Granby. On trou-ve sa tombe au Cimetière Mont-Royal.Il était de confession anglicane. DBCel.Voir le site remarquable de Yamachiche,spécialement l’historique et dans Topo -nymie, l’histoire de Conrad Gugy au nomde la rue.

Seules mentions de ce gouverneurqui a pris à parti Du Calvet et Mespletmentionnés plus haut, celles d’un cap et

d’un village Haldimand (appelé aussiMiller Bluff) à la pointe extrême de laGaspésie. Sir Frederick Haldimand(1718-1791) était d’origine suisse, fran-cophone et calviniste. Cela ne l’a pasempêché de gouverner la colonie(1778-1784) d’une main de fer et demanifester une véhémente oppositionaux idées républicaines nouvelles.DBCel, BNLQ et les références à Mespletet du Calvet ci-dessus.

Avec la rue Aurèle-Joliat deMirabel, on sort des domaines religieuxou politique. En effet, Aurèle Joliat(1901-1986) a été de 1922 à 1938 uncélèbre ailier gauche des Canadiens deMontréal. Il était le fils d’Émile Joliat,Suisse de tradition réformée émigré à

Ottawa à la fin des années 1880 et quidevint le premier francophone chef depolice de la ville (1931-1937). Il étaitdirectement apparenté par sa mère à lafamille des pasteurs William (métho -diste, Église Unie et baptiste) et Paul(baptiste) Chodat. Les références aujoueur étoile pullulent sur Internet. Voiraussi Encyclopédie canadienne. Il est plusdifficile de trouver quelque chose sur sonappartenance religieuse ou sa famille.Voir Les cent ans de l’église Pinguet,1905-2005, pour la famille de WilliamChodat.

La ville de Québec a honoré HenriJoly de Lotbinière (1829-1908),anglican qui fut premier ministre duQuébec du 8 mars 1878 au 30 octobre1879. La rue de Québec qui l’honoreporte le nom de Joly-De Lotbinièrealors que celles de Rivière-du-Loup oude Drummondville ont tout simple-ment gardé le nom de Joly qui était sonpatronyme d'origine, De Lotbinièren'ayant été ajouté par lui que sur le tarden 1888. Voir sa biographie détailléedans le DBCel et les circonstances quil’ont amené à devenir premier ministredu Québec pour 20 mois. Voir aussi ass-nat.qc.ca , L’Encyclopédie de l’Agora (enligne) ou Domaine Joly-De Lotbinière,dont nous avons parlé dans le Bulletin dejuillet 2005.

Il existe un canton de Masères enAbitibi près de Senneterre. FrancisMasères (1731-1824) fait partie d’unefamille française qui avait fui enAngleterre après la révocation de l’Éditde Nantes (1685). Né à Londres et con-naissant parfaitement le français,Masères fut nommé procureur généralde la nouvelle province (= colonie) deQuébec en 1766. Il fut rappelé en

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Emplacement de la Seigneurie Gugy

Sir Frederick Haldimand

Aurèle Joliat

Henri Joly de Lotbinière

La flèche nous guide vers l’ancienemplacement du Domaine Gugy.

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Angleterre à la demande du gouverneurCarleton en 1769, mais demeura unconseiller très recherché par lesmarchands. DBCel et BNLQ et surInternet.

Le fondateur de l’Acadie et lecofondateur de Québec méritaient unrappel dans la ville. On sait que laSociété historique de Québec a faitposer une plaque à la Place Royale rap-pelant le rôle de Dugua De Mons (ouMonts) (v1558-1628) dans la fondationde la colonie du Saint-Laurent. C’estcette même Société qui a obtenu en1996 que le quai numéro 22 porte lenom de Dugua-De Mons. Une rue de laville dans Sainte-Foy rappelle aussi cefondateur qui a été lieutenant-gou-verneur et vice-amiral de Henri IV en

Nouvelle-France et que c’est lui qui amandaté Samuel de Champlain pourvenir fonder Québec. Il existe depuislongtemps un canton De Monts sur laRive-Nord où se trouve la municipalitéde Godbout. La ville de Boucherville aégalement consacré une rue à cetimportant huguenot de notre histoire

de même que la ville de Montréal, qui aattribué son nom à une avenue en 1986.DBC et BNLQ. De nombreuses pagesInternet détaillées lui sont directementconsacrées. Il vaut la peine de s’y référer.

A Sherbrooke, on trouve un rue etun parc Jacob-Nicol et un pont Nicol à East Angus. Ce nom rappelle lamémoire de l’avocat et homme d’af-faires Jacob Nicol (1876-1958) qui a fondé le journal La Tribune(Sherbrooke) et puis a dirigé Le Soleil(1927-1948) et L’Événement Journal(1938-1948), à Québec. Il a été députéet ministre dans le gouvernementTaschereau (années 1920) puis con-seiller législatif (1929) et sénateur(1944) jusqu’à sa mort en 1958. De1945 à 1955, il a été directeur puis vice-

président de la Banque CanadienneNationale. Bien qu’on n’en fasse pasgénéralement mention, il était protes-tant même s’il avait épousé unecatholique. La biographie la plus détail-lée de Jacob Nicol se trouve à assnat.qc.ca(Assemblée nationale). Voir aussiQuebecPolitique.com ou CHLT AM oula notice dans Biographies canadiennes-françaises (1948 par exemple).

Un manoir significatif pour lesprotestants francophones, celui deLouis-Joseph Papineau (1786-1871) setrouve à Montebello. Si Louis-Josephétait plutôt déiste et anticlérical dans sespositons tout en étant fier de sesancêtres huguenots, on ne peut l’assi -miler au protestantisme. Par contre,l’héritier de ce manoir, Louis-Joseph-Amédée Papineau (1819-1903) devintpresbytérien à la fin de sa vie, écrivit unelettre retentissante à Chiniquy pour leproclamer et convoqua chez lui tous les

protestants qui le voulaient bien pourun pique-nique en juillet 1894, se situ-ant dans la continuité d’une fêteannuelle protestante qui existait depuisquelques années déjà. Pour sa lettre,DLB, p. 189. Voir aussi Duclos, p. 117-118 et 121. Son Journal et sesSouvenirs ont été réédités récemment. LesPatriotes 1837@1838, Parcs Canada(sur le manoir) et de nombreuses autrespages sur Internet ont un rapport directavec Amédée Papineau.

L’avenue Payan de Saint-Hyacintherappelle Paul Payan, le dixième maire dela ville de 1910 à 1914. L’imposantePorte des anciens maires mise en place

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Francis Masères

Plaque érigée en l’honneur de Dugua De Mons à Québec

Jacob Nicol

Louis-Joseph-Amédée Papineau

Le Manoir Papineau à Montebello en 1929

La Porte des anciens maires à St-Hyacinthe

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en 1927 (à l’entrée de la ville par laroute 116) signale bien sa contribution.Paul-Frédéric Payan (1840-1919) estun chef d’entreprises important de larégion de Saint-Hyacinthe. Avec SilasDuclos (v1840-v1920), son beau-frère,il avait formé la tannerie Duclos etPayan qui s’occupait depuis 1874 decuir en gros, de chaussures ou d’autresproduits dérivés. Paul-Frédéric Payanétait un descendant de Louis (1689-1765) et de son fils, également appeléLouis (1735-1908), qui a mis en placeles tanneries Payan. Son propre fils,encore baptisé Louis jr (1786-1950), aété un industriel et un homme poli-tique. Eugénie Payan-Gould (1844-1917) retrace dans son journal Le livred’Eugénie – Une bénédiction paternelle(et qui a été publié par l’Association desPayan en 1992) l’histoire de sa famille etson passage à l’Institut de Pointe-aux-Trembles. (voir DLB, p. 108). Le DBCn’en parle pas. On trouve plusieurs pagesInternet sur les tanneries Duclos &Payan et leur importance régionale. Voirles pages de Martin Messier sur Ledéveloppement industriel de Saint-Hyacinthe au 19e siècle avec illustrationde la manufacture, ou celles de la BAnQ(nouveau sigle pour Bibliothèque na -tionale et Archives du Québec réunies,janvier 2006).

Le manoir de William Plen -derleath Christie (1780-1845) estsitué à Saint-Jean-sur-Richelieu, secteur

Iberville. De 1846 à 1859, ce secteurs’est appelé Christieville en l’honneurde Napier Christie Burton, seigneur del’endroit et père de William. Pour desraisons patriotiques, les gens du coin lerebaptisèrent Iberville, maintenant inté-grée dans la ville de Saint-Jean. (LeChristieville des Laurentides a une touteautre origine). Anglican convaincu,William, parce qu’il s’occupe des affairesindiennes, aide en 1830 Isaac Clouxenvoyé par la Société des missionsévangéliques de Lausanne pour conver-tir les autochtones de la région deKingston. Ce missionnaire abandonne

rapidement les Indiens et Plenderleathlui trouve alors un poste d’enseignant àL’Acadie. Le seigneur jouera ensuite unrôle de premier plan dans l’établisse-ment de Henriette Feller et de LouisRoussy dans la région, les soutenant

financièrement. À son décès en 1845, saveuve verra à faire construire l’église deSabrevois qui sera à l’origine de la mis-sion anglicane auprès des Canadiensfrançais. Consulter le site de la Société d’histoire du Haut-Richelieu(explications et circuits patrimoniaux)ou celui de Saint-Jean-sur-Richelieupour en savoir davantage. DBC,Encyclopédie de l’histoire du Québec –Marianopolis.edu/quebechistory/encyclo-pedia (son rôle auprès des Indiens) ouThe Christie Seigneuries et autres pages.

Il existe des dizaines de lieux quiportent le nom de Roberval. En faisantle compte rendu du livre sur le sieurJean-François de La Rocque deRoberval (v 1500-1560) dans le

dernier Bulletin, nous avons rappelél’histoire de ce huguenot au temps deJacques Cartier. La ville de Roberval auSaguenay-Lac-Saint-Jean a été nomméeen son honneur. Cette fois, c’est la pro-fusion dans les utilisations. On trouveune rue, une avenue ou un boulevardRoberval ou de Roberval à Montréal,Laval, Longueuil, Baie-Comeau,Blainville, Boucherville, Bromont,Cantley, Granby, La Tuque, Pincourt,Repentigny, Saguenay (ville), Saint-Bruno, Sainte-Hedwige. La ville deQuébec à Cap-Rouge lui a consacréaussi une rue; un parc public y réunit lesdeux fondateurs sous le nom de Cartier-Roberval. DBCel, BLNQ, L’encyclopédiecanadienne et de multiples pagesInternet.

A Lachute, on trouve aujourd’huiun chemin Félix-Touchette. Il rappellela mémoire de Félix Touchette (1895-1974), maire de 1961 à 1969 de laParoisse de Saint-Jérusalem avant quecette municipalité ne soit intégrée dansla ville de Lachute. Il est le fils de David

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La tannerie Duclos et Payan à Saint-Hyacinthe

Le Manoir Christie à Iberville

Jean-François de La Rocque de Roberval

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Touchette et de Jeannette Bigras d’EastSettlement et membre de la paroisseprotestante de Belle-Rivière. Voir l’al-bum souvenir du centenaire de Lachute,1885-1985.

Nous terminerons ce survol parJoliette. On y trouve une petite rueVessot dans ce que l’histoire oraleappelle le village Vessot. Elle célèbreSamuel Vessot (1852-1933), industrielet inventeur de Joliette. Fils du pasteuret missionnaire Joseph Vessot (1810-1898), son esprit inventif était tellementprécoce que ses patentes ont dû êtresignées par son père aussi bien auCanada qu’aux États-Unis (par exem-ple, un semoir et une herse combinés)pour obtenir un brevet. Il a mis sur piedune compagnie (1873) et une manufac-ture pour les fabriquer. La Vessot et Ciedate de 1885. Son idée de génie futd’inventer une machine simple qui per-mettait de moudre à domicile les grainspour faire de la moulée pour les bêtes.Son invention perfectionnée plusieursfois s’est répandue partout. Il fallaitconcevoir les machines, les dessiner, encouler les pièces et les assembler desorte que c’est plus d’une centaine depersonnes qu’employait la compagnieau début du 20e siècle. Elle se maintintdans la famille jusque dans les années1960. Joliette a aussi consacré le nomde Vessot à un parc qui offre un intérêtgéologique, celui des îles Vessot, dans larivière L’Assomption. Illustration de lamanufacture sous Musée McCord ouencore en carte postale sous eBay. Voir

aussi le site de Joliette et celui de la Sociétéd’histoire de Lanaudière-Joliette.

* * *Un tel survol a quelque chose de

réjouissant, des personnages marquantsde la tradition protestante de languefrançaise sont présents dans la topo -nymie du Québec. Des explorateurs,des marchands, des seigneurs, desindustriels, des hommes politiques, unou deux missionnaires.

On doit cependant constater quebien des noms tout aussi marquantssont absents de la toponymie québé-coise. Ne pourrait-on pas imaginer unsite Henri-Marc Ami en souvenir du

grand géologue et archéologue dont lesartefacts se retrouvent dans les muséescanadiens, un parc pour André Biéler, lepeintre des coutumes québécoises, uneplace publique peut-être pour Chiniquy,une rue montréalaise pour les Déchaux,industriel du nettoyage, une ruelle,pourquoi pas, pour Michel Fortin, lejournaliste, un parc pour Louis-VessotKing, le grand physicien, professeurpendant trente ans à McGill et connumondialement pour son travail sur lesintégrales elliptiques et autres subtilités.Ne pourrait-on se souvenir d’Eugène-Roussy Lafleur, membre de la Coursuprême dans les années 1920, de W.-H. Perron, le pépiniéréiste et com-merçant qui a laissé sa marque dans larégion de Montréal ou de Laurent-E.Rivard, qui a tant fait pour la musiquereligieuse et L’Aurore. Pourquoi pas unparc Roussy à l’Acadie ou un cheminRoy à Sabrevois, cette famille ayantsuffisamment marqué le paysagereligieux anglican de la région.

Comme on peut le voir, le protes-tantisme de langue française n’a pasmanqué de représentants illustres quel’on pourrait rappeler au fil des commé-morations. Mais il faut reconnaître quebien d’autres considérations que celles-là entrent en ligne de compte dans lechoix d’une appellation de cet ordre.Cela ne devrait pas nous empêcher desaisir les occasions propices pourprésenter des suggestions aux autoritéscompétentes.

L’usine Vessot & Cie

Henri-Marc Ami,géologue et archéologue

Publicité de l'entreprise Déchauxet frères dans un journal

W.-H. Perron, pépiniéréisteet commerçant à Montréal

D’AUTRES PROTESTANTS TOUT AUSSI HONORABLES

Oeuvre du peintre A. Biéler

Page 8: Numéro 11 – Mars 2006

LE BULLETIN SHPFQISSN 1712 - 5898Dépôt légal : Bibliothèque nationaledu Québec et Bibliothèque nationaledu Canada

Responsables du BulletinJean-Louis Lalonde : (514) 733-1783 Alain Gendron : (450) 447-7608

C’est avec regret que nous avons appris la mort dupasteur John S. Gilmour. Il est décédé le vendredi 16décembre 2005 à l’âge de 76 ans, à la suite d’uneleucémie aiguë diagnostiquée quelques jours auparavant.Il laisse dans le deuil son épouse Emily Anne Nasmith.Le pasteur baptiste Nelson Thomson et son épouseHylda nous ont fait parvenir la notice nécrologique sui -vante que nous portons à la connaissance de nos lecteurs.

Richard Lougheed

John Gilmour a été un serviteur de Dieuet de l’Église de Jésus-Christ, surtout auCanada français. Originaire de l’Alberta,il est venu étudier à l’Université McGilloù il a décroché son baccalauréat. Ilfréquentait alors l’église baptiste fran-cophone de l’Oratoire, établie depuislongtemps. Après sa graduation, il aétudié la théologie de l’UniversitéMcMaster à Hamilton, Ontario, où il aété diplômé en théologie en 1952.

Cette même année, il a été appelé comme pasteur del’Église baptiste de Limoilou dans la ville de Québec. En1955, il s’est marié avec Emily Anne Nasmith. À la fin de sonpastorat à Québec, le couple Gilmour est allé vivre àLouisville, Kentucky, où John a poursuivi des étudesavancées. C’est pendant cette année qu’il a commencé àtraduire en anglais plusieurs livres de Paul Tournier, médecin

et conseiller, qui furent ensuite publiées.En revenant du Kentucky, John Gilmour est devenu pasteurde l’Église de l’Oratoire, celle même qu’il avait fréquentéecomme étudiant. Pendant son ministère, on lui a demandéd’étudier au Collège Macdonald en vue de son diplômecomme enseignant, après quoi il a servi comme principal duCollège Feller à Saint-Blaise jusqu’à sa fermeture en 1967.Il est entré à la Commission scolaire protestante du GrandMontréal comme enseignant. Il a été choisi comme directeurde la première école secondaire francophone appartenant àcette commission scolaire – l’École de Roberval à Montréal.Lors du décès du Docteur Maurice Boillat en 1986, l’Uniondes Églises baptistes françaises au Canada a demandé à Johnde devenir son nouveau secrétaire-général. En même temps,il est devenu registraire de la Faculté de ThéologieEvangélique et professeur de théologie pastorale. Le Collège de Théologie McMaster lui a décerné pendantces années un certificat attestant que John était un graduédistingué.John et son épouse pour qui la famille était importante onteu quatre enfants et huit petits-enfants. Au mois d’août2005, un grand nombre d’amis, de collègues et de parents sesont rassemblés pour célébrer leur cinquantième anniversairede mariage. John était un homme doux de caractère et sen-sible aux besoins d’autrui. Beaucoup de gens ont été mar-qués par son humble témoignage et son cœur pastoral.

- Nelson & Hylda Thomson

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Le pasteur John S. Gilmour (1929-2005)

Dans le cadre du Congrès de l’ACFAS qui se tient en maiprochain à l’université McGill, l’Institut du patrimoine cul-turel et la Faculté de Théologie et Sciences religieuses del’Université Laval ont mis sur pied un colloque interinstitu-tionnel intitulé : Le patrimoine des minorités religieusesdu Québec : richesse et vulnérabilité. Ce colloque se tien-dra à Montréal du 17 mai au soir au 19 mai au midi.L’image traditionnelle d’un Québec monolithique,

catholique et français, est aujourd’hui nuancée par unemeilleure connaissance de la présence historique des minoritésreligieuses et par la reconnaissance de leur patrimoine.Tour à tour tolérées, interdites, marginalisées ou accep-

tées, les communautés protestante, juive et orthodoxe ontmarqué l’espace, la mémoire et la société de façons diversesmais constante. Architecture, organisations, langue populaireen témoignent. Or, en dépit de son importance, on constateson état de dégradation avancée : démolition ou recyclaged’immeubles, dispersion d’objets et destructions d’archives,

disparition des traditions et de savoir-faire, etc. Commentidentifier, documenter, préserver et transmettre ces patri-moines riches et vulnérables ? C’est pour tenter de répondreà ces questions que ce colloque réunira chercheurs et prati-ciens qui présenteront des études de cas concernant aussibien le patrimoine mobilier, immobilier qu’immatériel. Avecdes pistes pour le sauvetage de ce patrimoine religieux avantqu’il ne soit trop tard, pour sa conservation et sa transmissionaux générations suivantes.Nous savons que Mary-Claude Rocher a largement con-

tribué à l’organisation de ce colloque et que l’équipe du pro-jet CRSH lancera officiellement le 19 mai le site web sur lepatrimoine des Franco-protestants qui est en préparationdepuis plusieurs années et qui deviendra un outil de travailextrêmement précieux pour tous les chercheurs dans cedomaine. Dans la section Cadres d’intervention et initiativescommunautaires, Jean-Louis Lalonde présentera les activitéset les réalisations de notre jeune Société d’histoire. JLL

Le patrimoine des minorités religieuses du Québec : richesse et vulnérabilité

I N M E M O R I A M