novembre 2012

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ISSN 0299 - 0342 CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS N°306 • novembre 2012 60 ans de Positif MICHEL CIMENT, itinéraire d’un critique voir page 5 Augustine un film de Alice Winocour

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Tours • Studio

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Page 1: Novembre 2012

ISSN

029

9 - 03

42

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURSN°306 • novembre 2012

60 ans de PositifMICHEL CIMENT,

itinéraire d’un critiquevoir page 5

Augustineun film deAlice Winocour

Page 2: Novembre 2012

du 31 octobre au 6 novembre 20121semaine

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite. www.studiocine.com

Cinémas Studio – 2 rue des Ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

du 21 au 27 novembre 20124semaine

LE JOURDES CORNEILLESde Jean-Christophe Dessaint

10, 11, 12, POUGNELE HÉRISSON

de divers réalisateurs

ELLE S’APPELLERUBY

de Jonathan Dayton & Valérie Faris

TEMPÊTESOUS UN CRÂNE

de Clara Bouffartigue

L’ÉTRANGE POUVOIRDE NORMANde Chris Butler & Sam Fell

1h20’

1h44’

1h35’

50’

1h10’ Version musicale

INTO THE ABYSSde Werner Herzog

1h47’

Le film imprévu08 92 68 37 01

www.studiocine.com

AU GALOPde Louis Do de Lencquesaing

1h27’ VF

17h00

19h15

21h50

16h00

17h45

21h30

lundi14h15

16h00

17h45

21h45

?

UNE FAMILLE RESPECTABLE

de Massoud Bakhshi

AMOURde Michael Haneke

FRANKENWEENIEde Tim Burton

LE CAPITALde Costa Gavras

J’ENRAGEDE SON ABSENCE

de Sandrine Bonnaire

PAPERBOYde Lee Daniels

14h1517h4519h30

14h30

14h1517h0021h15

14h15

19h30

lundi19h30

mardi19h45

14h1519h1521h1517h15

1h48’

1h38’

1h30’

1h27’ VO

1h53’

SAUDADEde Katsuya Tomita

14h15

19h00

2h47’

16h0019h4521h30

DANS LA MAISONde François Ozon

1h45’

1h33’

14h15sauflundi

1h45’

En présence du réalisateur

UN PAS EN AVANT,LES DESSOUS DE LA CORRUPTION

de Sylvestre Amoussou

2h07’

L’AIR DE RIENde Grégory Magne & Stéphane Viard

APRÈS MAIde Olivier Assayas

SOIRÉE LIBRES COURTSCourts métrages français

d’aujourd’hui

J’ENRAGEDE SON ABSENCE

de Sandrine Bonnaire

RENGAINEde Rachid Djaïdani

LITTLE BIRDde Boudewijn Koole

1h15’ + Court métrage 4’

1h38’

2h02’

1h32’

LA CHASSEde Thomas Winterberg

1h51’

Le film imprévu08 92 68 37 01

www.studiocine.com

1h21’ VF + VO

FRANKENWEENIEde Tim Burton

17h15

17h30

21h45

17h00

21h30

21h45

mercredi19h45

21h30

17h30

21h30

?

1h27’ VO

A t e l i e r

LES FOLLES INVENTIONSDE M. BRICOLO

de Charley Bowers & Harold L. Muller

PARTENARIAT CICLIC - STUDIO

3D

C I N É M A T H È Q U EVF

VO

ROYAL AFFAIRde Nikolaj Arcel

Les enfants soldats en AfriqueJOHNNY MAD DOG

de Jean-Stéphane SauvaireFILM + DÉBAT avec un ancien enfant soldat

LOOPERde Rian Johnson

AU-DELÀDES COLLINES

de Christian Mungiu

AUGUSTINEde Alice Winocour

LE CAPITALde Costa Gavras

14h30

19h30

14h3017h3019h45

14h15

19h15

14h15

19h00

CNPjeudi19h45

14h1517h4521h00

1h41’

LES LIGNESDE WELLINGTON

de Valeria Sarmiento

14h15

19h00

Rencontre :18h00Film :

19h45

lundi19h30

dimanche19h30

À suivre.

1h36’

2h31’

2h16’

1h59’

1h53’

2h30’

1h51’

À suivre.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

Soirée présentée par Jean Gilispécialiste du cinéma italien

SPLENDORde Ettore Scola

C I N É M A T H È Q U E

Soirée de soutien aux Faucheurs volontaires

Rencontre avec Béatrice Jaud &Marc Dufumier, ingénieur agronome

Rencontre et débat avecMichel Ciment / 60 ans de Positif

LES RENCONTRES DE LA BIBLIOTHÈQUE

1h59’ BRIGHT STARde Jane Campion

TOUS COBAYESde Jean-Paul Jaud1h55’

À suivre.

17h15+mer-samdimanche14h15dimanche17h15

Page 3: Novembre 2012

du 7 au 13 novembre 20122semaine

du 14 au 20 novembre 20123semaine

Films pouvant intéresser les 12-17 ans, (les parents restant juges) au même titre que les adultes.Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire).www.studiocine.com

Cinémas Studio – 2 rue des Ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

L’AIR DE RIENde Grégory Magne & Stéphane Viard

J’ENRAGEDE SON ABSENCE

de Sandrine Bonnaire

FRANKENWEENIEde Tim Burton

AUGUSTINEde Alice Winocour

VILLEGASde Gonzalo Tobal

14h3017h3019h3021h30

14h15

19h45

14h1519h1521h15

14h1517h4519h15

14h1517h1521h15sauf lun

lundi

14h0019h3020h00

1h36’ + court métrage 9’

1h41’

1h32’

1h27’ VO

OLIVER SHERMANde Ryan Redford

14h30

19h45

1h40’

17h30 DANS LA MAISONde François Ozon

1h45’

TEDde Seth MacFarlane

LE CAPITALde Costa Gavras

APRÈS MAIde Olivier Assayas

AUGUSTINEde Alice Winocour

RENGAINEde Rachid Djaïdani

17h3021h30sauf jeu

14h30

19h45

14h1517h1519h3021h45

14h15

19h15

CNPjeudi20h00

14h1517h0019h15

1h15’ + court métrage 4’

1h41’

1h53’

1h47’

2h02’

LA CHASSEde Thomas Winterberg

14h30

19h45

1h51’

1h13’

mardi19h45

21h45

17h15

21h15sauf lundi

14h15

19h30

21h30sauf

vendredi

mercredi14h15

sam-dim14h15+mer-sam

dimanche16h00

17h15+mer-sam

dimanche16h00

17h45

21h45sauf mardi

21h45

?

AMOURde Michael Haneke

FRANKENWEENIEde Tim Burton

LES NOUVELLES AVENTURESDE LA PETITE TAUPE

de Zdenek Miler

VILLEGASde Gonzalo Tobal

L’AIR DE RIENde Grégory Magne & Stéphane Viard

LE CIRQUE DE CALDERde Carlos Vilardebo

UNE VIE DE CIRQUEde Bruno Lemesle

1h32’

1h36’

1h27’ VO

2h07’

44’ Sans paroles

HEADSHOTde Pen-ek Ratanaruang

1h45’

J’ENRAGEDE SON ABSENCE

de Sandrine Bonnaire

1h38’

MON TONTONCE TATOUEUR TATOUÉ

de Karla von Bengtson

30’

Le film imprévu08 92 68 37 01

www.studiocine.com

45’ VF

1h38’

PARTENARIAT CINÉMATHÈQUE - VILLE DE TOURS - STUDIO

LE TAMBOURde Volker Schlöndorff

LA MER À L’AUBEde Volker Schlöndorff1h30’

2h42’

Rencontre avec Volker Schlöndorffaprès la séance de 14h00

Présentation par Volker Schlöndorffavant la séance de 19h30

Rencontre avec Volker Schlöndorffaprès la projection

Débat avec Damien Monnier, réalisateuret Jean-Yves Potel, historien

SIX FACES D’UNE BRIQUEde Damien Monnier

MOIS DU DOCUMENTAIRE

Rencontre avec Michel Leclercaprès la projection

TÉLÉ GAUCHOde Michel Leclerc

L’ÉTRANGE POUVOIRDE NORMANde Chris Butler & Sam Fell

10, 11, 12, POUGNELE HÉRISSON

de divers réalisateurs

MON TONTONCE TATOUEUR TATOUÉ

de Karla von Bengtson

AMOURde Michael Haneke

DAMSELSIN DISTRESS

de Whit Stillman

LE JOURDES CORNEILLESde Jean-Christophe Dessaint

1h39’

2h03’

1h27’ VF

50’

45’ VF

UNE FAMILLE RESPECTABLE

de Massoud Bakhshi

1h30’

Le film imprévu08 92 68 37 01

www.studiocine.com

SAUDADEde Katsuya Tomita

1h35’

17h0019h00sauflundi

21h45

16h00sauflun-ma+

17h30

21h00

16h00sauflundimardi

16h00sauflundimardi

17h45

21h45

?

2h47’

14h15&

16h00sauflundimardi

3D

52’

lundi19h30 1h58’

Soirée présentée par la section Cinémaet audiovisuel du lycée Balzac

JACQUOT DE NANTESde Agnès Varda

vendredi19h45

Rencontre avec Jean-Pierre Amérisaprès la projection

L’HOMME QUI RITde Jean-Pierre Améris1h30’

C I N É M A T H È Q U E

C I N É M A T H È Q U E

1h52’

3D

3D

MOIS DU DOCUMENTAIRE

Page 4: Novembre 2012

Présence graphique contribue à la préservation de l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €.ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Claude du Peyrat,

Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte,avec la participation de la commission Jeune Public.

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet.ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselyne Guérineau – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37)

Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles :

AFCAEASSOCIATION

FRANÇAISEDES CINÉMASD’ART ET ESSAI

ACORASSOCIATION

DES CINÉMAS DE L’OUESTPOUR LA RECHERCHE

(Membre co-fondateur)

GNCRGROUPEMENT

NATIONALDES CINÉMASDE RECHERCHE

ACCASSOCIATION

DES CINÉMAS DU CENTRE(Membre co-fondateur)

EUROPAREGROUPEMENTDES SALLES POURLA PROMOTION

DU CINÉMA EUROPÉEN

Éditorial : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

Soirée Libres Courts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

Rencontre de la bibliothèque . . . . . . . . . . . . . 5

Hommage à Volker Schlöndorff . . . . . . . . . . . 6

60 ans de Positif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

L E S F I L M S D E A à Z . . . . . . . . . . . . 6

En bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

bande annonceJeunesse et indignation . . . . . . . . . . . . . . . 18

interférencesDu vent dans mes mollets/À perdre la raison 19

courts lettragesCamille redouble . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

face à faceCamille redouble . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

rencontreNamir Abdel Messeh . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

à propos deLambert Wilson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

rencontreSerge Bourguignon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

Vos critiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

Jeune Public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

FILM DU MOIS :AUGUSTINE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

GRILLE PROGRAMME . . . . . . pages centrales

La cafétéria des Studiogérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

accueille les abonnés des Studiotous les jours de 16h00 à 21h45sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Tél : 02 47 20 85 77

Site : www.studiocine.comet un lien vers notre page Facebook : cinémas STUDIO

S O M M A I R Enovembre 2012

Horaires d’ouverture :

lundi : de 14h00 à 19h00mercredi : de 14h00 à 17h00

jeudi : de 14h00 à 17h00vendredi : de 14h00 à 19h00samedi : de 14h30 à 17h00La bibliothèque est fermée

les mardis, dimanches et les vacances scolaires.

Page 5: Novembre 2012

3Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 2012

éditorial

À Tours comme ailleurs,l’art et essai menacé…

L’implantation annoncée d’un nouveaumégaplexe à Tours Nord illustre parfaite-ment la nouvelle tendance à l’écrasement detout ce qui manifeste une velléité d’indépen-dance...

L’« exception culturelle française », par diversdispositifs législatifs, entend protéger ledomaine culturel en lui permettant d’échap-per partiellement à la toute-puissante loi dumarché. Elle est notamment censée compen-ser l’énorme différence de «puissance defeu » entre groupes nationaux ou internatio-naux et opérateurs indépendants. Des méca-nismes de régulation existent, qui permettentde protéger certains des acteurs culturels lesmoins puissants, les moins bien dotés finan-cièrement. Qui permettent, ou qui ont per-mis ?

Cette question peut en effet se poser dans lemonde de l’exploitation cinématographiqueparce que rien ne semble plus protéger lesexploitants indépendants de la fameuse« concurrence libre et non faussée » que peu-vent leur livrer les très gros groupes nationauxou internationaux.

Pour bien comprendre la menace que cesgroupes font peser sur de plus petites sallestelles que les Studio, il faut savoir trois choses.

• Les distributeurs de films sont rémunérés aupourcentage (environ 50%), ce qui revient àdire que plus la place est chère et plus le dis-tributeur en tire de bénéfice, ce qui expliqueassez facilement que nombre d’entre les dis-tributeurs soient parfois réticents à « placer »leurs films dans des salles comme les nôtres,même si, paradoxalement, ces choix de pla-cement les amènent à se retrouver eux aussiencore plus tributaires des grands groupesd’exploitation comme Pathé, UGC ou CGR…

• Rien n’oblige les distributeurs à confier leursfilms à telle ou telle salle. Les groupes d’ex-ploitation peuvent très facilement faire valoirque « si vous mettez ce film chez notreconcurrent local (qui dispose de 7 écrans)alors, nous ne le prendrons pas dans notreréseau (qui dispose de 500 écrans). Là aussi,on comprend que la logique commercialeguide rapidement le choix du distributeur !Et, là aussi, on comprend que les victimes ris-quent de se trouver aussi bien chez les dis-tributeurs que chez les exploitants indépen-dants !

• Enfin, il faut savoir qu’une salle comme lesStudio équilibre ses comptes grâce à un petitnombre de films qui, bien que classés Art etEssai, « marchent » bien et compensent lesentrées plus réduites des autres films propo-sés. Conséquence inévitable de cet état defait : une pression accrue de la concurrenceva mécaniquement amener les distributeurs àne plus louer ces films aux salles indépen-dantes. Ce n’est pas de la paranoïa que dedire cela, l’accès à ces films porteurs est déjàune lutte permanente pour les Studio, et laprésence d’une dizaine d’écrans supplémen-taires sur l’agglomération va inévitablementaccroître ce phénomène.

Les inquiétudes dont divers médias régionauxse sont déjà fait l’écho sont donc tout à faitfondées. Considérant que nous ne travaillonspas dans le même domaine, nous n’avonsjamais voulu voir le groupe CGR comme unconcurrent, l’implantation d’un mégaplexe àTours Nord change hélas complètement ladonne et ce, même si ce mégaplexe devaitêtre géré par un groupe autre que CGR…

Les enjeux de ce conflit ne sont pas que com-merciaux, ils sont éminemment culturels etpolitiques, nous y reviendrons prochaine-ment. ER

Page 6: Novembre 2012

5Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 2012Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 20124

Dans le cadre du Mois du Documentaire,le CNP propose :

Six faceS d’une briquede damien monnier

(production : L’image d’après, Tours, 2012, 1h13’)

au centre de Varsovie, les vestiges du murdu ghetto, dans une cour d’immeubles.Touristes et habitants passent devant lacaméra de Damien Monnier. Certains s’ar-rêtent, racontent, discutent, d’autres setaisent et effleurent : une réflexion puis-sante sur la mémoire comme matière etcomme espace à arpenter. Et un beau tra-vail cinématographique.Après la projection, débat avec le réali-sateur, une partie de l’équipe et Jean-yves Potel, historien, conseiller histo-rique du film, collaborateur du Mémorialde la Shoah et auteur de La Fin de l’inno-cence.Le film a bénéficié du soutien à l’écritureet au développement de Ciclic-RégionCentre, et a été coproduit par BIP TV enpartenariat avec Ciclic-Région Centre.

Dans le cadre de la Semaine de la solidarité inter-nationale, Plumes d’Afrique, le CID-MAHT et le

CNP proposent :

L’éducation bafouée :

les enfants soldats en Afrique

le droit à l’éducation pour tous est inscritdans la Déclaration universelle des Droitsde l’Homme. Il est loin d’être appliqué par-tout. Il y a des enfants qui, plus que

jeudi 15 novembre - 20h00

jeudi 22 novembre - 19h45

d’autres, en sont privés et sont de surcroîtdans la pire des situations, ce sont lesenfants soldats.Après le film : Johnny mad dog,de Jean-Stéphane Sauvaire, 1h36, untémoin : Serge amisi, ancien enfant sol-dat au Congo, aujourd’hui écrivain, sculp-teur, danseur animera le débat.Sur un sujet rarement abordé, ne manquezpas l’occasion de venir vous informer à lasource.

Le CNP, la LDH, le NPA et l’ACET proposent :

Quel printemps pour le Maroc ?

au Maroc, une élite régnante proche duroi (le Makhzen), refuse de lâcher prisemalgré les appels à plus de démocratie etau respect des Droits de l’Homme. C’estce que nous montre Nadir Bouhmouchdans un documentaire qui s’avéra difficileà tourner, à la fois parce que la peur domi-nait les habitants des quartiers populairesqu’il filmait et aussi du fait des confiscationsde matériel par l’administration marocaine.

film :mon makhzen et moi, 2011.

débat sur la situation explosive duMaroc, son avenir et sa place dans lemonde arabe, avec les associations ainsique mohamed Jaite, militant, membredu Collectif du 20 février, de l’Associationmarocaine des Droits de l’Homme, et J.f.troin, géographe spécialiste du mondearabe.

jeudi 29 novembre - 20h00

I’m Your ManFrance – 2011, 15’, de Keren Ben Rafael, avec Vin-cent Macaigne, Maëlys Ricordeau,Cécile Fisera.Bruno a enfin décidé de s’installer avec sa nou-velle copine, Camille. Mais le jour de sondéménagement arrive Mia, son ex. Et Brunocouche avec elle. Seulement, au moment où ilveut se retirer, impossible de séparer les deuxcorps : comment se décoincer avant queCamille n’arrive ? Burlesque assuré…

Le Cri du homardFrance – 2012, 30’, de Nicolas Guiot, avec ClaireThoumalou, Anton Kouzemin…D’origine russe et installée depuis peu enFrance avec ses parents, Natalia, six ans, attendimpatiemment le retour de son frère, parti com-battre en Tchétchénie. Le grand jour est arrivé,mais la fillette doit déchanter : cet homme est-il vraiment le frère qu’elle a connu ?

CourirFrance – 2011, 25’, de Maud Alpi, avec GisèleTeulie, Philippe Viart.Chaque samedi, Gisèle court avec un hommequi lui apprend à surmonter l’épuisement et lasouffrance. Jogging et étrangeté…

Le Marin masquéFrance – 2011, 35’, de Sophie Letourneur, avecSophie Letourneur, Laëtitia Goffi, Johann Libé-reau.Laetitia et Sophie partent en week-end à Quim-per , ville natale de Laetitia. Au fil de leur séjourrythmé par les crêpes, les balades sur la plageet les sorties nocturnes, réapparaît la figure dumarin masqué, amour de jeunesse de Laetitia.Un petit chef-d’œuvre d’humour et d’inventionpar la réalisatrice de La Vie au ranch.

Courts métrages français d’aujourd’hui

Séance Libres-courtsMercredi 21 novembre - 19H45

La diversité et la richesse des univers de quatre jeunes réalisateurs, tous primés dans divers festivals.En présence du cinéaste Nicolas Guiot.

En partenariat avec Ciclic

Pour cette nouvelle soirée-rencontre de la Biblio-thèque, l’invité sera Michel

Ciment, directeur de publication de la revuePositif, qui fête ses 60 ans cette année. C’estcet anniversaire qui a motivé la venue de cet uni-versitaire et grand critique. Il a publié (entreautres) Kazan par Kazan en 1973, Théo Angelo-poulos en 1989, Le Crime à l’écran, une histoirede l’Amérique en 1992, Fritz Lang : Le meurtre etla loi en 2003, Kubrick en 2009. Maître de confé-rences honoraire en civilisation américaine à ParisVII, il est une des grandes voix de l’émission LeMasque et la plume et collabore à de nombreuxpériodiques et quotidiens.Il nous entretiendra de sa carrière de critique etde la revue Positif, dont il est le pilier.La rencontre sera suivie d’une projection à

19h45 du film de Jane Campion :Bright starAustralie/USA/Grand-Bretagne/France – 2009 –2h00, de Jane Campion, avec Abbie Cornish, BenWishaw, Thomas Sangster…

Seize ans après son chef d’œuvre, La Leçon depiano, Jane Campion renoue avec le XIXe sièclepour mettre en lumière les dernières années dupoète anglais John Keats, et surtout son histoired’amour avec la tout aussi jeune, Fanny Brawne.Elle nous donne à voir la naissance d’une pas-sion (qui deviendra l’archétype de la passionromantique), jusqu’à son issue, tragique, for-cément tragique. Les images, d’une beautéirréelle, sont de véritables poèmes. Sublime-ment beau et triste ! IGÀ l’issue de la projection, Michel Cimentanimera un échange avec le public.

Itinéraire d’un critique de cinéma : Michel Ciment60 ans de Positif

Vendredi 23 novembre - 18 heures / Projection à 19h45

Page 7: Novembre 2012

7Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 2012Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 2012

Les films de A à Z08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

avant leS filmS, danS leS SalleS, au moiS de novembre :• Song, Song, Song de Baptiste Trotignon (studio 1-2-4-5-6) • Glad Rag Doll de Kiana Krall (studio 3 et 7).

Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RCF St Martin.

Sur le site des Studio (cliquer sur : PluS d’infoS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverezdes présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle.

Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

w w w . s t u d i o c i n e . c o m

Voir pages Jeune Public

michel est un ancien chanteur à succès. Trenteans plus tard, il collectionne les dettes. Grégory,dont la jeunesse a été bercée par les tubes deMichel, est huissier de justice : il doit saisir lesbiens de son ancienne idole. Situation pénible pourlui. Il se met donc en tête de refaire monter Michelsur scène et de lui organiser une grande tournéede concerts.Pour ce premier film, les deux réalisateurs, se lan-cent dans un scénario improbable, et poussentMichel Delpech à risquer sa légende dans une fic-tion, où tout à l’air vrai, sans l’être vraiment, maistout en l’étant tout de même un peu. Réjouissant !

Sources : dossier de presse.

georges et Anne sont octogénaires, professeursde musique à la retraite. Ils coulent des jours pai-sibles dans leur appartement parisien où leur filleleur rend de temps en temps visite. Mais un jourAnne a une perte de mémoire… On a déjà beaucoup parlé du film lors de sa pré-sentation au festival de Cannes où il a obtenu laPalme d’or (la seconde pour Michael Haneke, après

10, 11, 12, Pougne le hérisson

L’Air de rienFrance – 2011 – 1h31, de Grégory Magne et Stéphane Viard,

avec Michel Delpech, Miossec et Gregory Montel…

AmourAutriche/France – 2012 – 2h07, de Michael Haneke,

avec Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva, Isabelle Huppert…

Le Ruban blanc). Ce n’est pas une raison pour s’enméfier. Cet Amour qui unit le couple et qui est misà rude épreuve tient ses promesses tout en réus-sissant à nous surprendre. Ce n’est pas uneexpression galvaudée de dire que ce film d’une vio-lente douceur nous bouleverse. On a aussi beaucoup loué le couple formé parJean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva, làencore, pas de déception, ils sont exceptionnels.Et le film porte bien son titre, en sortant de la salleon les aime profondément. JF

région parisienne, début des années 70 : « Ce n’estplus le moment authentiquement révolutionnaire deMai 68, mais son sillage.» Le fond de l’air est rouge,et le petit groupe de terminales d’un lycée de ban-lieue suivi par Assayas est ultrapolitisé. Cettefresque autobiographique – le personnage princi-pal, Gilles, peint, dessine, et deviendra bientôtcinéaste –, est avant tout un film d’apprentissage,où chacun cherche son chemin personnel à tra-vers les sentiments amoureux, les études et lechoix d’un métier. Des manifs parisiennes parfoisultra-violentes aux conflits entre les diverses frac-tions de la gauche, de l’explosion du rock à l’avè-nement des drogues, sans oublier les escapadesinitiatiques en Ardèche, Italie et Népal, nous bai-gnons en permanence dans la contre-culture musi-cale et politique du temps. «Aujourd’hui, ditAssayas, on a tendance à représenter une adoles-

Après maiFrance – 2012 – 2h02 – de Olivier Assayas,

avec Clément Métayer, Lola Creton…

A

Rencontres avec Volker SchlöndorffLundi 12 novembre

PARTENARIAT VILLE DE TOURS, CINÉMATHÈQUE, STUDIO

À l’occasion des festivités prévues pour l’anniversaire de leurs 50 ans, les Studio pro-jetteront le vendredi 8 mars 2013 un film choisi par le public parmi une liste de50 titres, un par année de 1963 à 2012.Cette liste sera disponible à l’accueil et sur notre site internet dès le 5 novembre,

accompagnée d’un bulletin de vote à déposer dans une urne placée dans le hall.LE VOTE SE DÉROULERA DU 15 NOVEMBRE AU 31 DÉCEMBRE.

Le film du public

À l’occasion du concours de nouvelles qu’ils organisent pour leurs 50 ans, les Studio choisirontun membre du jury parmi les spectateurs intéressés. Une urne sera installée dansle hall (à ne pas confondre avec celle du Film du public). Il suffira d’y glisser unefeuille avec nom, prénom, adresse-mail et numéro de téléphone.Le choix sera effectué par tirage au sort.DATE LIMITE DE DÉPÔT DES CANDIDATURES : 30 NOVEMBRE.

Juré pour le Concours de nouvelles

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14h00 & 19h30 : LE TAMBOUR 1

Film proposé par la Cinémathèque.Rencontres avec Volker Schlöndorff autour del’adaptation d’œuvres littéraires au cinéma.

18h30 : Dédicace de deux ouvrages de Vol-ker Schlöndorff :

La Mer à l’aube et Tambour battant.

20 heures : LA MER A L’AUBE 2La projection sera suivie d’une rencontreavec le réalisateur.

1 Voir la fiche page 132 Voir la fiche page 12

Aux côtés de Werner Rainer Fassbinder, Wim Wenders et Werner Herzog, Volker Schlön-dorff est l’un des représentants les plus connus du Nouveau Cinéma allemand des années60 et 70. Il est devenu célèbre grâce à son film Le Tambour qui lui valut la Palme d’or àCannes et l’Oscar du meilleur film étranger. Il est également l’auteur de : Les désarrois del’élève Torless (66), L’Honneur perdu de Katarina Blum (75), le Roi des Aulnes (96)…

Tous cobayesFrance – 2012 – 1h55, de Jean-Paul JaudDans la continuité de l’enquête publiée en sep-tembre de cette année sur la toxicité des OGM,Tous cobayes s’interroge sans concessions surles pratiques en vigueur dans l’industrie agro-

alimentaire en même temps que sur l’attitudedes pouvoirs publics et des autorités sanitairesface au développement non contrôlé desOGM.Rencontre avec Béatrice Jaud etMarc Dufu-mier (ingénieur agronome)

Dimanche 25 novembre - 19h30Soirée exceptionnelle de soutien aux faucheurs volontairesqui passent en jugement à Tours le lundi 26 novembre.

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Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 20128 9Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 2012

cence rigolarde, allant de fête en drague. Ce n’est pasle sentiment que j’ai gardé de la mienne, où l’amourde la vie s’alliait à la mélancolie et au sérieux. » Aprèsmai a obtenu le Prix du meilleur scénario au festivalde Venise. SBFilmographie récente : Boarding Gate (07) ; L’Heure d’été (08) ;,Carlos (10).

amies depuis l’enfance, Alina et Voichita se sontconnues à l’orphelinat. Séparées, Alina revient unjour d’Allemagne pour y emmener Voichita, laseule personne qu’elle ait jamais aimée et qui l’aitjamais aimée. Mais Voichita a rencontré Dieu et ilest bien difficile d’avoir Dieu comme rival. Voi-chita voulant faire partager sa foi à Alina, hébergeson amie au monastère. L’expérience va se révé-ler bien particulière, Alina entrant en conflit avecl’institution…Le réalisateur de 4 mois, 3 semaines, 2 jours (Palmed’or 2007) s’est inspiré ici d’une histoire véridique.En abordant « la peur et l’hypocrisie (ce qui perdurede la Roumanie de Ceausescu), [sur] l’injustice et l’in-différence (les corps sociaux défaillants de la sociétépostcommuniste) » et ce que l’on peut faire paramour, Au-delà des collines a reçu à Cannes 2012les Prix du scénario et d’interprétation féminine !

Sources : dossier de presse, lemonde.fr, lexpress.fr

c’est l’histoire d’une rencontre, une histoired’amour et de deuil à la fois. Lui tombe amoureuxle jour où il perd son père. Elle vit en couple. Luia une fille au caractère bien trempée et une mèrefantasque, des plus envahissantes. Ce sont les milledétails de la mise en scène, la complicité des liensfamiliaux, la folie douce de Marthe Keller (lamère), la justesse d’Alice de Lencquesaing, quiemportent l’adhésion. Au galop, film tendre etremuant comme la vie quand elle s’accélère estservi par des acteurs impressionnants de naturel.

Au galopFrance – 2011 – 1h33, de Louis-Do de Lencquesaing, avec Marthe Keller,

Valentina Cervi, Alice de Lencquesaing, Xavier Beauvois…

Au-delà des collinesRoumanie – 2012 – 2h30, de Cristian Mungiu,

avec Cosmina Stratan, Cristina Flutur, Valeriu Andriuta…

Louis-Do de Lencquesaing devient réalisateurpour un premier film qu’il qualifie d’autobiogra-phique.

Sources : dossier de presse.

voir film du mois au dos des Carnets

À la tête de Phénix, une des premières banqueseuropéennes, Marc Tourneuil joue au « Robin desbois moderne » qui va « prendre aux pauvres etdonner aux riches ». Cet homme fascinant estaussi détestable, sans pitié, assoiffé d’argent et depouvoir. Il nous entraîne dans les coulisses deshautes sphères bancaires, entre Paris, Miami,Tokyo, New York...Costa-Gavras nous revient avec une adaptationdu roman satirique et éponyme de StéphaneOsmont. Il dénonce le cynisme financier et dressele portrait des hommes avides et sans scrupulesqui font fonctionner ce système. Le réalisateur a choisi Gad Elmaleh dans un rôleoù on ne l’attend pas. « C’est une métamorphosetotale, » souligne-t-il, lui qui ne dévie pas de l’en-gagement politique qui le caractérise depuis Z(1969), L’Aveu (1970), État de siège (1973), Missing(1982), Amen (2001) ou Le Couperet (2004).Venez découvrir ce thriller politique et financier,à l’intrigue internationale et doté d’un castingséduisant ! MS

lucas, instituteur plutôt timide, a quarante ans.Divorcé, il vient de retrouver une petite amie et

avant première :

mardi 6 novembre à 19h45

Augustine

Le CapitalFrance – 2012 – 1h53, de Costa-Gavras,

avec Gad Elmaleh, Gabriel Byrne, Natacha Régnier, Céline Sallette…

La ChasseDanemark – 2012 – 1h51, de Thomas Vinterberg,

avec Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen, Annika Wedderkopp…

recommence à bâtir un rapport de confiance avecMarcus, son fils adolescent. Une enfant de cinqans, fille de son meilleur ami, va détruire ce renou-veau en l’accusant de gestes déplacés. Très vite,Lucas est rejeté, humilié, sans que personne ne sesoucie de vérifier l’accusation. La Chasse, au titreévocateur, est l’histoire d’un homme traqué quiveut retrouver sa dignité et prouver son inno-cence le portrait à charge d’une communauté deprovince bornée par ses préjugés, incapable d’hu-manité. Le réalisateur de Festen, après plus de dixans de ratages, nous revient avec un film fort ettrès maîtrisé, magnifié par le talent de l’acteurprincipal, Mads Mikkelsen, Prix d’interprétation mas-culine à Cannes.

Sources : dossier de presse, evene.com.

Voir pages Jeune Public

dans son université, Violet est responsable d’uncentre de prévention du suicide, où elle travailleavec deux amies. L’une des particularités de Vio-let est d’être persuadée qu’il est du devoir d’unefemme, si elle est « supérieure » à un homme, delui permettre de s’améliorer, une attitude qui n’estpas sans dénoter un certain mépris pour leurscondisciples… On le voit, même si elle quelquescôtés un peu « coincés » Violet est déterminée àfaire le bien de l’humanité.L’arrivée d’une nouvelle venue dans le groupe vaperturber son équilibre.Souvent calqué sur les personnages et dévelop-pements d’un soap opera, la dernière livraison del’auteur des Derniers jours du disco s’annoncecomme une comédie assez loufoque.

Sources : rogerebert.suntimes.com,

Damsels in DistressUSA – 2012 – 1h39, de Whit Stillman,

avec Greta Gerwig, Carrie McLemore, Adam Brody…

Le Cirque de Calder

Une vie de cirque

germain, professeur de français, se désespère dela médiocrité de ses élèves de seconde jusqu’à cequ’il lise la rédaction de Claude, un garçon douéet différent. Celui-ci narre comment il s’est prisde fascination pour une famille « normale », cellede son camarade Rapha, et par quel moyen il estenfin parvenu à s’immiscer dans leur maison, poury observer tous les détails de cette vie « nor-male ». Le récit se termine par un énigmatique : Àsuivre. D’abord incrédule, puis intrigué, le profes-seur pousse son élève à prolonger l’expérience etlui prodigue ses conseils qui ne sont pas toujoursexclusivement littéraires… Suspense et voyeu-risme – on n’est jamais loin d’Hitchcock, envoû-tement, manipulation et relations troubles, Ozonse surpasse et nous mène de bout en bout avecune bonne dose de perversité. Du grand art ! SBFilmographie succincte : Potiche (2010) ; Le temps qui reste(2004) ; Swimming pool (2002) ; ous le sable (2000).

calvin est romancier, il a le succès facile. Mais soninspiration s’essouffle ;  Calvin consulte son psy-chiatre, qui lui conseille d’écrire un roman sur lafemme de ses rêves. Voilà la vie de l’écrivain bou-leversée par l’apparition dans la réalité de la fillequ’il évoque sur le papier. Elle est belle (bien sûr !),elle est comme il la rêve et elle est amoureuse delui. Elle accomplit dans le monde réel tout ce qu’illui fait faire sur le papier. Calvin n’en croit pas sesyeux. On assiste à une joyeuse comédie, à la limitedu fantastique, mais très romantique et pleine desurprises.

Sources : dossier de presse.

Filmographie sélective : Little Miss Sunshine (2006).

Voir pages Jeune Public

Elle s’appelle RubyUSA – 2012 – 1h44, de Jonathan Dayton et Valerie Faris,

avec Paul Dano, Zoe Kazan, Chris Messina…

L’Étrange pouvoir de Norman

Les Folles inventions de M. Bricolo

Dans la maisonFrance – 2012 –1h45, de François Ozon,

avec Fabrice Luchini, Ernst Umhauer, Kristin Scott Thomas…

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11Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 2012Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 201210

victor Frankenstein a pour unique ami son chienSparky ; alors, quand celui-ci meurt, écrasé parune voiture, le jeune garçon est inconsolable. Uncours de sciences va lui donner l’idée de ramenerSparky d’entre les morts, tout en lui apportantquelques modifications de son cru. Victor vas’apercevoir que jouer les apprentis créateursn’est pas sans conséquences… Non seulement avec ce Frankenweenie, le grandTim revisite à sa façon le mythe de Frankenstein,mais recrée son court métrage culte de 1984, enun long métrage d’animation tourné en « stopmotion », technique déjà utilisée pour L’ÉtrangeNoël de monsieur Jack et Les Noces funèbres.

Sources : dossier de presse, Première n°428

Voir pages Jeune Public

tul, ancien flic intègre devenu tueur à gages pardépit face à la faiblesse de la justice, voit sa vie bas-culer le jour où il reçoit une balle en pleine têtedans le cadre d’une mission. Il survit mais seréveille avec un trouble de la vision : tout ce qu’ilvoit est inversé à 180°.Après le polar Vagues invisibles (06) et le dramecontemplatif Ploy (07) qui l’ont fait connaître inter-nationalement, le réalisateur respecte les codesdu film noir (crime, corruption, femmes fatales)tout en conservant son art de la mise en scène,ses plans très graphiques, le mélange d’impres-sionnantes scènes de fusillades et de scènesintimes vaporeuses. Son habileté pour raconterles déboires d’un homme trop honnête pournotre monde en une histoire dont les nombreuxrebondissements s’étendent sur sept ans force lerespect.

Sources : laterna-magica.fr – abusdecine.com

HeadshotThaïlande – 2011 – 1h45, de Pen-Ek Ratanaruang,

avec Nopachai Jayanama…

FrankenweenieUSA – 2012 – 1h27, film d’animation de Tim Burton,

avec les voix de Charlie Tahan, Winona Ryder, Martin Landau…

angleterre, XIXe siècle. Le tortueux dessin d’unhomme, le visage défiguré par une cicatrice qui l’af-flige d’un rictus permanent… Enfant, il a été kid-nappé puis abandonné par une troupe de voleursd’enfants. Après une rencontre avec un forain quideviendra par la suite acteur ambulant, il connaît lesuccès sur les planches en dépit (ou à cause ?) de sadifformité. Il trouve l’amour mais la révélation dusecret de sa naissance viendra considérablementperturber sa vie et même bien plus.Après le beau succès des Emotifs anonymes, Jean-Pierre Améris a changé son fusil d’épaule et s’esttourné vers un sujet –en apparence- beaucoupmoins intimiste puisqu’il s’agit de l’adaptation d’unroman de Victor Hugo. Grand spectacle donc (lesphotos de plateau laissent imaginer une belle scé-nographie) mais gageons que, du romantisme et dumilitantisme hugolien, J-P Améris aura su tirer unefable humaine, lui qui aimerait que son film auxaccents gothiques puisse toucher aussi bien les ado-lescents que les adultes, autant ceux qui connaissentdéjà l’œuvre de Hugo que les autres.

Sources : dossier de presseLe Bateau de mariage (93) ; Les Aveux de l'innocent (96) ;C'est la vie (01) ; Je m'appelle Elisabeth (06)

michael Perry est un condamné à mort texan quiattend la mort à Huntsville, la prison américainequi exécute le plus de criminels. Lorsque Herzogcommence son film, Perry n’a plus que huit joursà vivre. Il a tué trois personnes pour s’emparerd’une voiture… Pas précisément un enfant dechœur, probablement pas non plus un génie ducrime… Son complice, lui, a été condamné à 40ans de prison.

vendredi 16 novembre à 19h45,avant première et rencontre avecle réalisateur après la projection.

Into the AbyssUSA – 2011 – 1h47, de Werner Herzog.

L’Homme qui ritFrance – 2012 – 1h30, de Jean-Pierre Améris, avec Marc-André Grondin,

Gérard Depardieu, Emmanuelle Seigner, Christa Théret…

Herzog va discuter avec ces deux criminels maisaussi avec les familles des victimes, et des res-ponsables du système carcéral. L’idée n’est cer-tainement pas celle d’une dénonciation de la peinede mort, plutôt d’une approche aussi serrée quepossible des différents tenants et aboutissants decette quasi exception culturelle : les USA sont,avec le Japon, le seul pays démocratique qui pra-tique encore la peine de mort (et la pratique àgrande échelle !)Herzog est depuis longtemps un cinéaste avec quil’on sait qu’il faut compter ; qu’il tourne des fic-tions délirantes (Aguirre) ou des documentaires (LaGrotte des rêves perdus), il ne laisse jamais indiffé-rent !

Sources : Les Inrockuptibles n°872, rogerebert.suntimes.com…

Sandrine Bonnaire nous avait bouleversés avecson documentaire consacré à sa sœur autiste : Elles’appelait Sabine. Avec cette première fiction, ellesigne un film magnifique aux dires de tous ceuxqui l’ont vu. J’enrage de son absence nous racontel’histoire d’un couple, Jacques (William Hurt) etMado (Alexandra Lamy), dont le fils est décédéaccidentellement il y a une dizaine d’années. Lors-qu’ils se retrouvent, le père devient obsédé par lepetit garçon de 7 ans qu’elle a eu d’une autreunion. Entre cet homme et l’enfant, un lien fort etinquiétant se crée dans le secret d’une cave.Avec une maîtrise étonnante, une mise en scènesobre et une grande économie de mots, S. Bon-naire parvient à nous « impliquer » dans sondrame, avec intensité et empathie. Sans jamaistomber dans le pathos, elle nous enferme peu àpeu dans le cauchemar de ses personnages, etnous livre un message fort sur le deuil et la pater-nité. Un film magistral et bouleversant…

Sources : Allo-ciné, Première, cinéobs de Cannes 2012, toutelacul-ture.com

Voir pages Jeune Public

Le Jour des corneilles

J’enrage de son absence2012 – France, Luxembourg, Belgique – 1h38 – de Sandrine Bonnaire,avec William Hurt, Alexandra Lamy, Augustin Legrand, Jalil Mehenni…

en septembre 1810, Napoléon envahit le Portu-gal. En face, Wellington dirige l’armée portugaise,alliée des Anglais. Il tente d’attirer les troupes fran-çaises dans un piège. La cinéaste relate la longuefuite des Portugais, soldats et civils, épuisés parune guerre dévastatrice, devant l’avancée destroupes napoléoniennes. C’est une horde affamée,où se mélangent riches et pauvres, femmes ethommes, enfants et vieillards : certains généreux,d’autres lâches ou égoïstes. V. Sarmiento reprendun projet de son époux, Raoul Ruiz, mort avantd’avoir pu le mettre en œuvre. Après Les Mystèresde Lisbonne, il souhaitait réaliser un autre film encostumes, une épopée aux multiples personnages.La cinéaste réussit le tour de force de rester fidèleà l’idée de départ de son mari tout en nous livrantun film abouti, fascinant et très personnel.

Sources : dossier de presse.Filmographie sélective : Elle (1996) ; L’Inconnu de Strasbourg(1997) ; Rosa la Chine (2001) ; Secretos (2008).

Voir pages Jeune Public

dans un futur proche, la Mafia a mis au point unsystème infaillible pour faire disparaître tous lestémoins gênants. Elle expédie ses victimes dans lepassé, à notre époque, où des tueurs d’un genrenouveau (les Loopers) les éliminent. Un jour, l’und’entre eux, Joe, découvre que la victime qu’il doitexécuter n’est autre que… lui-même, avec vingtans de plus. La machine si bien huilée déraille…Troisième long-métrage du surdoué Rian Johnson(dont le polar teenager minimaliste, éthéré et oni-rique Brick – déjà avec Joseph Gordon-Levitt –avait mis tout le monde d’accord en 2005), Looperest un ambitieux mélange de SF et d’action.

Sources : dossier de presse

Little Bird

LooperUSA – 2012 – 1h50, de Rian Johnson,

avec Bruce Willis, Joseph Gordon-Levitt, Emily Blunt…

Les Lignes de WellingtonFrance-Portugal – 2012 – 2h31, de Valeria Sarmiento,avec Nuno Lopes, Soraia Chaves, John Malkovich…

film proposé au jeune public, les parents restant juges.

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Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 201212 13Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 2012

en 1941, lorsqu’un officier allemand est abattu àNantes par des militants communistes, Hitlerdemande l’exécution de 150 otages en repré-sailles. Tandis que l’écrivain Ernst Jünger (en tantqu’officier de la Wehrmacht) est chargé de dres-ser le récit des événements, c’est à un sous-pré-fet français de faire le choix des otages. Le film vase concentrer sur les quelques heures qui vontséparer l’attentat de l’exécution des otages, parmilesquels on compte le très jeune Guy Môquet.

Sources : dossier de presse

Les Studio tiennent à remercier Arte pour le prêtde la copie de La Mer à l’aube.

Voir pages Jeune Public

franklin Page est un vétéran de la guerre d'Irak.Il a vu des choses horribles. Après sept ans, il amis les cauchemars du passé derrière lui, s'estmarié, a deux enfants et un emploi stable. Un soir,frappe à la porte de sa maison Oliver Sherman, unancien vétéran qu'il a sauvé lors d'une bataille. Illui souhaite la bienvenue, l'invite à dîner puis àrester quelques jours chez lui. Sherman n'a pas defamille, pas de maison, pas de travail. Au fil desjours, il devient une présence de plus en plusgênante. Il se révèle instable, coléreux, sujet à unegrande jalousie. Franklin est partagé entre la fidé-lité à son ancien ami et la responsabilité vis à visde sa famille...Oliver Sherman est l'adaptation

lundi 12 novembre : rencontreavec volker Schlöndorff. (Voir page 6)

Mon tonton,ce tatoueur tatoué

Les Nouvelles aventuresde la petite taupe

Oliver ShermanCanada – 2010 – 1h22, de Ryan Redford,

avec Garret Dillahunt, Donal Loque, Molly Parker…

La Mer à l’aubeAllemagne/France – 2011 – 1h30, de Volker Schlöndorff,

avec Léo-Paul Salmain, Ulrich Matthes, Christopher Buchholz…

d'une nouvelle de Rachel Ingalls intitulée Vétérans.Pour son premier long métrage, Ryan Redfordsigne là un drame psychologique puissant.

Sources : dossier de presse.

en 1969, un reporter du Miami Times revient danssa ville natale de Floride, accompagné de son col-lègue noir, pour enquêter sur le meurtre d’un shé-rif. Ils ont été embauchés par la fiancée de l’ac-cusé, qui entretient une correspondance depuisdes années avec ce chasseur d’alligators qui risqued’être exécuté sans preuves concluantes. Pensantrelancer leur carrière, ils sillonnent la région à larecherche de la vérité…Après Precious (09), Lee Daniels a décidé d’adap-ter le roman éponyme de Pete Dexter car il décritun monde qu’il connait par cœur évoquant unfrère emprisonné pour meurtre et une sœur quiécrit elle aussi aux détenus. Au dernier festival deCannes, il a fait un véritable scandale, hué par lepublic après la projection, notamment à cause descènes provocantes. Télérama décrit un « nanarboursouflé » mais Libération parle d’« un polar ini-tiatique électrisé par les tensions sexuelles et raciales »et Le Nouvel Observateur pense qu’il a le mérite de« secouer un festival qui manquait jusque là d’aspéri-tés. »

Sources : telerama.fr – liberation.fr – leplus.nouvelobs.com

nous sommes à Paris. Sabrina est algérienne,musulmane. Dorcy est noir, chrétien. Ils s’aimentet veulent se marier. Mais c’est impossible : lafamille de Sabrina veille au respect de la tradition.Une Arabe ne peut épouser un Noir. Et pour lamère de Dorcy, un chrétien ne peut épouser unemusulmane.Sur ce sujet explosif, Rachid Djaïdani évite l’écueildu film militant, aux idées convenues. Il filme avec

PaperboyUSA – 2012 – 1h48, de Lee Daniels,

avec Nicole Kidman, Zac Efron, Matthew Mac Conaughey…

RengaineFrance – 2012 – 1h15, de Rachid Djaïdani,

avec Slimane Dazi, Sabrina Hamida, Stephane Soo Mongo…

respect les personnages, leurs visages surtout,mais aussi leurs corps en mouvement dans les ruesde la capitale. Il dresse un portrait saisissant de laville et du quotidien de ses habitants. Le film a ététrès remarqué à Cannes  : tourné sans aucunargent, il a demandé neuf ans de travail, pour abou-tir à un résultat surprenant de maîtrise cinémato-graphique.

Sources : dossier de presse.

+ court métrage

semaine du 14 au 20 novembreMonsieur William

France – 2011 – 4’, Animation de Patricia Stroud

+ court métrage

semaine du 21 au 27 novembreReulf

France – 2009 – 4’, de Charles Klipfel, Jean-François Jego, Quentin Camicelli

danemark, 1769. La jeune Caroline Mathildequitte son Angleterre natale pour épouser Chris-tian VII, roi cyclothymique et débauché plusoccupé à festoyer avec des « putes aux gros seins» qu’à gouverner. Les ministres décident de luitrouver un médecin pour s’occuper en perma-nence de lui. Ce sera Struensee, bon vivant, libé-ral, humaniste, auteur de textes anonymes large-ment inspirés de Voltaire et Rousseau. Cethomme ordinaire et courageux va gagner laconfiance du roi et le cœur de la reine qui partageses convictions… Primé dans les plus grands festivals, Royal Affair estun film brillant, d’une extrême élégance, magnifi-quement interprété par des comédiens qui nousfont croire au trouble de leur esprit comme auxélans de leurs corps et de leurs cœurs avides deliberté. SB

Royal affairDanemark, France, Allemagne – 2012 – 2h16 – de Nikolaj Arcel,avec Mads Mikkelsen, Alicia Vikander, Mikkel Boe Folsgaard…

Seiji, ouvrier, sympathise avec Hosaka rentré deThaïlande. Leurs soirées se passent dans les barsen compagnie de jeunes Thaïlandaises. Lors d’unchantier, ils rencontrent Takeru, membre d’uncollectif hip-hop qui chante sa rage contre lasociété. Lors d’une « bataille de mots » sur fondidentitaire, il affronte un groupe de Brésiliens auxorigines japonaises.Cette fiction de Katsuya Tomita, entrecroise desparcours. Elle est proche du thème de Furusato2009, un documentaire qui abordait notammentles pro blè mes d’inté gra tion des famil les d’immi-grés. Lui-même ex-ouvrier du bâtiment, Tomitaqualifie les emplois qu’occupent les ouvriers deSaudade d’« emplois 3D : [de] dégueulasses, dange-reux et dévalorisés ». C’est avec « une liberté de tonélectrisante [qu’il] sonde une identité nationale enmiettes ». Montgolfière d’Or au Festival des 3 conti-nents (Nantes, 2011), Saudade, propose donc unregard rare sur le Japon moderne. À soutenirabsolument, comme nous y encourage Serge Tou-biana.

Sources : dossier de presse, blog.cinematheque.fr, mcjp.fr

enfant hors-normes, Oskar reçoit pour ses troisans un tambour rouge et blanc… Mais Oskar aaussi un regard si critique sur le monde qui l’en-toure (l’Allemagne des années 30) qu’il décide dene jamais devenir adulte, et même d’arrêter sacroissance. Son tambour et un cri si perçant qu’ilbrise le verre sont devenus ses moyens de com-munication… Figé dans son corps d’enfant, ilcontemple la vie de son pays, de la montée dunazisme jusqu’à sa chute et, à travers son regardacide, nous devenons les spectateurs de cemoment clef de l’histoire du vingtième siècle.Bien plus qu’une fresque historique, Le Tambour

Le TambourAllemagne – 1979 – 2h42, de Volker Schlöndorff,

avec David Bennent, Angela Winkler, Mario Adorf, Andréa Ferreol…

SaudadeJapon – 2011 – 2h47, de Katsuya Tomita,

avec Wesley Bandeira, Chie Kudô, Chika Kumada…

les fiches paraphées correspondent à des films vus par le rédacteur.

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15Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 2012Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 201214

est un grand film -montré ici dans un montage pluslong qui correspond aux souhaits de VolkerSchlöndorff- qui regarde avec ironie le monde desadultes et ses diverses lâchetés. ER

cela fait plus de trente ans que John et Ted sontinséparables. Il faut dire aussi que Ted est l’oursque John avait quand il était tout enfant… et il fautencore savoir qu’à l’âge de 8 ans, à la suite d’unsouhait, John a vu son ours prendre vie et com-mencer à parler.Ce qui peut être charmant quand on est encoreà l’école primaire peut devenir un peu pesant àl’approche de la quarantaine… notamment quandvotre petite amie trouve l’ours fort envahissant etencore plus lorsque vous passez tout votre tempslibre à boire des bières, regarder des séries idioteset fumer des pétards avec l’ours en question !Si certains critiques font la moue, Roger Ebert, cri-tique américain très réputé, est allé jusqu’à direque Ted est le personnage le plus drôle de cetteannée cinématographique américaine et que lescénario de Ted est le meilleur scénario de comé-die de l’année également !

Sources : rogerbert.suntimes.com, urbancinefiles.com

vous souvenez-vous… l’arrivée des premierscaméscopes  ? Vu avec le recul, c’était lourd,encombrant, ne permettait qu’un montage labo-rieux mais, dans les années 80 et 90, ils semblaientpromettre que tout un chacun allait pouvoir faireson propre film, ou, plus fou… monter sa proprechaîne de télévision ! C’est le pari que font ungroupe de jeunes et moins jeunes, très en colère,qui entendent bien saisir là l’occasion de faire une

TélégauchoFrance – 2012 – 1h52, de Michel Leclerc, avec Félix Moati,

Eric Elmosnino, Maïwenn, Emmanuelle Béart, Sara Forestier…

lundi 12 novembre : rencontreavec volker Schlöndorff. (Voir page 6)

TedUSA – 2012 – 1h46, de Seth MacFarlane,

avec Mark Wahlberg, Mila Kunis, Seth MacFarlane (voix)…

télévision différente, aux antipodes de la télé abru-tissante et formatée qui occupe les écrans catho-diques, une télévision révolutionnaire, quelquepeu anarchiste et anarchique ! Tout cela n’est paslégal, mais ça n’en est que meilleur… En adaptantun épisode de son histoire personnelle, MichelLeclerc signe, après le très réussi Le Nom des gens,une comédie qui s’annonce tout aussi politique etjoyeuse. Comme devrait l’être la révolution…comme devrait l’être la vie !

Sources : dossier de presse

dans un collège de Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, Alice et Isabelle, professeurs de français etd’arts plastiques, travaillent dans la même classede quatrième, où elles doivent composer avec desélèves tout à la fois agités et drôles, difficiles etattachants. L’idée de la documentariste ClaraBouffartigue était de se plonger dans un lieu quel’on aborde généralement par le biais du clichépour aller voir de quoi était fait le quotidienconcret de ces profs et de ces élèves. Regarderun peu comment l’on construit de la connaissance,transmet du savoir face à des élèves en pleinetransformation et pas toujours très disposés àrecevoir cet enseignement. Le tout semble tenterd’intégrer une bonne dose de l’énergie que cha-cun des deux « camps » met dans sa vie…

Sources : dossier de presse, pointdujour-international.com

arash est un universitaire qui a quitté son payspour enseigner en Occident. Il retourne donnerdes cours à Chiraz, où vit sa mère. Alors qu’il s’ap-prête à quitter à nouveau l’Iran, il s’aperçoit queles choses ne vont pas être si simples. Contraint

Une famille respectableIran-France – 2012 – 1h30, de Massoud Bakhshi,

avec Babak Hamidian, Mehran Ahmadi, Ahoo Kheradmand…

mardi 20 novembre à 19h45, avant pre-mière de Télégaucho. rencontre avec

michel leclerc après la projection.

Tempête sous un crâneFrance – 2011 – 1h20, documentaire de Clara Bouffartigue.

de prolonger son séjour, il se retrouve entraînédans un tourbillon d’intrigues familiales et finan-cières et replonge dans un pays dont il ne possèdeplus les codes. À la mort de son père, découvrantce qu’est devenue sa «famille respectable», il estcontraint de faire des choix…Après plusieurs documentaires, Massoud Bakhshinous livre une première fiction. Polar sur fond desituation sociale et politique actuelle mêlant aussides flash-backs sur la guerre avec l’Irak, les per-sonnages forts du film sont avant tout les femmes.« L’importance des femmes dans notre société estdéterminante » déclare d’ailleurs M. Bakhshi.

Sources : dossier de presse, laterna-magica.fr

alors qu’ils ne se sont pas vus depuis longtemps,deux cousins quittent, ensemble, Buenos Aires envoiture pour aller à l’enterrement de leur grand-père, à Villegas, une petite ville de province où ils

VillegasArgentine – 2012 – 1h36, de Gonzalo Tobal,avec Esteban Lamothe, Esteban Bigliardi…

ont grandi…Le film est composé en deux parties, la premièrea la forme d’un road movie, la seconde commenceà l’arrivée dans les terres natales. Sans prendreparti pour l’un ou pour l’autre Gonzalo Tobalmontre les failles des deux cousins sans jamais enjuger aucun. Le retour à Villegas est l’occasion dela résurgence des souvenirs et des émotions quiculminent lors d’une scène superbe dans un silo àgrains. Pour le réalisateur, « Ce retour dans le village de leurenfance et les retrouvailles avec le reste de leur familleles confrontent inéluctablement à une perspective dechangement et à la fatalité du temps qui passe. Cap-turer cette perception spirituelle et l’émotion qu’ellegénère représentait pour moi un gros challenge ». Pariréussi. JF

+ court métrage

semaine du 7 au 13 novembreIn Loving Memory

France – 2011– 9’, de Jacky Goldberg avec Cassandre Ortiz

lundi 5 novembre – 19h30

dans le cadre du festivalPlumeS d’afrique

Changement de programmeEn raison de l’impossibilité de la réalisatricemarocaine Narjiss Nejjar de venir présenterson film Les Yeux secs, le programme de cettesoirée a dû être modifié. ce film marocainqui sera diffusé ultérieurement, est rem-placé par un film de Sylvestre amous-sou :

le réalisateur viendra présenter sonfilm et un débat suivra la projection.

lundi 12 novembre

Un pas en avant, les dessous de la corruption2011 – Bénin-France-Maroc – 1h45

Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque-tours.fr

14h00 & 19h30hommage à volker SchlÖndorff

en sa présence aux deux séances

lundi 19 novembre – 19h30

PARTENARIAT STUDIO

Soirée proposée et présentée par les élèves dela Section cinéma et audiovisuel du lycée Balzac

lundi 26 novembre – 19h30

Soirée présentée par Jean gili,spécialiste du cinéma italien.

Jacquot de Nantesde Agnès Varda (1990) Fr. Couleurs 1h58

Splendorde Ettore Scola (1989) It. / Fr. Couleurs / Noir et blanc 1h51

Le Tambour1979, Allemagne, 2h42

U

V

Page 12: Novembre 2012

LES CARNETS DU STUDIO – n°306 novembre 2012 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n° 0214 G 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01

FILM DU MOIS

1885, Paris, l’hiver. Augustine, une jeunefemme de chambre de dix-neuf ans estsujette à de nombreuses crises d’une mala-die mystérieuse : l’hystérie, qu’étudie leprofesseur Charcot. Elle devient rapide-ment son cobaye favori et la vedette de sesdémonstrations d’hypnose et autres « pré-sentations publiques » à la Salpêtrière ou àl’Académie de Médecine. Mais, peu à peu,l’objet d’étude devient objet de désir…Courageux. Pour son premier long métrage,Alice Winocour a choisi de se confronterau film en costumes avec personnagescélèbres, à la fois scientifique et roman-tique. Il y avait risque de momification, descénarisation à outrance ; quand la recons-titution historique cadenasse, fait del’ombre à la chair des protagonistes. Riende tel ici, et pourtant Augustine est aussiune superbe réussite esthétique. De laphoto souvent en clair-obscur et signéeGeorges Lechaptois (Belle épine,Américano, entre autres) à la musique deJocelyn Pook (Eyes wide shut, L’Emploi dutemps, notamment).Mais ce sont les êtres humains qui intéres-sent avant tout la réalisatrice. Et en particu-lier cette jeune femme (qui n’est pas sansrappeler, par certains aspects, les héroïnesde Vénus noire, d’Abdellatif Kéchiche oude L’Histoire d’Adèle H, de François

Truffaut) qui vit une véritable révolution. Desujet passif, elle devient actrice en prenantpeu à peu possession d’elle-même tout entransformant les regards que l’on pose surelle. L’omnipuissance de la médecine, deshommes, cède, quand dans les yeux du pro-fesseur Charcot elle n’est plus seulement unélément d’étude. De la froide raison au désir,ce dernier est aussi un personnage complexequi s’humanise en perdant de sa rigidité, encassant son armure. Et à travers les nom-breuses « présentations publiques » assezimpressionnantes, le film est aussi passion-nant par la réflexion qu’il propose sur le jeudu simulacre et du réel.Quant aux acteurs, quel régal ! VincentLindon fait passer désarroi et fragilité inat-tendue, Chiara Mastroianni est superbe dansun rôle malheureusement trop court. Et, sur-tout, le film est un rôle inoubliable pour lajeune Soko (déjà remarquée dans À l’origine,de Xavier Giannoli et Bye bye Blondie, deVirginie Despentes). À la fois très expressiveet pourtant très sobre, jamais dans la perfor-mance, elle est aussi stupéfiante dans lescrises d’hystérie que dans les face-à-faceavec le professeur Charcot. Grâce à elle,Augustine, « Louise Michel de la psy nais-sante », comme on a pu le lire dansLibération, retrouve honneur et vie. JF

AugustineFrance – 2012 – 1h42, de Alice Winocour,avec Vincent Lindon, Soko, Olivier Rabourdin, Chiara Mastroianni…

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M O I S D U D O C U M E N T A I R EPour cette occasion, nous avons réuni deux films illustrant le cirque et les arts.

France – 1961 – 30 mn,de Carlos Vilardebo.

France – 2000 – 52 mn, de Bruno Lemesle.

À partir de 7 ans

À partir de 8 ans

• Jean de la lune, de Stephan Schesch• Les Cinq légendes, de Peter Ramsey• Ernest et Célestine, de Stéphane Aubier, Vincent Patar et Benjamin Renner

35Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 2012

Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 201234

Jeun

e Pub

lic

Jeun

e Pub

lic

Tout public à partir de 7 ansFrance – 2012 – 1h35, film d’animation de Jean-ChristopheDessaint, avec les voix de Jean Reno, Lorànt Deutsch, Isabelle Carré…

USA – 2012 –1h27, film d’animationde Sam Fell et Chris Butler.

2D

3D VF

Tout publicà partir de 8 ans

Norman, qui a le pouvoir de parler aux morts, vadevoir sauver la ville d’une invasion de zombies…

À partir de 4 ansFrance – 2012 – 42 mn, courtsmétrages d’animation de I.Tcherenkov, A. Condoure, A.Lanciaux.

Nikita le tanneur : il sauvera son village du terrifiant dragon par la ruse.Tout conte fait : comment trouver un mari à la princesse triste ?L’Automne de Pougne : quand les histoires disparaissent des livres,c’est la tristesse générale !

Le fils Courge vit au cœur d’une grande forêt hantée par de paisibles fantômes.Un jour, il est obligé de se rendre au village et rencontre Manon…

USA – 2012 – 1h27, de Tim Burton.

Tout public à partir de 10 ansVO

Ce film est l’adaptation du court métrage réalisépar Tim Burton en 1984 : une version canine deFrankenstein !

Fête de l’animation le mercredi 31 : court métrage Sea of Sweets en avant-programme.

Tout public à partir de 7 ansUSA – 1926/1927 – 1h10, de Charley Bowers et Harold L. Muller. Version musicale

Monsieur Bricolo, génial inventeur loufoque, fabrique des machinesextraordinaires avec des pistons, des roues, des poulies...

Lundi 5 après la séance de 14h15, les enfants pourrontvenir découvrir les secrets du doublage son au cinéma.**en partenariat avec l’ACC.

Laissez entrer vos enfants dans l’imaginaire etla création de l’artiste, avec ce documentairetouchant et poétique.

Découvrez la vie quotidienne, les répétitions et lesspectacles de la troupe Que-cir-que.

À partir de 5 ans

Danemark – 2011 – 45 mn, film d’animation de Karla von Bengtson.

VF

Un gentil tatoueur aux gros bras tatoués élève seul sa nièce Majet il aimerait bien lui trouver une vraie famille…Ce film au graphisme coloré et joyeux aborde avec humour etpoésie la question de la famille recomposée.

Pays-Bas – 2012 – 1h21, de Boudewijn Koole,avec Rick Lens, Ricky Koole, Loek Peters…

Inspiré de sa propre enfance, B. Koole a créé un uni-vers réaliste et onirique autour de Jojo, dix ans, quipartage sa solitude avec un choucas adopté. Little Bird, à la symbolique maîtrisée, aux cadrages etau chromatisme originaux, a reçu le prix du Meilleurpremier film de la Berlinade 2012.

Tout public à partir de 8 ansVF

VO Tout public à partir de 10 ans

À partir de 3 ans

sansparoles

République tchèque – 1963 à 1974 – 44 mn,courts métrages d’animation de Zdenek Miler.

L’adorable petite créature est repartie pour de nou-velles aventures avec la complicité de ses amis.Cinq histoires à la fois drôles, attachantes et belles.

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17Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 2012Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 201216

indé-finissable et l’air ahurirelèvent du grand art, est devenuune figure marquante du cinéma françaisavec notamment ses prestations dans OSS 117,L’Arnacoeur ou La Délicatesse. Accédant désormais auxpremiers rôles, il est annoncé dans Je fais le mort de Jean-PaulSalomé, avec Géraldine Nakache, Lucien Jean-Baptiste et AnneLe Ny. Notre ami belge campera dans le film un comédien qui, enpanne d’engagements, se fait rémunérer pour jouer le mort dans desreconstitutions de scènes de crimes. Étonnant non ?

et ailleurs. . .

` L’OMBILIC DES LIMBES A. ArtaudTerry Gilliam, réalisateur malchanceux s’il en est, a de la suite dans les idées ! Il pré-pare The Zero Theorem et a déjà engagé pour le rôle principal le désormais très cour-tisé Christoph Waltz (Inglourious Basterds). Ils nous conteront l’histoire d’un génie del’informatique excentrique et asocial, souffrant de névroses existentielles, et obsédé parl’idée de trouver le sens de la vie… En 1983, quand il était encore un Monty Python,Terry Gilliam se posait déjà cette abyssale question dans un film qui portait même cetitre !

` la claSSe américaineGrâce à The Artist et à son succès triomphal, Michel Hazanavicius a obtenu son passe-port pour tourner chez l’Oncle Sam. Pour In the Garden of Beasts, adapté d’un romande Erik Larson basé sur des faits réels, il s’intéressera à la trajectoire du premier ambas-sadeur américain de l’Allemagne hitlérienne, dont la fille deviendra la maîtresse d’unresponsable du parti nazi. Tom Hanks pourrait jouer l’ambassadeur tandis que Nata-lie Portman interpréterait sa fille.

` au Sommet Sean Penn revient derrière la caméra, cinq ans après le bouleversant Into theWild. Il se penchera de nouveau sur l’itinéraire singulier d’un très jeunehomme, en l’occurrence celui de Norman Ollestad, champion prodigede ski de haut niveau. À onze ans, celui-ci a été le seul rescapé d’uncrash aérien et n’a dû sa survie en haut d’une montagne qu’àl’éducation basée sur le dépassement de soi, transmise parson père. Si Josh Brolin est annoncé dans le rôle dupère, on ne sait pas qui interprétera ce Greys-toke des sommets ! IG

Ici. . .

` la femme À la caméraIsabelle Adjani aurait-elle véritablement repris goût

à la caméra ? En tous les cas, après David et MadameHansen de et avec Alexandre Astier, elle devrait passer der-

rière la caméra pour réaliser une biographie de Berthe Morisot,l’une des rares femmes ayant participé au mouvement impression-

niste en tant que muse mais aussi en tant que peintre ! La comédienneadaptera pour ce projet le livre de Dominique Bona, Le Secret de la femme

en noir, mais on ignore si elle apportera aussi sa fougue au personnage, femmepassionnée comme elle les affectionne !

` réchaud et frigoElles ont débuté en même temps (Faustine et le bel été de Nina Companeez en 1972),

sont devenues sœurs (Brontë) pour André Téchiné, mais n’ont absolument pasappréhendé leur carrière de la même façon : l’une, Isabelle Adjani, a le coup de cœur

rare et tourne donc peu; l’autre, Isabelle Huppert n’arrête pas de tourner en Franceet à l’étranger, tout en opérant des choix exigeants ! Si la première annonce son envied’être réalisatrice, la seconde a assuré ou assurera prochainement les sorties de : LaBella addormentata de Marco Bellochio, In another country de Hong Sang-soo, Amour ladernière Palme d’or de Michael Haneke, Les Lignes de Wellington qui, suite à la dispari-tion de Raoul Ruiz, aura été réalisé par sa compagne Valeria Sarmiento !Tout en enchaînant les tournages de Tip Top de Serge Bozon, La Religieuse de GuillaumeNicloux, Dead Man Down de Niels Arden Oplev, Suspiria de David Gordon Green etAbus de faiblesse de Catherine Breillat, sans oublier The Disappearance of Eleanor Rigbyde Ned Benson! Ouf !

` maÎtre et eSclaveAprès son adaptation de Carnage la pièce de Yasmina Reza, Roman Polanski, pour

son prochain film, se tourne de nouveau vers le répertoire théâtral contem-porain avec La Vénus à la fourrure de David Ives : l’histoire d’un jeune auteur

qui cherche l’actrice capable d’interpréter le rôle principal de sa pièce,adaptée du livre de Sacher Masoch, qui finira par vivre avec elle une

relation de domination et de soumission similaire à celle des per-sonnages de la pièce ! Louis Garrel et Emmanuelle Seigner seront

les interprètes de cette « comédie érotique et grinçante »comme le projet est défini dans le communiqué de

presse.

` le grand JeuFrançois Damiens, dont la

diction

En bref…

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19Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 2012Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 201218

En mai 2011, le mouvement des Indignésnaissait à Madrid, mouvement en

grande partie formé par des jeunes, dansun pays en crise qui n’offre plus d’avenir àses enfants. En France, force est de consta-ter que, malgré des tentatives, ce mouve-ment planétaire a bien du mal à rassem-bler, y compris dans la jeunesse.Certains expliqueront ce manque de mobi-lisation par une photographie biaisée,relayant sans cesse les mêmes clichés  :« Les jeunes ne pensent qu’à sortir, brûler desvoitures… » Des réponses simplistes d’unesociété qui a peur de sa jeunesse et qui nela considère pas comme la ressourcemajeure pour répondre aux enjeux de lasociété de demain ?Les jeunes français, contrairement auxautres jeunes du monde, se désintéresse-raient-ils de la politique ? Alors, la France,pays de la Révolution, de la Résistanceaurait-elle fait de ses enfants ceux de larésignation ? L’école de la république n’au-rait-elle pas formé ces enfants à devenirdes citoyens éclairés, garants de la démo-

cratie ? Co-éducateurs : les enseignants,éducateurs, parents leur ont-ils donnéaccès à ces nouvelles formes de mobilisa-tion? Se contenter de ce tableau morose resterestrictif. En effet, chacun de nous peutdire qu’il connait un jeune qui se mobilisechez les indignés, dans une association,dans son quartier pour partager, créer,mieux vivre avec les autres. Oui, ces jeunes existent, ils nous entou-rent et vivent avec leurs pairs qui parfois,tout comme les aînés, les suivent danscette mobilisation pour l’avenir et d’autrefois les prennent pour fous. Laissons auxjeunes le temps de se construire, d’essayeret de se tromper parfois puis ayonsconfiance en leur capacité à créer. Stéphane Hessel, auteur du best-seller Indi-gnez-vous !, ne dit-il pas lui-même que : «Créer, c’est résister. Résister, c’est créer ».

Matthias Ribardière,pour la Fédération des Œuvres laïques

InterférencesDu vent dans mes molletsÀ perdre la raison

Bande annonce

NOUS EN REPARLERONS PROCHAINEMENT…

Qu’est-ce qui aimante la chanson et lecinéma ? Pourquoi y a-t-il tant d’acteurs

ou d’actrices qui veulent chanter (avec plus oumoins de talent) ? Pourquoi y a-t-il tant dechanteurs qui deviennent des acteurs (souventexcellents) ? Pourquoi, au cœur d’un film, unechanson prend-elle souvent tellement de forcealors que, dans la vie courante, il faut en lireles paroles pour qu’elles nous touchent toutà fait ? Dans deux films récents, tous les deuxmarqués par la mort d’un ou de plusieursenfants, deux chansons m’ont particulière-ment ému.Le ton général du film de Carine Tardieu Duvent dans mes mollets est plutôt léger. Mêmes’il parle des peurs, des doutes et des souf-frances de l’enfance, l’humour sait prendre ledessus grâce à l’excellente interprétation desacteurs adultes et enfants et de la vivacitéinventive de la mise en scène. La mort de Valé-rie, l’une des deux jeunes héroïnes, est d’au-tant plus brutale, insupportable, scandaleuse.Même si, à la fin, on voit son amie Rachel surson vélo, lancée vers un futur où elle saurasurmonter ses traumatismes, le spectateurreste plongé dans un sentiment de tristessequ’exacerbe la nostalgie poignante de la chan-son du générique : un Barbara magnifique, queje ne connaissais pas : Mon enfance.

Pourquoi suis-je donc revenueet seule au détour de ces rues?J’ai froid, j’ai peur, le soir se penche.Pourquoi suis-je venue ici,où mon passé me crucifie?Elle dort à jamais mon enfance.

Dans le film de Joachim Lafosse À perdre la rai-son, tout est écrit d’avance : dès les premièresimages, on sait que l’insupportable s’est déjàproduit, on voit les quatre petits cercueilsblancs sur le tapis roulant d’un aéroport. Avecl’obstination d’une tragédie, le film ira impla-cablement du couple amoureux qui irradie ledébut de leur histoire jusqu’à cet épiloguemorbide dont l’aspect sanglant restera vio-lemment hors champ. Pour Émilie Dequenne,bouleversante de bout en bout, tout se joueralors d’un trajet en voiture sur la durée d’unechanson. Je ne suis pas très sensible à l’universde Julien Clerc. J’avais déjà entendu d’uneoreille distraite Femmes, je vous aime, sans queles paroles de J-L Dabadie m’aient touché lemoins du monde. De profil, en gros plan, alorsque défile derrière elle un extérieur imper-ceptible, on ressent l’effondrement intérieurde Murielle qui, de l’apathie à la dépression, laconduit à ne voir d’issue que dans la mort, lasienne (qu’elle ne sera pas capable de se don-ner) et celle de ses quatre enfants. Par ce tra-velling immobile, grâce à l’intensité du jeu d’É-milie Dequenne, cette chanson anodine prend,soudain, une puissance d’émotion insoupçon-nable jusque là…

QuelquefoisSi duresQue chaque blessureLongtemps me dureLongtemps me dure…

DP

Jeunesse

et indignation

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Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 201220 21Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 2012

de physique, incarné par un remarquableDenis Podalydès. Camille n’aurait jamais dûredoubler. CdP

Noémie Lvosky a du culot, et çapaye  : même en adolescente punkette àmini-jupe écossaise, doudoune rouge etpompes fluo, elle n’est jamais ridicule. Ra-rement le passage du temps aura été trai-té au cinéma avec une telle audace. Et aufinal, un film frais et sensible à la fois ré-jouissant et bouleversant. SB

Denis est très occupé : pharmacienpour son frère, journaliste pour Roschdy,installateur de cuisine pour Carine, profpour Noémie, éditeur pour Louis-Do, au-teur dramatique pour Alain et même Ni-colas S. pour Xavier. Quelle santé ! JF

Mieux qu’une thérapie, un voyagedans le passé : pour accepter que les his-toires d’amour ne finissent pas toujoursbien, que nos parents doivent mourir, quele temps perdu ne se rattrape plus, com-me le chante si joliment Barbara. BS

Un film « qualité-France », retour au« réalisme poétique », toutefois sans l’an-crage social. Cela devrait s’appeler Contesde Noël. Dommage, le titre est déjà pris parun film de Desplechin, cinéaste autrementplus pertinent. EC

Quelle impression cela peut-il bien fai-re d’avoir le même âge, ou presque, que samère ? JF

Je suis d’avis que Noémie Lvovsky re-double et redouble encore si c’est pournous offrir des films aussi subtils, émouvants,drôles, humains que celui-ci  ! Camille,avec ses douleurs, ses failles, ses peurs, sesfuites, ses joies, ses hauts, ses bas c’est sansdoute beaucoup elle, mais c’est aussi tel-lement nous… IG

Il fallait un sacré culot à NoémieLvovsky pour incarner l’ado Camille en gar-dant son corps d’adulte ! Le ridicule s’estévanoui sans la tuer. Un décalage émouvants’est imposé. J’imagine que nous sommesnombreux à partager cette réflexion sur lavie, le temps qui passe inexorablement avecnos doutes, nos obsessions autour del’âge, la jeunesse perdue, la mort des pa-rents… sur le ton de la comédie mais avecdes accents mélancoliques ! MS

Camille redouble… d’humour tendre,de joie contagieuse, de nostalgie jamais lar-moyante et d’excellents acteurs. DP

Le film est un remake revendiqué dePeggy Sue s’est mariée (Coppola, 1986). Il dé-marre par un prologue enlevé et promet-teur. Son sujet est tout sauf réaliste,puisque Camille retourne dans son passé en1985. On pouvait s’attendre à un film dé-lirant, pour le meilleur ou pour le pire. Onn’a rien de tout cela, on s’embarque avecl’héroïne pour une histoire ordinaire, fina-lement banale malgré le bizarre voyage dansle temps de Camille. Tout y est balisé, re-connaissable, sans surprise : l’adolescence,la force et la fragilité de l’amour, le carac-tère entier et rebelle des ados (ah la faci-lité des poncifs !). On n’y est pas dépaysé(hélas !). Un seul vrai bon point pour le prof

Courts lettragesCamille redouble

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23Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 2012Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 201222

Flash back vers le futur

Camille Vaillant a seize ans. Elle vient deperdre sa virginité et de tomber enceinteen même temps, mais elle ne le sait pasencore. Ou plutôt si, elle le sait, puisqueCamille a en fait quarante et un ans etqu’elle s’est réveillée, après une mauvaisecuite, propulsée vingt-cinq ans en arrière.Sur l’écran elle a le physique de ses qua-rante et un ans mais seuls elle et nous, lesspectateurs, nous en apercevons. Elle n’estpas la seule à présenter cette particularité,d’autres personnages sont interprétés, auxdifférents âges, par les mêmes acteurs.Mais pas tous non plus, Camille redoublepeut-être, mais elle ne se répète pas, Noé-mie Lvovsky n’applique aucun systéma-tisme.Le film est un constant et heureuxmélange. Entre passé et présent des sou-venirs perdurent, d’autres pas ; des situa-tions ne peuvent se modifier alors que l’onpeut en changer d’autres. Sans ironie(pourtant le décalage spatio-temporel, lescostumes, les tics de langage, entre autres,pouvaient y prêter), le film traite le sujetsérieusement. Le film est assez étonnantet on se demande bien comment fait la réa-lisatrice pour que l’on réussisse à voir les

parents de Camille à la fois avec les yeuxde l’adolescente de seize ans (en gros, ilssont vieux et un peu nuls) et ceux de sesquarante et un ans (ceux de la tendresseet de l’amour qui peut se dire) ?Cette comédie très drôle qui sait être déli-cate et émouvante est magique. Commecette discussion entre Camille et sa mère,quand elle lui annonce qu’elle est enceinte.« Mais tu l’aimes ? » demande la mère à pro-pos du père de l’enfant, « Est-ce que l’onpeut être sûr de l’amour ? » répond Camillequi du haut de ses seize/quarante et un anssait que, dans vingt-cinq ans, celui qu’elleaime l’aura quittée. « Oui, on peut être sûrd’aimer quelqu’un, on peut être sûr de l’amourqu’on lui porte » lui dit sa mère. La scènepourrait paraître presque banale maiscette douceur et cette écoute entre lespersonnages bouleversent. Car même sielles ne sont pas sur la même longueurd’onde, il n’y a pas de confrontation vio-lente, pas de cris. Chez Noémie Lvovskyon est dans l’acceptation de l’autre pasdans le conflit. Autre moment miraculeuxlors de la fête d’anniversaire. « Et si on disaitune prière ? Non, pas une prière, une chan-son » dit Camille à ses parents. Et tous lesdeux de chanter Une petite cantate pendantqu’elle les enregistre et qu’elle leur fait

jurer de ne pas mourir dans le micro deson petit magnétophone. Pourtant elle saitque sa mère vit ses derniers jours, mais,puisqu’elle est revenue en arrière pour-quoi ne pas essayer de changer le coursdes choses ? Si elle ne peut empêcher lamort de sa mère (très belle scène où ellerevit cet instant tragique), elle arrive néan-moins à tordre, un peu, le cours du tempsen persuadant M Da Costa, l’un de sesprofs, de conserver, pour elle, les voixenregistrées de ses parents. Elle lui pro-met de venir les chercher quand elle auraquarante et un ans (qu’elle a déjà, en fait,mais c’est un peu compliqué à admettrepour M Da Costa). « On va se choisir unechanson, quand vous l’entendrez, vous pen-serez à moi. Ça sera Dis quand reviendras-tu ? ». Un titre on ne peut plus approprié. Deux fois Barbara (très présente cestemps-ci après Mon enfance dans Du ventdans mes mollets de Carine Tardieu), maisaussi Walking on sunshine (Katrina and thewaves), Venus (Bananarama), 99 luftballons(Nena), des tubes de l’époque, mais avectrès peu de nostalgie car Noémie Lvovskyy adjoint des compositions d’aujourd’huicréées par Gaétan Roussel (Au bord desocéans par exemple). Quand on aime quele cinéma et la chanson fassent bon

ménage, on remercie Noémie Lovskyd’avoir autant de talent. La Camille d’aujourd’hui n’a plus la forcede celle de seize ans, elle survit grâce a desfigurations, boit beaucoup trop et ne peutaccepter la fin de son histoire d’amouravec Éric, le père de sa fille. Elle a perdu savaillance tout comme elle s’est perdue devue. Le film lui permet de la retrouver etde se réconcilier avec elle-même. Camillene recommence pas sa vie, elle ne serépète pas ; elle prend un nouveau départet c’est très beau. JF

Redoublements

Alors qu’il tournait sur les grands boule-vards, la manivelle de la caméra deGeorges Méliès est restée coincé uneminute : lors de la projection, un omnibusse transforma en corbillard ; ainsi naissaitle premier effet spécial de l’histoire ducinéma et celui-ci se trouvait définitive-ment lié à la magie, aux apparitions, dispa-ritions et autres fantasmagories. Rien deplus facile au cinéma que de convoquer desfantômes (un personnage meurt puisrevient hanter celui qui lui survit) et dansun sens, le cinéma tout entier n’est qu’une

Faca à faceCamille redouble

Faca à faceCamille redouble

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histoire de revenants : filmer, c’est graversur de la pellicule ou numériquement uninstant donné, c’est faire du passé du pré-sent qui ne passe pas, c’est garder l’imagede ceux qui furent, pas l’image statique etfigé des tableaux ou des photographiesmais celle en mouvement, vivante. Oncomprend que les premiers spectateursdes frères Lumière furent effrayés  : ilsavaient peur d’être écrasés par ce train quientrait en gare de La Ciotat mais ils pré-sentaient peut-être aussi ce côté spectraldu 7e art. Voyager dans le temps  : c’est l’une desidées qui ont séduit de très nombreux scé-naristes qu’ils soient ou non de science-fic-tion et les techniques numériques ont mul-tiplié les possibilités d’explorationtemporelle. Voyager dans le temps de sapropre histoire, revivre son passé : c’estl’un des rêves que nous avons sans doutetous eu un jour où l’autre. Dans le mangade Jiro Taniguchi intitulé Quartier lointain(adapté au cinéma par Sam Gabarski) unquadragénaire se trompe de train aprèsune soirée trop arrosée, revient dans laville de son enfance, et après un malaisesur la tombe de sa mère se retrouve âgéde 14 ans mais avec son expérienced’adulte. Ce qui trouble dans Camilleredouble de Noémie Lvovsky (qui reprendl’idée de Peggy Sue s’est mariée de Coppola)c’est qu’elle est projetée (après une soiréetrop arrosée !) dans son passé d’adoles-cente avec son corps de femme depresque cinquante ans. Ce pourrait êtretotalement ridicule (lorsqu’on l’a découvreau sortir de l’hôpital attifée en ados desannées 80) mais tout passe avec une grâce,un humour et une élégance folle. Peut êtreparce que la très bonne idée de ce projet

intenable, c’est que la réalisatrice joue elle-même le rôle titre et qu’elle est en chairset en os le véritable effet spécial de ce film.Revivre les découvertes, les hésitations, lesenvolées fiévreuses de cet âge fondateur,bien sûr, et avec une joie contagieuse (lascène de dépucelage est absolument déli-cieuse) mais aussi plonger dans la mélan-colie de tout retour en arrière : aurait-ilété possible de changer le cours deschoses  ? Chez Taniguchi, le héros veutempêcher la disparition de son père. ChezLvovsky, il s’agit à la fois d’empêcher la rup-ture d’anévrisme de sa mère et d’empê-cher la naissance d’une histoire d’amourqui, après des années de vie partagée etpassionnée, s’est achevée dans une sépa-ration douloureuse. Insupportables, l’un etl’autre. Bien sûr, malgré toute la pugnacitéde cette ado quarantenaire, rien ne peutêtre changé. Ni les histoires d’amour ni leshistoires de mort. De cette mère disparue(la lumineuse Yolande Moreau) ne resteraqu’un filet de voix, sur une cassette glisséeau fond d’une enveloppe, au bout d’unretour au présent infiniment mélancoliqueet finalement heureux. DP

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D’emblée, le cinéaste rappelle qu’il avoulu réaliser une comédie qui ne

veut rien démontrer. Néanmoins, il a euenvie de comprendre le rapport desCoptes à la foi : l’important n’est pas l’ap-parition de la Vierge en soi, mais les genseux-mêmes, dont il ne se moque surtoutpas, parce qu’il les trouve profondémenthumains.Il a tourné avec une petite équipe (3 ou 4personnes), dans laquelle tout le mondeétait non-croyant. A un spectateur qui lui demande si le filmétait écrit avant le départ en Egypte, le réa-lisateur répond que le film était très écrit,mais que le scénario a sans cesse été modi-fié sous la pression des événements. Lefilm a rencontré beaucoup de difficultésfinancières : mais ce qui était un handicap

s’est révélé aussi un atout. L’absence definanceur a libéré l’équipe de toute pres-sion et lui a laissé un espace de liberté quia débridé sa créativité. Il n’y avait pas decomptes à rendre. Le tournage a duréquatre ans : forcément, l’écriture du film asans cesse évolué, même au moment dumontage.Un autre spectateur fait remarquer que lefilm instaure un rapport étrange entre reli-gion et cinéma : quand les villageois regar-dent la version finale (dans laquelle ils ontjoué), ils ont le même comportement pen-dant la projection que devant le person-nage de la Vierge quand ils jouaient. Le réalisateur acquiesce  : l’hypnose duspectateur au cinéma est d’une certainemanière d’ordre religieux. Il ajoute qu’il apris beaucoup de plaisir à tourner. Il est

RencontreNamir Abdel Messeeh

Faca à faceCamille redouble

Ce vendredi 7 septembre, la

salle du Studio 1 est comble

pour accueillir Namir Abdel

Messeeh, le réalisateur de La

Vierge, les Coptes et moi. Le

film, précédé d’une rumeur

favorable, est très attendu.

Cette avant-première est

organisée à la fois par Ciclic

(Centre Images et Livre au

Centre) et par les Studio.

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parce qu’ils craignaient le regard que pou-vaient avoir les Musulmans sur les Copteset sur cette histoire. Il leur fallait accepterque tout cela soit dévoilé publiquementsur un écran. Et puis à l’épreuve des faits,leur crainte s’est dissipée.

Un spectateur s’étonne qu’on entende lavoix du producteur au téléphone. Lecinéaste répond que sur cette questiondocumentaire et fiction se mêlent : les pro-pos sont bien ceux que le producteur atenus, mais la voix est celle du monteur.Le producteur était prévu (avec sonaccord) comme personnage du film : maisla brouille violente qui a suivi rendait celaimpossible. Pour garder le personnage, il adonc fallu faire intervenir le monteur.

À une question de la salle pour savoir si lefilm aurait été possible sans la présence desa famille, Namir Abdel Messeeh répondque la famille c’est le film. Prendre desacteurs aurait été difficile pour lui : desacteurs s’approprient nécessairement lafiction qu’ils jouent,le cinéaste ne seserait plus reconnudans l’histoire qu’iltournait. C’estpourquoi il a choisiplutôt le genredocumentaire etl’œuvre familiale. Ila ainsi obtenu unfilm hétéroclite quiparle de la famille,du cinéma, de laVierge, de l’Egypte,des Coptes, de lareligion (accessoi-

rement). Et c’est ce qu’il souhaitait.

Un spectateur souligne que le film ques-tionne le réel, sa nature, et interroge lerapport du cinéma avec la croyance. Ilpense à des films comme La Rose pourpredu Caire, qui explore la question du rap-port entre le réel et le cinéma. Pour le réa-lisateur, tout film est représentation etpose cette question. Filmer, c’est inévita-blement s’affronter au réel, à son essence.Chaque cinéaste trouve un dispositif pouraborder cette problématique, par le jeudes acteurs, le scénario, le montage, lesujet choisi.

Tout film en arrive à cette interrogation :qu’est-ce que le réel ? Dans La Vierge, lesCoptes et moi, le réel se situe à la fin du film,dans les yeux des gens qui regardent lefilm. À ce moment-là, peu importe si lesapparitions sont vraies ou jouées. Leurregard dit ce qui est réel. Le reste necompte plus. CdP

RencontreNamir Abdel Messeeh

heureux d’avoir trouvé une écriture libre,qui joue tantôt avec le registre de la fic-tion, tantôt avec celui du documentaire.Son seul souci a été de faire fonctionnerce dispositif.

Un spectateur souligne que plusieursscènes parlent du réalisateur à la troisièmepersonne, comme s’il n’était pas là, notam-ment quand sa mère rencontre un astro-logue. Namir Abdel Messeeh répond quesa mère est réellement allée voir cet astro-logue mais sans lui : il a donc demandé auxdeux de pouvoir filmer la scène et du coupil l’a tournée dans un registre de fiction,comme s’il était absent.

De même, dans l’appartement, quandNamir consulte Internet pour se docu-menter, il y avait en réalité trois autrespersonnes avec lui. Mais cela ne fonction-nait pas, il fallait qu’il soit seul. Tout a étéfilmé à nouveau, la mise en scène a étérefaite : c’est cette nécessité de mettre enscène qui introduit la fiction dans le film. Ila fallu ainsi que le cinéaste se pose la ques-tion fatidique du « comment filmer » et durapport qu’il entretenait comme person-nage avec la caméra.

Alors qu’habituellement le genre docu-mentaire s’accommode mal du comique,dans La Vierge, les coptes et moi l’associa-tion fonctionne. On rit avec les person-nages, sans se moquer d’eux. Du coup ony voit l’Égypte et les Coptes autrement quedans les médias. On regarde ceux-ci nonplus seulement comme des victimes, maiscomme des personnes, avec leurs souciscertes, mais aussi avec leurs joies  : aupoint, souligne le cinéaste, que même desMusulmans en voyant les rushes du film sesont reconnus dans cette famille copte.

Quant aux membres de sa famille, ils ontété heureux et très fiers d’avoir joué pourle film. Contrairement à ce qui a étéaffirmé dans certains médias, ils se sontsentis respectés, ils n’ont pas eu l’impres-sion qu’on riait à leurs dépens. La mère duréalisateur elle-même était ravie et a beau-coup ri. En somme, les gens qui ont tournése sont approprié le film avec bonheur.

L’accueil dans les projections qui ont étéproposées dans un festival égyptien a étébon. La question religieuse n’a posé deproblème pour personne. Néanmoins,certain Coptes ont été gênés au début,

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grosse moustache qui n’a de dictatorialque le nom et qui se consume dans sonamour et sa dévotion pour… CélineDion ! Il possède dans son palais un muséeentièrement consacré à la chanteuse oùsont exposées tenues de scènes, chaus-sures, photos, enregistrements et autresreliques saintes. À l’écran la situation estdéjà très drôle et la visite du sanctuairevaut le détour mais ce n’est rien encore.Car Sur la piste du marsupilami contient unescène vraiment grandiose. Dans celle-ci, legénéral à moustache apparaît en robelamée or très fendue, épaule dénudée,longue perruque blonde et talons aiguilles.Ainsi accoutré il exécute un show sur I’malive, une chanson de son idole. D’aussibon goût que ceux de sa vedette à LasVegas, son numéro le fait danser dans lesallées du jardin de son palais, entouré deses boys (les militaires de son armée) pourfinir en apothéose au bord d’une fontained’un goût très incertain. Ce grandmoment, sans doute promis à un avenir

culte, est hilarant et très jouissif. D’autantplus qu’il n’est pas bêtement moqueur. Il ya de l’ironie mais aussi de la tendresse dansle regard d’Alain Chabat et, grâce à cela,cette scène n’est pas seulement kitschis-sime. Lambert Wilson y est incroyable.Avec un vrai sens comique il est en empa-thie avec son personnage qui réalise là sonrêve. Il ne se moque pas et sa façon de por-ter lamé, talons et perruque, fait le reste.Son travail, cette désinvolture sérieuse, cemélange de lâcher prise et d’infini contrôle,est un régal à voir. De frère Christian augénéral Pochero il y a un immense écartque seul un aussi grand et surprenantacteur peut accomplir.

L’avoir quitté dans ce rôle pour le retrou-ver en Orphée dans Vous n’avez encore rienvu d’Alain Resnais, confirme que LambertWilson aime nous surprendre ; gageonsque ses choix futurs nous surprendronttout autant. JF

À propos deLambert Wilson

Lambert Wilson, on ne savait pas trop quoien penser. On admirait sa belle gueule etses nombreux talents, certes, mais sans leprendre totalement au sérieux. Petit àpetit, les choses se sont transformées, etdepuis 2010, grâce au comte de Cha-bannes dans La Princesse de Montpensier deBertrand Tavernier et au frère Christiandans Des hommes et des dieux de XavierBeauvois, son statut semble différent.Pourtant Lambert Wilson a toujours,depuis ses débuts, alterné drames etcomédies, films exigeants et d’autres unpeu moins. Alors, qu’est-ce qui a changé ?La rencontre avec Alain Resnais (qui est leréalisateur avec lequel il a le plus travaillé :On connaît la chanson, Pas sur la bouche,Cœurs et le tout dernier Vous n’avez encorerien vu) ? Une ampleur acquise avec l’âge ?Le cliché de la maturité ? La reconnais-sance obtenue grâce aux deux rôles magni-fiques précédemment cités ? Comme si,maintenant, non seulement crédible maisreconnu et considéré, il pouvait assumertoutes ses amours, faire rire, faire pleurer,faire ce qu’il lui plaît.

Y compris accepter le rôle du généralPochero dans Sur la piste du marsupilami deAlain Chabat. Le général Pochero est undictateur d’opérette à cheveux de jais et

Il est autant de parcours que d’acteurs.Avec ou sans formation, avec une héré-

dité parfois chargée (fils ou fille de) ou pas,avec des débuts fracassants ou discrets,des carrières que le temps fait évoluer oud’autres qui meurent à peine écloses.Lambert Wilson est un cas particulier. Sonpremier rôle vraiment important il l’aobtenu dans Cinq jours, ce printemps-là, deFred Zinnemann aux côtés de SeanConnery, en 1982, comme on ne l’avaitjamais repéré malgré quelques rôlessecondaires, on a découvert un jeuneacteur anglais. Pour ceux qui l’ignoraient,il était impossible de deviner qu’il était, enfait, français et fils de l’acteur Georges Wil-son.

Dès le début, donc, on n’a pas trop su oùle situer. Bilingue, danseur, chanteur,acteur ; on le trouvait aussi bien au music-hall qu’au théâtre ou au cinéma. En plus, ilétait (et est toujours) d’une grande beautéet cet avantage n’en est pas toujours unpour un acteur préférant que l’on voie,chez lui, le travail plutôt que l’apparence.En France, on aime bien les cases, on aimel’idée des mélanges, d’accord, mais l’idéeseulement ; on craint l’éparpillement, onpense que l’on ne peut pas avoir plusieurscordes à son arc.

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Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 201230 31Les CARNETS du STUDIO n°306 – novembre 2012

version qui nous a été projetée était detrès bonne qualité) et présenté de nou-veau.

un film ovni,un « objet étrange » qui divisa :

Les Dimanches… ne correspondent d’au-cune façon ni aux préoccupations, ni à lafilmographie de l’époque, ni à la tendancenouvelle vague qui émergeait alors. Le réa-lisateur confirme : « Certains ont détesté »– il évoque malicieusement « la bande àGodard  »  et les Cahiers du cinéma…« d’autres, plus nombreux, l’ont encensé… ».Présenté à Venise, il a battu tous les

la re-sortie du film

« Je suis un mauvais père », annonce S. Bour-guignon. Bien qu’il ait eu une large audienceet soit après sa sortie programmé aumoins deux fois par an à la cinémathèquede Paris tant qu’Henri Langlois – qui aimaitle film – en a été le responsable, le film adisparu après le départ de ce dernier.« Mais je ne m’en suis pas occupé ». Plusieursfois des distributeurs, dont des japonais,ont tenté de récupérer les droits échus àla Colombia. Mais Les Dimanches… faisaientpartie de leur bibliothèque cinéphile et il afallu un tour de passe-passe inespéré pourque le film soit enfin récupéré, restauré (la

records à l’applaudimètre, fait la une duCorriere della sera – « le film qui a réveillé lefestival », et plus tard du New York Times –qui le qualifia de « chef d’œuvre » – on avaitrarement vu de files plus longues devantles cinémas qui le programmait. Au Japon– «  le plus japonais des films français  » –reçut un triomphe et Mishima lui consacraun article.Les Dimanches… furent primés à Venise etobtinrent l’Oscar du meilleur film étranger.Curieusement il a fallu attendre cette car-rière internationale et que les journauxfrançais reprennent les critiques des jour-naux américains, pour que le film, qualifiéde « trop sentimental pour les intellectuels ettrop intelligent pour le grand public », trouveenfin un distributeur en France. Le publicfut au rendez-vous avec 1 800 000 entréesce qui était colossal pour l’époque etdépassait largement le Jules et Jim de Truf-faut sorti au même moment.

À l’origine…

Bien qu’inspiré d’un livre, le scénario prendde grandes libertés avec le récit écrit quise présente comme un polar avec trahi-sons au sein de bandes rivales, et uneamnésie du héros due à une chute d’un toitlors d’un casse… Au départ, un tournage à Bornéo pour leservice des armées au cours duquel le réa-lisateur rencontre un pilote détruit par unevision obsédante  : celle de son avions’écrasant au cours d’un combat en Indo-chine et d’une petite fille hurlant. Avait-ilou non tué cette enfant ?

le parti-pris du cinéaste

Pour Serge Bourguignon, il n’y a pas dedoute : « Ce qui est différent dérange et ce

qui dérange est condamnable pour la plupartdes gens ». Les deux héros sont purs, maisPierre est condamné à disparaître dès ledébut. Dans ce film les rôles sont inver-sés : l’adulte est un enfant en raison de sonamnésie et l’enfant une adulte qui a prisPierre par la main. Grâce à ses dimanchesavec elle, il s’est refait une enfance etsemble guéri de ses traumatismes : l’as-cension du clocher sans éprouver de ver-tige en est la preuve à la fin du film…Aujourd’hui, avec l’attention portée sur lesproblèmes de pédophilie, le film aurait sansdoute eu plus de mal à se faire. Le réalisa-teur nous affirme que malgré certainesrumeurs Les Dimanches… n’ont pas eu decoupes pour cause de censure – coupesqu’il n’aurait pas acceptées.

les acteurs

Le film déploie un quatuor d’acteursexceptionnels.La jeune actrice étonnante, Patricia Gozziest décrite comme incroyablement mature– il a fallu plusieurs fois réécrire les dia-logues après qu’elle eut affirmé qu’elle neparlait pas comme un bébé – a fait vivredes moments de grâce à l’ensemble del’équipe. Son visage en larmes à la fin dufilm est comparé par une spectatrice àcelui de Falconetti dans le Jeanne d’Arc deDreyer… Ce moment reste très fort.Comme les spectateurs présents, S. Bour-guignon qui se remémore le tournage dela scène, affirme avoir aujourd’hui encorela gorge nouée en visionnant la scène.

Hardy Kruger campe un Pierre convain-cant, ce personnage infantile incapabled’assumer sa vie d’adulte suite aux trau-matismes de guerre. Acteur déjà très

RencontreSerge Bourguignon

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Le Studio1 était bondé ce lundi soir 1er

octobre pour accueillir Serge Bourgui-gnon, un réalisateur disparu de nosécrans et dont on n’avait plus entenduparler depuis 50 ans…C’est un homme charmant et disertqui a éprouvé un plaisir évident àrépondre aux questions d’un publiccurieux et conquis. Ceux qui avait vuLes dimanches de Ville d’Avray (sorti en1962) n’avaient pas oublié ce film fortet d’une grande sensibilité ;les autres ont découvert et semble-t-ilbeaucoup aimé une œuvre qui n’a paspris une ride au fil des années.

SOIRÉE CINÉMATHÈQUE

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camille redoublede Noémie Lvovsky

Quand on se lance dans unecomédie à visée familiale, donc assezgrand public, difficile de forcément brilleret de sortir un film exceptionnel. Je nepourrais dire donc que Camille redoubleest un chef d’œuvre. Pourtant dans cegenre simple et revu qu’est la comédie,Camille redouble est une des meilleuressurprises de ces derniers temps. […]D’un ton absurde, Camille redouble resteempli de bons sentiments et de quelquesfacil ités  ; tout comme la fin, assezdécevante et un soupçon puritaine,Noémie Lvovsky n’a pas pris le risque dechoquer ou d’aller à contre courant (onsent pourtant, à l’image de l’introduction,qu’elle en a les moyens, presque l’envie).Qu’importe, la plus grande difficulté étaitde faire rire sans entrer ni dans legrossier ni dans le cliché, êtredécomplexé, et c’est réussi, avec à la cléune vision fidèle et amusante des années80. Pour le genre, une grande réussite.Paul

du vent danS meS molletSde Carine Tardieu

[…] L’interprétation des deuxfillettes est excellente, le scénario, simplemais plaisant. Ce film m’a rappelé My girl,avec Macaulay Culkin, devant lequelj’avais beaucoup pleuré plus jeune et m’aégalement donné envie de lire le livre quil’a inspiré. HH

[…] [ce film] aurait pu être sansdoute tout aussi drôle sans son comiqueparfois un peu appuyé, voire artificiel, quinuit à mon sens au film et colle mal avecsa fin. Je lui préfère de ce point vue (et

proche de Pierre, est parfait pour appor-ter une fraîcheur de ton qui permet ladédramatisation du sujet.

l’image

Tourné dans un noir et blanc que les cri-tiques ont qualifié d’hypnotique, la tristesseirrigue chaque plan du film. Comme la rela-tion que l’on redoute éphémère entrePierre et Françoise, l’image joue desreflets, métamorphoses et transparences ;ainsi, l’allusion à la traversée du miroir faitepar une spectatrice… Le réalisateurévoque des effets conscients et la magie dela part d’inconscience.

Merci Monsieur Bourguignon ! SB

connu en Allemagne, il apprécia d’endos-ser un rôle pour le cinéma français diffé-rent de celui de l’officier allemand qu’onlui avait fait jouer jusqu’alors – dans Un taxipour Tobrouk par exemple. Il garde un sou-venir ému de ce film qui occupe la placeprincipale de l’autobiographie qu’il publia.Nicole Courcel joue le rôle très difficile deMadeleine, l’infirmière qui a recueilli Pierreet lui consacre toute sa vie et son amourde femme seule. Elle réussit à exprimer dessentiments très forts sans pathos, évitantainsi les pièges du mélodrame racoleur.Elle comprendra la tendresse pure et lelien débarrassé de toute dimensionsexuelle qui unit Françoise et Pierre, quitteà souffrir que ce dernier s’éloigne d’elleinexorablement. Daniel Ivernel, dans le rôle de Carlos, un

Vos critiques

pas seulement de ce point de vue,d’ail leurs) La Faute à Fidel , de JulieGavras, et, dans un genre moins drôle,Stella, de Sylvie Verheyde. Chieuvrou

Un regard plein de poésie et detendresse sur le monde de l’enfance. […] ChrisdeTouraine

Wrongde Quentin Dupieux

Tout Wrong. Ni merveilleux, niinquiétant… simplement laborieux.Monsieur HR

magic mikede Steven Soderbergh

Des beaux mecs bien huilés etmusclés, un scénario pas très compliqué,mais heureusement un ton tout à faitdécalé et dans l’autodérision ! Onn’aurait pas misé un sou sur ce film etpourtant on passe un excellent moment.C’est bon la légèreté de temps en temps.

la vierge, leS coPteS et moide Namir Abdel Messeeh

Ce film est un petit bijou à voirABSOLUMENT ! C’est émouvant, trèstrès DRÔLE et l’Égypte vue de l’intimefamilial est d’une authenticité rare àl’écran. Tristan

Tout-à-fait d’accord, un vrai régalque ce fi lm intell igent qui pose lesquestions essentielles de la croyance, dela famille, du mensonge… Le tout avecbeaucoup d’humour et une grandetendresse envers les siens, bravo àNamir Messeh pour ce regard éclairé…EB

Rubrique réalisée par RS

RencontreSerge Bourguignon