novembre 2010

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A ujourd’hui, conserver l’environnement est une affaire de tous les jours. Le choix de notre savon à vaisselle, l’utilisation de sacs réutilisables et du trans-port en commun sont des comportements quotidiens. La protection de notre

environnement est une valeur à laquelle nous accordons beaucoup d’importance, mais jusqu’à quel prix? Plusieurs commerces tentent de nous appâter avec leurs discours environnementaux. Chaque année, de nouvelles certifications valorisant et protégeant l’environnement apparaissent pour peupler cette portion du marché grandissante. Même les discours de nos dirigeants politiques sont teintés de vert, même les plus sales. Le psittacisme constant des politiciens sur leur impact positif sur l’environnement leur donne une image de sauveurs. Nos choix sont très souvent trompés par la verdure du contenant et non du contenu, et on en paie trop souvent le prix. Mais oublier ou simplement négliger l’environnement peut avoir des répercussions majeures, en voici un exemple. L’hiver dernier sur la route 175 près de Stoneham, un camion-citerne s’est renversé et s’est vidé de ses quelque 23 000 litres de diesel et d’essence. Malgré que la majorité du contaminant ait été récupérée, une fraction res-tante s’est rapidement répandue dans le fossé, les ruisseaux et la rivière à proximité de l’accident. Sur le coup, on appréhendait une explosion et à une contamination des sources d’eau potable de surfaces, mais le niveau de préoccupation des intervenants a augmenté dramatiquement à la suite de l’identification du bassin versant. La raison étant que le ruisseau alimentait la rivière des Hurons et la rivière Noire, qui sont des affluents du lac Saint-Charles qui constitue quant à lui le réservoir d’eau potable utili-sé pour alimenter environ 240 000 personnes. Ce déversement accidentel de produits toxiques pouvait affecter l’approvisionnement en eau potable de plusieurs secteurs de la Ville de Québec. Cette situation a été surveillée jusqu'à la fonte de la neige au prin-temps, car une partie des hydrocarbures était prisonnière du sol glacé et de la neige. Pendant les quelques mois qui ont suivi le déversement, plusieurs personnes se de-mandaient la pertinence de continuer la décontamination du sol étant donné que « le pétrole, bien ça vient du sol ». Ces gens ne voyaient que l’argent gaspillé pour sauver quelques poissons. Si les autorités s’étaient arrêtées à la frontière du risque acceptable — perdre quelques poissons — eh bien on aurait pu se retrouver avec un problème rappelant celui de Shannon. Un fait inusité dans cette affaire est que curieusement la présence de barrages de cas-tors le long du ruisseau a permis de ralentir la progression de l'essence. Comme quoi la nature est la meilleure ressource pour sa propre conservation.

*** La page frontispice renferme des informations bien subtiles. Vous aurez bien sûr remarqué la jeune plante. Oui, je sais, la plantule représente généralement le prin-temps, mais ici elle représente les semis automnaux : un petit truc pour préserver l’environnement. Le sol ainsi que l’air sont des composants indispensables, mais il ne faut surtout pas oublier la petite gouttelette représentant l’eau, le subtil puceron re-présentant le règne animal et le soleil invisible, mais bien présent par sa lumière. Tous viennent finaliser les principaux constituants de l’environnement. N’oublions pas le petit clin d’œil à l’hydroélectricité, une source d’énergie dite verte.

N’oubliez pas le mot chapeau tiré du logiciel Antidote à trouver dans le texte!

Mot de l’Agral PAR SAMUEL SIMARD, ÉTUDIANT EN AGRONOMIE

ET DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’AGRAL

DIRECTION DE L’AGRAL

L’Agral Journal des étudiants de la

Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation ainsi que de la Faculté de foresterie, géographie et

de géomatique

Local 0116, Pavillon Paul-Comtois 2425 rue de l’Agriculture, Québec (Qc),

G1V 0A6 Tél : (418) 656-2131 poste 3565

Fax : (418) 656-2610 [email protected]

Directeur général : Samuel Simard

Rédacteur en chef : François Gervais Secrétaire : Véronique Leclerc

Chef de pupitre : Francisca Müller Responsable de la mise en page :

Maryse Gendron Directeur de production :

Charles Bilodeau

100%

Sommaire Édition octobre 2010

Mot de l’Agral

Mot du doyen

Wake me up when November

begins

ENVIRONNEMENT

La forêt comme source d’éner-

gie et de chauffage

Écomélangez-moi!

Alimentation de proximité

L’origan contre les gaz à effet de

serre

Au cœur de l’ingénierie allemande

La vie à AgroParisTech

Évoluer pour survivre

Le modèle agricole actuel

Phyto-sol aux canneberges

De la branche au client

Phyto-sol!

SAACré Errol!

Le Potirothon de Gentilly

Les Maries-Nades

Zone ludique

Chronique culturelle

Chronique hockey

Le courrier de la Rousse

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D epuis bon nombre d’années, l’Université Laval (UL) fait figure de proue dans le domaine de l’environne-ment. On pourrait bien sûr s’étendre longuement sur

les cours, programmes et activités de recherche qui touchent à l’environnement. Ceux-ci ne se retrouvent pas uniquement au sein des facultés dites « de sciences expérimentales », comme la FSG, la FFGG et la FSAA, mais ils sont répartis dans toutes les composantes de l’UL. À titre d’exemples, ne représentant qu’un petit échantillon, on retrouve le programme de DESS en droit – droit de l’environnement, développement durable et sécurité alimentaire (FD), le cours Économie de l’environnement (FSS) et le Centre de recherche en aménagement et développement (FAAAV), dont les thématiques de recherche comportent une forte saveur environnementale. Il ne faut pas oublier l’Institut Hydro-Québec en environnement, développement et société, de nature multi-facultaire, qui regroupe des chercheurs de tous les domaines, intéressés par l’environnement.

Toutefois, en plus de se préoccu-per de l’environnement dans les formations et la recherche, l’Uni-versité Laval a adopté et continue d’adopter des pratiques et façons de faire qui s’insèrent résolument dans l’optique de promouvoir les actions favorables à l’environne-ment. Pour vous faire une idée de

ces actions et réalisations, je vous invite à consulter le site sui-vant : http://www.developpementdurable.ulaval.ca/, et en par-ticulier le Portfolio de nos réalisations, à l’intérieur de ce site. Vous noterez, entre autres, que notre université a été la premiè-re au Québec à adopter une politique de protection et de pro-motion de l’environnement, en 1994, et une politique de déve-loppement durable, en 2008. Cette dernière a été suivie du Plan d’action en développement durable 2009-2012 comportant 5 grands axes et plus de 85 actions précises. À la lecture de ces documents, vous noterez que, malheureuse-ment, un des secrets les mieux gardés de notre institution est que nous sommes des leaders dans le domaine de l’environne-ment. Nous avons trop longtemps fait preuve de trop de mo-destie pour en parler. Heureusement, les temps changent et maintenant l’Université Laval affiche clairement son fort pen-chant pour le développement durable et sa capacité d’agir favo-rablement pour la protection de l’environnement sous toutes ses formes et par toutes sortes de moyens. Afin d’encore mieux exprimer notre implication en environne-ment et d’offrir l’opportunité à l’ensemble des étudiants des divers programmes de goûter au développement durable dans le

cadre de leur formation, le Conseil universitaire a adopté, en avril 2010, le profil en développement durable. Comme pour le profil international et le profil entrepreneurial, ce nouveau profil comportera 12 crédits et s’insèrera à l’intérieur de la formation régulière, en donnant droit à une mention sur le diplôme obte-nu. Tous les programmes qui adopteront ce profil seront assu-jettis à un parcours intégré bien défini. Premièrement, le profil devra inclure un cours interdisciplinaire obligatoire, de 3 crédits, intitulé Fondements du développement durable, qui est déjà disponible à distance. Deuxièmement, un autre cours de 3 cré-dits en développement durable, mais relié au domaine du savoir du programme sera aussi obligatoire. Ces cours restent encore à définir pour chaque domaine du savoir. Troisièmement, le profil comptera 6 crédits qui s’effectueront selon une des trois voies pédagogiques suivantes : un stage (6 cr.), un projet d’interven-tion dirigé (6 cr.) ou des cours en développement durable totali-sant 6 crédits. Tout comme les deux autres profils, l’inclusion du profil en développement durable dans un programme devra tout d’abord faire l’objet de discussions par les comités des programmes inté-ressés. Si un comité de programme juge bon d’ajouter ce profil au programme, il faudra aussi en définir le contenu. Une fois le profil bien défini et accepté par le comité, cette modification au programme devra suivre le chemin habituel, c’est-à-dire être analysée par le Conseil de la Faculté qui pourra ou non donner son aval à cette modification. Mais avant d’enclencher de telles procédures, la direction fa-cultaire et les directions des programmes de premier cycle doi-vent aussi s’engager dans une réflexion plus « existentielle », qui se fait d’ailleurs aussi dans d’autres facultés. En effet, nous considérons que certains de nos programmes offrent déjà une formation parfois assez approfondie en développement durable. L’inclusion du profil en développement durable dans ces pro-grammes créerait deux catégories de diplômés : ceux qui sont officiellement reconnus comme ayant une formation en déve-loppement durable par l’intermédiaire du profil et… les autres. Vous comprendrez qu’un tel résultat nous semble inacceptable pour le moment puisque tous nos diplômés de ces programmes devraient se voir reconnaître une formation de base en dévelop-pement durable. Dans les prochains mois, la réflexion se pour-suivra en impliquant principalement les directions des program-mes, pour en arriver à solutionner cette problématique. C’est avec beaucoup d’enthousiasme que la FSAA participe aux initia-tives institutionnelles en environnement et développement dura-ble, mais nous devons aussi nous assurer que ces initiatives n’aient pas un effet pénalisant pour nos futurs diplômés. Bonne session.

Mot du doyen PAR JEAN-PAUL LAFOREST, DOYEN DE LA FSAA

DIRECTION DE LA FSAA

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V ous êtes nombreux à vous être promis d’ef-fectuer tous vos travaux

d’avance, d’étudier et de rattraper le temps perdu durant la semaine de lecture. Vous vous voyiez plongés

dans vos études dès la Barak terminée, à annoter des textes, à écrire des rapports et à mémoriser des suites interminables

de concepts à savoir par cœur. Vous étiez révoltés de votre impossible paresse et de vos incroyables compétences en procrastination durant la première partie de la session.

Vous voyiez la semaine de lecture comme la lu-mière au bout du tunnel de ce début de session où vous n’étiez qu’au mieux à la dernière minu-te, et dans le pire des cas en pleine supplication

pour qu’on daigne vous laisser les derniers points restants après soustraction des retards.

Évidemment, vous n’avez rien fait. Entre des visites aux vieux amis et des soirées à écouter des films ou à boire une p’tite biè-re, vous n’avez rien trouvé de mieux à faire que de vous empoi-gner l’arrière-train. Oh si, c’est vrai, vous avez bien ouvert vos livres une fois ou deux le mardi en vous disant qu’il était bien temps que vous vous y mettiez pour de bon. Mais rien à faire. Vous aviez encore jusqu’au dimanche suivant. Et donc vous avez refermé tout ça, l’esprit en paix avec vous-mêmes. Et puis vous voilà le lundi d’après la relâche, encore sous l’effet des bonbons d’Halloween, mais tout de même vaguement cons-cient que la fête est terminée. Et puis vous envisagez les pro-chaines semaines : à une seule demi-session des Fêtes et d’une autre année qui passe. Et elle file, cette demi-session, prenez garde! Mais vous êtes également dans le meilleur moment pour étu-dier : novembre. Car vous êtes en forme après une semaine de repos, et parce qu’il ne fait pas beau. Il n’y a pas à dire, la tempé-rature est tellement déplaisante et démoralisante qu’elle ne laisse aucune option aux étudiants : étudier, votre salut passe par là. D’abord, après une semaine complète à tourner en rond et à lambiner, vous ne pouvez qu’avoir des fourmis dans les doigts à l’idée de recommencer à prendre des notes. Vous ne pouvez qu’avoir envie de rester totalement immobiles durant des heures à écouter des gens parler. Vous ne pouvez que difficilement réprimer des sauts de joie à l’annonce de travaux de vingt pages à remettre dans deux semaines. Vos vieux instincts d’étudiant aguerri n’attendent qu’une occasion – un conférencier invité ou bien des travaux pratiques – pour ressortir. Sans conteste, au retour de la relâche, vous êtes de véritables machines de guerre

prêtes à montrer aux profs qu’il faut bien plus que quelques études de cas pour vous faire peur. Et puis, vous n’avez rien de vraiment mieux à faire, puisque dehors, il fait laid. Revoyez avec dégoût l’insupportable météorologie de novem-bre : il fait froid, il pleut, il vente, il fait gris, le soleil – quand du moins on peut le voir – se couche de plus en plus tôt et il ne neige pas encore. La neige, que vous l’aimiez ou non, demeure tout de même un élément fantastiquement illuminant dans un paysage, même urbain, comparé à la grisaille dépressive de no-vembre. Les éléments naturels se liguent contre toute personne désirant un tant soit peu profiter de l’air frais extérieur. Les acti-vités estivales – beach-volley avec gants et tuque dans la boue? – et hivernales – ski de fond sur tapis de feuilles mortes? – sont impraticables et il n’a pas été donné au génie humain de créer des activités de remplacement qui sont le moindrement intéres-santes. Hormis, évidemment, pour ceux qui adorent fendre du bois, le corder, ou le rentrer dans la cave. Ou bien faire bouche-rie après un été d’élevage de canards, d’oies, de gros coqs à chair inepte et de dindes. Ainsi, confinés à l’intérieur, rejetés par Dame Nature qui consi-dère qu’elle a droit à un congé entre les gros travaux que sont l’été et l’hiver, vous ne pouvez que vous tourner vers les espaces clos et déprimer… Sauf si vous êtes étudiants : car c’est à ce moment que vous aurez la chance de faire ce que vous étiez censés faire durant la relâche, c'est-à-dire de rattraper le retard prérelâche. Vous n’avez également aucune excuse pour ne pas étudier comme les plus studieux des petits génies et prendre de l’avance : accumulez des connaissances, mettez-les en applica-tion, développez vos compétences, raffermissez vos paradigmes, fouillez dans vos notes de philo et rappelez-vous pourquoi vous êtes utilitaristes plutôt que kantiens! Que sais-je, lancez-vous des défis! Essayez donc, par exemple, d’écrire un édito sur novem-bre qui soit le moindrement plus stimulant et intéressant que le mien, vous verrez, ce n’est pas facile. Parce que novembre, c’est le pire des mois. Le titre est évidemment inspiré de la chanson pop-rock Wake me up when September ends du groupe Green Day.

Wake me up when November begins... PAR FRANÇOIS GERVAIS, ÉTUDIANT EN AGRONOMIE

ET RÉDACTEUR EN CHEF DE L’AGRAL

ÉDITORIAL

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D ans le cadre du cours Forest Management de mon univer-sité d'accueil, nous avons visité une centrale de cogé-nération. Ces installations industrielles, appelées dans

le jargon CHP power plants (combined heat and power), sont le fruit d'une technologie de pointe développée en Suède visant à tirer profit de l'abondance de biomasse dans ce pays où la foresterie occupe une place importante de l'économie. Une centrale CHP est une centrale électrique fonctionnant à l'énergie thermique dont les rejets de chaleurs sont valorisés, contrairement aux centrales thermiques « traditionnelles » qui génèrent des pertes de chaleur importante. Dans le cas de la centrale d'Enköping (prononcer Ènn cheeuu ping) que nous avons visitée, la chaleur récupérée est utilisée pour le district hea-ting. Ce procédé répandu dans le nord de l'Europe consiste à fournir le chauffage à une multitu-de de clients éparpillés, à partir d'une source de chaleur unique. Cela est accompli par l'installation d'un réseau de tuyaux souterrains qui transpor-teront de la vapeur sous pression (la vapeur peut atteindre 500°C!), pro-pulsée par une hélice puissante. Les canalisa-tions utilisées par la cen-trale font 80 km de long. C'est ainsi qu'à Enköping, la majorité des habitations de la ville sont chauffées par le by-product de la centrale électrique. L'ali-mentation de celle-ci provient en majeure partie de résidus de la coupe forestière (75 %), de bois de démolition (10 %), de cultu-res énergétiques (10 %) et de granules de bois (5 %), parfois importées. Autre extrant de la centrale de cogénération, les cen-dres sont mélangées avec des boues municipales et sont utilisées pour fertiliser les plantations sylvicoles en courte rotation de la région, qui constituent les cultures énergétiques approvisionnant la centrale. Les sylviculteurs producteurs de biomasse bénéfi-cient de contrats d'approvisionnements à long terme avec l'usi-ne, qui fournit 55 % de la demande d'électricité de la ville. L'implication du gouvernement a facilité le développement de ces technologies et des installations industrielles. En effet, la

Suède s'est donné d'importants objectifs énergétiques, notam-ment d'augmenter à 50 % la part d'énergie consommée prove-nant de sources renouvelables d'ici 2020. Parallèlement, le gou-vernement veut découpler la croissance du PIB et la consomma-tion de pétrole : déjà, la dépendance du pays envers l'or noir serait passée sous la barre du 50 % en 2009. Important instru-ment mis en œuvre pour atteindre cet objectif, une taxe carbone sur l'utilisation des combustibles fossiles utilisés pour le chauffa-ge, instaurée au début des années 90, a fourni des conditions de marché permettant à la bioénergie d'être suffisamment compéti-tive avec les énergies fossiles. En outre, des investissements importants des compagnies d'énergie pour développer le savoir-faire en matière de bioénergie, et la collaboration entre le secteur privé, le gouvernement et les institutions de recherche ont per-

mis le développement de ce secteur. Cependant, l'utilisation de la biomasse fores-tière à grande échelle, dans laquelle la Suède s'est lancée tête pre-mière, n'est pas forcé-ment une panacée en-vironnementale. Des questions restent à répondre quant à l'effet à long terme de l'ex-portation de la matière organique des forêts et

terres en sylviculture. On peut penser que,

comme pour le cas des terres agricoles, une soustraction systé-matique de la matière organique qui, normalement, retourne dans le sol, conduira éventuellement à l'appauvrissement de ce même sol, diminuant sa fertilité. De plus, en exploitant cette partie de l'écosystème forestier, on se prive d'un réservoir de carbone important. Forestiers et biologistes devront alors rester à l'affût. Néanmoins, les efforts de la Suède pour réduire sa dépendance aux énergies fossiles et construire des systèmes énergétiques faisant rouler l'économie locale sont exemplaires, et le pays dé-veloppe une expertise le positionnant comme chef de file en la matière, lui ouvrant la porte aux exportations de ses technolo-gies.

La forêt comme source d’énergie et de chauffage

PAR GEOFFROY MÉNARD, ÉTUDIANT EN AGROÉCONOMIE

ENVIRONNEMENT

UNE VISITE À LA CENTRALE DE COGÉNÉRATION D'ENKÖPING, EN SUÈDE

G. Ménard

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D ans la flambée du prix du pétrole, dans cette ruée vers les énergies vertes, dans cette volonté de sauver cette planète, indifférente de tous les débordements, déver-

sements et diverses actions, si immorales soient-elles, plusieurs personnes ont vu une obligation d’agir. N’oublions pas que par-mi toutes les espèces menacées, l’homme moderne en fait main-tenant partie! L’homme politique économique « surconnecté » à la réalité via

sa grosse baie noire* de plastique a vu dans son écran tactile la solution. Une connexion entre ses applications Earth, sa cor-beille toujours vide et les graphiques de ses marchés favoris actualisés en temps réel, nous indique la mar-che à suivre pour sauver notre planète et tous les jolis petits animaux qui la composent. Cette version édulcorée de la sauvegarde de l’environnement semble facile, mais quand on regar-de plus loin on s’aperçoit que le message est rempli

d’aberrations et de contradictions. Achète, achetons, achetez des équipements écoénergétiques faits à l’étranger pour sauver de l’énergie, remplacez vos anciens électroménagers, ceux que l’on pouvait encore réparer, pour d’autres qui dureront probable-ment moins longtemps et prendront ensuite la direction de nos sites d’enfouissement. Achète, achetons, achetez des produits bon marché faits avec des matières recyclées et comme il de-vient trop cher de les réparer, nous pourrons ainsi vous en ven-dre d’autres. Achète, achetons, achetez nos nouveaux produits meilleurs pour l’environnement quand vous l’utilisez, sans que nous vous garantissions que nous faisons nous-mêmes des ef-forts. Comme ces produits sont meilleurs, payez-les plus cher, car ce qui ne coûte pas cher n’est pas vraiment écologique. Et surtout, ne baissez pas votre niveau de consommation, c’est mauvais pour l’économie. À l’autre extrême, nous avons les moutons noirs de ce monde, ceux qui font partie de la secte de l’environnement avec les fem-

mes castors. Dans cette lignée de gens, il y en a que l’idéologie parfaite mène aussi à des incohérences. Voulant sauver la planè-te, certains adoptent un régime dépourvu de viande et composé d’aliments frais et biologiques qui doivent être mangés sans cuisson. N’ayant pourtant aucune notion de nutrition ou de biologie, ils multiplient néanmoins les conférences et les vidéos qu’ils publient sur internet. Ils utilisent l’humour et la dérision envers la science pour véhiculer des propos aberrants. Pourtant, leur diète miracle n’est peut-être pas si écologique qu’ils le pré-tendent. Ne manger que des aliments biologiques provenant des pays tropicaux n’est pas vraiment bon pour le bilan du kilomètre-aliment. Nous pouvons aussi nous poser des questions à savoir si les normes de production biologique sont les mêmes que dans notre pays, si ces produits sont payés de manière équitable aux producteurs. Et les producteurs biologiques qui leur fournissent leurs aliments ont-ils des procédés de culture écologiquement viables au niveau de l’utilisation de leurs sols en minimisant leur dégradation, au niveau de la fertilisation de ceux-ci et en ce qui concerne l’utilisation de ressources premières comme l’eau? De plus, cette solution est-elle applicable à la majorité? Avons-nous tous les moyens de payer le plein prix de ces produits de luxe et de soustraire notre économie agricole locale de notre pouvoir d’achat? Jusqu’où doit-on aller pour sauver des gens qui ne veulent pas vraiment se sauver eux-mêmes? Qu’est-ce qui a vraiment un impact positif sur l’environnement? À partir de quel moment une dépense d’énergie, pour un gain potentiel, peut justifier cette dépense d’énergie? Est-ce que de traverser les boulevards en utilisant les traverses piétonnières quand cela fait attendre plusieurs véhicules au point mort est justifié par le fait de ne pas être un autre véhicule dans cet engorgement? Ou n’y aurait-il pas une autre façon de concevoir les routes et les intersections qui pourrait mettre en valeur le transport en commun et les piétons? Selon moi, c’est totalement possible de valoriser l’utili-sation de transports alternatifs plus efficacement qu’ils ne le sont présentement. Il faudrait aussi repenser les pistes cyclables, et ce, autant dans les grandes villes que sur la Route verte. Route verte qui, lancée dans l’élan de vouloir valoriser la cohabitation vélo-auto, est plus une source de frustration et de danger pour les utilisateurs qu’une alternative viable à l’utilisation des véhicu-les moteurs. Quelle partie de notre environnement doit-on sauver à tout prix, la diversité des espèces, la qualité de notre eau, notre at-

mosphère? La qualité de vie de nos générations futures ne passe-t-elle pas par tout cela? *Blackberry, of course!

Écomélangez-moi! PAR BENOIT GARON, ÉTUDIANT EN AGRONOMIE

ENVIRONNEMENT

Est-ce que l’énergie que j’ai dû utiliser pour écrire ce message et le papier qui a servi à l’imprimer sont justifiés par les propos

qui y sont tenus?

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« Dans un contexte de crise alimentaire mondiale où de nombreux peuples souffrent de la faim, que les produits agricoles de plusieurs pays sont destinés à l’exportation

et soumis aux fluctuations des cours du marché mondial, que beaucoup de terres agricoles du sud servent à la production de denrées destinées aux pays du nord (riz, bananes, café, etc.), que plusieurs pays ont vu leur agriculture déconstruite tandis que certains pays dépendent maintenant de l’aide alimentaire mon-dial, se nourrir principalement de ce qui pousse chez nous prend un nouveau sens. Par ailleurs, face au réchauffement climatique planétaire, l’ali-mentation locale apparaît plutôt comme un moyen simple et efficace de faire partie de la solution, en réduisant considérable-ment la distance parcourue par les aliments et, par le fait même, la pollution qui y est reliée. Une alimentation de proximité per-met d’autant plus de connaître la façon dont sont produits nos aliments et de ne pas encourager des méthodes injustes, inhu-maines ou dommageables pour l’environnement. Elle permet aussi de favoriser l’économie locale et de créer des liens durables avec nos producteurs locaux. Dallaire, A. et Émond, M. Cuisine locale - recettes simples et saines

pour apprêter nos aliments d’ici.

Il n’est évidemment pas nécessaire de ne manger que des pro-duits locaux pour faire une différence! Cependant, lorsque vous êtes saisis de petites envies exotiques, pourquoi ne pas en profi-ter pour y aller de produits issus du commerce équitable? Parce que chaque petit geste compte…!

Quelques façons simples de cuire et d’apprêter la courge spaghetti Cuisson

1. Couper la courge en deux. 2. Retirer les pépins à l’aide d’une cuillère. 3. Mettre les deux moitiés dans un plat allant au four, la pelure

vers le haut. Y ajouter un peu d’eau, environ 1 cm, et mettre au four à 350 ° F.

4. Après 20 minutes, retourner chaque moitié et continuer la

cuisson encore 20 minutes. 5. Retirer du four. Effilocher la chair délicatement à l’aide d’u-

ne fourchette. En entrée : 2 tasses de chair de courge spaghetti cuite accompagnée d’une des garnitures suivantes :

Fleur d’ail hachée dans l’huile

Pesto

Ail haché dans l’huile En plat : La chair d’une courge spaghetti complète, garnie d’une des sau-ces suivantes :

Sauce tomate

Crème sure

Crème fraîche et herbes fraîches

Huile et herbes de Provence

Sauce miso et thym séché Alors, essayez et bon appétit!

Alimentation de proximité PAR KETSIA JOHNS, ÉTUDIANTE EN AGRONOMIE,

POUR LE COMITÉ AGIR INTERNATIONAL

ENVIRONNEMENT

U n supplément alimentaire à base d'origan destiné à ré-duire les émissions de méthane des vaches laitières pourrait éventuellement être disponible sur le marché.

Le méthane est un important gaz à effet de serre, et la contribu-tion des ruminants d'élevage dans les émissions d'origine humai-ne est importante. Le supplément à base d'origan permettrait ainsi de réduire l'impact environnemental de la production laitiè-re. Selon le chercheur à l’origine de cette découverte, l'origan semble également augmenter la productivité de l'animal, sans engendrer d'effets secondaires négatifs.

Le produit, qui dispose d'un brevet provisoire, est le fruit d'une recherche menée depuis six ans à la Penn State University, aux États-Unis. Des centaines d'huiles essentielles et autres compo-sés à base de plantes ont été essayés par l'équipe du professeur Alexander Hristov, avant de découvrir les bienfaits de l'origan. Des essais additionnels sont actuellement en cours pour confir-mer les résultats préliminaires et isoler les composés actifs, afin d'améliorer l'efficacité du produit et son processus de produc-tion.

Penn State University, http://live.psu.edu/story/48055

L’origan contre les gaz à effet de serre PAR GEOFFROY MÉNARD, ÉTUDIANT EN AGROÉCONOMIE

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14 | Le journal l’Agral

J e me suis longtemps demandé comment amorcer cet article sans faire fuir la plupart des lectrices et lecteurs de la FSAA… Ce n’est probablement pas en parlant de tracteurs,

de planétaires et de transmission à variation continue! Voilà pourquoi je vais plutôt amorcer ce texte en évoquant mon expé-rience d’étude en Europe. Alors, quoi demander de mieux que d’étudier en Suède en compagnie de charmantes demoiselles? Je dirais que profiter de l’horaire universitaire assez relax afin de voyager davantage est une bonne réponse! Après la visite de la magnifique capitale suédoise, Stockholm, un passage en Allema-gne me semblait obligatoire. Même si ceux qui me connaissent bien risquent d’avoir un sourire aux lèvres en lisant les prochai-nes lignes, je tiens vraiment à vous en faire part. Le 14 octobre dernier, à 9 h 30 heure locale d’Allemagne, j’ai eu le privilège de visiter l’usine de tracteurs Fendt à Marktoberdorf! Ici, Cédric et moi avons été accueillis professionnellement mal-gré notre statut d’étudiants. Notre guide hautement qualifié a pris le temps de nous expliquer en détail le fonctionnement de l’usine alors que de 200 à 300 personnes visitent les installations périodiquement. Les éléments qui m’ont le plus impressionné sont le contrôle de la qualité et l’efficacité de production. Il est possible de construire les différents modèles de tracteurs sur la même chaîne de montage, ce qui a aussi pour conséquence de

diversifier les tâches des ouvriers. La vitesse de montage est é g a l e m e n t remarquable. Par exemple, l’assemblage d’un derrière de tracteur ne prend que dix minutes. Pour ce qui a trait à la lé-g e n d a i r e

transmission Vario, 80 % des pièces sont directement produites à l’usine. J’ai pu examiner de près le dernier module Vario (ML-260) qui est au cœur de la nouvelle série 800 (819-828) et de la série 900. De plus, la température à l’intérieur des bâtiments est rigoureusement contrôlée et la chaleur des machines est récupé-rée pour le chauffage. L’usine est certifiée ISO 9001 et utilise des produits biodégradables, par exemple, pour le lavage. Fina-lement, d’importants travaux d’agrandissement sont prévus pour l’an prochain.

Je peux vous témoigner qu’on ne fait pas les choses à moitié chez la marque innovatrice du groupe AGCO. En effet, en plus d’offrir une visite pratiquement privée, gratuite et en anglais, mon acolyte canadien et moi avons eu droit à un succulent dîner payé directement par AGCO Corp. Mais le meilleur restait à venir… Après une séance d’information exclusive sur le fonc-tionnement de la transmission CVT, des moteurs Deutz avec réduction catalytique sélective et du nouveau Varioterminal de

10.4 pouces, j’ai eu la surprise de me retrouver sur la piste d’es-sai de la compagnie. Eh oui, j’ai pu conduire quelques tracteurs! Et pas n’importe lesquels… Le responsable a commencé par me donner les clés du tout nouveau Fendt 939 de 390 HP, version Profi Plus, alors qu’il n’est même pas encore en production! Ce fut un moment tout à fait unique et inoubliable. Par la suite, j’ai pu tester l’impressionnant Fendt 828! Qui aurait cru qu’un sim-ple courriel m’aurait amené jusque-là… Avant mon départ, j’en ai profité pour littéralement dévaliser la boutique Fendt. Il fallait bien que je rapporte quelques souve-nirs… comme une chienne de travail, des gants, une casquette, même un sac à dos et croyez-moi, j’en passe! Bref, malgré la teinte parfois comique de cet article, je voulais aussi vous faire réaliser qu’il est possible d’atteindre ses objec-tifs, quels qu’ils soient. Il n’y a pas si longtemps, je n’aurais ja-mais pensé voyager de la sorte et ainsi vivre une telle expérience. Il ne vous suffit que de vous ouvrir aux différentes opportunités offertes. Les études universitaires, avec le profil international, peuvent représenter d’excellents moyens pour y arriver. Saisissez votre chance pendant qu’il est encore temps!

Au cœur de l’ingénierie allemande PAR THOMAS MORIER, ÉTUDIANT EN AGRONOMIE

À L’ÉTRANGER

T. Morier

T. Morier

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A près vous avoir parlé de ma première semaine à Paris, je rentre dans le vif du sujet en vous parlant de ce qui se passe depuis que les cours ont commencé.

Déjà, j’ai dû mettre deux jours et les explications de la personne responsable pour comprendre l’horaire de la session. Mais une fois que c’est bien assimilé, ça va! Il faut savoir aussi que la rentrée est graduelle. La première se-maine, les cours se donnent en amphithéâtre et il y a des travaux dirigés. La deuxième semaine est marquée par l’arrivée des mo-dules d’approfondissement (MAP) ainsi que des cours de lan-gues. Avec la troisième semaine s’ajoutent les cours de sports. Bon, des cours de sports, je n’en ai pas, mais mon horaire chan-ge chaque semaine à cause de ces raisons. Les cours sont d’une durée de trois heures par bloc (de 8 h 30 à 12 h et de 14 h à 17 h 30) avec une pause de 30 minutes au mi-lieu sauf si le professeur la réduit à 15 minutes. Vous avez re-marqué que l’heure du midi est sacrée, pas de cours durant cette période. Des amphis de présentation des modules à venir ou des rencontres d’associations étudiantes ont lieu pendant cette plage horaire. Les amphithéâtres de 250-260 personnes, ce n’est pas très pro-pice à l’écoute ni à la compréhension de la matière. Il y a tou-jours un bruit de fond qui empêche de capter tous les mots, déjà que les termes ne sont pas les mêmes que chez nous… Je n’ai-me pas. Cependant, il ne me reste que trois périodes de trois heures d’amphi à l’heure où j’écris ces lignes. J’ai donc survécu au cours d’analyse financière (qui ressemble étrangement au cours de Gestion de l’entreprise agricole, mais centré sur l’entreprise normale), au cours de calcul économique (je n’ai pas trouvé d’équivalent à ce cours dans le cursus que j’ai fait) et je suis en train de survivre au cours de droit. Celui-ci est ennuyeux, mais aide à comprendre certaines réalités agricoles d’un point de vue juridique. Je pensais ne plus faire de statistiques de ma vie en terminant le cours de l’automne dernier. J’ai droit à un cours de statistiques pas très intéressant où l’on voit des modèles, mais je n’ai pas encore compris à quoi ils vont me servir concrètement, il n’y a pas d’exercices réels, tous reste dans le modèle. Je suis également la seule étrangère à avoir été dispensée du cours de français langue étrangère. Sur une possibilité de deux cours de langue, je n’ai pris que l’espagnol. La majorité de mon groupe a suivi le premier cours l’année dernière et réussit à sui-vre ce cours-ci. Dans mon cas, cela fait dix ans que je n’ai pas

touché à cette langue, et j’ai couvert moins de choses qu’eux à l’époque. C’est comme si je n’en avais jamais fait. Le cours n’est pas structuré et c’est un peu à la va-comme-je-te-pousse. J’ai espoir de réussir puisque je viens de trouver des sites d’exercices en ligne pour complémenter le cours. J’ai eu droit à la révision de l’imparfait, du passé simple, du futur, du conditionnel, du subjonctif présent et passé ainsi que des participes présent et passé en une seule leçon alors que je n’avais pas vu autre chose que le présent. Fait particulier ici, les cours de langues sont en deux séances de 1 h 45 non-stop avec des professeurs différents. Puis, vient le MAP. Le cours que j’adore! Je suis le cours de biotechnologies animales, un cours s’apparentant tantôt à l’ali-mentation animale, tantôt à l’amélioration génétique en sciences animales. On touche à toutes les biotechnologies qui œuvrent en sciences animales. À travers différents conférenciers et visites en centres de recherches, j’ai pu avoir un aperçu de la sélection assistée par marqueur, de la génomique (opinion plutôt favora-ble ici!), des facteurs de croissance alimentaire, ou en implants, de la brevetabilité du vivant, de la production de biomédica-ments à l’aide d’animaux modifiés génétiquement (le conféren-cier venait d’une entreprise de production de lait de lapin trans-génique pour mon plus grand bonheur). Lors d’une visite à l’INRA (Institut national de recherche agro-nomique), nous avons vu un clonage en direct, ponctionner des ovaires de bovins, les recueillir et les féconder in vitro. Très concret comme atelier et ça a duré toute une journée! Bref, un coup de cœur. La vie à Paris a de nombreux avan-tages, mais je n’en profite pas assez. Je préfère passer mes fins de se-maine loin de la grande ville pour visiter. Tout est à m o i n s d e 4 heures de train, génial! J’ai déjà été faire un tour à Nyons (sud de la Fran-ce), en Belgique (Suite page 16)

La vie à AgroParisTech PAR CHANTAL PICHÉ-CADOTTE, ÉTUDIANTE EN AGRONOMIE

À L’ÉTRANGER

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et à Nantes (près de la Bretagne). J’ai également participé à des fins de semaine d’intégration à Grignon, lors du weekend d’inté-gration et des Intersites de l’école. Dans l’ordre : J’ai eu un premier aperçu des soirées des étudiants de l’Agro lors de mon premier weekend à Paris. À ce moment, je n’avais pas compris pourquoi tout le mon-de, gars compris, portait du rose, du noir et du bleu. Au K-vô (le nom de l’équivalent de la Barak) une consommation coû-te 50 centimes. Après avoir trouvé que les gens étaient fous, j’ai décidé d’aller au wee-kend d’intégration (WEI). Là, j’ai vu plus que la folie. Mais c’était complètement génial! Les soirées sont bar-open, les gens dansent jusqu’à 5 h du matin. On se lève vers 10 h pour aller manger un peu et profiter du soleil de la Bretagne et de la mer. Je suis retournée au K-vô en semaine par après, un peu moins fou que lors de la

(Suite de la page 15) semaine d’intégration, mais ça finit quand même à 5 h un jeudi ou plutôt un vendredi matin. Pour les Intersites, une compétition sportive entre les divers sites de l’école (Paris, Grignon, Nancy et Massy), des soirées bien arrosées sont organisées au K-vô. Là, je suis entrée dans la folie en legging rose. C’était magique comme soirée. J’ai revu des gens de mes cours présents lors du WEI.

À la résidence où je suis, tous les mercredis, un petit k’vô est organisé de 21 h à minuit où les gens se retrouvent pour boire et fêter. Je suis déjà une habi-tuée de l’endroit simplement parce qu’il y a des gens que je ne vois que là : ils ne sont pas dans mes cours, je ne les croise pas dans les corridors et je pei-ne à les voir dans les cuisines. L’ambiance est chaleureuse et c’est un bon moyen de se dé-sennuyer le soir venu. Je vais m’arrêter là pour ce soir, et vous dis à bientôt! chantaistraveling.blogspot.com

À L’ÉTRANGER

C. Piché-Cadotte

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I l y a des rencontres qui frappent, d’autres qui laissent indif-férents. Certaines choquent, alors que d’autres portent à la réflexion. « Un commerce équitable pour les agriculteurs

d’ici » a-t-il dit. Le 18 octobre dernier, M. Errol Duchaine, ani-mateur de La Semaine verte à Radio-Canada et porte-parole de la SAAC, est venu dresser un portrait de l’agriculture actuelle au Québec et de son évolution depuis les 40 dernières années. De nombreux défis attendent les producteurs agricoles concernant la profitabilité de leur entreprise. Voici quelques exemples d’a-griculteurs qui ont tenté de tirer leur épingle du jeu. En 2003, la compagnie Benson and Hedges a cessé d’acheter du tabac produit au Québec. Cette production s’effectuait principa-lement dans la région de Joliette, mais également à Trois-Rivières et à Shawville. La qualité n’était pas en cause, au contraire, le tabac québécois était l’un des meilleurs. Toutefois, il était jusqu’à dix fois moins coûteux pour l’entreprise d’importer le tabac de la Corée, de la Chine, du Vietnam, ou encore du Brésil. Après 60 ans de production, l’époque du tabac était révo-lue. Pour survivre, les quelque 55 producteurs se sont alors tournés vers la production maraîchère : oignons, poivrons, choux de Bruxelles, courges, etc. En 2005, alors que je dépistais ces cultures, je sentais que les agriculteurs marchaient encore sur des œufs face à leurs nouvelles productions. Toutefois, ils ont su s’adapter au changement afin de progresser. Dans cette même région, le concombre de transformation était une culture commune. En 2003, le transformateur s’est tourné vers l’Inde pour s’approvisionner en cette matière. Cependant, les coûts d’importation du concombre ont augmenté. Il était maintenant coûteux d’importer de l’eau, le concombre étant composé de plus de 90 % en eau. Ainsi, de nouveaux contrats ont été octroyés aux producteurs québécois pour du concombre de gros calibre. Le petit « pickle » est toujours acheté de l’exté-rieur, ce qui constitue la solution la moins coûteuse pour le transformateur. Les deux derniers exemples démontrent que les agriculteurs doivent évoluer au gré de leurs acheteurs. Dirigeons-nous du côté du porc. Laurent Pellerin, producteur de porc et président de l’UPA de 1993 à 2007, a déjà déclaré qu’il ne trancherait pas de la viande sur le coin de la rue. Or, un agriculteur de St-Jacques a voulu tenter l’expérience en incorpo-rant une boucherie artisanale à son entreprise. Cela lui permet-trait d’écouler une partie de sa production porcine directement à la ferme. Un investissement d’environ un demi-million de dol-lars afin de se conformer aux normes du MAPAQ. Les premiers six mois se sont avérés achalandés, comme pour toutes nou-veautés mises sur le marché. Toutefois, les consommateurs sont retournés à leurs bonnes vieilles habitudes, en effectuant la commande dans une seule et même bâtisse : l’épicerie. Mainte-

nant, le taux de roulement de la viande est faible, donc plusieurs coupes sont disponibles seulement en congelées. Cela peut s’ex-pliquer par son emplacement, un rang peu passant, qui ne contribue pas à attirer de nouveaux clients. Jusqu’à présent, la diversification de cette entreprise n’a qu’augmenté les dettes. Pourtant, diversifier fonctionne pour d’autres. Un producteur laitier de St-Esprit désirait mettre à profit sa cabane à sucre. Il a ciblé son public et a développé un concept unique. Ainsi, un lance-balle, 2 sites de hockey cosom et des glissades sont dispo-nibles autant pour les sportifs que les enfants. Des visites de la ferme sont également organisées afin d’apporter un côté péda-gogique à la cabane à sucre. Puisqu’il s’agit de leur premier contact avec l’agriculture, les visiteurs critiquent tout d’abord l’odeur flottant dans l’étable puis, ils sont stupéfaits de l’impo-sant gabarit d’une vache. Aujourd’hui, de nombreux services de garde et écoles primaires de la région de Montréal visitent l’en-treprise. Durant l’automne, les jeunes visiteurs ont également l’opportunité de cueillir leur citrouille directement au champ et de la rapporter à la maison. Cette diversification est un bel exemple de réussite, car au plus fort des activités printanières, l’entreprise embauche jusqu’à 90 employés de la région. Certains agriculteurs diminuent les intermédiaires avec le client afin d’augmenter leur profitabilité. Ainsi, les propriétaires du Canard Goulu ont mis à profit leur production de canard, grâce à leur res-taurant situé sur Maguire. La mise en marché d’un produit de niche n’est jamais chose simple. Cependant, leur concept s’avère, à mon avis, meilleur qu’une table champêtre où les clients doivent se dé-placer jusqu’à la ferme pour déguster un repas. Ainsi, ils ont opté pour localiser leur restaurant directement à l’intérieur du bassin de consommation, ce qui facilite la promotion du produit. Par ailleurs, l’alimentation est un secteur à demande inélastique. Donc, lors d’u-ne hausse de salaire de 1 %, les consommateurs dépenseront seule-ment 3 % de cette augmentation dans ce secteur, principalement sous forme de services tels que la restauration1. Connaissant ces informations, nous pouvons conclure que l’entreprise a su répondre au besoin des consommateurs. Bien entendu, il n’est pas possible pour tous les producteurs de diversifier leur production de la sorte, car il s’avère plus simple d’écouler de plus petits volumes. C’est un domaine difficile où les agriculteurs doivent se plier, notamment, à la gestion de l’of-fre, aux subventions de l’ASRA ainsi qu’aux prix établis par l’offre et la demande. Dans les prochaines années, les entrepri-ses agricoles qui survivront ne sont pas nécessairement les plus grosses, mais bien celles qui sauront s’adapter et évoluer en fonction des politiques agricoles. 1Dufour, 2010. Cours de commercialisation alimentaire.

Évoluer pour survivre PAR GUILLAUME DORÉ, ÉTUDIANT EN AGRONOMIE

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L 'agriculture est un domaine en constante évolution. D'abord pratiquée par la majorité de la population, qui cultivait et élevait du bétail à des fins de subsistance, elle

est devenue, dans certains pays, une activité hautement spéciali-sée. Les agriculteurs, de moins en moins nombreux, produisent désormais en grandes quantités un nombre restreint de produits servant à la vente locale ou encore à l'exportation. Plusieurs grands de ce monde; compagnies de produits chimiques et d'ar-mements militaires, de produits pharmaceutiques ou même des gouvernements, s'y intéressent de plus en plus et voient dans l'industrie agroalimentaire une bonne occasion de réaliser des affaires et de s'enrichir. Écouler les surplus... Il faut l'avouer, la production et la vente d'engrais et de pestici-des de synthèse ainsi que, plus récemment, d'organismes généti-quement modifiés, est une activité très lucrative. Donc, pour s'assurer d’une rentabilité à long terme (car l'activité agricole n'arrêtera sûrement pas de si tôt, enfin on l'espère!), il est nor-mal de voir les compagnies qui manufacturent ces intrants agri-coles encourager un modèle unique qui en prône l'utilisation massive. Le phénomène a été particulièrement frappant à partir du milieu du 20e siècle, en raison de surplus. D'abord conçus et utilisés à des fins militaires, de nombreux produits chimiques de synthèse ont ensuite été réorientés pour une utilisation en agri-culture après la Deuxième Guerre mondiale. Dans son livre Silent Spring, paru en 1962, Rachel Carson donne de très nombreux exem-ples d'utilisations abusives et très souvent inutiles de ces produits par les autorités améri-caines au cours des années 50. D e s p r o g r a m m e s « d'éradications totales » lancés contre des insectes qui, l'année précédente, ne représentaient pas de troubles sérieux aux yeux du gouvernement, menaient dé-sormais à l'aspersion aérienne de plusieurs millions d'acres. Des terres agricoles, des forêts, des marécages et même des villes entières ont été arrosés par avions avec des doses souvent trop élevées d'insecticides puissants et aucunement sélectifs. Mme Carson déplore également que, dans la majorité des cas, en plus de ne pas avoir l'effet espéré sur

l'insecte visé (« l'éradication » était toujours à recommencer, les insectes étant des êtres particulièrement résistants), les pesticides affectaient très fortement toutes les autres formes de vie présen-tes, des poissons aux oiseaux, des animaux de fermes aux hu-mains. On parle même parfois « d'éradication totale », mais mal-heureusement, pas celle de l'organisme visé... On peut donc se questionner sur le pourquoi de ces interventions, alors que des méthodes déjà très efficaces et moins coûteuses existaient déjà pour contrôler plusieurs insectes et maladies. L'agriculture biologique : une menace pour certains? Un autre exemple d'une potentielle grande influence de ces compagnies sur les décideurs et les gouvernements est celui de l'image projetée de l'agriculture biologique dans le Québec des années 1970. Comme l'agriculture biologique fait la promotion de méthodes délaissant les produits chimiques de synthèse, il n'est pas à l'avantage des fabricants de ces produits de laisser le phénomène prendre trop d'ampleur. On voit donc les acteurs du milieu prendre position sur la question. Par exemple, on peut lire, dans un éditorial émis par un haut placé du ministère de l'Agriculture dans une édition de 1974 de La Terre de chez nous et qui s'intitule « Les mythes de l'équilibre naturel et de l'agriculture biologique », certains passages qui vont comme suit : « Selon les principes de l'agriculture biologique, la fertilité d'un sol dépend avant tout de sa vie microbienne dont le développe-ment maximal doit être favorisé en rejetant tout ce qui tend à la perturber. […] L'agriculture biologique traduit une simplifica-tion abusive des phénomènes physico-chimiques et biologiques du sol et ne peut pas, à long terme, assurer le maintien de la fertilité de celui-ci. L'assertion à l'effet que les engrais solubles stérilisent les sols est fausse... » « Qui voudrait retourner à l'existence pastorale de petits groupes d'humains poursuivant une culture exclusivement organique dans un cadre de frugalité digne de l'âge des cavernes? » « Les terres que l'on abandonne à elles-mêmes [c.-à-d. sans utili-sation de ―techniques modernes‖] sont vouées à la dégradation qui peut aller jusqu'à leur destruction. » « L'histoire de l'agriculture est celle des efforts de l'homme pour maîtriser la nature, contrôler les maladies, les insectes, les défi-ciences des sols, les inondations, les épidémies et les famines. Ces efforts n'ont pas été préjudiciables au milieu naturel. »

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Le modèle agricole actuel, une histoire d’influence et de gros sous?

PAR FRÉDÉRIC VERVILLE, ÉTUDIANT EN AGRONOMIE

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« L'homme doit choisir entre l'emploi rationnel des engrais chi-miques et des pesticides et la famine et le chaos politique. » La plupart de ces propos ont par la suite été repris dans une parution du CPVQ (Conseil des productions végétales du Qué-bec, maintenant le CRAAQ). Depuis, le MAPAQ semble avoir changé son fusil d'épaule. D'abord, en 1989, celui-ci publie le « Plan d'intervention intégré en agriculture biologique » puis, en 2002, il met sur pied un programme de soutien au bio qui dispo-se d'une enveloppe d'un million de dollars par année. Tout ré-cemment, en 2010, le MAPAQ a lancé son « Plan d'action bio », qui vise entre autres à accroître de 20 % la superficie des terres cultivées sous régie biologique. Comme quoi, tout le monde peut changer d'avis... Les nouveaux colons? L'achat de terres agricoles par des intérêts étrangers est un sujet relativement récent qui fait de plus en plus parler au Québec. Le phénomène est par contre un peu moins récent dans certaines parties du monde comme l'Afrique et l'Asie, où la Chine demeu-re le principal acheteur. Le but est, pour les pays importateurs de biens alimentaires, de réduire leur vulnérabilité face aux mar-chés mondiaux et donc, d'assurer leur approvisionnement en nourriture, nous informe en 2008 un communiqué de l'ONU nommé « UN warns of food ―neo-colonialism‖ ». Jacques Diouf, alors directeur général de la FAO, nous met en garde dans ce même communiqué : « Le risque est de créer un pacte néo-colonial pour l'approvisionnement en matériel brut sans valeur ajoutée dans les pays producteurs et des conditions de travail inacceptables pour les travailleurs agricoles ». Cependant, déjà l'année suivante, Jacques Diouf, l'ONU et la FAO avaient changé de discours et parlaient maintenant de « promotion de l'investissement international responsable en agriculture » lors d'une table ronde se tenant dans le cadre de la 64e Assemblée générale des Nations unies en 2009. On se demande comment, en l'espace d'une année, ce « néo-colonialisme » préoccupant serait devenu soudainement acceptable et même souhaitable, au point d'en faire la promotion? Mais à qui profite l'agriculture? Quand on regarde la façon dont évoluent les choses présente-ment, je crois qu'on peut réellement se demander à qui profite le modèle agricole actuel. Alors que la Révolution verte devait fournir de la nourriture pour l'ensemble de la planète et que les organismes génétiquement modifiés devaient régler les problè-mes de faim dans le monde, le nombre de personnes sous-alimentées ne cesse d'augmenter. Il semble que, malgré toute la bonne volonté du monde, les impératifs économiques l'aient tout de même emporté sur les nobles intentions des multinatio-nales de l'agrobusiness. Les dernières années ont été marquées pas les crises alimentaires et les manifestations dans les pays du sud et les protestations de presque tous les agriculteurs quant à la médiocrité du prix reçu pour leurs produits. Alors que les fermiers français préfèrent fertiliser leurs champs à l'aide de leur production de lait, car le prix qu'ils obtiennent est trop bas pour en justifier la vente, les transformateurs enregistrent pour leur part des profits très inté-

(Suite de la page 19) ressants. Il en va de même pour les manufacturiers d'intrants agricoles, intrants dont la hausse constante des prix augmente encore davantage la pression sur les producteurs. Mais rien ne semble freiner la progression de leur utilisation dans le monde, bien au contraire. Par exemple, de très grandes proportions de l'aide internationale envoyée pour le développement agricole de l'Afrique se retrou-vent sous la gestion de l'AGRA (Alliance for Green Revolution in Africa), une organisation gérée par deux des plus riches famil-les du monde, soit par la Rockefeller Foundation (créé par la famille Rockefeller, qui a fait fortune dans le pétrole) et la Bill & Melinda Gates Foundation (du créateur de Microsoft). Cette « alliance » prône le développement de l'Afrique suivant le mo-dèle de la Révolution verte des années 60-70 (qui avait été forte-ment alimentée par la Rockefeller Foundation), c'est-à-dire à grand renfort d'intrants coûteux et de semences ne pouvant être réutilisées, ce qui aura pour effet de rendre encore plus dépen-dants les producteurs de l'Afrique. Étrangement, aucun paysan africain n'a été consulté pour en arriver à cette solution. En évo-quant la façon dont l'AGRA impliquait les agriculteurs locaux dans le processus de consultation et de décision, un paysan s'est exprimé comme suit à Olivier De Schutter, rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation : « Vous venez. Vous achetez le terrain. Vous faites les plans. Vous construisez la maison. Maintenant, vous me demandez, de quelle couleur est-ce que je veux peindre la cuisine? Ce n'est pas de la participa-tion! » Pas étonnant d'apprendre récemment que la Bill & Me-linda Gates Foundation venait d'investir dans l'achat de très nombreuses actions de Monsanto... Depuis plusieurs années, les organisations paysannes dénoncent ces faits, qui ont pour effet d'appauvrir les agriculteurs et d'enri-chir les multinationales de l'agrobusiness, et mettent la responsa-bilité de ces nombreux problèmes sur la libéralisation des mar-chés agroalimentaires mondiaux suivant les règles de l'OMC, les politiques agricoles de nombreux pays et la spéculation sur les denrées alimentaires. Cependant, certains gros joueurs de l'in-dustrie commencent aussi à se faire entendre de plus en plus sur la question. Un bon exemple, près de nous, est celui de l'UPA. Il y a plu-sieurs années, le milieu agricole du Québec semble avoir décidé de suivre la tendance et de se risquer sur les marchés d'exporta-tion mondiaux. On mise beaucoup sur le porc pour augmenter la balance commerciale du Québec. Cependant, comme en té-moigne la crise des dernières années, les résultats attendus n'ont peut-être pas été obtenus et les producteurs de porcs sont de plus en plus en difficulté. Une situation qui a mené en partie à la récente réforme de l'ASRA, qui ne fait pas l'affaire des agri-culteurs de plusieurs régions (parlez-en aux motoneigistes!). On voit donc l'UPA changer, elle aussi, son fusil d'épaule et adopter le discours qui était traditionnellement celui des associations paysannes, comme l'Union paysanne au Québec. Par exemple, dans son éditorial paru dans La Terre de chez nous du 7 octobre 2010, Christian Lacasse, président général de l'UPA, s'exprime en ces termes : « Le libéralisme économique

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Q uelques braves amoureux de la découverte agronomique ont roulé vers le Centre-du-Québec par un samedi gris afin d’en découvrir davantage sur la canneberge. Car si

cette région doit être reconnue pour quelque chose, autant que ce soit pour ses canneberges : 80 % de la production a lieu dans cette région, et le Québec se classe troisième région productrice à l’échelle mondiale (derrière le Wisconsin et le Massachusetts) [1]. C’est dire qu’il en pousse pas mal dans le coin. Ainsi, ces braves ont pu se faire expliquer dans le détail les secrets de la production, et ont même pu se les faire montrer par le gérant de ferme qui nous faisait la visite.

Car le hasard faisant bien les choses, la ferme visitée était située en face d’une autre qui était en plein démarrage : donc, il a été possible de voir le portrait global de la culture, de l’aménage-

ment des champs jusqu’à la récolte, en passant par l’inondation des bassins. Les visiteurs ont pu observer des champs à peine décapés, des amoncellements de terre et de sable qui allait éven-tuellement être ré-étendus de manière ordonnée et un lac com-plet tout juste excavé. De ce même côté de la rue, il était possi-ble de voir un champ d’un an aux boutures clairsemées et aux mauvaises herbes assez présentes. En face, cependant, l’histoire était tout autre. Des camions at-tendaient de se faire remplir de fruits, une pompe roulait en permanence et nettoyait les fruits. L’espèce de module lunaire que vous voyez sur la photo, c’est une pompe à fruits. Deux sorties sont visibles, l’une laisse tomber les fruits dans la benne que vous voyez, l’autre—le gros tuyau—laisse tomber les feuil-les et les branches dans une deuxième benne, non visible sur ce cliché. Plus loin, on pouvait voir des champs inondés et la station de pompage qui abritait une pompe électrique et son pendant die-sel. Les lacs vides – car l’eau inondait les champs – étaient égale-ment impressionnants de par leurs dimensions et par l’idée qu’on pouvait se faire de la quantité totale de cette précieuse ressource qu’ils pouvaient contenir. Au final, cette visite s’est avérée très instructive et représentative des défis qu’affrontent les producteurs afin de nous fournir ces petites baies rouges. N’oubliez pas de visiter notre site internet : phyto-sol.fsaa.ulaval.ca [1] Profil de l’industrie, notrecanneberge.com

Phyto-sol aux canneberges PAR FRANÇOIS GERVAIS, ÉTUDIANT EN AGRONOMIE,

POUR LE CLUB PHYTO-SOL

VIE FACULTAIRE

À la lumière de ces constats, on peut donc se demander, est-ce que le modèle actuel s'est développé car il est celui qui est le plus en mesure de satisfaire aux besoins de la majorité, ou sim-plement car il est celui qui répond le mieux aux ambitions d'un petit groupe très influent? Les idées négatives si fortement véhi-culées face aux alternatives possibles sont-elles bien réelles ou seulement le fait d'un puissant lobby qui cherche à protéger ses intérêts et ses revenus le plus longtemps possible? La question se pose de plus en plus et il nous appartient de demeurer vigi-lants, critiques et surtout de s'intéresser à ce qui se passe dans notre secteur à l'échelle de la planète!

sans balises, la dérèglementation et la spéculation sont à la source des crises économiques, financières et alimentaires qui bouleversent le monde […] alors que plus d'un milliard de personnes souffrent de la faim, dont 70 % sont des paysans. La ―logique‖ du commerce international doit-elle prévaloir ainsi sur les droits humains? Sur le droit à l'alimentation? Sur le droit à la sécurité alimentaire? La ré-ponse est non. » La promotion de l'achat local prend également de plus en plus de place dans la stratégie à long terme de l'UPA. Est-ce qu'il s'agit là d'une action politique pour tenter de banaliser le dis-cours de l'Union paysanne ou une réelle volonté de protéger ses membres? Allez savoir, mais une chose semble certaine, l'insatisfac-tion augmente sans cesse chez les producteurs.

(Suite de la page 20)

F. Gervais

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P leuvra-t-il? Ne pleuvra-t-il pas? Telles étaient les ques-tions en ce samedi matin d’automne. Malgré tout, nous avons tous pris la direction de Mont-Saint-Hilaire sous

un ciel menaçant. Le but ultime, arriver au Pavillon de la pom-me, domaine ancestral de la famille Robert (il leur appartient depuis 1779), situé au pied du fameux mont Saint-Hilaire. Il est difficile de manquer cette sympathique boutique aux abords du boulevard Laurier. Ce site, qui appartient à la famille depuis plusieurs générations, produit des pommes depuis 1930. De plus, l’entreprise s’est spécialisée au cours des années dans la transformation des produits de la pomme : jus frais, confitures, gelées, tartes, vinaigres, produits de l’érable, tourtières, miels et viande de cerf, sans compter les diverses sortes de cidres fabriqués sur place. Cette fabuleuse boisson y est produite de-puis 1993. Le consommateur peut faire son choix parmi deux principaux types : le tranquille et le mousseux, ce dernier étant fait de façon tradition-nelle selon la méthode champenoise (Cheval de Glace et Cheval de Glace mousseux). La Rose au Bois, pour sa part, est un cidre apéritif aromatisé au cassis. L’agrotourisme est également très profitable à cette entreprise qui a su diversifier son offre. L’é-levage de cerfs roux attire habituellement l’atten-

tion des plus jeunes visiteurs. L’autocueil-lette est évidemment une activité prisée par de nombreuses famil-les. Comme nous disait Marc-Antoine, un des associés de l’entreprise et étudiant en génie alimentaire à la FSAA, il peut être très avantageux de se lancer dans la transformation afin de donner une valeur ajoutée aux pommes qui sortent du verger. La charge de travail est décuplée, mais le résultat est très satisfaisant. Par exemple, les pommes trop abî-

mées pour être vendues fraîches sont souvent transformées en jus. Lassonde, un des plus importants fabricants de jus de fruits au Québec, achète ces pommes à 5,5 cents la livre, ce qui est très peu pour autant de travail. Cortland, Spartan, Empire et McIntosh font évidemment partie des variétés cultivées. En tout, il y a 32 variétés sur place. Bien

que la pomme soit la raison d’être de cette entreprise, quelques autres cultures sont aussi présentes sur le domaine : les poires, le cassis, les bleuets, les framboises, les gadelles et les groseilles. La Beauté Flamande et la Bartlett sont les deux variétés de poires. Les abeilles sont également mises à contribution durant la polli-nisation pour obtenir de meilleurs rendements de la plupart des fruits. Marc-Antoine croit que l’avenir de l’entreprise passe par une transformation encore plus diversifiée des produits de la pom-

me et aussi par une place beaucoup plus imposante occupée par la poire et ses produits dérivés. Le Pavillon de la pomme est une très belle entreprise où travail et implication familiale vont de pair. Merci beaucoup à Marc-Antoine Robert, qui a pris le temps de nous faire visiter l’entreprise et de nous faire goûter à quelques-uns des excellents produits fabriqués sur place. Le Pavillon de la pomme 1130, boulevard Laurier Mont-Saint-Hilaire (QC) pavillondelapomme.com La boutique est ouverte tous les jours, à l’année, de 9 h à 18 h.

De la branche au client PAR JEAN-FRANÇOIS OUIMET, ÉTUDIANT EN AGRONOMIE

VIE FACULTAIRE

R. Trudel-Boisclair

R. Trudel-Boisclair

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Novembre 2010| 23

N ous sommes en 1535 et Jacques Cartier en est à son deuxième voyage en terre nouvelle. Le 7 septembre, trois mois et une semaine après son départ, il décide

avec ses hommes qu’ils mouilleront leurs navires sur les berges d’une île magnifique. Dès lors, il la baptise île de Bacchus puis-que les rives sont jonchées de vignes sauvages. Probablement aussi puisque Bacchus est le dieu romain de la vigne, de la fête et du vin. L’équipage ayant passé tout le voyage dans des condi-tions d’hygiène ma foi déplaisantes, sans femme aucune, cette plante a pu et je m’imagine la scène, leur rappeler des moments extatiques en compagnie des gens aimés. C’est durant ce même repos que s’écrivit une page de notre histoire. L’explorateur fran-çais fait la rencontre de Donna-cona, chef iroquoien de Stadaco-né. C’est en retournant en France en 1536 que Cartier revient sur l’île et organise une grande fête. Donnacona et neuf de ses hom-mes sont kidnappés et emmenés au roi. Y a-t-il une histoire de beuverie là-dedans et un pacte de coq? Seul Bacchus le sait. Bref, tout cela pour vous dire que nous nous sommes retrouvés souriants dans un bus beaucoup trop grand à 8 h 30 du matin, le 9 octobre dernier. Il n’y a pas de doute, cet endroit est magnifique et qui plus est, c’est en plein épa-nouissement des couleurs de l’automne que nous sommes enfin arrivés au vignoble l’Île de Bacchus 30 minutes plus tard. Mis à part les lignes à haute ten-sion qui courent la Côte-de-Beaupré, la vue était sans exagérer parfaite. Dix minutes après l’arrivée, ciseaux à la main, 27 étudiants de la FSAA arpentaient les rangs de vignes à raisins rouges, puis de vignes à raisins blancs. Quelques grappes étaient colonisées de Botrytis, mais rien de trop grave. Une année exceptionnelle côté climat. Les producteurs s’en réjouissent et ont pu, comme depuis quelques années, profiter de nos mains d’universitaires en échange d’un diner bien arrosé. Au menu, une soupe aux légumes délicieuse-ment chaude qui en a ragaillardi plus d’un(e). Ensuite, fromages du Québec, petits pains de la boulangerie du coin et pâtés de foie de la région. À boire, leurs rouges, blancs et rosés, tout ça à volonté!

Quelques courageux ont repris les sécateurs après le repas, pendant que d’autres se sont inventé des voyages aux toilet-tes. Mais cette torture n’a pas duré longtemps, et enfin tout le raisin était ramassé. On nous a appris que pour faire le vin de glace, les raisins sont enroulés en papillotes dans les mêmes filets qui servent de protection contre les ratons-laveurs en été, et sont laissés à l’extérieur jusqu’à la mi-décembre. La gelée concentre les sucres et le vin au final est, comme vous le savez, divin! La tournée de la salle de fer-mentation, de celle des fûts de chêne et de la ligne d’embou-

teillage nous a finalement donné une vue d’ensemble de cette production. Plus de 600 000 bouteilles quittent ce vi-gnoble chaque année! Cette journée fut un réel succès! Phy-to-sol vous réinvite l’automne prochain! La deuxième moitié de la session est maintenant enclenchée. Allez visiter le site internet de Phyto-sol et profitez de ce moyen de communication mis à votre service pour prendre part à diverses conférences données par de vrais experts! Plantes alpines, production de noix au Québec, plantes mé-dicinales, plantes ornementales, pommes de terre!

Phyto-sol! PAR LOUIS LEFEBVRE, ÉTUDIANT EN AGRONOMIE,

POUR LE CLUB PHYTO-SOL

VIE FACULTAIRE

L. Lefebvre

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24 | Le journal l’Agral

L es plus au fait des dernières nouvelles de cette faculté n’auront pas manqué la conférence de notre Errol Du-chaine préféré. De fait, ayant manqué notre méchoui, il

s’est improvisé conférencier le temps d’un midi. Et par « improvisé », on comprendra qu’il était, à son habitude, tout à fait professionnel. Sous le thème des « Quarante dernières an-nées en agriculture et de son avenir », il a confirmé ses grands talents de communicateur et nous a permis, du coup, de nous remettre en question, nous, étudiants, par rapport à l’agroali-mentaire en général. « Ceux qui ne peuvent se rappeler le passé sont condamnés à le répéter », disait M. Duchaine… et le philosophe George San-tayana. Une petite remise en place de certains éléments histori-ques ne fait jamais de tort à l’élève moyen qui est constamment pris par les nécessités estudiantines : festoyer, se coucher tard, manquer chroniquement de sommeil, s’impliquer et même étu-dier et réussir des examens. C’est donc ainsi que la première partie de la conférence s’est déroulée : dans une odeur de café et de beignes, Errol nous a esquissé le portrait de l’agriculture du Québec. A logiquement suivi l’évolution de ce domaine à partir, notamment, du point de départ de La Semaine verte, dans les années 70. Ainsi, il a abordé l’exode rural (la main-d’œuvre étrangère cru-ciale pour les maraîchers), l’industrialisation de l’agriculture, le changement de mentalité influençant son développement (de l’agriculture de survivance et de marché local pour devenir une agriculture productiviste et exportatrice). Également, la pression de la mondialisation qui agit, qu’on le veuille ou non, sur toute la planète et par toute la planète. L’agroalimentaire québécois – ses réussites et ses problèmes – n’étant qu’une goutte d’eau dans l’océan de l’économie mondiale. Donc, une fois replacé dans une perspective historique et éco-nomique, eh bien, laissant aller son côté journalistique, il nous a demandé ce que diable nous pensions de toute cette histoire. Décoiffés par la question, la plupart des étudiants présents se sont dit qu’il était tout à fait à propos de regarder au plafond, de s’assurer que leurs lacets étaient bien noués ou de siffler une chanson dans leur tête. Passé l’ange, ça a démarré. On retiendra surtout de l’échange entre étudiants – et presque animé par notre…animateur préféré – une discussion mettant en évidence certains aspects de notre réalité agroalimentaire. D’abord, le contraste flagrant entre agriculteurs – au sens large – et non-agriculteurs semble se creuser toujours davantage. Plu-sieurs anecdotes racontées, pour drôles qu’elles soient, ont mon-tré que certaines personnes « de la ville » ne connaissent stricte-ment rien du pourquoi et du comment de la production de quoi

que ce soit! Et la semaine dernière, presque en écho, Pierre Fo-glia en rajoutait une couche dans sa chronique avec l’histoire de ces deux cyclistes qui salivaient d’avance à l’idée que le lait des Suisses brunes allait certainement donner un excellent chocolat suisse [1]! Cet écart entre la réalité agricole et l’idée que s’en font « les cita-dins » est d’autant plus problématique quand ceux-ci désirent s’établir dans une campagne bucolique sans bruits ni mauvaises odeurs pour finir leurs vieux jours. Ils apprennent alors que l’agriculture, comme tous les autres secteurs de l’activité humai-ne, possède ses nécessités, ses impératifs, ses bons côtés et ses « dommages collatéraux ». Cette population très critique ne sem-ble pas non plus toujours sensible au bon sens : car pour man-ger, il faut bien qu’on en élève des animaux, et qu’on en plante des végétaux. Presque pris de court par le temps qui filait, M. Duchaine a éga-lement laissé entrevoir la possibilité d’une deuxième rencontre du même type.

*** Le Saloon de la SAAC approche : le 4 novembre, dès 20 h! C’est l’occasion ou jamais de vous chausser de cuir de serpent, de vous ceinturer d’une boucle bien astiquée, de vous chemiser de carreaux, de vous culotter de jeans délavés et de vous chapeau-ter d’un viril Stetson. Prenez bien soin d’arriver au Saloon com-me il se doit, sinon nous vous enverrons boire la tasse dans l’abreuvoir des chevaux. D’abord, réchauffez et étirez vos muscles : les concours de danse en ligne sont trop souvent le théâtre de terribles tragédies où de pauvres amateurs s’es-tropient grièvement. Sans parler du taureau mécanique dont on compte les survivants sur les doigts d’une main. Préparez également vos papilles gustatives : les fourgons, les camions, les trains et les porte-conteneurs affrétés arrivent avec une quantité proprement incalculable de nourriture. Une pre-mière moitié de la Corn Belt arrivera en maïs éclaté, l’autre en nachos. Les Prairies canadiennes plantées en orge pour le malt de la bière suffiront à peine pour combler la demande du Sa-loon. Et les grandes chaînes ne savent plus quoi faire de tous les restes (produits liés obliges) de poulets abattus ces derniers jours pour fournir nos commandes d’ailes…de poulet, justement. [1] Le quota de lait, Pierre Foglia, Cyberpresse.

SAACré Errol! PAR FRANÇOIS GERVAIS, ÉTUDIANT EN AGRONOMIE

ET ADJOINT AUX COMMUNICATIONS DE LA SAAC

VIE FACULTAIRE

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S alut jeune peuple du Comtois! Avez-vous vu ces derniers temps une fille qui se balade fièrement avec un chandail ayant dans le dos inscrit « J’ai navigué dans ma citrouille » et sur le

devant une belle citrouille orange? Eh bien, c’est moi! Chaque année depuis quatre ans, je participe au Potirothon de Bécancour! C’est tout simplement un concours organisé dans le Centre-du-Québec qui consiste à faire pousser des citrouilles géantes en vue de les peser et de naviguer dedans. Cet évène-ment est pas mal cool! Alors lisez cet article si vous voulez être cool vous aussi! Cette compétition roule depuis les années 90. Faire pousse des citrouilles géantes était une belle occasion de se voir durant l’été et surtout de prendre une bière ou deux! Au fil des années, le tout est devenu très sérieux. On ne blague pas avec les citrouil-les géantes! Un comité s’occupe de fournir les semences, d’orga-niser des rencontres et de donner des conseils. Première étape, on prépare l’endroit où poussera notre jolie plante. Chez moi, quand on vide les fosses à l’automne, on met une généreuse couche de fumier à l’endroit choisi pour la ci-trouille, soit une très grande surface désherbée. On en remettra aussi une petite dose au printemps avant de planter le plant. Il faut garder en tête qu’un seul plant prend 25 pieds par 25 pieds d’espace… c’est pour ça qu’on dit une citrouille GÉANTE! Chez moi, on la plante dans le jardin, même si chaque année ma mère n’en peut plus qu’on lui vole tout cet espace du jardin. Ensuite, au printemps, tous les membres sont invités à la remise des graines qui a lieu fin avril à Gentilly pendant un merveilleux souper où la bière est toujours au rendez-vous. Les semences proviennent des années antérieures, mais sont aussi comman-dées en Europe et un peu partout pour renouveler la génétique. Dès qu’on a les graines, on s’empresse de les semer à l’inté-rieur… Quelques jours à peine après, c’est déjà sorti! Une fois bien poussés, j’ai planté quatre plants à l’extérieur dans mon jardin. Il faut avoir deux plants minimum pour assurer la fé-condation, mais aussitôt que la fécondation est faite, le deuxiè-me plant est coupé pour laisser le maximum de place à celui portant le fruit. Donc, je suis allée planter mon petit plant de 2 dm de hauteur avec plein d’espoir dans le jardin fraîchement rotoculté. Il faut faire attention au gel et les protéger les nuits froides. L’arrivée des fleurs se fera au mois de juillet environ. Il y aura des fleurs mâles et des femelles sur le même plant. Les mâles sortent en premier et en très grand nombre. Ceux-ci faneront plus vite aussi. Quelques jours après, peut-être une semaine, les

fleurs femelles sortiront, mais ne seront pas très nombreuses, c’est pourquoi il faut être à l’affût! Les fleurs femelles sont différentiables parce qu’elles ont une « mini » citrouille à leur base. C’est vraiment facile à distinguer. On prend la fleur mâle d’un plant qui est beau et on féconde la fleur femelle sur un plant distinct! Bon, je sais que c’est bizarre, mais il faut le faire, car ça permet de gagner du temps au lieu d’attendre que les insectes le fassent à notre place. Il faut juste mettre la partie interne de la fleur mâle dans la femelle et on ferme le tout! La nature s’en charge ça a l’air… Deux jours maxi-mum après, on voit si la fécondation s’est bien passée ou pas. La petite citrouille qui était à la base de la fleur femelle a déjà pris du volume. Je vous jure, c’est incroyable comment tout prend du volu-me! Cette année, nous avons réussi à féconder le 25 juillet, ce qui est quand même très tard mais bon, nous avons eu tout de même une jolie citrouille!

Une fois que le fruit commence à grossir, il est important de le cacher du soleil. Chez moi, au début nous mettions une chaise de patio à l’envers… Ensuite une petite table pour enfant… Ensuite une méga table… Ensuite une méga table sur des blocs de ciment! Le fait de cacher le fruit du soleil lui permet de gar-der une certaine chaleur et surtout de ne pas durcir et devenir orange d’un seul coup. Si la surface est orangée, c’est fini, ça ne grossira plus, car l’extension est impossible. Chaque producteur a ses petits trucs… Certains mettent des couvertures, des serres, d’autres des vraies tentes! Nous n’avons même pas mis d’engrais chimique, parole de scout. Et, comme tout bon producteur, on ne révèle pas nos secrets. Nous avons entendu entre les bran-ches que certains frottent la peau avec du lait caillé et que d’au-tres mettent des engrais chimiques en injection dans le pédoncu-

(Suite page 26)

Le Potirothon de Gentilly PAR MAUDE RICHARD, ÉTUDIANTE EN AGRONOMIE

INSOLITE

M. Richard

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26 | Le journal l’Agral

le et tout au long de la tige… Mais bon, je peux vous révéler mon astuce, car de toute façon vous allez avoir besoin de moi si vous décidez de l’utiliser… Nous, on utilise à outrance le fumier de lapin du Clapier Pan Pan! Fin août vient la « Grande Tournée ». En autobus, les partici-pants font le tour des autres participants près de Gentilly. C’est donc à ce moment que nous voyons les citrouilles qui font com-pétition à la nôtre. On y voit qui a les meilleures installations, les meilleurs trucs, la plus belle citrouille, mais principalement, qui a la plus grosse! Certains se donnent encore des trucs confiden-tiels pour finir la saison et maximiser la croissance d’ici la pesée officielle. D’autres restent silencieux et ne veulent pas révéler leur secret, c’est quand même drôle à voir. Un mois plus tard, fin septembre, c’est la « Pesée officielle » qui a lieu encore à Gentilly. Chaque participant amène sa citrouille avec les moyens qu’il a. Les fruits colossaux sont placés en ordre de grosseur à l’aide d’un chariot élévateur et on débute la pesée du plus petit au plus gros. Cette année, au Potirothon, la citrouille la plus lourde, et donc la gagnante de la pesée, faisait 1 222 lbs! Des prix sont remis à la plus lourde, la plus belle (doit peser minimum 100 lbs) et un prix est aussi remis à l’équipe qui a prédit, lors de son inscription, la pesée de sa citrouille! La mienne, La Richard, pesait cette année 747 lbs ce qui nous a mérité la 5e place au concours régional. Deux semaines plus tard vient LE moment le plus excitant, « les Régates », c’est-à-dire la course de citrouille dans la rivière Bé-

(Suite de la page 25) cancour. Les plus petites citrouilles qui ont participé cette année pesaient en moyenne 550 lbs. À 10 h 30, on met le fruit à l’eau. Moi et mon moussaillon l’avons creusé comme on pouvait avec tous les instruments qu’on avait sous la main. Nous avions fini vers midi. À 12 h 30, quelqu’un a volé ma barque et ma pagaie, malheur. J’ai dû baptiser ma citrouille pour pas que d’autres se trompent avec la mienne. Agathe est le plus beau nom que j’ai pu trouver sur le moment et je l’ai écrit à l’aide de quatre crayons-feutres noirs que j’ai achevés pour la cause. J’ai pu re-laxer jusqu’à 13 h 30, moment où dix participants débutaient la course. Le stress commence à monter pour les dix prochains qui débutent leur course à 14 h 15. Et c’est à cette course que j’ai participé. Je tiens à souligner que naviguer dans une citrouille, c’est vraiment difficile. Beaucoup plus que ça en a l’air. Beau-coup de gens sont venus me voir pagayer dans ce fruit cette fin de semaine là et tous m’ont dit que ça avait l’air extrêmement facile. Je dénie toutes ces paroles. J’ai eu mal dans les jambes et dans le dos pendant cinq jours! La course était de 1 km et l’eau était très froide (entre 8 et 10 degrés Celsius). Je suis arrivée 13e sur une trentaine de participants et ce, après 27 minutes et des poussières de pagayage, une bousculade sur l’eau, des mains blanches de froid, plus une goutte de sang dans les jambes, inca-pable de marcher et une chute à l’eau en essayant de sortir de mon resplendissant navire. Ça a valu la peine, je vous le dis! Voici le site web http://www.mrcbecancour.qc.ca/potirothon/, si cela vous intéresse pour l’an prochain. Ce n’est pas aussi diffi-cile que l’on pense, ça nous a juste pris quatre ans pour en avoir une d’une grosseur pas pire!

INSOLITE

M. Richard

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F ilière 13, 2010. Un film de Patrick Huard avec Guillaume Lemay-Thivierge, Claude Legault, Paul Doucet et Anik Jean. (107 min.)

Filière 13 se veut un peu dans la même vague des films québécois à succès... Recette simple : un petit suspense, des acteurs qui ont fait leur nom et un langage québécois qu’on adore tant. Il s’agit ici d’une comédie policière réalisée par Patrick Huard. Le trio d’acteurs des 3 p’tits cochons revient à la charge, cette fois aux couleurs du SPVM. Plutôt que des histoires de coquinage dans le quartier, nous avons affaire à trois policiers qui ont tous en commun de légers troubles d’ordre psychologique. Une bonne histoire qui tourne un peu en rond, mais on s’y accroche quand même bien. De plus, on rigole avec l’humour implacable de nos acteurs et humoristes d’ici. L’ap-parition d’André Sauvé et de Laurent Paquin au grand écran nous fait aussi toujours sourire. Un film léger à écouter en bonne compa-gnie. À ne pas manquer, Anik Jean est de la distribution. Je n’ai rien d’autre à ajouter.

Carcasses, 2009. Un film de Denis Côté, avec Jean-Paul Colmor. (72min.) Carcasses, une chronique sur la vie d’un citadin peu ordinaire de St-Amable. Le nom est intrigant, n’est-ce pas? Piquant la curiosité, le film débute et se prolonge pendant plusieurs minutes dans le silen-ce, à l’insu d’un vieil homme qui ramasse des carcasses de char. Il brasse de la tôle sur son terrain, devenu un cimetière automobile. Sa petite affaire fait leurs affaires… En plus de collectionner de vieilles carcasses de voiture, il se plait à les démonter, à les promener sur son terrain avec sa Géo Métro ou son semblant de camion, à en vendre des morceaux et à les magasiner dans des encans. Ce n’est pas qu’un métier, mais une passion qu’il entretient! Rebondisse-ment, un gang de trisomiques débarque sur son terrain et le menace à un moment où on s’y attend le moins. Il continue toutefois à faire sa petite affaire et à trier des « guenilles ». Une nouvelle qui semble absurde à première vue, mais qui reflète la réalité du quotidien de certaines personnes qui désirent gagner leur croûte et vivre de leur hobby, peu importe la nature. Anodine au départ, nous avons vite embarqué dans la routine insatiable de notre cher ami. Quelques longueurs, mais quel chef-d'œuvre. Un film à voir entre amis autour d’un petit caisson. Plaisir garanti!

Revue sur les films québécois, des films à saveurs d’ici

PAR JESSY CARON, ÉTUDIANT EN AGRONOMIE

CHRONIQUE CULTURELLE

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28 | Le journal l’Agral

Pourquoi acheter équitable ?

Pour notre santé, celle des producteurs et celle de l’environnement! Pour un monde plus juste!

Nos produits : En vente au local 0117

Lundi : Mardi : Mercredi : Jeudi :

10h00 à 12h00 et 12h30 à 14h30 10h00 à 12h30 12h30 à 14h30 10h30 à 13h30

Café Thé biologique (chaï, earl grey, vert) Sucre de canne Chocolat chaud

AGIR international

4$ 4$ 4$ 5$

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ZONE LUDIQUE

Pour ce retour de la zone ludique, voici un sudoku de niveau diabolique...

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À vous, amateurs de Thaï Zone trop pauvres pour vous payer ces délices thaïlandais et le gentil livreur et lui lais-ser un pourboire décent pour conduire sa thaïmobile!

Comme toujours, nous avons la solution à votre problème gourmand (mais que fe-riez-vous donc sans nous?) Ok, nous ne pouvons nous accorder tout le mérite cette fois-ci, nous devons saluer le prési-dent qui a fait de très bons choix, avouons-le. Ce mois-ci, notre recette est des plus versatile : les passionnés de poulet, de bœuf ou de crevettes (et même de tofu!) seront séduits par notre copie du sauté aux arachides du fast-food asiatique le plus connu de la pyramide (celle de Ste-Foy, bien sûr). Ingrédients :

Viande de votre choix (ou votre tofu préféré). Trop c’est toujours mieux que pas assez.

Sauce épicée aux arachides Le Choix du Président® (cherchez le panda!)1

1 sac de légumes surgelés de style thaïlandais (avec des bébés maïs et des châtaignes d’eau, parce que c’est si bon). Pas besoin de tout le sac, suivez votre instinct!

Riz basmati, vermicelles de riz ou fèves germées.2 Comment on fait?

Couper la viande en une forme plaisante à l’œil et au palais (go, go, go, la créativité!).

Faire mariner la viande dans la sauce du panda pendant au moins trente grosses minutes. Si vous vous ennuyez pendant ce temps, répétez cent fois panda, pendant, panda, pendant…

Dans un wok, lancer la viande et la faire revenir gentiment jus-qu’à ce qu’elle soit cuite. Évidem-ment, n’oubliez pas de mettre la marinade (mais pas la Marie-Nade, s’il vous plaît).

Ajouter les légumes quand la viande (ou le tofu) est cuit(e). Vous pouvez, en même temps, rajouter de la sauce au goût.

Laisser réduire pour que la sauce soit plus épaisse.

Arrangez-vous pour que le riz (ou les vermicelles) soit cuit au moment où la sauce est rendue épaisse.

Comment on sert? (pour les non-initiés du Thaï Zone)

Mettre le riz dans le fond d’une assiette, d’un bol ou d’une petite boîte chinoise en carton.

Mettre la viande, la sauce et les légumes par-dessus pour que le dessous s’imbibe de tous les merveilleux arômes thaïlan-dais.

Ajouter des cacahuètes concassées comme garniture.

Déguster avec des baguettes. Quand vous aurez lamentable-ment échoué, allez vous chercher une fourchette dans le tiroir de la cuisine.

Si vous ne savez pas quoi faire comme dessert, devenez no-tre ami sur Facebook et venez jouer avec nous à Baking Life. Plus on est de fous, plus on construit notre machine à café rapidement!

Bon appétit!

Les Maries-Nades PAR MARIE-JOSÉE BENOÎT ET MARIE-ÈVE GIROUX,

ÉTUDIANTES EN AGROÉCONOMIE ET EN AGRONOMIE

CUISINE

1Pour ceux qui se le demandent encore : non, la recette n’est pas vraiment recommandée aux allergiques aux noix. 2Vous êtes peut-être pris au dépourvu étant donné que nous n’indiquons pas les quantités à utiliser. Eh bien, arrivez dans la vraie vie, salir des tasses à mesurer, c’est vraiment 2009. Au fond, nous vous laissons une part de créativité qui vous permet-tra de grandir en tant qu’apprentis chefs cuisiniers.

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Ç a y est, la vraie saison est commencée. On peut recom-mencer à se servir de l’excuse « S’cuse chérie, je ne peux pas aller voir ta mère, y’a une game à soir » ou encore

« J’t’aime bien chérie, mais à soir je m’en vais chez mes chums… On doit heeeeeeeeu… étudier. » Désolé mesdames, mais c’est fini, les soirées en tête à tête les mardis, jeudis et sa-medis. Vive le hockey. Une chance que nos blondes ne lisent pas ça! On coucherait sur le divan ou adieu les gâteries! Pour les filles qui se demandent comment faire pour s’adapter au fait que les gars écoutent toujours le hockey, la réponse est toute simple. Le but est d’établir son horaire en fonction du hockey. Quand on écoute le hockey, profitez-en donc pour étu-dier… (Ou nous faire à manger pour les filles qu’on peut quali-fier comme des trop bonnes blondes!) Pour les soirs sans hoc-key, on ne pourra alors plus vous dire non, car vous aurez été trop bonnes pour nous. Heille! Ce n’est pas parce que Carey Price est réveillé qu’il faut penser qu’il va rester de même toute l’année. Oui Benoît, tu as le droit de l’aduler, mais tu vas voir, il va redevenir aussi bon que l’an passé. Par contre, on doit en profiter pendant qu’il goal pas comme une baleine, soit toujours sur le ventre… Let’s go mon Carey, on t’aime quand t’es bon! Avez-vous vu cela, lors du match d’ouverture local des Sabres de Buffalo, Gionta va faire la mise au jeu officielle. Jusque-là, tout est normal. Cepen-dant, lorsqu’il retourne avec ses joueurs, il passe à côté des di-gnitaires des Sabres de 70 ans. Heille, Gionta est en patins pis il n’est pas plus grand que les vieux! Parlant de petits, contre les Devils, le premier trio était composé de Gionta, Gomez et Cam-mamamamalari. Wow, un vrai trio de Schtroumpfs. Y’aurait fallu les empiler un par-dessus l’autre dans un veston pour qu’ils soient épeurants! Vous ne trouvez pas que c’est le monde à l’envers depuis le début de la saison? Les Devils dans les bas-fonds du classement, les Maple Leafs tout en haut. Par contre, les Devils n’ont pas perdu leur style de jeu assez somnifère… on a failli s’endormir avant la Barak! Carey Price est bon, Luongo est mauvais. Kessel a retrouvé son équilibre (tout le monde sait qu’il n’a qu’une seu-le couille…), et Crosby chiale après les arbitres. Oups! Ça, ça a pas changé! Vous voulez aller voir quelque chose de drôle? Tapez « Getzlaf vs Perry NHL Awards » sur YouTube. C’est bien drôle. Autre chose de drôle : allez voir les résultats du pool de hockey. Pierre, Benoît et Joël ont fait un pool de hoc-key! Comme on peut comparer leur niveau de connais-sances à une fille, les choix de nos joyeux lurons ont été faits en fonction de critères

divers. Là, les filles, énervez-vous pas, ce que nous allons dire est vrai pour la plupart d’entre vous. Quand vous ne le deman-dez pas à votre chum, vos critères de sélections sont les sui-vants :

-Yé ben beau lui! Je vais le prendre. -Wow! Campbell, comme la soupe! -Carey Price, je l’aime!!! -Humm, j’aime les hommes avec de la barbe. -Stamkosss! Comme SkiDoo???? -Heille Chane Do-an yé tu bon lui?

Eh voilà, Pierre, Joël et Benoît ont leur pool FSAA. N.B. Pour les nombreuses personnes qui me demandent tou-jours pourquoi je suis 40e dans le pool, je ne sais pas quoi vous répondre, c’est vrai que c’est décevant. Par contre, j’apprécie vraiment le fait que vous considérez que je devrais être premier, ça fait chaud au cœur!

Chronique hockey PAR MATHIEU BISSON ET CHARLES OUELLET, ÉTUDIANTS EN AGRONOMIE

SPORTS

CAREY PRICE AU MOIS DE JUIN, ALORS SANS CONTRAT!

On peut recommencer à se servir de l’excuse « scuse chérie, je ne peux pas aller voir ta mère,

ya une game à soir...

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34 | Le journal l’Agral

Chère Rousse, Je vis depuis peu avec l’un de mes bons amis. Je tiens à mentionner que la cohabitation, quoi que vous puissiez en penser après avoir lu ce message, se déroule assez bien. Mais bon, je dois tout de même composer avec les com-portements plutôt variables de mon coloc. En fait, une minute il est au bord du précipice, plus rien ne va, il veut s’ouvrir les veines bref, c’est la déprime plus que totale : il lâcherait tout sur-le-champ. Et la minute suivante, il rayonne de bonheur, il saute partout, son énergie est débordante au point où je dois à tout prix l’occuper (l’envoyer faire des courses, prendre des marches, etc.). Son humeur est tellement variable qu’elle ne change pas à la minute, mais bien à la seconde. Je l’adore et je suis bien heureux de vivre avec lui, seule-ment son tempérament est dur à gérer, je ne sais jamais comment le prendre. J’ai tout de même trouvé un truc, quand il est déprimé il suffit de lui donner un peu de sucre et tout rentre dans l’ordre, mais ça commence à me coûter pas mal cher de bonbons. En plus, une fois le sucre assimilé, il devient hyperactif. Je sais plus quoi faire… Un gars qui n’a pas la psychologie dans l’âme pour deux cents C’est vrai que c’est complexe à gérer quelqu’un dont tu ne peux jamais prédire les réactions, je dirais même que c’est plutôt in-quiétant. Je voudrais bien te répondre que ton coloc est proba-blement bipolaire, mais je ne dispose pas de diplôme d’études

en psychologie me permettant de poser ce genre de diagnostic. Alors, je vais tâ-

cher de trouver autre chose à te répondre. L’idée de lui donner du sucre est pas mal, mais si tu veux mon avis, tu devrais lui ache-ter des bonbons sans sucre (ça

doit bien exister au nombre de trucs sans sucre qui existent).

Ainsi, il ne deviendra pas hyperac-tif, mais il aura quand même un meil-

leur moral, vu le fait qu’il mangera tout de même des

b o n b on s . Sinon, il y a

des sucres à assimilation plus lente

que d’autres. Tu peux toujours recommander ton

ami à une étudiante de nutrition. L’effet du sucre étendu sur une plus longue période de temps permettrait peut-être une meilleu-re gestion de son comportement. Mais là, non seulement ça va te coûter cher d’épicerie, mais en plus, tu vas devoir lire les éti-quettes des produits avant de les acheter. Dans l’optique où tu ne veux pas jouer sur son alimentation, tu peux toujours tenter de renforcer les liens de votre amitié à tra-vers des activités plus ou moins physiques. Par exemple, vous pourriez vous inscrire tous les deux à des cours de yoga ou en-core, de relaxation. Qui sait, l’approche calme et sereine de ces derniers permettrait peut-être à ton coloc de déstresser au point de tempérer ses émotions. Si le yoga ne produit pas les effets attendus et qu’au contraire, il ne fait que provoquer de plus fortes périodes d’hyperactivité chez ton ami, et ce vu le trop-plein de méditation que cette acti-vité implique, tu peux toujours tenter une tout autre approche : la boxe. Une activité virile, pour mâles dominants en manque d’adrénaline, qu’il aura probablement plus envie d’essayer que le yoga. Je suis certaine que ce serait super pour faire sortir son trop-plein d’énergie, son stress, son agressivité et même sa dé-prime. Ainsi, si vous avez des différends de colocataires à régler, c’est le moment où jamais. En plus, l’activité physique permet au corps de sécréter une hormone qui tend à rendre plus joyeux. Alors, non seulement tu t’épargnes ses excès d’énergie, mais en plus tu te sauves de ses déprimes. C’est tout à fait génial! Sinon, prends arrangement avec une chocolaterie ou une confi-serie (fais-toi livrer une caisse de je ne sais trop quoi toutes les semaines, qui sait au prix du gros, ça te reviendra peut-être moins cher) et abonne ton coloc au gym le plus près de chez toi. Ensuite, il ne te reste plus qu’à espérer qu’il comprenne le mes-sage. Finalement, si rien de tout ça ne fonctionne, tu peux tout sim-plement arrêter de lui donner du sucre à titre de réconfort et le laisser déprimer. Bon, ce n’est peut-être pas l’option à préconi-ser en premier lieu, mais en dernier recours, une fois bien désespéré, tu peux toujours. Au moins, sont humeur sera constante et prévisible, bien que pas très agréable à supporter, je te l’ac-corde. Le risque avec cette option, c’est qu’à force de le voir broyer du noir, tu finisses toi-même par devenir dépres-sif. Bonne chance…

La Rousse

Le courrier de la Rousse PAR VÉRONIQUE LECLERC, ÉTUDIANTE EN AGRONOMIE

PSYCHOLOGIE

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