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N O U V A U LIVRES D'IMAGES Nouveau titre d'un duo qui fonc- tionne à merveille chez Albin Mi- chel Jeunesse, James Herriot et l'il- lustratrice Ruth Brown racontent le Grand jour de Bonny, un vieux cheval de labour qui devient le héros d'un concours des animaux favoris. Histoire simple et atten- drissante dans un paysage de cam- pagne anglaise plus vrai que na- ture. Chez Bias, illustrés par Ste- phen Cartwright, Coucou et Qui a fait ça ? deux albums cartonnés, sur papier glacé conçus sur le même modèle que le célèbre Spot (Nathan). Il faut soulever les ri- deaux ou la nappe et ouvrir les por- tes pour découvrir les personna- ges cachés et malicieux. Pour les tout-petits encore, chez BiasjHéritage Jeunesse, dans la col- lection Je veux savoir, un album en plastique, aux pages découpées en vagues successives, dans une do- minante bleue, avec des objets fa- miliers de l'eau : L'heure du bain à lire dans la baignoire. Une bon- ne adéquation entre l'objet livre et le sujet. Chez Caslerman, Allô Alcide dans la collection Je commence à lire, une première lecture très ré- jouissante où le texte savoureux d"André Hodeir est bien complété par 1 illustration humoristique de Véronique Arendt. C'est par l'in- termédiaire de conversations télé- phoniques que la souris - et le lec- teur - apprennent les catastrophes provoquées par un jeune éléphant jamais à court d'idées et très phi- losophe quant aux conséquences de ses expériences. Julie Vivas a illustré La Nativité de façon humoristique en situant résolument le récit biblique, confor- me aux Evangiles , dans le vécu quotidien, très terre à terre. Cer- tains lecteurs apprécient, d'autres n'acceptent pas cette iconographie aux antipodes de la tradition re- ligieuse. Au Centurion, Helen Oxenbury a adapté quatre de ses histoires pa- rues dans «Popi» (Bayard-Presse) en ajoutant de nouveaux dessins en noir et blanc et d'autres en cou- leurs. Le texte lui aussi est modi- fié et plus long (on passe de 5 à 11 pages). Léo et Popi vont se pro- mener, Léo et Popi imitent papa, Léo et Popi et la machine à laver, Léo et Popi lisent une histoire (adaptés du français et traduits de l'anglais). Quatre jolies histoires de vie quotidienne, en grand format, sur fonds blancs, peut-être juste un peu trop sages? Nigel Gray raconte, dans Un bal- lon pour grand-père, le beau voya- ge qu'est supposé faire le ballon qui vient de s'envoler. Il traversera les mers et le désert pour aller voir le grand-père du petit garçon, tout là- bas sur son île, loin de ceux qui l'ai- ment. Les images chaudes de Jane Ray apportent une richesse à l'al- bum. • Chez Duculot on s'embarque pour Le voyage de Mini Bill à bord d'un bateau de sa construction. Un album qui plonge dans l'univers en- fantin où l'insolite transparaît. La La Nativité de Julie Vivas, Casterman. 4 LA REVUE DES LIVRES POUR ENFA.NTS

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LIVRESD'IMAGES• Nouveau titre d'un duo qui fonc-tionne à merveille chez Albin Mi-chel Jeunesse, James Herriot et l'il-lustratrice Ruth Brown racontentle Grand jour de Bonny, un vieuxcheval de labour qui devient lehéros d'un concours des animauxfavoris. Histoire simple et atten-drissante dans un paysage de cam-pagne anglaise plus vrai que na-ture.

• Chez Bias, illustrés par Ste-phen Cartwright, Coucou et Qui afait ça ? deux albums cartonnés, surpapier glacé conçus sur le mêmemodèle que le célèbre Spot(Nathan). Il faut soulever les ri-deaux ou la nappe et ouvrir les por-tes pour découvrir les personna-ges cachés et malicieux.

• Pour les tout-petits encore, chezBiasjHéritage Jeunesse, dans la col-lection Je veux savoir, un albumen plastique, aux pages découpéesen vagues successives, dans une do-minante bleue, avec des objets fa-miliers de l'eau : L'heure du bainà lire dans la baignoire. Une bon-ne adéquation entre l'objet livre etle sujet.

• Chez Caslerman, Allô Alcidedans la collection Je commence àlire, une première lecture très ré-jouissante où le texte savoureuxd"André Hodeir est bien complétépar 1 illustration humoristique deVéronique Arendt. C'est par l'in-termédiaire de conversations télé-phoniques que la souris - et le lec-teur - apprennent les catastrophesprovoquées par un jeune éléphantjamais à court d'idées et très phi-

losophe quant aux conséquences deses expériences.Julie Vivas a illustré La Nativitéde façon humoristique en situantrésolument le récit biblique, confor-me aux Evangiles , dans le vécuquotidien, très terre à terre. Cer-tains lecteurs apprécient, d'autresn'acceptent pas cette iconographieaux antipodes de la tradition re-ligieuse.

• Au Centurion, Helen Oxenburya adapté quatre de ses histoires pa-rues dans «Popi» (Bayard-Presse)en ajoutant de nouveaux dessins ennoir et blanc et d'autres en cou-leurs. Le texte lui aussi est modi-fié et plus long (on passe de 5 à 11pages). Léo et Popi vont se pro-mener, Léo et Popi imitent papa,Léo et Popi et la machine à laver,

Léo et Popi lisent une histoire(adaptés du français et traduits del'anglais). Quatre jolies histoires devie quotidienne, en grand format,sur fonds blancs, peut-être juste unpeu trop sages?Nigel Gray raconte, dans Un bal-lon pour grand-père, le beau voya-ge qu'est supposé faire le ballon quivient de s'envoler. Il traversera lesmers et le désert pour aller voir legrand-père du petit garçon, tout là-bas sur son île, loin de ceux qui l'ai-ment. Les images chaudes de JaneRay apportent une richesse à l'al-bum.

• Chez Duculot on s'embarquepour Le voyage de Mini Bill à bordd'un bateau de sa construction. Unalbum qui plonge dans l'univers en-fantin où l'insolite transparaît. La

La Nativitéde Julie Vivas,

Casterman.

4 LA REVUE DES LIVRES POUR ENFA.NTS

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Le voyage de Mini Bill, Duculot.

mère de Mini Bill esl égale à elle-même : dépassée, angoissée, ten-dre et pleine d'amour pour son in-fernal bambin.Lu autre voyage â la poursuited'une feuille farceuse dans Hélicoet la feuille sauvage d'André Da-han. Les tableaux se suffisent à eux-mêmes par leur dynamisme aé-rien ; le texte était superflu.

D A I 'Ecole des loisirs Léo, Zacket Emma sont de retour pour denouvelles aventures tout à fait ap-propriées aux lecteurs débutants.Steven Kellogg apporte gaieté etfantaisie au texte d'Amy Ehrlich.Lu album poétique pour les grandsde Claude Clément, illustré par Fré-déric Clément, Le luthier de Ve-nise, a semblé triste et fade à cer-tains, envoûtant et beau à d'autres.

D Nouvelle présentation chezFlammarion-Père Castor pourL'école et Le lapin de John Bur

ninghain qui passent dans la col-lection Les Petits Castors. Deuxexcellents titres, dans un format unpeu réduit, dont la mise en pageest parfois respectée, parfois cham-boulée pour des raisons éditoriales- il y a 4 pages en moins. Le textede L'école est légèrement modifiépour une meilleure compréhen-sion. Cette nouvelle présentationtend à banaliser des livres quiétaient forts plaisants chez Flam-marion.

Autre réédition, autre changementpour un livre non moins impor-tant de J. Capek Un gâteau centfois bon paru en Secondes lecturesaux Albums du Père Castor, et re-publié avec des images plates deBruno Gibert en Castor Poche Ben-jamin. Si le texte, essentiel, est iden-tique à la première version, la miseen page et le format modifient ra-dicalement la structure du récit.Quel dommage !Dans la même collection, une nou-

Jusqu'oùpeut-on allerdans lesrééditionséconomiques,les passagesen poche,les formatsdans le vent,sans mutilerles œuvres ?

veauté : Le blaireau à lunettes deDany Laurent, illustré par Marti-ne Bourre. Le blaireau vit la nuitet porte des lunettes. Le jour c'estune taupe qui les utilise... Pour dé-couvrir le monde étrange des por-teurs de lunettes.

D Chez G.P.an Pop hop en for-me de triangle de Kees Moer Beeket Caria Dijs : Six explorateurs enEgypte. Ils étaient six au départ,combien en restera-t-il à l'arrivée?Lne version fantaisiste des Dix pe-tits nègres pour les plus jeunes.

3 Chez Gallimard., Agnès Rosens-tiehl propose une série, C'estcomme ça, de neuf livres sur lescouleurs, dans un petit format trèsagréable. C'est vert : il y a le verldu sapin, et puis le \eit de la sau-terelle, et encore celui duconcombre... C'est vert. C'est rou»e,C'est orange sont réussis, parcequ'ils utilisent deux couleurscomplémentaires et que les sujetssont bien choisis. D'autres parcontre sont ratés comme C'est bleuoù les enfants sont habillés de rougeet de jaune, où le bleu n'est pas évi-dent, où le ciel est mauve...

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Marie de la mer. ill. Y an Nascimbene, Milan.

Hélico,un nouveaupersonnagecréé parAndré Dahan,survolel'éditionet atterriten même tempschez Gallimardet chezDuculot.

D'André Dahan. Hélico et l'oi-seau, sans texte cette fois : une bon-ne histoire, pleine de joie de vi-vre, a\ ec des illustrationslumineuses, des couleurs écla-tantes. Des peintures à la portée desjeunes admirateurs.

G Antonella Bolhger-Savelh chezGrasset nous offre de belles illus-trations, colorées, qui conviennentpariaitement au sujet : le carna-val, dans Guillaume se déguise.Malheureusement le texte n'est pas à lahauteur et l'histoire est ennuyeuse...

D En Livre de Poche Cadou, chezHachette, Minable le pingouin

d Helen Lester, illustré par LynnMunsinger. Les pingouins bienélevés, propres et nets, seront sau-vés par Minable, l'affreux jojo dela troupe. Illustration très amu-sante qui cependant ne trouve pastoute sa dimension dans les pagesréduites d un format poche. Aquand la version en grand album?

• ChezBachetisj Van de Velie,de Thierry Beauvert, illustré parPef : Une bête de scène. Pseudo-

documentaire sur l'opéra et le mon-de du spectacle, et quelques gagssur les difficultés à exercer un mé-tier lorsqu'on est dragon. Un hu-mour qui passe au-dessus des en-fants.

C Deux nouveaux titres amusantset bon eniant d'un autre duo fortréussi chez Hatier, avec Un oursen hiver et Le pique-nique de l'oursde John Yeoman. illustré par Quen-tin Blake. Les déboires d'un ours

Minable le pingouin. I tachette.

U REVUE DES UVRES POUR ENFANTS

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au coeur large comme sa patte, pré-voyant, accueillant, et qui perd satranquillité. Des histoires bien ry-thmées.

D Chez MessiiorjLa Farandole,Petit monde infini de Philippe Da-vaine. Un jeune enfant à la P.M.I.se sent tout déboussolé, sans pointde repère, comme les images danslesquelles on s'égare, ces gros planssurprenants, et puis tout à coup,un point d'ancrage, des sourires.Les couleurs sautent aux yeux... Dé-routant et bien intéressant, à re-garder avec les bébés.Marie-Anne Didierjean, en Clé d'or,montre La glace clans tous ses étatsavec un rat plutôt rigolo. La glaceça glisse, c'est froid, c'est bon...

U Pour les tout petits toujours,chez Milan: A table ! et Pour toi !de Lena Anderson. Deux person-nages très expressifs et sympathi-ques, un lapin, substitut de la mère,et un jeune enfant. Au départ unesituation dépouillée et 16 pages plustard un décor fourni grâce à l'ajoutd'un élément nouveau à chaque

Jack Kent :Un poussintrès malin.,le Sorbier.

page. Histoires sans texte, en petitformat carré sur fonds blancs.Les Comediants ont réalisé un nou-veau livre séduisant avec Les rêvesde Monsieur Loyal, en Livre spec-tacle. C'est une invitation à lire dansla nuit sous ses couvertures, aprèsi\\ oir exposé le livre à la lumière.En effet textes et dessins sont phos-phorescents. Les dessins et la miseen page sont cependant trop so-phistiqués, trop affinés, pour ceprocédé. C'est bien dommage.Un album pour les plus grands etqui laisse une forte impression quece Marie de la nier, de Ian Naa-cimbene et N. Brun Cosme. Inpère veuf et ses deux filles décou-vrent Marie sur la plage, au borddu suicide. Histoire émouvante, so-brement racontée par l'une des fil-lettes, finement illustrée, livrée àl'imaginaire de chaque lecteur.

D Chez Nathan, une nouvelle ad-aptation du conte de Clément Moo-re, La nuit de Noël, illustrée parMichael Foreinan. La nuit bleue etscintillante sous la neige de Noëlne décevra pas le petit spectateur.Le texte, en gros caractères, est par-fois caché par d'astucieux volets oùle dessin remplace le mot.

D Au Sorbier, quatre nouveaux ti-tres de Jack Kent. De vraies his-toires pour les tout petits, avec cequ'il faut d'humour, d'affectif etd'informations : un dosage habileet des illustrations rigolotes. Nospréférés : Joey part en voyage etUn poussin très malin.

BANDESDESSINEESD Le fétichisme hergéinaniaques'essoufflerait-il ? La réédition dansun formai à l'italienne, chez Cas-terman bien sûr. du Temple du so-leil est décevante. Le repiquage despages parues dans le magazine del'époque montre des éléments nonrepris dans l'édition courante, maisla reproduction est parfois bien mé-diocre et la couverture franche-ment laide. Rien à redire en re-vanche du fac-similé noir et blancdu Sceptre d'Ottokar.Nous ne quittons pas la «ligne clai-re» hergéenne avec Les chasseursde la nuit, deuxième lome de lasérie Gaspard de la nuit, imagi-née par Desberg et Johan De Moor,qui se détache progressivement del'influence de son génial père. Cerécit de terreur dans un univers deconte de fées est enlevé, captivantet inquiétant juste ce qu'il faut (àpartir de 8 ans).

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Des BDen nombrepléthorique.Nous rattraponsdans laprésenterubriquele retardaccumulédepuisle débutde Vannée...En attendantpour la fin deVannée unnuméro spécialsur la bandedessinée.

Terres, quant à lui. continue la sagagalactique de Roco \ argas par unllash-liack. Dans L'étoile lointai-ne, Roco évoque son enfance, dans

Goluk : La vengeance du Chat, Casterman.

une hn de 20 ' siècle troublé : lesplanètes iln système solaire se fontune guerre impitoyable, ce quin empêche pas notre héros de trou-ver la gloire, l n récit elliptique,élégant, nostalgique de la BDd'aventures de Fige d'or, que lesadolescents apprécieront mieux s'ilsconnaissent déjà les précédentstomes.

Les mêmes ailolescents (et leurs pa-renls) devraient adorer La ven-ïeaiH'e du Chat. Star de la télé liel-

ge au dessin minimal, Geluekaccumule les gags téléphonés et lesjeux de mots laids avec une con-viction qui force le rire.

_ Quelle déception ! La queue duMarsupilami et Le bébé du boni duinonde, distribués par Durgaud,manquent cruellement de souille,ei surtout d humour. On atten-dait sans doute trop du retour deFranquin el de sa créature. As-sisté par Balem. le lra\ad du père

Hergé : Le sceptre d'Ottokar. Casterman.

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Vance et Van Hamme : Spads. Dargaud (série XIII).

de Gaston est honnête. Le pro-blème vient surtout du scénario,dont Greg compense la minceur pardes bavardages et des ficelles unpeu gi'osses. L ne suite est annon-cée, sur scénario de Yann, Nousconsolera-t-elle ?Déception toujours avec Le par-rain. Ranlanplan. mascotte cala-miteuse de Luckv Luke. disposedésormais de sa propre série. Fau-che. Liturgie et Morris l'exploi-tent mécaniquement. Les dessinssont d'une indigence qu'on ne par-donnerait pas à un débutant.La tentation commerciale n'a pastouché Roba, qui reste fidèle auxqualités qui ont fait le succès deBoule et Bill. Le dernier tome nebouleversera pas l'histoire de la BD,mais 22 ! v'Ià Boule et Bill est biensûr recommandé pour tous.Autre série recommandable chezDargaud, XIII de \ an Hamme et\ ance. Inspirée par un roman d es-pionnage de Ludlum. celle demi-douzaine d'albums se lit d'une trai-te. L n homme blessé, devenuamnésique, découvre qu'il a as-sassiné le président des Elats-L nis.Traqué par deux groupes rivaux.

il est le centre d'un formidable en-jeu politique. Les auteurs multi-plient les références à la réalité (telpersonnage est le portrait de Kis-singer, tel autre évoque GeraldFord. etc.). et mènent leur affaireavec un professionnalismeconsommé. On en redemande !Chrislin cède lui aussi à son goûtpour l'espionnage. Par sa construc-tion inhabituelle dans la BD. Lajeune copte, le dianiaiitaire et sonboustrophédon (quel titre !) rap-

pelle John Le Carré. Le nombre in-

A U T E S

suffisant de planches, certaines rai-deurs du dessin de Puchulu fonlqu'on rentre mal dans ce récit d'his-toire contemporaine pourtant pleinde potentiel.

Nous relrouv ons Chrislin en compa-gnie de Goetzinger pour Charlotteet Nancy. L'une \ eut devenir man-nequin, l'autre grande couturière.L une est riche, 1 autre pas. Cha-cune réussira sa vie à sa façon. Cet-te plongée dans le monde de lamode et des cover-girls est bien do-cumentée, un peu fleur bleue, etle dessin tendre de Goetzinger \ faitmerveille. Les lectrices (lecteurs ?)à partir de 12 ans devraient ac-crocher sans problèmes.De la mode, passons au western.Dans Le désert des fous, Gour-melen et Palacios livrent Mac Co\aux joies du baby-sitting. Il y prendgoût, sans cesser pour autant demassacrer les méchants Indiens, elsonge même à se marier avec lamère du bambin... Vous avez dit«\ulgaire» ?

Même remarque pour K 2000 deDi Marco et Fontaine, même sinous confessons une coupable (ai-

La guerre éternelle, il] Harvann, Pupuis.

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\Z Afin de toucher un public plusâgé que sa cible habituelle, Du-puis a lancé la collection Aire Li-bre, où des auteurs confirmés pu-blient des album? sans rapport avecleurs séries habituelles. Coseï v alivré les deux tomes du Voyage enItalie, une incontestable réussite.Cette poignante histoire d'amitiébrasse beaucoup de grands senti-ments en évitant constamment lepiège de la miè\ mie ou de la com-plaisance. La rigueur narrative deCose\ traduit aussi une grande pu-deur.

Dans la même collection, le des-sinateur Marvano a adapté La guer-

Charlolte et Nancy,ill. A. Goctzinger, Dargaud.

S.O.S. bonheur, ill. Griff'o, Dupuis

blesse pour le dessin ethcace de cel-te pauvre resucée de la série téléhomonyme.L'adaptation en BD par Lacaf et La-grange du Catherine de Médicis deJean Orieux est à éviter. Les ail-leurs veulent tout dire, tout mon-trer, et ne dominent pas leur do-cumenlalion. Les vignettes sonttouffues, les dialogues embrouil-lés, le découpage confus. On se trou-ve irrémédiablement perdu au boutde 3 pages. Dommage pour un tex-te si captivant...Laverdure et Piscaglia croient durcomme fer à la parapsychologie.Dans La maison de Bruges, ils re-

voir p. 14).

lalenl 1 tusloire d'une possession.Le rythme est lent, le dessin ba-lourd, el certaines prétentionspseudo-scientifiques franchementirritantes.

On ne court pas le risque de s'ir-riter en lisant Sur l'île de la li-corne de Giraud et Bâti. Les des-sins sont amples, les couleurs joliesjusqu'à la mièvrerie. Le scénario decette histoire merveilleuse est le pré-texte d une réflexion curieuse surles trois éléments fondamentaux etleurs supposées implications sym-boliques. Discutable sur le fond, unpeu écœurant sur la forme.

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re éternelle, roman de science-fiction où Joe Iladelman rapportaitson expérience de soldat au \ iêt-nam. Celle mise en images effi-cace se lit d'une traite.Science-fiction également pour VanIlamme et Griffu dans les deuxtomes de SOS bonheur, mais on estlà plus proche du 1984 d'Orwell,bien que cette suite de courtes nou-velles narquoises soit moins dés-espérée.

Terminons le tour d'horizon de cet-te nouvelle collection par son plusancien titre, Le crépuscule des el-

Makyo : Les petitesfrousses. Dupuis.

fes de Dubois et Ilausman, se-cond tome des aventures de Laiy-na que nous recommandons avecenthousiasme aux amateurs de mer-veilleux, de légendes, de poésie etde beau dessin.Marie Vérité, de \ ami et Le Galla reçu en janvier dernier le prix Al-ph'Art du meilleur album de Fan-née au Salon d'Angoulème. Ça n'estque justice, tant la série ThéodorePoussin se bonifie au fil des tomes.Captivant pour tous les âges !Di Giorgio el Griffé ne s'embar-rassent pas de scrupules. Le grandfrisson plagie sans complexe le des-sin de Tanli. et va même jusqu'àreprendre certaines situations desaventures d'Adèle Blanc-Sec. Onpeut à la rigueur le lire comme lesauteurs l'ont réalisé : a\ ec les al-bums de Tardi oin erts à ses côtés.Pour comparer.

Le gang Mazda de Datasse et Ilis-laire ressemble fort à de l'autodé-rision. Celte chronique sans pré-tention delà \ie des auteurs de BDfail passer un bon moment, et éclai-rera les jeunes lecteurs sur quel-ques aspects de la vie du dessina-teur dans son milieu naturel.Autre grande réussite comique. Lagrande peur el Les petites frous-ses de Makyo, qui relate la rie desBogros. tribu de petits bonshom-mes timorés jusqu'à 1 absurde. Mak-; o possède le génie de broder sanseffort sur des situations simples etinattendues et d en tirer tout le selcomique. Certains lecteurs vontmême jusqu à le conseiller commeremède contre le stress et la dé-prime ! A lire en famille.

Cauvin ne possède pas celle lé-gèreté dans l'art de la variation. Encompagnie de Cox, il égrène de-puis dix tomes les aventures la-

Cauvain et Cossu :La vengeance du tambour,Dupuis (voir p. 16).

borieusesde 1 Agent 212 (derniersparus Brigade mobile el Agenltrouille) el a récemment rejoint \\ al-thén el Laudec le temps d'un al-bum de Natarha. Les nomades duciel. L histoire repose sur une idéeastucieuse, mais sa répétition mé-canique ne saurait tenir lieu de res-sort narratif.

Strike, treizième tome des aven-tures de Jérémiali. prouve, s d euétait encore besoin, le métier d'Her-mann. Après avoir baladé ses hérosdans les méandres d'une histoirede secte et de corruption dans une\ille de plaisir, il s offre le luxed'une chute ironique, véritable piedde nez au lecteur captivé. Du grandart !

U \.\ RF.Vl E DES UVRES FOt R ENFANTS

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N O U V A UEditions Zcnda.

SIGURD HOLEM S'CTAIT MOQUCOUVERTEMENT DL PRINCE VALIANT QUILE MENAÇAIT D'ASSIEGER SA FORTERESSE AVEC SEULEMENT VINGT CUERRIERS.LE VOICI PRET A DEFENDRE SES MURS.MAIS RIEN NE SE PRODUIT. CE SILENCELUI PESE COMME UNE EPEE DE DAMOCLES.

Signalons le quarantième opus de?aventures de Spirou. La frousse auxtrousses de Tome et Janry. et Let-tres de Satan, second volume desa\ ratures de Soda, du même Tomeen duo celle fois avec le dessina-teur Warrant. Les deux séries «tour-nent» agréablement, et se laissentlire comme on regarde un bon feuil-leton d'action à la télévision.Quittons Dupuis sur Boskovitch etLa vengeance du tambour de Cau-vain (ne pas confondre avec le pré-cédent) et Cossu, qui désarçonnerapeut-être les lecteurs non avertis.

Cette histoire au dessin très sty-lisé mérite pourtant qu"on s'y plon-ge. Poétique et inattendue, elle pos-sède une magie propre, rare dansla production pour jeunes.

D Chez Glênal. nous retrouvonsHermann pour Aida, cinquièmetome du cycle historique des Toursde Bois-Maun, indispensable, bienentendu.Les Italiens Queirolo et Brandolise situent dans le sillage de Prattet Munoz, dont ils diffèrent par unusage très personnel de la cou-

leur. Alias est le premier tome d'unesérie prometteuse, située à Ams-terdam au 17 ' siècle. Action ra-pide, rebondissements astucieux, onse laisse prendre jusqu'à la pirou-ette finale, drôle et qui incite à re-lire l'album une seconde fois.Dans Les sept morts de Mademoi-selle Harington, Goux et Convardreprennent la double tradition deJacobs et Agatha Christie. L'en-semble est convenu, mais pas dé-sagréable. Dommage qu'on demiela chute si longtemps à l'avance...

D Nous parlons rarement de su-perhéros dans ces colonnes. Co-rn ira USA, distribué par Glénat, estun des éditeurs patentés du genre.Nous avons lu avec passion Epreu-ve, premier tome de la nouvellesérie de Batman. dessinée parVi lïghtson sur scénario de Star-lin. Ce genre typiquement améri-cain a complètement changé en peud'années. Finis les super-pouvoirs,les histoires purement distrayan-tes. Ainsi Batman est-il devenu unpersonnage faillible. Il tombe en-tre les mains d'un gourou, subit unlavage de cerveau qui l'asservit àune secte aux visées hégémo-niques. Quelques scènes choque-ront peut-être certains parents, maisles adolescents adoreronl cesimages superbes.

3 Le jeune éditeur Zenda pour-suit l'édition des planches domi-nicales en couleurs du Prince Va-liant d Harold Foster. Celle bandemédiévale, classique de l'âge d'or,n'a pas pris une ride quant au des-sin, formidable. Les scénarios, c'estautre chose... Leur bonne con-science yankee et un machismetranquille irriteront ou prêteront àsourire.

À RK\l E DES LIVRES POUR ENTANTS