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Arts Expositions
Le MuCEM, nouveau phare de Marseille
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Mis à jour le 04/06/2013 à 08:57
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Après douze ans de discussions, d'hésitations, de changement de ligne puis de directeur,
le MMuuCCEEMM1 va enfin être inauguré, aujourd'hui, par le président de la République.
FFrraannççooiiss HHoollllaannddee2 avait annulé une première visite, en début d'année, à cause de la
guerre au Mali. Mais il avait promis de revenir, tant l'occasion était belle: le Musée des
civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCEM) est l'un des derniers grands
chantiers culturels de la décennie. D'un coût de 167 millions d'euros, c'est un projet
La galerie de la méditerranée, au rez-de-chaussée du musée. Crédits photo : ANNE-CHRISTINE POUJOULAT/AFP
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financé à 65 % par l'État et à 35 % par les collectivités locales, le département et la
région. Qui sait quand la France disposera à nouveau d'un tel budget pour promouvoir
l'art? Le nouveau musée ouvrira ses portes au public ce vendredi 7 juin, soit au beau
milieu de l'année célébrant MMaarrsseeiillllee3 et la Provence, en tant que capitale européenne
de la culture: c'est l'un des faits marquant de la manifestation, qui elle aussi, est née
dans la douleur.
Situé au bord de l'eau, le MuCEM est d'abord un grand geste architectural dû à RRuuddyy
RRiicccciioottttii4. Les 44.000 m2, recouverts d'une résille en béton tenant du moucharabieh,
sont reliés au fort Saint-Jean par une passerelle. Le vieux fort a été réhabilité, et le tout
crée un ensemble ouvert sur la ville, qui sera entièrement consacré à des expositions,
des débats et des concerts. Déjà, les promeneurs viennent au pied du bâtiment,
empruntant un chemin jusque-là dédaigné. Le MuCEM a reconfiguré la zone du port,
changeant une des faces de la Cité phocéenne.
Une galerie permanente déroutante
À l'intérieur, tout est gris et noir, de la couleur des galets polis par le ressac. L'architecte
voulait protéger les œuvres et les visiteurs du soleil, tout en le laissant filtrer par les
résilles - de quoi faire une «casbah verticale», selon son expression. Il voulait également
que le bâtiment semble érigé au milieu de l'eau. Ce qui fut fait: la vue sur la mer est
exceptionnelle, surtout depuis la terrasse située sur le toit, qui a été investi par le chef
étoilé Gérard Passédat.
Au rez-de-chaussée du musée, une galerie permanente, dite de la Méditerranée,
explique aux visiteurs la singularité et la diversité de ce monde. Présentée en quatre
parties, elle n'est pas d'un abord très évident, même si le déploiement de très beaux
objets, au sein d'une scénographie élégante, permet de glisser d'une partie à l'autre.
Invention de l'agriculture, partie consacrée à Jérusalem - où les trois religions
monothéistes puisent leur source -, salle consacrée à la citoyenneté - appuyée sur des
collections grecques - et dernier espace autour de la découverte des routes maritimes: si
les choix prennent tout leur sens une fois expliqués, ils donnent parfois le tournis.
D'autant que, çà et là, des œuvres contemporaines s'invitent, créant une surprise de
plus. L'espace permanent est par ailleurs présenté comme temporaire… Il devrait
changer tous les trois ans, notamment en raison des prêts faits par les autres
À l'étage, deux grands espaces d'expositionstemporaires sont prévus, qui s'ajoutent à ceux
du fort Saint-Jean
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institutions.
À l'étage, deux grands espaces d'expositions temporaires sont prévus, qui s'ajoutent à
ceux du fort Saint-Jean. Remplir le tout est l'un des défis du musée. Car ses collections
(250.000 objets) sont à la fois riches et pauvres. Riches, car elles s'appuient sur le
patrimoine de l'ancien Musée des arts et traditions populaires (ATP), autrefois situé à
Paris, dans le bois de Boulogne, ainsi que sur une partie des collections de l'ancien
Musée de l'homme. Ces dernières années, des acquisitions ont également étoffé le
fonds.
Jouets anciens et costumes de paysans
Pauvres, parce que ces milliers d'objets n'ont pas tous trait à l'Europe et à la
Méditerranée. La vocation des ATP était d'exposer le patrimoine rural de la France. Dans
les caisses du centre de réserves du MuCEM, se trouvent donc des centaines de jouets
anciens, de costumes de paysans et de meubles traditionnels des différentes régions
françaises. «On peut toujours estimer qu'une collection est lacunaire, rétorque sa
responsable, Émilie Girard. Mais on peut aussi construire un message avec ce que l'on
a.» La conservatrice, bonne connaisseuse de son fonds, escompte par exemple monter
deux expositions en 2014, puis en 2015, sur les carnavals, puis sur l'image du divin.
«Notre budget d'acquisitions s'élève à 300.000 euros. Il nous permettra de compléter si
besoin est», explique-t-elle.
«Le MuCEM est un musée de société et d'idées, un genre qu'il faut réinventer», poursuit
pour sa part Bruno Suzzarelli, son président, lassé de se voir renvoyer à un «musée de
collections d'armoires normandes». Il voit le nouvel établissement comme porteur d'un
rôle politique, autant qu'artistique. «Si on arrive, grâce à la culture, à rapprocher des
civilisations et des sociétés, alors on aura réussi», plaide-t-il. Environ 300.000 visiteurs
sont attendus en 2013, et au moins autant en 2014. Le musée devrait contribuer au
développement touristique de Marseille, qui n'est pour l'instant pas à la hauteur. «Un
grand équipement comme celui-ci peut aussi aider à modifier l'image de la ville, et
inciter les entreprises à s'y implanter», explique encore Bruno Suzzarelli ; il y a un autre
Marseille que celui de la criminalité ou d'un certain laisser-aller.
« Le MuCEM est un musée de société et d'idées,un genre qu'il faut réinventer »
Bruno Suzzarelli, président du MuCEM
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