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CPCS Ref: 18399 November 12, 2018 www.cpcs.ca Module D – BROUILLON Mobilisation des financements Réalisation d’une revue documentaire sur l’énergie solaire en Afrique de l’Ouest (zone UEMOA) et organisation d’un concours start-up Préparé pour: La Banque Ouest Africaine de Développement Préparé par: CPCS En association avec: 2iE - Institut International d’ingénierie de l’Eau et de l’Environnement

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CPCS Ref: 18399 November 12, 2018

www.cpcs.ca

Module D – BROUILLON

Mobilisation des financements Réalisation d’une revue documentaire sur l’énergie solaire en Afrique

de l’Ouest (zone UEMOA) et organisation d’un concours start-up

Préparé pour:

La Banque Ouest Africaine de Développement

Préparé par:

CPCS En association avec:

2iE - Institut International d’ingénierie de l’Eau et de l’Environnement

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MODULE D | Mobilisation des financements CPCS Ref: 18399

Assurance qualité

Projet : Réalisation d’une revue documentaire sur l’énergie solaire en Afrique de l’Ouest (zone UEMOA) et organisation d’un concours start-up

CPCS Ref: 18399

Module D : Mobilisation des financements

Version Date Redige par Relu par

1.0 6 novembre 2018 Livia Murray et Mamoudou Bocoum

Clara Kayser-Bril

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Acknowledgements / Confidentiality

Ce module fait partie d’une série préparée par CPCS et 2iE dans le cadre du contrat « Réalisation d’une revue documentaire sur l’énergie solaire en Afrique de l’Ouest (zone UEMOA) et organisation d’un concours start-up » pour la Banque Ouest Africaine de Développement.

Ce module est destiné exclusivement au personnel de la Banque Ouest Africaine de Développement. Il n’est pas destiné à la publication ou à la diffusion en dehors de la BOAD sur quelque support que ce soit.

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Table des matières

Résumé exécutif .................................................................................................................. iii

1 Introduction ..................................................................................................................... iv

La croissance dans les investissements en solaire ......................................................... v

Contenu du présent module ........................................................................................... v

2 Financement d’un projet IPP solaire................................................................................... 1

Éléments clés du financement d’un IPP typique ............................................................ 2

Exemples de financement d’un IPP solaire ..................................................................... 2

2.2.1 Ségou au Mali : partenariat entre Scatec Solar, Africa Power 1, et la SFI ............... 2

2.2.2 Kahone et Touba au Sénégal : Engie, Meridiam et le FONSIS dans le cadre de Scaling Solar ............................................................................................................................ 3

2.2.3 Zina au Burkina : un PPP entre Windiga Energie et la SONABEL ............................. 4

2.2.4 Mocuba au Mozambique : un PPP entre développeurs privés et société nationale d’électricité ............................................................................................................................. 4

3 Les différentes sources de financement ............................................................................. 5

Une vue d’ensemble des différents types de financement ............................................ 6

3.1.1 Dette ........................................................................................................................ 6

3.1.2 Fonds propres .......................................................................................................... 7

3.1.3 Financement de projet ............................................................................................ 7

3.1.4 Ratio « dette : fonds propres » ................................................................................ 8

3.1.5 Financement concessionnel et don ......................................................................... 9

3.1.6 Instruments pour mitiger les risques ...................................................................... 9

Les développeurs, apporteurs de fonds propres .......................................................... 10

Les fonds d’investissement ........................................................................................... 11

Les banques commerciales, encore peu présentes dans le solaire en zone UEMOA .. 15

3.4.1 Trois angles d’approche pour les banques commerciales .................................... 15

3.4.2 D’importantes contraintes freinent la participation des banques commerciales 16

3.4.3 Des améliorations de l’environnement pourraient favoriser la participation des banques commerciales ......................................................................................................... 17

4 Fonds climat et obligations vertes .................................................................................... 20

Le rôle des fonds climats et obligations vertes dans le solaire .................................... 21

Fonds climats ................................................................................................................ 21

4.2.1 Qu’est-ce qu’on fonds climat ? .............................................................................. 21

4.2.2 Les fonds climat en Afrique sub-saharienne ......................................................... 22

Obligation vertes ........................................................................................................... 23

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4.3.1 Qu’est-ce qu’un obligation verte ? ........................................................................ 23

4.3.2 Quelques acteurs du marché des obligations vertes qui peuvent intervenir dans la zone UEMOA ..................................................................................................................... 25

5 Le rôles des banques et institutions financières de développement ................................. 27

Le rôle des banques et institutions financières de développement pour la promotion de l’énergie solaire ................................................................................................................... 28

5.1.1 La facilitation de l’accès au financement .............................................................. 28

5.1.2 La mise à disposition de garanties......................................................................... 29

Les principales banques et institutions financières de développement intervenant dans le secteur solaire dans la zone UEMOA ........................................................................... 30

5.2.1 La Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) ....................................... 31

5.2.2 La Banque Africaine de Développement (BAD) ..................................................... 34

5.2.3 Le Groupe Banque Mondiale (GBM) ..................................................................... 36

5.2.4 Les autres Banques et Institutions Financières de Développement ..................... 39

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Résumé exécutif Le financement est une nécessité pour le démarrage de l’industrie solaire en Afrique, en particulier pour les investissements importants requis dans les centrales solaires IPP.

Caractérisés par un investissement initial important et des revenus stables sur une longue période de temps, typiquement entre 15 et 25 ans, les projets solaires privés ou IPP sont typiquement financés par une structure de financement de projet (en anglais « project finance ») qui fait recours à une structure de mélange de dette et de fonds propres par une société de projet (en anglais dit « special purpose vehicle. ») Les fonds propres proviennent des développeurs du projet et de fonds d’investissement, tandis que la dette peut provenir de banques commerciales, de fonds d’investissement, et de banques de développement. Typiquement, le ratio entre dette et fond propre est de 70-75% dette, 25-30% fonds propres.

Le coût du financement est l’un des facteurs qui détermine la bancabilité d’un projet solaire privé. En zone UEMOA, les risques réels et perçus du pays et du projet font grimper le coût du financement. Pour mitiger ces risques, plusieurs instruments peuvent être mobilisés, entre autres : les garanties souveraines, les garanties des institutions financières du développement, et l’assurance contre le risque politique. Ces mécanismes, ainsi que la participation des IFD qui apportent du financement concessionnel et de la crédibilité au projet, sont nécessaires pour minimiser le coût de financement.

Un grand nombre d’acteurs participent de façon collaborative au financement des projets IPP solaires dans la zone UEMOA :

Les développeurs internationaux de projet apportent leurs fonds propres dans les premiers stades de développement, et ont une participation financière typique qui dure jusqu’à la construction ou la mise en exploitation de la centrale solaire;

Les banques et autres institutions financières de développement sont très présentes dans le financement des projets solaires dans la région. Elles utilisent plusieurs mécanismes pour faciliter l’accès au financement dans le développement des projets d’infrastructures en général et les projets solaires en particulier ;

Des fonds d’investissements spécialisés, certains entièrement privés, d’autres publics ou public-rivés, sont également présents;

Les fonds spécialisés tels que les fonds climats et les obligations vertes présentent des opportunités pour les projets de recevoir des dons et des fonds concessionnels;

Les banques commerciales locales n’ont pour l’instant qu’une participation limitée au financement de projets solaires.

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1Introduction

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La croissance dans les investissements en solaire

La transition énergétique nécessite des investissements à large échelle, dont une participation importante des secteurs publics et privés. Globalement, les investissements en énergies renouvelables dépassaient $138 milliards dans la première moitié de 2018.1 Dans la zone UEMOA, des marchés pour le solaire raccordé au réseau commencent à se développer.

Mais la région comporte également des risques d’investissement, qui doivent être mitigés pour vraiment ouvrir la voie aux investisseurs. Il existe plusieurs mécanismes de financement pour mitiger ce risque, ainsi que des initiatives de la part des banques et des institutions financières de développement pour encourager les investissements.

Les initiatives des banques de développement ont eu du succès et ont joué un rôle clé dans la mobilisation de sources de financement privé. La participation de ces institutions semble encore nécessaire dans les années à venir, car elles seules sont pour l’instant à même de créer les conditions de bancabilité d’IPP solaires. A mesure que croit l’expérience ouest africaine dans le solaire, et que diminuent certains autres risques, on peut toutefois envisager qu’à moyen terme le secteur privé puisse investir sans aucune forme de soutien public.

Contenu du présent module

Le présent Module D se focalise sur les différents enjeux de la mobilisation des financements, principalement sous l’angle de la participation du secteur privé via les producteurs indépendants d’électricité (IPP).

Le Chapitre 2 détaille les éléments clés d’un IPP solaire typique et présente des exemples.

Le Chapitre 3 décrit les différents mécanismes de financement tels que la dette, les fonds propres, le financement de projet, le financement concessionnel, ainsi que les instruments pour mitiger le risque. Il décrit également les fonds propres des développeurs, les fonds d’investissement, et les banques commerciales.

Le Chapitre 4 décrit les fonds spécialisés tels que les fonds climats et les obligations vertes.

Le Chapitre 5 décrit les rôles des banques et des institutions financières de développement.

1 https://www.greentechmedia.com/articles/read/solar-investment-down-nearly-20-percent-from-first-half-of-2017#gs.z=XcrwI

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2Financement d’un projet IPP solaire

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Éléments clés du financement d’un IPP typique

Le financement des projets solaires privés est caractérisé par un investissement initial important, avec un rendement stable sur une longue période de temps, typiquement entre 15 et 25 ans. Le financement de ces investissements à long terme se fait typiquement en dette et en fonds propres par une structure de financement de projet (en anglais « project finance »). Les fonds propres proviennent des développeurs du projet et de fonds d’investissement, tandis que la dette peut provenir de banques commerciales, des fonds d’investissement, et, dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest, des banques de développement. Ces investisseurs engagent leurs fonds et attendent un certain taux de retour, qui correspond au coût du financement (en anglais le « cost of capital »).

Le coût du financement est l’un des facteurs qui détermine la bancabilité d’un projet solaire. Les financiers prévoient plusieurs risques qu’ils incorporent dans leur coût de dette ou de fonds propres. S’ils déterminent qu’un projet a des risques élevés, ils voudront un plus grand rendement sur leurs investissements. Ces risques financiers dépendent des risques spécifiques du pays et du projet. En Afrique de l’Ouest, plusieurs risques, perçus et réels, doivent être pris en compte et mitigés pour obtenir des financements à coûts raisonnables. Par exemple, un risque important dans plusieurs pays de la région est le risque de contrepartie (non-paiement par l’acheteur).

Plusieurs mécanismes peuvent être actionnés pour mitiger le risque, et ainsi baisser le coût du financement, qui peuvent être employés en fonction des spécificités du projet et du pays. Si une société nationale d’électricité n’est pas bancable, le paiement peut être sécurisé par la mise en place de garanties souveraines ou de garanties des institutions financières de développement. Il existe également des assurances qui peuvent être mises en place pour mitiger les risques politiques. Ces mécanismes, ainsi que la participation d’institutions internationales de développement, permettent de réduire le coût de financement.

Exemples de financement d’un IPP solaire

Il y a beaucoup de sources différentes de financement qui interviennent dans un projet IPP solaire. En Afrique de l’Ouest, les institutions internationales de développement sont très actives dans les projets solaires, en offrant du financement concessionnel et des garanties pour rehausser le crédit et diminuer le coût du financement. Les banques commerciales internationales sont moins présentes. Les banques commerciales locales sont encore peu actives sur ce créneau, car elles sont moins capitalisées et pas en mesure d’offrir du financement long-terme. Les fonds d’investissements sont actifs, souvent en co-investissements avec de l’argent public des institutions financières internationales. Il existe aussi des fonds climat et des obligations vertes qui combinent de l’argent public et privé.

Pour illustré la diversité des acteurs financiers dans le secteur, des exemples de structures financières des IPP solaires en Afrique sont présentés ci-dessous.

2.2.1 Ségou au Mali : partenariat entre Scatec Solar, Africa Power 1, et la SFI

En 2015, IFC Infraventures, un fonds global de développement d’infrastructures de la Société financière internationale, et Scatec Solar, un développeur de projets solaires international, et

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développeur local Africa Power 1 ont signé un accord avec Électricité du Mali (EDM) pour développer le projet Ségou au Mali :

Le projet Scatec Ségou consiste du développement, de la construction et du financement d’un projet solaire de 33 MW à Segou, soit 240 kilomètres de Bamako.2

Le projet de 52 millions d’euros a été financé à 45% de dette, avec IFC qui arrange de la dette de 23 millions d’euros (13 millions qui provient de ses propres fonds)

Le projet a bénéficié d’un prêt concessionnel qui couvrira 30% des coûts du projet du Climate Investment Fund dans le cadre du programme « Scaling Up Renewable energy in Low Income Countries Program » (SREP)

Le reste des coûts du projet seront couverts en fonds propres des partenaires du projet

En fonds propres, Scatec Solar détient une participation de 50% du projet, IFC InfraVentures détient une participation de 32.5%, et Africa Power 1 détient une participation de 17.5%.

Le contrat d’achat d’électricité se fera entre EDM et Segou Solaire SA, la société de projet mise en place pour le développement, la construction, et l’exploitation de la centrale solaire.3

2.2.2 Kahone et Touba au Sénégal : Engie, Meridiam et le FONSIS dans le cadre de Scaling Solar

En 2018, la Commission de Régulation du Secteur de l'Electricité du Sénégal (CRSE) a retenu le consortium de ENGIE et Meridiam après un processus d’appels d’offres initié en 2017 pour le développement de deux projets solaires à Kahone et Touba-Kaël. Ces projets ont bénéficié de plusieurs sources de financement ainsi que d’incitations financières.

Les deux projets font partie de l’initiative Scaling Solar, une initiative du Groupe Banque Mondiale. Le programme Scaling Solar est capable d’offrir des tarifs compétitifs aux acheteurs d’électricité par moyen de financement compétitif, d’assurances, de gestion de risque, ainsi que de rehaussement de crédit.

Engie, un développeur de projets énergétiques, et Meridiam, une société de développement, financement et de gestion des projets d’infrastructure, détiennent chacun 40% du capital de la société de projet.

Les Fonds Souverain D’investissements stratégiques (FONSIS), un fonds souverain de l’Etat sénégalais, détient 20% du capital de la société de projet

2 https://ifcext.ifc.org/ifcext%5CPressroom%5CIFCPressRoom.nsf%5C0%5CCB40AD1D6E4B31C485257E7D006A69AE 3 https://www.scatecsolar.com/Investor/Stock-exchange-notices/Scatec-Solar-to-build-first-large-scale-solar-power-plant-in-West-Africa

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2.2.3 Zina au Burkina : un PPP entre Windiga Energie et la SONABEL

En 2016, la construction du projet Zina, un partenariat public-privé dans l’ouest du Burkina Faso a démarré.

Le coût du projet est de 38 millions d’euros et disposera d’une puissance de 20 MW

Le projet est un partenariat entre Windiga Energie Burkina et la Société nationale burkinabè, qui ont créé une société projet dénommée Zina Solaire SA

Le projet est financé par un groupement de bailleurs de fonds qui inclus : la Société financière internationale et Emerging Africa Infrastructure Fund4

2.2.4 Mocuba au Mozambique : un PPP entre développeurs privés et société nationale d’électricité

En 2016, Scatec Solar et Norfund ont signé un contrat d’achat d’électricité de 25 ans avec la société nationale d’électricité de Mozambique, Electricidade de Mozambique (EDM).

La centrale de 40 MW est proche de la ville de Mocuba.

L’investissement dans le projet était estimé à $80 millions.

Scatec Solar (52.5%), KLP Norfund Investments (22.5%) et EDM (25%) détiennent une participation en fonds propres.

La Société financière internationale et Emerging Africa Infrastructure Fund ont contribué de la dette5

4 https://www.jeuneafrique.com/345978/economie/burkina-windiga-energie-lance-centrale-solaire-de-20-megawatts/ 5 https://www.africanbusinesscentral.com/2016/11/09/scatec-solar-and-norfund-sign-power-purchase-agreement-for-mozambiques-first-large-scale-solar-plant/

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3Les différentes sources de financement

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Une vue d’ensemble des différents types de financement

Différentes sources de financement sont mobilisées à différents stades de développement d’un projet de type IPP, correspondant également à des prises de risques différentes. Les développeurs financent en général sur fonds propres les stades précoces de développement, assumant ainsi un niveau de risque plus élevé. En conséquent, ils exigent un retour sur investissements plus élevé. Les prêteurs interviennent typiquement à un stade plus avancé du projet, où les flux financiers sont plus certains. 6

Cycle de développement de projet : risques et coûts associés

D’après InfraCo (traduction CPCS)

Ce présent chapitre propose une vue d’ensemble sur les mécanismes de financement tels que la dette, les fonds propres, la structure de financement d’un projet, le financement concessionnel, et les instruments pour mitiger le risque. Il examinera aussi la participation des développeurs de projets, les fonds d’investissements, et les banques commerciales.

3.1.1 Dette

La dette est typiquement la plus grande source de financement d’un projet. La dette permet à une entreprise qui développe un projet solaire de faire un emprunt initial et de le repayer lorsque le projet est opérationnel et génère des flux de paiements. Un projet solaire étant caractérisé par des coûts initiaux importants et des flux de paiements consistent à long terme, la dette permet à l’entreprise de faire cet investissement initial. Lorsque le projet solaire est opérationnel, le développeur de projet commence à repayer sa dette. Une fois opérationnel, un

6 http://cldp.doc.gov/sites/default/files/FrenchPowerProjectFinance.pdf

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projet a aussi un profil de risques moins élevé et le développeur peut refinancer sa dette en renégociant les termes du prêt, lui donnant accès à un taux de prêt plus favorable.7

Les prêteurs sont réticents à prendre des risques. Pour obtenir un emprunt, le développeur devra préparer la documentation du projet et tous ses détails pour présenter aux prêteurs, qui feront l’évaluation des risques. Parmi ces documents comprennent le contrat principal avec l’acheteur, le contrat avec la société qui construit le projet, ainsi que les études techniques et environnementales. Les projets solaires de grande taille ont souvent recours à plusieurs prêteurs, ce qui minimise aussi l’exposition au risque de chaque partie. 8

3.1.2 Fonds propres

Les fonds propres sont des sommes qui sont investies par des investisseurs en échange d’actions dans la société du projet. Les fonds propres ont un profil de risque plus élevé comparé à la dette : dans une situation où le projet n’aboutit pas, les actifs sont liquidé, les prêteurs sont remboursés les premiers, et les actionnaires ne recoivent un retour sur leur investissement que s’il reste des fonds après que des prêteurs ont été repayés. 9 Avec un risque plus élevé, les investisseurs qui offrent des fonds propres demandent aussi un retour sur leurs investissements plus élevé.

3.1.3 Financement de projet

Le financement de projet (project finance) est le mécanisme le plus couramment utilisé pour financer les projets IPP d’énergie solaire de taille importante. La structure précise du financement de projet dépend des exigences des investisseurs, ainsi que des spécificités du profil de risque du projet et du pays et les incitatifs financiers disponibles. En général, le financement d’un projet comportera deux composantes clés : les fonds propres, qui peuvent venir de plusieurs investisseurs, ainsi que la dette, qui peut venir de plusieurs prêteurs.10

Les fonds propres et la dette sont investis ou prêter via une société de projet (en anglais dit « special purpose vehicle. ») . Cette société est formée dès les premières phases de développement de projet. Le projet lui appartient lors de son développement, sa construction, et son exploitation ; elle est chargée des droits et obligations liées au projet, et c’est également elle qui reçoit les flux de revenus. Ce type de véhicule permet aux développeurs d’isoler leurs projets individuels du reste de leurs activités, ainsi isolant le risque du projet. Un schéma de financement de projet est illustré ci-dessous.11

7https://www.ifc.org/wps/wcm/connect/f05d3e00498e0841bb6fbbe54d141794/IFC+Solar+Report_Web+_08+05.pdf?MOD=AJPERES 8https://www.ifc.org/wps/wcm/connect/f05d3e00498e0841bb6fbbe54d141794/IFC+Solar+Report_Web+_08+05.pdf?MOD=AJPERES 9https://www.ifc.org/wps/wcm/connect/f05d3e00498e0841bb6fbbe54d141794/IFC+Solar+Report_Web+_08+05.pdf?MOD=AJPERES 10https://www.ifc.org/wps/wcm/connect/f05d3e00498e0841bb6fbbe54d141794/IFC+Solar+Report_Web+_08+05.pdf?MOD=AJPERES 11https://www.ifc.org/wps/wcm/connect/f05d3e00498e0841bb6fbbe54d141794/IFC+Solar+Report_Web+_08+05.pdf?MOD=AJPERES

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Schéma typique de financement d’un projet IPP solaire

Source: IFC, 201512

Dans le financement du projet, les prêts sont faits sans recours ou a recours limité. C’est-à-dire, les prêteurs dépendent uniquement ou principalement des flux de trésorerie (« cash flows ») du projet pour repayer leur capital. Pour cette raison, les prêteurs exigent un flux de revenu relativement assuré, et effectuerons un travail de diligence raisonnable (« due diligence »), incluant des études techniques et juridiques des contrats, pour être confiants de la capacité du projet à rembourser ses dettes.13

3.1.4 Ratio « dette : fonds propres »

Le ratio entre dette et fonds propre ou “debt to equity ratio” est un élément important du montage financier. Pour un investisseur, plus la part de dette est importante, plus le retour sur investissement sera élevé, par effet de levier. Pour un prêteur, plus la part de fonds propres est élevée, plus le montage sera sécurisant. La pratique internationale est d’avoir des ratios de l’ordre de 70-30 pour des projets d’IPP. D’après IRENA, le ratio d’endettement moyen pour les centrales d’énergie solaire et éolienne de grande taille était de 60-70% entre 2013 et 2015.14 Les acteurs que nous avons interviewés pour la rédaction du présent Module, mentionnent des ratios typique de 70-75% pour leurs projets en Afrique.

12https://www.ifc.org/wps/wcm/connect/f05d3e00498e0841bb6fbbe54d141794/IFC+Solar+Report_Web+_08+05.pdf?MOD=AJPERES 13https://www.ifc.org/wps/wcm/connect/f05d3e00498e0841bb6fbbe54d141794/IFC+Solar+Report_Web+_08+05.pdf?MOD=AJPERES 14 https://www.irena.org/-/media/Files/IRENA/Agency/Publication/2018/Jan/IRENA_Global_landscape_RE_finance_2018.pdf

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>> Document de référence

Utility-Scale Solar Photovoltaic Power Plants, A Project Developer’s Guide - IFC https://www.ifc.org/wps/wcm/connect/f05d3e00498e0841bb6fbbe54d141794/IFC+Solar+Report_Web+_08+05.pdf?MOD=AJPERES

3.1.5 Financement concessionnel et don

Dans certains cas, les projets solaires peuvent bénéficier de financement concessionnel ou de subventions directes. Le financement concessionnel est un financement à des coûts beaucoup plus bas et à long terme offert typiquement par les institutions de financement du développement. Ce financement moins coûteux peut réduire la moyenne du coût du financement d’un projet, le rendant plus bancable.

Les dons sont un autre moyen de réduire le risque de développement et/ou le coût du capital. Ils sont typiquement offerts aux projets qui ne pourraient pas démarrer sans aide financière, et dont on attend un impact social ou économique positif. Par exemple, les études initiales du projet peuvent être financées par du don, évitant ainsi à un développeur privé de risquer son argent pour un projet qui pourrait s’avérer non faisable. Des dons peuvent également être consentis pour couvrir une partie de l’investissement. S’il est rare d’utiliser du don pour des projets solaires de grande taille, cela peut être le cas pour des projets de type mini-réseau à fort impact social, ou pour des projets utilisant une technologie novatrice.

3.1.6 Instruments pour mitiger les risques

Un des plus grands risques présents dans le développement de projets solaires en Afrique subsaharienne est le risque de non-paiement de l’acheteur, particulièrement si l’acheteur est une société nationale d’électricité dont la santé financière est fragile. Ce risque, perçu comme élevé, augmente la difficulté d’attirer des investissements.

Pour pallier cet important problème, l’Etat peut mettre en place une garantie souveraine. Par cette garantie, l’Etat s’engage à assumer les obligations d’un tiers si celui-ci fait défaut à ses obligations de paiement. Par exemple, de nombreux secteurs d’électricité en Afrique sont caractérisés par des sociétés nationales d’électricité qui sont les acheteurs uniques d’électricité sur le réseau. Un gouvernement pourra offrir une garantie aux investisseurs d’une centrale solaire, pour le cas où la société nationale d’électricité n’est plus capable de payer les tarifs prédéterminés pour la production de l’énergie solaire. Ce type de garantie souveraine est très fréquent : le Sénégal par exemple en a mis en place pour tous ses IPPs.

D’autres instruments existent, offerts par les institutions financières de développement ou par des institutions spécialisées. Les garanties partielles de risque des institutions financières de développement (IFD) sont abordées plus en détail au Chapitre 5. Plusieurs établissements offrent des également des assurances contre les risques politiques. Celles-ci peuvent couvrir l’expropriation, les actes de guerre, les troubles civils, les violations de contrat, la non-convertibilité, et la restriction de transfert. Parmi les fournisseurs de l’ARP sont l’Agence Multilatérale de Garantie des Investissements (MIGA), une agence de la Banque mondiale,

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l’Overseas Private Investment Corporation (OPIC), l’Agence pour l’Assurance du Commerce en Afrique (ACA), et la Banque Européenne d’Investissements (BEI) de l’Union Européenne. 15

>> Document de référence

Comprendre le financement des projets d’énergie – Power Africa http://cldp.doc.gov/sites/default/files/FrenchPowerProjectFinance.pdf

Les développeurs, apporteurs de fonds propres

Le rôle des développeurs en apport de fonds propres

L’apport des fonds propres des développeurs est nécessaire à plusieurs stades du projet. Au début de la phase de développement, le niveau de risque est élevé. D’après des entretiens avec des acteurs du marché privé menés dans le cadre de la rédaction du présent Module, le développement des projets solaires en Afrique peut prendre de 2 à 8 ans. Les études préliminaires, les négociations avec le gouvernement pour un contrat d’achat d’électricité, trouver un terrain et acquérir des permissions pour l’exploiter, et mettre en palce les instruments de mitigation du risque, etc., peuvent s’avérer de tâches très longues. Comme il est difficile de trouver des prêteurs pour financer ces stades de développement, les développeurs y apportent souvent leurs fonds propres.

Les développeurs qui financent les premiers stades (« early stages ») d’un projet solaire ne sont pas nécessairement les mêmes qui contribuent au financement de sa construction. Différents développeurs ont des appétits différents pour le risque. Il y en a qui sont présent dès les stades préliminaires d’identification du projet, avant d’avoir un terrain ou un contrat d’achat d’électricité, qui opèrent quand les risques du projet sont très élevés. Il y en a d’autres qui entrent au stade de la pré-construction, pour aider au financement de la construction. Il y en a d’autres encore qui attendent que la construction soit achevée pour acheter le projet, souvent en permettant les développeurs initiaux de sortir du projet ( « exit »).

Les développeurs contribuent à 40% des investissements en énergie renouvelables

D’après l’IRENA, entre 2013 et 2017, les développeurs de projet ont contribué en moyenne à 40% des investissements privés globales en énergie renouvelable. Ces investissements sont attribuables aux développeurs en Chine, au Japon, au Royaume-Uni et aux États-Unis.16 En 2016, les 15 plus grands développeurs solaires internationaux représentaient 26.4 GW de capacité installée et plus de 40 GW annoncée. Les cinq plus grands développeurs internationaux (basé sur la capacité installée ou en développement) en 2015 étaient GCL New Energy, First Solar, Canadian Solar, Total (SunPower et Eren), et SunEdison.17

Développeurs internationaux en Afrique

15 http://cldp.doc.gov/sites/default/files/FrenchPowerProjectFinance.pdf 16 https://www.irena.org/-/media/Files/IRENA/Agency/Publication/2018/Jan/IRENA_Global_landscape_RE_finance_2018.pdf 17 https://www.greentechmedia.com/articles/read/here-are-the-top-global-solar-developers#gs.4vTXilg

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La plupart de leurs investissements se font dans les marchés matures comme les États-Unis et le Japon. Mais les développeurs internationaux s’intéressent également aux gros projets commerciaux dans les économies émergentes. L’Amérique Latine, le Moyen Orient et l’Afrique du Nord, et L’Afrique subsaharienne représentait 12% pourcent des projets opérationnels et 28% des projets en développement d’énergie renouvelable. 18

De nombreux développeurs internationaux sont présents en Afrique de l’Ouest, et en Afrique en général. La table ci-dessous représente une liste non-exhaustive de développeurs qui investissent et qui développent les projets solaires :

Développeurs solaires internationaux présents en Afrique

Berkeley Energy Gigawatt Global ResponAbility

Biotherm Energy Greenwish Partners Scatec Solar

EDF JCM SolarReserve

Enel Green Power Lekela Power

Engie Neoen

Le rôle des développeurs locaux

Les partenariats entre les développeurs internationaux et des partenaires locaux sont fréquents. 19 D’après nos entretiens avec des parties prenantes du secteur solaire en Afrique de l’Ouest, la collaboration avec des partenaires locaux sont très importantes et souvent requises. Le partenariat avec des compagnies locales permet aux développeurs internationaux d’acquérir un partenaire avec des connaissances du marché local, ainsi que de distribuer le risque.20 Notre premier exemple du financement d’un IPP solaire au début du chapitre détaille un partenariat entre Scatec Solar, un développeur international, et Africa Power 1, un développeur malien.

Les fonds d’investissement

Le terme « fonds d’investissement » désigne un ensemble de fonds collectifs appartenant à divers investisseurs. Ces fonds sont placés dans différents produits financiers comme par exemple des actions, obligations21, ou des prêts, et gérés par un gestionnaire de fonds qui représente les investisseurs en échange de frais de gestion.22 La mise en commun des fonds permettent aux investisseurs d’accéder aux grands projets d’investissements, comme par exemple les projets d’infrastructure. Ils permettent aussi aux investisseurs de minimiser leurs risques en diversifiant leur investissement.

Types d’investisseurs

Les fonds d’investissements regroupent les investisseurs institutionnels tels que les banques, les fonds mutuels, les fonds de pension, les compagnies d’assurance, les fonds spéculatifs (« hedge funds »), les fonds de placement immobilier, les fonds de gestion du patrimoine

18 https://www.greentechmedia.com/articles/read/here-are-the-top-global-solar-developers#gs.4vTXilg 19 https://www.greentechmedia.com/articles/read/here-are-the-top-global-solar-developers#gs.4vTXilg 20 https://www.greentechmedia.com/articles/read/here-are-the-top-global-solar-developers#gs.4vTXilg 21 https://idees.banquenationale.ca/comment-fonctionne-un-fonds-dinvestissement/ 22 http://cldp.doc.gov/sites/default/files/FrenchPowerProjectFinance.pdf

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(« family office ») et les conseillers en investissements. Ils regroupent aussi le « private equity » : les fonds et les investisseurs qui investissent dans des entreprises privées qui ne sont pas cotées en bourse.

Source: Market Business News

L’ Afrique sub-saharienne attire surtout des fonds spécialisés

Au niveau mondial, les fonds d’investissement (investisseurs institutionnels et private equity) ne jouent encore qu’un rôle mineur dans les énergies renouvelables : chacune de ces catégories représentait 1% des investissements totaux dans les projets d’énergie renouvelable sur la période 2013-2017.23 En Afrique subsaharienne, la participation des fonds d’investissements généralistes dans les projets de centrales solaires est encore limitée du fait du profil de risque élevé de ces projets.

Mais certains fonds spécialisés font le choix de se concentrer sur les infrastructures, l’énergie, et les énergies renouvelables, et ciblent particulièrement l’Afrique subsaharienne. Ces fonds investissent souvent aux côtés des banques de développement et des développeurs, et prennent avantages des mécanismes tels que les subventions et garanties abordées précédemment.

Le tableau ci-dessous présente une liste de fonds spécialisés actifs dans le développement des infrastructures en Afrique subsaharienne, et notamment des projets solaires. Cette liste comporte des fonds privés, public-privés, et publics. Le paysage de fonds d’investissements est vaste, et la liste n’est pas exhaustive.

Fonds Description

Meridiam Meridiam est une société d’investissements basée à Paris spécialisée dans le développement, le financement, et la gestion de projets d’infrastructure à long terme. Ils ont une participation en capital dans Senergy, une centrale solaire de 29.5 MW au nord-est de Dakar qui est opérationnelle depuis 2017. 24

23 https://www.irena.org/-/media/Files/IRENA/Agency/Publication/2018/Jan/IRENA_Global_landscape_RE_finance_2018.pdf 24 http://www.meridiam.com/en/

Source: Private Equity Jobs Digest

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Fonds Description

IFC InfraVentures

IFC InfraVentures est un fond global crée par la Banque Mondiale qui investit dans le développement des projets d’infrastructure et qui a pour but d’augmenter le pipeline de projets bancables dans les économies émergentes. Il se focalise sur les premières phases de développement de projet d’infrastructure.25 IFC Infraventures a participé au financement du projet solaire de Segou au Mali en investissant US$15 million de ses propres fonds pour une participation de 20% dans le projet de 33 MW qui est développer par Scatec Solar et Africa Solar 1, un développeur local.26

Access Infra Africa

Access Infra Africa est un fond qui a été lancé par Access Power MEA, une société siégée à Dubai qui développe des projets d’énergie, et EREN, une société luxembourgeoise, dont la filiale Total Eren développe et investit dans des projets d’énergie renouvelable à travers le monde. Les partenaires ont pour but d’acquérir un portfolio en énergie renouvelable de US$500 million.27 Access Infra Africa a participé au financement de la centrale solaire de 25 MW à Koutiala au Mali.

Africa Infrastructure Investment Managers (AIIM)

Africa Infrastructure Investment Managers (AIIM) est une société d’investissements qui développe et gère des fonds de private equity. Ils investissent dans des projets d’infrastructure à long terme en Afrique. Leur fond Africa Infrastructure Investment Fund 3 (AIIF3) a pris une participation de 51% dans la société Windiga Energy Burkina qui a développer une centrale solaire IPP au Burkina Faso à Zina.28

Emerging Africa Infrastructure Fund

Emerging Africa Infrastructure Fund est un partenariat public-privé qui mobilise du capital de sources public et privé, et qui l’investit sous forme de dette dans des projets privés d’infrastructure en Afrique subsaharienne. Leur portfolio comprend plusieurs projets solaires : le projet Tororo PV Solar North en Uganda et le projet Gigawatt Global au Rwanda. Ils ont aussi investi dans une centrale électrique de fioul lourd au Sénégal et deux centrale électrique de gaz en Côte d’Ivoire.29

Helios Private Equity

Helios Private Equity est un fond d’investissements privés qui fait des investissements de private equity et de dette en Afrique. Leur portfolio comprends des compagnies qui développe des projets d’énergie tels que Africa Oil Corp, Axxela, Eland, Impact Oil & Gas, OVH Energy, Petrobas Africa, Vivo Energy, et Zola Electric.30

Africa50 Africa50 est une banque d’investissement établie par la Banque africaine de développement qui se focalise sur les projets d’infrastructure dans les secteurs d’énergie, de transport, d’ICT et d’eau. Africa50 suit un modèle d’investissement de private equity, prenant une participation minoritaire du capital de projets en partenariat avec les autres sponsors et développeurs du projet. Africa 50 a participé dans plusieurs projets d’énergie : la centrale solaire Nova Scotia de 100 MW au Nigéria, la centrale solaire Benban de 400 MW en Égypte, et la centrale thermique Malicounda de 120 MW au Sénégal.31

25 https://www.ifc.org/wps/wcm/connect/Industry_EXT_Content/IFC_External_Corporate_Site/Infrastructure/Priorities/Innovation/Infraventures 26 https://ifcext.ifc.org/ifcext%5CPressroom%5CIFCPressRoom.nsf%5C0%5CCB40AD1D6E4B31C485257E7D006A69AE 27 http://www.access-power.com/news-publications/access-and-eren-launch-largest-privately-funded-africa-focused-power-development-company 28 https://aiimafrica.com/ 29 https://www.eaif.com/ 30 https://www.heliosinvestment.com/our-investments/private-equity#list 31 https://www.africa50.com/focus-areas-projects/

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Fonds Description

Norfund Norfund est l’institution de financement du développement du gouvernement de Norvège. Norfund fait des investissements de private equity en apportant des fonds propres et des prêts dans des projets individuels ainsi que dans des société de développeurs de projets. Ses investissements dans les projets solaires en Afrique incluent la centrale solaire Mocuba en Mozambique, la centrale solaire de Gigawatt Global au Rwanda, ainsi que plusieurs centrales solaires en Afrique du Sud de Scatec.32

Berkeley Energy

Berkeley Energy est un gestionnaire de fonds en énergies renouvelables qui investit dans les marchés émergents d’Afrique et d’Asie. Le Africa Renewable Energy Fund (AREF) est un fond d’investissement coparrainé par Berkeley Energy et la Banque africaine de développement33 de $200 million qui investit dans les secteurs d’énergie d’hydroélectrique, éolienne, géothermique, solaire. Jusqu’ici, ils ont un investissement dans le solaire (et plusieurs autres dans d’autres énergies), où ils ont investi dans le développeur solaire ghanéen Azimuth qui a des projets solaires au Ghana et au Kenya.34 Les investisseurs du fonds incluent la Banque Africaine du développement, le fond d’investissement privé CDC Group, Global Energy Efficiency and Renewable Energy Fund (GEEREF), La Banque européenne d’investissements, Global Environment Fund (GEF), Sustainable Energy Fund for Africa (SEFA), et la Banque ouest africaine de développement, Ecowas Bank for Investment and Development (EBID), et Calvert Investments, entre autres.35

L’intérêt des investisseurs privés va croissant

Bien que les projets d’investissements de centrales solaires en Afrique subsaharienne ont des risques trop élevés pour de nombreux investisseurs internationaux, ils ont néanmoins un intérêt croissant dans ces projets. En effet, plusieurs investisseurs commencent à se tourner vers le marché africain pour des opportunités d’investissements en énergie renouvelable puisque la demande d’énergie dans les marchés matures comme en Europe est en déclin.

>> Document de référence

Africa 2030: Roadmap for a Renewable Energy Future - IRENA http://www.irena.org/DocumentDownloads/Publications/IRENA_Africa_2030_REmap_2015_low-res.pdf

32 https://www.norfund.no/investments/category857.html#offset=0|sortOrder= 33 https://www.bloomberg.com/research/stocks/private/snapshot.asp?privcapId=252593249 34 https://www.berkeley-energy.com/project/azimuth/ 35 https://www.africa-eu-renewables.org/_funds/berkeley-energy-african-renewable-energy-fund-aref/

Un fonds allemand s’intéresse aux projets solaires en Afrique

En 2018, Allianz, un fond allemand d’assurances et de gestion d’actifs, a investi 75 million d’euros et $25 millions de dette à maturité de 12 ans dans le Emerging Africa Infrastructure Fund (EAIF). EAIF est un fond du groupe Private Infrastructure Development Group (PIDG), qui mobilise des financements publics et privés pour investir dans les projets d’infrastructure des pays en développement. Allianz était le premier investisseur privé dans le fond EAIF.

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Les banques commerciales, encore peu présentes dans le solaire en zone UEMOA

3.4.1 Trois angles d’approche pour les banques commerciales

Les banques commerciales peuvent participer au développement du solaire suivant principalement trois angles :

1. Des prêts accordés dans le cadre de financement de projets d’énergie solaire.

2. Des prêts accordés dans le cadre de projet solaire pour l’autoconsommation ou l’autoproduction

3. Des prêts accordés aux entrepreneurs locaux intervenant dans le solaire hors réseau.

La participation des banques commerciales dans la première catégorie reste plutôt très faible, voire inexistante en Afrique. En effet, ce secteur reste très concurrentiel pour les banques commerciales grâce à l’appui des Banques de Développement et autres Institutions Financières Internationales qui offrent des prêts concessionnels ou à des taux très bas et des garanties aux développeurs. Comme un de nos interviewés l’a indiqué, la recherche permanente de tarifs très bas ne permet pas d’envisager une participation accrue des banques commerciales dans ce segment.

Le deuxième segment qui concerne l’autoconsommation ou l’autoproduction pour le bénéfice de personnes privées ou des sociétés tels que les miniers peuvent constituer une opportunité pour les banques commerciales. Les sociétés minières qui sont en général énergivore et ont besoin d’une indépendance énergétique disposent souvent d’installation indépendante. Grâce à leur capacité financière, ils sont en mesure de supporter les coûts court-terme d’installation d’énergie renouvelable ou s’engager dans des contrats long-terme. Ces sociétés présentent un profil moins risqué et peuvent répondre aux exigences des banques commerciales qui sont en général très réticent aux risques. Le box ci-dessus présente le cas de la centrale solaire d’Essakane Solar au Burkina qui a été financé grâce à la Banque Internationale pour le Commerce, l’Industrie et l’Artisanat du Burkina (BICIAB) pour un montant de 9.2 milliards de francs CFA36. Elle est destinée à la consommation de la mine d’or d’Essakane37.

Le dernier segment concerne les PME et Start-up qui sont particulièrement actifs dans le solaire hors réseau à travers les kits solaires et les lanternes solaires. On assiste au développement en Afrique de plusieurs start-up et PME intervenant dans le secteur des énergies renouvelables en

36 https://eren-groupe.com/wp-content/uploads/2017/11/20172111-EREN-RE-Essakane-Financial-Close-FR.pdf 37 http://aemp.co/french/documents/Press%20Release%20Essakane%20Solar%20-%20French.pdf

Centrale solaire d’Essakane Solar

La centrale solaire d’Essakane Solar est situé à environ 330 km de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, et dispose d’une capacité de 15 MWc. Le projet a été développé par EREN Renewable Energy (90%) et AEMP (10%). IAMGOLD Essakane S.A a signé un contrat d’achat d’électricité d’une durée de 15 ans avec les promoteurs pour les besoins énergétiques de la mine d’or qu’elle exploite à Essakane.

La BICIAB a participé au financement du projet à hauteur de 9,2 milliards de F CFA à travers un prêt senior à recours limité.

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général et des énergies solaires en particulier. Le concours BOAD ouvert aux start-up de l’UEMOA, pour la sélection d’un projet innovant dans le domaine des énergies renouvelables, notamment en matière d’énergie solaire, a reçu plus d’une centaine de candidature malgré les délais assez serrés. La plupart de ces start-up et PME sont locaux et ne peuvent accéder au financement qu’à travers les banques commerciales locales et certaines facilités de financement éventuellement mises en place localement. Ils n’ont généralement pas accès aux marchés financiers pour le financement de leurs activités économiques. Bien qu’ils représentent une opportunité d’intervention dans le développement du solaire pour les banques commerciales, leurs profils restent néanmoins assez risqués comparé aux exigences des banques commerciales, comme nous l’a confirmé un de nos interviewés dans ce secteur.

3.4.2 D’importantes contraintes freinent la participation des banques commerciales

A travers les analyses effectuées et les interviews réalisées dans le cadre de la préparation du présent Module, il ressort trois principales contraintes qui limitent la participation des banques commerciales dans le développement de l’énergie solaire dans la zone UEMOA.

La durée des prêts

Les projets d’infrastructure, y compris ceux d’énergie solaire, ont besoin de financement sur le long terme : 10, 15, 20 ans. Cette spécificité ne semble pas favoriser la participation des banques commerciales dans ces types de projet car ces derniers n’ont pas des facilités d’accès à ce type de ressources, particulièrement dans la zone UEMOA. La plupart reste dans le segment des crédits à court terme ; en Afrique subsaharienne, près de 60% des crédits accordés aurait une échéance inférieure à un an et seulement 2% aurait une échéance supérieure à 10 ans38. Les Institutions Financières de Développement sont mieux outillées pour les financements à long terme dans le secteur des infrastructures en général.

Le coût de la dette

Le coût de la dette reste une grande contrainte pour l’accès au financement dans la zone de l’UEMOA, particulièrement pour les entreprises privées. Les taux sont souvent jugés prohibitifs de par leur niveau comparé aux réalités internationales. La Figure montre une tendance baissière depuis 2009 des taux d’intérêt débiteurs moyen dans la zone UEMOA, mais à 6.93% le niveau reste toujours élevé. L’analyse par nature de cette évolution montre d’ailleurs qu’il y a une hausse du taux débiteur de 0,07 points pour les entreprises privées entre 2016 et 201739.

38 https://afrique.latribune.fr/think-tank/tribunes/2017-02-25/le-defi-du-financement-bancaire-a-long-terme-en-afrique-subsaharienne.html 39 https://www.bceao.int/sites/default/files/2018-08/Rapport%20sur%20les%20conditions%20de%20banque%20dans%20l%27UEMOA%20-%202017.pdf

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Figure 3-1: Evolution du taux d’intérêt débiteur moyen dans les pays de l’UEMOA

Source : BCEAO

Le profil risqué des entrepreneurs locaux

Le manque de mécanisme garantissant les crédits accordés aux PME et Start-up dans la zone UEMOA limitent considérablement leur accès au financement des banques commerciales. Un de nos interviewés d’une société financière de la place a corroboré que le profil des PME et Start-up intervenant dans un secteur nouveau tel que le solaire était encore trop risqué pour rassurer un accompagnement des banques commerciales. A moins d’une mise en place de mécanismes de garantie appropriées, ce facteur limitera la participation des banques commerciales en attendant la maturité du marché.

3.4.3 Des améliorations de l’environnement pourraient favoriser la participation des banques commerciales

Nous présentons ci-dessous quelques solutions qui pourraient aider à améliorer la participation des banques commerciales dans le développement du solaire dans la zone UEMOA.

La mise en place d’un fonds de garantie pour les PME

Une des solutions pour faciliter l’octroi de crédit aux PME et Start-up est la mise en place de dispositifs de garantie. Certains pays de l’UEMOA ont mis en place des fonds de garantie nationale mais le taux de couverture reste souvent assez faible pour rassurer les banques commerciales. C’est le cas du Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP) au Sénégal qui garantit des crédits bancaires pour le financement des projets porteurs de croissance dans les secteurs prioritaires et refinance des institutions de micro finances pour leur permettre d’accorder des crédits aux Micros Petites et Moyennes Entreprises (MPME). Une des banques commerciales locales rencontrées suggère un plafond de garantie à hauteur de 75% du risque pour encourager les banques commerciales locales à octroyer des prêts aux

7.828.14

8.57 8.39 8.327.99

7.567.26

7.01 6.93 6.93

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Taux d'intérêt débiteur moyen

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PME et Start-up. Un fonds de garantie sous régional avec plus de capacité pourrait être une alternative.

La promotion de la participation des banques commerciales dans le développement de projet solaire par les banques et institutions financières de développement

L’une des réalités à considérer dans la participation limitée des banques commerciales dans le développement de projet d’infrastructure de type solaire est la complexité du montage financier et de l’analyse des risques. Les banques locales ne disposent souvent pas de suffisamment de capacités pour s’investir dans ce secteur. Une solution pourrait provenir des Banques Multilatérales de Développement (BMD) et des Institutions Financières de Développements (IFD) en cofinançant des projets avec les banques locales. De par leurs capacités financières et techniques, les BMD et les IFD pourraient supporter plus de risques dans le financement et participer au renforcement de capacités des banques commerciales en termes de compréhension des caractéristiques des projets d’énergie solaire et d’évaluation des risques inhérents à ces projets. En guise d’exemple, l’IFC prévoit de lancer un nouveau programme de renforcement des capacités et de formation pour les banques en Côte d’Ivoire dans le but d’accélérer les investissements dans les énergies renouvelables40.

La facilitation de l’accès au financement des banques commerciales

L’accès au financement des banques commerciales locales constitue une des raisons qui expliquent leurs difficultés à accorder des financements de projets à long terme et leurs taux d’intérêt assez élevés. Plusieurs approches pourraient faciliter l’accès au financement des banques commerciales :

Une des solutions pour un accès à un financement à moindre coût pourrait provenir des BMD et des IFD en accordant aux banques commerciales locales des crédits à des taux préférentiels qu’elles utiliseraient pour accompagner le secteur privé à des taux raisonnables et éventuellement sur un long terme. La ligne verte de l’Agence Française de Développement (AFD) SUNREF (Sustainable Use of Natural Resources and Energy Finance) permet d’accorder des prêt à des banques partenaires locales qui reçoivent des primes à l’investissement et un accompagnement technique gratuit41. Cette facilité permet ainsi à des banques locales de faire des prêts dans des secteurs comme le solaire à des taux débiteurs beaucoup plus compétitifs. Actuellement l’AFD a établi dans le cadre du programme SUNREF des partenariats avec 4 banques de l’Afrique de l’Ouest (SGBS, Oragroup, SGBCI et Société Générale Bénin).

L’amélioration du taux de bancarisation est également un levier qui pourrait augmenter l’épargne disponible au niveau des banques commerciales et en conséquence leur capacité de financement. Le taux de bancarisation dans la zone UEMOA reste encore très faible avec une moyenne de 15,91% en 2016. La figure ci-dessous Error! Reference source not found.donne une idée de ce taux par pays.

40 https://www.ifc.org/wps/wcm/connect/646f5cc6-8d91-4fac-b20e-5693cca8d32f/20180629_Unlocking-Private-Investment-Cote-d-Ivoire_French_v1.pdf?MOD=AJPERES 41 https://www.sunref.org/

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Figure 3-2: Taux de bancarisation des pays de l’UEMOA (2016)

Source : BCEAO

19.10%

16.40%

19.70%

10.90%

13.60%

6.30%

18.50%

22.80%

Bénin Burkina Faso Côte d'Ivoire Guinée Bissau Mali Niger Sénégal Togo

Taux de bancarisation

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4Fonds climat et obligations vertes

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Le rôle des fonds climats et obligations vertes dans le solaire

Les fonds climats et obligations vertes sont des fonds réservés aux investissements dans des projets qui protègent l’environnement, qui mitigent le changement climatique, ou des programmes d’adaptation au changement climatique. Des exemples peuvent inclure des projets pour protéger les ressources environnementales telles que les forêts, des programmes d’adaptation pour des communautés vulnérables au changement climatique, ainsi que des projets d’énergie renouvelable. Les fonds climats et obligations vertes peuvent apporter des financements en forme de dons, de financement concessionnel, où tout simplement des fonds réservés pour les investissements verts. Les fonds climats et obligations vertes sont fréquemment utilisés comme source de financement dans les projets solaires. En Afrique de l’Ouest où le coût du financement des centrales solaires peut être élevé, les fonds climats et obligations vertes peuvent apporter du financement à termes favorables qui aide à baisser le coût moyen de financement. Comme un grand nombre de fonds climats et obligations vertes sont des initiatives crées par des institutions multilatérales de développement, leur participation à un projet solaire peut aussi donner crédibilité au projet et rassurer les investisseurs privés.

Fonds climats

4.2.1 Qu’est-ce qu’on fonds climat ?

Les fonds climats sont des mécanismes de financement qui ont pour but de réduire les émissions de carbone, d’augmenter les puits de carbone (tels que les forêts), et d’améliorer la résilience des systèmes écologiques faces aux effets néfastes du changement climatique.42 Les fonds climats couvrent non seulement l’énergie renouvelable, mais toute autre activité qui aide à mitiger le changement climatique. Ils regroupent plusieurs mécanismes de financement, tels que la dette, les fonds propres, les dons, les garanties, et les lignes de crédit. Ils s’engagent dans les activités de mitigation face au changement climatique, ainsi qu’aux activités d’adaptation.

Les fonds climats distribués par 6 grandes banques multilatérales43 de développement ont augmenté en 2017 pour atteindre US$35.2 billion, une augmentation de 28% en comparaison avec l’année précédente. La hausse importante était causée par l’urgence croissante du changement climatique et des efforts mobilisés à la suite de l’Accord de Paris de 2015. Un des rôles des fonds climats est de faire des investissements qui créent des conditions propices et attirent des investissements privés (en anglais « crowd-in investments »). 44

42 https://unfccc.int/sites/default/files/2014_ba_summary_and_recommendations_by_scf_on_the_2014_ba.pdf 43 La Banque africaine de développement, la Banque asiatique de développement, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, la Banque européenne de développement, la Banque interaméricaine de développement, et le groupe de la Banque mondiale (Banque mondiale, Société financière internationale, et MIGA) 44 https://www.worldbank.org/en/news/press-release/2018/06/13/mdb-climate-finance-hit-record-high-of-us352-billion-in-2017

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4.2.2 Les fonds climat en Afrique sub-saharienne

L’Afrique subsaharienne a été en 2017 le deuxième plus gros bénéficiaire des fonds climats distribués par 6 grandes banques multilatérales, après l’Amérique latine. L’investissement total a été de 5712 millions de dollars US sur l’année.45 La majorité des fonds ont été distribué sous forme de dette.46

Il y a de nombreux fonds climats qui offrent du financement pour des projets en Afrique subsaharienne. Quatre de ces initiatives sont présentés comme exemples ci-dessous, avec une plus longue liste qui suit.

Le Climate Investment Funds (CIF) est un programme de $6.5 milliards mis en œuvre par plusieurs banques multilatérales de développement. Ce programme finance des projets d’énergies renouvelables, de résistance aux chocs climatiques, d’accès à l’énergie, et de conservation forestière en offrant des prêts et des dons. Ils investissent par l’intermédiaire de plusieurs fonds, dont le Clean Technology Fund (CTF) et le Scaling Up Renewable Energy Program (SREP). Le CIF a des programmes dans 72 pays à revenu intermédiaire et en développement, et de nombreux pays Africains ont bénéficié de ces initiatives. Au Mali, par exemple, ils ont participé au financement du projet Ségou avec un prêt de $25 millions.

Le Fonds verts pour le climat est un mécanisme financier de l’Organisation des Nations Unies lié à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Son objectif est de transférer des fonds des pays les plus avancés aux pays les plus vulnérables aux effets des changements climatiques. Leurs investissements peuvent être sous forme de dons, de prêts, de fonds propres, ou de garanties. Jusqu’ici, ils ont engagé $16.4 milliards dans 93 projets d’adaptation et de mitigation, 36 d’entre eux étant en Afrique.47

Le IRENA/ADFD Project Facility est une initiative jointe entre le International Renewable Energy Initiative (IRENA) et le Abu Dhabi Fund for Development (ADFD) pour aider à financer les projets d’énergie renouvelable dans des pays en développement. À ce but, le ADFD a engagé US$350 millions en prêts concessionnels pour des projets d’énergie renouvelable recommandés par IRENA.

Le ECOWAS Renewable Energy Facility (EREF) est un programme géré par le Secretariat de ECOWAS Centre for Renewable Energy and Energy Efficiency (ECREEE) siégé à Praia, Cape Verde, qui offre des petites bourses aux projets d’énergie renouvelable et d’efficacité énergétique dans les zones rurales et peri-urbaines. Dans leur première phase, ils prévoient soutenir 41 projets avec une somme de 1 million d’euros.

Une liste plus longue se trouve ci-dessous. Cette liste n’est pas exhaustive.

45 http://www.ebrd.com/2017-joint-report-on-mdbs-climate-finance 46 https://www.worldbank.org/en/news/press-release/2018/06/13/mdb-climate-finance-hit-record-high-of-us352-billion-in-2017 47 https://www.greenclimate.fund/home

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Liste de fonds climats qui investissent en Afrique

Africa Water Facility ECOWAS Renewable Energy Facility (EREF)

OPIC – Africa Clean Energy finance Initiative (ACEF)

AfDB Facility for Energy Inclusion Emerging Africa Infrastructure Fund (EAIF)

Pan-Arab Clean Energy Initiative (PACE)

Africa Clean Energy Corridor Energy Access Fund - FMO Promoting Climate-Smart Agriculture in West Africa

Africa Renewable Energy Fund Energy Access Ventures RECPT - Finance Catalyst

Africa Renewable Energy Initiative ( AREI)

Energy Catalyst Program Regional Liquidity Support Facility (RLSF)

African Infrastructure Investment Managers (AIIM)

Facility for Agricultural Finance in Africa (FAFINA)

Renewable Energy Performance Platform

African Risk Capacity - Xtreme Climate Facility

GEEREF – EIB responsAbility

Berkeley Energy GEF Small Grants Programme Rwanda's Green Fund (FONERWA)

Canada-IFC Renewable Energy Program for Africa

GPOBA Results based Financing SunFunder

Climate Action Peer Exchange (CAPE)

Green Climate Fund Example: KawiSafi Ventures Fund by GCF

Sustainable Energy Fund for Africa

Climate Investment Funds IFC Canada Climate Change Program

TEA - Transforming Energy Access

Climate Investor One/ Fund Managers

InfraCo Africa The Africa Enterprise Challenge Fund. (AECF)

ClimDev-Africa Special Fund International Climate Initiative (IKI) The Seed Capital Assistance Facility SCAF – UNEP

DBSA project preparation facility IRENA/ADFD Project Facility The United States African Development Foundation

Development Bank of Southern Africa

Off-Grid Energy Access Fund (OGEF)

USTDA – Power Africa

Obligation vertes

4.3.1 Qu’est-ce qu’un obligation verte ?

Les obligations vertes constituent une des solutions de financement pour des investissements liés au climat et à l'environnement. Une obligation verte est un titre de créance émis pour mobiliser des capitaux spécifiquement pour soutenir des projets climatiques ou environnementaux. A l’image des autres obligations traditionnelles, les obligations vertes peuvent être émises par des entreprises privés, des banques multilatérales de développement, des institutions internationales de financement ou des entités publiques.

Le marché des obligations vertes reste très récent globalement et commence à se développer en Afrique. Il connaît un essor fulgurant entre 2010 où le marché était estimé à 4 milliards USD et fin 2015 où il atteignait 91 milliards USD48.

Selon les principes des obligations vertes (GBP)49, initiés par un groupe de banques, les projets verts éligibles incluent, sans s’y limiter :

48 https://www.ieif.fr/revue_de_presse/les-obligations-vertes-en-plein-essor-manquent-de-certification 49 https://www.icmagroup.org/green-social-and-sustainability-bonds/green-bond-principles-gbp/

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Les énergies renouvelables

L’efficacité énergétique

La prévention et le contrôle de la pollution

La gestion écologiquement durable des ressources naturelles vivantes et de l'utilisation des terres

La conservation de la biodiversité terrestre et aquatique

Le transport propre

La gestion durable de l'eau et des eaux usées

L’adaptation au changement climatique

Les produits, technologies de production et processus de production adaptés à l'éco-efficacité et / ou à l'économie circulaire

Les bâtiments verts.

La figure ci-dessous montre la procédure utilisée par la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement, de la Banque Mondiale, pour le financement avec des obligations vertes. Ce processus plus ou moins similaire est adopté par les différents investisseurs avec des obligations vertes.

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Figure 4-1: La procédure de la Banque Mondiale (BIRD) pour les obligations vertes

Source : Groupe Banque Mondiale50

4.3.2 Quelques acteurs du marché des obligations vertes qui peuvent intervenir dans la zone UEMOA

La Banque Africaine de Développement (BAD)

La BAD a émis ses premières obligations vertes en octobre 2013 pour un montant de 500 millions USD. Ce produit vise à appuyer le financement de projets à faible intensité de carbone et adaptés au changement climatique, conformément à la stratégie à long terme de la BAD51. La figure ci-dessous donne des exemples de financements verts par la BAD dans la zone UEMOA.

50 http://documents.banquemondiale.org/curated/fr/400251468187810398/pdf/99662-REVISED-WB-Green-Bond-Box393208B-PUBLIC.pdf 51 https://www.afdb.org/fr/news-and-events/afdb-launches-3-year-usd-500-million-inaugural-green-bond-12359/

L'émetteur surveille la miseen œuvre des projets verts etfournit des rapports surl'utilisation du produit et lesimpacts attendus sur ladurabilité environnementale.

4. Surveiller et reporter

L'émetteur indique commentil va séparer le produit desobligations vertes etprocéder à des allocationspériodiques eninvestissements éligibles. LaBanque mondiale crédite leproduit des obligationsvertes sur un compte spécialet investit les fondsconformément à sa politiquede liquidité conservatricejusqu'à ce qu'ils soientutilisés pour soutenir desprojets d'obligations verteséligibles. Les fonds sontalloués périodiquement pourun montant égal auxdécaissements des projetséligibles.

3. Réserver et allouer le produit

Tous les projets de la Banquemondiale - y compris lesprojets soutenus par sesobligations vertes - sontsoumis à un processusd'examen et d'approbationrigoureux, qui comprend undépistage précoce,l'identification et la gestiondes impactsenvironnementaux et / ousociaux potentiels etl'obtention de l'approbationdu conseil d'administrationde la Banque.

Par la suite, les spécialistesde l’environnementexaminent les projetsapprouvés afin dedéterminer ceux quirépondent aux critèresd’éligibilité de la Banquemondiale en matièred’obligations vertes.

2. Établir un processus de sélection de projet.

L’émetteur définit le type deprojets verts qu’il cherche àsoutenir avec des obligationsvertes. Pour la Banquemondiale, ces projetséligibles doivent soutenir latransition vers undéveloppement sobre encarbone et une croissancerésiliente au climat. Lescritères de sélection sontsouvent examinés et évaluéspar un expert externe afin defournir aux investisseursl'assurance qu'ils répondentaux définitions techniquesgénéralement acceptées.

1. Définir les critères de sélection du projet

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Figure 4-2: Liste des projets verts financés par les obligations vertes de la BAD au 30 juin 2018 dans la zone UEMOA

Nom du projet Pays Type de projet Prêt en devise

Part de financement de la BAD (en million et en devise)

Montant alloués aux projets verts au 30 juin 2018 (en million et en devise)

Projet de train express régional Dakar-Diamniadio-AIBD - Phase I

Sénégal Moyens de transport propres

EUR 182,94 38,26

Projet hydroélectrique de Singrobo-Ahouaty

Côte d’Ivoire

Energie hydroélectrique

EUR 50

Centrale solaire de Ségou Mali Energie solaire EUR 8,35

Source : BAD52

Le Groupe de la Banque Mondiale (GBM)

Le GBM compte parmi les principaux émetteurs d’obligations vertes et acteurs de ce marché dans le monde. Le groupe a lancé ses premières obligations vertes en 2008 pour un montant de 440 millions USD. Depuis cette date jusqu’à fin 2017, il avait levé plus de 16 milliards de dollars par le biais de 200 émissions d’obligations vertes destinées à des investissements climatiques et environnementaux53.

La Banque Européenne d’Investissement (BEI)

Les toutes premières obligations sensibles au climat ont été émises par la BEI en 2007 pour un montant de 600 millions d’EUR. Le produit était destiné aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique54. En 2017, la BEI avait levé plus de 10 milliards d’EUR par ses « emprunts verts »55.

>> Document de référence

What are GREEN BONDS? The World Bank - PPIAF http://documents.banquemondiale.org/curated/fr/400251468187810398/pdf/99662-REVISED-WB-Green-Bond-Box393208B-PUBLIC.pdf

52 https://www.afdb.org/fr/topics-and-sectors/initiatives-partnerships/green-bonds-program/portfolio-selection/ 53 https://www.banquemondiale.org/fr/results/2017/12/01/green-bonds 54 http://www.eib.org/fr/investor_relations/press/2007/2007-042-epos-ii-obligation-sensible-au-climat-la-bei-oeuvre-a-la-protection-du-climat-par-le-biais-de-son-emission-a-l-echelle-de-l-ue.htm 55 http://www.eib.org/fr/infocentre/videotheque/what-is-a-green-bond.htm

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5Le rôles des banques et institutions financières de développement

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Le rôle des banques et institutions financières de développement pour la promotion de l’énergie solaire

5.1.1 La facilitation de l’accès au financement

Les Banques de Développement (BD) et autres Institutions Financières de Développement (IFD) utilisent plusieurs mécanismes pour faciliter l’accès au financement dans le développement des projets d’infrastructures en général et les projets solaires en particulier.

L’encouragement de réforme pour l’amélioration de l’environnement

L’une des principales méthodes utilisées par les BD et les IFD pour attirer les investissements dans les pays en développement est l’amélioration de l’attractivité de l’environnement en encourageant et finançant des réformes essentielles. Dans le secteur de l’énergie, la mise en place des réformes adéquates permet de réduire les inefficacités du marché, de garantir de meilleurs tarifs électriques et de transférer le maximum de risques du secteur public vers le secteur privé.

Le financement de projet et programme

Les BD et les IFD constituent les principales partenaires des développeurs quand il s’agit du financement de projets d’énergie solaire. Elles ont l’avantage de pouvoir offrir des financements à des taux très attractifs (concessionnels ou non-concessionnels). Leurs présences dans les projets constituent également un bon indicateur pour la perception du risque des projets et facilite aux développeurs l’accès au crédit.

Le rehaussement de crédit

Le rehaussement de crédit est un apport de garanties ou d’autres formes de soutien qui permettent d’améliorer les conditions d’un emprunt. Il permet en outre d’atténuer les risques insuffisamment couverts dans les projets. Les différents types de garanties offerts par les BD et IFD, telles que les Garanties Partielles de Crédit (GPC), les Garanties Partielles de Risques (GPR), ou les garanties fondées sur les projets constituent des solutions de rehaussement de crédit. Nous abordons plus en détail les garanties de prêt et les garanties de paiement qui constituent les deux grandes catégories de garanties.

Le rehaussement de crédit fourni par les BD et les IFD présente de nombreux avantages, pour le projet et pour les différentes parties prenantes, parmi lesquels :

L’élargissement des options de financement à la disposition de la société de projet, par exemple en mobilisant les prêteurs commerciaux

La réduction du coût de la dette

L’allongement de l’échéance de la dette du projet56.

56 http://cldp.doc.gov/sites/default/files/FrenchPowerProjectFinance.pdf

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5.1.2 La mise à disposition de garanties

Les garanties offertes par les BD et les IFD constituent un deuxième niveau de rehaussement de crédit en complément de ceux que l’Etat peut fournir, tels que le niveau de crédit de l’Etat et la garantie souveraine d’Etat.

Les garanties des BD et des IFD prennent généralement en charge les obligations financières les plus critiques d’un projet d’énergie, telles que les obligations liées à des projets relatives au service de la dette (prêts ou obligations de projet), ou les obligations de paiement au titre du CAE et des autres contrats de projet57.

Les types de garanties offerts par les BD et les IFD sont généralement regroupés dans deux grandes catégories : les garanties de prêt et les garanties de paiement. Il peut toutefois exister d’autres produits de garanties, de structures et d’instruments proposés par les BD et les IFD à côté de ces deux catégories de garantie.

Garantie de prêt

La garantie de prêt permet d’atténuer le risque de non-paiement par la société de projet des créances dues aux prêteurs du projet, communément appelé défaut du remboursement de la dette, à la suite d’une action ou d’une omission de l’État d’accueil ou de l’acheteur appartenant à l’État. Ce type de garantie bénéficie directement aux prêteurs du projet.

Garantie de paiement

La garantie de paiement bénéficie à la société de projet et peut permettre d’atténuer les risques liés aux obligations suivantes :

Les paiements récurrents effectués par l’acheteur à la société de projet au titre d’un CAE

Les cas particuliers de paiements compensatoires de revenus versés par l’État à la société de projet au titre d’obligations qui incombent à l’État

Les paiements pour résiliation anticipée versés par l’État à la société de projet58.

Nous présentons ci-dessous un tableau qui récapitule le fonctionnement de ces deux types de garantie et un schéma qui montre la structure usuelle des garanties de prêt et de paiement.

Figure 5-1: Les deux principales garanties accordées par les banques et institutions de développement

Type de garantie Couverture Fonctionnement Bénéficiaire

Garantie de prêt Total

Partiel

Garantie pour couvrir les cas où la société de projet n’assure pas les créances dues aux prêteurs du projet

Prêteurs du projet

Garantie de paiement Total

Partiel

Garantie pour couvrir les cas où l’Etat et/ou l’acheteur manquent à leurs obligations en vers la société de projet

Société de projet

57 http://cldp.doc.gov/sites/default/files/FrenchPowerProjectFinance.pdf 58 http://cldp.doc.gov/sites/default/files/FrenchPowerProjectFinance.pdf

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Figure 5-2 : Structure usuelle d’une garantie de prêt et d’une garantie de paiement

Source : Power Africa59 (réadaptation CPCS)

L’avantage des garanties des IFD est que les Etats, qui travaillent sur plusieurs initiatives de développement avec les IFD, seront plus fortement incités à respecter leurs obligations. L’inconvénient de ces garanties est la lourdeur de mise en place, puisqu’il s’agit d’un engagement très important de la part de l’Etat via la Convention d’indemnisation. Elles sont par conséquent plus adaptées aux « gros » projets, qui peuvent absorber les délais et les coûts de leur mise en place.

>> Document de référence

Comprendre le financement des projets d’énergie – Power Africa http://cldp.doc.gov/sites/default/files/FrenchPowerProjectFinance.pdf

Les principales banques et institutions financières de développement intervenant dans le secteur solaire dans la zone UEMOA

Les développeurs de projets solaires se tournent généralement vers les banques de développement et les Institutions Financières Internationales pour accéder à des financements à des coûts compétitifs. Aujourd’hui, ces organisations sont devenus les partenaires incontournables des gouvernements et des développeurs privés pour le développement de projets solaires grâce à leur capacité à fournir des prêts concessifs ou à faibles taux, mais

59 http://cldp.doc.gov/sites/default/files/FrenchPowerProjectFinance.pdf

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également des solutions de maîtrise des risques, de garantie, d’assurance et d’assistance technique.

Nous présentons ci-dessous quelques banques de développement et IFD qui interviennent dans le développement de l’énergie solaire dans la zone UEMOA.

5.2.1 La Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD)

La BOAD est une institution de financement du développement des états de l’UEMOA. Elle est spécialisée et autonome de l’UEMOA. Elle a été créée en 1976 et ses Etats membres sont : le Bénin, le Burkina, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Ses principaux objectifs sont de promouvoir le développement équilibré des Etats membres et de réaliser l’intégration économique de l’Afrique de l’Ouest60.

Les axes d’intervention dans le développement de l’énergie solaire

La BOAD peut intervenir dans les différentes solutions de financement des projets d’énergie solaire grâce à ses propres missions et aux activités des institutions de financement qui lui sont affiliées telles que le Cauris Management qui est une société de Capital Investissement, le GARI qui est un fonds de garantie des investissements privés en Afrique de l’Ouest et le SOAGA (Société Ouest Africaine de Gestion d’Actifs).

Les interventions possibles de la BOAD dans le développement du solaire peuvent se faire à travers :

Des dons

Des dettes souveraines (concessionnel et non-concessionnel)

Des dettes seniors

Des dettes subordonnées

Des garanties

Des fonds propre (direct et indirect)

De la finance climat.

Les investissements dans les secteur des énergies renouvelables (solaire en particulier)

Le tableau ci-dessous récapitule les opérations de la BOAD dans le secteur de l’énergie solaire.

Figure 5-3 : Récapitulatif des opérations bancaires approuvées dans le secteur solaire par la BOAD entre le 01/01/1976 et le 25/10/2018

# Opération Date CA Pays Emprunteur Type Engagement (M FCFA)

Etat du projet

1 Construction d'une centrale solaire photovoltaïque de puissance de 20 MWc à Bissau et de deux mini-centrales

27/09/2017 Guinée Bissau

Etat Prêt 25 000 En cours

60 https://www.boad.org/

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# Opération Date CA Pays Emprunteur Type Engagement (M FCFA)

Etat du projet

solaires photovoltaïques de 1 MWc à Gabu et à Canchungo (Guinée-Bissau)

2 Projet Electrification Rurale par Micro Centrales hybrides NG

14/12/2016 Niger Etat Prêt 12 000 En cours

3 Programme d'Electrification Rurale Décentralisée par SPV.TG

23/09/2016 Togo Etat Prêt 6 000 En cours

4 IMPLANTATION ET D’EXPLOITATION D’UNE CENTRALE PHOTOVOLTAÏQUE DE 50 MWc EN BUILD OWN OPERATE AND TRANSFER (BOOT) A KITA PAR LA SOCIETE AKUO KITA SOLAR SA AU MALI

22/09/2016 Mali Privé Prêt 11 000 En cours

5 Electrification de 177 villages par des mini-centrales solaire photovoltaïques (PNUER 2014-2016)

26/06/2015 Sénégal Etat Prêt 10 000 En cours

Total 64 000

Source : BOAD

Quelques initiatives pour la promotion de l’énergie solaire

L’Initiative Régionale pour l'Energie Durable (IRED). Elle a été mis en place en 2009 sur une proposition conjointe de la Commission de l’UEMOA, de la BCEAO et de la BOAD. Cette initiative répond à la nécessité d’adopter une stratégie de résolution durable de la crise de l’énergie électrique dans les états membre de l’UEMOA. L’IRED fonctionne avec deux dispositifs de financement :

Un Fonds de Développement Energie (FDE)61 de dotation initiale de deux cent cinquante milliards (250 000 000 000) de francs CFA géré par la BOAD. Il s’agit d’un fonds qui octroie des prêts concessionnels pour financer des opérations favorisant l’amélioration du secteur de l’énergie dans la zone UEMOA, ainsi que des plans d’urgence, projets et programmes visant un développement durable du secteur de l’énergie dans la zone. En 2015, le fonds avait déjà financé 11 projets pour un montant de 200 milliards (200 000 000 000)de Francs CFA dont environ 10% pour la mise en œuvre du Programme de Développement des Energies Renouvelables et de l’Efficacité Energétique (PRODERE)62. Le fonds permet également d’apporter des solutions de garantie pour des projets de la zone UEMOA et des prises de participation dans d’autres fonds à des conditions concessionnelles.

Un Fonds Infrastructures qui est un fonds d’investissement privé pour lequel le FDE a pris une participation de 15 milliards (15 000 000 000) de francs CFA. Le reste du financement du fonds est apporté par le secteur privé à travers les

61 http://www.jo.gouv.sn/spip.php?page=imprimer&id_article=7872 62 https://www.mediaterre.org/afrique-ouest/actu,20150409172150.html

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banques locales, les compagnies d’assurances, les bailleurs de fonds, les fonds de pensions, les compagnies pétrolières et d’autres partenaires privés. Ce fonds privé prend des participations, fait des prêts et offre des solutions de garantie aux conditions du marché.

Le programme BOAD-CO2. Le programme constitue la première facilité carbone en Afrique de l’Ouest et vise à éviter 10 millions de tonnes de CO2 entre 2018 et 2022. « Le programme BOAD-CO2 prévoit l’intégration par la BOAD de la certification carbone pour les projets réduisant les émissions CO2 avec des co-bénéfices de développement durable et la valorisation financière des actifs carbone63 ». La BOAD s’est allié dans le cadre de ce programme avec Aera Group qui se charge de gérer toutes les opérations techniques liées à la certification et à la structuration des projets. Ce programme constitue un grand pas pour faciliter l’accès à la finance climatique et sera bénéfique pour les projets d’énergie renouvelable, parmi lesquels les projets solaires.

Concours BOAD ouvert aux start-up de l’UEMOA, pour la sélection d’un projet innovant dans le domaine des énergies renouvelables, notamment en matière d’énergie solaire. La BOAD a lancé ce concours au mois de Septembre 2018 dont l’un des buts principaux est d’encourager l’innovation et de valoriser les compétences des développeurs locaux africains dans le secteur des énergies renouvelables64. Cette initiative qui promeut la création d’emplois verts pour les jeunes participent également à sensibiliser sur le secteur de l’énergie solaire.

La BOAD prévoit une enveloppe annuelle de 50 milliards de francs CFA pour le climat d’ici à 202165. Cette initiative vise à accroître le portefeuille climat de la BOAD et favoriserait l’accès au financement des projets d’énergie renouvelables.

Exemple d’investissement : Construction d'une centrale solaire photovoltaïque de puissance de 20 MWc à Bissau et de deux mini-centrales solaires photovoltaïques de 1 MWc à Gabu et à Canchungo

La République de la Guinée-Bissau a obtenu de la BOAD un prêt de 20 Milliards de francs CFA en 2017 pour financer le projet de construction d’une centrale solaire photovoltaïque de puissance de 20 MWc à Bissau et de deux mini centrales photovoltaïques de 1 MWc à Gabu et à Canchungo. La Maîtrise d’Ouvrage Déléguée du projet est assurée par la Société Africaine des Biocarburants et des Energies Renouvelables (SABER). La centrale photovoltaïque de 20 MWc devrait être injectée directement sur le réseau de distribution. S’agissant de la ville de Gabu, il est prévu d’y installer un groupe de 1 MW, qui sera hybridé à travers l’installation d’un champ photovoltaïque de 1 MWc. Quant à la ville de Cachungo, le projet prévoit la construction d’une centrale solaire photovoltaïque de 1 MWc hybridée par un groupe de 100 kVA. Le projet prévoit également pour chacune des localités de Gabu et Cachungo, un total de 8 000 compteurs prépayés pour les abonnés66. Selon le Ministre de l’Energie de la Guinée-Bissau, la mise en œuvre du projet devrait permettre à environ 500 000 personnes d’avoir accès à l’électricité et réduire les émissions de gaz à effet de serre de 24 100 tonnes67. La livraison du projet est prévue en 2020.

63 https://aera-group.fr/fr/la-banque-ouest-africaine-de-developpement-boad-et-aera-group-creent-boad-co2-la-1ere-facilite-carbone-dafrique-de-louest/ 64 https://www.boad.org/concours-boad-ouvert-aux-start-up-de-luemoa-pour-la-selection-dun-projet-innovant-dans-le-domaine-des-energies-renouvelables-notamment-en-matiere-denergie-solaire/ 65 https://afrique.latribune.fr/entreprises/green-business/2018-06-03/boad-un-fonds-pour-la-lutte-contre-le-changement-climatique-sera-lance-en-2021-780540.html 66 https://www.boad.org/wp-content/uploads/2017/10/RESUME-EIES_PGES_Electrification-Bissau-Olive.pdf 67 https://www.agenceecofin.com/solaire/0310-50808-guinee-bissau-la-boad-consacrera-45-millions-a-l-implantation-de-22-mw-de-centrales-solaires

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5.2.2 La Banque Africaine de Développement (BAD)

Le Groupe de la Banque Africaine de Développement a été créé en 1964 et regroupe trois institutions financières : la Banque Africaine de Développement, le Fonds Africain de Développement (FAD) et le Fonds Spécial du Nigéria (FSN). 54 pays africains (pays membres régionaux et 26 pays non africains (pays membres non régionaux) constituent ses actionnaires. Sa principale mission est de promouvoir une croissance économique et une réduction de la pauvreté durable en Afrique.

Les axes d’intervention dans le développement de l’énergie solaire

La BAD intervient dans les différentes solutions de financement des projets d’énergie solaire grâce à ses propres missions et aux différents fonds spéciaux qu’elle administre. La BAD intervient dans le développement de l’énergie solaire à travers les activités suivantes :

Des dons

Des dettes souveraines (concessionnel et non-concessionnel)

Des dettes seniors

Des dettes subordonnées

Des garanties (risque partiel, crédit partiel)

Des fonds propre (direct et indirect)

De la finance climat

De l’assistance technique.

Les investissements dans les secteur des énergies renouvelables (solaire en particulier)

La BAD a financé ou cofinancé plusieurs projets en Afrique dans le secteur des énergies renouvelables. En 2017, 100% du budget énergie de la BAD est allée vers les énergies renouvelables. La part des projets d’énergie renouvelable dans son portefeuille des investissements pour la production énergétique est passée de 14 % en 2007-2011 à 64 % en 2012-201668.

En guise d’exemple des engagements de la BAD dans le développement de l’énergie solaire, elle s’est engagé à aider à mobiliser 15 milliards de francs CFA pour financer des systèmes solaires domestiques prépayés en Côte d’Ivoire. Le projet développé par Zola EDF Côte d’Ivoire (ZECI) devrait permettre à environ 100 000 ménages vivant en milieu rurale en Côte d’Ivoire à avoir accès aux Systèmes Solaires Domestiques (SSD). Il sera arrangé grâce à la collaboration avec deux banques commerciales locales : Société Générale de Banque en Côte d’Ivoire (SGBCI) et Crédit Agricole Corporate and Investment Bank (Crédit Agricole CIB). La BAD apportera une

68 https://www.temoignages.re/international/monde/100-d-investissements-dans-les-projets-d-energies-renouvelables-en-2017,91994

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garantie partielle de crédit couvrant une portion de la facilité de prêt garanti, en guise d’élément catalyseur69.

Le tableau ci-dessous donne quelques exemples de financement de la BAD ayant bénéficié aux énergies solaires dans la zone UEMOA

Figure 5-4 : Exemples de financement solaire de la BAD dans la zone UEMOA

# Opération Date d’approbation

Pays Date de début

Coût total du projet

Statut

1 Projet d’appui à la promotion des énergies renouvelables

21/10/2014 Mali 02/06/2015 1656,491 USD En cours

2 Projet de centrale solaire photovoltaïque de 33 MW de Ségou

06/03/2017 Mali 06/03/2018 28.283.431 EUR

Approuvé

Source : BAD

Quelques initiatives pour la promotion de l’énergie solaire

Département de l’énergie, de l’environnement et du changement climatique (ONEC). La BAD a créé l’ONEC en 2010 pour mieux se concentrer sur les problèmes liés au changement climatique. L’ONEC a pour mission de piloter les investissements de la Banque, les prestations conseil, la production du savoir et le renforcement des capacités, dans les domaines de l’énergie, de l’environnement et du changement climatique70.

Le « New Deal » pour l’énergie en Afrique. Cette initiative qui s’étale entre 2015 et 2025 vise à favoriser l’accès universel à l’énergie dans le continent africain à l’horizon 2025. Le programme compte mobiliser des capitaux privés à travers des mécanismes de financement innovants favorisant les Partenariats Public-Privé. Le « New Deal » pour l’énergie en Afrique repose sur 5 principes clés71 :

Aiguiser l’ambition de résoudre les défis énergétiques de l’Afrique

Établir un partenariat transformateur en faveur de l’énergie en Afrique

Mobiliser des capitaux nationaux et internationaux en faveur de financements innovants dans le secteur de l’énergie en Afrique

Aider les gouvernements africains à renforcer la politique, la réglementation et la gouvernance du secteur de l’énergie

Accroître les investissements de la Banque africaine de développement dans l’énergie et la finance climatique.

69 https://www.afdb.org/fr/news-and-events/cote-divoire-african-development-bank-to-help-mobilize-over-cfaf-15-billion-to-finance-pay-as-you-go-solar-home-systems-18244/ 70 https://www.afdb.org/fr/about-us/organisational-structure/complexes/infrastructure-regional-integration/energy-environment-and-climate-change-department-onec/ 71 https://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Generic-Documents/Brochure_New_Deal_2_-Fr.pdf

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Le Fonds des énergies durables pour l’Afrique (SEFA). Le SEFA appuie des projets d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique en Afrique de petite et moyenne taille. Le SEFA participe à apporter une solution à la difficulté d’accès au financement pour le développement initial des petits projets d’énergie renouvelable, qui le plus souvent sont potentiellement viable sur le plan commercial. Il s’agit d’un fonds fiduciaire multi-bailleurs administré par la BAD et financé par les gouvernements du Danemark, des Etats-Unis, de l’Italie et du Royaume-Uni. L’objectif principal du SEFA est de promouvoir une croissance économique durable des pays africains, qui soit soutenue par le secteur privé et ce, à travers l’utilisation efficace des ressources d’énergies propres inexploitées jusqu’ici. Le SEFA est conçu pour opérer par le biais de trois guichets de financement :

Préparation de projets

Prise de participation

Appui à la mise en place d’un environnement propice72.

Exemple d’investissement : Projet de centrale solaire photovoltaïque de 33 MWc de Ségou

Le projet de centrale solaire photovoltaïque de Ségou sera réalisé grâce à un cofinancement par la BAD et la SFI. Il est le fruit d’un partenariat entre Scatec Solar, IFC InfraVentures et Africa Power 1. La centrale de 33 MWc devrait contenir 104 764 panneaux solaires sur une surface de 47 ha. Elle sera raccordée au réseau national interconnecté du Mali73. Le Mali a signé un contrat de concession de 25 ans avec la société Scatec Solar pour la réalisation en BOOT (Build Operate and Transfer) de la centrale. La centrale devrait produire 57 Gigawattheures par an en moyenne et le coût du projet est estimé à 33.2 Milliards de francs CFA. Un contrat d’achat d’énergie de type « take or pay » a également été conclu entre la société Energie du Mali-SA « EDM-SA) et la société Ségou Solaire. Le prix de cession du KWh a été fixé à 90,5 FCFA/KWh HT74.

5.2.3 Le Groupe Banque Mondiale (GBM)

Le GBM est un regroupement de cinq institutions :

La Banque internationale pour la reconstruction et le développement – BIRD

L'Association Internationale de Développement – IDA

La Société financière internationale – IFC

L'Agence multilatérale de garantie des investissements – MIGA

Le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements – CIRDI.

72 https://www.afdb.org/fr/topics-and-sectors/initiatives-partnerships/sustainable-energy-fund-for-africa/ 73 https://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Environmental-and-Social-Assessments/Mali-Centrale_solaire_de_Segou-Resume_du_PAR-Mai_2016.pdf 74 http://malijet.com/actualite_economique_du_mali/132770-energie-signature-du-contrat-de-concession-pour-la-realisation-e.html

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Le GBM a deux objectifs majeurs : mettre fin à l’extrême pauvreté et promouvoir une prospérité partagée. Il constitue une source essentielle d’appui financier et technique pour les pays en développement du monde entier. Il compte parmi ses actionnaires 189 pays membres.

Les axes d’intervention dans le développement de l’énergie solaire

Le Groupe Banque Mondiale fait partie des organisations les plus actives dans le développement des infrastructures dans les pays en développement. Le groupe intervient dans le développement de l’énergie solaire dans tous les mécanismes de financements possibles grâce à ses différentes institutions. Le GBM peut intervenir plus spécifiquement à travers :

Des dons

Des dettes souveraines (concessionnel et non-concessionnel)

Des dettes seniors

Des dettes subordonnées

Des garanties (risque partiel, crédit partiel)

Des fonds propre (direct et indirect)

De la finance climat

De l’assistance technique.

Les investissements dans les secteur des énergies renouvelables

Le GBM est l’un des plus grands investisseurs dans le secteur des énergies renouvelables. Entre 2000 et 2016, il a investi sur 1130 projets. Le tableau ci-dessous récapitule son portefeuille par institution durant cette période.

Figure 5-5 : Aperçu du portefeuille d'activités du Groupe de la Banque Mondiale en faveur de l'énergie renouvelable, par institution

Institutions du Groupe Banque Mondiale et types d’instruments

Projets approuvés, engagés ou délivrés (Fin d’année 2000 – 2016)

Montants (Millions de US$) Nombre de projets

Banque mondiale (BIRD/IDA/Fonds fiduciaires)

Prêts d'investissement 10 588 183

Programme axé sur les résultats (P4R) 797 3

Financement de politiques de développement (DPF)

1,660 14

Garanties 897 6

Financement de compensation carbone 322 43

Services de conseil et d’analyse de la Banque Mondiale

90 328

SFI

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Institutions du Groupe Banque Mondiale et types d’instruments

Projets approuvés, engagés ou délivrés (Fin d’année 2000 – 2016)

Montants (Millions de US$) Nombre de projets

Investissements en Energies Renouvelables dans le secteur de l’énergie

5 580 197

Investissements étiquetés Energies Renouvelables dans d’autres secteurs

2 455 143

Services de conseil 244 182

Garanties MIGA 2 149 31

TOTAL 1 130

Source : Examen du portefeuille du Groupe de la Banque Mondiale par IEG75

Quelques initiatives pour la promotion de l’énergie solaire

Accélérer le stockage de l'électricité sur batterie au service du développement. Le groupe de la Banque Mondiale s’est engagé à investir un milliard de dollars dans le stockage de l’électricité qui devrait permettre de lever 4 milliards de dollars supplémentaires. Le programme vise à financer le développement de 17,5 gigawattheures (GWh) de capacités de stockage d’ici 2025, triplant ainsi les 4-5 GWh disponibles actuellement dans l’ensemble des pays en développement76. Les solutions qui existent aujourd’hui pour stocker les énergies solaires ou éoliennes sont plus ou moins à l’état pilote et reste très couteux. Cette initiative pourrait changer la donne et mieux aider les pays en développement à renforcer leur sécurité énergétique

Programme d'assistance à la gestion du secteur de l'énergie (ESMAP). ESMAP est un partenariat entre le Groupe de la Banque Mondiale et 18 partenaires visant à aider les pays à revenu faible et intermédiaire à réduire la pauvreté et à stimuler la croissance grâce à des solutions énergétiques respectueuses de l'environnement. ESMAP contribue à façonner les stratégies et les programmes du GBM pour atteindre les objectifs du plan d'action du GBM sur le changement climatique :

28% du financement du GBM avec des avantages connexes pour le climat

Augmenter de 20 GW la production d'énergie renouvelable et intégrer 10 GW supplémentaires de sources d'énergie renouvelables variables dans les réseaux sur une période de 5 ans

Mobiliser 25 milliards de dollars de fonds commerciaux pour les énergies propres

Investir au moins 1 milliard de dollars pour promouvoir l'efficacité énergétique et la résilience des bâtiments d'ici 2020, et

Renforcer le soutien aux actions politiques en faveur de la réforme du secteur, y compris pour les subventions aux combustibles fossiles77.

75 https://ieg.worldbankgroup.org/sites/default/files/Data/reports/ap-powertorenew-10262017.pdf 76 https://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2018/09/26/world-bank-group-commits-1-billion-for-battery-storage-to-ramp-up-renewable-energy-globally 77 http://www.esmap.org/

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Le programme Lighting Africa. Lighting Africa fait partie de la contribution du Groupe de la Banque mondiale à l’énergie durable pour tous (SEforAll). Il est mis en œuvre en partenariat avec l’ESMAP, le Fonds pour l'Environnement Mondial (FEM) et 16 autres gouvernements. Cette initiative conjointe de la SFI et de la Banque mondiale s'est fixée pour objectif de permettre à plus de 250 millions d'habitants de l'Afrique subsaharienne vivant sans électricité d'avoir accès à un éclairage propre, abordable et de qualité d'ici 2030, grâce à système hors réseau propres78.

L’initiative Scaling Solar. Ce programme regroupe une série de services du groupe de la Banque mondiale dans le cadre d’un engagement unique visant à créer des marchés viables pour l’énergie solaire dans chaque pays client. Le programme qui se veut un «one stop shop » vise à rendre opérationnels dans un délai de deux ans les projets solaires connectés au réseau et financés par des fonds privés, à des tarifs concurrentiels. Le programme participe à trouver des solutions aux enjeux que rencontrent les pays africains dans le développement de centrales solaires à l’échelle industrielle, tels que : une capacité institutionnelle limitée, le manque d’économie d’échelle, le manque de compétition, des coûts de transaction élevés et une perception du risque élevée. Le programme espère créer un nouveau marché régional pour les investissements solaires. 4 pays ont rejoint le programme Scaling Solar : Zambie, Sénégal, Madagascar et Ethiopie79.

Exemple d’investissement

L’un des projets phares des énergies solaires de la Banque Mondiale dans la zone UEMOA est le projet Scaling Solar au Sénégal. Ce programme a permis d’atteindre un tarif remarquable de 3,80 EUR/KWh. Ce cas d’étude est développé dans la section 2.2.

5.2.4 Les autres Banques et Institutions Financières de Développement

D’autres BD et IFD sont également assez actives dans le développement des énergies solaires en Afrique en général et dans la zone UEMOA en particulier. Nous présentons ci-dessous brièvement certains d’entre elles avec quelques-unes de leurs initiatives et projets.

L’Agence Française de Développement (AFD)

L’AFD, à travers elle-même ou sa filiale Proparco, est active dans le développement de l’énergie solaire en Afrique de l’Ouest.

L’AFD a mis en place le programme SUNREF (Sustainable Use of Natural Resources and Energy Finance) qui est une ligne de financement vert destinée aux entreprises. Le prêt est accordé par des banques partenaires locales qui reçoivent une prime à l’investissement et un accompagnement technique gratuit dans les opérations80. SUNREF a déjà réalisé les activités suivantes dans un projet visant à favoriser les investissements dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique au sein des entreprises en Afrique de l’Ouest :

78 https://www.lightingafrica.org/ 79 https://www.scalingsolar.org/active-engagements/#tab-id-3 80 https://www.sunref.org/

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Un partenariat a été engagé avec deux banques partenaires (ORAGROUP et la Société Générale de Banque)

une ligne de crédit de 30 millions d’euros pour le financement d’investissements verts en Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo)81.

En guise de réalisation de projet, Proparco a participé au développement de 2 projets solaires majeurs au Sénégal. Proparco a financé à 80% le projet Senergy de 30 MWc et accordé un prêt de 18,4 millions d’euros tout en prenant un rôle d’arrangeur pour le financement, la construction et l'exploitation du projet Ten Merina de 30 MWc82.

L’AFD avait également signé en 2017 une convention de financement pour la construction d’une centrale solaire de 25 MWc au Bénin. Le projet était évalué à 40 milliards de francs CFA dont 32,8 milliards FCFA amenés par l’AFD et 6,6 milliards FCFA par l’Union Européenne83.

La Banque Islamique de Développement (BID)

La BID était moins active jusque-là que les autres banques de développement dans le développement des énergies renouvelables, particulièrement solaire dans la zone UEMOA. Depuis quelques années, elle intervient de plus en plus dans ce secteur. Elle a réalisé par exemple les initiatives suivantes :

Elle a aidé à financer un projet d’énergie solaire pour le développement de l’électrification rurale par la méthode « Reverse Linkage » pour un montant de 15 millions USD. Le projet consiste à réaliser :

Deux (02) centrales solaires photovoltaïques (1,2 MWc et 1,1 MWc) avec stockage pour alimenter 24 villages

Un réseau de distribution MT et BT par centrale pour une longueur totale de 67 km en MT et 117 km en BT

Le raccordement de 5 841 consommateurs à travers des compteurs prépayés84.

La BID a lancé l’initiative « Energies Renouvelables pour la réduction de la pauvreté » dont l’objectif est d'améliorer l'accès à l'électricité à travers des solutions décentralisées comme les mini-réseaux combinant le diesel et l'énergie solaire (systèmes hybrides)85.

Autres intervenant dans le secteur de l’énergie solaire

D’autres intervenant dans le secteur incluent :

81 https://www.sunref.org/projet/favoriser-les-investissements-dans-les-energies-renouvelables-et-lefficacite-energetique-au-sein-des-entreprises-en-afrique-de-louest/ 82 https://www.proparco.fr/fr/senegal-inauguration-de-la-nouvelle-centrale-solaire-ten-merina 83 https://eeas.europa.eu/sites/eeas/files/afd.projet_de_communique_de_presse_-_signature_convention_subvention_defissol.5-12-17_rev_due_2.pdf 84 https://www.isdb.org/fr/tender/energie-solaire-pour-le-developpement-de-lelectrification-rurale-par-la-methode-reverse-linkage 85 https://www.mediaterre.org/eau/actu,20140610170204,5.html

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La Banque Européenne d’Investissement (BEI)

La Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW)

La Société d’Investissement Privé à l’Etranger (OPIC)

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Annexe : Personnes consultées

Les personnes suivantes ont bien voulu partager avec nous leur connaissance du solaire dans la zone UEMOA et à travers le monde, dans le cadre d’entretiens menés lors de la rédaction du présent module. Nous les remercions vivement pour leur disponibilité et leur implication.

Amit Modi, Managing Director – Technical, CVL

Nate Lowbeer-Lewis, Managing Director – Development, CVL

Emeka Oragunye, Vice President – Business Development, ENGIE

Christian Colin, Senior Project Developer, Scatec Solar

Fatima Edwige Ndione Gning, Chargée de clientèle Corporate, Société Générale de Banques au Sénégal

Païpay Pierre Emile Diam, Responsable du Développement Commercial PME, Société Générale de Banques au Sénégal