michel schmitz teilhard de chardin

20
Teilhard de Chardin Michel Schmitz Propos sur… Dieu, l’Esprit, le Christ, l’Univers, l’Amour, la Matière, le Hasard, la Vie, l’Humain, la Mort, le Mal, le Christianisme, l’Immortalité, l’Ultra-Humain…

Upload: others

Post on 27-Jul-2022

13 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Michel Schmitz Teilhard de Chardin

2

Teilh

ard

de C

hard

in

Teilhard de ChardinMichel Schmitz

33.36 588778

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Grand format (170x240)] NB Pages : 292 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,055 mm) = 18.06 ----------------------------------------------------------------------------

Teilhard de Chardin Propos sur… Dieu, l’Esprit, le Christ, l’Univers, l’Amour, la Matière, le Hasard, la Vie, l’Humain, la Mort, le Mal, le Christianisme, l’Immortalité, l’Ultra-Humain…

Michel Schmitz

Mic

hel S

chm

itz

Propos sur… Dieu, l’Esprit, le Christ, l’Univers, l’Amour,

la Matière, le Hasard, la Vie, l’Humain, la Mort, le Mal, le Christianisme, l’Immortalité, l’Ultra-Humain…

Page 2: Michel Schmitz Teilhard de Chardin

2 2

Page 3: Michel Schmitz Teilhard de Chardin

2 3

Igneus est ollis vigor et celestis origo De feu est leur vigueur et du ciel leur naissance

Devise de la famille Teilhard de Chardin

Page 4: Michel Schmitz Teilhard de Chardin

2 4

Page 5: Michel Schmitz Teilhard de Chardin

2 5

En hommage au Père Teilhard de Chardin, qui annonce que le Monde peut être aimé, car il a un sens.

Page 6: Michel Schmitz Teilhard de Chardin

2 6

Page 7: Michel Schmitz Teilhard de Chardin

2 7

Si tant d’âmes ont été touchées par le Père Teilhard, c’est peut-être avant tout parce qu’il savait refaire de l’univers un temple.

Jean Lacroix in Le Sens de l’athéisme moderne p. 28

Page 8: Michel Schmitz Teilhard de Chardin

2 8

Page 9: Michel Schmitz Teilhard de Chardin

2 9

Introduction

Sur la planète « Terre », depuis des millénaires, l’Humain s’active à survivre, à mieux vivre. Ce n’est pas rien. La Nature l’a malmené par tous les dangers capables de l’anéantir. Ce n’est pas tout, car aujourd’hui l’Humanité est confrontée à la responsabilité du maintien de son existence et de la préservation des qualités vitales de la planète qui la porte.

Si, physiologiquement, l’Homme est issu du monde du vivant, il est devenu, au fil du temps, un être mental capable de réflexion. Devenu du « vivant réfléchi », il a acquis le pouvoir du questionnement. Pressé par mille et une interrogations sur le monde et sur lui-même, il s’est mis en recherche de réponses sur la signification du fait de son existence. Y a-t-il un sens à ces mouvements géants du Monde qui l’emportent au travers du temps vers une destinée inconnue ?

L’Homme est un animal d’exploration. Après avoir conquis tous les recoins de la planète, il veut savoir d’où il vient. Avec le regard qu’il est venu à porter sur son passé, il voit ses origines s’enfoncer dans les brouillards de primitives cellules vivantes, qui ont émergé, il y a des milliards d’années, d’un stupéfiant frémissement de la Matière.

Tournant son regard vers le futur, l’Homme est saisi de perplexité, car les réponses apportées par ses découvertes lèvent sans fin de nouvelles interrogations.

Depuis le moment où il a ouvert au plus large sa vision sur l’Univers, ne voilà-t-il pas qu’il se découvre comme un étranger du cosmos, un prisonnier sur un éphémère vaisseau spatial, où la Nature l’a fait mystérieusement émerger. II en vient à rêver de pouvoir s’en évader dans le futur, par une technologie hypersophistiquée. Dans le présent, il s’inquiète des exploitations forcenées de la planète, qui causent des blessures irréversibles aux substrats naturels dont elle est composée.

Page 10: Michel Schmitz Teilhard de Chardin

2 10

Pour mieux vivre, les Hommes se sont en effet ingéniés à déployer tous les moyens techniques pouvant satisfaire leurs aspirations de confort, même les plus capricieuses.

Mais les mille inventions, la mise en œuvre des technologies les plus performantes, les montagnes de biens produits, n’arrivent pas à effacer les questionnements existentiels les plus lancinants. Entre autres, y a-t-il un sens à ce gigantesque labeur accompli par la Nature et par l’Homme lui-même ? Aujourd’hui les réponses des sagesses et philosophies traditionnelles sont en perte de crédibilité, tandis que les espérances aux lendemains qui chantent, tant celles d’un « En-haut » parfait, que celles d’un « Ici-bas » paradisiaque, perdent leur pertinence face aux phénoménales avancées scientifiques.

Un nouveau danger est en voie de guetter l’Humanité. En effet, en l’absence d’une vision chargée de sens sur leur futur, les humains pourraient être saisis de doute sur la nécessité de vivre et de prolonger leurs efforts.

Le Père Pierre Teilhard de Chardin est un de ces penseurs qui a passé son existence à chercher les raisons, qui pourraient éclairer l’Homme, sur le bien-fondé de son existence et sur la grandeur de sa destinée. Son nom n’est pas inconnu, mais sa pensée devient de moins en moins connue. À plus de cinquante ans de son décès, le personnage s’est éloigné suffisamment de notre temps pour qu’il soit considéré comme appartenant au passé. Il n’en est pas de même pour sa pensée, qui reste de toute première actualité. Cela tient du fait qu’il s’est efforcé de voir loin et de très haut.

Teilhard s’est efforcé de mieux voir pour mieux comprendre. Sa vie fut celle d’un chercheur et d’un érudit accompli. Il s’adonna à la géologie, à la paléontologie, pour mieux comprendre la montée de l’Humain au travers de la lignée animale. C’est avec passion qu’il chercha à comprendre tant le passé de la Terre, et l’histoire du vivant, qu’à suggérer des pistes pour le futur de l’Humanité. Savant par l’esprit, mystique par le cœur, sa vie sera menée par une double tension dialectique entre l’affectif du cœur et la rationalité de la pensée.

« Par éducation et par formation intellectuelle, j’appartiens aux enfants du ciel.

Mais par tempérament et par études professionnelles, je suis un enfant de la Terre. »

(1)

Page 11: Michel Schmitz Teilhard de Chardin

2 11

Si sa vie intérieure fut alimentée incessamment par une foi dans le Transcendant, il défendra toujours sa croyance au Monde qui, pour lui, est nécessairement signifiant.

Il ira jusqu’à déclarer : « Si par suite de quelque renversement intérieur je venais à perdre

successivement ma foi au Christ, ma foi en un Dieu personnel, ma foi en l’Esprit, il me semble que je continuerais invinciblement à croire au Monde. »

(2) Bien qu’il ait abouti à déceler des axes de croissance du Monde, il s’est

refusé d’élaborer un système fixe qui serait plombé par des axiomes auxquels il faut adhérer. Il propose une vision d’un Monde qui est sous-tendu par des forces de croissance orientées vers plus de conscience. Aujourd’hui l’Univers doit être compris comme un mouvement. Il ne peut évidemment plus être considéré comme une construction géante parfaite et immuable, telle que le concevaient les philosophies antiques et médiévales. De même, l’Univers ne peut non plus être assimilé à un mouvement cyclique sans fin, comme l’affirment les spiritualités orientales. Teilhard va comprendre l’Univers comme un gigantesque phénomène qui semble programmé, informé en l’intime de ses structures en vue de favoriser la croissance de la conscience. D’un état apparent d’une absolue inconscience en ses débuts, l’Univers est bien parvenu à dérouler, sur la planète Terre, un phénomène de conscientisation grandissante.

Pour Teilhard, ce gigantesque théâtre du Monde n’est certes pas la résultante d’effets de causalités aveugles, s’avançant dans une suite sans fin d’événements hasardeux.

Il a vu qu’au cours du Temps, les composantes du Monde s’ordonnent entre elles, faisant apparaître des arrangements favorisant des structures complexes, amorces du Vivant, qui deviendra siège du conscient. L’Univers a bien abouti à manifester la Pensée, c’est-à-dire qu’il en est venu au travers du Temps à se réfléchir sur lui-même.

Attentif à dépasser les apparences de surface des phénomènes, il a décelé les subtiles dimensions d’un « Dedans », sous-jacentes à toutes les formes apparentes des phénomènes. L’Univers, en ses manifestations de surface, est bien « matérialité », mais au cœur de leurs dimensions internes,

Page 12: Michel Schmitz Teilhard de Chardin

2 12

se dévoilent des potentialités de conscience. Par ses réflexions, il a conclu que si l’Univers est en pouvoir de se connaître, c’est qu’il est généré par une Réalité qui le transcende, une Réalité que l’on peut appeler « Esprit ».

Si Teilhard a étudié la lente et tâtonnante montée de l’espèce humaine de son passé, il n’a pas manqué de porter un regard interrogateur sur les horizons de son avenir. Amoureux passionné de l’histoire de la Terre et de l’Humanité, il a tenté de déceler ce qui peut l’inscrire dans une perspective chargée de sens. Constatant l’inquiétude des hommes sur leur sort futur, il va présenter des perspectives optimistes sur le destin de l’Humanité. Il a bien reconnu que les sciences ont été capables d’établir des cartes du réel de plus en plus pertinentes, mais elles restent, à ses yeux, dans l’incapacité d’apporter des réponses aux anxiétés existentielles de l’Humain. Aussi il va proposer une vision plus globalisante qui, débordant les cadres stricts de la connaissance scientifique, sera capable d’apporter des réponses aux questionnements de l’homme contemporain sur le sens de son existence.

Il viendra à proclamer que les horizons du Monde ne sont pas fermés, mais peuvent s’ouvrir sur des perspectives qui sont à même de répondre aux attentes les plus vives du cœur de l’Humain. Il décèle des possibilités de lendemains lumineux, si les Hommes choisissent les voies qui s’ouvrent à leur croissance spirituelle. Ses conclusions tiennent du fait qu’il a ouvert sa vision, tant aux dimensions les plus larges du temps et de l’espace, qu’à celles de perspectives spirituelles les plus hardies… Embrassant l’épopée millénaire de l’Homme, il annonce qu’il n’est qu’une étape dans une gigantesque programmation du Monde.

L’œuvre de Teilhard est sous-tendue par l’idée que, s’il y a eu un » Alpha » de l’Homme, il y aura, par effet d’irréversibilité de l’évolution, l’accomplissement d’un « Ultra-humain » en un « Oméga » du futur. Pour Teilhard, l’Humain peut croire que, bien que se découvrant comme une infime parcelle d’un Tout géant, il a bien pour vocation de participer activement à la genèse cosmique de l’Univers, en œuvrant pour établir les conditions terrestres qui permettront l’émergence d’une Ultra-humanité.

Suite au constat de l’oubli de l’œuvre de Teilhard de Chardin, il nous a semblé utile de réveiller l’attention sur sa pensée, qui par son élévation, le positionne parmi les plus grands penseurs du XXe siècle. C’est vrai qu’il y a eu beaucoup de grands esprits durant les dernières décennies, mais

Page 13: Michel Schmitz Teilhard de Chardin

2 13

Teilhard de Chardin se caractérise par une exceptionnelle ouverture du cœur, qui n’a pas manqué de charger son œuvre, par une tension d’amour du Monde et de l’Humain d’une manière inégalée. C’est bien par cette tension d’amour qu’il a abouti à démontrer, qu’envers et contre tout, le Monde doit être perçu comme « aimable » dans toute sa profondeur.

Vu l’ampleur de ses écrits, il est impossible de les résumer sans affaiblir toute la complexité de la pensée qui les sous-tend. C’est la raison pour laquelle l’ambition de cet ouvrage se limite à ne présenter que des extraits parmi les plus significatifs des thèmes de son œuvre écrite. Par une approche en petits pas, au travers de touches concises, le lecteur pourra ainsi, avec plus de facilité, prendre connaissance de toute l’originalité de sa pensée. Ce sera au lecteur de décider s’il souhaite reprendre l’intégralité de ses écrits pour mieux saisir toute l’ampleur de la vision de cet éminent savant, philosophe et mystique que fut Pierre Teilhard de Chardin.

Page 14: Michel Schmitz Teilhard de Chardin

2 14

Page 15: Michel Schmitz Teilhard de Chardin

2 15

Première partie

Biographie, personnalité et pensée de Pierre Teilhard de Chardin

Page 16: Michel Schmitz Teilhard de Chardin

2 16

En 1892 Pierre Teilhard de Chardin a 11 ans et entre au collège des Jésuites à Notre-Dame-de-Mongré à Villefranche-sur-Saône.

Page 17: Michel Schmitz Teilhard de Chardin

2 17

Portrait en esquisse

1886 Des enfants s’ébattent dans une grande demeure ancienne, lovée en

creux dans le Puy-de-Dôme, à Sarcenat. Parmi ceux-ci, un garçonnet de quelques années… Pierre. « Il porte une blouse-casaquin de lingerie, ornée de ruchés de dentelle.

Ses cheveux bouclent à gauche et à droite. Une frange courte laisse dégagé son grand front. Le visage est rond, harmonieux, les traits bien dessinés. L’enfant est, dit-on, affectueux, sage, et semble déjà empreint d’une piété naturelle. »

(3)

1892 À onze ans, Pierre entame ses humanités au Collège des Jésuites à

Notre-Dame-de-Mongré, à Villefranche-sur-Saône. Un de ses anciens professeurs, Monsieur Bremond, en fit la description suivante :

« J’ai eu pour élève en humanités, un petit Auvergnat très intelligent, le premier en tout, mais d’une désespérante sagesse. Les plus rétifs de la classe et les plus lourdauds s’animaient parfois […] lui jamais. Je ne sus que longtemps après le secret de cette indifférence apparente. Il avait une autre passion, jalouse, absorbante, qui le faisait vivre loin de nous l’éternel sous les pierres. »

(4)

1896 Dans une lettre du 27 février 1957, le général René Ract-Madoux, qui

fut condisciple de Teilhard en dernière année d’humanités, rappelle le souvenir qu’il en gardait :

Page 18: Michel Schmitz Teilhard de Chardin

2 18

« Simple, bon camarade, travailleur, ayant un sens élevé du devoir, d’une conduite exemplaire et d’une grande piété, le jeune Teilhard était un élève modèle, très estimé de ses camarades. »

(5)

1914-1918 Teilhard se frotta au monde dans ses réalités les plus sombres,

particulièrement durant les années passées au front de la Première Guerre mondiale. Son attitude y fut exemplaire.

« Brancardier d’élite qui, pendant quatre ans de campagne, a pris part à toutes les batailles, à tous les combats où le régiment était engagé, demandant à rester dans le rang pour être plus près des hommes dont il n’a cessé de partager les fatigues et les dangers. »

Citation à l’ordre de la Légion d'honneur en 1921.

1922 Teilhard va prêcher une retraite pour éclairer les jeunes postulants

Lazaristes. Parmi l’assemblée, est présent le futur philosophe Jean Guitton. Il dressa le portrait suivant de Teilhard : « Il avait un regard d’acier qui vous troublait. Je revois son visage

triangulaire, son teint rose, ses yeux métalliques, ses lèvres en accent circonflexe. Je me rappelle son élégance. Il avait le costume de l’homme du monde, dans les deux sens : l’univers et la bonne compagnie. On sentait qu’il avait ses entrées partout, même en Dieu. Il semblait sûr de sa postérité. »

1929 En 1929, Teilhard de Chardin est en excursion sur le bateau le « Pirate »

avec Henry de Monfreid au Ghubbet Kharab, au fond du golfe de Tdjourah. Claude Cuénot dresse le portrait d’un Teilhard explorateur, alors âgé

de 48 ans.

« L’ex-professeur, devenu explorateur aux semelles de vent, a été invité par le patron du Pirate et, quand on bourlingue, on ne met pas de cols ronds.

De la manche étroite s’échappe une main longue, noueuse et fine.

Page 19: Michel Schmitz Teilhard de Chardin

2 19

[…] De l’encolure émerge un visage aux traits accentués. Les cheveux, qui volettent où bon leur semble, ne sont plus très fournis et dégagent un grand front. Les yeux s’enfoncent sous les arcades sourcilières. Grand nez, grande bouche, menton volontaire.

Le Père fixe l’opérateur et cependant il regarde au-delà ; il est libre, et toutefois ce visage maigre, énergique, intelligent, demeure tendu : la vision intérieure est trop forte.

C’est une âme ardente et passionnée que celle du Père, qui n’est pas seulement un homme sincère, mais dans certains domaines, un naïf et, disons-le, un casseur de vitres délicieusement enfantin, il aime foncer.

Il a le sens de l’amitié. Mais, plus profondément encore en lui que l’amitié, règne l’amour charnel de l’Univers : le Monde a pris son cœur, car le sensible l’inonde de ses richesses.

Assis sur le bastingage […] il est l’aventurier de la recherche, celui qui veut toujours aller aux extrêmes limites du monde, parce qu’il s’est fait de la recherche un devoir sacré, absolu.

À son propre regard il ne compte plus, il n’existe plus. D’une humilité quasi cosmique, visant à l’anonymat, […] il n’oublie pas que le terme vers lequel se meut la Terre est au-delà, non seulement de chaque chose individuelle, mais de l’ensemble des choses. Cet aventurier au visage émacié, au regard profond […] se sent comme transi quand le feu de la Présence divine, autour de lui, n’est pas encore suffisamment allumé. […] Son ambition suprême est de réconcilier notre siècle avec Dieu car, pour lui, l’Univers ne peut que s’achever que dans un « état de divinité christique » qui ne peut s’atteindre qu’à travers l’Univers, et qu’il poussa jusqu’aux limites de ses facultés. »

(6)

1931 C’est l’année de l’expédition de la « Croisière Jaune ». Un coup de

publicité fracassant inventé par le talentueux André Citroën, qui conduit cette épopée à traverser les déserts asiatiques sur les traces de l’ancienne route de la soie.

Raymond, un des accompagnateurs de l’expédition, donnera la description suivante de Teilhard :

Page 20: Michel Schmitz Teilhard de Chardin

2 20

« Il faut l’avoir vu en ces jours, je voudrais que vous l’ayez vu, que vous voyiez se dresser devant vous, comme si vous le voyiez se dresser vivant devant vous, comme il se dresse, vivant dans ma mémoire, vibrant comme un drapeau sur le ciel de l’Asie, énergique, vivant généreux, infatigable – un élan d’enthousiasme joyeux et quotidien – ici courant comme un jeune homme en le laissant sur place pour aller au marteau vérifier un contact […] ne s’épargnant jamais, épargnant peu les autres qui n’avaient cure de s’épargner. »

(7)

Un autre participant A. Sauvage en fit le portrait suivant : « C’était un homme très beau […] un homme d’un style inégalable,

d’une distinction effacée et irrésistible. Sa voix, sa diction de clavecin, son sourire, qui jamais ne s’abaissait jusqu’au rire, se gravait en celui qui lui avait été quelque peu attentif.

Absence totale de jeu ecclésiastique. On sentait que, pour être au niveau de son corps, on n’en était pas

moins à une distance infinie de ses engagements, de cette pensée qui jamais ne se gonflait.

Le plus souvent, on restait en arrêt devant ce visage préfiguré par le Greco, coupé à la serpe, et l’on se réfugiait dans les banalités de l’expédition.

De cet être courtois, plaisant, charmant, charmeur même, il émanait une solitude désarmante.

Il ne semblait ne s’intéresser à ses camarades qu’à la mesure de la camaraderie. »

(8)

1950 Signalement de son dernier passeport : « Grande taille : 1,80 mètre, maigre, cheveux blancs, légèrement

clairsemés, yeux gris clair, raie à gauche, nez busqué. » (9)

1955 Teilhard est établi à New York depuis 1951 Le 25 décembre 1955 il est foudroyé par une crise cardiaque.