mÉdecines et traitements naturels par l'eau

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MÉDECINES ET TRAITEMENTS NATURELS

Collection dirigée par Marc de Smedt

GUÉRIR PAR L'EAU

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GABRIEL VERALDI

GUÉRIR PAR L'EAU

ROBERT LAFFONT

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Ce livre de la collection MÉDECINES ET TRAITEMENTS

NATURELS est un ouvrage

d'information et de conseils. Il ne saurait cependant

remplacer l'avis et la compétence de votre médecin habituel.

C) Éditions Seghers et Gabriel Veraldi, 1977.

Tout emprunt est autorisé à la condition de citer à chaque fois le nom de l'auteur, le titre de l'ouvrage et la date de son édition, ainsi que l'éditeur (cf. loi du 11-03-57, art. 40 et 41 - et Code Pénal, art. 425 et suivants). Conformément à la jurispru- dence, l'éditeur et l'auteur déclinent toute responsabilité quant aux erreurs ou omis- sions qui pourraient être trouvées dans cet ouvrage en dépit des soins apportés à sa réalisation.

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Pourquoi ce livre et comment l'utiliser

Il est assez difficile de situer ce livre, qui refuse la séparation entre « la médecine scientifique » et « les médecines naturelles ». Pour

définir ses objectifs, le plus simple est de résumer une lettre qui en a été l'origine. Elle pose clairement les problèmes et permettra de les aborder directement, sans perdre de temps en explications préli- minaires.

« Nos éditions préparent une nouvelle collection, destinée à faire le point sur les diverses thérapeutiques naturelles.

« De l'aromathérapie au yoga, nous n'avons pas eu de peine à choisir des ouvrages faisant autorité et jouissant déjà d'une large audience.

« Mais nous ne trouvons rien de semblable pour les traitements dont la base est l'eau. Il y a certes d'excellents livres sur les cures thermales, la thalassothérapie et, accessoirement, les autres formes d'hydrothérapie et de balnéothérapie. Aucun, cependant, ne réunit l'ensemble de ces méthodes. En outre, nous n'y voyons pas les répon- ses aux questions fondamentales que le public se pose actuellement.

« La plus déconcertante est sans doute celle des eaux minérales en bouteilles. La vigoureuse campagne lancée par les associations de consommateurs oblige chacun à se demander si, oui ou non, ces eaux sont :

1) inutilement coûteuses, en n'apportant rien de mieux que l'eau du robinet;

2) déconseillées pour la boisson quotidienne; 3) ou carrément dangereuses, étant donné leur nature médicinale.

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« Les attaques ne se bornant pas au contenu, est-il ou non exact que les bouteilles en matières plastiques sont cancérigènes? Comment le savoir, puisque des sommités scientifiques également renommées soutiennent l'accusation ou la déclarent absurde?

« Or, ce n'est pas un débat spéculatif entre spécialistes, tel que le public puisse attendre tranquillement qu'ils se mettent d'accord.

« Autre dilemme : les cures thermales sont médicalement re- connues en France et financées par la Sécurité sociale. Mais leur sta- tut scientifique est-il bien établi? Les pays anglo-saxons, qui demeu- rent à la tête de la recherche médicale, ne leur accordent pas la moindre valeur thérapeutique.

« Et la thalassothérapie? Elle est en pleine expansion, tant par le nombre des établissements que par celui des curistes. Mais si l'eau de mer a vraiment des effets médicaux, est-il prudent d'en user et abuser pendant un mois sans l'avis du médecin, comme font des mil- lions d'estivants?

« Conclusion : est-il possible de résoudre ces contradictions? Si ça ne l'est pas, pourquoi? Si ça l'est, pourquoi alors la confusion subsis- te-t-elle? Peut-on faire le point actuellement sur les traitements par l'eau? Et avant tout, sur l'alimentation quotidienne, sur l'hygiène courante, bref sur l'usage obligatoire, biologiquement et socialement, de l'eau?

« Enfin, cette synthèse peut-elle être exposée seulement à des spé- cialistes ou au public le plus étendu, puisque cela concerne tout le monde et tous les jours? »

Ce n'est certainement pas facile de faire le point sur l'ensemble des problèmes qui touchent aux relations de l'eau et de la santé. D'abord, parce que les vrais problèmes sont extrêmement complexes. Ensuite, parce qu'il s'y mêle de faux problèmes et des théories, des motifs, des intérêts qui font obstacle à la recherche et à la diffusion de la connaissance réelle.

Prenons comme exemple le « thermalisme » - pour employer le mot courant; nous définirons les expressions techniques plus loin, dans leur contexte.

C'est seulement depuis une trentaine d'années que l'on commence à comprendre ce qui se passe dans notre corps quand nous buvons un verre d'eau. Depuis l'invention de la biologie moléculaire. Et cette branche si récente de la science a déjà montré qu'elle était insuffisante. En pénétrant encore plus profondément dans la struc- ture de la matière vivante, avec la biologie submoléculaire, ou élec-

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tronique, on s'est aperçu que l'eau avait une importance insoupçonnée. Le plus illustre sans doute des biologistes travaillant aujourd'hui a conclu : « La biologie a oublié l'eau comme le fait un poisson au fond de la mer » *.

Cependant, le thermalisme n'est pas une découverte moderne. C'est un traitement, littéralement parlant, immémorial. On voit, grâce aux vestiges archéologiques, que maintes sources des stations contemporaines avaient attiré l'attention des hommes préhistoriques. Il s'agit donc d'une « médecine naturelle » par excellence, lentement élaborée à partir de l'expérience concrète. Les médecins qui la prati- quent aiment à dire que c'est « de toutes les thérapeutiques médicales la plus vieille et celle qui a subi le moins de changements au cours de l'évolution scientifique » **.

Un traitement naturel confirmé par la science de frontière devrait réunir tous les suffrages. Malheureusement, il n'en est rien. Les pro- grès de la biophysique poussent à la création de médicaments nou- veaux, donc au rejet du thermalisme et des autres traitements natu- rels. Et, ce qui est plus surprenant, le thermalisme néglige le soutien que pourrait lui apporter la biologie ultra-moderne. Un ouvrage aussi indispensable que « le Pieri » ne consacre pas une page aux fon- dations scientifiques du thermalisme.

De part et d'autre, il y a de la paresse et le poids de la routine. Car il est plus facile, plus spectaculaire d'inventer une nouvelle médication que d'analyser les effets des eaux thermales sur l'orga- nisme. On conçoit mal, à voir une eau de source, symbole de la clarté, de la transparence, qu'elle est une substance si complexe que son étude réclame un appareillage de laboratoire perfectionné et que toute la puissance de la chimie moderne ne parviendrait pas à la reconstituer par synthèse.

Il y a aussi des motifs plus graves. Aux États-Unis, où la tradition antique des sources médicinales manque évidemment, l'importation du thermalisme a été durement combattue par la profession et la doctrine médicales de ce pays. Nous verrons bientôt les causes de cette exclusion, qui se fait sentir dans toute la zone d'influence de la médecine et de la pharmacologie américaines.

Introduction to a Submolecular Biology, A. Szent-Györgyi. Academic Press. Londres. New York, 1960.

La Thérapeutique hydro-climatologique en pratique médicale, J. Pieri, R. Panzani, C. Delboy. Marseille. 1967.

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A ce propos, je tiens à souligner que je ne m'associe à aucune forme d'hostilité systématique envers les États-Unis ou envers les in- dustries pharmaceutiques ou alimentaires. Mais, pour traiter honnê- tement notre sujet, il faut critiquer les interventions de l'industrie américaine. Nous verrons que le même souci de clarification exigera la critique de ceux qui cherchent de mauvaises querelles aux indus- triels, souvent avec l'arrière-pensée politique de nuire au système libéral.

Cet exemple permet déjà, j'espère, d'indiquer les intentions et les principes de notre enquête.

Il est sans aucun doute possible de répondre aux questions de la lettre citée et, effectivement, d'un large public. Mais à condition de récuser les conventions, les préjugés, les diverses limitations qui entravent la recherche.

Parmi ces limitations, il y a les servitudes normales de toute connaissance spécialisée. Les problèmes de l'eau demandent une étude approfondie et longue, étant donné leur complexité. Il faut y consacrer une part appréciable de son temps pour les maîtriser. Il faut aussi gagner sa vie, donc participer à quelque organisation économique. En conséquence, les gens instruits de ces problèmes sont naturellement portés à défendre et à promouvoir une activité - médicale, administrative, hospitalière (au sens le plus étendu de recevoir des hôtes), industrielle, commerciale - qui les intéresse et qui les nourrit.

Inversement, il y a des gens que ces activités gênent, pour des motifs qui peuvent être une idée, juste ou fausse, du bien public, ou des intérêts commerciaux, professionnels, idéologiques.

Cela étant, il serait étonnant qu'une affaire aussi vitale et omnipré- sente que l'eau ne soit pas, dans la période de crise actuelle, en grande confusion. Mais, dans la mesure où les causes en sont connues, un effort de lucidité a quelque chance de la dissiper. Nous allons essayer de le faire ensemble.

Seulement, au préalable, je dois répondre à l'objection : comment puis-je prétendre à l'impartialité, et en somme échapper aux limita- tions du spécialiste signalées ci-dessus ? Avant de critiquer les motifs d'autrui, il convient de dire les siens.

Il se trouve en effet que les circonstances m'ont permis d'acquérir une certaine spécialisation hors d'un cadre professionnel. Je suis né dans un petit établissement thermal que mon père dirigeait; par la suite, j'ai eu l'occasion de vivre ou de travailler dans un riche assorti-

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ment de stations climatiques, thermales, marines, en France et à l'étranger, en m'occupant de tout autre chose que des cures qui s'y dispensent. Pourtant, les impressions d'enfance, la curiosité des sujets discutés à la table de famille, la connaissance par l'intérieur de la mentalité particulière des stations m'ont fait rester - c'est le cas de le dire - « dans le bain ». Ouvrant un journal, la nouvelle en quatre lignes que l'algue nommée « sang des Bourguignons » a été observée dans un lac me fait de la peine, comme la maladie d'un homme que je respecte. Et si j'étudie la biophysique en vue de recherches abstraites sur la mémoire, je ne peux pas m'empêcher d'être captivé par le rôle de l'eau dans les échanges énergétiques in- tra-cellulaires. Bref, je suis de près ce qui se passe chez les profes- sionnels, sans dépendre d'une station ou d'un laboratoire, d'une entreprise ou d'un syndicat, d'un patron commercial ou universi- taire. Il est toujours bien difficile de surmonter ses préjugés person- nels; du moins, aucune servitude ne m'est imposée de l'extérieur.

Ce livre va donc être composé de deux parties. La seconde don- nera les informations pratiques sur les thérapeutiques de l'eau. C'est- à-dire la nomenclature des maladies et malaises - les « indications cliniques » - justiciables des cures thermales, puis la liste des sta- tions de ce type en France et à l'étranger. Les mêmes éléments seront fournis ensuites pour les cures marines, la thalassothérapie. Enfin, nous examinerons brièvement la législation et la médecine sociale des cures.

La première partie sera un tour d'horizon et une mise au point. Sans faire un exposé systématique selon les classements habituels, nous allons rassembler les informations les plus diverses, de la bio- physique à l'histoire, de l'expérience concrète aux arrière-pensées peu avouables. Cela pour comprendre, en nous fiant à la logique et au sens commun, les problèmes qui s'imposent, intellectuellement et pratiquement. Ainsi, nous allons tenter de savoir comment les eaux thermales et minérales agissent, et pourquoi certains prétendent qu'elles n'ont aucune action. De même pour l'eau de mer, les boues, le climat - car le mot « hydroclimatisme » a remplacé, dans le lan- gage précis, l'ancien « thermalisme ». En général, nous dégagerons des expressions techniques la signification souvent masquée par la formation grammaticale savante. Au passage, nous évoquerons les autres traitements par l'eau - ou hydrothérapie - et par les bains de diverses substances - ou balnéothérapie.

Bien sûr, il faudrait un millier de pages denses pour traiter complètement les nombreux sujets abordés. Mais nous avons fourni

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les informations nécessaires et les moyens de les compléter si on le souhaite, en notant les adresses utiles et les références bibliographi- ques. Il ne doit pas manquer grand-chose, sauf erreur ou omission de détail toujours possible, pour raisonner les choix médicaux et hygiéniques. Enfin, cette modeste synthèse pourra éventuellement suggérer aux spécialistes, en remerciement de ce qu'ils nous ont appris - par un labeur acharné et souvent mal connu, mal récompensé - quelques idées à suivre.

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PREMIÈRE PAR TIE

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L'eau et la vie

L'importance vitale de l'eau est certainement beaucoup mieux comprise aujourd'hui qu'il y a dix ans. Elle était alors sous-estimée même parmi les spécialistes. Un livre aussi diffusé que Water in the Service of Man * ne consacrait pas deux pages aux menaces de la pollution et concluait que « le tiers fortuné de l'humanité a le savoir technique et les ressources économiques qui doivent lui permettre de soulager leurs frères moins favorisés ». Maintenant que la dégrada- tion du milieu est devenue une préoccupation publique et que la sécheresse de l'été 1976 pèse lourd sur notre économie, nous savons au contraire que les ressources manquent, non seulement pour aider les nations sous-développées, mais encore pour satisfaire nos besoins propres. Quant à nos connaissances scientifiques et technologiques, nous nous apercevons, au pied du mur, qu'elles sont fort insuffisan- tes. En dépouillant la masse d'articles et communications qui s'accu- mule depuis 1971, il est clair que les phénomènes climatiques actuels dépassent nos capacités de prévision, et même d'interprétation. S'agit-il d'un cycle de refroidissement, comme le pense un rapport divulgué par les services spéciaux américains? Ou du début d'une nouvelle ère glaciaire ? Ou seulement d'un accident météorologique? Au cours du dernier millénaire, il n'y a pas de siècle où l'on n'ait vu une sécheresse telle que l'on traversait le Rhin et la Seine à pied.

* H.R. Vallentine, Penguin Books, 1967.

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Ou le cycle de réchauffement amorcé au XVII siècle est-il encore en phase ascendante? Les poussières et émanations industrielles modifient-elles la haute atmosphère? Et si oui, en réchauffant ou en refroidissant? Forment-elles un couvercle rabattant la chaleur de la planète, ou un écran qui arrête une part des radiations solaires?

Nous sommes réduits à l'incertitude, après la Décennie Hydrolo- gique Internationale, lancée en 1965. Et cela justement parce que l'on a beaucoup travaillé. Ce foisonnement des hypothèses ne traduit pas un recul, mais un développement du savoir. Il a, entre autres résultats fondamentaux, l'avantage de combattre la tenace et dange- reuse « illusion du progrès », la croyance que science et technique suppriment les problèmes, satisfont les besoins gratuitement et définitivement. Alors que chaque « progrès » est une intervention dans un réel infiniment complexe, qui déclenche des conséquences impossibles à calculer, voire à imaginer.

Dans notre domaine, cette illusion est que les pays industrialisés peuvent distribuer pratiquement partout sur leur sol de l'eau en quantité illimitée, physiologiquement saine, indéfiniment renouvela- ble, qui n'est pas sérieusement affectée par la rapide croissance de la production et de la consommation.

En réalité, si les pays industrialisés sont riches en eau et n'appar- tiennent pas au tiers aride de la terre, ils sont tous menacés d'une « faillite hydrologique ». Théoriquement, le crédit est largement supé- rieur au débit. Aux Etats-Unis, la moyenne des apports pour l'ensemble de la nation est de 30.000 litres par habitant et par jour, la moyenne de la consommation totale (agriculture et industrie comprises) de 7.000 litres. Pourtant, 25 millions d'Américains sont obligés de boire de l'eau qui ne satisfait pas les normes minimales du ministère de la Santé publique. C'est, dit-on, que les investisse- ments annuels pour les problèmes de l'eau ne représentent que le 0,5 % des quelque 500 milliards de dollars qui seraient nécessaires pour équiper le pays de façon suffisante. Or, la situation est grave. Dans le sud des Etats-Unis surtout, des villes industrielles et, grâce à l'irrigation intensive, agricoles (la vallée de Phoenix, Arizona, est surnommée « le saladier ») sont en train d'épuiser des « mines d'eau » * accumulées durant la dernière époque glaciaire. La ville est en train de refaire l'erreur qui, exactement au même endroit, détruisit il y a dix siècles la culture des Indiens Hohokams, brillants ingé-

Une mine, à proprement parler, est l'exploitation d'une ressource du sol irremplaçable.

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nieurs qui allaient chercher l'irrigation à des centaines de kilomètres avec des canaux de 25 mètres de large. Les cas de water piracy, de water imperialism dénoncés en justice contre des individus et des communautés (comme Los Angeles, qui se livre à une véritable pré- dation de toute la région) se multiplient. Et si ces mots de piraterie, d'impérialisme semblent excessif, on rappelle qu'aucun désastre naturel autre que la sécheresse n'a radicalement supprimé une civili- sation, mais que celui-ci s'est reproduit plusieurs fois au cours de l'histoire.

Les pays industriels sont certes privilégiés. Le Pr. Vallentine souli- gne justement que, dans les pays sous-développés « plus de 400 millions d'humains souffrent de maladies apportées par l'eau, dont le fléau des tropiques, la dysenterie parasitaire; environ 5 mil- lions d'enfants meurent chaque année de maladies intestinales cau- sées par de la mauvaise eau; de vastes étendues de terre autrefois productives ont été abandonnées dans les années récentes parce que le sol avait été ruiné par de mauvaises techniques d'irrigation et de drainage; des milliers de vies ont été perdues durant des inondations qui auraient pu être prévenues si les services hydrologiques et météo- rologiques avaient été adéquats ». Mais l'illusion du progrès per- suade trop facilement cet éminent spécialiste que les crises menaçant les pays industriels ne sont que des incidents de parcours, vites corri- gés pour peu que les hommes politiques écoutent les gens compé- tents, et que les misères du sous-développement seront guéries dès que les organisations internationales auront pris les choses bien en main *.

C'est malheureusement moins simple. D'abord, « dans les pays sous-développés, le développement hydrologique ne produit pas en lui-même une augmentation de l'économie ». Dans les pays indus- triels, pourvu que des facteurs comme le climat soient favorables, « une eau chère à produire n'est qu'un désavantage mineur... et un accrois- sement de sa production est bénéficiaire pour les habitants des villes, pour l'industrie, l'irrigation, l'oxydation et la dispersion des déchets municipaux et industriels, l'énergie hydro-électrique, le contrôle de la pollution, la conservation du poisson et de la faune, les loisirs.

Outre les nombreux services hydrologiques nationaux ou mixtes, entre pays riverains, le United Nations Water Resources Development Centre coordonne les actions de l'UNESCO, qui organise des programmes de recherche; de l'Organisa tion Mondiale de la Santé, qui surveille l'alimentation en eau, la propagation des maladies, la pollution; de l'Organisation Météorologique Mondiale; de l'Agence Internationale pour l'Energie Atomique, qui étudie la dessalinisation de l'eau de mer. etc.

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la prévention des inondations ». Mais, « la technologie moderne de l'irrigation, du drainage, du traitement sanitaire, de l'agriculture est tout à fait différente de ce qui a déterminé les structures de la terre et des eaux dans le passé ». Ainsi, « au Pakistan, nous avons le coû- teux paradoxe d'un grand et moderne système d'irrigation desservant des terres cultivées comme au Moyen Age... Dans ce pays de fer- miers, il faut importer la nourriture qui permet une maigre subsis- tance. » La mise en valeur des terres arides se heurte aussi à « d'autres problèmes, ceux qui ont contribué à la destruction des civilisations passées. Par exemple, répandre de l'eau sur de vastes superficies offre un milieu favorable à la malaria... qui semble bien avoir provoqué, il y a 4.500 ans, la disparition de la grande civilisa- tion qui florissait dans cette vallée de l'Indus ». * Enfin, note E.S. Mason dans le même numéro spécial du Scientific American consa- cré au développement : « C'est une erreur de croire que le développe- ment jouit d'une haute priorité dans tout le monde sous-développé. Certains peuples et particulièrement certains groupes dirigeants pré- fèrent catégoriquement le statu quo ».

Cette résistance au progrès technique a paru scandaleuse. Mais les mésaventures présentes des pays industrialisés commencent à faire se demander : « Ce qui paraissait hier de la mauvaise politique n'est-il pas aujourd'hui du bon sens? » Et l'on a un frisson rétrospec- tif en imaginant l'état de la planète, si les projets gigantesques qui enthousiasmaient les ingénieurs - et une bonne partie du public - pendant la première moitié du siècle avaient été réalisés. Ainsi, les géopoliticiens allemands des années 1920 et 30 proposaient de sépa- rer la Méditerranée de l'Atlantique par un barrage colossal, qui four- nirait l'énergie pour la mise en valeur des terres nouvelles que décou- vrirait l'abaissement de la mer, et aussi pour reconstituer une mer intérieure au Sahara. Les planificateurs soviétiques n'ont peut-être pas renoncé à l'inversion des grands fleuves coulant vers le nord - le Lena, l'Ob, le Yénisséi - afin d'alimenter la mer Caspienne, qui a beaucoup souffert de l'exploitation intensive. Inutile de dire que les Américains et les Japonais n'étaient pas en reste, suggérant par exemple de faire fondre la carapace de glace couvrant le Groenland à la bombe atomique, ou de modifier le trajet des courants chauds, comme le Gulf-Stream et le Kuro-Sivo, en bouleversant les fonds

* Water, R. Revelle, Sc. A m. 209-3.

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océaniques, toujours à la bombe. Q u a n d on sait que de très grands

t ravaux, par exemple une usine marémotr ice ba r ran t un estuaire, affectent la rota t ion terrestre de façon infime, mais mesurable , ces

projets déments auraient pu bouleverser la planète. Si ces entreprises de visionnaires n 'ont pas été réalisées, des tech-

niques en usage sont tout de même insensées. Réfrigérer (ou condi- tionner, ou climatiser, selon les euphémismes publici taires entrés

comme tant d 'autres dans le langage con tempora in ) un gratte-ciel de

bureaux consomme l 'eau qui suffit aux besoins couran t s d 'une ville de 25.000 habi tants . L'été 1976 a fait dire que « l a sécheresse

actuelle n'est qu 'accidente l lement cl imatique, elle est fondamentale-

ment économique et sociale... La société développée a soif, une soif

dévorante ». * Il serait plus exact de dire que la société et l 'économie

industrielles sont vulnérables à de faibles variat ions cl imatiques,

mais il est bien vrai qu'elles ont soif, et que cela les pousse à la fuite

en avant. C a r même si des efforts sont enfin entrepris pour moins

polluer, pour mieux gérer le capital des eaux, il reste que rien n'est

fait pour freiner la su rconsommat ion et que l 'on cherche à y répon-

dre par de nouveaux grands t ravaux, de nouvelles techniques de

choc. Le plan de l 'Organisa t ion Météorologique Mondia le n o m m é

P A P (Projet d ' augmenta t ion des précipitations), qui doit commence r

en 1977, prévoit dix ans d 'é tudes et d 'expér imenta t ions avant d'inter-

venir massivement dans le régime des pluies. C'est sans doute une

décision inévitable et qui paraî t préparée avec soin, mais on peut être

pra t iquement sûr qu'elle en t ra înera des conséquences imprévues.

Pour relative qu'elle soit, cette p rudence est un fait nouveau dans

la mentali té industrielle. Les grands ouvrages de notre civilisation,

l 'or ientat ion de son économie n 'ont guère considéré jusqu ' ic i que les

buts immédiats , se souciant peu des conséquences en chaîne dans

le milieu naturel ou humain . Or, la vieille image de l 'humani té qui

avance, mais à reculons et sans voir où elle va, s 'appl ique égale-

ment au progrès technologique, malgré sa prétention de prévoir et de maîtr iser le futur. Nous nous re t rouvons, nous nous réveillons dans

l ' impasse : le système technologique a permis un accroissement

explosif de la popula t ion mondia le ; s'il s 'effondre ou seulement se

détraque, les humains devront mour i r misérablement par centaines

de millions; il ne peut cependant cont inuer sur ses données actuelles

« S. Eau. S », B. Charbonneau, Le Monde, Dossiers et Documents, « La sécheresse en France», novembre 1976.

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sans dis loquer les équilibres naturels, ce qui entraîne aussi une série

de désastres. Personne ne sait c o m m e n t échapper au dilemme. Il y

a vingt ans, lorsque j 'écr ivais le manifeste des technocra tes éclairés

qui voulaient faire prendre conscience de la s i tuat ion aux dir igeants

f rançais *, les g rands esprits qui avaient mont ré les périls de la sur-

popula t ion , de la faim, de l ' anarchie techno-adminis t ra t ive , gar-

da ient une cer taine confiance. Aujourd 'hu i , il est clair que la crise

mondiale , longue, brutale , sanglante ne sera pas évitée.

Ces cons idéra t ions générales n 'on t pas pou r but de contr ibuer au

folklore de la nouvelle g rande Peur de l 'An 2000. L 'human i t é ne va

pas crever « la gueule ouver te », pou r reprendre le n o m d 'une des in-

nombrab les publ ica t ions qui se réc lament abus ivement de l 'écologie

afin de faire de la guerre psychologique. N o u s ne vivons pas « les

trente dernières années de la terre », c o m m e ti trait le pr incipal heb-

d o m a d a i r e intellectuel parisien. Mais on ne peut parler sérieusement

des problèmes de l 'eau qu 'en conna issance de leur contexte, qui est

actuel lement celui d 'une crise profonde. Conna i s sance signifie infor-

mat ion étendue et sens des propor t ions . L 'op in ion publ ique - et la

p lupar t des responsables poli t iques et économiques ont passé de

l ' indifférence à la pan ique en moins de dix ans. L 'une et l 'autre sont

de mauva i s conseil, pou r la condui te privée c o m m e pour la gestion collective.

Not re é tonnement , notre scandale devant cette s i tuat ion provient

de l ' ignorance et de l 'habi tude. Le progrès technique a fourni aux

pays développés, pendant t ro is-quar ts de siècle, de l 'eau en abon- dance. N o u s avons oublié que de telles périodes sont rares dans la

longue histoire de la civil isat ion; nous nous sommes accou tumés au confor t c o m m e s'il allait de soi. N o u s sommes ainsi faits, a noté

Aldous Huxley, que : « N o u s ne remerc ions j ama i s Dieu pour l'exis- tence de l ' au tomobi le ; nous nous conten tons de jurer quand le carbu-

ra teur est bouché ». Les petites p laques bleues, à la porte de vieilles

pensions et « garnis » : « Eau à tous les étages », devraient rappeler

que l 'eau couran te n 'é ta i t pas une évidence pour nos grands-parents . Et en r emon tan t encore d 'une générat ion, le por teur d 'eau, avec son

âne chargé de tonneaux, n ' ava i t pas disparu, des rues de Paris.

L 'eau, autrefois, ne manqua i t pas seulement en quant i té ; sa qualité

était une source cons tan te de souci. Les puits con taminés par les in-

* L'Humanisme technique, la Table Ronde, 1958.

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filtrations d 'excréments , les étangs infectés par les mou tons du terri-

ble parasi te qu'est la douve du foie *, les citernes où la réserve pré- cieuse « tournai t », etc., etc., c 'étai t un facteur normal de

l 'environnement ancien. O n imagine peu que la sinistre t radi t ion

alcoolique dont souffre la civilisation européenne est due en grande

partie au réel danger qu'il y avait à boire de l 'eau. « L 'abs t inence

était hors de quest ion avant que le thé et le café soient disponibles

dans tous les foyers, alors que l ' approvis ionnement en eau était sou-

vent impur.. . A la mor t de la reine Victoria, l 'a lcoolisme était encore

un fléau du bas au sommet de la société » ce n 'est qu ' au tou r de

1914 que des lois effectives ont pu être passées en Angleterre et que

les mœurs ont enregistré le changement . En France , du temps de

Pasteur, l 'eau n 'étai t s implement pas considérée comme une boisson.

D ' o ù sa fameuse phrase reprise abusivement vers 1950 par la publi-

cité du syndicat des vins : « Le vin est la plus saine des boissons ».

Les crises de l 'eau, avons-nous déjà vu, sont les seules catastro-

phes his tor iquement connues qui ont anéanti de grandes civili-

sations. L 'Empi re romain avait mobil isé sa formidable capaci té

organisatr ice pour prévenir ce danger , en cons t ru isant les fameux

aqueducs. Mais une a t taque invisible allait tout de même se pro-

duire. On a récemment observé que la folie qui s ' empara des

Romains au début de l 'ère chrét ienne présente les symptômes du

saturnisme, le très grave empoisonnement cumula t i f par le plomb.

Or, seules les catégories sociales dir igeantes possédaient des villas

équipées de tuyauter ie en p lomb; le peuple moins fortuné, qui s'ali-

mentai t aux fontaines publiques, n 'é tai t pas affecté.

Mala r i a et parasi toses, dysenterie et typhoïde, soif et sécheresse, invasion du sable et lente avance du désert, sal inisat ion insidieuse

du sol qui, de façon incompréhensible , tue les cultures, barbares qui

coupent les canal isat ions, inondat ions soudaines ou envahissement

inexorable de la mer, tempêtes qui rompen t les digues ou pluies qui emportent la terre fertile, sources taries et puits à sec, innombrables

malheurs qui reviennent indéfiniment au long de la chronique

Qui n'a pas disparu et a causé la réglementation draconienne de la culture du cresson.

** English Social History, G.M. Trevelyan, Longmans, Londres, 1944. Il y a certainement eu des catastrophes préhistoriques d'ordre tellurique

ou cosmique. Il est possible que les périodes glaciaires aient effacé des cultures évoluées.

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humaine. . . Malheurs , identiques ou sous une nouvelle apparence, qui reviendront .

Le c o m b a t pour l 'eau est l 'un des aspects du c o m b a t sans repos

qu'il faut mener, et gagner, pour survivre. Il ne cesse j ama i s et c 'est l 'affaire de tous, qu 'on le sache ou non.

P R O P O R T I O N S D E L ' E A U

dans le corps h u m a i n et dans les a l iments

Si les civil isat ions sont nées au bord des grands fleuves, la vie elle- même semble avoir c o m m e n c é dans les océans. C 'es t là probable-

ment qu ' a eu lieu la synthèse de ses formes élémentaires, ces molécu-

les difficiles à dis t inguer de la mat ière inerte mais qui entrent dans

des s t ructures manifes tant les caractér is t iques vitales, particulière-

ment la faculté de se reproduire . L 'évolut ion, ensuite, l 'émergence

d 'êtres vivants de plus en plus complexes s'est déroulée en majeure

par t ie dans le milieu marin . Il est p rudent de ne pas affirmer t rop

ca tégor iquement , ca r les origines de la vie et son évolut ion restent

b e a u c o u p plus hypothé t iques qu 'on a pu le croire et le prétendre.

Pa r contre, l ' impor tance de l 'eau dans à peu près toutes les mani- festat ions actuel lement observables de la vie est évidente. Elle l 'est

d ' a b o r d quant i ta t ivement . N o u s verrons que ce n 'est pas cet aspect

qui fait le mieux appara î t r e son rôle. D'ai l leurs , la biologie d'il y

a c inquante ans avai t t endance à considérer l 'eau c o m m e une sorte

de suppor t , de milieu dans lequel se passaient les processus vitaux

plutôt que c o m m e le premier agent de ces processus, ainsi que l 'a

mont ré la biologie la plus récente.

Mais il est tou t de même intéressant de consta ter que les organis-

mes que nous sommes et ceux qui nous en tourent - notre corps, nos

al iments, notre env i ronnement - sont pr inc ipa lement faits d 'eau.

Prenons quelques exemples. H o m m e adulte : entre 58 et 66 % d'eau. La p ropor t ion varie sui-

vant l 'âge et la p ropor t ion de tissus adipeux.

Les organes compor t en t des propor t ions moyennes variables, des reins (83 %) aux dents (10 %). Coeur : 79 %; muscles : 76 %; peau :

72 %; cart i lages : 55 %; graisse : 30 %; os : 22 %. Le sang est le

moins hydra té des liquides organiques , avec 79 %; la sueur : 99,5 %;

les sucs gast r iques : 97 %; le lait : 89 %.

Les an imaux mont ren t des pourcentages de peu à beaucoup supé- rieurs à ceux de l 'homme. D u chien (67 %), aux poissons (75 %) et

aux méduses, don t les 95 % sont proches de l 'eau de mer.

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Les aliments ont une forte teneur en eau quand ils sont consom- més à l'état naturel, par opposition aux aliments fabriqués, comme le beurre (13 %), le fromage (de 35 - gruyère - à 50 % - camem- bert), le pain frais (33 %). Concombre : 97 %; asperge : 95 %; chou, carotte, haricot vert, melon, poireau, champignon, tomate varient entre 89 et 91 %; les haricots secs et les pois sont au bas de l'échelle avec environ 10 %.

Les fruits se rangent dans un groupe hydraté (pomme, poire, prune : 85 %; framboise, raisin blanc : 80 %; fraise, raisin noir : 76 %; agrumes, de 70 à 85 % selon l'état de dessication) et dans un groupe farineux ou oléagineux (banane : 15 %; châtaigne : 10 %; noix, amande : de 5 à 7 %).

Le bœuf de boucherie varie de 50 à 75 % selon la teneur en

graisse; le porc, de 45 à 70 %; le poulet : 72 %; l'œuf : 73 %; le lait de vache : 87,5 %.

L'eau nécessaire à l'organisme est fournie par la boisson, l'absorp- tion des aliments hydratés, mais aussi par des mécanismes internes en rapport avec l'atmosphère et d'autres qui synthétisent l'eau dans le corps à partir de l'hydrogène.

C O M P O S I T I O N P H Y S I Q U E D E L ' E A U

Il faut bien imaginer que le mot « eau » désigne un vaste groupe

de substances dont la composition, les propriétés, les caractéristi- ques sont très diverses. L'eau théoriquement pure que désigne la for- mule H2O (deux atomes d'hydrogène et un d'oxygène) est une abs- traction plus qu'une substance naturelle. Elle est en fait un mélange d'au moins 18 corps composés. Il existe 3 isotopes de chacun des atomes H et 0 , c'est-à-dire trois corps simples de poids atomique différent. Cette notion très spécialisée s'est répandue à propos de l'uranium des bombes atomiques : l'isotope le plus courant, U238, devant être traité avant de fournir une petite proportion de son iso- tope explosif, U235. Les isotopes de l'hydrogène sont dits : 1H, 2H, 3H ou encore 1H (protium), D (deutérium), T (tritium); les isotopes de l'oxygène : 160, 170, 180. Ainsi, l'eau naturelle pure est princi- palement constituée, en proportion décroissante, de 1H2O (eau légère), D2O (eau lourde) et de T2O (oxyde de tritium), lequel est normalement radio-actif. Les eaux naturelles complexes, comme les eaux minérales, sont évidemment beaucoup plus compliquées, avec des combinaisons isotopiques plus rares et des taux de radio-activité parfois considérables.

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En outre, l'eau est « le solvant universel »; du moins, elle dissout de nombreux corps. L'eau de mer contient tous les corps simples, de l'hydrogène à l'uranium; plus une variété qui défie l'analyse de corps composés, de substances organiques, de micro-organismes imperceptible à l'œil nu. Nous allons devoir très sommairement pénétrer dans cette complexité parce qu'elle seule permet de comprendre - ou, au minimum mais c'est tout de même nécessaire - de sentir intuitivement que l'eau n'est qu'en fausse apparence un « liquide incolore, inodore et sans saveur »; qu'elle n'est pas le moins coûteux des produits de nettoyage, emportant certaines substances hors du corps à la façon dont elle dégage une tuyauterie; qu'elle est au contraire si complexe que les eaux naturelles, eau de mer comme eaux minérales (au sens large du mot) ne sont pas reconstituables par la synthèse chimique.

Nous résumerons d'abord les caractéristiques physiques et chimi- ques de l'eau qui nous intéressent directement. Puis nous descen- drons au niveau fondamental de la vie, tel que le conçoit la biologie submoléculaire, ou bioénergétique. Car pour comprendre le fonc- tionnement de notre corps, il faut connaître les organes internes. Mais l'activité des organes s'explique par les fonctions des tissus. Ces tissus sont constitués de cellules, elles-mêmes fort complexes : ce sont des êtres individuels, pour ainsi dire, et le microscope nous montre les monocellulaires qui se déplacent, mangent, se reprodui- sent, se combattent, comme lorsque les globules blancs du sang atta- quent des microbes envahisseurs. Les constituants de la cellule, telles les nucléoles du noyau et les mitochondries du cytoplasme, sont faits de molécules et les molécules d'atomes.

Nous voilà au niveau de la biologie moléculaire proprement dite. Nous avons tous eu quelques contacts scolaires avec son langage, celui des lettres symbolisant les corps simple et composés : H2O, ClNa, SO4 H2, etc. Les grosses molécules qui forment la matière vivante peuvent être figurées par ces lettres, reliées en chaînes et en structures géométriques élémentaires. Prenons l'exemple d'une molé- cule relativement simple, en comparaison de la plupart des autres, celui de la vitamine B6 (ci-contre).

Mais ce niveau moléculaire n'est pas encore fondamental. L'atome est constitué, en schématisant, d'un noyau central et d'électrons. On a décrit la structure de ces grains d'énergie à la façon d'un minuscule système solaire; le noyau figurant le soleil et les électrons gravitant autour de lui comme des planètes, sur des orbites plus ou moins éloi- gnées. Aujourd'hui, cette image est remplacée par une conception

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améliorée, où les électrons sont définis par une probabilité statisti- que, mais on a gardé le mot « orbite » pour désigner le processus essentiel de la bioénergétique. Dans un atome à l'état stable, les charges électriques s'équilibrent, entre le noyau chargé positivement et les électrons chargés négativement. Mais l 'apport d'un « quantum » d'énergie (une quantité minime définie par une constante*) fait « sauter » l'électron sur une orbite plus éloignée du noyau que celle où il était situé auparavant. Alors, l'atome « excité » devient plus apte aux échanges et combinaisons avec d'autres ato- mes. A ce niveau, les processus de la vie peuvent être décrits avec une précision empruntée à la physique. Certes, les calculs sont possi- bles seulement pour les ordinateurs, étant donné les dimensions infi- mes des phénomènes atomiques.

Il est évidemment difficile d'assimiler les notions hautement abs-

traites de la biologie moderne, avec leur langage hermétique. Repre- nant l'exemple de la vitamine B6 : le phosphate de pyridoxal, groupe prosthétique des décarboxylases, des transsulfurases et des transami- n a s e s , a c c e p t e p o u r c e s d e r n i è r e s t r a n s i t o i r e m e n t u n g r o u p e N H 2 ,

prenant la forme pyridoxamine. Souvent, pour l'adepte des médeci- nes naturelles, cette science paraît même étrangère, sinon hostile à la nature et à la vie; elle n'a en tout cas rien à faire avec les traite- ments naturels.

Pourtant, comme dit le Bouddha : « Tu es cela ». Nous sommes des « structures énergétiques ». Nous sommes faits d'énergie solaire, comme l'a exprimé Szent-Györgyi avec profondeur et simplicité : on ne le voit pas immédiatement parce que nous ne pouvons pas absor- ber les photons du soleil à la façon des végétaux; aussi, « nous lais-

La molécule de la vitamine B6.

La « constante de Planck » vaut environ : 0.000.000.000.000.000.000.000.000.006.625 erg-seconde,

lequel équivaut à 1 0 watt.

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sons les plantes travailler, puis nous les mangeons ou nous man- geons la vache qui a mangé la plante ». Et ces recherches n'ont pas pour seul but de résoudre « les problèmes centraux et les plus intri- gants de la biologie ». Il se trouve que « ces lacunes de notre savoir fondamental correspondent aux lacunes de la médecine, et que nom- bre de maladies « endogènes » ou « dégénératives » continuent de sévir en causant d'immenses souffrances * ». Ces maladies « endogè- nes », parmi lesquelles le cancer, sont ainsi nommées tout bonnement parce que leur origine est encore ignorée. Les têtes de file de la biolo- gie submoléculaire en France, les époux Pullman, ont bien montré que ces travaux abstraits étaient au service de la médecine la plus quotidiennement utile **.

En ce qui nous concerne ici, le niveau submoléculaire est indispen- sable pour comprendre enfin les rapports de l'eau et de la santé. Or, malgré sa longue tradition et la solidité de sa pratique, le therma- lisme souffre maintenant de ne pas avoir le même statut scientifique que la chimiothérapie, alors qu'il le mérite amplement. Ce n'est pas notre propos de parler en général des médecines naturelles. Disons cependant que leur indifférence, leur ressentiment contre une science à la fois trop jeune et trop sûre d'elle, qui les a un temps mal traitées, ne sont plus justifiés aujourd'hui. Établir scientifiquement la valeur des médecines naturelles est, avec leur pratique, la meilleure façon de les servir.

Autre exemple d'application de la biologie moderne : les eaux de consommation courante. Le débat autour des eaux en bouteilles

comparées à l'eau du robinet ne dure que parce qu'il se tient à un niveau superficiel, où l'on ne peut pas le résoudre.

C A R A C T É R I S T I Q U E S P H Y S I Q U E S E T C H I M I Q U E S D E L ' E A U

Les caractères physiques et chimiques de l'eau sont trop compli- qués pour être tous énumérés ici. Il faut signaler cependant quelques notions de base et faire sentir à quel point ce liquide familier cache

* Du soleil à l'homme, l'organisation énergétique des structures vivantes, de H. Laborit, Masson, 1963, expose de façon très accessible et « humaine » la biolo- gie submoléculaire. « La nouvelle biologie au seuil de l'atome », G. Veraldi, Science et Vie, déc. 1967, résume la question, y compris la polémique entre molé- culistes et submoléculistes.

La cancérisation par les substances chimiques et la structure moléculaire, B. et A. Pullman, Masson, 1955.

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de complexité, de mystère. Les originalités, les exceptions aux nor- mes physiques, les paradoxes y sont presque de règle.

L'eau a d'abord la rareté de se présenter dans les conditions natu- relles sous les trois états liquide, solide et gazeux. Elle semble exister encore sous d'autres formes, en haute atmosphère par exemple; les physiciens soviétiques ont produit une eau « superdense », 40 % de plus que la normale, aux propriétés particulières, dont celle de ne pas geler à 0° et de prendre, à moins 100°, une consistance gélati- neuse *.

Dans l'organisme, on décèle une eau ordinaire et une autre, phy- siologiquement liée, dont les propriétés diffèrent également des nor- mes. On sait bien que la viande ne perd pas toute son eau à la cuis- son au feu; environ 30 % du total ne disparaît qu'à la carbonisation. L'eau physiologiquement liée s'apparenterait à la série des glaces polymorphes classées par Bridgman. On sait qu'à part la glace I qui se congèle dans nos réfrigérateurs, il y a 5 autres types, de II à VII (le IV manquant). La glace VII a ainsi pour densité 1,13, alors que la glace I a 0.91 par rapport à l'eau à 4°.

La viscosité de l'eau diminue avec la pression, contrairement aux autres liquides. La tension superficielle (ce qui fait adhérer une pelli- cule d'eau à une surface, et que les produits pour laver la vaisselle ont l'effet de supprimer) est également anormale, de même que le passage à l'état gazeux, bien que l'échauffement de l'eau et l'ébulli- tion aient fourni les références à la mesure de la température. Maints spécialistes ont avoué que c'est un corps bizarre. Mais l'importance et la diversité de ses actions ne sont égalées par aucun autre.

C'est un solvant « universel », qui dissout de nombreux gaz, beau- coup de liquides (sauf les corps gras, les hydrocarbures et quelques autres corps dont la structure moléculaire n'est pas électriquement polarisée), pratiquement tous les solides. Nouvelle anomalie, cette propriété varie avec la chaleur mais de façon inconstante : pour le chlorure de sodium, la température est indifférente; pour le nitrate de potassium, la solvabilité augmente à chaud; pour le sulfate de soude, elle augmente à froid.

Outre la solution proprement dite, l'eau peut entrer dans divers types de mélange. Mais surtout, elle produit une foule de réactions

Au lieu d'être seulement juxtaposées, les molécules d'eau seraient ici organi- sées en longues chaînes.

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d'un immense intérêt pratique. L'hydrolyse, décomposition d'un corps par l'eau (comme c'est le cas avec le savon). L'hydratation, fixation de l'eau sur un corps (exemple l'eau oxygénée H2O2 et d'innombrables structures organiques). La catalyse, c'est-à-dire l'action de favoriser une réaction où le catalyseur lui-même ne parti- cipe pas. Il est bien connu que l'eau provoque la corrosion, la rouille, des métaux par les acides. Elle a enfin une propriété d'ordre fonda- mental, celle d'être un grand agent d'ionisation, de marquer électri- quement les atomes en leur ôtant ou en leur ajoutant un électron; dans le premier cas, l'ion est de charge positive; dans le deuxième, l'ion est négatif. Ion vient du grec iôn, qui signifie à peu près « celui qui va »; en effet, les ions sont des atomes qui se remuent. Quant à leur importance, elle est bien exprimée par Laborit : « La vie nous apparaît comme l'ionisation dans la cellule de la molécule d'hydro- gène apportée par les substrats * ».

Ces propriétés sont celles de l'eau pure. Il s'y ajoute tout ce que peut apporter, dans les conditions naturelles, l'activité de solvant. L'eau qui n'est pas artificiellement synthétisée en laboratoire, serait- elle la plus claire des eaux de source ou le produit garanti d'une usine de purification par l'ozone, contient des corps dissous, dont beaucoup ne sont décelables que par des techniques élaborées d'observation, comme la spectroscopie, et certains indécelables. Le fait même que ces dissolutions soient infimes contribue, a-t-on découvert tardivement, à leur activité biologique. La microminérali- sation (où un corps n'existe qu'à l'état de traces), la polyminéralisa- tion (où ces traces de divers corps produisent des combinaisons encore peu explorées scientifiquement), l'oligominéralistion (où le corps n'est même pas dissous à proprement parler, mais représenté par des formes ionisées instables), ce sont là, précisément, les pro- cessus qui font que l'eau de mer et les eaux minérales sont à la fois impossibles à reconstituer artificiellement et d'une puissante action biologique.

On connaît dans la vie courante la notion d'hydrotimétrie, la mesure des sels contenus dans une eau donnée. La « dureté » de l'eau est estimée, très approximativement, grâce à une solution alcoolique de savon. Le degré hydrotimétrique ** varie de 0 à 7 (très douce),

* Les substrats sont les corps nécessaires à l'activité physiologique, les matières premières des réactions vitales. ** Dit D H T (degré hydrotimétrique total).

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7 / 1 4 ( d o u c e ) , 1 4 / 2 0 ( m o y e n n e ) , 2 0 / 3 0 ( a s s e z d u r e ) , 3 0 / 5 0 ( d u r e ) ,

p l u s d e 5 0 ( t r è s d u r e ) .

L ' e a u e s t h a b i t u e l l e m e n t r a d i o - a c t i v e . D ' a b o r d p a r l a p r é s e n c e

d ' i s o t o p e s c o m m e le t r i t i u m ; e n s u i t e , p a r d e s s u b s t a n c e s r a d i o - a c t i -

v e s d i s s o u t e s , l e s q u e l l e s s o n t t r è s a b o n d a n t e s d a n s la n a t u r e ; en f in ,

u n e e a u m i n é r a l e p e u t c o n t e n i r de f o r t e s q u a n t i t é s d e c e r t a i n s g a z

r a d i o - a c t i f s ( p r i n c i p a l e m e n t le g a z d e r a d i u m , le r a d o n ) , m a i s a l o r s

l a r a d i o - a c t i v i t é d u r e p e u , c e s g a z a y a n t u n e « p é r i o d e », u n e « d u r é e

d e vie » t r è s c o u r t e : p o u r le r a d o n , l a p é r i o d e e s t d e 4 j o u r s , c ' e s t -

à - d i r e q u e , d a n s ce l a p s d e t e m p s , l a r a d i o - a c t i v i t é a d i m i n u é d e

m o i t i é . L a r a d i o - a c t i v i t é h a b i t u e l l e d e l ' e a u s ' e x p r i m e en m i l l i m i c r o -

c u r i e ( o u m i l l i a r d i è m e d e cu r i e ) . L ' e x p é r i e n c e a m o n t r é q u ' i l f a u t

s o u m e t t r e l ' o r g a n i s m e h u m a i n à p l u s i e u r s d i z a i n e s d e c u r i e s p o u r

q u e l ' i r r a d i a t i o n so i t d a n g e r e u s e . L e s e a u x n a t u r e l l e s n ' o n t d o n c r i en

à v o i r a v e c u n e e a u a r t i f i c i e l l e m e n t i r r a d i é e p a r u n e r é a c t i o n n u c l é a i r e .

L ' e a u e s t a f f e c t é e d ' u n d e g r é d ' a c i d i t é , o u p H . D a n s la p r a t i q u e ,

o n d i s t i n g u e s e u l e m e n t d e s e a u x n e u t r e s , a c i d e s et a l c a l i n e s . L a

m e s u r e d u p H v a de 1 à 14, le d e g r é m é d i a n d e 7 i n d i q u a n t l ' é t a t

n e u t r e . Si l ' o n v a a u n i v e a u f o n d a m e n t a l , o n c o n s i d è r e l ' a c i d e

c o m m e u n e s u b s t a n c e q u i l i b è r e d e s i o n s h y d r o g è n e c h a r g é s p o s i t i -

v e m e n t ; l a b a s e a l c a l i n e c o m m e u n e s u b s t a n c e c a p a b l e d e f ixer u n

p r o t o n * e t q u i r é a g i t a v e c u n a c i d e p o u r d o n n e r u n sel et d e l ' e a u ;

u n sel e s t u n c o m p o s é q u i a p p a r a î t q u a n d l ' h y d r o g è n e d ' u n a c i d e

es t r e m p l a c é p a r u n m é t a l . L ' e a u p u r e e s t n e u t r e ( l a q u a n t i t é d ' i o n s

H + e s t é g a l e à ce l le d ' O H - ) . P a r c o n t r e , les e a u x n a t u r e l l e s , o ù

d i v e r s c o r p s s o n t d i s s o u s , o n t d e s p H v a r i a b l e s , q u i c o n s t i t u e n t u n

d e s f a c t e u r s i m p o r t a n t s d e l e u r v a l e u r h y g i é n i q u e et m é d i c a l e , o u in- v e r s e m e n t .

Enf in , u n e p r o p r i é t é c a p i t a l e d e l ' e a u es t s o n p o t e n t i e l r e d o x , o u

r H 2 . C ' e s t u n e n o t i o n a s s e z d i f f i c i l e d e p r e m i e r a b o r d . T e c h n i q u e -

m e n t , le p H e s t le l o g a r i t h m e i n v e r s e d u n o m b r e m e s u r a n t l a c o n c e n -

t r a t i o n d ' i o n s H + ; p a r a n a l o g i e , le r H 2 es t le l o g a r i t h m e i n v e r s e d e

la c o n c e n t r a t i o n e n m o l é c u l e s d ' h y d r o g è n e . P l u s s i m p l e m e n t , il s ' a g i t

d e m e s u r e r u n p o t e n t i e l o x y d o - r é d u c t e u r ; u n e « r é d u c t i o n » e x p r i m e

la c o m b i n a i s o n a v e c l ' h y d r o g è n e ; u n e « o x y d a t i o n », u n e c o m b i n a i -

s o n a v e c l ' o x y g è n e . C e d e r n i e r m o t es t c o u r a m m e n t e m p l o y é , à p r o -

* Particule du noyau atomique chargée positivement.

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pos d'objets de métal oxydé. Mais la réduction, moins connue, est la base de la vie. En sortant de la source, les eaux minérales ont un rH2 élevé. On peut dire par analogie qu'elles « respirent », absor- bant de l'oxygène, qu'elles « vivent ». Dans les stations, le verre d'eau apporté au curiste paresseux est couvert pour limiter le contact avec l'oxygène.

Revenant au niveau fondamental, tout organisme vivant ne main- tient sa structure dans le milieu ambiant que par un échange conti- nuel de matière et d'énergie. L'atome peut recevoir de l'énergie sous forme calorique, chimique, électrique, radiante. Mais il s'agit tou- jours de déplacements et de transformations de particules électriques. La biologie submoléculaire mesure ces processus avec une précision non seulement supérieure, mais d'un autre niveau. Prenons par exemple une partie, « une région », d'une molécule qui se trouve dans toutes les cellules *. La figuration biochimique classique montre des atomes de carbone C égaux. La figuration énergétique montre que leurs charges électriques sont différentes; et ce sont ces différences qui expliquent leurs propriétés :

Les nombres indiqués ne traduisent que l'un des caractères de la « région » : la charge électrique. Pour compléter la carte d'identité quantique, il faut ajouter d'autres séries de nombres, qui renseignent sur : les orbitales moléculaires, les énergies de résonance, les liaisons mobiles, les valences libres, les localisations.

C'est aussi difficile que ça en a l'air, mais le travail en vaut la peine. Ainsi, l'indice de valence libre mesure le « taux d'insatura tion » d'un atome, c'est-à-dire sa capacité de liaison avec des élec-

* L'extrémité pyridique du DPN.

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trons soit libres, soit attachés à d'autres atomes. Les électrons sont en effet appariés par deux, chacun tournant sur lui-même, dans le sens de sa rotation autour du noyau ou en sens inverse Ce « couple » occupe une orbite et lui seul en vertu du principe d'exclu- sion de Pauli. Quand un électron solitaire, dit « célibataire », se trouve sur une orbite, il est disposé à former une union avec un élec- tron célibataire de spin opposé appartenant à un autre atome. Quand deux atomes constituent une association assez stable, ils donnent une molécule. L'atome « libre » obtenu en dissociant une molécule

d'un corps simple par un apport énergétique suffisant, est normale- ment activé.

L'eau est ionisante, solvante, très active parce qu'elle joue, avec l'oxygène de sa molécule H2O, le rôle de « donneur d'électrons ». L'ion H+, le plus léger de tous les ions, exerce un champ électrique puissant et passe très rapidement d'une molécule d'eau à une molé- cule voisine.

Ces quelques indications sont évidemment plus que sommaires. Mais elles suffisent, je suppose, à faire sentir combien l'eau est un agent complexe et puissant, quand on le considère au niveau électro- nique. Ce qui va suivre montre qu'on ne peut guère éviter de la consi- dérer ainsi quand on veut comprendre son rôle biologique.

B I O P H Y S I Q U E D E L ' E A U

La vie cellulaire exige donc des échanges incessants entre le milieu extra-cellulaire qui l'environne et lui apporte ses éléments nutritifs, et le milieu intra-cellulaire ou s'accumulent les déchets du métabo-

lisme. « Une cellule vivante n'est jamais en équilibre avec le milieu où elle est plongée. Quand cet équilibre survient, c'est pour elle la mort ** ».

On a cru longtemps que les échanges cellulaires étaient essentielle- ment régis par le processus nommé osmose. Dès 1748, l'abbé Nollet mettait en évidence la circulation d'un liquide solvant à travers une membrane semi-perméable, qui permet le passage du solvant mais non des substances dissoutes. Les solutions séparées par la mem-

Ce mouvement, défini par un nombre quantique de giration, est nommé le « spin ».

Nous suivons ici de près les travaux de Henri Laborit, particulièrement sa Physiologie humaine cellulaire et organique, Masson, 1961. Un des rares traités qui intègrent la biochimie submoléculaire et la cybernétique à la biologie générale.

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brane, a-t-on vu par la suite, tendent vers une concentration molécu- laire égale. On pensait donc que la pression osmotique des liquides intérieurs ou extérieurs faisait passer les molécules dans un sens ou dans l'autre à travers la membrane cellulaire. En médecine thermale, cette idée a donné de l'importance à la concentration moléculaire des eaux, que l'on a classées en hypertoniques, hypotoniques et iso- toniques, ces dernières pouvant être injectées directement dans le sang.

En fait, la membrane cellulaire n'est pas analogue à une feuille de cellophane. C'est une structure vivante, qui participe au processus complexe des échanges entre la cellule et son milieu. De nombreuses substances entrent dans la cellule; mais l'échange le plus important est celui des ions de potassium qui sont à l'intérieur de la cellule et des ions de sodium qui sont dans les liquides extra-cellulaires. L'excitation de la surface de la membrane enlève des charges positi- ves, qui sont remplacées par des charges négatives internes ; le « po- tentiel de membrane » change; la membrane se dépolarise, elle devient plus perméable. Si le processus se maintenait, si la simple pression osmotique était le principal mécanisme en jeu, la cellule perdrait sa différence de potentiel et arriverait à « l'équilibre mortel » avec le milieu. Mais l'oxydo-réduction s'intensifie, repolarise la sur- face cellulaire, et ce cycle énergétique, réglé cybernétiquement, maintient la différenciation vitale de la cellule. Laborit compare cel- le-ci à « une barque trouée qui ne peut se maintenir à flot que par le fonctionnement d'une pompe rejetant continuellement à la mer l'eau qui l'envahit ». A cette image frappante, ajoutons deux autres formules qui sont à la base de la nouvelle biologie : la vie est faite d'une énergie qui n'appartient pas à la terre, mais lui vient du soleil (Szent-Györgyi); et : la vie ne s'adapte pas, elle lutte pour maintenir sa différenciation (Laborit).

Retenons au passage une conclusion de Laborit qui confirme bien que les médecines naturelles ont de moins en moins à se dresser contre une science sommairement mécaniste. La biochimie classique s'était trop facilement contentée de transposer des processus valables au niveau de la matière inerte, comme l'osmose, pour expliquer les phénomènes propres à la vie. Il est clair aujourd'hui que ce « réduc- tionnisme » du supérieur à l'inférieur dans l'échelle de la complexification du vivant est une erreur. « Il n'est pas exagéré de dire qu'il a fallu la physique einsteinienne et la théorie des quanta pour que la physique puisse s'insérer sans brutalité au sein des pro- cessus vitaux ».

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Le corps de l'être humain se compose de 58 à 66 % d 'eau. C' est dire l'importance de cette substance unique pour notre santé et notre vie.