malherbe - oeuvres comp. vol iv - 1862

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AD. UEGIVIEUMembre de l'InsiitutOEUVRESDE MALHERBETOME IVPAins. I.MPlsniKRIF Dh CH . LAHURF. ET *Rue de Fieurus, 9OEUVRESDE MALHERBERECUEILLIES ET ANNOTEESPAR M. L. LALANNEANCIEN ELEVE DE l'cOLE DES ClIAaTESNOUVELLE EDITIONREVUE SUR LES AUTOGRAPHES, LES COPIES LES PLUS AUTHEKTIQUESET LES PLUS ANCIENNES IMPRESSIONSET AUGMENTEde notices, de variantes, de notes, d'un lexique des motset locutions remarquables, d'un portrait, d'un fac-simil, etc.TOME QUATRIMEPARISLIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET iVBOULEVARD S AI NT- GE RMAIN , w" 771862BIBLIOTHECAPRFACE.Le prsent volume contient la fin des OEuvres deMalherbe, c'est--dire le reste de sa correspondance etson commentaire sur des Portes. Les lettres sontadresses diffrents destinataires, dont quelques-unsnous sont demeurs inconnus . Elles sont au nombre decent vingt. Aux quatre-vingt-dix-sept qui figurent dansles anciennes ditions, o elles sont rparties en troislivres, nous avons ajout celles qui , dans ces derniresannes, ont t publies par M. Miller et par M. Haurau, et quelques autres que nous avons tires, soit d'anciens recueils imprims, soit du manuscrit Baluze, tantde fois cit par nous. Les autographes contenus dansce manuscrit et dans diverses collections publiques ouparticulires nous ont fourni des variantes que nousavons soigneusement releves.Il nous a t impossible d'adopter un ordre bien rgulier pour le classement de ces lettres, dont bien peu sontdates, et dont plus d'un quart ne portent pas de nom dedestinataire. Nous nous sommes born runir cellesMalherbe, iv a,1 PRFACE.qui taient adresses la mme personne (Racan, duBouillon Malherbe, Colomby, Caliste, etc.), ou dont lesujet offrait de l'analogie. Telles sont, par exemple :les Lettres de consolation^ exercice oratoire qui tientune grande place dans l'histoire littraire de l'poque,et qui n'a jamais d atteindre le but que l'auteurtait cens se pr^oposer. La lettre la princesse deGonty sur la mort du chevalier de Guise peut tre considre, pour le fond et pour la forme, comme un modle du genre.Dans notre premier volume (p. xlvii) nous avonsparl des annotations dont Malherbe avait charg lesmarges d'un exemplaire des OEuvres de des Portes (di-tion de 1609), exemplaire qui, aprs avoir appartenu Balzac et au prsident Bouhier, se trouve aujourd'hui la Bibliothque impriale*. lien existe la bibliothquede l'Arsenal deux copies faites sur les marges de deuxexemplaires de la mme dition de des Portes. Cescopies, que nous avons dsignes par les lettres A et B,offrent avec l'original des diffrences parfois assez notableset que nous avons signales. Ce sont tantt des suppressions, tantt des variantes, tantt mme des additions. Lessuppressions et les variantes sont probablement le fait ducopiste. Quant aux additions, elles proviennent peut-tred'un autre exemplaire pareillement annot par Malherbe.11 serait encore possible qu'il les et crites sur desmorceaux de papier dtachs qui se seraient perdusplus tard.I . Et non la bibliothque de l'Arsenal , comme nous l'avionsdit par erreur.PRFACR. mQuoi qu'il en soit , ces annotations , qui avaient tinsres en partie dans Tdition de Malherbe publie parM. Parrelle, nous les donnons ici en entier avec les variantes et les additions fournies par les deux copies del'Arsenal. Quiconque voudra tudier ce commentaire,vritable code grammatical et potique , devra recourir un exemplaire des OEuvres de des Portes, car il nous at impossible de rimprimer en entier les pices critiques, bien qu'il y ait souvent des observations gnralesqui portent sur l'ensemble d'une pice ou d'une strophe.Il nous reste, en terminant, adresser nos plus vifs etplus sincres remercments aux deux collaborateurs quenous avons dj nomms dans la prface de notre troisime volume. M. Lacombe a montr autant d'habilet que de sagacit dans la lecture d'autographes et debrouillons qui, avant lui, avaient t regards commeindchiffrables * .Le fils an de M. Rgnier a apport dans la collationdes textes, dans la rvision des preuves, un soin et uneintelligence dont je ne saurais trop ici lui tmoignerma gratitude. C'est lui qui, en outre, a bien voulu secharger de la confection de la Table alphabtique et analytique qui termine ce quatrime volume, et dont le publicapprciera l'importance et l'utilit. Enfin c'est encore lui, et le travail ne pouvait tre plac en de meilleuresI. Nous devons aussi mentionner l'aide que nous avons trouvepour la lecture de diverses pices dans une transcription faite parM. Mabille, attach au dpartement des manuscrits de la Bibliothqueimpriale, transcription dont il avait t charg par M. l'administrateur gnral de la Bibliothque, M. Taschereau , que nous prionsd'agrer ici nos remercments.IV PREFACE.mains, qu'a t confie ]a rdaction du Lexique qui doitaccompagner notre dition, et qui lui seul formera unvolume.On trouvera la suite de cette prface des additionset des corrections qui ne manquent pas d'importance.Quelques-unes sont dues au savant bibliothcaire d'Aix,M. Rouard, que nous remercions sincrement de sesobligeantes communications.LuD. Lalanne.ADDITIOr^fS F/r CORRECTIONS.Malherbe, comme on a pu le voir dans notre premier volume acrit un certain nombre de pices de vers destines figurer en tled'ouvrages composs par ses amis. Dans ces dernires annes on ena retrouv plusieurs qui avaient chapp jusqu'alors aux diteurs deMalherbe, et il est probable que l'on en retrouvera encore d'autres.En voici une qui a t donne par M. P. Lacroix dans le BuUctindu Bouquiniste du i5 aoiit i863, et qui est place en tte d'un volume in-8o intitul : Le Floriste franais , traittant de Porigine desTulipes^ de V ordre qu on doit observer pour les cultiver et planter ^eiQ.^par le sieur de la Chesne Monstereul, Caen, lazar Mangeant,r654,in-8".A M. DE J.A CHESNE,Sur son livre intitul le Floriste franais .PIGRAMME.Tout est si beau dans ce recueil,Qu'Adam relevant du cercueil,Voyant ces merveilles parotre,Douteroit s'il parle du lieuO la voix puissante de DieuLui donna premirement l'tre.(les vers, signs de Malherbe, peuvent fort bien tre de notre pote.Toutefois, il y a une petite difficult que je ne sais comment r-VI ADDITIONS F/r CORRECTIONS.soudre. Malherbe cessa de vivre le i6 octobre 1628, et il seraitassez singulier qu'il et compos des vers pour un ouvrage qui nepitrut que seize ans aprs sa mort.M. Lambert , le savant conservateur de la bibliothque de Carpentras, que nous avons eu dj occasion de remercier de son obligeance, a bien voulu, sur notre demande, uous envoyer la copie dela pice suivante, qui se trouve dans cette hibliothque et fait partiedes additions aux manuscrits de Peiresc, n 10, f"^* 47 et 48.Artalucio d'Alagonia ayant tenu le parti des Angevins auxguerres de Naples, fut contraint de quitter le pays et s'en veniren Provence, quand les Aragonois demeurrent matres duroyaume. Depuis qu'il fut en Provence, il fit plusieurs voyages Rome et autres lieux voisins de Naples pour traiter avec ceuxque le victorieux avoit mis en possession de son bien et voir d'enretirer quelque chose. En l'un de ces voyages , il arriva quevoulant loger en une htellerie o il avoit accoutum de loger,il lui fut dit que toutes les chambres toient prises, hormis uneo personne ne logeoit cause d'un mauvais esprit duquel depuis quelque temps en elle toit infeste. Il mprisa cettedifficult d'y loger. Comme il y fut entr , une ombre se prsenta lui et le suivit par toute la maison. Il ne dit mot decette vision ses gens. En soupant, elle se tenoit table auprsde lui. Surl'heure du coucher, tant au priv, elle le suit encore,et lors l'un des siens qui lui clairoit l'ayant laiss seul, il dit cette ombre : a Si tu as quelque chose me dire, dis ce que tuvoudras; sinon, va-t'en et me laisse. L'ombre lui rpondit qu'iltoit son hte qui proditoirement et malheureusement avoit ttu et jet dans le puits de la maison; qu'il le prioitd'en fairetirer ses os et leur donner spulture, afin qu'il pt aller Dieu,n'y ayant plus que cela qui l'en empcht. Artalucio le luipromit, et l'ombre disparut. Le lendemain Artalucio fait cureile puits , avec tonnement des voisins, qui pensoient qu'il ychercht quelque li^or, et ayant trouv les os d'un homme,ADIJITIOINS \V\ CORllKCIOKS. vuil les lit inhumer soleniiellemeiit en l'glise, et dire du bien pourle dfunt, ayant sjourn l exprs tout le jour. J.e soir venu,cette mme ombre le vient retrouver. Il lui demande : a Queveux-tu plus de moi? N'ai-je pas ("ait pour toi ce que tu desirois? Oui, rpondit l'ombre, je vous en viens remercier clvous demander si je vous puis rendre quelque service. Artalucio ayant un j)eu jiens, lui dit qu'il le prioit de l'avertir de samort trois jours auparavant; ce que l'ombre lui promit. A quelques annes de l, lors Artalucio tant au lit seul et un sienjeune Uls, nomm Jehan, en un pavillon dans la mme chambre, on vient sur la minuit frapper la porte du chteau. Artalucio, qui avoit command quelques-uns de ses sujets dese tenir prts de grand matin pour venir la chasse avec lui,pensa que ce fussent eux qui fussent si diligents. Il connnandadonc son fils de se lever et regarder par la fentre qui c'toit(jui frapj)oit la porte. Son fils y regarde, et aprs avoir regard de tous cts sans voir personne, il se remet au lit. jln'y eut pas t longtemps que l'on frappa derechef la porte.Son pre le fait lever la seconde fois; mais il ne vit ni n'outpersonne non plus que la premire. Il se recouche, et bienttaprs on frappe la porte pour la troisime fois, qui fut causeque le pre se leva lui-mme et sortit la fentre. Or commeil demanda qui frappoit, il lui fut rpondu : Je suis votre htede N..., qui vous ai promis de vous avertir trois jours devantvotre mort. L'heure en est venue ; je me viens acquitter de mapromesse. Artalucio se remet au lit, appelle son fils, et commande qu'on lui apporte de la chandelle. Il passa le reste dela nuit prier Dieu. Le jour venu, il envoya qurir un amiqu'il avoit la Tour-d' Aigus, pour lui communiquer sesaffaires. A quoi et })rier Dieu ayant employ les troisjours qui lui restoient, il dcda, comme l'ombre lui avoitprdit.Cette histoire m'a t rcite par le sieur de iVIerargues, quitoit son fils et hritier au sixime degr. Cette pice, nous crit M. Lambert, occupe dans Toiiginal iroispages d'une feuille qui parat avoir t plie et enfejnie dans unpaquet. Elle tait probablement adresse Peiresc et accompagnevm AD1)ITT0^S RT CORRECTIONS.d'une lettre qu'il ne m'a pas t possible de trouver. Au vers) dufeuillet 48 on lit cette note du baron de Rians : a Cette histoire est crite de la main de Monsieur de Malherbe. TOME I.Page XXIX, note 2, ligne 8, a dont il a plu au Roi de me gratifier, /isez : dont il a plu au Roi me gratifier. Page XXXVII, ligne 22, Rovet, lisez : Covet ou Cauvet. xPage xLvii, lignes 17 et 18, bibliothque de l'Arsenal, Usez : Ribliothque impriale. Page LVii, ligne 14 Couvet, Usez : Covet ou Cauvet. Page 20. Suivant M. Allaire, qui a bien voulu nous envoyer surquelques passages de notie dition des observations dont nous leremercions, la pice V n'aurait pu tre crite avant l'anne iSgS.D'aprs l'Estoile, nous lui avons assign la date approximative deI 591 1592.Page 167, remontez d'un vers les chiffres de numrotage partirdu chiffre 20.Page 1785 ligne 8, mettez un point aprs les mots : vers funbres.Page 332, ligne 1 1 , c Malherbe de la Meausse, lisez : Malherbede la Meauffe. Page 359, note i, ligne i, a le 20 octobrCj lisez : le 28 octobre. Page 362, ligne 27, compte, lisez : conte. Page 364, ligne 12, dcda le 29, lisez : dcda le 24. TOME II.Page 107, note 2, lisez : Aussi ne faut-il exhorter personne rechercher.... Page 3o2, note i, la fin, ce qui vous a donn, lisez : quivous avez donn. Page 3i4i ligne dernire, les mots de conjurateurs si dsesprs sont le texte de toutes les ditions que nous avons pu voir ; mais ilfaut videmment lire : de conjuration si dsespre. Le latiuest : mtnquam conjiiralnlur.ADDITIONS ET CORRECTIONS. ixPage 3i8, note i, on a renvoy la p. 4^6 du tome 1, au lieu derenvoyer la p. 438.Page 348, note 2, on a renvoy la p. 236, au lieu de renvoyer la p. 336.Page 375, note 2, chaise porteur, Usez : oc chaise porteurs. Page 387, ligne 8, aux mots : et prenez une forme digne deDieu, ajoutez en note : Ces mots traduisent cette citation quefait Snque :.... Et te quoque digniiniFinge Dco.... {Enide y livre VIII, vers 364 et 365.)Page 411, ligne 20, aux mots : Quel Dieu? ajoutez en note : Snque cite ici Virgile :Quis Deus incertum est, habitat Deus. j{Enide, livre VIII, vers 352.)Page 556, ligne 23, a paix, lisez : prix. Page 556, note i, on a renvoy la p. aSg, au lieu de renvoyer la p. 269.Page 65 1, note 2, connues, lisez : connue. Page 717, ligne i4) au mot pan^ ajoutez en note : Au lieu deforce de pain, qui est le texte des premires ditions, du Ryer (1659)donne la leon plus vraisemblable : forme de pain . TOME III.Page 10,Page i3,t aidbren, etnote 12, fille de Henri II, Usez : fille de Henri I^". note 2. Suivant M. Roux-Alpheran , la Touloubre auraitdans son livre par Gaillard- Lonjumeau, seigneur de Venlapar L. C. M. d'Arnaud de Rousset.Page 17, note 5, p. 10 et 11, Usez : p. 11 et 12. Page 28, note 3, Usez : Voyez plus loin, p. 81, note 2. Page 33, ligne 2, M. d'Orlans, lisez : a Monsieur d'Orlans, comme la ligne 6.Page 36, note i, ligne 3, supprimez les mots : ac du parlement. Page 57, la note 9 doit se rapporter au marquis de Montlaur,nomm une ligne plus haut que le comte son frre. Dans cette note,au lieu de comte, 3> Usez : marquis. Page 60, note 8 : cr conseiller la cour des comptes, lisez : conseiller au parlement. Quant la date de 1604 que nous avons donnecomme tant celle de la rsignation que M. de Calas fit de sa chargeX ADDITIONS ET CORRECTIONS. Peiresc, elle serait fausse, suivant M. Rouard, et devrait tre reculede trois ans. Nous dirons seulement que nous l'avons tire d'unelettre de Peiresc Scaliger, date du aS fvrier 1604, et dans laquelleon lit ce passage : a Voil que M. de Callas, mon oncle, me faitrsignation de son tat de conseiller.... mesme que la cour a djvrifi mes lettres.... (Epis trs franaises Mons^ J. J. de la Scala,IJarderwyck, 1624, p. 245.)Page 70, note 3, et tome IV, p. 532, colonne i, ligne 14, chambre des comptes du parlement, efface/ les mots du parlement. Page 88, note 3, fille lgitime, Usez : a fille lgitime. Page 90, note 4> Henri II, Usez : Charles IX. Page i44> note 3, on a renvoy la note i5 de la p. 127; Usez : note 16. Page 255, note i. Henri du Faur, seigneur de Tarabel, devintpremier prsident au parlement de Provence. Nous avons pris cerenseignement dans Morri (dit. de 1759, t. V, art. Faur, p. 53,col. 2). Henri du l'aur, y est-il dit, conseiller au parlement deToulouse, puis matre des requtes, conseiller d'tat, nomm premier prsident du parlement de Provence, mort premier prsidentdu parlement de Pau. M. Rouard nous a fait observer avec raisonqu'il n'a jamais t premier prsident du parlement de Provence.Page 297, ajoutez la note 2 : oc Une nouvelle dition de cetterelation peu prs introuvable du P. Yves d'vreux a t publie Paris cette anne (1864), par M. Ferd.Denis, la librairie Franck.Page 366, note 3, ligne 2, aprs de 1614 1627, ajoutez : suivant le Gallia christiana. Page 38 1, note 16. Voici le texte de l'inscription dont parleMalherbe et qui est aujourd'hui au muse d'Aix :D. M.C. VER ATI C. FIL. PAX. FATERTEQVITIS R03I. FLAM. AVG.C. VERATIVS THREPTIONFILIO PIISSIMO.Page 407, ligne 21, Malherbe a crit : a Notre- Dame-des-Lassez ; le vrai nom est : Notre-Dame de la Seds. Page 423, note 2, du duc de Guise, lisez : du chevalier deGuise. Page 4^7, noie 10. Nous avons tir cette liste des dputs auxtats gnraux, du Mercure franais, qui a estropi quelques noms.Ainsi il faut lire Mathean, au lieu de Mathaon, et SabouUn, au lieude Sebolin.Page 542, note 2, n le i3 juillet, lisez : a le 23 juillet. ADDITIONS ET CORRECTIONS. xiPage 547, note 17, au lieu do : Etienne du Puget, etc., v, tait joint le sonnetque nous avons donn au tome I, p. 68 (pice xvri),etqui, commenous l'avons dit d'aprs Mnage, fut compos en if>o5.6 LETTRES A DIVERS.la fortune de me donner ce contentement. Je sais bienqu'aux choses de telle importance, qui est malheureuxest coupable, et que la bonne intention ne justifie pasles mauvais succs. Voil pourquoi, Madame, j'ai recours votre misricorde, et Timplore avec toute sorte de trshumbles submissions. Celle de Dieu, bien qu'elle soitinfinie, veut que sa justice soit satisfaite. J'en veux croirele semblable de la vtre, et pour satisfaction , ne pouvantmieux faire, je vous apporte l'offrande d'un clitif sonnet, que je fis tout aussitt que je sus qu'au lieu de revenir par de, vous tourniez le visage vers la Provence.Il vous sera peut-tre rendu trop tard ; mais le principalest qu'il vous fasse croire que je mets la gloire de votrenom entre les plus dignes sujets o je me saur ois jamaisemployer. Si j'ai cette grce de vous, j'ai toute la flicitque je dsire; car avec cela je ne douterai point d'arriver la gloire d'tre tenu de vous pour votre trs-humble ettrs-obissant serviteur.4. A MONSIEUR DE RACAN \Monsieur ,Hier je reus votre lettre du Q.y^ du pass, et tout aussitt je fis tenir Mme de Termes^ celle que vous lui crivez. Je la lui eusse porte moi-mme, mais j'avois quelqueaffaire que je ne pouvois remettre. Cependant je ne voulus pas diffrer de la lui faire bailler, afin qu'elle et duLettre 4. i. Cette lettre a t imprime pour la premire foisdans l'dition de i63o, livre II, lettre 10, p. SyS.2. Catherine Chabot, veuve, depuis iGai, de Csar- Auguste deSaiut-Lary, baron de Termes, frre de Roger de Bellegarde. Racanla recherchait alors en mariage. Voyez plus loin la lettre 8, p. f.-?. et 23.LKTTRKS A DIVKRS. 7temps d'y faire rponse, comme elle a promis de faire.Je crois bien que ce ne sera pas pour ce voyage, mais jela solliciterai pour l'autre. Dieu aidant. Vous m'avez, faitun plaisir extrme de me mander la nouvelle de cet accident notable advenu la Flche. Il y a l de quoi entretenir la Reine. Mais, s'il vous plat, vous m'en manderez plus de particularits. Je ne veux pas examinerl'affaire pour y penser comprendre quelque chose. Leslivres n'en apprennent rien; et je m'assure que les Jsuites, que vous me dites tre aprs, en savent aussi peuque les Gordeliers, qui n'y pensent point. Dieu s'est rserv beaucoup de secrets, desquels cettui-ci est infailliblement du nombre. Autrefois on a cru que les angesavoient dsir la compagnie des femmes , et vous pouvezpenser que les femmes n'auroient pas refus aux angesce qu'elles accordent assez volontairement aux hommes.Toutefois l'glise a condamn cette opinion. Je m'enrapporte ce qui en est. Je suis bahi que cet invisibleamoureux , qui qu'il soit, ne s'avisa d'aimer cette femmedevant qu'elle ft marie ; sinon qu'il soit comme sontbeaucoup d'hommes, qui n'aiment ni les fdles ni lesveuves , les unes comme trop difficiles , les autres commetrop aises, et qu'il se soit voulu arrter l'amour d'unefemme marie, pour avoir le plaisir de planter des cornes,et faire en mme temps plaisir la femme et dplaisir aumari. Si ce n'est cela, on peut dire que c'toit quelqueesprit qui venoit la Flche en commission, ou passoitpar la Flche pour aller ailleurs , et que ayant trouvcette commodit, il l'a voulu prendre en chemin faisant,au hasard d'tre repris de ses suprieurs quand il sera deretour, pour s'tre amus par les chemins , comme ceslaquais qu'on envoie au vin, et qui s'amusent jouer la mourre. Nous avons beau nous distiller l'espritl-dessus, nous n'en saurons jamais rien. Il me sembleI8 LETTRES A DIVERS.que cela vaut bien la peine que vous y alliez faire unvoyage.Je suis bien en peine de cette priode que vous n'avezsu lire. Mais puisque vous vouliez deviner, vous deviez de-viner toute autre chose que quelque prosprit pour moi.Vous savez bien que je ne suis pas homme bonnes fortunes. Je serai bien aise que vous gardiez ma lettre, afinqu' votre retour nous voyons que c'est, et que je mecontente sur la doute o je suis de ce que ce peut tre.Je ne vous envoie point de vers. Ils sont faits et baills,mais il y a dfense ' de les faire voir, par-dessus laquelleje ne veux passer que vous ne soyez ici. Il n'y a que septstances de six vers*, de la mesure de ce premier coupletque j'avois fait pour Montauban. Pour 6cpX^, je ne saurois que vous en mander. C'est une affaire qui , selon lacoutume, fit un grand bruit sa nouveaut. Depuis il nes'en est presque point parl. Ce qui m'en donne plusmauvaise opinion, c'est la condition des personnes quiil a faire. Pour moi , je pense vous avoir dj crit queje ne le tiens coupable de rien, que de n'avoir rien faitqui vaille au mtier dont il se mloit. S'il meurt pour3. 11 y a dfenses^ au pluriel, dans rditlon de i63o; mais le relatif laquelle^ qui vient aprs, montre qu'il faut le singulier.4. Cette pice, compose de sept stances de six vers chacune, si ellea t publie, ne peut tre que celle qui commence par Cest assez,mes dsirs. Voyez tome I, p. 296, pice cviii. Sur Montauban,voyez tome III, p. 3o, note 12.5. Ces trois lettres grecques dsignent Thophile Viaud, emprisonn alors comme coupable d'athisme et d'autre chose encore, etqui ne recouvra sa libert qu'au mois de septembre 162 5, lorsqu'unarrt du parlement le condamna un bannissement perptuel. Voyezsur toute cette affaire la longue et importante notice que M. Alleaumea place en tte de son excellente dition des OEuvres de Thophile(Bibliothque elzvirlenne, i856, 2 vol. in-i2).Il est probable qu'ici,comme pour Beaumarchais dans la lettre suivante , c'est l'diteur etnon Malherbe qui a remplac le nom propre par des caractres grecs.li:tti\es a divers. 9cela , vous no devez point avoir de peur : on ne vousprendra pas pour un de ses complices. Je vous envoieune lettre que M. de Boisrobert rna baille pour vousfaire tenir. C'est, ce qu'il m'a dit, afin que vous leurfassiez tenir de vos pices pour mettre en un recueilnouveau qu'ils vont faire ' . Pour nouvelles , je ne vouspuis dire sinon que les Reines sont ici depuis hier, etMonsieur deux jours auparavant. On croit que le Roiy sera mardi prochain. Il est all faire encore un petitvoyage de chasse devant que de se retirer. Ainsi voilSaint-Germain abandonn pour cette anne. Noussommes ici sains comme ladres. Tout le monde s'en revient; faites-en de mme. Adieu, Monsieur. Dieu veuilleque j'aie mieux crit cette lettre que la prcdente ! Aumoins espr-je que vous y lirez bien que je suis tout fait votre serviteur trs-humble et trs-affectionn.A Paris, ce 4*^ de novembre 1623.Informez-vous quand commena la recherche de cetinconnu ', et combien de temps aprs le mariage ;S'il couche avec elle, et ce que le mari fait cependant ;ce qu'en dit la demoiselle , et si quand ils sont ensembledans le ht, il ne parle point elle, et ce qu'il lui dit ;Si elle est mlancolique, et si elle tmoigne n'y prendrepoint dplaisir.6. Franois leMtel de Bois-Robert, l'un des fondateurs de l'Acadmie franaise, mort en 1662. Voyez son Historiette dans Tallemantdes Raux, tome II, p. 383.7. Probablement le Recueil des plus beaux vers, dont la premiredition parut en 1626 et o le nom de Racan vient en effet aprscelui de Malherbe. Voyez tome I, Notice bibliographique, p. cxi,8. Ce post-scriptum se rapporte Vaccinent advenu a la Flecfie,dont il est parl au commencement de la lettre.lo LETTRES A DIVERS.Vous vous aviserez assez de vous-mme de plusieursquestions curieuses qu'il y a moyen de faire la femme.Mais cela vaut bien la peine d'y aller vous-mme.Sachez le nom de la demoiselle, et son surnom, etc.5. A MONSIEUR DE RA.CAN ^De Paris, ce i3'' de dcembre i6a4Monsieur,11 faut avouer que je fus paresseux la dernire fois queje vous crivis. Quand j'envoyai ma lettre chez M. Royer ^,il avoit dj envoy son paquet au messager. Je vous encrie merci, et vous promets que cette faute ne m'arriveraplus. M.Royer n'avoitpast si diligent l'autre voyage;ce fut ce qui me trompa. Vous obligez grandement monfils de vous souvenir de lui. H y a fort longtemps que jel'ai envoy en Normandie^, o il passe son temps, cequ'il m'crit, mieux qu'en lieu o il ait jamais t. Je l'aitir d'ici, il y a fort longtemps, pour le doute* que j'avoisque ses parties ne lui eussent tendu quelque pige , commecertes j'ai dcouvert qu'ils avoient fait; mais j'eus bonnez, de quoi bien lui print, et moi aussi. J'attends, avecun million de gentilshommes, un pardon gnral de tousles duels, dont le mariage de Madame sera le prtexte.Lettre 5. i. CeUe lettre, dj imprime dans l'dition de i63o,livre II, lettre ii, p. 58o, a t donne d'aprs l'autographe, parM. Miller, dans la Revue de Bibliographie analytique^ en mars i84i2. Peut-tre le Royer, un ami de Racan et de Bois-Robert.3. A cause du duel dont nous avons parl dans la Notice ^ tome I,p. XXXVI et XXXVII.4. Tel est le texte de M. Miller. Dans l'dition de i63o, on lit :la doute, ce qui pourrait bien tre la bonne leon.LETTRES A DIVERS. iiSi Fairaire de M. de Beaumarchais* ctoit en aussi beauchemin, il n'auroit que faire d'aller chercher sa sret enrle de Noirmoustier, o Ton dit qu'il s'est retir. PourThophile % il ne se dit rien de lui. Le pauvre' hommeest en trs-mauvais tat. On m'avoit dit qu'on l'alloitjuger ; mais cette heure il ne s'en parle plus. Je ne croispas que la mort ne lui ft plus douce que de vivre comme ilfait. Soyez homme de bien son exemple, et qu'il ne tiennepas aller dvotement la messe, que vous ne soyezappel Monsieur par ceux de votre village. De nouvellesje n'en sais point, et qui plus est, je crois que je vouspuis dire qu'il n'en est point. Si vous ne venez ici qu'auquinzime de janvier, vous tes homme pour ne baiserpas les mains Madame*. M. de la Ville-aux-Clercs estall en Angleterre ^ H y a longtemps qu'il est parti, maisle mauvais temps l'a gard de se mettre sur la mer plustt que dimanche dernier. Nous aurons bientt aprs son5. M. Miller donne ainsi le nom eu toutes lettres. Dans l'ditionde i63o il est remplac par un chiffre : ce l'affaire de ^[jl/^. Beaumarchais, financier, beau-pre du marquis de la Vieuville, qui Malherbevenait d'adresser un sonnet (voyez tome I, p. 263, pice xciv).Lorsqu'au mois d'octobre 1624 Louis XIII eut dcrt la formationd'une chambre de justice, Beaumarchais, dit Richelieu dans ses Mmoires, fut des premiers se sauver dans l'le de Noirmoutier. Lescharges contre lui furent si grandes qu'il fut enfin condamn trependu et trangl, et fut excut en effigie. 6. Ici encore l'dition de i63o donne, au lieu du nom, le chiffre0 d'aprs un autographe conserv dans le manuscrit Baluze,f" 54, a t rimprime par M. G. Mancel [Lettres indites de Malherbe^ p. 40).2. Malherbe veut parler sans aucun doute de sa traduction duXXXin^ livre de Tite Live, publie Paris, avec la date de 162 1,in-8. Voyez au tome I la Notice bibliographique, p. xc.3. Au lieu de six, que, etc., Malherbe avait d'abord crit quatre,puis, aprs avoir corrig quatre en six., il avait ajout les mots suivants, qu'il a ensuite rays : a deux qui seront, s'il vous plat,pour mes cousins de Retot et de Maizet, et les deux autres pourM. de Janville et M. le Clerc, et deux pour M. des Ifs et pour M. deSaint-Christofle (?) le Porcher. 4. Peut-tre Morant, dont il est question dans les lettres Peiresc. Voyez tome III, p. 20 et 26, note 2. Le nom a t effac etil est entirement illisible.5. Dans la Ddicace de la traduction de Tite Live. Voyez tome I,p. 393.6. Ici se trouvent dans le manuscrit les lignes suivantes qui sontbiffes : Si M. de Vernay * vient ici, je traiterai volontiers avec lui. Je* Charles du Verney, qui avait pous Louise de Malherbe, filled'Elazar de 3Ialherbe, et par consquent nice du pote. Il taitlieutenant gnial des eaux et forts au bailliage de (]aen.LKTTRRS A DIVKRS. ^9remercie bien liumblenient de tant de soin et de peineque je vous donne, et dsire en pouvoir prendre quelque revanche ; mais je ne sais si la fortune m'en donnera jamais le moyen, et bien que M. de Luynes m'aitpromis des merveilles, je suis si malheureux que je n'oserien esprer. Tout ce que j'aurai jamais de moyens nesera pas employ selon mon souhait, si vous n'y recueillezquelque fruit de tant d'obligations que je vous ai. Adieu,Monsieur mon cher cousin : je suis toujours votre trshumble et trs-affectionn serviteur ,Malherbe.A Paris, ce 10 de fvrier 1621.Je me souviendrai de l'affaire de la pauletle*, maisjusqu' cette heure il n'y a rien de certain que je sache.Suscription : A Monsieur, Monsieur du Bouillon, procureur du Roi au bailliage de Caen.27. A MONSIEUR DU BOUILLON MALHERBE*.Monsieur mon cousin,Vous ne recevez jamais de mes lettres sans quelquen'attends autre chose, tant j'ai de hte d'avoir retir de Normandiece peu que j'y ai. Je crois que je ne manquerai point de marchandspour ma rente. Je loue fort votre dessein sur la terre de Saint- Agnan,et vous exhorte, mon cher cousin, de remettre en notre maison uneterre qui y a t si longtemps, qu'elle porte notre nom et nous lesien*. J'ai reu la rescription** que m'avoit faite M. de Vales ,par M. de Vales lui-mme. Il toit ici depuis hier au soir. Lettre 27. i. Cette lettre a paru pour la premire fois dansl'dition de i63o, livre II, lettre 32, p. 646.* Suivant M. G. Mancel, la terre de Saint-Agnan fut ffectivement achete (je ne dis pas rachete) par la famille de M. de Bouillon.** Voyez plus haut, lettre uS, p. 56, noie 1.6o LETTRES A DIVERS.importunit, et moi jamais des vtres sans quelque faveur. Votre paquet me vient d'tre rendu , et dedans lecontrat de la constitution de rente que je desirois. Jevous ai dj protest que le nombre de vos bienfaits apuis mes remerciements. N'en attendez donc plus demoi. Je suis marri de ne vous pouvoir offrir quelquerevanche ; mais il faudroit tre mieux avec la fortune queje ne suis, pour en attendre cette gratification. Elle enfera ce que bon lui semblera. Ma consolation est que,comme vous m'avez toujours aim gratuitement, vous enferez de mme l'avenir, et donnerez votre affection,non l'esprance de quelque revanche, mais la seulesatisfaction de votre bont. Je continue toujours en lavolont de faire venir mon fils par de ; mais avec quelsuccs ce sera , il faudroit pour le deviner tre plusclairvoyant que je ne suis. Dieu lui a donn des grcesdont ses amis peuvent esprer du service. Il y ajoutera, s'il lui plat, celle de les employer avec quelquefruit.Pour nos nouvelles, je m'assure que l'on vous auracont le passage du prince de Galles^. Je crois que pai'cette impatience il a voulu tmoigner sa matresse lagrandeur de son amour. Il vit recorder le ballet^ de laReine, et il vit celle qu'autrefois il a dsire pour femme' .Ce sera lui, quand il aura vu celle d'Espagne, de juger2. Charles I^r, alors prince de Galles, passa inconnu par laFrance, dit Richelieu (anne 1628), arriva Paris au commencementde mars [le 3), vit danser le grand ballet de la Reine le 5, et poursuivant son voyage, arriva Madrid le 17.... Le Roi fut si malaverti qu'il n'eut point d'avis de son passage par la France qu'il neft dj prs des frontires d'Espagne, m II allait y traiter de sonmariage avec la sur d'Anne d'Autriche, Marie-Anne, qui fut marie en i63i l'empereur Ferdinand.3. Rpter le ballet.4. Henriette do France, qu'il pousa en 1620.LETTRES A DIVERS. (hs'il a perdu ou gagn. Quant moi, mon cousin, je vousdirai sans cajolerie, que la ntre est une des plus gentilles princesses qui soit au monde , et que je ne croispoint qu il y ait, non une personne de sa qualit, maisune demoiselle en France, de qui Tespril ne perdt sacause, s'il toit mis en comparaison avec le sien. J'ai tce matin Taudience du milord Hay % de laquelle je n'airien entendu ; mais j'ai pris garde que le Roi lui a fait l)onvisage et l'accueil et au cong. Le sujet de l'audiencetoit l'excuse du prince de Galles en ce petit quipage, etainsi dguis comme il toit. Nous attendons Monsieur lePrince cette semaine. Il y en a qui s'imaginent quelquenouveaut sa venue; pour moi, je ne suis pas de leuravis. On avoit grandement parl d'un voyage de Picardie ;mais s'il n'est tout fait rompu , il est pour le moins diffr , au grand contentement de toute la cour, et de moiparticulirement , qui eusse eu la peine d'aller faire donner mon arrt Compigne. Je ne baillerai point votrelettre M. de Saint-Clair^, que je ne voie qu'il en soit besoin, mais tant les choses comme elles sont, je pense quece soit une uvre superrogatoire. J'oubliois vous direqu'il y eut hier huit jours que le Roi envoya un courrier Montpellier pour faire lcher M. de Rohan, que M. deValence ' avoit retenu. Je ne sais ce qu'il en sera. Tant ya que M. de Soubise est toujours ici, ce qui ne seroit passi son frre avoit eu quelque mauvaise intention. Maisvous savez comme aux affaires d'Etat la dfiance et la5. J'ai expdi Doncaster [lord James Hay, vicomte de Doncaster,et peu aprs comte de Carlisle) au roi de France, avec une petitelettre de ma main, voulant avoir pour lui cet gard de l'informerque mon fils traversoit incognito son royaume. [Lettre de Jacques I au prince de Galles et Buckngham, du 8 mars 162 3.)6. Matre des requtes Rouen. V^oyez tome III, p. 558.7. Achille d'Estampes Valencay, grand-croix de Malte, cardinal,mort en i643.62 LETTRES A DIVERS.sret vont l'une quant et T autre. Monsieur mon cousin,je vous baise bien humblement les mains , comme votretrs-humble et trs-affectionn serviteur.A Paris, ce i3^ mars 1623.28. A MONSIEUR DU BOUILLON MALHERBE \Monsieur mon cousin,11 ne me souvient pas que j'aie reu une seule de voslettres sans y avoir fait rponse l'heure mme, sinonpar le mme messager, au moins par quelque autre quipartoit le mme jour. Que s'il est advenu autrement, jevous prie de croire qu'il y a eu quelque empchementque je n'ai pu viter. Je suis assez religieux en ceschoses-l. Si en toutes autres je l'tois autant, je pourrois passer pour un grand homme de bien. Je vous remercie des vers que vous m'avez envoys. Il ne partirajamais rien de M. Patris^ que je n'estime pour son mrite, et que je n'aime pour l 'affection que je crois qu'il meporte. Je vous envoyerois en revanche ceux des balletsdu Roi et de la Reine ; mais il est trop tard pour les recouvrer, et certainement vous n'y trouveriez rien, monavis, qui vaille les dsirer. S'ils ont quelque recommandation, c'est qu'ils sont faits la cour, et pour LeursMajests. Vous trouverez en ce paquet un petit crit, quevous lirez avec plus de merveille que vous ne feriez cetteposie de carme-prenant. L'histoire est assez particulirement crite. Ce qui y manque, c'est la punition duLettre 28. i. Cette lettre a paru pour la premire fois dansl'dition de i63o, livre II, lettre 33, p. 649.}.. Pierre Patrix, pote normand, n en i583, mort en 1671.LETTRES A DIVERS. 63calomniateur qui fut pendu il y a cinq o six jours laCroix-du-Tiroir*. I^t m'a-t-on dit que l'on avoit envoy Baye-sur-Baye*, pour prendre et amener ici un certainecclsiastique, que Ton prtend avoir t instigateur decette belle affaire. Pour ce que vous vous plaignez de ceque je vous avois crit que ceux qui avoient branl netomberoient pas^, je ne vous ai rien crit en cela qui nefiit selon l'opinion gnrale de toute la cour. Entre plusieurs raisons que je vous en pourrois donner, j'en choisirai une, que je crois que vous jugerez avoir t sulisantepour me faire crire ce que je vous ai crit*.Si je ne me lassois d'crire, je vous en dirois bien davantage, pour vous faire connotre qu'il n'est pas possibleque quelquefois on n'crive des choses qui ne sont pas vritables. En voici une o il n'y a point de rponse. Il y eutsamedi huit jours que le Roi tant venu voir la Reine samre, lui dit tout haut, et je l'ous avec beaucoup d'autres, qu'Alberstat' avoit t pris par le pays, qui s'toitlev contre lui, Tavoit pris dans une maison assez foiblc,et l'avoit men pieds et poings lis l'Empereur. Celtenouvelle lui avoit t crite par son ambassadeur qui rside Bruxelles. Et cependant elle s'est trouve si fausse queTon tient que lui et le comte de Mansfeld seront ici dans3. Il s'agit du fait racont dans le livret suivant : Arrest de mortexcut en la personne de Jean Gu'dlot, Lyonnais^ architecte, duementconvaincu de l'horrible calomnie par lui impose ceux de la Bochelle.... descrit par le sieur de Montmartin, Paris, Saugrain, 1624,in-80. . ,4. Bay-sur-Bay dans le dpartement des Basses- Alpes, communed'Entrevaux, arrondissement de Castellane.5. Allusion la disgrce du chancelier Brlart de Sillery etde son fils Puisieux.6. Il y a ici une lacune dans l'imprim.7. Christian de Brunswick, vque administrateur d'Alherstadt.64 LETTRES A DIVERS.cinq ou six jours. Vous pouvez juger, si je vous avoiscrit cette nouvelle-l, la tenant de la }3ouche du Roi,s'il y auroit eu de quoi m 'accuser. En voil trop, Monsieur mon cousin , pour ma justification, et mme l'endroit d'un juge qui m'aime comme vous faites. Nos nouvelles sont, que le milord Ricli est ici depuis le soir duballet. Il ne vient pas, ce dit-on, de la part du roi d'Angleterre, mais seulement pour passer son temps en cettecour. Toutefois on croit qu'il vient pour sentir les volonts sur le mariage de Madame et du prince de Galles. Ily en a toujours qui veulent croire que le mariage d'Espagne se fera '. Pour moi, je persiste en ma premire opinion, qu'il ne se fera point. La fin des tats d'Angleterrenous en apprendra la vrit. Je suis las de vous crire.C'est assez pour cette fois. Je vous envoie demi-douzainede copies d'un sonnet que je donnai au Roi il y a cinq ousix jours *''. Vous en donnerez, s'il vous plat, mie M. d'Escageul, et l'autre M. Patris. Des autres, vous enferez ce que bon vous semblera. L'effet qu'il a eu, c'a tcinq cents cus que le Roi m'a donns par acquit patent,o j'ai t si favorablement trait, queM. deChampigny **,qui l'a contrl, l'a voulu envoyer lui-mme par M. desNoyers*^ son neveu, Monsieur le garde des sceaux**,qui tout aussitt l'a scell avec toutes sortes d'loges, ceque m'a dit M. des Noyers. Adieu, Monsieur mon cou8. Robert-Henri Rich, qui devint plus tard comte de Holland.9. Le mariage projet de l'infante Marie- Anne d'Autriche avec leprince de Galles. Voyez la lettre prcdente, p. 60, fin de la note 2.10. Voyez tome I, pice xci, p. 260.11. Jean Bochart de Champgny, alors contrleur gnral desfinances avec Marillac. Il devint ensuite premier prsident du parlement de Paris.12. Franois Sublet, seigneur de Noyers, baron de Dangu, intendant des finances, puis secrtaire d'tat, mort en 164^.i3. Etienne d'Aligre.LKTTRES A DIVERS. G5sin : je suis votre trs-liumble et Irs-afTectionn serviteur.A Paris, ce iS*" fvrier 1624.29. A MONSIEUR DU BOUILLON MALHERBE VMonsieur mon cousin,Ce que je fais cette heure, je desirerois l'avoir faitds hier; mais je n'avois point de nouvelles vous mander, et tois all pour en apprendre. Cela ne m'a pasrussi. Tout ce que je sais, c'est que Mme la princessede Conty a crit Madame sa mre, qui m'a fait voir lalettre, que si Leurs Majests ne sont Paris le i S*' de cemois, elles n'en seront pas bien loin. Aprs cela ne medemandez que ce que savent les crocheteurs. Le mariagede Monseigneur et de Mademoiselle de Montpensier ^ estdj une vieille nouvelle. Il fut arrt il y eut hier huit jours .On en attend l'accomplissement au premier jour. La joieest par toute la cour, aux uns au cur et au visage, auxautres au visage seulement. Celle del Reine mre, aprscelle de la marie, est, mon avis, la plus grande et laplus vritable. Cette bonne princesse dsire de voir perptuer sa postrit en la race de nos rois, et certes sondsir est lgitime. Nous ne saurions enter de meilleuregreffe que la sienne. Je crois que les vux de tous lesgens de bien ont le mme but. Pour le mien, je sais bienque vous n'en doutez pas. Voil tout ce que j'ai vousdire l-dessus. Pour autres nouvelles, je vous envoie laLettre 29. i. Cette lettre a paru pour la premire fois dansl'dition de i63o, livre II, lettre 34, p. 652.2. Voyez ci-dessus, p. 27, et la note 2.Malherbe, rv 566 LETTRES A DIVERS.l)arangiie de Monsieur le garde des sceaux ^ Vous vverrez de grandes marques de probit et d'loquence. J'yloue tout, mais j'y admire cette comparaison des mineset des menes des factieux. Vous m'en direz votre got.Adieu, Monsieur mon cousin : je suis votre trs-humbleet trs-affectionn serviteur.A Paris, ce a*" d'aot 1626.3o. A MONSIEUR DU COUFULON MALHERBE \Monsieur mon cousin ,Je ne sais sur quoi vous vous fondez pour ne croirepas que devant qu'il soit Pques la Rochelle sera enl'obissance du Roi. Je suis bien de contraire opinion : jene crois pas qu'elle soit si longtemps sans se rendre. Ony travaille par deux voies : l'une par la stecade^ prtendue de Pompe Targon', de laquelle je n'ai pas grandeesprance , comme aussi n'ont presque tous ceux qui enviennent ; l'autre est par une digue ou chausse que l'on tiredu travers du port, depuis le fort Louis jusques au fort deGoreilles. Il y a huit ou dix jours qu'il y en avoit cent dixpas de fait. Vous pouvez penser que depuis la besogneest bien avance. L'on tient qu'elle sera acheve pourtout le mois de janvier. On doit laisser au milieu la placed'un canal , qui sera rempli de vaisseaux maonns quise font Bordeaux. H y a douze ou quinze jours que la3. Michel de Marillac. Sa harangue Messieurs du Parlement setrouve dans le Mercure fraiico'is, tome II, 2^ partie, p. 7.Lettre 3o. i. Cette lettre a paru pour la premire fois dansl'dition de i63o, livre II, lettre 35, p. 6542. L'estacade. Sur tous les travaux du sige, voyez les Mmoires de Richelieu j annes 1627 et 1628.3. C'tait un ingnieur italien.LETTRES A DIVERS. G7Reine mre me dit (je dis moi , pource que je le luidemandai) qu'il y en avoit dj trente (raclievs. Je luious dire aussi lundi au soir que la digue ctoit si bonne etsi ferme, que la mer n'en avoit pas branl la moindrepierre qui y ft. Les choses tant comme cela , je ne suispas d'avis que vous gagiez; et d'ailleurs, pour avoir monportrait vous n'avez que faire de gageure*. La demandeque vous m'en faites est trop obligeante pour ne la vousaccorder pas. Je dsire seulement que vous me donnieztemps jusques ce que nous soyons dans les chaleurs.Il est vrai que je n'ai jamais que mauvaise mine, maisen hiver je l'ai pire qu'en t. Je vous en ferai doncfaire un ce mois de mai , et en ferai faire un autre pourme faire mettre en mdaille, pour en tirer une cinquantaine , et de cette faon satisfaire beaucoup de personnes qui me font la mme prire que vous. H y a unedouzaine de mes parents ou de mes amis Caen quij'en veux donner. Il m'en faut pour cette ville et pourProvence. Ce ne seroit jamais fait de m'amuser me fairepeindre. Je suis bien aise, Monsieur mon cousin, quemes lettres vous soient agrables. Vous en parlez selonmon got, quand vous dites qu'en les lisant vous pensezm'our deviser au coin de mon feu. C'est l, ou je metrompe, le style dont il faut crire les lettres. J'espre,quand je me serai tir de l'affaire o m'a mis la mort devotre cousin^, en faire imprimer un volume entier, oje mettrai celles que vous m'avez envoyes , et avec ellescelles que je vous cris tous les jours, que vous garderez,s'il vous plat , pour y tre mises quand je les aurai revues et habilles la mode. Vous me garderez, s'il vousplat, celles que vous avez reues de moi depuis les4. Voyez sur les portraits de Malherbe, tome I, p. cxxiv et suivantes.5. Du fils de Malherbe.68 LRTTRES A DIVERS.premires , non pas toutes , mais celles o vous jugerez qu'il y aura de la matire pour faire quelquechose. Vous aurez dans quinze ou vingt jours, Dieuaidant, cent ou six vingts vers que je vois* envoyer auRoi'. Ils lui seront prsents par M. le cardinal deRichelieu, que vous croyez bien qui n'y sera pas oubli. Pour nos nouvelles, lundi Montagu^ fut mis laBastille. Il vint par eau depuis Melun jusques au pr "de cepavillon, qui est au bout du jeu de mail de TArsenac. Lemarquis de Rotelin*% qui le reut et le livra M. de Tremblay **, m'a dit qu'il le trouva fort tonn. Je ne pensepas qu'il soit trait d'autre faon qu'en prisonnier deguerre. On dit que M. de Bullion*^ vient pour l'interroger. Il se peut faire qu'il est dj venu. Les drapeauxpris sur les Anglois * ^ furent hier apports au Louvre auxdeux Reines. On leur fit faire un tour dans la cour, et del on les porta Notre-Dame. Il y en a quarante-quatre.Ils ont t dix-neuf jours par les chemins. Le frre an deM. de Saint-Simon*'^ en a t le conducteur, et de quatrepetites pices qui ont t prises sur les mmes ennemis.Les drapeaux ont tous au bout d'en haut et au coin quiest vers le bois un morceau de taffetas blanc d'environ6. Fois y vais.7. C'est la pice cm : Donc un nouveau labeur. Voyez tome I,p. 277.8. Lord Montaigu, agent secret de l'Angleterre, et qui fut arrtsur les terres du duc de Lorraine. Voyez les Mmoires de Richelieu yanne 1627.9. Il faut prohablement lire jusques auprs. 10. Henri d'Orlans, marquis de Rothelin, mort en i65i.1 1 . Leclerc du Tremblay, gouverneur de la Bastille.12. Claude de Bullion , surintendant des finances et ministred'tat sous Louis XIII, mort en 1640,i3. Lors de leur dfaite dans l'le de R.14. Charles, marquis de Saint-Simon, frre an de Claude, premier duc de Saint-Simon.LRTTRF.S A DIVKKS. Cu)trois pieds en carr. En ce talTelas blanc il y a une croixrouge, qui louche toutes les quatre faces tle ce carr.Monsieur le Prince est devant Soyon^* sur le Rhne, oil assige Brison". Les assigs ont fait une sortie sur nous,o il est demeur deux des leurs prisonniers, qui ont tpendus l'heure mme. Il toit \enu vers Monsieur lePrince deux dputs de Privas, pour le prier de leur donner quelque temps pour disposer les choses l'obissance. 11 leur en donna autant qu'il falloit pour aller etpour revenir, c'est--dire pour envoyer Privas. La chosene s'tant point faite, il fit aussitt pendre les deux dputs, qu'il avoit retenus pour cet effet. J'ai grande opinion du service que rendra ce prince au Roi en cetteoccasion. Dieu lui en fasse la grce, et l et partout donne Sa Majest les prosprits que les gens de bien luidsirent! Adieu, Monsieur mon cousin. Excusez la htedont je vous cris. J'use avec vous librement et commevotre serviteur trs-humble et trs-affectionn.A Paris, ce 22' dcembre 1627.3l. A MONSIEUR DU BOUILLON MALHERBE \Monsieur mon cousin ,Je ne sais pas si je mentirai en mes prophties , mais jesais bien que je ne mentirai pas au terme que je vousdemande pour le pourtrait. Je suis bien prs de la mort,mais je pense que trois ou quatre mois m'en feront lai5. Soyons, dans l'Ardche, arrondissement de Tournon.1(5. Brison, gentilhomme rform, commandant dans le Vivarais,mort en 1628.Lettre 3i. i. Cette lettre a t imprime pour la premirefois dans l'dition de i63o, livre II, lettre 36, p. 658. M. BoutronCharlard en possde l'original , qu'il nous a permis de coUationner.70 LETTRES A DIVERSraison. Pour les choses du monde, j'ai Thonneur d'tretous les jours au cabinet; et cette heure mme je n'enfais que de venir, y ayant demeur trois heures exprs pourapprendre quelque chose digne de vous tre crite ^ . Maisvous savez plus de nouvelles que moi. Le duc de Lorraine', qui a dsarm il y a trois semaines et plus, vousfait peur. Il en est de mme de Monsieur de Savoie, qui afait chanter le Te Deum^ et fait faire des feux de joie Turin pour la dfaite des Anglois , et a envoy ici versLeurs Majests un ambassadeur extraordinaire, pour s'enrjouir avec elles. Avec tout cela, je vois bien qu'on nelaisse pas de vous en faire de mauvais contes. Ne croyezpoint de lger % mon cousin ; et quand on vous dira quelque chose, considrez l'intrt de celui qui la vous dit^,et l-dessus raisonnez selon le sens commun. Vous trouverez qu'au lieu de corps, on ne vous prsente que desfantmes. Je ne sais pas certes d'o vous avez appriscette prtendue intelligence sur la Fre; mais je sais bienque c'est une chose si absurde , que quand je m'en suisvoulu enqurir, si on ne m'et connu on m'et fait passer pour dupe. Le marquis de Nesle*, qui en est gouverneur, toit ce soir chez la Reine'. Je lui ai donn dequoi rire quand je lui ai demand ce qui en toit. Onne vous a pas mieux averti de ces douze vaisseaux, quenous avons eu bien de la peine mettre ensemble depuisdix-huit mois. M. de Guise en a vingt-cinq ou vingt-sixfranois, et quelque trentaine d'Espagne. Je crois quepuisque l'on n'en assemble point davantage , on ne juge1. Dans rcUtion de i63o : a digne de vous crire. 3. Charles IV. ^. De lger ^ lgrement.5. Dans l'dition de i63o : qui la vous dira. fi. Ren aux Epaules, dit de Laval, marquis de Nesle, chevalierdes ordres du Roi, gouverneur de la Ere.7. a lia Reine mre. {F.d'it'wn de iH3o.)LETTRES A DIVERS. 71pas qu'il faille plus de dpense, et que cela sulfira pourranger la lloclielle son devoir. L'Anglois s'attaquantau Roi est un petit gentilhomme de cin(j cents livres derente, qui s'attaque un qui en a trente mille. Je nesais , Monsieur mon cousin , si je vous ai dit qu'il n'y aque deux rois en l'Europe capables de mener du canonen campagne ; si je ne le vous ai dit autrefois , je le vousdis cette heure, car il est vrai. On ne compte que deuxpuissances en la chrtient, la France et l'Espagne; pourles autres, ce sont leurs suivants, et rien plus. Quant auxgrands qui fomentent la guerre , ne vous imaginez pasqu'il y en ait un si hardi de faire semblant d'y penser.S'ils se pouvoient tous accorder, c'est bien chose assurequ'ils feroient du mal ; mais ni en France , ni en lieu dumonde , on ne voit jamais entre ces gens-l un consentement universel. Ils ne sont pas sitt d'accord que leursintrts les sparent. Chacun a peur que son compagnonne s'avantage^ ses dpens. Cela n'est point en France,c'est partout o il y a des hommes. Pour moi , je croisavec beaucoup de gens d'esprit que la huguenotericcourt fortune par toute l'Europe d'tre bien voisine desa fin : toutes les apparences vont l. Il me semble qu'unpeu de bon raisonnement vous doit faire rire quand onvous menace des Anglois. Ils sont venus avec cent ousix vingts vaisseaux nous surprendre, et nous attaqueren un lieu o nous ne pouvions aller * . Il n'est donc pasvraisemblable que venant*" en terre ferme ils fassentmieux leurs affaires , tant bien certain qu'ils n'auront8. L'dition de i63o donne s'avance, au lieu de s'avantage, et aumembre de phrase qui suit elle ajoute un mot : Cela n'est pointen France seulement. 9. L'le de R.10. Malherbe, selon la coutume do son temps, fait accorder leparticipe : venans en terre ferme, w72 LETTRES A DIVERS.pas sitt pied terre, qu'ils n'aient quinze ou vingt millehommes sur les bras contre cinq ou six mille qu'ils pourront amener. Quant moi, je les crains comme je crainsceux du Grand Caire. Voil, Monsieur mon cousin, messentiments. La Reine mre du Roi attend pour dimancheou lundi le lieutenant de ses gardes , qu'elle a envoyvers le Roi. Il nous dira des nouvelles, et si elles sontimportantes je vous en ferai part tout aussitt. Il ne mesouvient point de celui pour qui j'ai fait des vux , dontvous tes si tonn. Ce n'est pas ma coutume d'aimerceux qui n^aiment point le Roi, et qui le servent mal faute d'affection, ou faute d'exprience. Ma mmoire estuse : si vous ne me ramentevez l'homme dont il estquestion, je ne le saurois deviner. Mais je suis trop long.Adieu , Monsieur mon cousin : je vous donne le bonsoir.De Paris, ce 21'' de janvier 1628.32. A MONSIEUR DE COLOMBy'.Monsieur mon cousin,Vous me donnez tout la fois deux trs-grandes joies :l'une, de me faire savoir la bonne sant de vous et devos affaires ; l'autre, de me promettre que nous aurons lebien de vous voir en ces quartiers. Je l'ai bien toujoursainsi espr , mme en cette saison , o l'excellence detoutes sortes de fruits montre l'avantage qu'a la Provencesur les plus beaux lieux de ce royaume. Mais j'ai tantLettre 32. i. Cette lettre, crite d'Aix en 1622, est la 38^ dulivre II dans l'dition de i63o (p. 663). Elle a paru pour la premire fois dans le recueil de Faret (dition de 1627, p. 28), o onlit en tte : a II rpond une lettre qu'il lui avoit crite. Voyez surColomby, tomel, p. i,\\, note 3.LKTTKES A DIVKIIS. 7^d exprience des intrigues de la fortune, et des dilHcultsinopines qu'ordinairement elle lait natre aux choses quenous tenons les plus certaines, que je n'attends jamaisqu'avec beaucoup de doute ce que j'ai dsir avec tantsoit peu d'affection. Qu'on die ce qu'on voudra de laprudence humaine, je ne la veux pas exclure de l'entre-mise de nos affaires, quand ce ne seroit que de peur detrop autoriser la nonchalance ; mais pour ce qui est desvnements, il faudroit d'autres exemples que ceux quej'ai vus jusqu' cette heure, pour me faire croire qu'elle yait aucune jurisdiction. Qui est heureux, ira aux Indes surune claie ; qui est malheureux, quand il seroit dans lemeilleur vaisseau du monde, il aura de la peine traverser de Calais Douvres, sans courir fortune de se noyer.J'tois venu ici pour y passer autant de temps que le Roien mettroit faire le tour de la Guienne et du Languedoc ^ Je m'attendois d'y recevoir quelque contentementparmi les miens, et ne voyois rien qui ft capable de m'enempcher. Cependant, deux jours aprs que j'y fus arriv,je ne sais quel petit fripon d'officier fit une niche monfils, pour laquelle il a t contraint de garder la chambre,et moi priv du contentement que j'tois venu chercher ma maison. Certes la cour est bien l'ocan o se font lesgrandes temptes ; mais les provinces , comme petitesmers, ont des agitations qui ne laissent pas voyager sansinquitude. Mes amis me disent que c'est un juif quij'ai affaire, et que je ne dois pas trouver trange que monfils soit perscut par ceux mmes qui ont crucifi le filsde Dieu ' . Ils disent vrai ; mais quel propos cette consi2. On voit par ses lettres Peiresc que Malherbe tait en Provenceds le mois de mai 1622, et qu'il y resta jusque vers la fin de novembre. Voyez tome III, p. 568 et suivantes.3. Au sujet de cette querelle, voyez au tome 1 lu l\/ot}ce h'iographique, p, xxxv.74 LETTRES A DIVERS.dration ? Un pauvre homme qui auroit t vol se consoleroit-il quand on lui diroit que celui qui a pris son argent est de la race des plus grands voleurs qui jamaisaient mis le pied dans une fort? Que m'importe quim'ait frapp ? Le coup que donne un juif est-il moins sensible que celui que donne un chrtien ? Certes je me suisautrefois tonn de voir cette nation hae et dcriecomme elle est. Mon avis toit qu'il falloit plucher unhomme en sa vie, et non pas en son origine, et qu'autantvaloit-il avoir son extraction de Sriplie* que d'Athnes;mais j'apprends aujourd'hui que la voix du peuple est lavoix de Dieu. Il est trs-certain que jamais il ne fut unehaine plus juste que celle que l'on porte cette canaille.Nous ne faisons que leur rendre la pareille. Si tout ce quenous sommes de chrtiens n'avions qu'une tte, ils nousla couperoient avec plus de plaisir qu'ils ne pensent avoirde mrite se couper le prpuce. Ceux qui les approchentde plus prs ajoutent leurs louanges qu'ils sentent je nesais quoi de relent. Pour moi, qu'ils sentent si mal qu'ilsvoudront, c'est chose dont je n'ai que faire : j'en seraiquitte pour n'en approcher point. Ce que j'y vois de meilleur pour moi, c'est que le moyen qu'a ce maroufle de menuire n'est pas gal sa volont. Mais toujours aurai -jede la peine et de la dpense dmler cet cheveau. Jevous en conterai l'histoire notre premire vue. Ce queje vous en cris pour cette heure, n'est que pour vousfaire voir que je suis toujours en ma vieille opinion, quele monde n'est qu'une sottise, et que par consquentr homme dont vous me parlez a t un sot de le quittersi timidement comme il a fait. S'il et regard les choses4. Petite le de la mer Ege, une des Cyclades, aujourd'hui Serpho.Voyez dans Plutarque {Vie de Thmistocle^ chapitre xviii) la rponsede Thmistoclc un Sriphicn.LKTRES A DIVIUIS. 75de la terre avec l'il dont je les regarde, il et pris lechemin du ciel avec plus de rsolution. Mais comme jene m'tonne pas de sa courte vie, pource que son visagehoufl et mal color ne la lui pouvoit' faire esprer pluslongue, aussi euss-je t bien tromp si un esprit de lataille du sien, quelque mal log qu'il ft, n'et eu de lapeine quitter son hte. Peut-tre, mon cher cousin,vous imaginerez-vous que je suis en mauvaise humeur.Nullement, je le vous jure; et si vous prenez la peine devenir jusques ici, comme je vous en conjure de tout moncur, vous me trouverez aussi dispos rire que vousm'ayez jamais vu. Mais il n'y a point de discours o je melaisse emporter si volontiers, qu' mpriser ce que lesdupes estiment. Je suis trs-marri du malheur de notreami. S'il est galant homme, il voudra ce que Dieu veut,et se moquera aussi bien de sa mauvaise fortune que decelui qui en est l'auteur. Quand un homme a les chosesncessaires, si on lui te les superflues, on ne l'offensepas, on le dcharge. Mais je crains que sa philosophien'aille pas jusques ce point. Pour Mansfeld', nous enavons ici de meilleures nouvelles que les vtres. On m'crit de Paris du 9^ de ce mois qu'il est sur le point dese retirer. Il ne faut pas voir trop clair pour connotreque l'homme de la frontire' est de ceux qui l'ont attir;mais il est en possession de russir mal en tout ce qu'ilentreprend. Voil pourquoi si de cette nue il sort pluie,grle, ni autre sorte de mauvais temps, je veux que vousme teniez pour le plus ignorant astrologue qui jamais ait5. Dans l'dition de i63o et dans le recueil de Faret il y a pouvoient, au pluriel.6. Il avait dsol la Lorraine et s'tait avanc jusqu'aux frontiresde Champagne,7. Le marchal de Bouillon, qui avait eu une entrevue averMansfeld. Voyez le Mercure, anne 1622, p. 7 3 '3.j6 LETTRES A DIVERS.regard les toiles. J'ai eu depuis quatre ou cinq jours desinhibitions du conseil pour ter ce parlement' la con-noissance de ma brouillerie. Il me reste encore quelqueinformation faire pour voquer : c'est quoi je travaille. Cela fait, si le Roi s*en retourne, me voil prt le suivre, et s'il demeure, prt demeurer auprs de lui.Je ne pense pas tre plus heureux sous le fils que j'ai tsous le pre; mais il n'importe. Le temps que j'ai vivreest si peu de chose, que je ne dois pas faire difficult de lehasarder. Je prie Dieu, Monsieur mon cousin, qu'il vousait en sa puissante garde, et vous que vous me tenieztoujours pour votre serviteur trs-humble et trs-affectionn,Malherbe.[Aix, 1622.]33. A MONSIEUR DE C0L0MBY\A Paris, ce 5^ de novembre [1627].Monsieur mon trs-cher cousin.J'oubliai la dernire fois que je vous crivis de vousfaire tenir la lettre de Mme Jouan, pour rponse ce quevous me mandiez de l'argent qu'elle avoit reu de vous.Elle me dit l- dessus assez de choses, mais il et fallufaire un procs- verbal. J'ai mieux aim qu'elle vous enait crit elle-mme que de charger ma mmoire de simauvaise marchandise. Vous lui en manderez votre volont. Pour les nouvelles du monde, Saint-Bonnet^ vint7. Au parlement d'Aix.Lettre 33. i. CeUe leUre a t publie pour la premire foispar M. Miller, d'aprs l'original autographe, dans la Revue de Bibiwgraple (mars 184 1), avec la date fautive de 1624.7.. Jacques de Saint-Bonnet, frre du marchal de Toi ras.LETTRES A DIVERS. 77mercredi dernier de Parmce, envoy aux Reines de la paridu Roi. 11 leur crit le passage des troupes qui ont tenvoyes en Tle', pour en dnicher les Anglois, sous lacharge de M. le marchal de Schomberg. Il y a six milledeux cents hommes de pied, deux cents chevaux, et environsept ou huit cents volontaires qui le Roi a baill lui-mmejusques quatre ou cinq cents piques. Il n'est demeurpersonne auprs de lui que M. de Souvray, le commandantson frre*, Saint-Simon et le vieux Saint-Michel \ Toutce qui toit prs de Monsieur y est all ; Dieu les veuilletous conserver et M. Patris^ en particulier, comme monmeilleur et plus certain ami ! Nos gens n'ont men autrecanon que ces douze ou quinze petites pices venues deHollande, que la Reine mre donna au Roi, il y a, ce mesemble, trois ou quatre ans. On recommence parler dela venue de l'arme' d'Espagne *, le Roi mande la Reinequ'elle sera ici au premier jour. M. de Guise, par unelettre du 22* du pass, mande Madame sa mre qued'heure autre il attend l'arme espagnole, et que sittqu'elle sera venue, il espre qu'il fera quelque chose quisera cri sur le pont Neuf. On fait prier par toutes lesglises pour le succs. Je serai fort tromp s'il n'y a aurefrain des Anglois : sed non et penisse volent^ . Adieu,Monsieur mon cher cousin : vous ferez part de cette lettre mon cousin du Bouillon. Quand il sera Caen, je luicrirai. Vous le prierez, s'il vous plat, d'effectuer l'avance3. De R.4. Jacques de Souvr, grand prieur de France, frre de Gilles deSouvr, gouverneur de Louis XIII.5. Probablement le Saint-Michel, gentilhomme ordinaire de lachambre du Roi, qui mourut en i638.6. Patrix tait gentilhomme ordinaire de Monsieur.7. L'arme navale.8. Et ils dsireront de ne point tre venus. Enide y livre VI,vers 86.78 LETTRES A DIVERS.qu'il vous a promise des cinq cents livres de ma rente ; maisvous le lui direz, s'il vous plat, comme de votre part.J'apprends cette fois pour toutes n'esprer jamais secoursd'un teston du ct de Normandie. Je suis d'une humeursi aise obliger que l'on m'oblige mme quand on nem'oblige point. Celui qui on prte doit ; celui qui onrefuse ne doit rien : tellement que de quelque faon que led tombe, j'y trouve toujours ma chance. Je voudrois bienque Dieu me donnt quelque moyen de le servir, il verroit comme je suis franc, et le peu de cas que je fais de ceque les autres estiment beaucoup. Adieu encore un coup,Monsieur mon trs -cher cousin : c'est votre trs-humbleet trs-oblig serviteur ,Malherbe.Suscription : A Monsieur, Monsieur de Coulomby,conseiller du Roi en ses conseils d'Etat et priv.34. A SA SUR*.Mademoiselle ma soeur ,Le porteur de cette lettre me vient tout prsentementd'avertir que mon neveu votre fils avoit t reu auxjsuites^. Il est six heures du soir, et s'il n'toit si tardj'irois le trouver, pour apprendre plus particulirementce qui en est. Je remettrai la chose demain au matin, etvous donnerai avis de tout. Bien crois-je que de lui terLettre 34. i. Cette lettre, dont nous n'avons point le textecomplet, a t publie pour la premire fois dans l'dition de i63o,livre II, lettre 19, p. 619. Malherbe avait trois surs, Jeanne,Marie et Louise, qui toutes laissrent des enfants. Nous ignorons laquelle des trois s'adresse cette lettre.1. Voyez ci-dessus p. f\S .lh:ttres a divers. 79une opinion de si longtemps enracine en son esprit , cene sera pas chose sans difficult; et pour vous parlerencore plus librement, je crois qu'il sera du tout impossible. Il n'y a poix qui tienne comme ces imaginationsmlancoliques. Je m'assure qu'il ne se peut rien dire ldessus que vous ne lui ayez dit ou fait dire par tous ceuxdont vous avez cru que les remontrances dussent tre dequelque considration en son endroit. Mais ce que lespres ne peuvent faire, il ne faut pas que les mres niles parents se le promettent. Il print la peine de mevenir voir aussitt qu'il fut arriv en cette ville ; et dsl'beure mme je lui en touchai quelque chose , maislgrement, pour l'opinion que j'avois qu'il n'y pensoitplus, et que vous ne l'eussiez pas envoy ici , si vous nel'eussiez cru du tout guri de cette maladie. Je le verraidonc, et lui dirai ce qu'en mme sujet je dirois monpropre fils. Si c'est avec effet, la bonne heure ; sinon,il se faut rsoudre souffrir ce qui ne laissera pas d'trequand nous ferons tout ce que nous pourrons pour l'empcher. Quelque habit que l'on porte en ce monde, et parquelque chemin que l'on y marche, on arrive toujoursen mme lieu. Cette vie est une pure sottise. Nous l'estimons trop , et de l vient cette folle coutume d'approuver et condamner les choses avec trop de passion.L'indiffrence est un grand garant contre les bizarreriesde la fortune. Si elle nous voyoit rsolus vouloir cequ'elle veut, peut-tre voudroit-elle plus souvent ce quenous voudrions. Vous direz que nous faisons bien aisment les philosophes aux choses qui ne nous touchentpas. Je vous jure, ma sur, que n'ayant qu'un fils, je neserois pas bien aise que cette fantaisie lui prt; maisquand cela seroit, je me payerois des mmes raisonsque je vous reprsente. La meilleure condition o ilpouvoit arriver par le chemin o vous l'aviez mis, toit8o LETTRES A DIVERS.d'tre ou conseiller ou prsident en un parlement. Mais,ma sur, quelle diffrence pensez-vous que je trouveentre ces gens-l et les jsuites? Nulle, je vous jure,puisque d'ici cent ans mon neveu ne sera ni jsuite niprsident. Et si vous voulez encore vous arrter la vanit , ne voyez-vous pas des jsuites aussi prs des roisque tous ceux de qui vous estimez davantage la condi-tion ? Je sais bien qu'il est impossible de ne dsirer nosenfants une chose plutt qu'une autre; mais je sais bienaussi qu'il n'y a que l'vnement qui nous puisse apprendre si c'est leur bien ou leur mal que nous leurdesirons35. A UNE cousmE^Belle et chre cousine ,J'endure de vos belles paroles , parce qu'elles viennentdevons, que j'aime et que j'honore comme je dois; mais jene les approuve pas , pource qu'elles s'adressent moi ,qui suis trop vous pour tre trait avec cette superfluit.Trves de tout cela, s'il vous plat, chre cousine : rservez votre bien-dire quelque occasion o il vous seraplus ncessaire. Ce qui s'crit avec vrit se doit criresans artifice. Je m'en vas vous en montrer l'exemple : s'ilvous est agrable , vous le suivrez.J'ai reu votre lettre du 2^ de ce mois ; ce ne m'at rien de nouveau que votre homme fasse ce qu'ilLettre 35. i. Cette lettre , publie pour la premire fois parM. KAuran [Biil/eti/i des Comits historiques, i85o, tome II, p. i/jS),cl'a})rs un brouillon conserv dans le manuscrit Baluze, fo^ 62 et 53,a t collationne par nous sur cet autographe. Nous ignorons quelle cousine elle est adresse.LETTRES A DIVERS. 8ifait; il ne me trompera point. Vous savez ce que je vousen ai toujours dit : j'y persiste. Nous verrons M. d'Estricy et moi de tirer de Mme de Longueville la lettreque vous desirez ; peut-tre la voudra-t-elle bien faire,mais c'est savoir si ce sera avec fruit. Je suis d'avis quepour nous donner sujet de lui faire celte requte , vousm'envoyiez une lettre pour elle, o vous ferez bien lapiteuse. Ce sera l que votre loquence ne sera point mal propos; car il faudra que pour donner du poids cequ'elle crira, elle crive de sa main; et je sais bien quece n'est pas chose quoi cette sorte de gens se disposetrop facilement. Quand vous ferez des recommandationsou M. de Beaumont ou M. d'Estricy, faites vos compliments un peu plus crmonieux, afin que je leur puissemontrer vos lettres, et que par votre honntet ils connoissent qu'ils n'ont point mal employ la volont qu'ilsont tmoigne^. Et quand mme vous leur voudriez crireun petit mot, je ne crois pas qu'il ft mal propos pourvous. Hier, aussitt que j'eus reu votre lettre, je m'enallai moi-mme porter celle de Mme de la Houssaye.Elle me doit demain bailler sa rponse; mais vous nel'aurez que par la premire commodit, parce que j'aurois peur que le messager ne ft parti. C'est une bonnefemme , et qui vous aime bien. Au demeurant, ma chrecousine , vous ne me faites mention d'avoir reu quedeux de mes lettres. Il y en a une troisime; mais je croisque lorsque vous m'crivtes, vous ne l'aviez point encore reue. Je suis rsolu, pour n'y tre point tromp, detenir registre tant de la dpense que de la recette.M. de Montbazon est en Bretagne, aux tats, et d'oil ne reviendra pour le plus tt qu' la fin du mois prochain. M. de Mercur y est avec lui. Je lui garderai votre').. Il y avait d'abord leur cnitrioislc, qui a t biff.MaLHERBK. IV ) en mon endroit, et ne connoissez comme je sers volontiers mes amis. L'affection avec laquelle j'embrasserai votre affaire,vous tmoignera que vous y deviez aller avec plus de libert. Je n'aipoint l'honneur de vous connotre, mais la recommandation que m'enfait M. me seront [sic) des solliciteurs assez diUgents, etc. Pour toutce qui suit, la minute est semblable notre texte ; elle donne seule-LETTRES /V DIVERS. i45usez de trop de crmonies en mon endroit, et ne connoissez pas comme je sers volontiers ceux qui me fontcet honneur de m'en estimer digne, quand la fortunem'en donne le moyen. L'affection avec laquelle j'em-brasserai votre affaire, mais que je sache ^ ce que c'est,vous tmoignera que vous y deviez aller avec plus de hbert. Je n'ai point l'honneur de vous connotrc, maiscelui que gnralement je porte tout votre sexe , etl'opinion particulire que me donne de votre mrite larecommandation que m'en fait Madame votre bonneamie, me seront des solliciteurs assez diligents pour mefaire apporter en ce qui sera de votre contentement toutce qui sera de mon pouvoir. Je regretterai extrmementle dfaut que peut-tre mon peu de moyen vous y feratrouver ; mais au moins y verrez- vous , s'il plat Dieu,assez clair pour me donner la qualit de votre trs-humble serviteur.y 3. A MADAME 1Madame,C'est assez de me recevoir au nombre de vos trshumbles serviteurs, sans me le dire avec des paroles sihonntes et si obligeantes qu'elle font honte toutescelles dont je pourrois vous remercier. Mais je vois bienque c'est : une courtoisie qui et eu quelque dfaut nevous et pas sembl digne de vous, qui tes la perfectionment, la fin de la lettre, crdit ^ au lieu de moyen; et avant d'crire :a s'il plat Dieu, Malherbe avait mis d'abord : s'il vous plat, puis il a effac vous.X. Pourvu que je sache, mais il faut que je sache.Lettre yS. i. Cette lettre est la iS du livre I dans l'ditionde i63o, o elle a paru pour la premire fois (p. 533).Malhkrbr. i\ io,46 LETTRES A DIVERS.mme. Je sais bien, Madame, que ma fortune ne sauroitjamais tre capable du ressentiment que je vous en voudrois tmoigner; mais pour cela je ne laisserai pas devous supplier trs-humblement de m'en continuer Thonneur. Si je ne puis mieux, pour le moins les recevrai-jecomme celles des Dieux, avec adoration. Je viens d'apprendre la nouvelle gratification que la Reine vous afaite. J'en loue Dieu de tout mon cur, et le prie queLeurs Majests ne soient jamais lasses de vous continuerles effets de leur bienveillance, que je ne le sois de vousles souhaiter. M. de la Mole^ vous dira tout ce que nousavons de nouveau par de. Je garderai ce reste de pagepour vous baiser trs-humblement les mains , et vousrpter , Madame , que je suis votre trs-humble serviteur.-^ 174- A. MADAMEMadame ,De quelques belles paroles que vous ayez accompagn *l'excuse de votre silence, je ne la saurois prendre quepour une accusation du mien. Aussi est-ce la vritqu'ayant en vos bonnes grces la part qu'il vous a plun'y donner, je devois montrer quelque sorte de soin me conserver une si chre' acquisition. Mais d'un cta. Probablement celui dont il a t question plusieurs fois autome III; voyez particulirement p. 235, note i.Lettre 74. i. Cette lettre a paru pour la premire fois dausl'dition de i63o, livre I, lettre i3, p. 527. Il y en a, au manuscritBaluze, fos 4 et 5, une minute autographe et une copie, auxquellesnous avons compar le texte donn par l'dition de i63o.2 . On lit dans la copie : De quelques paroles ; daus la minuteautographe, accompagniez a t corrig en ayez accompagn. 3. Aprs si chre, la minute autographe porte les mots : a et siLETTRKS A DIVERS. 147un peu (le vaine oloire me persuadant que c'toit fairetort une grande affeclion de lui donner* de petits tmoignages, et de l'autre croyant qu'aprs les protestations que je vous en avois faites de bouche , celles deslettres ne pouvoient tre que superflues , je n'y vouloisplus rien ajouter que la preuve de quelque trs-humbleservice, dont j'attendois que la fortune me ft natrel'occasion. A cette heure, Madame, que votre courtoisie,excessive comme le reste de vos mrites, m'a dlivr** deces scrupules, je suivrai le chemin que vous m'avez ouvert. Ce sera bien certes avec quelque honte que vousm'ayez prvenu, et qu'il ait fallu que de nouvelles honntets m'aient amen un devoir auquel je n'tois quetrop oblig par les prcdentes. Mais puisque vous aveztoutes autres sortes d'avantages sur moi, je ne refuseraipoint que vous ayez encore cettui-ci , et sans rien contester avec vous, me contenterai de disputer tous ceuxqu'avec moi vous honorez de votre amiti, la gloire d'enavoir le plus de ressentiment. Ce sera un combat o siles bons succs suivent les bonnes causes, je ne douterainon plus de la victoire, que vous, s'il vous plat. Madame,du pouvoir absolu que vous avez et aurez ternellementsur votre trs-humble serviteur.glorieuse, biffs. Deux lignes plus loin, une grande a t substitu mon.4. Dans la copie : que de lui donner. 5. Dans la minute, la lettre est crite au nom d'une femme. Il yz. dlivre ^ au fminin; plus Xdwi^ prvenue^ amene, oblige ; k l'avautdernire phrase, toutes celles, pour tous ceux; et tout la fin, servante,au lieu de serviteur.i/,8 LETTRES A DIVERS.75. - A MADAME ***\Madame ,Jugez s'il vous plat de la passion que vous avez donne M. de Saint- Jeran ^ , par les remdes extraordinaires qu'il y emploie. Il a su l'honneur que vous mefaites de m'aimer, et l-dessus s'est imagin qu'il pouvoittirer quelque avantage de ce que je vous crirois ^ en safaveur. Je n'ai rien oubli pour lui faire connotre combien il y a peu d'apparence que les prires d'une personne inutile comme je suis votre service vous doiventtre considrables. Mais n'ayant que rpondre aux reproches qu'il me fait, que de tous les tmoignages quilui ont t donns de votre mrite , le mien est celui quil'a touch plus sensiblement , et que par consquent,comme je suis la principale cause de son mal , je doiscontribuer ce que je puis lui en procurer la gurison,il a fallu que ma discrtion se soit laiss vaincre, et quej'aie eu plus d'gard ce que son affection dsire, qu'ce que ma recommandation lui doit faire esprer. Je luiferois tort, et vous aussi, de vous parler de ses qualits. Sa rputation vous les a de tout temps assez faitconnotre, et je m'assure qu'au dernier voyage qu'il afait vers vous, sa personne ne peut que vous en avoir '^Lettre 75. -r- 1. Cette lettre est la i4l'dition de i63o. Nous l'avons revue surBritish Musum [additional manu scripts ,blement adresse Mme de Termes, devenuedu livre I (p. SaS) dansun autographe conserv auno 22046). Elle est probaveuve en 1621.2. Jean-Franois de la Guiche, seigneur de Saint* Gran, marchalde France, mort en i632; sa premire femme tait morte en 1614.L'autographe ne donne pas ce nom propre, mais simplement : M. 3. Dans l'autographe ; je vous en crirois. 4. Dans l'autographe : sa prsence ne vous peut que vous enavoir, etc. Deux lignes plus loin : qu'en ce nombre infini; acinq lignes aprs, toit, pour est.LETTRES A DIVERS. 149augment ropinion. Tout ce que j'ai vous dire, c'estqu'au nombre infini de ceux qui sans doute font la mmerecherche', si vous rservez l'honneur de vos bonnesgrces celui qui les dsire avec plus d'affection, je nepense point qu'il y en ait qui plus que lui se doive justement promettre la gloire d'y parvenir. Il a trouv quece que je lui ai dit de vous est vritable; j'espre que vousen ferez de mme en ce que je vous tmoigne de lui' . Jeprends trop d'intrt en ce qui vous touche, pour vousrien dguiser en une affaire o il y va du vtre comme encelle-ci. Vous recevrez donc. Madame, ma bonne volont , et pour une des plus grandes satisfactions que jepuisse avoir de ma fortune, m'accorderez l'honneur' deme tenir toujours pour votre trs- humble et trs-affectionn serviteur.76. A^ MADA.ME ***\Madame,J'ai eu cette consolation en mes ennuis, qu'une infinitde personnes ont pris la peine de me tmoigner le dplaisir qu'ils^ en ont eu. Mais sans mentir. Madame, soit5. La recherche en mariage de Mme de Termes.6. L'autographe donne : j'espre que vous ne me trouverez pasmentir en ce que je vous ai tmoign de lui. 7. Dans l'autographe : Vous recevrez donc, s'il vous plat, Madame, ma bonne volont, et pour une des plus grandes satisfactions,m'accorderez l'amiti, etc. Lettre 76. i. Cette lettre a paru pour la premire fois dansl'dition de i63o, livre I, lettre 5, p. 607. Elle est peut-tre crite la princesse de Conti, et au sujet de la mort du fils de Malherbe.2. Ils est le texte de l'dition de i63o. Nous avons dj vu plushaut (p. 4) le masculin employ ainsi aprs le nom personnes, et uneautre fois (p. 10) aprs le nom parties. C'est un accord avec l'ideplutt qu'avec le mot.i5o LETTRES A DIVERS.que la qualit releve de ceux qui font le bien donne dela vanit ceux qui le reoivent, soit que l'inclinationnaturelle que vous avez la courtoisie vous fasse avoirquelque grce particulire en la distribution de vos faveurs, il faut avouer que rien ne m'a jamais touchcomme la superfluit d'honneur qu'il vous a plu me faireen cette occasion. Il n'est point de paroles pour en fairele remerciement ; aussi n'en chercherai-je point. Je mecontenterai de vous dire, que cet effet de votre bont afait rougir mon affection par la connoissance de son dfaut. Elle avoit cru tre en un point o rien ne se pouvoit ajouter, et ce dernier accroissement lui a faitparotre le contraire. C'est, Madame, que la gloire deperfection est, la honte du reste du monde, rserve votre mrite. Je brle d'impatience de l'aller adorer.Aussi sera-ce le premier devoir que je rendrai toutaussi tt que je serai hors de ma brouillerie. Pour lemoins. Madame, par ce petit tmoignage vous connotrezce qui est trs-vritable et que je vous jure devant Dieu,que vous tes la princesse du monde qui avec plus depassion je suis et serai ternellement trs-humble ettrs-fidle serviteur.77. A CA.LISTE*.Je me jette vos pieds , Madame , pour vous crierLettre 77. i. Les vingt-huit lettres qui suivent (77-104) forment, avec une lettre Rodanthe (ci-aprs, p. 190), le livre III del'dition de i63o, o un certain nombre, entre autres les trois premires, ne portent pas de noai de destinataire. Elles sont adresses lamme personne, Caliste, autrement dit la vicomtesse d'Auchy, mentionne souvent dans Je tome I : voyez particulirement p. lxxxviet p. ia8. La lettre 77 a paru pour la premire fois dans l'di-LKTTRES A DIVERS. i5imerci d'une tmrit que je m'en vois '^ commettre, laplus impudente et la plus outrecuide qui se puisse imaginer. Vous vous merveillerez sans doute de quelle nature peut tre ce crime dont je demande l'absolutionavant que de Tavoir commis* . C'est, Madame, que je vousveux offrir de passer le reste de mes jours en votre service, et vous protester que si vous me faites cette faveur*de le trouver bon , je la recevrai comme la plus particulire obligation dont jamais la fortune ail moyen de megratifier. Cette volont me naquit en Tme la premirefois que j'eus l'honneur de vous voir; mais sans mentir,je la combattis de tant de raisons, qu'elle eut honte de parotre, et demeura comme assoupie jusques cette heure,que par deux ou trois semblables occasions qui se sontoffertes de me rencontrer en votre prsence elle s'est tellement rveille, que je suis contraint de la dclarer moimme, pour empcher que le dsir de se produire ne laprcipitt quelque indiscrtion^. Je n'ignore pas, Madame, combien l'offrande est indigne de l'autel*; maistelle qu'elle est, je la vous apporte avec un esprit entirement purg de toutes les affections prcdentes, et tout fait hors de soupon d'en recevoir jamais d'autres l'avenir. Je le ferai, ma reine, je le ferai, ma chrelion de i63o, livre III, lettre i, p. 669. Nous en avons compar letexte une copie non autographe conserve dans le manuscrit Baluze, fo 36.2. Vois^ vais. Voyez plus haut, p. 68, note 6. M'en n'estpas dans la copie.3. Var. (manuscrit Baluze) : ce crime que devant que l'avoir fait, j'en demande l'absolution.4. Var. {ibidem) : si vous me faites la grce.5. Dans la copie, cette fin de phrase est ainsi rdige : .... envotre prsence je l'ai tellement rveille, que je suis contraint de lavous dclarer moi-mme, pour empcher quelque mauvais effet quoi l'indiscrtion la pourroit prcipiter. >6. Voyez plus haut, p. 118, ligue 5.iSi LETTRES A DIVERS.desse; je le jure' par le dsir que j'ai d'acqurir vosbonnes grces. Vous pouvez penser si c'est un sermentque je me propose de violer. Croyez-le donc, ma chredesse, et trouvez bon qu'en toute humilit je baise vosbelles mains.78. A CA-LISTE^Il y a, ma reine, trois ou quatre heures que vous tespartie ; mais c'est au compte des cadrans et des horloges.Au mien, il y a mille ans et mille sicles ^ que je suis horsd'avec vous. Voil pourquoi je ne crois pas que je puissetrop tt commencer vous crire. Les douceurs de votredivine conversation sont perdues ; il faut voir, non de meles remplacer en quelque chose, puisqu'il n'y a rien aumonde qui les vaille, mais de trouver en quelque remdela consolation d'en tre priv. Le mal est que les paroles,qui n'avoient ni juge ni tmoin que vous-mme , toientlibres, et que les lettres, que la fortune peut faire choiren ' mains trangres, seroient vritablement indiscrtes,si elles ne taisoient quelque chose de ce que la passion leurvoudroit faire exprimer. Je vous dirois volontiers quevous tes la chose du monde que j'aime et que j'adore leplus (et certainement il ne se dit jamais rien de plus v7. La copie prsente encore ici quelques petites diffrences : avec un esprit purg de, etc et si hors de soupon, etc..... Je le fais, ma reine; je le jure, etc. Lettre 78. i. Cette lettre est la 2^ du livre III dans l'ditionde i63o (p. 670). Nous en avons revu le texte sur un autographe appartenant M. Chambry, qui nous l'a communiqu avec beaucoupd'obligeance.2. Dans l'autographe ; mil ans et mille sicles. 3. Aprs avoir crit e/, Malherbe l'a corrig en es dans l'auto-graphe, o, avant trangres y il y a d' autrui, effac.LETTRES A DIVERS. i5^ritable) ; mais puisqu'il y a des considrations qui prescrivent des bornes ma hardiesse, il me suffira de vousjurer que je ne connois rien au monde qui soit aimableet adorable comme vous. En cette opinion j'ai chargma mmoire de la conservation de vos incomparablesmrites , comme du plus prcieux et agrable * dptque je lui baillai jamais en garde. Ne doutez pointqu'elle ne fasse son devoir de m'en entretenir. De ce peuque je dis, votre bel esprit s'imaginera, si lui plat, ceque je ne dis point. Je vous en supplie trs-humblement,et de treuver bon que je baise vos trs-belles mains avectoute sorte de submission ^ et de respect. Adieu, ma reine :je vous donne ce nom, comme celui que je crois mieuxexprimer le pouvoir absolu que vous avez sur votretrs-humble, trs-fidle, et trs-obissant serviteur.79. A calisteVJe vous jure, Madame, que si je croyois ma passion,vous auriez plus de lettres de moi qu'il n'y a d'heuresque vous tes partie. Je vois bien que de trouver de larecommandation aux effets, c'est chose que malaismentje puis esprer de ma fortune. Voil pouf quoi je la cherche aux paroles. La discrtion m'y rsiste, et par la considration de vos mrites me retient le plus qu'elle peutde vous importuner; mais enfin je laisse vaincre le partiqui m'est le plus agrable, qui est de vous crire, et me4. L'dition de i63o donne : du plus prcieux et du plusagrable. 5. Dans l'autographe : sumlssion.Lettre 79. i. Cette lettre est la 3" du livre III (p. 672) dansl'dition de i63o. Nous l'avons compare une copie non autographe qui est au manuscrit Baluze, fo 36.i54 LETTRES A DIVERS.fais croire que votre bont ne s'offensera point ^ de voiren la vhmence de mon affection combien est extrmele pouvoir que vous avez acquis sur moi. Je ne vous euspas sitt fait le vu de ma servitude , que je dfendis mes yeux de se tourner jamais ailleurs qu' l'admirationde vos beauts, mon cur de rien imaginer que l'obissance de vos commandements, et ma bouche de respirerautre chose que la gloire de votre nom. Ils y sont tousdisposs, avec une volont qu'il n'est pas possible devous exprimer* . Tmoignez-leur, ma reine, le plaisir quevous y prenez, et par les transports de joie que me donnevotre prsence, mesurez les ressentiments de douleurque me cause votre loignement. Commandez vosbelles mains de me consoler de quelque ouvrage de leurfaon. J'attends cette faveur, ma belle desse, et vousbaise les pieds.80. A CALISTE \A ce coup vous tes obie, Madame ; Dieu veuille quevous soyez satisfaite! Je ne vous saurois nier que je n'aiea. A.U lieu de : a ne s'offensera point, la copie porte : a ne serapoint marrie, n3. Dans la copie : qu'il n'est pas possible d'exprimer. Deuxlignes plus loin, la est ajout, dans l'interligne, devant douleur.Lettre 80. i. Cette lettre, la 4 du livre III dans l'dition dei63o (p. 678), avdt t publie antrieurement dans un recueilque nous n'avons vu indiqu ni dans les Biographies Michaud et Didot,ni dans le Manuel du libraire, et qui est intitul : Lettres amoureuseset morales des beaux esprits de ce temps.,., reveues, etc., par F. deRosset. La plus ancienne dition que nous ayons pu nous procurerest la quatrime, qui est de 1618, in-S^ ; nous avons vu en outre lacinquime, de 16*20; et deux de 1625, rellement diffrentes l'une drl'autre, la sixime et la septime. C'est sur l'dition de 161 8 quenous avons relev les variantes ; notre lettre 80 y figure au f 355,LETTRES A DIVERS. 1 55eu de la peine me rsoudre; mais enfin toutes les considrations que j'opposois votre commandement sontaujourd'hui si absolument vaincues^, que si ma consciencene m'assuroit, je douterois de quelque tache mon innocence, de m'tre imagin que mes actions pussent trejustes, sinon en tant qu'elles seroient conformes votrevolont. Car, n'en point mentir^, avec quelle apparencevous promettriez-vous que je voulusse exposer ma viepour vous servir, si j'avois craint de hasarder une lettrepour vous complaire ? Il faut, s'il vous plat, Madame,que comme au scrupule que je faisois de vous crire j'aiquitt le parti de la raison pour prendre celui de votredsir, tout de mme, si d'aventure vous avez pris quelquemauvaise impression de ma longueur, vous en fassiezl'interprtation mon avantage, et considriez que si votreautorit n'y fut expressment intervenue, la hardiesseque je prends toit infailliblement un crime qui ne sepouvoit expier que de mon sang. Votre bont, qui nonmoins que le reste de vos divines qualits a fait natre enmoi cette passion pour le contentement de votre curiosit, daignera la faire vivre* pour la gloire de votre nom;et acceptant comme quelque meilleure offrande le vuque je fais de n'avoir jamais occupation si chre que lesavec ce titre : M. de M. Caliste, du hnictiesme de mars 1606.Nous la trouvons aussi, moins les premires lignes (voyez la note 2),dans un autre recueil, publi par Puget de la Serre, 1624 in-S,sous ce titre : le Bouquet des plus belles fleurs de rloquence, cueillydans le jardin des sieurs du Perron, Coiffeteau , du Vair, Bertaud ^Durph, Malerbe, etc. De ce second ouvrage nous n'avons pu employer pour la collation du texte qu'une dition de i638.2 . C'est au mot vaincues que la lettre commence dans le recueil dela Serre (p. 122). Par une incroyable confusion, elle a t substitue partir de cet endroit la fin de la lettre Mme de Montlaur :voyez plus loin, p. igS, note 8.3. Var. (recueil de Rosset) : n'en mentir point.4. Var. (recueil de la- Serre) : la faire vaincre.i56 LETTRES A DIVERS.bndictions et louanges de votre incomparable mrite,vous croirez que du mme cur, et de la mme submission que je vous rends cet hommage, j'apporterois vos pieds toutes les couronnes du monde, si la fortuneme les avoit mises sur la tte. En l'esprance que j'aique vous ne douterez point de cette vrit, j'oserai. Madame, vous baiser trs-humblement les mains, pourvuque j'en obtienne votre cong; car et en cette occasionet en toutes^, je vous jure qu' jamais' mon esprit nepensera chose avec mon consentement, que je ne croiepouvoir faire avec votre bonne grce.Le 8* de mars 1606.81. A CALISTE \Je me doute qu' la fin vous n'aurez pas moins depeine m'ter la hardiesse de vous crire, que vous enavez eu me la donner. Il n'y a remde : je suis trop encolre pour dissimuler mon dplaisir. C'est m' avoir faitperdre un sicle de flicits , que de m'avoir retranchune heure de votre prsence. Je ne trouve pas trangeque la fortune me traverse. Il n'appartient qu' ceux quiont accoutum d'en recevoir des faveurs , de se plaindrede ses injures. Mais si ainsi est qu'elle me veuille continuer les tmoignages de sa haine, pourquoi ne le peutelle faire en quelque autre occasion qu'en celle-ci ? Elpuis, qu'est-ce que je n'en dois apprhender au progrs5. Var. (recueil de la Serre) : car en cette occasion et en toutes.fi. Var. (recueil de Rosset) : je vous jure que jamais.Lettre 81. i. Cette lettre, la 5^ du livre III dans l'dition dei63o (p. 67$), avait paru antrieurement dans le Bouquet des plusbelles fleurs de l'loquence , de la Serre, p. 124> et dans les Lettresamoureuses et morales de Rosset, fo 356.LKTTRRS A DIVKKS. i57tie mon afleclion , si bien peine elle a eu le loisir de lalaisser natre pour commencer la travailler ? Voulezvous bien faire, Madame? Soyez plus soigneuse de monsalut que je ne suis moi-mme. Otez mon imprudencela protection de votre bon naturel,