maladies mÉdecines et sociÉtÉs

17
MALADIES MÉDECINES ET SOCIÉTÉS APPROCHES HISTORIQUES POUR LE PRÉSENT Tome l ACTES DU Vie COLLOQUE D'HISTOIRE AU PRÉSENT Ouvrage publié avec le concours du Centre national du livre L'HARMATTAN et HISTOIRE AU PRÉSENT

Upload: others

Post on 20-Jun-2022

20 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: MALADIES MÉDECINES ET SOCIÉTÉS

MALADIESMÉDECINESET SOCIÉTÉS

APPROCHES HISTORIQUES POUR LE PRÉSENT

Tome l

ACTES DU Vie COLLOQUED'HISTOIRE AU PRÉSENT

Ouvrage publié avec le concoursdu Centre national du livre

L'HARMATTANet

HISTOIRE AU PRÉSENT

Page 2: MALADIES MÉDECINES ET SOCIÉTÉS

MALADIES, MÉDECINES ET SOCIÉTÉSest le sixième colloque organisé par l'association HISTOIRE AU PRÉSENT,

11 s'est déroulédu 15 au 19 mai 1990 à Paris, à l'Hôtel national des Invalides,

SOMS les auspicesdu ministère de la Culture et de la Communication,

du ministère de la Coopération et du Développementet du secrétariat d'Etat chargé des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre,

et sous le parrainage des institutions et personnalités suivantes :la Direction des Archives de France,

la Société française d'histoire de la médecine,l'OCEAC,

l'Organisation de coordination et de coopération pour la lutte contre les grandesendémies,

l'OMS (Bureau régional de l'Afrique),la Société de pathologie exotique,

Le Généraliste,l'Agence française de lutte contre le SIDA,

l'Association française contre les myopathies,SANOFI,

le médecin-général inspecteur André, directeur de l'Institut de médecine tropicale(Pharo),

Guy Beaujouan, directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études (Paris),Jean-Noël Biraben, directeur de recherches à l'INED,

Vincent-Pierre Comiti, responsable du département d'Histoire de la médecineau Collège de France,

Michel Dumas, directeur de l'Institut d'épidémiologie et de neurologie tropicales(Limoges),

Pierre Guillaume, professeur à l'Université de Bordeaux III,Mirko D. Grmek, directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études (Paris),

le médecin-général inspecteur Lapeyssonnie,François Lebrun, professeur à l'Université de Haute-Bretagne,

Valérie Poinsotte, directrice des services d'Archives et de Documentation de l'Assistancepublique,

Jacques Postel, professeur à l'Université de Paris V, fondateur et présidentde la Société internationale d'histoire de la psychiatrie et psychanalyse,

Nicolas Sainte-Fare Garnot, conservateur en chef du Musée des hôpitaux de Paris,Alain Sobel, vice-président du Conseil national du SIDA,

Henri-Jacques Stiker, président de la Société internationale pour l'histoiredu handicap, infirmités, inadaptations... (ALTER)

Jacques Valette, professeur à l'Université de Poitiers,le médecin-général inspecteur Voelckel.

Remerciements à :René Baillargeat, Jacqueline Brossollet, Jacques Gélis,

Françoise Hildesheimer, Danielle Jacquart, Jean-Louis Korpès, Guy Lagrave,Henri H. Mollaret, Luc Richard, Jean-Charles Sournia, José Vieira, Zan Semi-Bi,

et pour l'organisation des sessions du colloque et des manifestations qui l'ont entouré :Jean-Christophe Coffin, Danielle Domergue, Emmanuelle Jouet, Sophie Jouet,

Michel Philippe, Sylvie Rab.

© HISTOIRE AU PRÉSENT, 1993ISBN : 2-7384-2063-X

Page 3: MALADIES MÉDECINES ET SOCIÉTÉS

La coordination du colloqueMALADIES, MÉDECINES ET SOCIÉTÉS

et la publication des Actesont été assurées par

François-Olivier Touati

Page 4: MALADIES MÉDECINES ET SOCIÉTÉS

SOMMAIREdu Tome premier

Introductionpar FRANÇOIS-OLIVIER TOUATI

Première partieSources et champs de l'histoire des maladies

JEAN ZAMMIT 21Maladies et émergence de la médecine chez les premiersagriculteurs du Néolithique français. Etat de recherche

PIERRE L. THILLAUD 29Ostéo-archéologie et pathologie du Tiers-Monde

MARIE-GENEVIEVE GUESDON 36Manuscrits et histoire de la médecine : le fonds arabe de la BibliothèqueNationale à Paris

FRÉDÉRIC SARDET 41Le partage des savoirs : aux sources d'une sociologie historiquede la santé à Genève (XVIIe-XVIIIe siècles)

CORINNE VERRY-JOLIVET 51Les livres de médecine des pauvres aux XVIIe et XVIIIe siècles.Les débuts de la vulgarisation médicale

NICOLAS SAINTE FARE GARNOT 62Des Observations aux Mémoires : les papiers de Tenon conservés à laBibliothèque Nationale

JEAN-PIERRE GAGNON 67L'apport des dossiers du personnel du corps expéditionnaire canadien(1914-1922) à l'histoire de la médecine militaire

Page 5: MALADIES MÉDECINES ET SOCIÉTÉS

GÉRARD RÉMY 75La marche du choléra en Afrique sud-saharienne. Itinéraires et pôles

JEANNE-MARIE AMAT-ROZE 86Dynamique de l'infection à VIH du SIDA en Afrique noire

BÉATRICE COURYL'itinéraire d'un médecin historien : Charles Coury (1916-1973)et la chaire d'Histoire de la médecine à la Faculté de Paris

104

MONIQUE VIAL 112La débilité mentale en construction : carnet de route d'une approchehistorique

Deuxième partieDe l'état du corps à l'interprétation des maladies :

perceptions et représentations

HERMAN F.J. HORSTMANSHOFF 125Les répercussions de la peste d'Athènes (430-426 av. J.-C.)

CHRISTINE BONNET-CADILHAC 136Problèmes méthodologiques de l'anatomo-physiologie de Galien :l'exemple de la formation de la semence féminine

SYLVIE LAURENT 144L'accouchement dans l'iconographie médiévaled'après les miniatures de la Bibliothèque Nationale

BENJAMIN LELLOUCH 153Folie, sainteté et pouvoir à Byzance : le témoignagede la vie d'André le Fou

FERNANDO SALMON 159La couleur dans les théories visuelles des cerclesmédicaux universitaires de la fin du XlIIe siècle

ANDREA CARLINO 170L'exception et la règle. A propos du XVe livredu De Re Anatomica de Realdo Colombo

Page 6: MALADIES MÉDECINES ET SOCIÉTÉS

ANNE-MARIE BRENOT 177La pathologie du corps social d'Ancien Régime

ROSELYNE REY 185Diagnostic différentiel et espèces nosologiques : le cas de la phtisiepulmonaire de Morgagni à Bayle

JEAN-CHRISTOPHE COFFIN 201Psychiatrie et société : l'exemple d'A. Brière de Boismont (1797-1881)

JEAN-JACQUES YVOREL 209Les mots pour le dire. Naissance du concept de toxicomanie

JACQUES POIRRIER 218La vulgarisation médicale au XIXe siècle

SAMIRA REGAYA 235Perception et conceptions des maladies de la peau en médecinetraditionnelle tunisienne

THÉRÈSE AGOSSOU 245La part du serpent dans la représentation des maladies au Bénin

TSHIKALA K. BlAYA 253Crise de féminité, possession et christianisme au Zaïre.Propos sur les discours et pratiques des soins traditionnelsdans les églises chrétiennes africaines

PIERRE GUILLAUME 268Etre chrétien et médecin depuis deux siècles

ANNE COVA 273Féminisme et maternité. La doctoresse Madeleine Pelletier(1874-1939)

Page 7: MALADIES MÉDECINES ET SOCIÉTÉS

Les répercussions de la peste d'Athènes(430-426 av. J.- C.)

HERMAN F.J. HORSTMANSHOFF

Au début de l'été 430 av. J.-C, Athènes fut frappée par une épidémie quicoûta la vie à d'innombrables victimes. Le tableau oppressant queThucydide a brossé de cette épidémie et des réactions d'ordre social quil'ont suivie, a exercé une telle influence jusqu'à notre époque que les termesde 'peste' et de 'bouleversement social' sont pour ainsi dire devenussynonymes'. De telles réactions aux épidémies furent-elles exceptionnellesdans le monde grec ou bien les épidémies étaient-elles si courantes qu'engénéral on les ressentait à peine comme portant atteinte au mode de vieordinaire ?

Par le terme de pestilence ou d'épidémie j'entends une maladie,habituellement de caractère infectieux, qui se manifeste dans un laps detemps relativement court et sur un territoire spécifique chez un grandnombre de personnes. Je n'attache pas une signification strictementmédicale aux termes de 'pestilence', 'épidémie', ou 'peste', que j'utilisecomme des synonymes, me référant à la tradition grecque et latine2, enusage jusqu'à la découverte du bacille de la peste par Yersin en 1894. Leproblème d'un diagnostic précis de cette maladie épidémique n'est paspertinent dans le cadre de mes recherches.

ETABLISSEMENT D'UN MODELE

Homère

Les premières flèches de la peste de la littérature grecque sont décochéespar Apollon dans l'Iliade d'Homère1. Le dieu courroucé descend del'Olympe, les flèches cliquètent dans le carquois sur ses épaules. Ils'accroupit à une certaine distance, invisible comme la nuit à l'œil deshommes, et atteint de son arc d'argent d'abord les animaux, puis leshommes. Bien qu'il s'agisse ici de fiction, d'une épopée qui a vu le jour au

125

Page 8: MALADIES MÉDECINES ET SOCIÉTÉS

M A L A D I E S , M É D E C I N E S E T S O C I É T É S

huitième siècle av. J.-C. et qui décrit les vicissitudes des Grecs lors de laguerre de Troie dans un passé encore plus brumeux, nous pouvons y puiserdes informations d'ordre historique : c'est ainsi que l'on se figurait auhuitième siècle les causes d'une maladie épidémique.

Dans l'Iliade la pestilence (loimos) est une manifestation du courrouxdivin provoqué par le comportement des hommes. On ne donne pas dans cecas d'aide médicale concrète. Personne ne réclame de voyant pour uneblessure, personne ne réclame de médecin pour une épidémie. Ladescription qui est donnée de la maladie, de la façon dont elle se déclare etdes réactions qui s'ensuivent, respire le fatalisme, plutôt qu'elle n'indique lapanique ou la perturbation. La crise qui est la conséquence indirecte de lapeste n'entraîne, en aucune façon, la rupture avec le système de valeurssociales et religieuses en vigueur. Des divergences foncières n'apparaissentpas non plus du fait de l'état d'urgence dans les pratiques funéraires. iL'attitude à l'égard de la mort ne diffère pas sensiblement dans ce cas demortalité massive, de celle que l'on peut constater lors d'un deuilindividuel.

Epoques archaïque et pré-classique

Dans les réactions aux catastrophes aux époques archaïque et pré-classique, qui nous sont connues surtout par les consultations d'oracles1,c'est au fond le même modèle qui se maintient : une divinité ou un hérosont été offensés, la divinité ou le héros en question envoient un fléau (peste,famine, sécheresse ou une combinaison de catastrophes). Le ou lescoupables offrent réparation et le fléau s'écarte. Parfois s'y ajoute, ensouvenir, l'instauration d'un culte annuel'.

Voici un exemple parmi d'autres : lors d'une querelle intestine à Ephèse(vers 560 av. J.-C.), le tyran Pythagore tua quelques-uns de ses adversairesdans des temples où ils avaient cherché asile et il laissa leurs cadavres sanssépulture. Il affama dans un temple une jeune fille qui se pendit pouréchapper à la mort par la faim. La peste et la famine ne tardèrent pas à semanifester. L'oracle consulté répondit que le tyran devait faire ériger untemple et honorer les morts conformément aux prescriptions6.

Ne pas honorer les morts placés sous la protection d'un dieu ou d'unhéros et profaner ainsi les sanctuaires de ces derniers sont les raisons sanscesse avancées pour expliquer les épidémies de peste7.

Nous pouvons dire en conclusion que les épidémies de peste n'ont pasébranlé, en général, le crédit des autorités humaines. La société dans sonentier semble être convaincue qu'elle doit se tourner vers les autoritésdivines. L'interprétation des maladadies épidémiques comme punitiondivine des comportements humains constitue un courant sous-jacent dansles réactions des hommes pendant toute l'Antiquité et longtemps après.

126

Page 9: MALADIES MÉDECINES ET SOCIÉTÉS

S O U R C E S E T C H A M P S

LA PESTE D'ATHENES

Quelles furent les réactions à la peste qui se déclara à Athènes en 430 av.J.-C. ? Grâce à Thucydide, nous disposons de l'attestation d'un témoinoculaire».

Caractère de la description de la peste chez Thucydide

Thucydide passe sous silence les causes de la maladie :"Je laisse à chacun - médecin ou profane - le soin de dire son opinion sur lamaladie..."'

Il décrit non seulement l'évolution de la maladie, mais aussi sesconséquences :

"D'une façon générale, la maladie fut, dans la cité, à l'origine d'un désordremoral croissant (anomia)."m

Thucydide en trace le tableau suivant :Athènes fut ravagée en même temps par les opérations militaires et par

la peste. Les troupes Spartiates mirent à sac les campagnes de l'Attique et laville fut submergée de réfugiés. Les temples où ils avaient cherché asile - cequi était déjà en soi un sacrilège11 - étaient remplis de cadavres. Les gensn'avaient cure de religion ni de piété. Ils négligèrent tous les usages qu'ilsobservaient autrefois lors des funérailles. Ils utilisèrent des bûchers destinésà d'autres personnes. Les normes morales se dégradèrent et subirent mêmeune totale subversion. Les désirs autrefois réprimés se manifestèrent augrand jour. Crainte des dieux ou loi des hommes, rien n'arrêtait les gens.Que l'on honore les dieux ou non, cela revenait au même, pensait-on,puisque tous, sans distinction, devaient mourir.

La description que Thucydide donne de la peste est influencée par lascience médicale de son temps. Sa relation présente des analogies avec lesévolutions de maladies décrites par Hippocrate". Il y a aussi une différence :Thucydide renonce délibérément aux spéculations sur la cause de lamaladie. Ce faisant, il s'oppose aussi bien aux mentions traditionnelles de lapeste qu'aux théories médicales11. Sa description témoigne d'uneobservation minutieuse des symptômes physiques de la maladie. C'estcependant sur les conséquences d'ordre social et psychologique qu'il metsans aucun doute l'accent.

Anomie

Selon Thucydide, il est question d'un désordre social causé par la peste :on pourrait, en se référant au mot "anomia", employé par Thucydide lui-même, qualifier ce désordre d'"anomie", terme moderne emprunté au

127

Page 10: MALADIES MÉDECINES ET SOCIÉTÉS

M A L A D I E S , M É D E C I N E S E T S O C I É T É S

vocabulaire sociologique, c'est-à-dire un effondrement brutal des valeursréglant la vie sociale des hommes. Une situation anomique fait sonapparition lorsque les membres d'une communauté se rendent comptequ'ils se trouvent dans une sorte de vide, les valeurs traditionnelles n'étantplus reconnues, tandis que les nouvelles ne sont pas encore acceptées parune majorité14. S'agissait-il véritablement d'une situation de cet ordre àAthènes ?

Les Lumières athéniennes

Outre le grand nombre de victimes - la maladie fit périr un tiers de lapopulation" - on pourrait également avancer comme explication à l'actionsubversive de la peste le climat moral qui régnait à Athènes dans la secondemoitié du cinquième siècle. Il était question, dans les milieux intellectuels,d'une rationalisation croissante de la religion et de scepticisme à l'égard del'existence des dieux1". Un sophiste, Protagoras, avançait qu'un être humainne peut savoir si les dieux existent ou non. Un autre, Critias, jouaitouvertement avec l'idée que les dieux avaient été inventés par un habilepoliticien pour maintenir l'ordre et la loi. Un troisième enfin, Anaxagoras,qualifiait le soleil de bloc de feu sans tenir compte des objections d'ordrereligieux émises contre ce point de vue. Nous savons, de diverses sources,qu'une partie de la population athénienne suivait cette mode consistant àcritiquer les dieux ou se rendait même coupable de blasphème. Lesdiscussions dans les cercles intellectuels avaient-elles sapé les normesexistantes dans de larges couches de la population et cela s'avéra-t-il lorsquela peste se déclara ? Est-ce là la raison pour laquelle les remèdestraditionnels contre la peste ne furent pas appliqués ?

En suivant ce raisonnement on surestime toutefois l'influence de lacritique des dieux pratiquée par les sophistes. D'autres données indiquentplutôt une continuité qu'une rupture. La plus grande partie de lapopulation resta fidèle aux valeurs religieuses et morales traditionnelles. Onpeut même parler de réaction. Périclès, le chef politique d'Athènes à cetteépoque, fut rendu responsable de tous les malheurs et relevétemporairement de ses fonctions17. On intenta des procès à diverspersonnages de son entourage connus pour leurs opinions éclairées.L'assemblée du peuple adopta un décret dirigé contre les personnes qui necroyaient pas aux dieux et qui professaient des théories sur les corpscélestes1«.

Il est indubitable que le travail législatif de l'assemblée du peupleathénienne se poursuivit normalement dans la seconde moitié du cinquièmesiècle. On ne constate pas de rupture non plus pendant les années de lapeste1*.

128

Page 11: MALADIES MÉDECINES ET SOCIÉTÉS

S O U R C E S E T C H A M P S

CE QUE THUCYDIDE PASSE SOUS SILENCE

Dans les années où la peste sévissait à Athènes, les réactionstraditionnelles se manifestèrent, telles que l'introduction de nouveauxcultes, des consultations d'oracles, des purifications rituelles, des prophétiesetc. Thucydide, toutefois, n'en fait pas, en général, mention de façonexplicite dans sa description de la peste. On doit les extirper dans d'autresendroits de son œuvre ou les tirer d'autres sources»1.

L'évolution religieuse de la seconde moitié du cinquième siècle futcaractérisée par l'intérêt croissant porté aux cultes exotiques de caractèreextatique, tels que ceux de Bendis, Adonis et Cybèle". Il est fortvraisemblable que la peste ait constitué un stimulant supplémentaire dansce processus. Si les dieux traditionnels n'offraient pas d'aide, de nouveauxdieux pouvaient peut-être apporter le salut. Par ailleurs on pouvait aumoins donner libre cours aux sentiments refoulés au son des roulements detambour, des flûtes stridentes et lors de danses échevelées. Thucydide gardele silence à ce sujet.

La dégradation des pratiques funéraires que Thucydide souligne avectant d'insistance dans sa relation et qu'il présente comme le début dudésordre moral général, dura seulement jusqu'à l'été de 430. Ces pratiquesfurent rétablies peu après. C'est ainsi qu'on érigea des monumentsfunéraires pour les stratèges Périclès et Phormion, qui périrent pendantl'épidémie. La maladie continua à sévir jusqu'à 426.

Des offrandes votives furent offertes aux dieux à la suite de victoiresremportées pendant la guerre, on construisit des temples, on joua destragédies, on érigea des statues. On en trouve des preuves datant des années429-425«. Après la première offensive de la peste, la vie religieuse repritrapidement son cours normal.

Il résulte de l'attitude adoptée par Thucydide que les réactionsreligieuses restent dans l'ombre tandis que le désordre social est trop mis enlumière.

THUCYDIDE ET LA RELIGION

Thucydide est certes intéressé par les phénomènes religieux mais surtoutdans la mesure où les hommes leur confèrent un certain pouvoir. Son attituderessort clairement de la façon dont il traite des oracles. Voici un exemple :

Au début de la guerre du Péloponnèse, au cours de l'été 431, on procédaà l'évacuation de la campagne de l'Attique. Pour les évacués on chercha deslieux de résidence dans les parties inhabitées de la ville et dans lessanctuaires des dieux et des héros. Du fait du manque pressant de terrainsde construction, on bâtit aussi sur le Pélargikon, un espace inoccupé au piedde l'Acropole, sur lequel reposait une malédiction et qu'il était interdit

129

Page 12: MALADIES MÉDECINES ET SOCIÉTÉS

M A L A D I E S , M É D E C I N E S E T S O C I É T É S

d'habiter. Un oracle avait en effet décrété : "Mieux vaut que le Pélargikonsoit en friche"». Il s'éleva naturellement des voix pour dire que ce sacrilègeétait la cause de la peste qui allait bientôt suivre». Thucydide, toutefois, nementionne rien à ce sujet, il inverse la causalité :

"Et il me semble que l'oracle se réalisa à l'inverse de ce que l'on attendait : au lieuque l'occupation coupable du lieu entraînât les malheurs de la cité, ce fut laguerre qui entraîna la nécessité de cette occupation; l'oracle ne précisait pastextuellement qu'il y aurait la guerre mais prévoyait qu'on s'y établirait un jouret non pas pour le salut d'Athènes."Pour lui l'occupation du Pélargikon ne fut pas une cause mais une

conséquence de la catastrophe. Pareillement, Thucydide dépeint ladégradation des pratiques funéraires comme une conséquence de la pestetandis que, selon le modèle en vigueur, la manipulation de cadavres, enparticulier ceux des protégés des dieux, était, ainsi que nous l'avons vu, lacause de l'apparition de la peste en tant que manifestation du courrouxdivin. Pourquoi Thucydide procède-t-il d'une manière aussi sélective ?

FONCTION DE LA DESCRIPTION DE LA PESTE CHEZ THUCYDIDE

C'est pour des raisons délibérées d'ordre historiographique que ladescription des conséquences sociales et psychologiques de la peste occupeune place si importante dans l'œuvre de Thucydide.

Tournant du drame

La description de la peste remplit, en premier lieu, une fonctiondramatique. Pour Thucydide, la peste est la première étape de la décadenced'Athènes. On peut le voir à la composition de son œuvre. La description dela peste succède immédiatement au discours tenu par Péricles pour lesdisparus - discours appelé l'oraison funèbre2' - dans lequel il trace, justeavant que les échecs ne sapent la confiance en soi des Athéniens, le tableaude l'idéal politique d'Athènes. Les Athéniens sont à l'apogée de leurpuissance. Après l'oraison funèbre c'est, avec la description de la peste, ledéclin qui commence et qui va finalement aboutir à la catastrophe totale, àla défaite. La description de la peste constitue le tournant du drame. Demême que les honneurs les plus hauts rendus aux morts coïncident avecl'apogée de la puissance athénienne, de même la dégradation des pratiquesfunéraires cadre avec le déclin de la cité.

Traditionnellement le désordre moral et les offenses à l'égard des dieuxsont réputés être la cause des pestilences. Thucydide inverse délibérément leproblème : c'est la peste qui est la cause du désordre moral». Ce n'est pas laprofanation des sanctuaires des dieux qui entraîne la punition divine sous

130

Page 13: MALADIES MÉDECINES ET SOCIÉTÉS

S O U R C E S E T C H A M P S

forme de pestilence mais c'est la pestilence qui conduit à profaner lestemples des dieux de telle sorte qu'on y admet des gens et même descadavres.

Historiographie et modèle médical

La description de la peste est également un exemple de la façon dontThucydide aborde l'historiographie. Il explique, dans le chapitre où ilexpose sa méthode27, qu'il se limite, de propos délibéré, à la relation desévénements concrets de la guerre et qu'il refuse de s'occuper desspéculations de personnes quelconques. Il veut mentionner seulement ce àquoi il a assisté en personne ou ce qu'il est arrivé à savoir par d'autres, aprèsune enquête aussi méticuleuse que possible. Grâce à son travail d'historienil veut offrir une vision claire des événements et de ce qui, conformément àla nature humaine, se jouera pareillement dans l'avenir. C'est là que résidel'utilité de son œuvre.

C'est exactement selon cette même méthode et avec le même but queThucydide décrit la peste d'Athènes. Là aussi il se limite à la relation del'évolution de la maladie, en s'appuyant sur ses propres observations et ilécarte toutes les spéculations sur la cause de la maladie. Il ne veut pasdépasser le stade d'un pronostic dans les grandes lignes tout comme lefaisaient les médecins de son temps dont les capacités thérapeutiquesétaient fort limitées. L'utilité de la description de la peste résidepareillement dans la possibilité de reconnaître la maladie au cas où elleéclaterait de nouveau2«.

Dans la description de la guerre également, Thucydide met l'accent surles réactions humaines. Il attribue à certains événements incidentels commela guerre civile à Corcyre une valeur universelle2'. Il y a des analogiesévidentes entre les effets de la peste et ceux de la guerre civile. Cesphénomènes apportent tous les deux une Umwertung der Werte, cettesubversion des valeurs dont parle Nietzsche. On peut déceler des analogiesdans le vocabulaire employé par Thucydide dans la description de saméthode, dans celle des effets de la peste et celle de la guerre civile10.

Nous pouvons conclure en disant que la description de la peste est nonseulement fonctionnelle dans l'ensemble de l'œuvre de Thucydide parcequ'elle procède des mêmes intentions et des mêmes buts mais qu'elleillustre aussi ces derniers de façon frappante, qu'elle a, pour ainsi dire, unevaleur exemplaire.

La compréhension de l'évolution de la peste permet de comprendre lecours de l'histoire. L'apparition de la peste marque le retournement dudestin d'Athènes et montre, à l'échelle, quelle sera l'action subversiveexercée par la guerre dans sa totalité sur la société athénienne. La mise en

131

Page 14: MALADIES MÉDECINES ET SOCIÉTÉS

M A L A D I E S , M É D E C I N E S E T S O C I É T É S

valeur des aspects anomiques de la peste d'Athènes s'accorde donc àl'objectif poursuivi par Thucydide dans l'ensemble de son œuvred'historien.

Portrait de la "masse"

II se peut qu'il y ait aussi une autre raison, inconsciente cette fois,expliquant pourquoi Thucydide met trop en valeur certains phénomènes eten laisse d'autres dans l'ombre. En cas de catastrophes, les autorités onttendance à surestimer les risques de panique parmi la population. Cetteestimation repose sur une certaine conception de la "masse". Celle-ci seraitdéraisonnable. Le bas peuple se laisserait mener par ses appétits et sesinstincts, deviendrait agressif, se débarrasserait du léger vernis de lacivilisation. "On ne trouve nulle part dans les résultats des recherches laconfirmation de la thèse selon laquelle la panique serait une réactionhabituelle lors de l'apparition de catastrophes", affirme un sociologuecontemporain11. L'être humain placé dans une situation de crise fait preuve,en général, d'une grande faculté d'adaptation. Des recherches historiquesmodernes sur les réactions collectives à Paris et à Londres au XVlIIe sièclemais aussi sur celles, par exemple, de la population de Rome à la fin de laRépublique, montrent que nos sources ne sont pas toujours crédibles. Ellestraduisent la plupart du temps les points de vue de l'élite et offrent uneimage trop défavorable du comportement collectif de la populationurbaine12. Thucydide n'est pas dépourvu non plus de telles préventions ainsiqu'on peut le voir à la façon dont il se prononce sur la démocratie et sur leshommes politiques athéniens13. A l'instar de Tacite11 qui se place dans lamême tradition historiographique, Thucydide considère le peuple, la"masse", comme anarchiques par nature (physei). Aussitôt qu'il se produitune vacance du pouvoir, les forces destructrices latentes se libèrent.

CONCLUSION : DESORDRE MORAL OU CONTINUITE

En ce qui concerne l'arrière-plan et l'influence de la catastrophe sur lasociété et la mentalité on peut tirer les conclusions suivantes : Thucydidesouligne avec beaucoup d'insistance l'action désorganisatrice exercée par lapeste. On a dérogé aux pratiques funéraires et l'attitude à l'égard de la morta différé lors de cette mortalité massive de celle qui avait cours dans le casd'un deuil individuel. Il s'avère cependant que ce désordre moral nes'applique pas à toute la période pendant laquelle la peste a sévi et encoremoins à toute la population. La vie religieuse reprit rapidement son coursnormal même lorsque l'épidémie éclata de nouveau et continua à faire desvictimes.Thucydide accorde en proportion trop peu d'attention à la

132

Page 15: MALADIES MÉDECINES ET SOCIÉTÉS

S O U R C E S E T C H A M P S

continuité des réactions. Outre les sceptiques rationalistes, il y avait despenseurs traditionnels qui restaient fidèles à la protection divine. Il y avaitaussi ceux qui cherchaient leur salut dans de nouveaux cultes. Il faut tenircompte en outre des variations et des changements d'attitude par individu.On peut, sous l'influence du premier choc, perdre la confiance dans lesdieux traditionels, se mettre en quête de nouveaux dieux pour finalementembrasser de nouveau les dieux des ancêtres.

INFLUENCE

L'influence du témoignage oculaire de Thucydide allait s'avérer sigrande que pour ainsi dire tout historien, littérateur ou médecin décrivantaprès lui une pestilence fut son tributaire et ne fut plus capable d'affrontercandidement la réalité. La description de la peste devint ultérieurement unexercice obligatoire dans l'enseignement de la rhétorique et Thucydidecontinua à servir de modèle. Cantacuzène, empereur et historiographe,décrit la peste de 1347/8 à Byzance«; bien qu'il eût à subir lui-même lesatteintes de la maladie et que son fils y succombât, on ne trouve pas traced'émotions et d'observations personnelles dans son compte rendu. Ilparaphrase Thucydide. Jusqu'à notre époque, la description des épidémiescontinue à fasciner. La peste est une catastrophe collective qui confronte unecommunauté tout entière avec la mort. Les normes et les valeursapparaissent subitement dans une lumière crue. En état d'urgence lesmasques tombent. Une catastrophe fonctionne comme une expérience delaboratoire et fait surgir le meilleur et le pire dans l'homme. C'est àThucydide que nous sommes redevables de cette façon de considérer et dedécrire la peste.

NOTES

Nous tenons à remercier Madame M.N.G. van Strien-Chardonneau pour la traductionconsciencieuse de cet article.1 Voir J. G r i m m , Die literarische Darstellung der Pest in der Antike und in der Romania,Freiburger Schriften zur romanischen Philologie 6, München 1965 ; D . S t e e l , 'Plaguewriting. From Boccaccio to Camus', Journal of European Studies 11,1981, p. 88-110.! Loimos, pestilentia et pestis indiquent une maladie qui est «commune à tous» : ho men koinoshapasi kaleomenos loimos (H i p p o c ., Flat. 6, L i 11 r é , VI 97 ; éd. J. J o u a n n a , C.U.F.,Paris 1989, p. 109). G a I i e n (In Hippocratis Epid. III Comment. Ill 21) donne une définitionplus précise : ou gar de nosêmatos tinos onoma estin epidâmion à loimfides, ail' hotiper an hama polloisen heni genêtai <chronôi te kai> chôriôi, tout' epidêmon onomazetai, proselthontos d' autôi tou pollousanairein, loimos gignetai (XVII. 1, 667 K ü h n, CMC V 10, 1, Leipzig und Berlin, 1934, éd. E .W e n c k e b a c h ) «car 'épidémique' ou 'pestilentiel' n'est pas le nom d'une maladiequelconque, mais on appelle 'épidémique' ce qui arrive à beaucoup de personnes à la fois à unmoment et dans un lieu donnés. Et quand cette maladie de plus, tue beaucoup de personnes,on parle de pestilence (loimos).». Cf. pour la terminologie : P. De m o n t , 'Notes sur le récit dela pestilence athénienne chez Thucydide et sur ses rapports avec la médecine grecque de

133

Page 16: MALADIES MÉDECINES ET SOCIÉTÉS

M A L A D I E S , M É D E C I N E S E T S O C I É T É S

l'époque classique' dans : F. La s e r r e et Ph. M u d r y (éd.), Formes de pensée dans lacollection hippocratique. Actes du IVe Colloque International Hippocratique (Lausanne, 21-26 septembre1981), Genève 1983, p. 341-353, spéc. p. 341-347 ; id., 'Hérodote et les pestilences (Note sur Hdt.VI, 27 ; VII, 171 et VIII, 115-117)', Revue de Philologie 62,1988, 7-13.I Hom., II. 142-52.4 Voir les répertoires de J. F o n t e n r o s e , The Delphic oracle, Berkeley 1978 et de H.W.P a r k e e t D.E. W o r m e l l , The Delphic oracle I-III, Oxford 1956, qui donnentenviron 70 références concernant les pestilences, et H.F.J. H o r s t m a n s h o f f , De pijlenvan de pest. Pestilenties in de Griekse wereld (800-400 v.C.), thèse Uiden, Amsterdam 1989, spec. p.95-182.' Fontenrose, The Delphic oracle, p. 77.6 Parke-Wormell, oracle no. 27 ; Fontenrose, oracle no. Q 82 avec p. 76-77.7 Cf. P. D e m o n t , 'Les oracles delphiques relatifs aux pestilences et Thucydide', KERNOS,Revue Internationale et Pluridisciplinaire de Religion Grecque Antique, 3,1990,147-156, spec. p. 150-153.» Th. II47-54.' Th. II 48,3. Traduction citée ici et ailleurs dans cette contribution : J. de R o m i 1 1 y , C.U.F.,Paris, 1962.'»Th. II 53,1.II Voir R.C.T. P a r k e r , Miasma. Pollution and purification in early Greek religion, Oxford 1983,p.33.12 Voir D e m o n t , 'Notes...' (cf note 2 ) ; H o r s t m a n s h o f f (cf note 4) p. 211-219 ; jen'ai pas encore pu consulter G. R e c h e n a u e r , Thukydides und die hippokratische Medizin,Hildesheim, 1990.11 Selon l'opinion de D e m o n t , 'Notes...' (cf note 2) Thucydide a cependant bien indiquédans I, 23 de grandes sécheresses comme cause du fléau, ce qui serait en contradiction avec ceque Thucydide écrit explicitement lui-même dans II48,3.14 E. D u r k h e i m a introduit le terme 'anomie' dans : De la division du travail social, 1893(écrite 1886), une idée qu' il a élaborée dans Le suicide (1897) ; par R.K. Merton, Social theory andsocial structure, New York 1968, éd. augm., 215-248,1' idée a été approfondie théoriquement etdivulguée dans la littérature sociologique." Ce pourcentage peut être calculé sur la base des passages suivants : T h . II 58,3 ; III 87, 2-3 ;VI 12,1 ; VI 26, 2 ; D i o d . S i c . XII 58,1-2 ; P l u t ., Per. 36. Voir M.H. H a n s e n ,'Three studies in Athenian demography', Historisk-filosofiske Meddelelser 56, Det KongeligeDanske Videnskabernes Selskab, Kopenhagen 1988, p. 14-27, a calculé que sur un total de59.780 citoyens athéniens masculins adultes (en 431) 19.800 ont succombé à la peste dans lapériode 430/429 - 427/426 : 6600 chaque année de peste. Pour un calcul différent voir B.S.S t r a u s s , Athens after the Peloponnesian War. Class, faction and policy 403-386 B.C., Londonund Sydney, 1986, p. 70, 81 qui a calculé, qu'Athènes avait en 434 plus de 40.000 citoyensmasculins et ça. 14.000 -16.250 après la guerre du Péloponnèse." Voir P.A. M e i j e r , 'Philosophers, intellectuals and religion in Hellas' dans H.S.V e r s n e l (éd.), Faith, hope and worship. Aspects of religious mentality in the ancient world,Leiden, 1981, p. 216-262 ; sur les procès d'impiété voir : H.S. V e r s n e l , Inconsistencies inGreek and Roman religion I TER UNUS. Isis, Dionysos and Hermes : Three studies in henolheism,Leiden, 1990, p. 123-131.17 Th. II 59 et 65,3.>» Le contenu du décret de Diopeithes est mentionné dans Plut., Per. 32,1 : eisangellesthai tous tatheia me nomizontas ê logous péri ton metarsiôn didaskontas. Sur Diopeithes, sa personne, sondécret et la datation problématique de ce dernier, voir W . R . C o n n o r , Two notes onDiopeithes the Seer", Classical Philology, 58, 1963, p. 115-118 ; sur l'interprétation du libellé dudécret, notamment sur ta theia me nomizontas, voir V e r s n e l , Inconsistencies ... (cf. note16). Il est assez remarquable que Sophocle utilise dans le deuxième stasimon de son OT, 910 lesmêmes termes : errhei de ta theia «la foi dans les dieux court à sa ruine»." Voir par exemple Supplementum Epigraphicum Graecum, 33,1983, 4, 5, 7, 8, 9,10,11,19, 23, 39,42,44,54,57.*> Sur Thucydide et la religion : B. J o r d a n , 'Religion in Thucydides', Transactions and

134

Page 17: MALADIES MÉDECINES ET SOCIÉTÉS

P E R C E P T I O N S ET R E P R É S E N T A T I O N S

Proceedings of the American Philological Association, 116, 1986, p. 142-144 ;N. M a r i n a t o s ,Thucydides and religion. Beiträge zur klassischen Philologie 129, Königstein/Ts., 1981 ; S.I.O o s t , Thucydides and the irrational : sundry passages', Classical Philology, 70, 1975, p. 186-196 ; A. P o w e l l , Thucydides and divination', BICS 27,1979, p. 45-55.2' Aperçu des dieux nouveaux : H.S. V e r s n e l , Inconsistencies... (cf note 16), p. 102-123 ;H o r s t m a n s h o f f (cf note 4) p. 232-242 ; G. F r e y b u r g e r , M.L.F r e y b u r g e r - G a l l a n d et J.C. T a u t i l , Sectes religieuses en Grèce et à Rome, Paris,1986.22 J.D. M i k a l s o n , 'Religion and plague in Athens 431-423 B.C.' dans Studies presented toSterling Dow, Durham, 1984, p. 217-226.»Th. 1117,1-2.21 D i o d . S i c . XII58,6.»Th. H35-46.2(1 On trouve ailleurs une telle inversion caractéristique de Thucydide, voir les observations deD e m o n t , 'Les oracles...(cf note 7).27 Th. 122.»Th. 1148,3.» Th.III 82.10 Les analogies de vocabulaire apparaissent clairement dans l'aperçu suivant :

i ça

2.- autos parên

4-tôn tegenomenôn... kai ton mellontônpote authiskata to anthrôpeion.. esesthai

n w

3.- ei pote kai autisepipesoi

3.- autos te nosêsaskai autos idôn...

111 OZ

2.-epepese polla kaichalepa

2.- gignomena men kaiaiei esomena, heôsan hêautê phusis tonanthrôpôn êi

11 R.R. D y n e s , Organized behaviour in disaster, Lexington, Mass., 1970, p. 7-8 et 71-72.M G. Rude, The crowd in history (Londen en Sydney 1964) 237-258 ; Id., Paris and Londen in the18th century (Londen 1970) 17-34 ; W. Nippel, 'Aufruhr und Polizei in der späten römischenRepublik und in der frühen Kaiserzeit', Humanistische Bildung 6, 1983, 85-136 ; F.J. Meijer,'Ordehandhaving in Rome tijdens de republiek', Lampas 16, 1983, 155-173 ; P.J.J. Vanderbrœck,Popular leadership and collective behavior in the Late Roman Republic (ca. 80-50 B.C.), thèseNimègue, Amsterdam 1987, spec. p. 187-188." T h . VIII97,2 témoigne de son approbation au coup d'Etat oligarchique de 411.M Cf A.B. Breebaart, Clio and antiquity. History and historiography of the Creek and Roman world,Hilversum 1987, p.51-70 : 'Plebs and soldiers : social-history and mass psychology in Tacitus'.15 Jean Cantacuzène III 49,15-111 52,19, éd. J. Schopen, Corpus Scriptorum Historiée Byzantins,Bonn 1828-1832 ; voir H. Hunger, "Thukydides bei Johannes Kantakuzenos. Beobachtungen zurMimesis", Jb. Osten. Byz., 25,1976, p. 181 et suiv.

Herman J.F. HORSTMANSHOFF enseigne au Département d'Histoireancienne de l'Université de Leyde (Pays-Bas).

135