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Guy Le Gaufey L'INCOMPLÉTUDE DU SYMBOLIQUE De René Descartes à Jacques Lacan

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Guy Le Gaufey

L'INCOMPLÉTUDE

DU SYMBOLIQUE

De René Descartes à Jacques Lacan

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L ' I N C O M P L É T U D E

DU SYMBOLIQUE

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La collection « Littoral » a notamment publié

Lettre pour lettre. Transcrire, traduire, translittérer Jean ALLOUCH

Toulouse, Érès, 1984, 334 p., 9 ili.

La « solution » du passage à l'acte. Le double crime des sœurs Papin Jean ALLOUCH, Erik PORGE et Mayette VLLTARD Livre signé de l'hétéronyme Francis DUPRE Toulouse, Érès, 1984, 270 p., 12 ili.

A

Ouvrir les Ecrits de Jacques Lacan John P. MULLER, William J. RLCHARDSON, adaptation de Philippe JULIEN Toulouse, Érès, 1987, 200 p.

132 bons mots avec Jacques Lacan Jean ALLOUCH Toulouse, Érès, 1988, 176 p., 6 ili.

Se compter trois. Le temps logique de Lacan Erik PORGE Toulouse, Érès, 1989, 224 p., 7 ili.

Les éditions E.P.E.L. ont publié

Marguerite, ou V'Aimée de Lacan Jean ALLOUCH, postface de Didier ANZIEU Paris, E.P.E.L., 1990, 568 p., 13 ili., 12 dessins

Le retour à Freud de Jacques Lacan. L'application au miroir Philippe JULIEN

Paris, E.P.E.L., 1990, 246 p., 2 ili. ( l r e éd. Érès, coll. « Littoral », Toulouse, 1985)

Revue du Littoral n° 30 : « La frérocité » Nouvelle série, Paris, E.P.E.L., octobre 1990, 188 p.

Ethnopsychanalyse en pays bamiléké C h a r l e s - H e n r y PRADELLES DE LATOUR

Paris, E.P.E.L., 1991, 260 p., 20 fig., 7 planches, 7 tableaux

Distribution : Distique 5, rue de la Taye, BP 65, 28112 Lucè cedex

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Guy Le Gaufey

L'INCOMPLÉTUDE

DU SYMBOLIQUE

De René Descartes à Jacques Lacan

£i • P. E » L •

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© E.P.E.L., 29, rue Madame, 75006 Paris Distribution Distique ISBN : 2-908855-03-8 Dépôt légal 60 123 FF, février 1996

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I n t r o d u c t i o n

Le foisonnement actuel des savoirs relevant de la rat ional i té -scientifique ou non - est tel qu ' i l peu t sembler incongru de ra -mener cette multiplicité chatoyante sous l 'un i té d ' u n détermi-nan t comme : le symbolique, et plus encore p o u r en a f f i rmer une p ropr ié té d ' a p p a r e n c e aussi négative que Vincomplétude. Mais jus tement : ce mot si propice à al imenter sans fin l ' imaginat ion, il va s 'agir d ' en cerner la s t ruc tu re s tr ictement symbolique, de saisir en quoi il vient af fecter cet o r d r e où l 'on voit mal , au pre-mier a b o r d , ce qui p o u r r a i t en venir à y sécréter ainsi de 1'« in-complet ». De fa i t , p o u r que la quest ion puisse seulement p r e n d r e fo rme , il a u r a fal lu une assez longue gestation qu 'on se propose de p a r c o u r i r chronologiquement afin d ' en bien saisir la difficile émergence, et de pouvoir mieux appréc ie r ensuite en quoi la psychanalyse est venue, p a r ses p rop re s voies, à ce même point crucial .

L 'a f fa i re s ' inaugure p a r la f r a c t u r e car tés ienne, celle p a r la-quelle - dans une distinction impensable hors le chamboulement métaphysique in t rodui t p a r Descartes - la mathesis universalis surgissait comme le lieu univoque de tout savoir qui ne soit pas opinion. Dès la t rouvail le d u cogito, ego ne tient sa cer t i tude d 'exis ter q u ' e n fonct ion de l ' o r d r e des « f igures » p a r lesquelles il se fai t qu ' i l y a de la pensée. La collection indéfinie , mais ho-mogène, de ces f igures toutes di f férentes les unes des au t res consti tue le champ qui pe rmet de dist inguer comme jamais aupa-ravan t ce p a r quoi nous parvenons à chiffrer le monde qui nous en toure , et p a r là même à nous l ivrer à ces calculs q u ' o n appelle science. La mathesis universalis pose l ' ins tance symbolique dans une dist inction que le savoir scolastique ne pouvai t p r a t i q u e r de la sorte ; à t r avers elle s ' énoncent les bases métaphysiques indis-pensables à la tenue d ' u n tel o r d r e . On é tudiera donc d ' a b o r d dans le détail les cont ra in tes initiales à p a r t i r desquelles une telle distinction du symbolique pouvai t seulement ê t re imaginée.

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Mais, aussi nécessaires soient-elles, il ne suffit pas de décisions métaphysiques pour r endre effectif un tel o rdre . On suivra alors le destin de cette exigence cartésienne q u a n d , pa r le t ruchement de Leibniz, elle aboutit à Frege et à son ambition de composer une « langue pour la pure pensée ». C'est désormais en effet en-tre logique et mathémat ique que la question de l 'univocité, de la mise à l ' écar t de toute altérité de ces signes p a r lesquels nous chiffrons le monde et nous lançons dans des calculs, va être t ra -vaillée. Comment faire pour ext i rper toute ambiguïté, toute équi-vocité de ces signes et leurs emplois ? C'est au moment même où Frege pensait être à deux doigts de régler définitivement la ques-tion que Russell faisait éclater la bombe des paradoxes , et ou-vrait la fameuse « crise des fondements » des mathématiques au début de ce siècle.

La par t ie qui devait s'y jouer re t iendra notre attention parce qu'elle a conduit , selon les voies les plus strictement démonstra-tives, à un point résolutoire où s 'énonce que l ' o rd re symbolique, en son cœur logique et mathémat ique , doit être considéré comme incomplet, d ' u n e incomplétude vis-à-vis de laquelle aucun « ra-jout » ne viendra jamais faire répara t ion .

L'intérêt de ce temps conclusif (mais qui a ouvert tout le vaste champ des recherches actuelles en logique mathématique) ne tient pas seulement au célèbre théorème de Gôdel qui effectue la démonstrat ion d ' incomplétude, mais là encore au temps qui l 'a précédé où le plus fameux mathématicien de son temps - David Hilbert - a élaboré un « programme » pour venir à bout , « défi-nitivement » encore une fois, des paradoxes . Le principe de ce programme était relativement simple : une fois bien repéré que les paradoxes tenaient à la présence, parfois for t sournoise, de l ' infini dans les calculs (ne serait-ce que sous l ' apparence du quant i f ica teur universel : V x), il fallait et il suffisait de créer un calcul tel que jamais l ' infini ne s 'y immisce à quelque temps ni sous quelque forme que ce soit (mais pa r ailleurs assez puissant pour p rend re en compte les bases de l ' a r i thmét ique , soit au moins des logiques du deuxième ordre) . Or l 'outi l décisif pour réaliser un tel programme n 'é ta i t aut re qu ' une conception de la let tre (de calcul) qu 'on ira visiter de très près car elle joue à nouveau activement sur un point de distinction : la let tre vrai-ment let tre ne vaudra comme telle q u ' à la condition de ne plus rien re-présenter , de n ' a s su re r jamais (dans le calcul) que sa pro-pre présentat ion. Une lettre « hors sens » paraissai t ainsi seule

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capable de condui re à une consistance et une complétude qui au-ra ien t , de là , rayonné sur tout savoir rat ionnel lement o rdonné . Or cette le t t re , scrupuleusement respectée dans sa tex ture hi lber-t ienne p a r Gôdel, a conduit à un résul ta t d iamétra lement opposé p a r où se dévoilait que l ' a r m a t u r e symbolique, isolée et distin-guée avec le maximum de précaut ions , se fe rmai t sur une in-complétude, terme dont la valeur sémant ique négative ne doit pas fa i re illusion : il s 'agit bien là d ' u n e p ropr ié té constitutive de cet o rd re , et non d ' u n e fâcheuse lacune à laquelle il f a u d r a i t p a r e r de toute urgence.

Si nous nous en tenions là , ce t ravai l mér i tera i t de s ' inscr i re dans des coordonnées , disons : logico-philosophiques, soit une p a r t du savoir contemporain considéré comme relat ivement homogène, possédant ses revues, ses chaires , ses héros et ses contempteurs . Mais il est une au t re p a r t de ce savoir contemporain où, selon des voies toutes di f férentes en appa rence , cette notion d ' in -complétude du symbolique est également venue au jour , un savoir qui , à cause ou en dépit de sa luxur iance , ne cesse pas de ne pas a r r ive r à se fonder comme un savoir autonome, bien individua-lisé, c lairement délimité sur le marché général des savoirs : le savoir dit « psychanalyt ique ».

Dès F r e u d , ce savoir-là s 'est ingénié à se mêler à d ' a u t r e s : an-thropologique, religieux, psychopathologique, l i t té ra i re , et jus-q u ' à la spéculation philosophico-biologique chez un Ferenczi . « Rien de ce qui est huma in , aura i t -on envie de d i re , ne lui est é t ranger . » Mais à l ' enquê te , le terme « humain » lui-même pa-raî t u n peu étroit : le couple pulsion de vie/pulsion de mor t , p a r exemple, fai t à lui seul éclater cette fragile limite.

Les uns cr ient là-dessus à l ' impéria l isme, q u a n d d ' a u t r e s p ro -noncent doctement la « non-scientificité » de ce savoir ; on pré-f é r e ra voir dans ce ca rac tè re b a l a d e u r un fait de s t r uc tu r e , révéla teur de la consistance qu ' i l déploie et dans laquelle il se meut , ce que démont ren t a contrario les tentat ives de l ' indivi-due r c la i rement (ne serait-ce que p o u r lui donne r un peu de di-gnité univers i ta i re) ; sa réduct ion la plus f r é q u e n t e à une psychologie, ou encore à une thé rapeu t ique des névroses, l ' é t r an -gle en moins de deux générat ions.

On p a r t i r a donc plutôt ici de l 'hypothèse selon laquelle l ' in -complétude du symbolique a pu ê t re énoncée dans les pérégr ina-tions de ce savoir analyt ique parce que cette incomplétude est au

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cœur vital de l 'expérience qu ' i l met en œuvre et dont il est issu, celle de la cure. A soumettre un être par lan t au jeu des aléas de sa parole , de cette kyrielle de mots qui disent bien plus et bien moins que « son histoire » ou « ses problèmes », se lève ce qui n 'es t assignable à aucun cadre . . . à savoir la question du cadre lui-même, de ce qui vient fa i re de l ' un dans cette marée d ' énon-cés, dégageant du coup la place d ' un reste inclassable, e r ra t ique , que nulle saisie, même conceptuelle, ne bloque. Pa rce que l 'en-treprise de la cure n 'es t pas rationnellement sélective, mais cherche à jouer selon le hasa rd , elle se trouve inclure ce que toute au t re entreprise de savoir qui marche « selon l ' o rd re des raisons » se doit d 'exclure initialement : ce reste sans raison, mais auquel en revanche la raison doit beaucoup, spécialement quand elle s 'imagine être une.

Les énormes écarts manifestes entre des savoirs comme le logique et le psychanalytique ne doivent pas abuser ; ce ne sont d 'a i l leurs pas les quelques liens qu' i ls entret iennent à l 'occasion qui justi-fient ici leur rapprochement , car le principe de leur mise en ligne dans ce qui suit n 'es t au t re que la question du sujet . Le savoir scientifique - même s'il a voulu l 'oublier dans l ' impress ionnante série de ses succès réalistes - est nativement lié au sujet cartésien, à cet ego qui jouit d ' une propr ié té qu 'on re t rouve explicitement, comme pa r hasa rd , chez le Dieu de Newton ou dans l 'Intelligence du Système du Monde de Laplace : une présence immédiate à soi, paradigmatiquement donnée dans la proféra t ion du cogito. Des-cartes tout le premier a pu croire que le savoir qui s ' échafaude-rait sous les auspices de ce sujet-là hér i terai t du coup de son éminente simplicité, c 'est-à-dire de cette unité insécable donnée sans partage dans la présence immédiate.

Et c 'est pendant que ce savoir s ' absorbai t dans ses incessantes conquêtes q u ' u n accident intervenait au niveau de ce centre organisateur, sans rien mettre directement en péril de l ' échafau-dage dans son entier, mais en introduisant une amorce de r u p t u r e sans précédent qu 'on rédui ra pour l ' ins tant à cette expression f reudienne , étrange autant qu ' i r recevable pour l ' o rd re classi-que : il y aura i t des « représentat ions inconscientes ». Comment donner droit de cité à cette pu re contradiction dans les termes ? L'inconscient n ' a en effet pas été int rodui t pour seulement limiter les pouvoirs de la conscience (le champ de la conscience a bien souvent été ressenti comme étroit !), mais, sous la plume de F reud , comme le lieu où il y aurai t des représentat ions qui n ' a u -

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ra ient jamais connu de sujet ! Le Ich f r eud ien n ' es t p lus , ni de fa i t , ni sur tou t de dro i t , dans un r a p p o r t de p roduc t ion vis-à-vis de représenta t ions qui l ' hab i t en t , à l 'occasion, mais dont il n ' e s t plus l 'agent : bien plutôt le pa t ient . P a r cont re , en dépit de ce r emarquab le décent rement p a r r a p p o r t à l 'ego car tésien, ce Ich se présente , dès son « In t roduct ion » dans l'Esquisse en 1895, comme ce qui vient pour assumer la charge de l ' u n dans un ap-parei l psychique qui ne connaî t , quan t à lui, que la multiplicité des t races qu ' i l engrange. Plus t a r d , Pour Introduire le narcis-sisme a r e -marqué cette fonction uni f ian te qui place le Ich f r eu -dien — de guingois, cer tes , mais dans la ligne du sujet classique, dé ten teur et pourvoyeur d 'un i t é .

C'est ce « guingois »-là que Lacan a remis en t ravai l dès son en-tame du stade du miroir , en p laçant cette fonction uni f ian te , que F reud réservai t encore au Ich, dans le seul registre spéculaire où le moi t rouve alors à s ' inscr i re comme format ion imaginaire . Mais à p a r t i r du moment où le moi est conçu, du fai t de sa ré-flexion spéculaire consti tut ive, comme ce qui fait de l ' u n , que fai t donc le suje t s ' i l s ' avère désormais en ce point crucial dist ingua-ble du moi ? Ni le Ich f r eud ien , ni l 'ego car tés ien, à la vér i té , ne présenta ient cette f r ac tu re - là ; en eux, ce qui s 'appel le mainte-nan t le moi et le su je t étaient dans une perpétuel le coalescence, le cadre se révélait indissociable de son point de bouclage, le cer-cle (ou la sphère) de son cent re , le macrocosme de son micro-cosme, et l ' on pouvai t croire teni r d ' u n e seule main deux « uns » très d i f férents : celui qui enser re et globalise, et celui qui m a r q u e l ' éca r t en pe rmet t an t la série (et p a r là même touche au vide). Un sujet dégraissé de la charge imaginaire de l ' u n , voilà ce que Lacan a p rodu i t sur le marché du savoir dans les années cin-quan te , et c 'est dans ce fil-là, avec un sujet r amené à la seule dimension symbolique, que la perspect ive d ' u n e incomplétude p r o p r e à cette dimension est venue au jour . « Il n ' y a pas d 'un i -vers du discours », « Il n ' y a pas de métalangage », « Il n ' y a pas d ' A u t r e de l 'Au t re », « Il n ' y a pas de r a p p o r t sexuel » : ces énoncés négatifs expr imaient , dans les coordonnées terminologi-ques de cet enseignement, ce qu ' i l appe r t du symbolique q u a n d on p r e n d garde de ne plus l ' e n s e r r e r dans le g rand pourvoyeur d ' un i t é : l ' imaginai re .

Or ce symbolique « épu ré » ne l ' a été q u ' a u pr ix d ' u n t ravai l sur son élément de base , le signifiant saisi dans « sa s t ruc tu re loca-lisée », à savoir la lettre : et aussi bien dans « L ' instance de la

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let tre dans l ' inconscient » (au sous-titre évocateur : « ou la rai-son depuis F reud ») que dans nombre de ses séminaires, Lacan devait à de multiples reprises revenir sur ce point , j u s q u ' à cette séance du 6 décembre 1961 qui le voit définir l 'opéra t ion d '« ef-façon » constitutive de la let tre tel qu ' i l l ' en tend , énoncer pour la première fois la définition conjointe du sujet et du signifiant (« Le signifiant représente le sujet pour un au t re signifiant ») et, sur cette lancée, re-définir le signe comme « ce qui représente quelque chose pour que lqu 'un » (ou se re t rouve, à t ravers le « que lqu 'un », le un qui n 'es t pas au t re , le un de l ' indéfect ible unité d'ego). A pa r t i r de là, quelques années devaient suff i re pour p rodui re en clair les énoncés négatifs cités plus hauts qui disent l ' incomplétude.

La surpr ise tient ici au fait que, toutes différences gardées, la let tre (de calcul) produi te pa r Hilbert et la let tre « effacée » pro-duite pa r Lacan t iennent toutes deux à une rup tu r e de leur ca-pacité re-présentat ionnelle, cette capacité qui depuis l 'orée de l 'âge classique faisait quasi se confondre « lettre » et « signe ». Dans ces deux savoirs, si hétérogènes d 'aspec t , un même souci qu 'on dira pour l ' ins tant « formaliste » cherche à isoler l 'élé-ment minimal de l ' instance du chiffrage pour a r r iver à poser à cette instance la question de sa consistance intr insèque.

Côté logico-mathématique, l 'urgence directrice qui a conduit à marches forcées au résul tat , c 'é tai t bien sûr d 'é l iminer les t rop encombrants paradoxes découverts pa r Russell. Mais pour l ' a -nalyse, il n 'y avait rien de si pressant : seulement la nécessité d ' in tégrer progressivement la découverte f reudienne dans le sol de la rationalité contemporaine, tâche aussi considérable que dé-licate. On fait ici le pa r i que ce point dit d ' incomplétude du sym-bolique — avec son concept a t tenant de su je t , suspendu à la let tre hors sens et à bien d ' au t res choses — est le lieu à pa r t i r duquel la f r ac tu r e inaugurée pa r Freud sous le nom d' inconscient peut s ' inscrire dans l ' o rd re rat ionnel , pour autant que ce dern ie r est lui aussi f r ac tu ré de manière intr insèque et constitutive.

Le savoir f reudien , dans cette perspective, ne vient pas heur te r ou f r a p p e r d ' au t r e s savoirs qui seraient , quan t à eux, d ' u n e au-tre t rempe rationnelle : il s 'é labore au tour de cette incomplétude commune, essayant lui aussi de s 'organiser en système, mais pris dans une perpétuelle tension entre l 'accumulat ion prol i férante et une sorte d 'écroulement permanent dont Lacan par la i t une fois

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en ces termes, en commentant ce qu ' i l a appelé le signifiant-maî-t re , Si : « Si, ce n 'es t que le commencement du savoir, mais un savoir qui se contente de tou jours commencer, comme on di t , ça n ' a r r i v e à rien1 . »

En reconnaissant dans la format ion carac tér is t ique du fan tasme la p a r t d ' imaginai re qui fai t bouchon à l ' incomplétude (donc à la fois la masque et la révèle), le savoir analyt ique s 'est t rouvé tenu à la consistance très singulière qui est la sienne q u a n d du moins il garde quelque souci de la p ra t i que qui le qualif ie à dé-fau t de l ' ind iv iduer ; q u a n d , au lieu de pa r l e r t rop doctement de la paro le , d ' é c h a f a u d e r sans f in sur l ' ê t re p a r l a n t , il lui vient le souci de pa r l e r « dans le fil de la parole », au t rement dit de cher-cher à désigner - non pas ce qui lui échappera i t définit ivement : ce serai t dé jà donne r à « cela » beaucoup t rop de consistance — mais le point où s ' ins taure un sujet qui fait trou. Non plus un suje t vu comme la pointe du cône où tous les rayons convergent en une uni té fondamenta le , mé taphore du Fiat lux qui a long-temps soutenu la conviction d ' u n e uni té sans faille du symbolique (entre aut res dans la personne du Saint -Espr i t ) , mais la recon-naissance que les chaînes symboliques, aussi longues et puissam-ment concaténées q u ' o n réussisse à les p rodu i r e , ne sont liées les unes aux aut res p o u r fa i re des « tout » q u ' a u pr ix de chevilles imaginaires qu ' i l n ' es t plus permis d ' ignorer au nom de je ne sais quelle superbe .

C'est là ce que la psychanalyse peut amener de plus précieux à la ra t ional i té scientifique : une capacité à reconna î t re ce q u ' o n t de décisif ces relances imaginaires au c a r r e f o u r des réseaux sym-boliques auxquels la p lupa r t des sciences aspi rent encore à se confondre tota lement . La science rédui te à n ' ê t r e que du calcul : c 'est là un idéal classique qui impl iquai t , sans q u ' o n s 'en doute a lors , une effective complétude du symbolique. A p a r t i r du mo-ment où le con t ra i re est v ra i , cet idéal peu t n ' avo i r plus le même pouvoir légiférant ; et la science qui reste à fa i re p o u r r a i t peut-ê t re , sans plus t rembler p o u r sa tenue ra t ionnel le , s ' in téresser à un sujet dont p a r le passé elle n ' ava i t pas idée, un suje t qui s 'or i -gine, comme elle, sur le bo rd d ' u n e même incomplétude.

1. J . Lacan, L'insu que sait de l'une-bévue s'aile à mourre, séminaire inédit, séance du 8 mars 1977.

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P r e m i è r e p a r t i e

La mathesis universal is

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C h a p i t r e 1. 1.

Descar tes et la quest ion du fondemen t

1.1.1. La création des vérités éternelles

Si l 'exact posi t ionnement de l ' a l tér i té divine a été tout au long du Moyen Age l ' a f f a i r e des théologiens, avec le XVIIe siècle les philosophes ont pr is le pas sur eux en met tant en j eu , en scène, ce « Dieu des philosophes et des savants » que Pascal a su , de suite, n ' ê t r e plus celui d '« A b r a h a m , d ' I saac et de Jacob ». Et en effet le décent rement est de taille, même si le t ravai l de la scolastique médiévale avait beaucoup p r é p a r é le t e r r a in : ce Dieu-là n ' es t que for t accessoirement celui de la Révélation (le mystère de sa Trini té est d 'a i l leurs volontiers laissé à la seule enseigne des théologiens), et il dojt plus que jamais r épondre à des exigences rat ionnelles qui seules permet ten t de tenir sur Lui un discours p résen tan t un maximum de consistance. Il est ainsi t roub lan t de voir, au fil des siècles, cet impérat if s ' imposer tou-jou r s plus aux lieux et places de la foi. Même q u a n d il est dit que c 'est p o u r mieux la soutenir , réponse est fai te là à une exigence d ' u n tout au t r e o rd re que celle qui soudait des communautés au-tour d ' u n e même adresse dans la p r iè re .

Cette exigence peut être présentée comme visant l 'un i té du sa-voir, de tous les savoirs , car il n ' e s t pas pensable que la ra t iona-lité soit d 'el le-même pluriel le , éclatée, balkanisée : « Vérité en deçà des Pyrénées , e r r e u r au-delà », ce p r u d e n t pragmat isme n 'es t guère recevable au royaume de la vérité qui demande , lui , à ê t re pensé sous les espèces de l 'un i té . Évidemment l 'act ivi té de la raison s 'occupe de choses for t diverses en leur genre , d ' o ù des diff erences et des classements, voire des cloisonnements, mais

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elle, elle est une ou elle n 'est pas. Or voilà des façons de penser que l 'on peut aussi bien rencont re r à propos de Dieu : q u ' i l connaisse éminemment la multiplicité des créatures ne doit pas pour au tan t le fa i re déchoir de son absolue simplicité. Si bien que l 'exigence d 'unici té , faisant fi des compartimentages nécessaires du savoir, pose une question qui touche de près — de très près — à la théologie, ce discours sur et de l 'a l tér i té . Jean-Luc Marion a pat iemment re t racé la dérive de l 'analogie qui , via Caje tan et sur tout Suarez1 , a fait quasi s 'effacer la distance infinie de l 'é-quivocité divine pour céder à l ' appu i pris sur l 'univocité : et il en est ainsi venu à interroger directement Kepler et Galilée sur la position qu' i ls reconnaissaient à Dieu relativement aux savoirs qu' i ls étaient alors en train de fabr iquer .

La question peut en effet être ici appréciée plus simplement du fait même des vérités mathématiques et logiques qui consti tuent l 'os de l ' a f fa i re à pa r t i r du moment où l 'on convient que n 'existe pas en elles cette indéterminat ion, cet à-peu-près qui caractér ise tous les autres savoirs. Que la somme des angles d ' u n triangle soit égale à deux droits , voilà qui ne souffre aucune approxima-tion et donc est su exactement de la même façon quel que soit l'esprit qui s'en empare.

De ce point de vue-là, Dieu et mon voisin de table, c 'est tout comme. Alors que l 'analogie, en maintenant une dissemblance fondamentale , cherchait ce qu ' i l pouvait y avoir d '« à-peu-près » parei l , de susceptible de por te r le même nom, ent re Dieu et ses créatures , voilà qu 'avec le moindre théorème de mathéma-tique ou la plus élémentaire exigence logique, nous sommes de plain-pied avec la divinité qui connaît sûrement plus de théo-rèmes (puisqu' i l va de soi qu'elle les connaît tous), mais ne les connaît pas mieux que nous. « L'exactitude des vérités mathéma-tiques, écrit Marion, implique donc leur univocité radicale . . . la vérité ici n 'es t que si elle est une ; or elle ne peut être une qu ' en devenant univoque2 . »

Là donc où la théologie faiblissait en ne sachant plus assurer cor-rectement et l 'éloignement et la relation au Dieu, voilà que le nouveau savoir qui ne s 'appelai t pas encore scientifique, mais faisait déjà la pa r t belle à la place des mathémat iques dans l ' ap -

1. J.-L. Marion, Sur la théologie blanche de Descartes, PUF, Paris , 1988 p 110-139 2. Ibid., p. 170.

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préhension raisonnée du monde , venait élargir la b rèche et me-nacer plus vivement que jamais le difficile s ta tut de l ' a l tér i té .

Le chanoine Kepler, as t ronome p a r défau t d ' ê t r e théologien, ne pouvai t moins que quiconque res ter é t ranger à cette problémat i -que du « Dieu géomètre », du « Dieu mathématic ien », lui qui le premier vit clair dans l ' o r d r e mathémat ique du mouvement des planètes sur fond d ' immutabi l i té stellaire. Comment penser ces vérités mathémat iques dans leur r a p p o r t à Dieu s ' i l est vrai que nous les pensons exactement comme lui ? « Qu 'y a-t-il en effet dans l ' espr i t de l ' homme, sinon des nombres et des quant i tés ? C'est cela seulement que nous percevons cor rec tement , et si l ' on peut dire sans impiété, de la même façon que Dieu (eodem genere cum deo) [ . . . ] 3 ». Ainsi Kepler n ' y va-t-il pas avec le dos de la cuillère en p laçant en tendement divin et en tendement humain sur le même p lan . Même en tenant compte de la restr ic t ion qui veut que là il ne s'agisse que de nombres et de quant i tés , il n ' empêche que sur ce p lan au moins, l 'exacte déterminat ion des vérités in-terdi t toute distance analogique et rédui t à r ien tout ef for t qui t endra i t à r e s t au re r l 'équivoci té du Dieu. Il nous f au t ici p r e n d r e acte du fai t q u ' à considérer le savoir mathémat ique comme mo-dèle de la ra t ional i té , l 'équivoci té n 'es t plus tenable d ' a u c u n e façon.

Ceci, pa ten t chez Kepler, s ' a f f i rme encore mieux chez Galilée, même si ce de rn ie r a une tout au t re idée du rôle des mathémat i -ques dans l ' o rdonnancemen t de la réali té physique qui ne se contente pas , p o u r lui, de répondre à des r a p p o r t s mathémat i -ques, mais est constituée de ces r a p p o r t s dont le déploiement dit dès lors pa r fa i t ement l ' intelligibilité des phénomènes . Cette conviction, plus ancrée encore sur le p lan ont ique que chez Ke-pler , l ' amène à des p ropos bien plus i r respec tueux que ceux du chanoine. E n tenant Dieu p o u r l 'Archi tec te qui a créé le monde selon les lois géométriques et elles seules, Galilée ne m a n q u e pas de r e m a r q u e r que p o u r ce qui est de l ' ha rmon ie , Dieu semble bien souvent pr is en défau t :

Si l'un des plus célèbres architectes avait eu à distribuer sur la grande route du ciel la multitude des étoiles fixes, je crois qu'il les aurait rangées en beaux ensembles carrés, hexagonaux et octogo-naux, insérant les plus grands dans les moyens et les plus petits, se

3. J.-L. Marion, Sur la théologie blanche..., op. cit., p. 184.

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servant de rapports qu'il connaissait, et estimant ainsi avoir obte-nu de belles proportions : Dieu, au contraire, comme s'il les avait jetées à la main au hasard, nous donne l'impression de les avoir éparpillées sans règle, sans symétrie, sans élégance4.

L'univocité du savoir découlant du p r ima t des ma thémat iques et de leur r e m a r q u a b l e homogénéité et densité est ici po r t ée à son comble puisqu 'e l le cont ra in t Dieu à obéir à ces lois, au moins égales à lui en dignité, et du coup p romues au r ang de « coéter-nelles » ; elles pa r tagen t l ' é te rn i té avec Dieu, mais ne la lui doi-vent pas . Voilà le divin archi tecte soumis à une ra ison qui règne en son en tendement , ce qui amène à régimenter sa toute-puis-sance dans le seul registre de son vouloir , et la fa i t déchoir consi-dérab lement : Dieu fai t bien ce q u ' i l veut ( l iberté de choix), mais Il ne peu t plus guère vouloir ce q u ' i l fai t (puissance effective du l ibre a rb i t r e ) puisque ce q u ' i l fai t lui est en tout point imposé p a r la ra t ional i té ma thémat ique , sa nouvelle compagne dans et p o u r l ' é te rn i té .

P a r une curieuse ruse de la ra i son , le savoir scient i f ique en ses premiers pas décisifs, loin d ' ê t r e ind i f fé ren t comme on le croit communément aux problèmes théologiques, y est in te rvenu tel l ' é l éphant dans le magasin de porcela ine p o u r r e n d r e Dieu exces-sivement p roche , réduisan t — sans vra iment s ' en r e n d r e compte — sa t r anscendance à néan t . L'univocité du savoir — conséquence immédiate de sa mathémat isa t ion — p rend le dieu dans ses filets et p rodu i t ipso facto une univocité de l ' ê t r e que n ' a u r a i t pas eu l ' audace d ' imaginer le plus acha rné des scottistes.

L ' in térê t de La théologie blanche de Descartes est de bien mon-t r e r en quoi et comment ont p u concour i r le re lâchement de la pensée thomiste sur l 'analogie ( re lâchement qui se fai t donc au dé t r iment de l 'équivocité) et le p r ima t de la mathémat i sa t ion dans le j eune savoir qui s ' é labore f in XVP-début XVIIe, savoir qui se por te d 'emblée — et bien sûr sans « degré » in te rmédia i re — au niveau d ' u n e univocité sans con t repar t i e , que lque p r u d e n c e qui soit mise en avan t , à l 'occasion, en ces temps d ' inquis i t ion . Ce lieu épistémologique est p re sque fasc inant en ce que s 'y ren-con t ren t , su r une quest ion tout à fait locale en dépi t des a p p a -rences , un ef for t mil lénaire de posi t ionnement de l ' a l té r i té qui

4. Lettre à Galluri/,onc Gallanzoni du 16 juillet 1611, cité par J.-L. Marion, Sur la théo-logie blanche de Descartes, op. cit., p. 216.