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Séminaire animé par Lise Maurer Erik Porge Psychanalyste, directeur de la revue Essaim, auteur de nombreux ouvrages, présente : Lecture de " L'hommage fait à Marguerite Duras du ravissement de Lol.V.Stein" de Lacan avec Les Ménines de Vélasquez L'hommage fait à Marguerite Duras, du ravissement de Lol V. Stein de Lacan garde son actualité 50 ans après. Il noue la problématique de la sublimation (destin d'une pulsion sans refoulement) à celle d'une fiction clinique faisant cas ; en l'occurrence une folie féminine qui s'inscrit dans la suite de celles de Marguerite Anzieu (cas Aimée) et des sœurs Papin. La topologie du fantasme avec laquelle cette folie est abordée ouvre le lecteur à une dynamique transférentielle et de sublimation par son articulation à la pulsion. En outre, avec l'enveloppe du plan projectif, Lacan "fait la paire" avec Lol V. Stein, qui, portée par le regard, réalise son "être à trois" de sujet. En effet, en même temps que Lacan parle de la sublimation, il est ravi par le texte et fait acte de sublimation dans l'écriture de son Hommage, en nouant l'objet de sa propre pulsion au Ravissement de Lol V. Stein et à Marguerite Duras elle-même. Dans un mouvement de retour sur sa lecture du texte de celle-ci, Lacan élève la lettre à la dignité de la Chose (définition de la sublimation) ; le style devient condition d'accès au cas et fait lui- même…cas. « Je pense que même si Marguerite Duras me fait tenir de sa bouche qu’elle ne sait pas dans toute son œuvre d’où Lol lui vient et même pourrai-je l’entrevoir de ce qu’elle me dit la phrase d’après, le seul avantage qu’un psychanalyste ait le droit de prendre de sa position, lui fût-elle donc reconnue comme telle, c’est de se rappeler avec Freud qu’en sa matière, l’artiste toujours le précède et qu’il n’a donc pas à faire le psychologue là où l’artiste lui fraie la voie. C’est précisément ce que je reconnais dans le ravissement de Lol V. Stein, où Marguerite Duras s’avère savoir sans moi ce que j’enseigne. En quoi je ne fais pas tort à son génie d’appuyer ma critique sur la vertu de ses moyens. Que la pratique de la lettre converge avec l’usage de l’inconscient, est tout ce dont je témoignerai en lui rendant hommage… » Jacques Lacan, 1965

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Séminaire animé par Lise Maurer

Erik PorgePsychanalyste, directeur de la revue Essaim, auteur de nombreux ouvrages, présente : Lecture de " L'hommage fait à Marguerite Duras du ravissement de Lol.V.Stein" de Lacan avec Les Ménines de Vélasquez

L'hommage fait à Marguerite Duras, du ravissement de Lol V. Stein de Lacan garde son actualité 50 ans après. Il noue la problématique de la sublimation (destin d'une pulsion sans refoulement) à celle d'une fiction clinique faisant cas ; en l'occurrence une folie féminine qui s'inscrit dans la suite de celles de Marguerite Anzieu (cas Aimée) et des sœurs Papin. La topologie du fantasme avec laquelle cette folie est abordée ouvre le lecteur à une dynamique transférentielle et de sublimation par son articulation à la pulsion. En outre, avec l'enveloppe du plan projectif, Lacan "fait la paire" avec Lol V. Stein, qui, portée par le regard, réalise son "être à trois" de sujet.

En effet, en même temps que Lacan parle de la sublimation, il est ravi par le texte et fait acte de sublimation dans l'écriture de son Hommage, en nouant l'objet de sa propre pulsion au Ravissement de Lol V. Stein et à Marguerite Duras elle-même. Dans un mouvement de retour sur sa lecture du texte de celle-ci, Lacan élève la lettre à la dignité de la Chose (définition de la sublimation) ; le style devient condition d'accès au cas et fait lui-même…cas.

« Je pense que même si Marguerite Duras me fait tenir de sa bouche qu’elle ne sait pas dans toute son œuvre d’où Lol lui vient et même pourrai-je l’entrevoir de ce qu’elle me dit la phrase d’après, le seul avantage qu’un psychanalyste ait le droit de prendre de sa position, lui fût-elle donc reconnue comme telle, c’est de se rappeler avec Freud qu’en sa matière, l’artiste toujours le précède et qu’il n’a donc pas à faire le psychologue là où l’artiste lui fraie la voie.C’est précisément ce que je reconnais dans le ravissement de Lol V. Stein, où Marguerite Duras s’avère savoir sans moi ce que j’enseigne.En quoi je ne fais pas tort à son génie d’appuyer ma critique sur la vertu de ses moyens.Que la pratique de la lettre converge avec l’usage de l’inconscient, est tout ce dont je témoignerai en lui rendant hommage… » Jacques Lacan, 1965

Bibliographie :

Marguerite Duras, Le ravissement de Lol V.Stein, Gallimard, 1964.

Jacques Lacan, « Hommage fait à Marguerite Duras, du ravissement de Lol

V.Stein », Autres écrits, Le Seuil, 2001.

Lacan, Séminaire L’objet de la psychanalyse, mai et juin 1966.

L’Heptaméron de Marguerite de Navarre, nouvelle X.

Erik Porge, dernier ouvrage paru, Voix de l’écho, Toulouse, Erés, 2012.

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