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L'ÉNIGME DE L'ÉVÉNEMENT André Lévy ERES | Connexions 2012/2 - n° 98 pages 53 à 64 ISSN 0337-3126 Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-connexions-2012-2-page-53.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Lévy André, « L'énigme de l'événement », Connexions, 2012/2 n° 98, p. 53-64. DOI : 10.3917/cnx.098.0053 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour ERES. © ERES. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. 1 / 1 Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Laval - - 132.203.235.189 - 17/10/2013 12h10. © ERES Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Laval - - 132.203.235.189 - 17/10/2013 12h10. © ERES

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L'ÉNIGME DE L'ÉVÉNEMENT André Lévy ERES | Connexions 2012/2 - n° 98pages 53 à 64

ISSN 0337-3126

Article disponible en ligne à l'adresse:

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-connexions-2012-2-page-53.htm

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Pour citer cet article :

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Lévy André, « L'énigme de l'événement »,

Connexions, 2012/2 n° 98, p. 53-64. DOI : 10.3917/cnx.098.0053

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CONNEXIONS 98/2012-2

André Lévy

L’énigme de l’événement

Le lancement par l’ARIP en 1972 d’une revue de psychosociologie était évidemment un pari risqué. Mais il nous semblait nécessaire de créer, aux côtés des activités de formation et d’intervention, un lieu d’analyse et de débat ouvert à tous. Ayant participé à cette aventure, en tant que secrétaire général de l’ARIP à l’époque, c’est avec grand plaisir, et une certaine émotion, que j’ai accepté l’offre de Jean Claude Rouchy de contribuer à ce numéro anniversaire, et d’y livrer quelques-unes de mes réflexions actuelles, susceptibles d’apporter un éclairage nouveau aux pratiques d’intervention et à leur signification.

Bien que d’usage quotidien, la notion d’événement a été para-doxalement peu utilisée dans les sciences humaines. Intervenant brus-quement et de façon inattendue dans le cours de la vie des groupes ou des personnes, l’effet de saisissement que provoque l’irruption d’un événement nous rappelle que nous sommes des sujets vivants, chan-geants et imprévisibles.

Cette notion occupe donc une place à part parmi celles qui tentent de rendre compte rationnellement de la façon dont s’organise la vie collective et personnelle. Aucun événement n’est identique à un autre. Ils sont tous absolument singuliers, quant aux circonstances qui les ont fait advenir comme à l’histoire dont ils modifient le cours, ou quant à leur signification ou leurs conséquences immédiates ou plus lointaines. Au-delà de ces différences, ils représentent cependant tous une figure universelle de l’émergence du nouveau dans l’existence humaine

Dans le contexte actuel, celui d’un univers hypercontrôlé, hyper-mécanisé, l’événement, heureux ou tragique, apporte le piment faisant défaut à la routine de nos existences. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles il a récemment suscité un regain d’intérêt, chez les philosophes, mais aussi chez des historiens 1. Considéré par l’École

1. F. Dosse, Renaissance de l’événement, un défi pour l’historien, Paris, PUF, 2010.

André Lévy, ancien professeur des universités, président honoraire du Cirfip (Centre internatio-nal de recherche, de formation et d’intervention psychosociologique) ; [email protected]

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des Annales comme un phénomène insignifiant au regard des grandes lignes de l’histoire, il est rarement pris en compte par les sociologues et anthropologues 2. Cette notion parcourt cependant de façon souterraine les travaux de psychosociologues visant à mieux comprendre les pro-cessus de changement 3.

Leur approche diffère néanmoins de celle de philosophes, tel A. Badiou 4, pour qui l’événement, surgi d’on ne sait où, est un « mira-cle », révélateur d’une vérité nouvelle, à la fois singulière et universelle qui, nous hissant à une plus « haute intensité d’existence » et, à ce titre, porteuse d’espoir, devrait à tout prix être reconnue et préservée.

Elle diffère également de celle de H. Arendt 5 qui, dans une série de textes écrits au fur et à mesure, a voulu exprimer le train de pensées auxquelles l’invitaient les événements majeurs ayant agité notre siècle.

Certes, l’événement ne fait sens que par la façon dont il est reçu et ressenti. Mais la notion ne s’applique pas seulement aux grands moments de l’histoire (guerres, révolutions…). Elle s’applique aussi aux micro-événements qui ponctuent la vie quotidienne, et qui parfois en modifient le cours. C’est dans ce sens qu’elle a fait l’objet d’une récente étude internationale sur les différentes significations de l’événe-ment, en rapport avec les processus de développement personnel 6.

Analysant diverses expériences d’intervention auprès de groupes et d’organisations en difficulté, il nous est apparu en effet que les proces-sus menant à des changements étaient le plus souvent associés à l’effet de surprise provoqué chez les personnes impliquées par l’irruption d’un événement fortuit.

Si l’on considère que le changement ne se définit pas simplement comme le passage d’un état à un autre, son analyse ne se réduit pas à la recherche des causes internes ou externes expliquant ce passage. Il s’agit plutôt de porter son attention sur ce qui se passe entre états successifs. Comment et selon quel processus, quel travail, tel état des choses relativement stable, en apparence du moins, se transforme pour devenir autre. Comment émerge et se développe une organisation, comment se modifient les modes de pensée, les conduites, les règles, les normes, les structures sociales ? Comment naissent les institutions, comment les conflits y surgissent, puis se dénouent, comment des iden-tités se déconstruisent au profit d’identifications porteuses de sens ? Comment l’énonciation d’une parole, comment un acte sont-ils suscep-tibles de résonner dans la psyché et mettre en branle un processus de pensée et d’action ? Plus généralement, comment de la continuité et de

2. E. Laflamme, « Lire et penser l’événement », Acta Fabula, vol. 7, n° 3, juin-juillet 2006.3. A. Lévy, « Le changement comme travail », Connexions 7, 1973.4. A. Badiou, L’être et l’événement, Paris, Le Seuil 1988 ; La philosophie et l’événement, Ger-minia, 2010.5. H. Arendt, Penser l’événement, Paris, Belin, Collection, Littérature et politique, dirigée par Claude Lefort, 1989.6. M. Lani-Bayle et M.-A. Mallet, Événement et formation, Écarts internationaux et intergéné-rationnels, 3 vol. Paris, L’Harmattan, 2010.

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la permanence peut naître la discontinuité ? Comment peut-on devenir autre tout en restant le même ? Telles sont les apories auxquelles les psychosociologues tentent d’apporter des réponses.

C’est ici que l’événement, où se concentre la discontinuité, prend tout son sens. Surgissant dans le cours de l’existence des personnes ou des groupes, indissociable du moment et du lieu de son occurrence comme de ceux qui en font l’expérience, l’événement s’impose, tel un lapsus, comme une évidence défiant toute compréhension, qui advient comme une « chose du dehors » (La Bruyère), ne s’apparente à rien de connu, d’inventorié ou d’identifié, mais dont l’incroyable nouveauté se signale dans la conscience par un choc émotionnel dont l’intensité laisse sans voix.

Tel n’est évidemment pas toujours le cas. Certains événements passent plus ou moins inaperçus, ils sont considérés comme de simples accidents, ou incidents sans grande signification, n’ayant aucune inci-dence particulière sur la vie des individus ou des sociétés.

D’autres, au contraire, constituent des moments de rupture, ouvrant brusquement une fenêtre sur ce qui était masqué, ignoré derrière l’har-monie, la stabilité, la régularité apparentes et rassurantes de notre univers. Moments-clés du processus de changement, imprévisibles, singuliers, non répétables, rebelles à toute compréhension et à toute logique.

Ces moments, en effet, où se déchire le rideau des certitudes et des conventions, formelles ou tacites, ouvrent la voie à l’irruption dans le présent de ce qui dans le passé depuis longtemps était refoulé, ou réprimé. Moments de deuil donc, de déconstruction, de perte des repères, laissant un vide là où il y avait un plein, mais aussi moments de renouveau, d’éveil, d’émergence, assimilables à la création intellec-tuelle ou poétique – ouverture sur un devenir inédit.

Mais alors, comment saisir ce qui nous saisit, qui déborde toute intelligibilité ? Qui bouleverse nos schèmes de pensée, nos habitudes, nos certitudes ? Comment en parler, et qu’en dire, si possible 7 ? Com-ment expliquer ce qui met à mal le projet de maîtrise et d’explication qui constitue le paradigme central de la culture et de la science occidentales depuis le XVe siècle ?

En vérité, tout « ce qui arrive », toute expérience peut constituer un événement. Elle ne fait événement, cependant, elle ne prend sens d’événement que par le choc émotionnel que produisent dans les esprits sa soudaineté et son étrangéité. Pour le jeune enfant qui découvre le monde, pour qui tout est nouveau, tout moment est découverte, source d’émerveillement, de peur, ou d’angoisse, occasion de se sentir exister. Pour les adultes, en revanche, l’habitude et la routine font que tout leur paraît naturel, évident, excepté lorsque survient quelque chose qui les choque, les surprend, et leur fait prendre conscience de leur ex-istence 8.

7. J. Derrida, Dire l’événement, est-ce possible ?, Paris, L’Harmattan, 2001.8. Du latin, ex-sistere, sortit de, émerger, naître.

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Ce peut être un regard ou un sourire échangé avec une inconnue, un visage aperçu dans la rue… Car si ce visage, ce sourire prennent tout leur poids de réalité, c’est qu’il ne s’agit pas d’un visage, d’un sourire comme tous les autres, mais de ce visage-là, de ce sourire-là, unique et différent de tous les autres : « Fugitive beauté dont le regard m’a fait soudainement renaître, ne te verrais-je plus que dans l’éternité 9 ? »

On aurait donc tort de réserver le terme d’événement, comme le veut l’usage, à des actes, cérémonies ou manifestations importantes comme, par exemple, la célébration du mariage princier ayant eu lieu récemment en Angleterre. Ce qui fit événement et marqua les esprits, retenant l’attention des médias, ne fut pas la cérémonie elle-même, se déroulant selon un rituel bien rodé évitant toute surprise, mais quelques incidents inattendus – la difficulté de passer au doigt la bague de la mariée, sa robe tenue secrète, ou encore le deuxième baiser échangé au balcon devant la foule. Autrement dit, ces petits détails dérangeant l’ordonnancement rassurant bien réglé de la cérémonie, et montrant que, derrière le cérémonial, deux personnes réelles éprouvaient les mêmes émotions que tous les jeunes mariés.

En mettant à jour la fragilité des institutions et en jetant un doute sur la capacité de prévoir et de maîtriser l’avenir, la sidération ou l’ébranle-ment que provoque un événement paralysent la capacité de penser.

Mais la difficulté de penser l’événement 10 tient cependant aussi à la complexité de ce qu’il dévoile. En monopolisant le champ discursif, et en forçant l’attention sur le temps présent, l’événement empêche de voir qu’il est en réalité bien plus qu’un accident fortuit, mais bien plutôt l’aboutissement d’un long processus enraciné dans un passé méconnu et non assumé.

Un événement survenu l’an dernier 11, l’affaire « DSK », qui pendant des mois a mobilisé les médias et les conversations, illustre parfaitement ces propositions. À l’origine de cette affaire, une simple relation sexuelle entre une femme de ménage et le directeur du FMI, pressenti comme can-didat à la prochaine élection présidentielle, mis aux arrêts par la police de New York sur la base d’une accusation de tentative de viol.

Si l’affaire prit de telles proportions, c’est qu’il était inconcevable qu’un personnage d’une telle importance, ayant un tel pouvoir, puisse mettre en danger sa carrière, son parti politique, la réputation du FMI, et même le cours de l’euro, en cédant à une pulsion sexuelle incontrôlée. Le voir ramené, en quelques heures, au rang d’un vulgaire délinquant produisit en France et dans le monde un choc émotionnel sans commune mesure avec l’incident.

Dans un premier temps, la stupeur fit place à l’incrédulité : incom-préhensible, l’acte dont il était accusé n’avait donc pas eu lieu. On

9. C. Baudelaire, « À une passante », Les fleurs du mal.10. A. Lévy, Penser l’événement. Pour une psychosociologie critique, Paris, Parangon, 2010.11. En avril 2011.

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évoqua un complot, un piège, une manipulation… Et puis, les langues se délièrent.

On apprit ainsi que, depuis longtemps, les comportements délictueux de DSK en matière sexuelle étaient loin d’être l’exception parmi la classe politique française. Ceux-ci étaient bien connus de longue date, mais jamais ou presque ouvertement évoqués. Pourquoi, se demanda-t-on, un tel silence, y compris avec la complicité des journalistes ? Était-ce l’indice d’une indulgence générale, en France notamment, envers les délits d’ordre sexuel, ou encore d’une attitude déférente, allant jusqu’à la collusion, envers les hommes de pouvoir ?

Ainsi replacée dans son contexte, l’affaire DSK devint plus intelli-gible, révélatrice de certains traits méconnus de la société française et de ses traditions. Cette prise de conscience fut notamment accélérée par la comparaison forcée, en particulier grâce à la télévision, entre les coutumes françaises et américaines. Voyant comment, aux États-Unis, les élites sont traitées comme le commun des mortels, on se dit que si le même incident avait eu lieu en France, jamais il ne se serait trouvé un juge ou un policier pour immédiatement cueillir dans son avion et mettre aux arrêts une personnalité telle que le directeur du FMI, sur la simple dénonciation d’une femme de ménage, noire de surcroît.

L’après-DSK donna donc lieu à de nombreux débats animés, comme si, en cédant à une pulsion sexuelle, DSK avait fait sauter le bouchon d’une bouteille de champagne, faisant jaillir son contenu sous pression. Ainsi, les mouvements féministes en profitèrent pour relancer le débat sur le sort des femmes ; des responsables politiques et des sociolo-gues pour rappeler les inégalités devant la justice selon l’appartenance sociale, le statut ou l’argent ; d’autres pour souligner les rapports entre le pouvoir et le sexe, ainsi que la perpétuation dans un régime républi-cain des traditions monarchiques, confortant le sentiment d’impunité chez les hommes de pouvoir.

Il n’est certainement pas assuré que cette libération de la parole ait un effet durable sur la société française et ses pratiques, mais il n’est pas non plus exclu qu’elle entraîne des changements significatifs dans les mentalités et dans les comportements.

Par la multiplicité et l’importance des enjeux qu’elle a mobilisés, ses racines complexes dans l’histoire des personnes et de la société, ses ramifications multiples et leur enchevêtrement, ainsi que ses conséquences, tant au plan psychologique, politique, social, culturel et économique, l’affaire DSK aura été un événement exceptionnel. Son ampleur même a permis, comme par un effet de loupe, de rendre plus visibles les processus qui se développent lors de tout événement faisant irruption inopinément dans la vie sociale. La place qu’il occupe dans l’actualité fait oublier dans un premier temps les liens qu’il entretient avec un passé méconnu, mais, quand la parole se déploie et fait resurgir ce passé, il prend sens, ouvrant la possibilité d’un renouveau, d’une réorientation de l’histoire.

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Les événements n’entraînent pas, par eux-mêmes, des changements chez ceux qui les vivent. Tel un symptôme, ils s’imposent comme une expérience étrange, immaîtrisable que l’on subit, où il n’y a de place que pour une émotion envahissante qui, si on se laisse déborder par elle, tend à paralyser la pensée et entraver toute analyse rationnelle. Débrouiller l’enchevêtrement et ses ramifications multiples, l’appréhender comme un signifiant porteur de sens, prendre la mesure de ses potentialités créa-trices, requiert donc bien plus qu’un effort intellectuel.

En effet, comme l’ont expliqué Husserl et Merleau-Ponty, la notion d’expérience associe deux niveaux de sens : la perception immédiate et l’impression qu’elle laisse d’une part, et au second degré l’expérience de cette expérience, c’est-à-dire la conscience de l’éprouvé qu’elle pro-duit sur le sujet, ouvrant à la possibilité de saisir le monde d’un œil neuf, débarrassé des idées acquises, et ainsi de naître à soi, en sa relation au monde et aux autres, tels qu’ils sont.

Un pianiste réputé évoquait à sa façon ce même nécessaire dédou-blement de l’esprit. L’interprète d’une pièce musicale, disait-il, doit avoir deux cerveaux. L’un, accompagnant l’émotion inspirée par la musique, l’autre attentif au texte et à son interprétation. Sans quoi, l’émotion le déborde et l’artiste perd la maîtrise de son jeu. Moyennant un considérable travail sur soi, l’artiste ou le clinicien peuvent acquérir cette capacité, nécessaire pour l’accomplissement de leur travail, d’un tel décentrement par rapport à leur expérience.

Mais ce n’est le plus souvent qu’après-coup, suite à un lent travail d’élaboration, individuelle et surtout collective, que l’expérience d’un événement peut faire sens et devenir vecteur de changement. Ce travail peut se faire ou ne pas se faire, et dans ce dernier cas, l’événement res-tera sans suite. Il peut se faire de façon spontanée, comme cela fut le cas dans l’affaire DSK. Mais il peut aussi se trouver que soit requise l’in-tervention d’un tiers pour le faciliter ou le rendre possible. Dans cette perspective, l’intervention psychosociologique peut se définir comme une clinique de l’événement.

Une clinique de l’événement

Si par lui seul un événement ne produit pas nécessairement de chan-gement, en revanche, tout changement a pour point de départ l’effet de surprise, le choc émotionnel et les interrogations qui l’accompagnent. Leur impact peut être plus ou moins important et marquer les esprits de façon plus ou moins forte. Heureux ou tragiques, ils marquent parfois une rupture dans la vie collective, initiant une nouvelle étape de l’histoire collective (la chute du Mur de Berlin, la révolte étudiante de mai 1968, le « Printemps arabe »…) ou individuelle (mariage, naissance…).

Les événements qui surgissent dans la vie d’un groupe ou d’une organisation n’ont évidemment pas une ampleur comparable. Cepen-dant, une simple dispute, une décision contestée, une parole déplacée,

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un déménagement, une promotion inattendue… suffisent parfois à créer une perturbation durable dans la vie d’un groupe ou dans les relations, dans la mesure où ils peuvent constituer le symptôme d’une crise larvée. Ils peuvent alors motiver la demande d’une aide extérieure.

Cette aide peut évidemment prendre différentes formes. S’agissant d’un psychosociologue, son intervention se traduira par un travail clini-que consistant non à rechercher des solutions au problème directement en rapport avec l’incident, mais à tenter de replacer celui-ci dans le contexte psychologique, relationnel et institutionnel où il est apparu, de voir comment il se rattache à d’éventuels incidents antérieurs, de sorte à mieux comprendre sa genèse et ses implications.

Ainsi, dès leur première réunion, lors d’une intervention dans un centre de soins psychiatriques public, les infirmières faisant partie de l’équipe de soignants évoquèrent un événement ancien, apparemment anodin, mais qui les avaient marquées. Il s’agissait de la découverte par certaines d’entre elles d’un dessin affiché dans le fond d’un placard, représentant le médecin en compagnie de l’ergothérapeute, soulignant à mots couverts la place privilégiée que cette professionnelle occupait dans l’équipe. Bien que cette découverte ait eu lieu il y a longtemps, les infirmières n’en avaient jamais jusque-là osé parler ouvertement, en présence du médecin notamment.

La raison pour laquelle une intervention avait été sollicitée concer-nait un malaise qui s’était instauré lors des séances instituées chaque semaine, où les membres de l’équipe se réunissaient pour parler de leurs relations avec les malades. De façon inexplicable, les réunions s’étaient progressivement vidées de leur contenu. Les échanges étaient devenus rares et peu satisfaisants, faisant place à un silence pesant.

Durant les deux années de l’intervention, une bonne partie des échanges fut consacrée à des thèmes indirectement associés à la décou-verte du dessin et à son évocation dans le groupe. Peu à peu, comme déroulant le fil d’une bobine, les non-dits, les sous-entendus, le flou entourant les règles, les interdits et leurs transgressions, que le dessin et sa découverte, affiché mais caché, figurait de façon métaphorique, accé-dèrent à des formulations verbales ouvrant la voie à un possible débat : « Il ne faut pas s’afficher, se distinguer », « on ne s’est pas choisies », « dire la loi pour que les choses soient claires »…

Ainsi, furent évoquées les règles régissant de façon implicite les relations au sein de l’équipe, la place du médecin, les conditions de travail et la répartition des tâches, les rapports ambigus avec les malades. On souligna par exemple les contradictions entre les règle-ments administratifs imposant des relations d’ordre impersonnel niant les différences, et celles relevant de l’éthique médicale, imposant le dévouement et l’implication personnelle. On évoqua de même les interdits, régulièrement transgressés, pesant sur les relations entre hommes et femmes ; puis encore la fiction d’une « équipe » solidaire, contredite par les différences et les privilèges hiérarchiques, qu’il

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s’agisse des conditions de travail, des contraintes, ou des modalités de rémunération. Ainsi, progressivement, purent être constatées des modifications dans les attitudes et les relations, donnant lieu parfois à des décisions et donc à de nouveaux événements, entraînant de nou-velles analyses. Ceci, jusqu’à ce qu’il fut convenu que l’élaboration avait été suffisante.

Conflits d’interprétations

Le processus de changement illustré par cet exemple montre com-ment l’opacité d’un événement peut se diluer au fur et à mesure que sont évoquées et discutées ses différentes facettes. Mais un tel travail clinique suppose qu’il y ait au moins un début de consensus sur le fait de s’engager dans des échanges, et ceci même si subsistent des ten-sions fortes opposant les membres du groupe les uns aux autres. Si ce consensus n’existe pas, ou est introuvable, le travail d’élaboration fera place à un conflit ouvert et donc à de nouveaux conflits, éloignant toute perspective de changement.

L’histoire des sociétés et des organisations regorge d’exemples où, loin d’entraîner un processus d’analyse favorisant une évolution dans les esprits, les événements qui y surgissent deviennent des pommes de discorde, d’autant plus difficiles à surmonter que leur interprétation par chacune des parties met en jeu des identités rigides et des convic-tions contradictoires, ancrées dans leurs représentations respectives du passé.

Il en est ainsi, par exemple, du conflit israélo-palestinien, qui repose pour une large part sur des interprétations contradictoires de l’événe-ment initial qu’a constitué le vote de l’ONU autorisant la création de l’État d’Israël sur le territoire palestinien, création suivie par l’éviction forcée du peuple palestinien du territoire où il était depuis longtemps installé.

Pour les Israéliens, cet événement est célébré comme une grande victoire, une juste compensation pour le génocide et les persécutions subies par les juifs, notamment pendant la dernière guerre, comme l’avènement d’une nouvelle ère dans leur histoire, la possibilité enfin de s’épanouir de façon autonome au sein d’un État indépendant, qu’ils voulaient exemplaire, sur les terres d’où ils avaient été chassés il y a des siècles.

Pour les Palestiniens, au contraire, cet événement est vécu comme une « catastrophe », une injustice sans précédent, les forçant à aban-donner le territoire qui était le leur depuis des siècles, les obligeant à l’exode, à perdre leurs moyens d’existence, et à s’installer, sans patrie et sans toit, dans des camps de réfugiés, ou bien à se disperser dans d’autres nations.

Réjouissance et joie d’un côté, désespérance de l’autre. De la confrontation entre ces deux récits contradictoires s’excluant l’un

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l’autre, ne pouvait naître que de la tragédie. D’autant plus que, avec le temps, ces récits servirent de support à des identités compactes, sûres d’elles-mêmes et de leur bon droit, se construisant à partir du rejet de l’autre. D’autant plus surtout que, du conflit d’interprétations on passait au conflit armé.

Il eut fallu beaucoup de courage et de détermination pour rompre ce cycle, pour substituer à la confrontation, le dialogue. Des hommes l’ont cependant tenté. De ce point de vue, l’expérience originale menée par deux chercheurs, l’Israélien Dan-Bar-On, et le Palestinien Adman Musallan, dans le cadre de PRIME 12 est particulièrement significative, car s’attaquant directement aux interprétations divergentes de l’histoire récente de leurs communautés respectives.

Ces deux chercheurs ont ainsi entrepris la rédaction d’un manuel d’histoire, destiné aux écoliers des deux communautés, mettant en regard la façon dont chacune relate et interprète certains moments-clés de leur histoire commune : la déclaration Balfour de 1917 ; la guerre d’indépendance ; la Nakba (ou la Catastrophe [1948]) ; la guerre des six jours et l’Intifada (1987). La traduction de ce manuel a été récemment publiée en France sous le titre Histoire de l’autre 13.

Sous la conduite des deux chercheurs, des professeurs d’écoles secondaires en exercice des deux côtés de la frontière se sont ainsi réunis à intervalles réguliers pendant plusieurs mois, malgré les tracas-series aux frontières, pour rédiger ce manuel, relatant les événements selon leurs interprétations respectives.

L’originalité du projet tient au fait qu’il n’était pas demandé aux enseignants de gommer leurs divergences et d’aboutir à la rédaction d’un récit unique et consensuel. Dans le contexte actuel dominé par la violence, et étant donné l’écart séparant les expériences vécues par chacune des communautés, dans le passé lointain et présentement, un tel accord était impossible. À moins que chaque partie accepte de tran-siger sur ses convictions et de trahir sa communauté. Les enseignants étaient simplement invités à rédiger leur propre version des événements, étant entendu que le manuel présenterait les deux versions en paral-lèle, en deux colonnes distinctes, afin qu’elles puissent être comparées aisément.

Pour qu’un tel manuel puisse être rédigé et signé en commun, il fal-lait d’abord que les professeurs des deux camps exposent leurs versions respectives, et s’écoutent les uns les autres. Autrement dit, à défaut d’un accord, ils devaient du moins accepter d’entendre la version de l’autre, et reconnaître sa légitimité. Qu’ils renoncent donc à l’idée que leur interprétation était la seule vraie.

Il faut prendre la mesure du pas immense qui dût être fait par tous pour accepter de cosigner un ouvrage présentant des versions de

12. Peace Research Institute in the Middle East.13. D. Bar-On et S. Adwan, Histoire de l’autre, Paris, Liana Levi, 2003, avec une préface de Pierre Vidal-Naquet.

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l’histoire avec lesquelles ils étaient en profond désaccord. Et l’on peut imaginer, de même, le pas que l’étude de ce manuel obligera les écoliers à faire, tant les Israéliens que les Palestiniens, contrariant les convic-tions de leurs parents et amis.

Accepter de reconnaître que l’opinion de l’autre a autant de valeur que la sienne, être d’accord sur le constat d’un désaccord, c’est « savoir que le savoir ne se possède pas, c’est ouvrir la voie à la désobéis-sance 14 ». Mais c’est aussi, comme en témoigne le projet de l’Histoire de l’autre, ouvrir la voie à un dialogue permettant, peut-être, de combler le fossé qui nous sépare de celui auquel tout nous oppose.

Énigme de l’événement, énigme de la vie

Un événement peut être source de jubilation, ou de malheur, de plaisir ou de souffrance, ou des deux à la fois, cela dépend de quand et pour qui. Il y a des événements mineurs qui jalonnent la vie personnelle et restent sans conséquences, il y en a qui retentissent sur l’ensemble d’une société et affectent son devenir.

Si l’événement est d’abord quelque chose qui se passe à l’extérieur de soi, dans la réalité objective, il ne prend sens en tant que tel et ne devient point de départ pour un changement qu’à partir du moment où l’effet de surprise et les émotions qu’il provoque chez le sujet suscitent des interrogations et un travail de la pensée. À mesure que l’écheveau de ses significations est démêlé, mettant à découvert ses racines enfouies dans un passé forclos ou censuré, que le choc émotionnel et l’effet de sidération se prolongent dans une parole libérée, l’énigme que repré-sente l’événement perd de son opacité et devient plus lisible. Devant la nécessité de reconstruire du sens, la solitude éprouvée par l’homme confronté à l’incompréhensible se dissout progressivement.

L’énigme de l’événement, comme celle de la vie, ne se résout cependant jamais entièrement. Aucune explication rationnelle ne per-mettra de comprendre pourquoi tel acte apparemment insensé se produit à tel moment, pourquoi telle rencontre provoque en nous un tel ébran-lement de nos sens, pourquoi surgit telle idée nouvelle, pourquoi une révolte, longtemps contenue, fait soudain irruption… Il restera toujours une part d’inexplicable, d’inassignable. Mais une vie sans surprise est une existence vide et morne, une société où tout se déroule sans imprévu est une société morte, sans histoire. Chaque événement nous impose l’obligation de mettre en question des certitudes que nous pensions défi-nitives, il nous oblige à un effort de pensée, à revivifier nos liens avec ceux qui sont différents de nous. Prêter attention aux événements, même mineurs, c’est donc aiguiser notre conscience de l’inévitable précarité de notre existence.

14. Citation du psychologue américain Henry James.

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Parangon.

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