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Le Conseil régional des Pays de la Loire a adopté en décembre dernier son schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII). Cette nouvelle stratégie porte une ambition forte : « projeter » l’écono- mie régionale pour développer l’emploi local. L’internationalisation des entre- prises, véritable levier pour la croissance de l’économie et de l’emploi, en constitue un des axes majeurs, avec l’innovation. Les orientations prises reposent sur plusieurs constats. En Pays de la Loire, la part du chiffre d’affaires réalisé à l’export est plus faible qu’au niveau national. Les freins à l’export sont encore nombreux pour les entreprises et l’international reste souvent perçu comme un risque plutôt que comme une opportunité. Pour lever ces freins, la Région souhaite sensibiliser les entreprises, les former, les accompagner dans la formalisation de leur stratégie à l’international, en ciblant les marchés porteurs afin de favoriser une présence durable à l’export. Les Pays de la Loire doivent également développer leur attractivité à l’internatio- nal, avec une communication offensive et différenciante. La contribution des entreprises à capitaux étrangers dans l’économie régionale reste en effet très mesurée. La Région souhaite organiser une prospection ciblée des projets d’im- plantation sur les filières d’excellence et être facilitatrice dans l’installation des entreprises étrangères sur le territoire. Nos actions se veulent à la fois pragma- tiques et innovantes, à l’image du récent partenariat signé avec Business France pour le déploiement d’envoyés spéciaux représentant les intérêts de la région dans le monde. Bruno Retailleau Président de la Région des Pays de la Loire Éditorial A u sein d’une économie mondiale de plus en plus globalisée, l’internationalisation des Pays de la Loire reste limitée. Les échanges commerciaux de la région apparaissent en retrait au regard de son poids économique. La part élevée des activités de sous-traitance dans l’industrie et le positionnement essentiellement national des industries agroalimentaires expliquent en partie cette plus faible présence à l’export. La place modeste des entreprises à capitaux étrangers doit également être considérée, alors que les échanges internationaux intragroupes se développent dans un contexte mondial de fragmentation des étapes de production. Les échanges commerciaux ne constituent toutefois qu’une des composantes du développement des entreprises à l’international. L’enjeu pour les entreprises n’est plus seulement d’exporter mais de s’insérer dans les chaînes de valeur mondiales. Ainsi en France, l’implantation de filiales à l’étranger est une stratégie privilégiée par les entreprises pour leur développement commercial à l’international. Réciproquement, le développement économique régional repose également sur le caractère attractif du territoire pour les capitaux étrangers. Les Pays de la Loire, avec leur socle industriel et leurs nombreuses entreprises de taille intermédiaire, possèdent un tissu économique propice aux investissements étrangers, en dépit d’une localisation excentrée en France et en Europe. Dans un autre registre, attirer les visiteurs étrangers et les fidéliser constitue un enjeu de taille pour le tourisme régional, actuellement peu internationalisé. Les Britanniques représentent la première clientèle étrangère en Pays de la Loire. Le recul de leur fréquentation pourrait être une des premières conséquences du Brexit. L’accueil de chercheurs et d’étudiants étrangers peut également contribuer au rayonnement durable des Pays de la Loire dans le monde, et être source d’opportunités économiques. La Lettre de l’Ores n° 9 - mai 2017 L’internationalisation de l’économie des Pays de la Loire © Région des Pays de la Loire - Vigouroux-Perspective

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Page 1: Lettre de l'Ores N°9 - mai 2017 : …ores.paysdelaloire.fr/uploads/HTML/lettre...2017/05/09  · - 3 -Une industrie moins tournée vers l’export qu’au niveau national Le taux

Le Conseil régional des Pays de la Loire a adopté en décembre dernier son schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII). Cette nouvelle stratégie porte une ambition forte : « projeter » l’écono-mie régionale pour développer l’emploi local. L’internationalisation des entre-prises, véritable levier pour la croissance de l’économie et de l’emploi, en constitue un des axes majeurs, avec l’innovation.

Les orientations prises reposent sur plusieurs constats. En Pays de la Loire, la part du chiffre d’affaires réalisé à l’export est plus faible qu’au niveau national. Les freins à l’export sont encore nombreux pour les entreprises et l’international reste souvent perçu comme un risque plutôt que comme une opportunité. Pour lever ces freins, la Région souhaite sensibiliser les entreprises, les former, les accompagner dans la formalisation de leur stratégie à l’international, en ciblant les marchés porteurs afin de favoriser une présence durable à l’export.

Les Pays de la Loire doivent également développer leur attractivité à l’internatio-nal, avec une communication offensive et différenciante. La contribution des entreprises à capitaux étrangers dans l’économie régionale reste en effet très mesurée. La Région souhaite organiser une prospection ciblée des projets d’im-plantation sur les filières d’excellence et être facilitatrice dans l’installation des entreprises étrangères sur le territoire.

Nos actions se veulent à la fois pragma-tiques et innovantes, à l’image du récent partenariat signé avec Business France pour le déploiement d’envoyés spéciaux représentant les intérêts de la région dans le monde.

Bruno Retailleau

Président de la Région des Pays de la Loire

Éditorial

Au sein d’une économie mondiale de plus en plus globalisée, l’internationalisation des Pays de la Loire reste limitée. Les échanges

commerciaux de la région apparaissent en retrait au regard de son poids économique.

La part élevée des activités de sous-traitance dans l’industrie et le positionnement essentiellement national des industries agroalimentaires expliquent en partie cette plus faible présence à l’export. La place modeste des entreprises à capitaux étrangers doit également être considérée, alors que les échanges internationaux intragroupes se développent dans un contexte mondial de fragmentation des étapes de production.

Les échanges commerciaux ne constituent toutefois qu’une des composantes du développement des entreprises à l’international. L’enjeu pour les entreprises n’est plus seulement d’exporter mais de s’insérer dans les chaînes de valeur mondiales. Ainsi en France, l’implantation de filiales à l’étranger est une stratégie privilégiée par les entreprises pour leur développement commercial à l’international. Réciproquement, le développement économique régional repose également sur le caractère attractif du territoire pour les capitaux étrangers. Les Pays de la Loire, avec leur socle industriel et leurs nombreuses entreprises de taille intermédiaire, possèdent un tissu économique propice aux investissements étrangers, en dépit d’une localisation excentrée en France et en Europe.

Dans un autre registre, attirer les visiteurs étrangers et les fidéliser constitue un enjeu de taille pour le tourisme régional, actuellement peu internationalisé. Les Britanniques représentent la première clientèle étrangère en Pays de la Loire. Le recul de leur fréquentation pourrait être une des premières conséquences du Brexit.

L’accueil de chercheurs et d’étudiants étrangers peut également contribuer au rayonnement durable des Pays de la Loire dans le monde, et être source d’opportunités économiques.

La Lettre de l’Ores n° 9 - mai 2017

L’internationalisation de l’économie des Pays de la Loire

© Région des Pays de la Loire - Vigouroux-Perspective

Page 2: Lettre de l'Ores N°9 - mai 2017 : …ores.paysdelaloire.fr/uploads/HTML/lettre...2017/05/09  · - 3 -Une industrie moins tournée vers l’export qu’au niveau national Le taux

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Les échanges commerciaux avec l’étrangerUne modeste contribution aux échanges commerciaux du pays

4,1 % des exportations françaises

Les Pays de la Loire ont échangé avec l’étranger pour 40,3 milliards d’euros de marchandises en 2016, dont 18,2 milliards d’euros à l’export. Ils se placent au 11e rang des régions exportatrices françaises, avec 4,1 % du montant national. Malgré le poids important de leur agriculture et de leur industrie, les Pays de la Loire contribuent moins aux exportations françaises qu’ils ne participent à la création de la richesse nationale (5,1 % du PIB).

Une lourde facture énergétique

Le montant des importations s’élève à 22,1 milliards d’euros (4,4 % du montant national). Le solde commercial est par conséquent négatif. L’activité de Nantes Saint-Nazaire Port, fortement orientée vers les importations de produits énergétiques, et en particulier l’activité du terminal de Donges alimentant la raffi nerie Total en pétrole brut, expliquent en grande partie le défi cit commercial.

10 ans d’échanges commerciaux

Échanges commerciaux en 2016en milliards d’euros, source Douanes

Exportations* 18,2Importations** 22,1Importations hors hydrocarbures*** 19,4

Solde commercial -3,9Solde commercial hors hydrocarbures*** -1,2

*Données de collecte brutes, valeurs FAB (franco à bord) hors matériel militaire**Données de collecte brutes, valeurs CAF (coût, fret, assurance) hors matériel militaire***Hydrocarbures (pétrole brut, gaz naturel liquéfi é ou gazeux) et houille

0

5 000

10 000

15 000

20 000

25 000

30 000

35 000

2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

en millions d'euros

Exportations Importations

2008 : prix élevédu pétrole brut (140 $ le baril enjuin 2008Brent)

2006-2010 : livraison d’un ou deux paquebots par an

2007 : grand arrêtde la raffinerie de Donges

2013 : grand arrêtde la raffinerie de Donges

2015 : grand arrêtde la raffinerie de Donges

2009 : récession dansles économies avancées et grandarrêt de la raffineriede Donges 2012-2013 :

livraison d’un ou deux paquebots par an

2011 : pas de livraison depaquebot

2014-2015 : pas de livraison de paquebot

2016 : livraison dupaquebotHarmony ofthe Seas

2009 : faible prix du pétrole brut (46 $ le baril en janv. 2009 Brent)

2011-2012 : prix élevédu pétrole brut (123 $ le baril en mars 2012 Brent)

2015-2016 : faible prix du pétrole brut (35 $ le baril en janv. 2016 Brent)

Importations

Exportations

• Les hydrocarbures naturels forment le premier poste d’importation de la région : 2,7 milliards d’euros en 2016, soit 12 % du total importé. Selon les années et en fonction du prix du pétrole, de la parité euro-dollar et de l’activité de la raffi nerie de Donges, le poids de ce poste fl uctue (4,5 milliards d’euros et 20 % des importations en 2014).

• Chaque vente de paquebot représente un montant exporté de 500 millions à 1 milliard d’euros. En 2016, la livraison de l’Harmony of the Seas contribue à hauteur de 5 % aux exportations de la région et explique à elle seule la hausse observée. Hors livraison de paquebot, les exportations reculent en 2016.

Page 3: Lettre de l'Ores N°9 - mai 2017 : …ores.paysdelaloire.fr/uploads/HTML/lettre...2017/05/09  · - 3 -Une industrie moins tournée vers l’export qu’au niveau national Le taux

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Une industrie moins tournée vers l’export qu’au niveau nationalLe taux d’exportation des entreprises ligériennes, ou part du chiff re d’aff aires réalisée à l’export, est de 10 % en 2014, pour un même taux de 15 % au niveau national hors Île-de-France.

Malgré un positionnement fort de la région sur certaines activités industrielles potentiellement très exportatrices (machines, matériels de transport, équipements électriques...), le taux d’exportation des entreprises industrielles en Pays de la Loire — de 23 % en 2014 — demeure inférieur de 8 points au taux d’exportation des entreprises industrielles françaises hors Île-de-France (31 %). La forte représentation des industries agroalimentaires, relativement peu exportatrices, participe à cet écart.

Source : Banque de France, 2014, entreprises dont le siège social est localisé en Pays de la Loire et dont le chiff re d’aff aires annuel est supérieur à 750 000 €.

Des clés pour l’interprétation des données du commerce extérieurMesurer des échanges devenus complexes

• Les échanges sont décrits au lieu de destination ou au lieu de départ des marchandises, qui peuvent respectivement diff érer des lieux de consomma-tion fi nale ou de production. Les résultats à l’échelle régionale dépendent ainsi, outre les caractéristiques de la demande et du tissu productif locaux, de facteurs géo-graphiques, de choix logistiques.

Si le terminal de Montoir réceptionne à lui seul la moitié des importations françaises d’aliments pour le bétail, il approvisionne, au-delà des Pays de la Loire, l’ouest de la France et, plus largement, le territoire national.

Le solde commercial n’a donc pas la même signifi cation au niveau régional qu’au niveau national.

• Les données portent indiff éremment sur des biens d’équipements ou de consommation (consommation fi nale) et sur des biens intermédiaires, destinés à être réintroduits dans un processus de production.

Conséquence de la fragmentation des processus de production à l’échelle internationale, les échanges de biens intermédiaires représentent désormais environ la moitié de l’ensemble des échanges commerciaux de la France. Le contenu en importations des exportations augmente au fur et à mesure de l’internationalisation de l’économie et notamment de la croissance des échanges intragroupes.

En Pays de la Loire, une très large part des échanges commerciaux du secteur aéronautique s’inscrivent dans le cadre d’un processus de fabrication coordonné à l’échelle européenne voire mondiale entre les unités de production du groupe Airbus et leurs fournisseurs et sous-traitants. Les tronçons d’avions produits dans les usines Airbus de Nantes et Saint-Nazaire sont envoyés à Hambourg ou Toulouse pour assemblage fi nal. Dans ce dernier cas, les fl ux — domestiques — n’apparaissent pas dans les chiff res régionaux du commerce international.

Du chiff re d’aff aires à la valeur ajoutée

La mesure traditionnelle des fl ux de marchandises, s’appuyant sur la valeur des produits, ne permet plus d’analyser la contribution réelle d’un territoire donné aux échanges internationaux. Dans ce contexte, l’analyse des échanges en termes de « valeur ajoutée » semble pertinente, même si elle n’est pour le moment envisageable qu’à l’échelle nationale.

Par défi nition, la mesure du commerce extérieur «  en valeur ajoutée » d’un territoire consiste à évaluer les exportations, déduction faite de leur contenu en importations et à aff ecter dans toute la mesure du possible la valeur exportée au pays consommateur fi nal. Ainsi, alors que les données traditionnelles informent sur l’intensité des relations avec les partenaires industriels et commerciaux directs, les statistiques des échanges en valeur ajoutée renseignent sur l’origine des « intrants » et sur les marchés fi naux où s’exercent les avantages concurrentiels. Pour cela, il faut mesurer l’ensemble des consommations intermédiaires nécessaires à la production des biens destinés à un emploi fi nal.

Plus concrètement, selon la Banque de France, en 2011, le poids de l’Union européenne dans les exportations totales de la France est plus bas de 8 points en valeur ajoutée (43 %) qu’en brut (51 %). À l’inverse, la part des partenaires situés en dehors de l’Europe dans les échanges extérieurs de la France est supérieure avec les données en valeur ajoutée. C’est le cas des États-Unis, dont la part dans les exportations de la France passe à 9,8 % en valeur ajoutée, contre 7,4 % en brut, ce qui en fait un marché presque aussi important que l’Allemagne.

L’analyse montre par ailleurs que les services exercent un rôle primordial dans les échanges. Ils représentent 16% des exportations de la France en mesure brute mais 61% de la valeur ajoutée exportée.

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%

Bois et papier carton

Industries agroalimentaires

Services aux entreprises

Métallurgie

Transports

Chimie, caoutchouc, plastique

Habillement, cuir et textile

Équipements et composantsélectriques et électroniques

Matériels de transport

Machines et équipements

Taux d’exportation dans l’industrie en Pays de la Loire (2014)

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AllemagneÉtats-Unis

Royaume-UniEspagne

ItalieBelgique

Pays-BasChine

PologneMaroc

TurquieRoumanie

SuèdePortugal

Algérie

2 8051 8671 7401 6701 2621 206

607467373280251250249236230

15,4%10,3%

9,6%9,2%6,9%6,6%3,3%2,6%2,1%1,5%1,4%1,4%1,4%1,3%1,3%

13,9%8,4%8,1%7,3%6,2%5,5%4,7%3,5%3,5%2,7%2,5%2,0%1,9%1,7%1,7%

3 0721 8541 8021 6191 3771 2271 049

766764591553446424375374

AllemagneChineItalie

Pays-BasEspagne

États-UnisBelgique

Royaume-UniSuède

AngolaRussie

PologneBrésil

NigeriaMaroc

Exportationsen millions d’euros et en pourcentage du total

Importationsen millions d’euros et en pourcentage du total

pourcentage de référence : France

Les pays de l’UE : principaux partenaires commerciaux des Pays de la Loire

Plus de la moitié des marchandises sont en provenance ou à destination de l’Union européenne : 58 % des importations, 63 % des exportations. Les Pays de la Loire réalisent 15 % de leurs échanges avec l’Allemagne, premier partenaire commercial. Suivent l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni et la Belgique.

Au global, le solde commercial avec l’UE est négatif (-1,3 milliard d’euros), même si les montants importés et exportés sont proches. Les échanges avec les autres zones

géographiques sont également défi citaires, à l’exception du Proche et Moyen-Orient et, en 2016, de l’Amérique du Nord. Les échanges sont particulièrement déséquilibrés avec la Chine, 2e partenaire non européen, ainsi qu’avec certains pays producteurs de pétrole (Angola, Azerbaïdjan, Russie…). En 2016, la région affi che un excédent commercial avec les États-Unis, 1er partenaire non européen, en raison de la livraison du paquebot Harmony of the Seas à l’armateur Royal Caribbean Cruises Ltd.

1 437 M€ 7,9 %

Afrique

1 842 M€ 8,3 %

986 M€ 5,4 %

Europehors UE27

1 814 M€ 8,2 %

453 M€ 2,5 %Proche et

MoyenOrient

297 M€ 1,3 %

1 430 M€ 7,9 %

Asie

2 990 M€ 13,5 %

2 307 M€ 12,7 %

Amérique

2 051 M€ 9,3 %

11 509 M€ 63,3 %

UE 27

12 815 M€ 57,9 %

DE

BE

BE

autres paysde L’UE

autres paysde L’UE

DE

UKES

ESIT

IT

NL

ExportationsImportations

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François Lucas, PDG d’Arcade Cycles (La Roche-sur-Yon, 85)

L’entreprise Arcade Cycles est spécialisée dans la conception et la fabrication de vélos de ville, pour une clientèle essentiellement professionnelle (collectivités, loueurs…). Elle emploie 80 salariés dans son usine de La Roche-sur-Yon. Son chiff re d’aff aires est de 19 millions d’euros en 2016. Il a doublé en 6 ans. L’entreprise réalise 25 % de ses ventes à l’export, principalement en Europe et sur le continent américain. Ses produits sont présents dans 163 villes et dans 23 pays.

Comment s’est structurée votre démarche à l’export ?Cela a commencé de façon très pragmatique, il y a une dizaine d’années. Nous avons accompagné deux de nos grands clients français. L’un, le groupe Clear Channel, nous a d’abord emmenés à Barcelone et à Milan. Nous avons fourni ces deux villes en vélos, puis Oslo, Stockholm, Anvers, Mexico, Santiago du Chili… Ces expériences nous ont permis de réaliser que ce n’est pas si compliqué d’exporter quand on se trouve sur des marchés BtoB et en gré à gré. Une fois que des prospects sont identifi és, cela peut aller vite et c’est ce qui s’est passé. Aujourd’hui, Arcade Cycles a plusieurs clients, intégrateurs ou distributeurs de vélos en libre-service, dans diff érentes zones du monde.

Il y a eu une autre phase dans notre développement à l’export. Nous recevions très régulièrement des appels d’off re d’un peu partout dans le monde, et surtout d’Angleterre, où il n’y a pas de fabricant. Sans commercial sur place, nous ne pouvions pas traiter ces marchés. En 2013, Arcade Cycles a donc recruté un agent commercial en Angleterre. Nous équipons actuellement 8 villes dans le pays.

Quel a été l’impact sur votre organisation ?L’équipe commerciale à l’export reste très légère puisque c’est moi qui gère l’export pour l’essentiel. Nous avons recruté cet agent commercial en Angleterre et une assistante commerciale. Dans un futur proche, nous envisageons de recruter un commercial export.

L’export a surtout impliqué d’avoir davantage de collaborateurs capables de communiquer en anglais, dans les diff érentes fonctions : comptabilité clients, service après-vente, études… Ce n’est pas le plus facile. Tout doit être bilingue, des descriptifs articles à la gestion du processus de facturation. L’export, ça nécessite un vrai professionnalisme, ça nous oblige à relever notre niveau d’exigence.

Quelles sont vos perspectives pour les prochaines années ?Nous souhaitons consolider les segments où nous sommes présents et progresser au moins aussi vite que le marché. Aujourd’hui, nous gérons l’ensemble des expéditions à partir de La Roche-sur-Yon. Si nos activités sur le continent américain se développent, nous aurons sans doute besoin d’y installer une base logistique.

Le Brexit : quelles conséquences ?Le Royaume-Uni est le 5e partenaire commercial des Pays de la Loire, le 3e pour les exportations. En 2016, la région a vendu pour 1,7 milliard d’euros de marchandises au Royaume-Uni, soit près de 10 % de l’ensemble de ses exportations. Il s’agit d’un des rares pays avec lesquels les échanges sont largement excédentaires. La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (ou Brexit), votée le 23 juin 2016 par les électeurs britanniques, ouvre une période d’incertitude. Les conséquences du Brexit et leur ampleur restent peu prévisibles à moyen terme et dépendront principalement des accords qui seront signés entre le Royaume-Uni et l’Union européenne dans les prochains mois. Certaines répercussions sur l’économie française et l’économie régionale peuvent néanmoins être envisagées :

• une baisse des exportations et du tourisme : la dépréciation de la livre sterling induirait une perte de pouvoir d’achat pour les ménages britanniques, qui se traduirait elle-même par une baisse de la consommation et par une réduction de nos expor-tations à destination du Royaume-Uni. L’incertitude devrait également peser sur l’investissement des

entreprises britanniques. La construction automobile (dont les équipementiers), l’agroalimentaire ainsi que la fabrication de machines, principaux secteurs ex-portateurs des Pays de la Loire vers le Royaume-Uni, pourraient être particulièrement concernés.

Avec la baisse de la livre sterling, les Britanniques seraient aussi moins nombreux à séjourner sur nos territoires. Les professionnels du tourisme ligérien seraient donc également touchés.

• une perte de compétitivité sur le marché britan-nique : un rétablissement des droits de douanes et une introduction de barrières non tarifaires entraîne-raient une perte de compétitivité (hausse des prix, avances de trésorerie…) et une augmentation des coûts administratifs pour les entreprises exportant au Royaume-Uni.

• des opportunités, notamment dans le sec-teur banque-fi nances : la perte d’attractivité du Royaume-Uni auprès des entreprises étrangères, liée à une sortie du marché unique et à une hausse des coûts de fi nancement, pourrait profi ter à certains pays comme la France. Le secteur fi nancier pourrait être concerné en particulier.

© DR

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Des échanges diversifiés, à l’image du tissu productif régional

Les échanges commerciaux sont peu spécialisés en Pays de la Loire, comparativement à ceux des autres régions françaises.

Les exportations sont néanmoins tirées par quelques-unes des productions-phares de la région. Les matériels de transport, les équipements mécaniques et les produits des industries agroalimentaires représentent ainsi plus de la moitié des ventes à l’étranger.

Les matériels de transport constituent un des principaux postes d’exportation de la région, avec un montant de 4,6 milliards d’euros en 2016.

Les produits de l’industrie automobile, véhicules et équi-pements, représentent 47 % de ces exportations. NTN Transmissions Europe, Rapido, GP SAS (Pilote), France Mann Hummel, Devillé sont quelques-uns des principaux acteurs régionaux à l’export.

En 2016, année marquée par la livraison de l’Harmony of the Seas pour un montant d’environ un milliard d’euros, les navires et bateaux constituent un tiers des ventes de matériels de transport. Les Pays de la Loire se distinguent au niveau national : ils totalisent 76 % des exportations françaises de navires et 40 % des exportations françaises de bateaux de plaisance. STX France, pour la navale, et SPBI-Bénéteau, pour la plaisance, réalisent la très large majorité des ventes.

Les produits de l’industrie aéronautique et spatiale représentent 18 % des exportations de matériels de transport. Le solde commercial du secteur apparaît déficitaire. Une partie des pièces fabriquées dans les usines ligériennes du groupe Airbus sont en effet envoyées à Toulouse, pour assemblage final avant export. Ces flux n’apparaissent pas dans les chiffres régionaux du commerce extérieur. La filière aéronautique, organisée à l’échelle européenne voire mondiale, est par ailleurs fortement importatrice : les usines Airbus de la région reçoivent des pièces d’avion en provenance de divers pays.

Les exportations de machines et équipements, estimées à 2,9 milliards d’euros, sont portées pour deux tiers par les ventes de machines d’usage général, parmi lesquelles le matériel de levage et de manutention représente une vente sur deux. La région compte, dans ce dernier secteur, plu-sieurs entreprises multinationales, dont Manitou — au siège ligérien —, NOV-BLM (USA) et Toyota Industrial Equipment (Japon). Elle totalise 28 % des ventes françaises. Au-delà des principaux clients européens, le matériel de levage et de ma-nutention est commercialisé dans de nombreux pays, dont en Asie. Les Pays de la Loire réalisent par ailleurs près d’un quart des exportations nationales de machines agricoles et forestières, avec l’usine du groupe allemand CLAAS (Le Mans) pour principal acteur, et avec l’Allemagne, le Royaume-Uni et les pays d’Europe centrale et de l’Est pour principaux clients.

Au sein des industries agroalimentaires (2,8 milliards d’euros d’exportations), la vente de viande et produits à base de viande et la vente de produits laitiers représentent chacune environ un quart des exportations. Première région française pour la production bovine et deuxième pour les productions avicole et porcine, les Pays de la Loire contribuent à hauteur de 17 % aux exportations nationales de viande et produits à base de viande. La moitié des exportations ligériennes de viandes de boucherie et produits d’abattage sont à destination de l’Italie. Charal est le premier exportateur. Les viandes de volaille, principalement commercialisées en Europe, sont également distribuées dans des pays plus lointains, tels que l’Arabie Saoudite. LDC et Gastronome sont les deux premiers acteurs en région.

La région, deuxième au niveau national pour sa production de lait, réalise 10 % des ventes françaises de produits laitiers à l’étranger. Les débouchés sont principalement européens, mais se situent également en Afrique, en Algérie notamment, ainsi qu’en Asie (Chine, Corée du Sud…). Eurial, La Laiterie de Montaigu et Lactalis font partie des grands acteurs à l’export de la filière.

15 mai 2016 : le paquebot « Harmony of the Seas » quitte Saint-Nazaire

ChaussuresCuirs, peaux,maroquinerie

Articles d'habillementProduits en plastique

Produits en caoutchouc

Préparations pharmaceutiques

Produits chimiques de base, engrais et produits azotés, matières

plastiques de base et caoutchouc synthétique

Divers

Pétrole brut

ExportationsImportations

Produits du raffinage du

pétrole

Gaz naturel, liquéfié ou gazeux

Hydrocarbures

Navires et bateaux

Machines d'usage général

Machines agricoles et forestières

Aéronefs et engins spatiaux

Véhicules automobiles Équipements

automobiles

Les établissements locauxd’Airbus ne réalisent pasl’assemblage finaldes appareils

En particulier le paquebot«Harmony of the Seas»

Les chariots-élévateurs(Manitou, Toyota) entrentdans cette catégorie

Mécanique et transports

Les principaux produits échangés en 2016entre les Pays de la Loire et l’étranger

Huiles et graissesvégétales et animales

Cultures nonpermanentes

Viandes et produitsà base de viande

Autres produits alimentaires

Produits de boulangerie-pâtisserieet pâtes alimentaires

Produitsde l’élevageProduits laitiersBoissons

Produits agricoles et agroalimentaires

En particulier les tourteauxd’oléagineux destinésà l’alimentation animale,débarqués dans le portNantes - Saint-Nazaire

La raffinerie de Donges estalimentée en pétrole brut viale port de Nantes - Saint-Nazaire.Elle exporte une partie de sa production égalementà partir du port.

Le terminal méthanierde Montoir est l’undes plus importantsd’Europe

1,5 milliard d’euros1 milliard d’euros500 millions d’euros

100 millions d’euros

Données Douanes, 2016

©Gaëtan Gaborit

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ChaussuresCuirs, peaux,maroquinerie

Articles d'habillementProduits en plastique

Produits en caoutchouc

Préparations pharmaceutiques

Produits chimiques de base, engrais et produits azotés, matières

plastiques de base et caoutchouc synthétique

Divers

Pétrole brut

ExportationsImportations

Produits du raffinage du

pétrole

Gaz naturel, liquéfié ou gazeux

Hydrocarbures

Navires et bateaux

Machines d'usage général

Machines agricoles et forestières

Aéronefs et engins spatiaux

Véhicules automobiles Équipements

automobiles

Les établissements locauxd’Airbus ne réalisent pasl’assemblage finaldes appareils

En particulier le paquebot«Harmony of the Seas»

Les chariots-élévateurs(Manitou, Toyota) entrentdans cette catégorie

Mécanique et transports

Les principaux produits échangés en 2016entre les Pays de la Loire et l’étranger

Huiles et graissesvégétales et animales

Cultures nonpermanentes

Viandes et produitsà base de viande

Autres produits alimentaires

Produits de boulangerie-pâtisserieet pâtes alimentaires

Produitsde l’élevageProduits laitiersBoissons

Produits agricoles et agroalimentaires

En particulier les tourteauxd’oléagineux destinésà l’alimentation animale,débarqués dans le portNantes - Saint-Nazaire

La raffinerie de Donges estalimentée en pétrole brut viale port de Nantes - Saint-Nazaire.Elle exporte une partie de sa production égalementà partir du port.

Le terminal méthanierde Montoir est l’undes plus importantsd’Europe

1,5 milliard d’euros1 milliard d’euros500 millions d’euros

100 millions d’euros

Données Douanes, 2016

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Les investissements étrangersAu-delà du développement des échanges commerciaux, l’internationalisation de l’économie se traduit par une mul-tiplication des flux financiers entre pays, qui accompagne l’éclatement de la chaîne de production.

Les investissements étrangers des entreprises peuvent prendre différentes formes, en fonction de l’objectif visé. La création de filiale est la plus aboutie. La réduction des coûts de production et de transaction (main d’œuvre, matières premières, fiscalité, infrastructures, sous-traitants…) et les opportunités de marché (taille, accessibilité…) sont les principales motivations d’une implantation étrangère.

Si la dépendance vis-à-vis de groupes étrangers peut représenter un facteur de risque pour une économie, les investissements étrangers, quand ils s’intègrent au tissu économique local, constituent un levier pour le dévelop-pement des entreprises et de l’emploi.

Une présence modeste d’entreprises à capitaux étrangers

Une faible contribution au chiffre d’affaires mais un fort impact sur les échanges commerciaux

En Pays de la Loire, 2 165 établissements et 76 300 salariés dépendent d’une entreprise filiale d’un groupe étranger* en 2013. Ces établissements emploient 9 % des effectifs salariés du secteur marchand de la région, quand le taux atteint 12 % en France métropolitaine (11 % hors Île-de-France). Leur place dans l’économie reste donc modérée. À l’intérieur du territoire régional, le taux varie entre 5,7 % en Vendée et 12,0 % en Sarthe.

Dans une économie mondiale où les échanges intragroupes sont croissants, investissements étrangers et flux commerciaux sont étroitement liés. Les entreprises sous contrôle étranger réalisent ainsi, à elles seules, près d’un tiers des exportations de la région.

*Une entreprise est filiale d’un groupe étranger lorsqu’elle est détenue à plus de 50 %. Un groupe est lui-même dit étranger si l’entreprise à sa tête est localisée à l’étranger.

Un tissu économique attractif, une géographie moins favorable

En Pays de la Loire, comme en France (hors Île-de-France), la moitié des emplois contrôlés par un groupe étranger sont industriels. Les investissements sont par ailleurs majoritaire-ment à destination d’établissements de 50 à 499 salariés. La structure du tissu économique régional, à forte orientation industrielle et reposant sur une large proportion d’établisse-ments de taille moyenne, est tout à fait favorable aux inves-tissements étrangers.

Cependant, les territoires frontaliers de l’est et du nord du pays, ouverts sur l’Europe, ainsi que l’Île-de-France, où se concentrent les centres de décision, attirent en priorité les investissements. L’effet « géographique », prenant en compte ces spécificités régionales (localisation, infrastructures, notoriété, acteurs économiques,…), apparaît négatif en Pays de la Loire. La région pâtit notamment de sa localisation excentrée à l’intérieur de la France et de l’Europe. Son important tissu d’entreprises familiales, ses faibles dépenses en recherche & développement sont d’autres facteurs explicatifs possibles.

Cette moindre présence étrangère se vérifie dans la plupart des activités mais plus particulièrement dans l’industrie agroalimentaire, très développée en région : 6 % des salariés du secteur travaillent dans une entreprise à capitaux étrangers contre 11 % au niveau national (hors Île-de-France). Cet écart explique en partie la moindre participation des groupes étrangers à l’économie des Pays de la Loire.

Les groupes étrangers présents en région sont majoritairement européens : allemands et britanniques principalement, mais également suisses, belges, néerlandais, suédois, italiens… Les groupes américains concentrent 19 % des salariés dépendant d’entreprises sous contrôle étranger.

Sources : Insee - Direccte Pays de la Loire, La région attire plus d’investissements étrangers que ses voisines de l’Ouest, octobre 2016.

10%

31%

9%

19%

32%

12%

Chi�re d'a�aires Exportations Emploi salarié

Poids des entreprises sous contrôle étranger, en Pays de la Loire et en France

(Business France, bilan 2015, d'après Insee)

Pays de la Loire

France

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Frédéric Dugast, Directeur d’AIRpipe Europe (Saint-Herblain, 44)

AIRPipe Europe est la récente filiale européenne de l’entreprise Zhejiang Compressed Fluid Transmission Engineering Co. Ltd (nom commercial : AIRpipe), dont le siège social et l’unité de production sont localisés en Chine (Ningbo, province de Zhejiang). L’entreprise conçoit, fabrique et commercialise des systèmes de tuyauterie, principalement pour l’air comprimé, à destination de tous les secteurs de l’industrie. Elle emploie 400 salariés dans le monde et possède trois filiales commerciales : en Inde, aux États-Unis et, depuis fin 2016, en France (Saint-Herblain).

Comment l’implantation d’AIRpipe à Saint-Herblain s’inscrit-elle dans la stratégie de l’entreprise ?AIRpipe s’est développée d’abord en Chine, où elle est leader. Forte de son expérience, l’entreprise a développé sa propre technologie de raccordement pour tuyauterie en aluminium et elle a de ce fait un vrai potentiel à l’export. L’entreprise a ouvert une filiale commerciale en Inde en 2015 et aux États-Unis en 2016. Le marché européen était aussi un objectif. Il y a déjà un distributeur en Angleterre et d’autres distributeurs sont intéressés mais ils ne sont pas tous organisés pour gérer l’importation depuis la Chine. Il fallait donc un stock et une équipe commerciale en Europe. C’est pourquoi les dirigeants d’AIRpipe sont venus me chercher. Ils voulaient quelqu’un qui connaisse bien le marché européen de la tuyauterie pour l’air comprimé.

Pourquoi s’installer en France, à Saint-Herblain ?L’entreprise a étudié plusieurs possibilités d’implantation en Europe. Ma condition était que les bureaux soit à Nantes. À Nantes, il y a l’aéroport qui permet de se déplacer en Europe et c’est une région attractive pour recruter. Il a fallu discuter, négocier : par exemple, les charges sociales sont plus élevées en France que dans d’autres pays européens mais le coût global n’est pas vraiment plus élevé au final.

Comment se compose votre équipe, quelles sont vos missions ?Nos bureaux hébergent la filiale Europe, le service clients et bientôt le support technique. Nous sommes deux pour l’instant, à terme nous pourrons être cinq. Notre stock est en Belgique, ce qui est plus central pour les livraisons en Europe. Je suis en train de recruter des commerciaux dans plusieurs pays. Nos solutions sont commercialisées via des distributeurs industriels et des installateurs ou intégrateurs spécialisés dans l’air comprimé, et nos clients utilisateurs sont tous les sites industriels utilisant de l’air comprimé, du vide ou des gaz neutres.

En 2016, une augmentation des implantations d’entreprises étrangères en région

Les Pays de la Loire ont attiré 64 décisions d’investissement étranger* en 2016, permettant le maintien ou la création d’environ 2 150 emplois sur trois ans, soit près de 1,3‰ de l’emploi régional (contre 1,0‰ au niveau national). Ces projets sont pour la plupart des créations ou des extensions. La dynamique des créations est forte : passées de 16 en 2015 à 30 en 2016, les implantations ont presque doublé en un an. Six d’entre elles correspondent à des primo-implantations nationales.

Un projet d’investissement sur trois porte sur des activités de production, contre un sur quatre en France. En région, il s’agit principalement d’investissements d’entreprises des secteurs des matériels aéronautiques et navals, de l’automobile, de l’agroalimentaire et des machines et équipements mécaniques. Un projet sur cinq concerne des activités de services aux entreprises.

Plus de deux tiers des investissements enregistrés en Pays de la Loire 2016 proviennent d’Europe, Allemagne en tête

avec 15 projets, devant l’Italie et le Royaume-Uni. Les États-Unis sont les premiers investisseurs non européens en région, avec 8 projets. Ils devancent le Japon et la Chine.

* Investissements étrangers physiques et créateurs d’emploi durable : créations, extensions, reprises, reprises-extensions, rachats-extensions

Sources : Agence régionale Pays de la Loire Territoires d’Innovation ; Business France.

© DR

Allemagne

Italie

États-Unis

Royaume-Uni

8

9

15

5

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Volontariat International en Entreprises (V.I.E.)Le Volontariat international en entreprises (V.I.E.) permet aux entreprises françaises de confier à un jeune, homme ou femme, jusqu’à 28 ans, une mission professionnelle à l’étranger durant une période modulable de 6 à 24 mois, renouvelable une fois dans cette limite.

La gestion administrative et juridique du V.I.E est déléguée à Business France par le Ministère en charge du Commerce extérieur.

En Pays de la Loire, la Région prend en charge à hauteur de 100 % l’indemnité mensuelle, jusqu’à 12 mois, d’un V.I.E. recruté par une entreprise régionale sur des fonctions commerciales et de développement économique, et sous certaines conditions (activité, effectifs salariés, chiffre d’affaires,…). L’accompagnement, la mise en place et le suivi de ces missions sont assurés par la CCI International. Sur les 229 V.I.E. en cours en décembre 2016, 76 bénéficient d’un financement de la Région.

Majoritairement des missions de développement commercial

En décembre 2016, 66 entreprises en Pays de la Loire sont utilisatrices de 229 V.I.E. Les missions sont variées : commerciales, techniques, informatiques, marketing, gestion et finance, ressources humaines… Près de la moitié sont toutefois orientées « développement commercial ».

La durée moyenne des V.I.E. est de 19 mois. La moitié des contrats sont signés pour 24 mois, durée maximale, et un tiers sont signés pour 12 mois.

Pour des PME, industrielles ou des technologies de l’information-communication

Deux tiers des entreprises utilisatrices ont un chiffre d’affaires de moins de 50 millions d’euros et appartiennent donc à la catégorie des PME (Petites et moyennes entreprises).

Les secteurs de l’agroalimentaire, des technologies de l’information-communication et des équipements industriels sont les plus représentés.

Source : Business France

Paul JEANNETEAU, vice-président du Conseil régional des Pays de la Loire À propos des envoyés spéciaux de la Région pour l’export

Paul Jeanneteau nous parle de la convention signée le 24 février dernier entre la Région et Business France, agence nationale dédiée à l’internationalisation de l’économie française, pour le déploiement de trois envoyés spéciaux dans des zones à fort potentiel de développement à l’export.

Quelle est la mission de ces envoyés spéciaux ?

Les envoyés spéciaux seront des collaborateurs de la Région, en partenariat avec Business France, chargés de représenter les intérêts économiques des Pays de la Loire à l’étranger. Véritables « postes avancés » au service des entreprises et acteurs du territoire, pleinement connectés au réseau diplomatique et consulaire français, ils seront missionnés pour aider les acteurs de la région dans le déploiement de leur stratégie à l’international.

Leur rôle consiste principalement à repérer des opportunités d’affaires pour les entreprises des Pays de la Loire dans leur développement sur les marchés internationaux, à mieux cibler les actions de promotion de la région et à détecter des investisseurs étrangers potentiels. Trois envoyés spéciaux vont être déployés : à Hong Kong, pour la zone Asie, à Abidjan, pour l’Afrique de l’Ouest et à Chicago, pour l’Amérique du Nord.

Quels sont les avantages de ce dispositif ?Pour la Région, c’est un dispositif agile et souple, qui pourra être adapté en fonction des résultats obtenus, et économique. Nous nous appuyons sur l’expertise et les ressources de Business France ainsi que sur sa présence dans plus de 70 pays. C’est une collaboration innovante en France.

ChicagoAmérique du Nord

Hong-KongAsie

AbidjanAfrique de l’Ouest

©Région Pays de la Loire / Ouest Médias

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Bruno Bouygues, PDG de GYS (Saint-Berthevin, 53)

Le groupe industriel GYS fabrique des équipements de soudage et de coupage pour l’artisanat et l’industrie et est un des leaders technologiques mondiaux dans la fabrication d’équipements d’entretien des batteries et de réparation de carrosserie pour l’automobile. Il emploie près de 600 salariés dans le monde (dont 380 à Saint-Berthevin) et possède 6 filiales de commercialisation et de production dans 5 pays (Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Inde, Chine). Ses produits sont distribués dans 112 pays. Le chiffre d’affaires consolidé est de 72 millions d’euros en 2016 (+14 % sur un an). La moitié des ventes sont à l’international dont 2/3 dans l’UE et 1/3 réparti dans le reste du monde.

GYS possède 6 filiales à l’étranger. À quels moments et pour quelles raisons s’implanter à l’étranger ?Quand mon père, Nicolas Bouygues, a repris GYS en 1997, l’export était réduit à quelques ventes opportunistes dans les DOM-TOM et en Belgique. L’entreprise s’est rapidement tournée vers l’international pour trouver des nouveaux marchés. Le premier pays non francophone, à proximité et avec une taille de marché importante, c’était l’Allemagne. Au départ, nous avons trouvé des petits importateurs-distributeurs mais rapidement nous avons atteint un seuil et n’arrivions pas à aller au-delà. Nous avons donc ouvert notre première filiale commerciale, avec deux objectifs : avoir du stock et monter en gamme pour pénétrer le marché allemand. Aujourd’hui, l’Allemagne est un de nos premiers marchés à l’export. GYS a une équipe commerciale sur place de plus de 50 personnes ainsi qu’un centre logistique, un centre de formation et un bureau d’études.

Pour la deuxième filiale, le raisonnement a été très différent. Nous commencions à être concurrencés par l’Asie dans les pays fortement importateurs. Nous avons donc implanté une filiale commerciale en Angleterre afin de nous confronter aux produits asiatiques et de comprendre comment mieux nous différencier. De là, nous avons ouvert une usine en Chine pour fabriquer des produits de premier prix et compléter une offre moyenne et haut de gamme, fabriquée en France. Ensuite, nous avons développé des implantations commerciales en Chine, en Inde et en Italie.

Pour vous déployer à l’export, la filiale est donc la stratégie que vous privilégiez ?Oui, lorsque le pays a une taille suffisante pour amortir les coûts fixes. Quand le marché est trop petit, nous travaillons plutôt avec des responsables export, des agents commerciaux et des importateurs locaux. Depuis fin 2016, nous avons deux collaborateurs installés, au Maroc et à Singapour. Dans les pays où nous déployons des collaborateurs, instantanément nos chiffres augmentent. Il y a quelqu’un pour dialoguer sur place et pour nous expliquer les besoins du pays. Le commerce c’est une relation de confiance, de proximité.

Quelles sont vos perspectives de développement ?Nous avons fait une croissance à 2 chiffres l’an dernier et nous allons continuer à beaucoup investir à l’international pour nous rapprocher de nos clients. Notre objectif est de réaliser les trois quarts du chiffre d’affaires du groupe à l’international, sous moins de 5 ans. Pour y arriver, nous serons sûrement amenés à réfléchir à l’implantation d’une troisième usine, peut-être sur le continent nord-américain.

Le modèle français de développement à l’international : la filiale

Si la France est un pays ouvert aux capitaux étrangers, elle se distingue surtout par sa forte présence à l’étranger, notamment à travers l’implantation de filiales. Alors que les multinationales étrangères installées en France emploient 1,8 million de salariés sur le territoire, les multinationales françaises emploient 5,4 millions de salariés à l’étranger.

Pour leur développement à l’international, les entreprises françaises privilégient l’implantation de filiales. Les ventes réalisées par les filiales étrangères des multinationales françaises sont trois fois supérieures au montant des exportations de biens du pays.

Deux principales logiques d’implantation se distinguent. Les pays en développement accueillent majoritairement les filiales productives tandis que dans les pays développés, la présence est surtout commerciale.

En 2013, 60 % des effectifs salariés de ces filiales étrangères sont localisés en dehors de l’Union européenne, États-Unis, Brésil et Chine en tête. Au sein de l’Union européenne, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie concentrent 60 % des effectifs européens des multinationales françaises.

Source : Insee, données 2013

© DR

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Chercheurs et étudiants étrangers

Une clientèle touristique peu internationalisée

Les Pays de la Loire sont une des destinations touristiques préférées des Français, au niveau national : 4e région en nombre de voyages, 6e en nombre de nuitées, avec une part de marché estimée à 7 % en 2015. La région se situe en revanche au 10e rang pour sa fréquentation touristique internationale, avec seulement 2,6 % des nuitées étran-gères comptabilisées en France.

Dans les hébergements marchands (hôtels, campings), 2,8 millions de nuitées sont étrangères, soit 16 % de la fréquentation. Les Britanniques et les Néerlandais repré-sentent près de deux tiers de cette clientèle étrangère, loin devant les Belges et les Allemands. Les clientèles non européennes sont très peu présentes.

Sources : ORT, d’après TNS Sofres ; DGE - Banque de France, enquête EVE 2015 ; ORT d’après Insee-DGE

Tourisme

Un taux d’accueil inférieur à la moyenne nationale

L’académie de Nantes accueille 11 366 étudiants étrangers en 2015-2016, représentant 8,9 % des effectifs inscrits. Ce taux est inférieur à la moyenne française (12,1 %).

Parmi les étudiants étrangers, 18 % viennent de Chine, premier pays représenté dans l’académie (9 % en France). La plupart des étudiants sont néanmoins en provenance d’Afrique (42 %) : Maroc, Cameroun, Tunisie, Algérie, Sénégal… Les Européens constituent 17 % des effectifs étrangers de l’académie. 72 % des étudiants étrangers sont inscrits à l’université.

Sources : MENESR-DGESIP-DGRISIES

D’autres formes d’attractivité

2%

2%

3%

4%

8%

8%

9%

25%

39%

Italie

Suisse

Espagne

Autres pays hors Europe

Autres pays d'Europe

Allemagne

Belgique

Pays-Bas

Royaume-Uni

Sources : DGE-Insee, ORT

Les nuitées internationales en hôtels et campings en 2015

153

242

294

514

543

1 928

3 090

4 602

Non renseigné

Amérique centrale, Antilles

Amérique du Nord

Amérique du Sud

Moyen-Orient

Europe

Asie et Océanie

Afrique

Nombre d'étudiants étrangers dans l'Académie de Nantes en 2015-2016, par provenance

Connect TalentLa Région des Pays de la Loire a lancé son 3e appel à projets « Connect Talent » pour attirer des leaders scientifiques inter-nationaux. L’objectif du dispositif est d’impulser des thématiques de recherche nouvelles et d’accélérer significativement les dynamiques existantes sur des thématiques stratégiques pour la région, telles que l’industrie du futur, la santé du futur, le végétal, le numérique, l’alimentation,...

Depuis le lancement de «Connect Talent» en 2013, 21 projets ont été soutenus. 9 chaires, chacune structurée autour d’un chercheur de renommée internationale et de son équipe de recherche, sont venues s’installer et ont été accompagnées, dont 4 en provenance de l’étranger (Espagne, Suisse, États-Unis, Italie) dans les spécialités thérapie génique, épigénétique, biologie des systèmes et transplantations et diagnostics optiques pour l’optimisation de systèmes de production d’énergie.