les matériaux au japon : principaux acteurs et projets

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AMBASSADE DE FRANCE AU JAPON SERVICE POUR LA SCIENCE ET LA TECHNOLOGIE Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets Rédacteur : Pierre FEUARDANT Chargé de mission en Sciences et technologies de l’environnement et des matériaux Sous la responsabilité de : Sébastien CODINA Attaché pour la Science et la Technologie Chef du pôle Sciences et technologies de l’environnement et des matériaux Novembre 2016

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Page 1: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

AMBASSADE DE FRANCE AU JAPON SERVICE POUR LA SCIENCE ET LA TECHNOLOGIE

Les matériaux au Japon : principaux acteurs et

projets

Rédacteur :

Pierre FEUARDANT Chargé de mission en Sciences et technologies de l’environnement et des

matériaux

Sous la responsabilité de :

Sébastien CODINA Attaché pour la Science et la Technologie

Chef du pôle Sciences et technologies de l’environnement et des matériaux

Novembre 2016

Page 2: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

Table des matières

Introduction ............................................................................................................................................. 1

I- Stratégie du Japon en matière de recherche sur les matériaux ..................................................... 2

1- Un programme interministériel de promotion de l’innovation pour les matériaux ................... 3

2- Instituts de recherche dépendant directement des ministères .................................................. 3

3- Agences de financement gouvernementales japonaises ............................................................ 7

II- Panorama de la recherche au Japon ............................................................................................... 9

1- Métaux et alliages ..................................................................................................................... 10

2- Polymères et plastiques ............................................................................................................ 12

3- Céramiques et composites ........................................................................................................ 14

III- Autres acteurs japonais de la recherche sur les matériaux ...................................................... 16

1- World Premier International Research Center Initiative (WPI) ................................................. 16

2- Instituts de recherche universitaires notables .......................................................................... 19

3- Entreprises japonaises ............................................................................................................... 23

IV- Acteurs et projets de la collaboration franco-japonaise ........................................................... 24

1- Unités Mixtes Internationales (UMI) ......................................................................................... 24

2- Laboratoires Internationaux Associés (LIA) ............................................................................... 26

3- Autres groupements de recherche internationaux ................................................................... 28

4- Programmes et projets franco-japonais .................................................................................... 29

Conclusion ............................................................................................................................................. 33

Page 3: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

1

Introduction

Les matériaux jouent un rôle primordial dans la plupart des domaines scientifiques, parmi lesquels il

est possible de citer de manière non exhaustive l’énergie, l’optique et optronique, la médecine,

l’électronique, l’ingénierie des transports, le génie civil ou encore le textile. Une recherche

performante sur les matériaux, tant fondamentale qu’appliquée, est donc une composante

essentielle à la compétitivité d’un pays dans ces domaines. C’est le cas du Japon, pays dont

l’automobile et l’électronique comptent parmi les fleurons de l’industrie.

Lors de la rédaction de ce rapport, une division des matériaux en trois classes selon le type des

liaisons impliquées sera adoptée :

- Les métaux et leurs alliages (caractérisés par des liaisons métalliques)

- Les polymères organiques (liaisons covalentes et liaisons secondaires)

- Les céramiques (liaisons ioniques et liaisons covalentes)

A cela s’ajoutent les matériaux composites, assemblages de matériaux non miscibles issus des classes

précédentes.

L’objectif du présent rapport est de proposer une vue d’ensemble de la recherche au Japon dans le

domaine des sciences des matériaux au moment de sa rédaction. Pour cela, il dressera dans un

premier temps une liste non exhaustive des instituts les plus actifs au Japon pour chacune des classes

de matériaux citées en introduction, associés à leurs chercheurs les plus prolifiques en termes de

publications et aux thématiques sur lesquelles portent leurs recherches. Il explicitera ensuite le rôle

des principaux acteurs de la recherche japonaise et de la collaboration avec la France, avant de citer

les projets majeurs lancés par le gouvernement japonais.

Page 4: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

2

I- Stratégie du Japon en matière de recherche sur les matériaux

Le Ministère japonais de l’Education, de la Culture, des Sports, de la Science et de la Technologie

(MEXT) publie chaque année un Livre Blanc sur la Science et la Technologie qui revient sur les

avancées récentes, présente les objectifs de la recherche japonaise et définit les directives du

gouvernement en mettant en lumière les domaines prioritaires pour l’année à venir. L’édition de

20151 accorde une place particulière à deux matériaux spécifiques : les photocatalyseurs et les

électroaimants.

Les photocatalyseurs, ajoutés au verre des vitres ou à la peinture des murs, permettent déjà

aujourd’hui de garder ceux-ci propres et dénués de bactéries. Mais ils trouvent également de

nombreuses autres applications encore en cours d’étude, notamment dans le traitement du cancer,

la purification des sols pollués ou encore la production d’hydrogène – vecteur énergétique auquel le

Japon accorde une place stratégique2 – par photoélectrolyse de l’eau.

Le Japon a fait de la mise en service des trains à sustentation magnétique, dits Maglev, une autre de

ses priorités. C’est une des raisons pour laquelle le gouvernement met l’accent sur la recherche sur

les électroaimants supraconducteurs, notamment sur ceux efficaces à haute température

(comparativement aux 269°C au-dessous de zéro utilisés actuellement sur les lignes tests). Les

électroaimants trouvent aussi des applications dans le domaine médical et imagerie à résonance

magnétique (IRM).

L’agence de financement dépendante de ce ministère, la Japan Science and Technology Agency, a

dans un rapport sur la recherche et le développement dans le domaine des matériaux et des

nanotechnologies publié en 20153 fait l’état des défis à relever par la recherche japonaise sur les

matériaux pour l’environnement, l’énergie et les infrastructures sociales ; la santé et la médecine ;

l’information, la communication et l’électronique ; et la fabrication des matériaux employés dans ces

domaines.

Quant au Ministère japonais de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie (METI), il soutient

principalement les activités de recherche ayant des applications dans les industries ayant un volume

de production important, comme les plastiques et autres produits issus des hydrocarbures pour

lesquels le ministère promeut une chimie plus verte et durable, et les activités visant à réduire la

consommation énergétique de l’industrie, notamment par l’innovation sur les semi-conducteurs et

l’électronique.

La volonté de remplacer et d’économiser les matières premières stratégiques et critiques telles que

les terres rares, dont le Japon est un des plus importants consommateurs notamment à cause de son

industrie électronique, est également une constante dans les priorités du gouvernement japonais.

1

Une traduction en anglais de l’édition de 2015 est disponible sur le site internet du MEXT : http://www.mext.go.jp/en/publication/whitepaper/title03/detail03/1372827.htm 2 L’hydrogène comme vecteur énergétique privilégié des Jeux Olympiques de 2020 a fait l’objet d’un précédent

rapport disponible ici : www.ambafrance-jp.org/L-hydrogene-energie-en-vue-des-Jeux-Olympiques-de-Tokyo-2020 3 Le rapport est disponible en anglais ici : https://www.jst.go.jp/crds/pdf/en/CRDS-FY2015-XR-07.pdf

Page 5: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

3

Celui-ci a donc lancé dès 2007 une « Stratégie des Éléments4 » reposant en partie sur la recherche de

matériaux innovants.

1- Un programme interministériel de promotion de l’innovation pour

les matériaux

Le Conseil pour la Science, la Technologie et l’Innovation (CSTI) est l’un des quatre Conseils sur les

politiques importantes du Cabinet Office, le Bureau du Cabinet japonais chargé des affaires

courantes et dirigé par le Permier Ministre Shinzo ABE. Le CSTI est composé du Premier Ministre, du

Premier Secrétaire du Cabinet Yoshihide SUGA, ainsi que des ministres concernés (Politique pour la

Science et la Technologie ; Affaires Internes et Communication ; Finances ; Education, Culture, Sports,

Science et Technologie ; Economie, Commerce et Industrie) et des experts. Le CSTI a lancé en 2014

onze Strategic Innovation Promotion Programs (SIP), programmes interministériels de promotion de

l’innovation stratégique.

L’un d’entre eux, nommé Structural Materials for Innovation (SM4I) est centré sur le développement

de matériaux solides, légers et résistant à la chaleur pour des applications principalement dans les

domaines des transports (il vise notamment à encourager l’industrie aéronautique japonaise) et de

l’énergie (économie d’énergie et réduction d’émissions de CO2). Financé à hauteur de 3,5 milliards de

yens par an, il s’agit du second plus important programme SIP en termes de budget. Il est dirigé par

le Professeur Teruo KISHI, ancien président du NIMS (2001-2009). Le Professeur KISHI reste par

ailleurs très impliqué dans le domaine des matériaux puisqu’il dirige également l’Innovative

Structural Materials Association et la Japanese Society for Strength and Fracture of Materials et

conseille le ministère japonais des affaires étrangères sur les questions scientifiques. Il est de plus

très actif au sein de la stratégie des éléments.

2- Instituts de recherche dépendant directement des ministères

Les principaux instituts de recherche ne dépendant pas d’une université mais directement des

ministères japonais sont chargés de mettre en œuvre les directives gouvernementales, et ont donc

un caractère stratégique aux yeux du gouvernement japonais. Ils bénéficient pour cette raison du

statut d’Independant Administrative Institution (IAI) ou de National Research Development Agency

(NRDA)5. Les trois instituts cités dans cette partie, le National Institute for Material Science (NIMS), le

4 La stratégie des éléments au Japon a fait l’objet d’un précédent rapport disponible ici :

http://www.ambafrance-jp.org/La-strategie-des-elements-au-Japon 5 Les National Research Development Agencies (NRDA) et Independant Administrative Institutions (IAI) sont des

structures chargées de la mise en application des stratégies décidées par les ministères. Elles utilisent un mode de fonctionnement proche de celui d’une entreprise privée, les NRDA étant plus axées sur la recherche et le développement. Ces statuts ont été créés suite à la volonté du gouvernement de séparer la planification et l’opérationnel.

Page 6: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

4

National Institute for Advanced Industrial Science and Technology (AIST) et le Rikagaku Kenkyusho

(RIKEN) ont de plus été désignés par le CSTI comme étant les trois seuls NRDA dits « spéciaux », ce

qui leur confère une plus grande souplesse dans la gestion administrative ainsi qu’une dotation

budgétaire conséquente. Très performants, leurs compétences sont reconnues mondialement et

tous figurent parmi les vingt instituts de recherche les plus innovants au monde6.

a- National Institute for Materials Science (NIMS)

Le National Institute for Material Science (NIMS) est né en 2001 de la fusion du National Research

Institute for Metals (NRIM) et du National Institute for Research in Inorganic Materials (NIRIM). Il a

été doté en 2015 du nouveau statut de NRDA du Ministère japonais de l’Education, de la Culture, des

Sports, de la Science et de la Technologie (MEXT). L’institut était doté d’un budget annuel de

24,8 milliards de yens en 2015 dont 12 milliards de yens provenant du MEXT et employait

1 489 personnes dont 1 156 postes techniques ou de recherche au début de l’année 2016. Très

ouvert sur l’international, il comptait alors 250 chercheurs étrangers provenant de plus de 30 pays. Il

est présidé par le Professeur Kazuhito HASHIMOTO.

La recherche au NIMS suit étroitement les directives gouvernementales évoquées dans la première

partie de ce rapport, comme le montrent ses recherches sur les photocatalyseurs pour la

remédiation des sols pollués. L’institut mène également des activités de recherche et développement

de nouveaux matériaux pour la supraconduction et la génération et le stockage d’électricité, et

travaille en parallèle à l’amélioration des cellules photovoltaïques afin de développer un réseau

électrique plus performant et respectueux de l’environnement. Il développe également un acier plus

résistant aux contraintes physiques et à la chaleur pour prévenir plus efficacement les risques

d’endommagement des réacteurs nucléaires.

Plus généralement, les activités de recherche du NIMS suivent trois axes principaux :

- les matériaux pour l’énergie, l’environnement et les ressources, domaines qui constituent

des défis pour la société auxquels le NIMS répond par une innovation verte,

- l’innovation au service des technologies clés de fabrication et de caractérisation des

matériaux,

- les matériaux à l’échelle nanométrique au service de la création de matériaux innovants.

Ces activités ont à l’échelle mondiale un impact très important sur les sciences des matériaux. On

peut notamment citer deux chercheurs japonais, le Docteur Kenji WATABANE et le Docteur Takashi

TANIGUCHI ayant reçu le Japan Research Front Award 2016 pour leurs travaux sur les propriétés

optiques et électroniques des hétérostructures de nitrure de bore hexagonal et graphène7.

Le NIMS collabore activement avec l’industrie et a établi des centres de recherche conjoints avec

plusieurs entreprises japonaises et à l’international, parmi lesquels :

6 D’après Thomson-Reuters : http://www.reuters.com/article/us-innovation-rankings-idUSKCN0WA2A5

7 Selon Thomson-Reuters http://thomsonreuters.com/en/press-releases/2016/july/japan-scientists-are-

leading-global-research-in-eight-emerging-areas.html

Page 7: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

5

- Le NIMS-TOYOTA Materials Center of Excellence for Sustainable Mobility, qui développe des

matériaux de nouvelle génération pour l’automobile, plus particulièrement pour les

batteries embarquées ;

- Le NIMS-DENKA Center of Excellence for Next Generation Materials, en collaboration avec la

Denki Kagaku Kogyo Kabushiki Kaisha (DENKA), afin de consolider l’innovation conjointe sur

des thèmes de recherches communs tels que les sources d’électrons pour microscopes

électroniques ou le phosphore pour les diodes blanches ;

- Le NIMS Saint-Gobain Center of Excellence for Advanced Materials, qui travaille sur des

concepts de matériaux innovants pour la construction et l’industrie, notamment sur les films

minces d’oxydes destinés à améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments.

- Le Rolls-Royce Centre of Excellence for Aerospace Materials, où le High Temperature

Materials Center du NIMS développait en collaboration avec Rolls-Royce des superalliages

monocristallins à base de nickel capables de résister à de très hautes températures pour des

applications en aéronautique (pales de turbines de réacteurs d’avion de ligne B787) ;

Le NIMS est par ailleurs très ouvert à l’international et entretient de nombreuses et étroites relations

avec la France. Le CNRS et le NIMS ont en effet signé le 25 mai 2012 pour une durée de 5 ans un

accord qui a été suivi de la création de deux structures de coopération, l’Unité Mixte Internationale

Laboratory for Innovative Key Materials and Structures (LINK), en partenariat avec l‘industriel Saint-

Gobain, ainsi que le Laboratoire International Associé Néel Institute – NIMS for Nanoscience and

Energy for the Future (3N-Lab), que nous développerons dans la quatrième partie de ce rapport.

Un mémorandum d’entente a de plus été signé le 30 septembre 2014 entre le NIMS, le CEA et les

partenaires fondateurs du campus Grenoble Innovation for Advanced New Technologies (GIANT)

concernant la magnétoscience, les matériaux supraconducteurs HTC pour la génération de champs

magnétiques et les nanosciences, pour une durée de 3 ans. Cet accord, désignant GIANT comme le

premier Collaborative Research Center du NIMS en Europe, fait suite à un accord de partenariat entre

les villes de Grenoble et Tsukuba en novembre 2013. Au titre de cet accord, le NIMS dispose d’une

antenne au sein du campus GIANT à Grenoble.

b- National Institute of Advanced Industrial Science and technology (AIST)

Le National Institute for Advanced Industrial Science and Technology (AIST) est quant à lui le principal

institut de recherche du Ministère japonais de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie (METI),

avec un effectif de 2 970 personnes dont 2 284 chercheurs au 1er juillet 2016 et un budget de

92 milliards de yens la même année. Il regroupe de nombreux centres présents sur tout le territoire

japonais et ses domaines de recherche incluent notamment l’énergie, l’environnement, les sciences

de la vie, les biotechnologies, les technologies de l’information, l’électronique, la métrologie, la

géologie, la chimie et les matériaux. Il figurait en 2015 en 7ème position du classement de Thomson-

Reuters des instituts de recherche les plus innovants au monde8. Il est dirigé par le Docteur Ryoji

CHUBACHI.

8 http://www.reuters.com/article/us-innovation-rankings-idUSKCN0WA2A5

Page 8: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

6

Le département de chimie et matériaux, qui emploie 18% des chercheurs de l’AIST, est doté d’un

budget de 10,1 milliards de yens et compte plusieurs centres de recherche consacrés aux matériaux :

- Le Nanomaterials Research Institute s’intéresse au développement et à la production

économique de nanomatériaux de carbones (nanotubes et films), de nanoparticules et de

nanofilms ;

- L’Inorganic Functional Materials Research Institute développe en étroit partenariat avec

l’industrie de nouveaux matériaux inorganiques (céramiques et métaux) trouvant des

applications dans les domaines de l’énergie, de l’environnement et de la santé ;

- Le Structural Materials Research Institute développe des matériaux de structure afin

d’alléger les équipements de transports et de contrôler l’énergie thermique ;

- Le Carbon Nano Tube (CNT) Application Research Center effectue des recherches centrées

sur les nanotubes de carbone, de leur développement à l’amélioration de leurs moyens de

production à l’échelle industrielle, mais s’occupe également de mettre au point des normes

les concernant et d’informer le public ;

- Le Research Center for Computational Design of Advanced Functional Materials (CDF-Mat)

utilise des techniques informatiques afin de mettre au point une simulation de design de

matériaux fonctionnels de l’échelle atomique à l’échelle macroscopique ;

- Le Magnetic Powder Metallurgy Research Center développe des procédés pour l’industrie

des matériaux magnétiques et les technologies qui y sont associées.

En juin 2016, l’AIST a également créé en partenariat avec le le WPI Advanced Institute for Materials

Research (AIMR) un Open Innovation Laboratory (OIL) appelé AIST-TohokuU Mathematics for

Advanced Materials, dirigé par le Professeur Takeshi NAKANISHI (AIST). Ses activités concernent les

thématiques de recherche de l’AIMR, c’est-à-dire les mathématiques au service des sciences des

matériaux.

c- Rikagaku Kenkyusho (RIKEN)

Le Rikagaku Kenkyusho (lit. Institut de Recherche Scientifique), ou RIKEN, a été fondé en 1917 en tant

qu’institut privé de recherche physique et chimique. Devenu un institut de recherche public en 1958,

il bénéficie aujourd’hui du statut de NRDA spécial (cf partie I-2). Doté d’un effectif de plus de 3 000

personnes et d’un budget de 84 milliards de yens en 2013, il est aujourd’hui présidé par le Professeur

Hiroshi MATSUMOTO.

Le RIKEN possède plusieurs centres de recherche stratégiques dans les domaines de la physique, de

la chimie et des sciences médicales, au sein desquels les matériaux occupent une place importante.

L’un d’entre eux y est plus particulièrement consacré, il s’agit du RIKEN Center for Emergent Matter

Science (CEMS), dirigé par le Docteur Yoshinori TOKURA. Les équipes de ce centre telles que

l’Emergent Bioengineering Materials Research Team ou la First-Principles Materials Science Research

Team utilisent les sciences des matériaux, la chimie, la physique et l’électronique afin de mettre au

point des technologies propres pour la production d’énergie et la réduction de la consommation au

Japon. A cela s’ajoutent de nombreuses équipes de recherche et laboratoires de taille plus réduite,

parmi lesquels on peut citer :

Page 9: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

7

- Le Materials Dynamics Laboratory qui étudie la dynamique des matériaux à l’échelle

atomique à l’aide de diffusion des rayons X ;

- Le Condensed Molecular Materials Laboratory, dont les activités concernent la synthèse, la

caractérisation et le design de matériaux moléculaires, notamment les métaux

supraconducteurs ;

- Le Materials Fabrication Laboratory développe des technologies nano-précises de fabrication

de matériaux telles que le concassage, le rodage, le polissage, la découpe et le façonnage,

notamment.

Le RIKEN accorde également une place importante au développement de bioprocédés innovants

pour la découverte de nouveaux matériaux issus de la biomasse.

3- Agences de financement gouvernementales japonaises

a- Actions de la Japan Science and Technology Agency (JST)

La Japan Science and Technology Agency est l’agence de financement dépendante du Ministère

japonais de l’Education, de la Culture, des Sports, de la Science et de la Technologie (MEXT).

Bénéficiant du statut de NRDA (cf partie I-2), elle finance généralement les projets de recherche

fondamentale ou appliquée des laboratoires et instituts indépendants ou académiques.

Elle a dans un rapport sur la recherche et le développement dans le domaine des matériaux et des

nanotechnologies publié en 20159 fait l’état des défis à relever par la recherche japonaise sur les

matériaux pour l’environnement, l’énergie et les infrastructures sociales ; la santé et la médecine ;

l’information, la communication et l’électronique ; et la fabrication des matériaux employés dans ces

domaines.

Le programme Impulsing Paradigm Change through Disruptive Technologies (IMPACT) est une

campagne de financement par la JST de plusieurs projets de recherche et développement ayant un

fort impact sur les grandes questions mobilisant la recherche au Japon (capacités de production,

conservation de l’énergie et respect de l’environnement, société connectée, santé et vieillissement

de la population ainsi que résilience face aux désastres). A l’heure actuelle, deux d’entre eux mettent

l’accent sur les sciences des matériaux :

- Le projet intitulé Realizing Ultra-thin and Flexible Tough Polymers, mené en collaboration

avec l’Université de Tokyo et dirigé par le Docteur Kohzo ITO avec un budget de 3,5

milliards de yens sur 5 ans (2014-2018), vise à développer de nouveaux polymères

performants, à la fois fins et résistants, pour des applications notamment dans

l’ingénierie et l’équipement des transports ayant un impact sur la sécurité et la sûreté

tout en étant respectueux de l’environnement ;

9 Le rapport est disponible en anglais ici : https://www.jst.go.jp/crds/pdf/en/CRDS-FY2015-XR-07.pdf

Page 10: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

8

- Le projet intitulé Super High-Function Structural Proteins to Transform the Basic

Materials Industry, dirigé par le Docteur Takane SUZUKI avec un budget de 3 milliards de

yens sur 5 ans (2014-2018), a pour objectif d’apprendre de la nature afin de créer des

matériaux innovants et d’affranchir le Japon de sa dépendance aux ressources telles que

le pétrole et les métaux.

La JST dispose également d’un programme nommé Precursory Research for Embryonic Science and

Technology (PRESTO) visant à promouvoir la recherche fondamentale dans les domaines stratégiques.

Plusieurs projets impliquent les matériaux, parmi lesquels New Materials Science and Element

Strategy, Photoenergy conversion systems and materials for the next generation solar cells ou encore

Innovative Use of Light and Materials/Life.

b- Actions de la New Energy and Industrial Technology Development Organization

(NEDO)

La New Energy and Industrial Technology Development Organization (NEDO) est l’agence de

financement dépendante du Ministère japonais de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie

(METI). Bénéficiant elle aussi du statut de NRDA (cf partie I-2), elle coordonne et intègre les

capacités technologiques des entreprises privées et les capacités de recherche des universités, et

organise des activités de développement technologique à l’échelle nationale. Cela permet aux

entreprises privées de développer des technologies fondamentales qu’il serait risqué de développer

au vu de l’incertitude des applications pratiques. Sur 120,8 milliards de yens consacrés à ces projets

lors de l’année fiscale japonaise 2016, 13,5 milliards de yens sont consacrés aux projets mettant

l’accent sur les matériaux et les nanotechnologies. Cependant, les matériaux étant utilisés dans tous

les domaines scientifiques, une partie des fonds alloués aux autres projets impacte également la

recherche sur les matériaux.

La NEDO a lancé en juin 2016 un projet visant à réduire le nombre de prototypes et le temps de

développement pour les nouveaux matériaux de 95% grâce à l’utilisation de simulations

informatiques. L’objectif de ce projet est de développer une méthode de prédiction des propriétés

des matériaux (principalement des matériaux fonctionnels organiques) en fonction de leur

composition pour 2018, puis d’utiliser l’intelligence artificielle pour mettre au point de nouveaux

matériaux d’ici 2021.

C’est également dans le cadre d’un projet NEDO10 que l’Université d’Osaka et DENSO Corporation ont

découvert un matériau de liaison auto réparant à haute température ayant des applications pour les

semi-conducteurs en carbure de silicium (SiC), notamment dans le secteur automobile.

10

http://www.nedo.go.jp/english/news/AA5en_100059.html

Page 11: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

9

II- Panorama de la recherche au Japon

Cette partie vise à dresser pour chacune des classes de matériaux citées en introduction une liste non

exhaustive des organismes japonais leaders en matière de volume de publications, et des chercheurs

les plus actifs au sein de ces organismes ainsi que les thématiques sur lesquelles travaillent ces

chercheurs. Les tableaux suivants présentent donc pour chacune de ces trois classes les cinq ou six

organismes leaders au Japon classés par nombre de publications entre 2011 et 2016. Pour chaque

organisme sont indiqués quelques-uns des auteurs ayant le plus publié ainsi que les mots-clés les

plus fréquemment employés et/ou dont l’utilisation est en augmentation dans leurs publications.

Les données présentées dans cette partie ont été rassemblées à l’aide de l’outil analytique Scival

Trends11.

11

Scival Trends est édité par Elsevier et utilise les bases de données ScienceDirect et Scopus.

Page 12: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

10

1- Métaux et alliages

Principaux organismes de

recherche classés par nombre de

publications concernant les

métaux et alliages

Chercheurs de l’organisme ayant le

plus publié sur les métaux et alliages entre 2011 et 2016

Principaux mots-clés utilisés dans les titres et abstracts des publications

Université du Tohoku (1308 publications)

Akihisa INOUE

Metallic glass Zirconium Forming Amorphous alloys

Tadashi FURUHARA

Austenite Martensite Ferrite Bainite Carbides

Ryosuke KAINUMA

Martensitic transformations Manganese Shape memory effect Phase equilibria

Hiroyuki SHIBATA

Slags Molten materials Steel Inclusions

Université d’Osaka (1081 publications)

Manabu TANAKA

Electric arc welding Electric welding Inert gas welding Plasmas Shielding

Masahito MOCHIZUKI

Welding Welds Residual stresses Distorsion (waves)

Tomoyuki KAKESHITA

Martensic transformations Alloys Shape memory effects Magnetic fields

Toshihiro TANAKA

Molten materials Slags Liquids Solidification Thermal conductivity

Université de Tokyo (744 publications)

Fumitaka TSUKIHASHI, Hiroyuki MATSUURA

Steelmaking Slags Molten materials

Kazuki MORITA Molten materials Silicon Refining

Page 13: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

11

Boron

Jun YANAGIMOTO

Forming Microstructure Rolling Deformation Steel

Takeshi YOSHIKAWA Molten materials Activity coefficients Thermodynamics

National Institute for Materials Science (712 publications)

Kaneaki TSUZAKI

Steel Manganese Deformation Twinning Austenite Plasticity

Kazuhiro HONO

Coercive force Grain boundaries Magnets Neodymium alloys Permanent magnets

Université de Kyushu (696 publications)

Zenji HORITA

Torsional stress Pressure Plastic deformation Grain refinement

Toshihiro TSUCHIYAMA

Steel Austenite Ferrite Martensite Carbon

Motomichi KOYAMA

Manganese Plasticity Steel Twinning Austenitic steel

Masakata SHIMIZU

Iron ores Blast furnaces Ore sintering Coke

Page 14: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

12

2- Polymères et plastiques

Principaux organismes de

recherche classés par nombre de

publications sur les polymères et

plastiques

Chercheurs de l’organisme ayant le

plus publié sur les polymères et

plastiques entre 2011 et 2016

Principaux mots-clés utilisés dans les titres et abstracts des publications

Tokyo Institute of Technology (635 publications)

Tomoya HIGASHIHARA

Polycondensation Thiophene X ray scattering Conjugated polymers

Mitsuru UEDA

Polycondensation Thiophene Polyimides Organic field effect transistors

Takashi ISHIZONE

Anionic polymerization Living polymerization Polystyrenes Block copolymers

Akira HIRAO

Anionic polymerization Block copolymers Living polymerization Stars

Université de Kyoto (595 publications)

Yoshiki CHUJO, Kazuo TANAKA

Conjugated polymers Optical properties Boron Chains

Toshiji KANAYA

X ray scattering Melting point Neutron scattering Crystallization

Mitsuo SAWAMOTO

Free radical polymerization Ruthenium Living polymerization Esters Atom transfer radical polymerization

Hiroshi WATANABE

Polyisoprenes Relaxation time Dielectric relaxation Dielectric materials Rheology

Université de Tokyo (502 publications)

Akira ISOGAI, Tsuguyuki SAITO

Cellulose and cellulose films Oxidation Carboxylation Nanofibers

Mitsuhiro SHIBAYAMA Neutron scattering Gels Polyethylene glycols

Page 15: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

13

Dynamic light scattering

Takamasa SAKAI

Polyethylene glycols Gels Hydrogels Mechanical properties

Masahisa WADA

Cellulose Chitin Synchrotrons Hydrates X ray diffraction

Université d’Osaka (430 publications)

Sadahito AOSHIMA, Shokyoku KANAOKA

Cationic polymerization Ethers Living polymerization Molecular weight distribution

Mitsuru AKASHI

Copolymers Acids Esters Complexation

Hiroshi UYAMA

Phase separation Monolithic integrated circuits Bearings (machine parts) Amino acids

Takahiro SATO

X ray scattering Light scattering Solutions Copolymers Micelles

Kyushu University (367 publications)

Atsushi TAKAHARA

Brushes Surfaces Films Atom transfer radical polymerization

Keiji TANAKA

Films Polystyrenes Interfaces Glass transition

Kyoto Institute of Technology (359 publications)

Hiroyuki HAMADA

Mechanical properties Polypropylenes Jute fibers Injection molding

Kazushi YAMADA

Polyethylene terephthalates Mechanical properties Degradation Elastomers

Page 16: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

14

3- Céramiques et composites

Principaux organismes de

recherche classés par nombre de

publications sur les céramiques ou

composites

Chercheurs de l’organisme ayant le

plus publié sur les céramiques ou

composites entre 2011 et 2016

Principaux mots-clés utilisés dans les titres et abstracts des publications

Université du Tohoku (766 publications)

Takahashi GOTO

Spark plasma sintering Chemical vapor deposition Deposition rates

Tomonoga OKABE

Composite materials Fibers Laminates Carbon fiber reinforced plastics Continuum damage mechanics

Satoshi AWAJI

Critical currents Superconducting wire Flux pinning Current density

Akihito ITO

Spark plasma sintering Chemical vapor deposition Lasers Deposition rates

National Institute for Materials Science (679 publications)

Yoshio SAKKA

Spark plasma sintering Powders Magnetic fields Fracture toughness

Byungnam KIM

Spark plasma sintering Heating rate Densification Microstructure

Tetsuo UCHIKOSHI

Magnetic fields Sintering Casting Electrophoresis

Université de Tokyo (653 publications)

Nobuo TAKEDA

Strain Composite materials Fiber Bragg gratings Carbon fibers reinforced plastics Sandwich structures

Jun TAKAHASHI

Thermoplastics Carbon fibers Reinforced plastics Polypropylenes

Yuichi IKUHARA

Grain boundaries Scanning Alumina High resolution transmission electron microscopy

Page 17: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

15

Yutaka KAGAWA Carbon fibers Silicon carbides Matrix algebra

Université d’Osaka (570 publications)

Shunichi FUKUZUMI

Electrons Porphyrins Fullerenes Photoexcitation Excited states

Koiichi NIIHARA

Sintering Densification Composite and nanocomposite films Molds

Kei OHKUBO

Electrons Fullerenes Porphyrins Photoexcitation

Soshu KIRIHARA

Stereolithography Resins Acrylics Terahertz waves Sintering

Université de Kyoto (525 publications)

Susuma KITAGAWA

Polymer Sorption Benzen Proton conductivity Crystals

Yasuhiko TABATA

Gelatin Hydrogels Bone morphogenetic protein 2 Bone regeneration

Hirokazu MASAI

Glass Tin Zinc oxide Phosphors Glass ceramics Photoluminescence

Page 18: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

16

III- Autres acteurs japonais de la recherche sur les matériaux

1- World Premier International Research Center Initiative (WPI)

La World Premier International Research Center Initiative (WPI) a été lancée en 2007 par le Ministère

japonais de l’Education, de la Culture, des Sports, de la Science et de la Technologie (MEXT), dans

une volonté d’offrir plus de visibilité mondiale à des instituts japonais ayant une dynamique et un

environnement de recherche particulièrement compétitifs, sur une durée de 10 ans. Désignés par la

Japan Society for the Promotion of Science (JSPS), les instituts se voient alors confier une plus grande

autonomie dans le but de leur permettre de révolutionner la recherche dans leurs domaines

respectifs. Parmi les neuf instituts sélectionnés dans le cadre de l’initiative, quatre accordent à la

recherche sur les matériaux une place primordiale au sein de leur stratégie.

a- Tohoku University Advanced Institute for Materials Research (AIMR)

L’Advanced Institute for Materials Research (AIMR) est un institut dépendant de l’Université du

Tohoku dirigé par le Professeur Motoko KOTANI. Etabli en tant que WPI en 2007 jusqu’en mars 2017,

il a pour objectif de mettre en application des approches révolutionnaires de la recherche sur les

matériaux. Cette volonté l’a conduit à décider en 2012 de lier étroitement les mathématiques aux

sciences des matériaux dans sa stratégie de recherche, espérant ainsi formuler de nouveaux

principes scientifiques pour le développement de matériaux innovants. Cette stratégie est portée par

trois types d’équipes de recherche : certaines spécialisées en science des matériaux, d’autres

constituées de mathématiciens, et d’autres servant d’interface aux deux disciplines. Les domaines de

recherche couverts sont la physique des matériaux, les mathématiques, les matériaux hors de l’état

d’équilibre, les matériaux mous et les systèmes électroniques, microscopiques et mécaniques.

Les trois projets phare de l’AIMR sont :

- l’étude de la formation et des propriétés structurales et physiques des matériaux hors de

l’état d’équilibre tels que les polymères et le verre métallique à l’aide de systèmes

mathématiques dynamiques,

- la création de matériaux fonctionnels topologiques robustes,

- l’utilisation d’analyse géométrique discrète à l’échelle atomique pour prédire les

propriétés fonctionnelles des matériaux.

En juin 2016, l’AIMR a également créé en partenariat avec le National Institute for Advanced

Industrial Science and Technology (AIST) un Open Innovation Laboratory (OIL) appelé AIST-TohokuU

Mathematics for Advanced Materials, dirigé par le Professeur Takeshi NAKANISHI (AIST). Ses

thématiques de recherches s’appuient également sur les mathématiques au service des sciences des

matériaux (cf partie I-2b).

Le financement externe de l’AIMR s’élevait durant l’année fiscale 2015 à 3,5 milliards de yens, dont

1,3 milliard de yens accordés dans le cadre de la WPI. L’institut employait alors plus de 150

chercheurs dont la moitié était étrangers.

Page 19: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

17

b- International Center for Materials Nanoarchitectonics (MANA)

L’International Center for Materials Nanoarchitectonics (MANA) est un institut dépendant du

National Institute for Material Science (NIMS), situé à Tsukuba et dirigé par le Professeur Masakazu

AONO. Etabli en tant que WPI en 2007 jusqu’en mars 2017, il a pour objectif de créer de nouveaux

matériaux servant à supporter l’innovation technologique dans les domaines stratégiques à

l’humanité, de la médecine à l’information et aux communications en passant par l’environnement,

l’énergie et l’ingénierie. Pour cela, l’institut a créé le terme « nanoarchitectonics », qui désigne la

création ou le réarrangement d’un matériau à l’échelle de l’atome.

La recherche en nanotechnologie au MANA se divise en cinq axes :

- « Nano-Materials », ou la création de matériaux nano-poreux, de matériaux bi-

dimensionnels, de supermolécules capables de détecter des substances données, ou

encore l’utilisation de microscope électronique à transmission pour déterminer les

propriétés d’un matériau à l’échelle nanoscopique ;

- « Nano-System », ou la recherche sur l’intelligence artificielle, la superconductivité et

autres propriétés des nano-systèmes ;

- « Nano-Power », ou l’amélioration de l’efficacité de la conversion énergétique par le biais

de nouveaux matériaux nano-photocatalytiques, de nanomatériaux pour la transduction

de l’énergie entre la lumière et la chaleur, de matériaux thermoélectriques et de

technologie de gestion thermique par des nanostructures, et de la création de matériaux

et systèmes utilisant des nanostructures semiconductrices ;

- « Nano-Life », ou le développement de matériaux pour la régénération des tissus, de

systèmes de traitement impliquant l’utilisation de matériaux mous, de senseurs olfactifs

ou de nouveaux matériaux pour le contrôle du mechanosensing au sein des cellules ;

- « Nano-Theory », ou le développement de méthodes pour contrôler les états

microscopique et macroscopique en en modélisant les interactions, l’étude de l’état

électronique autour de la transition de Mott ou l’application à grande échelle de calculs

élémentaires pour développer des matériaux haute performance.

Le financement externe du MANA s’élevait durant l’année fiscale 2015 à 4,2 milliards de yens, dont

1,3 milliard de yens accordés dans le cadre de la WPI.

c- International Institute for Carbon-Neutral Energy Research (I2CNER)

L’International Institute for Carbon-Neutral Energy Research (I2CNER) est un institut dépendant de

l’Université de Kyushu et dirigé par le Professeur Petros SOFRONIS. Etabli en tant que WPI en 2010 et

jusqu’en 2020, il a pour objectif de rendre la société plus respectueuse de l’environnement,

notamment par la réduction des émissions de carbone, la capture de celui-ci ou l’amélioration de

l’efficacité énergétique.

L’I2CNER compte neuf divisions de recherche :

Page 20: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

18

- « Molecular photoconversion devices », qui travaille sur de nouveaux matériaux et

systèmes pour augmenter l’efficacité de la conversion entre énergie solaire et électricité

ou hydrogène ;

- « Hydrogen materials compatibility », dont l’objectif est d’améliorer le coût, les

performances et la sûreté des systèmes contenant de l’hydrogène pressurisé ;

- « Electrochemical energy conversion », qui vise à mener une recherche scientifique et un

développement technologique pour une conversion efficace, bon marché et robuste

notamment dans les piles à combustible à électrolyte polymère et à oxyde solide et dans

les cellules d’électrolyse à oxyde solide ;

- « Thermal science and engineering », qui étudie les propriétés thermiques des matériaux

afin d’améliorer l’efficacité énergétique des procédés thermiques ;

- « Hydrogen storage », qui travaille sur de nouveaux matériaux pour le stockage mobile et

stationnaire de l’hydrogène ;

- « Catalytic materials transformations », qui a pour but de mettre au point de nouveaux

catalyseurs au service des technologies à empreinte carbone réduite ;

- « CO2 capture and utilization (CCU) », qui travaille au développement de matériaux

hautement efficaces pour la séparation du CO2 dans les procédés industriels et de

production d’énergie, et à la mise au point de procédés pour sa conversion en produits

chimiques (carburants ou intermédiaires) ;

- « CO2 storage (CS) », qui développe des méthodes de caractérisation et de sélection de

réservoirs, de prédiction du devenir du CO2 avant l’injection et de suivi de la

séquestration ;

- « Energy analysis », dont le rôle est de contrôler l’efficacité énergétique et les émissions

de CO2 des technologies actuelles et futures – y compris celles développées à l’I2CNER –

afin de générer des scénarii et des feuilles de route pour les années à venir.

Le financement externe de l’I2CNER s’élevait durant l’année fiscale 2015 à 4,1 milliards de yens, dont

1,3 milliard de yens accordés dans le cadre de la WPI.

d- Institute for Integrated Cell-Material Sciences (iCeMS)

L’Institute for Integrated Cell-Material Sciences (ICeMS) est un institut dépendant de l’Université de

Kyoto et dirigé par le Professeur Susumu KITAGAWA. Etabli en tant que WPI en 2007 jusqu’en mars

2017, il a pour objectif d’étudier le fonctionnement de la vie et de s’en inspirer pour créer de

nouveaux matériaux destinés à résoudre les grandes questions environnementales (réchauffement

climatique, pollution) et médicales (vieillissement de la population, maladies) auxquelles l’homme est

confronté.

Le principal axe de recherche de l’iCeMS en science des matériaux est la création de matériaux

poreux pour diverses applications telles que le piégeage et la conversion du CO2, la purification de

l’eau, la capture du méthane ou encore la libération contrôlée de principes actifs dans l’organisme.

Le génie tissulaire est également un pan important de la recherche à l’iCeMS, qui travaille sur des

matériaux inspirés des cellules et des nano-machines destinés à créer un environnement favorable à

la régénération tissulaire.

Page 21: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

19

Le financement externe de l’iCeMS s’élevait durant l’année fiscale 2015 à 3,3 milliards de yens, dont

1,3 milliard de yens accordés par la WPI. Il employait alors près de 300 personnes, dont une

cinquantaine de chercheurs étrangers.

2- Instituts de recherche universitaires notables

a- Université du Tohoku

Située à Sendai, l’Université du Tohoku est l’une des plus anciennes et des plus prestigieuses

universités japonaises. Fondée en 1907, elle compte en 2016 près de 20 000 étudiants et plus de

2 700 enseignants dans tous les domaines académiques. Elle figure en 2016 à la 75ème place du

classement QS des universités dans le monde12. Elle est aujourd’hui dirigée par le Professeur Susumu

SATOMI. L’Université du Tohoku est très active en ce qui concerne la recherche sur les matériaux. En

plus du WPI Advanced Institute for Materials Research (AIMR) évoqué précédemment, elle dispose

de deux instituts majeurs consacrés à la recherche sur les matériaux.

L’Institute for Materials Research (IMR), dirigé par le Professeur Koki TAKANASHI, a longtemps été

consacré à l’acier, mais travaille aujourd’hui sur les applications et le développement de métaux,

semi-conducteurs, céramiques, et matériaux organiques et composites. Il comporte donc de

nombreuses divisions de recherche, et possède deux centres de recherche :

- Le Center of Neutron Science for Advanced Materials procure une plateforme pour la

diffusion des neutrons pour des applications dans les matériaux de stockage de l’hydrogène

ou encore les aimants ;

- Le Research and Development Center for Ultra High Efficiency Nano-crystalline Soft Magnetic

Material développe des alliages magnétiques nanocristallins dotes d’une nano-

hétérostructure incluant une phase amorphe.

Doté d’un budget de 6,1 milliards de yens en 2015, il comptait 340 employés et 40 chercheurs invités

au début de l’année 2016.

L’Institute of Multidisciplinary Research for Advanced Materials (IMRAM), dirigé par le Professeur

Atsushi MURAMATSU, mêle différents domaines scientifiques tels que la chimie, la physique, la

biologie, le génie des procédés et les sciences environnementales dans sa recherche sur les

matériaux organiques, inorganiques, biologiques, ainsi que leurs hybrides. L'IMRAM comporte quatre

divisions de recherche :

- Organic and bio-materials, qui travaille sur la synthèse de molécules organiques et bio-

inspirées ainsi que sur les matériaux mous ;

- Inorganic materials, qui travaille sur la thermodynamique et les propriétés des matériaux à

haute température ainsi que sur les microstructures et la physique quantique ;

- Process and system engineering qui traite notamment du traitement des poudres, des

nanoparticules et des applications laser ;

12

http://www.topuniversities.com/university-rankings/world-university-rankings/2016

Page 22: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

20

- Measurements, qui travaille sur des mesures à toutes les échelles (quantique, nano et micro

mesures en chimie) ainsi que sur la cristallographie et les polymères.

Il compte quatre centres de recherche :

- Research Center for Sustainable Science & Engineering, qui s’intéresse à la physique et aux

systèmes d’ions à l’état solide, à la métallurgie et au recyclage des métaux, à la fabrication et

séparation vertes de matériaux et à la conversion d’énergie ;

- Center for Advanced Microscopy and Spectroscopy, qui travaille sur la microscopie à rayons X

mous, l’interférence électronique et la cristallographie et spectroscopie électroniques ;

- Polymer and Hybrid Materials Research Center, qui travaille sur les polymères hybrides, les

nanomatériaux carboniques hybrides, les nanomatériaux organiques et bio-inspirés et la

chimie des matériaux photofonctionnels ;

- Center for Exploration of New Inorganic Materials dont les recherches portent sur les cristaux

inorganiques, le design métallurgique, les matériaux inorganiques pour l’environnement et le

design de matériaux inorganiques avancés.

L'institut participe notamment à un projet d’envergure à l'échelle nationale, la Nano-Macro

Materials, Devices and System Research Alliance, qui implique depuis 2010 et pour 6 ans quatre

autres instituts d'universités leaders au Japon (le Research Institute of Electronic Science de

l'Université d'Hokkaido, le Chemical Resources Laboratory du Tokyo Institute of

Technology, l'Institute of Science and Industrial Research de l'Université d'Osaka et l'Institute for

Materials Chemistry and Engineering de l'Université de Kyushu), pour le développement de nouveaux

matériaux, systèmes et appareils basés sur le concept de "fusion de l'échelle nanoscopique à l'échelle

macroscopique". Il appartient également au Network Joint Research Center for Materials and Devices

in Japan, et est très impliqué dans la reconstruction du Tohoku après le désastre de 2011.

L’Université du Tohoku est en effet le principal acteur d’un projet lancé et soutenu par le MEXT et

l’Agence de Reconstruction intitulé Tohoku Innovative Materials Technology Initiatives for

Reconstruction doté d’un budget de 800 millions de yens par an et visant à mettre les compétences

de l’Université en matière de recherche sur les matériaux au service de la reconstruction de la région.

L’Université du Tohoku comporte également un centre appelé Tohoku University Material Solutions

Center dont la construction a été financée principalement par le METI dans le cadre de subventions

accordées à la création d’infrastructures pour le développement de technologies industrielles, ainsi

que par plusieurs instituts de l’Université incluant l’IMRAM et l’IMR. Ses thématiques de recherche

sont l’énergie, l’électronique et l’infrastructure sociale. L’institut mène plus de quinze projets,

notamment sur les nanomatériaux supercritiques, des méthodes de synthèse de nouveaux

phosphores pour les diodes blanches, des tôles d’acier innovantes, ou encore des matériaux et

technologies pour les batteries et les piles à combustible.

L’Université du Tohoku est également très active sur la scène internationale, et entretient

notamment depuis plus de 25 ans des relations avec l’INSA Lyon et l'Ecole Centrale de Lyon, qui se

sont concrétisées en 2004 avec la double création d’un bureau de liaison de l’Université du Tohoku à

l’INSA Lyon – élargi en 2015 à l’Université de Lyon – et d’un bureau de liaison de l'Université de Lyon

à l’Université du Tohoku. Ces relations ont mené à la création d’un Laboratoire International Associé

et d’une Unité Mixte Internationale, qui seront détaillés en quatrième partie de ce rapport. Par

Page 23: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

21

ailleurs, les villes de Sendai et Rennes étant jumelées, il existe des échanges scientifiques entre

l’Université du Tohoku et l’Université de Rennes.

b- Université de Tokyo

L’université de Tokyo est considérée comme la meilleure université du Japon tous critères confondus,

que ce soit par le niveau de ses élèves, la performance de sa recherche ou sa capacité à mobiliser des

financements publics ou privés. Elle se place au 20ème rang du classement du Shanghai Academic

Ranking of World Universities de 201613, en tête des universités asiatiques. Elle est présidée par le

Professeur Makoto Gonokami.

L’Université de Tokyo compte deux départements centrés sur les sciences des matériaux :

- Le Department of Materials Engineering revendique trois axes de recherches que sont le

design de matériaux (conception et caractérisation de matériaux), le design pour les

matériaux (utilisation des matériaux respectueuse de l’environnement) et le design avec des

matériaux (sélection de matériaux pour le recyclage, la gestion des déchets et autres

questions environnementales) ;

- Le Department of Advanced Material Sciences explore les degrés de liberté des sciences des

matériaux au travers d’approches microscopiques et macroscopiques à l’aide de six

laboratoires (physique appliquée, nouveaux matériaux et interfaces, design et traitement de

matériaux, science des matériaux fonctionnels en collaboration avec le RIKEN et physique de

l’état solide en collaboration avec l’Institute for Solid State Physics de l’Université de Tokyo).

c- Tokyo Institute of Technology (TITech)

Le Tokyo Institute of Technology est très actif dans le domaine des matériaux, et certaines de ses

équipes de recherche sont à l’origine de découvertes révolutionnaires. On peut notamment citer le

Professeur Hideo HOSONO, lauréat du Japan Prize en 2016, qui a découvert des supra-conducteurs à

base de fer14 et est à la pointe de la recherche sur les oxydes semi-conducteurs transparents15. Le

Professeur HOSONO est à la tête d’un projet financé par la JST sur 10 ans (2012-2021) et visant à

établir des méthodes de design de matériaux électroniques innovants utilisant des métaux usuels tels

que l’aluminium, le silicium, le fer, le calcium, le sodium, le potassium, le magnésium ou encore le

titane. Des équipes du TITech mènent également des recherches sur des matériaux utilisant des

hydrides et des anions métalliques ou encore un électrure inorganique dopé au rutile comme

catalyseur pour la synthèse de l’ammoniac.

Le TITech comporte plusieurs départements consacrés à la recherche sur les matériaux, les plus

notables étant :

13

http://www.shanghairanking.com/ARWU2016.html 14

Iron-Based Layered Superconductor La[O1-xFx]FeAs (x = 0.05–0.12) with Tc= 26 K, Kamihara, Y.; Watanabe, T.; Hirano, M.; Hosono, H. (2008), Journal of the American Chemical Society. 130 (11): 3296–7 15

Room-temperature fabrication of transparent flexible thin-film transistors using amorphous oxide semiconductors, Nomura, K.; Ohta, H.; Takagi, A.; Kamiya, T.; Hirano, M.; Hosono, H. (2004), Nature. 432 (7016): 488

Page 24: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

22

- Le Department of Chemistry and Materials Science cherche à clarifier la structure, les

fonctions et les caractéristiques des matériaux en remontant au processus de leur

formation ;

- Le Department of Materials Science and Engineering développe et analyse de nouveaux

matériaux pour des applications technologiques diverses ;

- Le Department of Innovative and Engineered Materials regroupe des spécialistes des sciences

de matériaux inorganiques, de la métallurgie et de la chimie appliquée.

d- Université de Kyoto

L’Université de Kyoto, présidée par le Professeur Juichi YAMAGIWA, est elle aussi une université

d’excellence au Japon. Comme pour l’Université de Tokyo, deux départements y sont consacrés à

l’étude des matériaux :

- Le Department of Materials Science and Engineering travaille à transformer les éléments en

abondance sur Terre en des matériaux innovants, mais aussi à développer de nouveaux

matériaux dès l’échelle atomique, et a été désigné par la JSPS comme un Centre d’Excellence

du 21ème Siècle (COE)16 ;

- Le Department of Materials Chemistry travaille à découvrir les propriétés des molécules qui

composent les substances, ainsi que de nouvelles propriétés et structures pour tous types de

matériaux (organiques, inorganiques, polymères, nanomatériaux).

e- Université d’Osaka

L’Université d’Osaka, présidée par le Professeur Shojiro NISHIO, comporte deux divisions étroitement

liées aux sciences des matériaux :

- La Division of Materials and Manufacturing Science, qui développe des matériaux avancés

destinés à l’industrie des transports, de l’électronique et de la construction ainsi que leurs

procédés de fabrication.

- La Division of Mechanical, Materials and Manufacturing Science.

De plus, un des instituts de l’Université, l’Institute of Scientific and Industrial Research, comporte une

division Advanced Materials and Beam Science dont les activités concernent des domaines tels que

les matériaux fonctionnels quantiques, les matériaux et procédés semi-conducteurs, les matériaux

durs avancés, les matériaux d’interconnexion avancés ou encore la dynamique des états solides

excités. Il appartient également au Network Joint Research Center for Materials and Devices in Japan.

16

Ce programme, administré par le Docteur Leo ESAKI, lauréat du Prix Nobel de physique en 1973, distingue les universités où la recherche et l’enseignement sont de haute qualité.

Page 25: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

23

f- Université de Kyushu

L’Université de Kyushu, présidée par le Professeur Chiharu KUBO, est l’une des universités les plus

actives du Japon en termes de recherches sur les matériaux. En plus du WPI International Institute for

Carbon-Neutral Energy Research (I2CNER) évoqué précédemment, elle abrite un institut de recherche

consacré à l’étude et à la création de matériaux mous tels que les cristaux liquides ou les polymères,

et à l’application de leurs propriétés à des matériaux présentant des fonctions électroniques et

photoniques avancées, appelé Institute for Materials chemistry and engineering. Cet institut

appartient également au Network Joint Research Center for Materials and Devices in Japan.

L’université compte également un département majeur, le Department of Materials Science and

Engineering, consacré à la recherche sur les métaux structurels tels que l’acier, l’aluminium, le titane,

les alliages de magnésium, et certains matériaux fonctionnels comme les céramiques et les semi-

conducteurs.

Un chercheur de l’Université de Kyushu, le Professeur Chihaya ADACHI, a reçu le Japan Research

Front Award 2016 pour sa contribution à la recherche sur les propriétés des diodes

électroluminescentes organiques fluorescentes et leurs applications17.

3- Entreprises japonaises

La plupart des grandes entreprises japonaises, que ce soit dans le domaine de l’électronique, de

l’automobile ou encore de la production d’acier, ont besoin d’une recherche de pointe en science et

technologies des matériaux afin de rester compétitives. Ce paragraphe propose une vue d’ensemble

des thématiques traitées par les plus actives d’entre elles18.

Hitachi est l’entreprise qui publie le plus (462 articles) dans le domaine. Sa recherche sur les

matériaux se divise en deux thématiques : les matériaux avancés et le stockage de l’énergie. La

première couvre tout le spectre des classes de matériaux et comprend les matériaux organiques

(agents de traitement de surface, matériaux isolants, etc.), les matériaux composites (films

hautement thermoconducteurs, supraconducteurs à haute température, etc.), les métaux (poudres,

alliages et métaux de structure, etc.) et les matériaux inorganiques (verre, matériaux fluorescents,

catalyseurs, etc.). La seconde développe de nouveaux matériaux pour le stockage de l’énergie et

améliore les dispositifs de stockage existants, tout particulièrement les batteries Li-ion pour des

applications industrielles ou pour les véhicules hybrides. Hitachi est également très impliquée dans la

stratégie des éléments puisqu’elle joue un rôle important dans le recyclage des aimants et matériaux

contenant des terres rares.

Le constructeur automobile Toyota est lui aussi très actif (436 articles) puisqu’il travaille sur tous les

matériaux entrant dans la fabrication de ses véhicules. Cela inclut les peintures et traitements de

surface, notamment antirouille, les matériaux organiques (plastiques, polymères et caoutchoucs,

17

Selon Thomson-Reuters http://thomsonreuters.com/en/press-releases/2016/july/japan-scientists-are-leading-global-research-in-eight-emerging-areas.html 18

Données portant sur le nombre de publications, excluant les brevets, entre 2011 et 2016, rassemblées grâce à l’outil analytique Scival Trends.

Page 26: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

24

tissus, adhésifs, isolants soniques, etc.), les métaux (fer et acier, alliages légers, frittage, etc.), les

catalyseurs et adsorbants pour pots d’échappement, les matériaux tribologiques (matériaux glissants,

matériaux de friction et huiles, etc.), les matériaux fonctionnels (verres et céramiques, matériaux

électroniques pour les capteurs et systèmes embarqués, etc.), ou encore les matériaux pour les

batteries, particulièrement les alliages de lithium. Le site internet du constructeur recense les

innovations majeures sur ces matériaux depuis les années 1950.

Toshiba est également un acteur industriel important dans le domaine des matériaux (294 articles).

Sa filiale Toshiba Materials Co., Ltd., forte d’un capital de 480 millions de yens et de 405 employés

en avril 2013, a été créée en 2003 afin de rassembler toutes les activités du groupe sur les matériaux.

Elle développe et fabrique des matériaux pour l’environnement, les sciences médicales et

l’information et la technologie. Cela inclut notamment des céramiques fines, des produits du

phosphore et des métaux à haute pureté (matériaux magnétiques, tungstène et molybdène, alliages,

etc.)

Le groupe Mitsubishi est lui aussi très présent. Sa filiale Mitsubishi Heavy Industries (136 articles),

qui fabrique de nombreux matériaux, pièces et systèmes pour l’industrie aéronautique et spatiale,

les transports terrestres et maritimes, les énergies renouvelables, les batteries, etc., a ouvert en 2015

un nouveau centre de recherche comportant un département consacré à la recherche sur les

matériaux. Il possède également une filiale nommée Mitsubishi Materials qui s’intéresse

principalement aux matériaux à couche mince, aux matériaux pour l’électronique et l’électronique de

puissance et aux métaux, mais également au recyclage des mines urbaines.

Parmi les autres entreprises japonaises majeures, on peut citer les producteurs de matériel tubulaire

pétrolier et de pièces en acier pour la construction et les transports Nippon Steel & Sumitomo Metal

Corporation (283 articles) et JFE Steel Corporation (198 articles). On trouve également le leader du

marché japonais des télécommunications Nippon Telegraph & Telephone (NTT) (217 articles) qui

travaille principalement sur les matériaux en couche mince (semi-conducteurs à large écart

énergétique et à base d’oxydes), les nanomatériaux de faible dimension pour l’électronique

(nanotubes de carbone, graphène, etc.), et les matériaux pour les bio nanotechnologies.

IV- Acteurs et projets de la collaboration franco-japonaise

1- Unités Mixtes Internationales (UMI)

a- Une UMI spécialisée dans les matériaux de structure : ELyTMaX

Les liens entre Université de Lyon, l’Université du Tohoku et le CNRS se sont renforcés en 2016 avec

l’inauguration le 4 octobre d’une UMI appelée Engineering Science Lyon – Tohoku for Materials and

Systems under Extreme Conditions (ELyTMaX). Dirigée par le Professeur Kazuhiro OGAWA (Université

du Tohoku) et le Professeur Jean-Yves CAVAILLÉ (INSA Lyon), et s'appuyant sur la densité et la qualité

des échanges entre ces établissements, elle est la première unité mixte internationale au monde à

Page 27: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

25

avoir comme partenaire une COMUE (Communauté d'Universités et Etablissements), et la première

également ayant pour thématique les matériaux de structure.

Les recherches qui y sont menées sur le comportement des matériaux sous des conditions complexes

et/ou extrêmes (pression, température, irradiation, corrosion, etc.) trouvent des applications aussi

bien en ingénierie qu’en biomédecine. En vue de la création de cette UMI, trois enseignants-

chercheurs de l’INSA Lyon se sont installés à Sendai en 2016. La création de ce laboratoire devrait

mener à la création d’un second laboratoire en France qui constituerait l’unité miroir d’ELyTMaX.

Située à Sendai, ELyTMax est ainsi la première UMI au Japon localisée hors du Kanto (la région de

Tokyo) et la principale structure de coopération internationale de l’Université du Tohoku.

b- Laboratory for Innovative Key Materials and Structures (LINK)

Le Laboratory for Innovative Key Materials and Structures (LINK) est une Unité Mixte Internationale

(UMI 3629) ayant pour partenaires le CNRS, Saint-Gobain, l’Université de Rennes 1 et le National

Institute for Materials Science (NIMS). L’UMI LINK est dirigée par le Docteur Fabien GRASSET (CNRS),

par David LECHEVALIER (Saint-Gobain) et par le Docteur Tetsuo UCHIKOSHI (NIMS).

L’UMI LINK est le fruit d’une longue collaboration entre Saint-Gobain et le NIMS d’un côté, et

l’Institut des Sciences Chimiques de l’Université de Rennes 1 de l’autre (plus de 35 publications en

commun depuis 2001). Concrétisation d’une lettre d’intention (LOI) entre le CNRS, Saint-Gobain et le

NIMS signée le 07 juin 2013, elle a été créée le 1er janvier 2014 et le laboratoire a été inauguré le 28

octobre de la même année pour une durée de contrat de 5 ans renouvelable (2014-2018). L’UMI

LINK compte 2 membres permanents, 4 non-permanents, 2 doctorants et 1 chercheur post-doc

contractuel.

L’UMI est hébergée dans les locaux du NIMS à Tsukuba, plus spécifiquement au sein du NIMS-Saint-

Gobain Center of Excellence for Advanced Materials, collaboration mise en place entre le NIMS et

Saint-Gobain depuis 2010. Il est prévu que l’Université de Rennes 1, partenaire privilégié de cette

collaboration, soit labellisée « site miroir », c’est-à-dire une antenne de l’UMI située en France et

favorisant l’accueil des chercheurs japonais. L’université de Rennes et le NIMS ont signé des accords

de collaborations scientifiques (2010-2020) et d’échanges d’étudiant (2013-2018).

Les différents partenaires organisent tous les ans depuis 2011 un workshop commun avec une

alternance de localisation (France/Japon) avec le soutien financier de la JSPS et du MAEDI.

L’objectif de l’UMI LINK est de créer et de synthétiser de nouveaux matériaux et de caractériser leurs

propriétés chimiques et physiques en vue d’une utilisation ultérieure pour des applications

industrielles dans des domaines d’intérêt pour Saint-Gobain notamment. Les axes de recherche

définis par l’UMI pour y parvenir sont les suivants :

- les matériaux pour l’énergie et l’environnement,

- les matériaux pour l’habitat et la construction,

- les couches minces multifonctionnelles et leurs propriétés optiques,

- la catalyse et la modification de surface.

Page 28: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

26

L’importante complémentarité des partenaires est particulièrement mise à profit dans les projets de

recherche développés. Notamment, elle permet la création d’une synergie importante entre les

compétences en chimie apportées par le CNRS et l’Université de Rennes 1, les techniques de

caractérisation hors normes disponibles au NIMS et les applications industrielles dans les produits du

groupe Saint-Gobain. Un des projets de recherche menés par L’UMI LINK concerne par exemple les

voies de synthèse et techniques de caractérisation de nouveaux matériaux nanocomposites à base

de clusters de métaux de transition et oxydes. A ce titre, la première cellule solaire hybride

inorganique à base de clusters hexanucléaire de molybdène a été fabriquée en 201619 et en parallèle

le potentiel applicatif du procédé de dépôt par « Electrophoretic Deposition » de couches actives de

clusters nanométriques a été démontré sur des substrats de verres conducteurs 20 (surface

fonctionnalisée par de l’ITO). Par ailleurs, le rôle que pourraient jouer à long terme ces clusters pour

le remplacement des luminophores rouges à base de terres rares a également été étudié21.

2- Laboratoires Internationaux Associés (LIA)

a- Engineering and Science Lyon-Tohoku Laboratory (ELyTLab)

Par ailleurs, l’Université du Tohoku, l’INSA Lyon, l’Ecole Centrale de Lyon, l'Université Claude Bernard

(Lyon 1), l'Ecole Nationale d'Ingénieurs Saint Etienne et le CNRS ont inauguré le 2 décembre 2008 le

Laboratoire International Associé (LIA) Engineering and Science Lyon-Tohoku Laboratory (ELyTLab),

afin de dynamiser les échanges entre ces établissements dans cinq domaines : biosciences et

ingénierie, fiabilité et durabilité dans les systèmes de transport d’énergie, mécanique des fluides et

thermique, tribologie, nanomatériaux et nanosystèmes. Ce laboratoire permet de réaffirmer la

collaboration académique entre ces établissements, mais aussi la coopération entre la région Rhône-

Alpes, la Métropole de Lyon et la préfecture de Miyagi. Coordonné par le Professeur Jean-Yves

CAVAILLE (INSA Lyon), le Docteur Philippe KAPSA (Ecole Centrale de Lyon) et le Professeur Tetsuo

SHOJI (Université du Tohoku), le laboratoire a été renouvelé pour quatre ans en décembre 2012. Le

LIA se réunit tous les ans autour de son workshop, organisé alternativement en France et au Japon,

rassemblant une centaine de participants.

Une nouvelle structure nommée ELyTGlobal est actuellement en projet pour succéder au LIA ElyTLab.

Cette nouvelle structure, destinée à élargir le réseau de la collaboration potentiellement à des

équipes européennes et asiatiques. Menée par une équipe renouvelée constituée de Tetsuya

UCHIMOTO (Université du Tohoku), Julien FONTAINE (Ecole Centrale de Lyon) et Damien FABREGUE

(INSA Lyon), elle aura pour partenaire privilégié l’UMI ELyTMaX.

19

Inorganic Molybdenum Clusters as light-harvester in all inorganic solar cells: a proof of concept, A. Renaud et

al., ChemistrySelect, 1, vol. 1-10, p. 2284-2289, 2016. 20

Fabrication of Transparent Thin Film of Octahedral Molybdenum Metal Clusters by Electrophoretic Deposition,

T.K.N Nguyen et al.,ECS J. Solid State Sci. Technol., vol. 5-10, p. 178-186, 2016. 21

Visible Tunable Lighting System Based on PVP Composites Embedding ZnO Nanocrystals and Metallic Clusters:

from Colloids to Thin Films, T.G. Truong et al., Sci. Technol. Adv. Mater., vol. 17-1, p. 443-453, 2016.

Page 29: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

27

b- Néel Institute – NIMS for Nanoscience and Energy for the Future (3N-Lab)

Le laboratoire Néel-NIMS for Nanosciences and Energy for the Future (3N-Lab) est un Laboratoire

International Associé entre l’Institut Néel22 à Grenoble et le National Institute for Materials Science

(NIMS) à Tsukuba. Il est coordonné par le Docteur Etienne GHEERAERT (Institut Néel) et par le

Docteur Satoshi KOIZUMI (NIMS).

La collaboration entre le NIMS et l’Institut Néel a débuté il y a plus de 20 ans par des séjours de

longue durée de chercheurs permanents. Cette initiative a été suivie d’échanges d’étudiants entre les

équipes de recherche à raison de 1 à 4 par an. Cette collaboration entre dans le cadre d’un accord

entre le NIMS et le CNRS, qui s’est vu renforcé le 30 septembre 2014 par un accord entre le NIMS et

le campus GIANT (Grenoble Innovation for Advanced New Technologies). Le LIA a été lancé le 1er juin

2015 pour une durée de 4 ans. Il a été inauguré le 26 février 2016 à Tsukuba.

Le LIA 3N-Lab vise à renforcer et développer les collaborations entre les domaines scientifiques

suivants :

- les matériaux supraconducteurs,

- les matériaux semi-conducteurs (notamment le diamant) pour des applications en

électronique,

- les matériaux magnétiques (aimants permanents sans terres rares),

- les champs magnétiques intenses.

Le NIMS et l’institut Néel sont fortement complémentaires dans tous ces domaines de recherche.

C’est par exemple le cas du diamant en couche mince pour lequel le NIMS est leader mondial, tandis

que l’Institut Néel est très performant dans les interfaces entre le diamant et les métaux et oxydes.

Ces thématiques de collaboration ont déjà permis la publication de nombreux articles communs,

notamment grâce au soutien de programmes franco-japonais tels que le Partenariat Hubert Curien

(PHC) Sakura, ou le programme JSPS-CNRS. Le LIA 3N-Lab espère explorer de nouvelles pistes de

collaboration dans le futur, notamment sur le photovoltaïque, les propriétés des matériaux sous

haute pression et la magnétoscience.

c- NextPV

Le laboratoire NextPV, lancé en septembre 2012, est codirigé par le Professeur Yoshitaka OKADA

(Research Center for Advanced Science and Technology (RCAST-UT) de l’Université de Tokyo)

côté japonais et par le Docteur Jean-François GUILLEMOLES (Electricité de France et Ecole

Nationale Supérieure de Chimie de Paris-Chimie ParisTech) jusqu’en septembre 2016. Ses autres

partenaires sont le CNRS, l’Ecole Polytechnique, l’Ecole Supérieure d'Electricité de Gif-sur-Yvette,

l’Université de Bordeaux, l’Institut Polytechnique de Bordeaux, l’Université Versailles-Saint-

Quentin-en-Yvelines, Université Paris Sud 11, l’Université Paul Sabatier et l’Institut National

Polytechnique de Toulouse.

22

Laboratoire de recherche fondamentale en physique de la matière condensée conjoint entre le CNRS et l’Université de Grenoble-Alpes.

Page 30: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

28

Les activités de recherche du laboratoire sont centrées sur les cellules organiques et hybrides

basées sur des hétérostructures III-V, pour lesquelles le développement de nouveaux matériaux

est essentiel au contournement des limites actuelles d’efficacité. Pour cela, NextPV utilise la

modélisation de matériaux et de systèmes pour quantifier la stabilité des surfaces et interfaces,

le transport de la chaleur ou encore l’interaction avec les photons. Le laboratoire emploie

également des méthodes de caractérisation basées sur la photoluminescence,

l’électroluminescence et le courant photoélectronique, ainsi que des méthodes optiques telles

que l’ellipsométrie et la réflectance.

NextPV innove également au-delà de la structure des cellules ; il étudie en effet un projet de

ballons solaires flottant au-dessus des nuages23 afin de bénéficier d’un ensoleillement maximal

et utilisant des piles à combustible pour produire de l’électricité de jour comme de nuit. Durant

la journée, des cellules photovoltaïques issues de la recherche de NextPV produiraient de

l’électricité dont une partie chargerait la pile à combustible, rejetant du dihydrogène à l’intérieur

du ballon. La pile prendrait alors le relai la nuit, utilisant le dihydrogène contenu dans le ballon et

le dioxygène de l’atmosphère pour produire de l’électricité.

d- Impacting materials with light and electric fields and watching real time dynamics

(IM LED)

Le laboratoire Impacting materials with light and electric fields and watching real time dynamics

(IM LED) sera lancé le 1er janvier 2017. Co-dirigé par le Professeur Eric COLLET (Université de Rennes

1) et le Professeur Shinichi OKOSHI (Université de Tokyo), il implique en outre le CNRS, l’Université de

Nantes, l’Université du Maine et l’Université de Versailles - Saint-Quentin du côté français, et

l’université de Kyoto, l’Université du Tohoku et le Tokyo Institute of Technology du côté japonais.

Les activités de recherche d’IM LED seront concentrées sur la commutation ultra-rapide de la

fonctionnalité d’un matériau par un flash de lumière et/ou un champ électrique ultra-bref. Bien

qu’elles soient menées très en amont, elles trouveront des applications industrielles dans le domaine

des dispositifs ultra-rapides de commutation et de stockage d’information.

3- Autres groupements de recherche internationaux

a- GRDI Matter in extreme conditions: from material science to planetary physics

Le Groupement de Recherche International (GDRI) Matter in extreme conditions: from material

science to planetary physics, créé en janvier 2014 pour 4 ans et coordonné par Michel KOENIG (Ecole

Polytechnique), implique de nombreux autres partenaires français (CNRS, Observatoire de Paris,

Université Paris Diderot, Université Pierre et Marie Curie, Institut de Recherche et Développement

(IRD), Museum National d’Histoire Naturelle) et japonais (l’Université d’Osaka (Graduate School of

Engineering), l’Université d’Ehime (Geodynamic Research Center), l’Université d’Hiroshima (Graduate

23

Plus d’informations sur https://lejournal.cnrs.fr/billets/et-si-faisait-planer-le-solaire

Page 31: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

29

School of Science), le RIKEN (X-ray Free Electron Laser)), mais aussi européens (Université d’Oxford au

Royaume-Uni et Université de Rostock en Allemagne).

Ses recherches portent sur les propriétés des matériaux sous des conditions de pression et de

température extrêmes, notamment par compression dynamique et chauffage isochore, et utilisent

pour cela des lasers de puissance.

b- Nikon-Essilor International Joint Research Center (NEIJRC)

Nikon Corporation au Japon et Essilor International S.A. en France collaborent depuis plus de 15 ans

sur les matériaux pour l’optique. Cette coopération s’est concrétisée en mars 2009 avec la création

d’une joint-venture appelée Nikon and Essilor International Joint Research Center Co. Ltd. (NEIJRC)

qui concentre ses recherches sur des technologies innovantes et de rupture issues des expertises

respectives des deux sociétés : l'optique ophtalmique pour Essilor et les appareils photo pour Nikon.

Forte d’un capital de 200 millions de yens, elle a aujourd’hui pour président le Docteur Katsuhiko

MURAKAMI (Nikon) et pour vice-président Jean-Philippe LAUNAY (Essilor).

Un séminaire24 a rassemblé en juin 2015 les partenaires du NEIJRC (le NIMS, le CNRS, l’UMI

Laboratory for Integrated Micro-Mechatronic Systems (LIMMS) et l’Institute of Industrial Science de

l’Université de Tokyo afin de présenter les innovations scientifiques et techniques dans le domaine

de la recherche sur les matériaux pour l’optique. Des sujets tels que la nano-photonique (dont les

boîtes quantiques, les méta-matériaux, etc.), les systèmes micro-électromécaniques (MEMS)

optiques ou encore les matériaux intelligents et multifonctionnels ont été abordés.

4- Programmes et projets franco-japonais

a- Projets internationaux de collaboration scientifique (PICS)

Un Projet International de Collaboration Scientifique (PICS) est un projet scientifique établi

conjointement par deux équipes de recherche, l’une au CNRS et l’autre à l’étranger, en l’occurrence

au Japon. Destiné en priorité aux chercheurs de moins de 45 ans et d’une durée de trois ans, il vise à

consolider et formaliser une coopération bilatérale ayant déjà donné lieu à des publications

communes. Deux projets de ce type axés sur les sciences des matériaux sont en cours. Le premier,

coordonné sur la période 2015-2017 par Emmanuel GUILMEAU (Laboratoire de cristallographie et

sciences des matériaux de l’Ecole Nationale Supérieure des Ingénieurs de Caen) et Mitsuhiro OKADA

(Research Institute for Ubiquitous Energy Devices de l’AIST), concerne les matériaux siliciures pour

des applications thermoélectriques. Le second, coordonné sur la période 2016-2018 par le Docteur

Jean-René DUCLERE (Laboratoire Science des Procédés Céramiques et de Traitements de Surface

(SPCTS)) et le Professeur Tomokatsu HAYAKAWA (Nagoya Institute of Technology (NITECH)), se

focalise principalement sur l'étude des matériaux conducteurs ioniques à structure apatitique, ainsi

que des matériaux tellurites pour l’optique non linéaire.

24

http://www.ambafrance-jp.org/Seminaire-franco-japonais-Materiaux-pour-l-optique

Page 32: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

30

Deux autres PICS concernant les matériaux ont été menés entre 2013 et 2015. Le premier,

coordonné par le Docteur Fabien GRASSET (Institut des sciences chimiques de Rennes) et le Docteur

Naoki OHASHI (Environment and Energy Materials Division du NIMS), s’intéressait aux synthèses et

caractérisations de nouveaux matériaux fonctionnels non-oxydes. Le second, coordonné par le

Docteur François DEBRAY (Laboratoire National des Champs Magnétiques Intenses de Grenoble) et le

Professeur Kazuo WATANABE (High Field Laboratory for Superconduction Materials de l’Université du

Tohoku), concernait le développement des méthodes de production des champs magnétiques

intenses et de la magnétoscience.

b- Projets de Recherche Conjoints (PRC)

Les Projets de Recherche Conjoints (PRC) sont financés dans le cadre d’accords entre le CNRS et une

agence de financement ou de recherche étrangère, en l’occurrence la Japan Society for the

Promotion of Science (JSPS), pour une durée de deux ans. Un projet de ce type est en cours (2015-

2016) entre le Docteur Sylvie CASTAGNET de l’Institut P' : Recherche et Ingénierie en Matériaux,

Mécanique et Energétique du Futuroscope et le Docteur Shin NISHIMURA du Research Center for

Hydrogen Industrial Use and Storage de l’Université de Kyushu sur l’analyse multi-échelles des

mécanismes d'endommagement de polymères activés sous haute pression d'hydrogène.

Un autre PRC concernant les matériaux a été mené entre 2014 et 2015 par le Docteur Tsuyoshi KATO

du Laboratoire Hétérochimie Fondamentale et Appliquée (LHFA) de l’Université Paul Sabatier de

Toulouse et le Docteur Daisuke HASHIZUME de la Materials Characterization Support Unit du Center

for Emergent Matter Science au RIKEN. Avant cela, un autre PRC a été mené entre 2013 et 2014 par

le Docteur Olivier Hernandez (Université de Rennes 1) et le Professeur Hiroshi KAGEYAMA (Université

de Kyoto) sur la nouvelle chimie des hydrures et les techniques avancées de diffusion/spectroscopie

sur grands instruments pour une caractérisation multi-échelle.

c- Partenariat Hubert Curien (PHC) Sakura

Ce partenariat, soutenu par le Ministère de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement supérieur et de

la Recherche (MENESR) et le Ministère des Affaires étrangères et du Développement International

(MAEDI) côté français et par la Japan Society for the Promotion of Science (JSPS) côté japonais, vise à

soutenir la coopération bilatérale entre jeunes chercheurs français et japonais, dans tous les

domaines scientifiques, y compris les sciences humaines et sociales. Le tableau ci-dessous recense

quelques projets consacrés aux matériaux.

Titre du projet Période

Nom du porteur de

projet français

Organisme du porteur de projet français

Nom du porteur de

projet japonais

Organisme du porteur de projet

japonais

Exploration of highly sensitive photoresponsive systems using cooperative assemblies and

2014-2015 Rémi METIVIER

Ecole Normale Supérieure de Cachan

Kenji MATSUDA

Université de Kyoto

Page 33: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

31

unconventional photoreactions

Investigation of novel boron-based materials for chemical hydrogen storage

2012-2013 Umit DEMIRCI

Université de Montpellier

Takayuki ICHIKAWA

Université d’Hiroshima

Force inference in cellular materials: from foams to tissues

2012-2013 François GRANER

Université Paris Diderot (Paris 7)

Shuji ISHIHARA

Université de Tokyo

Radical-based materials and molecular junctions : a multi-scale approach to electronic correlation

2012-2013 Vincent ROBERT

Université de Strasbourg

Masahisa TSUCHIIZU

Université de Nagoya

Investigation of the photodynamics of new photochromic materials based on hexaarylbiimidazole derivative

2009-2010 Michel SLIWA

Université de Lille

Jiro ABE Aoyama Gakuin University

Electroluminescence from nancrystalline Si - electroactive polymer composites

2007-2008

Thierry DJENIZIAN et Philippe KNAUTH

Université de Provence

Nobuyoshi KOSHIDA

Tokyo University of Agriculture and Technology

Production d'hydrogène à partir de matériaux photocatalytiques (oxy)nitrures actifs en lumière visible.

2006-2007 Franck TESSIER

Université de Rennes 1

Kazunari DOMEN

Université de Tokyo

Photo- and thermo-responsive molecular nanocrystals and optical property enhancement by hybridization with metal nanoparticles.

2005-2006 Keitaro NAKATANI

Ecole Normale Supérieure de Cachan

Tsuyoshi ASAHI

Université d’Osaka

Comportement des liquides sur des surfaces texturées

2004-2005 David QUERE

Ecole Supérieure de Physique et Chimie Industrielles

Ko OKUMURA

Université d’Ochanomizu

Page 34: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

32

d- Autres programmes et projets franco-japonais

La Japan Science and Technology Agency (JST) a annoncé en août 2016 le lancement de quatre

projets conjoints avec l’Agence Nationale pour la Recherche (ANR) dans le cadre du Strategic

International Collaborative Research Program (SICORP), un programme de collaboration sur des

thématiques stratégiques décidées par le MEXT sur la base d’ententes intergouvernementales

L’un de ces projets, mené par Yousoo KIM (Surface and Interface Science Laboratory, RIKEN) et

Sylvain CLAIR (Institut Matériaux Microélectronique Nanosciences de Provence, CNRS) s’intitule On-

surface synthesis of covalent networks with integrated optical functions et vise à créer des surfaces

photoactives ayant certaines propriétés optiques. Ces recherches auraient à long terme des

applications dans les domaines des systèmes émetteurs de lumière, les membranes intelligentes, les

surfaces chirales, le photovoltaïque et la mémoire moléculaire.

L’Université Waseda, l’Université de Montpellier 2, l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de

Montpellier et la Fondation Pôle Balard ont signé en 2012 un mémorandum d’entente afin de

renforcer et d’amplifier les collaborations existantes dans le domaine des matériaux nanoporeux et

nanostructurés pour l’énergie, l’environnement et la santé. Cette coopération a donné lieu à un

séminaire sur ces thématiques en septembre 2013.

Dépassant le cadre franco-japonais, un programme de coopération internationale entre les

universités japonaises et des établissements du monde entier sur les échanges scientifiques et

pédagogiques nommés International Training Program (ITP) ont également été lancés par la Japan

Society for the Promotion of Science (JSPS) à partir de 2007. Le programme, d’une durée de 3 ans, a

financé une dizaine de projets par an à hauteur de 20 millions de yens par an pendant 5 ans. Deux

des projets entrant dans le cadre de ce programme en 2009 étaient centrés sur les sciences des

matériaux ; l’un intitulé Step-up Educational Program for Young Bio-Material Scientists on an

International Training Network et mené par le Nara Institute of Science and Technology, l’Université

Paul Sabatier à Toulouse, L’Ecole Polytechnique et l’Université de Californie et le second intitulé

Japan-Europe-US International Training Program for Young Generation in Molecular Materials

Science for Development of Molecular Devices et mené par le Tokyo Institute of Technology, l’iCeMS,

l’Université de Nagoya, le Kyushu Institute of Technology, les National Institutes of Natural Sciences

au Japon et par l’Université de Rennes, la Florida State University et l’Université de Durham au

Royaume-Uni.

Page 35: Les matériaux au Japon : principaux acteurs et projets

33

Conclusion

Le gouvernement japonais considère la recherche sur les matériaux comme hautement stratégique,

comme le montrent les nombreux projets lancés tant à l’échelle nationale que dans le cadre de

collaborations avec des équipes étrangères (y compris françaises) et financés par les agences

gouvernementales. Ces projets, ainsi que les importants moyens alloués aux instituts de recherche

majeurs, permettent au Japon de rester, comme la France, très compétitif et innovant dans le

domaine des matériaux et de leurs applications. Les deux pays ayant des compétences très proches

et souvent complémentaires, les nombreux exemples de la coopération sur la recherche sur les

matériaux se sont montrés fructueux et durables.

Parmi les thématiques prioritaires en France25 et au Japon, les matériaux issus de la biomasse en

remplacement des produits pétrochimiques, les matériaux pour l’énergie et l’amélioration de

l’efficacité énergétique, les matériaux pour l’imagerie médicale, la substitution et l’économie de

métaux rares, les semi-conducteurs, les matériaux pour l’optique et la photonique ainsi que les

nanomatériaux semblent les plus propices à des collaborations qui bénéficieraient aux deux pays.

25

D’après la contribution française sur les priorités scientifiques et technologiques au cadre stratégique commun de recherche et d’innovation « Horizon 2020 », consultable sur http://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/Espace_Europeen_de_la_Recherche/56/8/priorites_thematiques_fr_horizon_2020_195568.pdf