les ouvelles2015/09/01  · numéro 91 - septembre-octobre 2015 lettre d’information bimestrielle...

31
1 SOMMAIRE A la Une Drame des viols et indignation Orphelins, Mme Gorunescu Actualité International, Voisins Moldavie Politique Economie, Social Tribune, Photos d'actualité Société Evénements, Portrait Vie quotidienne Enseignement Santé, Minorités Sports, Nature Insolite Page photos Connaissance et découverte Littérature, livres Culture Cinéma Histoire Mémoire, Francophonie Echanges, tourisme Humour Abonnement Coup de coeur Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle L a Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau- vais élève de l'Europe. "Mais pourquoi ne pas parler, de temps à autre, des bons élèves?" se demande dans une tribune L'Opinion, pointant du doigt la réussite de la Roumanie: "Un pays au PIB comparable à celui de la Grèce qui se transforme à grande vitesse, offrant aux Balkans un contre-modèle de développe- ment". Et le quotidien de citer la vague anti-corruption sans précédent qui fait trem- bler l'establishment bucarestois sous l'impulsion des juges de la DNA. Il applaudit à cette révolution culturelle contre la "spaga", cette forme endémique de corruption qui a bloqué la plupart des grands projets d'infrastructure soutenus par Bruxelles. La Commission européenne reconnaît là une "formidable dynamique", langage pour le moins inhabituel dans ses austères rapports. Economiquement, en dépit de récents revirements, la Roumanie a avalé sans mot dire la potion du FMI. Résultat, la dette publique s'est stabilisée à 40% du PIB, le chômage est descendu sous la barre des 7%, et le FMI prévoit près de 3% de croissance l'année prochaine. Le constat ne manque pas de pertinence… même s'il souffre d'un oubli: la potion amère que le peuple roumain a dû ingurgiter ces dernières années, imposée par la troi- ka (FMI, Banque mondiale, UE), épargnant la nomenklatura et les oligarques. Certes, la Roumanie souffre encore de bien de maux, dont la pauvreté qui acca- ble une partie de sa population, mais aussi les vieilles mentalités qui handicapent son développement, découragent les initiatives. L'incompétence et la malhonnêteté de sa classe politique affectent gravement la confiance des Roumains en leur avenir. Pour autant, la Roumanie est entrée de plain pied dans l'Europe. Il suffit de mesu- rer le décalage existant avec les pays du Caucase qui aspirent tant à la rejoindre. Elle fait de plus en plus partie de sa normalité. Sa société se fond dans son paysage. Une opinion publique s'y crée, s'organise, se révolte, comme dernièrement devant la man- suétude réservée par la Justice aux violeurs d'une lycéenne. Une classe moyenne voit peu à peu le jour. Certes, elle apparaît encore comme privilégiée. Mais à la ville, on entend désormais les Roumains parler de leur projet pour le week-end; on s'y dépla- ce en vélo; les jeunes discutent de leur "Erasmus"; tout au long de l'année, manifes- tations culturelles et festivals se multiplient à travers le pays: rock, danse, cinéma... La Roumanie fait même l'évènement. En ce début septembre, le monde de la musique a les yeux tournés vers Bucarest et son festival Enescu. Le film Aferim, son message universel sur le racisme et l'intolérance, a obtenu l'Ours d'argent à Berlin. Et, en France, c'est une Roumaine de 17 ans qui a obtenu le prestigieux Premier prix du Concours général de philosophie, devant les meilleurs élèves français. Henri Gillet Et si on parlait de ce qui marche… 2 et 3 4 et 5 6 à 9 10 à 13 14 à 17 18 à 23 24 et 25 26 à 29 30 et 31 32 et 33 34 et 35 36 et 37 38 39 40 et 41 42 et 43 44 à 47 48 à 51 52 à 55 56 et 57 58 59 60 NOUVELLEs ROUMANIE Les de

Upload: others

Post on 30-Aug-2020

2 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

1

SOMMAIREA la Une

Drame des viols et indignation Orphelins, Mme Gorunescu

Actualité

International, Voisins MoldaviePolitiqueEconomie, SocialTribune, Photos d'actualité

Société

Evénements, PortraitVie quotidienneEnseignement Santé, MinoritésSports, Nature Insolite Page photos

Connaissance

et découverte

Littérature, livres Culture Cinéma HistoireMémoire, Francophonie Echanges, tourisme HumourAbonnementCoup de coeur

Numéro 91 - septembre-octobre 2015

Lettre d’information bimestrielle

La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais élève de l'Europe. "Mais pourquoi ne pas parler, de temps à autre, desbons élèves?" se demande dans une tribune L'Opinion, pointant du doigt

la réussite de la Roumanie: "Un pays au PIB comparable à celui de la Grèce qui setransforme à grande vitesse, offrant aux Balkans un contre-modèle de développe-ment". Et le quotidien de citer la vague anti-corruption sans précédent qui fait trem-bler l'establishment bucarestois sous l'impulsion des juges de la DNA. Il applaudit àcette révolution culturelle contre la "spaga", cette forme endémique de corruption quia bloqué la plupart des grands projets d'infrastructure soutenus par Bruxelles.

La Commission européenne reconnaît là une "formidable dynamique", langagepour le moins inhabituel dans ses austères rapports. Economiquement, en dépit derécents revirements, la Roumanie a avalé sans mot dire la potion du FMI. Résultat, ladette publique s'est stabilisée à 40% du PIB, le chômage est descendu sous la barredes 7%, et le FMI prévoit près de 3% de croissance l'année prochaine.

Le constat ne manque pas de pertinence… même s'il souffre d'un oubli: la potionamère que le peuple roumain a dû ingurgiter ces dernières années, imposée par la troi-ka (FMI, Banque mondiale, UE), épargnant la nomenklatura et les oligarques.

Certes, la Roumanie souffre encore de bien de maux, dont la pauvreté qui acca-ble une partie de sa population, mais aussi les vieilles mentalités qui handicapent sondéveloppement, découragent les initiatives. L'incompétence et la malhonnêteté de saclasse politique affectent gravement la confiance des Roumains en leur avenir.

Pour autant, la Roumanie est entrée de plain pied dans l'Europe. Il suffit de mesu-rer le décalage existant avec les pays du Caucase qui aspirent tant à la rejoindre. Ellefait de plus en plus partie de sa normalité. Sa société se fond dans son paysage. Uneopinion publique s'y crée, s'organise, se révolte, comme dernièrement devant la man-suétude réservée par la Justice aux violeurs d'une lycéenne. Une classe moyenne voitpeu à peu le jour. Certes, elle apparaît encore comme privilégiée. Mais à la ville, onentend désormais les Roumains parler de leur projet pour le week-end; on s'y dépla-ce en vélo; les jeunes discutent de leur "Erasmus"; tout au long de l'année, manifes-tations culturelles et festivals se multiplient à travers le pays: rock, danse, cinéma...

La Roumanie fait même l'évènement. En ce début septembre, le monde de lamusique a les yeux tournés vers Bucarest et son festival Enescu. Le film Aferim, sonmessage universel sur le racisme et l'intolérance, a obtenu l'Ours d'argent à Berlin. Et,en France, c'est une Roumaine de 17 ans qui a obtenu le prestigieux Premier prix duConcours général de philosophie, devant les meilleurs élèves français.

Henri Gillet

Et si on parlait de ce qui marche…2 et 3

4 et 5

6 à 9

10 à 13

14 à 17

18 à 23

24 et 25

26 à 29

30 et 31

32 et 33

34 et 35

36 et 37

38

39

40 et 41

42 et 43

44 à 47

48 à 51

52 à 55

56 et 57

58

59

60

NOUVELLEs

ROUMANIE

Les

de

Page 2: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2

A la Une Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

Un millier de jeunes Roumains et Moldaves sont arrivés dimanche 12 juilletà Bucarest pour demander la réunification de leurs deux pays. Ils étaientpartis sept jours auparavant à pieds de la capitale moldave, Chisinau.

Cette marche a été baptisée ''Etienne le Grand'', en l'honneur du seigneur le plus cha-rismatique de cette province qui, au Moyen Âge, réunissait l'actuelle Moldavie rou-maine et la République de Moldavie. Une délégation des participants de cette initiati-ve a été reçue au palais présidentiel de Cotroceni. ''Les plus récents sondages nousindiquent que plus de 52% des Moldaves sont en faveur de la réunification, a avancéla vice-présidente de la plateforme unioniste Action 2012, Iulia Modiga. Nous voulonsl'union de nos deux pays car il s'agit d'une réparation historique''.

Indignation

3

La marche d'Etienne le Grand

Fin juillet, la Roumanie s'est enflammée quand ausort réservé aux sept violeurs, âgés de 18 à 27 ans,d'une lycéenne de 18 ans. Les faits s'étaient passés

en novembre dernier. La jeune fille avait été traînée dans unchamp près de Valeni, un petit village du nord-est du pays (judVaslui), et abusée sauvagement pendant plusieurs heures Lesvioleurs présumés avaient été interpellés et maintenus endétention provisoire jusqu'en avril. Un tribunal local a alorsdécidé de les relâcher et de les assigner à domicile, mesurelevée en juin, remplacée par un simple contrôle judiciaire.

La clémence des juges, accompagnée d'une campagne dedénigrement de la victime lancée par les familles des violeurs- une mère s'est écriée que c'était inadmissible de condamner àdes années de prison un jeune "pour cinq minutes d'égare-ment" - a outré de nombreux Roumains. D'autant plus que l'i-dentité et des images montrant la jeune fille ont été diffuséespar des TV à scandales - Pro-TV et Antena 3 - malgré leursengagements de n'en rien faire.

Plusieurs organisations dedéfense des droits de l'Hommeont lancé une campagne bapti-sée "Brisons le silence sur lesviolences sexuelles", exhortantles autorités à s'impliquerdavantage dans la lutte contreles violences faites aux femmes- on parle de 2500 viols par an,soit un toutes les quatre heures.

En 72 heures, plus de300 000 Roumains avaient signé une pétition appelant à "arrê-ter et punir les violeurs", mettant en doute l'honnêteté desjuges à l'origine de ces décisions controversées. Le Conseilsupérieur de la magistrature (CSM) a ouvert une enquête pourvérifier si des "irrégularités" ont été commises par les procu-reurs et les juges impliqués dans ce dossier. Le procès des septvioleurs s’est finalement déroulé fin août. Reconnus coupa-bles, ils ont écopé de 6 à 9 ans de prison.

Le même drame à 70 km, pendant l'hiver 2011

Ce genre de drames se répète souvent dans l'est du pays,

notamment en milieu rural où on affiche une certaine complai-sance, comme le montre le calvaire enduré par une fillette de14 ans, violée par dix hommes en février 2011 dans la localitéde Gohor (judet de Galati), à seulement 70 km de Valeni.

La gamine avait été abordée dans la rue par une autre fillede 17 ans, Adriana Gabriela Zanoaga, ayant mauvaise réputa-tion, qui lui avait proposé d'aller écouter de la musique. Aprèsavoir fait quelques pas sur la route, une BMW surgissait et lafillette était alors tirée par les cheveux, jetée de force sur labanquette arrière et conduite dans un local.

Dix agresseurs, de 16 à 50 ans, dont les frères d'AdrianaGabriela Zanoaga, se succédèrent pour la violer pendant deuxjours, - sa "copine" l'immobilisant - lui faisant subir les piressévices, la battant, la tondant avec des ciseaux au fer rougeemployés pour les moutons. La fillette crut sa dernière heurearrivée. Profitant d'un moment d'inattention de ses tortionnai-res, elle réussit à s'échapper pour se réfugier chez elle, courant

presque totalement nue, sanschaussures, sur des cheminsverglacés, dans un froid gla-cial. Ses parents, qui imagi-naient le pire, la conduisirentimmédiatement au poste depolice… celle-ci mit 15 joursà avertir le Parquet.

Dès qu'il fut saisi, le tri-bunal de Galati, fit mettreimmédiatement les coupablessous les verrous, se montrant

inflexible, ne les relâchant pas jusqu'au procès et la sentencedéfinitive. Les peines prononcées allèrent de 15 à 7 ans, rame-nées en appel de 15 à 5 ans, dont 7 ans pour Adriana GabrielaZanoaga qui avait ourdi le traquenard. Les violeurs ont étéégalement condamnés à verser 20 000 lei à leur victime… soit450 euros chacun.

Lors du procès, des villageois de Gohor ont affirmé leursolidarité avec les familles des coupables, allant jusqu'à décla-ré que la fillette avait tout fait pour être violée. Ils déclenchè-rent un tel charivari dans la salle d'audience, criant que la vic-time voulait se venger en "brisant l'avenir" des garçons, que lejuge fut obligé de faire évacuer la salle.

Un viol aurait lieu toutes les quatre heures en Roumanie

Alors que la grande cathédrale orthodoxe deBucarest devrait être inaugurée dans les prochainsmois, la communauté musulmane de Roumanie

vient d'annoncer qu'une des plus grandes mosquées d'Europeserait construite quelque part dans le nord de la capitale. ''ÀBucarest, il existe une seule mosquée reconnue et 17 autres quifonctionnent sans autorisation, a affirméle grand Mufti de Roumanie, MuratIusuf. Nous, les musulmans autochtones,qui sommes nés et avons grandi dans cepays, nous n'avons aucun cimetière,même si nous sommes des contribuablescomme les autres''.

Ce grand centre religieux musul-man, qui comprendra également uneécole coranique, sera construit sur un ter-rain de 11 000 m2 situé derrièreRomexpo, mis à disposition par le gou-vernement. '' Il n'existe pas de risqueplus grand que d'attirer des étudiants musulmans dans notrepays'' a lancé l'ancien président Traian Basescu. . Cette crain-te est partagée par le philosophe Andrei Cornea, qui a estiméque l'''académie islamique'' qui sera érigée près de la mosquéereprésente une ''pépinière de terroristes''. Mais c'est justementcontre cet intégrisme que se propose de lutter le grand Muftide Roumanie, qui répond aux critiques en affirmant que cetteécole coranique n'aura en rien les dimensions d'une académie.

Il faut dire que plusieurs zones d'ombres planent sur pro-jet. La communauté musulmane de Roumanie compte moinsde 70 000 personnes, dont les trois-quarts vivent en

Dobroudja, la région du sud-est de la Roumanie. À Bucarest,ils sont environ 10 000, dont la moitié sont des étrangers venuspour les affaires ou les études. Quel est donc l'intérêt d'unetelle construction? ''Ce ne sont pas les musulmans deRoumanie qui ont sollicité la construction d'une grande mos-quée à Bucarest, mais la Turquie'', précise le politologue Radu

Carp dans les colonnes d’Adevarul.

La Turquie en toile de fond

La convalescence prolongée de VictorPonta en Turquie, à la suite d'une opéra-tion au genou, y est-elle pour quelquechose? Mais les discussions entreBucarest et Ankara existent depuis 2004.C'est la Turquie d'ailleurs qui va finan-cer l'ensemble des travaux. ''Il est clairque les Turcs veulent augmenter leurinfluence dans les Balkans, estime de

son côté le journaliste Sergiu Silviu. Et il ne faut pas oublierque le président turc, Recep Tayyip Erdogan, entretient de trèsbonnes relations avec Victor Ponta.

Un document officiel émis par le ministère des Affairesétrangères roumain en 2012 mentionne déjà le don d'un terrainà Bucarest pour la construction d'une grande mosquée. Il ajou-te que celui-ci se fait sur une ''base de réciprocité'' avec la par-tie turque. Mais qu'est-ce qu'a demandé la Roumanie enéchange ? Officiellement, rien. Et c'est justement ça qui déran-ge la majorité des commentateurs politiques roumains.

Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest)

Bucarest ne compte pourtant que 5000 musulmans

Après la grande Cathédrale… la grande Mosquée Le calvaire d'une lycéenne provoque un scandale national

Union

Iusuf Murat, grand mufti de Roumanie

Culte

Le projet de construction d'une mosquée pouvant accueillir 2000 croyants est sur le point d'être approuvé à Bucarest.L'intérêt d'un tel édifice pour une communauté qui vit dans sa grande majorité à plusieurs centaines de kilomètres à l'estde la capitale est cependant loin d'être justifié.

L'agriculture roumaine est for-tement touchée par la séche-resse et la canicule qui sévis-

sent depuis plusieurs mois, les pertes s'é-levant à 2 milliards d'euros, ont indiqué,début août, plusieurs associations d'agri-culteurs. Dans certains judets, il n'avaitpas plus depuis deux mois fin juillet,voire depuis fin avril. Les températuresn'ont pas baissé sous les 35 degrés enmilieu de journée, tout au long de l'été.La récolte des légumes d'automne étaitdéjà compromise à 90 % et il fallait s'at-tendre à une flambée des prix, lesconsommateurs se tournant sans-doutevers les légumes importés, au détrimentdes producteurs roumains.

Dans le judet de Constantsa, la moi-tié des récoltes était déjà détruite au15 juillet, dans celui de Gorj (Târgu Jiu),maïs et tournesol étaient menacés à100 %, s'il ne pleuvait pas avant la fin dumois. Par contre les céréales, ramassées àtemps n'avaient pas trop souffert.

"Entre 30% et 40% des cultures dansle sud et l'est de la Roumanie sont tou-chées, alors que l'année agricole avaitpourtant bien commencé", estimaitStefan Poienaru, président de l'Associa-tion des fermiers roumains, précisantqu'il s'agissait de "la sécheresse la plussévère depuis 2008". Il regrettait les"promesses non tenues" des autoritésquant à la remise en fonction du système

d'irrigation, qui couvre aujourd'hui àpeine 300 000 ha, contre 3,5 millionssous le régime communiste.

La sécheresse touchait aussi les hom-mes et le bétail, les puits se révélant à secdans plusieurs villages du sud du judet deGorj, l'approvisionnement en eau potablen'étant plus assuré. L'agriculture repré-sente 6% du Produit intérieur brut (PIB)du pays, l'un des plus pauvres de l'UE.

Interrogé par l'AFP, le ministère del'Agriculture a indiqué ne pas disposerd'une estimation globale des effets de lasécheresse… affirmant en outre que lapublication d'un bilan trop négatif pour-rait provoquer des "hausses artificiellesdes prix des produits".

La pire sécheresse et canicule depuis 2008

Arrivés libres au tribunal, les 7 violeurs ont pris la direction de la prison

Page 3: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

4

Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

D'après un récent rapport de l'ONG Centrul deResurse Juridice (CRJ), association roumaine dedéfense des droits fondamentaux, plus de 1300

enfants en situation de handicap ont trouvé la mort dans lesinstitutions les accueillant. Les autorités n'ont jamais crunécessaire de publier un document officiel se prononçant surles causes de ces décès mais, d'après les enquêtes menées parle CRJ, il s'agirait dans la majeure partie de décès causés pardes cas de pneumonie.

Cette information tragique a pour effet de réactiver lesimages effarantes des orphelinats roumains, diffusées dans lapresse étrangère au cours des années 1990. Ces images d'en-fants sales, maltraités, sanglés à leur lit avec du fil de ferrouillé, et présentant de graves pathologies physiques et psy-chiques. Ces hauts lieux de la maltraitance accueillaient desenfants fragiles, non voulus par leurs parents, mais que le régi-me dictatorial, soucieux de la démographie du pays, entassaitvisiblement dans un objectif purement statistique.

"Un camp de concentration tout près d'ici"

D'où viennent et que deviennent ces enfants aujourd'huiplacés dans les orphelinats de la Roumanie démocratique ? Denombreux observateurs extérieurs pointent le fait que lesenfants en situation de handicap sont fréquemment victimesd'abus en Roumanie. Des faits établis avec difficulté, étantdonné l'accès extrêmement limité àces centres d'accueil dont la presseet les associations bénéficient.

Réagissant au scandale, le CRJa lancé une campagne publique inti-tulée "Un camp de concentrationtout près d'ici" ("Lagarele de lângatine"), visant a sensibiliser lescitoyens roumains aux droits de l'en-fant et singulièrement aux besoin deprotection des enfants en situationde handicap, accueillis dans lesstructures concernées.

L'association apporte également son soutien à un projet deloi, présenté le 9 décembre dernier au Parlement, visant àréformer le système de prise en charge des enfants et des jeu-nes adultes présentant un handicap mental, et à instaurer uneautorité indépendante chargée de réaliser des visites dans lesstructures d'accueil.

Le CRJ fonde sa campagne sur des informations tirées deplus de 70 visites dans certains de ces centres. Le bilan estatterrant : les conditions de vies y sont dégradantes, marquées

par la malnutrition et la sous-nutrition, les difficultés d'accèsaux produits d'hygiène, l'usage de l'isolement comme punitionet des sédatif comme thérapie...

Au micro de l'édition roumaine de RFI, Georgiana Pascu,directrice du CRJ explique qu'une intervention extérieure estindispensable, dans la mesure où les enfants et les jeunesaccueillis dans ces structures ne sont pas en mesure de sedéfendre par eux-mêmes - par exemple en interpellant de leurpropre chef les autorités. Elle a pris soin de rappeler égale-ment, contre d'éventuelles accusations de parti pris, que lesrapports de son association ne font que confirmer les informa-tions contenues dans ceux du Commissaire aux Droits del'Homme du Conseil de l'Europe, Nils Muiznieks, qui ne s'é-tait aucunement montré plus clément.

Il faut ajouter que la Roumanie ne semble pas être presséede se doter des outils juridiques pertinents, qui permettraientd'éviter ce genre de tragédie d'un autre âge. Bien qu'ayant rati-fié la Convention des Nations unies relatives aux droits despersonnes handicapées, entrée en vigueur en 2008, laRoumanie ne s'est toujours pas dotée d'un mécanisme de suivide l'application de la Convention, prévu à son article 33.

25 000 jeunes et enfants répartis dans 717 centres

La situation n'est pourtant pas connue des seuls initiés. Lapresse roumaine a bruyamment rap-pelé que ce sont plus de 5000 enfantsqui sont abandonné chaque année enRoumanie. Bien souvent, les parentsles emmènent jusqu'à un centremédicalisé afin que leurs soient pro-digués les soins nécessaires, puisdisparaissent...

Pour ces enfants, les chances detrouver une nouvelle famille sontminimes - et encore réduites par lecadre légal, qui ne permet pas l'adop-tion dans des délais raisonnables.

Toutefois, la loi prévoit la création de "maisons familia-les" pour les enfants et jeunes en situation de handicap. Cesnouveaux dispositifs de prise en charge devraient permettre lafermeture des vieux centres sociaux. Reste que, selon le CRJ,plus de 25 000 enfants et jeunes en situation de handicap sontencore reclus dans 717 structures d'accueil.

Mihaela Iordache (Osservatorio Balcani e Caucaso)Traduit par Béranger Dominici pour Le Courrier des Balkans

Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

En trois ans, 1300 enfants handicapés

seraient décédés dans les structures d'accueilEnfance La disparition de la plus

francophile des RoumainesOrphelinats en Roumanie: une réalité qui ne change pas ? Ces trois dernières années, 1300 enfants en situation de handicap sont décédés dans les structures d'accueil. Une réali-

té révoltante, qui rappelle les images terribles des orphelinats du temps de Ceausescu, rapporte Mihaela Iordache pourl'Observatoire des Balkans et du Caucase. L'ONG roumaine CRJ milite en faveur d'une amélioration de la prise en char-ge du handicap dans ce pays.

5

La loi prévoit la création de "maisons familiales" pour les enfants et jeunes en situation de handicap.

Ce vendredi 5 novembre 2011, le cœur d'ElenaGorunescu battait la chamade. Elle attendait cemoment… depuis 82 ans! Henri Paul, ambassa-

deur de France, allait lui accrocher sur le revers de sa veste lesinsignes d'officier des Arts et des Lettres et de chevalier desPalmes académiques pour la remer-cier d'une vie entièrement consacrée àla France. Pourtant, depuis longtemps,Elena Gorunescu ne se faisait plusd'illusions. Personne jusqu'ici ne s'é-tait soucié de la contribution inestima-ble apportée à la langue française parcette ancienne universitaire dont lesouvrages font référence en Roumanie,comme en Moldavie.

La vieille dame, éduquée par unegouvernante française, a toujours étépremière de classe en français, nonseulement au lycée ou à la fac, mais de toute la Roumanie.

Mise à l'écart par le régime, à cause de ses origines bour-geoises, Elena Gorunescu n'avait jamais eu la carrière de pro-fesseur qu'elle était en droit d'espérer et la retraite l'avait ren-voyée à la solitude de son modeste appartement de DrumulTaberei, à Bucarest. Tant pis, si elle était considérée comme lameilleure professeur de français de son pays, si de nos joursencore c'est une fierté en Roumanie d'avoir été son élève. Tantpis, si sa culture francophone prodigieuse, sa vie consacrée àfaire aimer la France étaient mises au rencart.

Elena Gorunescu était retournée à ses dictionnaires fran-co-roumains de toutes sortes, ses méthodes d'apprentissagesde la langue française, ses précis de grammaire. Au total, unetrentaine d'ouvrages qui ont contribué à la formation de plu-sieurs centaines de milliers de Roumains parlant le français,mais aussi irremplaçables pour maîtriser le roumain .

La modestie et la discrétion d'Elena Gorunescu faisaientque rares étaient les personnes qui mesuraient l'importance deson apport au français, à la Francophonie. Jusqu’à ce que laFrance lui rendre une hommage mérité.

"La France est un ciel plein d'étoiles"

Ce matin du 5 novembre, Elena Gorunescu ne s'est pasinstallée dès l'aurore devant sa machine à écrire, comme à l'ac-

coutumée. Pourtant la lettre C de son dernier dictionnaire l'at-tendait. La nuit avait été passablement agitée. Son frère et desanciennes élèves étaient déjà là. Le taxi avait été commandé laveille. La vieille dame a enfilé son manteau et la petite troupea pris la direction de l'ambassade. En en franchissant le seuil,

pour la première fois de sa vie, elleavait un pied en France…

Contrairement à ses collèguesuniversitaires, Elena Gorunescu n'yavait jamais été invitée, les autoritésroumaines, du temps du communis-me, "omettant" de transmettre sonnom au service du protocole pour latraditionnelle réception du 14 juillet.Le pli pris, l'oubli s'était perpétuéaprès la "Révolution".

L'émotion était à son comblequand l'ambassadeur lui a remis ses

décorations. Deux d'un coup! Et ce n'est pas la coupe dechampagne de France qu'il lui a servie - la meilleure qu'ellen'ait jamais eu l'occasion de boire - qui la faisait voir double.Elle ne l'a pas troublée, non plus, au moment des remercie-ments: "Chaque pays à son étoile…l'Angleterre, Shakespeare,l'Allemagne, Goethe, l'Italie, Dante. La France, elle, aMolière, Racine, Corneille, Montesquieu, Voltaire, Balzac,Hugo… c'est un ciel plein d'étoiles".

Elena Gorunescu a repris sa machine à écrire, et attaquedéjà la lettre D, mais avec du baume au cœur. La France lui aoffert le plus beau jour de sa vie ! Son œuvre a été reconnue.

Une France qu’elle n’aura jamais connue

Peut-elle imaginer un bonheur encore plus grand ? Bienque lui ayant consacré toute son existence, Elena Gorunescune connaît la France que par la télévision et ses lectures. Elleen fait rêver ses anciens élèves, qui à leur retour de voyageviennent lui raconter. Sa très maigre pension et, un peu moins,son âge, lui interdisent d'espérer un jour la découvrir.Versailles, le Louvre, la Tour Eiffel ne resteront qu'au stadedes chimères… La vieille dame est morte sans n'être jamaisvenue dans ce pays qui avait occupé toute sa vie. Dans le fond,peut-être est-ce ce qu'elle voulait… Elle avait trop aimé cetteFrance pour ne pas risquer d'être déçue.

Carnet

Madame Gorunescu est décédée le 20 juillet dernier, à l'âge de 87 ans. Cette ancienne professeur était peut-être laFrancophile la plus accomplie de Roumanie. Elle avait consacré toute sa vie à la France, publiant plus de 30 dictionnaireset livres de grammaire franco-roumains, devenus les ouvrages incontournables de centaines de milliers de ses compatrio-tes apprenant notre langue. Chaque matin, elle se levait à trois heures et s'installait devant sa machine à écrire, dans la pluscomplète solitude, ne connaissant aucun Français avec lequel elle aurait eu le bonheur de converser, car l'ancien régimel'avait mise à l'écart. Modeste par nature, Elena Gorunescu a mené son œuvre monumentale dans l'anonymat, survivantavec sa modeste pension, sans reconnaissance de nulle part… jusqu'à ce vendredi 5 novembre 2011 où l'ambassadeur deFrance, alerté sur cette injustice, ne lui remette au nom du Président de la République les insignes d'officier des Arts et desLettres et de chevalier des Palmes académiques.

Le plus beau jour de la vie de Madame Gorunescu

Page 4: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

76

Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Voici dix ans encore, les Roumains étaient nombreux à partir chercher du tra-vail en Grèce où ils étaient d'ailleurs souvent exploités. Les salaires en euros lesattiraient alors, et les Roumaines devenaient bonnes à tout faire, gardant les vieux,s'occupant des enfants, faisant le ménage et la popote. Le cours des évènementss'est presque inversé avec la crise. Après une cure d'austérité sans précédent, l'é-conomie roumaine se rétablit peu à peu et l'effondrement de celle de la Grèce a tarile flot de l'émigration vers ce pays. Les Roumains d'origine grecque sont beaucoupmoins tentés par un retour vers la terre ancestrale.

Au dernier recensement, la Roumanie comptait 6513 citoyens d'originegrecque, installés à Bucarest mais surtout dans les départements deConstantsa, Tulcea, Braila et Galati qui sont leurs zones d'implantation his-

torique. La communauté hellénique a subi une importante diminution par émigration,tant récente (le recensement de 1992 donnait le chiffre de 19 594 personnes) qu'ancien-ne (le recensement de 1930 dénombrait 26 425 Grecs), mais celle-ci s'est effondrée avecla crise que traverse la Grèce.

Cette émigration s'est effectuée dans la cadrede la loi grecque du "retour au pays" qui offre auxressortissants d'origine grecque de tous pays, lapossibilité de s'installer en Grèce comme citoyensgrecs, moyennant un examen de langue et d'histoi-re. Toutefois, de nombreux couples étant mixtes etde nombreuses familles roumanisées, le Ministèregrec des affaires étrangères estime la communautéà 14 000 personnes environ, en se fondant surles mariages, les baptêmes et les obsèques dans leséglises helléniques de Roumanie.

L'Union des Hellènes de Roumanie, fondée en1990, est le parti politique ethnique qui, conformé-ment à la loi roumaine, représente au Parlement deRoumanie les intérêts de cette communauté.

Le grec principale langue d'enseignement

La présence hellénique sur l'actuel territoire de la Roumanie a commencé avec l'é-tablissement des colonies et des comptoirs de la Mer Noire et des bouches de l'Istros àpartir du VIIe siècle av. J.-C. L'hellénisme a profondément influencé les Thraces et lesDaces dont la romanisation est à l'origine des populations latines des Balkans et du Bas-Danube, ancêtres des roumanophones, jadis appelés Valaques.

La religion initiale de ces populations, avant la christianisation sous l'égide deConstantinople, était le culte de Gabeleisos et de Zamolxis, une variante de l'Orphisme.Toutefois, sous la domination romaine, la romanisation n'a affecté que l'intérieur des ter-res. Sur tout le littoral de la Mer Noire, ce sont l'hellénisme et la langue grecque qui sesont maintenus jusqu'à l'arrivée des Slaves, et, sur le bord de mer, jusqu'au XXe siècle,à travers les différentes dominations politiques qui ont succédé à l'Empire byzantin.

En outre, après la chute de celui-ci et son remplacement par l'Empire ottoman, lesprincipautés roumaines de Moldavie et Valachie, ont eu, surtout après le traité de KüçükKaynarca de 1774, des princes grecs phanariotes, suivis par une multitude de commer-çants, d'artisans, de navigateurs et de lettrés, au point que le grec fut la langue officiel-le de leurs chancelleries et la principale langue d'enseignement. Nombreux furent ceuxqui s'intégrèrent à l'aristocratie roumaine, devenant boyards.

Mais d'un autre côté, la " Société des Amis ", organisation révolutionnaire, y trouvaun terreau fertile et y déclencha, simultanément, la révolution gréco-roumaine de 1821(qui échoua) et la guerre d'indépendance grecque (qui réussit, mais à un prix très élevé).

Abandonnés par Moscou, les "Koukoués" s'installent en Roumanie

Au XXe siècle, alors que les Grecs de l'époque phanario-te se roumanisent au fil des générations (d'où de très nombreuxpatronymes roumains comme Aristopol, Calimachi,Celibidache, Cosmopol, Costache, Dumitrache, Iorga,Mavrogheni, Nichifor, Paleologu, Papadopol, Xenopol,Zarifopol...), d'autres arrivent de Constantinople ou des rivesde la Mer Noire, lors de l'industrialisation, par exemple enDobrogea lors de la construction (par les Britanniques) de lavoie ferrée Cernavoda-Constanta pour écouler les grains des"pays danubiens" vers la Mer Noire. Ce sont les Grecs pon-tiques, qui parlaient un dialecte grec local mêlé de roumain, debulgare et de turc, évoqué par Panaït Istrati.

Après 1945, en conséquences de l'accord de Moscou du 9octobre 1944 et des accords de Yalta, le régime communistes'impose en Roumanie tandis que les communistes grecs sontdéfaits dans la guerre civile grecque. De ce fait, un doublecourant de migrations grecques a lieu entre la Grèce et laRoumanie: plusieurs milliers de "Koukoués" (communistes)fuient la Grèce et s'installent en Roumanie, tandis que dansl'autre sens, des dizaines de milliers de homogeneis (Grecsvivant en Roumanie), leurs propriétés ayant été nationalisées,sont ruinés et quittent définitivement ce pays, profitant de la"Loi du retour" grecque.

Dans la Roumanie communiste, les "Koukoués" furentbien traités et certains intégrèrent la nomenklatura, mais ilsfurent en butte à l'hostilité des autochtones souffrant de la dic-

tature; en revanche, lesautres Grecs, comme lagrande majorité descitoyens du pays, eurent àen pâtir et étaient, de plus,persécutés comme mino-rité ayant une "mèrepatrie" dans le "campimpérialiste" (de mêmeque les Allemands, lesJuifs et les Turcs).

Caragiale et Istrati

L'émigration vers laGrèce était autorisée,mais coûtait cher car lesautorités communistes exigeaient d'énormes taxes et le paie-ment des études effectuées (or la plupart des Grecs vivantdepuis longtemps en Roumanie avaient un niveau de forma-tion élevé). Un quartier de l'est d'Athènes, aux pieds del'Hymette et au-dessus de Byronas, peuplé de ces réfugiés,s'est longtemps appelé Roumanika.

Un certain nombre de personnalités de Roumanie sontd'origine grecque. Parmi elles, les familles Cantacuzène,Caradja, mais aussi les écrivains Ion Luca Caragiale, PanaitIstrati, le chef d'orchestre Sergiu Celibidache, la sopranoHariclea Darclée, le pionnier de l'aérodynamique ElieCarafoli.

grecque ne sont plus tentés par un retour vers la terre ancestraleLes 6500 citoyens roumains d'origine

La Grèce a fortement marqué l'histoire roumaine

A Bucarest, vers 1880, un vendeur grec de tiropitas

Pas à pas, la Hongrie s'emmure,prenant des allures de forteres-se. Face à l'afflux de migrants

illégaux devenus indésirables aux yeuxdu gouvernement populiste deViktor Orban, Budapest a lancé mi-juillet la construction d'une "clôturede contrôle" de 175 km (et 4 mètresde hauteur) le long de la frontièreavec la Serbie.

Menés par l'armée, sous lasupervision conjointe des ministè-res de l'intérieur et de la défense,les travaux ont commencé sur unesection d'essai de 150 mètres, prèsde Morahalom, à environ 180 kmau sud de la capitale et une centainede km à l'ouest de la Roumanie, rapporteHungary Today. Les autorités justifientcette initiative par l'augmentation expo-nentielle du nombre de clandestins recen-sés sur le sol national - près de 80 000

depuis le début de l'année, contre 43 000pour l'ensemble de 2014, selon les chiff-res officiels cités par VICE News. Pour laplupart, ces ilotes modernes, jetés malgré

eux sur les chemins de l'exil, viennent deSyrie, d'Afghanistan et d'Irak, pays qu'ilsont fuis pour tenter de rejoindre"l'Eldorado" européen via les Balkans.

Indignée par la perspective de voir se

dresser un nouveau "rideau de fer" sur leVieux Continent, l'opposition de gauchefustige l’accès de fièvre obsidionale dugouvernement qui, selon elle, n'a d'autre

objectif que d'enrayer le déclin duFidesz (le parti au pouvoir).

De son côté, l'UE joue la cartede l'attentisme. Critique vis-à-visde la posture adoptée par Budapest,qui a par ailleurs annoncé sonintention de fermer les quatrecamps de réfugiés permanents sisen zone urbaine, elle se garde pourl'heure de faire obstacle à ses pro-jets. Du moins tant que les fondseuropéens ne sont pas mis à contri-bution et que le droit international

n'est pas violé, note Politico. La stratégie d'endiguement de Viktor

Orban portera-t-elle ses fruits? Certainsmigrants le clament en tout cas haut etfort : aucune clôture ne les arrêtera...

La Hongrie dresse un nouveau "rideau de fer" sur le Vieux Continent

n

BUCAREST

ORADEA

SATU MAREl

TIMISOARA

ARAD

lIASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGU

MURES

BRAILAl

l

l

l

l

SUCEAVA

l

PITESTI

l

TARGOVISTEl

VASLUIBACAU

CRAIOVA

TULCEA

l

l

l

l

CORCOVA

l

l

l

Le président de la Commissioneuropéenne, le LuxembourgeoisJean-Claude Juncker a nommé leRoumain "bretonnisé" Dacian Ciolos(il est marié avec une Bretonne), 45ans, ancien Commissaire européen àl'agriculture, au poste de Conseillerspécial pour la sécurité alimentaire.

"Les crises alimentaires, la pres-

sion exercée sur les ressources natu-

relles, l'augmentation de la population

et les changements climatiques, nous

rappellent le fait que la sécurité ali-

mentaire est un défi important que

l'Union Européenne se doit de relever

et de gérer", a mis en avant Jean-Claude Juncker.

"Dacian Ciolos possède une vaste

expérience dans le domaine de la

sécurité alimentaire et est l'homme

qu'il me faut à mes côtés pour être

de bon conseil sur cette question pri-

mordiale", a-t-il déclaré. L'ancienCommissaire européen durant lapériode 2010-2014, de professionagronome et originaire de Zalau, aégalement été ministre del'Agricul-ture et du développement rural entre2007 et 2008. Dacian Ciolos, qui afait ses études en France, ne serapas rémunéré pour le poste pourlequel il vient d'être nommé.

Dacian Ciolos

conseiller pour

la sécurité alimentaire

de Juncker

La soprano Hariclea Darclée étaitd'origine grecque,tout comme IonLuca Caragiale, Panait Istrati et le

chef d'orchestre Sergiu Celibidache.

Vie internationale

Page 5: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

Actualité

Le chef de clan, Viktor Baloha, qui finance directement lasection régionale de Praviy Sektor, a demandé à ses activistesde rendre une visite "musclée" à Mikhaylo Lanyo.

"Praviy Sektor est, depuis longtemps, une franchise com-merciale pour groupes armés en tous genres, avant tout à larecherche de profits", renchérit Moustafa Nayem, membre duparti présidentiel. "Les combattants de Praviy Sektor sont à lafois des bandits et des héros de la lutte nationale", résume l'é-ditorialiste Inna Bohoslovska.

Une région prise en otagepar "une poignée d'imbéciles"

Certains des protagonistes de l'affaire revenaient tout justedu front du Donbass. Le rôle des unités de Praviy Sektor, ainsique d'autres bataillons de volontaires, plus ou moins nationa-listes, s'y est avéré "essentiel pour contenir l'agression russe",comme se plaît à le rappeler Dmytro Iarosh. Autant dire que lamarge de manœuvre est étroite pour le président ukrainienPetro Porochenko. Il assure "vouloir relever le défi des contre-bandiers", et ordonne "le désarmement de tous les groupesillégaux en Ukraine". Mais cet ordre ne concernerait pasPraviy Sektor, légalement enregistré auprès des autorités.

Prudence ou incompétence? Le chef de l'Etat cherchevraisemblablement à ménager le groupe nationaliste et les aut-

res bataillons. Même si leurs capacités de nuisance sont rédui-tes, leurs menaces de "marcher sur Kiev pour mettre fin à l'in-digence du ministre de l'Intérieur Avakov et de l'état-major" sesont multipliées ces derniers mois.

Les yeux rivés sur Moukachevo, le pays retient donc sonsouffle. Conséquence immédiate: la Slovaquie a renforcé lasécurité de sa frontière, les autres pays limitrophes dont laRoumanie sont sur le qui-vive. "L'Ukraine a perdu sa chanced'abolir le régime de visas Schengen", souligne le députéréformateur Serhiy Leshchenko, qui soupire: "La nation estprise en otage par une poignée d'imbéciles qui ont décidé delancer des grenades près de la frontière. Et par tous ceux quiles ont laissés faire."

Sébastien Gobert (Libération)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

9

au nord-ouest de sa frontière avec l'Ukraine

Les NOUVELLES de ROUMANIE

8

Actualité

La Roumanie sur le qui-vive

Tout près de la frontière roumaine, dans le Maramures ukrainien et laTranscarpatie, des milices d'extrême droite revenues du conflit à l'Est avecles forces pro-russes affrontent trafiquants et forces de l'ordre. Une nouvellecrise qui attise les tensions dans tout le pays et dans cette région qui inquièteà Bucarest sur le sort de la petite communauté roumaine de 40 000 person-nes qui lui était rattachée autrefois avant d'être absorbée par l'URSS.Pressentant le danger, Les Nouvelles de Roumanie avaient enquêté sur placeà l'automne dernier, consacrant un dossier à la situation dans son numéro 87.

Certains, dans la capitale ukrainienne, l'appellent déjà "le deuxièmefront". La Roumanie est voisine, les frontières slovaque et hongroisene sont qu'à une quarantaine de kilomètres de la petite ville de

Moukachevo, d'où le Hongrois Ferenc Rakoczi II avait jadis mené sa révolte anti-Habsbourg. Cette petite ville de Transcarpatie a été, pen-dant plusieurs jours, à partir du 11 juillet, le théâtre d'af-frontements armés entre des militants du groupe ultranatio-naliste Praviy Sektor et les gardes de sécurité d'un député,Mikhaylo Lanyo, puis la police.

Les combats ont dégénéré en bataille rangée, à grandsrenforts de véhicules blindés, grenades et fumigènes. Bilan:au moins trois morts, des blessés, et une ville terrorisée.Une dizaine de combattants nationalistes ont pris lemaquis, traqués par les forces spéciales. "Ils connaissentbien les montagnes. Cela peut durer longtemps", estime lepolitologue Pavlo Homonaj, depuis la capitale de la région,Oujhorod. "Un tel drame était inévitable et il est le révéla-teur d'une crise systémique: la domination des criminelsarmés sur le pays, la corruption et l'absence de réformesvéritables", souligne l'historien Volodymyr Savelyev.

Un carrefour de la contrebande

Le recours à des armes de guerre aux portes de l'Unioneuropéenne dans des affrontements entre forces de l'ordre, milices d'extrême droi-te et trafiquants constitue un bien mauvais présage pour un rapprochement entreKiev et l'UE. La population ukrainienne est d'autant plus sous le choc que ceconflit attise les tensions dans le reste du pays. Dmytro Iarosh, député et leader dePraviy Sektor, a annoncé le retrait de certaines de ses unités du front de l'Est. AKiev, ses militants campent devant l'administration présidentielle. A Lviv, le14 juillet, deux petites bombes placées devant des commissariats ont envoyé deuxpoliciers gravement blessés aux urgences.

A l'origine, ce n'était pourtant qu'une affaire de familles. Aux frontières de laRoumanie, de la Hongrie, de la Slovaquie et de la Pologne, la Transcarpatie est uncarrefour de la contrebande. "Cela vient de tous les côtés", commente un entre-preneur belge établi dans la région: les Ukrainiens trafiquent des produits alimen-taires, de l'électroménager. Ils vendent cigarettes, alcools et, dans une certainemesure, des drogues. Un négoce fructueux: selon les estimations du députéMoustafa Nayem, "un chargement de cigarettes qui atteint l'Italie rapporte470 000 dollars", soit 430 000 euros.

L'homme réputé être à la tête de ce trafic, Mikhaylo Lanyo, est un ancienreprésentant du Parti des régions de Viktor Ianoukovitch, le président prorusserenversé par la rue en février 2014. "Avec le changement de régime, il était inévi-table que le clan Baloha, omniprésent en Transcarpatie, cherche à prendre lecontrôle des réseaux de contrebande", explique Pavlo Homonaj.

D'origine roumaine, les Tsiganes blancs de Transcarpatie sont aux premières loges des menaces qui planent sur la région.

A la suite de la récente visite duPrésident Iohannis à Madrid, la Roumanieet l'Espagne pourraient décider d'accordermutuellement la double nationalité à leursressortissants émigrés travaillant dans l'au-tre pays, ne per-dant plus ainsi leurpropre nationalité.900 000 Roumains- la plus importantecommunauté étran-gère en Espagne -sont concernés,beaucoup moinsd'Espagnols, ensens inverse. Ceprojet, s'il se confir-me, devra cepen-dant recevoir l'avalde Bruxelles, modi-fiant la populationde chaque pays etdonc les critères desubventions… cequi est loin d'être gagné.

Double nationalité ?

La Transcarpatie cède à la guerre des clansVoisins

Renforcer les positions stratégiques dela marine russe en Mer Noire ainsi quemaintenir une présence dans l'Atlantiqueet la Méditerranée figurent parmi les prin-cipales orientations de la nouvelle "doctri-

ne navale" de la Russie, actualisée pourtenir compte, selon elle, de l'expansion"inadmissible " de l'Otan à ses frontières.L'Alliance atlantique, qui accuse Moscoud'avoir envoyé des soldats dans l'est del'Ukraine, a décidé en février de consoliderla défense de son flanc oriental en créantune nouvelle force de 5000 hommes rapi-dement mobilisable, baptisée "Fer de

lance", et six centres de commandementet de contrôle en Bulgarie, Estonie,Lettonie, Lituanie, Pologne et Roumanie.

La Roumanie "Fer de

lance" de l'OTAN

La route sera longue, seméed'embûches et d'anfractuosi-tés. Mais une première étape

symbolique a déjà été franchie. Plus dequinze ans après la chute de SlobodanMilosevic, les négociations d'ad-hésion de la Serbie à l'UE ont étéofficiellement lancées, ce dont sesont félicités les hiérarques deBruxelles, rapporte InSerbia

News.

Ironie de l'histoire, souligneLe Temps, celui qui a mené lesdiscussions côté serbe jusqu'enavril 2014, est un ancien nationa-liste au passé pour le moins trou-ble. Aujourd'hui,chef du gouver-nement, Alexandre Vucic, 45ans, fut en effet ministre de l'in-formation à la fin des années1990, "aux pires moments durégime de Milosevic". Mais le faucond'hier a tourné casaque. Au point de deve-nir l'un des principaux artisans du rappro-chement avec l'UE, observe la BBC.Reste que la perspective d'une intégration

pleine et entière, en tant que 29e Etatmembre de l'Union, est encore lointaine.La Croatie, elle, a mis huit ans avant derallier la grande famille européenne, enjuillet 2013...

L'Etat paria de l'UE des années 90

De fait, Belgrade reste confronté à

plusieurs défis, au premier rang desquelsfigure la poursuite de la normalisationdes relations avec son ex-province duKosovo - dont il se refuse à reconnaîtrel'indépendance, proclamée unilatérale-

ment par Pristina en février 2008,explique la Deutsche Welle. Acela s'ajoute la nécessité demener à bien des réformes enprofondeur sur la justice et leslibertés civiles, tout en faisantpièce à une corruption endé-mique, souligne Bloomberg.

Les dirigeants serbes ont bonespoir de voir le processus d'ad-hésion achevé en 2018, pour uneentrée effective dans l'UE à l'ho-rizon 2020, indique le Wall Street

Journal. Et la BBC de conclure,avec une note d'espoir: "Si laSerbie parvient à boucler les 35

chapitres [de l'acquis communautaire](...) elle ne sera plus cet Etat paria qu'el-le fut dans les années 1990, mais unmembre à part entière et respecté del'Union Européenne".

Serbie : future cadette de la famille européenne ?

L’espoir de la Serbie: devenir un membre à part entière et respecté de l'Union Européenne.

La reine d'Espagne et la femme du président Iohannis… qui se prénomme Carmen !

Page 6: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

Actualité

Le gouvernement est en train de tout geler et il ne fait plusde nouveaux investissements depuis le mois de juillet 2015.Deux hôpitaux publics àChisinau, la capitale, ont fermétemporairement tous leursdépartements exceptés les servi-ces d'urgence et la chirurgie.Mais en suspendant les servicesde base, la Moldavie s'enfonceun peu plus dans un trou où ellene pourra jamais en ressortir.

Cette quasi-faillite de laMoldavie est très étrange, car ondirait que c'est le gouvernementqui l'a provoquée. Le scandale dela fraude bancaire n'a été publiéqu'en avril 2015 après que le président du parlement a fuité unrapport à une firme de sécurité appelé Kroll. La justice estimpuissante face à la corruption. Et une semaine avant ladémission du premier ministre, celui-ci avait demandé au pro-cureur en chef de démissionner à cause de l'incapacité de cedernier à résoudre cette fraude massive.

Francis Malige de l'European Bank of Reconstruction andDevelopment (BERD) a déclaré que son organisation avaitproposé de racheter une part majoritaire de la Victoriabank,l'une des grandes banques qui restent privées. C'était pour

garantir que les petites entreprises puissent compter sur desliquidités disponibles. Mais mystère et boule de gomme, le

Parlement a bloqué inexplica-blement ce rachat.

Alex Kremer de la BanqueMondiale a déclaré que lasituation n'est pas aussi catas-trophique. La Moldavie possè-de une frontière très large avecl'Europe et le salaire moyen estde 200 dollars. Ce sera uneoccasion pour que le secteurd'exportation connaisse unvéritable boom. Une manièrede dire que tout sera privatisé enMoldavie et que les citoyens

deviendront des esclaves pour un salaire de misère.Contrairement à la Grèce, la Moldavie n'a pas un beau pays àoffrir aux créanciers.

actualite.housseniawriting.comLe site Actualités Houssenia Writing est un site indépen-

dant d'actualité sur les domaines de la politique, l'économie,les faits-divers, le people, le sport. Il existe depuis cinq ans,fonctionne avec une petite équipe et de jeunes journalistesfree-lance. Il propose également un large panel d'actualitésafricaines.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

1110

Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Un scandale bancaire de un milliard de dollars risque de provoquer la failli-te de la Moldavie qui est considérée comme le pays le plus pauvre en Europe.Bien que possédant une frontière très large avec l'Europe, elle n'a pas un beaupays à offrir aux créanciers, contrairement à la Grèce. Le salaire moyen y estde 200 dollars et pour le site indépendant Actualités Houssenia Writing sescitoyens redoutent de devenir des esclaves pour un salaire toujours de misère.

Quand Alina, une étudiante moldave, n'a pas pu utiliser sa carte de crédit,elle a pensé immédiatement que la banque était en faillite.Heureusement, la cause était juste une erreur technique, mais sa premiè-

re réaction était justifiée. Le système financier de la Moldavie est en très mauvaisétat. En novembre 2014, des criminels ont volé 1 milliard de dollars des 3 plus gros-ses banques de la Moldavie via des virements et des emprunts. La Moldavie, qui estprise en sandwich entre la Roumanie et l'Ukraine, est le pays le plus pauvre enEurope. Avec ce milliard de dollars, les criminels ont simplement empoché 1/8èmedu PIB de la Moldavie. Et cela a créé une réaction en chaine dont le résultat est quele gouvernement ne pourra pas payer les salaires des fonctionnaires à la fin de l'été.

Catastrophes en cascade

La fraude a créé une insolvabilité des 3 banques et donc, laBanque centrale de la Moldavie en a pris le contrôle en injectant12,5 milliards de Lei moldaves (660 millions de dollars) dans lecapital. Mais la Banque centrale n'a pas ces 660 millions de dollarset elle a dû faire tourner la planche à billets. Une telle injection deliquidités a doublé l'inflation qui est passée à 8 % tandis que lamonnaie locale a dégringolé à plus de 20 % contre le dollar. Pourréagir à l'inflation, la Banque centrale a commencé à augmenteragressivement son taux d'intérêt. Il est passé de 8,5 % en janvier à15,5 % en début d'aout 2015. Et avec l'état catastrophique desbanques, les entreprises freinent leurs investissements.

Et la crise économique de la Russie n'aide pas la Moldavie. LaRussie est le plus grand partenaire de la Moldavie puisqu'elle injec-

te plus de 800 millions de dollars par année aux employés moldaves qui travaillentdans les entreprises russes. La récession de la Russie a fait baisser le taux de crois-sance de la Moldavie de 4,8 points. Alors que la Moldavie avait un taux de croissan-ce de 5 % l'année dernière, la Banque mondiale prévoit seulement 2 % dans lemeilleur des cas. Et pour ajouter aux désastres financiers, la Moldavie est en pleinecrise politique. Le premier ministre, Chiril Gaburici, a démissionné, après que lesprocureurs et d'autres politiciens l'ont accusé d'avoir fabriqué son diplôme. Sa suc-cession est à peine assurée et la majorité gouvernementale ne tient pas la route.

Une quasi-faillite très étrange

Dans le même temps, de nombreux pays étrangers et agences internationales,qui supportent financièrement le gouvernement Moldave, ont annoncé qu'ils suspen-daient immédiatement toutes leurs aides à cause de la corruption et du "bordel" dansle système financier. L'Union Européenne a été la première à prendre le large à toutevitesse en annonçant le gel d'une aide de 44 millions de dollars. La Banque Mondialea annoncé qu'elle reprendrait ses aides à la seule condition que les trois banquesresponsables de la fraude restent fermées pour éviter d'autres escroqueries.

Le gouvernement se base sur les prêts concessionnels et les aides pour comblerson déficit qui sera de 7 % du PIB en 2015. La perte des revenus fiscaux à cause dela récession va creuser le déficit.

mais on ne sait toujours pas dans quelles poches12 % du PIB ont disparu…

Les députés moldaves ont approuvéle 30 juillet la nomination d'un nouveauPremier ministre, Valeriu Strelet, 45 ans,à la tête d'un gouverne-ment "pro-européen"

ayant fait de la luttecontre la corruption sapriorité. "Supprimer la

corruption de la sphère

publique et de nos men-

talités sera la nouvelle

priorité du nouveau gou-

vernement", a déclaré lenouveau chef du gou-vernement, dans sondiscours d'investiture,laissant sceptique nomb-re d'observateurs. Il acommencé sa carrièrepolitique à 24 ans en 1994, commedéputé et navigue depuis lors dans lessphères d'un pouvoir régulièrement rap-pelé à l'ordre par les instances internatio-nales pour son manque de transparence.

"Nous sommes touchés par une crise

économique et de grave défis sécuritai-

res. Nos voisins ukrainiens se battent

pour défendre leur intégrité territoriale et

il est difficile d'anticiper ce qui advien-

dra", a-t-il ajouté, assurant que son gou-vernement sera "démocratique et pro-

européen".

Valeriu Strelet (notre photo) a obtenule soutien de 52 députés sur 101.Dirigeant du Parti libéral-démocrate aupouvoir, il mène donc une fragile coali-tion de partis pro-européens. Le poste dePremier ministre était vacant depuis ladémission mi-juin de Chiril Gaburici,accusé d'avoir falsifié un diplôme.

Valeriu Strelet

nouveau premier

ministre moldave

Un scandale bancaire

La nouvelle vacance du pouvoiren Moldavie, sans qu'on voitd'issue, ainsi que le vol du siè-

cle (un milliard de dollars mystérieuse-ment disparus du compte de 3 banquesd'état en 3 jours, 15 % du PIB annuel !Dépêché sur place, le FBI met en causeles hautes sphères du pays, gouvernementcompris) plombe l'avenir de la petiterépublique, en prise avec les appétits deMoscou et la crise de Transnistrie.

Stefan Mesteir, chef du programmede l'association allemande pour l'Europede l'Est et l'Asie centrale, la Russie, necache pas son immense déception devantle cours des choses, s'en prenant vive-

ment à l'inconsistance et la corruption dela classe politique moldave, alors que lepays était devenu une priorité de la poli-tique étrangère de l'Allemagne et ses par-tenaires internationaux:

"Depuis des mois, voire des années etle processus de Meseberg, l'Allemagnes'efforce de négocier une solution avec laRussie pour trouver une issue au conflitde Transnistrie. Les officiels moldavesdéfilent à Berlin où ils sont bien reçus etécoutés, ils reçoivent le soutien deBruxelles. Tout paraissait aller dans labonne direction et on pouvait imaginerun avenir positif pour la Moldavie quiétait devenue une priorité.

Hélas, c'était sans compter avec lesoligarques, les politiciens, enfoncés jus-qu'au cou dans la corruption.

Nous avons soutenu à bout de brasleurs gouvernements, mais quand unpays est dirigé en sous-main par desaffairistes louches comme l'ancienPremier ministre Vlad Filat, il n'y a plusrien à espérer.

L'enthousiasme que nous avons mon-tré pour soutenir ce pays n'a plus aucunsens. Il vaut mieux déployer nos effortspour des pays beaucoup plus importants,qui en valent le coup, comme l'Ukrainepar exemple, où les crises méritent toutenotre attention".

Un expert de Berlin : "La Moldavie ne mérite plus qu'on s'en occupe"

Moldavie

pourrait provoquer la faillite de la Moldavie

Incompétence, scandales… les Moldaves n'ont guère le choix qu'entre désespérer et se révolter.

La situation économique de la Moldavie ne cesse de se détériorer, ainsi que le pouvoir d'achat de ses ressortissants. Aucours du premier semestre 2015, les exportations du pays ont chuté de 16,4 % à 730 millions d'euros. La cause princi-pale réside dans l'embargo que la Russie pratique sur les produits agricoles moldaves (- 40 %), à la suite de son virage

pro-européen et la crise en Ukraine. Les exportations vers l'UE (+ 0,5 %) sont loin de compenser ce manque à gagner qui déséqui-libre le budget de l'Etat. Les importations ont, elles, diminué de 25 % pendant la même période, soulignant les difficultés de lapopulation. Le scandale des banques n’a pas arrangé la situation et le scénario d’une faillite ne paraît plus à écarter.

Détérioration de la situation économique moldave

Page 7: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

1312

Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Le secteur agricole emploie 400 000 personnes en Moldavie, et constituel'un des piliers de l'économie nationale. Mais les paysans moldaves se sententabandonnés par l'Etat, et menacent de paralyser le pays lors de journées demanifestation.

Respectez-nous, c'est nous qui vous nourrissons!" pouvait-on entendrelors des manifestations du 27 mars et du 15 avril. Quatre mille agricul-teurs avaient alors défilé avec leurs tracteurs dans tout le pays pour

faire entendre leur colère. Mihai Savin, originaire de Jora de Mijloc, dans le dépar-tement d'Orhei, s'était confié au micro d'Europa Libera: "Nous avons perdu patien-ce car ce n'est pas la première année que nos dirigeants ne nous prennent pas ausérieux. Nous voulons être entendus et aidés dans des moments difficiles commecelui-ci. L'arrêt des exporta-tions vers la Russie a faitbeaucoup de dégâts".

En effet, l'embargo sur levin depuis septembre 2013 etcelui sur la viande et les fruitsmoldaves imposé par la Russieaprès la signature de l'accordd'association avec l'UE ont desconséquences dramatiques.De manière générale - et passeulement pour les produitsagricoles, les exportations versla Russie ont chuté. En 2013,elles représentaient 26% du volume total, contre 18% en 2014. Les agriculteurs sedisent au bord de la faillite et demandent au gouvernement de doubler leurs sub-ventions pour qu'elles atteignent 1,2 milliard de lei (60,2 millions d'euros) en 2015.Mais les autorités de Chisinau affirmaient ne pas pouvoir les augmenter car ellesont déjà des arriérés de 230 millions de lei (11,5 millions d'euros) à leur payer.

Embargo russe, crise économique, emprunts insupportables...

Comme toute la population moldave, les agriculteurs sont très durement tou-chés par la crise économique et les brouilles avec la Russie. La devise nationale aperdu plus de 30% de sa valeur depuis novembre . Les prix des pesticides - la plu-part importés - ont fortement augmenté, tout comme ceux des carburants et dumatériel agricole. Cette dépréciation rend le remboursement des emprunts très dif-ficile.Les agriculteurs demandent aussi la mise en place de facilités quant à l'accèsaux crédits bancaires. Comme l'explique Valeriu Cosarciuc, le président de laFédération nationale des agriculteurs: "on a demandé que soit promue en urgenceune loi qui garantisse le crédit agricole aux paysans. Ceux qui n'ont pas de cau-tion doivent pouvoir malgré tout accéder au fonds de garantie".

Autre revendication : la baisse du taux de remboursement des crédits polonaisà 1%. En décembre, la Pologne a mis à disposition de la Moldavie 100 millionsd'euros pour moderniser son matériel agricole et l'adapter aux critères européens.Varsovie a imposé deux conditions à ceux qui contracteront ces crédits: ils doiventacquérir ce matériel auprès de compagnies polonaises et rembourser l'emprunt à untaux de 3%. Le gouvernement moldave a réussi à négocier la baisse de ce taux à2% mais cela ne répond que partiellement aux revendications des agriculteurs.

Malgré plusieurs rencontres avec les autorités, les représentants des syndicatsagricoles n'ont pas réussi à se faire entendre. Ils menaçaient de bloquer toutes lesroutes qui mènent à Chisinau le 27 mai dernier.

Chisinau souhaite la mise sur pied d'unbataillon commun roumain-moldave, pourles missions de paix de l'ONU, sur lemodèle de l’unité d'intervention militairecommune entre la Hongrie et laRoumanie. Pour la Moldavie, il s'agit ausside se rapprocher de l'OTAN, devant lesmenaces russes en Transnistrie où sontencore basés 1600 de ses soldats. Finjuillet, les militaires roumains et moldavesont participé à des exercices communsavec les forces de l'OTAN, dans la régionde Balti, dans le nord de la Moldavie.

pèsent durement sur l'économieLes brouilles avec la Russie

Outrage

Les agriculteurs sont très durement touchés par lacrise économique et les brouilles avec la Russie.

Moldavie

Du côté du gouvernement, on dit "entendre ces revendica-tions et avoir fait des efforts". Ion Sula, le ministre del'Agriculture, affirmait avoir tenté d'en finir avec l'embargorusse. "Nous avons envoyé une lettre au Rosselhoznadzor, leservice vétérinaire et phytosanitaire russe qui déclare inaptesà la consommation nos produits, en lui demandant de renouerle dialogue et depuis les exportations ont pu reprendre partiel-lement pour une dizaine de sociétés qui produisent de la vian-de et des pommes".

La béquille européenne insuffisante

Si Moscou semble pour le moment fermée au dialogue,Chisinau se tourne déjà vers l'UE et espère beaucoup d'elle.Mais l'agriculture moldave est loin d'être prête pour le marchéeuropéen. L'outillage obsolète et les emballages qui ne sontpas aux normes sont des freins à l'exportation.

La Commission européenne a donc décidé, le 26 mars der-nier, d'accorder une enveloppe de 54 millions d'euros - répar-ties en trois tranches jusqu'en 2018 - dans le cadre duProgramme européen de voisinage pour l'agriculture et le

développement (ENPARD). Cependant, Alexandru Slusari, leprésident de l'association UniAgroProtect a constaté que cettepremière tranche de 17 millions d'euros a été incluse dans lebudget du ministère des Finances pour l'année 2015.

"Tous les agriculteurs savent très bien que le projetENPARD est prévu en complément des subventions gouverne-mentales et non pas pour les remplacer", s'indigne-t-il.

La Moldavie compte aussi sur la Roumanie voisine pourécouler sa production. Si jusqu'à maintenant, elle y exportaitprincipalement des marchandises industrielles, ces derniersmois l'exportation de prunes, de graines, de vin et de raisins aexplosé, faisant de la Roumanie le deuxième importateur deproduits moldaves.

Cette situation a été facilitée par la signature de l'Accordd'association avec l'UE qui prévoit la suppression de taxesdouanières notamment avec la Roumanie. Selon MihaiDaraban, le chef de la chambre de commerce et d'industrieroumaine, "la Roumanie est un réel partenaire d'affaires pourla Moldavie et elle peut lui offrir de véritables possibilitésd'exporter".

Julia Beurq (Le Courrier des Balkans)

sont fauchés comme les blésLes agriculteurs moldaves

Les députés communistes moldavesont refusé de s'associer à la minute desilence proposée le 6 juillet par la prési-dente de séance au Parlement, LilianaPahilovici, pour saluer la mémoire desquelques 35 000 moldaves-roumains deBessarabie, territoire annexé par Staline,déportés 66 ans jour pour jour plutôt enSibérie, à la suite d'une rafle gigantesque,et dont beaucoup ne sont jamais revenus.

Le milliard de dollars volé aux banquesmoldaves ne constitue pas un précédentdans la région, si on en croit la presse deTransnistrie. 900 millions de dollars detaxes qui n'ont pas été versées auraientfui la province sécessionniste ces derniè-res années pour trouver refuge dans lesÎles Vierges et au Belize (Honduras britan-nique). Le groupe Sheriff, qui contrôle l'es-sentiel de l'économie locale, aux mains del'oligarchie locale serait le principal bénéfi-ciaire de cette évasion fiscale.

Pour un bataillon

roumain-moldave

900 millions de dollars

envolés en Transnistrie

Je me sens comme un nouveau-né, être élu pour la troisièmefois, c'est comme si l'on naissait

à nouveau. Cela signifie que les gens tefont confiance, cela veut dire bonheur etsatisfaction", a déclaré le maire DorinChirtoaca, à l'annonce de sa réélection àla tête de la capitale moldave, rapporteUnimedia.

C'est pourtant sans grand enthousias-me, que les électeurs ont voté pour lui.Ces derniers étaient très critiques vis-à-vis de son bilan depuis sa première élec-tion en 2009. De fait, la clef de son suc-cès devrait plutôt être cherchée dans lapersonnalité de son adversaire, ZinaidaGreceanîi et de son camp politique, réso-lument pro-Moscou.

Présentée par le Parti des socialistes,cette ancienne Premier ministre sousVladimir Voronine, membre à l'époquedu Parti des communistes, née en 1956 en

Sibérie où ses parents avaient été dépor-tés, s'était distinguée pendant les protes-tations du 7 avril 2009 en appelant lapolice à faire usages de leurs armes sibesoin était contre les étudiants et lesmanifestants démocrates.

Les communistes l'emportent à Balti et Orhei

A vrai dire, le succès remporté par lecandidat du Parti libéral à Chisinau n'afait que limiter les dégâts des formationspolitiques qui se présentaient commefavorables au partenariat proposé parl'Union Européenne.

Au premier tour, deux villes impor-tantes ont été gagnées haut la main parleurs adversaires. Se présentant sur laliste de Partidul nostru (Notre parti),Renato Usatâi, principal concurrent enmatière d'alignement sur Moscou du lea-der du Parti des socialistes Igor Dodon,n'a eu aucun mal à s'imposer à Balti, tan-dis qu'un autre millionnaire, Ilan Shor, né

à Tel Aviv en 1987, l'emportait avec61,97%, à Orhei, le 14 juin, sur les listesd'un petit parti, Ravnopravie, militantlors des précédentes campagnes électora-les pour "une Moldavie au sein de laRussie".

Au cœur d'un scandale financierd'envergure - la disparition d'un milliardde dollars des caisses des trois principalesbanques du pays- qui avait provoqué lamobilisation des ONG contre la classepolitique toutes tendances confonduestout au long des mois de février et demars, il a été libéré de sa détention àdomicile pour se présenter aux élections.

Ses annonces concernant de pro-chains investissements et ses riches dona-tions à l'équipe de foot de sa ville d'adop-tion ne sont évidemment pas étrangères àson succès. Mais depuis il a été rattrapépar cette affaire qui touche pratiquementtoutes la classe politique et a déclenchél'intervention du FBI qui enquête.

Nicolas Trifon (Le Courrier des Balkans)

Le Parti libéral conserve la mairie de Chisinau

Un peu moins de 50% des électeurs moldaves se sont déplacés le dernier dimanche dejuin pour participer aux élections municipales. Dans la capitale Chisinau, le maire pro-européen Dorin Chirtoaca, 37 ans, a été réélu face à son adversaire, l'ancienne Premierministre communiste, Zinaida Greceanîi, favorable à un rapprochement avec Moscou.

Page 8: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

Actualité

Plus de 600 000 opposants, intellectuels, artistes ou prêt-res sont passés dans l'ensemble des prisons roumaines dutemps de la dictature. Environ 100 000 d'entre eux n'ont passurvécu aux tortures et sont morts en prison. Plus de 10 000opposants au régime communiste ont été exécutés sommaire-ment par la Securitate, l'ancienne police politique. Ils ont étéenterrés au bord des routes ou à la lisière des forêts, sur leslieux de leur exécution.

"Je suis un peu déçu du déroulement du procès d'AlexandruVisinescu mais le plus important c'est qu'il va créer un précé-dent en Roumanie", affirme le directeur de l'Institut d'investi-gations des crimes du communisme Cosmin Budeanca.

Un deuxième procès du même type visant un ancien com-mandant du camp de travail de Periprava, petit village situé àl'est du pays dans le Delta du Danube, a commencé en avril.D'autres devraient suivre.

Mirel Bran (Le Monde)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

1514

Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

La peine est inédite. Le Parquet roumain a condamné, vendredi 24 juillet, un ancientortionnaire de l'époque communiste, Alexandru Visinescu (photo ci-dessous), à vingt-cinq ans de prison, la peine maximum infligeable à un prévenu de plus de 65 ans.Nommé en 1956 à la tête de la prison symbole du goulag roumain, Ramnicu Sarat dansl'est du pays, cet homme aujourd'hui âgé de 89 ans, y avait institué un des pires régimesde détention du bloc communiste : silence total, tortures systématiques, violences phy-siques et psychiques à volonté.

Même si elle est tardive, cette condamnation représente une victoire morale pourles victimes de Visinescu", affirme Anca Cernea dont le père et le grand-pèreavaient été enfermés à la prison située à l'est du pays. Avant d'être condamné,

Alexandru Visinescu vivait, à l'instar d'autres tortionnaires depuis la chute de la dictaturecommuniste en 1989, tranquillement dans sonappartement situé en plein centre de Bucarest, avecune pension d'Etat de 3200 lei (725 euros).

Ses ennuis judiciaires ont commencé en 2013lorsque l'Institut d'investigation des crimes du com-munisme a déposé une plainte pénale contre 35 tor-tionnaires. Cette institution publique créée en 2005par Marius Oprea, un des rares opposants au régi-me communiste, avait déjà essayé à plusieurs repri-ses de rendre justice aux victimes de la dictaturemais la volonté politique n'était pas au rendez-vous. Marius Oprea a sillonné la Roumanie, exhu-mé les dépouilles des résistants anticommunistesexécutés sommairement et il s'est acharné à retro-uver leurs bourreaux.

L'enfer du silence qui fait oublier même les prénoms de ses enfants

La prison de Ramnicu Sarat, surnommé "l'enfer du silence", est pour lui une des piresmachines diabolique de la dictature communiste. "La torture emblématique dans cette prisonétait le silence, témoigne-t-il. Les prisonniers étaient obligés de garder le silence pendant desannées. On ne peut pas imaginer ce que l'absence de mots peut faire de la vie d'un homme.Un ancien détenu m'a dit qu'il lui a fallu deux ans pour réapprendre les mots les plus sim-ples. Par exemple, comment demander à manger, comment se souvenir du nom de sa fille quivenait de naître au moment de son arrestation. Ou encore se souvenir du nom de sa femme",raconte Marius Oprea.

Au moins quatorze détenus politiques sont morts pendant le "mandat" d'AlexandruVisinescu entre 1956 et 1963 dans "l'enfer du silence". Isolement, froid, rations insuffisantesde nourriture, coups et sanctions pour le moindre manquement à la discipline, le réquisitoiredes procureurs a dressé une longue liste de souffrances et d'humiliations auxquelles étaientsoumis les prisonniers politiques. Outre sa peine, Alexandru Visinescu a également été dégra-dé et condamné à payer, avec l'Etat roumain, 300 000 euros de dommages et intérêts aux des-cendants des anciens détenus. "Mon client va appel de cette décision", a déclaré son avocatecommise d'office, Valentina Bornea.

La jeune génération roumaine ne semble pas prête à passer l'éponge

Presqu'un quart de siècle après la chute du régime communiste, la Roumanie tente pourla première fois devant les tribunaux de faire la lumière sur les années noires de la dictature.La jeune génération roumaine, du moins la plus éclairée, ne semble pas prête à passer l'épon-ge sur un demi-siècle de tortures et de violation systématique des droits de l'homme les plusélémentaires. Le système judiciaire semble être, lui aussi, très impliqué dans cette démarche.

Plus de 600 000 opposants sont passés dans

Le président Klaus Iohannisa approuvé une loi votée en juinpar le Parlement roumain inter-disant la négation de la Shoah,les associations et emblèmesfascistes, racistes et xénopho-bes ainsi que le culte de la per-sonnalité de responsables decrimes contre l'humanité. Letexte prévoit des peines pouvantaller jusqu'à trois ans de prison.

Après avoir longtemps nié saparticipation à l'Holocauste, laRoumanie avait accepté en2003 de mettre en place unecommission internationale d'his-toriens dirigée par le Prix Nobelde la Paix Elie Wiesel, chargéede faire la lumière sur cettepériode.

Selon son rapport, entre280 000 et 380 000 Juifs rou-mains et ukrainiens ont étédéportés et tués sous le régimedu maréchal pro-nazi IonAntonescu dans les territoirescontrôlés par la Roumanie.Environ 25 000 Roms ont égale-ment été déportés, dont plus de11 000 ont été tués.Plusieursmouvements politiques et orga-nisation, tels que "Noua

Dreapta" ou la "Nouvelle droite",

pourraient être directementaffectés par cette nouvelle loi.Les adhérents de Noua Dreaptadéfendent l'homophobie et sontétroitement liés à l'Eglise ortho-doxe roumaine. Ils font réguliè-rement l'éloge de CorneliuZelea Codreanu, fondateur dumouvement 'Garde de fer' actifdans les années 30.

Négationnisme

à l'index

Politique

Leur quête toujours inachevéeaujourd'hui rappelle celle desmilliers de femmes et d'en-

fants de Bosnie-Herzégovine qui accou-rent à la découverte d'un charnier avecl'espoir de retrouver les restes des leurs,et mettre fin aux terribles questions quitournent dans leurs têtes vingt ans aprèsla fin de la guerre, mais aussi celle desfamilles des 2 000 Chypriotes grecs etturcs toujours portés disparus depuis laséparation de l'île en 1974, ou des grand-mères argentines toujours à la recherchede leurs proches enlevés lors de la dicta-ture militaire.

"Les communistes

le soupçonnaient d'avoir

un esprit trop libre"

"On ne sait toujours pas où notrepère a été jeté. Cela fait aussi mal que laperte elle-même. Si au moins nous avionsune tombe sur laquelle nous recueillir", aexpliqué, les mains tremblantes, CorneliaMonor lors de sa déposition au procèsVisinescu, l'ancien commandant de la pri-son de Ramnicu Sarat, une des geôlespolitiques les plus dures du régime com-muniste.

Le père de Cornelia et de Teodorina,Dinu Neagu-Alexandrescu, était l'institu-

teur du village. "Les communis-tes le soupçonnaient d'avoir unesprit trop libre et de s'opposer

à la collectivisation des terres. Il fut arrê-té une nuit. Deux voisins qui l'avaientdénoncé accompagnaient l'officier de laSecuritate", se souvient Cornelia, vêtued'un sobre pantalon noir et d'un pullblanc. Durant un an, la famille de l'insti-tuteur ne sut absolument rien.

Puis la mère de Cornelia et Teodorinafut appelée dans une grande ville, loin.Elle espérait qu'on lui communique ladate d'un procès. On lui annonça la mortde son mari. "Ils lui dirent... de ne riendire à personne, de ne pas porter le deuilsinon ses enfants allaient souffrir", pour-suit Cornelia, les mains tremblantes.Aucun détail sur les circonstances dudécès ne fut donné.

"Il n'avait plus

un visage d'homme"

Ce n'est que cinq ans plus tard que samère rencontrera par hasard, sur unefoire, un juge qui partagea durantquelques jours une cellule de RamnicuSarat avec l'instituteur. La peur au ventre,il lui racontera que son mari refusa dereconnaître les supposés crimes qu'on luiimputait et qu'il fut battu à mort. Il n'endit guère plus; malgré la libération desdétenus politiques en 1964, la peur conti-nuait de régner dans ce régime totalitaire.

Après la chute de la dictature, en1989, les deux filles de l'instituteur retro-uvèrent le juge. Il leur en raconta davan-tage. Leur père, dit-il, avait refusé, mal-gré la torture, d'admettre des faits qu'iln'avait pas commis, pour ne pas salirl'honneur de sa famille mais aussi pour nepas emmener d'autres dans sa chute.

"Si j'avoue, ils voudront d'autresnoms", disait-il. Un jour, il revint dans lacellule tiré par deux gardes. "Il n'avaitplus un visage d'homme", dit le juge.Teodorina retrouva l'officier de laSecuritate, Vasile Lupu, qui mena lesinterrogatoires. Ils se virent dans un café,à Bucarest. "Il n'a pas nié l'avoir battu"jusqu'à la mort, raconte Teodorina à laCour.

Vasile Lupu ne fut jamais inquiété. Ilest mort il y a deux ans après une retraitepaisible sans avoir rien dit sur le lieu oùfut jeté le corps de Dinu Neagu-Alexandrescu. Cornelia et Teodorinapensent qu'Alexandru Visinescu, en tantque commandant de la prison, savaitquelque chose.

Lui, assis au troisième rang de lasalle d'audience, ne dit rien. Ni la juge, nila procureure ne tenteront de l'interrogersur le lieu où a pu être enterré l'institu-teur. Cornelia et Teodorina sont repartiesavec cette même question lancinante dansla tête: où est le corps de notre père?

Isabelle Wesselingh (Regard)

Correspondante de l'Agence France-Presse

les prisons roumaines du temps de la dictature

Alexandru Visinescu, 89 ans,

En marge du procès du tortionnaire Visinescu

n

BUCAREST

ORADEA

SATU MAREl

TIMISOARA

ARAD

lIASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGU

MURES

BRAILAl

l

l

l

l

SUCEAVA

l

PITESTI

l

RM. SARAT

l

VASLUIBACAU

CRAIOVA

TULCEA

l

l

l

l

GIURGIU l

l

l

condamné à 25 ans de prison

La quête du père

Quand elles étaient enfants, dans le village de Macrina, dans les col-lines de l'est de la Roumanie, Cornelia et Teodorina n'auraient jamaisimaginé qu'elles passeraient plus de cinquante ans de leur vie à chercherle corps de leur père avec l'espoir de faire l'impossible deuil d'un hommequ'on leur enleva trop vite, par une nuit d'automne, en 1959.

Cornelia Monor, la fille de Dinu Neagu-Alexandrescu

Page 9: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

1716

Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Du rififi dans la famille royale

La décision du Premier minis-tre intérimaire Gabriel Oprea,prise en accord avec lePrésident Iohannis, pendant laconvalescence de Victor Ponta,opéré du genou en Turquie, depresque tripler les indemnitésperçues par les 48 plus hautsdignitaires de l'Etat (dont eux-mêmes) a provoqué un escland-re dans le pays. A son retour auxaffaires, Victor Ponta l'a suspen-due, s'en indignant… alors qu'ilen était à l'origine. Il était prévuque le Président, le Premierministre, ainsi que les présidentsdes deux chambres, reçoiventun salaire brut de 4800 euros(3360 euros net) au lieu de1450 euros net actuellement, leVice premier ministre 4450 eurosbrut (3120 euros net), les minist-res et chefs des services secrets4235 euros brut (2970 eurosnet), au lieu de 1180 euros net.

Le Roi Michel, 94 ans, a signé le 1er août dernier undocument par lequel il retire à son premier petit-fils, Nicolae, 30 ans, le titre de "Prince de

Roumanie" et le qualificatif d'"Altesse royale", l'excluant enoutre de la ligne de succession, où il était 3ème, derrière satante Margareta, (66 ans), destinée àdevenir chef de la Maison royale audécès de son père et Elena (65 ans),la mère de Nicolae.

L'importance de l'évènement estrelative - hormis pour les héritiers àla suite de tous les avantages négo-ciés par le Roi auprès des autorités àl'époque de Ion Iliescu, dont la resti-tution de ses biens et d'une partie deses propriétés - ne serait-ce si, en casde rétablissement de la monarchie, laloi salique doit s'appliquer. C'est-à-dire que le monarque ne peut-êtrequ'un mâle.

Le souverain reproche à son petit-fils de mener une vieincompatible avec la dignité et les principes moraux que lafonction exige, notamment en ayant des activités d'affaires. Ill'avait fait revenir en Roumanie voici 3 ans, après ses 25 ans,comme l'exige les règles de la maison royale, et lui avoir attri-

bué la position qu'il vient de lui retirer. Nicolae ne maitriseraitpas bien, en outre, la langue roumaine.

Il 'agit d'un épisode difficile pour la famille royale - le pré-cédent remonte à l'époque du futur Carol II (1893-1953), des-titué en 1925 de l'ordre de succession par son père Ferdinand

1er, au profit de son fils Michel, à lasuite de ses frasques et de sa liaisonavec Elena Lupescu.

Le roi Michel et sa femme Anne(92 ans) ont eu cinq enfants, maisuniquement des filles, ce qui compli-quait dès l'origine la succession.Dans, l'ordre Margareta, Elena, Irina,62 ans (condamnée aux USA ou ellevit avec son mari pour avoir organisédes combats de coqs clandestin),Sofia, 58 ans, et Maria, 51 ans.

La décision du Roi Michel auraitété influencée par le mari deMargareta, Radu Duda (55 ans), un

comédien originaire de Iasi, de 11 ans son cadet, qu'elle aépousé sur le tard, et qui était à couteaux tirés avec le jeuneNicolae. Radu Duda occupe aujourd'hui une position essen-tielle dans l'entourage du Roi, beaucoup voyant en lui le véri-table chef de la maison royale.

Présent en Roumanie 14 jours en 2 mois !

Y-a-t-il encore un pilote dans l'avion "gouvernement"? Les Roumains sont fondésà se poser la question. Leur Premier ministre multiplie les escapades à l'étranger pourdes motifs personnels mais aussi échapper à la justice de son pays. Ce n'est pas seule-ment Victor Ponta qui se met en vacances… mais aussi le pouvoir.

Victor Ponta est au cœur d'une enquête judiciaire depuis le 5 juillet dernier, dontles chefs d'accusations, graves et nombreux, ont été formulés par la DNA(Direction nationale Anti-corruption): Faux, blanchiment et complicité d'éva-

sion fiscale, conflit d'intérêts dans l'exercice de ses fonctions. Une partie de ses biens a étémise sous séquestre.Le jour même, le Président de la République, Klaus Iohannis, lui ademandé de démissionner, "comme il est de tradition dans tous les pays démocratiques" : "Nous sommes au cœur d'une situation impossible pour la Roumanie avec un premier minis-tre soupçonné d'agissements criminels, a-t-il affirmé. Mais l'intéressé ne l'a pas entendu pasde cette oreille. "J'ai été nommé à ce poste par le Parlement de la Roumanie, et lui seul peutme démettre". Lui emboitant le pas, le Parlement, dominé par son parti, le PSD, s'est oppo-

sé à la levée de son immunité parlementaire - pré-voyant, Victor Ponta s'était bien gardé de se défaire deson mandat de député quand il est devenu Premierministre - qui aurait permis la poursuite de l'enquête.

Non seulement, le chef du gouvernement se débatpour échapper à la justice, mais aussi pour éviter de ter-miner menotté et conduit en prison devant les camérasde la télévision. Il a échappé de justesse à cette humi-liation en prenant les devants et la fuite, afin de ne pasrépondre à la convocation des procureurs. Prétextantune opération urgente au genou - le réveil d'une blessu-re de l'époque où il faisait du basket - il s'est envolépour la Turquie et une clinique recommandée par sonami "Erdogan", ce qui a vexé le milieu médical rou-main. Victor Ponta s'est ainsi mis à l'abri de la justice

roumaine pendant un mois… revenant opportunément quand celle-ci partait en vacances,s'appuyant que des béquilles pour donner le change. Prudemment, il a avancé… qu'uneseconde opération serait peut-être nécessaire à la rentrée.

Croisière dans les Caraïbes, super coupe d'Europe à Tbilissi

Pendant son absence, le Premier ministre a confié l'intérim de ses fonctions au vice-pre-mier ministre, Gabriel Oprea. Quelques jours après son retour, béquilles oubliées et trottantcomme un lapin, il s'envolait pour Miami et une croisière en famille de deux semaines dansles Caraïbes à bord du luxueux Oasis of the seas. "C'est moins cher que quinze jours àMamaia" a-t-il plaidé, se faisant encore de "nouveaux amis" ! Trois jours après être revenu,une nouvelle équipée le conduisait à Tbilissi, en Géorgie, pour assister à la finale de lasuper-coupe d'Europe entre Barcelone et Séville. Au total, en deux mois, Victor Ponta n'au-ra été présent que 14 jours en Roumanie.

Début juillet, alors qu'il s'apprêtait à partir en Turquie, le Premier ministre avait annon-cé subitement sur facebook son retrait de la présidence du Parti social-démocrate afin de nepas "nuire à l'image" de cette formation qu'il dirigeait depuis 2010. Il n'en avait averti per-sonne et son parti a dû lui trouver un successeurà la hâte, en la personne de Liviu Dragnea,qui avait dirigé sa campagne présidentielle, fin 2014. Prenant à revers ses propres amis,incontrôlable, Victor Ponta est devenu un électron libre dans une Roumanie qui n'est plusdirigée, et ses jours à la tête du gouvernement roumain semblent comptés, bien qu'il affir-me vouloir rester en fonction jusqu'au terme de la législature, fin 2016.

Politique

Le Premier ministre trouvera-t-iltoujours des béquilles pour se sortir

des mauvais pas où il se met ?

Le Roi Michel et son petit fils Nicolae, qui occupait le troisième rang dans l’ordre de succession royale.

n

BUCAREST

ORADEA

SATU MAREl

TIMISOARA

ARAD

lIASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGU

MURES

BRAILAl

l

l

l

l

SUCEAVA

l

PITESTI

l

TARGOVISTEl

VASLUIBACAU

CRAIOVA

TULCEA

l

l

l

l

GIURGIU l

l

l

Une addition

qui passe mal

Politique

Une initiative législative soutenue par le ministre de la Défense, Mircea Dusa, vise à réintroduire le service militairevolontaire à compter du 1er janvier 2016. "C'est un très bon projet pour la Roumanie, en particulier au vu de la situa-tion géopolitique actuellement avec les conflits ukrainiens et en Transnistrie", estime le ministre. Le projet vise les

jeunes entre 18 et 25 ans qui pourraient, s'ils le souhaitent, s'enrôler pour 6 mois pour des stages en Roumanie ainsi qu'à l'étrangeren échange d'un salaire fixe, dont le montant est inconnu à ce stade. Le service militaire n'existe plus en temps de paix en Roumaniedepuis 2005. Attention, le service ne serait pas obligatoire même si certains dont l'ancien Premier ministre, Adrian Nastase, pen-sent que cela pourrait en prendre le chemin. Des voix évoquent déjà le manque de moyens et d'équipements pour le retour d'un ser-vice militaire obligatoire. Les initiateurs du projet - qui pour le moment ne rencontre guère d'opposition - estiment "qu'une bonnepartie des jeunes serait favorable à sa réintroduction et que cela aurait également le mérite de contribuer à faire baisser le chô-mage". Actuellement, le pays compterait 75 000 militaires de carrière.

Retour possible du service militaire en 2016

Mis en examen, Victor Ponta en “vacance” du pouvoir

7879 contribuables roumains,que l'administration fiscale consi-dère comme très riches maiss'arrangeant pour ne pas payerd'impôts et taxes, ou très peu,font actuellement l'objet d'unevérification serrée de la part del'ANAF (Agence Nationale del'Administration Fiscale).

Il s'agit de vedettes du show-biz, de milieux interlopes, deTsiganes, ou de patrons au trainde vie extravagant à la tête d'en-treprises dont les comptes sontpourtant négatifs ou proches dezéro.

Grosses fortunes…

petits impôts

Etrange projet de loi présentépar 32 députés et sénateurs auParlement. Il s'agit, par divers

avantages concédés aux contribuables, desolliciter leur participation aux dépensesmilitaires pour aider l'armée à se moder-niser et même, suivant le montant desdons, de leur accorder des galons. Toutcela en utilisant le principe du crowdfun-ding (des particuliers financent des pro-jets et reçoivent une partie des bénéficessi çà marche), les oboles étant bloquéessur un compte du Trésor public.

Pour un versement de moins de 100euros, les donateurs verraient leurs

impôts réduits de 1 %, de 100 à 1000euros de 2 %, et ils seraient en outre invi-tés aux défilés de l'Armée, recevant undiplôme officiel où la somme seraitinscrite et une médaille.

Entre 1000 et 5000 euros annuels, ilsdevraient "s'engager" pour 5 ans à verserleurs contributions, bénéficiant de 4 % deremise du fisc, et obtenant le grade sous-officier de réserve. L'engagement passe à7 ans entre 5000 à 10 000 e, mais encompensation on deviendrait officierinférieur de réserve. De 10 000 à50 000 e, on signe pour 9 ans et un graded'officier supérieur.

Au-dessus de 50 000 e et 12 ans,c'est... le “bâton” de général de réserve.L'état-major des forces roumaines… etdonc de l'OTAN, pourrait ainsi se renfor-cer par une brochette de futurs générauxayant pour nom Gigi Becali, DanVoiculescu, Adrian Nastase, Elena Udrea.

Et pourquoi pas, alors qu'on parle duprochain rétablissement du service mili-taire, voir leur progéniture s'exercer à lamarche "une-deux, une-deux" sous lesordres d'un caporal, bien qu'ayant legalon de colonel ! Hélas… le ministre dela Défense ne semble pas particulière-ment ravi par l'idée.

Une belle brochette de généraux à venir

Page 10: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

19

Les NOUVELLES de ROUMANIE

18

Actualité

L'économie chinoise

frappe aux portes

de la Moldavie

Carrefour déploie massivement les “beacons”

dans ses 28 hypermarchés en Roumanie

Après des tests réussis, le distributeur français adécidé d'installer des "beacons" dans la totalité deson parc d'hypermarchés en Roumanie, soit

28 magasins. Et de manière importante, puisqu'au total600 "beacons" ont été déployés. Ces petits boitiers permettentd'interagir avec les clients équipés de l'application ad hoc surleur smartphone, et présententplusieurs usages: ils permettentde géolocaliser les individus, etdonc de les guider dans lesallées du magasin pour trouverles produits recherchés.

Sur un plan commercial, ilspermettent d'offrir des informa-tions et des promotions cibléeslors du passage à proximité d'un"beacon". Vous passez devant lerayon des alcools? Pourquoi neprofiteriez vous pas d'une pro-motion, avec une réduction à laclé sur telle ou telle bouteille ?

Chariots équipés de tablettes

Ces réseaux de "beacons" qui fonctionnent via le blue-tooth (réseau sans fils d'une faible portée permettant de relierdes appareils entre eux sans liaison filaire, comme la WIFI) ontété déployés par Onyx, une jeune entreprise roumaine de Clujqui dévoile sur son blog les détails de cette opération d'enver-

gure. Elle permet d'avoir une expérience shopper (personnequi fait ses courses !) "guidée, personnalisée et enrichie par lecontenu délivré sur les appareils mobiles".

Les consommateurs intéressés doivent télécharger l'appli-cation sur leur smartphone mais des chariots à l’entrée desmagasins sont déjà équipées. En rentrant la liste des courses

dans l'application, cette derniè-re indiquera au fur et à mesurele parcours et les directions àemprunter, avec l'apparition denotifications au fil des promo-tions proposées.

Onyx précise que cesdébouchés ne sont qu'une pre-mière étape, avec le souhait dedévelopper encore plus lesinteractions avec les clients.Mais ce dispositif permet déjàde recueillir des données sur leshabitudes et comportementsdes consommateurs, qui vontensuite servir à affiner et amé-

liorer la disposition du magasin et de l’offre.Onyx précise que Carrefour Roumanie "a l'intention de

continuer à déployer les "beacons" dans ses hypermarchés".En France, Carrefour en a déjà déployé, notamment dans l'hy-permarché de Villeneuve la Garenne (92), avec une applicationde navigation indoor baptisée "C-Ou", qui permet de retrouverl'emplacement des produits dans le magasin.

La compagnie maritime chinoiseChina Shipping Container Lines adécidé d'investir en Moldavie. Cepartenariat portuaire avec la Chinetombe à pic car il va permettre à laMoldavie d'exporter ses produitsagricoles dans le monde entier via leport de Giurgiulesti sur le Danube,près de la Mer Noire et offrir un nou-veau débouché pour les exporta-tions chinoises.

"La Chine offre maintenant un

service direct vers la Moldavie à ses

exportateurs mais plus important

encore, explique Thomas Moser, le

directeur général de Danube

Logistics, ça va fournir un service

direct depuis la Moldavie vers des

pays comme la Chine mais aussi

d'autres pays en Asie et au Moyen

Orient". Ce partenariat fait partie duprojet gouvernemental chinois decréer les infrastructures écono-miques d'une nouvelle Route de laSoie sur les traces de l'ancienne.

Les portes de l'Asie sont mainte-nant ouvertes, affirme Valeriu Lazar,directeur de l'agence moldave pourle commerce et l'industrie, et nosproducteurs n'ont plus aucun motifde se plaindre. Ils doivent seulementproposer des produits compétitifs.Maintenant ce qui est important,c'est d'avoir des produits à expor-ter". Auparavant destinées au mar-ché russe avant l'embargo deMoscou, les denrées alimentairesmoldaves prennent aujourd'hui ladirection de la Jordanie, duBengladesh, de l'Allemagne, ou bienpour les vins, de la Chine et desEtats Unis.

Economie

En vue de réduire l'évasion fiscale, le gouvernement vient de promulguer uneloi limitant les paiements en liquide: les transactions en liquide entre deux person-nes physiques ne pourront désormais dépasser 50 000 lei (environ 11 330 euros).

Au-delà, les transactions devront être effectuées par virement bancaire ou parcarte. Et pour les personnes morales encaissant un bien ou un service de lapart d'une personne physique, la limite est dorénavant de 10 000 lei

(2200 euros) en liquide par personne et par jour. Inversement, une personne physique nepourra recevoir que 10 000 lei en liquide par jour d'une personne morale. Si ce type demesure a été pris depuis plusieurs années dans plusieurs pays européens, ici cela signi-fie, encore et toujours, mettre la charrue avant les bœufs. Voici pourquoi...

La Roumanie présente un taux de bancarisation - individus ayant un compte enbanque - de seulement 55% (en Europe de l'Ouest, il est d'environ 80%). Dans le milieurural, ce taux ne dépasse pas 32%, c'est-à-dire qu'un habitant sur trois vivant au seind'une commune ou d'un village n'a aucune relation avec un établissement bancaire. Cequi veut dire qu'afin d'effectuer une transaction dépassant 11 330 euros, un habitant surtrois devra obligatoirement ouvrir un compte en banque - ce qui compliquera terrible-ment les choses, dans un premier temps en tout cas, les succursales bancaires n'étant pasà tous les coins de rue dans les villages. Quant à la banque en ligne, il s'agit d'un conceptencore lointain pour une bonne partie de la population.

Les banques ont tout à gagner

Mugur Isarescu, le gouverneur de la Banquecentrale de Roumanie (BNR), s'est même montrésceptique vis-à-vis de cette limitation pour lespaiements en liquide. "Cela me fait penser audicton "Le chemin vers l'enfer est pavé de bonnesintentions", a-t-il récemment ironisé. Il craint queles initiateurs de la nouvelle loi ne se rendent passuffisamment compte de la bureaucratie quecelle-ci implique. Et d'ajouter: "Je ne connaisaucun pays au monde où il n'y a pas de paie-ments en liquide. (…) La nouvelle loi comptemême pénaliser ce type de transactions, mais jevoudrais bien savoir comment ils réussiront àpersuader un vieux paysan voulant vendre2000 m2 de terrain d'aller dans une banque et dese plier à toutes les procédures".

Ceci étant, d'autres ont tout à gagner de cettenouvelle loi. Les banques en premier lieu, car davantage de transactions signifient plusde commissions. Les autorités fiscales ensuite, qui encaisseront plus d'argent grâce à unvolume plus important d'opérations imposables. A noter que ce genre de mesure est plu-tôt courant dans les pays très touchés par l'évasion fiscale. Jusqu'en 2011, l'Italie limitaitles transactions en liquide à 1000 euros - là-bas, l'évasion est estimée à quelque120 milliards d'euros par an. Idem en Espagne où, à partir d'octobre 2012, un acte nor-matif a interdit les transactions en argent liquide à 2500 euros. Car l'économie souterrai-ne espagnole s'élève à 245 milliards d'euros, soit 23% du Produit intérieur brut.

A l'autre extrême se trouvent des pays comme la Norvège, où seuls 5% des transac-tions se font en liquide - mais le taux de bancarisation dépasse 90%.... En conclusion, sile gouvernement roumain veut stopper les paiements informels, il faudrait mieux qu'ils'attaque d'abord aux causes plutôt qu'aux conséquences. Les effets secondaires de la loipourraient bien annihiler ses aspects théoriquement positifs. Dan Popa (Regard)

n

BUCAREST

ORADEA

SATU MAREl

TIMISOARA

ARAD

lIASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGU

MURES

BRAILAl

l

l

l

l

SUCEAVA

l

PITESTI

l

PLOIESTIl

VASLUIBACAU

CRAIOVA

TULCEA

l

l

l

l

GIURGIU l

l

l

Les transactions en espèces

désormais limitées à 11 300 eurosEconomie

“Mettre la charrue avant les bœufs”

Le groupe russe Lukoil menace de quitter la Roumanie

Le groupe pétrolier russeLukoil a été renvoyé en justi-ce par le parquet roumain de

Ploiesti, début août, pour blanchiment,dans une affaire qui aurait fait perdre1,7 milliard d'euros à la raffinerie Petrotelqu'il détient en Roumanie.

Lukoil Europe Holdings BV, baséaux Pays-Bas, Petrotel Lukoil, basé àPloiesti et six responsables de la raffine-rie, dont trois ressortissants russes, sontaccusés de blanchiment et d'avoir utiliséavec mauvaise fois le capital et le créditde Petrotel pour favoriser la filiale euro-péenne du groupe.

Le directeur général de Petrotel,Andrey Bogdanov, et cinq de ses subor-donnés ont conclu des contrats défavora-bles à la raffinerie, en livrant des produitspétroliers à des prix inférieurs aux coûtsde production, indiquent les procureurs,qui évoquent en outre des rembourse-ments de dettes fictives, des engagementsd'investissements non tenus et un apportde capital simulé.

Le parquet de Ploiesti a égalementmis sous séquestre les comptes de LukoilEurope et de Petrotel, à hauteur de2 milliards d'euros. Le groupe avait reje-té en juillet ces accusations et en avait

appelé au président Klaus Iohannis et àla Commission européenne pour obtenirla levée du séquestre. Le parquet dePloiesti avait ouvert cette enquête enoctobre dernier, lorsque plusieurs sitesroumains du groupe avaient été perquisi-tionnés. Lukoil avait alors menacé de fer-mer la raffinerie rachetée en 1998.

Le groupe, qui détient une part de20% du marché roumain des produitspétroliers et un réseau de 300 stations ser-vice, a enregistré des pertes de l’ordre de68 millions d'euros en Roumanie en2014, pour un chiffre d'affaires estimé à1,4 milliard d'euro.

Mugur Isarescu, l’inamovible gouverneur de la Banque centrale

Une application roumaine pour mieux "pister" les clientsCarrefour vient d'équiper ses 28 hypermarchés roumains de "beacons". Le déploiement de ces balises de géolocalisa-

tion, une technique inventée dans la Silicon Valley californienne et développée notamment par une entreprise de Cluj, per-met de guider les clients dans les magasins, de les informer et de leur proposer des offres sur mesure. Guider ou "pister"?

Ses avoirs de deux milliards d'euros mis sous séquestre pour blanchiment d'argent

Onyx, une jeune entreprise de Cluj , aide Carrefour à s’équiper.

Page 11: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

2120

Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

n

BUCAREST

ORADEA

SATU MAREl

TIMISOARA

ARAD

lIASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGU

MURES

BRAILAl

l

l

l

l

SUCEAVA

l

PITESTI

l

TARGOVISTEl

VASLUIBACAU

CRAIOVA

TULCEA

l

l

l

l

GIURGIU l

Social La Roumanie n'est déjà

l

l

La Roumanie est devenue en2014 le deuxième contributeur bi-latéral à l'aide apportée à laMoldavie avec un montant de 56millions d'euros, derrière les USA(97 millions d'euros) et le 3ème aumonde, si on inclut l'UE (93 millionsd'euros, auxquels il faut rajouter lesparticipations bi-latérales des paysmembres). L'assistance roumaine aété dirigée en premier lieu vers desprojets sociaux, dont 23 millionsd'euros destinés aux maternelles etconcernant la moitié des enfantsmoldaves en âge préscolaire, laréhabilitation de l'Institut de la Mèreet l'Enfant. Des établissements cultu-rels ont été aussi rénovés, àChisinau et Cahul (musée nationald'Art, théâtre B.P. Hasdeu).

La Roumanie a fourni également100 microbus pour le ramassagescolaire, 5 ambulances complète-ment équipées type SAMU, des buspour le transport de troupes théâtra-les et orchestres, 50 voitures desti-nées aux services de l'administrationpublique. Des fonds ont été aussidégagés pour que de jeunesMoldaves puissent continuer gratui-tement leurs études en Roumanie, letransfert d'expertise au niveau desautorités nationales et locales, parti-culièrement dans le domaine de l'in-tégration européenne.

Le sérieux coup

de pouce roumain

à la sœur moldave

Le pays a besoin de brasDans quelques années, la Roumanie risque de manquer cruellement de main-

d'œuvre qualifiée. Alors que trois millions de Roumains travaillent à l'étranger, deplus en plus nombreux sont les analystes à demander l'ouverture des frontières poursoutenir la croissance. Le point de vue controversé de l'éditorialiste CristianHostiuc.

Sous peu, la Roumanie aura un gros manque de main d'œuvre qualifiée. Les pré-misses de ce phénomène sont déjà visibles dans l'industrie des technologies del'informatique (TI), où une grande partie des compagnies sont en carence de

personnel, mais aussi dans l'industrie lourde. Les nombreuses entreprises délocalisées enRoumanie ont aspiré presque toutes les ressources humaines disponibles. Le prochainsecteur déficitaire sera celui de l'agro-alimentaire.

Certains producteurs souhaiteront bientôt exporter des produits à forte valeur ajou-tée. Donc ils investiront dans du matériel, ils mettront en place des réseaux de distribu-tion, mais ils ne trouveront personne pour occuper les postes proposés. Le domaine de laconstruction ne sera pas en reste. A partir du moment où d'importants chantiers d'infras-tructures se développeront, les patrons iront débaucher les ouvriers qui travaillent actuel-lement pour des particuliers. La concurrence sera âpre, elle se reflétera sur le niveau dessalaires et donc sur les budgets des entreprises.

1,3 million de travailleurs au noir

Sur 18 millions de Roumains, 9,2 millions sont en âge de travailler. La populationactive est estimée à 8,6 millions, dont 5,8 millions de salariés - au sein d'entreprisespubliques, dans l'armée et les services secrets et dans le privé. 2,7 millions de personnessont des travailleurs indépendants, des patrons, des agriculteurs, des travailleurs nonrémunérés au sein de structures familiales. A cela, il faut ajouter 1,3 million de Roumainsqui travaillent au noir, 600 000 chômeurs, 5,2 millions de retraités. Les autres sont desenfants. La Roumanie compte aussi 500 000 étudiants et 100 000 d'entre eux entrentchaque année sur le marché du travail. Mais ils ne sont que 7000 à avoir un profil quiconvienne au secteur de l'informatique.

En tout, la Roumanie peut fournir chaque année 200 à 300 000 salariés aux entrepri-ses qui en ont besoin. C'est un nombre insuffisant si la croissance se maintient à 3-4% paran, comme c'est le cas actuellement. Dans l'ouest du pays, certaines entreprises ont déjàcommencé à mettre des annonces dans les villages pour recruter des gens.

Deux millions de personnes supplémentaires pourraient être employées: celles quivivent d'une petite agriculture de subsistance et de l'argent envoyé par des proches à l'é-tranger. Travailler dans le secteur légal n'est pas une priorité pour eux, la plupart étantpropriétaires d'un logement. Et il y a peu de chance que ces personnes mettent de côtéleur "indépendance" pour travailler dans la construction ou l'agro-alimentaire, indiffé-remment du salaire qu'on leur proposera.

D'autre part, trois millions de Roumains, soit une grande partie de la population acti-ve, travaillent à l'étranger. Si certains d'entre eux reviennent un jour, il est peu probablequ'ils veuillent trimer pour un patron. Avec les euros économisés, ils ouvriront leur pro-pre affaire et chercheront eux aussi à embaucher, ce qui augmentera la concurrence. Auvue de cette situation, où les compagnies vont-elles recruter leurs futurs employés ?

plus une destination low cost

pour soutenir la croissanceOuvrir les frontières aux Moldaves, Ukrainiens, Serbes, Grecs…

La seule chance de la Roumanie est d'ouvrir ses frontièresaux Moldaves, aux Ukrainiens, aux Serbes et, pourquoi pas,aux jeunes de Hongrie, de Grèce, d'Espagne, du Portugal etd'Italie, des pays où le taux de chômage est extrêmementélevé. Pour la Moldavie et l'Ukraine, l'ouverture des frontièresdoit se faire de manière officieuse, exactement comme ontprocédé l'Allemagne, l'Italie ou l'Espagne au début des années1990, afin d'attirer de la main d'œuvre polonaise et roumaine.Faire venir un million de Moldaves ou d'Ukrainiens doit deve-nir la priorité d'une véritable politique d'État, afin de pallier ledéficit de personnel de ces prochaines décennies. De plus,étant donné la situation dans ces deux pays, la Roumanie peutêtre une destination envisageable pour ceux qui désirent com-mencer une nouvelle vie dans un État européen.

La semaine dernière, je discutais avec le directeur des res-sources humaines d'une banque. Il m'expliquait que la vie àBucarest était de plus en plus chère et qu'il lui était difficiled'assurer certains postes dans le secteur de l'informatique. Jelui ai suggéré d'ouvrir une succursale dans le nord du pays - àSuceava et à Botosani, où la présence d'investisseurs n'est pasmassive - afin de recruter des frontaliers.

Si on assure aux Moldaves et aux Ukrainiens un logementet un travail, on a toutes les chances de les attirer sur notre ter-ritoire. De plus, dans ces régions, les coûts de production et lessalaires sont beaucoup plus faibles qu'à Bucarest ou dans les

autres grandes villes du pays, comme à Cluj, Timisoara, Sibiu,Brasov ou Iasi.

Dix départements regroupent 80% de la main d'œuvre

La Roumanie est complètement déséquilibrée du point devue de l'emploi. 70 % du chiffre d'affaire de l'économie estréalisé dans seulement dix départements, où est regroupé 80%de la main d'œuvre. Les employés qui travaillent dans l'infor-matique ont fait augmenter le niveau général des salaires enRoumanie. Cette tendance va se poursuivre et stimuler lesrevenus du secteur bancaire et de l'industrie. De fait, laRoumanie n'est déjà plus une destination low cost. Pour que lepays ne soit pas bloqué dans une décennie, lorsque le coût dutravail deviendra trop cher par rapport à la valeur de la produc-tion, nous devons trouver un million de personnes. LaRoumanie n'a pas d'autres alternatives.

Cristian Hostiuc (Ziarul Financiar)

Traduit par Julia Beurq pour Le Courrier des Balkans

La réhabilitation thermique

des bâtiments va créer

des emplois

Plus de 50 000 emplois devraient êtrecréés dans les cinq prochaines années enRoumanie dans le domaine de la réhabili-tation thermique des bâtiments.

La Directive européenne sur l'effica-cité énergétique prévoit en effet que lesbâtiments publics neufs - c'est-à-dire pro-priétés d'une collectivité territoriale oud'un organisme public - devront être"Bepos" ou Bâtiments à énergie positiveà compter du 1er janvier 2020 dans le butde réduire la consommation en énergie.Aucun bâtiment de ce type n'existe pourle moment en Roumanie et se pose donc,entre autres, la question de la qualifica-tion de la main-d'œuvre.

Un projet de formation nommé"Build Up Skills QualiShell" devraitdémarrer dans les pays membres; la

Roumanie étant le premier pays danslequel celui-ci va être implanté.

Les prix

de l'immobilier remontent

L'indice des prix de l'immobilierpublié par Eurostat montre une augmen-tation de 4,1% pour la Roumanie durantle premier trimestre 2015, en comparai-son à la même période l'année dernière. Ils'agit de la hausse la plus importante auniveau de l'Union européenne.

C'est la Suède qui arrive en secondeposition (+ 3,9%) puis la Hongrie(+ 3,7%). À l'opposé, les prix de l'immo-bilier ont baissé en Belgique, Croatie et àChypre de 2,8%, toujours durant le1er trimestre 2015.

Tracteur communiste

pour l'Egypte

Le célèbre tracteur Universal 650 M,

fierté de l'agriculture communiste rou-maine, fabriqué dans les années 70 parl'usine Mécanique de Plopeni, près deBrasov, jusqu'à ce qu'elle tombe en failli-te, dans les années 90, va retrouver unenouvelle jeunesse. L'Egypte se montretrès intéressée par cet engin agricole, fia-ble, solide, facile à réparer et peu cher(15 à 17 000 euros) par rapport auxmodèles occidentaux sophistiqués.

L'Universal 650 M est toujours fabri-qué à Baicoi (Prahova, Ploiesti) mais seu-lement à 300 unités par an, par unesoixantaine d'ouvriers à la retraite dont lesavoir faire artisanal permet encore saproduction.

Un homme d'affaires égyptien en adonc racheté la licence et s'apprête à lelancer sur son marché, développant l'usi-ne actuelle, la dotant en outre d'une unitéde fabrication de pièces de rechange quilui faisait cruellement défaut, et se pro-posant d'embaucher des jeunes qui serontformés par leurs aînés.

A savoir

La Moldavie continue à être un des principaux fournisseurs du marché noir de la cigarette en Roumanie qui atteint 14 %,mais près de 35 % dans le nord-est, près de la frontière entre les deux pays, ainsi que dans le nord-ouest (frontière ukrai-nienne). Le manque à gagner est important pour la Roumanie, l'industrie du tabac représentant le deuxième contribua-

ble au budget de l'Etat, après le secteur pétrolier. Ses taxes ont rapporté 2,7 milliards d'euros en 2014, soit 12,5 % des revenus bud-gétaires et 1,75 % du PIB.

Les méfaits… du trafic du tabac

Page 12: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

2322

ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Ikea a acheté 33 600 hectaresde forêts (33,6 km2) dans les judetsde Prahova (Ploiesti), Buzau,Vrancea (Foscani), Botosani etBihor (Oradea),auprès de l'uni-versité américainede Harvard repré-sentée dans lepays par la firmeGreengoldEuropean CapitalSA, dont le fonda-teur et actuel pré-sident est unSuédois d'origi-ne roumaine,Sorin Chiorescu. Ikea devient ainsile plus gros propriétaire privé deforêts en Roumanie avec l'Egliseorthodoxe, et réalise sa plus grosseacquisition mondiale dans cedomaine. Le prix de la transactionn'a pas été communiqué, à la suited'un "contrat de confidentialité". Onsait seulement qu'il était à peinesupérieur à celui demandé à l'étatroumain qui n'a cependant pas faitjouer son droit de préemption. Ikeaet ses fournisseurs emploient14 000 personnes en Roumanie ety est présent depuis 2007 avec,pour l’instant, un seul magasin,ouvert à Bucarest. Mais le groupe aracheté dernièrement un autre ter-rain dans la capitale pour ouvrir unsecond magasin.

Il a indiqué qu'il n'envisageaitpas d'acquérir d'autres forêts pourle moment et n'a pas précisé sonprogramme d'exploitation de cellesqu'il possède déjà.

n

BUCAREST

ORADEA

BAIA

MAREl

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU

MURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

l

TULCEA

BOTOSANI

FOCSANI

l

l

l

PITESTI

l

l

reste une pratique très répandue en Roumanie

Ikea fait main basse

sur les forêts

roumaines

Aujourd'hui, en dehors du fait que les multinationales fontdésormais partie du paysage, la crise économique et financiè-re a quelque peu modifié les politiques managériales. La pres-sion de la rentabilité est plus grande et le risque de licencie-ment plus important. "Ici comme à l'Ouest, on a vu apparaîtreun malaise dans le rang de ceux qui travaillent pour ce genre

de sociétés, beaucoup n'ont pas encore réussi à s'adapter à uncontexte plus tendu, précise cette même sociologue. Le travailest devenu incertain, les heures au bureau s'accumulent, l'é-quilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est plusdifficile à trouver".

Jonas Mercier (Regard)

La durée maximum du travail est peu respectée

La transition démocratique a radicalement changé le rapport à l'activité profes-sionnelle. Aujourd'hui, quel temps les Roumains dédient-ils au travail, et commentle vivent-ils ? L’INS et Eurostat se sont penchés sur la question.

Les études statistiques offrent plusieurs perspectives concernant les Roumainset le temps qu'ils dédient au travail. L'Institut national des statistiques (INS)indique dans ces chiffres les plus récents que les salariés roumains travaillent

en moyenne 7h44 par jour, et leurs employeurs 8h01. De son côté, Eurostat, le bureaueuropéen des statistiques, estime que les Roumains sont les plus grands travailleurs del'UE avec plus de 41h de travail hebdomadaire, soit un peu plus de huit heures par jour.Derrière ces indicateurs, la réalité est complexe. "Avoir deux emplois, voire trois, resteune pratique très répandue en Roumanie, explique la sociologue Raluca Popescu. Deplus, temps libre et temps de travail se mélangent souvent. Pendant le week-end, il n'estpas rare que les Roumains rapportent à la maison des tâches qu'ils n'ont pas eu le tempsde faire durant leurs heures de travail".

Pourtant, près de la moitié de la population active se dit satisfaite de son rythme detravail, et estime ne pas trop travailler, alors queseulement un tiers aimerait plus de temps libre. "Ilfaut prendre ces sondages avec précaution car ilsfont appel à une perception et non pas à des don-nées concrètes. Or les Roumains ont du mal àreconnaître qu'ils travaillent trop, souligne RalucaPopescu. En Roumanie, la valeur travail estimportante, elle vient juste après celle de lafamille, à l'inverse des pays occidentaux où leshobbys relèguent le travail en troisième position".

L'autre aspect qui ne se retrouve pas forcé-ment dans les enquêtes chiffrées est celle destâches domestiques. Les Roumains passent en

moyenne bien plus de temps à cuisiner, faire le ménage ou à s'occuper de leurs enfantsque dans le reste des pays européens. Une situation en grande partie due aux bas salairesqui les empêchent de pouvoir se délaisser de ce type d'occupations en faisant appel à desservices spécialisés.

Un rapport au travail très différend de l'époque communiste

"Sous le communisme, le rapport au travail était bien différent, l'implication et laparticipation étaient minimales. Tous les moyens étaient bons pour ne pas aller travailler,et il existait un désintérêt prononcé pour la vie organisationnelle ou pour le succès del'entreprise, note Mara Stan, experte en ressources humaines. Aujourd'hui, les bas salai-res et le risque plus grand de tomber dans la pauvreté contraignent les Roumains à tra-vailler davantage". D'un modèle économique à l'autre, les Roumains ont été obligés depasser d'un extrême à l'autre. L'arrivée des multinationales a notamment signifié un chan-gement majeur dans les habitudes de travail locales.

Dans les années 1990, le nouveau modèle proposé par les compagnies étrangères asoulevé un grand grand enthousiasme, particulièrement chez les jeunes. Du programmeencadré et rigide des entreprises publiques, qui débutait entre 6h et 7h du matin, lesRoumains ont eu l'opportunité d'adapter leur temps de travail à leur propre rythme, et sur-tout de commencer la journée à partir de 8h30, 9h. "Après la révolution, ceux qui ontchoisi de travailler pour des multinationales, en particulier les jeunes, étaient extrême-ment motivés par les perspectives professionnelles qui s'ouvraient à eux, explique uneautre sociologue collaborant pour un grand groupe et qui a préféré garder l'anonymat. Cefut une bouffée d'air, et le temps investi au travail était proportionnel à la satisfactiond'apprendre quelque chose de nouveau et d'évoluer dans sa carrière."

Avoir deux emplois, voire trois,Social

Les Roumains sont les plus grands travailleurs de l'Union Européenne

540 employés du Complexe énergé-tique de Hunedoara vont être licen-ciés de manière collective d'ici fin

septembre. La nouvelle vient de tomber aprèsl'annonce d'une aide de l'état de 97 millions delei -plus de 20 millions d'euros- visant à réali-ser la procédure de licenciement.

En fonction de leur ancienneté, les salariésen question recevront des compensationsallant de 3 à 12 mois sur la base des salairesmoyens bruts offerts par la société. Les critèresde licenciements n'ont quant à eux pas encoreété spécifiés. Le Complexe de Hunedoaraassure encore près de 5% de la productionénergétique du pays et compte 7000 employés.Il doit assumer une dette importante accumu-lée depuis plusieurs années.

Géant du meuble, Ikea devient aussi celui des forêts roumaines.

En Roumanie, les magasinssont souvent ouverts jusqu'à22h, les restaurants ne sem-

blent jamais fermés, les bars ne mettentque rarement leurs clients dehors... La loiimpose une durée maximum de travail,certes, mais beaucoup ne la respectentpas. Le travail au noir touche près d'unquart (23%) de la population active, soit

1,45 million de personnes, selon leConseil fiscal, institution évaluant lespolitiques macroéconomiques du gouver-nement. Le travail le dimanche, même s'ilest théoriquement interdit par le Code dutravail, est également souvent pratiqué.

"Il existe des dérogations pour lessecteurs soumis à certains impératifs detemps. C'est le cas de l'agriculture ou de

la construction, où il est quasimentimpossible de travailler pendant l'hiver,explique le directeur de l'association rou-maine des entrepreneurs de la construc-tion (ARACO), Adrian Florescu.

Ce qui fait que les ouvriers acceptentgénéralement de travailler le dimancheau retour de la belle saison pour gagnerplus d'argent".

Des syndicats particulièrement faibles

Dans le rapport de force qui les oppose au patronat, les syndicats roumains sont particulièrement faibles. Les pressionsexercées par les patrons sont souvent décisives dans le choix des salariés. L'ouverture des magasins le dimanche, parexemple, est un phénomène relativement nouveau, mais rapidement entré dans les mœurs. Or le commerce est un sec-

teur où les syndicats sont quasiment absents. Comme dans les autres pays chrétiens, le dimanche est traditionnellement une jour-née de repos en Roumanie. Une pause hebdomadaire qui est encore respectée dans les campagnes, où s'y soustraire est synonymede péché.

"Cette tradition tend toutefois à disparaître aussi dans le milieu rural, souligne le sociologue Mircea Kivu. Beaucoup deRoumains qui vivent à la campagne travaillent en ville et n'ont que le week-end pour s'occuper des petits travaux d'entretien deleur maison, ou bien du lopin de terre qu'ils cultivent. Dans le milieu urbain, par contre, cette croyance n'a jamais été vraimentimportante".

Bénéficier d'une retraite anticipée était devenu un sport nationalaprès la "Révolution", avec la complicité des médecins délivrantdes certificats de complaisance destinés aux caisses de retraite,

chaque intermédiaire recevant au passage sa "récompense". Cette pratique est toujours en vigueur dans le judet du Bihor (Oradea),

ainsi que viennent de le découvrir les enquêteurs de la police, à la suite d'uneperquisition menée au siège de la caisse départementale. Ils ont constaté qu'entout juste deux semaines, en mai, 738 demandes de pension ou prolongationsde pension avaient été sollicitées et accordées, 733 entraînant le versement debakchichs, se montant entre 200 et 400 e pour les premières demandes et 25 à100 e pour les renouvellements. Ces sommes n'allaient pas seulement auxmédecins mais aussi à leurs assistants qui en empochaient 30 %.

Six praticiens ont été mis en cause. Au domicile de la mère d'une doctores-se, membre de la commission chargée d'instruire les dossiers, les enquêteursont découvert 700 000 echez une autre des actions en bourse d'un montant de200 000 e une troisième était propriétaire de quinze maisons. En une seulejournée, il lui arrivait d'encaisser 3500 e de dessous de table.

Pas étonnant, dans ces conditions, que le judet du Bihor détienne le recorddes travailleurs et employés mal en point… 37 833 ayant été envoyés à laretraite pour cause de maladie.

Record de pensionnés anticipés dans le Bihor540 licenciements au

Complexe énergétique

d'Hunedoara

l

BUZAU

Page 13: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

L’actualité en imagesLes NOUVELLES de ROUMANIE

2524

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Vous avez forcément entendu parler d'AlexisTsipras. Mais qui connaît Klaus Iohannis, prési-dent de la Roumanie, élu quelques mois avant son

homologue grec? Pourquoi ne pas parler, de temps à autre, desbons élèves? Un pays au PIB comparable à celui de la Grècese transforme à grande vitesse, offrant aux Balkans un contre-modèle de développement.

Car depuis quelques mois, unevague anti-corruption sans précé-dent fait trembler l'establishmentbucarestois. Sous l'impulsion desjuges de la section anti-corruption(DNA), un bon millier de hauts-fonctionnaires, maires, députés,sénateurs, procureurs et ministres sesont retrouvés sous les verrous, dontl'ancien Premier ministre AdrianNastase. Les oligarques les y ontrejoints, tels Gigi Becali, propriétaire du club de foot SteauaBucarest et spéculateur immobilier aux pratiques douteuses,ou Adrian Sârbu, mogul des médias, convaincu d'évasion fis-cale et de blanchiment d'argent.

Révolution culturelle contre la "spaga" et femme de courage

Victor Ponta, l'actuel Premier ministre, a lui-même étéinculpé le mois dernier; après une étrange retraite médicale enTurquie, il a dû démissionner de la présidence de son parti. Al'image de la Géorgie de Saakachvili il y a une dizaine d'an-nées, la Roumanie semble en train de mener sa révolution cul-turelle contre la "spaga", cette forme endémique de corruptionqui a bloqué la plupart des grands projets d'infrastructure sou-tenus par l'Union Européenne.

La Commission européenne reconnaît là une "formidabledynamique", langage pour le moins inhabituel dans ses austè-res rapports. Et le département d'Etat américain a décerné à lajuge Laura Kosevi, charismatique patronne du DNA, lamédaille internationale des "femmes de courage". Après troisquarts de siècles d'épreuves, la Roumanie serait-elle en passe

de redevenir notre "sœur latine", selon l'expression de PaulMorand, et Bucarest le "petit Paris" de la Belle Epoque,moteur de tant d'échanges culturels entre nos deux nations?Morand voyait également dans la Roumanie "une terre tra-gique où souvent tout finit dans le comique".

Où d'autre, en effet, les prisonniers peuvent-ils obtenir uneréduction de peine… en écrivant des livres? Une astuce que

les hommes politiques ont abon-damment exploitée derrière les bar-reaux, publiant environ deux centsouvrages l'année dernière. Le dépu-té Vasilescu, condamné pour traficd'influence, détient la palme de lagraphomanie avec neuf livres endeux ans, sur des sujets allant desrelations sino-roumaines… à l'é-thique parlementaire?!

Les chiffres sont repassés au vert

Cette réaffirmation progressive de l'Etat de droit n'est biensûr pas l'œuvre du seul Klaus Iohannis, mais l'élection surpri-se d'un membre de la minorité germanique, qui a fait de lalutte contre la corruption l'élément central de son programme,a contribué à renforcer l'impression de sérieux et de détermi-nation au sommet de l'Etat. Le nouveau Président s'estemployé à soutenir les juges du DNA, notamment en empê-chant les députés de se voter l'immunité.

Economiquement, en dépit de récents revirements, laRoumanie a avalé sans mot dire la potion du FMI. Résultat, ladette publique s'est stabilisée à 40% du PIB, le chômage estdescendu sous la barre des 7%, et le FMI prévoit près de 3%de croissance l'année prochaine. En janvier dernier, KlausIohannis avait affirmé à Jean-Claude Juncker son intention derejoindre l'eurozone. Un de perdu, dix de retrouvés?

Gaspard Koenig*L'Opinion est un nouveau quotidien multi-média qui

s'affirme sans complexe libéral, de droite et pro-business,mais aussi pro-européen. Il est dirigé par l'ancien journalistedu Figaro Nicolas Beytout.

Un été roumainPourquoi ne pas parler,de temps à autre, des bons élèves?

Tribune

Sur les marchés, des tomates... qui ont vraiment le goût de tomate!

De Chisinau à Bucarest, la marche d’Etienne le Grand pour la réunification de la Moldavie et la Roumanie a mobilisé des jeunes.

Enfin l’unanimité... pour les parlementaires qui votent l’augmentation de leurs indemnités, les triplant.

Dans L'Opinion*, Gaspard Koenig, jeune président du think tank libéral Génération Libre rend hommage à l'impul-sion donnée à la Roumanie par son président Klaus Iohannis, comparant sa réussite à l'échec de la Grèce. Le constat nemanque pas de pertinence… même s'il souffre d'un oubli: la potion amère que le peuple roumain a dû ingurgiter ces der-nières années, imposée par la troika (FMI, Banque mondiale, UE), épargnant au passage la nomenklatura et les oligarques.

Les métiers de la restauration figurent toujours parmi ceux qui sont le plus souvent proposés à l'étranger, comme l'illus-tre un encart publié dans les médias de la région d'Arad. L'Allemagne est à la recherche d'une cinquantaine d'employéspour des contrats de six mois, pouvant être prolongés en durée indéterminée. Il concerne des cuisiniers (de 1700 à 2400

euros brut), des serveurs et barmen (1500 à 2200 euros) ou du personnel pour l'industrie de la restauration (1450 euros). Les can-didats doivent être diplômés dans leur spécialité, avoir une expérience professionnelle et des connaissances en allemand. Unesélection aura lieu en octobre à Bucarest.

Métiers recherchés

A la frontière de Nadlac, le 11 juillet dernier, la Roumanie était enfin reliée auréseau autoroutier européen... Il ne reste plus qu’à faire les autoroutes !

Pélérinages du 15 août: des fidèles font le tour du monastère de Nicula.

Une fouleimportantea attendule verdictdu procèsdesvioleurs.

Avec l’Hyperion, la Roumanie a son “TGV”.

Joie oupleurs pour

les examens

Page 14: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

2726

Les NOUVELLES de ROUMANIE Société

La Transalpina (DN 67 C), la plus haute route de Roumanie, est à nouveau pra-ticable depuis le mois dernier. Reliant sur 148 km quatre judets du nord au sud(Gorj, Vâlcea, Sibiu, Alba), elle permet de franchir les monts Parang, dans les

Carpates méridionales, en environ 3-4 heures. Elle devient route des crêtes sur 20 km,côtoyant cinq sommets - Dengheru (2084 m), Papusa (2136 m), Urdele (2228 m), Iezer(2157 m) et Muntinu (2062 m) - mais est fermée l'hiver, jusqu'au début de l'été.

Bien que plus haute que la Transfagarasanul, la Transalpina, tracée par les Romains,est moins connue. Réhabilitée par le Roi Carol II en 1938, qui l'a inaugurée en présencede la famille royale après l'avoir fait paver, puis par les Allemands pendant la SecondeGuerre mondiale, elle est aussi appelée la "Route du Roi", et n'a été asphaltée qu'en 2009.

Après la "Révolution" de 1989, son état s'était détérioré, les pavés et pierres étantvolés pour construire les fondations de villas dans la région. En 2008, le ministre desTransports, Ludovic Orban, avait décidé de la remettre en état. Un contrat portant sur latotalité de son tracé avait été passé avec la compagnie Romstrade appartenant à l'affairis-te Nelu Iordache pour sa réhabilitation, qui a été résilié… ce dernier se retrouvant derriè-re les barreaux pour détournements de fonds européens. La Compagnie Nationale desAutoroutes et Routes Nationales (CNADNR) a pris alors le relais, menant finalement àbien la chantier sans dépasser l'enveloppe de financement prévue de 400 millions d'euros.

La Route Transfagarasanul (DN7C) traverse les monts Fagaras entre Curtea de Argesau sud et la Transylvanie au nord, sur environ 100 km, à un peu moins de 2 000 m d'alti-

tude. Elle est bloquée par la neigegénéralement entre mi-octobre etmi-juin. Elle a été construite entre1970 et 1974, sous Ceausescu.

Ce dernier voulait assurer uneroute stratégique à travers les mon-tagnes, en réponse à l'invasion dela Tchécoslovaquie par l'URSS en1968. Ceausescu désirait garantirune intervention militaire à traversles Carpates dans le cas ou l'URSStenterait une opération d’invasionen Roumanie.

La Transfagarasanul a été réalisée avec des moyens matériels considérables, mais éga-lement au prix de beaucoup de vies humaines (soldats et ouvriers). Officiellement il y a eu40 morts lors de sa réalisation, mais les personnes encore en vie 40 ans après parlent decentaines de vies humaines perdues. Répondant à une entrevue, un témoin de ce temps dit:"Uniquement pour la construction du barrage environ 400 personnes ont perdu la vie".

La route des crêtes permet de franchir

les Carpates du sud au nordUn lac roumain témoin

des changements politiques

Une équipe de scientifiques britanniques a réaliséune étude visant à mettre en évidence le lien entrel'environnement et les politiques mises en place

en Roumanie depuis une centaine d'années. L'analyse desdépôts issus du lac Stiucii en Transylvanie révèlerait un forttaux d'érosion des terres, témoignant ainsi d'une agricultureintensive, particulièrement durant la période communiste.

Simon Hutchinson de l'Université de Salford en GrandeBretagne, l'un des scientifiques impliqués dans l'étude, anotamment expliqué que "les échantillons prélevés attestaientde la manière dont l'on avait utilisé la terre dans cette régionces 100 dernières années. En étudiant le degré de sédimenta-tion, il est possible d'observer des périodes distinctes. Ainsi,une forte augmentation des sédiments est observable à partir

des années 50 et ce lorsque le lac a commencé à être remplipour faire face à la demande en eau. Avant cela, les tauxétaient bas et stables. Ceux-ci sont redescendus à partir de1989 avec la fin de l'agriculture intensive", explique le cher-cheur britannique.

Celui-ci a mis également en avant le lien entre l'érosiondes sols et la présence de métaux en conséquence de l'usageintensif de pesticides. Sa collègue, Angelica Feurdean duCentre Senckenberg de recherche sur le climat et la biodiver-sité, a quant à elle examiné le pollen afin de mettre en éviden-ce la déforestation à l'œuvre dans la région. L'équipe a parailleurs détecté du radio césium dans le sol, résultat selon euxde l'accident nucléaire de Tchernobyl, à l'image d'analysessimilaires effectuées dans différentes régions d'Europe de l'est.

EvénementsEvénements

La Transalpina enfin rouverte

L'effet DNA commence à pro-duire ses effets, notammentdans les milieux interlopes.

L'ancien directeur adjoint du pénitencierde Giurgiu, Florin-Marian Antonescu, aété inculpé pour avoir touché 4000 eurosdu père d'un détenu, Mihai Cicu, membredu clan dit "des sportifs", afin de le fairelibérer avant le terme de sa détention. Ilavait été dénoncé à la Direction NationaleAnticorruption par un membre de cetteorganisation mafieuse qui estimait avoirété floué.

Fin décembre, l'intermédiaire, PetrusSavelie, cuisinier à la prison, chargé de lanégociation, était censé avoir remis lasomme exigée par le directeur adjoint

pour qu'il intervienne en faveur du déte-nu, lors de la commission de libérationconditionnelle, dont il faisait partie, afinqu'il puisse sortir le 1er février. Maiscontre toute attente, Antonescu avaitdonné un avis négatif, la libération éven-tuelle de son "protégé" étant repoussée àfin avril. Pour certains, il n'aurait pas tou-ché encore la somme promise. Le conten-tieux étant réglé, il avait fait le nécessaireà la commission suivante.

Finalement, Cicu sortait de prison le15 février, mais ce retard déclenchait desrèglements de compte, la dénonciation del'intermédiaire et, par ricochet, du direc-teur adjoint. Curieusement, le parquet deGiurgiu n'avait pas fait de recours.

Les libérations conditionnelles de laprison de Giurgiu avaient attiré l'attentionde la DNA dès novembre 2012. Troismembres emprisonnés du clan des "prê-teurs sur gage", dont un de ses chefs,Vasile Balint, dit "Sile Camataru",avaient été rendus à la liberté sans que lesprocureurs ne s'y opposent.

La presse a affirmé que les magistratsavaient reçu 150 000 euros. Ils avaientavancé pour justifier leur position que ledétenu s'était amendé, avait participé àdes programmes sportifs, culturels, qu'ilfaisait des sudoku dans sa cellule (!) etqu'il avait reçu une éducation sanitaire.En novembre 2014, Sile Camataru était ànouveau arrêté, pour proxénétisme.

La mafia des libérations conditionnelles en prend un coup

La Transfagarasanul, route stratégique construite par Ceausescu, en prévision d’une invasion soviétique.

n

BUCAREST

ORADEA

SATU MAREl

TIMISOARA

ARAD

lIASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGU

MURES BRAILAl

l

l

l

l

SUCEAVA

l

PITESTI

l

TARGOVISTEl

BISTRITA

BACAU

CRAIOVA

TULCEA

l

l

l

l

GIURGIU l

l

l

C'est la plus grosse prise dedrogue jamais réalisée enRoumanie. Pas moins de 320 kilosd'héroïne d'une valeur estimée àplus de 40 millions d'euros ont étésaisis, fin juillet. Quatre trafiquantsprésumés, deux Roumains et deuxTurcs, ont été arrêtés alors qu'ilstentaient de quitter le pays pour laHongrie à bord de deux camionsoù était dissimulée l'héroïne.

"Nous avons collecté les premiè-

res informations il y a quatre ans, aexpliqué le responsable de la policeJean Cucu, de l'unité chargée du

crime organisé. Nous avons organi-

sé des missions de surveillance sur

ce gang depuis 2010. Le nom de

code de l'opération était 'Flèche

verte'. La drogue était enfouie dansdes réservoirs spéciaux à feuillesde métal recouvert de plomb ettrempé dans du piment en poudreafin de repousser les chiens reni-fleurs. Elle provient d'Afghanistanet a cheminé par la Géorgie,l'Arménie et l'Ukraine.

Elle était destinée aux Pays-Basd'où elle devait arroser l'ensembledu marché européen.

Saisie record

d'héroïne

Cristian Ivan, un Roumain, et sa femme, française, élèvent et éduquent eux-mêmes leurs enfants en les emmenant faire le tour du monde dans leur camping-car. C'est ainsi qu'à Londres, fin juillet, la famille a visité plusieurs musées dont

celui d'Histoire naturelle. Ce dernier a été soudainement évacué, à la suite d'une alerte desécurité majeure, déclenchée dans tout le centre de la capitale. Tout la zone était sans des-sus-dessous, restant complètement bloquée pendant deux heures, les rues adjacentes barrées.

Quelle ne fut pas la surprise du couple, de constater que leur véhicule était la cause de ce remue-ménage. Les vitres brisées, il étaitentouré à distance respectable par ses policiers et des tireurs en position. La raison ? Une grande inscription "Iran is great" ("L'Iranest grand"), peinte sur un de ses flancs, en souvenir d'un voyage marquant effectué dans ce pays en 2010, doublée d'une immatri-culation étrangère, qui l'ont rendu tout de suite hautement suspect. Le couple était d'autant plus suffoqué qu'avant de visiter lemusée, il avait garé son camping-car devant les services de sécurité et la police, sans que ceux-ci ne trouvent rien à redire.

Un Roumain déclenche une alerte générale

de sécurité dans le centre de Londres

Le marathonien de Bistritsa Andrei Rosu, économiste de formation, a été le pre-mier Roumain a réussir la traversée de la Manche à la nage, le 25 juin dernier,dans la cadre de l'Enduroman "Arch to Arc", une course que seuls quelques

athlètes parviennent à terminer. Il avait appris à nager voici seulement quatre ans !Parti à 6h20 du matin de Douvres, il est arrivé à Calais 21 heures plus tard, frigori-

fié et mort de fatigue, avant de poursuivre l'épreuve après deux heures de sommeil, lacaféine absorbée le tenant éveillé. Au cours de sa traversée, Andrei Rosu a vomi une qua-rantaine de fois, à cause du mal de mer, affronté des méduses géantes, dans une eau quifaisait 13-14 degrés. Epuisé - les organisateurs étaient sur le point de lui demander d'a-

bandonner - il lui a fallu 8 heures pour parcourir les quatre derniers kilomètres et sprinter deux kilomètres pour rester dans lestemps. Poursuivant son effort, l'athlète est devenu aussi le premier Roumain à réussir à boucler l'Enduroman "Arc to Arc" qui reliesur 480 kms les capitales françaises et anglaises, en franchissant la ligne d'arrivée près de l'Arc de triomphe à Paris: Londres-Douvres en course à pied, soit 140 kms en 16h53 minutes; Douvres-Calais à la nage, soit 40 kms en 21 heures; puis, enfin, Calais-Paris à vélo sur 300 kms. Andrei Rosu a intégré ainsi un club très sélect, celui des seize sportifs à être parvenus à terminer la cour-se en quatorze années d'existence. Andrei Rosu a couru pour la bonne cause puisque les fonds que sa performance a générés sontdestinés à l'hospice Casa Sperantei et ses enfants et adultes victimes de maladies incurables. Il avait intégré le Livre Guiness desrecords en 2012 après avoir couru sept marathons et sept ultramarathons, le tout sur sept continents.

Andrei Rosu, premier Roumain

à traverser la Manche à la nage

Page 15: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

2928

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

L'argent a plutôt fait le malheur de Daniel Neculai Amarei, de Baia, une loca-lité proche de Suceava. En 2003, alors qu'il avait 17 ans, ce collégien issud'une famille très pauvre de 5 enfants avait joué au loto - après avoir rêvé la

nuit précédente des cinq numéros gagnants (26, 30, 35, 40, 45, 49) a-t-il affirmé aprèscoup - empochant le gros lot de 1,3 millions de dollars. Inespéré pour ses parents qui n'a-vaient même pas de quoi se payer le train pour Bucarest où ils devaient recevoir officiel-lement le magot, le pris du billet étant finalement avancé par l'aide sociale de la mairie !

Hélas, en moins de trois ans, la fortune a étédilapidée. Le gamin, laissé à lui-même, s'estempressé d'acheter des voitures coûteuses (BMW,Audi A 6, Hyundai, Mercedes) qu'il cédait ensuiteà un prix dérisoire. Provoquant un accident, alorsqu'il conduisait en état d'ivresse, il resta sans per-mis de conduire. Il fit construire une immense villapour loger toute sa famille, qui, inachevée futrevendue pour une bouchée de pain, offrit unappartement à chacun de ses quatre frères.

Organisant fêtes sur fêtes tournant aux beuve-ries dans son village, il indisposa les voisins qui nepouvaient plus supporter le vacarme. Sa mère som-bra dans l'alcoolisme, et s'installa dans un minus-cule appartement à Falticeni, vendant les quelques

objets de sa maison pour se payer à boire. Le couple, se disputant sans arrêt, divorça.Après avoir quitté le domicile conjugal pour s'installer à Timisoara, le père se lança dansdes affaires désastreuses de transport international, d'élevage d'autruches et d'achat deterrains agricoles, mangeant encore plus le maigre capital restant de son fils. Finalement,à 29 ans aujourd'hui, le jeune millionnaire Daniel est devenu un exemple repoussoir dansson village qui ne veut plus entendre parler de lui.

L'argent a fait

Quand ilr e n t r eses ani-

maux pour la nuit -il a une trentaine dechèvres et de mou-

tons - en leur criant les mêmes mots étranges qu'utilisent lesbergers roumains, il semble appartenir depuis toujours auxmontagnes qui l'entourent. Coiffé d'un chapeau noir usé par letemps et habillé d'une peau de mouton retournée, il est plusroumain que les Roumains.

Dans la rue principale en terre du village de Lunca Gârtii,à 130 km au nord-ouest de Bucarest, où il habite aujourd'hui,il se fond à ce paysage montagnard qu'il côtoie depuis dix ans.''Quand je suis arrivé pour la première fois dans ce village,pour venir voir celle qui est devenue ma femme, j'étais venu deBucarest en vélo. Après deux jours de périple, je suis arrivétout transpirant et son père m'a accueilli en disant ''avem unmusafir'' (nous avons un invité). J'étais gêné car je pensaisqu'il me comparait à un saphir'', se rappelle-t-il.

Nicolas Triboi, 35 ans, n'est pas un étranger comme lesautres. Son père est Roumain. Ingénieur agronome, il a quittéle pays dans les années 60 pour s'installer dans le petit villagede Joze, en Auvergne. Il n'a jamais caché ses origines à sesenfants, mais ne leur a jamais appris la langue, ni imposé devisiter son pays natal. C'est un désir mystérieux qui a pousséNicolas Triboi à venir faire un stage à Bucarest en 2001, dansle cadre des études de paysagiste qu'il suivait à l'École natio-nale supérieure de la nature et du paysage de Blois.

''J'ai découvert la vie rurale et montagnarde de laRoumanie, les chemins forestiers où le tourisme n'a pas enco-

re fait ses ravages et les gensdu coin, qui ne connaissentpas le ''gortex'', dit-il. La

Roumanie n'est pas si corrompue. J'ai rencontré ici des hom-mes intègres et profonds''.

"La démarche qualité est toutefois rare"

Depuis, Nicolas Triboi s'est marié et définitivement instal-lé dans le village de Lunca Gârtii, d'où sa femme est originai-re. Ils ont deux enfants. Il a monté sa petite entreprise paysa-giste, l'Atelier Foaie Verde, et il voyage dans toute laRoumanie pour aménager des jardins de particuliers ou repen-ser des paysages citadins ou ruraux. On a fait appel à lui pourle jardin de l'Institut français de Bucarest, par exemple, ou lesespaces verts du nouveau Lycée français. L'architecture dupaysage reste une discipline peu connue en Roumanie.

''Il existe un marché et beaucoup d'argent, surtout àBucarest. Mais la corruption l'empêche de se développer dansde bonnes conditions, détaille Nicolas Triboi. Certaines mai-ries ont installé des bancs dans les parcs tous les trois mètres,d'autres ont acheté des arbres qui coûtent chers mais qui sontmal plantés et meurent très rapidement. Aujourd'hui, il existede plus en plus le souci d'organiser l'espace public pour mon-trer que l'on prend soin de la ville. La démarche qualité esttoutefois rare''.

Sa petite entreprise ne connait pas la crise, mais il chercheà se diversifier. Du coup, il a acheté des animaux et s'est mis àfaire des tommes de chèvre et de brebis. Le lait est roumainmais le goût est français. Pour l'instant, il peaufine sa tech-nique mais n'exclut pas d'en vendre à terme. En parallèle, il adéveloppé une petite coutellerie avec un partenaire roumain. Ilimporte les lames de Thiers, tout près de chez lui, et travailleles manches artisanalement, en s'inspirant des couteaux que lesbergers du coin se façonnent eux-mêmes. Produire localementpour vendre localement, c'est sa marque de fabrique.

Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest)

Evénements

Près de deux tiers des élèvesroumains de terminale (la "douzième

classe") ont obtenu leur bac cetteannée et plus exactement 66,41%d'entre eux (en France, le taux deréussite s'élève à 78,8%). Lemeilleur taux de réussite s'enregistredu côté du département de Clujavec 82%, suivi de Brasov, Bacau etSibiu. Le département de Giurgiuferme la marche avec seulement36% de réussite. Encore moins dechance pour le lycée de coopérationde Botosani en Moldavie qui enre-gistre un taux de réussite égal àzéro. Dans l'ensemble, le pourcen-tage obtenu en Roumanie cetteannée est supérieur de sept pointspar rapport à celui de l'an passé.

Bac à 66 %

le malheur du gagnant du loto

Le paysagiste-paysan a retrouvé ses origines

Avec Nicolas Triboi, le lait est roumain… mais le goût est français

Après deux ans d'enquête, unpaysan de Muntenii de Jos (Vaslui)vient d'être déclaré responsable dela mort de deux policiers tué dansun accident de la route qu'il avaitprovoqué malgré lui. Commechaque jour, il emmenait sa vacherejoindre le troupeau communal,mais empiétait sur la route quandsurgit la voiture du boulanger qui fitun écart pour le dépasser.Malheureusement, une voiture de lapolice arrivait en face ce qui provo-qua un choc frontal, provoquant lamort de ses deux occupants. Lepaysan a été inculpé pour homicide.Une première dans cette régionrurale où ce genre d'accidents estassez fréquent. Quand au boulan-ger, il est poursuivi pour manœuvredangereuse ayant entraîné la mortde deux personnes.

La vache,

le boulanger,

les policiers

A 17 ans, Daniel Neculai Amareiétait devenu millionnaire en dollars.

Mi-juillet, les policiers et procureurs de Bucarest ont effectué une descente pour délo-ger une quarantaine de jeunes SDF dépravés, filles et garçons, qui squattaient descanalisations dans le quartier de la gare du Nord, se livraient au trafic de drogue

(héroïne, méthadone, ectasy), à la prostitution et organisaient de véritables orgies. Fonctionnant enbande, ils étaient sous la coupe d'un leader, Florin Hora, connu sous le sobriquet de "Bruce Lee",lequel avait aménagé dans les souterrains une véritable résidence de luxe, avec téléviseurs de der-nière génération, canapés en cuir, etc. L'enquête, qui a duré un an et s'est traduite par 44 interpel-lations "musclées" a montré que, par ailleurs, Hora avait accumulé une véritable fortune, se faisantconstruire une villa, même s'il préférait vivre la plupart du temps parmi ses hommes.

"Bruce Lee" aimait le luxe

n

BUCAREST

ORADEA

SATU MAREl

TIMISOARA

ARAD

lIASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGU

MURES

BRAILAl

l

l

l

l

SUCEAVA

l

PITESTI

l

TARGOVISTEl

VASLUIBACAU

CRAIOVA

TULCEA

l

l

l

l

GIURGIU l

l

l

C'est le samedi 11 juillet qu'a eu lieu officiellement la jonction entre l'autorou-te roumaine A1 et la M43 européenne en Hongrie reliant de fait la Roumanieà l'Europe et à son Corridor paneuropéen IV par l'autoroute. Le premier

ministre hongrois, Zsolt Semjén, et son homologue roumain, Victor Ponta, étaient pré-sents sur place. Ce dernier a déclaré que 12 milliards d'euros étaient à ce jour disponiblespour les infrastructures, la prochaine étape étant la réalisation du tronçon Sibiu-Pitesti.Sibiu devrait être relié à Budapest d'ici à la fin de l'année, a en outre annoncé VictorPonta. Le poste-frontière fraîchement inauguré est de fait ouvert aux marchandises et auxpersonnes. Celui-ci comporte 10 voies d'accès de part et d'autres.

La Roumanie reliée à l'Europe par l'autoroute

Plusieurs piscines municipales deBucarest, ainsi que les bainsGrivi?a, ont été ouverts toute la

nuit durant la période caniculaire, uneautre, située dans le quartier DrumulTaberei, restait ouverte jusqu'à 22h. Il s'a-gissait des mesures prises par la mairiepour faire face à la vague de chaleur quis'était abattue sur l'ensemble du pays,début juillet. Le prix de l'entrée, par cont-re, restait toujours aussi élevé. Il fallait

débourser entre 30 lei (6,5 euros) et 50 lei(11euros) pour espérer faire quelques bras-ses dans ces bassins extérieurs. Pour ceuxqui ne pouvaient pas se le permettre, lesautorités avaient mis à disposition des dou-ches gratuites au centre-ville, notammentdans le quartier piéton de Lipscani.Plusieurs tentes ''anti-canicule'' avaientaussi été installées dans les rues de la capi-tale. Rafraichies, elles accueillaient du per-sonnel médical et surtout de l'eau.

Piscines ouvertes toute la nuit contre la canicule

Portrait

C'est l'aspect encore vierge de la nature qui l'a poussé à s'installer enRoumanie. Depuis dix ans, Nicolas Triboi travaille les paysages publics ou privéspour le compte des autorités locales ou des particuliers qui veulent bien faireappel à lui. Il a retrouvé entre temps ses origines, que son père, roumain, avaitlaissées de côté.

Page 16: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

3130

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

L'INS (Institut National de la Statistique) a rappelé que seulement9,39 millions de Roumains (47,1 %) étaient reliés au tout à l'égout, princi-palement dans les villes, les autres ayant toujours des WC installés au fond

de leur jardin. Par ailleurs, 11 villes se sont déconnectées en 2014 du système de chauf-fage centralisé, et pas des moindres (Braila, Târgu-Mures, Târgoviste, Buzias, Caracal,

Curtea de Arges, Faget, Husi,Onesti, Sânnicolau Mare et Toplita).Au total, le chauffage n'est plusassuré dans 88 localités roumaines,dont 75 municipes et villes. Leshabitants de Galati ont été privésd'eau chaude dès le début du moisd'avril, à cause des difficultés finan-cières du fournisseur.

Des problèmes graves sont éga-lement survenus à Bucarest, la

Régie de Distribution de l'Energie Thermique (RADET) ayant ses comptes bloqués, àla suite d'une dette de 850 millions d'euros. Les quartiers de Colentina, Fundeni,Doamna Ghica et Pantelimon pourraient être privés de chauffage cet hiver, mais aussile centre de la capitale. A Suceava, la situation est même pire.

A la suite de la faillite de Termica SA, plus personne dans la population n'acquitteses factures. Le maire a lancé un appel pressant à ses administrés, les avertissant desgraves conséquences que cela pouvait entraîner. Dans une analyse concernant l'ensem-ble du pays, le Conseil de la Concurrence a relevé que le système de chauffage en placeétait inefficient, polluant, enregistrant des pertes d'énergie massives et sous-financé.Les dépenses qu'il engendre au niveau des ménages pourraient passer de 10 % de leursrevenus à 12 % voire 14 % dans certaines régions, ce qui serait insupportable.

Les dernières données Eurostat concernant les bienset services au sein de l'Union Européenne montrentque ces derniers sont, en moyenne, deux fois moins

élevés en Roumanie que dans les autres pays. Les Danoisauraient les prix les plus hauts tandis que les bulgares à l'inver-se bénéficieraient des prix lesplus bas. En matière d'aliments, laRoumanie serait un tiers moinscher que la moyenne au sein del'UE. Le seul pays européen àavoir des aliments à moindre coûtserait la Pologne. Le Danemark,là encore, est le pays le plus cherdans ce domaine - les produits ali-mentaires y sont 40% plus chersque la moyenne européenne.

En matière de transport etd'habillement, la Roumanie, bienque toujours moins chère selonEurostat, se rapprocherait de lamoyenne de ses homologueseuropéens. La Hongrie est à ce titre le pays le moins cher dansces deux domaines -30% en deçà de la moyenne, alors qu'àl'inverse le Danemark et la Suède se trouvent "en tête" de ceclassement. Les Roumains, enfin, paieraient 10% davantageque les autres pays européens en matière d'appareils électro-niques et d'électroménager. La République tchèque et la

Pologne possèderaient, eux, les prix les plus modestes danscette catégorie et seraient 25% moins cher que la Roumanie,selon Eurostat.

Que faire quand on a 10 000 lei devant soi ?

Un institut financier a organi-sé un sondage pour savoir ce queferaient les Roumains s'ils héri-taient subitement de 10 000 lei( 4000 euros). Un tiers d'entre eux(31 %) paieraient leurs dettes, unautre les mettraient de côté (30%)et le gros dernier tiers (35 %)ferait des achats. Dans l'ordre,pour ces derniers : un smartphone(20 %), des appareils électroménagers(14,4 %), un ordinateurportable (13,2 %), une voiture(11,5 %), etc.

25 % des personnes interro-gées ont confié qu'il leur faudrait 2-3 ans pour économisercette somme, et la moitié, plutôt 5 ans. Si 40 % seraient prêtesà prendre un crédit, en grande majorité elles déclarent vouloirdiscuter fermement du taux d'intérêt avec leur banque, d'unétalement des échéances de remboursement en cas de difficul-tés financières et ne plus "se laisser tondre".

Vie quotidienne Tout à l'égout La Roumanie sensiblement moins chère que les autres pays de l'UEet système de chauffage en cause

Le Prince Charles protecteur

des forêts roumaines

La Fondation pour laConservation des Carpates(FCC), patronnée par le princeCharles, envisage d'acheter 100000 hectares (1000 km2) deforêts en Roumanie d'ici 2030pour les sauver de la déforesta-tion massive en cours, préser-ver l'habitat et la faune d'unedes plus grandes réserves natu-relles d'Europe. La fondationde l'héritier de la couronne bri-tannique, lequel ne manque pasd'évoquer sa lointaine ascendance trans-ylvaine, a déjà acquis 16 000 hectares(160 km2) pour un montant estimé de40 000 euros. Elle veut transformer l'en-semble en parc national naturel et, àterme, prévoit d'en redonner à l'Etat lapleine propriété, lorsque sera assuré sonavenir selon les standards internationaux.

Cette communication intervient alorsque le fabricant de meubles suédois Ikea

vient d'acquérir 33 000 ha (330 km2) deforêts roumaines.

Le parc Brancusi rénové

La mairie de Târgu Jiu a décidé derénover le parc de la Colonne de l'Infini,conçu par Brancusi, qui a besoin de tra-

vaux d'infrastructures. Dorin Stefan, 60 ans, le seul architec-

te roumain reconnu internatio-nalement, qui a remporté leconcours du projet de la tourde Taïwan, a été retenu pourmener à bien le chantier, lequelsera financé par l'UE.

Satellites à l'étude

La Roumanie envisage deconstruire deux nouveauxsatellites pour des usages pra-tiques et non pas pour larecherche scientifique comme

c'était le cas, jusqu'ici. L'un serait utilisédans le domaine des télécommunications,l'autre à produire des images de hauterésolution du pays, pouvant servir à dres-ser un cadastre immobilier et des terrains,des vues des ressources naturelles et pré-venir les désastres et catastrophes envi-ronnementaux.

A savoir

En matière d'aliments, la Roumanie serait un tiers moins cher que la moyenne au sein de l'UE.

n

BUCAREST

ORADEA

SATU MAREl

TIMISOARA

ARAD

lIASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGU

MURES

BRAILAl

l

l

l

l

SUCEAVA

l

PITESTI

l

TARGOVISTEl

VASLUIBACAU

CRAIOVA

TULCEA

l

l

l

l

GIURGIU l

l

l

Une nouvelle loi sur le transport depersonnes par voitures de type taxi eten régime de "location" a été publiéedans le Journal Officiel. Elle vise àmettre fin aux services de transportnon-autorisés accessibles par le biaisde l'application UBER ou par l'inter-médiaire de certains sites internet.Elle interdit de même la pratique del'auto-stop et punit les chauffeurseffectuant un transport public de per-sonnes en régime "taxi" sans possé-der de licence. Les chauffeurs qui nerespectent pas les nouvelles disposi-tions peuvent être sanctionnés parune amende allant jusqu'au 5000 lei(1100 euros) ainsi que la suspensiondu droit d'utiliser leur véhicule pourune période de 6 mois.

La suspension signifie la rétentiondu certificat d'immatriculation et desplaques d'immatriculation du véhiculepar la police routière. Il appartienttoutefois aux autorités de prouverque le transport en question a étéréalisé de manière marchande etcontre monnaie courante. Les passa-gers, eux, ne seront pas verbalisés.

Bucarest-Iasi

en low-cost

Bucarest serait l'une des capita-les les moins chères pour lesexpatriés. En dépit de cela, les

réductions budgétaires des multinationa-les présentes en Roumanie ont amené lenombre de managers étrangers évoluant àBucarest à se réduire de moitié.

Une étude de marché sur le coût de lavie réalisée par le groupe Mercer a établique 7000 expatriés occupaient des fonc-tions managériales dites moyennes et de"top" en Roumanie. Les plus nombreux setrouvent dans les secteurs bancaire, phar-maceutique et les nouvelles technologies.Ils coûteraient 40% plus cher que leurséquivalents roumains.

À titre comparatif, les villes ouest-européennes, africaines et asiatiques sontparmi les villes les plus chères contraire-ment à l'Europe centrale et de l'Est.Généralement, les grandes villes ayantune forte présence d'entreprises étrangèresemploient de nombreux étrangers, ces

envois étant jugés nécessaires pour labonne marche des affaires. Avant la crise,17 000 expatriés travaillaient à Bucarest.Ce chiffre serait en constante baisse, lessociétés étrangères préférant désormaisengager des locaux jugés égalementmieux préparés depuis quelques années.

Luanda en Angola - pour la troisièmeannée d'affilée -, suivie de Hong Kong,Zurich, Singapour puis Genève forment letop 5 des villes les plus chères au mondepour les expatriés, notamment en raisondes dépenses élevées en matière deconfort et de sécurité ainsi qu'en importa-tion de biens de consommation.

L'étude couvre 207 villes sur les cinqcontinents. Bucarest occupe le 178èmerang des villes les plus chères pour lesexpatriés. D'autres villes de la régioncomme Prague (142ème place), Budapest(170ème), Sofia (187ème) et Belgrade(196ème) sont tout comme la capitale rou-maine située en queue de peloton.

Bucarest parmi les villes

les plus accessibles pour les expatriés

Blue Air a décidé d'ouvrir une liai-son entre Bucarest et Iasi à partir du25 octobre prochain, au rythme dedeux vols quotidiens de moins d'uneheure dans chaque sens, le matin etle soir, à bord d'un Boeing 737, à par-tir de 48 euros l'aller. Iasi accueillaitdéjà des vols low-cost opérés parAustrian Airlines et Wizz Air maisseulement à destination de l'étranger:Italie, Australie, Autriche, Israël, etGrèce et Turquie l'été (voir p. 57).

Uber et auto-stop

interdits en Roumanie

Vie quotidienne

Page 17: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

3332

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Enseignement

Les élèves roumains reprennent le chemin de l'école ce lundi 14 septembre pour36 semaines de cours et 177 jours de classe, l'année scolaire se terminant le ven-dredi 17 juin 2016.

L'année est divisée en deux semestres :1er semestre :-14 septembre au vendredi soir 18 décembre-Vacances intermédiaires pour la maternelle et le primaire (classe IV) : du vendredi soir 31octobre au lundi 9 novembre-Vacances d'hiver : du vendredi soir 18 décembre au lundi 4 janvier-Vacances inter-semestrielles: du vendredi soir 29 janvier au lundi 8 février2ème semestre :Du lundi 8 février au vendredi soir 17 juinSemaine école autrement (sorties et projets scolaires): du lundi 18 avril au vendredi 22 avrilVacances de printemps : du vendredi soir 22 avril au mardi 3 maiVacances d'été : du vendredi soir 17 juin au lundi 5 septembre 2016.

Le mathématicien a écrit une trentaine de manuels scolaires

Grigore Gheba a montré beaucoup de courage etd'abnégation pour écrire sa trentaine d'ouvrages demathématiques, tirés à plus de six millions

d'exemplaires, sa vie ayant été loin de celle d'un fleuve tran-quille. Né en 1912 dans une famille très pauvre de sept enfantsdu village de Poenita, commune de Dimtresti (judet deVrancea, Focsani) dans l'est du pays, le gamin eut cependant lachance d'avoir des parents à l'esprit ouvert et un oncle inspec-teur de l'enseignement pour les mathématiques qui remarquases dispositions et lui fournit des ouvrages pour l'encourager.A douze ans, Grigore en avait fait le tour, résol-vant toutes les équations et exercices proposés.

Impressionnée, sa mère se décida à l'inscri-re à un lycée réputé de Râmnicu Sarat où il seprésenta fagoté comme un petit paysan, provo-quant les rires et les quolibets des autres élèves.Toutefois, leur attitude changea quand le maîtrel'appela au tableau et qu'il écrivit sans hésitertoutes les réponses sur lesquels ils "séchaient"depuis un bon bout de temps, leur imposant lerespect.

Sauvé par une femme médecin russe qui sera exécutée

A sa sortie du lycée, le garçon s'engageadans l'armée, s'inscrivant à l'école d'officiers de réserve deBacau. Devenu sous-lieutenant, il sera envoyé sur le frontrusse en 1941 et participera, fin décembre 1942, à la bataille deStalingrad qui se terminera par le jour le plus noir de l'arméeroumaine, avec le désastre du coude du Don qui fit 158 000victimes, tués ou blessés dans ses rangs sur les 228 000 soldatsroumains des quatorze divisions engagées dans les combats.

Fait prisonnier par les Russes, Grigore Gheba connut l'en-fer des camps soviétiques, survivant, affamé, parmi les cadav-res, les moribonds, les excréments, ne pesant plus que 36 kilos.Il fut même laissé pour mort par ses geôliers qui jetèrent soncorps dans une fosse commune.

Le soldat ne dut la vie qu'à l'intervention du médecin ducamp, une belle jeune femme blonde aux yeux bleus,Maroussia, qui remarqua qu'il bougeait encore. Les deux jeu-nes gens s'enamourachèrent, mais leur histoire se termina tra-giquement, les Russes reprochant à leur compatriote d'entrete-nir des relations avec un ennemi, l'exécutèrent.

Le Roumain fut libéré après un an de captivité à conditionde s'engager dans la division Tudor Vladimirescu appelée àcombattre les Allemands, qui participera à la libération de la

Roumanie aux côtés de l'Armée Rouge et à sa mise au pas parles Soviétiques. Le seul moyen pour les prisonniers roumainsd'échapper à la déportation en Sibérie.

Devenu général et préfet, il démissionne pour incompatibilité avec les communistes

Grigore Gheba fut blessé deux fois, reçut huit décora-tions… et termina la guerre avec le grade de général.Considéré comme un héro, il fut même nommé préfet en 1947

mais rendit vite son tablier, ne pouvant supporterles mesures répressives et coercitives que lerégime communiste le chargeait de mettre enplace. Changeant totalement de vie, il se réin-scrivit à 36 ans à la faculté de mathématiques deBucarest. Mais la carrière universitaire qu'ilenvisageait fut bloquée par son refus obstiné des'inscrire au parti communiste.

Devenu cependant professeur, il se mit àécrire des ouvrages de maths, avec un grandsouci pédagogique qui faisait défaut jusqu'ici,s'efforçant de donner à ses élèves des basessérieuses d'algèbre et géométrie. Il avait remar-qué que ses collègues s'en remettaient aux seuls

manuels disponibles, peu clairs, confus, souventplein d'erreurs.

Prenant la plume, le professeur de maths décida de racon-ter ses souvenirs de guerre dans un livre intitulé Entre vie etmort qui indisposa les autorités et ne fut pas publié. Plus éton-nant… en 1975, ses ouvrages scolaires d'exercices et problè-mes furent également interdits. Sa notoriété indisposait sem-ble-t-il dans les "hautes sphères", notamment la "savante chi-miste de réputation mondiale", Elena Ceausescu et sa filleZoë, qui s'en seraient montrées jalouses. Privé de travail, lemathématicien en fut réduit à donner des cours particulierschez lui, jusqu'à ce que des "camarades bien placés" intervien-nent en sa faveur.

Jusqu'à la fin de sa vie, Grigore Gheba put enfin se consa-crer sans entraves à sa passion, écrivant au total 34 ouvragesde maths. Son nom est resté mythique parmi les élèves à par-tir des générations postérieures à 1950. Plusieurs ministres del'enseignement se souviennent encore aujourd'hui des soirées,voire des nuits qu'ils ont passées à tenter de résoudre les pro-blèmes qu'il posait.

Grigore Gheba est mort en 2004, à 92 ans, s'écroulant surson bureau, victime d'un infarctus, alors qu'il achevait son der-nier manuel.

Reprise de l'école le 14 septembre Pour des générations de Roumains

le Gheba est devenu un nom commun

n

BUCAREST

ORADEA

SATU MAREl

TIMISOARA

ARAD

lIASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGU

MURES

BRAILA

l

l

l

l

l

BOTOSANI

l

PITESTI

l

RM. SARAT l

FOCSANI

BACAU

CRAIOVA

TULCEA

l

l

l

l

GIURGIU l

l

l

Les habitants de Gvardenitsa,près de Turnu Severin, sontrévoltés par la tragédie qui frappeles Vasiliu, une famille pauvre duvillage. Apprécié pour sonsérieux, leur fils, Alexandru étaitparti travailler en Angleterre,espérant y trouver une viemeilleure. Malheureusement, ilest décédé le 3 août dernier dessuites d'un accident de la circula-tion, après avoir fait une chute debicyclette, trois semaines aupara-vant. Alertés par l'hôpital et acca-blés, ses parents ont acceptéqu'on lui prélève plusieurs orga-nes afin de sauver la vie demalades britanniques, dans l'at-tente d'une transplantation,demandant que son corps soitcependant rapatrié pour lui don-ner une sépulture décente.

Mais les pompes funèbresréclament 3200 euros pour letransfert. Une somme impossibleà réunir pour la famille qui vitavec 400 lei mensuels (90 euros)d'aide sociale et les allocationsfamiliales pour les quatre autresenfants qui vivent sous leur toit.

Personne ne veut prendre encharge la dépense, que ce soitdu côté des autorités roumainesou des britanniques… qui s'é-taient montrées beaucoup plusprévenantes quand il s'est agi deconvaincre charitablement lafamille d'Alexandru de les aider àsauver quatre ou cinq de leursconcitoyens.

Depuis, ses parents ont allumédans leur maison une bougie quine s'éteint jamais et prient pour lesalut de son âme chrétienne.

Quand l'humanité

est à sens unique

Enseignement

A défaut de faire la fortune de leurs auteurs comme en France, des ouvrages scolairesleur ont valu une immense notoriété en Roumanie. Ainsi en va-t-il du "Gheba" qui est auxélèves et enseignants de mathématiques roumains ce que représente le Lebossé-Hémerychez nous… au point de devenir un nom commun comme le Bled ou le Bescherelle.

Les manuels de Grigore Ghebalivres de chevet de générations

d’écoliers roumains

L'examen permettant aux enseignants d'être titularisés s'est traduit par un véritabledésastre, avec seulement 7649 candidats admis sur 20 750 qui se présentaient,soit 37 %, au lieu de 48 % en 2014. Pour être reçu, il fallait obtenir une moyen-

ne de 7 sur 10 aux épreuves écrites. 36,3 % ont obtenu des notes entre 5 et 7 et continue-ront à figurer dans le corps des suppléants, alors que ceux qui ont moins de 5 (27 %) ne peu-vent pas, en principe, exercer. Seulement40 candidats ont obtenu 10 sur 10, cont-re 158 l'année précédente, ce qui illustrela baisse du niveau général des jeunesenseignants mais aussi les profondescarences de la formation prodiguée,notamment au niveau pédagogique.

Avec ses salaires de débutants bas degamme (270 euros), l'enseignement sus-cite de moins en moins de vocations, unphénomène accentué par l'opacité dansl'attribution des postes vacants, dont cer-tains sont "cachés", contrairement à autrefois, ce qui contribue à encourager le favoritismeet les pressions exercés par des directeurs d'établissements sur le personnel non titulaire.L'ancien ministre de l'éducation, Mircea Miclea, tire la sonnette d'alarme : "un faible niveaudes professeurs se reflète immanquablement sur celui des élèves".

Un examen de titularisation désastreux

Facultés : trop d'abandons

200 millions d'euros ont été déblo-qués par la Banque mondiale afinde remédier à l'abandon des étu-

des supérieures en Roumanie, un projet quise déroulera sur sept ans. Bien que le degréde scolarisation dans le secondaire soitsatisfaisant, l'enseignement supérieur estfortement touché par l'abandon et les mau-vais résultats obtenus au baccalauréat (60 %en 2014), même s'ils se sont légèrementaméliorés cette année.

On, estime à 20 000 le nombre d'étu-

diants risquant d'abandonner leurs étudesdès la première année de faculté. Selon unrapport d'Eurostat, la Roumanie occupe ladernière place parmi les pays membres del'UE en matière d'enseignement supérieuravec seulement 13,1 % de la populationayant terminé des études universitaires,contre 24,2 % en moyenne dans l'UE. Anoter par ailleurs que le budget consacré àl'éducation représente 3,4 % du PIB rou-main, alors que la moyenne européenne estde 5,3 %.

Page 18: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

Société

Perla Scripariu, 19 ans, n'a jamais eu la vie facile.Tsigane de Botosani, elle portait dès sa naissancetous les stigmates qui pèsent sur cette communauté.

Sa mère naturelle l'a aussitôt aban-donnée. Alors que s'accumulaient sursa tête tous les nuages annonciateursd'une existence miséreuse, le bébéeut la grande chance d'être recueillipar sa tante, faisant partie de l'élitedes Tsiganes de la région, diplôméede littérature et professeur de rou-main, qu'elle appela vite "maman".

Pour autant, cela n'effaça pas lacouleur de sa peau et les préjugés.Montrée du doigt à l'école, endurantles discriminations et vexations, lesremarques déplaisantes de ses cama-rades, l'enfant refusa de se carapacerdans sa différence, devenant aucontraire ambitieuse, relevant le défi d'être comme les autres.

La jeune fille vient de passer son bac et a été reçue avecune moyenne de 8,61. Bien décidée à ne pas en rester là, elles'est préparée à réaliser son rêve d'adolescente: poursuivre sesétudes supérieures en Angleterre. Elle a donc envoyé son dos-

sier à plusieurs universités britanniques, recevant cinq répon-ses positives : Birmingham, Portsmouth, Greenwich, Coventryet Kent. Embarrassée, elle s'est rendue sur place pour sélec-

tionner celle qu'elle jugeait lameilleure. Perla a surtout été ravie deconstater qu'il n'y existait aucune dis-crimination raciale.

Elle s'est donc inscrite en scien-ces politique et relations internatio-nales afin de s'impliquer plus tarddans les luttes pour l'intégration desgroupes ethniques défavorisés qu'ellea entamée voici déjà quatre ans, par-ticipant à des congrès et débats natio-naux et internationaux, malgré sonjeune âge.

Perla est fière de son origine etdes traditions de sa communauté.Elle danse, chante, fait du théâtre

dans sa langue, a obtenu la première place lors des olympiadesde "romani". Son ambition ne s'arrête pas à sauvegarder saculture. Elle se voit déjà au Parlement européen, défendant lesdroits des minorités et cherchant des solutions pour leur réin-tégration sociale.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

3534

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Contrôles à domicile en cas d'arrêt maladie

La "Perle" des TsiganesSanté

Jusqu'à présent, les salariés bénéficiant d'un congé médical pouvaient êtresoumis à un contrôle à domicile réalisé soit par l'employeur, soit par laCaisse d'assurances-santé, et, s'ils étaient absents ou refusaient le contrôle,

ils se voyaient privés de l'indemnisation pour arrêt-maladie. Ainsi, les personnesbénéficiant d'un congé médical devaient être physiquement présentes à leur domi-cile ou à l'adresse qu'ils avaient indiquée pour toute la durée de l'arrêt-maladie.

Le contrôle était effectué par le représentant de l'employeur ou par la Caissed'assurances santé, accompagnés d'un représentant de police, en tenant compte duprogramme individuel de récupération recommandé par le médecin spécialiste.Cette réglementation a été jugée trop excessive et a été donc abrogée, ce qui signi-fie que les salariés qui sont en congé médical ne seront plus contrôlés à domicile.

La jeune fille vient de passer son bac et a été reçue avec une moyenne de 8,61.

Minorités

Alexandra Beaujard, originairede Lyon, et son compagnonFrancisc Iambor, dit Tocila,

ont depuis longtemps l'idée d'acheter desterres pour permettre à toute la commu-nauté tsigane de Ceuas, en Transylvanie,au sud de Târgu Mures, d'avoir de quoivivre pendant les dures périodes d'hiver.Mieux : ils se sont mis en quête d'un trac-teur ! Leurs recherches les a menés sur untracteur de marque Massey-Ferguson de1953. Un Pony 812 de 16 chevaux,modèle antérieur à ceux fabriquéspar la marque à Beauvais depuisnovembre 1960, précisément leMF 825 de 25 chevaux destiné aumarché européen de premièredotation !

La machine était en état demarche jusqu'au décès de son pro-priétaire, en Haute-Savoie, il y atrois ans. Pour une centaine d'eu-ros, le petit Massey-Ferguson adonc fait le long voyage de2400 km vers la Roumanie, avec sonaccastillage, une charrue et une lamepour faucher le blé. Il a traversé l'Europesur une remorque et est arrivé à destina-tion début juillet. Après vérification sur

place par un mécanicien passionné devieilles mécaniques, il s'est mis à tousso-ter et fonctionne normalement, depuis lemardi 28 juillet.

Alexandra Beaujard mène une actionde coopération culturelle depuis 15 ansavec son association Nadara auprès duvillage de Ceuas, où elle a réussi à faireconstruire une maison de la cultureouverte à toutes les communautés. Elleleur enseigne le français, l'anglais, mais

aussi à faire des housses en cuir et descouteaux. La commune étant reconnuepour la qualité de ses musiciens et leurstyle de musique, la jeune femme y a crééun groupe de musique traditionnelle qui a

voyagé à travers toute l'Europe. De fil enaiguille, elle est devenue assistante-réali-satrice du metteur en scène Tony Gatlif("Gadjo Dilo") dans le film"Transilvania".

Aujourd'hui, ce sont 93 familles quisurvivent grâce à leur musique et enallant travailler régulièrement à l'étran-ger, notamment en Slovénie. Certains nevivent qu'avec un euro par jour dans desconditions misérables, mais la majorité

reste très attachée à sa région.Quelques tsiganes ayant acquis desterrains ne possédant pas de trac-teur pour les labourer, cette lacuneest désormais comblée.

L'association franco-roumaineNadara s'est rapprochée depuis unan et demi de l'association beau-vaisienne Sol Itinera. Celle-ci aapporté à Ceuas 93 couvertures ennovembre 2014 et deux cents pai-res de bottes offertes par un entre-preneur beauvaisien en avril 2015.

Pour le président de Sol Itinera, ÉricBotrel, le petit tracteur est devenu uneétape qui doit permettre d'améliorer lesconditions de vie des Tsiganes de Ceuas.

(Le Courrier picard)

Un petit tracteur Massey-Ferguson pour les tsiganes de Ceuas

n

BUCAREST

ORADEA

SATU MAREl

TIMISOARA

ARAD

lIASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGU

MURES

BRAILAl

l

l

l

l

BOTOSANI

l

PITESTI

l

TARGOVISTEl

VASLUIBACAU

CRAIOVA

TULCEA

l

l

l

l

GIURGIU l

l

l

Le 11 mars 2011 a marqué un tournantdans la vie de Kevin ChieviciKashiwazaki. Ce jour-là, alors qu'il avaitdix ans, un terrible tremblement de terre

se produisaitau Japon,provoquantun tsunamidévastateur etendomma-geant la cen-trale nucléairede Fukushimaà moins de200 km dudomicile fami-

lial, entraînant la mort de 20 000 person-nes. Le gamin japonais, son jeune frèreMarius et sa mère d'origine roumaine,divorcée de leur père, un Japonais,étaient évacués par un avion militaire.

Ils trouvèrent refuge à Bacau, chez sasœur. Bien qu'élevé à la japonaise, Kevinn'était pas totalement coupé de la cultureroumaine. Il était déjà venu en vacancesdans le pays, parlait quelques mots deroumain, et sa mère lui cuisinait des sar-male, de la ciorba de burta. Mais le chan-gement n'en fut pas moins radical.

En 4 ans, il s'est mis à l'apprentissagelittéraire du roumain… pour décrochercette année 9,5 sur dix à l'évaluationnationale et être même sélectionné pourles olympiades d'histoire. Les cousins surplace l'ont bien aidé ainsi que sa petiteamie Elena. Au début, au collège, sescamarades l'ont regardé comme unecuriosité mais il a vite été adopté. Kevinapprécie surtout le sentiment de libertéqu'il a trouvé en Roumanie, les rapportssociaux y étant moins encadrés. Parlantcouramment roumain, japonais et anglais,il ne doute pas que l'avenir lui ouvre lesbras, prévoyant de devenir interprète.

Le petit Massey-Ferguson a faitle long voyage de 2400 km vers la Roumanie.

Le tremblement

de terre de Kevin

Un nouveau projet européen vise à encourager les meilleurs étudiants enmédecine roumains. 150 d'entre eux ont été sélectionnés pour suivredes stages de 3 semaines dans les grands hôpitaux du pays, afin de se

familiariser avec le milieu hospitalier. Ils passent dans tous les services et découv-rent ainsi les spécialités vers lesquelles ils pourraient se diriger ultérieurement, rece-vant en outre une bourse de 1000 lei (200 e).

Certains peuvent ensuite bénéficier d'un autre court stage de découverte dansdes hôpitaux parisiens ou barcelonais. C'est ainsi qu'Irina, après son stage à l'hôpi-tal Pantelimon de Bucarest a passé quelques jours à l'Hôpital Bichat de Paris, cha-peautée par un professeur roumain qui y exerce depuis 33 ans, découvrant tout lematériel et les techniques modernes utilisés. L'encadrement français s'est montréimpressionné par la motivation, le sérieux et la bonne formation des étudiants rou-mains accueillis depuis, au point que le chef de son service de chirurgie cardiaques'est déclaré disposé à en recevoir en résidence pour une plus longue période. Sixhôpitaux roumains se sont mis en réseau pour bénéficier de ce programme.

Slanina, tsuica…

et les maladies cardio-vasculaires

La Roumanie occupe la pre-mière place dans l'UE en cequi concerne la mortalité

provoquée par les maladies cardiovas-culaires. L'informa-tion a été donnéepar le représentant de l'Organisationmondiale de la santé -OMS, VictorOlsavszky.

"L'impossibilitéqu'éprouve le systè-me à les dépister età les traiter à tempsest le principalmotif de leur aug-mentation dansnotre pays", estime-t-il, ajoutant "malgré les progrès effec-tués ces dernières années, l'accès audépistage demeure un des problèmesmajeurs. La mortalité en milieu rurals'élève en effet à 14/1000 contre

10/1000 en milieu urbain en Roumanie.La tranche de pain absorbée avec unmorceau de slanina (saindoux) que lespaysans font passer avec un verre detsuica, chaque matin, en guise de petit-déjeuner y serait pour quelque chose.Les maladies cardiovasculaires sont la

cause du décès deplusieurs centainesde milliers de per-sonnes en Francechaque année éga-lement: il s'agit dela deuxième causede décès (justeaprès le cancer)

chez l'homme et la première cause chezla femme. En Europe, elles seraientresponsables d'un peu moins de la moi-tié des décès (et d'un tiers de ceux-ciavant 75 ans).

Encourager les futurs spécialistes

Page 19: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

36

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Sports Au cœur des Carpates, un centre accueille

les plantigrades sauvés de la captivité

La Roumanie disputera les éliminatoires de la coupe du monde de footballqui doit se dérouler en 2018 en Russie au sein du groupe E, lequel com-prend aussi le Danemark, la Pologne, le Monténégro, l'Arménie et le

Kazakhstan. Elle évite ainsi de rencontrer la France, les tirages au sort précédentsopposant souvent les deux équipes. La partie semble jouable d'après les spécialistes.Le premier de chaque groupe est qualifié automatiquement, les seconds disputantdes matchs de barrage.

La phase de qualification commencera en septembre 2016, après l'Euro qui doitse dérouler en France (la Roumanie est en passe de se qualifier), et se terminera enoctobre 2017. A noter que la Roumanie figurait dans le "chapeau" des nations têtede série lors du tirage qui s'est déroulé le 25 juin à Saint Petersburg, alors que lesmédiocres performances de la France l'avaient reléguée dans le deuxième chapeauen compagnie de l'Italie. Les Tricolores, eux, affronteront les Pays bas, la Suède, laBulgarie, la Biélorussie et le Luxembourg, héritant du groupe A de qualification, leplus difficile.

La Belgique (tête de série du groupe I) jouera contre la Bosnie, la Grèce,l'Estonie et Chypre, la Suisse (groupe B) contre le Portugal, la Hongrie, les IlesFéroé, la Lettonie et Andorre. Ces deux équipes ont toutes leurs chances. LaMoldavie (groupe D) tentera de bien figurer et d'éviter la dernière place, ce qui seratrès difficile, devant rencontrer le Pays de Galles, l'Autriche, la Serbie, l'Irlande et laGéorgie, toutes nations de football .

La Roumanie a participé sept fois à la phase finale du mondial, dont elle auraété au moins absente pendant 20 ans, sa dernière participation remontant à 1998, enFrance. Elle a réalisé sa meilleure performance en 1994, aux USA, atteignant lesquarts de finale, étant éliminée par la Suède, par 5 penalties à 4, après prolongations.

Mondial 2018 : tirage au sortfavorable à la Roumanie

37

Qu a n dl'heu-re du

repas arrive enfin,Mura se met àdanser, elle a tou-jours peur de ne

pas être nourrie si elle ne danse pas", confie Paula Ciotlos,l'un des guides de ce sanctuaire pour ours bruns, le plus vastedu monde, ouvert en 2005 et s'étalant sur 69 hectares.

Après cinq ans passés à "faire le clown " au cirque Globusde Bucarest, Mura avait obstinément refusé de retourner dansl'arène. Le directeur du cirque avait fini par accepter son trans-fert à "Libearty", un mot créé à partir de "liberté" et "ours" enanglais ("liberty" et "bear").

"La mise en place de cette réserve a été inspirée parMaia", raconte Cristina Lapis, présidente de l'association "DesMillions d'amis" (AMP), à l'origine de ce projet. Traumatiséepar les conditions dans lesquelles elle était contrainte de vivre,cette ourse avait commencé à s'automutiler et est morte dessuites de ses blessures, ajoute-t-elle.

Les deux premiers locataires de "Libearty" ont été Lidia,baptisée "la blonde" à cause de son pelage châtain doré, etCristi, un gros ours brun. Ils avaient auparavant partagé pen-dant sept ans une cage de cinq mètres carrés adossée à un res-taurant, où les touristes s'amusaient à leur donner à boire de labière. Leurs pattes portent toujours les traces des blessuresprovoquées par des bris de verre.

Incapables de survivre seuls

Tous les ours accueillis dans ce sanctuaire ont une histoi-re "triste mais éducative", souligne Paula Ciotlos, selonlaquelle, en ouvrant le site aux touristes - pas plus de trois heu-res par jour -, l'association a voulu changer les mentalités.

Un pari réussi à en croire John Hancock, un touriste bri-tannique qui confie "ne plus avoir envie" de voir des animauxau zoo après avoir appris les traumas qu'implique une vie encaptivité. "Ici, c'est l'environnement idéal pour les ours, ils yjouissent de tout ce dont ils ont besoin", dit-il.

Sur le terrain offert par la mairie de Zarnesti, les plantigra-

des reçoivent de la nourriture une fois par jour et disposent deforêts ombragées ainsi que de plusieurs bassins dont ils profi-tent pleinement pour se baigner.

Mais ils ne pourront jamais retrouver la vie sauvage à100 % car ils ont perdu en partie leurs instincts et "ne seraientplus capables de survivre seuls dans une forêt, de se battrepour une femelle ou pour de la nourriture", précise la guide.

Deux millions d'euros ont jusqu'ici été investis dans cetteréserve, qui a attiré en 2014 près de 21 000 touristes. LaRoumanie compte environ 6000 ours bruns, soit environ 60 %de la population de ces plantigrades en Europe. Et dans leszones montagneuses, il n'est pas rare que des femelles accom-pagnées de leurs petits descendent en ville pour chercher de lanourriture dans les poubelles.

Une "crèche" pour les oursons orphelins

Parfois, à la suite d'un accident ou de l'intervention del'homme, les oursons se retrouvent seuls, séparés de leur mère.C'est pour eux qu'un amoureux des animaux, LeonardoBereczky, a mis en place une "crèche" dans les monts Hasmas,à 200 km au nord de Zarnesti.

"Un ourson est très fragile et vulnérable jusqu'à l'âge dedeux ou trois ans", indique-t-il. Selon lui, les petits "orphelins"y sont protégés mais aussi encouragés à se débrouiller seuls, à"travailler pour trouver leur nourriture". "Il est très importantque les oursons grandissent loin des humains pour retournerà terme à la vie sauvage", affirme-t-il. Jusqu'ici, une centained'oursons ont pu être relâchés dans la nature.

D'après Leonardo Bereczky, la principale menace pesantsur les ours vient de la présence envahissante de l'homme dansleur habitat et surtout de l'exploitation des forêts. Paula Ciotlosy ajoute le souhait de certains de faire des bêtes sauvages desanimaux de compagnie. Elle affirme toutefois que si, dans lesannées 1990-2000, de nombreux restaurants dans les Carpatesexposaient des ours dans des cages pour attirer les touristes,cela est aujourd'hui en train de changer, grâce notamment àune législation plus restrictive. Résultat, "il ne reste plusaujourd'hui en Roumanie qu'une dizaine d'ours en captivitéqui attendent d'être sauvés".

AFP

Nature

Les Nouvelles de Roumanie disposent désormais d'un site internet www.lesnouvellesderoumanie.eu sur lequel vous pouvezconsulter sans exception tous les numéros parus depuis le premier (septembre 2000), sauf ceux datant de moins d'un an - ver-sion imprimée réservée aux abonnés - dont les internautes peuvent cependant retrouver la présentation.

Les articles parus dans nos colonnes peuvent être repris librement, sous réserve d'être ni dénaturés, ni utilisés dans un senspartisan ou à des fins commerciales, et en précisant bien leur source.

Les Nouvelles de Roumanie sur Internet !

n

BUCAREST

ORADEA

SATU MAREl

TIMISOARA

ARAD

lIASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGU

MURES

BRAILAl

l

l

l

l

SUCEAVA

lPITESTI

l

ZARNESTIl

VASLUIBACAU

CRAIOVA

TULCEA l

l

l

l

GIURGIU l

l

l

Le groupe pharmaceutiqueGlaxoSmithKline, qui a écopé l'an der-nier d'une amende record de troismilliards de yuans (380 millions d'euros)en Chine pour corruption active, estcette fois confronté à des accusationssimilaires en Roumanie.

GSK aurait versé des centaines, etdans un cas des milliers, d'euros à desmédecins entre 2009 et 2012 pour qu'ilsprescrivent des médicaments coûteuxdu groupe, dont les traitements des can-cers de la prostate Avodart et Duodartet le Requip, médicament contre la mal-adie de Parkinson.

GSK confronté à des

accusations de

corruption en Roumanie

Le Roumain Horia Tecau -30 ans-associé au Néerlandais Jean-JulienRojer a remporté le tournoi de doublesur le gazon de Wimbledon. En finale,les deux joueurs se sont imposés faceau britannique Jamie Murray, le frèreaîné d'Andy, et l'Australien John Peers(7-6, 6-4, 6-4). Il s'agit d'une premièreen grand chelem pour chacun des deuxjoueurs. Sur le gazon londonien, HoriaTecau avait déjà perdu trois finales, de2010 à 2012, associé à son partenairede l'époque, le Suédois RobertLindstedt. Originaire - comme SimonaHalep - de Constanta, Horia Tecau, estl'un des dix meilleurs joueurs de doubleau monde à l'heure actuelle.

Il avait remporté un autre titre dugrand chelem, en Australie en 2012, endouble-mixte. Il est le deuxième roumainvainqueur du double à Wimbledon aprèsson compatriote Ilie Nastase qui, en1973, s'était imposé aux côtés de songrand copain Jimmy Connors.

La Roumanie gagne

en double à Wimbledon Le dernier classement de la FIFA (Fédération Internationale de Football)place la Roumanie au 7ème rang mondial, qui grimpe ainsi d'une place.C'est son meilleur classement depuis 1997 et l'époque Hagi.

Le classement : 1. Argentine 1425 points; 2. Belgique 1244; 3. Allemagne 1226,4. Colombie 1218; 5. Brésil 1186; 6. Portugal 1177; 7. Roumanie 1166; 8. Angleterre1157; 9. Pays de Galles 1155; 10. Chili 1124; 11. Espagne 1110; 12. Pays Bas 1032;13. Croatie1023;14. Slovaquie 1016; 15. Autriche 1016; 16. Italie… 23. France.

Pour la qualification à l'Euro 96, la Roumanie, en tête de son groupe, affronteactuellement les équipes suivantes: Hongrie, 35ème (763 pts), Irlande du Nord,40ème (721), Grèce, 44ème (661), Iles Féroé, 75ème (456) et Finlande, 89ème(371). Lors du tour préliminaire de qualification à la coupe du monde 2018, qui auralieu en Russie, les adversaires des Roumains sont les suivants : Danemark 25ème(876), Pologne 33ème (769), Monténégro 77ème (423), Arménie 88ème (373),Kazakhstan 141ème (193).

La Roumanie 7ème équipe mondiale

Libearty plus vaste sanctuaire du monde pour les ours

Ils ont été enfermés dans des cages, frappés, privés de nourriture: à "Libearty",au cœur des Carpates roumaines, 80 ours sauvés de la captivité se remettent diffi-cilement des mauvais traitements infligés par leurs anciens propriétaires.

Ianis, le fils de l'ancien milieuoffensif Gheorghe Hagi, vedettedu Mondial de 1994 aux USA et

de 1998 en France, est devenu le plusjeune capitaine de l'histoire de la ligueroumaine mercredi 12 août. Agé de 16ans, il a porté le brassard pendant unemi-temps, lors de la victoire de son équi-pe du Constanta Viitorul contre

Universitatea Craiova (2-1). "C'est quelque chose de spécial de

porter le brassard de capitaine à un sijeune âge, mais je suis habitué" a expli-qué le jeune homme, capitaine de l'équi-pe de Roumanie des moins de 17 ans. Undigne héritier pour le "Maradona desCarpates", qui n'est autre que l'entraî-neur et le propriétaire du club de son fils.

Sur les traces du père

Page 20: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

3938

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Insolite Donnez votre sang pour entrer gratuitement

Deux billets pour le festival de musique Untold enTransylvanie? Ce sera deux pintes de sang, s'ilvous plaît. Les organisateurs de ce festival de

musiques électroniques de Cluj qui s'est déroulé du 30 juilletau 2 août offraient des rabais de 30 % à qui donnait un peu deson sang dans l'un des 42 centres de transfusion du pays jus-qu'au 24 juillet, avant d'acheter des billets. Et même la gratui-té pour une journée à ceux qui donnaient leur sang à une unitémobile mise en place pendant deux jours à Bucarest ou dans lecentre de transfusion sanguine de Cluj-Napoca.

Selon des données de l'Institut national de la transfusionsanguine, la Roumanie est l'avant-dernier pays d'Europe en cequi concerne le nombre de donneurs de sang actifs, à hauteur

de 1,7% de la population totale. Et encore, la plupart de cespersonnes donnent seulement après qu'un proche ait besoind'une transfusion.

Avec cette opération "Payez avec votre sang", les organi-sateurs du festival misaient en outre sur le lien particulierqu'entretient la région transylvanienne avec les vampires."Nous parlions de la façon d'intégrer Dracula dans notre fes-tival et c'est après avoir vu les chiffres et le retard de laRoumanie dans le don de sang que nous avons eu cette idée",a expliqué Stefana Giurgiu, directrice des relations publiquesdu festival Untold. Et visiblement, l'opération a rencontré uncertain succès: 45 personnes avaient déjà donné leur sang àmidi le premier jour de la campagne.

Aie... aie, aie ! Quelle chaleur !

Avec un taux de réussite de 69,04 % au baccalauréat,le judet d'Hunedoara n'a pas à rougir face à lamoyenne nationale (66,41 %), mais en annonçant les

résultats, l'inspecteur principal du département se montrait admi-ratif devant la performance réalisée par le séminaire théologiqueSainte Catherine du monastère orthodoxe de Prislop. Les 14 futu-res nonnes candidates ont toutes été reçues avec des notes sesituant entre 8,5 et 9,9 devançant les champions habituels, le col-lège national Mihai Eminescu de Petrosani (96 %) et Decebal deDeva (95 %). A l'autre bout du classement, le collège Appoloniusde Petrosani (18 %) et le lycée de Criscior (19 %). Commentantce résultat, l'inspecteur a déclaré qu'il ne fallait pas y voir unequelconque intervention divine, mais la récompense d'un travailacharné des futures bonne sœurs et du sérieux de l'établissement.

"Aide toi, le ciel t'aidera"

Les joueurs du FC Otelul Galati, club de 1ère division , ont eu une drôle desurprise en reprenant l'entraînement. Leur terrain d'entraînement était séparéen deux par une clôture. La voisine, qui est propriétaire d'une partie du com-

plexe d'entraînement était furieuse qu’on ne lui ait pas demandé sa permission lors dela rénovation du terrain, empiétant sur son morceau de pelouse. Elle a poussé sa ven-geance jusqu'à accrocher son linge à sécher sur le but installé sur sa moitié.

Lors du dernier congrès international de "Dacologie" qui s'est tenu en juillet àBuzau, Gheorghe Funar a présenté l'ouvrage de 32 pages qu'il a écrit pourdémontrer que Jésus n'était pas le roi des Juifs, mais celui des Dacs. D'après

l'ancien maire ultra-nationaliste de Cluj, qui s'est illustré par ses prises de position et sesmesures municipales contre les Magyars, le Christ est né et a grandi en pays dac. Pourappuyer sa démonstration, intitulée "La vérité sur la biographie du Fils de Dieu", il apuisé dans une trentaine d'ouvrages écrits par des auteurs roumains et des passages dela bible qui ne sont pas clairs. Pour Funar, l'histoire de Jésus se confond avec celle dupeuple geto-dac et la vérité serait cachée dans les caves du Vatican.

Steve Pallet avait été envoyé à Bucarest par le gouvernorat de Jersey afin d'assister à la coupe mondiale de danse, qui s'estdéroulée du 28 juin au 4 juillet dernier, l'île britannique devant accueillir la compétition en 2016. Quelle ne fut pas sasurprise à l'aéroport en se rendant compte qu'il se trouvait en fait… à Budapest. Le fonctionnaire qui avait fait la réser-

vation de son billet avait confondu les deux capitales, ce qui a coûté mille livres sterlings supplémentaires pour qu'il arrive à bonnedestination et en revienne. L'administration a reçu depuis la consigne d'agrafer les documents de voyages aux billets et de vérifierla concordance des données en les soulignant au crayon rouge.

Pied de nez

Jésus était Dac

Encore Budapest

Bucarest

A Suceava, l’Eglise a organisé une marcheet des prières pour faire venir la pluie.

A Costinesti, les baigneurs se levaient dès cinq heures du matin pour installer leur serviette... et réserver une place sur la plage !

Une vieille femme éprouvée, lors d’un pélérinage

Du jamais vudepuis 50ans: unecanicule àplus de 40°sur tout le pays etd’une duréede deuxmois. Sécheresseassurée à lacampagne.

Page 21: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

4140

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Iulia Badea-Guéri--té: Pourquoi un

livre si dense sur

un sujet qu'on considérait

déjà comme épuisé ? Tout

le monde connaît le poète Mihaï Eminescu…

Florina Ilis: C'est vrai que tous les élèves de lycée leconnaissent, en Roumanie. Il reste le plus grand poète rou-main. Ce qu'on oublie, c'est qu'il s'est mis à écrire au momentmême où la langue roumaine commençait à devenir une lan-gue littéraire. Avec son œuvre, la langue roumaine a fait unbond qualitatif. Titus Maiorescu, critique littéraire contempo-rain d'Eminescu et avec qui commence le roman, écrivait quele XXème siècle serait un siècle influencé par MihaïEminescu. Par ses poésies. Et c'est cela le problème, car àcause de cette influence, avec elle, on a commencé à écrire lemythe Eminescu. Comme tous les lycéens, je l'ai découvert aulycée. Son côté poétique m'a obsédé très vite. J'ai commencé àécrire une fois le communisme tombé, en 1989.

Une fois finie La croisade des enfants, je me suis souve-nue de mon ancien amour, j'ai eu envie d'imaginer un dialoguedu poète avec un compère. Le souvenir des Vies parallèlesm'est revenu, donc. J'ai décidé d'écrire deux biographies paral-lèles, mais le personnage Eminescu était tellement poignantque j'ai renoncé en cours de route au deuxième personnage.

Comment expliquez-vous aujourd'hui cet engouement

des Roumains pour le poète Eminescu ?

Son mythe a commencé avec sa mort. Il y a eu une cons-truction de l'image de sa mort, du cortège funèbre, des hom-mes politiques de l'époque qui l'accompagnent vers le cimetiè-re. Mon discours déconstructif a pris comme repères les comp-tes rendus cliniques, sur sa folie, les articles élogieux sur lui,les oraisons politiques, les biographies qui ont circulé. J'ai faitune déconstruction de tous ses discours pour construire lemien. Mais peut être que nous avons là le rôle de l'art en soi-même, n'est-ce pas ?

Votre roman est construit comme une enquête, un docu-

ment, il y a des notes qui nous viennent des sources de l'é-

poque, qui rompent le rythme du roman. Quel est leur rôle ?

Tout de suite après sa mort, l'espace public a été envahipar des gens qui parlaient de lui, qui affirmaient l'avoir connu,et ils étayaient leurs dires par des notes, justement. J'ai concen-tré ces nombreuses références afin de jouer, discrètement, avecelles. Quelqu'un m'a dit que je me moquais de Wikipédia…mais même des références sont inventées, finalement. Elles

donnent cependant plus d'authenticité à mon tableau de l'é-poque. Ce que les politiciens roumains d'entre les deux guer-res ont fait, détruire les autres écrivains et récupérer MihaïEminescu, son mythe, seulement à cause d'une poésie malinterprétée, Empereur et prolétaire (Imparat si proletar), a étélamentable.

Mais en tout j'ai été guidée par ce que croyait Plutarque,en fait. Il disait ne jamais écrire sur les gens célèbres, leursbiographies, mais seulement sur la dimension humaine despersonnages. Je n'ai pas voulu tenter une approche mythique,mais plutôt un regard sur sa vie intérieure, sur ses sentiments.J'ai voulu en faire un homme, en partant de son mythe. Et pen-dant 7 longues années, mon travail de recherche, qui se trouveêtre la base du roman, s'est concentré sur cet aspect.

"Comment aurait agi la Securitate si elle

avait voulu en faire un symbole national ?"

Comment le public roumain, qui adore Mihaï Eminescu,

a accueilli ce roman ?

La réception du roman a été double, comme la réceptiondu poète. Pour certains, il est intouchable, pour d'autres il n'estqu'un poète du XIXème siècle. Je crois, du coup, que les chro-niqueurs se sont trop hâtés. Face à un tel roman, il faut réflé-chir avant d'écrire sa première pensée. Dans le roman appa-raissent les gens de la Securitate, instrument répressif commu-niste qui n'existait pas pourtant du temps du poète…

En lisant les notes qui existaient sur lui, je me suis renducompte qu'on le considérait déjà à l'époque comme un sujet àsurveiller de près, qu'il était épié dans le moindre de ses ges-tes. Un peu comme le travail de la Securitate, par la suite. Jeme suis imaginé comment aurait agi la Securitate si elle avaitvoulu faire de lui un mythe national, un symbole.

Vous avez écrit aussi des poésies, comme lui. Pourquoi

être devenue, par la suite, romancière ?

Je suis devenue romancière car je ne pouvais pas écrire lapoésie que je voulais. J'ai écrit des haïkus, car écrire des haï-kus, un art japonais que même les enfants pratiquent là-bas, aété comme un défi pour moi. Et parce que je connais cette lan-gue. J'ai quelque chose en commun avec elle. Seulement17 poésies, car un haïku à seulement 17 syllabes.

Propos recueillis par Iulia Badea-Guéritée (Le Courrier International)

Florina Ilis, Les Vies parallèles, traduction du roumain parMarily Le Nir, Edition des Syrtes.

Jacques Roumain estné le 4 juin 1907, àPort-au-Prince, dans

une famille aisée. Son grand-père, Tancrède Auguste, fut

président d'Haïti de 1912 à 1913. Il fréquenta des écoles catho-liques à Port-au-Prince (institution Saint-Louis de Gonzaguenotamment) et, plus tard, étudia en Belgique, en Suisse, enFrance et en Allemagne. Il voyagea également au Royaume-Uni et en Espagne où il amorça des études d'agronomie.

À vingt ans, il revint en Haïti et fut co-créateur de LaRevue Indigène avec Émile Roumer, Philippe Thoby-Marcelin, Carl Brouard et Antonio Vieux, dans laquelle ilspublièrent des poèmes et des nouvelles. L'Haïtien fut très actifdans la lutte contre l'occupation américaine de son île (1915-1934) et fut le fondateur du mouvement ouvrier et communis-te haïtien. En 1934, Jacques Roumain fonda donc le Parti com-muniste haïtien. En raison de ses activités politiques, de sa par-ticipation au mouvement de résistance contre la présence amé-ricaine, il fut souvent arrêté et finalement contraint à l'exil parle président de l'époque Sténio Vincent.

Pendant ses années d'exil, Roumain travailla et se lia d'a-mitié avec de nombreux écrivains et poètes de son époque,comme Langston Hughes. Il fréquenta également l'universitéColumbia à New York. Après le changement de gouvernementen Haïti, il fut autorisé à revenir dans son pays natal, où ilfonda le Bureau National d'Ethnologie.

En 1942, le Président Élie Lescot l'investit d'une charge dediplomate à Mexico. Il compléta à la même époque deux deses livres les plus marquants: le recueil de poésie BoisD'Ébène et le roman Gouverneurs de la Rosée, qui se venditpourtant à moins d'un millier de copies la première année sui-vant sa publication. La majorité du travail de Roumain expri-me la frustration et la rage d'un peuple qui a été piétiné durantdes siècles. Il incluait tous les Haïtiens dans ses écrits, et appe-lait les pauvres à s'unir contre la misère.

Le 18 août 1944, 3 jours après un voyage à Cuba où il ren-contra des camarades cubains et haïtiens, Jacques Roumainmourut d'une raison inconnue (empoisonnement ou maladie),à 37 ans sur sa terre natale. Son œuvre continue d'influencer laculture haïtienne et panafricaine en général. Jacques Roumainn'a jamais mis les pieds en Roumanie.

L'écrivaine a déconstruit Eminescu

... pour le rendre plus compatible avec l'image qu'elle en avait

La célèbre pièce de l'écrivainfranco-roumain Eugène Ione-sco, Le roi se meurt, mise en

scène par Juan Carlos Cremata, a été cen-surée après sa première, le 4 juillet à LaHavane, suscitant une vive polémiquedans les réseaux sociaux et les milieuxculturels de l'île. Les autorités y ont vuune allusion à la gérontocratie au pouvoirà Cuba, avec Fidel Castro, 88 ans, rem-placé depuis 2008 par son frère RaulCastro, 84 ans.

Dans une lettre ouverte, Juan CarlosCremata assure que l'interprète du Rois'est inspiré plutôt "des gestes du grand

comique français Louis deFunès, au lieu de chercher ducôté de personnages plus pro-ches de notre quotidien". Etd'ajouter: "Notre intention aveccette mise en scène était deparler de la résistance auchangement".

Le metteur en scène reven-dique "une forme très cubaine

de théâtralisation, presque perdue oucensurée par la force depuis plus de cin-quante ans, mais qui a caractérisé levieux théâtre cubain, la pratique pério-dique de la satire politique en guise decommentaire sur les événements dupays".

Cinéaste reconnu à l'international,notamment avec son long-métrage VivaCuba (2005), Juan Carlos Cremata avaitdéjà eu maille à partir avec la censure,lors d'une mise en scène de Le Frigo deCopi. Sa lettre ouverte, qui est datée du10 juillet, est très virulente contre "lanomenclature et la bureaucratie opportu-

niste, sans éclat et médiocre, qui soutientl'autorité de nos jours":

"Qui s'arroge le droit de décider ceque les autres doivent penser, proposerou sentir, et pourquoi? Quel droit a unepersonne à lancer des diktats sur la pen-sée de tous?" (...) "Au nom d'un national-socialisme on nous brime, réprime, sanc-tionne, bâillonne, bouscule et occulte.

Ça c'est du fascisme dans tous lescas. Pur, absolu et intégral. De mêmequ'on brûlait des livres et stigmatisait desraces, des sexes, des couleurs et desmanières de penser ou d'être. Et c'estaussi de l'apartheid".

Décidément, censure et ridicule fontbon ménage sous toutes les latitudes…En 1970, un professeur français de l'uni-versité Laval de Montréal avait étéconduit sans ménagement au poste depolice, après une descente dans la citéuniversitaire où il logeait, accusé de pro-pagande en faveur de Cuba. Au cours dela perquisition, on avait trouvé un ouvra-ge… sur le cubisme.

"Le roi se meurt" de Ionesco censuré à Cuba

Littérature

Florina Ilis: "On m'a dit que je me moquais de Wikipedia…"Lauréate du prix Courrier International du meilleur roman étranger en 2010, avec "La

croisade des enfants", paru aux éditions Syrtes, l'écrivaine roumaine Florina Ilis revientcette fois avec un roman qui essaye de mettre des mots sur un mythe : celui que l'adulationdes Roumains a construit autour de leur plus grand poète national, Mihaï Eminescu (1850-1889). Entre réalité et rêve, entre conspiration politique, amour et folie, la vie du poète fas-cine à tel point qu'il devient obsession. Peu de temps après la sortie du roman "Vies paral-

lèles", toujours chez Syrtes, Florina Ilis se dévoile à Iulia Badea-Guéritée.

Poète et communiste, Jacques Roumain n'est jamais allé… en Roumanie

Littérature

De roumain… il n'a que le nom. Rien dans ses origines, ne permet d'établir un lien avecla Roumanie et même avec l'Europe. Mystère de la transmission des patronymes. Il n'empê-che… Jacques Roumain a marqué l'histoire de son pays, Haïti, son grand-père en ayant étémême le président !

Page 22: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

4342

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Destinée à corriger leslacunes et impréci-sions d'un premier

décret remontant à 2002, la nou-velle loi évoque notamment laparticipation de la Roumanie àl'Holocauste, une sombre page deson histoire que Bucarest n'areconnue qu'en 2004.

Selon le rapport d'une com-mission internationale d'histo-riens dirigée par le Prix Nobel dela Paix Elie Wiesel, entre 280 000et 380 000 Juifs roumains etukrainiens ainsi que 11 000 Roms sont morts sous le régime dumaréchal pro-nazi de Ion Antonescu dans les territoires contrô-lés par la Roumanie entre 1940 et 1944.

"Les Roumains doivent assumer leur histoire et accepterle fait que le gouvernement Antonescu a été responsable decrimes contre l'humanité", a indiqué à l'AFP AlexandruFlorian, directeur de l'Institut d'Étude de l'Holocauste, à l'ori-gine de ce texte aux côtés de trois élus roumains. Selon lui, laloi précise en outre pour la première fois que "la Garde de fera été un mouvement fasciste (...) et punit la promotion de mes-sages émanant de personnalités qui ont adhéré à l'idéologie decette organisation" responsable de plusieurs assassinats poli-tiques et d'atrocités contre les Juifs.

"Policiers d'Internet"

C'est là que le bât blesse. Car nombre d'intellectuels rou-mains de l'entre-deux-guerres, dont le moraliste Émile Cioranet l'historien des religions Mircea Eliade, ont été dans leur jeu-nesse des sympathisants de la Garde de fer.

Du coup, plusieurs écrivains et analystes se sont inquiétésdu risque de ne plus pouvoir lire ou citer en public les œuvresde ces derniers ou d'autres grands de la littérature roumaine."Je ne veux plus vivre encore une fois sous le fléau de l'inter-diction culturelle, sous lequel j'ai grandi pendant le régimecommuniste", écrit sur son blog le très respecté écrivain AndreiPlesu. "Je ne veux pas être considéré comme suspect ni si je lisJean-Paul Sartre (connu pour ses sympathies marxistes,

NDLR) ni si j'admire le talent deCioran", ajoute-t-il, tout en sou-lignant que lire ces auteurs nerevient pas à "adhérer auxoptions discutables de leur viepublique". L'éditorialiste ClariceDinu du quotidien Gandul redou-te pour sa part qu'"organiser desdébats sur ces thèmes-là oumême évoquer sur Facebook lespersonnes incriminées par cetteloi" seront désormais passiblesde peines de prison. Elle évoqueen outre des "policiers d'inter-

net" qui veilleront au respect de ce texte.

Déjà des commentaires douteux

Alexandru Florian s'attache toutefois à dissiper ces crain-tes, rejetant les accusations de "censure". "La liberté de s'in-former et de s'exprimer n'est pas mise en question. Seuls serontinterdits les messages à caractère antisémite et raciste, ouencore le culte des criminels de guerre", souligne-t-il.L'historien Adrian Niculescu se félicite pour sa part de l'adop-tion de cette loi, assurant que les passionnés d'histoire ou delecture n'ont rien à craindre. "Toutes les œuvres citées dans lecadre de ce débat continueront à être publiées mais avec desnotes critiques expliquant le contexte dans lequel elles ont étéécrites", indique-t-il à l'AFP, précisant que "des lois similairesexistent quasiment partout en Europe".

Depuis l'éclatement de la polémique, les commentaires surinternet qualifiant de "patriotes" les membres et sympathisantsde la Garde de fer, en raison notamment de leur opposition aucommunisme, se sont multipliés. Mais Alexandru Florianespère que la loi finira par "restreindre les manifestations del'extrême droite et permettra d'honorer comme il se doit lamémoire des victimes de l'Holocauste".

Certes, les néo-nazis ne pourront pas défiler avec des por-traits d'Hitler., mais qu'en sera-t-il pour les autres grands cri-minels du XXème siècle, comme Staline et Mao, que leursidéologies préservent toujours de l'opprobre ?

Le Point.fr

Une loi mémorielle veut purger la Roumanie de son passé fasciste

Le festival médiéval de Sighisoara s’est déroulé du 23-26 juillet.

Littérature

Pourra-t-on encore lire Cioran ou Eliade ?Peut-on lire les œuvres d'Émile Cioran ou évoquer Mircea Eliade sans être accusé de sympathies fascistes ? Une loi

mémorielle adoptée par Bucarest suscite un vif débat en Roumanie. Ce texte voté récemment à une très large majorité parle Parlement interdit le négationnisme, les organisations et les symboles fascistes ainsi que le culte des personnes reconnuescoupables de génocide ou de crimes contre l'humanité.

Cluj-Napoca a été désignée capitale européenne de la jeunesse pour 2015, par le Forum européen de jeunesse, ce qui apermis à de nombreuses associations locales de développer leurs activités dans les domaines culturel etsocial…Plusieurs villes étaient en compétition :Vilnius ( Lituanie), Varna (Bulgarie), Ivanovo (Russie). Rotterdam,

Turin, Anvers , Braga (Portugal), Maribor (Slovenie) et Salonique (Grèce) en 2014 avaient été les pérécédents lauréats.

Cluj, capitale européenne de la jeunesse

Un été en fêtes

A la différence de Ionesco (au centre), Cioran et Eliade (à gauche et à droite) ont été sympathisants de la Garde de fer.

Le festival Enescu dure tout le mois de septembre à Bucarest.

Pélérinageau monastère

de Nicula

Rock et Metal au festival Artmania de Sibiu

Toute la jeunesse européenne au festival Untold de Cluj

Coup d’envoi de l’été, le 1er juin à Timisoara

En juillet, la semaine japonaise à Iasi

Kirchweih, la fête des Allemands à Buzias, le 15 août.

Page 23: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

Connaissance et découverte

Ce champ légal est celui de laparole, omniprésente, et sur laquelleles auteurs ont produit un travailremarquable, puisant dans les docu-ments juridiques et les écrivains del'époque une foule de proverbes,d'expressions idiomatiques et de ter-mes enfouis. Le "bon sens" falla-cieux que ceux-ci produisent n'a pourfonction que d'asseoir l'ordre dumonde tel qu'il est, expliquant, justi-fiant la soumission des femmes, despauvres, des enfants et des étrangers, en somme des faibles.

En même temps, la parole fait preuve d'une trivialitéemphatique qui, entre injures racistes, blasphèmes et grossiè-retés sexuelles, explose en un grand torrent de cynisme,

comme seule réponse, mêmeimpuissante, face à l'archaïsme d'unmonde dépourvu de la moindretranscendance.

Que le film vienne butter en finde parcours contre cette trivialité,finissant par la jeter au visage duspectateur dans un geste discutable,ne doit pas faire oublier cette éner-gie du désespoir, sursaut dans larésignation qui rejoue en un ultimeoutrage l'éternelle injonction de

l'hymne national: "Réveille-toi, Roumain…".Mathieu Macheret (Le Monde)

Aferim : Film roumain, bulgare et tchèque de Radu Jude.Avec Teodor Corban, Mihai Comanoiu, Cuzin Toma (1 h 45).

Les NOUVELLES de ROUMANIE

4544

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Aferim! tranche avec les habitudes du cinéma rou-main résolument contemporain. Radu Jude s'esttransporté au XIXe siècle, en Valachie, et suit la

course de deux cavaliers à travers de sublimes paysages filmésen noir et blanc. Mais les deux cavaliers sont de tristes sires,lancés à la poursuite d'un serf gitan qui a tenté de se soustrai-re à la domination de son seigneur.

Si Radu Jude, né en 1977, n'est pas le plus identifiable descinéastes de la nouvelle vague roumaine, il le doit certaine-ment à une œuvre encore précaire, mais parmi les plus singu-lières d'entre celles de ses confrères. Son caractère d'absurditécorrosive, trait d'appartenance au "mouvement", ne l'empêchepas pour autant de ménager une place, toute dérisoire ou dou-loureuse soit-elle, à la figure humaine. Aferim !, son 3ème-long-métrage après 2 drames sociaux (La Fille la plus heu-reuse du monde, 2009, et Papa vient dimanche, 2012), sedépartit d'emblée du cadre habi-tuel du cinéma d'auteur roumain.

Il ne s'agit pas, pour une fois,d'une énième variation sur les pro-fondes rémanences de l'ère com-muniste, mais d'une reconstitutionhistorique en costumes et décorsnaturels, tournée dans un somp-tueux noir et blanc, et allant puiserencore plus loin - dans la Valachie(région du sud de la Roumanie) duXIXe siècle - les racines de cer-tains maux endémiques qui char-pentent en profondeur les structures sociales du pays.

Deux héros bouffons faceaux préjugés et superstitions

L'histoire que déroule le film est d'une grande simplicité,ni plus ni moins que celle d'un aller-retour à travers la majes-tueuse campagne roumaine. En 1835, Constandin, un brigadierboiteux, ex-militaire des campagnes révolutionnaires de 1821,accompagné de son fils, le candide Ionita, sillonne à cheval larégion pour mettre la main sur un gitan fugitif, le serf Carfin,et le ramener aux mains du puissant boyard local dont il estaccusé d'avoir détroussé la femme.

Ainsi, le film est avant tout constitué des trajets que les

deux cavaliers décrivent dans les reliefs d'une topographie quela mise en scène épouse à coups de longs panoramiques, et desconversations aberrantes dont ceux-ci remplissent leur périple,devisant des divers aspects de l'existence avec force préjugéset superstitions, entre eux ou avec des rencontres de passage -un prêtre, des paysans, un attelage turc, les clients d'une auber-ge ou la population grouillante d'un marché - à la façon d'unconte philosophique itinérant (le Candide de Voltaire), oud'une parodie chevaleresque (le Don Quichotte de Cervantès).

La mise en scène de Radu Jude inscrit, par d'amplestableaux, la misérable silhouette humaine dans une immensitéstoïque et protéiforme - champs, forêts, marécages, plaines,monts rocailleux, sentiers escarpés, villages, fermes.

Au théâtre serein de la nature, traversée d'un souffle d'é-ternité, répondent le chaos humain et les tourments temporels:dès que la caméra se rapproche des personnages, elle saisit labousculade des corps qui se pourchassent et ploient, tous sou-mis à la loi pyramidale d'une féodalité aussi tardive que mons-

trueuse. Car ce que le récit a lavertu de mettre en lumière, à tra-vers sa ligne claire et picaresque,c'est un fait encore généralementméconnu, l'esclavage des Gitans.

Ces populations que l'onn'appelait pas encore les Roms,mais les "corneilles" ou "cor-beaux", à cause de leur peaumate, formaient alors une main-d'œuvre corvéable à merci, pri-vée de droits, échangée commeune denrée sur les marchés

d'hommes, fustigée et mutilée comme du bétail par les proprié-taires terriens. A l'horreur qui se perpètue ici, la nature sembleapposer son silencieux commentaire, sans que sa beauté butéen'influe en rien sur la trajectoire de nos héros bouffons, n'arra-chant à l'un deux qu'une grotesque interjection: "Putain debeauté, oui!".

Un grand torrent de cynisme

Mais le film va plus loin et montre la Roumanie commeune terre ouverte aux invasions, foulée par de nombreux maî-tres - Turcs, Grecs, Russes - et donc en constante négociationavec sa loi faiblarde, dont la forme arbitraire et insignifiante nesert qu'à recouvrir la corruption des autorités.

Une parodie chevaleresque à la façon d'un conte philosophique itinérant

au "corbeau" en Valachie"Aferim!": absurde chasse "Aferim !" ("Bravo" en français), film roumain, bulgare, tchèque

et français de Radu Jude, Ours d'argent au dernier festival de Berlin,est sorti sur les écrans en France, le 5 août dernier, et est devenu l'é-vènement cinématographique de l'été. Les Nouvelles de Roumanie enavaient fait un premier compte-rendu en mars dernier (N° 88).

L’ ironie et la truculencedu film servent à souligner la permanen-ce d'un mal qui n'en finit pas de ronger non seulement la Roumanie,mais l'Europe: le racisme et l’intolérance.

Cinéma

Critique de cinéma au journalLe Monde, Isabelle Régnier ainterviewé Radu Jude, 38 ans,

sur son dernier film, qui a fait l'évène-ment cinématographique de l'été.

Isabelle Régnier : Comment est née

l'idée d'Aferim ! ?

Radu Jude : C'est le fruit d'un longprocessus, mais que l'on peut résumer parle fait que je cherchais à parler du présenten m'intéressant au passé. Je travaillaisautour de l'idée selon laquelle le passé vitencore dans le présent. Faulkner ledit mieux que moi: "le passé n'est pasmort, ce n'est pas même le passé". Lefilm est le fruit d'une rechercheautour de cette question, que j'adres-se en retour au spectateur.

I.R. : Pourquoi avoir voulu

faire un film dans le passé qui parle

du présent ?

R.J. : Parce que le présent estplein de problèmes, et qu'il faut par-fois remonter à l'origine pour éviterles simplifications. Sur la question del'intégration de la population rom dans lasociété, on peut dire beaucoup de choses,mais l'origine du problème, c'est la miseen esclavage de cette population. Et, decela, on ne parle pas. C'est un peu normal,nous ne sommes pas le seul peuple quiévite d'aborder les questions qui fâchent.

Mais il me semble que c'est une desfonctions de l'art que de pousser les gens

à penser à des choses auxquelles ils nepensent pas habituellement. La relationdu passé au présent est difficile parce quetout le monde aimerait avoir un beaupassé. Mais notre passé ne l'est pas.

Le passé français ne l'est pas nonplus. Je ne suis pas antiroumain, mais jecrois que la seule façon d'espérer voir s'a-méliorer les choses est de nous accepternous-mêmes, d'accepter notre passé, aveclucidité et courage.

"L'histoire roumaine est

un peu l'histoire de l'Europe"

I.R. : En abordant de cette manière

la question des Roms, et plus générale-

ment du racisme, aviez-vous l'envie

d'embrasser un problème politique qui

concerne toute l'Europe ?

R.J. : Bien sûr. La Roumanie fait par-tie de l'Europe, aussi l'histoire roumaine

est-elle un peu l'histoire de l'Europe.Nous partageons notre présent avec lesautres Européens. Et la difficulté du lienentre passé et présent, l'idée de question-ner le lien existant entre les mentalités etles réalités sociopolitiques, cela vaut pourtoutes les sociétés.

I.R. : L'histoire que vous racontez

est-elle véridique, inventée, ou un peu

les deux? A partir de quelles sources

avez-vous travaillé ?

R.J. : Que veut dire "véridique"quand on travaille sur l'Histoire?Qu'est-ce que la "fiction"? L'Histoireest une construction, faite au présent.Des milliards de choses se sont pas-sées il y a cent ans, et nous les rédui-sons à quelques dizaines de pages.

Mais au-delà de cette considéra-tion d'ordre philosophique, la plupartdes situations du film sont fondéessur des documents historiques. Onpeut donc considérer que tout est vraidu point de vue historique. D'un autre côté, les dialogues sont

très littéraires parce qu’on ne sait pascomment comment les gens parlaient il ya deux cents ans.

Or les mentalités se construisent avecl'utilisation du langage. Cette questiondes dialogues était délicate et j'ai penséqu'il était plus juste de puiser dans ce quiexiste, donc dans la littérature, que detout inventer moi-même. (à suivre p.46)

Radu Jude : " Nous ne sommes pas le seul peuple

qui évite d'aborder les questions qui fâchent"

Page 24: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

4746

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Commissaire Moldovan: la légende du policier surnommé "l'Eliot Ness roumain"

I.R. : De quel genre de texte vous

êtes-vous servi ?

R.J. : La structure du récit est un peucelle d'un vieux conte populaire rou-main. J'ai utilisé beaucoup de proverbesaussi, et de la littérature populaire, quiexprime parfois de manière limpide lamentalité dominante de la société. Jesuis aussi allé chercher chez certainsécrivains du XIXe siècle, commeCreanga, que j'admire, qui s'inspiraientde la littérature populaire. Je mentionneleurs noms à la fin du film.

"Parler de choses sérieuses

sans perdre son sens de l'humour"

I.R. : Vous avez tourné en 35 milli-

mètres et en noir et blanc. Le projet

l'exigeait-il ?

R.J. : Le noir et blanc, c'est pourmarquer l'idée que c'est un film, pasune réalité. C'est une autre manière d'a-mener le spectateur à réfléchir au pro-blème de la reconstruction historique,de la relation entre fiction et réalité. Ona par ailleurs utilisé quelques codes dewestern. Le film est aussi un hommageà ce genre de cinéma.

I.R. : Vous avez évoqué la littératu-

re roumaine, le western. Le tandem

que forment les deux personnages

principaux fait aussi penser à Don

Quichotte et Sancho Pansa, dans

une version un peu grotesque. Y

songiez-vous en écrivant le film ?

R.J. : Je pensais à Don Quichotte,bien sûr, et à Jacques le fataliste, deDiderot. L'un et l'autre sont de grandsmodèles pour parler de choses sérieu-ses sans perdre son sens de l'humour.

Isabelle Régnier (Le Monde)

(suite de la page 45)

Après la guerre, la machine de propagande du régime communiste roumainfit d'un policier bucarestois un héros populaire. A partir des années 70, il inspi-ra une série de films avec pour personnage principal un commissaire combat-tant une criminalité galopante. Surnommé "l'Eliot Ness de Roumanie", desrecherches historiques ont pourtant démontré que cet individu n'était en faitqu'un assassin brutal et cruel.

En 1972, un film réalisé par Sergiu Nicolaescu "Cu mâinile curate"(Opération Mains propres) sortit sur les écrans roumains. Il arriva en trèspeu de temps au top du box-office. Le succès fut tel qu'on décida de lui

donner une suite. Cinq autres films furent produits de 1973 à 1981, tournés par lemême metteur en scène. Un dernier épisode vint clôturer la série en 2008.

L'action du premier film "Cu mâinile curate" se déroule en 1945 quand, surfond de guerre et de pauvreté aggravée, le niveau de la criminalité atteint une cotealarmante. Roman (joué par Ilarion Ciobanu), ex-communiste clandestin et politicienfrais émoulu, est nommé à la direction d'une des sections de police les plus en poin-te de la capitale. Manquant d'expérience, il fait appel aux services du commissaireMiclovan - interprété par Sergiu Nicolaescu - un policier aux méthodes non conven-tionnelles qui éprouve pour son revolver Smith & Wesson une affection particulière.Avec des scènes d'action et des cascades dignes d'Hollywood "Cu mâinile curate "est un film aux personnages marquants qui, encore aujourd'hui, soulève l'enthousias-me et divertit autant qu'il y a 35 ans.

Des bandes organisées formées par des soldats de l'Armée Rouge

A l'origine du personnage du commis-saire Miclovan - rebaptisé Moldovan audeuxième film - il y a un policier qui a réel-lement existé, Eugen Alimanescu. Issu dumilieu interlope de Bucarest, il est engagéen 1945 comme informateur à la préfecturede police de Bucarest. La situation dans lacapitale de l'après-guerre était véritablementeffrayante. Crimes, viols, brigandage et volsà main armée étaient monnaie courante, enmajorité commis par des soldats de l'ArméeRouge qui agissaient en petits groupes orga-nisés. Les délinquants roumains, en mald'inspiration, se lancèrent sur le même cré-neau allant jusqu'à adopter l'uniforme russe.

La police roumaine était alors en voie deprofonde réorganisation. La situation était

complexe, voire chaotique. Les professionnels formés et expérimentés de l'entre-deux-guerres avaient été remplacés à la hâte par des gens dévoués au nouveau régi-me communiste. Eugen Alimanescu en faisait partie. Nommé rapidement à la têted'une unité spéciale, il allait devenir l'un des policiers roumains les plus célèbres del'après-guerre. Dénommée l'Eclair, sa brigade était composée de 22 jeunes commu-nistes et avait pour mission d'extirper la criminalité de la capitale et des villes.

On fait les sommations après avoir tiré

La brigade d'Alimanescu devient rapidement célèbre grâce à ses actions deforce. Le policier, promu officier dès 1946, agissait selon le principe suivant : pas deprisonniers.

Le héros de cinémaCinéma

Certains témoignages rapportent que les membres des bri-gades faisaient les sommations après avoir tiré. Ils laissèrentderrière eux une centaine de morts, parfois exposés quelquesjours sur le pavé, à la vue des autres délinquants et des pas-sants. Alimanescu nourrissait ainsi un besoin de justice pourune population effrayée par une criminalité omniprésente. Ildevint un véritable héros national.

Les bandits étaient abattus aumoment de leur capture au motifqu'ils s'étaient opposés à leurarrestation ou lors de la reconsti-tution des forfaits. On invoquaitalors le prétexte d'une tentative defuite. Traian Tandin, un ancienofficier de police devenu écrivain,auteur d'un ouvrage sur les casjudiciaires célèbres, présente ainsile mode opératoire d'Alimanescu:"Il avait trouvé une méthode radi-cale pour débarrasser Bucarestdes délinquants. Quand il lesattrapait, il ne les arrêtait pas. Il les abattait sur place.Ensuite, il indiquait dans son rapport que l'individu avaitessayé de s'enfuir, qu'il ne s'était pas soumis aux sommations,qu'il avait riposté avec une arme, etc."

Les actions du "commissaire de fer" comme il avait étésurnommé étaient discrètement soutenues par le ministre del'Intérieur, Teohari Georgescu. Les deux hommes se seraientconnus avant la première guerre mondiale.

Chargé de liquider sans procèsles opposants anticommunistes

Lors de la création de la Direction générale de la milice, le23 janvier 1949, Alimanescu fut nommé au grade de majorpour occuper la fonction de chef du service à la direction de lamilice judiciaire. Mission: participer avec les troupes duministère de l'intérieur à la liquidation des mouvements derésistance anticommuniste. Entre 1949 et 1951, il coordonna laliquidation de groupes de résistants en Bucovine, Fagaras,Gorj, Banat, etc.

Il aurait liquidé avec une cruauté particulière des dizainesd'hommes, opposants au régime communiste. Il les aurait faitinhumer dans des lieux tenus secrets.

Tandin ajoute: "Au cours de l'été 1949, une réunion s'esttenue au plus haut niveau au Ministère de l'Intérieur. Il y avaitlà le ministre, le directeur de la Sécurité et leurs adjoints. Ladécision fut prise de liquider de façon extrajudiciaire et dansles conditions les plus discrètes tous ceux qui faisaient partiedes groupes de résistance anticommuniste, condamnés à plusde 15 ans de prison. Eugène Alimanescu fut désigné pourmener à bien cette opération au cours de l'année 1950: 6membres du groupe Spiru Blanaru, 13 du groupe du majorNicolae Dabija et plus de 30 membres de la résistance du

Drobrogea enfermés à Gherla, Aiud et Pitesti furent exécutéssecrètement".

C'est aujourd'hui un fait établi: Alimanescu torturait etviolait au cours de ses enquêtes. Ses techniques d'interrogatoi-re étaient brutales et cruelles. L'une des notes retrouvées dansles archives de la Securitate fait référence à la traque des célè-

bres frères Arnautoiu, hors-la-loianticommunistes.

Leurs complices supposésfurent soumis aux pires suppliceset tortures: frappés à coups debâtons, suspendus par les mainsderrière le dos, brûlés. Même lesadolescents, garçons ou filles n'yéchappaient pas. Matilda Jub-leanu, âgée de 17 ans fut torturée,pendue par les mains, menacéed'être brûlée pour qu'elle révèleoù ses parents s'étaient enfuis.Les violences par contrainte surles femmes était aussi une cons-

tante des méthodes du " justicier ".Lors d'une perquisition à Tecuci, Alimanescu "se saisit

d'une fille, l'emmena dans une remise, déchira sa robe et pro-fita d'elle sauvagement". Coupables ou innocents, les suppli-ciés avouaient parfois des crimes qu'ils n'avaient pas commis.

Menacé d'être lynché par les droits communs

Mais brusquement, pour une raison inconnue - probable-ment en raison de son comportement devenu incontrôlable - leparti communiste décida en 1951 d'exclure Alimanescu. Il futcondamné à la prison pour avoir détourné des fonds de la cais-se des amendes. En dépit de la gravité de l'infraction, il n'ef-fectua que deux années de prison qu'il purgea, paraît-il, sousun faux nom dans un camp du chantier du canal Danube-merNoire. Alimanescu n'aurait pas été affecté à des tâches phy-siques. Il aurait été planqué dans un bureau : des droits com-muns voulaient le lyncher. Mais cette période de la vie du poli-cier reste obscure et n'a pu être recomposée qu'à partir de bri-bes d'informations.

Une dernière note retrouvée résume sa carrière de façontrès succincte: "Alimanescu Eugen, sergent major depolice/milice né le 27 juillet 1916 à Slatina. Interné en 1951dans un camp de travaux forcés. Dossier classé le 26 décemb-re 1951. Acte de décès enregistré en 1958".

Alimanescu aurait été liquidé pour des motifs restésinconnus. Mais dans les années qui ont suivi, la propagandecommuniste a continué d'alimenter le culte du policier incor-ruptible qu'aurait été Eugen Alimanescu, surnommé "l'EliotNess de Roumanie". Ensuite, la légende a été peaufinée avecla série de films réalisée par Sergiu Nicolaescu qui s'inscrivaitdans la droite ligne de la propagande du régime.

Synthèse réalisée par Yves Lelong

était un véritable assassin

Eugen Alimanescu, alias commissaireMoldovan, n'était en réalité

qu'un assassin brutal et cruel.

Des scènes d'action et des cascades dignes d'Hollywood

Sergiu Nicolaescu, le réalisateur, fut également l'interprète du commissaire Moldovan.

Page 25: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

Connaissance et découverte

Quant à l'indépendance à l'égard de Moscou, celle deBucarest est beaucoup plus vulnérable que celle de Belgrade.Sans perdre de vue (comme le faisaient certains milieux occi-dentaux, y compris français) que la Roumanie "non conformis-te" de Nicolae Ceausescu était aussi une dictature.

Bref, les représentants roumains et yougoslaves sontparmi les diplomates les plus actifs de la rencontre. C'est aussien novembre 1972 que les neutres, dont la Suisse et le Saint-Siège, participent pour la première fois à une importanteconférence essentiellement politique.

La conférence commence conformément aux propositions roumaines

Même si l'unanimité ne s'est pas faite au niveau des mem-bres de la Communauté européenne (composée à cette date deneuf pays) autour de problèmes débattus à Helsinki, on retien-dra qu'à la demande du représen-tant de la République fédérale lespartenaires de Bonn soutiennent lacandidature de l'autre Etat alle-mand à l'UNESCO.

Nous sommes au lendemainde l'approbation massive par lesélecteurs allemands de l'Ostpolitik(ouverture à l'Est) du chancelierBrandt et de la signature, quelquessemaines plus tard, le 21 décemb-re 1972, du traité fondamentalentre les deux Allemagnes, pasdécisif en direction de la normali-sation des rapports bilatéraux dansl'attente d'une réunification qui était à l'époque impensable.

En novembre 1972, il a fallu quatre jours de palabres auxdélégués pour se mettre d'accord sur une dizaine de points deprocédure. Ensuite commencent les véritables travaux, dirigés- conformément aux propositions roumaines - sur une strictebase de rotation par les représentants des pays participants.

Le principe de l'égalité et de l'indépendance des Etatsacquis, il entraîne celui de l'adoption des décisions par consen-sus. Ce consensus, qui devrait par la suite régler les modalitésd'adoption des recommandations de la conférence d'Helsinki,est officiellement défini comme l'"absence d'opposition".

Plus de six mois seront nécessaires pour que les trente-quatre délégations concluent leurs travaux. Le 8 juin 1973, lesprincipaux thèmes de la future conférence sur la sécurité et lacoopération sont répartis en trois "corbeilles": 1. - questionspolitiques; 2. - questions économiques; 3. - problèmes huma-nitaires.

L'Union Soviétique et plusieurs de ses alliés auraient sou-haité la création d'une quatrième " corbeille" (le mot fait sonentrée dans le jargon diplomatique) sous forme de la mise enplace d'une organisation permanente de sécurité. Mais l'exa-men de cette question sera renvoyé à une date ultérieure.

L'insupportable pénétration de "l'idéologie bourgeoise"

Le " processus d'Helsinki" a prévu plusieurs phases. A l'is-sue de la première, qui s'achève en juillet 1973 après cinq joursd'assises, les ministres des affaires étrangères ratifient lesrecommandations émises lors des négociations préliminaires.Dès le début de la seconde phase, réunie à Genève le 18 sep-tembre de la même année, c'est la paralysie de la CSCE : lestrois "corbeilles" (officiellement des " commissions") ne peu-vent trouver une méthode de travail.

Selon les Soviétiques, les Occidentaux veulent ralentir lesnégociations paneuropéennes. En fait, les Occidentauxtenaient à enregistrer à l'issue de la conférence des progrèsdans le domaine d'une plus grande liberté de circulation despersonnes, des idées et des informations entre l'Est et l'Ouest.

Mais, du côté communiste - et pas seulement soviétique -on craint que la multiplication descontacts avec le monde occidentalne comporte de graves risques decontamination pour les régimessocialistes, notamment chez lesAllemands de l'Est, même si lepsycho-rigide Walter Ulbricht aété mis à l'écart deux ans plus tôt,et en Roumanie, où Ceausescu esten train d'amorcer son virage idéo-logique, à la suite de ses voyagesen Chine et en Corée du Nord.

Par conséquent, il fallait lescontrôler par des "moyens poli-

tiques appropriés". D'où les misesen garde fréquentes contre les dangers de la "pénétration de l'i-déologie bourgeoise" à l'Est, et les limites fixées à la "libéra-lisation" dans les pays même les plus éloignés du stalinisme,comme la Hongrie de Janos Kadar.

La main tendue de Ceausescu…derrière sa poigne de fer

Si Ceausescu rejette le volet "droits de l'Homme" dont iln'a pas tort de pressentir qu'il est un pistolet directement bra-qué sur le cœur de son régime, il ne démord pas de ses velléi-tés d'indépendance par rapport à son "grand frère soviétique".Il entend rester maître chez lui… tout en se gardant bien decommettre l'irréparable d'une rupture, dont il n'a ni lesmoyens, ni une véritable envie. Il va donc s'efforcer de jouersur les deux tableaux : la main tendue vers l'Ouest se transfor-me en poigne de fer dès qu'il s'agit de maintenir le peuple sousson joug. La Roumanie est le premier des pays de l'Est à entre-tenir des relations officielles avec la Communauté économiqueeuropéenne: un accord l'incluant dans le système de préféren-ces généralisées de la Communauté est signé en 1974 et unautre, sur les produits industriels, en 1980. (à suivre p. 50)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

4948

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Av a n tl 'ou-v e r -

ture de la premiè-re séance, prési-

dée par le ministre finlandais des affaires étrangères, AhtiKarjalainen, on est passé diplomatiquement de l'anglais aufrançais pour régler un différend. Il portait sur la désignationdes deux délégations allemandes sur les plaquettes placéesdevant elles. La délégation de Bonn s'élevait contre le fait quecelle de Berlin-Est aurait eu le privilège d'avoir le nom du paysen premier, si la désignation avait été faite en anglais:"German Democratic Republic" tandis qu'elle aurait dû secontenter du nom de "Federal German Republic". Le problè-me (très sérieux à l'époque) a été résolu en ayant recours aufrançais, la "République fédérale d'Allemagne" siégeant dèslors aux côtés de la "République démocratique allemande"...

Les "mauvais camarades"

de l'OTAN et du Pacte de Varsovie

Mais encore plus significative était l'attitude de la déléga-tion roumaine, décidée dès le début de la réunion à jouer lerôle de trouble-fête pour manifester son indépendance à l'égarddes autres pays du pacte de Varsovie. Selon Bucarest, l'ouver-ture des entretiens multilatérauxse présente comme une occasionprivilégiée de prendre ses distan-ces à l'égard de Moscou.

Ion Lipatti, le directeur desaffaires politiques au ministèreroumain des affaires étrangères,un diplomate francophone rusé,demande tout d'abord une rota-tion pour la présidence; à savoirque la direction des séances soitconfiée à tour de rôle aux repré-sentants de chacun des pays.

Et, surtout, que dans le pas-sage du règlement proclamant la participation des trente-quat-re Etats "sur une base d'égalité et d'indépendance" soit ajou-tée la mention "indépendamment des alliances militaires".Une précision aussitôt qualifiée d'" inutile " par les Soviétiqueset leurs alliés qui ont immédiatement compris le but de lamanœuvre du "mauvais camarade".

La "rébellion roumaine" bénéficie de la sympathie denombreux pays. Parmi eux la France, regardée aussi de traverspar Washington qui n'a toujours pas digéré les incartades gaul-listes - le général De Gaulle a été le premier chef d'Etat occi-dental à se rendre dans les pays de l'Est, dont la Roumanie, en1968 -, et qui est d'avis que tous les Etats représentés àHelsinki doivent faire entendre "leur voix propre et dans desconditions de complète égalité".

"Les Américains et les Soviétiques

étaient à la fois rivaux et complices"

Dès le début des pourparlers d'Helsinki en vue de la pré-paration de la Conférence sur la sécurité et la coopération enEurope (CSCE), deux conceptions des rapports internationauxs'affrontent. Une conception devenue traditionnelle depuisYalta, et selon laquelle les Etats-Unis et l'Union Soviétiques'efforcent de consolider ou de rompre à leur avantage l'équili-bre des forces, en se servant de pays moyens et petits commede pions dans leur jeu bipolaire.

Comme le disaient alors les Chinois, "les Américains etles Soviétiques étaient à la fois rivaux et complices". La signa-ture par Richard Nixon et Leonid Brejnev du premier accordSALT sur la limitation des armements stratégiques, en mai1972, n'a-t-elle pas "coïncidé" avec l'intensification des bom-

bardements de l'aviation desEtats-Unis sur le Vietnam duNord ?

L'autre conception est défen-due avec de plus en plus devigueur par les autres pays, qu'ilsappartiennent ou non à des allian-ces militaires ou politiques diffé-rentes. Nous avons déjà mention-né la France et la Roumanie,membres "contestataires" del'OTAN pour la première et dupacte de Varsovie pour la secon-de. Mais on constate aussi le véri-

table réveil des non-alignés et neutres, entraînés par laYougoslavie de Tito, à l'apogée de son influence, et pas seule-ment au sein du tiers-monde. Aujourd'hui, on a tendance àoublier qu'au début des années 70 le régime yougoslave n'aplus rien à voir avec le socialisme fortement centralisé et figéque pratiquent à cette époque l'URSS et les pays de l'Est.

Le "Conducator" s'est rendu à Helsinki en compagnie deson ministre des Affaires étrangères, Stefan Andrei.

Voici quarante ans, les négociations

D'un côté ou de l'autre, les diplomates et délégations de passage à Berlin posent devant

la porte de Brandebourg, symbole du partage du monde par les super-puissances.

Dans son avion aux couleurs de la République Socialiste Roumaine, Ceausescu allait rendre visite aux "pays frères" pour défendre la cause de l'indépendance de la Roumanie.

Histoire

"Processus d'Helsinki": la France

Est-Ouest allaient précipiter la fin du bloc soviétique

et la Roumanie jouent les trouble-fêtes22 novembre 1972. A quelques kilomètres de la capitale finlandaise, sous la

neige, l'université de technologie d'Helsinki accueille les représentants de laquasi-totalité des pays d'Europe, auxquels se sont joints ceux des Etats-Unisd'Amérique et du Canada. Dans la grande salle de bal ultramoderne en forme depresqu'île, les ambassadeurs ont pris place autour des tables à tapis vert dispo-sées en hexagone. Le "processus d'Helsinki" ne prendra cependant forme qu'en1975, après trois années de dures négociations, au cours desquelles la France etla Roumanie auront marqué leur différence.

Page 26: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

5151

Le Maramures pouvait se vanter il y a encorequelques années d'avoir le plus grand tremplinnaturel de saut à ski d'Europe. A l'abandon depuis

1998, on peut encore l'apercevoir au milieu des herbes folles.La disparition des activités minières a entraîné celle des ren-contres sportives. Les autorités locales ont délaissé l'organisa-tion de compétions comme la coupede ski Mogosa ou la coupe desMineurs. Elles n'existent aujourd'-hui que dans le souvenir des chroni-queurs sportifs de l'époque.

La Roumanie aurait pu organi-ser les Jeux Olympiques d'Hiver en1948 mais son ambition s'est soldéepar un échec. Certains, comme l'é-crivain Nicoara Mihali, se sont inté-ressés de plus près à cet événementraté. Il en ressort que Borsa a bienété candidate mais elle n'a pas étéretenue pour des raisons politiques."Les Jeux avaient été programmésdès la fin de la seconde guerre mondiale et la candidature dela Roumanie actée avant 1939. Il s'agissait bien des JeuxOlympiques d'Hiver et non pas d'un quelconque championnateuropéen ou mondial. S'ils avaient eu lieu, Borsa aurait étédésigné station organisatrice des compétitions internationa-les. Mais malheureusement, sa candidature n'a pas été retenueet les votes sont allés à Saint-Moritz en Suisse".

Le motif fut éminemment politique : les communistesétaient en train de prendre le pouvoir en Roumanie.

Le plus haut sommet de l'empire à l'époque de la Grande Hongrie

Borsa a toujours fait l'objet d'une attention particulière dela part des autorités locales voire nationales. Le roi Mihai avaitvisité la région au cours de l'été 1939 et s'était intéressé à lastation. Sur le versant du col de Prislop, qui culmine à 1416 mtout près de la frontière ukrainienne, on trouve l'un des plusbeaux "han" construit dans le Maramures, un bijou d'architec-

ture en bois financé sur les deniers de la maison royale. Borsa possède un tremplin naturel de 90 mètres mais il ne

sert plus à grand-chose. Ses pistes avaient accueilli quelquesconcours de saut à ski nationaux et internationaux. Les pre-miers aménagements sont dus à des investisseurs étrangers.Les Hongrois ont construit la partie olympique, les premiers

chalets touristiques et tout ce qu'ilfallait pour créer un lieu propice audéveloppement des sports d'hiver.

"En fait, l'histoire a commencéen 1914 au moment où la GrandeHongrie avait le plus haut sommetde tout l'empire, Pietrosul Rodnei,dans les monts Rodnei Ils ont doncpensé à cette région où déjà l'ontrouvait les meilleurs sportifs de l'é-poque. Beaucoup d'investissementsfurent réalisés pour organiser uneOlympiade d'hiver dans leRoyaume. Borsa était la mieux pla-cée, pour son altitude et pour son

enneigement. Il fut donc décidé d'inscrire la candidature deBorsa à l'organisation les Jeux Olympiques d'hiver" rappelleNicoara Mihali En 2000, un projet déjà initié au cours de lapériode communiste a été relancé. "Il s'agissait de relier partélécabine l'actuelle piste de ski à l'ancienne partie olym-pique", explique Sorin Timis le maire de Borsa.

Un projet séduisant resté… sur le papier

En 2009, la municipalité s'est lancée dans un autre projetde téléphérique, bloqué pour le moment. Il devrait en princi-pe être relancé en 2015… selon les prévisions plus optimistesde l'administration locale. Ce projet soulève plusieurs ques-tions et une inspection est en cours. Au cas où il n'y aurait eudes irrégularités... En attendant, les passionnés de ski ne peu-vent pratiquer le ski qu'en face de Borsa. Mais pour ce qui estde compétitions sportives, rien de ce qui se faisait autrefois surces pistes n'est encore prévu.

Yves Lelong

Le massif Pietrosu Rodnei, qui culmine à 2303 m est leplus haut des Carpates Orientales et devait accueillir les

JO d'hiver de Borsa, en 1948.50

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Elle obtient de nombreux prêts des institutions financiè-res occidentales. Ainsi, en 1978, de fortes tensions entreBucarest et ses alliés du Pacte de Varsovie éclatent lorsquetrois des six pays membresdu Pacte rappellent leursambassadeurs en consulta-tions pour protester contre sapolitique étrangère indépen-dante.

Ceausescu continuecependant à jouer un rôle defranc-tireur en donnant sonaval à la participation de laRoumanie aux Jeux olym-piques d'été de 1984 à LosAngeles (réplique au boycottpar les Américain et leursalliés occidentaux des JO deMoscou de 1980, après l'in-vasion de l'Afghanistan par l'URSS, la France y participantsous la bannière neutre du comité olympique) qui sont pour-tant boudés par l'immense majorité des pays du bloc de l'Est,hormis la Chine et la Yougoslavie. Mais ce sera son chant ducygne. La détérioration de la situation en Roumanie s'accélèreau point qu'elle est devenue infréquentable pour les opinionsoccidentales, alors que l'avènement de Gorbatchev va donnerle coup de grâce au "Conducator".

La contestation involontairement encouragée

Pour les Soviétiques - et ce sera leur attitude pendant toutela durée du "processus d'Helsinki" - le développement desrelations avec l'Occident devrait se limiter en quelque sorteaux domaines "utilitaires", comme l'économie qui commenceà dangereusement vaciller à l'Est, mettant en péril la survie desrégimes. Dans l'esprit des dirigeants du Kremlin, la consécra-tion solennelle de la coexistence pacifique entre pays apparte-nant à des systèmes socio-politiques différents (encore un belexemple de la langue de bois marxiste-léniniste à la mode)n'est pas une conciliation d'idées différentes.

Bien au contraire, Leonid Brejnev comptait faire de laCSCE et de ses suites le couronnement de sa carrière en faisantreconnaître par les Occidentaux les conquêtes soviétiques enEurope centrale et orientale après 1945. Or il se trouvera

confronté, avec les dirigeants staliniens (ou poststaliniens) despays de l'Est, et précisément à travers le "processusd'Helsinki", à des mouvements de contestation à l'intérieur des

pays socialistes, bien invo-lontairement encouragés.

Car ces contestataires -essentiellement hongrois,tchécoslovaques et polonais- ne réclament désormais pasautre chose que le respectdes textes adoptés parconsensus...

Il était donc fatal que,dans l'application desrecommandations de la"troisième corbeille", relati-ve à l'exercice concret desdroits et libertés des indivi-dus, surgisse entre l'Est et

l'Ouest un "malentendu" de nature idéologique.

Les régimes communistes finalement piégés par la "naïveté" des Occidentaux

Pendant longtemps, la sécurité européenne, les modalitéspratiques de la coopération entre les deux parties du VieuxContinent encore séparées par le rideau de fer resteront l'enjeud'approches contradictoires. Cependant, le "processusd'Helsinki" engagé le 22 novembre 1972, s'est finalementretourné - malgré les maladresses et la naïveté de certainsOccidentaux - contre les régimes totalitaires: les recommanda-tions du sommet de l'été 1975, réuni naturellement dans lacapitale finlandaise et concernant les droits de l'homme, serontprises au mot en Europe centrale et orientale.

Et, à la fin de l'année 1990, quinze ans après la signature,à Helsinki, de l'Acte final de la Conférence sur la sécurité et lacoopération, les chefs d'Etat et de gouvernement alors en exer-cice, qui se retrouveront cette fois à Paris, célèbreront la fin dela coupure de l'Europe... Nous vivons enfin sur un continentqui partage les mêmes valeurs. Cependant, la disparition del'Union soviétique, l'éclatement de la Yougoslavie, la recrudes-cence des nationalismes créeront une situation nouvelle et dan-gereuse. Mais cela est une autre histoire.

Article paru dans Le Monde du 30 novembre 1992

Tout heureux du bon tour qu'il pense avoir joué aux Occidentaux, LeonidBrejnev paraphe l'accord d'Helsinki. Décédé en 1982, sept ans jour pour

jour avant la chute du mur de Berlin, il ne vivra pas assez longtemps pourassister à la déconfiture de son camp.

Les 24, 25 et 26 septembre pro-chain, les Francofolies de LaRochelle s'installeront dans la

ville de Blagoevgrad, au sud-ouest de laBulgarie. Au programme, des artistesfrancophones comme Patrick Bruel,Patricia Kaas ou Soprano et Bob Sinclar.Cette ville de 77 000 habitants, au sud-ouest de la Bulgarie, n'a pas été choisiepar hasard. Blagoevgrad a accueilli le fes-tival français pendant trois ans de suite,

de 1991 à 1993. En vertu d'un partenariatconclu à La Rochelle, elle devrait à nou-veau le faire pendant les cinq prochainesannées.

"On veut restaurer quelque chose quiexistait avant, pour faire mieux connaîtrela musique et la culture françaises enBulgarie", a souligné le maire deBlagoevgrad, Atanas Kambitov, qui étaitprésent sur le site du festival rochelais.

Les Francofolies, qui ont déjà leur

équivalent "franchisé" à Spa, en Belgiqueet à Montréal, au Québec, organisentrégulièrement des éditions à l'étranger, dedurée plus ou moins longues.

Les "Francos" ont ainsi tour à tourélu domicile à New York, à Buenos Airesou encore à Nendaz, en Suisse. Si l'ontient compte des concerts gratuits enville, les Francofolies ont attiré quelque110 000 spectateurs à La Rochelle cetteannée.

Les Francofolies en BulgarieChansons

Mémoire Comment la Roumanie a raté l'organisation des Jeux Olympiques d'hiver en 1948

Peu nombreux sont ceux qui savent que jusque dans les années 90, il existait dans ce "judet" du nord-ouest de laRoumanie, un usage ancien du ski et des sports d'hiver. Car le Maramures, ce ne sont pas seulement des églises en bois, destraditions et des coutumes. La région s'était identifiée aux sports d'hiver et accueillait diverses compétitions sportives.

La mairie de Târgu Jiu a annoncé qu'elle ne voulait pas abandonner les démarches visant à voir classer au patrimoinemondial de l'humanité de l'UNESCO certaines œuvres du sculpteur Constantin Brâncusi se trouvant dans cette ville,dont il est originaire. Il s'agit de la "Table du silence", de l'emblématique "Colonne de l'infini" ainsi que de "la Porte du

baiser". L'état roumain avait récemment retiré la candidature de la ville pour des motifs jugés flous par la mairie. Celle-ci deman-de désormais qu'un dossier plus solide soit constitué. La Roumanie avait transmis celui-ci à l'UNESCO en octobre dernier.

Le pays compte sept sites inscrits au patrimoine mondial de l'humanité de l'UNESCO : le delta du Danube, les églises deMoldavie, le monastère de Horezu, les sites villageois saxons avec les églises fortifiées de Transylvanie, le centre historique deSighisoara, les églises en bois de Maramures, et, enfin, les forteresses daces de monts Orastie.

Brâncusi au patrimoine mondial de l'humanité

Page 27: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

Connaissance et découverte

Amoureux d'une jeune Hongroise qui lui ouvre les yeux

Près de quarante ans plus tard, Emmanuel Todd en jubile enco-re: "Comment j'ai pu oser un truc pareil". Eclats de rire. "J'aiécrit ce livre dans un moment où je n'étais plus nulle part: ren-tré de Cambridge, je me suis marié jeune mais on vient alorsde se séparer (une première fois) et je ne sais pas bien ce queje vais faire, je me vis alors comme un introverti pathologique.Un week-end, au début de l'été 1975, je rencontre une jeuneHongroise chez le fils de François Fejtö [grand historien desdémocraties populaires] qui nous propose avec un copain dela suivre jusqu'à Budapest. Pendant une semaine, elle nous entraîne au cœur de la jeunes-se juive hongroise. Entre les fausses plages aménagées du lacBalaton et les "hash parties" dans la capitale, on passe notretemps à discuter. Et là, je vois bien que le communisme estmort dans les têtes".

De retour, Emmanuel raconte son voyage et ce choc à sonmeilleur ami, Alexis, qui, lui, n'a toujours pas quitté l'Uniondes étudiants communistes (UEC). "Comme Alexis m'énervait,je lui ai dit : "Je vais te faire une note pour t'expliquer que lecommunisme est foutu…". Je me suis mis à mon bureau et lelivre s'est écrit. En trois mois !".

"J'étais sûr d'avoir découvert

un truc énorme, une bombe atomique"

Entre-temps, à la bibliothèque de l'Institut national d'étu-des démographiques, Todd tombe sur une série statistique quile stupéfie : elle montre la remontée de la mortalité infantile enURSS, du jamais-vu dans un pays industrialisé et développé.C'est la clé, le symptôme et la preuve intangibles que la socié-té soviétique est minée de l'intérieur.

Il relève ensuite la brutale dénatalité des femmes: en his-torien des comportements familiaux, Todd a déjà observé quela plupart des périodes de revendications sociales ont été pré-cédées ou accompagnées d'une baisse de la natalité. Il y voitun signe de turbulences à venir, de révoltes sociales potentiel-les et se risque à imaginer "l'émergence de syndicats libres", àl'opposé d'une propagande qui diffuse l'illusion de la fin desluttes sociales.

Enfin, Todd note le terrifiant taux de suicides qui frappeles Soviétiques (30 pour 100 000), signe de la souffranceinouïe du peuple. Le compte est bon. "Dans dix, vingt ou tren-te ans, un monde surpris assistera à l'effondrement du premierdes systèmes communistes", écrit Todd dans les premièreslignes de son ouvrage. "J'étais sûr d'avoir découvert un trucénorme, une bombe atomique, dit-il aujourd'hui. Je vivais dansun état de certitude historique. J'ai appliqué une méthode jus-qu'au bout, en élève zélé de l'école des Annales".

Cette fameuse école, fondée par Lucien Febvre et MarcBloch, va dominer toute l'historiographie du XXe siècle. Sonambition : écrire une histoire "totale", qui ne se limite plus aux

seuls aspects politiques ou militaires. Todd a été biberonné auxgrands auteurs des Annales. Il bâtit sa démonstration selonleurs règles. Une première partie consacrée aux "automatismessociaux": il distingue la période Brejnev de celle du stalinisme,décrit "l'asservissement du prolétariat", le "blocage de l'éco-nomie", puis la diversité d'un bloc trop souvent qualifié à tortde monolithique.

Dans la seconde partie, "choix et mentalité", EmmanuelTodd sonde l'état d'esprit de "la classe dirigeant ", atteste "dudésespoir et de la déviance de masse", démontre "la crise dusystème répressif", et analyse dans un chapitre brillant com-ment, à "l'immobilisme intérieur", répond "l'expansion militai-re". La boucle est bouclée.

"Il a un besoin physique de la transgression"

L'encre à peine sèche, Emmanuel apporte son manuscrit àson père, l'écrivain Olivier Todd, qui corrige un ou deuxdétails et l'envoie à son ami Revel. L'éditeur refuse de se plon-ger dans un manuscrit aussi taché. Le père Todd paie alors àson fils une nouvelle dactylographie.

Sollicité, Max Gallo donne son avis à Revel, qui tient enquatre mots: "C'est plus qu'à publier". On imagine les uns etles autres un peu dépités par le style direct et libre d'un ouvra-ge atypique et jubilatoire, combinant démonstrations savantes,ironie cinglante, jugements définitifs, anecdotes de voyages etlectures de science-fiction. Mais le coup est gagné. Le livreparaît à la fin de l'automne.

"C'est son acte de naissance, affirme un ami éditeur, pru-demment retranché dans l'anonymat. C'est le livre qui l'a auto-risé à faire tous les autres. On y voit déjà sa clé anthropolo-gique, avec laquelle il va vouloir ouvrir trop de serrures, dansdes champs trop différents. La recette est toujours la même:"Vous allez voir ce que vous allez voir, je vais vous dire un trucénorme…". Emmanuel cherche toujours un éblouissement,une forme d'orgasme qu'il veut répéter. Il a un besoin physiquede la transgression". Tout Todd serait déjà là.

"Hélène Carrère d'Encausse a eu tout faux !"

L'histoire retiendra qu'Emmanuel Todd et Hélène Carrèred'Encausse se sont disputé la paternité de la prédiction de lachute du communisme. Avec L'Empire éclaté, paru en 1978chez Flammarion, et qui fit aussi l’évènement, la spécialiste del'Union Soviétique décrit, comme Todd deux ans plus tôt, ladécrépitude avancée du système.

Mais elle imagine le scénario d'une chute qui viendrait d'a-bord de la périphérie, des bouillonnements nationalistes desmarches de l'empire, qui joueront certes leur rôle, mais ne seconcrétiseront qu'après que le pouvoir central s'écroule. QuandTodd, à l'inverse, prévoit l'implosion du système soviétique, uneffondrement de l'intérieur. "Elle a eu tout faux!", raille dansun éclat de rire l'auteur de La Chute finale.

Vincent Giret (Le Monde)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

5352

Au beau milieudes années1970, on est

encore "pour" ou "contre",on vante son bilan "globale-ment positif" ou on dénonceses crimes et ses noirs des-seins. Derrière le rideau de

fer, tous ceux qui ont osé rêver d'un avenir meilleur ont finiécrasés par l'Armée rouge, une première fois à Budapest en1956, une deuxième fois à Prague en 1968. Les dissidents sontmorts, en prison, en exil ou réduits au silence.

En France, le Parti communiste est encore, la premièreforce de gauche. Qui oserait alors parier sur le déclin de l'em-pire soviétique? Pis, annoncer sa chute imminente?

Jacques Chancel effaré par l'audace du jeune effronté

Un jeune effronté de 25 ans, au culot déjà irrépressible,porté par la belle assurance d'une grande famille d'intellec-tuels, stupéfie la communauté des bardes soviétologues réunis,en criant soudain que le roi est nu : dans un Essai sur la décom-position de la sphère soviétique, publié chez Robert Laffont endécembre 1976, Emmanuel Todd annonce La Chute finale,un titre en forme de pied de nez et de prédiction, qui claque surun fond rouge. Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître !Tout le monde se précipite.

Même Jacques Chancel, qui dans son émission"Radioscopie" confesse d'ordinaire des gloires apprêtées, nerésiste pas à interviewer le jeune Emmanuel, de sa voix dou-cereuse et pénétrée. Et quand l'animateur, un peu effaré par lescertitudes toutes drues qu'assène son invité, tente d'en atténuerle propos, Todd l'interrompt, poli mais ferme, pour marteler saprophétie: "Le communisme en Russie va s'effondrer d'ici cinqà trente ans. Au maximum". Pile poil, ce sera quinze ans !L'Union Soviétique disparaît le 26 décembre 1991.

En 1976, dans l'université française, la mode en est enco-re à philosopher sur l'inéluctable déclin du capitalisme occi-dental… Chez les spécialistes patentés du monde soviétique,on imagine alors la stupeur:

"-Ce jeune historien a-t-il au moins déjà mis les pieds enURSS, parle-t-il russe, a-t-il fait une quelconque étude de ter-rain? - Non, trois fois non.

- Ah… Connaît-il alors d'autres pays communistes ? -Hum… Une courte escapade à Budapest, pour tenter de sédui-re - sans succès - une belle Hongroise, et un saut de puce à

Prague… - C'est tout ? - Oui, c'est tout. - Ah… A-t-il déjà publié des articles de référence sur le

sujet ? - Pas vraiment, sa thèse à Cambridge porte sur "Lesstructures comparées de communautés paysannes françaises,italiennes et suédoises au XVIIIe siècle".

Les soviétologues professionnels outrés

Perplexité générale! Pour ne pas dire disqualificationgénérale. On est à deux doigts de crier à l'imposture. De grandshistoriens évitent pourtant à Emmanuel Todd un lynchage aca-démique en règle. Mieux: ils saluent d'emblée la témérité et lagéniale intuition de ce jeune historien, bien né et bien couvé.La Chute finale n'est-elle pas éditée dans la prestigieuse col-lection du philosophe et grand critique du marxisme Jean-François Revel?

Pape de la plus grande école historique française, lesAnnales, Emmanuel Le Roy Ladurie prend la plume dans LeMonde: "Brillamment sarcastique et voltairienne, la vision deTodd paraîtra exagérée à ceux qui, nourris de clichés, confon-dent la puissance militaire avec le bien-être du peuple. Il estrare, ajoute-t-il, qu'un jeune historien, à ses dé-buts, composeun livre aussi vif, aussi vaste, aussi audacieux".

Dans Le Monde diplomatique, Marc Ferro, grand spécia-liste de La Révolution russe de 1917, consacre une demi-pageà discuter les thèses opposées de deux ouvrages sortis aumême moment: celui Richard Szawlowski (The System of theInternational Organizations of the Communist Countries,Leyden, 1976) qui croit au "renforcement de la sphère sovié-tique", et celui de Todd qui la met en pièces.

Deux thèses "stimulantes et complémentaires", juge pru-demment Ferro: "La multiplication des réseaux de contrôles[mis en place par le Parti] vise précisément à prévenir lesmouvements en profondeur qu'imagine Todd". Même le trèsaustère historien Alain Besançon, membre de l'Institut,conseille dans les colonnes du Figaro la lecture de cet "ouvra-ge vif et astucieux".

La critique de Besançon dit toutefois le scepticisme dessoviétologues professionnels : "Todd se donne les facilités duconcept de "nouvelle classe" et identifie le régime soviétique àun régime fasciste solidifié. Le problème ainsi simplifié semblerésolu. Mais il ne l'est pas (…). S'il est probable que le régimesoviétique soit sans consistance fiable, rien ne permet detabler sur sa "chute finale". Fermez le ban. Voilà l'étudiantrenvoyé à ses études. Mais le coup est parti: avec son parfumde scandale, le livre connaît un vif succès, des éditeurs étran-gers achètent les droits, une dizaine de traductions suivront.

Les NOUVELLES de ROUMANIE Connaissance et découverte

Dans La Chute finale, son premier livre, publié en 1976,

Emmanuel Todd

un historien de 25 ans prédisait la décomposition de l'empire soviétique

et la fin de l'étoile rouge Mémoire

C'est une époque lointaine, qui remonte à quarante ans, où le rouge étend encore sonempire et son emprise sur une bonne moitié de la planète, après son éclatante victoire parprocuration au Vietnam, sur l'Amérique. Son éclat va pâlir, son aura s'abîmée avec la dés-astreuse aventure afghane mais, pour l'heur, sa puissance apparaît intacte. Le communis-me est alors une "donnée" du monde, un élément géopolitique perçu comme aussi immua-ble qu'une réalité de la géographie. Aussi éternel que les neiges du Kilimandjaro.

Page 28: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

55

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

54

Construite en bordure du Mures, près du centre de laville, la Cetate (citadelle) d'Arad date de deux siè-cles et demi. Elle fut construite sur ordre de l'im-

pératrice Marie-Thérèse, à l'époque où le Banat faisait partiede l'empire austro-hongrois. Plusieurs milliers de prisonniersfurent mobilisés pour son édification qui prit 20 ans (1763-1783), dans le style de Vauban, prenant la forme d'une étoile àsix flancs, dont l'accès était pro-tégé par trois rangées de casema-tes et des fossés inondables. Al'intérieur se trouvait une églisecatholique gardée par des moinesfranciscains jusqu'en 1861.

La citadelle a surtout joué unrôle de forteresse où furentenfermés des détenus célèbrescomme, en 1784, les révolutio-naires paysans Horea, Closca etCrisan, puis des prisonniers faitspar les Français au temps desguerres napoléoniennes.

La Cetate a joué un rôle cru-cial pendant la révolution de1848-1849, quand la Hongrie essaya de s'émanciper de latutelle autrichienne. L'armée révolutionnaire hongroise tentade s'en emparer, bombardant la garnison sans discontinuerpendant neuf mois, occupant les lieux pendant 46 jours avantde se rendre aux troupes russes et autrichiennes. Treize géné-raux magyars furent faits prisonniers, puis pendus ou fusillés.500 révolutionnaires enfermés. En visite en 1852, l'empereurFrançois-Joseph réduira la peine de certains d'entre-eux.

Cette période donna naissance à la célèbre Marche de

Radetzky composée par Johann Strauss père en l'honneur duFeld-maréchal autrichien Joseph Radetzky von Radetz (1766-1856), fer de lance de la réaction qui suivit le Printemps despeuples. Particulièrement appréciée des Viennois, une versionen est traditionnellement interprétée à la clôture du Concert dunouvel an donné en eurovision par l'Orchestre philharmoniquede Vienne… les téléspectateurs oubliant qu'elle célèbre unévènement aussi sinistre que le personnage qui en est le héros.

François-Joseph fit de la Cetate d'Arad la plus grande pri-son militaire de son empire. Des Turcs, des Bosniaques yfurent enfermés dans les guerres qui se succédèrent et près de4500 y moururent des mauvaises conditions reçues.

Prison de Gavrilo Princip… dont le geste entraîna le suicide de l'Europe

Le plus célèbre de ses détenus fut sans conteste GavriloPrincip (1894-1898), qui assassina l'archiduc Franz Ferdinand

de Habsburg à Sarajevo en 1914.L'étudiant serbe ne se doutait pasque son geste proquerait le suici-de de l'Europe, faisant par rico-chet de lui le "plus grand crimi-nel" de l'histoire si on met à soncompte les 8 millions de mortsde la Première Guerre mondiale,entraînant les 20 millions demorts de la Révolution russe etdu stalinisme, puis les20 millions de morts de laSeconde guerre mondiale etautant de civils…

Considéré aujourd'hui com -me un héros en Serbie, Princip

fut transféré de la Cetate d'Arad à la prison de Theresienstadt(Bohême, Autriche-Hongrie) où il mourut en 1918.

Occupée alors par les troupes franco-serbes, la citadellefut remise aux Roumains en juillet 1919, accueillant une gar-nison. En juillet 1944, elle tomba dans le giron russe, l'Arméerouge y stationnant une unité de tanks jusqu'au départ des trou-pes soviétiques de Roumanie en 1959.

Depuis 1998, elle abrite un bataillon mixte roumano-hon-grois de maintien de la paix.

Elle est roumaine, mais son prénom, Marie Renée,laisse planer le doute. "J'ai été élevée dans l'espritde la culture française", explique sur une terrasse

ombragée du vieux Bucarest, la jeunefille dans un français parfait, qu'elleparle depuis l'âge de 5ans. En cettematinée ensoleillée d'été, elle est déten-due et souriante. Les examens sont finis.

C'est son grand-père, un professeurde français passionné, qui a semé lagraine de la francophonie dans lafamille. Et c'est tout naturellement queles parents de Marie Renée, lui ingé-nieur et elle professeur de mathéma-tiques, ont décidé d'inscrire leur fille àl'école française du lycée "Anna deNoailles" de Bucarest, dès le CE1.

"L'école roumaine peut conduire àl'excellence, mais on n'y retrouve pasles valeurs humanistes transmises dansle système éducatif français", raconte lajeune bachelière.

"Je ne peux pas dire que je me tue au travail"

L'humanisme, c'est justement ce qui l'intéresse. Elle choi-sit donc la filière littéraire à son entrée au lycée et en profitepour dévorer les grands classiques de la littérature française."Je ne peux pas dire que je me tue au travail, je pratique plu-tôt une sorte de formation continue, dit-elle. Je n'étais pas dutout stressée avant le baccalauréat car j'avais déjà été accep-

tée en hypokhâgne à Louis-Le-Grand. Il me fallait juste unemention pour avoir une bourse du gouvernement français".

Sa moins bonne note, elle l'a obtenue en sport avec un16 sur 20. Mais, grâce à un système debonus offert par des matières optionnel-les, le latin et le roumain dans son cas,elle a pu décrocher une moyenne géné-rale de 20,35.

Mais sa performance la plus nota-ble est sans doute celle du concoursgénéral des lycées, en philosophie. Surles bancs de la Sorbonne, elle est restéependant six heures pour disserter sur"le besoin des autres". C'était au moisde mars.

Le résultat a certainement enchantéses correcteurs puisqu'ils l'ont récom-pensée de la meilleure note, devant lesélèves des grands lycées parisiensHenry-IV et Louis-le-Grand, quiraflent généralement les prix de ceprestigieux concours. Parmi ses lau-

réats: Victor Hugo, Charles Baudelaire et Alain Juppé.Marie Renée n'est pas encore décidée sur son avenir.

Parallèlement à ses deux années de classes préparatoires hypo-khâgne et khâgne, elle va suivre une formation universitaire endroit, une matière qui la tente. Elle prévoit aussi de passer leconcours d'entrée à l'Ecole Normale Supérieure. Reviendra-t-elle ensuite en Roumanie? "Ce n'est pas exclu, dit-elle, mais cen'est pas une priorité. La France m'attire".

Jonas Mercier (La Croix)

Elève du lycée "Anna de Noailles" de Bucarest lajeune lycéenne a obtenu, à 17 ans, le premier prix

du concours général de philosophie en France.

20,35 sur 20 au bac et Premier prix du concours général de philosophie

À 17 ans, la Roumaine Marie Renée Andreescu a obtenu une moyenne de 20,35 sur 20 au baccalauréat français. Elle aaussi remporté, en juillet à Paris, le premier prix du concours général de philosophie, qui récompense chaque année lesmeilleurs lycéens de France. En 2012, à 14 ans, elle avait déjà remporté le concours national français de la Résistance surla Deuxième guerre mondiale, institué par le général De Gaulle.

Inspirée de Vauban, la Cetate d'Arad prend la forme d'une étoile à six flancs, dont l'accès était protégé par trois

rangées de casemates et des fossés inondables.

La citadelle asurtout jouéun rôle deforteresse où furentenfermésdes détenuscélèbres,comme en1784, lors dela révolutiondes paysans,Horea,Closca etCrisan.

MémoireFrançois-Joseph en avait fait la plus grande prison militaire de son empire

Les heures sombres de la Cetate d'Arad

Le jeune ténor roumain Ioan Hotea, 25 ans, a remporté le prestigieux concours Operalia,créé en 1993 par Placido Domingo afin de promouvoir les talents émergents de l'artlyrique. Il a empoché un chèque de 30 000 dollars. L'édition 2015 se déroulait pour la

première fois à l'opéra Covent Garden de Londres. Ion Hotea a étudié à l'académie de musique deBucarest de 2009 à 2013 et collabore depuis quatre ans avec l'opéra national roumain. Il a rempor-té plusieurs autres trophées et a interprété des rôles célèbres sur les grandes scènes européennes,comme celui du comte Almaviva du “Barbier de Séville”, Alfredo dans "La Traviata" et Ernestodans "Don Pasquale", Tebaldo dans "Capulet et Montaigu" de Bellini à l'opéra national de Paris enavril 2014. Il se glissera bientôt dans le costume de Ferrando dans "Cosi fan tutte" à Wiesbaden.

Un ténor roumain distingué par Placido Domingo

Francophonie

Marie Renée Andreescu est la plus française des Roumaines

Trois films roumains ont étéprimés au festival de KarlovyVary, important rendez-vous

cinématographique estival dont c'était lacinquantième édition cette année. C'esttout d'abord Florin Serban qui a remportéle prix de la presse internationale, ditFIPRESCI, pour son dernier film intitulé"Box", une coproduction entre laRoumanie, l'Allemagne et la France. Lefilm est un drame entre un jeune boxeurde 19 ans et une actrice de théâtre, mèreen même temps, les deux étant en quêted'un équilibre perdu. Florin Serban avaitdéjà remporté l'Ours d'argent - prix du

Jury à la Berlinale 2010 pour "Eu cândvreau sa fluier, fluier" ("Quand je veuxsiffler, je siffle").

Deux autres réalisateurs roumains, laconfirmée Anca Damian et le tout jeuneNicolae Constantin Tanase, sont eux-aussi repartis primés de la Républiquetchèque. Après le très apprécié "Crulic"il y a quelques années, la première par-vient à surprendre à nouveau avec encoreune fois une animation de très hautevolée qui traite de l'histoire - vraie - d'unréfugié politique polonais parti combattreles russes dans la montagne aux côtés desafghans. "La montagne magique" pour-

suit la trilogie de la réalisatrice sur l'hé-roïsme et a décroché à Karlovy Vary unemention spéciale. On peut notamment yreconnaître les voix de deux artistes fran-çais: le chanteur Christophe Miossec etl'acteur Jean-Marc Barr.

Par ailleurs, la mention spéciale de lacompétition "East of the West" revenant à"Lumea e a mea" ("Le monde est àmoi") de Nicolae Constantin Tanase estdavantage une confirmation du talent dujeune réalisateur de 29 ans. Il s'agit de sonpremier long-métrage, celui-ci ayantremporté au TIFF à Cluj en juin dernier leprix du meilleur premier film.

Trois films roumains primés à Karlovy Vary

Page 29: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

57

Les NOUVELLES de ROUMANIE

56

La cuisine roumaine propose plusieurs types de''mujdei'', dont la consistance varie d'une pâteépaisse à une sauce très liquide et qui s'associent

aux différentes viandes et poissons. Quant àl'origine du mot roumain ''mujdei'' il y exis-te plusieurs hypothèses dont une fait réfé-rence au français ''mousse d'ail''.

Commençons par le ''mujdei'' le plussimple. Il vous faut 4 ou 5 gousses d'ail, unecuillère d'huile de tournesol, un peu de sel etune tasse d'eau. Broyez l'ail, ajoutez le sel etl'huile, mélangez énergiquement et ajoutezl'eau. Voilà, votre ''mujdei'' roumain est prêt!Vous pouvez l'utiliser en tant que sauce pour les grillades deporc, poulet, dinde, poisson, pour les frites et même sur lesragoûts et dans les soupes à tripes par exemple.

En été, il peut accompagner même des plats très simples,tels les frites ou les rondelles de courgettes panées. Cette recet-te de base peut être enrichie avec des feuilles de persil fine-ment hachées ou même transformée en une sorte de mayonnai-se. Pour cela, renoncez à l'eau et ajoutez uniquement de l'hui-le de tournesol tout en mélangeant énergiquement pour fairemonter la sauce qui ressemble déjà à la mayonnaise.

Cette variante de ''mujdei'' est utilisée dans le Delta duDanube et sur la côte roumaine de la Mer Noire sur les grilla-des et les fritures de poisson accompagnées de polenta.

Dans le cas des poissons et notamment de la carpe, la cui-

sine roumaine propose aussi un ''mujdei'' aux tomates fraîches.Pour le préparer il vous faut une gousse d'ail, deux tomates,une cuillerée d'huile, quelques feuilles de persil et du basilic et

enfin du sel. Ecrasez l'ail et mélangez-le ausel et à l'huile. Coupez les tomates en unesorte de brunoise et ajoutez-les à la pâte d'ail.

À la fin, ajoutez les herbes finementhachées. Vous pouvez également régler l'in-tensité du goût en fonction de la quantité detomates que vous y mettez.

Parfois les Roumains transforment le''mujdei'' aux tomates en une sorte de salsa enajoutent des poivrons et même des piments

hachés. Faites attention pourtant à bien équilibrer les ingré-dients pour éviter que le ''mujdei'' ne devienne pas trop fort.

Enfin, la troisième recette que je vous propose est unesorte de dérivé du tzatziki grec: le ''mujdei'' à la crème aigre.Préparez la pâte d'ail selon le modèle des recettes précédentes,mais ajoutez entre 100 et 200 grammes de crème aigre et del'aneth finement haché.

Utilisez la même astuce et augmentez ou diminuez laquantité de crème pour obtenir un ''mujdei'' au goût fort ouléger. Vous pouvez le mettre sur des cuisses de poulet grilléesaccompagnées de pommes de terre nouvelles et de salade etprévoir un vin blanc plutôt léger et bien refroidi. Bon appétit !

Alexandru Diaconescu (Radio Roumanie

internationale et lepetitjournal.com/Bucarest)

Connaissance et découverte

La mousse d'ail ou ''mujdei'' Comment s'explique le succès de l'ail dans la gastronomie roumaine ? Eh bien sachez d'abord que dans la tradition

roumaine, l'ail est un légume miraculeux, qui défend les humains des mauvais esprits, les vampires dont Dracula, notam-ment à l'occasion de la nuit de la Saint-André, le 30 novembre. Mais les Roumains le consomment tout au long de l'année,même le printemps dans sa forme d'ail nouveau, vert.

Recette

La liaison Bucovine-

Maramures rétablie ?

La nationale DN 18 faisant la liaisonentre la Bucovine et le Maramures et, cefait l'un des principaux axes touristiquesroumains, est devenue un véritable cau-chemar pour les automobilistes depuisplus d'une quinzaine d'années, notam-ment son tronçon entre Iacobeni etViseude Sus, sur 90 km. La chaussée est deve-nue totalement impraticable, comportantde véritables cratères.

Une première réhabilitation avait étéentreprise en 2011, mais le contrat d'unmontant de 91 millions d'euros avec lemaître d'ouvrage, la société israélienneShapir, financé par la BEI (BanqueEuropéenne d'Investissements) avait étérésilié, fin 2014, les travaux n'ayant pasété accomplis. La situation empirant,l'Etat a décidé de le réattribuer à une autrecompagnie qui a la charge de réaliser lestronçons Sesuri-Carlibaba (19 km) etBorsa-Moisei (49 km). Les travauxdevraient démarrer d'ici l'hiver et prendredeux ans, la chaussée étant garantie pourdeux années supplémentaires.

Promenade en bateau

Les Bucarestois peuvent faire désor-mais une ballade en bateau sur le lac duparc Alexandru Ioan Cuza, dans le sec-

teur 3 de la capitale. La promenade dure 40 minutes, à

bord d'une embarcation de 50 places, tousles jours de la semaine sauf le lundi, pen-dant la belle saison, de 10 h à 20 heures.Il en coûte 10 lei (2 e) pour les adultes et5 lei pour les scolaires et retraités.

Cinq étoiles en campagne

Un investisseur turc a ouvert unhôtel-restaurant de cinq étoiles à PaulestiNoi, un village de 1000 habitants, situé àproximité de Ploiesti et d'une zone d'acti-vités comprenant plusieurs dizaines d'en-treprises et quelques multinationa-les. A la tête d'une usine de texti-les en Roumanie depuis quinzeans, Huseyin Karaman déploraitqu'il faille retourner à Bucarest(60-70 km) pour trouver unehôtellerie de qualité. Son investis-sement se monte à plusieursmillions d'euros.

Guerre des tarifs

Blue Air a annoncé qu'elle mettra enservice des liaisons quotidiennes entreBucarest et Iasi à partir du 25 octobre(voir page 30), au prix de 48, puis 34 el'aller. Tarom a immédiatement répliquéen proposant un tarif aller-retour à 79 e.Sa rivale a réagi en baissant son tarif

annoncé précédemment à 19,90 e l'alleret 29,90 e le retour. Ces compagnies mis-ent sur un potentiel total de 500 passagersdans chaque sens et 6 liaisons aller-retoursont prévues.

La Roumanie en hiver,

à Noël 2015, avec GIR...

Pourquoi pas ne pas partir du côté deBaru (judet Hunedoara) en Transylvanie,avec la commune de Seyssins (Isère)pour un peu de ski de fond, de raquettes,les traces d'animaux? Et ainsi passer lesfêtes de fin d'année en Roumanie, au pays

d'Hateg (Hunedoara).Les personnes intéressées peuvent

obtenir tous les renseignements auprès deGIR (Grenoble Isère Roumanie, associationloi 1901, 2 rue du Pont Saint Jaime 38000

Grenoble, tel: 04 76 51 65 29, permanen-ce: le mardi de 16h à 19h., www.gir.asso.fr,[email protected]

A savoir

Au moment de la "Révolution" de décembre 1989,la Roumanie avait soudain enregistré un affluxinhabituel de "touristes" russes, facilement identi-

fiables car ils portaient des lunettes noires. Moscou avaitdémenti. Le même phénomène s'est produit en ce début de2015, mais cette fois-ci il est pleinement revendiqué par lesautorités russes chargées du tourisme. Le nombre de leurs res-sortissants visitant la Roumanie aurait augmenté de 73 % aucours des trois premiers mois de l'année. Mais cette fois-ci celan'aurait rien à voir avec la situation internationale et les mena-ces que Vladimir Poutine fait peser sur la région.

Les Roumains estiment qu'il s'agit d'une bévue dans lesdonnées statistiques. Pourquoi cette explosion, alors que lenombre de touristes russes a baissé en même temps de 45 % enRépublique Tchèque, de 33 % en Pologne, de 70 % enSlovaquie, 50 % en Slovénie, la Hongrie étant relativementépargnée (- 8 %)?

L'agence de Presse Tass reconnaît elle-même que les tou-ristes russes choisissant l'étranger comme destination sont

beaucoup moins nombreux que d'habitude, crise économiqueet chute du rouble ayant réduit drastiquement leur pouvoir d'a-chat, les prix ayant en outre beaucoup augmenté en Turquie etGrèce, leurs destinations favorites.

Une analyse plus attentive des chiffres montre que le nom-bre des Russes venus en Roumanie au début de l'année était de4308 contre 4071 en 2014 (+ 5,8 %) et qu'ils occupaient la20ème position dans le classement des visiteurs étrangers,avec 73 000 touristes l'an passé, sur un total de 8,4 millions.

Les Russes sont attirés en priorité par le tourisme reli-gieux et la Bucovine, Bucarest et les grandes villes (3/4 d'en-tre eux), les stations balnéo-climatiques, comme les bains deboue de Techirghiol où ils venaient se traiter autrefois, un peula montagne et assez peu les stations de la Mer Noire, jugéescher et inférieures à celles des autres pays riverains.

Pour les 3 premiers mois de 2015, les Italiens venaient entête (41 000) des touristes étrangers, suivis des Allemands(38 000), des Israéliens (28 000), des Français (24 000) etBritanniques (22 000).

On peut toujours élargir sonhorizon, comme l'a proposéFrancisc Giurgiu, pré-

sident d'OVR-Roumanie, lors dudernier congrès d'OVR Suisse, quifêtait ses 25 ans, sous la présidencede Pascal Praz, et qui en est leconsultant-intervenant dans sonpays, donnant ce conseil:

"Quand vous êtes enRoumanie ne voyez pas toujoursles mêmes personnes, mais essayezd'élargir votre cercle pour rencont-rer les gens, d'autres personnes.Allez dans un bistrot, buvez unebière avec les gens. Ça c'est impor-tant pour les échanges; la population veutsentir que vous êtes là-bas, que vous dis-cutez avec les paysans, avec les person-nes âgées, avec tout le monde! Ne restez

pas limités aux contacts avec le pope, lemaire, les officiels... Il y a le problème de

la langue, mais ce n'est pas une excusepour moi.

Pour nous, les Roumains, nous avonsfait des efforts. Vous avez trouvé dans

tous les villages des personnes qui parlentfrançais, anglais... Vous, les Suisses, vous

parlez toujours français, souventavec des personnes qui vousmonopolisent. J'ai bien vu, quandj'accompagne des délégations dedivers pays, que quand vous par-lez roumain - après 25 ans! -, lespartenaires sourient parce qu'ilsvoient que vous les avez compris.

C'est autre chose que de dis-cuter en français ou en anglais!Depuis le temps que nous sommesensemble, on pourrait changer unpeu cette relation, pour communi-quer, pour impliquer toutes les

catégories sociales des communes: lepetit, l'agriculteur, l'intellectuel... Jepense que c'est ça votre défi pour le futur,et ce serait votre succès".

Les conseils de Francisc

"En Roumanie… buvez un coup avec les gens!"Echanges

Tourisme Fausse alerte à l'invasion des touristes russes

Francisc (à droite) tient aussi paroles avec ses amis suisses d'OVR, les emmenant au bistrot en Roumanie.

Page 30: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

Infos pratiquesLes NOUVELLES de ROUMANIE

59

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

58

BlaguesHumourCHANGE*

(en nouveaux lei, RON**)

Euro = 4,42 RON

(1 RON = 0,22 euro)

Franc suisse = 4,07 RON

Dollar = 3,96 RON

Forint hongrois = 0,01 RON

(1 euro = 310 forints)

*Au 17/08/2015 ** 1 RON = 10 000 anciens lei

Les NOUVELLES

de ROUMANIE

Lettre d'information bimestrielle surabonnement éditée par ADICA(Association pour le DéveloppementInternational, la Culture et l’Amitié)association loi 1901Siège social, rédaction : 8 Chemin de la Sécherie44 300 Nantes, FranceTel.: 02 40 49 79 94E-mail: [email protected] de la publicationHenri GilletRédactrice en chefDolores Sîrbu-Ghiran

Ont participé à ce numéro:Yves Lelong, Laurent Couderc,Jonas Mercier, Julia Beurq,Mirel Bran, Mihaela Iordache,Béranger Dominici, Dan Popa,actualite.housseniawriting.com,Nicolas Trifon, Sébastien Gobert,Isabelle Wesselingh,Gaspard Koenig, Cristian Hostiuc,Iulia Badea-Guéritée,Isabelle Régnier, Vincent Giret,Mathieu Macheret,Alexandru Diaconescu, Mateo.

Impression: Helio Graphic2 rue Gutenberg ZAC du Moulin des Landes44 981 Sainte-Luce sur Loire CedexNuméro de Commission paritaire:1117 G 80172; ISSN 1624-4699Dépôt légal: à parutionSite :

www//lesnouvellesderoumanie.eu

Prochain numéro: nov. 2015

ABONNEMENTAbonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle,

pour un an / 6 numéros, port compris

Entreprises, administrations : 100 euros TTC / anAssociations et particuliers : 80 euros TTC / an

Multi-abonnement

Abonnez vos amis et gagnez ensemble jusqu'à 50 % sur le prix de l'abonnement.

Le système en est simple: vous vous abonnez, devenez ainsi "abonné princi-pal", et un de vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvelles". Vousbénéficiez tous les deux de 25 % de réduction, l'abonnement passant ainsi de80 euros à 61 euros par personne (Multi-abonnement Formule 2, 122 euros).

Si vous êtes trois, (Multi-Abonnement Formule 3, 150 euros), la réductionest de 40 % (tarif de l'abonnement par personne: 50 euros).

Et si vous êtes quatre, (Multi-abonnement Formule 4, 170 euros) elle passeà 50 % (tarif de l'abonnement par personne: 42,5 euros).

Ce tarif est valable dans la limite de quatre personnes et ne peut être sous-crit par les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pasabonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération).

Seule règle à respecter: le règlement global est effectué par une seule person-ne, l'abonné principal, avec un chèque ou virement unique, en mentionnant lescoordonnées (adresse, téléphone, fax et e-mail) des autres abonnés.

Abonnez vos amis roumains de Roumanie pour 30 euros

Chaque abonné (abonnement simple ou collectif) peut abonner un ouplusieurs amis roumains, demeurant en Roumanie. La revue leur sera expédiéedirectement. Le prix est de 30 euros par abonnement annuel souscrit, à ajouter àcelui de votre propre abonnement ou réabonnement (un lecteur ayant un abonne-ment normal, à 80 euros, qui veut abonner un ami roumain, à 30 euros, paieradonc 110 euros).

Nom:…………………………………………………………………………

Adresse:……………………………………………………………………..

Code postal:.......................Ville……………………....................................

Pays:.................................Tel:………………........ Fax:……………………E-mail:……………………………………. Cachet, signature :

Paiement

France: chèque bancaire ou postal joint à l'ordre de ADICA.Belgique et zone euro: chèque d’une banque française ou virement bancaire sans frais. Suisse et Etranger: chèque d’une banque française ou mandat-poste international. Pas de virements bancaires (commission de 20 euros).Coupon à retourner avec les coordonnées de tous les abonnés à: Les Nouvelles de Roumanie - ADICA, 8 chemin de la Sécherie 44 300 NANTES - France.

Visite

Deux Oltènes dorment sur un bancdans un parc de Bucarest. Passe un poli-cier:

-Dites-donc, tous les deux, qu'est-ceque vous faites là ?

-Ben, on n'a pas où aller, pas de bou-lot…

-Et toi ?-Ben je suis venu lui rendre visite.

Fallait le dire

Deux Ardeleni (Transylvanie) voya-gent en train. Passe le contrôleur :

-Billets s'il vous plaît !-Bah, Gheorghe… on a des billets ?-Non.-On n'a pas de billets, Monsieur le

contrôleur…-Et de l'argent pour l'amende, vous

avez ?!-Bah, Gheorghe… on a de l'argent ?-Non.-On n'a pas d'argent, Monsieur le

contrôleur…-Vous vous foutez de moi ? Pas de

billets, pas d'argent… mais qu'est-ce quevous avez ?

-Bah, Gheorghe… qu'est-ce qu'on a ?-Ben... nos cartes d'abonnement.

Bavardage

Ion et Vasile sont assis sur un banc,depuis la matinée, sans rien dire. Ah unmoment, Ion s'exclame :

-Je crois qu'il va pleuvoir demain. Une heure passe… Soudain, Vasile

réagit :-Moi, je crois que non !Encore une heure… Ion, rouge de

colère, se lève :-Ecoute mon vieux… si tu cherches

un motif pour se disputer, je préfère rent-rer à la maison !

Vitesse et précipitation

Concours de ramassage d'escargots.L'Oltène se présente devant le jury avecson sac rempli. Suit le Moldave, avec unsac à moitié plein. Vient le tour del'Ardealan qui n'en pas ramassé un seul.Le jury s'étonne :

-Comment çà… T'as pas vu un seulescargot ???

-Ah pour en voir, çà j'en ai vu… maisle temps que je me baisse pour les attra-per… ils me filaient entre les doigts.

Précaution

Maria attend son tour à la confesse.Elle voit Bula sortir du confessionnalsuivi du pope, qui vient de l'enguirlandercar il ne le voit jamais. Le garnement sejustifie en lui affirmant qu'il est acrobatedans un cirque et toujours en tournée.Sceptique, son confesseur lui a demandéd'exécuter quelques pirouettes et sautspérilleux devant lui. Maria, affolée, s'ex-clame "si c'est çà la pénitence aujourd'-hui… Faut que je retourne vite à la mai-son mettre une culotte !".

Logique

Bula fait son service militaire.L'adjudant lui demande :

-C'est quoi la Patrie ?-Euh…J'sais pas.-T'est idiot ou quoi ?Se tournant vers Vasile :-Et toi, dis-moi… C'est quoi la

Patrie?-La Patrie, c'est ma maman !-C'est bien… Alors Bula, dis-moi

maintenant c'est quoi la Patrie ?-La Patrie, c'est la maman de Vasile,

mon adjudant.-Triple imbécile! La Patrie c'est ta

maman… T'as compris enfin ?-Compris, mon adjudant !-Qu'est-ce que t'a compris ?-…Que je suis le frère de Vasile, mon

adjudant !

Le plus court chemin

Bula vient de se faire embaucher

pour peindre une ligne jaune sur la routeentre Scornicesti et Slatina. Le premiersoir, son chef le félicite chaudement :

-Bravo Bula, t'as peint 5 kilomètres.Quel exploit !

Le second soir, Bula n'a réalisé que 2kilomètres.

-Bon, c'est moins bien, mais c'estquand même pas mal.

Catastrophe le 3ème jour, Bula n'apeint que 500 mètres et se fait copieuse-ment engueu…

-Qu'est ce qui t'est arrivé ?-Chef, vous ne vous rendez pas

compte du chemin que je devais fairechaque fois, à la fin, pour retourner au potde peinture !

Courage

Ion et Maria sont en voyage de nocesà Venise. Le gondolier qui les promèneleur donne la sérénade. Maria s'extasie :

-C'est quand même extraordinaire lecourage de ces Vénitiens… Leur ville estinondée et ils continuent à chanter !

Miracle

A sortie du pèlerinage de Sambata deJos, deux automobilistes sont arrêtés parun policier de la route qui leur demandece qu'ils ont dans la bouteille qu'ils tien-nent à la main.

-Qu'est-ce que vous voulez que çàsoit ? De l'eau bénite bien sûr !

Le policier fourre son doigt dans labouteille, goûte et explose :

-Vous vous foutez de moi ! C'est de latsuica !

-Ah merci mon Dieu ! On savait bienque tu ferais un miracle…

Bon sens

Sur une plage de Mamaia, Pavelentend un baigneur crier "Au secours, ausecours!". Il se tourne vers son copainIon:

-Qu'est ce qu'il crie? Je ne comprendspas.

-Il appelle à l'aide parce qu'il se noie.C'est du français.

-Tu vois, il aurait mieux fait d'ap-prendre à nager que des langues étrangè-res.

-Pouquoi tute présentesune fois par

jour aubistrot ?

Tu es souscontrôle

judiciaire ?

Page 31: Les OUVELLEs2015/09/01  · Numéro 91 - septembre-octobre 2015 Lettre d’information bimestrielle La Grèce mobilise l'attention depuis six mois. Il n'est question que du mau-vais

60

Le tour du monde de la beautéde Mihaela Noroc

Mihaela Noroc (notre photo, ci-dessous) a voyagé pendantquinze mois à travers le monde pour photographier desfemmes de tous horizons et toutes cultures. Son objectif

? Montrer la diversité de la beauté féminine dans le premier Atlas de labeauté qu'elle est en train de réaliser. "Etre belle, c'est avant tout êtresoi-même" assure la jeune femme. La jeune Roumaine n'a que 30 ans etdéjà une certaine idée de la beauté au féminin. Pour la photographe, elleest plurielle, étonnante et présente aux quatre coins du monde.

C'est lors d'un voyage en Éthiopie que cette conception de la beauté, très éloignée des standards occidentaux, s'est imposée àelle. "Il y avait ces femmes, splendides, qui gardaient leurs traditions et assumaient leurs origines avec fierté. J'ai alors réaliséqu'être belle, c'est avant tout être soi-même. J'ai vu que personne n'avait fait d'étude sur la beauté féminine à travers le monde,

alors j'ai décidé de créer l'Atlas de la beauté", explique-t-elle. Mihaela Noroc est ainsi partie faire le tour du monde avec son appa-

reil photo. Elle a quitté son travail à Bucarest pour se consacrer pleine-ment à son projet. Elle a pris son sac à dos et a voyagé dans 37 pays pourréaliser ses portraits de femmes. Pérou, Chili, Myanmar, Chine, Iran...pendant quinze mois, elle a sillonné, marché, parcouru tous les conti-nents pour dénicher les beautés anonymes de notre monde.

Des plateaux gelés du Tibet en passant par l'Amazonie etl'Amérique du sud, la jeune femme qui voyage sur ses propres écono-mies, a ainsi tiré le portrait de dizaines de femmes de son âge, dans leurenvironnement quotidien, des steppes d'Afrique aux mosquées iranien-nes. Captivantes, vibrantes et surtout très différentes les unes des autres.

"Aujourd'hui, je peux dire que la beauté est partout"

"Aujourd'hui, je peux dire que la beauté est partout. Qu'elle nedépend ni de la cosmétique, ni de l'argent, ni des origines ou du statutsocial mais avant tout du fait d'être soi-même", explique Mihaela. Faceaux critères de beauté occidentaux qui tendent à s'imposer comme un

modèle unique, la photographe espère que son travail restera un témoin de la diversité des cultures et traditions de son époque. "Je veux aussi prouver qu'il est important d'être soi, de cultiver ce que nous rend différents et d'apprécier ce qui rend les aut-

res différents" ajoute-t-elle. "Quand je leur demandais de les prendre en photo, les femmes étaient soit contentes, soit méfiantes.Cela dépendait des codes culturels et sociaux" commente la jeune roumaine qui confie que "derrière chaque photo, il y a des jour-nées de travail, des risques et des sacrifices".

De retour chez elle, Mihaela Noroc a lancé un appel aux dons afin de pouvoir repartir à la chasse aux visages et continuer sontour du monde de la beauté, ce qu'elle comptait faire dès le mois de juin 2015. De son expérience, elle aimerait tirer un livre dephotographies, le premier Atlas de la beauté sur papier glacé et non plus seulement sur Internet.

Son site: theatlasofbeauty.tumblr.com. Pour la suivre : instagram.com/mihaelanoroc, The Atlas Of Beauty.com

Les NOUVELLES de ROUMANIE