lelibérateur - croix bleue« les bouchons lyonnais ». mais si l’industrialisation et ce culte du...

28
Libérateur 125 e anniversaire Sans alcool… avec plaisir N° 161 • été 2008 Sans alcool… avec plaisir www.croixbleue. fr LA CROIX BLEUE • ASSOCIATION DE PRÉVENTION ET D’AIDE AUX PERSONNES EN DIFFICULTÉ AVEC L’ALCOOL © Fantasista — Fotolia.com 189, rue Belliard, 75018 Paris •Tél. 0142283737 Choisir c’est possible le le 47 e congrès © Binkski — Fotolia.com

Upload: others

Post on 15-Oct-2020

0 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

Libérateur

125e anniversaire

Sans alcool… avec plaisirN° 161 • été 2008 Sans alcool… avec plaisir

www.croixbleue. fr

L A C R O I X B L E U E • A S S O C I A T I O N D E P R É V E N T I O N E T D ’ A I D E A U X P E R S O N N E S E N D I F F I C U L T É A V E C L ’ A L C O O L

© F

anta

sist

a —

Fot

olia

.com

189, rue Belliard, 75018 Paris •Tél. 0142283737

Choisir c’estpossible

lele

47e congrès

© B

inks

ki —

Fot

olia

.com

Page 2: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

Ce Libérateur rend compte du 47e congrès nationalde la Croix Bleue, Maurice ZEMB, président, nousaccueillait ainsi :Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenuedans cette salle Maurice Herzog. La présence auxCongrès doit être une priorité. Non seulement pour manifester à l’extérieur l’importance de l’association, mais surtout pour soi-même et la

richesse d’une telle rencontre.Ces deux jours ne sont que la partie visible, il y a eu tout un travail en amont et on peut comparer ce moment à l’ouverture durideau de théâtre lors d’une première. Tout le monde est en place,le stress se répand parmi les orateurs et autres animateurs, maisplus rien ne peut arrêter le déroulement du programme! C’est ceque nous vivons à ce moment précis.« Choisir c’est possible » Et pour cause! Nous sommes toutau long de notre existence face à des choix, à chaque instant. C’estun sujet très vaste comme nous avons pu le constater lors d’undébat dans ma section.La partie invisible d’un congrès est tout ce travail dans l’ombreréalisé par le comité de pilotage et les acteurs locaux. Ainsi, PierreDUNAT, avec l’équipe locale, je les en remercie, se sont mis enroute avec enthousiasme afin de mener à bien cette aventure.Il y a 125 ans la Croix Bleue française a vu le jour. 125 ans quedes hommes et des femmes se sont mis au service de leurs semblables. 125 ans que nous sommes attentifs à l’évolution dumonde alcoologique. Les membres du Conseil d’administrationvous en relateront les moments importants.C’est un bel anniversaire et je suis fier de pouvoir le partager avec vous toutes et tous. La fanfare de la Croix Bleue de Genèvenous fait l’honneur d’agrémenter nos pauses.Une délégation de la Croix Bleue du canton de Vaud en Suisse aégalement fait le déplacement. Ces présences témoignent de l’ouverture, des liens d’amitiés et du partage que nous vivons.Merci à tous du fond du cœur d’avoir fait le choix de participer etd’être venus nombreux des quatre coins de France. Le moment estvenu de lever le rideau. Nous frappons symboliquement les troiscoups.C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai l’honneur de déclarerouvert le 47e Congrès national de la Société Française de la Croix Bleue. Je souhaite que vous puissiez vivre des moments fortset enrichissants tout au long de cette manifestation.

Maurice ZEMB

Merci aux photographes!!!

Édito

Sommaire47ème congrès

3 Témoignage

4 Le groupe Rhône-Alpes

5 Avec la confiance choisirdevient possible !

6 Le regard du psychiatre

7 Changer l’homme…

9 125 ans de la Croix Bleue en 4 tableaux

14 Projets

15 Message du dimanche matin Les choix

16 Table ronde : Il est possible dechoisir

21 Accueil des personnalités

22 Motion du conseild’administration

l’association

23 Assemblée Générale ordinaire

24 Le Centre du Phare

les sections

25 Saint-QuentinSarregueminesFranche-ComtéBouxwiller

26 L’HôpitalNîmes

27 Thèmes à venirEngagement d’Abstinence

2 N°161 • Été 2008

Le Libérateur • Eté 2008 • n° 161• Rédaction, admi-nistration: Croix Bleue, 189 rue Belliard, 75018 Paris •Tél. 0142283737 • Directeur de publication: MauriceZEMB • Rédactrice, Françoise BRULIN • Maquette,Safari : Tél. 0140391443 [email protected] •Imprimerie Bedi Sipap — 86007 Poitiers CEDEX •Abonnement2008 : 18 € • CCP Société Françaisede la Croix Bleue : Paris 158.99 M N° de C.P.P.P. :1104G79245 • ISSN : 1153-1274 • E-mail :[email protected] •Site : www.croixbleue.fr

Groupe organisateur

Page 3: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

Ma mère connaît des problèmes avec l’alcool et j’ai souffert de ce problème dans ma famille.

La souffrance envahit aussi bien la personne malade que sonentourage.Tous ont besoin de soutien et d’accompagnement,d’écoute, d’attention… d’être rassurés. En 1994, j’assistais àmes premières réunions Croix Bleue dans la section deLyon. J’ai mieux compris la dépendance et j’ai découvert quela signature d’un engagement pouvait être un bon outil.En 1999 j’ai pris du recul face à ce problème. Et en 2004, jerevenais vers la section de Lyon. C’est après le congrès deMontbéliard que j’ai décidé de devenir membre actif.Aujourd’hui, il a lieu dans ma région !Que de chemin parcouru !Depuis 2005, à mon tour, j’aide des amis à faire le choixd’une vie sans alcool. Pour moi c’est un vrai choix de vie et un combat pour aider les personnes à sortir de la dépendance.

Isabelle NOURISSON, Section Lyon

D’un congrèsl’autre…à

N°161 • Été 2008 3

Témoignage

Bernadette MARTIN et Jean-Philippe ANRIS, animateurs

Vente de tickets et confiseries Accueil

Page 4: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

� Lyon, bâtie au 1er siècle avant J.C.par les romains qui l’avait appeléeLugdunum (Colline de la Lumière), futnommée Capitale des Trois Gaules parJules César et fut le point de départ dela Guerre des Gaules se terminant parla bataille d’Alésia.� Après la chute de l’empire romainet trois siècles de bouleversements,l’Eglise redonne à Lyon toute sa placede Capitale en la déclarant siège dePrimat des Gaules au XIème siècle. Entémoigne le nombre impressionnantde Cathédrales, églises, temples etlieux de vie de nombreuses commu-nautés religieuses.� A la Renaissance, Lyon atteint sonapogée avec la tenue des grandesfoires et le développement de labanque, attirant les commerçants etles bourgeois. Le Vieux Lyon, quartierhistorique de la ville en est la mémoire.� A cette époque, la prospérité économique lyonnaise grandira avecl’émergence de la Soierie lyonnaise, del’invention du métier à tisser et de sesouvriers qui seront surnommés : lesCanuts. Les ateliers de soierie serontimplantés essentiellement sur la colline de la Croix Rousse. Cette pré-industrialisation se traduira au18ème siècle par la révolte des Canutsmettant en avant la condition déplo-rable des ouvriers. C’est à partir de

ces deux influences que les Lyonnaisont défini leur ville comme la ville auxdeux collines : Fourvière, la colline oùl’on prie et la Croix Rousse la collineoù l’on travaille.� Plus près de nous, lors de la secondeguerre mondiale, la ville devient lacapitale de la résistance, avec son chefemblématique Jean Moulin, et toutproche le maquis du Vercors.� Aujourd’hui, Lyon et sa région sontreconnues capitale mondiale de la gas-tronomie, avec ses grands chefs dontle plus connu est Paul Bocuse, dignehéritier de toutes ces cuisinières appelées« Mères lyonnaises » mais égalementavec tous ses petits bistrots réputés« les bouchons lyonnais ».

Mais si l’industrialisation et ce culte dubien-manger ont eu un effet positif, ilsont révélé également des excès et dessituations de fragilités.

La Croix Bleue sedevait d’être présente pourapporter une réponse àtoutes ces personnes en difficulté.

La Croix Bleue en Rhône-AlpesLe groupe Croix bleue Rhône – Alpesest composé de neuf sections :Villefranche sur Saône (responsable : Christian MAT),Villeurbanne (responsable :André PEYRAMOND),Oullins et Lyon (responsable : Gérard GUILLER),Valence (responsable : Patrick DELOBELLE),Vernoux-Privas (responsable :André ANTERION),La Voulte (responsable : Christian VERGNON),Montélimar (responsable : Régis BEAUDRAND)et Nyons (responsable : Christine PIZZATI).

Depuis de nombreuses années legroupe Rhône-Alpes partage ses acti-vités avec le groupe Loire-Auvergne.Lors des différentes rencontres nousressentons très fort ce désir de resterensemble et bien que dans l‘annuaireCroix Bleue nos deux régions sont dif-férenciées, il est entré dans la coutumede nous appeler « le groupe LARA »Il rassemble 200 membres et autantd’amis et de contacts.

Pierre DUNAT

4 N°161 • Été 2008

Le groupe Rhône-AlpesBrièvement, voici notre région Rhône- Alpes, ce sont huit départements

de Villefranche sur Saône à la Drome provençale !

Dossier : 47ème congrès

Page 5: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

Nous ne pouvons pas séparer nosdestins individuels de la sociétédans laquelle nous vivons.L’Évangile appelle à mettre saconfiance en une force d’amourcapable de rendre les hommes soli-

daires et de faire reculer toutes les formes de fatalitéqui pèsent sur les humains. Je sais que vous êtesaujourd’hui nombreux, hommes et femmes de laCroix Bleue, à être étranger à une pensée religieuse.C’est pourquoi, je ne vous parle pas de religion, maisd’un élan vital, d’une force qui remet debout en nousarrimant à ce qui donne de la valeur à notre vie : uneinsurrection contre ce qui nous bride et nous aliène.La foi dont je vous parle est le mouvement même dela vie dans sa lutte patiente et courageuse pour surmonter ce qui nous met en incapacité d’exister.Car, dans le combat de notre Croix Bleue, il s’agit devie et de mort, de bonheur et de malheur, de libertéet de dépendance. C’est dans cet état d’esprit queLouis Lucien ROCHAT a fondé la Croix Bleue, le premiermouvement en Europe à refuser l’inexorabilité de ladépendance alcoolique et l’abandon des personnesdevenues alcooliques à une déchéance considéréecomme inéluctable.

En 125 ans, la société européenne abeaucoup changé, la médecine a modifiéfondamentalement son regard sur lamaladie alcoolique, la Croix Bleue aussia changé. Mais tous, nous sommesensemble d’accord pour affirmer quepersonne n’est irrécupérable et pourproclamer notre refus de la fatalitéalcoolique à travers la devise phare denotre action :

C’EST POSSIBLE !

L.L.ROCHAT s’était souvenu de cette parole de Jésus :« Je suis venu chercher et sauver ce qui était perdu. ». Ilavait bien entendu « chercher ». Il comprend qu’il fautaller à la rencontre de ceux qui souffrent de la dépen-dance à l’alcool. Dans la plupart des cas, il ne suffit pasd’attendre qu’ils formulent une demande. En effet, ilsne croient plus eux-mêmes qu’ils puissent se passerd’alcool ; ils dénient leur dépendance parce qu’ilssavent trop bien dans leur for intérieur qu’ils sont prisau piège, et puis : à qui aller parler de cela ?La Croix Bleue a très vite compris qu’on ne se délivraitpas seul de l’alcool, qu’il fallait un appel, une lumièrevenant de l’extérieur de soi-même. Et elle a traduitcette intuition ainsi : la personne devenue alcoolique abesoin d’un ami allant au-devant de lui et l’accompagnantdans sa route vers la guérison. Il est appel à la confiance

Jacques WALTER

N°161 • Été 2008 5

Avec la confiance,

choisir devientpossible !

Page 6: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

Dossier : 47ème congrès

(c’est le même mot que la foi), à l’espoir, à la vie quiretrouve le chemin de la liberté. Ce n’est pas pourrien que le journal de la Croix Bleue s’appelle LeLibérateur.Un ami, ce n’est pas quelqu’un qui se situe au-dessusde nous, c’est quelqu’un qui nous accompagne dans unpartage de confiance et de solidarité. C’est pour celaque nous ne nous prenons pas pour des docteurs,nous ne donnons pas des soins, nous donnons de laconfiance et de l’espérance. Nous savons bien que,souvent, des soins seront nécessaires, mais ce n’estpas notre rôle, c’est celui de la médecine et nous ensavons l’importance. Mais nous croyons fort à la présence patiente et stimulante d’un ami pendantcette reconstruction corps et âme. Et puis, il n’y a pasqu’un seul ami qui accompagne, il y a le groupe, un lieuoù l’on peut parler ouvertement de ce qu’on n’ose pasdire ailleurs, car tous sont là pour surmonter, dépasser,reconstruire. Un lieu où l’entourage, quand il existe,apprend à comprendre ce qu’il subissait, avec souffrance et révolte.

Cette confiancedans la possibilité d’un changement de vie, de renais-sance, de libération qui peut aller jusqu’à la guérisonest génératrice d’un dynamisme qui vient à bout de ladépendance et la détruit.

Le premier effet de ce dynamisme est une prise deconscience qui place devant la nécessité d’un choix. LaCroix Bleue a la conviction d’une rupture nécessaire,totale et définitive très souvent ressentie comme uneamputation de la liberté. Sur le moment, cela va si malque beaucoup acceptent cette rupture. Et puis un jour,ils reconsomment et très vite,à nouveau, ils ne maîtrisentplus rien. Dans un coin de leur tête, ils n’avaient pasrenoncé à pouvoir un jour boire à nouveau « commetout le monde » !La Croix Bleue a inventé la pédagogie de l’engagementsigné avec un ami, pour un temps précis mais renouveléet qui s’allonge avec la confiance retrouvée.Et sur cette route choisie, toutes les forces dispo-nibles doivent être mobilisées : l’amitié, le groupe,l’entourage, la réflexion et la connaissance, la spiritualité.Ce changement, cette délivrance, il faut donc y croire,puis il faut les vouloir. « Veux-tu être guéri ? » : le rôlede la Croix Bleue est d’en faire la proposition, il appar-tient à la personne concernée d’y répondre.C’est possible, affirmons-nous, et nous avons raisonde le dire, tant nous avons constaté de délivrances etde changements de vie tout au long des 125 années denotre association.

Jacques WALTER

6 N°161 • Été 2008

La vie est faite de choix multiples.En choisissant une chose, onrenonce à une autre. Comme ditProust : « On a tort de parler enamour de mauvais choix, puisque dèsqu’il y a choix il ne peut être que mau-vais. ». Prendre une femme, c’estrenoncer aux autres, c’est faire ledeuil d’une perte irréductible.Dansle choix, il y a donc toujours douleur,renoncement. Mais c’est par lechoix que l’on sort de l’aliénation.Dès l’origine de la vie, le petitenfant doit abandonner l’idée detoute puissance et de symbioseavec sa mère. Il se résigne à cette

séparation, mais se console parl’évocation des bons souvenirs decette période. La capacité del’homme à se rappeler ce à quoi ila renoncé lui permet de mettre savie en histoire. Il ne tire pas lerideau sur son passé, il ne le répudiepas mais il l’accepte et peut ainsiassumer ses choix. On comprendainsi l’importance du témoignageet du groupe de paroles.Choisir, c’est se rebeller individuel-lement contre une aliénation maisaussi se rebeller contre l’aliénationde la société. De Gaulle disait :« choisir, c’est gouverner. ».

Assumer son choix, c’est faire ledeuil de ce qu’on laisse pour accéderà une autre vie. Perte de la libertéde boire pour aller vers la libertéde ne pas boire.

Jacques HOCHMANN

Le regard dupsychiatre

Jacques HOCHMANN rappelait :

Page 7: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

Notre congrès affirme:

CHOISIRC’EST POSSIBLE,La Croix Bleue l’a toujours affirmé. Iln’y a pas de bonheur dans l’abstinencesi celle-ci est subie. L’acte de ne plusprendre d’alcool doit être librementconsenti et ne peut rester unecontrainte.

Pour répondre à ce qui apparaît souvent comme une contradiction, jevous propose un petit détour parl’histoire en remontant au temps oùla lutte contre l’alcoolisme s’est précisée de manière formelle.Cette lutte commence au XIXe sièclepar les sociétés de tempérance dansles pays anglo-saxons (Angleterre,Irlande, États-Unis). Ces dernièresconsidèrent que ce sont les imper-fections de la société qui conduisentles gens à s’alcooliser : dureté du travail, chômage, conditions de viefamiliale, violences. Elles ne ciblentpas particulièrement les personnesdevenues dépendantes, ce conceptn’existe pas encore. Elles tentent depersuader les gens qu’il est possiblede s’abstenir de toutes boissonsalcoolisées. Leur projet consiste àchanger la société. Elles se battent enparticulier pour des changementsdans la législation des pays (ferme-tures de bars, heures d’ouverturecontrôlées, interdiction de vente etde consommations d’alcool certainsjours, tarifs douaniers très élevés…allant jusqu’à la prohibition totale auxUSA de 1919 à 1933 ainsi que dansles pays scandinaves).Il y eut aussi des tentatives pourchanger les habitudes et lors d’un

autre congrès dans le Pays deMontbéliard un historien nous a rap-pelé comment des Croix Bleusardsavaient fabriqué du jus de raisin et dujus de pomme afin de remplacer lecidre et le vin tout en profitant dufruit de la vigne et du pommier.C’est dans ce contexte qu’est née laCroix Bleue en Suisse en 1877. Sonfondateur, Louis Lucien Rochat quiavait connu les sociétés de tempéranceà Londres pensait que l’obstaclepour l’arrêt de l’alcool n’était pasphysiologique mais social. Le combatva donc devenir social et faute depouvoir changer la société touteentière, on va créer une société àcôté où l’on vivra normalement sansalcool. Parmi les vingt-trois signa-taires de la première réunion quiposait les fondements de la CroixBleue, un seul avait eu un problèmed’alcool. Mais tous s’engagent à luttercontre ce fléau.En France, Lucy Peugeot fille dugrand industriel et Pierre Barbiermettront en place les premiersgroupes Croix Bleue.On croit souventque ce dernier, grand alcoolique, s’estarrêté de boire parce qu’il a pris unengagement d’abstinence. C’est faux.

Il avait cessé de boire neuf ans aupa-ravant en 1874. Il s’est engagé en1883. Il est d’ailleurs intéressant denoter la démarche qui l’a conduit àl’abstinence. Alors qu’il est dans sonchamp, fatigué, écrasé par sa situationd’alcoolique, il s’écrit : « Misérableque je suis,qui me délivrera,pardonne-moi encore cette fois, Seigneur,donne-moi de ne plus jamais boire » ;on retrouve ici la démarche conduisantà l’abstinence, à savoir : une prise deposition personnelle (c’est lui quiparle), la reconnaissance de sa situation(misérable que je suis), l’expressiondu désir d’être délivré (qui me déli-vrera) et enfin la prise de consciencequ’il doit regarder au-delà de lui-mêmepour s’en sortir (Seigneur donne-moide ne plus jamais boire).À cette époque, et c’est très caracté-ristique, la lutte n’est pas centrée sur une personne mais sur un fonctionnement social qui conduit às’alcooliser, il faut changer le systèmeet la société (pays anglo-saxons etscandinaves), ou s’arracher à lui fautede pouvoir le changer (Suisse, Franceet le reste de l’Europe) en créant denouvelles habitudes, de nouveauxlieux comme mettre en place destavernes et des auberges sans alcool,encourager la formation de groupesabstinents.Remarquons aussi qu’à cette époque,la médecine s’intéresse peu à la per-sonne alcoolique. L’alcoolisme n’estpas reconnu comme une maladie.Les choses vont changer à partir de1935 lorsque deux buveurs améri-cains devenus abstinents vont créerles Alcooliques Anonymes. Ce n’estplus la place de l’alcool dans la sociétéqui est mise en cause, c’est la personne elle-même qui a des

N°161 • Été 2008 7

et la société ?

Serge SOULIÉ

Changer

l’homme…

Page 8: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

troubles du comportement puis-qu’elle ne peut pas contrôler sesconsommations. Autrement dit, onpasse d’une problématique de lasociété à une problématique indivi-duelle. C’est la personne concernéequi doit recevoir le seul traitementpossible, à savoir :l’abstinence absolue. La dépen-dance est une affaire privée.À partir des années 50, le corpsmédical va s’emparer du problème etfaire de la dépendance une maladie.On ne va pas s’en plaindre. Ceconcept a permis aux alcooliquesd’accepter leur situation, de ne plusla cacher et d’entreprendre unedémarche de soins. Il a eu un effetpositif sur les soignants qui ont pus’affranchir du sentiment de rejetqu’ils avaient à l’égard de la personnealcoolique, cette dernière devenantune malade comme les autres. Enfin,l’entourage du buveur a pu relativiserles attitudes et les comportementsinacceptables de celui ou celle quiagit sous l’effet du produit de manièreirrationnelle.Ce basculement est soutenu par lesdécouvertes scientifiques ainsi quepar le renouvellement de l’approchepsychologique due à Freud et ses dis-ciples. Ces recherches sont toutesentières centrées sur la personne.Elles iront en se durcissant avec l’arrivée des méthodes de « thérapiecognitive ». La Croix Bleue n’échap-pera pas à ce glissement d’une problématique collective et sociale à une problématique individuelle.Repérons quelques signes.L’intervenantprincipal dans les congrès pendantles années 70 — 80 est désormais unmédecin, l’alcoolique devient unpatient. Le nom des grands alcoo-logues circule dans les instances de laCroix Bleue. Le mouvement se retiredes ? œuvres du protestantisme.Citons aussi le durcissement des pra-tiques de la Croix Bleue : la signatureest devenue un moyen pour s’arrêterde consommer (Barbier a signéparce qu’il avait arrêté). Le membreactif est devenu celui qui fait chaufferle barbecue, balaie la salle ou assuredes transports. Or il est un élémentactif – j’allais dire au sens chimiquedu terme – qui par ses mots et sonattitude agit et transforme la réalitédans laquelle il vit. Il a fait un choix

pour vivre autrement. Il n’est plus endanger dans la société, c’est le fonc-tionnement de la société qui est endanger avec lui. Enfin la Croix Bleuene devrait pas ressembler à un mou-vement d’anciens buveurs. Il mesemble qu’au départ elle est unmouvement qui rassembledes hommes et des femmesqui ont décidé de ne plusprendre d’alcool quelles quesoient les raisons de leurdécision. Ce qui les unit, ce n’estpas leur passé mais leur engagementet les tâches à accomplir.Aujourd’huila Croix Bleue est à un tournant. Lethème donné à ce congrès entémoigne « Choisir c’est possible ».C’est un discours paradoxal. Nousvenons de le voir : « Tu es guéri maisattention de ne plus boire », « tu esobligé de devenir abstinent mais tupeux choisir » Ces injonctions paradoxales témoignent des deuxdémarches entre lesquelles cheminela Croix Bleue : lutter contre l’alcoo-lisme en ayant la prétention de changerla société ou mener un combat de soignant auprès de la personneconsidérée comme malade.*Personnellement, je crains qu’en nedevenant qu’un mouvement d’anciensbuveurs, autrement dit en concen-trant tous ses efforts sur la personnealcoolique uniquement, la CroixBleue ne devienne qu’une sorted’« alcool assistance ».C’est en se recentrant sur la luttecontre l’alcoolisme que la CroixBleue retrouvera sa place.Contrairement à ce que l’on pourraitcroire, cette lutte n’est plus menéedans notre pays.Prenons l’exemple de la sécurité rou-tière : boire ou conduire ou encorecapitaine de soirée afin que les autrespuissent consommer en toute tranquillité ! Ne nous y tromponspas, c’est une lutte pour la sécuritéroutière – et nous nous en réjouis-sons car elle sauve des vies – mais cen’est pas une éducation sur la placeque doit prendre l’alcool dans nosvies et dans la société de tous lesjours. Or, si la plupart des gensconnaissent les effets de l’alcool auvolant, la société ignore les dégâtscommis à cause de celui-ci dans tousles domaines de la vie, sans parlerdes coûts qu’il représente et tout

particulièrement pour les pluspauvres.Ceux qui en tirent profit sontceux qui ont et des moyens et dupouvoir (à quelques exceptions près).C’est me semble-t-il sur la placede l’alcool dans notre société quenous devons centrer notre combat.Quelle société voulons-nous ?Lorsqu’à Virac je demandais à ceuxqui avaient terminé leur séjour s’ilsavaient de l’alcool chez eux, ils medisaient : « bien sûr, ce n’est pas parceque je ne dois plus boire que je vais priver les autres d’alcool ».L’intention paraît louable sauf qu’à yregarder de plus près, ceci veut direqu’ils continuent à se considérercomme des malades et qu’ils n’envi-sagent pas de modifier le contextedans lequel ils vivent. Peut-onalors guérir de sa dépendancesi l’on n’a pas une visionautre de ce que peut être lavie ? C’est cette vision qui est porteuse d’une guérison définitive, cen’est pas l’interdit. L’interdit estpesant parce qu’il laisse la personnedans la privation. C’est inventer uneautre culture, plus rare et plus finequi est porteuse de liberté. C’estinventer une autre façon d’être quiconstruit la personnalité. Il est trèsdifficile, certes, de changer notresociété, nous ne sommes plus àl’époque où les sociétés de tempé-rance avaient une influence directesur les gouvernements, mais nouspouvons vivre cela au sein de laSociété… Française de la CroixBleue. Alors peut-être verra-t-ellerevenir à elle ceux qui aspirent à unevie autre, une vie où l’alcool n’a plusla première place? Une place où on nelui fera plus jouer cette multiplicitéde rôles qui au final aliène l’humainet l’illusionne ?

Serge SOULIÉ

* Lorsque nous disons à une personne dépen-dante « tu peux choisir » ou encore « tu peuxguérir », ces paroles sont irrecevables si ladépendance est perçue uniquement comme unemaladie et si on reste dans le cadre du soin.Pour le médecin, le malade ne peut ni choisir niguérir. Il doit s’arrêter de boire et vivre avec cehandicap vis-à-vis de ceux qui peuvent consom-mer de l’alcool. Nous sommes dans ce cas dansle registre du médical. Dans le langage CroixBleue « tu peux choisir et tu peux guérir » suppose que tu n’es pas un malade parce que tune consommes plus d’alcool mais un être humainqui choisit ta vie comme bon te semble. Noussommes dans le registre du choix et de la liberté. Ces deux registres ne semblent pascompatibles !

Dossier : 47ème congrès

8 N°161 • Été 2008

Page 9: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

125 ANSDE LACROIX BLEUEEN 4 TABLEAUXDes Membres du Conseil d’administration : Danie Briand, Pierre Dunat, Yves Fénice, Ginette Hermetet,Jean-Pierre Le Juez, Jean-Marie Luttringer, Françoise Nicodeau, Michèle Paupardin, Linda Winter et Maurice Zemb, relatent 125 années d’existence de laCroix Bleue.Un diaporama réalisé par Jean-Philippe Anris illustre ces périodes.Un grand merci à Melle Lewis et Mr Pierre Kneubuhler, qui par leur travail de mémoire, ont facilité leur tâche pourvous présenter cet historique.

N°161 • Été 2008 9

Page 10: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

Dossier : 47ème congrès

De 1840 à 1950Le temps des précurseurs

« Aujourd’hui, nous sommes le 18 septembre 1874,je m’appelle Pierre Barbier, j’ai 39 ans, je suis unbuveur « invétéré ». Pardonne-moi Oh mon Dieu !Donne-moi de ne plus jamais boire ! » Sa prière futexaucée. Pierre Barbier fut délivré de son envie deboire. Il rencontre la Croix Bleue suisse créée en1877 par Louis Lucien Rochat.1880, le 30 octobre : Pierre BARBIER rencontre laCroix Bleue à la CHAUX-DE-FONDS en Suisse. Ilsigne son premier engagement.Il revient à Valentigney dans le Doubs et Lucy PEUGEOT, solidaire, signe elle aussi un engagementd’abstinence pris avec l’aide de Dieu.Le 14 juillet 1883, la Croix Bleue est créée enFrance.

ET PENDANT CE TEMPS LE CORPS MÉDICAL ET L’ÉTAT !….La fabrication de l’alcool jusqu’alors artisanale devientindustrielle.La Ligue contre l’alcoolisme devient CNDCA puisANPA et aujourd’hui Association Nationale dePrévention en Alcoologie et en Addictologie. La liguecontre l’alcoolisme commence des actions de prévention.La Préfecture de Paris reconnaît la Croix Bleue commeassociation le 8 mai 1904.En 1992, le ministère de la Santé reconnaît la CroixBleue d’utilité publique.

L'ASSOCIATION ÉVOLUELe journal « La Croix Bleue » qui plus tard s’appellera le Libérateur, voit le jour. Celui-ci estd’ailleurs interdit pendant la guerre.Une association, basée sur les mêmes principesque la Croix Bleue, se crée : « La Croix D’or ». Demême, ce mouvement sera à l’origine de « VieLibre ».La Croix Bleue s’installe au 47 de la rue de Clichyà Paris, dans la Maison du Protestantisme.Le premier centre de postcure pour hommes,d’inspiration Croix Bleue est ouvert à ChâteauWALK dans le Bas-Rhin.

Le vocabulaire change : on passe du « vicieux » à « l’ivrogne », de « l’intem-pérant « au « buveur ». Dans l’ordre religieux, il est toujours question du« pêcheur ».

ET PENDANT CE TEMPS LE CORPS MÉDICAL ET L’ÉTAT !…Le docteur LEGRAIN fonde la « société contre l’usagedes spiritueux » qui rejoint la ligue contre l’alcoolisme.La médecine ne s’intéresse qu’aux conséquences de l’alcoolisme, (cirrhoses, polynévrites).

10 N°161 • Été 2008

Page 11: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

De 1950 à 1975Le temps des mises en

place et des mises au pointPour faciliter les échanges et la rencontre desmembres de la Croix Bleue, le premier camp pourbuveurs est organisé dans les Bouches-du-Rhône.La section d’Aix-en-Provence propose aux « sanslogis », sortant de postcure, des chambres d’accueil.La maison de vacances de St Fortunat en Ardèchepermet aux anciens buveurs de se ressourcer, toutcomme le camping de Vernoux-en-Vivarais oùauront lieu les premières universités d’été.

ET PENDANT CE TEMPS LE CORPS MÉDICAL ET L’ÉTAT !….Les premières cures de dégoût à l’apomorphine fontleur apparition. L’utilisation de l’Espéral devient courante.En même temps la grande majorité des médecins consi-dèrent les Associations d’anciens buveurs comme étantmoralisantes et culpabilisatrices.Le Docteur Fouquet donne sa définition de la maladiealcoolique : « C’est la perte de la liberté de s’abstenir deboire. »Les Alcooliques Anonymes arrivent en France.

L’ASSOCIATIONAprès les bars et les foyers sans alcool, ouverture ducentre de postcure pour hommes des Freyguièresdans les Bouches-du-Rhône.Trois années plus tard, des bénévoles de l’associationœuvrent à la construction du Centre LE PHARE àLorient. Cette année-là, l’Assemblée générale de la CroixBleue débat du rôle des cures.

La personne n’est plus un « buveur excessif », mais « un malade alcoolique ».

ET PENDANT CE TEMPS LE CORPS MÉDICAL ET L’ÉTAT !…L’alcoolisme est reconnu comme maladie par l’O.M.S.Le gouvernement fait voter la première loi sur les alcooliques présumés dangereux.

Le sociologue américain Jellinek définit l’alcoolisme commeétant: « l’usage de boissons alcooliques qui cause quelquedommage à l’individu, à la société ou les deux ».L’État prend conscience du problème alcool et crée leHaut Comité d’Étude et d’Information sur l’Alcoolismerattaché au cabinet du Premier Ministre.Le Docteur Fouquet souligne l’exemplarité des associa-tions et affirme qu’elles sont indispensables pour aiderles personnes alcooliques.Le docteur HAAS organise des rencontres : maladeshospitalisés, anciens malades & médecins. Les psychiatrescommencent à prendre en compte l’alcoolisme de leurspatients.Le taux légal d’alcoolémie est fixé à 0,80 et devientdélictuel à 1,20 g/l. L’alcootest est vulgarisé.Les alcooliers organisent l’Institut de recherche etd’étude sur les boissons : « Les alcooliques sont ceux quine supportent pas leurs excellents produits » !Le Docteur Le Go crée le premier Centre d’HygièneAlimentaire.

L’ASSOCIATION1966, Premier versement d’une subvention directe pourle fonctionnement du Siège par le Ministère de la Santé.Obligation pour les sections d’établir un exercice financier,ce qui entraîne l’embauche de personnel administratifau Siège.A partir des années 1970, un travail en commun,Associations « Inter-Mouvements » et l’AssociationNationale Prévention Alcool permet, lors d’une confé-rence de presse, de présenter un projet de loi sur lapublicité.

La réflexion amène à parler du « buveur dépendant » plutôt que de « malade alcoolique ».

Au congrès de Longwy, intervention du DocteurVachonfrance qui réintroduit la guérison en lieu et placede la stabilisation.

N°161 • Été 2008 11

Page 12: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

Dossier : 47ème congrès

La formation nationale devient une nécessité pourla pérennité de l’association. Elle se met en placeavec pour premier Thème « La Visite ».La Croix Bleue est à l’origine du premier Centrede postcure pour femmes, La Presqu’ile àLonguenesse dans le Pas de Calais inauguré en1976.

ET PENDANT CE TEMPS LE CORPS MÉDICAL ET L’ÉTAT !….Les premiers lits d’alcoologie ouvrent dans les hôpitaux.Les séjours sont appelés cures de sevrage.Création de la Société Française d’Alcoologie par leDocteur Fouquet,ouverte à tous les acteurs en alcoologie,prenant en compte tous les aspects : médical, écono-mique, politique, judiciaire, etc.Ouverture des Centres de cure & postcure gérés parl’ANPA.La Région parisienne crée un premier poste d’animateursubventionné par la C.R.A.M.I.F.Le Professeur Jean Bernard consulte les Associationspour établir le plan de dix ans.Une forte majorité du corps médical veut que les associations soient leurs auxiliaires et les baptisent« néphalistes » ce que celles-ci réfutent.

L’ASSOCIATION15000 personnes célèbrent le centenaire de la CroixBleue Suisse à Berne en 1977.1983 : 100 ans de la Croix Bleue à Paris.Un important travail de fond est réalisé par lesMembres de la Croix Bleue : la mise en place de dossiersthématiques où différents sujets sont abordés tels que :« Publicité en Liberté », « Les mots clés de la CroixBleue », « L’alcoolisme au féminin », « la Guérison »,« Les Centres de Postcure », « Les jeunes en difficultéavec l’alcool ».Une donation permet de transférer le centre desFreyguières à Virac en 1986.En réponse au corps médical, une brochure sur la placede la Croix Bleue dans l’alcoologie est réalisée.1988, du nouveau à la Croix Bleue, un « ancienbuveur », non pasteur est élu Président national.

Les 110 ans de la Croix Bleue sont fêtés, sur la pelousede Saint-Cloud (Hauts-de-Seine).

La dénomination « malade alcoolique »est remplacée par « la personne en difficulté avec l’alcool ».

ET PENDANT CE TEMPS LE CORPS MÉDICAL ET L’ÉTAT !…La Loi Evin qui réglemente la publicité en faveur desboissons alcooliques est adoptée le 10 janvier 1991.Le Haut Comité d’Etude et d’Information devient leHaut Comité de Santé Publique, rattaché au Ministèrede la Santé.Le taux légal d’alcoolémie passe à 0.5 mg/l.

De 1975 à 1995Le temps du développement

& de l’évolution

12 N°161 • Été 2008

Page 13: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

N°161 • Été 2008 13

De 1995 à 2008Le temps du changement :

des associations au médicalET PENDANT CE TEMPS LE CORPS MÉDICAL ET L’ÉTAT !…Les exigences administratives imposées par les A.R.H.(Agences régionales d’hospitalisation) augmentent lour-dement les charges administratives des Centres depostcure de la Croix Bleue.Les C.H.A. gérés par l’A.N.P.A. deviennent des C.C.A.puis des C.C.A.A. « centres de consultations d’alcoologieet d’addictologie ».Création de la Fédération d’Addictologie.Dépistage systématique des stupéfiants en cas d’accidentmortel.L’ébriété sur le lieu de travail peut donner lieu à sanctiondisciplinaire.Les travaux de la S.F.A. s’orientent vers la recherche surles mécanismes générant la dépendance.La prévention demeure un enjeu essentiel,mais le soutienfinancier de l’État ne correspond pas au besoin.Sur plus de 1000 membres, la S.F.A. compte 97 % deprofessionnels de santé et seulement 3 % de membres d’associations.

L’ASSOCIATIONUn groupe de travail réexamine la mission del’association. Les statuts et le règlement intérieursont modifiés, des membres sympathisants sontaccueillis dans nos sections.2001, La Croix Bleue devient propriétaire du 189 rue Belliard à PARIS et y installe ses bureaux.2003, Commémoration du 120e anniversaire de laCroix Bleue à Valentigney.Ces dernières années, la Croix Bleue, dotée destechniques modernes ouvre son site internet. Il enest de même pour la majorité des sections.Un point accueil financé par la Caisse d’Épargnefavorise la venue des malades de l’hôpital Bichatainsi que toutes les personnes qui le désirent.2006, lancement du projet d’un centre pourhommes à coté de La Presqu’ile dans le Pas deCalais : L’Archipel.

Voici 125 ansd’histoire brièvementretracés, regardonsvers l’avenir, place auxprojets.

Le diaporama des 125 ans et l’historique intégral sont disponibles sur Internet.

Page 14: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

Dossier : 47ème congrès

14 N°161 • Été 2008

� Nous sommes actuellement dans la phase finale del’élaboration du Livret du responsable. Cet ouvrage, trèsattendu par nos membres, permettra de trouver réponseaux questions sur la fonction, les droits mais aussi lesdevoirs du responsable.

� Le Projet Associatif de notre association fera l’objetd’une insertion dans le Libérateur de mars 2009.

� La Croix Bleue française, intégrée dans le réseaualcoologique, participera à toute manifestation et ren-contre jugées utiles et constructives pour l’avancementde ses objectifs.

� Le site Internet, mis à jour régulièrement, est un outilmajeur pour notre communication tout comme leLibérateur ou nos plaquettes et affiches. Ce site évolueraencore intégrant de plus en plus de sections.

� Le Siège est redevenu un point accueil.Actuellementen partenariat avec l’hôpital BICHAT. Cette forme d’ac-compagnement pourra également voir le jour dans lessections, comme cela a été suggéré ici et là, et se dénommerait « point accueil-écoute ». Le but est de

favoriser les relations d’aides individuelles qui sont moinsenvisageables en réunion de section. Cette formulenécessitera une nouvelle forme de formation.

� Ouverture du centre S.S.R.A. « L’Archipel » à côté deLa Presqu’île dans le Pas-de Calais fin 2008.

Enfin, vous le savez à présent, l’ouverture est indispen-sable. Mais pas à n’importe quel prix. Nous devons garder nos valeurs, notre histoire, notre méthode. Il esttrès restrictif de nous considérer comme une associationd’anciens buveurs: c’est fermer la porte à toute unepopulation qui peut avoir sa place parmi nous. Nousdevons accueillir les personnes qui ont décidé de s’abstenir de boisons alcoolisées et toutes celles qui désirent soutenir notre démarche. Pour ma part, je poursuivrai avec intérêt les visites dans les sections etgroupes Croix Bleue permettant de développer l’écouteet le dialogue. D’autres projets sont à l’étude, vous enserez informés au fur et à mesure de leur avancement.

Maurice ZEMB

Projets

Ilest primordial de nous tourner versl’avenir: une association qui stagneest appelée à disparaître. Nous nedisparaîtrons pas!

Page 15: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

Avez-vous pensé à tous les choix que nous devonsfaire, par exemple, choisir de venir passer notreweek-end à Oullins? Car le verbe « Choisir »

comporte de nombreuses facettes.

Il y a, d’abord, des choix automatiques:Tous les jours, et dans les domaines les plus divers, s’offrentà nous et sans que nous nous en rendions véritablementcompte, de multiples possibilités de choix. Plusieurs se fontde manière naturelle, comme par exemple celui de se lever.Et puis il y a des choix plus ou moins imposés:Comme aller au travail… Certes, ces choix ne sont pas toujours souhaités,mais il faut quand même les faire! Notrepouvoir de décision s’en trouve réduit d’autant, mais lasociété a créé des impératifs de vie auxquels il est difficiled’échapper sans se marginaliser.Que dire des choix instinctifs?Ceux-là qui, malgré notre statut de bipède « évolué », ontété conservés au plus profond de nous-mêmes. Ces choixinstinctifs sont identiques au règne animal: subvenir à sesbesoins, se protéger et défendre les siens.Puis, vient le choix réfléchi…Car, au-delà du côté mammifère, l’homme pense! On a vu,dans cette faculté suprême, une supériorité incontestablede l’homme. Je pense, donc je peux réfléchir, se dit-il. Mais,l’homme s’aperçut vite qu’au bout de la réflexion, il y a souvent, voire toujours un choix à faire.Nous arrivons au choix responsable:Choisir en Être responsable pour être libre, car la liberté etla responsabilité forment l’un des couples les plus fidèlesque l’on connaisse: plus je suis libre, plus je suis à même defaire de nombreux choix. Ces choix peuvent ne concernerque moi (celui de mes vêtements) ou avoir des consé-quences pour d’autres personnes (celui d’un conjoint, celuide donner la vie à un enfant), ou encore des conséquencesà grande échelle (celui de répandre des produits polluantsdans la nature, celui de déclencher une guerre). Mais, je nesuis responsable de ces choix qu’à hauteur de ma liberté:Si je suis militaire, je ne suis pas libre de ma tenue vesti-mentaire et je ne peux donc pas être tenu pour responsabledu choix des chaussures, etc. Si la coutume veut que desparents choisissent le conjoint de leur enfant, on ne peutpas me tenir pour responsable de mon mariage. Dans cesdeux exemples je me contente d’exécuter un choix qu’on afait pour moi. Si quelqu’un me demande pourquoi je suishabillé ainsi, pourquoi j’ai épousé cette personne, la seuleréponse possible sera de dire que je me suis conformé à ladiscipline, à la coutume, à la loi.C’est ce qui arrive quand nous choisissons de nepas choisir… Alors d’autres le font pour nous.

Nous commençons à entrevoir l’entrelacement des mots:choix et liberté et aussi responsabilité. Ils sont intimementliés. Pas de choix possible sans liberté. Cela peut nous sembler évident car effectivement plus la liberté diminue,plus les choix s’amenuisent…Et, si nous ne choisissons pas, nous ne serons responsablesni de nos actes, ni de nos vies. Mais que dire du contraire?Pas de liberté sans choix responsable. Les notions de libertéet de responsabilité nous contraindraient-elles à faire deschoix? Ou, dit autrement: l’exercice de la liberté existe-t-ilsans imposer certaines contraintes?Eh bien, non. Car, par exemple, et même si c’est quelquefoisdiscutable, ce sont les Lois qui nous permettent de vivrelibres. Car, je vous le répète: il est impossible d’être libresans s’imposer des règles.Vivre sans règles, c’est vivre sanscadre, sans limites. Et sans ces repères, nous sommes perduscomme un navigateur dans la brume sans boussole. Et c’estaussi le choix, contraignant au départ, qui nous permet denous libérer de l’alcool.Nous sommes là aujourd’hui pour en témoigner : Lacontrainte de départ que nous nous imposons dans unchoix de vie sans alcool débouche sur une libération qui vabien au-delà de la seule problématique alcool. Nous avonsfait ce choix pour gagner un bien immensément précieux:celui d’être maître de notre vie en homme responsable deces choix. La vie étant tellement belle sans alcool, il devraitmême être impossible pour tous nos amis pris dans cetenfer de ne pas choisir d’être aidés et d’en sortir!

Oui, je l’affirme haut et fort: C’est possible dechoisir de guérir de l’alcool!

Yves FÉNICE

Message du dimanche matin

Les choixYves FÉNICE

N°161 • Été 2008 15

Page 16: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

Dossier : 47ème congrès

16 N°161 • Été 2008

Table ronde

Il estpossiblede choisir

Monsieur Paul KIRITZE-TOPOR, médecin alcoologue, régulateur.

Choisir c’est possible

Micheline CLAUDON, Linda WINTER, Dr KIRITZE-TOPOR, Marie-Amélie SIVADE et Marc MARGELIDON

Page 17: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

N°161 • Été 2008 17

M. K-T. : En fonction de votre perception personnelle maisaussi des réflexions qui permettent de réfléchir au possible,vous représentez des positions très différentes :

Marie-Amélie SIVADE, votre position de femme,ancienne alcoolique ;

Marc MARGELIDON, votre position d’hommeancien alcoolique, pourquoi avez-vous désiré être unautre homme?

Linda WINTER, qu’est-ce qui a guidé votre choix entant que femme d’un ancien alcoolique ?

Micheline CLAUDON, psychologue, en tant que soignant, tu as choisi de t’occuper d’alcooliques alors qued’autres choix étaient possibles. Pourquoi ce choix ?

M.C. : J’étais psychologuedans un service de médecineet j’ai vu des personnesmourir de l’alcool. Je nesavais pas comment m’enoccuper. Je travaille aujour-d’hui en alcoologie mais j’aifait le choix de rencontrerdes personnes hospitaliséesqui n’ont pas formulé dedemande de soins. Est-ceque l’on peut dire pourautant qu’ils n’ont pas choisi ? Peut-être que cespersonnes veulent quelquechose mais ne peuvent leformuler. Nous proposonset, peut-être qu’à partir delà, certains chemineront.Entre ce moment de miseen route et de mise enacte, il peut y avoir desd’années d’où l’importancedu relais avec les groupesd’entraide.

M-A.S. : Je me situe en tant que femme ex-alcoolique.J’ai un passé mais surtout beaucoup d’avenir.

M.M. : Quant à moi, Je me présente en tant qu’ancienmalade alcoolique guéri. A-t-on choisi d’être maladealcoolique ? On fait des choix pour sortir de la maladiemais on n’a pas fait le choix en amont de devenir alcoo-lique. Il y a aussi un terrain culturel. Mes parents tenaientun café. Qu’est-ce que j’allais faire de ma vie ? Ca n’allaitpas bien. J’en suis arrivé au point où le choix était simple :vivre ou mourir ? Une petite voix me disait : « Regarde lavie c’est merveilleux ! », et je voyais une petite photo surmon lit d’hôpital : celle de mon fils. Être parent est le plusbeau métier du monde. C’est le mien avant tout.

PKT : Linda, comment peut-on se définir en tant quefemme d’ancien malade alcoolique ?

L.W. : J’ai fait le choix de ne pas boire d’alcool d’abordpar solidarité. J’ai voulu vivre l’abstinence avec mon mari.

C’était un choix délibéré qui était pour moi une évidence.J’avais vu les dégâts de l’alcoolisme. J’ai eu un beau-pèrealcoolique, un mari, etc. J’ai voulu faire quelque chosepour les autres.

PKT : Donc le choix est possible à condition d’intégrerd’autres facteurs extérieurs : une histoire personnelle, unehistoire de couple, familiale, amicale, etc. Mais quand onest en phase d’alcoolisation active, est-ce que le choix estpossible d’arrêter ou de continuer ? Est-ce qu’il se pose ?

M-A.S. : Oui, même en buvant on se questionne. On estconscient du problème mais on n’a pas d’alternative.À un moment, j’ai décidé d’aller voir des structuresexistantes. J’avais fait un choix mais pour autant toutesles conditions n’étaient pas réunies pour aller au bout dece choix.

M.C. : Les personnes que je rencontre tous les jours ontle sentiment d’être piégées.Comment faire pour en parler?Ce n’est pas l’envie qui manque. Si nous proposons unchoix, les choses deviennent possibles. Je dis aux personnes hospitalisées : «Vous venez de vous casser unejambe, mais vous pouvez aussi arrêter l’alcool. Nous proposons ce chemin à un croisement. « Là vous êtessevré alors vous pouvez continuer ou reprendre l’alcoo-lisation ».Vous aurez à travailler cet arrêt, ce sera long,

Micheline CLAUDON et Linda WINTER

Page 18: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

Dossier : 47ème congrès

18 N°161 • Été 2008

difficile. De toute façon les choses ne seront jamaiscomme avant car il y aura eu ces huit jours d’arrêt d’alcool ».

PKT : Pour vous Marc, est-ce que cela résonne par rapportà ce que vous avez vécu ?

M.M. : L’alcool provoque un enfermement. L’alcoolismeest la perte de liberté et mon seul choix était le choix dumagasin pour trouver ma bouteille et comment fairedans ma vie professionnelle, personnelle pour boire ?Dans l’instant, on est obsédé du produit. On ne pense pasdu tout aller vers un autre choix de vie.

PKT : La citation de Proust, évoquée par M.Hochmann hierest très intéressante « On a tort de parler en amour demauvais choix, puisque dès qu’il y a choix, il ne peut êtreque mauvais. ». Il dit que quand on fait un choix c’est toujours quelque chose de douloureux car on est obligé demettre quelque chose de côté qui peut nous manquer. Etvous Linda, votre abstinence est un choix de vie, pas uneprivation mais malgré tout vous avez dû perdre quelquechose ? Avez-vous vécu une perte douloureuse ?

L.W. : Non, par contre j’aigagné l’estime de quelquespersonnes, l’amitié de beau-coup et surtout j’ai reconquistoute ma famille. On étaitdevenu presque asocial envivant dans l’alcool tout letemps. J’étais comme « alcoo-lique sans boire ».

PKT : En tant que conjoint,vous aussi aviez perdu votreliberté ?

L.W. : J’étais bloquée. Jen’avais que le choix de quittermon mari ou de rester. J’ai lesens de la famille. Je me suisbattue très fort contre l’alcool:un produit ne devait pas passer devant les enfants etmoi. Ce qui était douloureuxétait la présence de ce produit.Une fois le produit éliminé denotre vie, on est parti sur desbases nouvelles. On a fait lechoix d’un mieux-être et jen’ai jamais regretté mesannées à la Croix Bleue.

PKT : Même dans les situations qui peuvent nous semblerdésespérées, la restauration familiale heureuse est possible : une harmonie nouvelle mais sur des bases différentes. Cela pose la question de la confiance.

L.W. : Éliminer quinze années d’alcoolisme aprèsquelques semaines au centre de postcure, je ne pensaispas que cela soit possible. Je pensais à la rechute. Je n’aurais pas été étonnée si elle était arrivée Quelque partje me disais : Est-ce que je ne rêve pas !

PKT : La rechute, c’est quoi ?

M-A.S. : Rechuter, c’est ne plus choisir, ne plus respecterses engagements par rapport à soi-même. J’ai été capablede m’arrêter de boire pendant que j’étais enceinte. J’ai eutrois enfants hors alcool, mais dès l’allaitement terminé,j’ai repris. Quand je me suis arrêtée de boire, cela n’a pasété difficile, je savais que je pourrais reprendre après.

PKT: C’est donc une question d’engagement vers un objectif.

M.M. : La rechute ? Je n’y pense pas, j’ai fait le choix derenoncer à ce produit qui pourtant m’a donné pas mal de

Dr KIRITZE-TOPOR

Page 19: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

N°161 • Été 2008 19

plaisir au début. Il a fallu également renoncer à un certainnombre de choses car on ne nous apprend pas à vivresans alcool. On doit aller à contresens des habitudesvécues dans la société. Mais aussi, se crée un équilibre :Qu’est-ce qui est important ? Toujours la question de vieou de mort. C’est tellement merveilleux ce que j’airetrouvé. J’ai retrouvé des valeurs… J’ai été un mauvaismari mais je compte bien réussir mon divorce.

PKT : Mais c’est le fruit d’un processus lent. Et l’entouragetrouve que cela ne va pas assez vite. Et vous, Micheline,quelle est votre attitude par rapport à la rechute ?

M.C. : La première chose que je dis : « Je ne sais pas comment sera notre relation, je ne sais pas combien detemps cela va durer. Je ne vous demande qu’une chose sivous reconsommez, revenez. Le plus important est quel’on reste en lien » Je crains moins les reconsommationsque les perdus de vue. Les personnes ont peur de nousdécevoir, de nous trahir, de se trahir.Un travail d’éducationest à faire : apprendre à reconnaître les envies d’alcool,les reconsommations. Il faut que les thérapeutes, les partenaires, les associations laissent parler. Il existe destechniques. Cela se travaille. Ayez un plan d’urgence.Ayez des personnes ressources avec lesquelles vous pouvez échanger. Même en cas de reconsommation, il ya un choix possible.

PKT : Est-ce qu’une décision prise par rapport à l’autre,pour ne pas décevoir l’autre est en fait une position denon choix ?

M.M. : Il y a plusieurs étapes. Dans l’alcool on passe parla phase de victime mais on est surtout victime de soi-même. On se complaît dans ce rôle, mais quand ons’ouvre à l’interrogation sur soi, on accède au choix, auchangement de vie. Au début, on n’imagine même pasqu’on soit alcoolique.

PKT : Le choix de la décision d’arrêter la consommationn’est fait que quand il y a vraiment eu conscience que celane peut plus continuer. Tant que cela ne s’aménage pastrop mal, on se dit : « je peux continuer, je peux m’arrêtercomme je veux, je peux reprendre quand je veux. »L’asservissement au produit est tel que l’on ne peut plusfaire le choix d’arrêter. Pourtant quand il y a une mise enconscience et quelqu’un à côté qui peut faire travailler là-dessus apparaît la possibilité de choisir une autre voie.Maintenant, prenons le cas où j’accompagne une personnependant un ou deux ans. On va travailler, on va creuser leproblème et cette personne me dit qu’elle veut continuerà boire : quelle est ma position ? Comment vais-je réagir àcela ?

M-A.S. : En tant que membre de la Croix Bleue, je seraitroublée, déçue. Je me sens responsable de l’autre. Je vaisculpabiliser. J’ai donné du temps, de l’énergie et cela n’apas réussi. Je ne vais pas regarder l’autre tel qu’il est maismoi à travers l’autre.

PKT :Vous seriez responsable de lui et lui n’aurait pas lechoix de sa propre décision ? ! Et vous, Linda, si votre marivous disait : « je vais bien mais j’ai envie de faire l’expé-rience de reprendre un petit verre de temps en temps àl’occasion. »

L.W. : Je serais choquée. Je crois que je serais en colère.Si quelqu’un me dit : « j’ai envie de reprendre de l’alcool », je réponds : « c’est ton choix, je n’y peux rien ».Je ne culpabilise plus, mais si cela arrivait à mon mari, jene pense pas que je serais aussi neutre. Quand nous enavons discuté, mon mari m’a dit : « Je ne pourrais pasrevenir à ce que j’étais. ». Cela me rassure mais on ne saitjamais ce qui peut arriver ni quelle réaction j’aurais.

PKT : Mais ce qui est important est que vous en ayezparlé, que vous ayez posé cette hypothèse. Il n’y a pasd’interdit, de peur. Quand l’idée de l’abstinence se fait, deschoix nouveaux parfois douloureux apparaissent : est-ceque mon couple est encore possible ? Peut-être que non.D’autres choix vont apparaître et ces choix ne sont pasexactement ceux auxquels on avait pensé.

M.M. :D’abord, je fais le choix de l’abstinence, puis je faisle choix d’être membre actif de la Croix Bleue et d’allervers les autres. Aider l’autre n’est pas forcément facile.La preuve est que justement on s’interroge sur l’attitudeà adopter quand l’autre a rechuté. Je ne veux pas convertirtout le monde. Si, avec le discours, l’engagement, et lesméthodes Croix Bleue, je peux aider au moins une personne à sortir de cet enfer, je serai le plus heureuxdes hommes.

M-A.S. : En réunion de section, une personne disait :« Je ne peux pas et je laisse tomber. » On lui a répondu :« C’est ton choix, on ne peut rien contre ton choix maissache que nous serons toujours là pour te tendre lamain. ». C’est important de savoir l’association présente.

PKT : Est-ce l’association, ou vous dans votre relation àl’autre ?

M.C. : Quand je vous présente, je ne dis pas « La CroixBleue » car aux patients cela ne leur dit rien. Mais je leurdis : « acceptez-vous de rencontrer quelqu’un de différentde moi avec qui je travaille, en qui j’ai confiance ». C’estune relation de personne à personne. La méthode viendra dans un second temps.

Page 20: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

20 N°161 • Été 2008

Dossier : 47ème congrès

LW: Quand je vais voir quelqu’un, je dis : s’il y a un problème, nous sommes là.

PKT : Pourquoi pas je ?

LW: Ou je. Je suis là. On propose quelque chose à lapersonne sur un ton de facilité : il suffit de prendre letéléphone… mais est-ce aussi facile qu’on le dit ? Je ne lepense pas.

PKT : Quand on est prisonnier de la dépendance, est-il difficile de téléphoner et d’aller le dire à l’autre ?

MAS: Dans la reconsommation, il y a trop de culpabilité.Moi je crois que je n’aurais pas le courage. J’ai eu déjàbeaucoup de mal à aller dans le local de la Croix Bleuealors que j’avais déjà rencontré une personne. De plus Jeme présentais dans une situation positive, comme quelqu’un qui allait arrêter de boire. Mais si j’avais àrepousser cette porte pour annoncer que j’ai reconsom-mé ! C’est un courage terrible, difficile à imaginer.Cependant c’est aussi une preuve deconfiance, donc c’est parce qu’il y a uneénorme solidarité que ce geste est possible.

PKT : Le regard des autres va amplifier,renforcer votre culpabilité, mais c’est toutela difficulté d’un choix qui est restreint parpeur et culpabilité car le regard de l’autreest là. Ce n’est possible que si on a la certi-tude d’un regard serein. C’est pourquoi ondoit avoir un regard non jugeant.

MAS : C’est une des forces de la CroixBleue.

PKT : Tout le travail fantastique est d’avoirun autre regard sur la rechute, autre que leregard du commun pour éloigner cette peur que vousavez très bien exprimée, peur très active. Mais dire àquelqu’un à 30 ans qu’il ne va plus reconsommer, celan’est-il pas insupportable ? Cela n’ampute-t-il pas complètement tout le choix possible pour l’avenir ?

MC: Un jeune nous a dit au groupe de paroles : « J’ai faitle choix de ne plus avoir le choix. ».

PKT : Si l’on reprend la définition de Fouquet : perte de laliberté de s’abstenir, elle a un deuxième versant la pertede la liberté de reprendre de l’alcool comme tout lemonde car on est dans un pays où le verre à la main, celaexiste bien. La perte de liberté de choix est une perte deliberté de se réintégrer dans une majorité de population,dans la société.

MM: Cela existe bien. Mais j’ai changé. Je dis : « je n’yvais pas. Qu’est-ce qui est bon pour moi ? Je n’ai pasenvie de crever mais j’ai envie de vivre ! »

PKT : C’est une saine colère !

MC: L’alcool est un produit puissant et la société nousengage à consommer. Je crois beaucoup à l’information.Cela n’est pas interdit de consommer, c’est un choixcourageux !

« On a toujours le choix.On est même la somme de ses choix. »

Joseph O’Connor - Extrait de Desperados

Marie-Amélie SIVADE et Marc MARGELIDON

Page 21: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

Le président, Maurice Zemb,accueille et remercie lespersonnalités locales et lespartenaires de cette journée :

M. Jean Noël BUFFET,Sénateur Maire d’OULLINS,

M. Michel TERROT Député,

Mme MARQUANT de l’ANPAA,M. Jacques RANDU,

Président d’honneur d’Alcool Assistance,M. et Mme GALAYDA,

Mme CARNEVALE et M. POSTEL représentants la région Rhône Alpes del’association VIE LIBRE,

M. HUGON représentant l’associationRenaissance d’Oullins.

Les associations amies de la région RhôneAlpes.

Les personnes excusées : M.TOMCZAK,Président de la Fédération Nationale desAmis de la Santé, Mme CORREGE,

Présidente de la Fédération Nationale Joieet Santé,

M. DELAHAYE, Président national de VieLibre,

M. REGEREAU, Président de la CNAMTS,M. BATY, Président de la FédérationProtestante de France,M.VERGNOL et M. RIVE, Président etSecrétaire général de la Mission PopulaireEvangélique de France,

M. le Dr LIENHART du CentreAlcoologique de St Cloud.

Nos partenaires : La ville d’Oullins, lesLaboratoires MERCK, la chocolaterieVOISIN à Lyon, la boulangerie Champvertà Lyon, Intermarché d’Oullins et la RégieCentrale Immobilière de Villeurbanne.

« Nous sommes une association vivante,saine. Nous mettons tous nos forces enœuvre pour favoriser les changements desituations souvent extrêmement pénibles.Nous avons la chance de pouvoir comptersur un ensemble de personnes de valeurqui ont fait un vrai choix de vie.Rassemblons nos compétences. Prenonsen compte la totalité des besoins et desattentes des personnes en difficultés maissurtout n’oublions pas leur entourage.

Pour ce, nous devons agir ensemble,chacun à sa place, avec ses compétences.Entourons-nous de personnes qualifiéespar un partenariat solide. Nous savonsaccompagner, c’est notre action depuistoujours et nous sommes convaincus quel’alcoolisme peut régresser. Mais donnons-nous les moyens et demandons à noshommes politiques et à nos instances denous suivre dans notre démarche. Le béné-volat est très actif dans notre pays, mais ilne faut pas rester sur des promesses. Quechacun et chacune, à sa place et avec sesmoyens, exprime ses choix.

Choisir c’est possible ! »

N°161 • Été 2008 21

Merci à nospartenaires

La ville d’Oullins, les Laboratoires MERCK, la chocolaterie VOISIN à Lyon,la boulangerie CHAMPVERT à Lyon, Intermarché d’Oullins et la Régie CentraleImmobilière de Villeurbanne.

Accueil des personnalités locales

Intervention du Président du dimanche matin

Rendez-vous en 2010, Caen accueillera notre 48e congrès !

Michel TERROT, Député du Rhône, François Noël BUFFET, Sénateur Maire d'Oullins ,deux autres représentants de la Mairie d'Oullins et Maurice ZEMB

Page 22: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

Au cours de ces 125 années d’ex-périence auprès des personnesmalades alcooliques et de leurs

familles, la CROIX BLEUE a vu la consom-mation d’alcool baisser régulièrement.Et pourtant, il reste que la France est lepays européen où la mortalité causée parce produit est la plus forte.Nous sommes tous aujourd’hui désemparésdevant l’évolution inquiétante d’une poly-consommation occasionnelle mais massivechez les adolescents et les jeunes adultes.Comment répondre à leurs difficultésaujourd’hui et qu’en sera-t-il d’ici quelquesannées ? Ils sont la société de demain !Actuellement, cinq millions de personnessouffrent de problèmes médicaux, de diffi-cultés psychologiques ou sociales liées àleur consommation d’alcool.Selon l’INSERM, le coût social équivaut àenviron 16 milliards d’euros par an équivalantà 1,42 % du PIB.Quant à l’ampleur des répercussions surl’entourage des dépendants, elle est inchif-frable.L’abus de boissons alcooliques est un phé-nomène alarmant et le dispositif actuel estloin de répondre aux besoins d’information,de prévention, de formation, de soin etd’accompagnement.� Le rôle positif et souvent décisif desassociations d’entraide nous donne toutelégitimité au sein du processus à mettre enplace pour la guérison de l’alcoolo-dépendant.L’accompagnement est au même titre quela prévention une action qui doit êtrereconnue comme telle, encouragée et soutenue financièrement par les orga-

nismes de tutelle.Si nous devons déplorer une détériorationdes moyens et de faibles mesures mises enœuvre, les lobbies ont, de leur coté unepolitique agressive. Leur message dénaturel’information, valorise et banalise l’alcool etainsi encourage la consommation excessive.De nouvelles boissons attractives arriventrégulièrement sur le marché pour séduiredes consommateurs de plus en plusjeunes.� Nous ne visons cependant ni l’inter-diction, ni la répression toutes deux ineffi-caces mais la liberté de choix.En matière de sécurité routière, on nousannonce le développement de l’auto-contrôle pour les automobilistes, cela nousparaît peu efficace quand on sait que deuxtiers des personnes impliquées dans unaccident mortel sans permis, ont perdu cepermis du fait d’un problème d’alcool. Il estpeu probable que ces personnes s’auto-contrôlent avant de prendre le volant.Par contre, nous saluons deux mesuresrécentes :� L’interdiction de la vente de boissonsalcooliques dans les stations-service, signi-fiant bien l’incompatibilité de l’alcool avecla conduite.� Et l’interdiction de la publicité pour lesalcools sur internet notamment ciblant lajeunesse.Mais nous attendons plus. D’autresmesures doivent suivre et nous regrettonsque les réflexions menées sur ce sujet nesoient pas suivies d’effets.� Quelle suite a été donnéeaux États généraux de l’alcool de 2006 ?

L’expertise collective de l’INCA (l’Institutnational du cancer) élaborée dans ce cadreavançait que boire même avec modérationaugmente le risque de cancer.� Quelle suite a été donnée aurapport d’Hervé Chabalier remis ennovembre 2005 au ministre de la santé ?� Quelle suite a été donnéeaux rencontres parlementaires dejuin 2006 intitulées "L’alcool en France : uncoût dénié"?� Qu’en est-il de l’objectif fixédans la loi de santé publique d’août 2004de réduire de 20 % la consommation d’alcool par habitant d’ici à 2008 !Il semble qu’à l’instar du déni du maladealcoolique, stade bien connu de la maladie,la société entière soit dans le déni face auproblème majeur de la consommationexcessive d’alcool et refuse de prendre sesresponsabilités.Une prise de conscience urgente de touss’impose pour élaborer une stratégievisant à réduire les conséquences désas-treuses au plan sanitaire, social, humain, del’abus d’alcool.

22 N°161 • Été 2008

Dossier : 47ème congrès

Motion du Conseild’administration

Françoise BRULIN

Page 23: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

N°161 • Été 2008 23

L’association

�La Croix Bleue a tenu

son Assemblée Générale

ordinairele samedi 19 avril 2008 à Issy-Les-Moulineaux.

Quatre-vingt-treize délégués présents oureprésentés, douze membres du Conseild’administration national, sans oublier les

responsables de groupe, les trois directeurs des centres deS.S.R.A. et un membre du comité de gestion du camping,soit plus de quatre-vingts personnes, ont participé à cettemanifestation dans une ambiance faite de confiance et dedésir de travailler ensemble.Maurice ZEMB, président national, a rappelé l’énergiedéployée par les membres de notre association et a closson rapport moral en réitérant son souci d’ouverture.Danie BRIAND, trésorière nationale, a rassuré lesmembres sur la bonne santé financière de la Croix Bleue.Le montant de la cotisation nationale 2009 fixée à 25 eurosa été adoptée.Jean-Philippe ANRIS, responsable administratif dusiège, a témoigné du dynamisme de cette entité, du bonesprit de travail avec le conseil d’administration et de saparticipation sans cesse croissante avec les instancesextérieures.Plusieurs questions ont été posées aux trois directeurs decentre. Une préoccupation des délégués portait sur la poly-consommation grandissante et les directeurs ont faitpart de leur pratique respective.

Alain CHARPENTIER, actuel directeur du centre LaPresqu'Île, a présenté un diaporama de l’avancement destravaux du futur centre pour hommes (16 lits), L’Archipel,qui ouvrira fin 2008. La construction s’est faite dans unsouci de développement durable : emploi du bois, toiture enzinc, panneaux solaires, récupération des eaux fluviales, etc.Yves FÉNICE, responsable de la commission deformation, a insisté sur la nécessité de la formation, tantpour le développement personnel des membres que pourgarantir la qualité de notre activité auprès des instances detutelle.Michèle PAUPARDIN, membre du comité de gestiondu camping a rappelé que le camping est ouvert à toutepersonne même extérieure à la Croix Bleue mais acceptantde ne pas consommer d’alcool pendant son séjour.L’assemblée générale du samedi a été suivie le dimanchematin par la traditionnelle journée d’étude consacrée au « Livret du responsable ». Chaque section présente a puramener un exemplaire de cet outil de travail.À l’année prochaine, pour la prochaine assemblée prévue le18 avril 2009 à A chères !

Yves FENICE, secrétaire, Danie BRIAND, trésorière et Maurice ZEMB, président

Page 24: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

L’association

Le Centre du Phare vient deconnaître un grand chamboulement !François COUSIN a fait valoir sesdroits à la retraite et fait ses adieuxle 13 juin 2008.En septembre 1993, lors de sa prisede fonction, le prix de journée duPhare était l’un des plus bas deFrance. Comme François aime bienle rappeler c’était, au petit déjeuner :« beurre ou confiture », alors quedorénavant c’est les deux !Avec l’énergie qu’on lui connaît il aréussi à donner à ce Centre toute saplace dans le monde alcoologique. Ilest aujourd’hui connu et reconnu. Ila toujours considéré prioritairel’intérêt des résidents et leurévolution vers une vie sans alcool,sachant transmettre cet étatd’esprit à toute son équipe.Sa clairvoyance, ses conseils avisésmanqueront à tous, membres de lacommission des centres, directrices,directeurs et membres du conseild’Administration. Souvent nous

avons fait appel à lui et actuellementil participe encore à l’élaboration duProjet Associatif.Personnellement, j’ai apprécié sadroiture et sa franchise tout au longde nos rencontres toujours richeset profitables.Je lui souhaite, au nom de l’ensemblede la Croix Bleue, une bonneretraite vraiment méritée. Je saisqu’il s’est retiré dans un endroitidyllique avec Christine. Les travauxde jardinage l’attendent dans leurferme de la campagne bretonne,mais également un nouvelinvestissement comme élu local.Pour remplacer François COUSIN àla Direction du Phare, notre choixs’est porté sur Madame FlorenceMASCHELEIN. Par la Mutualité29/56 d’où elle est issue, elle connaîtle Centre, ses objectifs et souhaitemener au mieux la tâche que nouslui avons confiée. Nous luisouhaitons beaucoup de courage etl’assurons de notre soutien et désirde bonne collaboration.

Maurice ZEMB

Le Centre du

PhareFrançois COUSIN

Attention nouveaux tarifs pour 2008 : 18 eurosLe Libérateur quatre numéros par an 18 €

� Mme � Melle � M. : ................................................................................................................

Adresse : ........................................................................................................................................................

..............................................................................................................................................................................

..............................................................................................................................................................................

Vous pouvez aussi parrainer une personne de votre choixen offrant un abonnement !

Abonnement simple ............................................................ 18 € �ouAbonnement & don .................................... plus de 18 € �ouDon* simple ........................................................................................................ �

Ci-joint un chèque du montant choisi établi à l’ordre de la Croix Bleue

*DonL’association, reconnue d’utilité publique, est habilitée à recevoir legs et dons. La déduction fiscale est de 66 % dumontant du don. Pour les sommes supérieures à 15 euros,un reçu fiscal sera envoyé.

Bulletin d’abonnement et /ou de don

�À retourner à :Association la Croix Bleue, 189 rue Belliard, 75018 Paris.

Florence MASCHELEIN.

Page 25: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

Les sections

��Sarreguemines :

Pêche à la truite

Dimanche 4 mai 2008, la Croix Bleue Section deSarreguemines a organisé son concours depêche à la truite annuel avec remise de prix. Le

beau temps ayant été de la partie, la journée fut plusqu’agréable. Un barbecue a été organisé sur place.Nous remercions tout particulièrement Marianne ROSSet Bernadette BLAISON qui nous ont fait l’honneur departiciper à cette merveilleuse journée.

Julien MEYER, Responsable

Bouxwiller Près de 120 personnes ont assistéau concert organisé par la sectionCroix Bleue de Bouxwiller avec leconcours de la chorale "LesChœurs Joyeux" de Soucht. Cettesoirée, mêlant chants, témoignageset présentation de l’associationavait pour but de nous faireconnaître sur le canton deHochfelden où une permanencebimensuelle vient d’être ouverte.

Jean-Claude SCHERER

à Saint-QuentinNouveaux membres

La dynamique saint-quentoise trouvait sarécompense en recevant le samedi26 avril trois nouveaux membres actifs :

Elisabeth, Nicole et Michel ainsi que deuxnouveaux membres adhérents : Nadège etRégis. Dominique POUCHAT, responsablelocal, avait choisi un thème de circonstance :

« Oser être heureux ». Avec lesinvités, Sylvie, directrice du CCAS,Jacques, éducateur spécialisé ados-dépendants, et Sabine, aide-soignante, la réunion s’est enrichied’un regard extérieur.Pour conclure le thème d’une façonoriginale, Sylvie et Dominique, selancèrent dans un face à faceillustrant les points suivants :

discerner le mal-être, écouter, dialoguer,rencontrer et ne pas rester seul. DanielBoiffier rappela le rôle du membre actif etprocéda à la remise d’insignes.La participation très importante à cetteréception, soixante-huit membres, dénotela bonne santé de la section.

Dominique POUCHAT

Journéepétanque/barbecue

Le 12 avril 2008 Jacques NAUDavait choisi d’animer la réunionsur le thème « Comment

faire la fête sans alcool ? ».Cetteréunion a été très vivante grâce à labonne participation des nouveauxarrivants. Le lendemain, la sectionmettait en pratique le thème de laveille en organisant une journéepétanque/barbecue sur les installationsde la ville de Gauchy (banlieue deSaint-Quentin) mises gracieusement ànotre disposition. La joie, les éclats de rire qui fusaient lors des parties,la convivialité ont enchanté lacinquantaine de participants. Unejournée exceptionnelle et à renouveler.

Dominique POUCHAT

N°161 • Été 2008 25

Franche-Comté

Merci à René ROSSEL,Annie LAHURTE

et Gaby VOISARDqui quittaient le Collectif

Franche Comté ce15 mars.

Corinne Dérangère estla nouvelle responsable.

Page 26: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

26 N°161 • Été 2008

Formation

des

infirmiersPour la septième année consécutivenous sommes reçus chaleureusement àl’institut de Formation en SoinsInfirmiers de Forbach.Devant pas moins de 75 participants,un film est projeté concernant lamaladie alcoolique. Après commen-taires et témoignages des différentsintervenants, nous présentons lefonctionnement et les missions de laCroix Bleue.Les échanges avec les étudiants sonttoujours très appréciés.Après trois heures passées ensemblenous remettons une pochette avecdifférents fascicules concernant laproblématique ALCOOL à chaqueparticipant.

René Pernet

Assemblée générale de

L’HôpitalL’Assemblée générale de la section de l’Hôpital le 3 mars 2008 réunissait

les sections de Metz et de Sarreguemines, ainsi que les représentants desmunicipalités de l’Hôpital, St-Avold, Carling, Freyming-Merlebach, les

représentants des cultes ainsi que deux nouveaux de notre section à qui nousavons réservé un accueil très spécial.Après les différents rapports la soirée a été close par le verre de l’amitié.

René PERNET

Journée grillade

à NîmesLa section de Nîmes a reçu le samedi 26 avril les sections d’Aix, Castres

Mazamet, Montpellier, Arles, Lunel, Pont Saint Esprit, Salon de Provence,ainsi que Monique CRUZ, responsable régionale, Philippe FABRE, docteur

en alcoologie, le CCAA de Nîmes, Madame ZIANI, infirmière en chef du Sophorade Nîmes, le pasteur Cyril PAYOT et Maurice ZEMB, président national.95 personnes ont participé à cette journée riche en émotions et en partages.Le soleil et la chaleur étaient au rendez-vous.Merci à toutes les personnes venues.A l’année prochaine !

Didier VÉRON et Dominique PAUPARDINRespectivement de la section de Nîmes et de Salon de Provence

Rectificatif :A propos de l’articlesur la souffrance dessans-abri de la sectionde L’Hôpital, dans len° 160 du Libérateur, il fallait comprendreCHEQUE TEMPS etnon chèque tout court.

Les sections

Page 27: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

INFOS

Fermeture du siègedu 2 au 17 août 2008 pour congés annuels

Formation nationale(deux sessions exceptionnellement) :

18 et 19 octobre 20086 et 7 décembre 2008

Bel été à tous !

Engagement d’abstinenceForts de leur expérience, femmes et hommes de la Croix Bleue ont acquis la conviction que peut devenir possiblece qui ne l’a pas été jusqu’alors. Ils affirment qu’à partir de la rupture avec l’alcool, un renouveau intervient.La guérison est possible. Nombreux sont ceux qui vivent la confiance en Dieu comme une force essentielle.

Nom, Prénom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Je promets de m’abstenir de toute boisson alcoolique pendant : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Motif de la signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

engagement du. . . . . . . . . . . . . . . . . au . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

À découper et à renvoyer à : La Croix Bleue, 189 rue Belliard, 75018 Paris

N°161 • Été 2008 27

L’association

Thèmes à venir

Automne : La solitude

Hiver : Noël en Auvergne - Sous thème : L’espérance

Printemps 2009 : Projet associatif – Projets de vie

Libérateurle

Page 28: leLibérateur - Croix Bleue« les bouchons lyonnais ». Mais si l’industrialisation et ce culte du bien-manger ont eu un effet positif, ils ont révélé également des excès et

� �

La

Ca

isse

Na

tion

ale

d’A

ssu

ran

ce M

ala

die

, le

Min

istè

re d

e la

Sa

nté

et

la M

utu

ali

té S

ocia

le A

gric

ole

subv

enti

onn

ent

en p

art

ie l

e fo

nct

ion

nem

ent

du

siè

ge d

e la

Soc

iété

Fra

nça

ise

de

la C

roix

Ble

ue.

Soirée spectacle du samedi soir animéepar Pierre-Luc et Véronique