le suricate magazine - special rentrée littéraire belge

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Le Magazine Spécial Rentrée La littérature belge à l’honneur pour la rentrée littéraire 2013 ! Suricate interviews / critiques

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L'e-Magazine culturel en francophonie

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LeMagazine

Spécial RentréeLa littérature belge à l’honneur pour la rentrée

littéraire 2013 !

Suricateinterviews / critiques

Sommaire

Septembre 2013

Un suricate ne sait pas lire, vous oui !

CotationsRien à sauverMauvaisMitigéBonTrès bonExcellent

3

IntroductionInterview de Thomas GunzigManuel de surive à l’usage ...Interview de Kate MilieNoir JonctionInterview de Christophe CollinsInterview Delphine CoussementInterview de Francis DannemarkHistoire d’Alice ...

p. 5p. 6p. 7p. 8p. 9p. 10p. 13p. 14p. 15

p. 16p. 16p. 17p. 18

Interview d’Eric NeirynckInterview de Michaël FrisonInterview de Sarah Berti35 mmLa Nostalgie HeureuseFacebook, mon amourJambe en l’airLa Nuit des nusLe Jour du tiramisu

p. 18p. 20p. 20p. 21p. 21

5

dossier special belgique

Septembre 2013

Une publication du magazine

Le Suricate © http://ww.lesuricate.org

Directeur de la rédaction : Matthieu MatthysRédacteur en chef : Loïc SmarsDirecteur section littéraire : Marc BaillyDirecteur section musicale : Christophe PaulyDirecteur section théâtre : Baptiste Rol

Webmaster : Benjamin MourlonSecrétaires de rédaction : Pauline Vendola, Maïté Dagnelie, Adeline Delabre

Relation clientèle : [email protected]égie publicitaire : [email protected]

A élaboré ce numéro :

Marc Bailly, Fréderic Livyns, Véronique De Laet, Marc Van Buggenhout

Crédits

La Belgique est une terre fertile en écrivains.

Nous vous présentons ici quelques plumes dignes d'intérêt.

Parfois ce sont des débutants qui publient leur premier livre, parfois ils ont déjà une carrière derrière eux.

Nous remercions la librairie Club Place Flagey à Bruxelles qui nous en a fait rencontrer quelques-uns.

Alors, découvrez des auteurs bien de chez nous !

Marc Bailly

Ton roman peut s’apparenter à une critique de la société. L’écrivain ou l’homme que tu es, est-il choqué par le monde ?

Oui, bien entendu... Comment ne pas être choqué au quotidien par le monde. Il contient plein de choses merveilleuses, mais il est aussi terriblement brutal et cruel...

Tu as un regard critique concernant notre société de consommation. N’es-tu pas un « homo consommateur » ?

Je suis un pur consommateur. D’ailleurs j’adore les grandes surfaces, j’aime aussi m’acheter des choses, ça va du liquide vaisselle à un gadget high tech. Il n’empêche que cette société qui s’est construite depuis l’après-guerre, cette société du commerce et de la marchan-dise, a comme gros défaut de laisser l’humain sur le côté. Cela dit, je n’ai pas vraiment d’idée d’alternative... J’ai l’im-pression que, jusqu’ici, tous les modèles de société finissent par mal tourner.

Comment t’es venue l’idée d’écrire ce livre ?

Comme je le disais, j’ai toujours aimé les grandes surfaces, depuis que je suis tout petit. J’ai eu envie d’un roman qui ait une grande surface comme décor...

Tu parles pas mal « d’améliorations génétiques » par rapport à l’être hu-main. Penses-tu que cela soit réalis-able ? Et si tu devais améliorer ton propre corps, ce serait comment ? Avec quel animal t’associerais-tu ?

Franchement, je ne sais pas si c’est possible. Mais si c’est possible, il est probable que ça se fera. Et bien entendu, j’adorerais m’améliorer moi-même. J’ai-merais être plus souple, plus fort, résister à la fatigue, avoir une meilleure vue et une meilleure audition. Résister au froid, à la faim, à la soif... Les possibilités sont infinies...

Arnold Schwarzenegger, dont tu parles à différentes reprises dans ton livre, est-il une de tes idoles ?

Dans une certaine mesure, oui. Quand j’étais plus jeune, j’étais très fan de ses rôles dans Conan ou Terminator. Plus tard, je l’ai découvert dans Pumping Iron et on comprend à quel point il est autre chose qu’un culturiste. Il est terriblement intelligent et il a un charisme étonnant. Il incarne assez bien ce que notre société est devenue : une société de la performance et du cynisme.

On sent peut-être poindre aussi La ferme des animaux de George Orwell.

Je ne sais pas... Je ne l’ai jamais lu.

Les loups de ton roman sont-ils une référence au Petit Chaperon rouge, à la bête du Gévaudean ?

Non. Pas vraiment. Disons que le loup évoque beaucoup de choses. À la fois le sang, la peur, la mort, la violence. Mais aussi la nature, la vie sauvage, la liberté. J’aimais bien cette ambivalence.

Tolstoï est-il un de tes écrivains pré-férés ?

Je n’ai lu que le début de Guerre et Paix, mais je n’ai pas su terminer. Finalement, je crois que Tolstoï incarne assez bien l’image du « grand écrivain ». C’est pour ça que je m’en suis servi à un moment.

Thomas Gunzig est-il quelqu’un à la vision optimiste malgré tout ?

Heuuu... Disons qu’une fois qu’on sait qu’on va tous mourir sans doute dans d’affreuses souffrances et déçu de la vie qu’on aura menée, on peut se détendre un peu et profiter du temps qu’il nous reste...

Pourquoi écris-tu ?

J’aurais bien fait autre chose, mais aujourd’hui je crois que je suis trop vieux pour changer d’orientation.

Des chroniques, des romans, des pièces de théâtre, tu t’y retrouves dans tout ça ?

Oui. J’essaie de m’organiser et d’être régulier dans le travail. Mais honnêtement, il y a des jours où j’aimerais ne rien écrire du tout.

Tes projets ?

Évidemment, j’ai un roman en tête. Mais il est trop tôt pour le commencer. J’ai terminé un spectacle qui se jouera en février. Et aussi un scénario qui devrait se tourner en juin. Sinon, j’aimerais aussi réaliser un film. J’ai l’histoire, il ne me reste qu’à la scénariser... Et puis, il y a plusieurs projets de spectacle en cours...

Propos recueillis par Marc Bailly

6

A la rencontre de Thomas Gunzig

Littératureinterviews / critiques

!

Manuel de survie à l’usage des incapables

Stop, arrêtez tout. Dirigez-vous vers la première librairie disponible et allez acheter ce roman de Thomas Gunzig immédiatement. Cet auteur belge, à qui l’on doit déjà Mort d’un parfait bilingue, Kuru, 10000 litres d’horreur pure (Prix Masterton) et plusieurs recueils de nouvelles de grande tenue, nous livre ici un roman foison-nant, drôle, sarcastique, hallucinant et plein d’actions…

L’histoire se déroule dans un futur pro-che. On y suit Jean-Jean, surveillant dans une grande surface, qui, suite à un accident plus ou moins malheureux, est rendu responsable de la mort de Martine Laverdure, caissière dans la même grande surface. Son compagnon, Jacques Chirac Oussoumo, va raconter aux qua-tre fils de la victime, des hommes loups sanguinaires, ce qui s’est passé. Ils déci-dent immédiatement de se venger et partent à la recherche de Jean-Jean. Les frères Eichmann, leaders planétaires de la grande distribution, vont alors faire appel à leur arme secrète, Blanche de Castille Dubois, experte du service

Synergie et Proaction, pour résoudre le problème et protéger leur image de marque, et, de surcroît, Jean-Jean.

Dis comme ça, le roman peut paraître banal, mais ce serait sans compter tout le talent et l’intelligence de Thomas Gunzig. Car du talent, le bougre, il en possède. L’auteur construit son intrigue avec une fougue, un regard hors du commun sur notre société de consom-mation, sur la vie de couple, sur notre avenir… Les êtres humains sont généti-quement modifiés et upgradés. Ils sont « mélangés » avec des loups, des loutres, des serpents…

On vous y parlera de Tolstoï, de génétique, de meutes, de couple, de société de consommation, de Arnold Schwarzenegger, de vie, de mort, de domination, du paradis avec un non sense que seuls possèdent les grands visionnaires…

Un mélange de Tarantino, du Petit Chaperon rouge et de Blackstad, c’est tout dire… Un style efficace, ciselé,

déroutant, ambitieux. Un livre qui bous-cule dans le bon sens, dans la masse des livres souvent stéréotypés du paysage littéraire. Un savant mélange de lucidité, de cruauté, de talent. Un must incon-tournable.

7

La critique

Marc Bailly

de Thomas GunzigEditions Au Diable Vauvert

Septembre 2013

interviews / critiques

interviews / critiques

Qui es-tu et qu’écris-tu ?

J’ai écrit trois romans : Une belle époque, L’assassin aime l’Art Déco et Noire jonc-tion. Les deux derniers livres sont des polars et se passent intégralement à Bruxelles.

Les liens entre mes livres ? Une belle époque mettait en scène ma passion pour la fin du 19ème siècle et l’Art Nouveau. Par la suite, j’ai eu envie de découvrir l’époque d’après, l’entre-deux-guerres et l’Art Déco... En ce qui concerne Noire jonction, roman consacré à la terrible jonction Nord-Midi, je me suis offert un fascinant voyage dans le temps, inaugurée en 1952, ses premiers plans remontent à l’année 1840...

Tout se passe à Bruxelles, pourquoi Bruxelles ? Tu en es originaire ?

Non, je ne suis pas originaire de Bruxelles mais je vis dans cette ville depuis pas mal d’années. Je suis une urbaine, j’aime les villes, les déchiffrer, les humer, découvrir leurs mystères, leurs secrets... J’ai aimé mettre en scène des lieux de mon quotidien...

Les deux livres peuvent se lire indépen-damment ?

Noire jonction est une suite autonome de L’assassin aime l’Art Déco. Dans les deux livres, on y retrouve Marie, une guide touristique confrontée à des meurtres ou des actes de malveillance commis dans des lieux emblématiques bruxellois... Par sa connaissance des lieux, leur histoire, leur symbolique, elle mène l’enquête à sa façon...

Et pourquoi t’être intéressée au polar ?

Mon premier livre n’est pas un polar. Pourquoi être passée au polar ? Je ne sais pas, cela s’est imposé... J’ai trouvé follement amusant de sillonner la ville en imaginant un tas de trucs épouvantables dans des endroits connus.

De quel auteur pourrait-on te rap-procher ?

Impossible de répondre à cette question... J’ai dévoré tout Agatha Christie quand j’étais ado... Mais loin de moi de me comparer à cette reine du crime !

Depuis combien de temps écris-tu ?

J’écris depuis toujours. Mais je n’ai pas toujours écrit. L’écriture est venue à moi alors que j’étais très jeune, mais j’ai eu de longues périodes sans écriture... C’est cyclique... Mais il est vrai que depuis quelques années, je puise une énergie folle dans le fait d’écrire...

Pourquoi l’écriture ?

L’écriture est une ré/création... Une exploration de la condition humaine, une manière, pour moi, de mieux comprendre et appréhender le monde qui m’entoure...

Tes projets ?

Ils sont multiples ! Une pièce de théâtre à 4 mains (en attente depuis trop long-temps), des textes à corriger, et qui sait, peut-être, la suite des aventures de mon héroïne, Marie la guide...

Propos recueillis par Marc Bailly

8

A la rencontre de Kate Milie

!

Noire jonction

À travers un polar, Kate Milie nous propose de découvrir la jonction Nord-Midi à Bruxelles, un tronçon ferroviaire qui traverse la ville de part en part et l’a défigurée.

J’ai eu la chance de rencontrer Kate Milie lors de la pré-fête nationale organisée par la librairie Club de la place Flagey. C’était l’occasion de découvrir l’engouement, l’intérêt, la passion que l’auteure a pour la capitale de l’Europe.

D’abord intrigué par l’auteure, mais surtout par les lieux où se passe l’histoire de Noire jonction, je me devais de lire ce livre. Étant Bruxellois, et ayant passé les dix-huit premières années de mon existence devant une des cinq gares de cette jonction Nord-Midi (la Chapelle), je voulais en savoir davantage sur ces lieux que j’ai côtoyés pendant des années sans me poser de question sur leurs origines. Et Kate Milie y répond parfaitement, en décrivant minutieu-sement page après page, une partie de l’histoire de Bruxelles du début du vingtième siècle jusqu’à nos jours.

Comme je n’ai pas lu le précédent livre de Kate Milie, L’assassin aime l’Art Déco, je n’ai pas fait le lien lorsque Marie, le personnage principal, apparait dans ce livre. En effet, on suit Marie, une guide, photographe à ses heures perdues, qui va faire découvrir la jonction Nord-Midi à un groupe de personnes très hétéroclites. Il y a un écrivain suédois qui veut situer son prochain polar à Bru-xelles, deux jeunes artistes qui apportent

la joie et la bonne humeur, une jeune slameuse et une très vieille dame « Moeder Révolution ».

Derrière un projet de bar à textes, qui fait partie du programme Art/Jonction, les différents témoins, lecteurs, visiteurs sont invités à écrire quelques mots. L’évé-nement culturel se répétera et lors d’un dernier bal populaire et feu d’artifice, les textes seront visibles à tous.

Mais voilà, des poupées gonflables sont retrouvées ensanglantées. Puis, une participante aux activités du collectif Art/Jonction est assassinée. Un point com-mun ? L’ange de la couverture !

À noter, le changement de style qu’im-pose Kate Milie lorsqu’elle nous révèle les pensées de Tony, que je laisserai découvrir par le lecteur. Cela fait froid dans le dos. C’est écrit dans un style vif, énergique et moderne. On y trouve aussi une correspondance électronique.

Bien que Noire jonction soit un polar, on pourrait presque en faire un guide touristique sur la partie ferroviaire de Bruxelles. Il y manque évidemment les photos qui en feraient un vrai guide. Mais on ne sait plus vraiment si on a affaire à un roman touristique ou un guide romancé. En tout cas, le but est atteint en présentant un aspect de la capitale qui est très mal connu par ses propres habitants. Je ne cache pas que j’y ai appris beaucoup, et qu’en lisant le polar, je jetais fréquemment un coup d’œil dans le dictionnaire historique des

rues de Bruxelles de Jean d’Osta. Et dans le polar, j’ai découvert pas mal d’anec-dotes historiques qui m’étaient totale-ment inconnues. Il y a un sérieux travail de recherche dans ce livre. Même s’il tient en deux cents pages, il faut remarquer qu’il s’est fait grâce à un long travail de recherche.

Si je peux faire une suggestion à l’éditeur, c’est de proposer Noire jonction avec un marque-page représen-tant la jonction Nord-Midi. Ce sera plus facile pour le lecteur. Un petit détail qui m’a perturbé, c’est une réflexion faite par Tony à la page 13 : « C’est une fille comme moi, qui aime passer son temps dans les trains et les gares ». En tant que lecteur, on croit que cette personne est une femme, alors qu’on découvre plus tard qu’il s’agit d’un homme qui se nom-me Tony.

En dehors de cela, j’ai passé un agré-ablement moment de lecture, trop vite passé, qui incite à lire d’autres livres de Kate Milie. Pour rester dans la veine, je conseille au lecteur qui a aimé cette escapade bruxelloise et le style rythmé de Kate Milie, d’enchainer avec L’as-sassin aime l’Art Déco.

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La critique

Marc Van Buggenhout

de Kate MilieEditions 180°

Septembre 2013

interviews / critiques

interviews / critiques

Plusieurs romans sous son « vrai » patronyme, Christophe Collins nous arrive cet été avec un thriller « numérique », 35mm qui en remuera plus d’un…

Bonjour Christophe. Pourrais-tu te présenter en quelques mots à nos lecteurs ?

Dois-je en déduire que certains lecteurs ne me connaissent pas encore ? Toute bêtise mise à part, je m’appelle donc Christophe Collins/Corthouts, j’ai 43 ans, je suis écrivain « à temps plus que partiel », je suis fou d’imaginaire, de cinéma, de musique rock. Et plus largement de tout ce qui touche à la culture geek. Je suis aussi une « éponge » et je ne cesse jamais de collecter des tas d’infos sur les univers qui m’intéressent. Je peux ainsi m’extasier lors d’une conférence d’une heure, où les marionnettistes du Retour du Jedi ra-content des tas d’anecdotes sur le tournage. Une tendance qui peut fatiguer ceux qui m’entourent ! Ah oui, je le précise toujours, je déteste les brocolis, donc inutile de m’en envoyer pour mon anniversaire. Merci.

Comment en es-tu venu à l’écriture ?

Écrire est quelque chose qui est venu de façon assez « naturelle ». Déjà, je me souviens… Quand j’étais gamin j’adorais le principe même d’écrire. Avec un stylo, sur une feuille… Ensuite, j’ai été fasciné par la machine à écrire de mon grand-père. Il écrivait lui aussi des petits articles pour un journal de pensionnés. Et cette mécanique, avec les tiges qui frappent le papier. C’était presque magique. J’ai commencé par « copier » des scénarios de bandes dessinées. Et puis un jour, je me suis dit que je pourrais écrire mes propres histoires… Et voilà… Je m’y colle toujours ! Avec plaisir.

Ton dernier roman en date, un thriller nommé 35mm, vient de sortir aux éditions Cyngen. Peux-tu nous en parler ? Pourquoi avoir choisi cette maison ?

L’histoire de 35mm est un peu parti-culière. Lorsqu’en 2000 l’aventure « Na-turellement/Forces Obscures » s’est terminée, je n’avais pas vraiment de manuscrit « inachevé » ou « brouillon » dans mes tiroirs… Et pour diverses raisons, je n’avais pas toujours la tête à écrire… Puis, en 2002, le travail avec Henri Vernes a commencé. Ce qui me prenait la quasi-totalité du temps que je pouvais consacrer à l’écriture. Mais malgré tout, j’avais cette idée d’un polar avec des références cinématographiques qui n’arrêtait pas de me taquiner l’imagi-nation. J’ai fini par coucher sur papier les trois quart du manuscrit, assez vite. Et au final, c’est une amie qui, ayant lu les pages, m’a dit « Mais c’est très chouette, je veux savoir la fin ! ». Je me suis exécuté… Pour lui faire plaisir. Ensuite, j’ai découvert l’appel à manuscrit des Éditions Cyngen… Et puisque 35mm était là, je me suis dit… « Pourquoi pas ? ». Apparemment, le comité de lecture a été convaincu… Et voilà comment j’ai publié ce premier roman digital en juin… Je les remercie donc de m’avoir choisi ! Et non l’inverse.

Tu es également l’auteur de deux thrillers parus aux éditions Claude Lefrancq : Meurtres.com et Virtual world. Le thriller est-il ton genre de prédilection ?

Si par « thriller » tu entends un roman qui se lit « vite », qui ne lâche pas le lecteur. Oui, le thriller est mon genre préféré. Mais il y a des éléments « fantastiques » dans Virtual, comme dans Meurtres.com. Je

sais que les « vendeurs » de livres doivent faire leur boulot… Et qu’il est toujours plus facile de vendre un produit avec une étiquette claire. Mais j’avoue que je me sens parfois à l’étroit dans un seul genre. J’aime raconter des histoires… Et pour moi, les « genres » sont surtout des outils. Un peintre qui décide tout à coup de réaliser une œuvre sans utiliser la couleur jaune, c’est son choix. Cela peut même être audacieux, un exercice de style, etc. Mais lorsque j’écris, je ne me dis pas « tiens, je vais écrire un polar, ou un roman de SF », je me dis « hé, j’ai envie de raconter une histoire ».

Tu as également publié L’étoile de l’Est et L’équerre et la croix aux éditions 3Cinq7. Un petit mot ?

Un petit mot ? « go » ? C’est juste deux lettres… Ah lala, que je suis drôle. L’étoile et L’équerre sont le résultat de deux choses. Une rencontre et un par-cours. Le parcours, c’est celui de l’ini-tiation maçonnique, que j’ai entrepris il y a presque six ans. La rencontre, c’est celle de Max Rensonnet, le grand patron de La Commanderie, librairie liégeoise de goût ! Max avait dans l’idée de développer ses activités vers l’édition. Oui, il reste encore quelques fous sur cette planète. Et il m’a demandé si je voulais écrire quelque chose pour cette maison, qui s’appelle donc 3Cinq7. L’idée d’un commissaire de police, initié lui aussi, vivant à Liège et enquêtant sur des affaires un peu... ésotériques, s’est rapidement imposée. Sam Chappelle, c’est le nom de ce commissaire, avait déjà eu une courte vie sur le blog/site internet du Télémous-tique, mais dans une version plus classique. À l’époque c’était un détective privé qui bossait dans le milieu de la télévision.

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A la rencontre de Christophe Collins

interviews / critiques

Mais les bases du personnage et de l’écriture (à la première personne, avec des observations perso, une bonne dose d’humour, etc.) étaient déjà posées.

Tes personnages sont souvent dotés d’un humour caustique et même, parfois, de cynisme. Leurs vécus sont souvent riches et leurs personnalités développées et très différenciées. Com-ment abordes-tu la création d’un per-sonnage ? Le personnage de Sam Chappelle te ressemble-t-il un peu ?

Je pense que l’humour est la politesse du désespoir. Je ne suis pas un esprit chagrin, j’adore rire, ne pas me prendre la tête. Mais dans le même temps, quand je me pose et que je regarde autour de moi, je ne suis pas aveugle non plus… les choses ne tournent pas toujours très rond ! Je pense qu’une part de nos angoisses est fantas-mée. Et qu’elles servent bien la société de consommation telle qu’elle est installée. D’un autre côté, je n’ai pas trop envie de pécher par excès d’angélisme. L’humour, aux limites du cynisme de fait, c’est un moyen de prendre du recul par rapport à tout cela. Et te dire aux gens « attendez, on est là pour quoi ? 80 ans ? 90 ? 100 ans si vous avez un bon anus artificiel et un pacemaker ? Alors il faudrait peut-être apprendre à respirer. Et arrêter avec les bagarres d’égo ! ». Mes personnages, je les crée en piochant dans mes expériences, mes rencontres, les gens autour de moi. J’essaie qu’ils servent l’histoire, mais qu’ils soient aussi « intéressants » pour le lecteur, pas juste des silhouettes en carton… Même si j’ai bien conscience de jouer avec des « archétypes ». Sam Chappelle me ressemble un peu. Comme tous mes personnages. Je pense qu’il est en meilleure forme physique que moi. Et je suis plus diplomate que lui. Heureu-sement d’ailleurs !

Suis-tu un fil conducteur précis lors de la rédaction d’une histoire ? Élabores-tu une trame au préalable ou laisses-tu les personnages te guider ?

Je pars souvent d’une idée de base, qui ne me quitte pas pendant toute la rédaction. Parce que si on doit passer plusieurs semaines/mois avec une histoire, autant que cela soit un truc qui vous passionne vraiment. Ensuite, je réfléchis au point de départ, puis ensuite au point d’arrivée. Et je me mets à écrire. Il arrive effectivement que l’un ou l’autre personnage prenne plus ou moins d’importance. Mais géné-ralement, je me débrouille assez bien pour les mener là où je veux qu’ils aillent. Je

suis parfois obligé, par contre, au milieu de la rédaction, de jeter quelques notes et quelques plans sur papier, pour ne pas me perdre dans la temporalité de l’histoire. Surtout lorsqu’elle se déroule sur plusieurs jours, ou une période encore plus longue.

Tu fais de très nombreuses références littéraires et cinématographiques. Une façon d’attirer le lecteur vers des films ou livres qui t’ont plu ?

C’est un sujet que nous avons souvent abordé avec Maxime Chattam ! Celui de nos influences. Dans les années 70/80, la vague d’auteurs de l’imaginaire qui a débarqué, des King, des Koontz, des Masterton… Et une bonne partie des auteurs francophones des premiers temps du Fleuve Noir étaient des enfants du livre. Ils avaient tous lu Lovecraft, Poe, Matheson… Les grands classiques com-me Dracula ou Frankenstein. Ma génération est celle de l’image. Nous avons dévoré King et les autres… Tout en bouffant des kilomètres de VHS. Et je me réclamerai plus vite de Steven Spielberg ou de James Cameron, que de Barjavel ou Brussolo. Pourquoi ? Parce que quand j’avais 14/15 ans, j’écrivais déjà des histoires, mais je rêvais surtout de réaliser des films, de porter des choses à l’écran. Ensuite, la réalité te rattrape. Et à moins d’un coup de bol énorme, tu comprends que George Lucas ne lira jamais un de tes scripts. Par contre, moi j’ai compris que je pouvais, avec mon clavier, raconter mes histoires, sans aucune limite de budget. Dans Le syndrome Chronos, je décapite la statue de la Liberté ! Et je n’ai pas eu besoin d’infographiste, ni de rendus à 1 million de dollars la minute de film. Et lorsque j’écris, je visualise les scènes. Sous influence. L’influence de tous ces metteurs en scène qui ont forgé mon œil, autant que mon imaginaire. Du coup, quand j’écris, j’aime leur faire des clins d’œil… Pareil pour les auteurs que je cite. Si cela peut permettre aux lecteurs de découvrir des choses ? Tant mieux ! Je pense aussi que cela plonge lecteur et écrivain dans un « bain » de références bien agréable.

Tu as également écrit L’orgue de Léonardo et Le syndrome Chronos, des livres fantastiques parus dans la collec-tion Forces Obscures des défuntes éditions Naturellement. Peux-tu nous en parler et nous dire si tu reviendras vers ce genre littéraire dans l’avenir sous forme d’un roman ?

Comme je le disais plus haut, il y avait

déjà des éléments fantastiques dans mes deux premiers romans et quelques touches de SF… Et de l’action… Et… Ok, vous avez compris ! J’aimerai revenir au fantastique… Comme j’aimerai écrire bien davantage. Lorsque je me présentais au début de cette interview comme un écrivain « à temps plus que partiel » ce n’était pas vraiment une boutade. L’écri-ture n’est qu’une petite part de ma vie, même si elle est essentielle. Et je sais déjà, pour citer Graham Masterton, que je mourrai sans avoir couché sur papier toutes les idées qui me passent par la tête. Il faut donc savoir faire des choix.

Tu es également passionné par Star Wars. Tu y as d’ailleurs consacré deux livres : Star Wars, la légende paru aux éditions Naturellement et Star Wars, coulisses d’un mythe aux éditions Clau-de Lefrancq. Un petit mot sur cette passion ? Qu’est-ce qui t’a motivé à écrire ces ouvrages ?

Là, tu entres dans l’esprit du gamin de 10 ans ! C’est l’âge que j’avais lorsque j’ai vu L’Empire contre-attaque au cinéma. Je n’avais pas vu La guerre des étoiles, donc, mon entrée dans le monde de Lucas se fait par cet épisode. Et c’est le choc, dont des milliers d’autres auteurs/cinéastes ont parlé bien avant moi. La bataille de Hoth, Yoda… « Je suis ton père », après la lutte au sabre laser dans la Cité des Nuages et Han Solo plongé dans la carbonnite. L’Empire contre-attaque n’est pas l’épi-sode préféré d’une majorité de fans pour rien. Je suis donc devenu fan. Et resté fan ! Pas fanatique pour autant, puisque j’avoue que la prélogie a tendance à me gaver malgré quelques moments mémorables. Mais quoi qu’il advienne, on ne pourra jamais retirer à Lucas et ses collaborateurs de l’époque une chose : ils ont créé de toute pièce la seule mythologie cinémato-graphique qui perdure encore… Je me demande si, lorsque je serais dans mon home pour vieil écrivain aigri, on parlera encore d’Avatar, comme on parle aujour-d’hui de Star Wars. J’ai comme un doute… Les deux livres sont, du coup, des « extensions » logiques des papiers que j’avais rédigés depuis mon adolescence, sur toutes sortes de supports…

Graham Masterton a dit de toi que tu étais, je cite, « Le jeune auteur le plus intéressant et le plus divertissant que j’ai rencontré ces dernières années ». Tu as dû bondir de joie, non ?

La rencontre avec Graham Masterton et son épouse.

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interviews / critiques

C’est un grand souvenir de ma vie d’écrivain, de journaliste. Et de personne, tout simplement. Depuis, j’ai eu la chance de croiser pas mal de mes « héros » littéraires mais cette fois-là. Lorsque nous avons appris que Graham acceptait d’être l’invité de Phénix, à Bruxelles. J’avais « grandi » en lisant ses romans parus dans la collection Terreur. Et la rencontre, ainsi que les quelques jours passés à ses côtés ont été à la hauteur de ce que j’attendais. Ce type est d’une gentillesse, d’un professionnalisme. Ensuite, il est revenu une seconde fois. Et c’est à cette occasion que je lui ai parlé de L’orgue de Léonardo. Et de l’idée d’un orgue hanté, créé par Léonard de Vinci. Il m’a d’abord dit qu’il allait me piquer l’idée et rédiger le bouquin plus vite que moi ! Et puis ensuite, dans un sourire, il a accepté de rédiger la préface du bouquin. De fait, lorsque j’ai lu le texte, en anglais, j’étais trrrèèès content !

Tu as également écrit, en collaboration avec Henri Vernes, les 10 derniers Bob Morane pour les éditions Claude Lefrancq. Une histoire d’amour avec ce héros mythique ?

Je ne sais pas si c’est une histoire d’amour. Parce que l’amour, c’est inconditionnel, non ? Par contre, c’est un véritable attachement au personnage et à son auteur. Les aventures de Bob Morane, se sont aussi les premières histoires « sans image » que je découvre. Et je me rends compte soudain que les « livres » ne sont pas forcément des « briques » empreintes de solennité et de classicisme. Henri Vernes, c’est un peu ma porte d’entrée dans la littérature populaire. À partir de là, je vais découvrir Doc Savage, John Carter de Mars, la saga d’Elric ou encore Stephen King et des centaines d’autres. Alors, tu penses, quand je reçois un appel de Vernes en personne qui me propose une « collaboration », c’était… magique. On pourrait revenir sans fin sur les quelques rendez-vous manqués de Bob Morane avec le cinéma ou la grande distribution. Mais il reste que je suis fier de recevoir, encore régulièrement, un appel téléphonique de Vernes qui apprécie mon boulot sur Morane. Et qui aime d’ailleurs aussi beaucoup Sam Chappelle et son aspect truculent.

Si tu devais élire le meilleur de tes romans, lequel serait-ce ?

Ça c’est la question de merde hein ! Tu t’en rends compte ? Si je la joue cliché, je te réponds « le prochain », ou « il est

impossible de choisir un de ses enfants comme étant le meilleur ». Non, je vais répondre autre chose. Mon roman préféré, c’est La source de vie un récit de fantasy totalement inédit, qui le restera, et qui est le premier roman que j’ai mené jusqu’à son terme. Sur une vieille machine à écrire électrique que j’avais récupérée dans une brocante et qui sentait la graisse à frites ! Authentique !

As-tu un rituel spécifique lorsque tu écris ? Une manie particulière ?

Le choix de la musique ! J’aime quand l’atmosphère musicale, souvent des musi-ques de films, est en accord avec ce que je suis en train d’écrire. Comme je possède pas loin de 1.000 B.O., cela me laisse le choix ! Sinon, je n’ai pas de rituel particulier…

Y a-t-il un genre littéraire que tu n’as pas abordé mais que tu aimerais tenter ?

La comédie d’espionnage ! Je glisse toujours de l’humour dans les écrits. Mais écrire une « vraie » comédie d’action/d’espionnage, sous forme de bouquin, ça me plairait. Je ne sais pas si c’est possible, parce que ce genre d’histoire fonctionne souvent sur l’alchimie entre les acteurs, leurs phrasés, etc. Donc, comment rendre cela crédible et drôle sous forme tex-tuelle ? J’y arriverai peut-être un jour !

Tu as également officié comme traduc-teur, notamment sur le livre consacré à la série Seaquest avec l’ouvrage Sea-Quest DSV, police des mers. Cette expé-rience va-t-elle se renouveler ?

C’était mon premier boulot payé pour les Éditions Claude Lefrancq. La traduction des aventures du Capitaine Johns, puis celles de Seaquest DSV. J’avais mon nom dans un livre ! Qui plus est un livre dis-tribué en grande surface, en librairie, en boutique… Cela peut paraître stupide. Mais quelle fierté ! C’est par ce biais que j’ai pu proposer le traitement de Virtual World et voir mon premier livre publié. J’ai encore traduit, de ci, de là, quelques nouvelles. Je pense que si je voulais faire de l’écriture mon boulot « premier », il faudrait que j’investigue sans doute dans cette direction. Mais ce n’est pas à l’ordre du jour.

Quels sont tes projets futurs ?

Pour l’instant, je termine un thriller, qui se déroule à Liège, qui s’intitule Le protocole

Calatrava et qui est un « projet perso », sans aucune attache ni éditeur. Ensuite, je m’attèlerai à l’écriture de la troisième enquête de Sam Chappelle, dont le titre de travail est Le secret de Notger, mais cela pourrait encore changer. Ensuite, je pense que je donnerai une « suite » à 35mm, parce que les lecteurs ont l’air d’avoir apprécié le duo d’enquêteurs, Jack Sher-wood/Eloïse Lark. Et ils veulent savoir ce qu’il leur arrive ensuite. Et j’ai eu une idée particulièrement tordue l’autre soir. Je me suis empressé de la noter. Et le lendemain, elle me paraissait tellement monstrueuse, que je pense bien que je vais la garder !

Si tu devais donner un conseil à quelqu’un qui désire se lancer dans l’aventure de l’écriture, lequel serait-ce ?

Lisez. Regardez la télé. Lisez. Lisez. Et lisez. Et puis écrivez. Jetez les idées sur le papier. Trouvez votre rythme ! Une page par jour ? Dix ? Peu importe. Mais écrivez tous les jours. Même si ce n’est pas un roman, ni une nouvelle, mais quelques lignes de dialogues, une description. Ensuite, faites lire vos écrits. Autour de vous. Et pas seulement à des amis. Ou alors assurez-vous qu’ils seront impito-yables. Acceptez toutes les critiques. N’ayez aucun égo. Lisez vos textes à voix haute. Cela permet de réaliser très vite les tournures trop lourdes, des dialogues qui sonnent faux, les descriptions bancales. Et puis, le bon vieux truc de Stephen King : écrivez pour vous faire plaisir et écrivez sur ce que vous connaissez ! L’artiste qui souffre devant sa feuille ? Pitié ! Si c’est pour avoir mal, autant arrêter tout de suite et ouvrir une baraque à frites !

Propos recueillis par Frédéric Livyns

Critique de 35mm à la page 18

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Un premier roman sous la forme d’un journal intime. Un accident chamboule la vie de l’héroïne, Del-phine, et tout bascule…

Qui êtes-vous, comment pourriez-vous vous présenter ?

Je suis Belge, assistante sociale et mère de trois enfants. Écrire me permet de m’évader de mon quotidien. J’aime par-tager mes textes et découvrir la réac-tion de mes lecteurs.

Comment avez-vous eu l’idée d’écrire un roman ?

Au départ, j’ai entamé la rédaction de Jambe en l’air à titre de passe-temps. Son écriture a duré près de 12 ans avec des périodes où mon manuscrit est resté dans un tiroir. Puis la joie de le redécouvrir pour étoffer le récit, définir un fil rouge et lui conférer une certaine cohésion car les chapitres ont été écrits dans le désordre. C’est pourquoi, au final, il est assez conséquent.

Aviez-vous écrit avant ce roman ?

J’écris depuis l’enfance, de la poésie, des fables, des histoires, des nouvelles. Je n’ai écrit que des textes courts ou des débuts de roman, sans suite.

Présentez-nous votre roman.

Il s’agit d’un roman écrit à la manière d’un journal intime, décrivant cinq mois décisifs dans la vie de Delphine, mon héroïne. Tout débute par un accident qui chamboule toute son existence, tant au niveau professionnel, de sa vie quoti-dienne et amoureuse.

Malgré ce que l’on pourrait penser de prime abord, il ne comporte aucune connotation érotique. Il s’agit simplement d’un jeu de mot. Il faut comprendre « en l’air » dans le double sens « surélevée » par la mise en extension et « abîmée ». Je l’ai choisi afin de titiller la curiosité du lecteur.

J’ai beaucoup misé sur l’humour omni-présent dans le récit car c’est un trait de personnalité qui me caractérise dans ma vie quotidienne.

Certains lecteurs pensent que l’histoire est réelle. Mais seulement un pour cent du récit concerne des anecdotes qui me sont personnelles. Des lieux évoqués existent dans ma ville. Je ne la cite jamais mais les Mouscronnois s’y reconnaîtront.

Quel message aimeriez-vous faire passer par ce texte ?

L’idée principale est qu’une vie peut basculer à tout moment. Mais les changements peuvent être bénéfiques.

Pourquoi l’avoir écrit ?

Je souhaitais narrer une histoire qui me plaise et que j’aurais eu beaucoup de plaisir à découvrir d’un autre auteur. Mon but premier est de distraire mon lecteur, de tenter de le faire sourire, voire même rire à la lecture de certains passages.

À quel « écrivain » pourrait-on vous rapprocher ?

Je dirais peut-être Helen Fielding, auteure du Journal de Bridget Jones, sur l’idée de base du journal intime et du ton humo-ristique utilisé.

Delphine Coussement a-t-elle un rêve ?

Comme tout écrivain, que son roman connaisse un certain succès. J’aime rencontrer mes lecteurs et partager avec eux leur ressenti. C’est pourquoi j’ai créé une page Facebook (www.facebook.com/pages/Jambe-en-lair/336791866442428). Les lecteurs me disent que l’histoire accroche facilement et que si l’on commence, il est difficile de poser le livre car on désire connaître la suite des événements.

Comment avez-vous trouvé un édi-teur ?

Au hasard du net, je suis tombée sur le site d’Edilivre qui proposait d’envoyer son manuscrit. Je l’ai transmis afin de savoir ce que valait mon roman. Quelques jours plus tard, j’ai reçu une réponse positive et le processus de l’édition s’est mis en place.

Vos projets ?

Je continue à écrire des textes avec un personnage récurrent, mais sans schéma particulier. Je m’inspire de mon quotidien et des événements qui m’entourent. Il se peut qu’un jour je trouve le fil rouge qui reliera toutes ces petites histoires et qu’un autre roman naisse. Je me laisse porter au fil de mon inspiration sans me fixer d’objectif.

Propos recueillis par Marc Bailly

Critique de Jambe en l’air à la page 20

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A la rencontre de Delphine Coussement

interviews / critiques

Septembre 2013

interviews / critiques

Qu’écrivez-vous ?

J’écris surtout des romans. Ce sont des histoires qui tournent toujours autour de relations personnelles. Ce ne sont pas des romans sociaux, politiques. Ce sont des histoires intimes. Ça parle des gens et des relations personnelles qu’ils peuvent avoir entre eux.

De quoi parle votre dernier livre ?

Mon dernier livre a un titre très long. Il s’intitule Histoire d’Alice qui ne pensait jamais à rien (et de tous ses maris, plus un).

C’est l’histoire d’une femme et de tous ses maris. En général je suis plutôt gentil avec mes personnages et un jour je me suis dit qu’un jour je le serai moins.

Donc ici mon héroïne perd ses parents, elle a 16,5 ans et elle ne va pas bien. Elle rencontre un homme qui est beaucoup plus âgé qu’elle. Il lui dit « épouse moi et on s’en va ». Et elle dit oui. Ils vont vivre au Canada, c’est son premier mari. Deux ans après, elle le perd. Elle n’a pas 20 ans.

Elle n’est pas dans une très grande forme. Et là-bas, elle va rencontrer un Anglais qui

va tomber amoureux d’elle et elle va le suivre en Angleterre. Sa belle-mère va devenir sa meilleure amie. Son mari, d’une manière absurde et très bête, va mourir aussi.

Cette femme va rencontrer beaucoup de gens, se marier plusieurs fois, et perdre beaucoup de maris. C’est presque un mélodrame, mais je ne voulais pas écrire de mélodrame. Et c’est donc un roman assez joyeux, parfois même très comique qui raconte l’histoire d’une femme qui se laisse porter par la vie.

Elle ne se laisse pas rattraper par des idées toutes faites sur ce qu’il faut faire, sur ce qui est bien ou juste. A 30 ans, elle est veuve quatre fois. Elle va vivre très vieille avec cette curiosité, cet abandon, et aussi la présence de sa belle-mère qui va rester sa meilleure amie.

Comment trouver vous vos idées ?

Ce que je vois, ce que je lis, ce que je ressens. Je n’invente pas grand-chose. Je prends beaucoup de notes mentalement, et sur des bouts de papier.

Depuis combien de temps écrivez-vous ?

J’ai publié mon premier roman il y a 46 ans… J’écris de manière régulière depuis l’âge de 16 ans. J’ai commencé par des poèmes dans des petites revues, puis dans une anthologie et j’ai publié mon premier bouquin, j’avais 22 ans. C’était de la poésie. Les romans sont venus assez vite après.

Propos recueillis par Marc Bailly

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A la rencontre de Francis Dannemark

!

Histoire d’Alice, qui ne pensait jamais à rien (et de

tous ses maris, plus un)

C’est de la littérature et c’est du belge !

Édité chez Laffont, ce petit livre de 185 pages est un agréable moment de lecture. Avec un titre pareil, on se demande bien qui peut être cette Alice qui collectionne les maris au fil de son existence. Est-ce une mante religieuse ? Une femme qui porte la poisse ? Un vampire ? Une tueuse ?

Alice, c’est d’abord quelqu’un qui perd ses parents pendant la guerre. Son père qui bricolait une bombe pour les Alle-mands la fait péter un peu trop tôt. Lui et sa femme sont morts, laissant deux petites filles orphelines. Alice et sa sœur Mady, la mère de Paul.

En 2001, Paul n’a plus de parents. Il est marié et a un enfant. À Bruxelles, il va pour la première fois rencontrer sa tante Alice, une vieille Anglaise de soixante-treize ans. Il ne connait pas grand-chose d’elle et va la découvrir au fil des jours, lors de diners dans des endroits sympas de la capitale belge.

Alice a rencontré le grand amour à plusieurs reprises. Mais à chaque fois, ses maris sont morts. Le premier était un aviateur qui s’est crashé, un autre est mort alors qu’il amarrait un bateau, un troisième est mort dans le lit… d’une autre, etc.

Au fil des pages, on éprouve de la sympathie pour Alice et on a envie de la

rencontrer. Il y a des moments de joie dans ce livre, et des moments de tristesse. Mais jamais Alice n’a commis d’erreur de jugement ou fait quelque chose de déplacé.

Elle a aimé les hommes qui ont partagé sa vie et leur a donné le meilleur d’elle-même. Ce qui lui arrive est simplement extraordinaire. Elle a rencontré des hommes qui sont tombés amoureux d’elle puis qui lui ont proposé le mariage. Et Alice a toujours dit « oui » et a aimé ces hommes. Et puis, ils sont morts sans qu’elle y soit pour quelque chose.

Elle totalise huit mariages et huit décès, et un neuvième mariage en perspective. Comme les chats, elle semble avoir neuf vies. Ou plutôt, on espère qu’elle ne dépassera pas neuf vies !

Malgré les drames qui ont émaillé sa vie, Alice a vécu une belle vie. Elle est partie aux quatre coins du monde et a partagé la vie d’hommes qui méritaient son amour. Ils avaient des qualités et des défauts, comme chacun d’entre nous. Ils avaient des passions ou se savaient condamnés. Mais dans tous les cas, ils étaient amoureux d’Alice.

Alice explique chaque rencontre, chaque aventure, chaque passion, chaque drame. Et Paul, son neveu, s’attache de plus en plus à cette vieille dame qui est la sœur de sa mère. C’est beau, c’est mélan-colique, c’est parfois marrant, c’est toujours touchant.

Le livre se termine sur une belle surprise pour le lecteur. Un élément de l’histoire auquel on n’avait pas pensé, mais qui vient nous rappeler que décidément ce n’est pas une femme comme les autres.

Un beau livre qui mérite une adaptation cinématographique. Un beau rôle pour une actrice qui veut nous raconter sa vie sous la de flashbacks. Histoire qui se découvre au fil du temps dans les petits restaurants de Bruxelles. Ceux qui vont lire le livre voudront certainement être à la place de Paul.

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La critique

Marc Van Buggenhout

de Francis DannemarkEditions Robert Laffont

Septembre 2013

interviews / critiques

Qui es-tu ?

A la base, je suis devenu écrivain par accident.

Présente-nous ton livre.

J’ai commis un petit livre qui s’intitule Facebook, mon amour. J’ai écrit d’autres choses en numérique. Et ici, ce sont donc seize petites nouvelles qui racontent la vie, tout simplement. La mort, les rencontres.

Comment s’est faite ta rencontre avec ton éditeur ?

Je n’ai jamais envoyé de manuscrit à un éditeur. C’est lui qui m’a contacté via Facebook en me disant qu’il aimait ce que je faisais et il m’a demandé de lui envoyer des textes. Je suis devenu écrivain par accident, et maintenant par envie.

Tu écris depuis quand ?

Ça doit faire environ 26 ans. J’ai écrit du théâtre, du fantastique. L’écriture est le moyen d’expression qui me convient le mieux. Je ne suis pas, comme certains, à me mettre à ma table de telle heure à telle heure. Je peux rester une semaine sans écrire, comme je peux passer une semaine à écrire 18 heures par jour. J’écris parce que j’aime ça, et que je trouve cela facile. On ne sait pas forcément pourquoi on écrit. En ce qui me concerne, ce n’est pas un besoin viscéral. J’écris comme je parle, comme la vie de tous les jours.

Quels sont tes projets ?

Un livre qui s’appellera Lucien qui est un petit roman. Un deuxième qui sortira au mois de mars et qui s’intitule le Podo-phobe écrit à quatre mains.

Et pour le moment, j’écris une pièce de théâtre qui est un dialogue entre Charles Bukowski et Serge Gainsbourg. Ils ont beaucoup de points communs. Ils auraient pu se rencontrer, mais ils l’ont pas fait, mais qui vont se rencontrer, sous ma plume.

Propos recueillis par Marc Bailly

Critique de Facebook, mon amour à la page 20

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A la rencontre d’Eric Neirynck

Qui es-tu et qu’écris-tu ?

Malgré que je sois formé dans le domaine du chiffre, je suis passionné par les lettres, ainsi que par les notes de musique.

J’écris pour le moment essentiellement des nouvelles, du théâtre et un peu de poésie.

Quels sont les thèmes de tes textes ?

Ce sont des thèmes parfois légers que l’on pourrait lire en écoutant de la musique baroque, même si certaines nouvelles sont plus graves, voire même cruelles, comme me l’a fait remarquer un jour une lectrice.

Pourquoi l’écriture ?

Je suis fils d’acteurs de théâtre, ce qui m’a amené très tôt à aimer la littérature. Mon grand-père m’y a également amené en écrivant des livres et en faisant des conférences très intéressantes sur l’écri-vain Dostoïevski dont il était devenu un spécialiste.

Tu as aussi écrit une pièce de théâtre, de quoi parle-t-elle ?

Elle parle d’un fléau qui n’existe heureu-sement plus, mais qui en son temps a fait des ravages parmi les jeunes gens, c’est-à-dire le duel - qui est d’ailleurs le titre de ma pièce.

Tes projets ?

Un autre recueil de nouvelles et une autre pièce de théâtre sont en cours mais je vise également l’écriture d’un roman.

Propos recueillis par Marc Bailly

A la rencontre de Michaël Frison

interviews / critiques

Plusieurs romans à son actif, Sarah Berti, a la littérature dans le sang. Elle donne vie à Tiziana Dallavera, une jeune policière qui enquête dans nos contrées.

Qui es-tu ? Peux-tu te présenter ?

Sarah. Berti. Femme. Maman. Écrivaine. Belge. Italienne. Amoureuse. De la vie.

Comment est née l’envie d’écrire ?

J’écris depuis toujours, parfois avec entrain, parfois avec rage ou obstination. A trois ans, j’annonçais à mes parents que plus tard moi aussi j’écrirais des livres. A six ans, je terminais le premier, une histoire de princesses bien sûr. Je ne sais pas trop d’où vient cette envie, peut-être était-ce une façon de me protéger, de me tisser un cocon d’histoires, peut-être était-ce juste un amour des mots, de leur musique, de leur compagnie silencieuse. Il y a tous ces mondes en moi, toutes ces vies et l’envie de les partager.

Comment est née ton histoire ?

Je voulais parler du monde, juste comme il est, des gens qui le peuplent, ici et là, des gens comme vous et moi, avec leurs petites histoires, leurs secrets, leurs rêves inavoués. Parce que ce sont les petites personnes qui font les grandes choses. Alors j’ai planté le décor dans mon village natal, celui qui a vu mes premiers pas, mes premières amours, mes premiers livres. Je voulais une intrigue aussi, du suspense, de l’humour, des pistes qui se croisent, des personnages en fusion, bref tous les ingrédients d’un polar, mais féminin s’il vous plait, avec de la tendresse, un peu d’acidité, des émerveil-lements, du fashion, quelques paillettes au-dessus des solitudes. Je voulais mettre un peu d’Italie dans mon livre, pas celle de la corruption ou de la crise, mais l’Italie qui a bercé mon enfance, celle des lasagnes le week-end devant Domenica

In, celle des drapeaux de la Squadra lors de la Coupe du Monde, celle de mes grands-parents, entre nostalgie et épices. Alors j’ai créé Tiziana et j’ai vite compris qu’elle m’accompagnerait un bout de chemin, qu’elle n’était pas là pour un livre mais bien le point de départ d’une série, d’un style. Je voulais qu’elle soit entourée, engloutie, protégée, pelotonnée dans une famille originale et décalée, qui apporterait ainsi aux intrigues une force nouvelle, un prisme aux nombreuses facettes où laisser se refléter les vies. Je voulais un livre qui ressemble à tout le monde, et donc qui me ressemble un peu, avec des doutes, des chagrins, des rêves, et l’humour pour les affronter.

T’inspires-tu de personnages réels ?

Je pense que l’on s’inspire toujours un peu de ce que l’on connait, de ce que l’on perçoit, de ce que l’on ressent. Mais ce ne sont là que des clins d’œil, des lignes directrices. Ma volonté n’est pas d’écrire ma vie – elle est bien trop insignifiante – ni celle des personnes avec qui je la partage – ils sont bien trop importants.

Pourquoi une enquêtrice féminine ?

Pourquoi pas ? J’avais envie de sortir des sentiers battus, de cette habitude d’un inspecteur forcément homme, âgé, torturé… Je voulais une héroïne d’au-jourd’hui, femme, intelligente, jolie, heureuse, entourée, une femme comme tant d’autres. Avec une sensibilité fémi-nine, une écoute du monde.

Comment as-tu créé ton personnage ?

Tiziana s’est construite petit à petit, elle a pris forme au fil des mots, comme une évidence. Elle est à la fois forte car entourée, intelligente mais avec empathie, enthousiaste, proche de son âme d’enfant.

Quels sont tes écrivains favoris ?

Je lis au moins un livre par jour et j’ai des goûts assez variés : j’adore Alessandro Baricco, Maxence Fermine, Gabriel Garcia Marquez, Émile Zola, Mary Mc Garry Morris, Tawni O’Dell, Elena Ferrante, Anne B. Ragde, Sophie Kinsella, Bill Bryson… En romans policiers, j’aime Donna Leon, Andrea Camilleri, Camilla Lackberg, John Grisham, Alexander McCall Smith, Arnaldur Indridason, Elizabeth George… Mon livre préféré reste Le petit prince de Saint Exupéry

Pourquoi le polar ?

Le polar permet de s’intéresser à de nombreux univers différents, il permet un suspense, une envie de tourner la page. Sous couvert d’une enquête, on peut pousser les portes, découvrir les secrets, sonder les cœurs. Et puis j’aime les énigmes, et surtout les résoudre…

Quels sont tes rêves d’écrivains ?

Simplement continuer à trouver les mots et des lecteurs pour les partager.

Tes projets ?

Je travaille actuellement sur le tome 2 de la série des enquêtes de Tiziana, cela s’appelle Cappuccino blues et l’enquête se passe pendant les inondations qui ont ravagé Rebecq en 2010. Je suis emmêlée moi-même dans l’intrigue, entre plusieurs disparitions inquiétantes, la découverte d’ossements, la violence familiale… Bref beaucoup de pistes pour l’instant, je ne sais pas encore ce que je garderai au fil de l’écriture. Je me laisse porter par les personnages et leurs découvertes.

Propos recueillis par Marc Bailly

Critique de Le jour du tira-misu à la page 20

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A la rencontre de Sarah Berti

interviews / critiques

Septembre 2013

La nostalgie heureuse est l’instant où le beau souvenir revient à la mémoire et l’emplit de douceur. Et Amélie Nothomb nous convie à un voyage au Japon où elle va à la rencontre de ses souvenirs. Elle n’avait plus mis les pieds au Japon depuis 16 ans et la voilà partie pour un voyage dans son passé, vers cette réalité que l’on se fait de notre vie.

Elle y retrouve sa nounou, Nishio, et nous assistons à une rencontre pleine d’émotion et de larmes. Des retrouvailles qui cham-boulent, qui émeuvent, qui font froid dans le dos. En quelques phrases bien trempées, Amélie Nothomb parvient à nous plonger dans ses souvenirs, et dans son présent avec cette dame de 80 ans, abandonnée de ses enfants, et pour qui Kyoto est aussi grand que l’univers.

Mais le but de ce voyage, c’est de retrouver Rinri Mizuno, son amour de ses 20 ans, avec qui elle a eu une liaison de deux ans. Quel-ques courts contacts téléphoniques présagent une rencontre enthousiasmante, et ce sera le cas. Celui qui fut le héros malgré lui de Stupeur et tremblements est resté pareil à lui-même, un homme tout à fait charmant. Et pour qui Amélie éprouvent un sentiment étrange entre l’amitié, l’amour, le passé et le

présent, sans attirance mais mêlé de contra-dictions certaines. Une rencontre « indi-cible » comme elle l’écrit.

Elle nous emporte dans les rues de Tokyo, où dans le quartier de Shibuya, elle semble transportée ailleurs, vers un état qui n’est plus le sien, où elle ne s’appartient plus.

La nostalgie heureuse est un récit court, comme très souvent chez Amélie Nothomb, qui ne vous retiendra pas pendant des heures, mais qui soulèvera en vous des moments de tendresse, d’émotion, d’humour… Bref un roman qui se lit avec délectation, et surtout sans ennui aucun, ce qui, pardonnez-moi, n’est pas toujours le cas chez Amélie Nothomb.

On retrouve ce titre dans la collection Audiolib. Lu de manière impeccable par Cathy Min Jung. Une autre façon de découvrir ce titre.

Marc Bailly

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La Nostalgie heureuse

d’Amélie Nothomb

Editions Albin Michel, 162 p.

Un cadavre retrouvé dans la chambre froide d’un restaurant. Un ancien agent du FBI, brisé par le passé. Des autorités locales aveuglées par le profit. Un tueur déterminé. Vous pensiez avoir tout lu ? Vous vous trompiez.

Voici la toute première parution des éditions Cyngen. Et quelle parution ! Un thriller de haute volée signée de la main du talentueux Christophe Collins. Un thriller et bien plus que cela. On navigue constamment entre enquête policière et ambiance glauque. D’entrée de jeu, le ton est donné. Une introduction malsaine, une incursion dans l’esprit du tueur qui ne vous laissera pas intact. Un prélude qui ne vous donne qu’une envie : poursuivre l’aventure.

Nous faisons la connaissance de Jack Sherwood, ancien enquêteur du FBI. Traumatisé par son enquête précédente, il se retrouve dans la petite ville de Birdie’s Fall où l’événement majeur est le tournoi annuel de golf. Pour tout le monde, il est l’éternel étranger. Pour les villageois, celui qui n’est pas né ici n’est pas d’ici. C’est aussi simple que cela. Pourtant, Jack sera notre héros principal. Des meurtres sauvages, mis en

scène comme dans les films d’Hollywood, perturbe la tranquillité proverbiale ce Birdie’s Fall. Certains passages font irrémédiablement penser à l’aspect malsain du légendaire Seven avec Brad Pitt. Jack Sherwood sera épaulé dans son enquête par l’agent Tomlin, qui présente l’avantage non négligeable d’être un enfant du coin, avant d’être rejoint par Eloïse Lark. Cette dernière est également agent du FBI et provient tout droit d’un passé qui ne cesse de tourmenter notre héros.

Le roman est un véritable régal pour tout amateur du genre ! Christophe Collins se montre impressionnant de maîtrise et dis-pense ses effets à bon escient, caressant le lecteur dans le sens du poil pour mieux le prendre à la gorge deux pages plus loin. L’auteur, en nous plongeant par moment dans l’esprit du tueur, nous fait passer des deux côtés de la barrière. Je dois bien reconnaître que c’est un voyage assez éprouvant par moments. Une histoire originale, des person-nages étoffés, une enquête palpitante, des atmosphères particulières, de l’humour. Autant de bonnes raisons de se plonger immédiatement dans cette petite merveille !

Frédéric Livyns

35 mm

de Christophe Collins

Editions Cyngen, 260 p.

interviews / critiques

Je vous révèle dans cet ouvrage les premières pages de mon journal intime. Il débute un beau jour du mois de mai, le jour où tout bascule, où les cartes de mon destin ont été battues et redistribuées. À partir de ce moment, plus rien n’a été pareil. Je vous livre mes états d’âme, mes doutes, mes ques-tionnements, mes créations poétiques, aussi modestes soient-elles.

« En un mot comme en cent,Je vous dis qu’il n’est pas marrantDe se retrouver la jambe en l’air.On n’en est jamais fier ! »

Je vous invite donc dans un voyage de quelques mois de ma vie. Vous ne vous y ennuierez pas car divers ingrédients sont présents : amour, suspense, psychologie bon marché et surtout une bonne dose d’hu-mour…

Née en Belgique, Delphine Coussement a entamé la rédaction de son roman Jambe en l’air après la naissance de son second enfant.

Son récit a grandi, s’est développé et structuré, a subi diverses modifications jusqu’à son aboutissement. Ce roman a joué un rôle de catharsis, d’exutoire. Il fit longtemps partie d’un jardin secret... dont elle vous ouvre la porte aujourd’hui...

Premier roman, écrit de manière simple et limpide, sans fioriture et au style direct. De la bonne humeur et un livre, peut-être un peu épais, mais qui donne une bonne vision de la vie, et rien que pour ça, ça en vaut la peine.

Marc Bailly

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Jambe en l’air

de Delphine Coussement

Editions Edilivre, 496 p.

Petit recueil de 16 nouvelles de maximum 4 pages. Récits de vies ratées, de rencontres éphémères, d’amours détruites.

On ne peut parler facilement en 300 mots d’un livre qui ne fait pas 100 pages et dont je sors à peine, avec peine, je dirai même avec peine. Car c’est une impression de profonde tristesse qui plane.

Comme si ces rencontres, surtout celles faites via Facebook, étaient les modèles de ce qu’il ne faut pas faire si on veut échapper à un malheur permanent. Comme si ces person-nages s’autodétruisaient à refuser les vraies valeurs, les vraies priorités pour des satisfactions sexuelles, émotionnelles toutes d’une superficialité délétère.

Ça commence par un texte audacieux, très sexe mais assez positif et finalement, si j’ai pensé « encore un qui se sert du virtuel pour du sexe facile », j’ai comme un regret que ce ton léger pétillant et coquin ait disparu.

L’ensemble se lit très vite, comme une course pour fuir, parce qu’au fond de moi, chaque cellule se révolte contre ces attitudes.

C’est bien écrit, parfois avec des trouvailles comme être chaos (au lieu de K.O) après un coup de poing. Mais ce mot « chaos » est probablement l’expression inconsciente pour décrire ce qu’il reste des vies des héros qui se sont fourvoyés dans leurs choix, juste pour vivre un instant présent et refuser d’imaginer l’instant futur.

Véronique De Laet

Facebook, mon amour

d’Eric Neyrinck

Editions Kirographaires,

interviews / critiques

Un matin pluvieux de mai, le corps d’un adolescent est retrouvé flottant dans la Senne, à Rebecq. L’antenne de police locale hérite de l’affaire, alors même que ses agents sont plus habitués aux conflits de voisinage qu’aux investigations criminelles.

Tristan Delsenne, dix-neuf ans, a été aperçu pour la dernière fois lors d’une funeste soirée des rhétos. Très vite, les témoignages resserrent l’étau sur l’Athénée. Entre pro-fesseurs désabusés, nymphettes tyranniques, pactes et secrets, les histoires s’y entre-croisent, les solitudes s’y heurtent.

La jeune Tiziana Dallavera mène l’enquête à sa façon, jamais loin de sa famille italienne un peu encombrante, entre un petit frère surdoué qui n’hésite pas à plonger au cœur de l’action, une mère magnifique et névrosée et une Nonna aux fourneaux qui veille à remplir les estomacs.

À travers une galerie de personnages attachants, cette première enquête de Tiziana Dallavera emmène le lecteur dans un polar

féminin plein d’humour et de tendresse, pour un portrait drôle-amer de gens comme les autres, avec pour toile de fond le petit village charmant et méconnu de Rebecq. Un livre sans prétention qui vous fera passer un bon moment.

Marc Bailly

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Le Jour du tiramisu

de Sarah Berti

Editions Luce Wilquin, 240 p.

« Le sommeil de la raison engendre des monstres », affirmait Francisco de Goya. Or il se fait que, loin de là, ma nuit à moi est peuplée des visions mirifiques, mon ange, de ta petite personne qui tient à me poursuivre jusqu’en mes cauchemars qui sont aussi des rêves.

Au-delà des concepts habituels de com-mentaire et d’illustration où se cantonnent trop souvent textes et images, La nuit des nus les combine selon un jeu de miroitements qui tient du vertige…

Parti de créations instinctives que n’auraient pas désavouées les tenants de l’art brut, Boris Eloi avait, au fil des ans, développé une peinture haute en couleurs et en mystères, à la jointure du baroque et de l’introspection. Sa série de nus en noir et blanc inaugure une veine dont le réalisme de surface recèle bien des non-dits.

Avec dix romans et de multiples nouvelles à son actif, Alain Dartevelle est considéré comme une valeur sûre de notre littérature de

l’Imaginaire. Sa relecture des peintures de Boris Eloi en offre un bel exemple, où érotisme et fantastique prennent toute leur ampleur.

L’exercice auquel se sont amusés nos deux compères n’est pas simple. Illustrer des peintures par du texte… Et pourtant, vu le talent de l’un et de l’autre, le résultat est réussi. Un petit livre aux textes ciselés et aux dessins magnifiques.

Marc Bailly

La nuit des nus

de Boris Eloi et Alain Dartevelle

Editions Lèse Art

interviews / critiques

Septembre 2013