le suricate - troisième numéro

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Le Suricate 2 octobre 2012 Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts À la une Magazine Rencontre avec Patrick Ridremont Dead Man Talking, son premier long métrage sort dans les salles. Un futur succès en vue ? N° 3 Olivia Ruiz Focus sur Luigi Pirandello écrivain doué, Prix Nobel, homme sous influence Mais aussi... Bi-mensuel Miss Météores a enflammé le Leffe Jazz Nights Festival cet été

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Page 1: Le Suricate - Troisième numéro

Le Suricate2 octobre 2012

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

À la une

Magazine

Rencontre avec Patrick RidremontDead Man Talking, son premier long métrage sort

dans les salles. Un futur succès en vue ?

N° 3

Olivia Ruiz

Focus sur Luigi Pirandelloécrivain doué, Prix Nobel,homme sous influence

Mais aussi...

Bi-mensuel

Miss Météores a enflammé le Leffe Jazz Nights Festival cet été

Page 2: Le Suricate - Troisième numéro

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Page 3: Le Suricate - Troisième numéro

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Sommaire

2 octobre 2012

Edito - Ressemblances musicalesCinéma, réussites et ratages

p. 5

Scènes

Les Baladins du MiroirThéâtre 140Atelier 210Interview de GiliLa comédie des illusionsLes misérables

p. 40p. 42p. 44p. 46p. 48p. 49

Littérature

Qui est Luigi Pirandello ?Fissures de Jess KahnInterview de Jess KahnPourquoi pas ?Le jeu des OmbresLame FurtiveCritiques littéraires

p. 50p. 54p. 55p. 56p. 57p. 58p. 59

Le parcourir n’aggrave pas la surdité

Cinéma

Interview de Patrick RidremontDead Man TalkingSavagesLes saveurs du PalaisLe magasin des suicidesDans la maisonBroken Circle BreakdownSorties du 3 octobreSorties du 10 octobreActualités cinéma

p. 9p. 6

p. 10p. 11p. 12p. 12p. 13p. 14p. 15

Musique

Leffe Jazz NightsOlivia RuizFlying ColorsRising FestivalRetour sur... Jethro TullScène sur SambreRonquières FestivalSorties cdsActualités musicales

p. 18

p. 22p. 24p. 25

p. 20

p. 26p. 30p. 35p. 39

Agenda p. 60p. 17

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Réussites

Echecs

Edito

Ressemblances musicalesQuand on écoute la radio, aujourd’hui, on a parfois l’impression d’entendre toujours la même chose. Les artistes semblent tous chanter de la même façon, les morceaux se ressemblent parfois comme deux gouttes d’eau. Pourquoi cette sensation de «déjà vu» ou plutôt de «déjà entendu» (qui correspond de plus en plus à c e que l’on nous propose au quotidien)? La raison est simple: Auto Tune et les Pro-Tools.

Le premier, est un programme destiné à corriger les imperfections de la voix, et aussi à créer cette voix robotique que l’on entend sans cesse maintenant dans le rap et le R & B (un effet découvert lorsque Cher fit son come back f in des années 90 avec «Believe»). Le second, est un ensemble d’effet destiné à corriger les fautes de tempo et autres de la section instrumentale (en clair, cela sert à recaler la musique quand elle ne sonne pas synchro).

On peut comparer cela finalement à la photographie. Il est vrai que ces effets sont à la musique ce que Photoshop est à la photo, des outils. Seulement voilà, l’outil n’étant pas utilisé avec parcimonie se retrouve progressivement partout, et surtout là où il ne devrait pas être. Ce phénomène est devenu tellement courant, que l’on ne sait plus finalement reconnaître une bonne voix d’une mauvaise. Les artistes se retrouvent obligés de se justifier parfois et d’assurer que leur voix n’a pas été modifiée par Auto-Tune!

Le temps de l’album que l’on enregistrait en prise directe sur un multipiste est donc révolu. Auto Tune a certes gommé les imperfections, mais a aussi effacé toute personnalité vocale. Un exemple nostagique de l’une de ses imperfections? Ecoutez «Beat It» de Michael Jackson : juste avant le solo, quelqu’un frappe 3 fois à la porte de la cabine d’enregistrement. Cela, vous ne le retrouveriez plus aujourd’hui, et pourtant c’est ça aussi l’authenticité d’un bon album.

C.P.

5

Cinéma et littérature : réussites et ratages Depuis la création du cinéma, la littérature a toujours été complice de ce nouveau média. La transposition des phrases d’un roman en images animées est une chose fascinante, mais pas toujours ni simple ni réussie. Le cinéma puise son inspiration dans la littérature. Ces deux arts majeurs restent irrésistiblement liés. Quel est l’apport de l’un à l’autre ? Le cinéma ne peut se passer du rêve, de l’émotion, des sentiments apportés par la chose écrite. On ne compte plus le nombre de romans adaptés au cinéma. L’exercice est donc courant. Il va sans dire qu’il y

a eu des ratages monumentaux mais aussi des réussites phénoménales. Des romans méconnus peuvent connaître un renouveau grâce à une belle adaptation. Les best-sellers deviennent de plus en plus incontournables tant le cinéma est devenu, ces dernières années, une machine qui doit être rentable… Mais l’inverse est vrai, quoique moins courant et souvent avec moins d’originalité. Parfois des films deviennent des livres…Comment, vous voulez des exemples ? D’accord !

Le terrier du Suricate

Une publication du magazine

Le Suricate © (http://www.lesuricate.org)

Directeur de la rédaction : Matthieu MatthysRédacteur en chef : Loic SmarsDirecteur section littéraire : Marc BaillyDirecteur section musicale : Christophe Pauly

Relation clientèle : [email protected]

Webmaster : Benjamin MourlonSecrétaires de rédaction : Maïté Dagnelie, Adeline Delabre

Régie publicitaire : [email protected]

Ont collaboré à ce numéro :

Céline Poissonier, Véronique De Laet, Jérémie Piasecki, Michael Heiremans, Claudine Vandekerkhove, Stellina Huvenne, Nele De Smedt, Loïc Bertiau, Chris de Savoie, Marylise Defour, Frédéric Livyns, Caroline Champion, Célia Beaudry et Julien Sterckx

Crédits

02 octobre 2012

Bref les exemples foisonnent encore et encore. Alors messieurs les scénaristes, il y a encore tant de bons bouquins à adapter. Mais s’il vous plait, relisez-vous avant de mettre le mot fin à vos longs métrages…

M.B.

Page 6: Le Suricate - Troisième numéro

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Cinéma

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Dead Man Talking, un conte plein d’émotion

C’était un matin aux allures hivernales de fin d’été où se mêlaient la pluie et le vent, que nous rencontrions Patrick Ridremont, réalisateur du film Dead Man Talking. Doté d’un charisme hors du commun mais aussi d’une humilité remarquable, l’homme a accepté de répondre à nos questions lors d’un face à face convivial et amical.

La réalisation est un nouveau cap dans votre carrière après avoir excellé dans l’impro, au théâtre, à la télévision. Est-ce que l’on pourrait dire que Patrick Ridremont est un touche-à-tout ou plutôt un éternel insatisfait qui souhaite toujours de nouvelles expériences et qui, comme Bernard Giraudeau, a peur de l’ennui ?

Il n’y a pas d’insatisfaction. Je n’aime pas tourner des pages, j’aime ranger des livres. C’est-à-dire que je continue à faire mon métier de comédien que je n’abandonne pas. Mais la réalisation, c’est passer un cap supplémentaire, pas par insatisfaction mais plus parce que je suis un touche-à-tout et que s’est présentée à moi l’opportunité, l’envie de mettre une nouvelle casquette. Je suis assez d’accord avec Giraudeau, je ne veux pas m’ennuyer. Actuellement, je vis pour mon film, je suis heureux d’en parler, j’ai toujours le sentiment de le réaliser.

Concernant le film en lui-même, vous êtes arrivé à réunir des acteurs talentueux qui fonctionnent très bien pour le moment comme Jean-Luc Couchard, Virginie Efira ou François Berléand. Est-ce que ces trois acteurs étaient vos choix initiaux ?

Lorsque je commence à écrire le scénario, je fais ce que j’aimerais que l’on fasse avec moi si j’étais un acteur vedette, c’est de me filer un rôle que je ne peux pas refuser car le scénario est bien écrit, une tuerie. Quand j’écris celui-ci, j’imagine des stars, même décédées, dans chacun des rôles. J’imagine par exemple Robert de Niro jouer le directeur de la prison. À ce moment, je ne pense pas encore à Jean-Luc Couchard ou François Berléand mais je pense à Virginie Efira car nous sommes ensemble à ce moment-là, et je sais qu’Olivier Leborgne jouera dedans car c’est mon ami.

Le jour où l’on doit commencer à faire le film, que l’on doit le proposer à des acteurs, c’est différent. Virginie n’a pas été difficile à convaincre car elle savait depuis le début qu’elle jouerait ce personnage. Concernant François Berléand, c’est mon producteur Sylvain Goldberg qui me dit : « Quel acteur français verrais-tu dans le rôle de Raven ? », je lui ai répondu : « J’aime beaucoup Berléand et Jean-Pierre Bacri ». On leur a donc envoyé le scénario sans dire quel rôle on leur proposait. On envoie ça le jeudi et le samedi, François Berléand appelle en personne mon producteur et lui dit : « Je veux jouer le rôle du directeur, je veux jouer dans ce film ». C’est exactement comme je l’avais espéré.Concernant Jean-Luc Couchard, c’est à deux semaines du tournage que la production, pour diverses raisons, me refuse un comédien et me propose Jean-Luc. Le contact est passé immédiatement. C’est un homme brillant qui comprend tout ce qu’on lui dit.

Le trio Virginie-Olivier-Jean-Luc a fonctionné à merveille.Bref, il n’y a pas vraiment eu de casting mais plutôt des rencontres, du moins pour les rôles principaux. Pour les seconds rôles, il y a eu des castings évidemment.

Votre film dénonce beaucoup de choses : l’influence du milieu familial, la peine de mort, la télé-réalité et surtout le monde politique. Pourquoi avoir fait le choix d’attaquer sur plusieurs fronts en même temps ? N’avez-vous pas eu peur d’en faire trop ?

Non, parce qu’il y a un dénominateur commun à tout ce qu’on a dit, c’est le pouvoir, l’autorité et l’éducation. La responsabilité d’une mère, l’absence d’un père, les politiques, le pouvoir, etc. Je n’ai pas eu peur de m’attaquer à plein de choses. En gros, le thème qui englobe tout cela c’est l’existence. Comment faire pour exister en société, avec ses codes. J’aurais pu rajouter des trucs comme tourner dans une classe et là on aurait dit : « Ça parle aussi du milieu scolaire ». Non, cela m’aurait parlé de l’autorité des profs. Ce n’est pas un film qui parle d’amour, même si cela est présent. De même, ce n’est pas un film sur la peine de mort, c’est un film sur la liberté et le pouvoir.Maintenant, concernant les hommes politiques, je les décris comme des pantins, des opportunistes, des démagos, comme le sont 100% de nos hommes politiques.Homme politique c’est un métier. Un homme politique devrait être comme un père de famille, mais cela n’est pas un métier.

« Je nʼai pas peur de mʼattaquer à plusieurs choses en même temps»

Patrick Ridremont, le plus belge des Belges, signe une première réalisation d’une qualité technique et scénaristique remarquable. Un film noir sur fond de misère sociale, on aurait pu croire à un film belge ennuyeux, pas du tout. Un film plein d’humour, de tendresse, de cruauté, de tristesse, d’adversité, de questionnement,... le reflet exacerbé de notre société ?

L’ interview©Nexus factory

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7 2 octobre 2012

Lorsque l’on regarde votre film, on a directement l’envie de se situer géographiquement car le film nous e m m è n e d a n s u n e é p o q u e indéterminée, ( années 70-80 ?) au paysage contextuel francophone mêlé à un panorama politique plutôt américain. Pourquoi avez-vous choisi sciemment ce méli-mélo ?

C’est presque une conséquence. Le francophone a un problème de snobisme par rapport à sa langue car il pense qu’on est obligé de raconter en français des histoires où la langue française a mis le pied. En gros, si je veux écrire un film en français sur des mecs qui ont marché sur la lune, cela doit être une comédie à la Eric et Ramzi où l’un d’eux retire son scaphandre et dit : « Putain, il fait chaud là-dedans! ». Je trouve ça détestable. On accepte que des américains avec un accent californien débarquent sur des plages dans Troie, pas de problème car l’anglais est la langue du cinéma. Brad Pitt en troyen, ça marche. Alors, en France, on n’aurait pas droit de parler de la peine de mort ? Si, on fait ce qu’on veut.Pour répondre à la question, un endroit qui n’existe pas, c’est me débarrasser de toute forme de concret. Il y a un plan dans ce film où le mec regarde la lune et on y voit la Belgique dessinée dessus. J’aurais bien pu mettre deux lunes ou des rats qui couvent des œufs pour expliquer qu’on est dans un autre monde. D’un autre côté, dès que tu fais un film sans gsm, sans écran plasma et bien, tu arrives fatalement dans un film qui donne un sentiment d’années 80 comme tu l’as dit. Puis, il y a les codes utilisés. Par exemple, l’aumônier a une soutane. Je ne voulais pas d’un aumônier moderne en costume deux pièces avec juste une petite croix. Je v o u l a i s q u ’ u n e n f a n t p u i s s e comprendre les codes utilisés. Pareil pour le prisonnier, je le voulais en marinière, à la Dalton. Si je l’avais mis dans un costume orange tels les condamnés à mort, l’enfant peut penser que c’est un électricien ou un technicien de surface. Plus tu travailles dans les codes, plus tu commences à créer un univers très graphique, désuet, rétro qui fait qu’on a le sentiment que le film n’est pas situé dans le temps.Bref, c’est voulu.

L’histoire est très originale. Le parcours d’un condamné à mort qui, suite à une faille juridique, se retrouve à devoir parler pour

repousser l’échéance fatidique. Un mélange de Dead Man Walking de Tim Robbins et de l’histoire des Mille et une nuits avec Shéhérazade ?

Quand j’ai une référence, je la cite. Effectivement, le titre est un clin d’œil plus qu’appuyé au film sur la peine de mort Dead Man Walking. Je marche donc sur les traces d’un film, il y a dès lors une similitude. Maintenant, par rapport à l’histoire de Shéhérazade, c’est une nana qui raconte des histoires pour sauver sa peau auprès d’un roi qui a décidé de se taper une vierge et de la tuer tous les matins. À chaque fois, elle lui raconte la suite le lendemain soir, etc. Mon personnage devient une espèce de Shéhérazade des temps modernes et comme la référence est flagrante, je la cite dans le film. Mais je vais dire une chose, lorsque j’ai écrit Dead Man Talking, je ne pensais pas à Shéhérazade. Je connaissais quelques-unes de ses histoires comme Ali Baba et les quarante voleurs, mais je ne connais pas l’interface générale des Mille et une nuits. C’est quelqu’un qui m’a dit un jour : « Tiens, ton histoire c’est comme Shéhérazade qui raconte des histoires tous les jours pour sauver sa peau ». À partir du moment où j’ai l’impression d’avoir piqué une idée, que pourtant aucun perse mort il y a 2000 ans ne viendra me réclamer des droits d’auteur, je ne veux pas ne pas faire la citation. C’est la raison pour laquelle, je fais la référence dans le film.

Parlons de l’acteur maintenant. Pouvez-vous nous parler de la difficulté d’être à la fois devant et derrière la caméra ?

On est toujours tiraillé entre l’envie de faire les deux et la peur de ne pas se planter. Je réalise et je joue, c’est mon envie ultime de grande gueule. Je me sens capable de jouer mais j’ai un peu de mal à réaliser car je ne l’ai jamais fait donc, je ne sais pas comment cela va se passer. Mais bon, basta ! On arrête de se poser des questions. Je vais faire les deux et on rendra cela possible. Les manières de rendre cela possible sont très simples, tu t’entoures d’une équipe de folie où chacun fait son boulot, chacun est chef de son poste

(costumes, décors, images, sons,...). Ce doit être des «tueurs». Attention, cela ne veut pas dire qu’ils font le boulot à ma place mais ils parlent comme moi, ils comprennent ce que je veux, on parle alors de vocabulaire. Je ne dirai pas, même après 25 films, à mon chef opérationnel : « Là, tu me fais trembler ta caméra parce que le mec a peur ! ». Non, je vais juste lui dire le mot « peur ». Et lui, si il a envie d’exprimer cela en tremblant la caméra, en me faisant un travelling, un ce qu’il veut ... il peut ! Chez moi, ils peuvent.Sur le plateau, je leur ai parlé comme cela. Je leur ai parlé français, atmosphère et sentiment. Je suis le chef d’orchestre mais chacun connait son boulot. Bref, j’étais tellement entouré que je ne pouvais pas me planter en tant que réalisateur.Maintenant, comment être acteur dans un film que tu réalises ? Et bien, nous avons trouvé un moyen très simple : prendre une doublure. C’est un vrai comédien qui enfilait un costume semblable au mien, qui connaissait le texte par coeur, que je mettais en scène avec les autres acteurs en regardant à la caméra ce que ça donnait pour le côté purement technique. Ensuite, dès que c’était ok pour moi, je prenais sa place. Pendant ce temps, il y avait une directrice artistique qui avait pour mission de me mettre en scène et de venir me faire des remarques. En gros, ce film est une oeuvre collégiale et je n’ai pas de honte à le reconnaitre.

Notamment le travail excellent du directeur de la photo...

Oui, Danny Elsen, mec de cinquante ans, très doué. Par défaut une caméra, elle ne bouge pas, elle reste sur pied et elle te filme. À partir du moment où tu dis à un mec « Je voudrais que ça bouge, mets la caméra à l’épaule, etc. », il faut expliquer pourquoi. Le plaisir de faire bouger l’image, ça les emmerde, il faut argumenter, parler sentiment. À l’étalonnage, on a commencé à jouer avec la colorimétrie et on voit que le film va devenir jaune - j’aime pas le bleu -, Danny me regarde et me dit « Je peux plus ? », je lui dit d’y aller. Et on commence à monter, monter, ça m’a plu. Cela m’a plu de donner l’autorisation à tous d’aller loin. C’est, pour moi, la différence entre un téléfilm et du cinéma.

« Je me suis entouré dʼune équipe de folie, des tueurs »

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Vous interprétez le rôle de William Lamers, homme meurtri et meurtrier lui-même. Vous aimez les rôles de méchants ?

Mon physique - 1m80, large d’épaules, fort en gueule, barbu - fait qu’il est possible qu’on me donne plus facilement ce genre de rôle que celui du gendre idéal.

Tu sais, c’est agréable de jouer ces rôles-là. C’est une remarque qui revient souvent en voyant ce film, les gens détestent mon personnage. Je commence directement par le meurtre car je voulais me débarrasser de cela. Je souhaitais me faire détester immédiatement et puis, avoir 1h40 pour faire aimer ce personnage. De plus, au cinéma, quand un gars est en prison, on se dit tout de suite qu’il va s’évader ou qu’on va prouver son innocence au dernier moment. Moi, je commence tout de suite en montrant qu’il a tué deux personnes donc il n’est pas innocent, il butte deux personnes un peu violemment. Côté évasion, on a des menottes mais ce n’est pas très réaliste, c’est un peu portes ouvertes.

C’est pour cela que c’est agréable de jouer un méchant. Jouer un mec gentil, bof... Sérieusement, je ne voudrais pas jouer le père Damien, trop gentil du début à la fin.

On en a déjà un peu parlé mais comment pourriez-vous décrire le personnage de William Lamers ?

C’est un mec qui a un problème d’existence. C’est un mal né, ça existe. Un gars handicapé au niveau des sentiments, incapable d’aimer, d’être aimé, de fasciner ou d’être fasciné. C’est le prototype du mec qui, s’il ne cherche pas à attaquer, cherche à se défendre un peu violemment. Au niveau de la gestion de l'agressivité, ce mec a un problème. Ce qui est assez joli chez ce personnage, c’est qu’il se rend compte face au directeur de la prison que l’amour c’est important. Il se sauve grâce à cette phrase-là. Sinon, il fait partie de ces gens qui ont un problème d’existence, il n’existe pas. C’est horrible de dire cela mais on dit de ces gens qu’ils feront des meilleurs morts.

Pour le reste, certains y voient aussi l’importance de son grand frère et les conséquences qui découlent de la perte d’un grand frère.

©Nexus factory

On peut même dire que c’est la clé de voûte de sa propre histoire...

Oui, d’un autre côté, je n’excuse pas ces gens. Les violeurs qui ont eux-mêmes été violés, le père qui frappe son enfant en se défendant qu’il était lui-même battu plus jeune, ce n’est pas une excuse. Je pense qu’il y a des gens très bien qui n’ont pas eu un parcours idyllique. À part cela, c’est vrai, William Lamers a une mère dégueulasse, un père absent et un frère qui décède rapidement, pas de bol... mais cela n’excuse pas deux morts. Cependant, certaines facettes de mon personnage m’échappent et de nombreuses personnes auront beaucoup plus de choses à dire sur celui-ci que moi.

D’un point de vue technique, n’était-ce pas trop compliqué de jouer les bras attachés à une croix la plupart du temps ?

Ce n’est pas une mauvaise question mais au moment où tu commences à tourner, tu oublies cela, tu penses à autre chose comme rentrer ton bide, tu as peur de te planter dans le texte. Cela dit, oui, il y a une forme de difficulté à jouer en croix surtout lorsqu’elle était dressée. Mais lorsqu’on était sur des scènes couchées, ça c’était le bonheur, c’était tranquille, c’était le pied. Debout, il y a un côté très désagréable car ça tire dans tes trapèzes et t’as juste un peu mal. Mais tu vois, la douleur, l’inconfort physique aide au jeu.

On a découvert un acteur qu’on ne connaissait pas en la personne de Denis Mpunga. Comment l’avez-vous rencontré ?

C’est le plus beau personnage qu’il incarne, le rire et les larmes. Denis Mpunga est un acteur fabuleux qui ne joue pas beaucoup. Je sais qu’il travaille au théâtre Varia.

Personnellement, je l’ai rencontré à Canal+ lorsque l’on faisait des sketches qui s’appelaient Night Shop à quatre. Il y incarnait un médecin. Il était terrible et je me suis dit que je tournerais avec ce gars plus tard.

À l’heure où l’on parle, il n’a pas encore vu le film car il est hors du temps. Ce gars va recevoir des propositions mais il ne le sait pas encore. D’ailleurs, il a lu dans le scénario tout le poids de l’église protestante qui pèse, etc. Mais moi, j’ai jamais écrit tout cela ! Mais quand il me l’a dit, je lui dit « C’est vrai, t’as raison ». Il a le côté bien pensant. C’est grâce à lui, grâce à son intelligence, que mon personnage a une croix protestante au cou, il m’a éclairé sur des tas de trucs. C’est l’acteur le plus brillant du film.

Maintenant, il faut savoir diriger ce genre de comédien. Ce sont des gars qui ne dégagent de l’émotion, de l’intensité que lorsqu’ils sont justes. Quand ils tapent à côté, c’est à côté ! Mais cela permet de rendre ce genre d’acteur unique. Sa moyenne est moins bonne que les autres acteurs qui sautent 2m20 de moyenne au saut en hauteur. Lui, il se prend régulièrement la barre puis tout à coup, il nous claque un 2m60. On doit le laisser tranquille, c’est un acteur en incarnation totale avec son propre univers.

Je vais te raconter un truc. Quand on arrive chez Berléand, à Paris, pour répéter des scènes et que les acteurs se présentent - car je voyais mal François Berléand débarquer sur un tournage avec en face de lui un acteur comme Denis - Denis n’était pas du tout impressionné par l’acteur qui était devant lui même si il le respectait. (rires) Et donc, on est à Paris, chez Berléand et on répète la scène où il doit compter jusque dix. Et là, François Berléand se dit « Mais c’est quoi, ces débiles mentaux » (fou rire). Et il regarde Denis faire 1, 2, 3 comme dans un match de boxe, il se retourne vers moi et me dit « Il va jouer comme cela ? », je lui dit « Ben oui ».

« Denis Mpunga est un acteur fabuleux qui apporte son propre univers »

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Page 9: Le Suricate - Troisième numéro

9 2 octobre 2012

Enfin, ce film sonne hélas comme un hommage à Christian Marin. Qu’est-ce que vous retiendrez de son passage sur votre plateau ?

Le premier jour où il tourne, on fait le film pour lui car c’est un exemple. Il sourit tout le temps, il ne râle pas, il est un modèle de professionnalisme. Ce mec, je lui baise les pieds. Grâce à lui, François Berléand ne peut pas devenir une diva capricieuse car un mec de 82 ans ne l’est pas. Grâce à lui, les comédiens ne peuvent pas venir sans connaitre leurs textes, Christian le connait par coeur et répète avec sa femme dans la caravane. Grâce à lui, personne ne peut se plaindre de la qualité de la nourriture, il mange tout. Il est l’acteur dont je rêvais. Il y a une forme d’amitié, d’amour, de docilité (de manière positive) qui se dégageait de cet acteur par rapport à son réalisateur. Au contraire des caprices que peuvent faire certains jeunes acteurs, Christian Marin est un exemple.

Je retiendrai également une belle anecdote. À l’époque, on envoie le texte à Christian Marin sans lui préciser quel personnage il y incarnera. En lisant le texte, il pense qu’il va jouer le rôle d’un gardien silencieux, quasiment muet. Et sa femme lui dit qu’elle le verrait bien en aumônier et il dit à sa femme qu’il n’espère pas qu’on lui offre ce rôle qu’il souhaitait pourtant jouer. Le jour où l’on arrive à Paris pour faire des essayages costumes, il voit que l’on déballe un costume d’aumônier et il est heureux. Il me le dit et me précise qu’il a accepté le film sans savoir quel rôle on lui proposait. C’est l’exemple même de la générosité de cet acteur. Comme le film lui plait, il jouera n’importe quoi. Il était comme un enfant à ce moment précis.

Le côté plus triste pour moi, c’est que toutes les activités de post-production m’ont empêché de revoir Christian Marin. Je m’en veux parce qu’on a toujours le temps d’aller rendre visite à quelqu’un. J’ai eu peur qu’il n’ait pas vu le film mais il l’a vu, sinon je m’en serais voulu.

Patrick Ridremont, nous vous remercions pour votre honnêteté et votre gentillesse. Nous vous souhaitons le plein d’entrées pour votre beau film et à bientôt certainement.

Ce qui effraie le spectateur lambda mais qui émoustille le cinéphile, c’est certainement l’idée de voir un film belge. Si à l’habitude, on se range du côté des spectateurs, Dead Man Talking nous a prouvé le contraire en nous présentant un drame aux multiples vertus. De la qualité des prises de vue à la prestation cinq étoiles de chacun des comédiens présents sur le plateau, ce film aux budgets relativement modestes est une production originale dotée d’un scénario intelligent, mêlant habillement l’humour noir à la lourdeur émotionnelle à laquelle la réalisation nous confronte.

Dès les premiers roulements de bobines, le décor est fixé. On assiste à un drame social qui nous obligera à rentrer en symbiose avec le personnage principal qu’est William Lamers. Mais voilà, pour sa première réalisation, Patrick Ridremont nous oblige à compatir et à entrer dans la peau d’un condamné à mort qui, à l’inverse de beaucoup d’autres de ses congénères romanesques, est un homme vide, brutal, dénué de tout sentiment, un écorché vif à qui la vie n’a pas fait de cadeau, un mec à qui la société aimerait ne pas avoir donné vie. Ce sentiment désagréable de compassion mortifie notre perception des choses, des gestes et des choix que peut faire une société. Penaud, au fond de notre siège, on suit pas à pas l’histoire que nous narre cet homme. Une histoire triste, violente, misérable,... son histoire.

Rassurez-vous, la lourdeur de cette toile de fond, jaunie volontairement par la réalisation, est apaisée par le côté surréaliste des diverses scènes que nous présente ce long métrage. À commencer par l’histoire en elle-même. De fait, on suit le parcours d’un condamné à mort qui se voit offrir l’opportunité de dire une dernière phrase avant l’heure fatidique de son exécution. Mais voilà, William Lamers ne se tait plus. Comme si la mort le libérait d’un mutisme émotionnel, le prisonnier raconte son histoire au grand étonnement du bourreau et du directeur de la prison qui ne savent que faire devant un tel cas. Par ce vide juridique et la sempiternelle rédemption narrative du détenu, de nombreux enjeux politiques et lucratifs vont entrer dans la danse et le monde va s’éprendre pour ce show inédit.

Côté casting, Patrick Ridremont a choisi de se mettre en scène. Excellent du début à la fin, cet acteur est un monstre de justesse et convainc dans le rôle de William Lamers. Ce dramaturge venu de la scène signe une prestation aussi remarquable que sa réalisation. Outre celui-ci, il faut souligner l’admirable prestation collective. Si on ne devait cependant retenir qu’un seul acteur, ce serait certainement Denis Mpunga. Inconnu jusqu’à aujourd’hui, il incarne le gardien de la prison de manière époustouflante comme peu d’acteurs sont capables de le faire. Fusionnel avec son personnage, il capte littéralement la caméra.

En résumé, Dead Man Talking est un produit belge à la fois complexe et surréaliste, pourvu d’un scénario riche aux multiples facettes à l’instar de son protagoniste principal. Une tranche d’humanité.

Dead Man Talkingde Patrick Ridremont

Sortie le 3 octobre 2012

Drame (100ʼ)

Avec Patrick Ridremont, François Berléand, Virginie Efira, Jean-Luc Couchard, Denis

Mpunga, Christian Marin, Olivier Leborgne

Critique et interview réalisés par Matthieu Matthys

Page 10: Le Suricate - Troisième numéro

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Savages, le nouvel Oliver StoneAprès avoir égratigné l’administration Bush (« W. ») et le monde de la finance (Wall Street : l’Argent ne dort jamais), Oliver Stone nous revient avec son 22ème long métrage : Savages

L’histoire est celle de deux trafiquants de cannabis, Ben et Chon, (joués respectivement par Taylor Kitsch et Aaron Johnson) qui se partagent le marché très lucratif de la Californie en compagnie de leur pe t i te amie commune, «O»phelia (incarnée par Blake Lively). Chon est un ancien militaire qui a officié en Afghanistan. Là-bas, il lui est venu l’idée de ramener des plants de cannabis pour les faire pousser avec son ami Ben. Ensemble, ils peaufinent une technique pour obtenir la meilleure qualité possible de cannabis et leur variété s’impose donc rapidement sur le marché.

L’argent rentre très facilement, la vie en compagnie de leur copine «O» est plus que tranquille. Tout se passe donc bien pour les trois comparses. Puis un jour, ils reçoivent une étrange vidéo montrant des décapitations.Cette vidéo vient du cartel mexicain qui les menace ouvertement s'ils ne collaborent pas. Se croyant à l’abri du danger, ils vont refuser et fausser compagnie à leurs agresseurs en montant un plan d'évasion vers l’Indonésie. Par la même occasion, ils vont tenter de corrompre un agent de la CIA (joué par John Travolta) afin d' obtenir les noms de ceux qui dirigent le cartel et riposter.

La situation autrefois paisible des deux jeunes hommes va très vite dégénérer lorsqu'ils recevront une autre vidéo montrant leur copine passablement amochée, droguée et enfermée dans une cage. Dès lors, ils se retrouvent coincés aux Etats-

unis et vont tout faire pour sortir «O» de son calvaire.Avec Savages, Oliver Stone renoue enfin avec le thriller dans un film caustique où tous les protagonistes risqueront de perdre ce qu’ils ont de plus cher. Car, les retournements de situation fréquents les mettront tous au pied du mur, les obligeant à faire des choix déterminants.

De plus, le réalisateur a choisi de retravailler avec le milieu du grand banditisme, un domaine dans lequel il a excellé autrefois avec Tueurs nés.

Le casting est excellent. Kitsch et Johnson forment un duo très utile avec un contraste intéressant entre un personnage baba cool et un militaire plus que susceptible. On a parfois l’impression que tout va dégénérer en fusillade générale dès que la pression s'installe. De même, l’égérie de Gossip Girl, Blake Lively, tient aussi bien son rôle de séductrice épicurienne.

Parmi les hommes de main du cartel, on retrouve Benicio Del Toro, très à l’aise dans son rôle de malfrat. Puis, Demián Bichir, qui joue là un rôle presque similaire à celui qu'il interprétait dans la série Weeds.Salma Hayek a un rôle crucial que je vous laisserai découvrir et enfin, John Travolta est remarquable dans ce personnage d'agent véreux taillé sur mesure.

En outre, le film comporte de très belles scènes, remarquablement filmées, qui aèrent la narration et permettent de faire varier le rythme pour arriver parfois à une digression et ne pas stagner dans une atmosphère stressante voire cruelle.Par là, on voit très vite que le talent de Stone à mettre en scène des paysages et des situations du quotidien est toujours intact.

A contrario, le défaut que certains pourraient trouver à ce film est la sensation de déjà-vu que peut inspirer le thème de la drogue et des "vilains" mexicains. Pour les autres, ce film sera un bon Oliver Stone comme ils les aiment.

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La critique

«Oliver Stone renoue avec le milieu du grand banditisme»

Christophe Pauly

SavagesDrame, ThrillerdʼOliver Stone

Avec Salma Hayek, Taylor Kitsch, Aaron

JohnssonLaguna Beach, Californie : Ben, botaniste bohème, Chon, ancien Navy Seal, et la belle O partagent tout. Ben et Chon sont à la tête dʼun business florissant. Les graines ramenées par Chon de ses missions et le génie de Ben ont donné naissance au meilleur cannabis qui soit. Même sʼil est officiellement produit pour des raisons thérapeutiques, ils en dealent partout avec la complicité de Dennis, un agent des stups.

©Pathé Distribution

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Les saveurs du palaisCe film est une réussite pour les amateurs de contenu, de scénario ou d’histoire vraie, puisque c’est inspiré librement du parcours de Danièle Delpeuch auprès de François Mitterrand.

Paysage de terre balayée par des vents glacés. Une mission au Grand Nord. C’est le dernier jour du chef coq de la cantine, une certaine Hortense Laborie. Quasi la seule femme du « campement ».Mais quelle femme ! Celle-ci décide de mettre ses talents en jeu pour offrir un dernier repas somptueux à cette équipe isolée. Des rumeurs c i r c u l e n t a u s u j e t d e s o n affectation précédente : elle serait l’ex-cuisinière privée du président de la République.

Mais Hortense n’en parle pas, malgré l’insistance d’une équipe de tournage australienne.

Petit à petit, mélangeant le moment présent et ses expériences au 55, Faubourg St Honoré, au Palais de l’Elysée, on découvre, Hortense, simple aubergiste du Périgord, appelée à Paris sous les ors, amenée à conquérir le palais du président avec une cuisine du terroir… et ce malgré le machisme et le corporatiste de l’ensemble du personnel en place.

Quelle gourmandise ! C’est le premier sentiment qui sort de ce film qui nous fait des gros plans sur les divers plats préparés par Hortense/Catherine Fort. On sort de cette projection avec une furieuse envie de manger quelque bonne chose. Car à l’image tout est authentique : aucun plat n’est constitué de reproduction. Il s’agit de véritables entrées, plats ou desserts réalisés par une équipe de cuisiniers de haut

vol et de spécialistes de mise en valeur des aliments.

Une partie des décors sont bien ceux de l’Elysée, puisque la « scène » a pu être prêtée alors que le président était parti pour une réunion du G20.

Sinon je dirai que c’est un film fait en toute simplicité, mais dont la structure en flash-back ménage un suspense sur les raisons d’Hortense à partir si loin de son Périgord et d’un poste qui semble être privilégié.

Jolies images, histoire attachante, comédiens bien dans leur rôle, y compris le côté un peu pincé de Jean d ’Ormesson avec son élocution élaborée (Ormesson, dont c’est le premier rôle, chose qu’il espérait depuis de nombreuses années !), ce film est une réussite pour les amateurs de contenu, de scénario ou d’histoire vraie, puisque c’est inspiré librement du parcours

de Danièle Delpeuch auprès de François Mitterrand.

L a i s s e z - v o u s a l l e r à v o t r e imagination pour sentir les odeurs, les sensations, que ce soient les nourritures ou les vents sur la lande aride du grand Nord. Le voyage en vaut bien la peine.

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La critique

« Jolies images, histoire attachante, comédiens bien dans leur rôle »

Véronique De Laet

Les saveurs du palaisComédie

de Christian Vincent

Avec Catherine Frot, Jean DʼOrmesson

H o r t e n s e L a b o r i e e s t u n e cuisinière réputée qui vit dans le Périgord. A sa grande surprise, le Président de la République la nomme responsable de ses repas personnels au Palais de l'Élysée. Malgré les jalousies des chefs de la cuisine centrale, Hortense sʼimpose avec son caractère bien trempé.

2 octobre 2012

©Cinéart

©Cin

éart

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Germain (Fabrice Luchini) est prof de lettres dans un Lycée. Un peu blasé, il se découvre une passion pour le jeu de piste littéraire qu’un de ses élèves doués, Claude (Ernst Umhauer), initie avec la première rédaction de l’année. Sous ses yeux, l’élève explique comment il entre dans l’intimité de la maison d’un camarade de classe, mêlant vérité, rêve et fantasme. Comment il découvre une famille normale, ses odeurs, ses paroles, ses habitudes… Pris par le jeu, Germain outrepasse les limites, volant des questions d’examens pour les échanger contre les feuillets. Et ce malgré les mises en garde de son épouse, Jeanne (Kristin Scott Thomas).

Le récit est passionnant, on devient, tel Germain, accro à ce récit en voix off, modifié selon les conseils du coach littéraire improvisé ou selon la perception qu’a Claude des attentes de son professeur. C’est un jeu de dupes, un jeu où chacun projette ses attentes et ses frustrations : celles d’un homme qui rêvait de vivre de sa plume et finit sa carrière ignoré, celles des émois d’un adolescent face à la jolie et jeune mère d’un condisciple. Plusieurs scènes sont carrément comiques, les répliques fusent et le rire est présent mais on demeure comme un voyeur, avec parfois le côté

malsain qui surgit. L’impression évidente de la manipulation et de la dépendance.

La direction d’acteurs est tout à fait remarquable, chacun est d’une justesse totale pour servir ce film entre imagination et réalité.

Malheureusement, le film présente deux gros défauts sur la fin. D’abord il s’étire, il dure un bon 10 à 15 min de trop. Et puis le final en basse vengeance chasse l’émotion initiale, celle d’avoir un huis clos dans l’esprit du Cercle des poètes disparus. Et le soufflé s’écroule.

François Ozon a beaucoup fait parler de lui avec des films comme 8 femmes (2002) ou Potiche (2010) (déjà avec Fabrice Luchini). Ce film est son 14eme long métrage sur nos écrans.

Dans la maisonde François Ozon

sortie le 10 octobre 2012

Thriller (105ʼ)

Avec Fabrice Lucchini, Ernst Umhauer, Kristin

Scott Thomas, Emmanuelle Seigner, Denis Ménochet

Véronique de Laet

Patrice Leconte, réalisateur populaire alternant le bon et le mauvais, nous revient cette fois avec un film d’animation adapté du roman éponyme de Jean Teulé, Le magasin des Suicides. Pour l’occasion, le cinéaste français s’est lancé le défi de présenter le long métrage sous la forme d’un film d’animation, méthode qu’il n’avait encore jamais exploité jusqu’à aujourd’hui. Doté d’une qualité technique irréprochable (décors somptueux, graphismes travaillés) et de dialogues ironiquement macabres, ce conte musical possède de nombreux atouts. En outre, l’ambiance glauque de ce monde imaginaire reflète avec plus de contraste la fausse joie de la famille Tuvache, famille à la fois banale et névrosée. Avec beaucoup d’ouverture d’esprit, ce film pour adultes ravira les amateurs d’humour noir. Néanmoins, même si l’histoire est originale, les idées sardoniques des personnages ne sont pas exploitées à leur paroxysme et la narration nous balance trop vite vers un récit badin. En voulant imiter le style de Tim Burton, Patrice Leconte l’a plutôt mélangé à celui de Sylvain Chomet (Les triplettes de Belleville).

Néanmoins, Le magasin des suicides n’est pas déplaisant à regarder et il est même agréable, de nos jours, de pouvoir encore admirer des animations destinées exclusivement aux adultes. Ce genre cinématographique mêlant l’humour noir, le politiquement incorrect et la caricature tombait tout doucement en désuétude depuis les années 70-80 où les belges Picha et Boris Szulzinger excellaient alors. Malgré le fait que Patrice Leconte nous offre un récit beaucoup plus prude que ses prédécesseurs, il n’en reste pas moins bien inspiré par cette culture du non-tabou.

Au bilan, ce film nous a laissé une bonne impression malgré un scénario cousu de fil blanc. On a apprécié le souci du détail des techniciens mais aussi le culot qu’a eu Patrice Leconte de nous proposer une histoire marginale de manière originale.

Matthieu Matthys

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Le Magasin des suicidesde Patrice Leconte

sortie le 3 octobre 2012

Animation (85ʼ)

Avec les voix de Bernard Alane, Isabelle Spade,

Kacey Mottet Klein

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“The Broken Circle Breakdown” est le nouveau film de Félix van Groeningen. Ce long métrage est un mélodrame intense dont le thème principal abordé est l’amour et ses complications.

Au départ, c’est l’histoire simple de deux êtres qui se rencontrent par hasard, tombent amoureux et fondent une famille. Seulement voilà, leur bonheur sera de courte durée. En effet, ils vont devoir traverser une expérience douloureuse qui va remettre en question leur couple jusqu’à la crise existentielle.

Lui, Didier (Johan Heldenbergh), est un artiste musicien. Il joue du banjo dans un groupe. Elle, Elise (Veerle Baetens), est une artiste du corps. Elle gère un studio de tatouages. Dès la première rencontre, c’est le coup de foudre. Ils se marient. Très vite, le couple donne naissance à une petite fille Maybelle (Nell Cattrysse). Cette famille attachante, à tendance un peu écolo-bio, vit à la campagne, possède ses animaux. Bref, le quotidien de toute famille avec ses problèmes et ses petits bonheurs. Mais ce bonheur à trois sera ébranlé par l’annonce de la maladie de Maybelle. A 6 ans, la fillette tombe gravement malade. Chaque parent vit l’annonce de la

maladie à sa manière tandis que Maybelle se bat contre le cancer sur son lit d’hôpital. Elise et Didier sont conscients qu’ils doivent se battre pour soutenir leur fille. Mais vu leurs convictions religieuses et politiques différentes, auront-ils la force, le courage de se battre?

Avec ce film, Félix van Groeningen (connu pour « La Merditude des Choses en 2009) reste toujours aussi talentueux. Il nous revient cette fois-ci avec une histoire simple mais poignante d’un couple qui se déchire autour d’un drame familial.

La musique de fond est particulièrement adaptée au thème dramatique et les passages musicaux sont très folks.

Vous l’aurez sans doute compris, « The Broken Circle Breakdown » (traduction littérale « la panne du cercle cassé ») est un long métrage très bien construit, sur une histoire d’amour qui se déconstruit et qui je peux vous l’assurer, nous laisse finalement pantois.

The Broken Circle Breakdown

de Felix Van Groeningen

sortie le 10 octobre 2012

Drame (115ʼ)

Avec Veerle Baetens, Johan Heldenbergh, Nell Cattryse, Geert Van Rampelberg, Nils De Caster, Robbie Cleiren

Céline Poissonier

2 octobre 2012

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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Films à l’horizon (sorties du 03/10)

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Taken 2Action

dʼOlivier Mégaton

Avec Liam Neeson, Maggie Grace, Famke

Janssen

Dans Taken, Bryan Mills, ex-agent de la CIA aux compétences si particulières, a réussi à arracher sa fille des mains dʼun gang mafieux. Un an plus tard, le chef du clan réclame vengeance. Cette fois-ci, cʼest après lui quʼils en ont.

Le premier film avait été une véritable surprise car il comportait tout ce que lʼon aime dans un film dʼaction : un bon scénario, des scènes de combat relativement réalistes mais surtout un excellent acteur en la personne de Liam Neeson. Pour ce deuxième opus, on inverse la traque. Un film à voir certainement.

Un soir, Jeff débarque sans prévenir chez Ben. Jeff l'entraîne dans une fête. Sur place, une discussion évoque un festival de porno amateur et l'idée prend vite l'allure d'un pari : Jeff et Ben coucheront ensemble sous lʼœil d'une caméra.

Ce film nʼest pas une création dʼYvan Attal, il sʼagit dʼun remake dʼun film américain (pour une fois, cʼest lʼinverse). Avec Yvan Attal et Charlotte Gainsbourg, on peut vite sʼennuyer mais visiblement, ce film a des atouts. Reste à savoir si lʼhumour va fonctionner et sous quel angle le film aborde la sexualité.

Dans un futur proche. Frank, gentleman cambrioleur à la mémoire fragile, vit en vieux solitaire grincheux jusqu'au jour où son fils lui impose un nouveau colocataire : un robot! Chargé de s'occuper de lui, celui-ci va bouleverser la vie du vieil ours.

Nouveau s tud io e t nouveau réalisateur, ce film a tout dʼune énigme. Une histoire de fond à la fois drôle et dramatique, dʼaprès les médias français, ce doit être bien. Inspiré du célèbre robot humanoïde créé par Honda, celui du film devrait nous convaincre et nous ouvrir à ces nouvelles technologies.

Robot and FrankComédie, Dramede Jake Schreier

Avec Frank Langella, Susan Sarandon, James Marsden

Do not disturbComédie

dʼYvan Attal

Avec François Cluzet, Yvan Attal, Laetitia

Casta

Plaquée par son petit ami, Pauline se laisse entraîner par sa sœur dans un palace de la riviera italienne. Au lieu de savourer les joies du farniente, elle se persuade quʼun crime a été commis dans lʼhôtel et sʼimprovise détective.

À la vue de lʼaffiche ou même du titre, on devrait sʼattendre à un teen movie américain écervelé. Pourtant, il sʼagit bien dʼun film français avec des actrices nʼayant aucun lien avec les stars hollywoodiennes. Pauline est une comédie certainement très légère et quʼon ne retiendra pas à moins quʼil y ait une suite...

Pauline détectiveComédie

de Marc Fitoussi

Avec Sandrine Kiberlain, Audrey

Lamy

Pas vus!

Paris. La vie d'Helena bascule le jour où son fils se suicide après avoir révélé être victime d'abus de son père. C'est la fin abrupte d'un couple aliéné depuis tant d'années.

Faut être fameusement de bonne humeur et bien dans son esprit pour aller voir un drame au pitch si chaotique. Ce film est le troisième film de Teona Mitevska, réalisatrice relativement inconnue du grand public. Plus quʼun doute scénaristique, ce film est une grande interrogation pour nous.

LouvesDrame

de Teona Mitevska

Avec Victoria Abril, Labina Mitevska

Zoé décide de prendre la route pour approcher un écrivain qu'elle admire et peut-être trouver un sens à son existence. Sur son chemin, elle croise Adrien, un jeune comédien, qui curieux et intrigué par son caractère insaisissable, décide de la suivre.

Nous étions invités à le voir mais finalement, le temps nous a manqué. Dommage, car ce film belge pouvait nous émerveiller. De fait, les critiques nʼen font pas un chef-dʼoeuvre mais lʼont tout de même salué à sa juste valeur. Reste à savoir si ce film ne tombera pas dans lʼennui, la tête la première.

La tête la première

Comédie dramatiquedʼAmélie van Elmbt

Avec David Murgia, Alice de Lencquesaing

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Films à l’horizon (sorties du 10/10)

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Think like a manComédie, Romance

de Tim Story

Avec Michael Ealy, Jerry Ferrara, Meagan

Good, Regina Hall

Steve Harvey, animateur dʼune émission radiophonique américaine, ne saurait dire combien de femmes impressionnantes il a rencontrées au fil des ans, que ce soit grâce au volet "Strawberry Letters" de son émission ou durant ses tournées dʼhumoriste.

Le livre éponyme de Steve Harvey fût un best-seller outre atlantique. Livre pour les femmes qui souhaitent savoir ce que pense les hommes, ce film devrait suivre la même mouvance. Cʼest dommage car selon nous, il suffit de leur demander. Un film à voir entre filles, en pyjama, sous la couette.

Kay et Arnold forment un couple fidèle depuis de longues années, mais Kay rêve de pimenter un peu leur vie et de resserrer les liens avec son mari.

Une gentille comédie sur le couple et ses problèmes, cʼest du déjà-vu. Un couple de sexagénaire souhaitant redonner du piment à sa vie, cʼest du déjà-vu aussi. Mais bon, avec la présence de Meryl Streep et de Tommy Lee Jones, cela peut devenir un bon moment de détente.

À 8 ans, le petit John Bennett fit le voeu que son ours en peluche de Noël sʼanime et devienne son meilleur ami pour la vie, et il vit son voeu exaucé. Presque 30 ans plus tard, lʼhistoire nʼa plus vraiment les allures dʼun conte de Noël.

Ne vous fiez pas aux apparences, ce film nʼest pas pour les gosses, bien au contraire. En désacralisant le rêve de tout gamin, Seth MacFarlane a tapé dans le mille. En outre, avec une touche d ʼhumour à la «Paul, lʼextraterrestre», on est impatient de voir ce film.

TedComédie

de Seth MacFarlane

Avec Mark Wahlberg, Mila Kunis, Seth

MacFarlane

Tous les espoirs sont permis

Comédie dramatiquede David Frankel

Avec Meryl Streep, Tommy Lee Jones

Pas vus!

2 octobre 2012

Violetta went to heaven

BiographiedʼAndrès Wood

Avec Francisca Gavilan

Violeta Parra, chanteuse, poète et peintre, est une véritable icône de la culture chilienne.Violeta retrace le destin dʼune femme hors du commun, ses succès et sa déchéance.

Film hispanophone, ce long métrage est une biographie sur Violeta Parra, artiste chilienne. Même si on ne la connait pas chez nous, il est toujours intéressant de suivre la vie dʼune artiste. On devait le voir pour vous mais on nʼen a pas eu le temps, on devait le recevoir mais on ne lʼa pas pas encore. Dans les salles dès le 17 octobre

Page 16: Le Suricate - Troisième numéro

Gagnez le DVD d’Anton Corbijn Inside out

en collaboration avec

« on découvre le vrai Anton aux travers de divers témoignages »Christophe Pauly - Le Suricate

Pour jouer et remporter ce DVD, répondez à la question suivante et envoyez votre réponse à [email protected]

Pour quel artiste, aujourd’hui décédé, Anton Corbijn a-t-il réalisé le clip « Delia’s Gone » ?

Concours

Page 17: Le Suricate - Troisième numéro

l’actu cinéma

Voici douze longues années que l’on attendait le fameux projet lancé par le réalisateur français le plus connu au monde, Luc Besson. Le 21 septembre dernier, la Cité du cinéma est enfin présentée au public européen. Ce complexe gigantesque devant concurrencer les grands studios californiens a pris place sur les lieux d’une ancienne centrale thermique à Saint-Denis, en banlieue parisienne.

Christophe Lambert, directeur général d’EuropaCorp, le précise, ce nouveau centre de production permettra aux réalisateurs français de ne plus s’expatrier pour tourner dans un environnement multi-fonctionnel. Avec ses 23000 m² de bureaux, dont 19000 rien que pour EuropaCorp, et ses 11000 m² destinés à la production cinématographique, cette immense construction devra être la plus belle machine à rêves du monde, selon les mots d’Alain Terzian.

Enfin, des tournages s’y déroulent déjà comme Malavita de Luc Besson.

La Cité du cinéma ouvre ses portesC'était une rumeur assez persistante durant l’été dernier, le retour d'Alerte à Malibu à l'écran ne faisait plus aucun doute. C'est chose faite désormais suite à l'annonce publique de la Paramount affirmant sa volonté d'adapter au cinéma cette série qui a fait tant d'émules dans les années 90. Avec ses 243 épisodes, la série culte avait fait découvrir au monde entier la plastique de nombreux acteurs et actrices dont, entre autres, Pamela Anderson et David Hasselhof. Dernièrement, on a appris auprès des intéressés qu'ils participeront à cette nouvelle aventure en incarnant leurs propres rôles.

Pour diriger toute cette équipe de sauveteurs, c'est le réalisateur Robert Ben Garant qui a été choisi par la production. Le réalisateur est avant tout un scénariste non dénué de talent, celui-ci ayant signé les scripts de La Coccinelle revient, La nuit au musée ou encore une foule de films parodiques comme Reno 911 ! Pour l'aider dans cette tâche, Ben Garant pourra compter sur la présence au casting de Justin Timberlake.

Quoiqu'il en soit, de nombreux fans sont déjà impatients de revoir Mitch Bucannon et C.J. Parker en maillot une pièce. Deux acteurs qui ont respectivement 60 et 45 ans, de quoi nous refroidir et nous donner l'image de la piscine de Cocoon.

«Baywatch» revient avec Pamela et David

Vendredi dernier s’ouvrait la 27ème édition du Festival In ternat ional du F i lm Francophone à Namur, en Wallonie.

Considéré comme le plus gros festival de cinéma en Belgique francophone, le F i F F a c c u e i l l e r a u n maximum de cinéphiles

jusqu’au 5 octobre. Au programme, près de 160 projections, tous formats confondus, et une foule d’acteurs et d’actrices prêts à rencontrer le public et leurs fans.

Vendredi, c’est la nouvelle réalisation de Frédéric Fonteyne, Tango Libre, qui a ouvert le bal. À cette occasion, François Damiens était présent pour présenter le film. D’autres le suivront comme Virginie Efira, Sandrine Bonnaire ou encore François Ozon.

Le FIFF bât son plein à Namur

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Box office US

1. End of Watch

2. Trouble with Curve

3. End of the street

4. Finding Nemo (3D)

5. Resident Evil 5

6. Dredd

7. The Master

8. The Possession

9. Lawless

10. Paranorman

DVD - Blu ray Le Prénom de Mathieu DelaporteVincent, la quarantaine triomphante, va être père pour la première fois. Invité à dîner chez Élisabeth et Pierre, sa sœur et son beau-frère, il y retrouve Claude, un ami d’enfance. En attendant l’arrivée d’Anna, sa jeune épouse

éternellement en retard, on le presse de questions sur sa future paternité dans la bonne humeur générale... Mais quand on demande à Vincent s’il a déjà choisi un prénom pour l’enfant à naître, sa réponse plonge la famille dans le chaos.

M.M.

M.M.M.M.

2 octobre 2012

Source : Box Office Mojo

Du 21 au 27 septembre 2012

Page 18: Le Suricate - Troisième numéro

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Musique

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Leffe Jazz Nights 2013 : Dinant en fête

Pour débuter cette quinzième édition du festival de Jazz à Dinant, je me rend à Bouvignes, petit village bordant la Meuse à l’entrée de Dinant.

Là, devant l’église gothique du XIIIème siècle, se dresse une foule de gens qui se pressent pour suivre une cérémonie d’un autre genre. Ce soir, ce ne sera pas une messe comme les autres qui sera donnée en ce lieu. Cela peut paraître étrange de prime abord pour certains, mais depuis quelques temps, les organisateurs ont tenté un pari risqué et osé: jouer des concerts de Jazz dans des églises!

L’évènement prévu pour animer ce soir l’église St-Lambert est un concert de Rhoda Scott (à l’orgue svp) et ses comparses : Stéphane Belmondo à la trompette (12ème édition pour lui), David Linx au chant, et, cerise sur le gâteau, La Velle (qui accompagnera à merveille ce trio au piano et aussi au chant.

Le public est donc nombreux et enthousiaste. Tout le monde est curieux de voir ce que nous réserve cette soirée atypique au programme alléchant.

Tout le monde est installé, et c’est donc au tour de Patrick Bifort de présenter la soirée et le déroulement du festival durant les quatre soirées de cette édition un peu particulière, puisque les parrains des précédentes

éditions seront présents tout au long de ce weekend grandiose.Ils nous combleront de bonheur et de notes tantôt Jazzy, tantôt Gospel.Parfois intimistes (avec Steve Houben, Grégoire Maret, ..), parfois extravertis (avec David Linx dont la voix sublime la prestation de tous ceux qui l’accompagnent et la gestuelle est si énergique et communicative), les concerts proposés raviront les amateurs de tous les styles et rassembleront donc le plus grand nombre.

Vient ensuite au Père Jean-Baptiste de nous faire une brève présentation de son église. Un lieu chargé d’histoire qui fut le témoin de beaucoup de dates majeures de l’Histoire de notre pays. Il achèvera sa présentation par cette note d’humour: «Ce soir, il n’y aura pas d’entracte. Mais bien une collecte ! Soyez donc généreux!» (fou-rire général du public qui applaudira le maître des lieux ravi de son «petit effet»).

À présent, place au spectacle ! Et là, surprise ! Ce n’est pas dans le coeur de l’église que se tient Rhoda Scott, mais dans le fond de celle-ci ! À cette soirée atypique, se joint donc cette démarche inhabituelle. Le concert commencera par Madame Scott, interprétant seule quelques négro spirituals à l’aide de... l’orgue de

l’église, récemment rénové pour l’occasion.Vo i là une expér ience que je recommande à chacun ! C’est pour moi (et pour beaucoup dans le public, je pense) la première fois que j’assiste à un tel spectacle et le public autour de moi est troublé, ému et captivé. Le ton est d’ores et déjà donné. Et l’on sait tout de suite que l’on a affaire à une TRES grande dame ce soir.

Après ces quelques morceaux d’introduction, Rhoda descend accompagnée de Jean-Claude Laloux, qui lui tient la main.Le public l’applaudit chaleureusement et est très impatient d’entendre ce qu’elle lui a concocté pour ce soir. Et le programme alléchant, le voilà! Stéphane Belmondo arrive lui aussi sur scène. Ensemble, ils vont former un duo parfait et échanger beaucoup de regards complices.Ils interpréteront quelques classiques comme le fameux «Hymne à l’amour» d’Edithe Piaf. David Linx viendra ensuite avec sa voix magique et ses gestes élégants. Notez aussi que celui-ci, en plus de son aisance sur scène, a une formidable faculté pour faire du «scat» et délivrer tout une foule de notes en passant du grave à l’aigüe très facilement.

«La Velle, magnifique chanteuse de Gospel»

Le reportage©Christophe Pauly

Premier jour

Page 19: Le Suricate - Troisième numéro

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Christophe Pauly

2 octobre 2012

L’autre grande dame de la soirée sera La Velle. Cette magnifique chanteuse de Jazz et Gospel nous aura donné une prestation époustouflante. C’est sans aucun doute quelqu’un qui vit sa musique et qui sait transmettre beaucoup d’émotion au travers de son regard et de son jeu. Elle livrera de belles mélopées improvisées de «scat» et l’on appréciera aussi sa sincérité. À la f in du concert , tous se rassembleront sur scène pour jouer «Duke’s Place» (de Duke Ellington) et le public verra là des musiciens très complices, échangeant des sourires, observant l’autre et essayant de le surprendre lors de formidables impros. Cette soirée fut en tout point un vrai moment de bonheur et de communion entre les artistes et, avec un public plus que comblé qui en redemandait encore tant la prestation de ce soir était excellente.

Pas de doute, cette 15ème édition du festival Leffe Jazz Nights commence en beauté.

Pour continuer ce festival incontournable qu'est désormais le Leffe Jazz Nights, beaucoup de beau monde était au programme.

La soirée a tout d'abord commencé par L-Town Connection. Ce quintet est en fait le gagnant du concours "Jeunes Talents" organisé il y a quelques temps. On peut dire que c'est une découverte intéressante qui interprète des compositions de Wayne Shorter, de Thelonious Monk, de Raf Hendrix ou du pianiste Andy Willems.

Peu après, ce sera au tour du Stéphane Belmondo Quartet de nous régaler avec Kirk Lightsey au piano, Sylvain Romano à la basse et le fameux Billy Hart à la batterie, Stéphane Belmondo aura su donner un concert plein d’audace et de sensibilité.

Grâce à ce beau monde, le jeu du trompettiste français se voyait sublimé et l’on appréciera ce voyage musical dans lequel Stéphane nous emmena.

Il y aura bien entendu des morceaux de Stevie Wonder (son compositeur favori pour qui il rendit un hommage sur un précédent disque) tels que «You and I», mais aussi ses propres

compositions comme «Rita», un titre écrit pour sa fille.

Comme toujours, Belmondo nous sert des solos d’une musicalité à toute épreuve, alliant le thème et quelques envolées mélodieuses qui nous font toujours voyager pour mieux revenir à l’essentiel de la partition.

Ensuite, la soirée prendra une toute autre tournure avec "Rock my boat". Un projet réunissant le fabuleux chanteur David Linx, Rhoda Scott à l'orgue, Manu Codjia à la guitare et André Ceccarelli à la batterie. Rock my boat est né des suites d'une rencontre au festival de Dinant en 2007 entre David et Rhoda. Leur complicité sur scène, l'énergie de David Linx et les improvisations de Rhoda Scott auront vite fait de conquérir un public chaleureux. Le batteur André Ceccarelli est aussi très intéressant à voir et sait imposer son style tout en restant discret. Quant au guitariste Manu Codjia, ses solos son d’une fluidité et d’une précision très impressionnantes.

Ensemble, ils interpréteront des titres supe rbes e t va r i és t e l s que "Moonriver", "Quiet Place" ou encore le merveilleux "Childhood" de Steve Houben. Une balade qu'ils avaient déjà joué à Bouvignes mais qu'on ne se lasse pas d'entendre.

Enfin, le clou du spectacle, le trio composé de Eric Legnini, Manu Katché et ... Kyle Eastwood!! (le fils d’un certain Clint qu’il est inutile de présenter tant l’acteur est connu de tous)

L’idée de cette quinzième édition était de rassembler les parrains des autres

années et de les faire jouer si possible ensemble dans des projets audacieux. Patrick Bivort a donc eut l’idée de proposer à Katché et Legnini de former un trio avec le bassiste Kyle Eastwood. (dont ce fût le premier concert en Belgique) Le hasard n’a rien à voir avec cette collaboration. Les trois hommes avaient déjà joué ensemble sur l’album de Kyle Eastwood: « Métropolitain». Ils ont donc naturellement accepté de reproduire ce trio exclusivement pour le festival.

Dès les premières notes, les curieux venus pour voir de quoi est capable ce fils à papa son bluffés! Passant du funk au rock, tantôt jazzy, tantôt funky, la basse de Kyle Eastwood n’est comparable à nulle autre et nous étonne autant qu’elle nous fascine! Jouant de la contrebasse, mais aussi de la basse électrique en osant même des introductions avec des harmoniques, l’américain nous aura ravi en enchanté par son jeu varié.

Légnini a lui aussi donné le meilleur de lui-même. Il a su faire respirer les morceaux sans noyer le public de phrasés interminables. Le plus frappant est lorsqu’il joue sur le piano électrique de type «Rhodes» et qu’il donne ainsi une couleur plus funky aux morceaux, ce qui fait ressortir davantage la basse.

Manu Katché à quant à lui boosté encore plus l’énergie déjà débordante de ces fabuleux morceaux avec son jeu précis et ses cymbales splash si reconnaissables.

On voit aussi que, loin de l’univers pop dans lequel il a plongé auparavant, le jazz lui donne beaucoup plus de liberté de jeu et qu’il y prend bien plus plaisir à improviser des rythmes asymétriques pour donner plus de couleur et de tonique à la mélodie.

Le trio semble en totale osmose et le public très enthousiaste finira le concert debout. Manu Katché dira d’ailleurs que c’est grâce au public qu’ils arrivent à se surpasser et à offrir ce concert superbe.

Avec un son impressionnant et une panoplie de styles qui imposent le r e s p e c t , c e t r i o a u r a é t é incontestablement un moment clef du festival.

Second jour

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Olivia Ruiz, l’invitée tant attendue

Pour le dernier jour du festival, une surprise de taille nous attendait. Olivia Ruiz, la femme chocolat, devait venir nous proposer un concert un peu particulier. En effet, si beaucoup connaissent sa personnalité très affirmée, peu de gens connaissent son amour pour le jazz.

La Carcassonnaise est donc venue présenter son dernier EP un peu particulier: «Olivia Ruiz et le Red Orchestra».L’orchestre avait fait le déplacement avec elle pour quelques dates et quelques privilégiés allaient donc pouvoir admirer cette collaboration un peu atypique sur scène.

D’entrée de jeu, elle nous annonce être une «Non-jazz» et que ce projet était l’occasion pour elle de jouer la diva le temps de quelques concerts. Néanmoins, si ce concert avait des airs de happening, le contenu était tout de même de qualité.

La diva d’un soir reprit quelques classiques du jazz tels que «Sing, sing, sing», «The more I see you» ou «Bewitched».

Le public fut charmé dès le début mais la réponse de celui-ci restait visiblement trop timide pour la grande Olivia. Elle dû donc insister quelques fois pour «réveiller» ce public et la mayonnaise prit.

En plus des classiques des autres, Olivia reprit les siens (Miss Météor et la Femme Chocolat). Ce qui créa plus de réactions enthousiastes.

Au rappel, un petit problème se posa: il n’y avait plus de morceaux en réserve à jouer...Alors, en accord avec le public dinantais, Olivia reprit la «Femme chocolat» une seconde fois, et là, tout le monde se leva pour chanter avec elle.

Une fois de plus, Olivia a prouvé qu’elle était une artiste complète qui aime prendre des risques et s’en sort magistralement.

La Galerie

Christophe Pauly

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Flying Colors: un peu de tout, mais que du bon!Nous aurions pu faire un titre dans le style facile: «Flying Colors nous en a fait voir de toutes les couleurs», mais je pense qu’un groupe de cette qualité mérite beaucoup mieux. Alors, voici ce que vous avez manqué si vous n’étiez pas au Poppodium 013 à Tilburg, ce jeudi 20 septembre.

«Mais qui est Flying Colors?»Voilà une question à laquelle beaucoup de gens n’écoutant que du «tube» formaté de trois minutes, de la sauce tout juste bonne pour passer en radio toute la journée sur les chaînes à trois lettres destinées aux «jeunes» ne sauront répondre.

Pour ceux qui aiment le «bon» rock, peut-être que Deep Purple, Dream Theater ou Joe Satriani vous diront quelque chose..?Flying Colors est en fait un «Super groupe» (formation composée de musiciens réputés) formé de cinq musiciens ayant collaboré ou faisant partie des noms précités. Il y a donc, à la batterie, Mike Portnoy (ex-Dream Theater, Transat lant ic, Adrenaline Mob,...), le multi-instrumentaliste, Neal Morse (ex Spock’s Beard, Transatlantic, ..), le guitariste Steve Morse(...), le bassiste Dave La Rue (Joe Satriani, Steve Vai,...) et enfin le chanteur Casey Mc Pherson.

Une belle affiche donc pour ce groupe qui a déjà sorti un album très remarqué par la presse en mars dernier.

C’est à Tilburg donc, en Hollande, que les cinq comparses avaient donné rendez-vous à leurs fan pour un concert mémorable dans la salle du Poppodium 013. Une salle bien connue pour le public aimant le rock progressif, puisque c’est là que Transatlant ic (un autre projet rassemblant aussi Portnoy et Neal Morse) avait enregistré deux live très appréciés de leurs fans (à savoir «Live in Europe» en 2003 et «More Never Is Enough» en 2010).

Lors de mon arrivée à la salle, monsieur Chris Thompson de Radiant Records me donne mon pass « m e d i a » e t m ’ e x p l i q u e q u e contrairement à l’habitude, je ne pourrai photographier au devant de la scène.En effet, ce soir est particulier puisque le concert sera filmé pour un prochain DVD live du groupe! Ayant cette information en main, je me dis que malgré tout, ce ne devrait pas être très compliqué de faire des photos dans le public... je me rend donc dans la salle, et là, surprise: non seulement la salle est remplie, mais en plus, un seul accès latéral permet de se glisser tant bien que mal parmi cette foule compacte.

Je prend donc mon temps pour choisir un point de vue un peu surélevé afin de ne pas être gêné par le public. (heureusement, les fans m’entourants furent très compréhensifs et me laissèrent le champ de vue libre pour que je puisse photographier toute la scène sans difficulté.

L’ambiance est déjà électrique, et les fans, très attentifs au moindre mouvement des techniciens sur la scène, scrutent les coins de celle-ci à la recherche de l’une ou l’autre de leur idole.

Enf in, à 21h05, les lumières s'éteignent, et le public crie de joie pour accueillir Neal Morse et ses disciples.

Mike bat la mesure avec ses baguettes, et c’est «Blue Ocean» qui ouvre le bal. (C’est aussi par ce titre que commence leur album). On est de suite captivés par cette ligne de basse qui mène la danse durant le thème de la chanson, pour laisser entrer progressivement les guitares et le clavier. Le public apprécie aussi ce refrain qui aère le tempo et montre la qualité vocale (car oui, tout le monde chante ici) du quintet.

Puis, naturelement s’en suit «Soulda Coulda Woulda», le deuxième titre de l’album, lui aussi parfaitement exécuté par Mike Portnoy qui nous fait une splendide introduction rythmique. Ce morceau est nettement plus puissant et tout le monde secoue la tête et saute sur les temps-forts de la chanson.

Ensuite, on passe à «Love is what I’m looking for», un morceau qui sonne for brit-rock et où le piano occupe une place importante et où Cassey n’hésite pas à promener sa voix dans les aiguës.

C’est ensuite que Mike se lève pour admirer la foule en délire et prend son micro pour nous dire «Je sais ce que vous vous dites... «Ils n’ont qu’un seul album et ils vont le jouer du début à la fin!» .. Eh bien non! détrompez-vous, on a trouvé une autre manière de vous punir! (rire général dans le public) On va vous jouer aussi des morceaux composés par chacun d’entre nous! Et le prochain est donc «Can’t find a way», un morceau de Endochine (un super groupe dont faisait partie Casey et que j’aurais voulu voir en live à l’époque)

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Chacun aura donc l’occasion de reprendre l’un de ses tubes pour faire découvrir son univers au public. Ainsi, il y aura Odyssey (des Dixie Dregs, l’autre groupe de Steve Morse), Hallelujah (de Leonard Cohan) magnifiquement repris en solo par Casey Mc Pherson (qui montrera là toute les subtilités de sa voix).

Malgré leurs forte personnalité, chaque membre du groupe semble en totale osmose avec l’ensemble, ce qui fait que le tout sonne de façon cohérente. Personne ne cherche à effacer l’autre, tout se fait dans le respect et le partage. Il est évident que lors de leurs solos, ces musiciens formidable y mettent toute leur énergie et le public adore ça!

Mike Portnoy demandera l’aide du public pour l’aider à chanter «Fool in my heart» et enchainera avec «Repentance» de Dream Theater

L’un des moments forts de cette soirée fut lorsque Neal, Mike et Casey se rassemblèrent au devant de la scène pour chanter ensemble «June», l’un des titres phare de l’époque où Neal faisait encore partie de Spock’s BeardLa fin du set fut magnifique avec le dernier morceau de l’album: «Infinite Fire.

Le groupe salue, lance onglets et baguettes et sort de scène. Le public, lui ne quitte pas la salle et fait un maximum de bruit, personne ne semble vouloir en finir là.

Alors, après quelques instants d’attente, Portnoy et sa bande reviennent pour conclure cette soirée.

«Nous n’avions pas prévu de jouer d’autres morceaux durant cette tournée. Néanmoins, on a préparé quelque chose pendant les répétition tout à l’heure.»Ce sera finalement par «Space Trukin’», une reprise de Deep Purple que le groupe clotûrera ce superbe concert.Espérons que ce projet perdure et que l’on revoit les Flying Colors très prochainement!

2 octobre 2012

Texte et photos de Christophe Pauly

Flying Colors chez Mascot Records

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Rising FestivalEn ce samedi ensoleillé, c'est à Thy-le-château que mon GPS me mène... Vous ne connaissez pas? Moi non plus. Mais je n'oublierai plus ce nom, ni le Rising Festival!

Si vous avez environ 25 ans, l'affiche vous semblera alléchante...

Un cover de Queen, les PILGRIMS est déjà sur scène lorsque j'arrive, et en fermant les yeux on croirait entendre, par moment, le grand Freddie lui même. Bref un bon cover que l'on prend plaisir à écouter et qui fait monter l'ambiance.

La suite est assurée par BALIMURPHY, vous connaissez sans doute ce groupe français, il a beaucoup tourné cet été... Pour ceux qui ne connaissent pas encore, rendez vous sur YouTube, cherchez "Monsieur" ou "Poussières".

À peine ont-ils quittés la scène que CRE TONNERRE fait son apparition. Ce groupe bien de chez nous nous fait voguer sur les sept mers avec ses chants de marins tous plus entraînant les uns que les autres, et aux paroles pas toujours anodines. Découvrez "Le Prestige", ou "Les Gabiers du Ton". Sachez également que ce groupe belge à sorti une bière à son effigie : La Cré Tonnerre, une bière au Rhum... Évidemment!

J'en arrive donc à la partie qui fera vibrer les plus de 25 ans... BERNARD MINET monte sur scène... Mais si, vous devez connaître... "Les Chevaliers du Zodiaque", "Bioman", c'est lui! Et il est toujours à la hauteur de ce que le public attend de lui. Des chansons que tous reprennent en chœur, et c'est des souvenirs plein la tête qu'il nous laisse finir la soirée.

Il est déjà bien tard et c'est au son de l'accordéon, du violon et de la cornemuse de MANAU que nous terminerons la soirée. Près d'1h30 de concert alliant de main de maître les vieux tubes tel que "La Tribu de Dana" avec les titres du tout nouvel album "Panique Celtique 2" comme "La Rumeur" ou "Je Parle Encore" pour ne citer qu'eux. Si ce nouvel album comporte 11 titres, il se compose assurément de 10 futurs tubes!

En bref, le Rising Festival s'adresse à un large public et sait ce qui fait plaisir aux festivaliers. Pour un prix démocratique, n'hésitez pas à vous rendre à l'édition 2013.

Photos et texte par Jérémie Piasecki

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Julien Sterckx

2 octobre 2012

Jethro Tull... un nom en apparence barbare qui ne signifie sans doute pas grand-chose à un grand nombre d’entre vous. Et pourtant le groupe, actif depuis la fin des années 60 , a vendu plus de 60 millions d’albums à travers le monde, excusez du peu !

Pour décrire le style de ce groupe, on peut dire que Jethro Tull évolue dans un style que j’aime à qualifier de « ménestrel rock », un mélange de Blues Rock, de Rock Progressif, de Folk, de Hard Rock et de tellement d’autres choses selon encore selon les albums , le tout subliminé par le talent de flutiste-chanteur de Ian Anderson.

Sorti en 1972, l’album dont je vais vous parler est la 5ème offrande du groupe mais il est par contre le premier à se classer en tête du Hit-parade américain, une très belle performance vous en conviendrez.

Il s’agit d’un « album-concept », dans lequel Ian Anderson chante un long poème fictif écrit par un tout aussi fictif enfant surdoué de 8 ans. L’idée pour Jethro Tull de faire un concept-album est venue suite aux incéssantes questions des journalistes demandant sans cesse aux membres du groupe pourquoi ceux-ci ne créaient pas un album-concept, comme le faisait les autres groupes catalogués « prog ». Thick As a Brick ( expression que l’on peut traduire en français par quelqu’un de stupide , long à la détente ) est

donc une réponse pleine d’ironie aux critiques de l’époque.

La principale particularité de l’album est que celui-ci est composé d’une seule et unique chanson de 43 minutes ( certes coupée en deux parties, il n’était en effet pas possible à l’époque de faire tenir un morceau si long sur une seule face de disque). « Un morceau de 43 minutes ? Non merci, cela doit être bien ch… ton truc ».Et bien pas du tout, car le génie du groupe est la : Arriver pendant 43 minutes à faire voyager l’auditeur, le bercer d’une douce mélodie guitare-piano-flûte, le transporter ensuite à toute vitesse dans des accélérations musclées pour ensuite passer mid-tempo à un passage poignant accompagné de violons. Et ceci n’est qu’un court exemple de toute la richesse de ce morceau !

C’est bien simple on ne s’ennuie jamais et on passe pendant l’écoute de l’album par à peu près toutes les émotions que la musique peut nous apporter. Le morceau à peine fini, on en redemande et on redécouvre alors lors d’une nouvelle écoute d’autres subtilités.

Pour couronner le tout, l’album est admirablement exécuté par de talentueux musiciens, mettant réellement leur technique au service de l’émotion. Ian Anderson n’est peut-être pas le meilleur chanteur de son temps, mais

sa voix colle parfaitement à la musique de l’album.

En résumé : installez-vous bien confortablement, bouclez vos ceintures, écoutez et laissez vous transporter dans ce voyage musical

Pour revenir un peu dans le présent, il est important de noter que Ian Anderson, le leader de Jethro Tull a sorti cette année sous son propre nom , une suite « Thick as a Brick 2 » , assez bien réussie certes, mais qui manque du petit je ne sais quoi qui fait passer le statut d’un album de bon à excellent.

Toujours cette année, l’ami Ian exécutera ( sans les autres membres de Jethro Tull ) une tournée spéciale durant laquelle il interprètera avec d’autres excel lents music iens l ’ intégral i té des deux albums. Malheureusement pour vous, la date belge au Cirque Royal est déjà complète, et non , je ne revends pas mon précieux ticket.Bon, sur ce, je vous laisse découvrir ce bijou et quant à moi, je réappuie sur Play pour repartir pour 43 minutes de bonheur.

Retour sur... Jethro tull

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Scène Sur Sambre

Ces 31 août et 1 septembre, l'Abbaye d'Aulne, près de Thuin, site abritant les ruines d'une ancienne abbaye et de nombreuses écluses, s'est tenu un festival peu ordinaire. Le festival des Barges... Scène sur Sambre. En effet la scène de ce festival est littéralement sur la Sambre. Cette année le festival proposait également 21 groupes belges que le public pouvait voir jouer gratuitement, ce concept appelé le "Bistr'off" à fait l'unanimité tant au niveau des festivaliers qu'au niveau des groupes. Nous avons recueilli pour vous les propos de Mr Cédric Monnoye, les voici.

Les Suricates : "Bonjour, quel est le plus grand défi logistique pour un festival comme celui ci?"

Mr Monnoye : "Bonjour, pour une seconde édition le defi n'a pas été la scène puisqu'on à déjà fait ça l'an dernier. Donc je dirai que le défi de cette année à été d'avoir une scène plus grande et d'accueillir des groupes internationaux. Assumer au niveau de la régie, de l'accueil et de l'encadrement des gros groupes. Le pari est réussi, tous les artistes sont enchantés. On commence à entrer dans la cour des grands."

Les Suricates : "Que voulez vous améliorer pour l'edition 2013?"Mr Monnoye : "Le Bistr'off, la formule est ok, mais on peut l'améliorer. Pourquoi passer le festival sur 3 jours, mais on ne veut pas aller trop vite."

Les Suricates : "Scène sur Sambre 2012, c'est combien de bénévoles qui travaillent?Mr Monnoye : "Cette année, plus de 200."

Les Suricates : "Et combien de festivaliers?"Mr Monnoye : "6000 festivaliers le vendredi et plus de 8000 ce samedi."

Les Suricates : "Quel est le groupe que toi tu voudrais voir monter sur cette Scène sur Sambre?"Mr Monnoye : "Indochine, maintenant ça reste une question de budget, de chance, de bonnes relations, faire une bonne promo. On vient de faire un magnifique coup avec Texas mais on a tout à prouver."

Les Suricates : "Qu'est ce que tu voudrais dire aux lecteurs pour leur donner envie de venir l'an prochain?"Mr Monnoye : "Écouter les échos du public de cette année? 50 à 60% des gens présents cette années étaient déjà la l'an dernier. Et surtout venir se faire sa propre opinion."

Les Suricates : "Merci et à l'année prochaine."Mr Monnoye : "Merci à vous."

Et c'est parti... Premier groupe à arriver, en barque s'il vous plaît, sur scène est VEGAS. Leurs sonorités séduisent et les festivaliers présents s'amassent devant les barrières. Pas de doutes, Vegas est un groupe prometteur qui monte qui monte... Nous les avons interviewés, et voici ce qu'ils nous ont confiés...

Les Suricates : "Quel effet cela vous fait il d'ouvrir ce festival?"

Vegas : "C'est pas évident, il y a de gros noms derrière nous et il faut assurer. Mais le public n'a pas fait demi tour, c'est bien (rires)."

Les Suricates : "Vegas, c'est 8 ans d'existence, plusieurs albums, comment en êtes vous arrivés la?"

Vegas : "On a commencé comme tout le monde, des petits concerts, le bouche à oreilles... Le nouvel album sortira début 2013!"

Les Suricates : "Où vous voyez vous dans 5 ans?"

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festival

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Les Suricates : "Où vous voyez vous dans 5 ans?"Vegas : "Dans un bus dans n'importe quel pays, en tournée! Notre single va sortir en France, peut être en Allemagne, c'est l'ouverture vers les pays de l'est."

Les Suricates : "LA scène que vous voudriez faire?"Vegas : "En Belgique, l'AB c'est sur! Le Stade de France, pourquoi pas!"

Les Suricates : "Merci et bonne continuation."Vegas : "Merci à vous!"

La journée se poursuit et le monde ne cesse d'arriver et de s'amasser devant cette scène flottante. Se succèdent des groupes aussi divers que variés tels que ROVER, INNA MODJA, JOSHUA venus avec leur petite protégée de The Voice, Giusy Piccaretta. Mais aussi GÉRALD DE PALMAS, AXELLE RED. Et quoi de mieux pour clôturer la journée en beauté que QUENTIN MOSIMANN et son set? La foule est en délire, agitant les bras et sautant aux rythmes des platines de Quentin... Pas de doutes, la nuit sera longue dans le camping.

Nous vous en parlions en début d'article, ce samedi 21 groupes belges se produisent sur des scènes accessibles à tous et disséminées un peu partout dans le village. Impossible de tous les voir... Nous nous sommes donc intéressés à la scène 5.

EVERPLAY sera le premier à nous faire vibrer, ce groupe liégeois est bien au dessus de nos attentes... Notez bien ce nom, Everplay est un groupe à découvrir que vous pourrez déjà entendre sur les ondes de Classic 21.Nous avons évidemment tenu à les interviewer...

Les Suricates : "Bonjour, comment en êtes vous arrivés la?"Everplay : "Salut. On a posté des chansons sur MySpace et on a été contacté par le bassiste de Machiavel. Ils nous ont tout de suite dit que c'était le genre de rock qu'ils aiment passer sur Classic 21 et qu'ils pouvaient nous aider. Les concerts ont fait parler de nous, et nous voici... L'album est la, en vente durant nos concerts et sort le 17 septembre à la FNAC et chez Mediamarkt. C'est sur que c'est un gros plus! Maintenant on cherche un manager, un tourneur."

Les Suricates : "Vous n'avez pas peur d'attraper la grosse tête avec un succès si soudain?"Everplay : "Ça fait 9 ans que le groupe existe, on bosse comme des dingues mais on n'oublie pas d'où on vient. On est encore tout petit et on bosse surtout pour nous."

Les Suricates : "Où vous voyez vous dans 5 ans?"Everplay : "On espère avoir sorti un 3ème album si les 2 premiers ont bien marchés..."

Les Suricates : "Une scène qui serait pour vous LA scène rêvée?"Everplay : "L'AB, Dour, et comme on vient de Liège, Les Ardentes évidemment!"

Les suricates : "Merci et bonne continuation."Everplay : Merci et à bientot!"

Après avoir acheté leur album, parce que oui, ça nous a plu et on a tous deux acheté leur album, ce sont LES MÂLES PROPRES qui apparaissent, leurs sonorités bien à eux ont vite fait d'amasser encore un peu plus le public... Interview a suivre dans un prochain article...

Et enfin, voici la tête d'affiche de ce mini festival du Bistr'off dans le festival, INC.OGNITO. Du rock, du bon son, une énergie sur scène débordante... Bref, on ne peut qu'adhérer!

Nous avons à peine le temps d'arriver devant la grande scène que déjà KILL THE YOUNG est sur scène et nous envoie son punk rock dans les oreilles, il est tôt mais le monde et l'ambiance sont déjà bien présents!

Scène sur Sambre est un festival belge et n'a pas peur d'accueillir INTERGALACTIC LOVERS, ce groupe venu de Flandres nous rappelle que nous sommes un seul et unique pays et que de l'autre côté de la frontière, qui n'est que linguistique, on fait aussi de la bonne musique.

Everplay

2 octobre 2012

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Nous voyageons toujours plus loin, et c'est en Irlande que nous nous rendons en compagnie de PERRY ROSE, cet artiste belge-irlandais nous emmène avec ses sonorités tantôt celtiques, tantôt rock...

Nous voyons ensuite défiler YCARE et MARLON ROUDETTE. Il fait noir, et noir de monde aussi, les public est en masse et fin prêt à accueillir ORELSAN, ce rappeur de Caen que beaucoup connaissent sait quoi faire pour augmenter d'un cran l'ambiance et c'est ce qu'il fait... Le public est en délire et bat le rappel.

Mais voilà que sonne déjà la fin de Scène sur Sambre, et quoi de mieux pour clôturer cette seconde édition que de nous emmener en Écosse... Ils ont vendu 20 millions d'albums et ont 25 ans de carrière derrière eux, TEXAS n'est plus à présenter... Et il reste à la hauteur de sa réputation! Je ne peux que me taire et vous inviter à écouter "I don't Want a lover", "Summer son" ou "In demand" en regardant les photos pour vous rendre compte de ce que vous avez raté cette année à Scène sur Sambre...

Ne soyez pas trop déçus, un festival comme Scène sur Sambre vous offrira de nombreuses occasions de vous rattraper... Pourquoi pas en 2013?

Texas

Orelsan

Texte de Celia Beaudry et Jérémie Piasecki

Photos de Jérémie Piasecki

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Ronquières Festival

C'est pour moi une toute nouvelle expérience que celle de couvrir un festival pour le Suricate. "Mais dans quelle aventure vais-je encore m'embarquer?". Telle est la question que je me suis posée sur la route.Après avoir rejoint un autre reporter, amateur de festivals comme moi, j'étais déjà un peu plus confiante au fur et à mesure que je m'approchais du site de l'ascenseur de Ronquières. Il n'a pas été aisé de trouver directement le parking réservé pour la Presse mais notre véhicule trouva finalement une place sur le vaste parking. Accompagnée par Jérémie un jeune photographe qui sera mon collègue de festival ce jour, nous entrons dans le site du Ronquières Festival proprement dit. Le premier groupe prévu au programme à 13h20 se produit déjà sur la scène Bâbord. Les membres du groupe INC.OGNITO (un groupe hennuyer facilement reconnaissable par la ligne noire grimée sur les yeux) sont déchaînés sur scène... Directement mis dans le bain (mais pas encore de foule), nous passons derrière les barrières pour accéder au backstage et nous nous attelons à la tâche. Après leur superbe prestation, les membres du groupe nous ont accordés une petite interview en backstage.

Le Suricate : "Inc.ognito... Merci de nous accorder un peu de votre temps. Pourquoi avoir choisi ce nom de groupe?". Inc.ognito : "Nous voulions un nom qui sonne différemment, dont l'image ne colle pas au nom mais qui a un sens. Le point dans le nom fait référence à l'industrie en général. Nous voulions également utiliser des lignes jaunes et noires. " Le Suricate : "Première édition, premier jour de festival, premier groupe à se produire... Ca n'a pas été trop difficile?"Inc.ognito : "Non, ça va..." Le Suricate : " Quels sont vos projets?"Inc.ognito: "Un E.P. en préparation. Certainement pour la rentrée 2012."

Le Suricate : "Super nouvelle! Dans 2 à 5 ans, vous vous voyez où ?"Inc.ognito: "Sur la lune? (Rires) Non, sur la route, dans les cafés, dans les festivals." Le Suricate : "La scène de vos rêves, quelle est-elle?"Inc.ognito: "Pompéi! Oui, sur le site de Pompéi!" Le Suricate : "Un mot sur le Festival, l'organisation, etc..."Inc.ognito: "Super organisation! Bravo! Tout est au top!"

Le Suricate : "Merci en tous cas de nous avoir consacré un peu de votre temps.Vous êtes partants pour une photo souvenir?"Inc.ognito: "Oui, bien sûr!"

Après s'être réhydratés et frotté les visages sur lequels le maquillage noir coulait, les gaillards n'ont pas hésité à faire de l'escalade pour poser pour la photo. Un groupe prometteur.

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Tout au long de la journée se sont enchaînés les 14 autres groupes. Successivement, la foule s'est déplacée de la scène Tribord vers la scène Bâbord. Devant la scène Tribord pour voir le second groupe belge de la journée, Les RECORDERS (tendance pop electro) puis devant la scène Bâbord pour découvrir les titres du premier album d'HIPPOCAMPE FOU. De plus en plus nombreux étaient les festivaliers qui s'étaient agglutinés devant la scène Tribord pour acclamer le groupe anglo-saxo METRONOMY (dont la venue en Belgique pour la journée était uniquement liée au Festival). Il faut dire qu'avec ce son pop rock et leurs costumes so brittish, ils interpellent cette infime partie du public qui ne les connaitrait pas encore. Leur 3ème opus ne peut que plaire. Et particulièrement les titres "The bay", "She wants" et "The look" qui ont fait chanter et danser même les plus jeunes. Après leur impressionnante prestation, les membres du groupe ont accepté de poser pour une photo en backstage. A la question "What do you think about this new belgian festival?" leur réponse fut "Ow! So cool! It's a new great festival ". Juste le temps de s'hydrater vite fait... Direction, la scène Bâbord, où c'est au tour des STEREO GRAND (4ème groupe belge) de faire bouger les festivaliers. Et le quintet belge a séduit le public au son de sa musique pop rock electro. A tribord, les membres du groupe MONTEVIDEO auront surpris plus d'un festivalier. Leur prestation était empreinte de l'expérience de la trentaine et de l'influence puisées outre-atlantique. Les BIKINIANS (encore un groupe belge) a bien évolué depuis sa création en 2007. Deux albums en cinq années plus tard, les voilà qui prouvent leur talent sur scène devant de nombreux fans. Avec le groupe 1.9.9.5., la soirée évolue progressivement vers le hip-hop et le rap. Et oui, le festival veut plaire à tout public. De très jeunes festivaliers, aux casquettes à l'envers, reprennent en choeur les paroles scandées par les chanteurs. "Finis de blaguer on passe à la suite! Les années filent mais mon équipe reste à l'affiche".Pendant qu'une majorité de garçons se défoule avec 1.9.9.5, les jeunes filles se demandent si Pete Doherty sera bien au rendez-vous. Encore un peu de patience.... Pour prendre son mal en patience, on enchaîne avec le chanteur d'origine courtraisienne OZARK HENRY. Et..... PETE DOHERTY est bel et bien là! En pleine forme (sa dernière cure l'a requinqué), avec sa guitare, coiffé de son chapeau et avec son humour terriblement fun! Le terrible JOEY STARR, le groupe SOPRANO et le groupe RAGGASONIC s'enchaîneront sur une scène puis sur l'autre, avant de laisser la place à PARTY HARDERS qui clôturera cette première journée "à Tribord toute!". Et à demain en forme!

Il n’est pas plus de midi lorsque j’arrive en vue du plan incliné et déjà les voitures sont nombreuses, les gens s’amassent le long des files qui donnent accès au site du Ronquières Festival. Le soleil est au rendez vous, les chapeaux, les shorts, tongs et bières fraiches également. Il ne manque qu’un peu de musique...

... En attendant le début des concert, j’en profite pour me balader un peu dans les stands, une pèche aux détritus PMC qui me fait gagner un ouvre-bouteilles recyclé, prix de l’attraction : une bouteille vide que vous pourrez vous procurer dans l’un des nombreux bars. Mais aussi un stand ING ou vous pourrez briser des pièces de 1 et 2 Euros grâce à une Kinect et tenter de remporter 1.000euros. Les premiers arrangements se font entendre et je me dirige donc vers la scène...

Et justement, le premier groupe à monter sur la scène Babord, ACTA allie avec brio pop, rock et guitare acoustique. Leurs textes, en français s’il vous plait nous entrainent au gré de la petite brise d’été venue pour l’occasion.

A peine le temps de changer de coté que déjà les premiers accords de guitare de NOA MOON se font entendre... Ce nom vous dit sans doute quelque chose, et ceux à qui cela ne dit rien, connaissent sans doute le refrain «I'm on my way/ on my way/ on my way/ to paradise» déjà fort célèbre sur nos ondes. Ce petit bout de femme aux yeux bleus force le public à s’amasser plus nombreux au fil de ses morceaux. Son talent prometteur charme l’assemblée et c’est avec enthousiasme que la foule reprend en coeur ses paroles. Pas de doutes, l’ambiance est déjà au rendez vous. A sa sortie de scène, la sympathique Noa Moon à accepté de répondre à mes questions. Voici ses propos...

Le Suricate : «Bonjour, et bravo pour ce live. Un EP sorti en avril, doit-on s’attendre à voir arriver bien vite un album?»Noa Moon : «Déjà un EP et le single Paradise sortis, c’est super. On signe en septembre avec le label français «Atmospheriques». L’album est prévu pour avril, un an après la sortie de l’EP.»

Le Suricate : «Comment se passe la composition des morceaux?»Noa Moon : «En général, ça vient comme ça... Mais j’ai souvent la flemme de me relever de mon lit pour écrire. (rires) Je compose seule et l’arrangement se fait avec les musiciens.»

Le Suricate : «Comment aimerais tu voir évoluer ta musique pour l’album à venir?»Noa Moon : «J’aimerai vraiment plus tourner en Flandres, quand je vois des flamands arriver et connaitre les paroles alors que je ne passe pas sur les radios flamandes, et quand je les entends me dire que je ne viens pas assez en Flandre... J’ai envie de changer cela. Pour l’album, on va chercher à avoir plus de musiciens, pour faire murir un peu tout ça.»

2 octobre 2012

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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

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Le Suricate : «Avec la venue soudaine du succès ne crains tu pas, comme certains, d’attraper la grosse tête?»Noa Moon : «J’ai heureusement un Manager qui me tapera bien vite sur les doigts. Je garde les pieds sur terre, j’ai trop de respect pour les autres que pour les regarder de haut. Je ne supporte pas ça. Je veux rester proche du public, il nous apporte tellement qu’il faut lui rendre.»

Le Suricate : «Pourquoi avoir choisi de chanter en anglais plutôt qu’en français?»Noa Moon : «Mes influences sont plus anglophones que francophones, Les Beatles, Simon et Garfunkel, ... Et l’anglais s’exporte mieux également.»

Le Suricate : «Où te vois-tu dans 5 ans?»Noa Moon : «Je pense qu’il ne faut pas mettre la barre trop haut... Mais si je peux conquérir le monde (rires) ... Tourner en Europe serait génial. Et plus en Flandre aussi.»

Le Suricate : «Quelle est LA scène sur laquelle tu voudrais jouer?»Noa Moon : «Couleur Café! J’y vais chaque année comme festivalière, cette ambiance musique du monde, cet esprit et la détente qui y règnent me plaisent. Mais je suis super contente d’avoir Les Ardentes et Ronquières aussi!»

Le Suricate : «Première édition du festival, qu’en penses-tu?»Noa Moon : Je suis arrivée aujourd’hui, mais l'accueil est super et l’affiche aussi. Et le public est génial! Je trouve aussi super d’alterner les scènes pour que tout le monde puisse voir tous les concerts.»

Le Suricate : «Merci et bonne continuation.»Noa Moon : «Merci à toi.»

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ROMANO NERVOSO n’est plus à présenter, ce groupe louvièrois enchaine les concerts toujours plus franc et incisif. A voir absolument! La suite de l’après midi est assurée de main de maitre par ABSYNTHE MINDED et HOLLIE COOK, le public bouge aux rythmes de ces deux groupes aux sonorités opposées.Un peu de calme avec l’arrivée de JALI, ce jeune belge d’origine rwandaise toujours timide et souriant nous emmène en voyage dans ses balades. Son album «Des Jours et des Lunes» est à acquérir de toute urgence.

Décidément, les artistes de talents s’enchainent sur les scènes du festival... IZIA, JOSHUA, TRIGGERFINGER, JULIEN DORE, vous les connaissez sans doutes tous et l’organisation du Ronquières Festival les à réunit pour vous.

Rendez vous à été prit avec Jean Yves, l’un des organisateur qui va nous en dire un peu plus sur cette première édition...

Le Suricate : «Bonjour, et merci pour cet accueil. Première édition et pourtant l’avis est général, on a l’impression que ce festival à quelques années d’existence derrière lui, quel est votre secret?»Jean Yves : «C’est une très belle première édition. C’est une association d’Un Soir à Binche qui a fourni un bel ancrage local, tant au niveau des contacts que des bénévoles, et de l’expérience du staff des Ardentes puisque c’est la même équipe qui est présente ici.

Ca à pour conséquence qu’on ne tâtonne pas... Mais la réussite de cette première édition est aussi due à l’affluence du public. On espérait un petit 10.000 personnes, et au final nous en sommes à 5.000 samedi et déjà 7.000 à cette heure le dimanche. Pari réussi!»

Le Suricate : «Pourquoi un festival ici au plan incliné de Ronquières?»Jean Yves : «L’initiative vient d’Un Soir à Binche qui est un groupe passionné de musique, ils avaient un projet ambitieux et voulait un évènement de taille rapidement, ils ont donc prit contact avec nous. Nous avons étés séduits par le site proche de Bruxelles, de la France, etc et par leur enthousiasme.»

Le Suricate : «Que voudriez vous améliorer pour la seconde édition?»Jean Yves : «Le but ici était de faire exister le festival, c’est chose faite. Des tas de choses peuvent toujours être améliorées, un affiche à l’écoute des festivaliers, le camping, le parking, mais pour une première, je pense que dans l’ensemble c’est bon.»

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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

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Le Suricate : «Quel groupe voudrais tu voir monter sur les scènes du Ronquières Festival?»Jean Yves : «Je suis déjà très content d’avoir vu Peter Doherty monter sur scène. Pour une première édition on a déjà pu voir pas mal de bons noms. Pour la suite, on verra.»

Le Suricate : «Que pourrais tu dire aux gens pour leur donner envie de venir ici à Ronquières en 2013?»Jean Yves : «Cadre est unique et magnifique, je suis ici depuis mercredi et je fais encore des photos de cette tour. Une belle affiche éclectique, destinée à un grand public. C’est un festival avec un certain rythme, deux scènes en alternance. On peut donc tout voir.»

Le Suricate : «Il me reste à féliciter toute l’équipe et à te dire à l’année prochaine pour la deuxième édition!»

La foule arrive et s’amasse contre les barrières à mesure que MILOW, BRIGITTE, IAMX se succèdent et ce n’est pas les quelques minutes d’averses qui fera fuir les fans.

Et des fans il y en a à 23H45 quand enfin M POKORA fait une entrée haute en couleurs sur la scène du Ronquières Festival... Ecran géant, danseurs et danseuses, le show est de taille...

Nous nous quittons vers 01h15 et en retournant vers le parking, c’est un public humide, fatigué, mais heureux que je croise. L’avis est unanime, le premier Ronquières Festival est une grande réussite!

Du festival on peut retenir : beaucoup de panneaux nous indiquant où tout se trouve, des accès PMR, de nombreux bénévoles souriants, une organisation sure d’elle, beaucoup de sécurité, et surtout de grands artistes... Ronquières Festival 2013... Me voici!

Si vous avez manqué cette première édition, ne faites pas la même erreur l’an prochain...

Texte par Céline Poissonnier et Jérémie Piasecki

Photos par Jérémie Piasecki

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Le voici enfin! Le deuxième album! C’est une étape que craignent la plupart des groupes musicaux ayant eut la chance d’avoir du succès dès le premier album car ce disque doit confirmer si oui ou non cela était mérité. Periphery a commencé à être reconnu quand ils ont assurés les premières parties pour Dream Theater. Leur style a très vite convaincu les fans de Prog-Metal tout autour du globe. Mais les changement de membres fréquents ont fragilisés le groupe. Finalement, les voici de retour avec «Periphery II: This time it’s personal» qui offre une bonne variété d’ambiance et de styles vocaux, alternant toujours entre le heavy et le soft mais toujours avec des mélodies compliquées et beaucoup de changements rythmiques. Periphery est visiblement constitué de très bons musiciens et la formation sonne toujours très mélodique même durant les parties plus «metal» de l’album.Beaucoup de chansons comme «Facepalm Mute» comporte des parties électroniques. Quelques guitaristes comme John Petrucci (Dream Theater) et Guthrier Govan furent aussi invités pour faire des solos qui fonctionnent parfaitement avec les quatorze morceaux de l’album. L’un des points impressionnants qu’il faut remarquer, c’est l’énorme variation de tonalité que l’on peu trouver

dans le jeu de guitares. Cela s’explique par le fait que les guitaristes du groupe utilisent des guitares à 7 ou même 8 cordes! (ce qui est très rare). Ca ajoute un grand plus à leurs mélodies car ils exploitent vraiment bien les possibilités que leur offre leur instrument.Le point faible de ce disque est la voix de Spencer Sotelo. Sa voix claire passe bien, mais pour ce qui est des parties heavy, elle ne sera malheureusement pas très convaincante. Ajoutez à cela des breaks mélodiques pas toujours nécessaires...Cet album est donc très bon techniquement, mais pas destiné à toutes les oreilles. Si vous aimez le métal complexe, vous ne serez pas déçu, mais pas surpris non plus.

Nouveaux albums et singles

Periphery«This time it’s personal»

Century Media

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Christophe Pauly

Monuments est une nouveau groupe de «Djent» (pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit d’un style musical influencé par le progressif, le mathcore, le death, le jazz et bien d’autres. Cela demande des accordages parfois très bas et se joue donc généralement avec des guitare à 7 ou 8 cordes). Meshuggah ou Periphery (voir ci-dessus) sont de bons exemples de ce genre. Monuments a été formé par le guitariste John Browne (après la fin de Fellsilent) en Angleterre. Aucune difficulté à trouver les différents membres du groupes si ce n’est le bon chanteur qu’ils cherchèrent pendant 2 ans. C’est finalement sur Matt Rose que le choix s’est porté. (Un chanteur ayant déjà collaboré avec Enter Shikari et Mike Patton et sachant faire preuve de beaucoup de polyvalence, ce qui convient parfaitement aux chansons du groupe.)A première écoute, cet album semble techniquement sans défaut. («Blue Sky Thinking» comporte des séquences très intéressantes à la batterie par exemple) Les musiciens ont un haut niveau technique, les riffs sont bien composés et les voix sont très pertinentes (variant entre tristesse et hurlements) Vous pourrez trouver des chansons heavy comme «Doxa». D’autres, comme «Regenerate», comportent des guitares au son clair en arrière-plan, qui ajoute de la texture au son du groupe.

Seulement voilà, lorsqu’on écoute l’album en entier, on fini par se dire que toutes les chansons sonnent finalement pareil. (La même note basse qui revient trop souvent, le même schéma avec la guitare et la batterie qui suivent le même rythme.) Voilà comment la maîtrise technique peut devenir ennuyante pour tous ceux et celles qui ne sont pas familiers avec le Djent.Un album donc à ne pas juger trop vite. Prenez plutôt le temps de l’écouter plusieurs fois, vous l’apprécierez mieux.

Monuments«Gnosis»

Century Media

Christophe Pauly

2 octobre 2012

Page 36: Le Suricate - Troisième numéro

Ce groupe franco-canadien aux sonorités pop-rock psychédéliques nous propose un nouvel album de 11 morceaux. DAD nous entraine dans un univers musical multidimensionnel qui passe par des mélodies tranchantes (Get Back to Me) et des paysages sonores éthérés.

On glisse également dans le méditatif-contemplatif au cœur de sons de batterie ou on traverse un univers pop baroque.

Ce nouvel opus annonce une tournée internationale à partir de l’automne 2012.

Plus pop que ces précédents albums, les chansons proposées ici nous sont servies avec simplicité et élégance.

A écouter en fond musical pour une soirée planante.

DAD«Vitro»

Obliq Sound

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Marc Bailly

De retour "à la maison" sur Century Media, après un séjour de deux albums sur Regain Records, et avec un peu de sang neuf dans la forme du bassiste Tobias Christiansson (ex-Dismember) et le guitariste Mika Lagren (Facebreaker), Grave nous revient positivement revigoré. Les pistes présentes sur « Endless Procession of Souls » sont plus variées, et notamment, plus rapides qu'elles ne l'ont été au cours des dernières années. La volonté de s’aventurer du côté plus lent du death metal a toujours été l’une des forces de Grave. Mais ces dernières années, le groupe a eu tendance à un peu s'enliser dedans. « Endless Procession of Souls » n’a pas l’air subir ce sort. Les grooves heavy sont toujours présents, bien sûr, mais ils ressortent mieux grâce à un bonne grosse dose de vitesse !

Même si la majorité des chansons démontrent que Grave fait à peu près ce que l'on pourrait s'attendre d’eux, ils le font avec plus de feu: Les riffs plus vous frappent plus fortement, les grooves sont plus profonds, et même les solos ont plus de ‘peps’. « Winds of Chains » , par exemple, met en avant un groupe en grande forme avec une tempête de trémolo et l'un de ses breakdowns des plus impressionants depuis des années. Et pour ceux qui préfèrent le son plus doom de Grave, « Epos » est une marche de la mort

qui tue qui apporte l'album à sa fin écrasante.

« Endless Procession of Souls » ne va peut-être pas faire gagner beaucoup de nouveaux fans à Grave, mais pour ceux qui sont tombés du wagon à un certain moment, cet album vaut la peine de refaire un saut dans le train. Ceux qui ont restés avec le groupe, à leur tour, voient leur foi bien récompensé. « Endless Procession of Souls » prouve qu’il font encore et toujours du bien au death metal Suédois.

Grave«Endless Procession of Souls»

Century Media

Michaël Heiremans

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

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Si on attendait du Bob Dylan, pas de doute, en voilà! Un 35ème album studio sans réelle surprise mais la simplicité n’est peut-être qu’apparente. Une country-folk intemporelle, steel guitare, mandoline et violon, pour un album sombre, à écouter au coin du feu. Si les mélodies ne nous marquent peut-être pas à la première écoute (sauf la balade pour John Lennon), si les morceaux sont si lancinants, c’est peut-être pour mieux souligner les merveilleux textes du Zim. (Réalistes et pessimistes pour mieux coller à une époque.)

Tout compte fait, tout semble couler de source dans cet album, et c’est sans doute cette efficacité qui est le coup de force de ce dernier opus. On a l’impression que cet album existait déjà, mais non, c’est du neuf! A écouter et réécouter pour découvrir...

Bob Dylan«Tempest»

Sony Music

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Claudine Vandekerkhove

Cela faisait un bout de temps que les fans de Phil Anselmo et sa bande attendaient le retour du groupe. Voici non pas un album, mais un EP de six titres. Surprenante démarche que voilà, voilà que Down IV se déclinera en plusieurs parties. Ce disque est donc la première giclée et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a matière à faire avec ces six titres très diversifiés et bien calibrés. Pour ceux qui ne les connaissent pas, à l’origine, Down était un projet parallèle que Phil Anselmo avait créé en 1991 avec des amiq sz Crowbar. Le chanteur de Pantera avait envie d’explorer d’autres horizons et de collaborer avec ses amis du groupe Crowbar et Corrosion Of Conformity. Ils sortirent leur premier disque («Nola») en 1995. Très acclamé lors de sa sortie, ce disque resta longtemps l’unique production du groupe. C’est surtout après la séparation de Pantera qu’ils reprirent de l’activité. Après la mort de Dimebag, Rex Brown rejoignit la formation. Les fans de Pantera pouvaient donc admirer les deux anciens membres sur scène. Puis récemment, Rex fit un autre groupe (Kill Devil Hill, une bombe que je vous recommande chaudement!). C’est à présent Pat Bruders qui fait partie du projet et qui a joué sur ce disque.Dans le Purple EP, on retrouve ce son raw propre à Down. La voix de Anselmo est plus mesurée que dans Pantera. Le groupe n’hésite pas à

nous submerger dès le début dans une atmosphère de Sludge très prononcée avec la longue introduction de «Levitation». Ce genre domine l’album et fait la marque de fabrique du groupe.«Witchtripper» comporte de super riffs aussi et est un titre marquants de ce disque. «The Curse» est aussi un très bon moment avec un solo assez intéressant. L’avantage de Down est de montrer une qualité technique sans en faire de trop.L’ensemble sonne de façon très cohérente et la plupart des fans devraient apprécier ce nouvel opus à la fois sombre et entraînant. Enfin, bonne nouvelle, vous pourrez les voir très prochainement au Trix d’Anvers et à l’Atelier de Luxembourg.

Down«Down IV Part I: The Purple EP»

Roadrunner Records

Christophe Pauly

2 octobre 2012

Page 38: Le Suricate - Troisième numéro

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Tryo«Ladilafé»

Sony Music

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Loïc Smars

Démarré en 1995, Tryo enchante les scènes pendant plusieurs années, construisant sa réputation en étant proche de son public. 10 plus tard, un autre public les découvre avec la ressortie en clip d’un de leur hit : L’hymne de nos campagnes. Mais en 2006, c’est le drame pour les fans, le groupe fait une pause et Mali, Guizmo, Manu et Daniel partent vers d’autres horizons. Le succès n’est pas au rendez-vous et la pression du public ressoude le groupe un an plus tard.

L’année passée au festival La Semo, Tryo terminait sa dernière tournée en date et avait plutôt déçu par un manque de rythme et d’entrain. Comme si Tryo était perdu et recherchait un nouveau souffle. Leur nouvel album en est d’autant plus attendu.

Ladilafé voit le jour : CD hommage à Patricia Bonnetaud, la productrice qui les a découvert, décédée depuis peu. (Mali raconte que la signification de Ladilfé est «Elle l’a dit, elle l’a fait»)

La première écoute timide révèle un punch bien présent et quelques chansons mystérieuses. Mais à la deuxième écoute, la gouaille de Tryo apparaît tout d’un coup ! Tryo est de retour dans la dénonciation avec une chanson sur Marine Le Pen ou sur l’actualité. Mais la force de cet album est la volonté du groupe de dénoncer aussi ce qui fait leur caractère. Que se soit l’écologie commerciale dans Greenwashing ou l’intolérance contre le gay Brian Williamson dans un milieu rasta à l’image parfois idéalisée.

Mais attention, le nouveau Tryo est teinté d’énormément d’optimisme. D’un côté, quelques chansons parfois banales, toujours une dénonciation mais surtout, Tryo, dénonce ses propres faiblesses et les faiblesses de ce qu’ils aiment.

Page 39: Le Suricate - Troisième numéro

actu musicale

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Ex-chanteuse du groupe Hooverphonic , l’inoubliable interprète de ‘Eden’ et de ‘Mad about you’ revient avec un projet solo. Après divers festivals cet été, Geike vous présentera son album au W:Halll le samedi 13 octobre.Un nouvel univers à explorer, une voix à redécouvrir !!

Geike est de retour! et Danko Jones aussi!

Nos canadiens sont de retour avec un nouvel album («Rock and Roll is Black and Blue») et un nouveau single «Just a Beautiful Day». Un titre débordant d’énergie dont le refrain vous collera à la peau toute la journée. Vivement leur prochaine tournée!

02 octobre 2012

En surfant un peu sur le web à la recherche d’images ou de vidéos insolites, il est très difficile d’ignorer le nouveau phénomène de la toile, Psy. Ce coréen d’une trentaine d’année est déjà une icône dans son pays depuis près de dix ans mais c’est seulement depuis cet été que ce trublion a transpercé les frontières grâce, il faut l’avouer, à Youtube.

De fait, son nouveau clip, Gangnam Style, est un véritable aimant à internautes. Plus de 250 millions de vues sur Youtube en deux mois seulement. Pourquoi tant d’engouement pour un clip qui, au final, n’est pas très recherché ? Parce qu’il est rempli de dérision. Doté d’un humour particulier et d’un physique atypique dans la chanson populaire, Park Jae-Sang surfe sur la vague du comique ridicule. En mixant des effets sonores électroniques très simple accompagnés de chorégraphies inénarrables, il a réussi à attraper dans ses filets un public adolescent avide de ce genre de légèreté.

À l’instar d’un certain Helmut Fritz, le coréen ne s’empêche pas d'égratigner certaines stars ou de de les ridiculiser. Un feu follet qui ne devrait pas aller au-delà de deux singles malgré sa récente signature de contrat avec Scooter Braun, l’agent qui avait découvert Justin Bieber sur... Youtube.

Gangnam Style, la K-Pop Culture

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Le producteur de bonheur, Pravda a slobodaLes baladins du miroir, c'est une institution assise entre le théâtre et le cirque ambulant. À l'instar du titre de leur

nouvelle pièce, cette troupe continue de faire rêver les spectateurs aux quatre coins de la Belgique.

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La critique

!« Approchez, approchez et venez

voir ce qui se cache sous cette tente aux couleurs féériques. Suivez-nous à travers le patio où se mêlent les badauds venus s’égarer le temps d’une soirée, les bandes de potes accoudés au zinc d’un bar de roulotte et un petit orchestre aussi mystérieux qu’original. Attendez ensuite l’ouverture des rideaux vers un lieu unique, magique où vous accueillent d’étranges personnages et appréciez tout le talent des Baladins du Miroir ». Voici un exemple d’accroche que l’on pourrait réaliser pour définir l’ambiance toute particulière du lieu. De fait, à l’instar d’Il Florilegio, cirque italien qui prenait jadis place à l’hippodrome de Boitsfort, ce théâtre forain est empreint d’une âme magique où ne manquent que les dresseurs d’ours et les fakirs. C’est dans cette ambiance hors du temps

que nous avons pu apercevoir la nouvel le création de Nele Paxinou, Le producteur de bonheur.

Avant d’être une pièce, Le producteur de bonheur était un roman signé de la main d’un grand écrivain tchécoslovaque Vladimir Minac. Cette histoire à la fois complexe et drolatique nous embarque dans la Tchécoslovaquie des années 60, pays tiraillé entre le totalitarisme communiste et le libéralisme.

Ce peuple n’aspirait qu’à une chose, la liberté. La liberté de s’extraire de l ’autisme et de l’autarcie d’une contrée que l’URSS n’entendait pas céder. Manifestants non-violents mais contestataires revanchards, de nombreux écrivains comme Milan Kundera ou, dans une moindre mesure , V l a d i m i r M inac p r i ren t l a p l u m e p o u r dénoncer de manière romanesque le malaise social que traversait leur pays.

Le producteur de bonheur est certainement l’une des meilleures caricatures de la vie quotidienne des tchécoslovaques.

L’histoire nous emmène dans la vie de Frantichek Oïbaba et Lapidus, deux êtres que tout oppose. Lapidus est serveur lorsqu’il se voit confronté, comme beaucoup de garçons de café, à devoir obliger un client ivre de payer ses consommations.

Evidemment, celui-ci n’a guère le sou en poche et embarque, par la qualité de sa prose et l’assurance d’un escroc, Lapidus dans un voyage pour le moins surprenant. Oïbaba est cet homme à la fois intelligent et futé. Profitant de la misère des gens de son pays, il cherche par tous les moyens de

s’enrichir. Par ses talents de séducteur, il arrive à mener

en bateau une foule de personnages vers son

île, son idéal mais a u s s i s o n

mensonge : la liberté.

« Cette histoire à la fois complexe et drolatique nous embarque dans la Tchécoslovaquie des années 60. »

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Scène

Page 41: Le Suricate - Troisième numéro

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Ne le cachons pas, l’histoire est plus complexe qu’elle n’y parait. En effet, derrière une histoire très romanesque où les fresques dramaturgiques sont exacerbées de manière comique, il règne dans cette pièce une atmosphère pesante. De par les rêves d’Oïbaba, on ressent le caractère sibyllin de la situation dans laquelle sont plongés les protagonistes du récit. Cela se traduit par un manque de liberté mais aussi par un sentiment d’emprisonnement face à une administration communiste tentaculaire et indéfinissable. Cependant, avec une once de concentration, on peut aisément suivre cet imbroglio. Ce qui nous a plus dérangé, c’est le côté surréaliste de la mise en scène. C’est un peu le revers de la médaille. En adaptant le texte à la scène, un fossé s’est creusé entre le réel et l’irréel, entre le concret et l’absurde. Et pour cause, on a du mal à suivre la trame de fond de l’histoire. On reste accroché à la surface, aux dialogues entre les personnages mais on arrive que très difficilement à y apposer un regard critique ou historique. On a énormément de mal à accepter les scènes imaginaires qui pourtant, sont les clés de la compréhension de cette histoire.

Pourtant, les acteurs ne sont pas à blâmer, bien au contraire. Quelle

qualité d’interprétation dans le chef des deux

comédiens principaux que sont Robert Guilmard et Alexandre Dewez ! Le premier cité est d’une justesse époustouflante, d’une clarté verbale hors du commun, mieux qu’un acteur, il vit son rôle. Alexandre Dewez, quant à lui, est plus jeune mais possède tous les atouts nécessaires d’un grand monsieur de la scène. En surjeu voulu dès le départ, il installe le personnage de Lapidus mais également le rapport entre celui-ci et son « maître » à penser, Oïbaba. Ces deux dramaturges

sont certainement les meilleurs que nous avons pu apercevoir depuis bien longtemps, pouvant altérer habilement l’humour et la tristesse. Seule Sophie Lajoie semble en décalage par rapport à ses compères de scène, laissant entrevoir à certains moments l’attente de son temps de parole en scrutant les lèvres des autres comédiens. Rien de bien grave.

En résumé, ce spectacle est bien travaillé, les acteurs sont fabuleux, les décors sont minimalistes mais magiques. Seule ombre au tableau, une histoire trop complexe et surtout, un contexte historique et politique trop ancré dans l’imaginaire.

Matthieu Matthys

Copyrights Photos :

Abdel El AsriJean-Pierre Estournet

« Ne le cachons pas ! L’histoire est plus complexe qu’elle n’y parait ! »

02 octobre 2012

Page 42: Le Suricate - Troisième numéro

Créé en 1963 par Jo Demkine, le théâtre 140 est au départ construit pour être utilisé uniquement par la paroisse voisine que quelques jours par an. Avec l’aide de son frère et d’amis, il s’arrange pour se voir confier la destinée de cette salle de 600 places assises.

Demkine cherche très vite à voguer à contre-courant du théâtre classique de l’époque et se veut terre d’accueil d’originalité mais aussi de danse dite contemporaine et dénicheur de talents musicaux.

Le théâtre 140 a ainsi vu, à ses débuts, des artistes en devenir comme Serge Gainsbourg, Pink Floyd, Boby Lapointe, Marie Laforêt, Peter Brook, le café de la Gare, Juliette Greco, Jacques Higelain, Jérôme Savary, Brigitte Lafontaine, etc.

Le théâtre 140 commence une nouvelle année, où si le théâtre se fera plus rare, la danse et la musique seront fort présents et sûrement pas pour notre plus grand malheur. Laissons d’ailleurs le fameux directeur Jo Demkine présenter sa saison :

« Un 140 qui se découpe dans le ciel belge pour raconter plein de spectacles, mieux peut-être qu’en collant plein de banderoles dans les artères de la ville ? Autrement je veux dire. Cela passe par La

Cambre, mon ancienne école, ce goût des images qui font le show aux idées, à l’interprétation sensible des nouveaux paradigmes.

Vieux monde, nouvelle lecture. La différence, c’est quoi ?

Bientôt cinquante ans que nous faisons danser, chanter, parler en toutes les langues. De Pina Bausch à Joël Pommerat. Serions-nous en que lque sor te les pentecôtistes du théâtre  ? Vous savez, la petite flamme… Après l’aventure Boby Lapointe, la Comédie Framboise annonce la couleur en agitant nos mémoires. Elle bourville plein tube et cela nous rend heureux. Des bulles pour toute l’année avec nos amis Charles Berling, Carlotta Ikeda, qui ariadone à nouveau, Vandekeybus, les chansons de Cali, Cojo le Ziggy Stardust en quête d’identité, Les Ballets C de la B, Emily Loizeau, Mahmoud Darwich le Palestinien, Dizzylez sur fond jazzy, Thomas Fersen, Jim & Janis (vous avez dit Joplin  ?), Forever Young en compagnie de Jeanne d’Arc et des Brigades Rouges. Puis Michel Fau

qui emphatise en robe du soir… On n’est donc pas sorti de l’auberge, il faudra y faire son nid pour l’automne et le long hiver, son lit jumeau à baldaquin.

Du Cavi-Art à la louche ?

Une mise au point : le Théâtre 140 n’a jamais été l’instigateur des partitions des Pink Floyd, de Gainsbourg, de Piazzola ou de Nougaro, on s’est simplement aperçu à temps qu’ils existaient. Nous les avons découverts mais vous aussi. C’est notre raison d’être. Que c’est bien Bruxelles  ! La ville qui aura tout vécu avant tout le monde, de Brueghel, rue Haute, à Magritte et Broothaers, à nos grands praliniers, le chocolat y est surréaliste. Les premiers balbutiements de Jacques Brel à Schaerbeek, de Barbara et ceux de Dick Annegarn adolescent qui traînait sa guitare à l’Ecole Européenne et au 140. Berling, jeune étudiant à l’INSAS, Anne Teresa De Keersmaeker et Pierre Droulers à Mudra, Gare du Midi… Et on se retrouve aujourd’hui à La Cambre, les grandes écoles. Pour rêver ensemble nos mises en page. (...) »

N’allez pas dire après que vous n’y trouvez rien qui vous plaît !

Smars Loïc

De la compagnie à l’atelier de création ...« Le monde d’aujourd’hui ne peut être décrit aux gens d’aujourd’hui que comme un

monde modifiable. » Bertol Brecht

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La saison

« N’allez pas dire après que vous n’y trouvez rien qui vous plaît ! »

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Page 43: Le Suricate - Troisième numéro

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La saison

Le Théâtre 140

140, avenue Eugène Plasky1030 Schaerbeek

http://www.theatre140.be

Tél. : 02/733.97.08E-mail : [email protected]

Tarifs et réservations

Voir pour chaque spectacle

Abonnements

http://theatre140.be/index.php?theatre=abonnements

Divers

. Chèques cultures

. Article 27

. Réductions seniors, chômeurs, étudiants

. Bar

02 octobre 2012

Hip Hop AuraCompagnie Melting PotDe Farid Berki

The End

Du 06/12/12 au 08/12/12

De et par Michael PinchbeckEN ANGLAIS

Redis-le me

Du 16/10/12 au 26/10/12

Comédie FramboiseD’après Bourvil et Fernandel

... plus tard, j’ai frémi ! (...)

Du 16/10/12 au 26/10/12

Ouvre le chienDe Renaud Cojo

Quand m’embrasseras-tu ?

Du 06/12/12 au 08/12/12

Compagnie BrozzoniDe Mahmoud DarwichMis en scène par Claude Brozzoni

Jim @ Janis HORS LIMITE

Du 13/12/12 au 14/12/12

Hors LimiteDe et par Gilles Ramade

Forever Young

Du 16/10/12 au 26/10/12

Compagnie FractionMis en scène par Jean-François Matignon

Récital emphatique

Du 06/12/12 au 08/12/12

De, par et avec Michel Fau

Page 44: Le Suricate - Troisième numéro

Depuis 7 ans, l’Atelier 210 est installé dans les locaux de l’institut Saint-Stanislas. Il propose chaque année nombreux concerts, festivals, expositions et créations théâtrales.

Malgré tout ça, les rumeurs ressortent chaque année sur une possible fermeture. Pr ivé de sout ien structurel des pouvoirs publics, il est parfois dur de se projeter sur plusieurs années. Mais l’Atelier 210 tient bon.

Mais la suite à un prix, l’équipe est rétrécie, les productions aussi. Le théâtre prend une place moins pondérante mais le théâtre propose plus de concerts (près de deux fois plus).

«Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n’existe point de marchands d’amis, les hommes n’ont plus d’amis.» (Antoine de Saint-Exupéry) — Extrait de Le Petit Prince

Pour fuire cette triste maxime, vous pouvez soutenir l’Atelier 210 par des dons sur le compte «Triodos» (523-0411785-95) en mentionnant en communication «Don» !

De plus le théâtre vous propose de détailler l’avancement des projets

et de vous fournir toutes les informations sur le fonctionnement de l’Atelier.

Mais penchons-nous aussi sur la programmation.

En théâtre nous partiront tout d’abord dans l’adolescence avec Happy S lapp ing . Le Happy Slapping consiste à filmer une

agression et ensuite la diffuser sur le net. Dans la lignée de Jackass, trois copains passent leur temps à filmer des défis plus idiots les uns que les autres et à poster le tout sur leur blog. Mais avec l’arrivée d’Iris, les jeux sont de moins en moins anodins et leur révolte de plus en plus palpable.

Donc, une réflexion sur le statut de l ’ image dans no t re soc ié té actuelle, interprété par 4 jeunes comédiens et mis en scène et filmé par Alexandre Drouet.

Nous voguerons ensuite vers le détroit de Gibraltar où un cargo russe heurte une embarcations de clandestins marocains qui tentent de rejoindre l’Europe. Les marins ne repêcheront qu’un seul survivant qui restera immobile. Ils tentent

alors de contacter les diverses autorités envrionnantes mais personne ne veut de lui. Une nuit qui s’annonce très longue ...

Fable sur l’exil et la réaction des diverses autorités face à ce problème de société, Le Mouton et la Baleine est interprété par 9 comédiens et 7 musiciens.

Nous terminerons avec l’histoire de Lin (La virevolte) : femme, épouse, danseuse et mère qui se confronte à l’impossibilité de marier son art et la maternité. Seule solut ion : la fu i te et l’abandon de sa famille.

Peut-être que le théâtre est moins privilégié que d’autres années à l’Atelier 210 mais la qualité semble pourtant toujours présente !

Loïc Smars

Saison très musicale à l’Atelier 210Moins de théâtre, plus de musique. Cette saison va changer un peu les habitudes, mais

est-ce un tort ?

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La saison

« Le théâtre est peut-être moins privilégié mais la qualité semble bien présente ! »

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Page 45: Le Suricate - Troisième numéro

45

La saison

L’Atelier 210

210, chaussée Saint-Pierre1040 Etterbeek

http://www.atelier210.be

Tél. : 02/732.25.98E-mail : [email protected]

Tarifs

Tarif plein : 18€+60 ans : 15€-30 ans /chômeurs : 10€

Tarif de groupe à partir de 10

Achat en ligne

http://www.atelier210.be/tickets-A210-achat+en+ligne.html

Pass

http://www.atelier210.be/pass-A210-tarifs+et+formules.html

. représentation à 20h30

. bar ouvert 1h avant les représentations

La virevolte

Du 05/03/13 au 16/03/13

De Nancy HustonMis en scène par Isabelle Joniaux

Le mouton et la baleine

Du 30/01/13 au 01/02/13

D’Ahmed GhazaliMis en scène par Jasmina Douieb

Happy Slapping

Du 06/11/12 au 24/11/12

De Thierry JanssenMis en scène par Alexandre Drouet

02 octobre 2012

Théâtre

Concerts

Page 46: Le Suricate - Troisième numéro

! Lorsque l’on me parle de « mentaliste », je pense « devin ». Est-ce que ce parallèle est correct ?

Oui, c’est cela. Un mentaliste, c’est quelqu’un qui, dans mon cas, fait semblant d’avoir un sixième sens en utilisant ses cinq sens et les cinq sens du public. Tout cela mis ensemble crée une illusion. Je suis honnête car je ne prétends pas avoir un vrai sixième sens, mais toutes les techniques sont élaborées de manière à vous faire croire que j’en ai un.

Je ne pense pas qu’il y ait d’école de mentalisme. Alors, comment fait-on pour devenir mentaliste ? Est-on d’abord magicien puis on se dirige par la suite vers le mentalisme?

C’est le circuit de l'illusionnisme. J’ai d’ailleurs commencé comme magicien avec des petites colombes, des foulards et des cartes. Mais, j’en avais marre de faire cela. Depuis dix ans, je fais exactement la même chose mais sans foulard et sans carte, je joue seulement avec l’esprit de mon public, c’est beaucoup plus agréable à faire. C’est plus dangereux car ce n’est pas une science exacte.

Vous vous mettez en danger dès lors ?

Non. On peut ne pas réussir, car les 100 % de réussite n’existent pas. Il y a environ 10% de chance de se louper. Si c’était l’inverse, je pense

que je ferais mieux d’arrêter mon métier. (rires) Mais c’est vrai, de temps à autres dans mes spectacles, il y a des choses qui ne fonctionnent pas car ce n’est pas toujours évident. Mais pas d'inquiétude, la plupart du temps, ça fonctionne.

Comment en êtes-vous arrivé là ? Depuis quand faites-vous de l'illusionnisme ?

J’ai commencé très jeune, à l’âge de 8 ans. J’avais reçu une boîte de magie pour la Saint-Nicolas comme beaucoup d’autres enfants à cet âge-là. La plupart d’entre eux abandonnent très vite cette boîte, mais moi, j’adorais ce jeu. J’ai donc évolué dans les tours de magie jusqu'à faire des représentations. Mais voilà, comme je l’ai déjà dit, il y a un moment où je sentais que j’avais envie de faire autre chose. J’ai été voir un mentaliste et cela m’a plu. Je trouvais cet exercice beaucoup plus impressionnant. Cela fai t maintenant trois ans que je tourne avec « Paranormal » avec lequel je vais justement commencer à tourner en Wallonie.Avec ce spectacle, c’est la première fois que des gens sont venus me dire que je les avais énervés pendant des jours après avoir vu le show, ils veulent comprendre. C’est cela que j’aime bien dans mon métier.

D’un autre côté, ce spectacle - et surtout le prochain - est aussi fait pour avertir les gens qui souhaitent aller voir un «vrai» médium. Car, je sais par expérience que beaucoup d’entre eux font identiquement la même chose que moi. Sauf que moi, je suis honnête et j’annonce que ce n’est que de l’illusion. Il faut se méfier des charlatans et des soi-disants guérisseurs, ce sont des gens dangereux.

(sur le ton de l’humour) Vous n’êtes pas dangereux, vous ?

Non, je ne suis pas de cette trempe là. Mais je peux faire douter les gens si je le veux. En fait, il y a deux catégories : les sceptiques et les croyants. Le mieux, c’est d’arriver à faire hésiter les sceptiques. Les croyants ne sont que renforcés dans leurs idées. À la fin, lorsque j’annonce que tout n’est qu’illusion, c’est une libération pour les sceptiques et une désillusion pour les croyants. Parfois, on me demande de faire des séances privées mais je ne les fais pas car c’est un public qui croit en cette magie, les mêmes qui se rendent chez les médiums. Chez ce genre d’arnaqueur, ils sont maltraités au lieu d’être aidés.

Vous avez choisi de ne pas rester un simple magicien, vous avez choisi de présenter votre art de manière humoristique. Pourquoi ce choix ?

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Interview de Gili, l’humoriste-mentalisteGili est un humoriste-mentaliste flamand qui a décidé de présenter son nouveau spectacle au public belge francophone. Une idée qui nous emballait et qui, dans le même temps, nous intriguait. Qu’est-ce qui a poussé Gili à venir dans le sud

du pays ? Qui est-il réellement ?

56

La rencontre

« Un mentaliste fait semblant d’avoir un 6ème sens en utilisant ses 5 sens et ceux du public ! »

Page 47: Le Suricate - Troisième numéro

Car, avant de commencer, j’ai vu d’autres mentalistes à l’oeuvre mais je les trouvais ennuyeux. À l’époque, j’étais également comédien dans des Comedy clubs. Dès lors, j’ai décidé de faire une communion des deux, cela plaisait beaucoup plus au public. Je crée un jeu dans lequel j’amène les spectateurs. Des gens montent même sur scène, c’est très didactique. C’est beaucoup plus chouette pour tout le monde. De nos jours, on ne peut plus faire croire aux gens qu’ils volent ou lévitent réellement, les gens ne sont plus dupes. Si on fait beaucoup de conneries et beaucoup de blagues, la lévitation reste mais on ajoute un amusement. C’est un challenge de combiner ces deux choses-là.

Votre spectacle fonctionne très bien en Flandre, avez-vous du changer quelques points lorsque vous l’avez traduit en français ? Je pense aux blagues notamment.

Non, pas du tout. Rien n’a du être changé parce que je n’ai pas de jeu de mots dans mon texte qui fonctionnerait dans une langue et pas dans l’autre. Cela fait plus de vingt ans que je travaille en français, en anglais, en allemand et cela n’a jamais posé problème. La seule chose que je devais trouver, c’était quelqu’un qui puisse me représenter en Wallonie. C’est Bruno Coppens qui m’a permis de faire cela et cela fonctionne très bien. L’ancien spectacle, « Gilicatesse », avec lequel je tournais il y a cinq années de cela, je l’ai enregistré en français sur DVD mais ça n’a pas pris car personne ne me représentait en Wallonie. C’est Bruno Coppens qui a lancé Bert Kruismans en Wallonie et c’est via Bert que je suis arrivé jusqu’à lui.

Donc, si on résume, c’est un spectacle reproductible à l’internationale ?

Oui, je peux aller partout avec celui-ci. C’est universel car tout le monde veut

s’amuser. Maintenant, j’ai travaillé toute ma vie, j’ai voyagé longtemps d'hôtel en hôtel, en train ou par avion. Et finalement, je me suis dit qu’au lieu d’aller en France, il y avait bien plus près et plus facile, la Wallonie et Bruxelles. Commençons par là. Après, on verra mais ce n’est pas dans mes intérêts. Pour l’instant, je préfère jouer en Belgique et rentrer chez moi après chaque spectacle.

On ne verra jamais une pancarte « Gili à Las Vegas » alors ?

Non, pas du tout. Certainement pas, quelle horreur ! Faire deux représentations par jour devant des pensionnés. C’est des paillettes là-bas.

Votre spectacle fait à Rochefort pour le festival du rire, était-ce un test pour conquérir la francophonie ?

Non, car le numéro que je présente là, le carré magique, avait déjà été fait en France chez Patrick Sébastien dans Le plus grand cabaret du monde. Puis, je l’avais déjà fait dans d’autres langues. On me demande souvent s’il y a une différence entre le public wallon et le public flamand. Je réponds que non, c’est le même. Ils réagissent globalement pareil.

Est-ce que spectacle peut convenir à un enfant ?

Non. Les enfants vont s’ennuyer car ils ne comprennent pas les situations comiques et ce que je fais en général sur scène. De plus, il y a une séance où l’on prend contact avec le monde des morts et cela leur ferait peur, ils en feraient des cauchemars. C’est d’ailleurs annoncé, c’est un spectacle pour les plus de douze ans. Ce n’est pas une bonne idée de venir avec des enfants plus jeunes.Je pense qu’il y a assez d’illusionnistes et de magiciens pour les enfants. Moi, je sers un public d’adultes, un public un peu oublié je trouve.

Vous avez présenté l’émission «ONmogelijk » en Flandre. La Rtbf va lancer prochainement une version francophone « IMpossible » qui sera présentée par Philipp Escoffey. Pourquoi ne pas vous avoir choisi plutôt qu’un britannique ?

Ils ont pensé à moi mais la raison pour laquelle je n’ai pas été retenu, je ne la connais pas. Il faut demander cela aux producteurs. Cependant, je serai là dans une des émissions avec les frères Taloche.Par contre, l’émission était l’idée de Philipp Escoffey. Il a fait la toute première émission en Angleterre puis, j’ai fait la deuxième en Flandre et j’ai enregistré une version à Kiev, le même programme en russe. Les francophones sont donc les quatrièmes à en faire une adaptation.

Que diriez-vous aux gens qui seraient tentés d’aller voir votre spectacle ?

Ils doivent le faire pour vivre une expérience qu’ils n’ont jamais connu jusqu’à aujourd’hui. Après des années de travail, j’ai enfin construit un spectacle qui a plu à beaucoup de personnes. C’est un spectacle à vivre en vrai, pas à la télévision. Il faut se mettre dans l’ambiance.

Je vous assure que je vous montrerai des choses bizarres et époustouflantes.

Propos recueillis par Matthieu Matthys

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« Moi, je sers un public adulte, un public un peu oublié je trouve. »

© Fvv

02 octobre 2012

Page 48: Le Suricate - Troisième numéro

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

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La Critique

La Comédie des IllusionsThéâtre des Martyrs

Ecriture : Christine DelmotteMise en scène : Christine DelmotteScénographie : Christine DelmotteAvec : Patrick Brül et Stéphanie Van Vyve

Jusq

u’au 27

/10/12

!

Une pièce perturbante jouée par deux acteurs époustouflants…

Au théâtre, on voit des choses qu’on ne voit nulle part ailleurs, pas au cinéma, pas à la télé, pas dans les livres… Des acteurs vrais, des émotions, des textes forts. Rien que pour ça, j’aime beaucoup le théâtre.

Mais revenons à notre pièce.

Un homme et une femme, lors d’une séance de thérapie, vont se métamorphoser selon les situations qu’ils vivent. Leur perception de la réalité change ainsi que la manière dont ils se perçoivent… Qui entraîne l’autre dans cette aventure de l’illusion de la réalité, qui guide cet univers magique ?

Cet étonnant voyage initiatique nous emmène dans un périple où le réel et l’irréel se confondent…

Cette pièce est écrite par Christine Delmotte qui a, notamment, adapté Toll, Nathan Le Sage, Biographie de la faim…Outre la mise en scène, elle réalise des courts-métrages, et elle a écrit deux scénarios de long métrage. Dernièrement, elle a écrit le texte Illusions en deux versions, un texte théâtral et un scénario dont le court-métrage a été réalisé en 2011.

Jouée de main de maître par deux excellents comédiens. Stéphanie Van Vyve d’abord, honneur aux femmes, que l’on a connu à la télé dans 7e Ciel Belgique. Elle a pu faire éclater tout son talent dans des pièces comme Lady Camilla, Le Bossu, L’Avare… et par Patrick Brüll que l’on a admiré dans Milarepa ou Les Femmes Savantes.

Deux comédiens fabuleux au service d’une pièce qui retourne notre perception de la réalité comme un gant. Qu’est-ce que la réalité ? Qui sommes-nous vraiment ? Questions essentielles que nous nous posons sans arrêt dans notre vie. Nos deux personnages se les posent et vivent des situations qui montrent que la réalité est illusion et que cette illusion, nous pouvons la construire instant après instant.

Un très bon moment époustouflant dans un très joli théâtre.

Marc Bailly

« Cet étonnant voyage initiatique nous emmène dans un périple où le réel et l’irréel se confondent… »

Page 49: Le Suricate - Troisième numéro

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La Critique

Une version pas misérable du chef-d’oeuvre de Victor Hugo !

Plongez dans l’univers grand spectacle imaginé par Thierry Debroux et dans un théâtre aux allures uniques ...

Les misérablesThéâtre du Parc

D’après le livre de Victor HugoMise en scène : Thierry DebrouxAvec : Olivier Massart, Benoît Verhaert, Stéphane Denocchi, etc.

Jusq

u’au 20

/10/12

!

L’histoire de la saga «Les misérables» est connue de tous, ou du moins en partie. La vie de Jean Valjean, ancien bagnard poursuivi par Javert, le fonctionnaire de police, qui cherche à se racheter en aidant les gens autour de lui : Fantine, Cosette, Marius, etc.

Il y a plusieurs dangers à adapter cette épopée. Tout d’abord la durée : étalée sur 5 tomes, l’histoire est très longue et l’adaptation peut assez facilement atteindre plusieurs heures de show. Ensuite, le côté répétitif de cette histoire peut en décourager plus d’un. Tout le monde l’a adapté : en comédie musicale, plusieurs films, un nombre incalculables d’adaptations théâtrales diverses, du moderne au plus réaliste. Que peut encore nous apporter cette histoire ? Quel est le but de Thierry Debroux dans cette entreprise ?

« 2012 sera l’année des Misérables. Il y a cent cinquante ans, Victor Hugo, après avoir achevé son célèbre roman, faisait publier le premier tome à Bruxelles en mars 1862. (...)

La misère reprend le dessus et les dérives de la spéculation plongent des peuples entiers dans le désarroi. Mais Les Misérables n’est pas seulement une fable sociale et révolutionnaire. C’est un grand livre… bouleversant, émouvant, épique, mystique….

La petite histoire des petites gens y côtoie la grande. L’envie de démarrer chaque saison du Théâtre Royal du Parc par un grand spectacle populaire destiné à tous les publics, m’a fait me tourner vers ce chef-d’œuvre de la littérature mondiale. (...)

Je me réjouis de mettre en scène ce texte qui nous parle autant de nous-mêmes et de la société d’aujourd’hui que des grands mouvements révolutionnaires du 19ème siècle.» dit Thierry Debroux.

L’histoire nous rappelle donc effectivement que la crise actuelle ou le mouvement des indignés ne sont pas nouveaux. Conjugué à la volonté de grand spectacle, Debroux signe un magnifique démarrage au Parc.

Magnifique car même si l’histoire est éculée, on savoure énormément les interprétations sublimes d’acteurs et actrices collant idéalement à leurs personnages. Aidés, c’est vrai, par une scénographie à couper le souffle : aussi bien que dans une tour aux trois étages, que de l’exploitation vidéo ou des costumes.

Le plus étonnant reste une insertion étrange d’éléments modernes dans le décor pourtant si réaliste. Nécessaire ou non, cela ne gâche pas un spectacle loin d’être misérable ...

Smars Loïc

02 octobre 2012

Page 50: Le Suricate - Troisième numéro

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Littérature

Mr. Pirandello, vous vous présentez comme le fils du Chaos. C'est une étrange entrée en la matière, vous ne trouvez pas ?

Ce n'est pourtant pas une allégorie ou un moyen formel de me faire remarquer. Je suis né près d’Agrigente, en Sicile, le 28 juin 1867, pendant une épidémie de choléra. J’ai vu le jour dans un petit hameau, Cavusu, terme local qui n’est qu’une corruption dialectale de l’ancien mot grec Kaos. Il me semble difficile de commencer son passage sur Terre de façon plus chaotique.

Après ces débuts difficiles, comment s'est déroulée votre enfance ?

Ma famille était une famille bourgeoise assez aisée, grâce à mon grand-père Andrea, qui laissa à sa mort une grosse fortune qui provenait du commerce et des soufrières, nombreuses en Sicile, et qui ont servi de décors à nombre de mes récits. J’y ai moi-même travaillé, mais les rapports avec mon père étaient trop conflictuels pour que je m'y sente à l'aise. Mon père Stefano était en effet un homme exalté et engagé qui a pris parti pour l’unité italienne en combattant aux côtés de Garibaldi. En règle générale, j’avais beaucoup de mal à communiquer avec mon père, en raison de son caractère trop autoritaire. Ma mère Caterina était issue d’une famille aristocratique. Elle était douce, et je l’adorais, même si je passais beaucoup de temps avec ses servantes, dont l'une m’enseigna simultanément les

légendes siciliennes et la foi catholique. Par la suite, je n’ai jamais perdu ma croyance dans l’amour de Dieu mais si je me suis éloigné des pratiques religieuses officielles. Il faut retenir qu'un des éléments fondamentaux de ma jeunesse, et de toute ma vie, est la terre de Sicile, magnifique île emplie de mythes et légendes, d'hommes rudes et d'une nature enchanteresse. Je peux affirmer qu'elle m'a façonné et ne m'a jamais quitté tout au long de mes voyages.

En effet, vous avez beaucoup voyagé malgré votre amour pour la Sicile, notamment pour vos études. Quelle est votre formation ?

Ayant initialement l'idée de travailler dans les soufrières, idée très certainement insufflée par mon père, j'ai commencé des études techniques, mais elles ne m’intéressaient absolument pas, et je les ai abandonnées pour des études classiques. J'étais depuis toujours irrésistiblement attiré par la littérature. Je suis donc parti de Palerme pour Rome à dix-neuf ans, puis j’ai gagné Bonn où j’ai fait une thèse sur le dialecte d’Agrigente. J’ai toujours emportée la Sicile avec moi. En 1891,

j’ai obtenu le titre de docteur en philosophie et lettres ce qui m'a permis de retourner à Rome, et d’enseigner la stylistique pendant près de vingt-cinq ans à l’Istituto superiore dei Magisteri, une école normale pour jeunes filles.

Puisque vous évoquez les femmes, et en dehors de l'amour que vous portiez à votre mère, il semble que votre vie amoureuse n’ait pas été très heureuse.

J'ai vécu des choses peu banales, parfois extrèmes, mais je doute qu'on puisse y trouver le bonheur. Mon premier amour est ma cousine Lina, mais ce n’était qu’une histoire de jeunesse, et nos fiançailles n’ont pas survécu à mes études en Allemagne. A mon retour de Bonn, j'ai épousée Maria Antonietta qui était la fille de l’associé de mon père. Ce mariage paraît arrangé mais nous avons quand même été heureux tous les deux, et encore plus avec la naissance de nos trois enfants. Malheureusement, après mes débuts d'enseignant, mon épouse a fait preuve d’une jalousie maladive. Mais cette jalousie n’était que l’expression de la paranoïa qui la détruisait et qui s’est amplifiée au fil des années. Après dix-sept ans de soins et d'efforts, j’ai dû me résoudre à la faire hospitaliser en 1919. Le véritable amour, je l’ai connu avec Marta Abba, une actrice avec qui j’avais fondé la Compagnie du théâtre d’art.

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Qui est Luigi Pirandello ?

Luigi Pirandello (28/06/1867 – 10/12/1936) est l'un des plus grands auteurs classiques italiens de la première moitié du XXe siècle. Il a

excellé tant dans la littérature (nouvelles et romans) que dans le théâtre. Mondialement connue, son œuvre est sombre mais toujours

d'actualité, interrogeant sur l'homme et sa place. Il a reçu le Prix Nobel de Littérature en 1934.

«Il me semble difficile de commencer son passage sur Terre de façon plus chaotique.»

Page 51: Le Suricate - Troisième numéro

Mais cet amour était impossible alors, pour l’exprimer, je lui ai adressé de nombreuses lettres qui ont fini par être publiées.

En 1924 a lieu un autre fait marquant de votre vie : vous avez adhéré au parti de Mussolini. Vous vous sentiez proche de ses idées ?

Mon engagement a beaucoup fait écrire et beaucoup fait s’interroger sur les raisons de mon adhésion au parti fasciste. Il convient d'ajouter que j’ai signé le Manifeste des intellectuels fascistes en 1925. Il faut vous rappeler mes propos sur mon père et son engagement auprès de Garibaldi qui a certainement contribué à forger mes idées sur la nécessité de l’unification de l’Italie. J’ai toujours été partisan d’un patriotisme italien unifié et le mouvement fasciste semblait pouvoir être un nouveau modèle pour l'Italie. Certains ont avancé que le soutien de Mussolini m’a permis de créer ma troupe théâtrale, ce qui est vrai. Mais je n’ai jamais été soumis, car l'art doit être absolument libre pour pouvoir se manifester lui-même. J’ai toujours défendu mon apolitisme et en 1927 j’ai déchirée ma carte du parti à la figure du Secrétaire National, pour signifier clairement que je me sentais seulement un homme sur la terre. J'ajoute que mes œuvres ne furent pas toujours du goût des autorités fascistes qui les trouvaient trop bourgeoises, voire pour certaines défaitistes. J’ai d’ailleurs fini sur la liste des « contrôlés spéciaux » de l’Ovra.

Après cet aperçu de votre vie, passons à vos œuvres. Vous avez beaucoup écrit, dans différents genres et vous avez été récompensé pour vos œuvres théâtrales. C’est une fierté ?

J’ai effectivement reçu le prix Nobel de littérature en 1934 pour, comme l’ont dit les organisateurs de ce prix, mon renouvellement hardi et ingénieux de l’art du drame et de la scène. Mais le théâtre n’a été que la période finale de mon œuvre et, même si c'est une partie très célèbre, elle ne doit pas occulter mes autres écrits qui ont aussi rencontré le succès et ceci bien plus tôt. « Feu Mathias Pascal » fut ainsi excellemment accueilli dès sa sortie en 1904. Au début de ma carrière j'ai écrit une série de poèmes, assez traditionnels dans la forme. J'en ai publié plusieurs recueils jusqu'en 1912. Ma première nouvelle a été publiée en 1884 et narre l’enlèvement d’une jeune fille par son amant. Une intrigue peu originale, somme toute. Mais le projet qui m’a animé tout au long de ma carrière,

c'est l’écriture des « Nouvelles pour un an ». Je souhaitais en effet créer suffisamment de nouvelles pour que l’on puisse lire chaque jour un texte différent. Malheureusement, je n’ai pu conclure ce projet et je n'ai écrit, au final, que 237 nouvelles, dont 21 n’ont été publiées qu’après mon décès. A travers ces nouvelles, je voulais offrir une multitude de petits miroirs qui reflétaient dans leur ensemble la vie tout entière. Je me suis ensuite dirigé vers un format plus important, mais mes romans demeuraient dans la continuité des nouvelles. Je n'ai terminé que sept romans, mais certains sont très célèbres, comme « Feu Mathias Pascal », ou bien « Un, personne et cent mille ». Je n’ai écrit du théâtre que tardivement mais celui-ci m’a toujours attiré. J’ai quand même signé 43 pièces dont certaines n’ont pas eu le succès escompté. Ceci dit, « Six personnages en quête d’auteur » n’a pas été très bien accueilli lors de sa sortie à Rome en 1921, mais la suite a démontré la qualité de la pièce qui a remporté un large succès. Le théâtre m’a beaucoup donné, m’a permis de voyager, d'aller aux Etats-Unis, d'être connu mondialement en tant qu'auteur. J’ajoute que si je n’avais pas été emporté si tôt, je me serai lancé dans le cinéma pour lequel je travaillais déjà en préparant l’adaptation à l'écran de « Feu Mathias Pascal ».

Vous abordez de nombreux thèmes à travers vos œuvres, mais la folie semble être le pilier de votre écriture.

La folie… Elle m’a poursuivie sur une longue période de ma vie, comme je l'ai expliqué en parlant de mon épouse. Sa maladie m’a poussé à étudier les nouvelles théories de Sigmund Freud, à tenter de comprendre les mécanismes de l’esprit. Notre esprit est fait de fragments, ou mieux, d'éléments distincts, plus ou moins en rapport entre eux, lesquels peuvent se désagréger et se recomposer dans un nouvel ensemble, et il en résulte ainsi une nouvelle personnalité, qui, même si elle est hors de la conscience du moi normal, a une conscience propre, indépendante, laquelle se manifeste vivante et active, obscurcissant la conscience normale. On peut vraiment dire que deux personnes vivent, agissent en même temps, mais chacune pour leur propre compte,

dans le même individu. Je crois que chaque homme vit avec un masque, derrière lequel s'agite une multitude de personnalités, diverses et inconnues. Chaque homme voit sa propre réalité et a donc sa propre vérité, que les autres ne peuvent concevoir. Il en résulte que l'incommunicabilité est la règle, et elle produit un sentiment de solitude et d'exclusion. Il y a plusieurs réactions possibles face à cette situation. L'homme peut accepter ce masque, tout en essayant d’en changer mais lorsqu’il comprend qu’il ne peut que recevoir un nouveau masque, il se résigne et vit malheureux. Cet homme joue alors le rôle qu'on lui a attribué sur la scène de l'existence. L'homme peut aussi accepter son rôle mais avec ironie et distanciation et chercher à retirer un avantage de son acceptation. Mais la folie représente la réponse la plus dramatique de l'homme qui veut retirer son masque, lorsque celui-ci découvre que l’image que les autres ont de lui ne correspond pas à celle qu'il a de lui-même. L'homme s'enferme alors dans une solitude désespérée qui débouche sur la folie ou le suicide.

Cette vision est sombre. Ne pensez-vous pas que la vie vaut la peine d’être vécue ?

La vie doit consister dans quelque chose si elle veut être saisie et pour cela elle a besoin d’une forme, elle doit se donner une forme. D’un autre côté, cette forme est aussi sa mort parce qu’elle l’arrête, l’emprisonne, lui enlève son devenir. C’est le problème de la vie : elle ne doit pas être victime de la forme. Pour répondre directement à votre question, il faudrait que j’interroge mes personnages. Mais mes textes contiennent beaucoup d’amertume et une joie trop rare. Je doute que leur réponse soit positive.

Mais vous, M. Pirandello, êtes vous satisfait de votre vie ?

(Silence) J’ai travaillé énormément, je me suis plongé dans l’art. Ma vie, je l’ai écrite mais je ne l’ai pas vécue. J’ai oublié de vivre.

Interview créée par Chris de Savoie

51 02 octobre 2012

« Je souhaitais créer suffisamment de nouvelles pour que l’on puisse lire chaque jour un texte différent. »

Page 52: Le Suricate - Troisième numéro

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Mme Pirandello, votre mariage n’est pas né d’une histoire d’amour.

Mon mariage a été arrangé par mon père. Papa a décidé que je devais épouser le fils de son associé. J’étais toute timide mais obéissante. Nous ne nous sommes pas beaucoup rencontrés avant le mariage. Luigi a accepté de m’épouser en 1894.

Votre mari était-il amoureux ?

Il me trouvait plutôt mignonne et à son goût. Il me disait que j ' é ta i s s y m p a t h i q u e e t agréable. Il m’a écrit de belles lettres pour me le dire.

Parlez-nous un peu de vous.

Et bien, ma mère est morte très tôt et c’est mon père qui m’a élevée. Pour mon bien, Papa m'a confié aux sœurs de Saint Vincent. J’ai reçu de l’instruction. Je savais lire et écrire, tenir les comptes. Papa m’aimait énormément, il était même jaloux de mon mari.

Comment se déroulait la vie avec M. Pirandello ?

Nous avons eu trois enfants, ce qui faisait beaucoup de travail. Mon mari avait son

travail de professeur et il écrivait beaucoup. Il a toujours écrit, énormément. Je me sentais seule. Et puis, je n’ai jamais bien compris toutes ces écritures. C’était sûrement pour lui une façon de me tromper.

Pardon ? Votre mari a été l’un des plus grands auteurs italiens, très prolifique. Il devait forcément écrire très souvent.

Ha ! Oui ! Il était toujours avec ses créatures, ses « personnages », mais ce n’est pas tout. Vous savez pourquoi il est resté aussi longtemps professeur dans un institut pour jeunes filles ? Parce qu’il était heureux de pavaner, de les provoquer, de choisir celle qui lui plairait le plus… J’ai tout essayé pour le ramener à moi, je l’ai surveillé, je l’ai supplié, je l’ai menacé, je l’ai maudit mais rien n’y a fait, il a continué à me tromper !

Et vous lui avez survécu vingt-trois ans.

Oui, j'ai survécu, mais j'étais déjà à l'hôpital, depuis très longtemps. Je n'ai pas eu une très belle vie. Tout ça à cause de lui !

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Mlle Abba, vous êtes au début du 20ème siècle une actrice célèbre.

C’est vrai, j’ai été une des plus grandes interprètes italiennes du vingtième siècle. J’ai réellement pris mon envol e n 1 9 2 2 , l o r s q u e j ’ a i magnifiquement joué dans La Mouette de Tchékov, mise en scène par l'adorable Virgilio Talli. J’ai pu montrer dans cette œuvre toute l’étendue de mon talent.

Quelle actrice étiez-vous ?

Regarde-moi, mon chou ! Que vois tu ? Un corps fait pour la scène ! J’étais une actrice passionnée, instinctive, exubérante, impétueuse. J’étais le feu, la joie de vivre et une envie de vivre, totalement. J'étais l'incarnation absolue de chaque personnage que j'ai joué.

Ce sont les qualités qui ont plu à Monsieur Pirandello ?

Ah ! Luigi… Une histoire extraordinaire que la sienne, une vrai vie de théâtre dramatique ! Je l’ai rencontré en 1925, alors qu’il venait de me voir jouer dans une pièce. Il m’a proposé de m’engager dans son Théâtre d’Art à Rome, avec le salaire le plus élevé de la troupe. Je

crois qu’il a été conquis par mon jeu… et ma beauté.

Monsieur Pirandello vous a-t-il aimé ?

Luigi m’a écrit plus de cinq cents lettres en dix ans…. Et

je lui ai répondu près de trois cents fois. Un homme peut-il ne pas aimer une femme et lui écrire aussi souvent ? Un auteur peut-il ne pas aimer l’actrice qui donne corps et vie à sa création ?

Mais Luigi m’a aimé d’un amour sans issue, dramatique, car il était fidèle à son épouse et à son mariage. Et pourtant, il a été si malheureux à cause de la maladie de son épouse. Une tragédie qui a changé sa vie. Alors oui, moi, j’ai été sa muse, la muse d’un auteur extraordinaire !

Maria Antonietta Portulano Marta Abba

Biographie sélective de Luigi Pirandello

1904 : Feu Mathias Pascal 1913 : Les vieux et les jeunes1921 : Six personnages en quête d’auteur1922 : Vêtir ceux qui sont nus1922 : Henri IV1926 : Un, personne, cent mille

Page 53: Le Suricate - Troisième numéro

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

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Les Critiques Littéraires

« Eau amère et autres nouvelles »

A travers ce recueil de nouvelles, Pirandello nous parle de la relation entre les hommes et les femmes. Le mariage, souvent arrangé, ou en tout cas pas réellement voulu, reste au cœur de chaque intrigue. Il en fait un portrait défaitiste, sûrement lié à sa propre histoire avec Maria Antonietta Portulano. Il décrit le mariage comme étant une voie vers la folie. En effet, dans la première nouvelle « Eau amère », Pirandello laisse la place à un personnage haut en couleur et en anecdote qui se fait un plaisir de nous raconter sa vie sentimentale. Il y décrit les travers qu'il a pu rencontrer avec sa femme et surtout le bien que ça lui a fait de la quitter.

Dans la deuxième nouvelle « Le mal de lune », l'héroïne se retrouve mariée par convenance à un homme qu'elle ne connait pas et qui cache un lourd secret. Dans la dernière nouvelle « Quand j'étais fou », le personnage principal nous parle de sa vie d'avant, celle où il était amoureux de Mirina. Après leur rupture, il rencontre Marta qui va lui redonner la raison.

L'enchainement de ces trois histoires soulève des questions et amène une réflexion sur l'amour. Peut-on réellement aimer quelqu'un que l'on ne connait pas ? L'amour est-il raisonnable ? L'amour peut-il être vécu sans concession et compromis ? Les réponses appartiennent à chacun mais Pirandello a le mérite de les laisser en suspens. A nous de nous faire notre propre idée. Sa vision reste toutefois cynique et assez noire. Il se dégage de ses nouvelles une envie d'y croire avec une certitude de l'échec. Outre le thème de l'amour, la folie pure se dégage de ses nouvelles. N'est-il pas fou de se lier à quelqu'un ? Ici, aussi, on peut y voir un lien avec son propre mariage. Il a vécu avec sa femme pendant 25 ans, alors que celle-ci souffrait de jalousie maladive et de folie. Tous les personnages sont « borderline », ils pourraient basculer à tout moment dans le délire. Cette folie semble contagieuse lorsqu'elle touche deux personnes qui peuvent être liées intimement.

A travers ces histoires de couple, on retrouve aussi l'individu. Pour être quelqu'un, doit-on être à deux ? L'homme se perd-il lorsqu'il n'est pas seul ? Et si au final, l'amour peut rendre fou, il peut aussi faire du bien. Il permet une structure, un lien, une vie sociale et un repère. Chaque personnage pourrait être amené à renier une histoire passée, mais ce n'est pas l'amour qui provoque le mal, mais plutôt la personne avec qui on le partage. La grande question reste : Comment faire pour trouver la bonne personne ? Surtout, existe-t-elle ?

Six personnages en quête d'auteur

L'œuvre « Les Six personnages en quête d'auteur » vaudra à Pirandello une renommée mondiale. Le succès s'explique par l'originalité de la pièce. En effet, la pièce présente au public des questions que se pose Pirandello et qui se posent à tous. Depuis toujours Pirandello s'interroge sur le problème des rapports entre l'homme et la société qui l'entoure surtout après la guerre et les bouleversements politico-sociaux qu'elle a entrainé. La pièce verra le jour au lendemain de la Première Guerre mondiale.

Pirandello pose toute la question du mystère de la création artistique chez un auteur. Pourquoi un personnage né dans l'imagination d'un auteur ? Il s'agit là du mystère même de la naissance naturelle. Pirandello a imaginé six personnages qui se sont trouvés vivants devant lui, qui se sont retrouvés sur scène : Le Père, La Mère, La Belle-fille, Le Fils, l'Adolescent et La Fillette.

La mise en scène est unique : les six personnages surgissent dans la salle, alors qu'une répétition de la pièce « Jeu des rôles » avec d'autres comédiens est en cours. Ils expliquent au directeur de la troupe présent, avoir été abandonnés par l'auteur et souhaitent revivre grâce à une nouvelle pièce en jouant leur propre rôle. La scène devient un lieu où tous veulent interpréter leur drame personnel. L'action est ainsi le conflit entre les six personnages sortis de l'imagination d'un auteur qui veulent revivre à tout prix et les comédiens et le directeur qui étaient en pleine répétition.

Le drame est la raison d'être de ces personnages, c'est ce qui leur est nécessaire pour exister. Jamais ils ne seront vivants car ils sont nés de l'imaginaire... Pirandello a tenté de représenter le chaos, la confusion, le désordre avec cette impression de spectacle non préparé. Au plus on avance dans la lecture de la pièce, au plus on se rend compte que ce qui est en train de se jouer est la véritable pièce de théâtre et non une simple répétition.

Le public a l'impression d'être dans les coulisses du spectacle. Comme s'il se trouvait à l'envers du décor. La frontière entre le réel et la fiction n'est plus qu'une illusion. Le public partage l'incertitude des personnages et il se retrouve à être comme eux, en quête d'auteur.

La lecture de cette pièce nous amène à vouloir donner aux six personnages une vraie vie. Pirandello propose à travers son œuvre une réflexion sur la nature même du théâtre. Il cherche à montrer que finalement les comédiens, présents lors de la répétition, ne vivent leurs rôles alors que les six personnages vivent réellement les scènes puisqu'il s'agit de leur réalité.

Caroline Champion Stellina Huvenne

Page 54: Le Suricate - Troisième numéro

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Fissures, éditions LokomodoEtrange, morcelée, craquelée, notre réalité se délite et nous entraîne dans son sillage. Les certitudes vacillent, les idéaux s’estompent et l’on contemple les fissures de ce monde que l’on croyait inébranlable. Il est plus tard que vous ne pensez, votre quotidien a déjà basculé. Sauver ce monde… Ou l’accepter ? Au fil de quinze récits entre New York, Londres et Dunkerque, Jess Kaan vous convie à partager son univers, ses peurs, ses espoirs aussi. Venez ...

Voilà un recueil de nouvelles fort surprenant. Surprenant par la sensation de normalité qui transpire de chaque histoire alors que l’auteur vous entraine insidieusement vers un autre côté plus sombre. Certains récits sont comme des tranches de vie qui basculent sans même que le lecteur s’en aperçoive et, lorsque c’est le cas, il est bien trop tard. Le malaise s’est imprimé en nous. On pense naviguer en terrain connu alors que l’horreur a déjà tissé sa toile insidieusement, nous prenant au piège de notre quotidien.

Disons-le d’emblée, ce recueil est une franche réussite ! La verve de l’auteur, pleine de gouaille, est franchement séduisante. Les personnages sont fouillés au possible. Tantôt torturés ou hantés par leur

passé, d’autres fois pleins de certitudes ou emplis de doutes mais, dans tous les cas, authentiques. Le lecteur peut parfois avoir l’impression de les connaître, de les avoir croisés ou d’avoir discuté avec eux.

Sans jamais franchir la porte de leurs intimes tourments. Les histoires sont fortement ancrées dans la réalité que ce soit au travers de fêtes populaires comme avec « L’intrigue », la souffrance d’un père et d’un fils dans « 915 », la réussite sociale à tout prix dans « Le syndrome Midas » et bien d’autres encore.

Des émotions que nous avons ou pourrions tous un jour éprouver et que Jess Kaan mène tambour battant jusqu’à une apothéose cauchemardesque. Jess Kaan emprunte à l ’une ou l ’autre occasion l’univers d’un auteur connu, le revendique clairement, et en tire une nouvelle monstruosité. Je pense ici à « London Calling » et son univers rendant hommage à G r a h a m M a s t e r t o n e t s o n magnifique roman « Les gardiens de la porte ».

Jess Kaan est un auteur puisant dans l’ordinaire pour en extraire une histoire… extraordinaire. Un recueil de nouvelles atypiques dont je ne peux que recommander la lecture !

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La critique

Kaan est un auteur puisant dans l’ordinaire pour en extraire une histoire extraordinaire !

De Jess Kaan

L’ interviewPresque toutes les nouvelles dans « Fissures » présentent des personnages inaccomplis dans leur vie, au vécu parfois douloureux (viol, culpabilité face à la mort,…). Est-ce une fatalité, selon toi, cette quête perpétuelle d’épanouissement ?

Pourquoi une « fatalité » ? Dans ta question, je ressens la fatalité comme un terme péjoratif, négatif, l’absence d’alternative. Que l’on ait la Foi ou non, notre vie ce n’est

pas, à mon sens, uniquement nous lever, manger, déféquer, dormir, perpétuer l’espèce sinon quelle tristesse ! Nous sommes tous en quête du Bonheur avec ce que l’on veut bien accoler derrière cette étiquette. Je pense sincèrement que nous cherchons tous à nous dépasser, à nous dire qu’il nous faut émerger de la masse, à nous rendre utile… Donc oui, on passe notre vie à apprendre à exister et à la fin, viendra le bilan. De là à dire qu’il est négatif de chercher à

apprendre à exister et que l’on court peut-être après une part d’immortalité… On entre dans le débat philosophique.

Tes personnages, qu’ils soient adultes ou enfantins, sont tour à tour victimes ou bourreaux, humains ou monstrueux. Tes h i s t o i r e s r e n f e r m e n t u n e violence certaine. T’imposes-tu ce r ta ines l im i tes lo rs de l’écriture ?

Page 55: Le Suricate - Troisième numéro

Si mes histoires renferment cette violence, c’est parce qu’elle existe dans la réalité de millions voire de milliards de personnes sur Terre et que le monde est un mélange de grisailles personnelles. Nous sommes tous des victimes ou des bourreaux en puissance. Il suffit d’un rien pour que l’on bascule d’un côté ou de l’autre. Être au mauvais endroit au mauvais moment, ou au contraire au bon endroit au moment providentiel. Croiser la bonne personne. En ce qui concerne ce côté noir que je refuse d’occulter, je ne joue pas dans le registre de la complaisance, voilà ma limite. Je n’écris pas de l’horreur pour l’horreur, le 100 % gore me débecte car il n’est pas justifié. J’écris du fantastique et je montre des êtres fragilisés par la vie, par un instant T ou une personne P, voir la nouvelle « Kévin ou les Chats ». Ces individus se retrouvent ensuite happés par les événements. Il y a des faits dont l’on entend parler par le bouche-à-oreilles ou que l’on vit comme épreuves qui sont « ignobles » et pourtant ces faits ne font qu’apparaître en filigrane dans mes écrits.

Tes nouvelles s’inspirent fortement de la réalité que tout un chacun connaît mais elles montrent également un aspect maladif de notre société. Qu’est-ce qui te pousse à t’inspirer de ces travers ?

Cette réalité détraquée est la porte ouverte au basculement dans le fantastique. Si mes personnages avaient une vie idyllique, ils ne constitueraient pas des proies pour des forces les dépassant ou ils céderaient moins facilement à leurs pulsions. Je pense notamment à l’ouvrier de Rustbelt qui cumule les deux et se retrouve englué dans un univers où il se transforme…

Certaines nouvelles de « Fissures » ont auparavant été publiées dans diverses revues. Pourquoi

ce désir de les faire réapparaitre en un volume en compagnie d’inédites ? Est-ce un besoin de nouer un fil conducteur entre elles ? Quelle a été ta motivation ?

Les textes déjà publiés l’ont été soit il y a longtemps (presque dix ans pour « Kenshiros way »), soit à l’étranger (Canada), soit dans des anthologies (« Hérit iers d’Homère » chez Argemmios, Ténèbres 2008). Ils n’ont donc touché, chaque fois, qu’un public restreint. Ensuite ce sont des textes auxquels je tiens parce qu’ils sont des jalons dans ma « carrière » (vilain mot) et qui correspondent encore à mes thématiques actuelles. Je citerai ici « Rustbelt » et « London Calling », lesquels appartenaient déjà au sommaire de « Dérobade ». La thématique et l’écriture sont mes deux moteurs. Par conséquent, il fa l la i t – c ’est ainsi - qu’ i ls apparaissent dans ce recueil composé d’une majorité d’inédits. Ces textes déjà publiés s’articulaient avec les autres et ils offraient une cohérence d’ensemble au recueil. J’aurais pu me contenter de ressortir « Dérobade » avec une nouvelle couverture. Simple, vite fait… Mais cela ne m’aurait pas satisfait, que ce soit vis-à-vis de moi-même ou des lecteurs. « Dérobade » a eu 8 ans, il y a peu. Ma façon d’appréhender l’écriture, ma vision du monde et de ses thèmes a changé. En outre, « Dérobade » avec son mélange de SF, de fantasy et de fantastique me ressemble moins aujourd’hui. Je ne le renie pas loin de là ! Mais avec le recul, je me dis ce texte là (je pense à « Quand Lune Saigne »), je ne l’aurais pas repris… Je n’aurais pas écrit de SF… En conclusion avec « Fissures », j’ai eu le plaisir de monter le recueil qui me satisfaisait (louée soit Peggy Van Peteghem qui a su prendre en considération cette volonté !), mélange de nouveautés

et d’inédits indispensables à mes yeux.

Comment définirais-tu ton écriture ? On sent à certains m o m e n t s u n e f o r m e d e revendication sociale sous la trame fantastique, comme si tu essayais de faire passer un message. Du fantastique avec un background de départ réaliste. Est-ce une étiquette ? Une définition convenable ?

Je déteste les personnages dont on ignore tout, qui évoluent dans un décor comme des figurants. Mes personnages, gentils ou non, sont des acteurs au sens où ils interagissent avec d’autres, avec leur milieu, où ils se prennent la violence du monde, ses espoirs dans la figure. Ils ne jouent pas un rôle. Je montre des gens tels qu’ils sont (réalisme)… Et tels qu’ils évoluent suite à la déglingue, l’élément qui vient gripper leur mécanique de vie. Ensuite je ne cherche pas à faire passer de m e s s a g e s s o c i o - p o l i t i q u e s (d’ailleurs social, ça fait un peu trop connoté !), j’essaie de susciter une empathie pour des individus qui vont de l’ouvrier au financier avide en passant par l’étudiante fauchée dans son 9 m² et si l’on s’identifie à ces personnages, si l’on s’inquiète pour eux, je pense qu’il y a un espoir ; que nous ne sommes pas aussi mauvais qu’on essaie de nous le faire croire. Je bémoliserai toutefois l’aspect revendicatif sur les textes « Toute la peine du Monde » et « Fantasy Impromptue » où les victimes sont celles à qui j’entends rendre hommage. Nous vivons en effet dans une société malsaine, une société capable de glorifier les tueurs en série, les criminels. Notre monde connaît le nom de Jack l’Eventreur, de Ted Bundy, du Docteur Petiot, mais elle ignore celui de leurs victimes et cela me choque.

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L’ interview

Critique et propos receuillis par Frédéric Livyns

02 octobre 2012

Page 56: Le Suricate - Troisième numéro

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Pourquoi pas ?

Bryan Jackson vient d'avoir 18 ans, il rentre à l'université, il est intelligent et il est tombé amoureux fou d'Alice, une aspirante actrice plein de charme. Le bémol : Bryan ressemble plus à un geek qu'à un tombeur de fille. Séduire Alice ne sera pas de tout repos.

Pour Bryan, l'entrée à l'université est synonyme de nouvelle vie. Il espère s'immerger dans le Monde des Idées et comprendre les théories les plus complexes « Je veux des idéaux politiques à la fois radicaux et humoristes et des débats passionnés mais argumentés, autour d'une table de cuisine en pin, où je dirai des choses du genre : « Définis tes termes » et « ton axiome est de toute évidence spécieux ! ». Je veux utiliser en toute confiance des mots comme « éponyme », « solipsisme » et « utilitariste ». Je veux apprendre à apprécier les bons vins, apprendre à les boire sans avoir l'air d'un parfait idiot. Je veux faire l'amour en toute sobriété, sans la moindre crainte, en plein jour, à des belles femmes.... » Pour ce faire, Bryan quitte sa ville natale pour s'installer en collocation avec deux autres étudiants, Josh et Marcus. Bryan a choisi la l i t térature anglaise et porte toujours la veste vintage de son père décédé.

Bryan va tenter sa chance et va être pris dans le jeu télévisé « University Challenge », « Questions pour un champion » chez nous.

Lors de son passage en direct, il fera la gloire de sa mère et l'admiration d'Alice... Seulement, le retournement de situation sera inattendu !

Dans ce roman de David Nicholls, on assiste aux états d'âme d'un gars parfois égaré, souvent à la drague lourde, mais pour qui on éprouve immédiatement de la sympathie. L'auteur partage les é ta ts d 'âme de Bryan, ses questionnements, ses joies, ses gênes, et ses déceptions. « Pourquoi la vie devrait être pour moi ce paysage mar i t ime éternellement houleux d'amitiés embourbées, de chances mal sa is ies , de conversat ions niaises, de journées gâchées, de remarques idiotes, de blagues pas drôles ? »

Bryan nous rappelle nos propres années d'études avec l'entrée dans la vie d'adulte et tout ce que cela comporte.

L ' a u t e u r r é a l i s e u n r o m a n irréprochable avec des dialogues recherchés et proches de la réalité. Il mélange une série d'émotions, qui imprègnent le lecteur, au travers des désillusions des premiers amours, des joies euphoriques des soirées estudiantines, ... La

dimension humoristique est très présente, amenant un sourire à chaque page « Votre frange vous tombe mollement sur le front comme une mouette mazoutée ».

Grâce au talent de David Nicholls, on se surprend déjà à arriver à la fin du roman... On espère qu'une suite arrivera... !

Né en 1996 en Angleterre, David Nicholls a d'abord envisagé une carrière d'acteur avant de se tourner vers l'écriture. Il a été scénariste pour la télévision. Après Un Jour (Belfond 2011), Pourquoi pas ? Est son deuxième roman publié en France alors que Un jour figure toujours sur les listes de best-sellers. David Nicholls vit à Londres avec son épouse et leurs deux enfants.

Editions Belfond

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La critique

« Un roman irréprochable avec des dialogues recherchés et proches de la réalité. »

Stellina Huvenne

De David Nicholls

David Nicholls

Né en 1966

Roman

Starter of Ten, 2003

Understudy, 2006

Un jour, 2008

Page 57: Le Suricate - Troisième numéro

Le jeu des Ombres

« Un des romans les plus beaux, les plus urgents, de Louise Erdrich. Un chef-d'oeuvre ». The Washington

Post.

Irène découvre que son mari, Gil, lit son journal intime. Irène vit cet acte comme une trahison et un non-respect de sa vie privée. Gil a enfreint les règles de leur couple. Elle décide de tenir un nouveau journal, un carnet bleu, qu'elle mettra en lieu sûr. Cependant, elle continue d'écrire dans son ancien journal ,un agenda rouge, afin de mener son conjoint en bateau. Savoir que son conjoint a lu chaque page de ses pensées les plus privées lui est insupportable et elle ne s'en remet pas. Grace à son agenda rouge, elle va mettre en place sa vengeance. Elle écrira ce qu'elle n'a jamais osé reprocher à Gil afin de le blesser au plus profond de lui-même. Irène entretiendra avec son lecteur clandestin une dépendance à son journal. De par l'agenda rouge, Gil se retrouve face à une femme qu'il ne reconnait plus. Lui qui entretenait une relation fusionnelle et de contrôle avec sa femme, sent qu'elle lui échappe. Gil se sent dévasté par cette femme qui prend une direction contraire à la sienne. Où sont passées toutes les années où il était son peintre et elle sa muse? Où Irène existait au travers de l'oeil et du coup de pinceau de l'artiste ? Un lien plus proche de la haine que de l'amour va alors se mettre en place.

Louise Erdrich nous en met plein la vue avec son roman traitant de l'autodestruction et de la manipulation dans le couple. Ce roman nous plonge au coeur de la nature humaine. Le jeu des relations entre Irène et Gil est subtil, alternant illusions et faux semblants. L'auteure maitrise et met en avant la complexité des échanges re lat ionnels et la cohabitation dévastatrice entre les protagonistes. Les conflits de couple sont d'un réalisme irréprochable avec l'oeil critique de Louise Erdrich.

Un livre qu'on ne lâche pas de la première à la dernière page tant le dénouement est étourdissant. Louise Erdrich réalise un superbe roman palpitant !Ce dernier roman de Louise Erdrich a fait l'unanimité aux Etats-unis avec de nombreuses critiques très positives et en promet autant chez nous. Née en 1954 dans le Minnesota, Louise Erdrich est considérée comme l'une des grandes voix de la littérature américaine contemporaine. De Love Medicine, à La Malédiction des Colombes, elle a bâti, livre

après livre, une oeuvre polyphonique à nulle autre pareille.

Editions Albin Michel.

57

La critique

« L’auteure maîtrise et met en avant la complexité des échanges relationnels (...) »

Stellina Huvenne

De Louise Erdrich

Louise Erdrich

Née à Little Falls le 07/07/1954

Littérature amérindienne

L’amour sorcier, 1986

La branche cassée, 1988

Bingo Palace, 1996

La chorale des Maîtres Bouchers, 2005

La malédiction des colombes, 2010

02 octobre 2012

Page 58: Le Suricate - Troisième numéro

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Lame furtive

L'auteur n'est plus à présenter. Pour ceux qui ne le connaissent pas sachez qu'il est natif de l'état du Massachusett et qu'il a créé le personnage de Drizzt en 1988.

J'ai commencé cette lecture sans rien connaître du monde de Drizzt. Question : cela va-t-il me porter préjudice ou me donner, comme je l'espère, l'envie de lire les tomes précédents?

Je suis rentrée facilement dans l'histoire. Certains passages sont écrits à la première personne, ce qui facilite l'entrée dans le monde fantastique de Drizzt et de ses compagnons. Le choix du titre nous est vite dévoilé. Le roman comprend deux récits. Le premier c e l u i d e D r i z z t e t d e s e s compagnons d'aventure (un nain, un barbare, une guerrière et un halfenin), le second nous met en présence d'Artemis Entreri un mercenaire assassin (humain). L'auteur passe d'un récit à l'autre, et engendre par ce choix des frustrations à la lectrice que je suis. Pourquoi me direz-vous, car on quitte souvent Drizzt en pleine action...

J'arrive au tiers de ma lecture et contrairement à mes craintes, le fait de ne pas avoir lu les 10 premiers tomes ne me porte pas trop préjudice. Les souvenirs, les introspections des personnages s o n t a u t a n t d ' i n d i c e s q u i permettent de ne pas se sentir perdu, de prendre des points de

repères et de comprendre les interactions des personnages entre eux.

J'ai particulièrement apprécié les passages concernant directement Drizzt et ses compagnons. Par contre, le contexte de l'histoire d'Artemis m'a nettement moins conquis, le côté plus calculateur et presque d'enjeux politique, autant d'éléments qui, pour ma part, n'ont pas j oué en f aveu r de ce personnage, du moins à mon goût. Mais, attention si vous aimez les intrigues, alors vous serez ravis.

Le style d'écriture est fluide, accrocheur et nous entraîne au coeur de l'action et des personnages. L'histoire est riche en détails et en rebondissements, les scènes de

combats sont parfois difficiles à imaginer vus la charge de détail. Mais ce dernier aspect peut, pour d'autres, être un plus. Le livre se termine sur un combat dont l'auteur n'a cessé de préparer le terrain dès les premiers chapitres.

En conclusion, je ne suis pas devenue une fan inconditionnelle de Drizzt, en tout cas pas au point de me jeter de suite dessus, mais je comprends les lecteurs qui

succombent à son charme. Le personnage est attachant et l'auteur a un talent indéniable pour décrire les paysages et ses personnages (leurs sentiments, leur débat intérieur) autant de détails qui font que l'on tombe sous le charme. Lecteurs ou lectrices, chacun trouve son bonheur. En tout cas, ma curiosité est éveillée quant à la suite des aventures et à leur dénouement. La saga compte en tout 13 volumes...il n'en reste que 2 à attendre.

Editions Milady

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La critique

« Un roman irréprochable avec des dialogues recherchés et proches de la réalité. »

Marylise Dufour

De R.A. Salvatore

R.A. Salvatore

Né en 1959

Fantasy

La légende de Drizzt

La trilogie Mercenaires

La pentalogie du clec

Série Demon Wars

La Saga des Lances

Page 59: Le Suricate - Troisième numéro

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Qui est cet inconnu capable d'en remontrer au grand Czentovic, le champion mondial des échecs, véritable prodige aussi frustre qu'antipathique? Peut-on croire, comme il l'affirme, qu'il n'a pas jouer depuis plus de vingt ans? Les circonstances dans lesquelles l'homme a acquis cette science sont terribles. Elles nous renvoient aux expérimentations nazies sur les effets de l'isolement absolu lorsque, aux frontières de la folie, entre deux interrogatoires, le cerveau humain parvient à déployer ses facultés les plus étranges.

Une fable inquiétante, fantastique qui, comme le dit le personnage avec une ironie douloureuse, "pourrait servir d'illustration à la charmante époque où

nous vivons".

Né à Vienne en 1881, fils d'un industriel, Stefan Sweig a pu étudier en toute liberté l'histoire, les belles lettres et la philosophie. Grand humaniste, ami de Romain Rolland, d'Emile Verhaeren et de Sigmund Freud, il a exercé son talent dans tous les genres mais a surtout excellé dans l'art de la nouvelle, l'essai et la biographie. Désespéré par la montée du nazisme, il fuit l'Autriche en 1934. Il se réfugie en Angleterre puis aux U.S.A. En 1942, il se suicide avec sa femme à Petropolis, au Brézil.

Il s'agit-là de sa dernière oeuvre.

Loïc Bertiau

Le joueur d’échecs

de Stefan Sweig

Editions Livre de Poche, 96 p.

« L’Expédition » est le premier tome de l’Or des Fous.

L’or est depuis la nuit des temps synonyme de tentation … L’homme est capable de tout pour s’en procurer ne fut-ce qu’une pépite. Les Conquistadores en font leur quête, prêts à affronter l’impossible! Il est surtout un appât pour Francisco Pizarro, fils naturel, du navigateur Gonzalo Pizarro Rodriguez de Aguilar.

Ce premier tome se dévore grâce à ses illustrations précises et réalistes. Il ne

faut pas être un amateur du genre pour le savourer pleinement. Néanmoins, il est difficile de se faire un avis avec un seul tome car qui ne fait qu’introduire la situation. Malgré tout, l’Or des Fous est très prometteur car l’histoire est bien décrite et on se plonge dans l’ambiance dès les premiers phylactères.

Cette Bande dessinée m’a conquise, et j’ai hâte de découvrir la suite !

Nele De Smedt

L’or des fous : L’expédition

de Di Giorgio et Olivares

Editions Soleil, 48 p.

02 octobre 2012

Ma vie pour un Oscar

d’ Aurélie Levy

Editions Plon, 155 p.

Camille, une jeune Parisienne, devient l'assistante personnelle de John Bogus, une star hollywoodienne. Elle se voit confier la gestion totale de la vie de la star. Entre réserver les vols aux quatre coins du monde et lui préparer ses chaussettes, rien ne lui est épargné. Camille est contrainte de vivre selon les désidératas de John Bogus sans recevoir aucune considération de sa part. Après une tentative de rapprochement en Afrique, le retour à la réalité est fracassant.

Camille encaisse et se dit que c'est le prix à payer pour un jour être remarquée et réaliser son rêve : être nominée aux Oscars. Tous les rêves ont une fin et celui avec John Bogus arrive au terminus.

Aurélie Levy signe un roman singulier au style d'écriture original. Elle débute son roman en disant : « J'aimerais pouvoir dire que j'écris cette histoire pour dénoncer une société malade, que je

suis habitée par le besoin irrésolu de m'exprimer. Mais je ne cherche qu'à attirer l'attention. Ce roman, je l'écris uniquement pour plaire». Le lecteur est averti.

Aurélie Levy place le lecteur derrière le rideau, là où la réalité est sans pitié. Toucher de t rès près le monde inaccessible des étoiles au prix de son intégrité ? L'héroïne du roman verra sa vision de l'univers des strass et paillettes évoluer et changera d'avis sur le sens de la notoriété. Elle qui rêvait uniquement de gloire, d'être reconnue, aimée et estimée, elle devra revoir à la baisse ses ambitions.

Ma vie pour un Oscar est un roman accessible qui se lit facilement. L'histoire est originale mais manque un peu de consistance au niveau des émotions. Le petit bémol : une fin un peu trop rapide.

Stellina Huvenne

Page 60: Le Suricate - Troisième numéro

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Agenda

ScènesLes piècesBruxelles et environs

Boeing Boeing au théâtre de la Toison d’Or du 13/09/2012 au 27/10/2012Kiss & Cry à l’Aula Magna du 02/10/12 au 04/10/12V.Rimbaud au Blocry du 09/10/12 au 16/10/12Panique au Plazza au théâtre des Galeries du 12/09/2012 au 07/10/2012Mille Francs de Récompense au théâtre des Martyrs du 13/09/2012 au 27/10/12

Paris

Odyssées au théâtre de Poche du 18/09/2012 au 13/10/2012La comédie des illusions au théâtre des Martyrs (Atelier) du 25/09/2012 au 27/10/2012Les misérables au théâtre du Parc du 20/09/2012 au 20/10/2012En toute inquiétude au théâtre Blocry (Louvain-la-Neuve) du 18/09/2012 au 04/10/2012Le producteur de bonheur sous chapiteau (Parking Baudouin Ier - LLN) du 20/09/2012 au 06/10/2012L’étranger au théâtre XL Grand Midi du 27/09/2012 au 27/10/2012Yesso au Marni du 04/10/12 au 10/10/12Half’N’half au théâtre de la Vie du 04/10/12 au 06/10/12Dégage petit ! au théâtre National du 09/10/12 au 13/10/12Redis-le me le au théâtre 140 du 10/10/12 au 12/10/12

Les Menteurs (Chevalier et Laspalès) au théâtre de la Porte Saint-Martin à partir du 07/09/2012Volpone ou le Renard au théâtre de la Madeleine à partir du 12/09/2012Doris Darling au théâtre du «petit» Saint-Martin à partir du 14/09/2012

CinémaLes sorties (Belgique)3 octobre 2012

Taken 2 d’Olivier Megaton (Action, Thriller)Savages d’Oliver Stone (Thriller)Le magasin des suicides de Patrice Leconte (Animation)Robot and Frank de Jake Schreier (science-fiction)Les saveurs du palais de Christian Vincent (Biographie)Dead Man Talking de Patrick Ridremont (Drame)

10 octobre 2012Think like a man de Tim Story (Comédie)Ted de Seth MacFarlane (Comédie)The Broken Circle Breakdown de Félix Van GroeningenTous les espoirs sont permis de David Frankel (comédie)Dans la maison de François Ozon (Thriller)

Do not disturb d’Yvan Attal (Comédie)Pauline Détective de Marc Fitoussi (Comédie)La tête la première d’Amélie Van Elmbt (Romance)

Violetta went go home d’Andrès Wood (Biographie)

Musique

Jazz it up ! au Bozar du 15/10/12 au 14/11/12Skip the use à l’Orangerie (Botanique) le 04/10/12Geike au W:Halll le 13/10/12Firewind leaves eyes au Biebob le 06/10/12

Alaska au théâtre Varia du 27/09/2012 au 13/10/2012Les Invisibles au Théâtre Océan Nord du 25/09/2012 au 13/10/2012Les pères au théâtre les Riches-Claires du 02/10/12 au 20/10/12

Michaël Gregorio au Bataclan du 04/10/12 au 05/01/13