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Revue Attaalim N° 40 Année 34 Evaluation Etudes

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    Etudes

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    Les classes multigrades en Mauritanie:

    Problématique, pistes de solutions et défis

    de la phase post formation

    Par Mohamed O/Mohamed El Moctar Chef Service formation continue IPN

    e phénomène multigrade était un mode d‘organisation

    pédagogique assez présent dans le système éducatif

    mauritanien pendant la période coloniale. Quelques années après

    l‘indépendance, ce modèle pédagogique a quasiment disparu du paysage

    éducatif avant de revenir en force au cours de la dernière décennie du siècle

    passé.

    Cet article se propose de donner une large vision sur la réalité du

    multigrade en Mauritanie, en abordant en premier lieu la question du

    concept avant de retracer l‘historique du phénomène, son évolution, les

    problématiques pédagogiques qu‘il présente, les pistes de solutions mises

    en oeuvre et leurs fondements philosophiques. En dernier lieu, l‘article met

    en relief les défis auxquels sont confrontés les différents acteurs de terrain

    au cours de la phase post formation.

    I. Le concept de classes multigrades

    Le multigrade est un mode d‘organisation scolaire assez répandu à

    travers le monde, aussi bien dans les pays développés que dans ceux en

    voie de développement. La classe multigrade appelée classe multi-âge, multi-programmes

    ou à cours multiples selon le pays ,est une situation où un seul maître est

    chargé d‘enseigner deux niveaux ou plus, en même temps et dans un même

    local.

    Ce type d‘organisation scolaire permet de scolariser tous les enfants

    en âge d‘aller à l‘école particulièrement ceux qui vivent dans les milieux

    ruraux à population très dispersée.

    L

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    II - Historique et évolution du multigrade en Mauritanie

    Le multigrade était connu en Mauritanie depuis les années 50 et a

    continué à exister jusqu‘aux horizons des années soixante, même s‘il n‘a

    concerné qu‘un nombre très réduit d‘écoles nomades.

    Il a fallu attendre les années 90 pour que le multigrade soit instauré

    en tant que choix éducatif devant, parmi d‘autres choix, concourir à

    l‘aboutissement à « la scolarisation pour tous dans l‘horizon 2000 ».

    La tendance à la généralisation du multigrade dans le milieu rural

    visait spécifiquement les objectifs suivants :

    scolariser le maximum d‘enfants dans les zones à faible densité ;

    créer le maximum d‘écoles à cycle complet ;

    réduire les coûts de scolarisation par une utilisation plus rationnelle des locaux et du personnel enseignant.

    Depuis 1990, le multigrade a connu en Mauritanie une évolution

    considérable. Ainsi, en 2001, le nombre de divisions pédagogiques qui

    fonctionnaient selon ce modèle représentait 44,45% ; aujourd‘hui, ce type

    d‘organisation pédagogique concerne plus de 50% de la totalité des

    divisions pédagogiques en Mauritanie, selon les sources de la DSPC

    (2010).

    Selon la même source, en 2007, 3424 classes (soit environ 6848

    divisions pédagogiques) sur les 12849 classes que compte le pays

    fonctionnent en multigrade.

    Le tableau ci-dessous reflète l‘évolution considérable de ce

    phénomène dans le pays, dans la mesure où les wilayas prises en compte

    sont d‘une importance notoire à l‘échelle nationale, tant au niveau du poids

    de la scolarisation qu‘au niveau du poids démographique.

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    Evolution du pourcentage des divisions pédagogiques fonctionnant

    en multigrade dans les Wilayas du Hodh Charghi, Hodh Gharbi,

    Assaba, Gorgol, Brakna et Trarza 2001-2009

    Wilaya Période

    2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

    Hodh

    Charghi 55,47% 62,5% 69,54% 75,48% 73,95% 72,21% 72,98% 78,02% 71,88%

    Hodh

    Gharbi

    72,72% 71,17% 77,95% 78,56% 68,14% 58,54% 64,29% 79,68% 65,98%

    Assaba

    61,07% 60,86% 70,04% 75,98% 77,86% 75,63% 77,08% 86,23% 85,27%

    Gorgol

    52,91% 59,65% 65,56% 70,94% 70,90% 66,35% 72,8% 83,28% 65,81%

    Brakna

    46,22% 50,72% 58,46% 64,85% 56,63% 54,59% 58,91% 77,19% 58,09%

    Trarza

    40,98% 40,48% 49,23% 49,53% 60,11% 57,66% 59,17% 75,12% 57,49%

    Source : Direction des stratégies, de la planification et de la coopération (DSPC, 2010)

    Il ressort de ce tableau qu‘en 2008 le pourcentage moyen des

    divisions pédagogiques multigrades dans les six wilayas concernées est

    passé sensiblement à 80%.

    Cette forte présence du multigrade dans le paysage éducatif

    mauritanien a amené les autorités à accorder un intérêt particulier à ce

    mode d‘organisation de la classe dont la gestion demeure encore

    problématique pour beaucoup d‘enseignants mauritaniens.

    I. LA PROBLEMATIQUE DES CLASSES MULTIGRADES

    Le multigrade est une situation de classe tout à fait différente de la

    classe traditionnelle, du moment que le maître a en charge plusieurs

    niveaux d‘élèves en même temps et dans le même espace. Cela pose à

    l‘enseignant un défi particulier, lorsqu‘il se rend compte que la pédagogie

    frontale à laquelle il est habitué est peu appropriée à ces situations. Dans la

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    plupart des cas le maître se trouve dans l‘embarras et ne sait plus à quel

    niveau va-t-il s‘adresser ? Souvent il, sacrifie un groupe au profit d‘un

    autre.

    Pour l‘éducateur mauritanien le défi majeur était de trouver une

    pédagogie adaptée pour résoudre cette situation problématique.

    En 1991, le Ministère de l‘Education Nationale a produit un petit

    fascicule qui se focalisait essentiellement sur les aspects relatifs à la

    gestion des horaires sans toutefois s‘intéresser à d‘autres aspects jugés

    prioritaires (climat, diversité, etc.)

    Le fascicule en question intitulé « Horaires spécifiques aux classes

    multigrades » a été réalisé dans le cadre du projet Education III, sous la

    supervision technique de l‘Inspection générale de l‘enseignement

    fondamental.

    Au delà de l‘aspect horaire, le fascicule propose des activités

    communes et suggère déjà quelques pistes de solution comme le monitorat

    sans toutefois préciser les modalités d‘implantation de cette technique en

    classe, ni définir les préalables à sa mise en œuvre.

    C‘est lors de la mise en place du Projet Education V que fut décidé

    le principe de l‘élaboration de modules de formation au profit des

    enseignants du fondamental dans les domaines de l‘enseignement des

    classes multigrades, la pédagogie des grands groupes et la scolarisation des

    filles.

    Le mandat de l‘élaboration de ces modules fut alors confié aux

    consultants du bureau canadien (NS Inter) , à un groupe comprenant de

    chercheurs de l‘IPN et d‘autres cadres du Ministère de l‘Education

    Nationale sous la supervision d‘un comité de pilotage composé des

    responsables des structures centrales du MEN.

    Ce jumelage entre l‘IPN et NS Inter a abouti après deux ans (de

    1998 à 2000) à la production d‘un guide pédagogique qui propose des

    pistes de solutions applicables au contexte multigrades.

    Les phases du projet se résument dans les points suivants :

    1. l‘enquête diagnostic ; 2. l‘élaboration du matériel d‘expérimentation ; 3. l‘expérimentation ; 4. l‘atelier de validation ;

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    5. les formations nationales.

    Le processus de généralisation des formations sur les pratiques

    novatrices de gestion de classes multigrades, de la pédagogie des Grands

    Groupes et de la scolarisation des filles, a permis jusqu‘à présent de former

    3636 enseignants opérant dans des classes multigrades.

    II. Principes pédagogiques de base d’une gestion appropriée des classes multigrades

    La difficulté majeure à laquelle est confronté l‘enseignant dans une

    classe multigrade consiste à trouver des solutions pédagogiques au

    problème d‘hétérogénéité du groupe.

    Cependant, il se dégage des études et des expériences pédagogiques

    que l‘hétérogénéité peut se transformer en une force potentielle et

    constituer une richesse sur le plan des apprentissages si l‘enseignant arrive

    à tenir compte des principes suivants :

    adopter une pédagogie différenciée ; adopter une pédagogie qui développe l‘autonomie de l‘enfant ;

    favoriser l‘apprentissage coopératif ; adopter une gestion de classe participative.

    1. Adopter une pédagogie différenciée

    La pédagogique traditionnelle prépare plus à la gestion des

    ressemblances qu‘à la gestion de la différence : tout le monde dans la classe

    devait faire les mêmes choses en même temps. Or dans une classe

    hétérogène les élèves n‘ont pas tous les mêmes besoins. L‘enseignant est

    appelé dans ce cas de figure à adopter une approche d‘apprentissage qui

    donne à l‘élève l‘occasion de progresser suivant son rythme, ses besoins et

    sa façon d‘apprendre.

    Tous les pédagogues s‘accordent sur le fait que certains élèves

    apprennent mieux s‘ils se mettent en interaction avec leurs pairs, d‘autres

    assimilent mieux s‘ils sont dans une réflexion solitaire, d‘autres apprennent

    mieux en écoutant, d‘autres en lisant, etc.

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    Adopter donc une pédagogie différenciée dans une classe

    multigrade, permet à l‘enseignant de prendre en compte les différents

    rythmes et modes d‘apprentissage de ses élèves.

    2. Adopter une pédagogie qui développe l’autonomie de l’enfant

    Dans une classe hétérogène, le maître ne peut répondre à tous les

    besoins pédagogiques des élèves, il doit donc les orienter et les rendre

    capables de trouver les réponses. L‘élève peut dans ce cas trouver les

    réponses chez son camarade ou en se référant à un support pédagogique.

    Le processus d‘enseignement - apprentissage sera ainsi axé sur

    l‘enfant qui devient le centre de l‘action pédagogique dans la classe, le

    maître joue par la suite le rôle d‘encadreur, de coordinateur des

    apprentissages et de personne – ressource.

    3. Favoriser un apprentissage coopératif

    Dans une classe multigrade, l‘enseignant doit favoriser un

    apprentissage coopératif qui encourage et développe l‘entraide, du moment

    où le maître n‘est plus le seul détenteur du savoir dans la classe.

    L‘enseignant est appelé donc à créer dans sa classe des conditions

    permettant d‘établir un climat d‘entraide. L‘objectif est de multiplier les

    ressources dans la classe et augmenter les sources d‘aide au sein de celle-ci.

    4. Adapter une pédagogie participative

    La gestion d‘une classe multigrade exige la responsabilisation des

    enfants et leur implication dans leur processus d‘apprentissage et dans le

    fonctionnement général de la classe.

    Par cette implication l‘enfant va se sentir plus confiant, plus

    sécurisé plus valorisé et développera progressivement un sentiment

    d‘appartenance à la classe.

    III. Mise en œuvre des principes pédagogiques de base

    Les expériences du terrain ont montré que la mise en œuvre des

    quatre principes de base ci haut présentés, fait ressortir trois objectifs

    fondamentaux dont la prise en compte demeure prioritaire pour améliorer la

    situation et la performance de l‘enseignement – apprentissage dans une

    classe multigrade.

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    Ces trois objectifs sont :

    créer un climat d‘apprentissage motivant ; gérer le temps d‘apprentissage ; gérer la diversité.

    1. Créer un climat d’apprentissage motivant

    1.1. Problématique du climat d‘apprentissage dans une classe multigrade Dans une classe multigrade le problème du climat se pose à travers

    les aspects suivants :

    la difficulté que trouve le maître à donner une leçon à un groupe et assurer en même temps la discipline dans l‘autre groupe ;

    la difficulté que trouve le maître dans l‘exploitation de l‘espace et dans la répartition des groupes surtout en milieu rural où les salles sont

    souvent exigües.

    1.2. Les pistes de solutions :

    La mise en place d‘un bon climat de classe constitue un élément

    fondamental pour établir de bonnes conditions d‘apprentissage. Le climat

    propice à l‘apprentissage doit permettre à l‘enfant de :

    se sentir sécurisé, responsabilisé et utile à la classe ; avoir envie d‘apprendre ; trouver des réponses à ses questions ; trouver de l‘aide au besoin.

    Le climat de classe se présente à travers deux aspects :

    l‘aspect relationnel ; l‘aspect organisationnel.

    1.2.1. Pistes de solutions pour mettre en place un bon climat relationnel

    Il existe dans une classe deux types de relations : la relation

    horizontale entre élève et élève, ainsi que la relation verticale entre maître

    et élève. Il est primordial pour le maître d‘arriver à des stratégies qui aident

    à réguler les aspects relationnels dans la classe.

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    Le problème fondamental qui se pose dans ce cas est celui de la

    discipline. Pour dépasser ce problème, le maître peut envisager de mettre en

    place les stratégies ou pistes de solutions suivantes :

    l‘élaboration d‘un référentiel disciplinaire avec les élèves ; l‘élaboration avec les élèves d‘une batterie de stratégies pour

    résoudre des conflits dans la classe ;

    l‘auto – évaluation ponctuelle des attitudes et des comportements dans la classe.

    En plus de ces stratégies, le maître doit adopter une attitude qui

    crée l‘harmonie et la motivation dans la classe. Cette attitude doit se

    traduire dans les comportements suivants :

    respecter les élèves, les comprendre et accepter leurs erreurs ; écouter les élèves et être sensible à leurs problèmes personnels

    et leurs conflits ;

    être dynamique dans la façon d‘enseigner ; être détendu et de bonne humeur.

    Nous clôturons cette première partie par une présentation sommaire

    des fiches techniques qui favorisent la mise en place d‘un bon climat

    relationnel telles que proposées dans le guide du maître relatif au pratiques

    pédagogiques novatrices.

    a. Fiche technique n° 1 : Attitude du maître Cette fiche se focalise sur les attitudes du maître favorisant

    l‘autonomie de l‘enfant et son implication dans le processus

    d‘apprentissage.

    b. Fiche technique n° 2 : Sensibilisation du milieu Elle aborde les stratégies censées être adoptées par le maître afin de

    vaincre les résistances aux changements manifestées par les enfants et leurs

    parents

    c. Fiche technique n° 4 : Les règles de fonctionnement ou routines Les routines aident à instaurer dans la classe un climat d‘auto-

    discipline. Il s‘agit de consignes consensuelles qui régulent les

    déplacements dans la classe et l‘organisation du travail.

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    d. Fiche technique n° 7 : Règle de vie Il s‘agit des attitudes et des comportements individuels ou collectifs

    que le maître veut faire prévaloir dans la classe pour favoriser un climat

    harmonieux. Les règles de vie doivent être établies en classe de façon

    consensuelle : les élèves s‘engagent à les respecter et savent à quoi ils

    s‘attendent s‘ils les transgressent.

    e. Fiche technique n° 8 : Les rôles et les responsabilités en classe. Par rapport aux rôles et responsabilités, le maître doit repérer les

    occasions pour exploiter les capacités des enfants et valoriser leurs

    initiatives. Cela peut se faire de façon formelle en leur confiant un rôle ou

    une responsabilité précise, ou de façon informelle en reconnaissant et en

    exploitant les habiletés ou les aspirations qu‘ont les enfants à rendre

    service, à aider les autres, à assumer une responsabilité.

    f. Fiche technique n° 9 : L‘aide mutuelle L‘aide mutuelle comporte beaucoup d‘atouts. D‘une part, elle

    décharge le maître ; d‘autre part elle permet à l‘élève de trouver rapidement

    de l‘aide lorsqu‘il fait face à un blocage.

    1.2.2. Pistes de solutions pour mettre en place un bon climat organisationnel

    Mettre en place un bon climat organisationnel consiste à exploiter

    tous les éléments matériels dont dispose la classe afin de faciliter

    l‘apprentissage des élèves. Cela suppose de bien aménager et exploiter

    l‘espace, ainsi que le matériel disponible en classe (table, bancs, armoires,

    etc.) Une bonne gestion de l‘espace classe doit permettre de :

    de créer un climat plus favorable à l‘apprentissage et à l‘enseignement ;

    faciliter les déplacements dans la classe ; introduire des modalités de travail variées (travail individualisé,

    travail en groupe) ;

    développer chez l‘enfant un sentiment d‘appartenance ; développer les attitudes et le sens de la responsabilité.

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    Pour assurer un aménagement adapté de la classe, le maître peut

    envisager les stratégies et les pistes de solutions suivantes :

    disposer les tables – bancs sous forme d‘îlots. Une telle disposition permet de récupérer de l‘espace et de favoriser le travail de

    groupe ; utiliser le mobilier existant pour créer des coins à vocation bien

    déterminée : coin de lecture, coin de travail individualisé, etc.

    afficher le référentiel disciplinaire en avant de la classe sur le mur où les élèves peuvent le consulter facilement ;

    déterminer les zones d‘affichage précises sur le mur : secteur pour les sciences, secteur pour les mathématiques, secteur pour l‘arabe, etc.

    amener les élèves à s‘engager dans l‘aménagement physique de la classe.

    La disposition des tables en îlots sous forme de « U » se prête bien

    aux situations de classe multigrade ou dans toutes les situations où les

    élèves ne se trouvent pas tous dans la même modalité de travail. Par

    exemple : vous pouvez travailler en collectif avec les îlots qui sont à l‘avant

    de la classe près du tableau, tandis que dans les îlots arrière, les élèves

    travaillent soit en équipe, soit de façon individualisé.

    Il est aussi important que la disposition des tables – banc soit fixe

    pour qu‘elle ne soit pas remise en cause chaque jour et engendre des pertes

    de temps. Nous terminons cette partie par une présentation sommaire des

    fiches techniques qui aident à la mise en place d‘un bon climat

    organisationnel telle que proposées dans le guide du maître.

    a. Fiche technique n° 3 : Aménagement général de la classe Elle aborde les différentes modalités pouvant être mises en œuvre

    par l‘enseignant afin de faciliter les déplacements des élèves et du maître,

    les aménagements de l‘espace que le maître peut envisager pour permettre

    aux élèves de bien travailler, d‘avoir tous accès, au tableau, au maître et

    aux matériels didactiques disponibles.

    b. Fiche technique n° 4 : Routines (Voir climat relationnel).

    c. Fiche technique n° 5 : L‘affichage

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    Elle met en évidence l‘intérêt de l‘affichage en tant que moyen

    privilégié pour aider les élèves qui ont besoin d‘un support pour apprendre

    et pour retenir une connaissance.

    d. Fiche technique n° 6 : Gestion des ressources pédagogiques Cette fiche est axée sur l‘intérêt de la bonne gestion des ressources

    pédagogiques en classe (matériel didactique, tableaux, etc.)

    e. Fiche technique n° 18 : Aménagement de la classe adapté aux modalités de travail

    Elle traite les différentes manières de regroupement des élèves dans

    la classe pour s‘adapter à des modalités de travail variées.

    2. Gérer le temps dans une classe multigrade

    Indépendamment du contexte pédagogique dans lequel il se trouve,

    l‘enseignant doit être très vigilant par rapport à la gestion de son propre

    temps et à celui de ses élèves. Ainsi, la gestion du temps dans le processus

    enseignement – apprentissage constitue un défi pour les enseignants,

    particulièrement ceux qui tiennent des classes multigrades.

    2.1. Problématique du temps dans une classe multigrade

    Dans une classe multigrade, le maître éprouve de la difficulté à

    s‘occuper de plusieurs niveaux en même temps. Aussi, la vérification des

    travaux des élèves, la correction à temps des devoirs ne sont pas tout à fait

    aisées dans ce contexte de classe. A cela s‘ajoute la difficulté d‘élaborer un

    emploi de temps adapté assurant la concomitance des activités

    d‘apprentissage proposées pour les deux niveaux.

    2.2. Pistes pédagogiques

    2.2.1. Pistes pédagogiques pour une gestion optimale du temps dans une classe multigrade

    La gestion optimale du temps dans une classe multigrade se base

    sur trois fondements :

    la planification ;

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    l‘organisation du temps ; le partage des tâches pédagogiques.

    La planification :

    L‘enseignement dans une classe multigrade requiert une

    planification systématique de toutes les interventions pédagogiques que le

    maître compte effectuer.

    Il s‘agit dans ce cadre d‘élaborer un emploi de temps qui prend en

    compte les principes suivants :

    connaître parfaitement les horaires officiels de chaque niveau de manière à le respecter strictement quand cela est possible ;

    doser les activités proposées (variété, longueur, difficulté) en tenant compte de l‘âge et du niveau des élèves ;

    prévoir chaque fois que possible des activités communes ou à point de départ commun ;

    répartir judicieusement, sur l‘ensemble de la semaine, le temps consacré à chaque discipline ;

    prévoir systématiquement le temps nécessaire à la correction et l‘évaluation.

    L’organisation du temps :

    Le maître doit organiser le temps de manière à transformer les

    temps « morts » en un temps d‘apprentissage et pour cela, il doit prévoir

    dans sa préparation quotidienne des activités pour meubler ces temps

    « morts ».

    Le partage des tâches pédagogiques :

    La complexité que présente le multigrade fait que le maître ne peut

    à lui seul assumer toutes les tâches pédagogiques, il doit dans ce cas les

    partager en s‘appuyant sur les ressources de la classe.

    Les élèves qui auront le privilège d‘assumer ces tâches se sentiront

    motivés et fiers de pouvoir participer au fonctionnement de la classe.

    Nous aborderons à la fin de cette partie les fiches techniques qui

    aident à mieux gérer le temps telles que présentées dans le guide du maître :

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

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    a. Fiche technique n° 10 : Planification générale : La fiche n° 10 traite de la planification annuelle qui permet entre

    autres l‘identification des principaux objectifs à atteindre pendant l‘année.

    Sur la base de cette planification, on procède à une répartition mensuelle,

    puis hebdomadaire.

    b. Fiche technique n° 11 : Planification au quotidien Cette fiche aborde la planification quotidienne dont l‘objectif est de

    créer des situations d‘apprentissage par l‘organisation des contenus, du

    matériel et de l‘espace.

    c. Fiche technique n° 12 : La correction mutuelle

    La correction mutuelle est présentée comme une modalité qui

    permet au maître de gagner du temps et constitue en plus un moyen de

    pratiquer l‘évaluation immédiate.

    d. Fiche technique n° 15 : Le travail individualisé

    Le travail individualisé permet à la fois d‘occuper les élèves

    pendant les temps « morts » et répondre en même temps à leurs besoins en

    proposant des activités de consolidation. C‘est un moyen par lequel on

    arrive à dépasser les contraintes liées à l‘hétérogénéité des niveaux dans

    une classe multigrade.

    e. Fiche technique n° 14 : Monitorat

    La technique du monitorat se focalise sur l‘utilisation des

    ressources de soutien pédagogique destinées à seconder le maître dans la

    classe. Cette modalité s‘impose dans une classe multigrade où les élèves

    perdent souvent le temps en attendant que le maître soit disponible.

    3. Gérer la diversité dans une classe multigrade

    La gestion de la diversité est l‘une des difficultés principales

    auxquelles le maître est confronté dans une classe multigrade ; il doit faire

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    face non seulement à deux niveaux distincts mais au sein de chaque groupe

    il est confronté à une hétérogénéité des niveaux à prendre en compte.

    3.1. Problématique de la diversité dans une classe multigrade

    En plus de l‘hétérogénéité de niveaux, l‘enseignant doit affronter

    aussi la diversité au niveau des âges et du sexe. S‘ajoute à cela une

    difficulté non moins importante relative au fait que les élèves n‘apprennent

    pas de la même façon.

    Une telle situation rend la question de la diversité assez

    problématique dans une classe multigrade.

    3.2. Pistes de solutions

    3.2.1. Pistes de solutions pour une meilleure gestion de la diversité

    La gestion de la diversité dans une classe multigrade ou normale

    suppose au préalable une connaissance parfaite des besoins diversifiés des

    élèves.

    Pour ce faire, le maître doit procéder dès le début de l‘année à une

    évaluation diagnostique, dont l‘objectif est de l‘édifier sur le niveau

    d‘acquisition de chaque élève. En conséquence, il doit mettre en place des

    modalités de remise à niveau en fonction des besoins de chaque élève.

    Ainsi le maître sera amené à préparer des batteries d‘exercices que les

    élèves peuvent faire pendant les temps « morts ».

    D‘autre part, le maître est tenu d‘envisager des modes

    d‘apprentissages variés, afin de mieux arriver à dépasser les difficultés

    inhérentes à la problématique de la diversité en classe

    Il est tout à fait évident que les élèves apprennent de façons

    différentes : certains ont besoin de lire pour comprendre, d‘autres retiennent

    plus facilement en écoutant, etc. Dans ces cas, si le maître reste figé sur

    une seule méthode en classe il n‘intéressera qu‘un nombre très limité

    d‘élèves. Par contre, lorsqu‘il varie ses modes d‘enseignement, il

    parviendra à toucher un large éventail de profils en classe. Grâce à une

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    telle démarche l‘enseignant pourra réduire considérablement le nombre des

    élèves marginalisés dans sa classe.

    A la fin de cette dernière partie, nous présentons de façon

    sommaire les fiches techniques destinées à mieux gérer la diversité telles

    que proposées dans le guide du maître.

    a. Fiche technique n° 15 : Travail individualisé (voir gestion du

    temps).

    b. Fiche technique n° 16 : Travail en équipe

    Cette stratégie favorise l‘interaction entre les élèves et leur permet

    d‘acquérir des connaissances et de construire leurs apprentissages à

    travers un processus d‘entraide. Plusieurs variantes du travail de groupe

    sont envisagées, il s‘agit de :

    - Technique « Philips 6 x 6 » ;

    - Techniques d‘élaboration progressive ;

    - Projet d‘apprentissage.

    D‘autres fiches techniques déjà abordées dans la gestion du temps

    peuvent aider à mieux gérer la diversité. Il s‘agit entre autres de l‘attitude

    du maître, la sensibilisation du milieu, la correction mutuelle, etc.

    Après cette présentation des pistes de solutions relatives à la

    gestion des classes multigrades telles que présentées dans le guide du

    maître, il convient de préciser que l‘existence de cet outil de formation

    entre les mains des enseignants des classes multigrades ne peut à lui seul

    relever tous les défis auxquels ils sont confrontés.

    VIII. Défis de la phase post formation.sur le module multigrade

    La phase de la généralisation des formations sur le guide du

    maître proposant les pistes de solutions présentées ci haut, a été entamée

    par l‘équipe nationale en 2000. A l‘issue de ce processus, plus de trois

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

    24

    mille enseignants opérant dans des classes multigrades ont bénéficié des

    sessions de formation.

    Cependant, il s‘est avéré après une première visite de terrain

    réalisée par l‘équipe nationale chargée de la formation sur ces pratiques

    pédagogiques novatrices en 2002 , que peu d‘enseignants réussissaient à

    mettre en pratique les techniques pédagogiques dans les classes. Dans le

    rapport de mission, les formateurs ont clairement exprimé qu‘en l‘absence

    de suivi et d‘accompagnement de proximité, ces formations ne pourront

    générer des changements significatifs dans les classes.

    Il parait tout à fait évident que la mise en œuvre de ces techniques

    met l‘enseignant dans l‘obligation, de changer quelque peu l‘esprit général,

    la façon de faire, mais aussi la façon d‘être dans une classe. Une telle

    démarche suppose parfois une remise en cause systématique des

    comportements et des pratiques ancrées depuis très longtemps.

    Dans ce contexte, il parait tout à fait difficile pour l‘enseignant de

    surmonter ces défis sans qu‘il soit assisté et encouragé par une tierce

    personne qui oriente son cheminement vers le changement souhaité.

    C‘est pour répondre à ce besoin en matière d‘accompagnement et

    de suivi, que le projet de jumelage NSI/IPN a introduit en 2005 une

    nouvelle composante relative au suivi –accompagnement post formation

    dont les acteurs principaux étaient les inspecteurs de terrain.

    Dans cet ordre d‘idées, 30 inspecteurs ont été sélectionnés (15 en

    milieu urbain et 15 en milieu rural) pour mener une recherche-action dont

    les objectifs étaient d'explorer, d'expérimenter et valider un dispositif de

    suivi et d'accompagnement adapté aux réalités du terrain, afin d‘aider les

    enseignants en phase de mettre en pratique les techniques novatrices en

    classe.

    Après une année de recherche, les inspecteurs expérimentateurs ont

    mis en place un dispositif d‘accompagnement adapté au contexte réel de

    l‘enseignant et de l‘inspecteur Mauritanien.

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

    25

    Ce dispositif se compose d‘un matériel comportant deux sortes

    d‘outils : des outils destinés à l‘accompagnement individuel et des outils

    destinés à l‘accompagnement collectif.

    Le matériel pédagogique en question est censé aider l‘inspecteur ou

    tout autre accompagnateur à mener les tâches de suivi -accompagnement de

    proximité.

    Cependant la présence d‘un tel dispositif ne peut à elle seule

    garantir le succès de l‘implantation des pratiques novatrices en classe.

    Ainsi pour que les formations sur les pratiques pédagogiques

    novatrices aient un impact pédagogique sur le rendement des élèves, un

    certain nombre de mesures résumées dans le scénario suivant devront être

    entreprises:

    - décentraliser les sessions de formations et les activités de suivi

    accompagnement, dans un souci de s‘accommoder avec les nouveaux

    choix éducatifs en matière de décentralisation ;

    - former dans chaque wilaya une équipe capable de prendre en

    charge à la fois les missions de formation et les taches de suivi

    accompagnement ;

    - s‘orienter vers la création au niveau de chaque moughataa d‘une

    structure relais chargée du suivi des enseignants en phase de mettre en

    pratique les techniques novatrices et autres pistes de solutions relatives à la

    gestion du multigrade ;

    - mettre sur pied une structure centrale constituée de l‘Institut

    Pédagogique National, de la Direction de l‘Enseignement Fondamental, de

    l‘Inspection Générale de l‘Education nationale et les deux ENI, afin

    d‘assurer la coordination de ce processus.

    Une telle structure devra pouvoir mener des missions de suivi

    ponctuel au niveau des wilayas afin de vérifier le fonctionnement du

    dispositif local et apporter au besoin l‘assistance nécessaire par rapport aux

    problèmes pédagogiques qui se poseront sur le terrain.

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

    26

    BIBLIOGRAPHIE

    1. Jacqueline Caron (1994) : Quand revient septembre : guide sur la

    gestion de la classe participative. Les éditions de la Chenelière –

    Montréal – Canada.

    2. Programme d‘analyse des systèmes éducatifs de la CONFEMEN

    (PASEC) : Quelques ressources pour quels résultats – Dakar –

    Février 2006.

    3. Guide du maître : Approches novatrices et pédagogiques des Grands

    Groupes et des Classes Multigrades. IPN/NS Inter 21 Montréal

    (Canada) – Nouakchott – 2004.

    4. Enquête- diagnostic, rapport d‘étape (1999) : Projet de jumelage

    IPN/NS Inter, élaboration de module de formation : NS Inter,

    Nouakchott, Mauritanie

    5. Michel Cruchet et Michel Moiseau (1995) : Enseigner dans une

    classe multigrade. Guide pratique. Edition Hurtubise Ltée. Quebec –

    Canada.

    6. Horaires spécifiques aux classes multigrades (1993) : Inspection

    générale de l‘enseignement fondamental : MEN, Nouakchott

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

    27

    Contribution à l’étude ethnobotanique de

    deux espèces saharo-sahéliennes

    mauritaniennes du genre Cassia : C. acutifolia Del. et C. italica (Mill.) Lam.

    Pr Abdellahi Oud Mohamed Vall HMEYADA ENS de Nouakchott - contact : [email protected]

    INTRODUCTION

    Ethnobotanique est une science qui se préoccupe de l‘étude

    de l‘utilisation des plantes par l‘homme, dans l‘histoire

    d‘une société ou dans un cadre géographique donné.

    Le rôle et l‘apport des plantes ne peuvent pas être entièrement

    remplacés, ni par le progrès scientifique, ni par le capital financier ; en

    effet les plantes exercent des fonctions écologiques et économiques très

    diversifiées. Elles constituent des ressources énergétiques, industrielles,

    pharmaceutiques, et servent aussi à des fins esthétiques, mythiques, etc.

    Dans notre milieu saharo-sahélien, où l‘eau est rare et le couvert

    végétal réduit, l‘homme a établi une relation intime avec la nature [24],

    profitant des maigres ressources végétales qu‘elle offre pour satisfaire ses

    besoins de survie. Dans cet espace, la famille des Legumineusae Juss. ,

    particulièrement les Cæsalpiniaceae R. Br., présentent une importance

    ethnobotanique capitale dans la vie des populations [30].

    Le genre Cassia L. est remarquable par le grand nombre d‘espèces

    [11 ; 18], et par la grande diversité des usages alimentaires, ichtyotoxiques

    et surtout thérapeutiques [4]. C. acutifolia et C. italica figurent parmi les

    espèces les plus appréciées sur le plan thérapeutique ; les notions les plus

    anciennes que nous possédons sur ces espèces sont antérieures au VIIè

    siècle av. J.C. les aires de distribution de C. acutifolia et C. italica se

    rencontrent dans la zone de l‘Adrar mauritanien, et ces espèces seraient

    prescrites pour le traitement empirique de nombreuses affections depuis

    plus de trois siècles [20]. Nous essayerons de présenter ici, un aspect

    L‘

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

    28

    négligé d‘un savoir endogène ancestral, relatif à l‘utilisation de C.

    acutifolia et C italica en Mauritanie. Peut-être aidera-t-on à le préserver et

    à le valoriser !

    Quels sont les principaux usages ethnobotaniques de ces deux

    espèces en Mauritanie et dans leur aire de distribution ? Y‘a-t-il de la

    variabilité dans les usages des deux espèces ? Est-ce que ces usages varient

    en fonction de la diversité culturelle ? Est-ce qu‘il y‘a complémentarité

    entre savoir traditionnel et savoir scientifique dans l‘usage de ces deux

    espèces ? Et comment les promouvoir et entretenir?

    3.1. MÉTHODES ET MATÉRIEL DE L’ÉTUDE

    Nous avons mené des enquêtes de terrain auprès des populations et

    particulièrement des tradithérapeutes, puis bibliographiques, dans un but

    heuristique, pour enrichir et comparer les données de terrain.

    3.1.1. Les zones et les périodes de l‘étude

    Les informations ont été recueillies dans presque toutes les régions

    de Mauritanie. Nos missions de collecte d‘informations se sont déroulées,

    conjointement aux missions de récoltes des échantillons spécifiques

    d‘herbiers, de fruits et graines et des insectes qui vivent avec ces espèces,

    entre le 8 octobre 1997 et le 16 juin 2002.

    C. acutifolia Del. n‘a été récolté que dans l‘Adrar mauritanien,

    mais les tradithérapeutes non originaires de cette région connaissent bien

    ce Séné aux folioles lancéolées nommé Sena El Mekki (Séné de la

    Mecque) ; d‘ailleurs, la nomenclature rencontrée pour cette espèce est tout

    à fait locale et spécifique à l‘Adrar en Mauritanie.

    3.1.2. Les enquêtes de terrain

    Il s‘agit de recueillir le savoir populaire relatif à C. acutifolia Del.

    et C italica (Mill.) Lam., la perception qu‘ont les tradithérapeutes de ces

    espèces, ainsi que la connaissance, de plus de trois siècles, qu‘ils en font

    de leurs différents organes. Ce savoir est cependant détenu par des

    membres de la communauté locale à divers niveaux (hommes, femmes,

    jeunes etc.) et de nature variée (précise, floue, fausse), il serait alors

    nécessaire de capturer ce savoir, de le structurer et de l‘analyser.

    Des enquêtes ont été effectuées, auprès de 5 cabinets de médecine

    traditionnelle, installés à Nouakchott, et auprès de 73 tradithérapeutes

    (dont 14 femmes, 59 hommes) disséminés dans les différentes régions ou

    Wilaya de la Mauritanie.

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

    29

    Dans nos différentes enquêtes nous nous sommes intéressés aux

    différentes parties utilisées de la plante, à la période de leur prélèvement,

    aux modes de préparation, aux noms, symptômes et syndromes des

    maladies traitées, au(x) moment(s) journalier(s) de la prise du traitement, à

    la posologie, aux plantes associées dans les préparations galéniques etc.

    Les noms locaux des espèces sont indiqués selon les mentions

    suivantes : H pour Hassaniya (Maure), P pour Poular, W pour Wolof, S

    pour Soninké, A pour Arabe, F pour Français.

    Puisque la répartition géographique des espèces et très large et

    n‘est nullement tributaire des limites politiques, nous retrouverons ces

    espèces, avec les mêmes usages traditionnels ou d‘autres usages différents,

    dans des pharmacopées des pays de la sous-région : Maroc, Algérie, Mali,

    Sénégal.

    Les données ont été analysées en vue d‘interpréter les différentes

    pratiques utilisées par les autochtones ; elles ont été discutées avec des

    biologistes, des médecins, des pharmaciens, des anthropologues, ce qui

    confère à cette étude ethnobotanique un cachet pluridisciplinaire.

    3.1.3. Les recherches bibliographiques

    Les données recueillies sur le terrain ont été complétées à partir de

    la littérature existante dans différentes bibliothèques nationales, publiques

    ou privées, en Mauritanie et au Sénégal.

    Puisque les Arabes semblent être les premiers à découvrir les

    vertus de ces espèces, de nombreux documents en arabe ont été consultés,

    pour recueillir les informations ethno-botaniques et particulièrement

    médicinales de ces plantes.

    En plus de la recherche sur l‘Internet, particulièrement à travers les

    sites ILDIS (International Legume Database Information Service) et

    Google, nous avons exploré les pharmacopées de trois pays de la sous-

    région, Maroc, Algérie et Sénégal, et de nombreuses publications surtout

    indiennes [39] et égyptiennes [17 ; 34] sur ces espèces.

    Nos contacts avec le Professeur R. Anton1 , de l‘Université de

    Strasbourg en France, nous ont permis de découvrir une riche

    1 - Membre de l‘Académie Française de Pharmacie, Laboratoire de Pharmacognosie, Faculté

    de Pharmacie de Strasbourg.

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

    30

    bibliographie; ce Professeur avait effectué d‘importantes recherches

    chimiques sur différentes espèces de ce genre dont nos espèces. 3.2. RESULTATS DE L’ETUDE ETHNOBOTANIQUE

    3.2.1. La nomenclature autochtone des espèces étudiées

    Le nom vernaculaire local d C. acutifolia Del. manque dans trois

    langues (Poular, Wolof et Soninké) alors que celle de C. italica

    (Mill.)Lam. est connue dans toutes les six langues considérées; le tableau

    (1) révèle la diversité des noms pour ces espèces.

    Tableau 1

    Noms locaux mauritaniens

    de C. acutifolia Del. et de C. italica (Mill.)Lam. Espèce H P W S A F

    Cassia

    acutifolia

    Vellejit /

    Evellejit

    Neyreb

    _ _ _ Sena el

    mekki

    Séné

    d‘Alexandri

    e

    C. italica Vellejit /

    Evellejit

    Thib

    Falladen

    balébaléhi

    Laydur Bali-bali

    Marka

    Suma fola

    Sena el italy Séné d‘Italie

    La forme des feuilles des gousses et des graines permet d‘identifier ces deux

    espèces en plus d‘autres caractères au niveau de la fleur.

    Photographie 1 : fruits, folioles et graines de Cassia acutifolia Del.

    février 2003, Tergite, Adrar de Mauritanie

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

    31

    Photographie 2 : Fruits et graines de C. italica (Mill.) Lam.,

    février 2003, Tergite, Adrar de Mauritanie

    3.2.2. Utilisations thérapeutiques traditionnelles

    des plantes étudiées

    C‘est surtout dans la médecine et la pharmacopée traditionnelles

    que les usages des Cassia sont les plus diversifiés. En effet, presque toutes

    les parties de ces plantes sont utilisées (folioles, gousses, graines, racines)

    en tant que recette principale ou en association avec d‘autres plantes dans

    les soins de plusieurs affections en Mauritanie, comme dans d‘autres pays.

    Historiquement, l‘usage empirique des sénés officinaux particulièrement

    C. acutifolia et C. italica (Mill.)Lam., semble être très ancien, revenant à

    la période antéislamique [23 ; 24].

    Plusieurs Hadiths (ou paroles) du Prophète Mohamed, Paix et Salut

    sur Lui (P.S.L.), recommandent l‘usage de C. acutifolia Del. et

    stigmatisent ses vertus [29]. Nous en indiquerons les suivants.

    - ETTIRMETHI, citant ASMAOU bintou OUMEYSS rapporte

    que le Prophète lui dit ce que nous pourrons traduire par : « Avec quoi

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

    32

    vous vous purgez (vous = les Arabes avant l‘Islam) ? …. Elle

    répond « avec le Senaa2 », il dit « s‘il y‘avait un remède contre la mort, il

    aurait été dans le séné » Hadith n°2083, dans « Médecine de ABDEL

    HAMID IBN JAVAR », citant OUTBA ibn ABDALLAHI citant

    ASMAOU.

    - Ibn MAJEU et EL HAKEM, citant IBRAHIM Ibn Ebii ABLA

    dit : « J‘ai entendu ABDALLAHI Ibn Oummi MAHRAM dire : J‘ai

    entendu le Prophète (PSL) dire ce que nous pouvons traduire par « Je vous

    recommande le Senaa et le Sennout3 car ils renferment le remède de toute

    maladie sauf la mort ». Ce Hadith est attesté par Souyoutti (Recueil des

    paroles du Prophète Mohamed vérifié par SOUYOUTTI).

    Il ressort des bibliographies scientifiques que nous avons eu à

    consulter, que « les premiers échantillons de C. obovata Collad.,

    introduits dans la thérapeutique européenne, furent apportés par les Arabes

    au XVè siècle, à partir des régions pré-désertiques du sud du Sahara,

    notamment du Haut-Sénégal et de la Mauritanie » [4].

    Cette espèce, connue sous le nom de C. italica (Mill.)Lam.,

    puisqu‘elle fut par la suite cultivée en Italie pour les besoins

    pharmaceutiques, semble être utilisée depuis plusieurs siècles, par la

    médecine traditionnelle en Mauritanie, où elle végète spontanément

    partout dans les vallées et les lits d‘oueds. Cassia acutifolia Del. ne serait

    apparu en Mauritanie (ou identifié), qu‘après cette dernière grande

    sécheresse de 1968-1986, et nous ne l‘avons rencontré que dans les

    régions du Tiris Zemmour et de l‘Adrar mauritanien, au nord du 20ème

    parallèle.

    3.2.2.1. Usages thérapeutiques de C. acutifolia Del. et C. italica

    (Mill.) Lam. en Mauritanie

    Ces deux espèces figurent parmi les 87 espèces largement

    prescrites des 135 plantes médicinales de Mauritanie.

    Les pratiques médicales traditionnelles sont certes très variées, et

    dépendent de la spécialité du tradithérapeute, de la nature de la maladie, du

    tempérament du patient et des ressources naturelles disponibles. Bien que

    2 - Cassia acutifolia Del.

    3 - Miel

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

    33

    la plupart des tradithérapeutes ignorent la relation scientifique entre la

    maladie et son remède, qu‘ils prescrivent, certains se fondent sur le

    principe des humeurs et dans ce cas chaque plante a un tempérament ou

    tabia, d‘autres sur la théorie de la signature selon laquelle chaque plante

    renseigne sur ses propres vertus.

    Cette approche considère aussi, qu‘il existe toujours une relation

    entre ces humeurs et les sentiments selon une théorie cosmique plus vaste ―

    qui établit des correspondances subtiles entre les quatre ELEMENTS (feu,

    atmosphère, eau terre), les états, les tempéraments, les sentiments, les

    modes musicaux, les âges...‖ [6].

    Les traitements préconisés par les tradipraticiens (diététiques,

    remèdes simples ou composés, chirurgie, etc.) visent à rétablir l‘équilibre

    perturbé par la maladie ; cet équilibre, défini par la théorie arabo-persane

    des humeurs (figure 1) pour laquelle à chaque ELEMENT correspond une

    humeur, un organe, un tempérament, une période (moment de la journée,

    de l‘année, ou de la vie), doit être tout d‘abord déterminé chez le patient

    [8]. Le tempérament des médicaments va compenser les déséquilibres

    diagnostiqués.

    En Mauritanie, l‘utilisation de recettes de plantes s‘effectue sous

    différentes formes : décoction, infusion, macération, fumigation, etc. Le

    symbolisme de la plante est aussi pris en considération, comme celui des

    chiffres pour le nombre de prises, la durée du traitement, le jour du

    commencement.

    Suivant le système de classification basé sur les tempéraments (ou

    ―tabaii‖4 en arabe), ces deux espèces, ayant les mêmes propriétés

    thérapeutiques, sont considérées ―chaudes et sèches‖ [1; 9; 23].

    Chez tous les tradipraticiens, la plante a un tout autre sens que

    celui des botanistes, elle n‘est pas cette simple chose, rattachée à la terre

    4 - Pluriel de tabia

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

    34

    par ses racines, c‘est un être vivant qui respire, qui sent, qui subit une

    évolution et par conséquent, qui n‘a pas de vertus figées.

    Figure 1.

    La théorie des humeurs in

    « Les actualités pharmaceutiques » n°253 [FLEURENTIN, J. 1988]

    Chaud tempérament sanguin Humide

    Cœur

    Sang

    Printemps

    9h AIR 3h

    tteemmppéérraammeenntt bileux tteemmppéérraammeenntt fflleeggmmaattiiqquuee Foie Cerveau

    Bile FEU EAU Flegme

    Eté Hiver TERRE 15h AAuutoommnnee 21h

    Atrabile

    Sec Rate

    Froid

    tteemmppéérraammeenntt mmééllaannccoolliiqquuee

    En Mauritanie, les feuilles, les gousses, et très rarement les graines

    de C. acutifolia Del. et C. italica (Mill.) Lam. sont utilisées différemment

    pour des fins thérapeutiques, sous différentes formes d‘administration.

    Les feuilles ou plus précisément les folioles sont les organes les

    plus utilisés en médecine traditionnelle mauritanienne, et celles de C.

    acutifolia Del. sont plus appréciées pour le besoin purgatif que celles de

    C. italica (Mill.) Lam., ceci pourrait s‘expliquer en partie par sa teneur

    légèrement plus importante en dérivés anthracéniques.

    Les remèdes sont en général administrés par voie orale, dans

    l‘après-midi, jamais le matin, mais aussi parfois par voie rectale en

    lavement ou par application externe en application locale (pommade).

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

    35

    Le Séné fait partie des médicaments utilisés pour le traitement de

    la dartre et des maladies articulaires comme la paralysie, la sciatique et les

    douleurs dorsales. Il favorise aussi l‘augmentation du poids. ―Grâce à ce

    produit, nous avons réussi à traiter un grand nombre de cas de culot,

    d‘asthme, de maladies psychologiques et nerveuses comme l‘épilepsie, de

    manque de croissance et de paresse intestinale‖ [5].

    Pour Ould ADJE, un médecin traditionnel de grande réputation à

    Nouakchott, « le séné ou Evellejit en maure, agit sur le côlon en accélérant

    ses contractions et son activité, ce qui permet l‘évacuation de son

    contenu » d‘où l‘action purgative de la plante [3].

    Pour Ehl MAKHARY ,une famille bien reconnue partout en

    Mauritanie pour ses pratiques médicales ancestrales , Evellejit est la purge

    de toutes les humeurs , mais il ne doit être utilisé qu‘ après avoir utilisé, au

    moins deux jours avant , un laxatif doux en l‘occurrence une infusion de

    gomme arabique ou de tiguidirt 5 [13].

    Les tradithérapeutes maures emploient donc les deux Sénés (aussi

    bien C. acutifolia que C. italica) pour presque toutes sortes de maladies,

    comme reconstituants ; mais ils préfèrent prescrire C. acutifolia (sena el

    mekki) au lieu de C. italica (sena el itali), pour les purges douces, et pour

    ses propriétés cholérétiques, antibiotiques et laxatives.

    Dans ce cas, les différents tradipraticiens sont unanimes sur le

    protocole. On met les folioles à macérer dans de l‘eau avec de la gomme

    arabique et/ou des caroubes de Tamarinier (Tamarindus indica L. une

    Caesalpiniaceae comme les Cassia). On laisse reposer jusqu‘au matin

    puis on triture cette préparation, on la passe au tamis et on laisse reposer

    encore un peu, afin que les quelques impuretés qui subsistent puissent se

    déposer au fond du récipient (décantation); le dépôt est jeté et le

    « surnageant »utilisé. Cette mixture porte le nom de mahuça, elle est

    particulièrement recommandée pour l‘Iguindi6 et les maux de ventre. A

    5 - Variété précoce de grosses dattes dorées et lisses, parmi les plus appréciées,

    cultivée dans l‘Adrar mauritanien. 6 - Intoxication alimentaire.

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

    36

    défaut des fruits du tamarinier, on prend la pulpe d‘une vingtaine de dattes

    de la qualité tiguidirt [24].

    C. acutifolia est considérée par certains tradithérapeutes comme

    plante ―noble‖, sans grands effets néfastes ; elle renforce le cœur, purifie le

    sang, renforce les artères, fixe les nerfs, allège les douleurs, diminue les

    tumeurs et raffermit les articulations.

    Pour soigner la constipation, une autre procédure nous est

    signalée : il s‘agit de prendre un lavement avec de l‘eau à laquelle on a

    ajouté de la poudre de racines séchées et pilées de l‘un des deux Sénés.

    Pour se purger, on en pile les feuilles et on en fait une décoction que l‘on

    boit avec du sucre ou avec de la pulpe de dattes écrasées, car elle est très

    amère [16].

    On peut mélanger cette décoction avec du lait et de la gomme

    arabique comme ce qui se fait actuellement dans la clinique de la famille

    Ehl AOUFA. Cette boisson est donnée au patient chaque mercredi au soir ;

    elle agit sur l‘atrabile, la lymphe et la bile, comme elle est prescrite aussi

    pour le traitement de la gale, les démangeaisons et les furoncles [5].

    La quantité normale de poudre de feuilles est d‘une poignée pour

    les femmes, les enfants et les personnes faibles et de deux poignées de

    feuilles pour les hommes adultes vigoureux. Ces derniers temps, on

    procède par pesée et les doses prescrites varient entre 75 g et 90 g suivant

    les pathologies.

    C‘est en tout cas un remède drastique puissant et Ibn AOUFA

    reconnaît que son abus provoque l‘intoxication ou Iguindi. Par ailleurs le

    même auteur cite un Hadith où il est dit que : « s’il y avait un remède à la mort,

    ce serait bien le séné ».

    L‘un de ses fils, feu Abdellahi Ould AOUFA, avait prescrit dans sa

    clinique Elabdeliyeu, l‘espèce C. acutifolia Del. , pour une prise

    hebdomadaire, dans le cadre d‘une « tri-thérapie » contre le sida, en

    association avec Lawsonia inermis L. et le lait de chamelles en indiquant

    un bon résultat car dit-il, cette purge nettoie les alvéoles intestinales du

    malade pour faciliter l‘absorption des nutriments.

    Ce tradipraticien prescrit aussi cette drogue pour les diabétiques, et

    nous avons pu constater que sur le terrain, les deux espèces constituent un

    habitat fréquenté des fourmis et qu‘elles excrètent sur leurs gousses des

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

    37

    granules blancs d‘une substance très sucrée que nous avons cherché à

    identifier, pensant qu‘il s‘agit d‘un sucre.

    Le Professeur POUSSET, de passage à Dakar en juillet 2002,

    préconise qu‘il s‘agirait d‘une glycoprotéine. Ould AOUFA s‘inspirait-il

    ici alors de la théorie de la signature dans sa prescription du séné contre le

    diabète sucré ?

    Dans la pratique négro-africaine mauritanienne, C. italica

    (Mill.)Lam., qui est l‘espèce la plus utilisée, constitue le plus célèbre agent

    actif du système digestif [25] ; il fait partie des médicaments des maladies

    dermiques, surtout les dartres et il est prescrit aussi contre les paralysies, la

    sciatique et les douleurs dorsales. C. italica (Mill.)Lam. est prescrit, soit

    seul, soit en association avec d‘autres espèces ou produits

    végétaux principalement dans les prescriptions suivantes.

    - avec une Renonculacée, la nigelle (Nigella sativa L.) est prescrit

    contre les ballonnements et les gastrites;

    - avec du sucre est prescrit comme déparasitant et pour l‘appétit;

    - avec une Papilionacée, le fenugrec (Trigonella foenum graeceum

    L.), localement appelé Elhalba contre l‘impuissance sexuelle, les maladies

    pulmonaires, et dans ce cas la proportion des drogues serait de l‘ordre de ¼

    de séné pour ¾.d‘Elhalba ; le fenugrec n‘est pas uniquement un aliment,

    mais surtout un reconstituant général;

    - avec le miel et le vinaigre de cidre est prescrit pour le traitement

    de la jaunisse ;

    - grillé, les gousses de C. italica (Mill.)Lam. sont utilisées dans le

    traitement de la stérilité temporaire féminine.

    De par son goût amer et son odeur piquante, C. italica (Mill.)Lam.

    peut être dynamisé par des boissons parfumées ou par le café.

    Pour Djigo CH. T., tradipraticien très populaire à Nouakchott, « C.

    italica (Mill.)Lam. rentre en grande partie dans le traitement de la plupart

    des maladies psychologiques et nerveuses comme l‘épilepsie et prétend

    que ce séné pris à forte dose peut empoisonner ».

    Toutefois, les différents tradipraticiens préconisent que si le Séné

    n‘est pas préparé suivant la panoplie des recommandations précisant son

    mode de dosage dans le traitement, il peut avoir des effets indésirables :

    intoxications, diarrhées, etc. Ils déconseillent son usage dans les cas

    suivants : grossesse, troubles digestifs, inflammations gastriques,

    inflammations de l‘appendicite, de l‘utérus ou de la prostate.

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

    38

    3.3. DISCUSSION

    L‘étude ethnobotanique de C. acutifolia Del. et C. italica(Mill.)

    Lam.) a permis de recueillir et de révéler une partie d‘un savoir ancestral

    menacé de disparition en Mauritanie.

    3.3.1. Deux espèces à prescriptions multiples

    C. acutifolia Del. et C. italica (Mill.) Lam. sont largement utilisées

    dans le Monde. Leur usage empirique est connu, puis amélioré depuis

    avant le VIIème

    siècle.

    En Afrique occidentale les folioles sont prescrites, soit seules, soit

    en association avec Tamarindus indica L., ou Maytenus senegalensis

    (Lam.)Exell., ou Cassia sieberiana DC., ou encore Securinega virosa

    (Roxb.) Baill., comme purgatif cathartique pour traiter ou soulager les

    constipations, les helminthiases, les affections hépato-biliaires (ictères,

    fièvre jaune) et les maladies vénériennes [14 ; 19 ; 32 ; 33]. Nos enquêtes

    semblent confirmer les travaux de KERHARO et ADAM [122] et montrent

    bien que les propriétés laxatives et purgatives ont été découvertes par les

    Arabes bien avant le VIIème

    siècle.

    En Afrique du Nord les folioles et les gousses C. acutifolia Del sont

    bien connues pour leur rôle purgatif et les graines pilées sont prescrites

    dans certaines maladies affectant les yeux. DOREAU M. indique la

    prescription suivante en cas de conjonctivite : « placer sous la paupière des

    graines écrasées de Séné de Soudan et c‘est la graine qui cherche les corps

    étrangers » [17]. Cette même prescription se rencontre dans tout le Nord de

    la Mauritanie.

    En Afrique de l’Est, la décoction des feuilles de C. acutifolia Del

    est prescrite dans le traitement de la blennorragie alors que les racines

    seraient purgatives [19]. Le Soudan est l‘un des plus grands producteurs et

    exportateurs de séné, surtout le séné de Khartoum.

    La découverte des vertus thérapeutiques des sénés est très liée à la

    civilisation égyptienne pharaonique; dans ce territoire les sénés sont

    distingués sous différents noms [14]:

    - C. italica (Mill.)Lam. est connu sous les noms de senna-belledy,

    qui signifie Séné du pays, sena-bahraouy ou Séné du Nil et sena-hegazy ou

    de la province d‘Hegaz ;

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

    39

    - C. acutifolia Del porte les noms de sena guebely ou de la

    montagne, sena-mekki ou de la Mecque, sena lissan al-ousfour ou Séné

    langue d‘oiseau, ou sena-sa’ydi c‘est-à-dire Séné du Said.

    Les vertus de C. acutifolia Del. sont très populaires en Egypte;

    cette espèce renforce les fonctions cardiaques et hépatiques, la décoction

    des folioles est prescrite contre les vertiges, les points de côté, la sciatique,

    les rhumatismes et les douleurs articulaires [23 ; 29 ; 34]. La décoction des

    folioles, additionnée de vinaigre, traite la galle, les allergies cutanées, les

    plaies, la chute des cheveux et elle est utilisée par les femmes pour noircir

    les cheveux [29].

    Comme dans les pays arabes, les pratiques mauritaniennes

    considèrent C. italica, comme agent actif du système digestif ; elle fait

    partie des médicaments des maladies dermiques prescrits contre la dartre,

    mais aussi pour de nombreuses autres maladies dont la paralysie, la

    sciatique et les douleurs dorsales.

    Selon NESSIMI « Dans la presqu‘île arabe les propriétés

    purgatives et laxatives remontent à quelques siècles avant l‘arrivée de

    l‘Islam » [33]. Cet auteur indique déjà comme contre-indications

    « inflammations de l‘estomac, inflammations intestinales, inflammation de

    la vessie, inflammations utérines, grossesse et période d‘allaitement, car

    les principes actifs seront éliminés avec l‘urine et le lait ».

    ABbdallatif ACHOUR souligne que les feuilles de Senna acutifolia

    Mill. ou Cassia acutifolia Del. « cuites dans l‘huile traitent les céphalées,

    la migraine, les douleurs articulaires, les hémorroïdes, et les douleurs

    lombaires ; bouillies avec du vinaigre, elles traitent la galle, les plaies

    puantes, la chute des cheveux » [1]. Cet auteur rapportant Ibn El

    BEYTAR, indique que pour noircir les cheveux, on les traite par un

    mélange de feuilles de Lawsonia inermis L. et les feuilles de Cassia

    acutifolia Del., et que la décoction de feuilles de cette dernière est prescrite

    contre les arthroses, la sciatique et les rhumatismes [23,24].

    Bbdallatif ACHOUR souligne que les feuilles de Senna acutifolia

    Mill. ou Cassia acutifolia Del. « cuites dans l‘huile traitent les céphalées,

    la migraine, les douleurs articulaires, les hémorroïdes, et les douleurs

    lombaires ; bouillies avec du vinaigre, elles traitent la galle, les plaies

    puantes, la chute des cheveux » [1]. Cet auteur rapportant Ibn El

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

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    BEYTAR, indique que pour noircir les cheveux, on les traite par un

    mélange de feuilles de Lawsonia inermis L. et les feuilles de Cassia

    acutifolia Del., et que la décoction de feuilles de cette dernière est prescrite

    contre les arthroses, la sciatique et les rhumatismes [23,24].

    et auteur rapportant Ibn El BEYTAR, indique que pour noircir les

    cheveux, on les traite par un mélange de feuilles de Lawsonia inermis L. et

    les feuilles de Cassia acutifolia Del., et que la décoction de feuilles de cette

    dernière est prescrite contre les arthroses, la sciatique et les rhumatismes

    [23,24].

    Dans la médecine ayurvédique, le séné de Tinnevelly, ou C.

    acutifolia Del. est employé en Inde, non seulement pour la constipation,

    mais également pour les maladies dermiques, l‘ictère, la bronchite, la

    splénomégalie, les hépatismes, la fièvre typhoïde et l‘anémie.

    Dans la médecine chinoise, le zi ming de Jue ou C. acutifolia Del.

    est utilisé contre l‘athérosclérose, la constipation ; il est considéré comme

    laxatif fort et il est alors pris avec des herbes aromatiques et carminatives

    qui détendent les muscles intestinaux comme le gingembre et les clous de

    girofle.

    En Europe, les notions les plus anciennes, écrivait Colladon, TH F.

    « remontent, d‘après M. SPRENGEL, au XIè siècle, et sont dues aux

    Arabes. COLLADON écrivait que « le séné est employé dans presque tous

    les cas morbidiques, où il s‘agit d‘exciter des évacuations alvines » Il

    rapporte que « quelques auteurs disent qu‘il affermit la vue et l‘ouïe, et

    qu‘il est bon dans la dyspnée; sans doute dans ce cas là, c‘est comme un

    révulsif » [14].

    Le Séné a été recommandé dans les hydropisies, sans doute en

    activant les forces toniques du système absorbant et exhalant, par

    l‘irritation qui l‘accompagne ordinairement, mais aussi dans les maladies

    lentes et invétérées, qui viennent du mauvais état ou de quelques

    obstructions des viscères. Il est prescrit aussi dans l‘épilepsie, la gale, les

    dartres, la teigne, l‘apoplexie séreuse, l‘éléphantiasis, et pour toute ces

    maladies, COLLADON pense que c‘est toujours que le succès est lié à une

    action irritante ou répulsive. Ces résultats vont bien dans le même sens que

    les approches révélées par nos enquêtes.

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

    41

    Les gousses et les folioles de C. acutifolia Del. servent à

    l‘extraction des sennosides A et B, qui sont administrés comme laxatifs à la

    dose de 0,01g à 0,04 g, et rentrent dans de nombreuses formules

    pharmaceutiques, laxatives ou purgatives, commercialisées sous différents

    noms. Les gousses, sèches et mûres de C. acutifolia Del. sont inscrites dans

    la pharmacopée britannique, car elles sont considérées plus douces que les

    feuilles.

    En Amérique latine, le jus est utilisé pour les problèmes urinaires

    car il est considéré diurétique, les graines ont été mangées vertes ou

    trempées dans de l‘eau comme laxatif et un sirop fait avec les fleurs a été

    utilisé pour les mêmes fins. C. acutifolia Del. est utilisé pour traiter les

    ulcères et les dermatoses, en plus du fait qu‘il est employé pour soulager la

    constipation. Cette plante est employée comme abortif et stimulant des

    menstruations. Ces indications ne se conforment pas avec les prescriptions

    rencontrées en Mauritanie

    Cependant aucun traitement utilisant les racines de C. acutifolia

    Del. et C. italica (Mill.) Lam. nous a été signalé en Mauritanie

    contrairement à ce que rapporte Leriche [24], et contrairement aux résultats

    des travaux de Kokwaro en Afrique de l‘Est [19].

    C. acutifolia Del. et C. italica (Mill.) Lam. sont rarement utilisées

    seules, souvent en association avec d‘autres espèces comme ce qu‘en font

    les tradithérapeutes d‘autres pays [3-23], mais l‘identité et les organes de

    ces espèces associées sont très variables d‘une région à une autre en

    Mauritanie, d‘un tradithérapeute à l‘autre au sein même de la même région.

    L‘usage thérapeutique des graines en Mauritanie est spécifique au

    traitement de certaines affections des yeux, ce qui confirme bien les

    travaux de BOULOS [12]. Mais elles ne sont prescrites ni comme laxatif,

    ni comme purgatif.

    Si les racines sont utilisées comme abortif et stimulant des

    menstruations en Amérique latine, comme purgatif en Afrique de l‘Est, ces

    organes ne semblent pas rentrer dans les prescriptions connues en

    Mauritanie.

    Certains usages de ces deux espèces en Mauritanie, ne sont pas

    rencontrés ailleurs dans les thérapies traditionnelles des pays dont nous

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

    42

    avons pu recueillir des informations à cet égard ; c‘est le cas par exemple

    des usages antidiabétiques préconisés par Adellahi Ould AOUFA[5].

    En plus du rôle médicinal se surimpose un rôle nutritionnel ; en

    effet les graines sont consommées fraîches par les femmes et les enfants et

    auraient une importance nutritionnelle appréciable, surtout que l‘on

    rapporte, selon la tradition orale, une grande exploitation dans un but

    alimentaire lors des famines.

    3.3.2. Valoriser et promouvoir ces plantes

    C. acutifolia Del. et C. italica (Mill.) Lam. offrent de nombreux

    remèdes à la médecine traditionnelle mauritanienne. En effet plusieurs

    organes de ces espèces, à savoir les folioles, les gousses, les graines, sont

    utilisés à des fins thérapeutiques.

    La gamme des maladies traitées est très large et il existe une

    concordance et/ou une similitude de recettes recommandées par les

    tradithérapeutes en Mauritanie confirmant l‘intérêt de ces deux espèces, qui

    mériteraient d‘être considérées comme espèces prioritaires en matière de

    recherche scientifique pouvant conduire à la découverte de nouveaux

    médicaments.

    Au lieu de dépenser des sommes exorbitantes pour importer des

    laxatifs, ne serait – il pas mieux de développer une filière de production et

    de commercialisation des produits de ces deux espèces de Cassia en

    Mauritanie ?

    La promotion de ces deux espèces passerait par la restauration de

    leurs peuplements dégradés par les prélèvements continuels, et la

    péjoration climatique.

    Comme l‘a si bien dit OUEDRAOGO ABDOUL- SALAM [34]

    « les problèmes économiques liés au développement dans nos pays, avec

    pour conséquence la pauvreté et la misère, sont aggravés par les contraintes

    climatiques ».

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

    43

    Face à cette course aux solutions, l‘on peut être tenté de rechercher

    des solutions extérieures à la communauté locale ; bien au contraire pour y

    apporter des solutions, il faut puiser dans le savoir ancestral des sociétés

    paysannes qui ont su vivre dans ce climat, y domestiquer des plantes et

    modeler ses paysages durant des millénaires.

    25 % des médicaments modernes sont préparés à base de plantes

    qui ont au départ été utilisées traditionnellement. De nombreuses molécules

    ont été identifiées, isolées et extraites de ces Cassia : les anthracénosides,

    en particulier des sennosides, les flavonoides, les tanins etc. Ces substances

    ont des propriétés laxatives et purgatives (sennosides), antiseptiques

    (tanins), antibactériennes (flavonoïdes) démontrées cliniquement [23].

    Il faudra peut-être noter que les sennosides des sénés rentrent dans

    plusieurs formules pharmaceutiques aujourd‘hui commercialisées sous

    différents noms (pursennideR, etc.)

    Exemple de produit de Sénés

    Ainsi le savoir endogène des usages de C. acutifolia Del. et C.

    italica (Mill.) Lam., pourrait constituer une contribution complémentaire et

    fructueuse à la recherche de remèdes à la médecine moderne, qui affronte

    aujourd‘hui malgré le développement de l‘antibiothérapie de sérieux

    blocage face à la résistance et aux nouveaux fléaux.

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

    44

    La valorisation de ces deux espèces implique une approche

    multidisciplinaire ; longtemps délaissée, elle passe pour être aujourd‘hui

    un impératif socio-économique et environnemental qui intègre la

    contribution principalement des ethnologues, des anthropologues, des

    botanistes, des pharmaciens, des médecins, dans les recherches tant au

    laboratoire que sur le terrain.

    La promotion de C. acutifolia Del. et C . italica (Mill.) Lam.

    passerait par un programme de protection, de sélection et d‘amélioration

    de la qualité génétique du matériel végétal, qui se base sur le savoir

    indigène et le progrès scientifique actuel.

    Les communautés locales ont capitalisé tout au long des

    générations un savoir pratique, empirique qui s ‗est développé à partir de

    plusieurs années d‘observation et de vérification sur le terrain ; cela confère

    au savoir traditionnel l‘avantage d‘être maintenant stable, réel et réaliste,

    et de pouvoir répondre à des situations variées et complexes.

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

    45

    CONCLUSION

    L‘étude ethnobotanique de C. acutifolia Del. et de C. italica (Mill.)

    Lam. a permis de montrer l‘importance et la diversité des usages

    thérapeutiques empiriques de ces deux espèces en Mauritanie. Les

    informations empiriques recueillies et l‘expérience traditionnelle ouvrent

    de nouveaux horizons dans la recherche scientifique afin d‘aider la

    médecine moderne à trouver des remèdes contre des maladies comme le

    diabète, les maladies sexuellement transmissibles. Mieux encore, cette

    connaissance tradi-tionnelle appelle la vérification scientifique, par la

    recherche phytochimique des hypoglycémiants ou des hypotenseurs dans

    ces deux Sénés, prescrits par les tradithérapeutes pour ces deux maladies.

    En Mauritanie, l‘exploitation de ces deux espèces du genre Cassia

    L. constitue une importante source de revenu, mais cette exploitation

    anarchique tend à limiter dans la végétation naturelle l‘abondance de ces

    espèces qui constituent une source de remèdes traditionnels indispensables

    dans le traitement de nombreuses maladies. La culture de ces deux plantes,

    l‘industrialisation de l‘exploitation de leurs organes (récoltes, traitement,

    conservation, commercialisation etc.) pourront aussi contribuer à la lutte

    contre la pauvreté.

    Il serait intéressant d‘optimaliser leur abondance, d‘étudier leurs

    phénotypes ou chémotypes génétiquement, d‘orienter ensuite les efforts de

    recherche scientifique vers l‘analyse de leur composition chimique et la

    détermination des principes actifs afin d‘établir les preuves scientifiques de

    l‘efficacité de ces plantes médicinales.

    Malheureusement, le génie traditionnel est délaissé au profit de

    dépendance extérieure des produits exotiques, ce qui conduit en général à

    une perte de savoir et de savoir-faire endogène éprouvé par le temps,

    capable d‘ouvrir la voie, en le valorisant, à la mise en œuvre d‘importants

    projets de développement ne demandant pas d‘expertises et technologies ,

    souvent onéreuses ou compliquées.

  • Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes

    46

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