etudesle multigrade était connu en mauritanie depuis les années 50 et a continué à exister...
TRANSCRIPT
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Evaluation
7
Etudes
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
8
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
9
Les classes multigrades en Mauritanie:
Problématique, pistes de solutions et défis
de la phase post formation
Par Mohamed O/Mohamed El Moctar Chef Service formation continue IPN
e phénomène multigrade était un mode d‘organisation
pédagogique assez présent dans le système éducatif
mauritanien pendant la période coloniale. Quelques années après
l‘indépendance, ce modèle pédagogique a quasiment disparu du paysage
éducatif avant de revenir en force au cours de la dernière décennie du siècle
passé.
Cet article se propose de donner une large vision sur la réalité du
multigrade en Mauritanie, en abordant en premier lieu la question du
concept avant de retracer l‘historique du phénomène, son évolution, les
problématiques pédagogiques qu‘il présente, les pistes de solutions mises
en oeuvre et leurs fondements philosophiques. En dernier lieu, l‘article met
en relief les défis auxquels sont confrontés les différents acteurs de terrain
au cours de la phase post formation.
I. Le concept de classes multigrades
Le multigrade est un mode d‘organisation scolaire assez répandu à
travers le monde, aussi bien dans les pays développés que dans ceux en
voie de développement. La classe multigrade appelée classe multi-âge, multi-programmes
ou à cours multiples selon le pays ,est une situation où un seul maître est
chargé d‘enseigner deux niveaux ou plus, en même temps et dans un même
local.
Ce type d‘organisation scolaire permet de scolariser tous les enfants
en âge d‘aller à l‘école particulièrement ceux qui vivent dans les milieux
ruraux à population très dispersée.
L
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
10
II - Historique et évolution du multigrade en Mauritanie
Le multigrade était connu en Mauritanie depuis les années 50 et a
continué à exister jusqu‘aux horizons des années soixante, même s‘il n‘a
concerné qu‘un nombre très réduit d‘écoles nomades.
Il a fallu attendre les années 90 pour que le multigrade soit instauré
en tant que choix éducatif devant, parmi d‘autres choix, concourir à
l‘aboutissement à « la scolarisation pour tous dans l‘horizon 2000 ».
La tendance à la généralisation du multigrade dans le milieu rural
visait spécifiquement les objectifs suivants :
scolariser le maximum d‘enfants dans les zones à faible densité ;
créer le maximum d‘écoles à cycle complet ;
réduire les coûts de scolarisation par une utilisation plus rationnelle des locaux et du personnel enseignant.
Depuis 1990, le multigrade a connu en Mauritanie une évolution
considérable. Ainsi, en 2001, le nombre de divisions pédagogiques qui
fonctionnaient selon ce modèle représentait 44,45% ; aujourd‘hui, ce type
d‘organisation pédagogique concerne plus de 50% de la totalité des
divisions pédagogiques en Mauritanie, selon les sources de la DSPC
(2010).
Selon la même source, en 2007, 3424 classes (soit environ 6848
divisions pédagogiques) sur les 12849 classes que compte le pays
fonctionnent en multigrade.
Le tableau ci-dessous reflète l‘évolution considérable de ce
phénomène dans le pays, dans la mesure où les wilayas prises en compte
sont d‘une importance notoire à l‘échelle nationale, tant au niveau du poids
de la scolarisation qu‘au niveau du poids démographique.
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
11
Evolution du pourcentage des divisions pédagogiques fonctionnant
en multigrade dans les Wilayas du Hodh Charghi, Hodh Gharbi,
Assaba, Gorgol, Brakna et Trarza 2001-2009
Wilaya Période
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Hodh
Charghi 55,47% 62,5% 69,54% 75,48% 73,95% 72,21% 72,98% 78,02% 71,88%
Hodh
Gharbi
72,72% 71,17% 77,95% 78,56% 68,14% 58,54% 64,29% 79,68% 65,98%
Assaba
61,07% 60,86% 70,04% 75,98% 77,86% 75,63% 77,08% 86,23% 85,27%
Gorgol
52,91% 59,65% 65,56% 70,94% 70,90% 66,35% 72,8% 83,28% 65,81%
Brakna
46,22% 50,72% 58,46% 64,85% 56,63% 54,59% 58,91% 77,19% 58,09%
Trarza
40,98% 40,48% 49,23% 49,53% 60,11% 57,66% 59,17% 75,12% 57,49%
Source : Direction des stratégies, de la planification et de la coopération (DSPC, 2010)
Il ressort de ce tableau qu‘en 2008 le pourcentage moyen des
divisions pédagogiques multigrades dans les six wilayas concernées est
passé sensiblement à 80%.
Cette forte présence du multigrade dans le paysage éducatif
mauritanien a amené les autorités à accorder un intérêt particulier à ce
mode d‘organisation de la classe dont la gestion demeure encore
problématique pour beaucoup d‘enseignants mauritaniens.
I. LA PROBLEMATIQUE DES CLASSES MULTIGRADES
Le multigrade est une situation de classe tout à fait différente de la
classe traditionnelle, du moment que le maître a en charge plusieurs
niveaux d‘élèves en même temps et dans le même espace. Cela pose à
l‘enseignant un défi particulier, lorsqu‘il se rend compte que la pédagogie
frontale à laquelle il est habitué est peu appropriée à ces situations. Dans la
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
12
plupart des cas le maître se trouve dans l‘embarras et ne sait plus à quel
niveau va-t-il s‘adresser ? Souvent il, sacrifie un groupe au profit d‘un
autre.
Pour l‘éducateur mauritanien le défi majeur était de trouver une
pédagogie adaptée pour résoudre cette situation problématique.
En 1991, le Ministère de l‘Education Nationale a produit un petit
fascicule qui se focalisait essentiellement sur les aspects relatifs à la
gestion des horaires sans toutefois s‘intéresser à d‘autres aspects jugés
prioritaires (climat, diversité, etc.)
Le fascicule en question intitulé « Horaires spécifiques aux classes
multigrades » a été réalisé dans le cadre du projet Education III, sous la
supervision technique de l‘Inspection générale de l‘enseignement
fondamental.
Au delà de l‘aspect horaire, le fascicule propose des activités
communes et suggère déjà quelques pistes de solution comme le monitorat
sans toutefois préciser les modalités d‘implantation de cette technique en
classe, ni définir les préalables à sa mise en œuvre.
C‘est lors de la mise en place du Projet Education V que fut décidé
le principe de l‘élaboration de modules de formation au profit des
enseignants du fondamental dans les domaines de l‘enseignement des
classes multigrades, la pédagogie des grands groupes et la scolarisation des
filles.
Le mandat de l‘élaboration de ces modules fut alors confié aux
consultants du bureau canadien (NS Inter) , à un groupe comprenant de
chercheurs de l‘IPN et d‘autres cadres du Ministère de l‘Education
Nationale sous la supervision d‘un comité de pilotage composé des
responsables des structures centrales du MEN.
Ce jumelage entre l‘IPN et NS Inter a abouti après deux ans (de
1998 à 2000) à la production d‘un guide pédagogique qui propose des
pistes de solutions applicables au contexte multigrades.
Les phases du projet se résument dans les points suivants :
1. l‘enquête diagnostic ; 2. l‘élaboration du matériel d‘expérimentation ; 3. l‘expérimentation ; 4. l‘atelier de validation ;
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
13
5. les formations nationales.
Le processus de généralisation des formations sur les pratiques
novatrices de gestion de classes multigrades, de la pédagogie des Grands
Groupes et de la scolarisation des filles, a permis jusqu‘à présent de former
3636 enseignants opérant dans des classes multigrades.
II. Principes pédagogiques de base d’une gestion appropriée des classes multigrades
La difficulté majeure à laquelle est confronté l‘enseignant dans une
classe multigrade consiste à trouver des solutions pédagogiques au
problème d‘hétérogénéité du groupe.
Cependant, il se dégage des études et des expériences pédagogiques
que l‘hétérogénéité peut se transformer en une force potentielle et
constituer une richesse sur le plan des apprentissages si l‘enseignant arrive
à tenir compte des principes suivants :
adopter une pédagogie différenciée ; adopter une pédagogie qui développe l‘autonomie de l‘enfant ;
favoriser l‘apprentissage coopératif ; adopter une gestion de classe participative.
1. Adopter une pédagogie différenciée
La pédagogique traditionnelle prépare plus à la gestion des
ressemblances qu‘à la gestion de la différence : tout le monde dans la classe
devait faire les mêmes choses en même temps. Or dans une classe
hétérogène les élèves n‘ont pas tous les mêmes besoins. L‘enseignant est
appelé dans ce cas de figure à adopter une approche d‘apprentissage qui
donne à l‘élève l‘occasion de progresser suivant son rythme, ses besoins et
sa façon d‘apprendre.
Tous les pédagogues s‘accordent sur le fait que certains élèves
apprennent mieux s‘ils se mettent en interaction avec leurs pairs, d‘autres
assimilent mieux s‘ils sont dans une réflexion solitaire, d‘autres apprennent
mieux en écoutant, d‘autres en lisant, etc.
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
14
Adopter donc une pédagogie différenciée dans une classe
multigrade, permet à l‘enseignant de prendre en compte les différents
rythmes et modes d‘apprentissage de ses élèves.
2. Adopter une pédagogie qui développe l’autonomie de l’enfant
Dans une classe hétérogène, le maître ne peut répondre à tous les
besoins pédagogiques des élèves, il doit donc les orienter et les rendre
capables de trouver les réponses. L‘élève peut dans ce cas trouver les
réponses chez son camarade ou en se référant à un support pédagogique.
Le processus d‘enseignement - apprentissage sera ainsi axé sur
l‘enfant qui devient le centre de l‘action pédagogique dans la classe, le
maître joue par la suite le rôle d‘encadreur, de coordinateur des
apprentissages et de personne – ressource.
3. Favoriser un apprentissage coopératif
Dans une classe multigrade, l‘enseignant doit favoriser un
apprentissage coopératif qui encourage et développe l‘entraide, du moment
où le maître n‘est plus le seul détenteur du savoir dans la classe.
L‘enseignant est appelé donc à créer dans sa classe des conditions
permettant d‘établir un climat d‘entraide. L‘objectif est de multiplier les
ressources dans la classe et augmenter les sources d‘aide au sein de celle-ci.
4. Adapter une pédagogie participative
La gestion d‘une classe multigrade exige la responsabilisation des
enfants et leur implication dans leur processus d‘apprentissage et dans le
fonctionnement général de la classe.
Par cette implication l‘enfant va se sentir plus confiant, plus
sécurisé plus valorisé et développera progressivement un sentiment
d‘appartenance à la classe.
III. Mise en œuvre des principes pédagogiques de base
Les expériences du terrain ont montré que la mise en œuvre des
quatre principes de base ci haut présentés, fait ressortir trois objectifs
fondamentaux dont la prise en compte demeure prioritaire pour améliorer la
situation et la performance de l‘enseignement – apprentissage dans une
classe multigrade.
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
15
Ces trois objectifs sont :
créer un climat d‘apprentissage motivant ; gérer le temps d‘apprentissage ; gérer la diversité.
1. Créer un climat d’apprentissage motivant
1.1. Problématique du climat d‘apprentissage dans une classe multigrade Dans une classe multigrade le problème du climat se pose à travers
les aspects suivants :
la difficulté que trouve le maître à donner une leçon à un groupe et assurer en même temps la discipline dans l‘autre groupe ;
la difficulté que trouve le maître dans l‘exploitation de l‘espace et dans la répartition des groupes surtout en milieu rural où les salles sont
souvent exigües.
1.2. Les pistes de solutions :
La mise en place d‘un bon climat de classe constitue un élément
fondamental pour établir de bonnes conditions d‘apprentissage. Le climat
propice à l‘apprentissage doit permettre à l‘enfant de :
se sentir sécurisé, responsabilisé et utile à la classe ; avoir envie d‘apprendre ; trouver des réponses à ses questions ; trouver de l‘aide au besoin.
Le climat de classe se présente à travers deux aspects :
l‘aspect relationnel ; l‘aspect organisationnel.
1.2.1. Pistes de solutions pour mettre en place un bon climat relationnel
Il existe dans une classe deux types de relations : la relation
horizontale entre élève et élève, ainsi que la relation verticale entre maître
et élève. Il est primordial pour le maître d‘arriver à des stratégies qui aident
à réguler les aspects relationnels dans la classe.
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
16
Le problème fondamental qui se pose dans ce cas est celui de la
discipline. Pour dépasser ce problème, le maître peut envisager de mettre en
place les stratégies ou pistes de solutions suivantes :
l‘élaboration d‘un référentiel disciplinaire avec les élèves ; l‘élaboration avec les élèves d‘une batterie de stratégies pour
résoudre des conflits dans la classe ;
l‘auto – évaluation ponctuelle des attitudes et des comportements dans la classe.
En plus de ces stratégies, le maître doit adopter une attitude qui
crée l‘harmonie et la motivation dans la classe. Cette attitude doit se
traduire dans les comportements suivants :
respecter les élèves, les comprendre et accepter leurs erreurs ; écouter les élèves et être sensible à leurs problèmes personnels
et leurs conflits ;
être dynamique dans la façon d‘enseigner ; être détendu et de bonne humeur.
Nous clôturons cette première partie par une présentation sommaire
des fiches techniques qui favorisent la mise en place d‘un bon climat
relationnel telles que proposées dans le guide du maître relatif au pratiques
pédagogiques novatrices.
a. Fiche technique n° 1 : Attitude du maître Cette fiche se focalise sur les attitudes du maître favorisant
l‘autonomie de l‘enfant et son implication dans le processus
d‘apprentissage.
b. Fiche technique n° 2 : Sensibilisation du milieu Elle aborde les stratégies censées être adoptées par le maître afin de
vaincre les résistances aux changements manifestées par les enfants et leurs
parents
c. Fiche technique n° 4 : Les règles de fonctionnement ou routines Les routines aident à instaurer dans la classe un climat d‘auto-
discipline. Il s‘agit de consignes consensuelles qui régulent les
déplacements dans la classe et l‘organisation du travail.
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
17
d. Fiche technique n° 7 : Règle de vie Il s‘agit des attitudes et des comportements individuels ou collectifs
que le maître veut faire prévaloir dans la classe pour favoriser un climat
harmonieux. Les règles de vie doivent être établies en classe de façon
consensuelle : les élèves s‘engagent à les respecter et savent à quoi ils
s‘attendent s‘ils les transgressent.
e. Fiche technique n° 8 : Les rôles et les responsabilités en classe. Par rapport aux rôles et responsabilités, le maître doit repérer les
occasions pour exploiter les capacités des enfants et valoriser leurs
initiatives. Cela peut se faire de façon formelle en leur confiant un rôle ou
une responsabilité précise, ou de façon informelle en reconnaissant et en
exploitant les habiletés ou les aspirations qu‘ont les enfants à rendre
service, à aider les autres, à assumer une responsabilité.
f. Fiche technique n° 9 : L‘aide mutuelle L‘aide mutuelle comporte beaucoup d‘atouts. D‘une part, elle
décharge le maître ; d‘autre part elle permet à l‘élève de trouver rapidement
de l‘aide lorsqu‘il fait face à un blocage.
1.2.2. Pistes de solutions pour mettre en place un bon climat organisationnel
Mettre en place un bon climat organisationnel consiste à exploiter
tous les éléments matériels dont dispose la classe afin de faciliter
l‘apprentissage des élèves. Cela suppose de bien aménager et exploiter
l‘espace, ainsi que le matériel disponible en classe (table, bancs, armoires,
etc.) Une bonne gestion de l‘espace classe doit permettre de :
de créer un climat plus favorable à l‘apprentissage et à l‘enseignement ;
faciliter les déplacements dans la classe ; introduire des modalités de travail variées (travail individualisé,
travail en groupe) ;
développer chez l‘enfant un sentiment d‘appartenance ; développer les attitudes et le sens de la responsabilité.
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
18
Pour assurer un aménagement adapté de la classe, le maître peut
envisager les stratégies et les pistes de solutions suivantes :
disposer les tables – bancs sous forme d‘îlots. Une telle disposition permet de récupérer de l‘espace et de favoriser le travail de
groupe ; utiliser le mobilier existant pour créer des coins à vocation bien
déterminée : coin de lecture, coin de travail individualisé, etc.
afficher le référentiel disciplinaire en avant de la classe sur le mur où les élèves peuvent le consulter facilement ;
déterminer les zones d‘affichage précises sur le mur : secteur pour les sciences, secteur pour les mathématiques, secteur pour l‘arabe, etc.
amener les élèves à s‘engager dans l‘aménagement physique de la classe.
La disposition des tables en îlots sous forme de « U » se prête bien
aux situations de classe multigrade ou dans toutes les situations où les
élèves ne se trouvent pas tous dans la même modalité de travail. Par
exemple : vous pouvez travailler en collectif avec les îlots qui sont à l‘avant
de la classe près du tableau, tandis que dans les îlots arrière, les élèves
travaillent soit en équipe, soit de façon individualisé.
Il est aussi important que la disposition des tables – banc soit fixe
pour qu‘elle ne soit pas remise en cause chaque jour et engendre des pertes
de temps. Nous terminons cette partie par une présentation sommaire des
fiches techniques qui aident à la mise en place d‘un bon climat
organisationnel telle que proposées dans le guide du maître.
a. Fiche technique n° 3 : Aménagement général de la classe Elle aborde les différentes modalités pouvant être mises en œuvre
par l‘enseignant afin de faciliter les déplacements des élèves et du maître,
les aménagements de l‘espace que le maître peut envisager pour permettre
aux élèves de bien travailler, d‘avoir tous accès, au tableau, au maître et
aux matériels didactiques disponibles.
b. Fiche technique n° 4 : Routines (Voir climat relationnel).
c. Fiche technique n° 5 : L‘affichage
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
19
Elle met en évidence l‘intérêt de l‘affichage en tant que moyen
privilégié pour aider les élèves qui ont besoin d‘un support pour apprendre
et pour retenir une connaissance.
d. Fiche technique n° 6 : Gestion des ressources pédagogiques Cette fiche est axée sur l‘intérêt de la bonne gestion des ressources
pédagogiques en classe (matériel didactique, tableaux, etc.)
e. Fiche technique n° 18 : Aménagement de la classe adapté aux modalités de travail
Elle traite les différentes manières de regroupement des élèves dans
la classe pour s‘adapter à des modalités de travail variées.
2. Gérer le temps dans une classe multigrade
Indépendamment du contexte pédagogique dans lequel il se trouve,
l‘enseignant doit être très vigilant par rapport à la gestion de son propre
temps et à celui de ses élèves. Ainsi, la gestion du temps dans le processus
enseignement – apprentissage constitue un défi pour les enseignants,
particulièrement ceux qui tiennent des classes multigrades.
2.1. Problématique du temps dans une classe multigrade
Dans une classe multigrade, le maître éprouve de la difficulté à
s‘occuper de plusieurs niveaux en même temps. Aussi, la vérification des
travaux des élèves, la correction à temps des devoirs ne sont pas tout à fait
aisées dans ce contexte de classe. A cela s‘ajoute la difficulté d‘élaborer un
emploi de temps adapté assurant la concomitance des activités
d‘apprentissage proposées pour les deux niveaux.
2.2. Pistes pédagogiques
2.2.1. Pistes pédagogiques pour une gestion optimale du temps dans une classe multigrade
La gestion optimale du temps dans une classe multigrade se base
sur trois fondements :
la planification ;
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
20
l‘organisation du temps ; le partage des tâches pédagogiques.
La planification :
L‘enseignement dans une classe multigrade requiert une
planification systématique de toutes les interventions pédagogiques que le
maître compte effectuer.
Il s‘agit dans ce cadre d‘élaborer un emploi de temps qui prend en
compte les principes suivants :
connaître parfaitement les horaires officiels de chaque niveau de manière à le respecter strictement quand cela est possible ;
doser les activités proposées (variété, longueur, difficulté) en tenant compte de l‘âge et du niveau des élèves ;
prévoir chaque fois que possible des activités communes ou à point de départ commun ;
répartir judicieusement, sur l‘ensemble de la semaine, le temps consacré à chaque discipline ;
prévoir systématiquement le temps nécessaire à la correction et l‘évaluation.
L’organisation du temps :
Le maître doit organiser le temps de manière à transformer les
temps « morts » en un temps d‘apprentissage et pour cela, il doit prévoir
dans sa préparation quotidienne des activités pour meubler ces temps
« morts ».
Le partage des tâches pédagogiques :
La complexité que présente le multigrade fait que le maître ne peut
à lui seul assumer toutes les tâches pédagogiques, il doit dans ce cas les
partager en s‘appuyant sur les ressources de la classe.
Les élèves qui auront le privilège d‘assumer ces tâches se sentiront
motivés et fiers de pouvoir participer au fonctionnement de la classe.
Nous aborderons à la fin de cette partie les fiches techniques qui
aident à mieux gérer le temps telles que présentées dans le guide du maître :
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
21
a. Fiche technique n° 10 : Planification générale : La fiche n° 10 traite de la planification annuelle qui permet entre
autres l‘identification des principaux objectifs à atteindre pendant l‘année.
Sur la base de cette planification, on procède à une répartition mensuelle,
puis hebdomadaire.
b. Fiche technique n° 11 : Planification au quotidien Cette fiche aborde la planification quotidienne dont l‘objectif est de
créer des situations d‘apprentissage par l‘organisation des contenus, du
matériel et de l‘espace.
c. Fiche technique n° 12 : La correction mutuelle
La correction mutuelle est présentée comme une modalité qui
permet au maître de gagner du temps et constitue en plus un moyen de
pratiquer l‘évaluation immédiate.
d. Fiche technique n° 15 : Le travail individualisé
Le travail individualisé permet à la fois d‘occuper les élèves
pendant les temps « morts » et répondre en même temps à leurs besoins en
proposant des activités de consolidation. C‘est un moyen par lequel on
arrive à dépasser les contraintes liées à l‘hétérogénéité des niveaux dans
une classe multigrade.
e. Fiche technique n° 14 : Monitorat
La technique du monitorat se focalise sur l‘utilisation des
ressources de soutien pédagogique destinées à seconder le maître dans la
classe. Cette modalité s‘impose dans une classe multigrade où les élèves
perdent souvent le temps en attendant que le maître soit disponible.
3. Gérer la diversité dans une classe multigrade
La gestion de la diversité est l‘une des difficultés principales
auxquelles le maître est confronté dans une classe multigrade ; il doit faire
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
22
face non seulement à deux niveaux distincts mais au sein de chaque groupe
il est confronté à une hétérogénéité des niveaux à prendre en compte.
3.1. Problématique de la diversité dans une classe multigrade
En plus de l‘hétérogénéité de niveaux, l‘enseignant doit affronter
aussi la diversité au niveau des âges et du sexe. S‘ajoute à cela une
difficulté non moins importante relative au fait que les élèves n‘apprennent
pas de la même façon.
Une telle situation rend la question de la diversité assez
problématique dans une classe multigrade.
3.2. Pistes de solutions
3.2.1. Pistes de solutions pour une meilleure gestion de la diversité
La gestion de la diversité dans une classe multigrade ou normale
suppose au préalable une connaissance parfaite des besoins diversifiés des
élèves.
Pour ce faire, le maître doit procéder dès le début de l‘année à une
évaluation diagnostique, dont l‘objectif est de l‘édifier sur le niveau
d‘acquisition de chaque élève. En conséquence, il doit mettre en place des
modalités de remise à niveau en fonction des besoins de chaque élève.
Ainsi le maître sera amené à préparer des batteries d‘exercices que les
élèves peuvent faire pendant les temps « morts ».
D‘autre part, le maître est tenu d‘envisager des modes
d‘apprentissages variés, afin de mieux arriver à dépasser les difficultés
inhérentes à la problématique de la diversité en classe
Il est tout à fait évident que les élèves apprennent de façons
différentes : certains ont besoin de lire pour comprendre, d‘autres retiennent
plus facilement en écoutant, etc. Dans ces cas, si le maître reste figé sur
une seule méthode en classe il n‘intéressera qu‘un nombre très limité
d‘élèves. Par contre, lorsqu‘il varie ses modes d‘enseignement, il
parviendra à toucher un large éventail de profils en classe. Grâce à une
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
23
telle démarche l‘enseignant pourra réduire considérablement le nombre des
élèves marginalisés dans sa classe.
A la fin de cette dernière partie, nous présentons de façon
sommaire les fiches techniques destinées à mieux gérer la diversité telles
que proposées dans le guide du maître.
a. Fiche technique n° 15 : Travail individualisé (voir gestion du
temps).
b. Fiche technique n° 16 : Travail en équipe
Cette stratégie favorise l‘interaction entre les élèves et leur permet
d‘acquérir des connaissances et de construire leurs apprentissages à
travers un processus d‘entraide. Plusieurs variantes du travail de groupe
sont envisagées, il s‘agit de :
- Technique « Philips 6 x 6 » ;
- Techniques d‘élaboration progressive ;
- Projet d‘apprentissage.
D‘autres fiches techniques déjà abordées dans la gestion du temps
peuvent aider à mieux gérer la diversité. Il s‘agit entre autres de l‘attitude
du maître, la sensibilisation du milieu, la correction mutuelle, etc.
Après cette présentation des pistes de solutions relatives à la
gestion des classes multigrades telles que présentées dans le guide du
maître, il convient de préciser que l‘existence de cet outil de formation
entre les mains des enseignants des classes multigrades ne peut à lui seul
relever tous les défis auxquels ils sont confrontés.
VIII. Défis de la phase post formation.sur le module multigrade
La phase de la généralisation des formations sur le guide du
maître proposant les pistes de solutions présentées ci haut, a été entamée
par l‘équipe nationale en 2000. A l‘issue de ce processus, plus de trois
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
24
mille enseignants opérant dans des classes multigrades ont bénéficié des
sessions de formation.
Cependant, il s‘est avéré après une première visite de terrain
réalisée par l‘équipe nationale chargée de la formation sur ces pratiques
pédagogiques novatrices en 2002 , que peu d‘enseignants réussissaient à
mettre en pratique les techniques pédagogiques dans les classes. Dans le
rapport de mission, les formateurs ont clairement exprimé qu‘en l‘absence
de suivi et d‘accompagnement de proximité, ces formations ne pourront
générer des changements significatifs dans les classes.
Il parait tout à fait évident que la mise en œuvre de ces techniques
met l‘enseignant dans l‘obligation, de changer quelque peu l‘esprit général,
la façon de faire, mais aussi la façon d‘être dans une classe. Une telle
démarche suppose parfois une remise en cause systématique des
comportements et des pratiques ancrées depuis très longtemps.
Dans ce contexte, il parait tout à fait difficile pour l‘enseignant de
surmonter ces défis sans qu‘il soit assisté et encouragé par une tierce
personne qui oriente son cheminement vers le changement souhaité.
C‘est pour répondre à ce besoin en matière d‘accompagnement et
de suivi, que le projet de jumelage NSI/IPN a introduit en 2005 une
nouvelle composante relative au suivi –accompagnement post formation
dont les acteurs principaux étaient les inspecteurs de terrain.
Dans cet ordre d‘idées, 30 inspecteurs ont été sélectionnés (15 en
milieu urbain et 15 en milieu rural) pour mener une recherche-action dont
les objectifs étaient d'explorer, d'expérimenter et valider un dispositif de
suivi et d'accompagnement adapté aux réalités du terrain, afin d‘aider les
enseignants en phase de mettre en pratique les techniques novatrices en
classe.
Après une année de recherche, les inspecteurs expérimentateurs ont
mis en place un dispositif d‘accompagnement adapté au contexte réel de
l‘enseignant et de l‘inspecteur Mauritanien.
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
25
Ce dispositif se compose d‘un matériel comportant deux sortes
d‘outils : des outils destinés à l‘accompagnement individuel et des outils
destinés à l‘accompagnement collectif.
Le matériel pédagogique en question est censé aider l‘inspecteur ou
tout autre accompagnateur à mener les tâches de suivi -accompagnement de
proximité.
Cependant la présence d‘un tel dispositif ne peut à elle seule
garantir le succès de l‘implantation des pratiques novatrices en classe.
Ainsi pour que les formations sur les pratiques pédagogiques
novatrices aient un impact pédagogique sur le rendement des élèves, un
certain nombre de mesures résumées dans le scénario suivant devront être
entreprises:
- décentraliser les sessions de formations et les activités de suivi
accompagnement, dans un souci de s‘accommoder avec les nouveaux
choix éducatifs en matière de décentralisation ;
- former dans chaque wilaya une équipe capable de prendre en
charge à la fois les missions de formation et les taches de suivi
accompagnement ;
- s‘orienter vers la création au niveau de chaque moughataa d‘une
structure relais chargée du suivi des enseignants en phase de mettre en
pratique les techniques novatrices et autres pistes de solutions relatives à la
gestion du multigrade ;
- mettre sur pied une structure centrale constituée de l‘Institut
Pédagogique National, de la Direction de l‘Enseignement Fondamental, de
l‘Inspection Générale de l‘Education nationale et les deux ENI, afin
d‘assurer la coordination de ce processus.
Une telle structure devra pouvoir mener des missions de suivi
ponctuel au niveau des wilayas afin de vérifier le fonctionnement du
dispositif local et apporter au besoin l‘assistance nécessaire par rapport aux
problèmes pédagogiques qui se poseront sur le terrain.
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
26
BIBLIOGRAPHIE
1. Jacqueline Caron (1994) : Quand revient septembre : guide sur la
gestion de la classe participative. Les éditions de la Chenelière –
Montréal – Canada.
2. Programme d‘analyse des systèmes éducatifs de la CONFEMEN
(PASEC) : Quelques ressources pour quels résultats – Dakar –
Février 2006.
3. Guide du maître : Approches novatrices et pédagogiques des Grands
Groupes et des Classes Multigrades. IPN/NS Inter 21 Montréal
(Canada) – Nouakchott – 2004.
4. Enquête- diagnostic, rapport d‘étape (1999) : Projet de jumelage
IPN/NS Inter, élaboration de module de formation : NS Inter,
Nouakchott, Mauritanie
5. Michel Cruchet et Michel Moiseau (1995) : Enseigner dans une
classe multigrade. Guide pratique. Edition Hurtubise Ltée. Quebec –
Canada.
6. Horaires spécifiques aux classes multigrades (1993) : Inspection
générale de l‘enseignement fondamental : MEN, Nouakchott
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
27
Contribution à l’étude ethnobotanique de
deux espèces saharo-sahéliennes
mauritaniennes du genre Cassia : C. acutifolia Del. et C. italica (Mill.) Lam.
Pr Abdellahi Oud Mohamed Vall HMEYADA ENS de Nouakchott - contact : [email protected]
INTRODUCTION
Ethnobotanique est une science qui se préoccupe de l‘étude
de l‘utilisation des plantes par l‘homme, dans l‘histoire
d‘une société ou dans un cadre géographique donné.
Le rôle et l‘apport des plantes ne peuvent pas être entièrement
remplacés, ni par le progrès scientifique, ni par le capital financier ; en
effet les plantes exercent des fonctions écologiques et économiques très
diversifiées. Elles constituent des ressources énergétiques, industrielles,
pharmaceutiques, et servent aussi à des fins esthétiques, mythiques, etc.
Dans notre milieu saharo-sahélien, où l‘eau est rare et le couvert
végétal réduit, l‘homme a établi une relation intime avec la nature [24],
profitant des maigres ressources végétales qu‘elle offre pour satisfaire ses
besoins de survie. Dans cet espace, la famille des Legumineusae Juss. ,
particulièrement les Cæsalpiniaceae R. Br., présentent une importance
ethnobotanique capitale dans la vie des populations [30].
Le genre Cassia L. est remarquable par le grand nombre d‘espèces
[11 ; 18], et par la grande diversité des usages alimentaires, ichtyotoxiques
et surtout thérapeutiques [4]. C. acutifolia et C. italica figurent parmi les
espèces les plus appréciées sur le plan thérapeutique ; les notions les plus
anciennes que nous possédons sur ces espèces sont antérieures au VIIè
siècle av. J.C. les aires de distribution de C. acutifolia et C. italica se
rencontrent dans la zone de l‘Adrar mauritanien, et ces espèces seraient
prescrites pour le traitement empirique de nombreuses affections depuis
plus de trois siècles [20]. Nous essayerons de présenter ici, un aspect
L‘
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
28
négligé d‘un savoir endogène ancestral, relatif à l‘utilisation de C.
acutifolia et C italica en Mauritanie. Peut-être aidera-t-on à le préserver et
à le valoriser !
Quels sont les principaux usages ethnobotaniques de ces deux
espèces en Mauritanie et dans leur aire de distribution ? Y‘a-t-il de la
variabilité dans les usages des deux espèces ? Est-ce que ces usages varient
en fonction de la diversité culturelle ? Est-ce qu‘il y‘a complémentarité
entre savoir traditionnel et savoir scientifique dans l‘usage de ces deux
espèces ? Et comment les promouvoir et entretenir?
3.1. MÉTHODES ET MATÉRIEL DE L’ÉTUDE
Nous avons mené des enquêtes de terrain auprès des populations et
particulièrement des tradithérapeutes, puis bibliographiques, dans un but
heuristique, pour enrichir et comparer les données de terrain.
3.1.1. Les zones et les périodes de l‘étude
Les informations ont été recueillies dans presque toutes les régions
de Mauritanie. Nos missions de collecte d‘informations se sont déroulées,
conjointement aux missions de récoltes des échantillons spécifiques
d‘herbiers, de fruits et graines et des insectes qui vivent avec ces espèces,
entre le 8 octobre 1997 et le 16 juin 2002.
C. acutifolia Del. n‘a été récolté que dans l‘Adrar mauritanien,
mais les tradithérapeutes non originaires de cette région connaissent bien
ce Séné aux folioles lancéolées nommé Sena El Mekki (Séné de la
Mecque) ; d‘ailleurs, la nomenclature rencontrée pour cette espèce est tout
à fait locale et spécifique à l‘Adrar en Mauritanie.
3.1.2. Les enquêtes de terrain
Il s‘agit de recueillir le savoir populaire relatif à C. acutifolia Del.
et C italica (Mill.) Lam., la perception qu‘ont les tradithérapeutes de ces
espèces, ainsi que la connaissance, de plus de trois siècles, qu‘ils en font
de leurs différents organes. Ce savoir est cependant détenu par des
membres de la communauté locale à divers niveaux (hommes, femmes,
jeunes etc.) et de nature variée (précise, floue, fausse), il serait alors
nécessaire de capturer ce savoir, de le structurer et de l‘analyser.
Des enquêtes ont été effectuées, auprès de 5 cabinets de médecine
traditionnelle, installés à Nouakchott, et auprès de 73 tradithérapeutes
(dont 14 femmes, 59 hommes) disséminés dans les différentes régions ou
Wilaya de la Mauritanie.
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
29
Dans nos différentes enquêtes nous nous sommes intéressés aux
différentes parties utilisées de la plante, à la période de leur prélèvement,
aux modes de préparation, aux noms, symptômes et syndromes des
maladies traitées, au(x) moment(s) journalier(s) de la prise du traitement, à
la posologie, aux plantes associées dans les préparations galéniques etc.
Les noms locaux des espèces sont indiqués selon les mentions
suivantes : H pour Hassaniya (Maure), P pour Poular, W pour Wolof, S
pour Soninké, A pour Arabe, F pour Français.
Puisque la répartition géographique des espèces et très large et
n‘est nullement tributaire des limites politiques, nous retrouverons ces
espèces, avec les mêmes usages traditionnels ou d‘autres usages différents,
dans des pharmacopées des pays de la sous-région : Maroc, Algérie, Mali,
Sénégal.
Les données ont été analysées en vue d‘interpréter les différentes
pratiques utilisées par les autochtones ; elles ont été discutées avec des
biologistes, des médecins, des pharmaciens, des anthropologues, ce qui
confère à cette étude ethnobotanique un cachet pluridisciplinaire.
3.1.3. Les recherches bibliographiques
Les données recueillies sur le terrain ont été complétées à partir de
la littérature existante dans différentes bibliothèques nationales, publiques
ou privées, en Mauritanie et au Sénégal.
Puisque les Arabes semblent être les premiers à découvrir les
vertus de ces espèces, de nombreux documents en arabe ont été consultés,
pour recueillir les informations ethno-botaniques et particulièrement
médicinales de ces plantes.
En plus de la recherche sur l‘Internet, particulièrement à travers les
sites ILDIS (International Legume Database Information Service) et
Google, nous avons exploré les pharmacopées de trois pays de la sous-
région, Maroc, Algérie et Sénégal, et de nombreuses publications surtout
indiennes [39] et égyptiennes [17 ; 34] sur ces espèces.
Nos contacts avec le Professeur R. Anton1 , de l‘Université de
Strasbourg en France, nous ont permis de découvrir une riche
1 - Membre de l‘Académie Française de Pharmacie, Laboratoire de Pharmacognosie, Faculté
de Pharmacie de Strasbourg.
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
30
bibliographie; ce Professeur avait effectué d‘importantes recherches
chimiques sur différentes espèces de ce genre dont nos espèces. 3.2. RESULTATS DE L’ETUDE ETHNOBOTANIQUE
3.2.1. La nomenclature autochtone des espèces étudiées
Le nom vernaculaire local d C. acutifolia Del. manque dans trois
langues (Poular, Wolof et Soninké) alors que celle de C. italica
(Mill.)Lam. est connue dans toutes les six langues considérées; le tableau
(1) révèle la diversité des noms pour ces espèces.
Tableau 1
Noms locaux mauritaniens
de C. acutifolia Del. et de C. italica (Mill.)Lam. Espèce H P W S A F
Cassia
acutifolia
Vellejit /
Evellejit
Neyreb
_ _ _ Sena el
mekki
Séné
d‘Alexandri
e
C. italica Vellejit /
Evellejit
Thib
Falladen
balébaléhi
Laydur Bali-bali
Marka
Suma fola
Sena el italy Séné d‘Italie
La forme des feuilles des gousses et des graines permet d‘identifier ces deux
espèces en plus d‘autres caractères au niveau de la fleur.
Photographie 1 : fruits, folioles et graines de Cassia acutifolia Del.
février 2003, Tergite, Adrar de Mauritanie
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
31
Photographie 2 : Fruits et graines de C. italica (Mill.) Lam.,
février 2003, Tergite, Adrar de Mauritanie
3.2.2. Utilisations thérapeutiques traditionnelles
des plantes étudiées
C‘est surtout dans la médecine et la pharmacopée traditionnelles
que les usages des Cassia sont les plus diversifiés. En effet, presque toutes
les parties de ces plantes sont utilisées (folioles, gousses, graines, racines)
en tant que recette principale ou en association avec d‘autres plantes dans
les soins de plusieurs affections en Mauritanie, comme dans d‘autres pays.
Historiquement, l‘usage empirique des sénés officinaux particulièrement
C. acutifolia et C. italica (Mill.)Lam., semble être très ancien, revenant à
la période antéislamique [23 ; 24].
Plusieurs Hadiths (ou paroles) du Prophète Mohamed, Paix et Salut
sur Lui (P.S.L.), recommandent l‘usage de C. acutifolia Del. et
stigmatisent ses vertus [29]. Nous en indiquerons les suivants.
- ETTIRMETHI, citant ASMAOU bintou OUMEYSS rapporte
que le Prophète lui dit ce que nous pourrons traduire par : « Avec quoi
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
32
vous vous purgez (vous = les Arabes avant l‘Islam) ? …. Elle
répond « avec le Senaa2 », il dit « s‘il y‘avait un remède contre la mort, il
aurait été dans le séné » Hadith n°2083, dans « Médecine de ABDEL
HAMID IBN JAVAR », citant OUTBA ibn ABDALLAHI citant
ASMAOU.
- Ibn MAJEU et EL HAKEM, citant IBRAHIM Ibn Ebii ABLA
dit : « J‘ai entendu ABDALLAHI Ibn Oummi MAHRAM dire : J‘ai
entendu le Prophète (PSL) dire ce que nous pouvons traduire par « Je vous
recommande le Senaa et le Sennout3 car ils renferment le remède de toute
maladie sauf la mort ». Ce Hadith est attesté par Souyoutti (Recueil des
paroles du Prophète Mohamed vérifié par SOUYOUTTI).
Il ressort des bibliographies scientifiques que nous avons eu à
consulter, que « les premiers échantillons de C. obovata Collad.,
introduits dans la thérapeutique européenne, furent apportés par les Arabes
au XVè siècle, à partir des régions pré-désertiques du sud du Sahara,
notamment du Haut-Sénégal et de la Mauritanie » [4].
Cette espèce, connue sous le nom de C. italica (Mill.)Lam.,
puisqu‘elle fut par la suite cultivée en Italie pour les besoins
pharmaceutiques, semble être utilisée depuis plusieurs siècles, par la
médecine traditionnelle en Mauritanie, où elle végète spontanément
partout dans les vallées et les lits d‘oueds. Cassia acutifolia Del. ne serait
apparu en Mauritanie (ou identifié), qu‘après cette dernière grande
sécheresse de 1968-1986, et nous ne l‘avons rencontré que dans les
régions du Tiris Zemmour et de l‘Adrar mauritanien, au nord du 20ème
parallèle.
3.2.2.1. Usages thérapeutiques de C. acutifolia Del. et C. italica
(Mill.) Lam. en Mauritanie
Ces deux espèces figurent parmi les 87 espèces largement
prescrites des 135 plantes médicinales de Mauritanie.
Les pratiques médicales traditionnelles sont certes très variées, et
dépendent de la spécialité du tradithérapeute, de la nature de la maladie, du
tempérament du patient et des ressources naturelles disponibles. Bien que
2 - Cassia acutifolia Del.
3 - Miel
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
33
la plupart des tradithérapeutes ignorent la relation scientifique entre la
maladie et son remède, qu‘ils prescrivent, certains se fondent sur le
principe des humeurs et dans ce cas chaque plante a un tempérament ou
tabia, d‘autres sur la théorie de la signature selon laquelle chaque plante
renseigne sur ses propres vertus.
Cette approche considère aussi, qu‘il existe toujours une relation
entre ces humeurs et les sentiments selon une théorie cosmique plus vaste ―
qui établit des correspondances subtiles entre les quatre ELEMENTS (feu,
atmosphère, eau terre), les états, les tempéraments, les sentiments, les
modes musicaux, les âges...‖ [6].
Les traitements préconisés par les tradipraticiens (diététiques,
remèdes simples ou composés, chirurgie, etc.) visent à rétablir l‘équilibre
perturbé par la maladie ; cet équilibre, défini par la théorie arabo-persane
des humeurs (figure 1) pour laquelle à chaque ELEMENT correspond une
humeur, un organe, un tempérament, une période (moment de la journée,
de l‘année, ou de la vie), doit être tout d‘abord déterminé chez le patient
[8]. Le tempérament des médicaments va compenser les déséquilibres
diagnostiqués.
En Mauritanie, l‘utilisation de recettes de plantes s‘effectue sous
différentes formes : décoction, infusion, macération, fumigation, etc. Le
symbolisme de la plante est aussi pris en considération, comme celui des
chiffres pour le nombre de prises, la durée du traitement, le jour du
commencement.
Suivant le système de classification basé sur les tempéraments (ou
―tabaii‖4 en arabe), ces deux espèces, ayant les mêmes propriétés
thérapeutiques, sont considérées ―chaudes et sèches‖ [1; 9; 23].
Chez tous les tradipraticiens, la plante a un tout autre sens que
celui des botanistes, elle n‘est pas cette simple chose, rattachée à la terre
4 - Pluriel de tabia
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
34
par ses racines, c‘est un être vivant qui respire, qui sent, qui subit une
évolution et par conséquent, qui n‘a pas de vertus figées.
Figure 1.
La théorie des humeurs in
« Les actualités pharmaceutiques » n°253 [FLEURENTIN, J. 1988]
Chaud tempérament sanguin Humide
Cœur
Sang
Printemps
9h AIR 3h
tteemmppéérraammeenntt bileux tteemmppéérraammeenntt fflleeggmmaattiiqquuee Foie Cerveau
Bile FEU EAU Flegme
Eté Hiver TERRE 15h AAuutoommnnee 21h
Atrabile
Sec Rate
Froid
tteemmppéérraammeenntt mmééllaannccoolliiqquuee
En Mauritanie, les feuilles, les gousses, et très rarement les graines
de C. acutifolia Del. et C. italica (Mill.) Lam. sont utilisées différemment
pour des fins thérapeutiques, sous différentes formes d‘administration.
Les feuilles ou plus précisément les folioles sont les organes les
plus utilisés en médecine traditionnelle mauritanienne, et celles de C.
acutifolia Del. sont plus appréciées pour le besoin purgatif que celles de
C. italica (Mill.) Lam., ceci pourrait s‘expliquer en partie par sa teneur
légèrement plus importante en dérivés anthracéniques.
Les remèdes sont en général administrés par voie orale, dans
l‘après-midi, jamais le matin, mais aussi parfois par voie rectale en
lavement ou par application externe en application locale (pommade).
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
35
Le Séné fait partie des médicaments utilisés pour le traitement de
la dartre et des maladies articulaires comme la paralysie, la sciatique et les
douleurs dorsales. Il favorise aussi l‘augmentation du poids. ―Grâce à ce
produit, nous avons réussi à traiter un grand nombre de cas de culot,
d‘asthme, de maladies psychologiques et nerveuses comme l‘épilepsie, de
manque de croissance et de paresse intestinale‖ [5].
Pour Ould ADJE, un médecin traditionnel de grande réputation à
Nouakchott, « le séné ou Evellejit en maure, agit sur le côlon en accélérant
ses contractions et son activité, ce qui permet l‘évacuation de son
contenu » d‘où l‘action purgative de la plante [3].
Pour Ehl MAKHARY ,une famille bien reconnue partout en
Mauritanie pour ses pratiques médicales ancestrales , Evellejit est la purge
de toutes les humeurs , mais il ne doit être utilisé qu‘ après avoir utilisé, au
moins deux jours avant , un laxatif doux en l‘occurrence une infusion de
gomme arabique ou de tiguidirt 5 [13].
Les tradithérapeutes maures emploient donc les deux Sénés (aussi
bien C. acutifolia que C. italica) pour presque toutes sortes de maladies,
comme reconstituants ; mais ils préfèrent prescrire C. acutifolia (sena el
mekki) au lieu de C. italica (sena el itali), pour les purges douces, et pour
ses propriétés cholérétiques, antibiotiques et laxatives.
Dans ce cas, les différents tradipraticiens sont unanimes sur le
protocole. On met les folioles à macérer dans de l‘eau avec de la gomme
arabique et/ou des caroubes de Tamarinier (Tamarindus indica L. une
Caesalpiniaceae comme les Cassia). On laisse reposer jusqu‘au matin
puis on triture cette préparation, on la passe au tamis et on laisse reposer
encore un peu, afin que les quelques impuretés qui subsistent puissent se
déposer au fond du récipient (décantation); le dépôt est jeté et le
« surnageant »utilisé. Cette mixture porte le nom de mahuça, elle est
particulièrement recommandée pour l‘Iguindi6 et les maux de ventre. A
5 - Variété précoce de grosses dattes dorées et lisses, parmi les plus appréciées,
cultivée dans l‘Adrar mauritanien. 6 - Intoxication alimentaire.
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
36
défaut des fruits du tamarinier, on prend la pulpe d‘une vingtaine de dattes
de la qualité tiguidirt [24].
C. acutifolia est considérée par certains tradithérapeutes comme
plante ―noble‖, sans grands effets néfastes ; elle renforce le cœur, purifie le
sang, renforce les artères, fixe les nerfs, allège les douleurs, diminue les
tumeurs et raffermit les articulations.
Pour soigner la constipation, une autre procédure nous est
signalée : il s‘agit de prendre un lavement avec de l‘eau à laquelle on a
ajouté de la poudre de racines séchées et pilées de l‘un des deux Sénés.
Pour se purger, on en pile les feuilles et on en fait une décoction que l‘on
boit avec du sucre ou avec de la pulpe de dattes écrasées, car elle est très
amère [16].
On peut mélanger cette décoction avec du lait et de la gomme
arabique comme ce qui se fait actuellement dans la clinique de la famille
Ehl AOUFA. Cette boisson est donnée au patient chaque mercredi au soir ;
elle agit sur l‘atrabile, la lymphe et la bile, comme elle est prescrite aussi
pour le traitement de la gale, les démangeaisons et les furoncles [5].
La quantité normale de poudre de feuilles est d‘une poignée pour
les femmes, les enfants et les personnes faibles et de deux poignées de
feuilles pour les hommes adultes vigoureux. Ces derniers temps, on
procède par pesée et les doses prescrites varient entre 75 g et 90 g suivant
les pathologies.
C‘est en tout cas un remède drastique puissant et Ibn AOUFA
reconnaît que son abus provoque l‘intoxication ou Iguindi. Par ailleurs le
même auteur cite un Hadith où il est dit que : « s’il y avait un remède à la mort,
ce serait bien le séné ».
L‘un de ses fils, feu Abdellahi Ould AOUFA, avait prescrit dans sa
clinique Elabdeliyeu, l‘espèce C. acutifolia Del. , pour une prise
hebdomadaire, dans le cadre d‘une « tri-thérapie » contre le sida, en
association avec Lawsonia inermis L. et le lait de chamelles en indiquant
un bon résultat car dit-il, cette purge nettoie les alvéoles intestinales du
malade pour faciliter l‘absorption des nutriments.
Ce tradipraticien prescrit aussi cette drogue pour les diabétiques, et
nous avons pu constater que sur le terrain, les deux espèces constituent un
habitat fréquenté des fourmis et qu‘elles excrètent sur leurs gousses des
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
37
granules blancs d‘une substance très sucrée que nous avons cherché à
identifier, pensant qu‘il s‘agit d‘un sucre.
Le Professeur POUSSET, de passage à Dakar en juillet 2002,
préconise qu‘il s‘agirait d‘une glycoprotéine. Ould AOUFA s‘inspirait-il
ici alors de la théorie de la signature dans sa prescription du séné contre le
diabète sucré ?
Dans la pratique négro-africaine mauritanienne, C. italica
(Mill.)Lam., qui est l‘espèce la plus utilisée, constitue le plus célèbre agent
actif du système digestif [25] ; il fait partie des médicaments des maladies
dermiques, surtout les dartres et il est prescrit aussi contre les paralysies, la
sciatique et les douleurs dorsales. C. italica (Mill.)Lam. est prescrit, soit
seul, soit en association avec d‘autres espèces ou produits
végétaux principalement dans les prescriptions suivantes.
- avec une Renonculacée, la nigelle (Nigella sativa L.) est prescrit
contre les ballonnements et les gastrites;
- avec du sucre est prescrit comme déparasitant et pour l‘appétit;
- avec une Papilionacée, le fenugrec (Trigonella foenum graeceum
L.), localement appelé Elhalba contre l‘impuissance sexuelle, les maladies
pulmonaires, et dans ce cas la proportion des drogues serait de l‘ordre de ¼
de séné pour ¾.d‘Elhalba ; le fenugrec n‘est pas uniquement un aliment,
mais surtout un reconstituant général;
- avec le miel et le vinaigre de cidre est prescrit pour le traitement
de la jaunisse ;
- grillé, les gousses de C. italica (Mill.)Lam. sont utilisées dans le
traitement de la stérilité temporaire féminine.
De par son goût amer et son odeur piquante, C. italica (Mill.)Lam.
peut être dynamisé par des boissons parfumées ou par le café.
Pour Djigo CH. T., tradipraticien très populaire à Nouakchott, « C.
italica (Mill.)Lam. rentre en grande partie dans le traitement de la plupart
des maladies psychologiques et nerveuses comme l‘épilepsie et prétend
que ce séné pris à forte dose peut empoisonner ».
Toutefois, les différents tradipraticiens préconisent que si le Séné
n‘est pas préparé suivant la panoplie des recommandations précisant son
mode de dosage dans le traitement, il peut avoir des effets indésirables :
intoxications, diarrhées, etc. Ils déconseillent son usage dans les cas
suivants : grossesse, troubles digestifs, inflammations gastriques,
inflammations de l‘appendicite, de l‘utérus ou de la prostate.
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
38
3.3. DISCUSSION
L‘étude ethnobotanique de C. acutifolia Del. et C. italica(Mill.)
Lam.) a permis de recueillir et de révéler une partie d‘un savoir ancestral
menacé de disparition en Mauritanie.
3.3.1. Deux espèces à prescriptions multiples
C. acutifolia Del. et C. italica (Mill.) Lam. sont largement utilisées
dans le Monde. Leur usage empirique est connu, puis amélioré depuis
avant le VIIème
siècle.
En Afrique occidentale les folioles sont prescrites, soit seules, soit
en association avec Tamarindus indica L., ou Maytenus senegalensis
(Lam.)Exell., ou Cassia sieberiana DC., ou encore Securinega virosa
(Roxb.) Baill., comme purgatif cathartique pour traiter ou soulager les
constipations, les helminthiases, les affections hépato-biliaires (ictères,
fièvre jaune) et les maladies vénériennes [14 ; 19 ; 32 ; 33]. Nos enquêtes
semblent confirmer les travaux de KERHARO et ADAM [122] et montrent
bien que les propriétés laxatives et purgatives ont été découvertes par les
Arabes bien avant le VIIème
siècle.
En Afrique du Nord les folioles et les gousses C. acutifolia Del sont
bien connues pour leur rôle purgatif et les graines pilées sont prescrites
dans certaines maladies affectant les yeux. DOREAU M. indique la
prescription suivante en cas de conjonctivite : « placer sous la paupière des
graines écrasées de Séné de Soudan et c‘est la graine qui cherche les corps
étrangers » [17]. Cette même prescription se rencontre dans tout le Nord de
la Mauritanie.
En Afrique de l’Est, la décoction des feuilles de C. acutifolia Del
est prescrite dans le traitement de la blennorragie alors que les racines
seraient purgatives [19]. Le Soudan est l‘un des plus grands producteurs et
exportateurs de séné, surtout le séné de Khartoum.
La découverte des vertus thérapeutiques des sénés est très liée à la
civilisation égyptienne pharaonique; dans ce territoire les sénés sont
distingués sous différents noms [14]:
- C. italica (Mill.)Lam. est connu sous les noms de senna-belledy,
qui signifie Séné du pays, sena-bahraouy ou Séné du Nil et sena-hegazy ou
de la province d‘Hegaz ;
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
39
- C. acutifolia Del porte les noms de sena guebely ou de la
montagne, sena-mekki ou de la Mecque, sena lissan al-ousfour ou Séné
langue d‘oiseau, ou sena-sa’ydi c‘est-à-dire Séné du Said.
Les vertus de C. acutifolia Del. sont très populaires en Egypte;
cette espèce renforce les fonctions cardiaques et hépatiques, la décoction
des folioles est prescrite contre les vertiges, les points de côté, la sciatique,
les rhumatismes et les douleurs articulaires [23 ; 29 ; 34]. La décoction des
folioles, additionnée de vinaigre, traite la galle, les allergies cutanées, les
plaies, la chute des cheveux et elle est utilisée par les femmes pour noircir
les cheveux [29].
Comme dans les pays arabes, les pratiques mauritaniennes
considèrent C. italica, comme agent actif du système digestif ; elle fait
partie des médicaments des maladies dermiques prescrits contre la dartre,
mais aussi pour de nombreuses autres maladies dont la paralysie, la
sciatique et les douleurs dorsales.
Selon NESSIMI « Dans la presqu‘île arabe les propriétés
purgatives et laxatives remontent à quelques siècles avant l‘arrivée de
l‘Islam » [33]. Cet auteur indique déjà comme contre-indications
« inflammations de l‘estomac, inflammations intestinales, inflammation de
la vessie, inflammations utérines, grossesse et période d‘allaitement, car
les principes actifs seront éliminés avec l‘urine et le lait ».
ABbdallatif ACHOUR souligne que les feuilles de Senna acutifolia
Mill. ou Cassia acutifolia Del. « cuites dans l‘huile traitent les céphalées,
la migraine, les douleurs articulaires, les hémorroïdes, et les douleurs
lombaires ; bouillies avec du vinaigre, elles traitent la galle, les plaies
puantes, la chute des cheveux » [1]. Cet auteur rapportant Ibn El
BEYTAR, indique que pour noircir les cheveux, on les traite par un
mélange de feuilles de Lawsonia inermis L. et les feuilles de Cassia
acutifolia Del., et que la décoction de feuilles de cette dernière est prescrite
contre les arthroses, la sciatique et les rhumatismes [23,24].
Bbdallatif ACHOUR souligne que les feuilles de Senna acutifolia
Mill. ou Cassia acutifolia Del. « cuites dans l‘huile traitent les céphalées,
la migraine, les douleurs articulaires, les hémorroïdes, et les douleurs
lombaires ; bouillies avec du vinaigre, elles traitent la galle, les plaies
puantes, la chute des cheveux » [1]. Cet auteur rapportant Ibn El
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
40
BEYTAR, indique que pour noircir les cheveux, on les traite par un
mélange de feuilles de Lawsonia inermis L. et les feuilles de Cassia
acutifolia Del., et que la décoction de feuilles de cette dernière est prescrite
contre les arthroses, la sciatique et les rhumatismes [23,24].
et auteur rapportant Ibn El BEYTAR, indique que pour noircir les
cheveux, on les traite par un mélange de feuilles de Lawsonia inermis L. et
les feuilles de Cassia acutifolia Del., et que la décoction de feuilles de cette
dernière est prescrite contre les arthroses, la sciatique et les rhumatismes
[23,24].
Dans la médecine ayurvédique, le séné de Tinnevelly, ou C.
acutifolia Del. est employé en Inde, non seulement pour la constipation,
mais également pour les maladies dermiques, l‘ictère, la bronchite, la
splénomégalie, les hépatismes, la fièvre typhoïde et l‘anémie.
Dans la médecine chinoise, le zi ming de Jue ou C. acutifolia Del.
est utilisé contre l‘athérosclérose, la constipation ; il est considéré comme
laxatif fort et il est alors pris avec des herbes aromatiques et carminatives
qui détendent les muscles intestinaux comme le gingembre et les clous de
girofle.
En Europe, les notions les plus anciennes, écrivait Colladon, TH F.
« remontent, d‘après M. SPRENGEL, au XIè siècle, et sont dues aux
Arabes. COLLADON écrivait que « le séné est employé dans presque tous
les cas morbidiques, où il s‘agit d‘exciter des évacuations alvines » Il
rapporte que « quelques auteurs disent qu‘il affermit la vue et l‘ouïe, et
qu‘il est bon dans la dyspnée; sans doute dans ce cas là, c‘est comme un
révulsif » [14].
Le Séné a été recommandé dans les hydropisies, sans doute en
activant les forces toniques du système absorbant et exhalant, par
l‘irritation qui l‘accompagne ordinairement, mais aussi dans les maladies
lentes et invétérées, qui viennent du mauvais état ou de quelques
obstructions des viscères. Il est prescrit aussi dans l‘épilepsie, la gale, les
dartres, la teigne, l‘apoplexie séreuse, l‘éléphantiasis, et pour toute ces
maladies, COLLADON pense que c‘est toujours que le succès est lié à une
action irritante ou répulsive. Ces résultats vont bien dans le même sens que
les approches révélées par nos enquêtes.
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
41
Les gousses et les folioles de C. acutifolia Del. servent à
l‘extraction des sennosides A et B, qui sont administrés comme laxatifs à la
dose de 0,01g à 0,04 g, et rentrent dans de nombreuses formules
pharmaceutiques, laxatives ou purgatives, commercialisées sous différents
noms. Les gousses, sèches et mûres de C. acutifolia Del. sont inscrites dans
la pharmacopée britannique, car elles sont considérées plus douces que les
feuilles.
En Amérique latine, le jus est utilisé pour les problèmes urinaires
car il est considéré diurétique, les graines ont été mangées vertes ou
trempées dans de l‘eau comme laxatif et un sirop fait avec les fleurs a été
utilisé pour les mêmes fins. C. acutifolia Del. est utilisé pour traiter les
ulcères et les dermatoses, en plus du fait qu‘il est employé pour soulager la
constipation. Cette plante est employée comme abortif et stimulant des
menstruations. Ces indications ne se conforment pas avec les prescriptions
rencontrées en Mauritanie
Cependant aucun traitement utilisant les racines de C. acutifolia
Del. et C. italica (Mill.) Lam. nous a été signalé en Mauritanie
contrairement à ce que rapporte Leriche [24], et contrairement aux résultats
des travaux de Kokwaro en Afrique de l‘Est [19].
C. acutifolia Del. et C. italica (Mill.) Lam. sont rarement utilisées
seules, souvent en association avec d‘autres espèces comme ce qu‘en font
les tradithérapeutes d‘autres pays [3-23], mais l‘identité et les organes de
ces espèces associées sont très variables d‘une région à une autre en
Mauritanie, d‘un tradithérapeute à l‘autre au sein même de la même région.
L‘usage thérapeutique des graines en Mauritanie est spécifique au
traitement de certaines affections des yeux, ce qui confirme bien les
travaux de BOULOS [12]. Mais elles ne sont prescrites ni comme laxatif,
ni comme purgatif.
Si les racines sont utilisées comme abortif et stimulant des
menstruations en Amérique latine, comme purgatif en Afrique de l‘Est, ces
organes ne semblent pas rentrer dans les prescriptions connues en
Mauritanie.
Certains usages de ces deux espèces en Mauritanie, ne sont pas
rencontrés ailleurs dans les thérapies traditionnelles des pays dont nous
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
42
avons pu recueillir des informations à cet égard ; c‘est le cas par exemple
des usages antidiabétiques préconisés par Adellahi Ould AOUFA[5].
En plus du rôle médicinal se surimpose un rôle nutritionnel ; en
effet les graines sont consommées fraîches par les femmes et les enfants et
auraient une importance nutritionnelle appréciable, surtout que l‘on
rapporte, selon la tradition orale, une grande exploitation dans un but
alimentaire lors des famines.
3.3.2. Valoriser et promouvoir ces plantes
C. acutifolia Del. et C. italica (Mill.) Lam. offrent de nombreux
remèdes à la médecine traditionnelle mauritanienne. En effet plusieurs
organes de ces espèces, à savoir les folioles, les gousses, les graines, sont
utilisés à des fins thérapeutiques.
La gamme des maladies traitées est très large et il existe une
concordance et/ou une similitude de recettes recommandées par les
tradithérapeutes en Mauritanie confirmant l‘intérêt de ces deux espèces, qui
mériteraient d‘être considérées comme espèces prioritaires en matière de
recherche scientifique pouvant conduire à la découverte de nouveaux
médicaments.
Au lieu de dépenser des sommes exorbitantes pour importer des
laxatifs, ne serait – il pas mieux de développer une filière de production et
de commercialisation des produits de ces deux espèces de Cassia en
Mauritanie ?
La promotion de ces deux espèces passerait par la restauration de
leurs peuplements dégradés par les prélèvements continuels, et la
péjoration climatique.
Comme l‘a si bien dit OUEDRAOGO ABDOUL- SALAM [34]
« les problèmes économiques liés au développement dans nos pays, avec
pour conséquence la pauvreté et la misère, sont aggravés par les contraintes
climatiques ».
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
43
Face à cette course aux solutions, l‘on peut être tenté de rechercher
des solutions extérieures à la communauté locale ; bien au contraire pour y
apporter des solutions, il faut puiser dans le savoir ancestral des sociétés
paysannes qui ont su vivre dans ce climat, y domestiquer des plantes et
modeler ses paysages durant des millénaires.
25 % des médicaments modernes sont préparés à base de plantes
qui ont au départ été utilisées traditionnellement. De nombreuses molécules
ont été identifiées, isolées et extraites de ces Cassia : les anthracénosides,
en particulier des sennosides, les flavonoides, les tanins etc. Ces substances
ont des propriétés laxatives et purgatives (sennosides), antiseptiques
(tanins), antibactériennes (flavonoïdes) démontrées cliniquement [23].
Il faudra peut-être noter que les sennosides des sénés rentrent dans
plusieurs formules pharmaceutiques aujourd‘hui commercialisées sous
différents noms (pursennideR, etc.)
Exemple de produit de Sénés
Ainsi le savoir endogène des usages de C. acutifolia Del. et C.
italica (Mill.) Lam., pourrait constituer une contribution complémentaire et
fructueuse à la recherche de remèdes à la médecine moderne, qui affronte
aujourd‘hui malgré le développement de l‘antibiothérapie de sérieux
blocage face à la résistance et aux nouveaux fléaux.
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
44
La valorisation de ces deux espèces implique une approche
multidisciplinaire ; longtemps délaissée, elle passe pour être aujourd‘hui
un impératif socio-économique et environnemental qui intègre la
contribution principalement des ethnologues, des anthropologues, des
botanistes, des pharmaciens, des médecins, dans les recherches tant au
laboratoire que sur le terrain.
La promotion de C. acutifolia Del. et C . italica (Mill.) Lam.
passerait par un programme de protection, de sélection et d‘amélioration
de la qualité génétique du matériel végétal, qui se base sur le savoir
indigène et le progrès scientifique actuel.
Les communautés locales ont capitalisé tout au long des
générations un savoir pratique, empirique qui s ‗est développé à partir de
plusieurs années d‘observation et de vérification sur le terrain ; cela confère
au savoir traditionnel l‘avantage d‘être maintenant stable, réel et réaliste,
et de pouvoir répondre à des situations variées et complexes.
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
45
CONCLUSION
L‘étude ethnobotanique de C. acutifolia Del. et de C. italica (Mill.)
Lam. a permis de montrer l‘importance et la diversité des usages
thérapeutiques empiriques de ces deux espèces en Mauritanie. Les
informations empiriques recueillies et l‘expérience traditionnelle ouvrent
de nouveaux horizons dans la recherche scientifique afin d‘aider la
médecine moderne à trouver des remèdes contre des maladies comme le
diabète, les maladies sexuellement transmissibles. Mieux encore, cette
connaissance tradi-tionnelle appelle la vérification scientifique, par la
recherche phytochimique des hypoglycémiants ou des hypotenseurs dans
ces deux Sénés, prescrits par les tradithérapeutes pour ces deux maladies.
En Mauritanie, l‘exploitation de ces deux espèces du genre Cassia
L. constitue une importante source de revenu, mais cette exploitation
anarchique tend à limiter dans la végétation naturelle l‘abondance de ces
espèces qui constituent une source de remèdes traditionnels indispensables
dans le traitement de nombreuses maladies. La culture de ces deux plantes,
l‘industrialisation de l‘exploitation de leurs organes (récoltes, traitement,
conservation, commercialisation etc.) pourront aussi contribuer à la lutte
contre la pauvreté.
Il serait intéressant d‘optimaliser leur abondance, d‘étudier leurs
phénotypes ou chémotypes génétiquement, d‘orienter ensuite les efforts de
recherche scientifique vers l‘analyse de leur composition chimique et la
détermination des principes actifs afin d‘établir les preuves scientifiques de
l‘efficacité de ces plantes médicinales.
Malheureusement, le génie traditionnel est délaissé au profit de
dépendance extérieure des produits exotiques, ce qui conduit en général à
une perte de savoir et de savoir-faire endogène éprouvé par le temps,
capable d‘ouvrir la voie, en le valorisant, à la mise en œuvre d‘importants
projets de développement ne demandant pas d‘expertises et technologies ,
souvent onéreuses ou compliquées.
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
46
BIBLIOGRAPHIE
1. ABDELLATIF ACHOUR, (1963).- Guérison par les plantes. MEKTEBETOU EL KHOURAN, le Caire, 216p.
2. ABDOURRAZZAKH, C. (1996).- Décodage et signification des vertus des drogues et des plantes. DAROU EL KITAB EL ILMIA, Beyrout, LIBAN,
312 p.
3. ADJE, M.E. Ould, (1998).- La Phytothérapie en Mauritanie et ses praticiens. Doc. en Arabe. 182 p. Nouakchott, Mauritanie.
4. ANTON, R. (1968).- Contribution à l‘étude chimique qualitative de quelques espèces du genre Cassia L. Thèse de Doct. N°852 Fac. Pharm., Université de
Strasbourg.
5. AOUFA, A. Ould, (1996).- Vingt plantes utilisées en médecine traditionnelle mauritanienne. Comm. Pers., Séminaire médecine traditionnelle, mars 1996,
Nouakchott, Mauritanie.
6. AOUFA, B. Ould, 1983.- Eléments de médecine maure Traditionnelle au Trarza. Mém. Fin d‘étude, ENS de Nouakchott, 103 p. Mauritanie.
7. BARRY, J.P. & CELLES, J.C. (1991).- Flore de Mauritanie. Institut Supérieur Scientifique de Nouakchott - Université de Nice- Sophia Antipolis-
2 tomes- 550p.
8. BELLAKHDAR, J. (1977).- La Pharmacopée marocaine traditionnelle, médecine arabe ancienne et savoirs populaires. Ibis Press 764 p.
9. BELLAKHDAR, J. (1978).- Médecine traditionnelle et toxicologie Ouest-Sahariennes. Rabat, Editions Techniques nord-africaines, 365 p.
10. BEN MARABOT, K. & ABED, L. (1983). - Recueil pratique de phytothérapie traditionnelle algérienne. Revue algérienne de Pharmacie. T1,
n°1, Alger.
11. BERHAUT, J (1967).- Flore du Sénégal. Clairafrique, Dakar 485 p
12. BOULOS, L.(1983).- Medicinal Plants of North Africa. Référence Publications, Algonac, Inc. Michigan, USA. 286 p.
13. CHEIKH, M.Yeslem Ould, (1996).- Les médicaments utilisés dans la Pharmacie de Ehl MAKHARY, manuscrit 25 p., Comm. Pers. Colloque Méd.
Trad. Nouakchott, Mauritanie.
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
47
14. COLLADON, TH. F. (1816) -: Histoire naturelle et médicale des Casses, et particulièrement de la casse et des sénés employés en médecine. Chez Jean
MARTEL aîné, seul Imprimeur de la Faculté de Médecine, près de l‘Hôtel de
la Préfecture, n°62. Montpellier, réserve n°356.
15. DALZIEL, M.(1985). - The Useful Plants of West Tropical Africa. Vol. 1. Familier A-D. Royal Botanic Gardens, Kew. England. 960 p.
16. DUBIEF, P. (1937). - Médecine maure. Bulletin d’étude historique et scientifique de l’AOF, n° 20.
17. DOREAU, M. (1961). - Considérations actuelles sur l‘alimentation, ainsi que sur la pharmacopée et la thérapeutique traditionnelles au Sahara. Thèse Doc.
d‘Université en Pharmacie. N° 809 ; Strasbourg. 132 p.
18. FLEURENTIN, J. (1988).- Les pharmacopées traditionnelles du Yémen. Les actualités pharmaceutiques n° 253. p.49-50, Nancy.
19. FORTIN, D., MODOU LO, MAYNART, G. (1990). - Plantes médicinales du Sahel. 55 monographies de plantes utiles pour les soins de santé primaires.
CECI, Montréal, Québec / ENDA, Dakar, Sénégal, 279 p.
20. HAMIDOUN, M. (1952).- Précis sur la Mauritanie. Ed. Mauritaniennes n°4- Centre IFAN, St-Louis, Sénégal.
21. HIFNY SABER A. and al. (1962). – The identification of the anthracène derivatives of the lives and pods of Cassia obovata grown in Egypt. Lioydia,
25, PP. 238-240.
22. HUTCHINSON, J. & DALZIEL, J.M. (1959-1972).- Flora of West Tropical Africa (2nd edition revue et édité par KEAY, R.W.J. et HEPPER, F.N.Vol. I,
partie 1(292p.); Vol. II, partie 2 (536 p.); Vol. III, partie 3 (544 p.); London,
Crown Agents for Overseas Governments and Administrations.
23. KERHARO, J. et ADAM, J.G.(1974).- La pharmacopée sénégalaise traditionnelle, plantes médicinales et toxiques. Ed.vigot. Paris 1011 p.
24. LERICHE, A.(1953).- Phytothérapie maure de quelques plantes et produits végétaux utilisés en thérapeutique -. Mémoires de l’IFAN n°23. Dakar,
Sénégal.
25. MAME N‘DIAK, S. (1977).- Médecine traditionnelle en milieu saharo – sahélien de la République Islamique de Mauritanie. L‘Homme et la plante.
26. MASCARE, M. (1965).- Matière médicale végétale (4 fascicules). Paris. Ed. Centre de documentation universitaire, 773 p.
-
Revue Attaalim N° 40 Année 34 Etudes
48
27. MOHAMED BEN AHMED THEHBY (1961). - La médecine prophétique. MEDBOULY, 165p. Le Caire, Egypte.
28. MOHAMED El-Arbi AL-KHATTABI (1990).- Traité des simples d‘Ibn al-Baïtar de Malaga. DAR AL-GHARB AL-ISLAMI, 487 p. Beyrout, Liban.
29. MOHAMED SALEH. Aï. (1988).- Contribution à l‘étude biogéographique de la Mauritanie. La Flore : Analyse et répartition. Mém. DEA, Laboratoire
d‘Ecologie des zones arides, Université de Nice.
30. MOHAMED VALL, A. Ould (1996).- Contribution à l'étude bioclimatique, biopédologique, floristique et ethnobotaniques de la flore ligneuse et
subligneuse de la zone du lac R'kiz au sud -ouest mauritanien. Doctorat
3°Cycle. Dakar, Sénégal.
31. MONOD, Th. (1952).- Contribution à l‘étude du peuplement de la Mauritanie. Notes botaniques sur l‘Adrar (Sahara occidental), Bull. Inst.
Fran. Afr. Noire,
i. t. XIV, n°2, 405-449.
32. NAEGELE, A. (1958).- Contribution à l‘étude de la Flore et des groupements végétaux de la Mauritanie. I, Notes sur quelques plantes récoltées aux
environs de Chinguitti (Adrar-Tmar) Bull. IFAN, t.20, série A, n°2. Dakar.
33. NESSIMI, M. NATHEM (1983).- La médecine prophétique et le progrès scientifique. Mouessessetou Errissala. Le Caire, Egypte.
34. OUEDRAOGO, A.S. (1995). - Parkia biglobosa (Léguminosae) en Afrique de l‘Ouest: Biosystématique et amélioration. Institute for Forestry and Nature
Research IBN-DLO; Wageningen, the Netherlands
35. OZENDA, P. (1983).- Flore du Sahara. Ed. Centre National de Recherche Scientifique. Paris, 1983. France.
36. POUSSET, J.L. (1989).- Plantes médicinales africaines. Utilisation pratique. Agence de coopération culturelle et technique (A.C.C.T.), Paris, France.
37. POUSSET, J.L. (1992).- Plantes médicinales africaines. Possibilités de développement. Ellipses, 1992, Paris, France.
38. SAMIR YAHYA, J. (1982).- Le traitement naturel par les plantes. MEDBOULY, Le Caire, 221 p. Egypte.
39. TODARIA, N.P., NEGI, A.K. (1992). – Pretreatment of some Indian Cassia seeds to improve their germination. Seed Sci. & Technol. 20: 583—588.