le logement populairecollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut «...

36
L'ÉCOLE SOCIALE POPULAIRE PUËL ICQ non mcnsuGL i É LE LOGEMENT POPULAIRE problème capital par le P. Joseph-P. ARCHAMBAULT, S.J. février 1947 N« 397 1961, RUE RACHEL EST, MONTRÉAL Mx : 15 sous Tou . dtoit . titmtm

Upload: others

Post on 21-Mar-2020

0 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

L 'ÉCOLE S O C I A L E POPULAIRE PUËL ICQ non mcnsuGL i É

LE

LOGEMENT POPULAIRE problème capital

par

le P. Joseph-P. ARCHAMBAULT, S.J.

février 1947 N« 397

1961, RUE RACHEL EST, MONTRÉAL

M x : 15 sous T o u . d t o i t . t i t m t m

Page 2: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

fW9 M Bit/ PUBLICATIONS DE L'E. S. P. L A , 111 IHH7

Directeur: R, P. ARCHAMBAULT. S. J.

( A b o n n e m e n t : $1.50 p a r * n )

U . L'Ecole Sociale Populaire. 2. L'Organisation ouvrière Jan* la province de

Quibex {2« édition. 1913) . Arthur Saint-Pierre 7 et 12. Lo Caiste populaire.

Alphonse Desjardins 15. L'Encyclique * Rerum noiamm s.

. . . S. S. Léon XIII 18-19. Contre l'alcool . . . Dr Joseph Gauvreau 20-21. Un catholique social: Frédéric Otanam.

Abbé Gouin. P.S.S. 30. L'Utopie socialiste— I XXX 34-35. L'Eglise et progrès social

Chanoine Desgranges 46. A propos d'immunités . R. P. Gonthier. O. P. 51. Les Avantages de l'agriculture.

R P. Alexandre Dugré, S. J. 53-54. Le Régne social du Sacré Cœur.

Abbé Gouin. P. S. S. 55. Le Comptoir coopératif . . . Anatole Vanier 59. Le Cietgé et les autre» sociales.

R. P. Archambault. S. J. 62-63-64. Vers les terres neuve*.

R. P. Alexandre Dugré. S. J. 76. Nos errements agricole*.

R. P. Edgar Colclough. S. J. 66. Le Problème socialtt sa solution.

Abbé Edmour Hébert 17. Les Semaine* sociale* E. S. P. •8-89. De l'Internationalisme au Nationalisme.

Alfred Charpentier 91. L'Action social* Antonio Perrault 92-93. La Grève et Venseignement catholique.

R P. Villeneuve. O. M. I. 94. Programme d'action sociale Ed. Montpetït 96. L'Organisation professionnelle.

. . Mgr L.-A. Piquet 97. Syndicats patronaux . . Abbé Entile Cloutier

100. U Salaire Abbé Edmour Hébert 102. La Question des chemin* de fer . . . . XXX 103. Les Caisses Desjardins, autre sociale,

Wilfrid Guérin 105. L'Organisation ouvrière catholique au Canada.

E. S. P. 106. Réformes scolaires E. S. P. 107. Le Travail du dimanche dam notre industrie.

Mgr Eugène Lapointe 110. Lo Société catholique de Protection . E. S. P. 111. Le Problème des narcotiques au Canada.

Olivier Carignan 112. Le Charbon ou Canada Paul Chartiez. S. J. 113-114. Le Nord qui t'outre . R P AI. Dugré. S. J. 115. Les Trois Etapes de la question ouvrière.

. . Abbé Edmour Hébert 116-117. Dans les chantier j.

R. P. J.-A. Deijardins. S. J. 118. Lo Mortalité infantile . Dr Joseph Gauvreau 120-121. Le Chômage Gérard Tremblay 122. L'Eucharistst et la question sociale.

R. P. Léo Boismenu. S. S, S 124. Le Patriotisme S. G. Mgr Laflèche 125. L'Apprentissage E. S. P. )26-i27. Notre problème agricole. . Charte» Gagné 126. Les Fortes hydrauliques.

R. P. Pierre Fontanel. S. J. 129. L'Art ménager , . Abbé Arm. Beauregard 130. Le Domaine rural canadien . . G. Bouchard

132. U Jeune Fille et U* autre* de charité. R. P. Adélaxd Dugré. S. J.

133-134. Pour tt contre le tabac. R. P. Pierre Fontanel. S. J.

135. Vers Témancipation économique. G.-E. Marquis

136*137. Le Travail de nuit dam le* boulangerie*. XXX

138. Expansion Industrielle dan* te Québec. G.-E. Marquis

139. Le Logement et la santé, R. P. Pierre Fontanel. S. J.

142. L'Education de la Justice. R. P. Louis Lalande. S. J.

143. Abolitionnisme ou Réglementation. . t R P. J. Saitmant. S. J.

144. L'Actionnariat syndical. . . Max. Turmann 145-146. Le Conseil national sf Education.

C.-J. Magnan 147. Jeunes d'autrefois. Jeunes d'aujourd'hui.

. . . . R. P. Maurice H.-Beaulieu, S. J. 148. Eclair eut s canadiens-français.

R. P. Adélard Dugré, S. J. 149-150. La Pulpe et le Papier.

. t R. P. Pierre Fontanel. S. J. 151. VAtelier syndical fermé . Alfred Charpentier 155. L'Effort économique de notre race.

Rodolphe Laplante 156-157. La Forci canadienne.

R. P. PieiTe Fontanel. S. J. 158. Le Caractère de P adolescent.

R. P. Paul-Emile Farley. C. S. V. 159-160. Les Allocations familiales

R P. Léon Lebel. S. J. 161. L'Association professionnelle.

Abbé Maxime Fortin 162. Federation des Œuvres d'hygiène infantile.

XXX 163. La Réforme du calendrier . J.-H. Richardson 164. Les Petite* Industries féminines è la cam­

pagne George* Bouchard 165. L'Union ouvrière.

. Abbé L.-A. Lafortune et Gérard Tremblay 166. Les Anciennes Corporations.

R. P. Stanislas. P. S. V. 167. Le Communisme international au Canada.

E. S. P. 168. Parents et Maîtres, ttur collaboration.

Abbé Arthur Maheua 169. L'Enseignement agricole d'hiver . Albert Rioua 170. Le Cinéma Oscar Hamel 171. La Criseprotestante. . R. P. Ad. Dugré. S. J. 172-173. La Formation technique.

R. P. Pierre Fontanel. S. J. 174. La Gospésie intérieur* Péninsulaire 175. Chef* ouvriers catholiques . . . L-G. Hogue 176. La Mission sociale de l'hygiène.

Dr J.-A. Baudouin 177. Les Associations ouvrière* mu Canada . E. S. P. 179. L'Indissolubilité du mariage.

R. P. E. Jombart. S. J. 180. Le Tourisme, sourct de riche***.

Eugène L'Heureux 161. Lo Vaccination antituberculeuse.

Dr J -C Bourgoin 182. L'Utilisation des sous-produits de to pèche

Joseph Risi

Page 3: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

LE LOGEMENT POPULAIRE, problème capital

p a r le P . J o s e p h - P . A R C H A M B A U L T , S. J.

L 'Éco le Sociale Popu la i r e s 'est intéressée dès sa na issance à la ques t ion d u logement . D a n s le t r a c t qu i expose son b u t e t ses m o y e n s d ' ac t ion , n o u s lisons ces l ignes : « L e s œ u v r e s d o n t l 'E . S. P . v e u t favoriser l 'éclosion a u sein d e no t r e peuple s o n t : les caisses rura les e t ouvr ières , les sec ré ta r i a t s ouvr ie r s o u bourses d e t r ava i l , les un ions professionnelles, les a te l iers d ' appren t i s sage , les pa t ronages , les sociétés coopéra t ives , les habitations à bon marché, e tc .» , e t d a n s son p r o g r a m m e : « L ' É c o l e Sociale P o p u l a i r e déclare qu 'e l le es t e n faveur d ' u n e saine législat ion sociale, n o t a m m e n t sur les p o i n t s s u i v a n t s : la r ég lemen ta t ion d u t r ava i l des femmes e t des enfan t s , la l imi ta t ion des heu res de t rava i l , l ' in te rd ic t ion d u t r ava i l d e nui t , le repos dominical , l 'hygiène des usines, fabr iques , e tc . , e t des habitations ouvrières. »

Aussi u n e des p remières b r o c h u r e s d e l ' E . S. P . fut-elle consacrée à ce t i m p o r t a n t suje t . E n fait, c 'es t t ro is n u m é r o s (9, 10 e t 11) qu 'e l le pub l i a en 1912, sous le t i t r e : le Logement de la famille ouvrière e t les sous- t i t res : « C e qu ' i l do i t ê t r e », « Ce qu ' i l es t », « C o m m e n t l ' amél iorer ».

L ' a u t e u r , M . E d o u a r d Gouin , sulpicien, v e n u de F r a n c e a u C a n a d a que lques années p lus tô t , e t r e t o u r n é depu i s d a n s son pays , n o u s y p r é sen t e u n e é t u d e fort documen tée .

C ' e s t le cas de M o n t r é a l qu i l ' intéresse. Vicaire d a n s la paroisse N o t r e - D a m e , son min is tè re lui a fait découvr i r u n e s i tua t ion l a m e n t a b l e . N o n seu lement les corps , m a i s les â m e s sont en danger . Il faut veni r à leur secours . Il faut é ca r t e r d e no t r e popu l a t i on ce péri l mor t e l . P a r quels m o y e n s ? L ' a u t e u r examine alors de quel le façon o n a agi ai l leurs, d a n s des cas semblables , pu i s il app l ique a u m a l d o n t souffre la mé t ropo le canad ienne les r emèdes employés .

Que lques années p lus t a r d , en 1917, nouvel le b r o c h u r e d u e au doc teu r J . -A. B a u d o u i n : Hygiène du logement (n° 8 69-70) ; pu i s , en 1925, t ro is ième pub l i ca t ion : le Logement et la santé (n° 139),

ÉCOLE SOCIALE P O P U L A I R E , février 1947, n° 397.

Page 4: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 2 —

p a r le P . F o n t a n e l , S. J . ; enfin, il y a u n peu p lus d ' u n a n ( sep tembre 1945): la Cité nouvelle (n° 380), rédigée en colla­b o r a t i o n '.

D I R E C T I V E S PONTIFICALES

E n s ' in té ressan t à c e t t e ques t ion , l 'École Sociale Popu la i r e n e faisait q u e suivre les di rect ives de l 'Église. Dé j à Léon X I I I , d a n s son encycl ique Rerum novarum, publ iée en 1891, écr iva i t : « Que de tous les b iens qu ' i l p rocu re à la société le t rava i l l eur reçoive u n e p a r t convenable , en fait de logement e t de v ê t e m e n t , e t qu ' i l puisse v ivre au prix de moins de p r iva t i ons e t de moins d e pe ines! »

E t P ie X I , d a n s Quadragesimo anno: « O n est effrayé... q u a n d on pense aux obs tac les q u e s o u v e n t le régime ac tue l du t rava i l , e t s u r t o u t les condi t ions déplorab les de l'habitation, a p p o r t e n t à la cohésion e t à l ' in t imi té de la vie familiale.» L e P a p e se ré joui t q u e sous l ' influence des ense ignements de Léon X I I I e t de ses disciples des « lois p ro tec t r ices » a i en t é t é adop tées conce rnan t « les t rava i l leurs , leur s an té , leurs forces, leur famille, leur logement, l 'a tel ier , les salaires, l ' a ssurance con t re les r isques du t rava i l . . .» . M a i s il d e m a n d e q u ' o n fasse encore d a v a n t a g e si o n v e u t « défendre efficacement l 'o rdre publ ic , la paix e t la t r a n ­quil l i té de la société con t r e l ' a ssau t des forces révolu t ionna i res ».

D e Sa S a i n t e t é P ie X I I nous pour r ions ci ter p lus ieurs déc la ra t ions , celle p a r exemple q u e con t i en t son discours en la fête d e la P e n t e c ô t e , le 1 e r j u in 1941 : « A u j o u r d ' h u i l ' idée d ' espace v i ta l e t la c réa t ion de tels espaces est a u cen t re des b u t s sociaux e t po l i t iques ; m a i s ne devra i t -on pas , a v a n t t o u t e chose, penser à l 'espace vi ta l de la famille e t l ibérer celle-ci des liens q u e lui imposen t des condi t ions de vie n e lui p e r m e t t a n t p a s m ê m e de concevoi r l ' idée d ' une maison à elle ? »

C e sujet , le P a p e l ' aborde s u r t o u t d a n s ses messages de Noël où il ind ique les bases fondamenta les , essentielles, d ' u n e vra ie paix . Lisons celui de 1942. N o u s y t r ouve rons t rois ou q u a t r e passages sur le d ro i t de l 'ouvr ier à posséder une maison bien à lui . Ains i : « Qui v e u t q u e l 'étoile de la paix se lève e t repose sur la société doi t . . . penser à p rocure r à c h a q u e famille u n foyer où la vie familiale, ma té r i e l l emen t e t sp i r i tue l lement saine, réussisse

1. La Cité nouvelle: l'habitation et ses problèmes, p a r le P . d 'Auteu i l R I C H A R D , S . J . , M m e Pie r re C A S C R A I N , M M . Marce l P A R I Z E A U , Aimé C O U S I N E A U , Pau l B E A U L I E U , G . - U . BOUCHER.

L'ÉCOLE SOCIALE POPULAIRE

Page 5: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 3 —

à se manifes ter d a n s sa v igueur e t d a n s sa va leur »; e t p lus loin: « Qui conna î t les g r andes Encyc l iques de N o s prédécesseurs e t N o s p récéden t s messages sa i t q u e l 'Église n 'hés i t e p a s à t i re r les conclusions p r a t i q u e s qu i dé r iven t de la noblesse mora le d u t r ava i l e t à les souten i r de t o u t le po ids de son a u t o r i t é . C e s exigences c o m p r e n n e n t , o u t r e u n j u s t e salaire suffisant aux nécessi tés de l 'ouvr ier e t de sa famille, la conse rva t ion e t le pe r fec t ionnement d ' u n o rd re social qu i r e n d e possible e t assurée , si m o d e s t e qu 'e l le soit, u n e p ropr i é t é p r ivée à t o u t e s les classes du peuple .»

DÉCLARATIONS D E L'ÉPISCOPAT

A ces d i rec t ives b ien n e t t e s des Souvera ins Pont i fes , l 'épis-copa t d u m o n d e en t ie r a fait écho . D a n s u n i m p o r t a n t v o l u m e publ ié en 1931 p a r l 'Union in t e rna t iona le d ' É t u d e s sociales: la Hiérarchie catholique et le problème social, on relève m a i n t e s l e t t r es pas to ra les ou discours d ' évêques d 'Al lemagne , d 'Angle­te r re , d 'Au t r i che , de F r a n c e c o n c e r n a n t l ' impor t ance d u loge­m e n t ».

M a i s avec la crise actuel le , ces déc la ra t ions épiscopales o n t a u g m e n t é en n o m b r e e t en v igueur . D a n s sa l e t t r e collect ive sur la Restauration sociale (11 m a r s 1941), l ' ép iscopat d e l a province d e Québec déc la re : « N o u s devons a d m e t t r e q u e la s i tua t ion des familles nombreuses dev ien t de p lus en p lu s difficile. Le salaire quo t id ien leur est insuffisant, les i m p ô t s les f rappent p lus l ou rdemen t , se loger c o n v e n a b l e m e n t dev ien t pour elles p r e s q u e u n e impossibi l i té .

« O n c o m p r e n d q u ' à ce rég ime n o t r e forte n a t a l i t é soi t sér ieusement menacée . M a i s l ' É t a t p e u t y remédier . Qu ' i l p r a t i q u e u n e po l i t ique n e t t e m e n t familiale, c o m m e l 'on t fait d ' au t r e s na t ions . Al locat ions familiales, d i m i n u t i o n d ' impô t s , logements sains e t à b o n m a r c h é : voilà, s imp lemen t indiquées , que lques mesures b ienfa isantes qu i donne ra i en t d ' i m p o r t a n t s résu l ta t s . »

L e 21 ju in 1942, les évêques d 'Angle te r re e t d u p a y s d e Galles é tab l i s sen t les cond i t ions d 'exis tence auxquel les t o u t chré t ien a droi t . Voici le s ixième p o i n t : «Les cond i t ions m i n i m u m de vie, en fait d ' hab i t a t i on , exigent q u e pe r sonne n e soit obl igé de coucher d a n s le boudo i r e t qu ' i l y a i t u n e c h a m b r e d e b a i n p a r famille. Les t a u d i s ne s au ra i en t ê t r e tolérés . Il faut les démol i r . »

1. La Hiérarchie catholique et le problème social depuis Vencyclique iRerum novarum», 1891-1931, Éd i t ions Spes , 336 pages .

FÉVRIER 1947

Page 6: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 4 —

Ceux d 'Aus t ra l i e ne son t p a s moins expl ici tes : « D a n s n o t r e pol i t ique du logement , nous devons n o u s app l iquer à cons t ru i re des logements qu i soient de vra ies h a b i t a t i o n s familiales. L a p remière ca rac té r i s t ique d ' u n vra i foyer est q u ' o n do i t y t r o u v e r b e a u c o u p d 'espace : de la p lace p o u r p lus ieurs enfants , de la p lace p o u r les besoins d u m é n a g e e t de la famille, de l 'espace pour le j a rd inage e t le jeu. N o u s nous opposons v igoureusement à ce q u ' o n loge les ouvr ie rs d a n s d e vas t e s conciergeries ou d a n s des maisons t r o p pe t i tes . N o u s comprenons que d a n s les g randes villes il soit difficile d 'ob ten i r assez de t e r ra in à des condi t ions a v a n t a g e u s e s p o u r loger c o n v e n a b l e m e n t u n e popu la t ion consi­dérable . Il es t donc t rès i m p o r t a n t q u e les n o u v e a u x développe­m e n t s s 'é tabl issent , a u t a n t q u e possible, d a n s de pe t i t e s villes ou, d u moins , à la pér iphér ie des g randes villes, selon un p lan général d ' u r b a n i s m e régional .

« P o u r q u e la vie de famille s 'épanouisse, il es t t rès souhai ­t ab le que la famille possède son chez-soi. L e p ropr ié ta i re amél iore son hab i t a t i on , il s 'en enorgueil l i t , il s 'y a t t a c h e . N o u s préconi­sons fo r tement q u e t o u t proje t gouve rnemen ta l prévoie la v e n t e des h a b i t a t i o n s à leurs h a b i t a n t s con t re u n e mise de fonds peu élevée, e t q u e l ' admin i s t r a t ion pub l ique assure des p rê t s à la po r t ée de la masse des t ravai l leurs , leur p e r m e t t a n t de deveni r propr ié ta i res .»

O n t r o u v e r a en append ice l ' impor t an t e l e t t r e de l 'épiscopat d 'Ecosse . El le es t consacrée t o u t ent ière à ce g rave p rob lème. P lus ieurs évêques de F r a n c e l 'ont aussi t r a i t é , en t r e a u t r e s le ca rd ina l Suha rd , a r chevêque de P a r i s 1 . D e m ê m e ceux des É t a t s - U n i s , soit d a n s des déc la ra t ions collectives, soit d a n s des m a n d e m e n t s ou discours par t icu l ie rs . T o u t r é c e m m e n t encore, l ' a r chevêque de New-York , S. É m . le card ina l Spel lman, p rononça i t une vigoureuse a l locut ion où il disai t n o t a m m e n t :

« Le régime d é m o c r a t i q u e sub i t ac tue l l emen t une ép reuve capi ta le . Elle p e u t se formuler a ins i : a l lons-nous fournir à nos v é t é r a n s des ma i sons où ils pu issen t v ivre e t t ravai l le r p o u r leur p a y s en pa ix c o m m e nous leur avons fourni des a rmes afin qu ' i l s pu issen t c o m b a t t r e e t mour i r p o u r leur p a y s en guer re ? Si nous n ' y réussissons pas , n o u s dev rons avoue r q u e la démocra t i e a fait faillite. E t a lors nous a u r o n s t r o m p é e t déçu non seu lement nos p rop res fils, ma i s encore t ous les peuples d u m o n d e qui ,

1. Lettre pastorale sur la Famille (carême 1946), édi t ion commen tée pa r l 'Action Popu la i re , 56 pages. E n ven te à l 'Ecole Sociale Popula i re , 35 sous .

L'ÉCOLE SOCIALE POPULAIRE

Page 7: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 5 —

pour échappe r à la t y r a n n i e de la d i c t a tu r e , se son t t o u r n é s ve r s no t r e p a y s c o m m e vers le c h â t e a u fort de la démocra t i e . C e sera le t r i o m p h e d u c o m m u n i s m e qu i c l ame à t o u t v e n a n t q u e la pol i t ique amér ica ine est désuè te e t ne p e u t r é p o n d r e aux graves p rob lèmes du jour . M a i s n o n ! n o t r e régime est encore le meilleur, il nous pe rme t , si nous le voulons , de loger, de vêt i r , de nourr i r , de gouverner e t de défendre t ous nos conc i toyens . M e t t o n s - n o u s donc à l 'œuvre , e t p r o u v o n s a u monde , p a r n o t r e condu i te , en par t icu l ie r p a r u n e saine po l i t ique d u logement , q u e la démocra t i e est encore la meil leure forme de gouver­n e m e n t

ASSOCIATIONS CATHOLIQUES

Ceux-là t r o m p e n t donc la classe ouvr iè re qu i lui d isent q u e l 'Église ca tho l ique se désintéresse de son sort , qu 'e l le p rêche a v a n t t o u t la rés ignat ion e t ne t r o u v e à lui offrir, p o u r e n d o r m i r sa misère, q u e « la religion, o p i u m d u peup le ».

Sans d o u t e , l 'Église ne préconise p a s la révolu t ion . E l l e conseille la co l labora t ion des classes, l ' en t en te en t r e le cap i ta l e t le t rava i l , le respec t de la p ropr ié té pr ivée , l ' accep ta t ion chré ­t i enne des souffrances. M a i s elle n ' a d m e t p a s l ' explo i ta t ion d u faible e t le mépr i s de l ' homme , fût-il de la p lus basse ex t r ac t ion . C ' e s t pourquo i , n o u s l ' avons vu , ses chefs se son t tou jours efforcés d 'ob ten i r p o u r l 'ouvrier , b ien a v a n t les c o m m u n i s t e s e t avec p lus d ' a u t o r i t é e t de v igueur qu ' eux , u n e exis tence d igne e t convenab le .

P e u t - o n en dire a u t a n t des s imples fidèles, considérés iso­l ément ou groupés en associa t ion ?

Il existe c e r t a i n e m e n t des ind iv idus et des g r o u p e m e n t s ca tho l iques qu i o n t pr is à c œ u r ce t t e ques t ion d u logement , devenue de p lus en p lus difficile d a n s les t e m p s c r i t iques q u e nous t r ave r sons , e t qu i n ' o n t r ien épa rgné p o u r la résoudre .

N o u s reprodu isons p lus loin u n p lan é laboré e t mi s à exécu­t ion p a r des p a t r o n s chré t i ens du n o r d de la F r a n c e . E n Belgique , la « Ligue des familles nombreuses », d o n t le card ina l Merc i e r fut le p remie r p rés iden t d ' honneur , a é tab l i p o u r ses m e m b r e s u n e in s t i t u t ion appelée « F o n d s de logement ». Ce F o n d s leur fournit , écr i t u n de ses d i r igeants , « u n e a v a n c e c o m p l é m e n t a i r e qui s ' a joute a u p r ê t pr inc ipa l d ' u n p remie r créancier h y p o -

1. Catholic News. 7 décembre 1946.

FÉVRIER 1947

Page 8: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 6 —

théca i re ; il se c o n t e n t e géné ra lemen t d ' une seconde h y p o t h è q u e ou de cau t ions . Le r e m b o u r s e m e n t se fait p a r mensua l i t é s égales à long t e r m e . U n c o n t r a t d 'assurance-v ie couvre les r i sques d ' un décès p r é m a t u r é du débi teur . L ' i n t é r ê t es t de 2>yi%. L ' in t e rven t i on d u F o n d s es t p r é v u e pour l ' acha t , la cons t ruc t ion e t l ' embel l issement des hab i t a t i ons . L e F o n d s a déjà accordé 7,657 p rê t s , p o u r un to ta l de près de 60 mill ions de francs belges '. »

INITIATIVES C A N A D I E N N E S

N o u s n ' a v o n s p a s encore a u C a n a d a n o t r e « ligue des familles nombreuses », bien qu 'e l les a t t e ignen t , a u mo ins d a n s n o t r e p rov ince , u n chiffre p ropor t ionne l l emen t p lus élevé q u e d a n s t o u t a u t r e p a y s e t qu 'e l les a ien t g r a n d e m e n t besoin d ' ê t r e pro tégées , m a i s diverses associa t ions sociales ou pa t r i o t i ques se s o n t intéressées à leur sor t . Ainsi la Société S a i n t - J e a n - B a p t i s t e d e M o n t r é a l cons t i t ua i t r é c e m m e n t u n « comi té p e r m a n e n t de la cons t ruc t ion familiale à bon c o m p t e » composé de qu inze spé­cial istes (archi tec tes , cons t ruc teu r s , u rban is tes , sociologues, e tc . ) cha rgés d ' é tud ie r ce problème.

A Québec , les é t u d i a n t e s de l 'École de Service social de l 'Univers i té L a v a l o n t m e n é à t r a v e r s la ville u n e in t é re s san te e n q u ê t e d o n t les conclusions révèlent la s i tua t ion s u i v a n t e : le t e r r a in h a b i t é de Québec est de b e a u c o u p t r o p exigu, les h a b i t a ­t ions sont en n o m b r e insuffisant, les ma i sons e t logements ac tue l s son t t r o p compr imés e t t r op p e t i t s ; les maisons insalubres , c o m m u n é m e n t appelées t aud i s , y ex is ten t à l ' é t a t e n d é m i q u e e t il y a f inalement pénur i e absolue de logements spacieux, sa lubres , à bon m a r c h é , p o u r la classe la p lus n o m b r e u s e de la popu la t ion québécoise : les t rava i l l eurs e t les pe t i t s salariés .

C e g r a v e p rob l ème ne p o u v a i t laisser indifférentes les Semaines sociales d u C a n a d a . A plus ieurs de leurs sessions, il en fut ques t ion . D e s cour s spéc iaux en t r a i t è r e n t exc lus ivement a u mo ins t rois fois: à M o n t r é a l en 1923, à Sherbrooke en 1924, à Nicole t en 1940. A ce t t e dern ière Semaine , le P . d 'Auteu i l R i c h a r d , S. J . , ap rès avoi r exposé la déchéance phys ique , intel­lectuelle e t mora le q u e p rodu i sa i t le t aud is , i nd iqua i t ses p rogrès d a n s n o t r e p a y s , en par t icu l ie r à M o n t r é a l , e t t e r m i n a i t p a r ce t a p p e l : « Si n o u s vou lons ga rde r v ive la foi ch ré t i enne d e n o t r e

1. Relations, novembre 1946, «Un m o u v e m e n t familial en Belgique», pa r X a v i e r R Y C K M A N S .

L ÉCOLE SOCIALE POPULAIRE

Page 9: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 7 —

peup le j u s q u ' à ce jour si a d m i r a b l e m e n t fidèle, si n o u s voulons assurer à no t r e p a y s la paix e t la s tabi l i té , il es t g r a n d t e m p s q u e nous en tend ions en h a u t lieu l ' énergique This must change d e sir Kings ley Wood , alors min i s t re de la San t é , qu i déc lencha la va s t e c a m p a g n e b r i t a n n i q u e en faveur d u logement sa lub re ; il est g r a n d t e m p s q u e nos éli tes, p r e n a n t enfin conscience de leurs responsabi l i tés sociales, s ' a t t a c h e n t avec c la i rvoyance , courage e t dévouemen t , à la t â che essentielle, pour la s auvega rde des va leurs h u m a i n e s e t chré t iennes , de loger d é c e m m e n t t o u t n o t r e peuple . C e n ' es t p a s t r o p dire, qu ' i l s 'agit v r a i m e n t d ' une croi­sade. »

L a m ê m e année , l'Ordre nouveau, o rgane des Semaines sociales e t de l 'École Sociale Popula i re , qu i a v a i t s o u v e n t abo rdé le sujet , lui consacra i t un n u m é r o ent ier . A côté de que lques ar t icles sur la s i tua t ion d u logement en divers p a y s , le cas du C a n a d a e t s u r t o u t celui de M o n t r é a l é t a i en t spéc ia lement é tudiés . O n y révélai t , en s ' a p p u y a n t sur u n d o c u m e n t publ ié l ' année p r écéden t e p a r l'Office d ' I n i t i a t i v e économique de la mét ropole , les faits su ivan t s , bien suscept ibles d 'ouvr i r les yeux e t de dé t e rmine r les réa l i sa t ions u rgen t e s :

1° L ' i ndus t r i e canad i enne du b â t i m e n t sub i t depuis la crise de 1929 la régression p r o b a b l e m e n t la p lus forte de t ous les p a y s , son indice p a s s a n t (1929 = 100%) à 7 0 . 8 % en 1930, à 1 6 . 8 % en 1932, à 9 . 7 % en 1933. E n 1937, il n ' é t a i t encore r e m o n t é q u ' à 2 4 % .

2° D e 1925 à 1931, on a cons t ru i t 41,477 n o u v e a u x loge­m e n t s à M o n t r é a l , soit 5,925 p a r année en m o y e n n e . D e 1932 à 1938, on y a cons t ru i t 5,943 logements , soit u n e m o y e n n e de 849 p a r année . Le décalage se chiffrerait donc a p p r o x i m a t i v e m e n t , en pr inc ipe , à 35,000.

3° Or, on p e u t éva luer l ' accroissement de la popu la t ion à 199,500 de 1925 à 1938, soit 14,250 pa r année a u m i n i m u m . L a popu la t ion to t a l e en 1938 é t a i t de 893,000.

4° N o t a t i o n in té ressan te e t lourde de conséquence a u po in t de vue du logement : la nup t i a l i t é est en forte progress ion depu i s t rois ans . Il y eu t , en 1938, 8,608 mar iages .

5° L a p ropo r t i on des logis v a c a n t s , qu i é t a i t de 4 . 7 % en 1929, t o m b e à 3 . 7 3 % en 1936, à 1 .87% en 1938. Or, on fixe généra­l ement e n t r e 5 % et 7 % la m a r g e n o r m a l e qu i assure u n choix

FÉVRIER 1947

Page 10: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 8 —

convenab le de logements aux locata i res e t p rév ien t la hausse inconsidérée des loyers .

6° L e dé ta i l p a r q u a r t i e r révèle une s i tua t ion encore p lus a l a r m a n t e : R o s e m o n t , u n cen t r e à r evenu mod ique , n ' a v a i t q u e 67 logis v a c a n t s en 1938, soit 0 . 6 % ; Sa in t - Jacques , 0 . 5 % , e t c .

GROUPEMENTS OUVRIERS

M a i s ce son t les g r o u p e m e n t s ouvr iers , synd ica t s e t m o u v e ­m e n t s d 'Ac t ion ca tho l ique , qu i n a t u r e l l e m e n t se son t intéressés le p lus à la ques t ion . D a n s le Statut de la Jeunesse travailleuse, é laboré p a r la J . O. C . de Belgique e t d o n t la subs t ance forme la Charte internationale de la Jeunesse, p ré sen té à la Conférence I n t e r n a t i o n a l e d u T r a v a i l de P a r i s (octobre 1945), on l i t :

« L a J . O. C . demande . . . q u e les familles ouvr ières d i sposen t d ' u n foyer qu i r ende possible une vie de famille ma té r i e l l emen t e t m o r a l e m e n t sa ine e t a ide les jeunes à épanou i r p l e inemen t leur pe r sonna l i t é ;

« Q u ' à cet effet on p r a t i q u e une meil leure pol i t ique des h a b i t a t i o n s ouvr iè res e t q u e les familles, m ê m e nombreuses , t r o u v e n t a i s émen t u n foyer convenab le ;

« Q u ' u n effort m é t h o d i q u e s ' ingénie à r endre les h a b i t a t i o n s ouvr iè res p lus confor tables e t p lus r eposan tes ; qu 'e l les soient cons t ru i t e s en dehors des agg loméra t ions e t en tourées d ' un j a rd in .»

A son congrès de jui l le t 1944, la L. O. C . canad i enne é m e t t a i t le voeu « q u e l ' É t a t app l ique sans délai u n j u s t e salaire de base p o u r t ous les t r ava i l l eu r s ; des a l locat ions familiales qu i a i d e n t v é r i t a b l e m e n t les familles nombreuses ; u n e solut ion efficace a u p rob l ème du logemen t ouvr ie r c o m p o r t a n t le crédi t u rba in e t u n a p p u i spécial aux coopéra t ives d ' h a b i t a t i o n s ».

P l u s r é c e m m e n t , en n o v e m b r e 1946, ses d i r igeants , convo­q u é s à M o n t r é a l en réun ion spéciale, a d o p t a i e n t un o rd re du jou r d o n t n o u s e x t r a y o n s les ar t ic les s u i v a n t s :

« L a L . O. C . c o n s t a t e q u e la s i tua t ion , a u po in t de v u e logemen t ouvr ier , s ' aggrave de jour en j ou r : n o m b r e de ménages n ' o n t d ' a u t r e s ressources q u e de v ivre en c h a m b r e ; d a n s des ma i sons pr ivées on t r o u v e deux, t rois e t q u a t r e ménages p a r logemen t ; le n o m b r e des t a u d i s a u g m e n t e c h a q u e jou r ; sembla­bles cond i t ions poussen t les p a r e n t s à l imiter la famille, r e n d e n t impossible l ' éduca t ion des enfan ts , p o r t e n t un coup mor te l à la mora l i t é pr ivée e t pub l ique , e t c .

L'ÉCOLE SOCIALE POPULAIRE

Page 11: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 9 —

« L a L . O. C . c o n d a m n e : la non-appl ica t ion , p a r les a u t o r i t é s c o m p é t e n t e s , de la loi mora le qu i r e n d la p rop r i é t é p r ivée à l 'usage pub l i c ; on a u r a i t d û vider les ma i sons de jeu e t de p ros t i t u t i on p o u r y loger les sans-foyer; l ' iner t ie des g o u v e r n a n t s en face d ' une s i tua t ion in to lé rab le ; la to lé rance coupab le enve r s le m a r c h é noir des m a t é r i a u x de cons t ruc t ion .

« L a L . O. C . con t inue ra de réc lamer u n e loi p rov inc ia le de c réd i t ouvr ie r pour faciliter à l 'ouvr ier l 'accession à la p rop r i é t é pr ivée préconisée p a r P ie X I ; é t e n d r a sa c a m p a g n e à t o u t e la ques t ion de l ' hab i t a t ion ouvr iè re e t lui d o n n e r a u n c a r a c t è r e p e r m a n e n t p a r la c réa t ion d ' un service de recherches , de docu­m e n t a t i o n e t de p r o p a g a n d e sur le su je t ; intensifiera sa c a m p a g n e d ' é d u c a t i o n en faveur d e l ' épargne, des caisses popu la i r e s e t des coopéra t ives d ' hab i t a t i ons .

« L a L .O.C . r éc lame: une pr ior i té effective e t i m m é d i a t e sur les m a t é r i a u x p o u r la cons t ruc t ion d e ma i sons d ' h a b i t a t i o n ; l a l imi ta t ion radicale du n o m b r e de logements de moins de c inq pièces; un vas te p r o g r a m m e de cons t ruc t ion de logements à pr ix m o d i q u e ; u n e loi d e l ' h ab i t a t i on à la po r t ée des ouvr i e r s ; le m a i n t i e n du cont rô le des loyers ; un e n c o u r a g e m e n t effectif a u x coopéra t ives d ' hab i t a t i ons , à l 'exemple de l 'Aust ra l ie .

« Elle d e m a n d e encore une ac t ion concer tée e t i m m é d i a t e de t ou t e s les au to r i t é s c o m p é t e n t e s ; des mesures énergiques p o u r m e t t r e fin à l ' exploi ta t ion qu i se p r a t i q u e d a n s les maisons de chambres. »

C A M P A G N E S VIGOUREUSES

A ces v œ u x est venue s ' a jouter l ' ac t ion. T o u s s aven t quel le c a m p a g n e a r d e n t e la J . O. C . du C a n a d a m è n e depuis que lque t e m p s en faveur d ' u n c réd i t ouvr ie r : conférences mul t ip les , ar t ic les d a n s les j ou rnaux , d é m a r c h e s a u p r è s des corps pub l ics e t des g o u v e r n a n t s . E n d é c e m b r e 1946, ses chefs r e n c o n t r a i e n t les au to r i t é s fédérales e t leur c o m m u n i q u a i e n t les r é su l t a t s d ' u n e vas te e n q u ê t e condu i t e à t r a v e r s t o u t le p a y s sur la s i t ua t i on des j eunes démobi l isés de la classe ouvr ière . Le p rob l ème d u logement fut le p remie r cons idéré . Il s ' avère p lu s c r i t ique q u e j amai s . U n e solut ion i m m é d i a t e s ' impose. Quelles mesures suggère- t -on ?

1° Q u ' u n e p ropor t ion p lus g r a n d e soit accordée à la cons t ruc ­t ion résidentiel le d a n s l 'octroi des pe rmis e t des m a t é r i a u x d e cons t ruc t ion . Les dern ie rs mois accusent , en effet, u n décl in

FÉVRIER 1947

Page 12: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 10 —

m a r q u é d a n s le pou rcen t age de la cons t ruc t ion p o u r fins rési­dent iel les , ainsi q u e l ' a t t e s t e n t les chiffres s u i v a n t s sur la va leur des pe rmis oc t royés e t le pou rcen t age réservé à des fins rési­dent ie l les t i rés du MacLeans' Building Reporter de T o r o n t o :

1944 Total $292.000 100% Fins résidentielles 131.000 4 5 % Fins industrielles 161.000 5 5 %

1945 Total $409.000 100% Fins résidentielles 196,000 4 8 % Fins industrielles 213.000 5 2 %

1946 Total $460.000 100% Fins résidentielles 151.000 3 3 % Fins industrielles 310.000 6 7 %

D e 48 qu ' i l é t a i t l 'an dernier , le pou rcen t age de la cons t ruc ­t ion résidentiel le est donc t o m b é à 33 , depuis le d é b u t de 1946.

2° Que t ous les m a t é r i a u x p o u v a n t a ider à d iminue r la crise ac tuel le so ient s c rupu leusemen t ga rdés au C a n a d a t a n t q u e pers i s te ra la d i se t te d u logement .

3° Que le g o u v e r n e m e n t m e t t e en v igueur le c h a p i t r e c inqu ième d e la Lo i na t iona le sur l ' H a b i t a t i o n . C e c h a p i t r e d o n n e a u min i s t re en cause le d ro i t de faire des enquê tes , de m e n e r u n t rava i l d ' éduca t ion popula i re en ma t i è r e d ' h a b i t a t i o n . I l faut enseigner q u e les condi t ions d u logement do iven t ê t r e d é t e r m i n é e s p a r les besoins object i fs d e la famille canad ienne , p l u t ô t q u e p a r l ' ins t inct de profit . T o u t e pol i t ique d u logement qu i n ' a p a s en vue la sat isfact ion des besoins de la famille c a n a d i e n n e es t u n e po l i t ique a n t i n a t i o n a l e e t an t i ch ré t i enne .

4° Que le g o u v e r n e m e n t m e t t e u n frein à la cons t ruc t ion b e a u c o u p t r o p considérable de logements ant i fami l iaux ( t rois ou q u a t r e pièces) .

5° D e s grèves récentes o n t po r t é u n du r coup aux efforts qu i se font à t r a v e r s le p a y s , d a n s l ' indus t r ie de la cons t ruc t ion . D e parei l les grèves on t , sur n o t r e vie na t iona le , des effets aussi désas t r eux q u e n ' i m p o r t e quel a r r ê t qu i p o u r r a i t su rven i r d a n s l 'un ou l ' au t r e sec teur des services publ ics . Que l ' É t a t , pour les cas qu i ressor t issent à sa jur id ic t ion , ne tolère p lus d ' i l légali tés d a n s les re la t ions e n t r e p a t r o n s e t ouvr i e r s ; q u a n d surg i ron t de

VÉCOLE SOCIALE POPULAIRE

Page 13: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 1 1 —

nouvel les grèves, nous lui d e m a n d o n s aussi , t o u t en r e s p e c t a n t les d ro i t s des ouvr ie rs e t la vie des ent repr ises , d ' ê t r e p lus énerg ique e t d e tou jours faire passer a v a n t t o u t le b i en supér ieur de la na t i on ent iè re .

L a L. O. C . v ien t de t e rmine r de son côté u n e e n q u ê t e d a n s les p r inc ipaux cent res u rba in s de la p rov ince de Québec . O n en t r ouve ra les r é su l t a t s en appendice . É m u s p a r ces c o n s t a t a t i o n s douloureuses , les e n q u ê t e u r s o n t lancé d a n s le Front ouvrier u n e vigoureuse c a m p a g n e pour des mesures u rgen tes . Voici les p r inc ipa les qu ' i l s r é c l a m e n t :

1° L ' i n s t i t u t i on imméd ia t e , dès la p rocha ine légis lature , d ' u n e Commiss ion chargée de rechercher les p r inc ipaux m o y e n s possibles ou déjà mis en œ u v r e au C a n a d a ou à l ' é t ranger , p o u r p romouvo i r efficacement l 'accession d e la famille ouvr iè re à la p ropr ié té p r ivée ;

2° L ' é t ab l i s semen t en m ê m e t e m p s d 'une loi de Créd i t ouvr ie r a s s u r a n t la ga ran t i e to t a l e des e m p r u n t s e t p r e n a n t à la c h a r g e du t résor pub l ic une pa r t i e de l ' in té rê t sur ces e m p r u n t s ;

3° L a reconnaissance , p a r la Légis la ture , des in s t i t u t ions financières de chez nous , telles nos caisses popula i res , nos com­pagnies d ' assurances , c o m m e agen t s de p r ê t p o u r le C r é d i t ouvr ie r ;

4° L a reconnaissance éga lement des coopéra t ives d ' h a b i t a t i o n p o u r m e t t r e en œ u v r e le rég ime d u C r é d i t ouvr ie r ;

5° Le m a i n t i e n en vigueur , p o u r u n e durée indéfinie, de la loi provincia le p e r m e t t a n t aux munic ipa l i t é s d ' exemp te r d ' im­pô t la pe t i t e p ropr ié té ouvr iè re ;

6° L ' insais issabi l i té d e l a pe t i t e p rop r i é t é ouvr ière , à l 'exemple de la Pens ion a l imenta i re , e t la modif icat ion de la loi de l 'Assis tance pub l ique en faveur des ouvr ie r s p rop r i é t a i r e s ;

7° L ' e n c o u r a g e m e n t d u g o u v e r n e m e n t provincia l à une poli­t i que sociale d ' h a b i t a t i o n ouvr ière e t d 'accession p o u r l 'ouvr ier à la p ropr ié té pr ivée , e t cela p a r t ous les m o y e n s possibles.

Ces mesures conce rnen t les au to r i t é s provincia les . Au gouver­n e m e n t fédéral la L. O. C . d e m a n d e :

1° L ' a m e n d e m e n t de la loi na t iona le d u logement p o u r per ­m e t t r e à un g r a n d n o m b r e d 'ouvr ie r s d ' en profi ter ;

2° U n e n c o u r a g e m e n t par t i cu l ie r en faveur des coopéra t ives d ' h a b i t a t i o n ;

FÉVRIER 1947

Page 14: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 12 —

3° L a d iminu t ion du t aux d ' in t é rê t afin q u e le p a i e m e n t d u capi ta l e t de l ' in térê t ne représen te q u e le loyer mensuel m o y e n des familles ouvr iè res qu i , selon l ' enquê te préci tée , a t t e i n t à pe ine $20;

4° L a ga ran t i e to ta le de l ' e m p r u n t pa r le g o u v e r n e m e n t fédéral ;

5° Une a u g m e n t a t i o n e t une d i s t r ibu t ion p lus équ i t ab le des m a t é r i a u x de cons t ruc t ion , au po in t d ' a r r ê t e r les expor t a t ions d e ma té r i aux j u s q u ' à ce q u ' o n a i t remédié à l 'urgence de la s i tua t ion .

• ACTION D E L'ÉTAT

L 'appe l de l 'Église n ' a donc p a s r e t en t i en va in . P lus ieurs , d a n s no t r e p a y s c o m m e ail leurs, l ' on t e n t e n d u e t suivi . Il es t r eg re t t ab l e c e p e n d a n t q u e leur n o m b r e n ' a i t p a s é té encore p lus élevé, q u e ceux-là s u r t o u t auxque l s leur posi t ion p e r m e t t a i t d ' in te rven i r efficacement: pa t rons , gros propr ié ta i res , d i r igean ts d 'associa t ions professionnelles, au to r i t é s munic ipa les , provin­ciales e t fédérales, a ien t peu compr is l ' impor tance du p rob lème et les obl iga t ions qu ' i l leur imposai t .

N o n q u e r ien n ' a i t é t é fait. P r e n o n s , p a r exemple , l ' É t a t . Il p e u t ê t re bon de rappeler d ' a b o r d que sa t â che ne s au ra i t ê t re , c o m m e que lques -uns para i ssen t le croire, de se subs t i t ue r a u pè re de famille e t de pourvo i r lu i -même aux besoins de chacun . N o u s ne sommes p a s en régime socialiste, D i e u merci , e t , le ciel a i d a n t , nous n ' y serons p a s de s i tô t . M a i s l ' É t a t a q u a n d m ê m e l e devoir de t ravai l le r a u bien c o m m u n , d ' empêche r les abus , d ' a i d e r d i r ec t emen t ceux auxque l s son a p p u i est nécessaire, d ' o r i e n t e r e t de sou ten i r les in i t ia t ives pr ivées .

Aussi l ong t emps s u r t o u t q u e les professions ne se ron t p a s organisées en corpora t ions mun ie s de pouvoi r s qu i leur per­m e t t e n t de régler les cas d e leurs m e m b r e s , l ' É t a t devra , p a r t i ­cu l iè rement en t e m p s de crise, s ' intéresser a c t i v e m e n t aux p ro ­b lèmes qui affectent u n e g r a n d e pa r t i e de la popu la t ion .

Les e n q u ê t e u r s de l 'École de Service social de Québec font r e m a r q u e r q u e la d i s t r i bu t ion des responsabi l i tés e n t r e les t ro is au to r i t é s pub l iques est imprécise, ce qu i n u i t à leur t âche , e t ils a j o u t e n t : « On accep te de p lus en p lus qu ' i l a p p a r t i e n t a u g o u v e r n e m e n t fédéral de financer les p r o g r a m m e s de cons t ruc ­t i on p o u r t o u t le p a y s e t de fixer les n o r m e s m o y e n n e s e t idéales

L'ÉCOLE SOCIALE POPULAIRE

Page 15: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 13 —

d ' h a b i t a t i o n 1 . Il r ev ien t au g o u v e r n e m e n t provincial d ' a d a p t e r les p l ans fédéraux aux exigences e t aux nécessi tés régionales, de m e t t r e sur pied u n e législation suscept ible de faire d i spa ra î t r e les q u a r t i e r s insa lubres e t d e p romouvo i r l ' u rban i sme , ainsi q u e de p e r m e t t r e les c h a n g e m e n t s nécessaires au p résen t sy s t ème de l ' impô t foncier. E n effet, l ' hab i t a t ion est d i r ec t emen t liée à la s a n t é e t au b ien-ê t re publ ics qui re lèvent d i r ec t emen t des gouver­n e m e n t s provinc iaux . Il res te aux au to r i t é s munic ipa les d 'en­q u ê t e r su r les besoins e t les cond i t ions locales d ' hab i t a t i on , d e p répa re r les e m p l a c e m e n t s p o u r la réal isa t ion des p r o g r a m m e s d e cons t ruc t ion , d ' in tégre r ces p r o g r a m m e s d a n s les p l ans locaux d ' u rban i sme et de surveil ler la p ropr ié té , m ê m e de l ' admin is t re r q u a n d il s 'agit des maisons cons t ru i t e s p a r les au to r i t é s pub l iques . »

P a r sa loi na t iona le du logement en par t icul ier , le gouver­n e m e n t fédéral a c e r t a inemen t a d o p t é une mesure b ienfa isante , ma i s q u e d ' a u t r e s in i t ia t ives n ' aura i t - i l p a s d û p r e n d r e . Les mémoi res de la J . O. C . e t de la L . O. C. en o n t signalé p lus ieurs . Il en est deux sur lesquelles la Société S a i n t - J e a n - B a p t i s t e de M o n t r é a l a insisté lors d e son congrès d e m a r s 1946:

1° Les dég rèvemen t s d ' impô t nécessaires à l ' accro issement de la p roduc t ion des m a t é r i a u x de cons t ruc t ion ;

2° U n e meil leure d i s t r ibu t ion de ces m a t é r i a u x e t leur u t i l i sa t ion p o u r satisfaire aux besoins d u peup le canad ien d ' abord , a v a n t de combler ceux des peuples é t r ange r s .

Q u a n t aux au to r i t é s provincia les e t munic ipa les , la Socié té d ' accord avec plusieurs a u t r e s associa t ions qu 'e l le ava i t réunies le 11 décembre 1945, d e m a n d e au g o u v e r n e m e n t de la p rov ince de Québec :

1° D e se faire r e m e t t r e p a r O t t a w a t o u t e s les sources d e t axa t ion qu i lui o n t é té a b a n d o n n é e s depu i s la guerre , afin d e con t r ibuer p le inement a u règ lement d u p rob lème de la cons t ruc ­t ion à M o n t r é a l e t d a n s la p rov ince ;

2° D ' é t a b l i r le p lus t ô t possible, p a r une législation a p p r o ­priée, u n sys t ème de p r ê t hypo théca i r e u rba in , à u n t a u x suffisamment bas , p o u r favoriser l 'accession à la p rop r i é t é d u salarié de for tune modes t e .

E t à la ville de M o n t r é a l : d ' a d o p t e r une po l i t ique de dégrè-

1. Nous ferons simplement remarquer que ces normes peuvent ne pas convenir aux familles du Québec.

FÉVRIER 1947

Page 16: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 14 —

v e m e n t d ' i m p ô t s fonciers en faveur du pe t i t p ropr ié ta i re e t d e p rocéder à u n sys t ème de lo t i ssement qu i favorise la cons t ruc t ion d ' h a b i t a t i o n s p lus hygién iques .

CRISE S A N S P R É C É D E N T

Les mesures réclamées e t s u r t o u t l ' ins is tance q u ' o n y m e t p e u v e n t p a r a î t r e ex t raord ina i res . J e ne sais p lus quel min i s t re r é p o n d a i t à u n e dé léga t ion : « Vous semblez croire q u e n o u s n ' a v o n s q u e ce p rob lème à résoudre! »

Sans dou te , ce n ' es t p a s la seule ques t ion i m p o r t a n t e qu i se pose à nos gouve rnan t s . M a i s en est-il d o n t la gravi té , d o n t l 'u rgence l ' e m p o r t e n t ac tue l l ement sur celle-ci ? Q u ' o n relise les déc la ra t ions épiscopales ci tées p lus hau t , en par t icu l ie r celle du ca rd ina l Spe l lman .

N o u s t r ave r sons en effet une crise d u logement sans précé­d e n t qu i s ' é tend à t o u t le pays , d o n t elle éb ran le les assises sociales, e t qu i exige pa r conséquen t de l 'h-tat des mesures ex t raord ina i res .

Inu t i l e d ' essayer de dépe ind re la s i tua t ion actuel le . T o u s en o n t lu des descr ip t ions ag rémen tées de s t a t i s t iques . E t ceux qu i o n t voulu ouvr i r les yeux ou t end re l 'oreille o n t p u se rendre c o m p t e p a r eux-mêmes des difficultés auxquel les deva i en t faire face u n n o m b r e croissant de leurs conci toyens , e t de la c a t a s t r o p h e d o n t la société sera i t menacée si on ne remédia i t a u p lus t ô t à ce m a l .

L ' e n q u ê t e q u e la J . O. C . a menée d a n s p lus ieurs cen t re s d u p a y s , a u p r è s des j eunes ouvr ie rs r é c e m m e n t démobil isés, é tab l i t que , p a r m i ceux qu i son t mar iés , 6 0 % subissent des condi t ions de logement a b s o l u m e n t anormales . Voici que lques s t a t i s t iques :

14 sur 100 d e ces démobi l isés v iven t p r é s e n t e m e n t en c h a m b r e ; 30 sur 100 o n t dû se loger chez leurs p a r e n t s ou leurs beaux-

p a r e n t s ; 18 sur 100 occupen t un logement qu i ne r épond a u c u n e m e n t

aux n o r m e s m i n i m u m reconnues p a r t o u t c o m m e indispensables à u n e vie h u m a i n e convenab le . Selon le cas , le logement est t r o p é t ro i t , insa lubre , ma l bâ t i , t r o p froid; ou encore , il n'offre p a s assez d ' espace e n v i r o n n a n t p o u r les jeux des enfants . N o m b r e u x son t les aveux de ce genre : « Il n ' y a p a s d ' égou t s d a n s m a ma i son », d i t l 'un. U n deux ième : « N o u s s o m m e s t rois familles, soit d ix-sept personnes , d a n s six pièces.» U n t ro is ième: « N o u s n ' a v o n s q u e t rois pièces p o u r q u a t r e adu l t e s e t un enfant . »

VÉCOLE SOCIALE POPULAIRE

Page 17: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 15 —

Q u a n t aux cél ibata i res , ils se son t logés t a n t bien que m a l d a n s leur famille, c 'es t-à-dire d a n s une maison déjà surpeuplée , où, sans q u ' a u c u n ag rand i s semen t a i t p u ê t r e fait, il a fallu t rouve r de la p lace p o u r de nouveaux enfants , p o u r un frère ou u n e s œ u r qu i se son t mar i é s e t n ' o n t p u aller hab i t e r a i l leurs .

E t la major i t é de ces j eunes songent a u mar i age . Sur t ro is cen t s in terrogés , c i n q u a n t e p o u r cen t c o m p t e n t se mar i e r b ien tô t . O ù t rouveron t - i l s u n l o g e m e n t ? L e u r faudra-t- i l demeure r où ils sont , r endre p lus difficiles encore des condi t ions déjà in tenab les ?

O n p o u r r a i t en dire p r e s q u e a u t a n t de la s i tua t ion générale . R e p r e n o n s le cas d e M o n t r é a l . Dé jà , en 1944, a v a n t q u e nos so lda t s soient r evenus , n o u s é t ions en pleine crise de logement . « Q u a n d n o r m a l e m e n t , l isons-nous d a n s u n bul le t in social de ce t t e année , on dev ra i t al louer 5 à 7 % de logements v a c a n t s d a n s u n e ville, la s t a t i s t i que é t ab l i t que , des 3,619 maisons n o n hab i t ées en 1939, il n ' e n res te p lus u n e seule disponible . D e plus, 1,100 familles logent d a n s des caves, des magas ins dépour ­vus d ' ins ta l la t ions san i ta i res usuel les; 4 0 % des ma i sons son t hab i t ées p a r p lu s d ' une famille; 5,000 familles nombreuses v iven t d a n s des logis de t rois , q u a t r e ou cinq pièces. C e r t a i n s locaux a b r i t e n t j u s q u ' à v ing t - sep t e t v ing t -hu i t pe r sonnes sous le m ê m e to i t ; 3,382 avis d e d é m é n a g e m e n t o n t é t é donnés p o u r le mois d e m a i ; 4,412 d e m a n d e s de logement o n t é t é adressées e t , en résumé, u n u r g e n t besoin de 5,000 logemen t s se fait s e n t i r l . »

E t la crise depuis n ' a fait q u ' a u g m e n t e r , c o m m e en t émoigne la récente e n q u ê t e de la L . O. C . C e qu i est p lus i n q u i é t a n t en­core, elle n ' e s t p a s r endue , si n o u s en c royons le min i s t re de la Recons t ruc t ion , M . H o w e , à son p o i n t cu lminan t . N e décla­rait-il p a s à la C h a m b r e des C o m m u n e s , en jui l let 1946, q u e la s i tua t ion s ' aggravera i t d' ici que lques mois d a n s une p ropor t ion d ' au moins 2 0 %

DEVOIR U R G E N T

S i t u a t i o n désespérée, a l o r s ? N o n , il n ' e s t p a s de crise à laquelle des h o m m e s de c œ u r e t de vo lon té ne pu i ssen t faire face, il n ' e s t p a s de s i tua t ion , si c r i t ique soit-elle, q u e ces h o m m e s n e

1. La Voix des Œuvres, février 1944. 2. We can anticipate by the spring of 1947 an immediate house deficit of 180,000

housing units, or a worsening of the situation by 20%.

FÉVRIER 1947

Page 18: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 16 —

puissen t améliorer , redresser , t ransformer , s'ils y a p p o r t e n t , avec leur dé t e rmina t ion , de la compé tence , de la m é t h o d e , d e la coord ina t ion .

L a crise d u logement d a n s no t r e p a y s est ac tue l l ement si a iguë, de telles va leurs matér ie l les e t mora les y son t engagées, q u ' u n e ac t ion énerg ique e t imméd ia t e s ' impose à laquelle devra ien t col laborer tous les bons c i toyens .

Responsab les en bonne pa r t i e de cet é t a t de choses qu i ne d a t e p a s d e la guerre , n o u s l ' avons vu, e t q u ' o n a laissé s ' aggraver d ' année en année , les au to r i t é s do iven t ê t re les p r inc ipaux agen t s de son redressement . N o s d é p u t é s sont ac tue l l ement en session à O t t a w a e t à Québec . Ils ne dev ra i en t p a s se séparer sans q u e des mesures de salut a ien t é té prises t a n t par le gouver­n e m e n t fédéral q u e p a r le g o u v e r n e m e n t provincia l . Q u ' o n songe à l'effort de guer re e t q u ' o n n 'hés i t e p a s d e v a n t l'effort de pa ix!

M a i s les corps publics , nos g r o u p e m e n t s professionnels, sociaux, pa t r io t iques , e t m ê m e t o u t c i toyen qu i jou i t de que lque influence, son t aussi t enus de faire que lque chose, ne serai t -ce q u ' u n e in te rven t ion énerg ique auprès de nos g o u v e r n a n t s p o u r les amene r à agir . L a coord ina t ion de ces efforts es t é v i d e m m e n t u n e condi t ion essentielle de leurs succès. U n o rgan i sme u n i q u e devra i t ê t re cons t i tué , c o m m e il y en eu t d u r a n t la guerre p o u r lancer les e m p r u n t s ou mobil iser les secours.

C e t o rgan isme p o u r r a i t é tabl i r , avec l 'a ide d ' exper t s e t de sociologues, un p r o g r a m m e v r a i m e n t efficace e t p r a t i q u e . Dé jà diverses suggest ions o n t é té faites. N o u s en avons m e n t i o n n é que lques -unes au cours de ces pages . O n en t r o u v e r a d ' a u t r e s en appendice . Il ne nous rev ient pas d ' ind iquer les meil leures. Ce la dépasse n o t r e compé tence . N o u s nous p e r m e t t o n s c e p e n d a n t d ' a t t i r e r l ' a t t en t ion sur la mesure préconisée depuis que lque t e m p s pa r la J . O. C . e t la L. O. C . e t que plusieurs a u t r e s m o u v e ­m e n t s o n t a p p u y é e : le crédi t u rba in ou ouvr ie r à in té rê t mi­n ime et à long r embour semen t .

Les bienfai ts que les cu l t iva t eu r s o n t re t i rés du crédi t agricole, le c réd i t ouvr ie r les a p p o r t e r a v ra i semblab lemen t aux t ravai l leurs . Il faudra i t u n e loi provincia le qu i c o m p l é t â t la loi fédérale de l ' hab i t a t ion en acco rdan t un p r ê t de un e t demi ou deux pour cent , r emboursab le en t r e n t e ou q u a r a n t e ans . C e sera i t l 'accession graduel le à la pe t i t e p ropr ié té p a r la voie la p lus sûre et la moins difficile. S a n s débourse r p lu s q u e l ' équ iva len t d ' u n loyer ordi-

L'ÉCOLE SOCIALE POPULA IRE

Page 19: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 17 —

naire , les e m p r u n t e u r s p o u r r a i e n t devenir p ropr ié ta i res à la fin de leur r e m b o u r s e m e n t

D a n s une série d 'ar t ic les publ iés r écemmen t , u n sociologue mont réa la i s a exposé les a v a n t a g e s de ce t t e mesure . Il concluai t pa r ces l ignes: « Quel h o m m e p e u t se v a n t e r de réussir d a n s la vie sans ob ten i r , sous une forme ou sous une a u t r e , u n créd i t q u e l c o n q u e ? P e n d a n t les années ter r ib les de guerre q u e nous avons t raversées , des milliers de jeunes gens, pa rce q u ' o n leur en facilitait les moyens , sont devenus officiers, av i a t eu r s , a r t i sans , e tc . C ' é t a i t en s o m m e u n e mesu re de c réd i t d ' É t a t , c rédi t se chiffrant, d a n s p resque t ous les cas, à des mill iers d e dollars . C e q u ' o n a fait au cours d u p lus g r a n d ca t ac ly sme d e t o u t e l 'histoire, ne pouvons -nous le faire sur u n a u t r e p lan pour p ro téger n o t r e société en t e m p s de p a i x 2 ? »

Qui ne souscr i ra i t à ces jus tes r e m a r q u e s . Le premie r min i s t re de la p rov ince , ap rès avoir p a r u long temps opposé à ce projet , s 'est enfin déclaré en sa faveur au cours d ' u n e e n t r e v u e avec la Fédé ra t i on provincia le du T r a v a i l . Puisse-t- i l voir à sa réali­sa t ion i m m é d i a t e !

1. D'aucuns voudraient qu'on ajoute à ce crédit l'allocation-logement. En usage dans quelques pays d'Europe, elle apporte aux familles nombreuses une aide nouvelle, fournie soit par les patrons, soit par l'Etat, qui permet aux moins fortunés de s'assurer une habitation salubre. Il y a aussi les coopératives d'habitations sur lesquelles les futurs propriétaires doivent oouvoir comoter. Voir La Famille, octobre 1946, article du P . Gonzalve P O U L I N . O.F.M.

On lira aussi avec intérêt les articles suivants : Le logement, par M. J.-B. Desro­siers, P . S. S., Nos Cours, 18 janvier 1947 ; Le problème de Thabitation, par G. de Forcy, 20" Siècle, novembre i946; Devenons propriétaires, par G. de Forcy, 20* Siècle, décembre 1946 ; Alerte, par Claude Ryan, Jeunesse canadienne, janvier 1547 ; Ce qu'est le crédit ouvrier. Le Front ouvrier, 15 février 1947.

2. Démêtrius B A R I L , C. R., 31 décembre 1946.

FÉVRIER 1947

Page 20: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

APPENDICE

Logement et vie familiale Lettre pastorale de l'épiscopat écossais 1

( I e ' janvier 1946)

A l 'heure actuelle, la pensée de la paix préoccupe tous les esprits mais les menaces de l 'avenir remplissent tous les "cœurs. Lors d'une réunion récente de la hiérarchie, les évêques se sont t rouvés dans l 'obligation de faire une déclaration sur une question int imement liée au maintien de la paix: nous voulons dire le problème de Vhabi­tation. Ce sujet réclame aujourd'hui une action énergique, t an t de la par t du clergé que de la par t des laïques. L'Église a longtemps hésité avan t d' intervenir dans cette question, car la répart i t ion et l 'aménagement des maisons ne la concernent pas directement. Cependant , certains aspects de ce problème ont une répercussion morale et les conditions de logement sont devenues tellement mauvaises ces dernières années, que ces aspects ont pris aujourd'hui le caractère d 'une pressante urgence. Les évêques ont pensé qu 'à l'occasion du nouvel an — le premier depuis la fin des hostilités, — le moment étai t bien choisi pour faire une déclaration sur cette question brûlante .

E t tout d 'abord, nous insistons sur le droit qu 'a tou t homme de jouir de conditions normales de vie. Les ressources matérielles de l 'univers ont été mises par Dieu à la disposition de l 'homme, non pas pour qu 'une minorité ou que seuls les puissants en profitent, mais pour que les conditions soient telles que tout individu puisse se développer selon la volonté du Créateur . Or, ces conditions impli­quent que tous disposent au moins d 'un minimum de nourri ture, de vê tement et de logement.

Dans ce but , la nature a fourni aux hommes la possibilité d 'acquérir des ressources et de les accroître de telle sorte qu'ils puissent même garder des biens en réserve pour subvenir à leurs besoins présents et futurs, pour eux-mêmes et pour ceux dont ils ont la charge.

C'est en part ie dans ce bu t aussi que la nature a imposé aux hommes la vie en société et que les hommes se choisissent des gouvernements qui ont , entre autres, pour fonction, de veiller à ce qu 'aucun individu ne puisse — sans que ce soit sa faute — tomber dans un é t a t inférieur à ce niveau de vie minimum, du moins aussi longtemps que l'ensemble de la communauté possède des ressources suffisantes.

Or, notre pays dispose à présent de ressources suffisamment abondantes pour fournir à chaque citoyen un niveau de vie non

1. Traduction d'apr's le texte anglais publié par le Catholic Times du 11 janvier 1946. {Documentation catholique.)

L ÉCOLE SOCIALE POPULAIRE

Page 21: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 19 —

seulement minimum mais bien supérieur au niveau actuel. De l'avoir négligé, c'est une tache dans notre vie nationale. C'est sur tout dans le domaine du logement que le pays a manqué à son devoir.

Nous sommes pleinement conscients des difficultés qui ont existé et qui existent encore dans ce domaine, mais la justice exige que toute famille soit convenablement logée. Les familles — prises isolément et dont les besoins sont si urgents — ne peuvent prat i ­quement rien faire par elles-mêmes. Ce sont donc nos gouvernants qui ont la responsabilité de vaincre ces difficultés et de porter remède à cette détresse aussi rapidement qu'il est humainement possible.

Les maux suscités par les conditions actuelles de logements indignes de l 'homme sont tellement criants et existent chez nous depuis si longtemps qu'ils sont passés à l 'état de proverbe.

Le développement spirituel de notre peuple en est re tardé; dans un grand nombre de cas, les efforts de perfectionnement éducatif sont rendus stériles ou, pour le moins, considérablement ent ravés ; la vie de famille dans le sens normal, selon la conception chrétienne, est devenue impossible, les mariages ne sont pas favorisés e t la limitation des naissances est encouragée au moment précisément où la survivance de notre race est en jeu et où il faut donc accroître le taux moyen des naissances.

Les taudis et les logements surpeuplés sont parmi les principaux facteurs qui prédisposent à la tuberculose; ils const i tuent des agents éminemment favorables à la diffusion de nombre d 'autres maladies.

Enfin, les mauvaises conditions de logement on t une répercussion immédiate sur l 'accroissement de la criminalité juvénile, problème qui devient chaque jour plus angoissant.

En plus des conséquences que nous venons de décrire, les loge­ments insuffisants consti tuent par eux-mêmes un mal physique de très grande ampli tude. Nous ne devons pas nous étendre longue­ment pour démontrer que la si tuation actuelle est notablement déficiente. D 'un bout du pays à l 'autre, les conditions de logement sont mauvaises, mais elles sont encore plus mauvaises en Ecosse qu'ailleurs. Cet te si tuation est due sans aucun doute, en ordre principal, au tr iste héritage que le passé nous a légué. E n vue de faire face, au siècle dernier, et au début de ce siècle-ci, aux besoins d'une population qui croissait rapidement, des maisons furent construites en le moins de temps possible et on n ' a t t acha guère d ' importance à la manière dont on les bâtissait . Il s 'ensuit que ces maisons ne valurent guère mieux que des baraques, et souvent elles ne disposaient d 'aucune installation sanitaire. Depuis 1918, l 'opinion publique a très heureusement modifié ses vues concernant les exigences humaines du logement et de louables efforts ont été réalisés ent re les deux guerres pour améliorer la si tuation.

En Ecosse on construisit, de 1918 à 1939, environ 350,000 maisons et, bien que certains types de maisons soient encore net te­ment sujets à critique, on peut quand même dire qu'elles répondent aux exigences du niveau de vie minimum. Bien que cet effort ait été louable et considérable, il ne fut cependant pas suffisant, quand on

FÉVRIER 1947

Page 22: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 20 —

compare l'urgence des besoins aux ressources et à la main-d 'œuvre dont on disposait.

Sur un to ta l de 1,300,000 maisons actuellement habitées en Ecosse, 900,000 environ da tent d ' avan t 1914 et 400,000 de celles-ci n 'ont pas d'installations sanitaires.

Dans les grandes villes d'Ecosse, trois maisons sur cinq n 'ont pas de salle de bain et, dans les régions rurales, deux maisons sur trois ne disposent pas d'eau courante à l 'intérieur de la maison.

En 1938, 66,500 maisons furent déclarées inhabitables. Or, toutes sont encore habitées. Duran t cette même année, on estimait qu'il fallait construire 200,000 nouvelles maisons pour remédier au surpeuplement. L'aspect de cette question, qui est probablement le plus lamentable, c'est le manque de logement pour les jeunes gens et les jeunes filles qui se sont mariés pendant la guerre. Environ 170,000 jeunes ménages n 'ont pas de maison qui leur soit propre, et ce nombre augmente chaque jour .

Personne ne peut évaluer exactement le tor t — tan t social que spirituel — causé par cette situation à notre peuple, ainsi que les angoisses et les difficultés de ces jeunes foyers, au moment préci­sément le plus précieux de la vie.

Ces chiffres nous donnent une idée des besoins immédiats . Plus d 'un demi-million de nouvelles maisons sont devenues indis­pensables pour assurer à chaque famille un logement répondant aux exigences du minimum vital . Tel est donc le premier objectif qu'il faut a t te indre. Le deuxième consiste à relever le niveau actuel des conditions de logement.

Nous devons avoir des foyers et non pas simplement des maisons. Par conséquent, toutes les maisons doivent être salubres, spacieuses et chaudes. Toute maison devrait comprendre une salle de bain et au moins trois chambres à coucher. Pour assurer l ' intimité, il semble qu'il faudrait deux salles communes (living rooms); à ce propos, la suggestion qu 'en plus, au moins une des chambres à coucher puisse, duran t la journée, ê tre transformée en silting room, est à retenir. Ceci semble, en effet, une exigence élémentaire pour les enfants qui doivent étudier à la maison. Nous déplorons qu 'en Ecosse, parmi les maisons bâties entre les deux guerres, une très forte proport ion — 7 0 % — ne disposent que de deux chambres à coucher. Pour ce motif, nous approuvons de tout cœur les recom­mandat ions du « Conseil écossais de l 'habitat ion », qui préconise un type de maison comprenant trois chambres à coucher.

Quand on fera de nouveaux plans pour les habi tat ions, il ne faudra pas seulement tenir compte de la maison comme logement de la communauté familiale, mais encore de la maison comme faisant partie d 'un plus vaste ensemble. En effet, un nouveau plan d 'urba­nisme crée une nouvelle communauté .

Par conséquent, il ne s'agit pas seulement de fournir le logement à toutes ces familles prises isolément. Il faut encore tenir compte de tout ce qui peut favoriser la vie sociale et communautaire. Ceci suppose qu 'on prévoie un minimum de place pour des églises, des écoles et des terrains de sport.

L'ÉCOLE SOCIALE POPULAIRE

Page 23: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 21 —

La réalisation de ces plans nécessitera u n travail immense. Nous sommes persuadés que dans un avenir immédiat nos ressources limitées devront servir à répondre à plusieurs autres exigences d 'une urgente nécessité.

Not re économie dilapidée par la guerre doit être restaurée et remise en ordre. Nos industries d 'exportat ion doivent se déve­lopper pour a t te indre des chiffres de production tels que nous puissions, en échange, garant ir au pays la nourri ture et tou t ce qui lui est nécessaire; il ne faut épargner aucun effort pour retrouver et même pour développer le niveau de notre population, acquis dès avan t la guerre.

Mais , à moins qu 'on ne veuille l 'anarchie, il faut prévoir un ordre de priorité. Il nous semble qu 'après avoir assuré à la population son alimentation, rien ne doit passer avan t la solution du problème de l 'habi tat ion.

Les nombreuses difficultés techniques — en particulier le problème financier — doivent être vaincues, non pas dans un avenir lointain, mais immédiatement . Les autori tés publiques ont la responsabilité de veiller à ce que chaque famille dispose du néces­saire. Ce qui ne veut pas dire que les autori tés publiques doivent elles-mêmes construire des maisons, mais cela veut dire que les autori tés — centrales ou locales — doivent supporter une part ie des charges financières.

La politique consistant à subsidier la construction d 'habi ta t ions a été prat iquée par les différents gouvernements qui se sont succédé pendant ces derniers vingt ans; mais cette politique ne doit pas servir de prétexte pour exclure des entreprises privées de construc­tion dont les efforts s 'avèrent rentables. Nous approuvons donc la décision prise, pendant la guerre, de subsidier la construction des maisons pour toutes les classes de la population.

Nos gouvernants ont proclamé leur intention de résoudre ce problème avec la même intensité d ' imagination, la même somme d'énergie, que celles qu'ils ont employées pour diriger les opérations militaires.

En t a n t que citoyens catholiques, nous ne pouvons oublier que la construction de maisons n'est pas seulement une affaire m e t t a n t en jeu des procédés mécaniques, aussi efficaces et perfectionnés que soient ceux-ci. Le foyer est le cœur et le noyau de la famille, et la création d 'un foyer est un des moyens dont les hommes disposent pour accomplir la volonté de Dieu. Tel est l'idéal que nous devons garder devant nos yeux en ent reprenant cet te tâche vitale. Les projets qui nous sont proposés exigent que le gouvernement et les autorités locales, les fournisseurs et les entrepreneurs, les commer­çants et les ouvriers, tous s 'a t tachent à une action commune.

C'est un devoir social pour tous ceux qui sont engagés dans l'industrie d'user de tous leurs moyens pour favoriser la construction de maisons, même si cela suppose qu 'on sacrifie d 'autres t ravaux parfois plus appropriés à telle ou telle entreprise. De plus, le public en général doit apporter son concours désintéressé à cette même tâche; chacun s 'abstiendra de tou t geste par lequel il semblerait tourner à son avantage personnel cet te grave si tuat ion actuelle.

FÉVRIER 1947

Page 24: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 22 —

Cet te tâche immense ne pourra être accomplie qu 'avec le concours de toutes les bonnes volontés.

En particulier, nous voudrions rappeler au clergé que ces mau­vaises conditions de logement sont si int imement liées au progrès spirituel des fidèles, qu 'aucun prêtre ne peut demeurer indifférent à la solution de ce problème. C'est donc le devoir évident de tout prêtre de prêter grande a t ten t ion aux difficultés créées par cette situation et de tendre toutes ses énergies pour tenter de supprimer des conditions aussi éminemment injustes et qui, cependant , à l 'heure actuelle, sont si répandues dans notre pays.

Déjà, la conscience publique est alertée. Quand toute la nat ion se dressera, nous pourrons espérer que rapidement ce mal, qui terni t si affreusement toute notre vie sociale, sera terrassé. E n donnant un logement convenable aux hommes, nous pouvons prévoir la restaurat ion de la vie familiale, dont l 'avenir même du pays dépend.

Nous pouvons dès lors, avec confiance, envisager un avenir — qui n'est pas lointain — où, dans des foyers heureux répartis dans toute la longueur et la largeur de la Grande-Bretagne, le message des anges de Noël sera écouté avec sincérité et compréhension. Ce message, nous l 'avons entendu ces dernières semaines t inter à nos oreilles: « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qui sont les amis de Dieu.»

Donné à Blairs College, Aberdeen, le l r c janvier 1946.

ANDRÉ-JOSEPH M A C D O N A L D , O . S . B . , archevêque de Saint-André et Edimbourg; D O N A L D CAMPBELL, archevêque de Glasgow; GEORGE BENNETT, évêque d'Aberdeen; GUILLAUME-HENRI MELLON, évêque de Galloway.

L'ÉCOLE SOCIALE POPULAIRE

Page 25: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

Le logement ouvrier dans les centres urbains de la province de Q u é b e c

RÉCENTE ENQUÊTE DE LA L. O. C.

Quelques tableaux révélateurs

« S'il se trouve encore des gens pour croire que nous exagérons quand nous dénonçons les lamentables conditions d 'habi ta t ion des familles ouvrières, voilà qui devrait les faire déchanter », nous dé­clarait M . Bernard Shedleur, responsable national du service de l 'habitation ouvrière à la L. O. C , en nous mont ran t les compilations de la récente enquête menée par le mouvement sur ce cuisant pro­blème. Cet te enquête comporte 3,214 échantillons répartis dans vingt-cinq centres urbains de la province dont Monréal, Québec, Les Trois-Rivières, Sherbrooke, Drummondvil le et Saint-Hya­cinthe, pour ne nommer que les principaux. L'échantillonnage, quoi­que fait au hasard, est limité aux foyers ouvriers.

A la suite de M . Shedleur et de la L. O. C , nous faisons donc une petite incursion dans le foyer ouvrier moyen de la province. Nous présenterons-nous comme visiteurs de la Saint-Vincent-de-Paul, enquêteurs du service de Bien-Etre social, envoyés du Bureau de Santé et d'Hygiène, experts en utilisation au maximum de l'espace vital, en chambreurs éventuels ou en percepteurs des comptes d'éclairage ? Visitons d'abord, au cas où nous serions tout ça. Nous y allons ? Allons-y. Tenez-vous bien.

I

„ Nombres d'années _ Coût du % ouvriers dans logement Loyer chauffage

propriétaires actuel mensuel par année

Grand total 5.9 6.2 $18.28 $79.29 Montréal 3.5 6.8 18.75 79.71 Québec 7.0 6.8 15.75 57.75 Les Trois-Rivières 5.0 6.1 18.50 62.80 Sherbrooke 4.2 6.0 18.75 97.00 Drummondville 9.1 4.7 20.75 84.46 Saint-Hyacinthe 6.2 6.3 17.96 78.20

Dans la province, moins de 6 % des ouvriers sont propriétaires du logement qu'ils habi tent . Dans un pays chrétien, ce n'est plus un problème, c'est un scandale d'envergure.

Quand on est ouvrier et locataire, on est « déménageux » par nécessité. N ' eû t été l'impossibilité physique de changer de logement depuis cinq ans, nul doute que le chiffre de 6.2, nombre d'années dans le logement actuellement habité, serait encore plus bas. Dans le t ramway, quand on étouffe, la réaction instinctive est de jouer des coudes pour se dégager.

Le travailleur paye un loyer mensuel moyen de $18.28. Or, depuis 1942, il ne s'est probablement pas bâti un seul logement dont le loyer

FÉVRIER 1947

Page 26: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 24 —

soit inférieur à $35.00 par mois. S'imagine-t-on régler ainsi le pro­blème de l 'habitation ouvrière? C'est à se demander si le peuple, le vulgaire fretin, n 'a pas le monopole absolu et exclusif du gros bon sens. Il n 'y a pas d'erreur: si le travailleur paye le double en loyer, il se privera nécessairement de manger. Concluez.

I I

Nombre de Nombre Nombre % de logis personnes d'enfants de pièces surpeuplés

Grand total 6.76 3.79 4.67 45.9 Montréal 7.4 4.07 4.46 64.8 Québec 4.6 2.7 4.0 14.0 Les Trois-Rivières. . 6.1 3.6 4.6 36.0 Sherbrooke 5.75 3.6 4.5 29.3 Drummondvi l le . . . . 6.07 3.1 5.1 18 5 S a i n t - H y a c i n t h e . . . 6.9 3.9 4.6 48.0

Notons que la moyenne pour la ville de Québec est probablement t rop basse. L'échantillonnage, fait sur tout dans le quartier Saint-Sauveur, a pu porter sur une majorité de ménages relat ivement jeunes.

N'insistons pas sur les conséquences physiques et morales de cet entassement. Dans son tonneau, Diogène, au moins, étai t seul. E t les sardines, dans leur boîte, n 'ont plus à craindre la promiscuité: elles sont mortes.

I I I

Au cas où quelqu 'un récemment tombé de la lune s'imaginerait que les mères de nos familles ouvrières font les difficiles et exigent salle de couture, salle de jeu et cuisinette, ou même un salon pour permet t re à la grande fille de recevoir son « cavalier », nous lui soumettrons le peti t tableau révélateur qui suit:

% D E FOYERS QUI N'ONT PAS D E

Cuisine Salle à manger Salon

Grand total 4.92 60.4 34.6 Montréal 6.8 66. 42. Québec 3.8 80. 38. Les Trois-Rivières 1.9 74.8 17.5 Sherbrooke 1.2 30. 32.5 Drummondvil le 1.6 75.6 11.7 Saint-Hyacinthe 0.8 21 . 30.

IV

Le problème du logement a changé d'aspect depuis une année ou deux. Ceux qui couchent à la belle étoile sont plus rares qu'ils n 'étaient . On s'est logé « en chambre ». Voyons plutôt .

VÉCOLE SOCIALE POPULAIRE

Page 27: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 25 —

% D E FOYERS QUI LOGENT

Grand-père grand'mèie Chambreurs D'autres ménages

Grand total 1.3 12.4 27.3 14.1 Montréal 13.8 16. 31 . 17. Québec 9. 8. 13. 3.3 Les Trois-Rivières. . . . 11.7 11.7 24. 14. Sherbrooke 6.5 9. 37. 7.6 Drummondville 7.1 8.7 29.9 10. Saint-Hyacinthe 13. 9. 35. 17.

Notons d'abord le nombre relat ivement considérable de foyers ouvriers qui gardent près d'eux les vieux parents .

2 7 . 3 % des foyers ont des « chambreurs ». E t l 'enquête ne couvre aucune maison de chambres. Ces chambreurs sont parfois des mé­nages avec ou sans enfants. Dire que 14% de nos foyers de t ra­vailleurs cohabitent avec d 'autres ménages! C'est inouï. Etes-vous un de ces rares spécimens qui peuvent marier leur garçon ou leur fille sans être obligés de les garder « en pension » chez eux ? Au grand détriment de la réputat ion déjà fort entamée des belles-mères! Sans parler des difficultés d 'adapta t ion des nouveaux époux dans un milieu si peu propice aux expériences personnelles! E t les pet i ts qui viendront! Miséricorde, Seigneur, miséricorde!

V

Où couche donc tout ce monde, parents, enfants, grands-parents et chambreurs? Défunt Hitler, un jour, voulut de l'espace vital ; on l'a pourchassé à mort . Est-ce à dire que nos foyers ouvriers soient éternellement condamnés à disputer aux ra ts un coin du por teman­teau pour y nicher la bassinette du pet i t dernier ?

% D E S PERSONNES QUI COUCHENT. . .

Dans la Dans la Dans le cuisine salle à manger salon

Grand total 5.06 3.2 7.7 Montréal 8.6 5.6 9.8 Québec 2.4 2.1 6.8 Les Trois-Rivières. . . 1.1 2 2 9.0 Sherbrooke 2.9 1*6 6.2 Drummondvil le 1.3 0.7 4.5 Saint-Hyacinthe 3.3 1.3 7.2

VI % D E S FOYERS QUI, AYANT CES PIÈCES, LES CONVERTISSENT E N CHAMBRE A COUCHER L E SOIR

Cuisine Salle à manger Salon Grand total 12.46 23.8 41.4 Montréal 19. 32. 54. Québec 8. 16.7 32.5 Les Trois-Rivières 6.9 18.2 33.5 Sherbrooke 8. 25.7 17.5 Drummondvil le 4.7 9.2 28.6 Saint-Hyacinthe 11.7 11.2 40.5

FÉVRIER 1947

Page 28: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 26 —

Quel malheur que nos ouvriers ne soient pas tous arpenteurs , architectes ou ingénieurs! Gageons qu'il y a des pertes énormes d'espace dans le passage et le hangar où l'on pourrait loger d 'autres chambreurs . Cela simplifierait tellement le problème et permet t ra i t d 'exporter encore plus de matér iaux à l 'étranger.

VII

% D E S FOYERS QUI N'ONT

_ . . . Pas l'eau chaude Pas de bain a u r o b i n e t

Grand to ta l 42.6 62.9 Montréal 39.3 72.1 Québec 68. 90. Les T ro i s -R iv i è re s . . . . 30.1 54.4 Sherbrooke 37.7 45 . Drummondvil le 27. ' 28. Saint-Hyacinthe 43. 61.4

Heureusement que notre civilisation de progrès met l 'accent sur le confort et l 'hygiène! Cela permet à 42 .6% de nos foyers des milieux populaires de rêver de douches et de bains-tombeaux durant leur séjour hebdomadaire dans la traditionnelle cuvet te qui inspirait au regretté Louis Francœur son fameux « appel de la crasse ».

VI I I

c7 * -2* % de foyers qui 9? de logis surpeuplés *P 1 ?" 8 ont des pièces (normale: 1 pièceavec

sans fenêtre s a n s fenêtre fenêtre par personne)

Grand total 10.1 31.06 56.05 Montréal 18. 51 . 83.5 Québec 5.6 18. 36. U s Trois-Rivières. . . 6.9 20.6 40. Sherbrooke 5.7 22.8 25.6 Drummondvil le 2.5 11.8 22. Saint-Hyacinthe 3.2 19.8 52.

Près du tiers de nos foyers ont une ou plusieurs pièces sans fenêtre. Le soleil du Bon Dieu, faut croire, n'est pas pour les enfants du peuple. En effet, vous ne doutez pas un instant que ce sont les enfants qui couchent au fond de ces fameux « doubles ».

A. C.

(Le Front ouvrier, 8 février 1947.)

L'ÉCOLE SOCIALE POPULAIRE

Page 29: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

C. I. L.

Une initiative patronale

L'un des plus angoissants problèmes auxquels la France ait à faire face à l 'heure actuelle est bien celui du logement, et plus part iculièrement du logement populaire.

Combien de jeunes hésitent à se marier, parce qu'i ls ne savent où s'installer! Combien de sinistrés « campés » dans des maisons de fortune où les conditions de confort et parfois d'hygiène sont inexistantes! Combien de foyers nouvellement agrandis se t rouvent à l 'étroit dans le modeste appar tement et qui ne peuvent trouver un autre logement répondant aux nécessités créées par une ou plusieurs naissances!

Bien des compétences se sont penchées sur cet angoissant pro­blème du logement sans aboutir à des solutions prat iques. Aussi l 'initiative prise par le Comité interprofessionnel du logement (C. I. L.) de Roubaix-Tourcoing revêt-elle une importance toute particulière.

Ce Comité vient d'édifier à Mouvaux, dans les environs immé­diats de la grande agglomération nordiste, une cité expérimentale qui présente un ensemble extrêmement intéressant de maisons en matériaux classiques, mais conçues en utilisant toutes les ressources de la technique moderne et de maisons préfabriquées françaises, définitives e t rationnelles, susceptibles d 'être construites en grande série dès 1947.

L'ALLOCATION-LOGEMENT

L'une des principales initiatives du C. I. L. a été l ' insti tution de l'allocation-logement qui est versée actuellement à 34,000 familles.

L'allocation-logement a pour bu t de rétablir la rentabili té de la construction en demandan t au travailleur un effort maximum de 10 à 1 5 % de son salaire pour se loger. Elle permet au chef de famille d'assurer aux siens un foyer convenable.

Voici, à t i t re d'exemple, l 'allocation, qui est proportionnelle au loyer et à l ' importance de la famille, servie par les Caisses de compensation de Roubaix-Tourcoing depuis le 1 e r janvier 1944:

Pour 2 personnes: 2 5 % du loyer; Pour 3 personnes et pour jeune ménage pendant les trois pre­

mières années: 4 0 % ; Pour 4 personnes: 5 0 % ; Pour 5 personnes: 6 0 % ; Pour 6 personnes et plus: 6 5 % . A l'origine, le coût de cette allocation s'élevait à 4 % des salaires.

Par suite de l 'augmentat ion des salaires, il est descendu à: 2.50% en mars 1945; 1.48% en juin 1945; 0 .90% en juin 1946. Il est actuellement d'environ 0.70%.

FÉVRIER 1947

Page 30: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 28 —

LE FINANCEMENT DE LA CONSTRUCTION

Pour résoudre le problème du logement populaire, le C. I. L. fait édifier des habi tat ions pour l'ensemble des industries de Rou-baix-Tourcoing; il coopère, par son bureau d'études, avec les municipalités et confie à des sociétés d 'habi tat ions populaires la réalisation du plan financé par lui.

A cet effet, le C. I. L. est alimenté par une cotisation des em­ployeurs proportionnelle à l ' importance de leur établissement, fixée initialement à 2 % des salaires payés et réduite à 1 % pendant la période de démarrage (signalons que 9 7 % des employeurs de Roubaix-Tourcoing ont adhéré au C. I . L.) . D é p l u s , le C. I . L . est géré par les représentants des groupements d 'employeurs et des syndicats de travailleurs (C. F . T. C , C. G. T., C. G. C ) .

Aux cotisations des employeurs s'ajoute une somme égale provenant d 'emprunts gagés par les constructions et amortis par les loyers.

Le bu t du C. I . L. est le remplacement progressif des milliers de logements insalubres. En 1946, 100 logements ont été réalisés. Il en est prévu 300 pour 1947.

L'ACCESSION À LA PROPRIÉTÉ

Pour donner à l 'épargnant la possibilité de faire bâtir sa maison familiale d 'après les plans et sur le terrain de son choix, le C. I. L. a créé l 'Union mutuelle immobilière de crédit (U. M. I. C.). Les contra ts sont réservés aux membres du personnel des établissements industriels et commerciaux affiliés au C. I . L . Au bout de vingt ans, l 'adhérent possède sa maison en ne payan t qu 'un loyer. Les 240 mensualités bénéficient de l 'allocation-logement calculée en raison de l'accession à la propriété avec une franchise de départ de 5 % du salaire ou du t ra i tement . En cas de décès de l 'adhérent, la veuve et les enfants n 'auraient plus rien à verser et garderaient la propriété de la maison grâce à l 'assurance-vie prévue au contra t .

*

Ces initiatives présentent donc un intérêt certain qui dépasse de beaucoup le cadre régional. Il serait souhaitable que, dans les autres grands centres industriels de France, l 'exemple du C.I.L. soit suivi, de même qu'il serait souhaitable que l 'allocation-logement soit généralisée comme l'ont été les allocations familiales.

J .-L. BOISSEUIL. (La Croix, 24 octobre 1946).

VÉCOLE SOCIALE POPULAIRE

Page 31: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

Création de comités municipaux du logement salubre

Mémoire de la Fédération des Chambres de Commerce des Jeunes de la Province de Québec

Il existe, en notre province, un sérieux problème du logement. De multiples enquêtes faites sur les conditions d 'habi ta t ion qui prévalent encore dans la p lupar t de nos villes nous le révèlent avec assez d'évidence.

L' intérêt que nous avons toujours porté à cet impor tan t pro­blème nous incite à soumett re aux autori tés une résolution, dont le présent mémoire est une annexe, recommandant l 'étude immédiate du problème de l 'habitat ion dans chaque localité de cette province, afin de faire disparaître les taudis et de promouvoir la construction de logements salubres, selon les plans des cités ouvrières ou cités-jardins.

Le bu t principal de cette résolution est d 'obtenir des autori tés municipales de toutes nos cités et villes qu'elles placent au premier plan de leurs préoccupations cet te grande question sociale de l 'assainissement et de la rénovation des quart iers de taudis .

L'ordre social comme l'hygiène publique exigent que la popula­tion urbaine soit logée dans des maisons salubres. On doit, en effet, rechercher pour les individus un maximum de bien-être qui suppose le confort, voire la beauté . Pour cela, il leur faut une quant i té suffisante d'air, de lumière et d'espace. D'où est né le problème du logement.

Les Chambres de Commerce des Jeunes sont déjà assez au fait de la s i tuat ion du logement; elles en connaissent l ' importance au point de vue économique et social.

Elles sont également au courant des principales causes qui ont créé le problème du logement dans la p lupar t des villes de cet te province et nous ne voulons que les énumérer:

a) Niveau t rop bas des salaires qui ne permet ten t pas aux individus, part iculièrement aux ouvriers, de se loger convenable­ment;

b) Industrial isat ion effrénée et sans contrôle qui amène forcé­ment les conditions déplorables d 'habi ta t ion qui prévalent encore dans les villes;

c) Individualisme et capitalisme abominable, oublieux des principes de solidarité, d 'humanisme chrétien et de la plus élémen­taire sociologie;

d) Absence de préoccupations sociales chez la p lupar t de nés dirigeants;

e) Ignorance pra t ique des lois élémentaires de l 'urbanisme dans le peuple comme chez l'élite.

Nous n 'avons pas l ' intention de faire porter notre mémoire uniquement sur l 'étude de ces diverses causes qui ont empêché jusqu'ici la construction de logements salubres. Nous laisserons

FÉVRIER 1947

Page 32: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 30 —

également à d 'autres le soin d 'analyser les conséquences désas­treuses de l 'habi tat ion insalubre sur la santé physique et morale de notre peuple.

Nous voulons plutôt apporter certaines suggestions et proposer des réformes propres à faire disparaître tous ces quart iers d 'habi­ta t ions insalubres du fait de leur emplacement ou de leur construc­tion, de même que les habi ta t ions devenues insalubres par suite de leur occupation par un t rop grand nombre de personnes.

Voici quelques suggestions que nous désirons faire:

1° Enquê te logementaire dans tous les quart iers des villes de la province: cet te première initiative sera comme un coup de sonde dans la plaie sociale et révélera des faits qui ouvriront les yeux de nos dirigeants et permet t ront d'établir la gravité t ragique du problème du logement chez nous;

2° Une fois que le casier sanitaire de chaque ville sera publié, il y aura lieu de procéder à la démolition des taudis pour ériger à leur place des cités ouvrières ou cités-jardins, selon les données de l 'urbanisme;

3° Réglementat ion sévère au point de vue urbanisme et modi­fication des règlements d'hygiène afin de prohiber les taudis de toutes sortes;

4° Assistance financière des gouvernements pour promouvoir la construction de logements salubres. Le gouvernement central devra supporter dans la plus large proport ion possible le coût de projets de reconstruction dans chacune de nos municipalités. Pour main­tenir l 'activité économique de la nation, sur tou t duran t la période d'après-guerre, le gouvernement central devra entreprendre de vastes t ravaux d 'urbanisme et de construction d 'habi ta t ions . Nous croyons que les sommes votées pour l 'exécution de ces t ravaux publics en vue de prévenir le chômage devront sur tout servir à lutter efficacement contre les taudis , puisque, de toutes les réformes sociales qui s ' imposent en ce moment , la réforme capitale à effectuer est de bien loger la populat ion;

5° Prépara t ion d 'un plan d'ensemble dans chaque municipalité de la province de Québec. Les t ravaux d 'urbanisme qui seront exécutés dans l 'après-guerre ne s ' improvisent pas. Il faut les préparer en vue des nécessités actuelles et des exigences de l 'avenir. Le devoir des municipalités est de se préparer immédiatement à jouer le rôle qui leur incombera dans la période de reconstruction et d'embel­lissement d'après-guerre. Elles doivent élaborer un plan d'urbanisme qui vienne aérer la superficie des villes et garantisse de l'espace, de 1 air et de l 'agrément;

6° Réfection et aménagement des vieux quart iers urbains qui ont besoin de places publiques, parcs, terrains de jeux: ordonnance des nouveaux quart iers avec leurs rues bien alignées, leurs terrains de jeux, leurs emplacements scolaires, e tc . ;

7° Pour mener à bien cet te tâche sociale, nous insistons enfin sur la création immédiate, dans chaque municipalité de la province, d 'un comité spécial dit « Comité du logement salubre ».

L ÉCOLE SOCIALE POPULAIRE

Page 33: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

— 31 —

Ce comité devrai t ê tre formé incessamment et obtenir tous les pouvoirs nécessaires pour qu'il agisse sans entrave. Pourquoi les comités locaux d 'urbanisme existant déjà ne deviendraient-ils pas en même temps des comités du logement salubre ? Encore une fois, l 'amélioration des agglomérations urbaines ne s'improvise pas. Si nous voulons livrer avec succès cet te lut te contre les taudis , il faut nous y préparer, et dès maintenant .

De plus, la Commission provinciale d 'Urbanisme, dont nous avons obtenu la création il y a quelques mois, pourrai t également jouer un rôle très impor tant comme organisme de liaison entre tous ces comités locaux, comme dispensatrice de renseignements et de technique.

Il faudra, de plus, un comité nat ional à Ot tawa, dit Comité du logement salubre, qui travaillera de concert avec les comités provin­ciaux et les comités municipaux.

Donc, guerre totale aux taudis , car ils engendrent la mort . Donnons enfin à nos populations urbaines des logis convenables, hygiéniques, des terrains de jeux, des places publiques pour les enfants, si nous voulons vra iment sauvegarder la santé publique.

L E S PLANEURS.

Imprimi potest :

Antonio D R A G O N , S. J . , provincial.

Nihil obstat :

Honorius R A Y M O N D , S. J., Cens. dioc.

Imprimatur :

t J . - C . C H A U M O N T , ÉV. d'Arena, Auxiliaire de Montréal.

1 9 février 1M7. " • '

FÉVRIER 1947

Page 34: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

Table des matières

Directives pontificales 2

Déclarations de l 'épiscopat 3-

Associations catholiques 5

Initiatives canadiennes 6

Groupements ouvriers 8

Campagnes vigoureuses 9

Action de l 'É ta t 12

Crise sans précédent 14

Devoir urgent 15

Crédit ouvrier 16

A P P E N D I C E

Lett re de l 'épiscopat écossais 18

Enquête de la L. O. C. canadienne 23

Une initiative patronale 27

Suggestion des Chambres de Commerce de Jeunes 29

L'ÉCOLE SOCIALE POPULAIRE — FÉVRIER 1947

Page 35: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

PUBLICATIONS DE L'E. S. P. {Suite)

183-184. La Ptrotut au Canada fiamali. 266 " R. P. Adél.rd Dugré. S. J. 267. 185 I.EllItt, n u maui «oc/aux il i ouvrier calha-

Itaue ^ Abbé J. Ad. Sabourin et R. P. Schelpe. S.J.

18t. L'InJuilrlt cAim/oue al le Canada. 272. . . . R. P. Pierre FonUnel. S. J.

187. La Tratatl du leunu fillu. 273. Mme w Raymond

188 Lu Cemmunaufu fiftftauu cl '« C«é 27* Juge C-E. DorKin

189. Las Œu»re> rf«m la Cïtf. , 276. R. P. Bonhomme. O. M. 1.

1&0 Le Syndicalisme catholique canadien . E. S. P . 277. 191. La Stmaln, sociale il ChlcauUml

Wilfrid Guérin 278. 192. L'Etliseet'lmaueillon syndicale

PP. Arendt et Muller. S. J. 279. 193. Nat Omhellnali . . . Soeur Allaire, etc. 194-195. Entachai» tur l'éducation dt la/auneise. 280-

S. S Pie XI 196. L'Enjeranemanl raftj/eul . . S. G Mgr ROM 282. 197 La Semaine du dimanche . . . . . . XXX 199 La Préjtnnta aux Syndltait calholleuti. XXX ISi. 200. Peur k ion Journal.

Abbé A. Robert et O. Héroul 284. 201. La Sen. catfo//eue. •

E. Mercier et G. Ladouceur 285. 204-205] Instruction au EaWaMon.Eadrat Minville 286. 206 £n Rmjfe aaoïcMaue E S. P. 20/-208. Manuel antih-ilchetlam E. S. P. 287. 209. La Participation des laïauet a Tapaihlal.

Antonio Perrault 288. 210-2ll! L'ÈncycItaut « QuaaVaaurme annoi. 289

S. S. Pie XI 212 Lt'Mar'raierArJMen.rLP.AdélardDugré.S.J. 291. 214 215. L'Etat et le mariait Juge C. E. Donon 216. L"ActUtti tactale del Drilles de Belgique. 292.

R.P Albert Muller. S. J. 293. 217-218. Cahln antlcammuniita E. S. P. 219. p o u , U colomiatlon E. S. P. 294. 220. La Rite cammuntlte.

R. P. Thomaa-M. Lamarche. O P. 295. 221 Pour la Paix E S. P. 225. La Projeiilan africofc. 296.

Abbé Georgea-M. Bilodeao 226. L u Oùerattons de Saune el I'm matalltl. 297.

. R. P. Bournival. S. J . 227. La Retour de la mire au foi" 298.

Rde Sr Gérin-Ujoia 299. 228. La Place ici enfanti n'ait peu au cinéma.

E . S . P . 300. 232-233. Pour la Restauration sociale au Canada.

E . S . P . 303.

237. L'Agriculture, amie économique d'une nation. Abbé Edouard Beaudoin 304.

238. L'Œutre de la Colonisation . Eidraa Minville 241. L'Encyclique * Quadragesima anno s. 305.

Abbé Philippe Perrier 251 -252. Journées anticommunistes— 1 . E. S. P. 306. 253. Journées anticommunistes — I l . . . E. S. P. 307. 254-255. La Menât* communiste mu Canada.

R. P. Arclïainbajlt. S. J. 308. 257 U Chômatt de U jeunesse E. S. P. 309. 258-259. Declaration — The»*» — Statut».

Ligue de la Gasaocratie 310. 262. Le Komintern. . . . Entente Internationale 263. L'Encyclique * Immortak De/». 311.

S . S . L é o n X I l l 312. 2M. 4tkxaHonM familial*» . . . . Caire Hoffner 2<>5. U t Relation» mrm Moscou E. S. P.

. la Crist libératrice . R. P. Albert Muller, S.J, Le Syndicalisme catholique au Canada.

R. P. Archambault. 5. J. 270. Les ttngUtnq an» de l'E. S. P.

Eh collaboration Comment Uabtit Corganisation corporatifs au Canada Eadras Minville L'Orientation professionnelle

Abbé Irénée Lussier 275. Pour le Christ-Roi et eentie U emmmu-nisme E. S. P , Las Exercice» spirituel».

R. P. ArcharabauJt. S. J. Ptitt Catéchisme anticommuniste.

P. Richard Arèt. S. J. La Vérité sur r Espagne.

Cardinal Itidro Goma Tomaa L'Action catholique spécialiste

R. P. Adrien Mala O. F. M. 281. Encyclique» f Dlvini Redemptoris » et • Mit brenntnder Sorge ». . . S. S. Pie XI La Formation sociale dans no» cot tige» clas­sique» Abbé Dam.cn Robert Le Vendrait saint dt l'Eglise d'Espagne.

Secrétariat de* C. M. La Coopération économique. . . Abbé L. Beauregard et Jean-B. Cloutier Le Syndicalisme national catholique . E. S. P. La Mal/aisance du capitalisme actuel.

Abbé Georges Cote L'Action catholique au Canada.

R P. Archambault. S. J. Le Problème rural No* Evéquet

290. Catéchisme dt T organisation corporative P. Richard Are». S. J.

Encyclique < Liberia» praestantiesimum ». • S. S. Léon XIII Jeunt»»a tt politique Jean Filio» Pour que site notre français.

P. Gabriel Là Rue. S. J. L'Action catholique tt tes rtligituse».

R. P. Archambault. S. J. Petit Catéchisme d'éducation %undicak. - 1 P. Richard Are». S. J. L'Industrie dan» l'économie du Canada f ran-

Oliver Awelin *our un ordre nouveau.

. . Mgr Desranleau et le Cardinal Villeneuve Mentalité communiait. Mgr J. T. McNirholai Lattre pastorale collective tur la tempérance.

No» Evéquea Lm Nationalisation des entreprit*».

Mgr Wilfrid Lebon Un* enquête sur I* communisme è Québec.

Edouard Laurent Un pays qui m ruraJtsé son enseignement pri -maire . . . . Françoii-Xavier Boudreaulc L'Eglise et te» grand» problèmes de /'heur* pré­sent* . . . S. E*c. Mgr Carton de Wiart Le Corporation professionnelle Maxim. Caron La législation anticommuniste dan» le monde.

E_ S p La Paix \S, S. Pie XII L Espagne au sortir de la guerre.

R. P. Joseph Ledit, S. J . Lettre encyclique C Sum mi Pontificatus ».

S. S. Pie XII Tempérance . . . . Dr Jean-Charles Miller Vers un ordre nouveau par Torganisation cor* potttttt* . . . . F.-A. Angers. L.-M. Cou m. . . . . E, Gibeau. M. Caron. R. Are». S. J.

Page 36: LE LOGEMENT POPULAIREcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2274203/1/230418.pdf · veut « défendre efficacement l'ordr la paie publicx et la tran , quillité de la société contre

PUBLICATIONS DE L'E. S. P. (Surte)

31 3. La Canalisation du Saint-Laurent. • Paul-Henri Guimont

314. Notre relèvement économique. ........R. P. Archambault. S. J.

31 S, L'Egltieetrordre social. Epiocopat américain 316. Notre dimanche chrétien.

S. Exc. Mgr Anastase Forget 317. La Samaritanlsme moderne ou Serolce social.

R. P. Emile Bouvier. S. J. 318. Radicalisme modarne.R. P. Joieph Ledit. S J. 319-320. La Jeunesse et l'Action catholique.

R. P. Archambault. S. J. 321. Le Racisme . . R. P. Arthur Caron. O. M. 1. 322. Les Jésuites Jean Guiraud 323. L'Education nationale . Abbé P.-Era. Gossehn 324. Lot Religieux el IAnton catholique.

R. P. Archambault. S. J. 325. La Reconstruction de ta France . . . E. S. P. 326. La Communion des saints. (Allocutions et

lettres —1) S. S. Pie XII 327. La Situation démographique de la France.

Georges Pernot 328. La Restauration sociale . . . . Nos Evêques 329. Les Basas a"une paix Juste. (Allocutions et

lettres—II) S. S. Pie XII 330. Causeries sut les encycliques . . . . E. S. P. 331. L'EsprUdel'ActloncaihollçuecToprtsPreXII.

R. P. Archambault. S. J. 332. Par delà les guerres . R. P. Joieph Ledit. S. J. 333. La Restauration de la famille française.

E. S. P. 334. La Société contemporaine . . Abbé A. Roux 333. L'Ordre nouveau. (Allocutions et

lettres-\\\) S. S. Pie XII 336. L'Action catholique et la politique.

Léo Pelland. C. R. 337. La Franc-Maçonnerie . . . S. S. Léon XIII 338. Charte du Traçait E. S. P. 339. L'Assistance a r Enfant sans Soutien (Trois-

Rivières) . Abbé Charles-Edouard Bourgeois 341. Providence divine. (Allocutions

et lettres - I V ) S. S. Pie XII 342. Le Tratallféminin et la guerre . . . E. S. P. 344. Jubilé episcopal. (Allocutions

etleUras-V) S. S. Pie XII 343. Le Droit de Suffrage . . . . George. Pelletier 346 L'Expérience communiste sociale en Russie.

B. 3. 347. L'Organisation corporative au service de la dé­

mocratie Maximilien Caron 348. Les Bienfaits du mariage. (Allocutions

lettres — VI) S. S. Pie XII 349. Les Associations neutres . Mgr Desranleau 330. Petit Guide moral du législateur.

P. Richard Art». S. J. 351. L* Problème du Jeunes qui ne fréquentent

plus l'école J. O C. 352. Le plus grand péril R. P. Archambault. S. J. 353. Ce Secrétariat permanent d'Education.

. . . . . . . R. F. Leopold. C. S. C . M. A. 354. Massage de Noel 1942. (Allocutions

et lettres-VU) S. S. Pie XII

355

356

357 358 359

360

363

364. 365,

366. 367.

368, 369. 370.

371.

372 373.

375.

376.

377. 378. 379. 380. 381.

383.

384.

385.

386.

387 389. 390. 391.

392.

393.

394.

395.

396.

397.

. L'Organisation corporattce portugaise. Oliveira Salazar

. Les Sources de t Action catholique. R. P. Archambault. S. J

Le Râle du gérant municipal . G.-E. Marquis L'Epargne . . J.-M. Leduc. N. P.. A. Riour Soucis de PEglise. (Allocutions et lettres — V1H) S. S. Pie XII

361. Pour un Ordre meilleur. R. P. Archambault. S. J.

Message au monde entier. (Allocutions et lettres - I X ) S. S. Pie XII Qui réorganisera VEurope} . Théodore Aubère L'Eglise et le nationalisme.

. P. Richard Arts, S. j Tout un peuple se dresse. E. S. P. Catéchisme au Civisme — 1.

R. P. Bona venture Péloquin. O. F. M. Ecoles s nationales s R. P. L. C. de l.éry. S. J. L'Aide a la Colonisation. . En collaboration Le Droit, soutien de Tordre International.

Antonio Perrault Pour restaurer la famille.

R. P . Archambault. S. J. Contre la prostitution E. S. P.

374. Semaine nationale de la Famille. E. S. P.

La Démocratie. (Allocutions et lettres — X). S. S. Pie XI1

Catéchisme du Clolsme—II. (Devoirs de l'é­lecteur). R. P. Bonaventure Péloquin. O.F.M. La libération de ta classe ouvrière Paul Bacon La Colonisation dans le Québec. . . E. S. P. Réforme de Ientreprise . . Patrons chrétien* La Citénouoelle U E. H. Le vingl-cinqutïme anniversaire des Semaines sociales du Canada E. S. P. La Moralité publique

P. Archambault. S. J. La situation du catholicisme au Canada

Mgr Paul Bernier Le Régne social de Jesus-Chrtsl

S. Exc. Mgr Douvllle La problème de la nationalisation

PP. Villain et Bigo. S J. 388. Notra Jeunesse . S. Exc. Mgr Courchesne Croisade de pureté Nos Êvéquei La Vague communiste E. S. P. La pensée sociale du Canada français . . . Sœur Marie-Agnès de Rome Gaudreaa Le pluralisme syndical

Gaston Tessier et Henri Pâuwels Pour la Restauration nationale . . . . Cardinaux et archevêques de France Le problème de la jeunesse

R. P. Archambault. S. J. Nationalisation et Organisation corporative^ ^

L'État portugais Olivier Salazar et S. Em. le cardinal Cerejetra

Le Logement populaire R. P. Archambault. S. J.

N. B. — Les numéros omis sont épuisés

L ' É c o l e S o c i a l e P o p u l a i r e l a i aae à c h a c u n d e aea c o l l a b o r a t e u r » la r e a p o n a a b i l i t é d e aea é c r i t s .

IMPfltMKNtt OU MtSSAflER, MONTRIAL