l'Économie française dans le monde

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L'économie française dans le monde

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Q U E S A I S - J E ?

L'économie française dans le monde

11" J E A N F O U R A S T I É

Membre de l'Institut

Treizième édition mise à jour .

1 0 0 e mil le

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D U M Ê M E A U T E U R

Dans la collection t Que sais-je ? » : La comptabilité (nO 111). La civilisation de 2001 (nO 179). La productivité (nO 557). Pourquoi nous travaillons ? (nO 818).

Autres ouvrages : Le grand espoir du vingtième siècle, progrès technique, progrès écono-

mique, progrès social, coll. • Idées t, n° 20 (Gal l imard) . Les quarante mille heures ou les problèmes du socialisme, coll. < Mé-

diat ions - (Denoël) . Les conditions de l 'esprit scientifique, coll. 4 Idées t, n° 96 (Gall imard). Idées majeures, coll. e Médiat ions t, no 47 (Denoël) . Essais de morale prospective, coll. t Médiat ions » (Denoël) . L'évolution des pr ix à long terme (Presses Universi ta ires de France) . Lettre ouverte à quatre milliards d 'hommes (Albin Michel). Des loisirs, pour quoi faire ? (Cas te rman) . Comment mon cerveau s ' informe (Robe r t Laflont) . Le long chemin des hommes (Robe r t Laffont). Pouvoir d'achat, p r i x et salaires (en col laborat ion avec Jacque l ine

FOURASTIÉ), coll. i Idées t, n° 374 (Gall imard). L a réalité économique (Robe r t LafTont). Les trente Glorieuses, 1946-1975 ( F a y a r d , e t coll. e Pluriel t). Le ja rd in du voisin : les inégalités en France, coll. s Pluriel t. Ce que je crois (Grasset) . Pourquoi les p r ix baissent (en col laborat ion avec Béatr ice BAZIL),

coll. t Pluriel -.

Les écrivains témoins du peuple (en col laborat ion avec Françoise FOVRASTlÉ), Le Livre de Poche, n° 6335.

Le rire, suite (Essai sur le rire et l ' humour ) (Denoël). D 'une France à une autre (en col labora t ion avec Jacque l ine Fou-

RASTIÉ) (Faya rd ) .

ISBN 2 13 041983 6

Dépôt légal — 1 ra édition : 1945 13, édition mise à jour : 1988, novembre

@ Presses Universitaires de France, 1945 108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris '

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INTRODUCTION

En juillet 1945, l'auteur de ces lignes remettait au directeur des Presses Universitaires de France, qui était alors Paul Angoulvent, et qui venait de fonder la collection « Que sais-je ? », un manuscrit intitulé L'économie française dans le monde. L'objet de ce petit livre était de dire en quoi la France avait manqué le train du progrès économique au cours de l'entre-deux-guerres, et comment elle pou- vait dorénavant y prendre place.

La France de 1939 était ce que nous appelons aujourd'hui un pays sous-développé ou, au mieux, un pays « en voie de développement ». Le livre, écrit, avec l'aide de mon éminent collègue du minis- tère des Finances, M. Henri Montet, au cours des derniers mois de l'occupation allemande, puis alors que tonnaient encore les V-2 et les canons de Bas- togne, s'efforçait de tirer quelques leçons de la défaite française de 1940, si dramatiquement consé- cutive à la victoire française de 1918 ; et de la vic- toire allemande de 1940, si étonnamment consé- cutive à la défaite allemande de 1918. Plus encore, le livre s'efforçait de décrire et de comprendre la puissance industrielle qui avait pu surmonter et surclasser la puissance allemande elle-même : la puissance américaine.

A cette époque et sur ces sujets, tout était encore à découvrir en France. La notion de développement économique était inconnue ; les notions de progrès technique et de productivité du travail négligées,

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l'emploi de l'énergie mécanique ne retenait pas l'attention ; les liens entre la population active et l'économie étaient ignorés. Partout, l'on déplorait la « dépopulation des campagnes » et les crises pério- diques fatales du dernier stade du capitalisme ; personne ne connaissait la terminologie « primaire, secondaire, tertiaire », personne ne soupçonnait la vocation du tertiaire à la croissance. Personne ne se posait les problèmes cruciaux de l'adaptation de la production croissante à la consommation crois- sante et de la prévision de l'emploi.

Ce sont ces problèmes et ces notions que nous nous efforçâmes de poser. Le livre répondait à l'interrogation des Français. Lecteur type, Léon Blum, qui se tourmentait plus que tout autre de son échec de 1936-1938, et qui avait souffert plus que tout autre de notre désastre de 1940, y vit un programme de relèvement et d'avenir, tout proche de celui que proposait Jean Monnet au gouver- nement provisoire du général de Gaulle. C'est ainsi que j'entrai au Commissariat général au Plan dès sa création en janvier 1946, où je devais demeurer plus de vingt ans.

La France s'engagea rapidement et profondément dans la croissance économique. Sans ralentir, en s'accélérant au contraire, le mouvement persista pendant trente ans : les trente « Glorieuses ». Pendant ces trente années, les facteurs essentiels, les procé- dures et les résultats furent ceux que l'on avait pu décrire et prévoir dès 1945. Ce petit livre put donc rester le même pendant toute la période ; il fut à neuf reprises (tous les quatre ans à peu près) réim- primé avec la simple mise à jour des statistiques (lesquelles confirmaient de plus en plus pleinement les prévisions d'origine) ; il put ainsi conserver son succès auprès des élèves, des étudiants et du grand

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public pendant une durée rarement atteinte par un livre de science économique.

Mais, aujourd'hui, ces temps que j'ai pu appeler « faciles » sont terminés. Non pas que les principes exposés dans l'édition de 1945 aient cessé d'être exacts ; mais les situations mêmes de la France et du monde ont changé ; par l'échéance même du progrès économique réalisé, la France est devenue un pays très développé ; par l'échéance même de l'extension du développement économique à un nombre croissant de nations, le monde a changé. Les vérités essentielles de 1945 sont toujours vraies et bonnes à connaître ; mais, en outre, d'autres vérités, d'autres réalités sont devenues essentielles et sont donc bonnes à dire. C'est pourquoi j'ai dû procéder à une nouvelle écriture de ce livre.

Le fait majeur de la période économique qui s'est ouverte en 1973, et qui s'est affirmée en France même à partir de 1975, est l'impossibilité de la poursuite de la croissance économique à ces rythmes voisins de 6 % l'an qui avaient caractérisé les trente Glorieuses. Il s'agissait en effet d'une véritable explosion, qui parut naturelle aux hommes qui la vécurent, qui ne parut que trop lente aux partis politiques d'opposition, mais dont la prolongation à long terme était mathématiquement impossible. En effet, par exemple, le volume physique du revenu national français, après avoir dès la fin de 1948 regagné son niveau de 1938, double une première fois de 1948 à 1961 et une seconde fois de 1961 à 1973 (1). Si ce rythme s'était maintenu, il aurait impliqué le niveau 8 en 1985 et le niveau 16 en 1997 (pour 1948 = 1).

(1) J e prends les chiffres de l ' I N S E E , tels qu' i ls figurent à l 'An- nuaire statistique de la France, 1978, p. 794-795 : 1948 = 96 ; 1973 - 381.

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La production industrielle marque un mouvement encore plus extraordinaire. On retrouve dès 1947 la base 100, qui est celle de 1938. Mais ici l'indice 400 est atteint dès la fin de l'année 1969 et l'on enre- gistre 488 en 1973 (1) ! La consommation d'énergie primaire en France passe de 80 millions de tec en 1938 à 120 millions de tec (tonnes d'équivalent charbon) en 1959, et à 265 en 1973. La consomma- tion d'électricité passe entre les deux dernières dates de 29 à 160 milliards de kilowatts-heures !

Aujourd'hui l'impossibilité physique et mathéma- tique de poursuivre de tels mouvements à l'échelle séculaire apparaît à tous les yeux. D'une part, ces progressions géométriques appellent inéluctable- ment des limites par l'énormité des nombres absolus qu'elles supposent et par l'engorgement spatial qu'elles impliquent. D'autre part, la planète ne saurait suffire à une telle boulimie des humains. Il est clair en effet que les Français ne sont pas les seuls habitants de la Terre, et qu'aucun privilège ne nous assure l'emploi prioritaire des « richesses naturelles » du globe. Or, certains nous précédant, d'autres, les plus nombreux, nous suivant, ce sont les 5 (et bientôt 6) milliards d'humains qui préten- dent atteindre ou dépasser nos propres réussites. La centaine de pays que l'on a désignés d'abord sous le nom de « pays sous-développés », puis, d'abord avec un excès d'optimisme, puis, au moins pour un nombre croissant d'entre eux, à bon droit, sous le titre de « pays en voie de développement », ne comptait donc dans l'économie mondiale des années 50 que comme fournisseurs, au prix de re- vient, de matières premières toujours surabondantes. Plusieurs commencent à compter aujourd'hui

(1) Même source.

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comme producteurs d'objets manufacturés et comme consommateurs. Quoique la production des ma- tières premières et des produits énergétiques ait pu et puisse encore être fantastiquement accrue, leur consommation a tendance à croître plus vite encore. Or la rareté, et même seulement la prévision d'une moindre disponibilité, la prévision, la crainte ou la peur de manquer d'un produit nécessaire ou même seulement désiré sont des facteurs essentiels, sans doute même le ressort essentiel de l'activité économique. Ainsi le monde est-il entré, d'abord inconsciemment, puis, depuis 1973, ouvertement, dans une phase de compétition économique plus âpre, déclenchant et pouvant déclencher, pour cer- tains produits ou à l'égard de certaines nations, des procédures brutales. Mais, quel que soit le succès local de telle ou telle de ces procédures, elles ne peuvent jouer qu'à l'avantage d'un vendeur et au détriment d'un consommateur, par l'instauration de rentes de rareté ; elles ne peuvent annuler les effets de la rareté même. Ainsi ces procédures sont- elles impuissantes à mettre fin à la situation qui leur a donné naissance.

La situation économique du monde se trouve donc aujourd'hui, et pour de longues années, très diffé- rente de celle des années 50 ; elle appelle des descrip- tions et des commentaires différents. Ce fait aurait suffit à nous astreindre à une nouvelle rédaction du présent livre. Mais d'autres faits essentiels ont de même profondément évolué ; nous les décrirons tout au long de ce livre ; je n'en cite ici que trois : la démographie française, européenne et mondiale est aujourd'hui profondément différente de ce qu'elle fut de 1945 à 1970 ; la complexité du com- merce extérieur et plus généralement de l'économie occidentale et des finances mondiales est de beau-

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coup plus grande ; la mentalité des Français, leur att i tude à l'égard des problèmes économiques, so- ciaux et politiques, est en pleine mutation.

Si l'évolution de la réalité nous conduit ainsi à décrire aujourd'hui des faits très différents de ceux de naguère, nos intentions pédagogiques et nos méthodes scientifiques n'en demeurent pas moins les mêmes. Il s'agit en effet pour les hommes d'au- jourd'hui comme pour les hommes d'hier, d'orienter le moins mal possible une réalité complexe et difficile à connaître, et qui finalement s'avère toujours rétive et grandement inattendue.

Même en période « facile », les erreurs et les échecs des décisions économiques — publiques et privées — sont innombrables et souvent graves, a fortiori au cours de temps moins faciles. Nous n'avons pas la prétention d'exposer ici les recettes qui éviteront ces erreurs et ces échecs. Mais seulement, aujour- d'hui comme en 1945, nous avons choisi la limite rigide de cette collection pour donner aux étudiants et au grand public (nous voudrions dire aussi, hélas ! aux hommes politiques), sous la forme concise propre à la mise en relief des idées essentielles, le « point des connaissances actuelles » concernant l'économie française.

L'œuvre à accomplir pour saisir le lecteur de ces questions vitales est en effet essentiellement une œuvre de synthèse. L'analyse existe depuis de longues années ; elle peuple les rayons des grandes bibliothèques publiques sous la forme de ces an- nuaires statistiques, de ces Statistical abstracts, de

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ces Statistische .Jahrbûcher, forêts inexplorées de chiffres, qui cependant décrivent la vie des peuples avec plus de précision et plus de force que les études littéraires des meilleurs historiens.

Sans doute l'opinion française est-elle méfiante en matière de statistique ; elle met volontiers en cause la valeur des chiffres et nombre de lecteurs ne veulent pas encore croire, ce qui pourtant leur apparaîtra exact, s'ils veulent bien lire ce livre, que la statistique est un moyen de description historique plus puissamment évocateur que tout autre. En effet les longues colonnes de chiffres qui se succèdent d'année en année dans les annuaires statistiques réservent à l'observateur, qui veut bien les lire et les peser, une émotion plus directe et une compréhension plus complète des réussites et des misères de l'humanité, que les développements des romanciers. C'est que le chiffre transcrit le fait brut, sans théorie et sans fard. Il place le lecteur devant le réel comme une photographie qui serait la synthèse de milliards de photographies, ou comme un film unique qui donnerait exactement au specta- teur la perception de milliards de films tournés partout et sans trêve dans le monde. Quel homme en effet résisterait à l'émotion qu'inspirent, dans les statistiques démographiques françaises, les chiffres des « classes creuses » de 1914-1918, ou le relève- ment de la mortalité infantile pendant l'occupation allemande, avec la pointe qui a marqué à Paris le mois sans feu de janvier 1945 ? Bien d'autres statis- tiques sont émouvantes ou instructives, et le plus souvent émouvantes et instructives ; je cite ici au hasard quelques rubriques : les accidents du travail, les accidents de la circulation, le suicide, la crimi- nalité, la sous-alimentation, l'habitat, le niveau d'instruction...

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Il n'en est pas moins certain que les jeux de la fin de ce siècle sont déjà pratiquement faits. En l'an 2000, ce n'est plus seulement l'Europe des Dix et les Etats-Unis qui pourront parler à égalité avec la Chine ou l'Inde : il y faudra de plus l'URSS. Il est en effet dès aujourd'hui à peu près certain que la Chine et l'Inde auront plus d'un milliard d'hommes chacune en l'an 2000, tandis que l'URSS ne dépassera guère 300 millions, l'Europe des Neuf 290, et les Etats-Unis 280.

Ceci ne doit pas pousser chaque nation à se gonfler le plus possible pour garder ou acquérir un « rang » autoritaire, qui d'ailleurs dépend autant ou plus de la culture et des arts, de l'économie et de la diplomatie que de la démographie. Au contraire, ces réflexions doivent conduire les peuples à prendre conscience du nouvel état de l'humanité, à se fédérer en grands ensembles de civilisations homogènes, à accepter leur coexistence pacifique, à se soumettre à l'autorité d'une Organisation des Nations Unies enfin dotée des pouvoirs propres à assurer la survie pacifique, ou à peu près pacifique, de l'ensemble des humains.

Crise démographique, crise économique mondiale, crise financière, crise aiguë de l'emploi, déficit du commerce extérieur, troubles politiques planétaires, cela fait bien des désordres. Tout bouge, tout est instable... L'avenir est plein de défis, d'espoirs, mais aussi d'embûches et de dangers. Les nations occi- dentales digèrent difficilement leur merveilleuse et fragile prospérité. J 'a i écrit p. 14 ci-dessus quelle pro- cédure je préconise pour faire face à cette situation.

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TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION 5

PREMIÈRE PARTIE

LES ÉLÉMENTS DE LA PUISSANCE ÉCONOMIQUE

CHAPITRE PREMIER. — La population et son emploi . 19 I. Le nombre, 20. — Il. L'emploi des hommes, 38.

CHAPITRE II. — La productivité, l'énergie mécanique, la structure industrielle 42 I. La productivité ou rendement du travail humain, 43. —

IL L'énergie mécanique, 51. — III. Les matières premières, l'équipement et la structure industrielle, 65.

DEUXIÈME PARTIE

LES RÉSULTATS

CHAPITRE III. — Importance et caractères de la produc- tion française v . 81 I. Importance de la production française, 81. — II. Carac-

tères de la production française, 86.

CHAPITRE IV. — Consommation et niveau de v ie . . . . 96

CHAPITRE V. — Commerce extérieur et adaptation de Féconomie française à l'économie mondiale 109 I. La balance commerciale, 109. — II. La balance finan-

cière, 113.

CONCLUSION Ó . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116