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WATTINNE Amélie - 1 - IUP MV I.A.E. Institut Universitaire Professionnalisé Institut d’Administration des Entreprises Marketing Vente Université de Lille 1 MEMOIRE UNIVERSITAIRE DE MAITRISE L’intérêt pour les sciences et les techniques est-il la motivation principale de visite d’un individuel dans un Musée des Sciences ? Exemple au Musée des Sciences de Lille. WATTINNE Amélie Mme Flicottaux Muriel IUP MV 3 Maître de mémoire.

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WATTINNE Amélie - 1 -

IUP MV I.A.E. Institut Universitaire Professionnalisé Institut d’Administration des Entreprises

Marketing Vente Université de Lille 1

MEMOIRE UNIVERSITAIRE DE MAITRISE

L’intérêt pour les sciences et les techniques est-il la

motivation principale de visite d’un individuel dans un

Musée des Sciences ?

Exemple au Musée des Sciences de Lille.

WATTINNE Amélie Mme Flicottaux Muriel

IUP MV 3 Maître de mémoire.

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REMERCIEMENTS

Je tiens tout d’abord à remercier mon maître de mémoire universitaire pour le temps

qu’elle m’a consacré et pour les conseils qu’elle m’a donné afin de mener à bien ce mémoire.

Je tiens également à remercier Mr Vidal, Directeur commercial du Forum des Sciences

de Villeneuve d’Ascq, pour sa participation et sa mobilisation dans mes recherches

théoriques.

Merci également à Mme Roland, dépendante du département des Publics de la

Direction des Musées de France, pour m’avoir accordé un entretien pendant lequel de

nombreuses problématiques ont été soulevées.

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SOMMAIRE

REMERCIEMENTS Page 2

SOMMAIRE Page 3

INTRODUCTION Page 6

PREMIERE PARTIE

Etat des lieux des études et des recherches sur les publics d’individuels des

musées de sciences Page 10

A) Dans le cadre d’une étude globale sur les pratiques culturelles des

français Page 11

!"Les pratiques culturelles des français : 1990- 1997. Page 11

Chapitre : La fréquentation des équipements culturels

La visite des lieux d’exposition

!"Les sujets de curiosité scientifiques des français Page 14

B) Dans le cadre d’une étude sur les musées de sciences Page 18

!"Les publics de sciences parisiens se ressemblent-ils ? Page 18

!"L’espace muséal scientifique et ses publics Page 21

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WATTINNE Amélie - 4 -

C) Dans le cadre d’une étude sur un musée de sciences Page 24

spécifique

!"Eléments de réflexion sur les musées scientifiques et techniques Page 24

!"Evolution du public du Palais de la Découverte Page 26

!"Le musée avant le musée, représentations et intentions Page 31

DEUXIEME PARTIE

Etude sur le terrain : évaluation des motivations des publics d’individuels au

Forum des sciences Page 36

A) Présentation du Forum des Sciences Page 37

1) Les activités Page 38

2) Le Forum des Sciences en chiffres Page 40

B) Commentaires sur la méthodologie des enquêtes Page 42

de fréquentation et de profil des visiteurs selon O. Donnat

1) Image des publics Page 42

2) Evolution de la fréquentation Page 46

C) Etude sur le terrain, méthodologie Page 50

1) Problématique et hypothèses Page 50

2) Questionnaire Page 51

2.1. Justification du questionnaire Page 51

2.2. Pré- test Page 52

2.3. Le mode d’administration Page 54

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3) Echantillon Page 55

4) Résultats de l’étude Page 58

4.1. Test de fiabilité de l’échelle de mesure Page 58

4.2. Fréquences et accompagnement dans la visite Page 65

4.3. Motivations Page 69

5) Discussion Page 79

TROISIEME PARTIE

La réponse des musées de sciences aux attentes de leurs publics pour valoriser

leurs motivations Page 81

A) Réponses des musées de sciences français Page 82

1) Vulgarisation scientifique Page 83

2) Moyens de communication Page 88

3) Développer la collaboration Page 91

4) L’accessibilité Page 95

B) Préoccupations des musées de sciences étrangers Page 100

en matière de publics

1) Le modèle anglais Page 101

2) Le modèle canadien Page 104

CONCLUSION Page 107

BIBLIOGRAPHIE Page 110

ANNEXES Page 112

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WATTINNE Amélie - 6 -

INTRODUCTION

Dans cette introduction, nous tenterons de répondre à quelques questions importantes

permettant de préciser la problématique de ce mémoire universitaire.

!"Qu’est-ce qu’un musée de sciences ?

Pour répondre à cette question, il faut au préalable définir la notion de musée1. Selon

l’ICOM (le conseil international des musées), «le musée est une institution permanente, sans

but lucratif, au service de la société et de son développement, ouverte au public et qui fait des

recherches concernant les témoins naturels de l’homme et de son environnement, acquiert

ceux-là, les conserve, les communique et notamment les expose à des fins d’étude,

d’éducation et de délectation ».

L’ICOM admet comme répondant à cette définition, outre les musées désignés comme tels :

!"Les instituts de conservation et galeries d’exposition, dépendant des

bibliothèques et centres d’archives ;

!"Les sites et monuments archéologiques, ethnologiques et naturels, et les

sites et monuments historiques ayant la nature d’un musée pour leurs

activités de conservation et de communication ;

!"Les institutions qui présentent des spécimens vivants tels que les jardins

botaniques et zoologiques, aquariums, vivariums…

Cette liste date de 1975, mais a été modifié en 1983, pour y ajouter :

!"Les parcs naturels ;

!"Les centres scientifiques et les planétariums.

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Les musées de sciences sont placés sous la tutelle du Ministère de l’Education

Nationale et non du Ministère de la Culture. Il veille à la diffusion de la culture scientifique,

technique et industrielle, par le soutien au développement d’un réseau national de structures

locales de plus ou moins grande envergure. Les domaines couverts par l’ensemble de ces

musées sont essentiellement les sciences de la vie, de l’univers et de l’espace, ainsi que les

sciences exactes et les techniques. Si on prend en compte l’ensemble de ces informations, on

peut estimer à près d’un millier le nombre de musées français qui conservent les collections

scientifiques, techniques et industrielles.

On parle également de CCSTI (centre de Culture Scientifique, Technique et

Industrielle).

Il s’agit des «institutions assurant les fonctions de recherche, d’étude, de conservation et de

présentation d’éléments de culture technique, jusque dans ces aspects les plus actuels, en vue

de leur mise en valeur pour contribuer à la transmission des connaissances scientifiques et

techniques, et favoriser l’innovation à l’occasion d’actions pédagogiques complètes ».

Le guide du patrimoine industrielle scientifique et technique en identifie 25.

Il faut savoir que certains centres de province seraient plutôt tournés vers la présentation de

l’état des sciences et des techniques contemporaines sans références particulières au passé et

ils ne conservent aucune collection.

A.Desvallées a proposé une typologie des musées de sciences :

!"Les musées de sciences pures (les CCSTI par exemple) ;

!"Les musées de technique pure (les musées thématiques) ;

!"Les musées industriels purs ;

!"Les musées d’histoire technique et industrielle ;

!"Les musées techniques et industriels à éclairage économique et social.

Il semble approprié de présenter une carte de France avec les localisations précises des

musées de sciences français, correspondant à la définition de tels établissements.

1 Musées et collections publiques de France, n° 206, 1995 1, p 6 à 11, Ed Office de Coopération et d’Information Muséographiques, Dijon.

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Cependant, et comme l’explique Jacqueline Eidelman2 (chargée de recherches à l’URA 887,

« sociologie de l’Education » au CNRS), il y existe un véritable problème quant au

dénombrement des musées de sciences en France. Il n’existe pas de listes précises et

disponibles des musées de sciences en France. Je n’ai donc pas pu établir d’état des lieux

précis, même si au cours de ma recherche, j’ai eu l’occasion de lire de nombreuses

descriptions de ce que l’on pourrait considérer comme musée des sciences mais qui portaient

le nom de muséums (exemple : le muséum de Nancy, ……..).

!"Parle- t’on d’un public ou de publics pour un musée de

sciences ?

Il existe une typologie de publics, déclinée de plusieurs façons : on parle de publics

d’individuels et de publics de groupes. On parle également de publics français et de publics

d’étrangers, de publics de personnes valides et de personnes handicapées, mais on peut

également décliner le public selon l’âge, la catégorie socioprofessionnelle, le niveau d’étude,

les lieux d’habitation.

On peut donc dire qu’il existe plusieurs façons d’appréhender les publics de musées de

sciences.

Ces publics ont chacun des motivations précises à la visite des musées de sciences.

Ces motivations sont différentes par la nature des critères de différentiation des publics : il est

évident que les personnes du troisième âge ne viennent pas visiter un musée de science pour

les mêmes raisons que les jeunes de 18 à 25 ans par exemple. Les premiers viendraient pour

se tenir au courant des récentes évolutions, alors que les deuxièmes viendraient à l’occasion

de leurs études ou par obligations scolaires. Ceci n’est que supposition mais elle pourrait peut-

être se vérifier.

De cette constatation se pose une question simple, sujet de problématique de ma recherche et

de mon étude : l’intérêt pour les sciences et les techniques est-il la motivation principale de

visite d’un musée de sciences pour un individuel ?

2 introduction « La lettre de l’OCIM », n°55, janvier -février 1998, Ed OCIM, Dijon.

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Il m’a semblé intéressant d’appliquer cette problématique au cas du musée de sciences

de Lille : le Forum des Sciences de Villeneuve D’Ascq, placé sous la tutelle du Ministère de

l’Education Nationale.

La méthodologie de la recherche concernant la théorie de ce mémoire universitaire a

été difficile car les musées de sciences ne sont pas l’objet principal des différentes études

ordonnées sur les musées. Généralement, les études sont préconisées par la direction interne

des différents établissements, et les bibliothèques ne recensent pas ces documents.

Ainsi, après avoir été analysé le contenu en muséologie de la Direction Régionale des

Affaires Culturelles de Lille, il m’a été nécessaire d’aller au centre de documentation de La

Villette, qui est l’établissement dont la bibliographie est la plus étoffée sur le sujet. Une visite

à la Direction des Musées de France et un entretien avec Mme Roland du département des

publics et qui dépend du Ministère de la Culture m’a permis de soulever certains problèmes :

!"il n’existe pas de liste précise des musées de sciences en France,

!"il n’existe pas de statistiques de fréquentation récentes de tous les musées

de sciences français, hormis celles effectuées par chaque musée de

sciences, et dont les résultats restent en interne.

Je voulais au départ réaliser mon mémoire sur les publics de groupes des musées de

sciences car aucune étude n’a été réalisée jusqu’à aujourd’hui. Cependant, que ce soit au

centre de documentation du Forum des sciences ou à la Villette, aucun auteur en muséologie

ne s’est penché sur cette problématique, mis à part les groupes scolaires dont le prescripteur

est l’enseignant et dont la visite est à caractère pédagogique.

La recherche a donc été difficile, longue mais enrichissante.

Pour répondre à la problématique mise en avant, il s’agit au préalable de dresser un

état des lieux exhaustif des études et des recherches existantes sur les publics d’individuels

des musées de sciences. Puis, nous verrons l’application de cette problématique au Forum des

sciences de Villeneuve d’Ascq, où aucune étude sur le sujet des motivations n’a jamais été

menée. Enfin, nous étudierons la réponse que les musées de sciences français et étrangers ont

développé face à la connaissance des motivations de leurs publics, afin de répondre au mieux

à leurs attentes.

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PREMIERE PARTIE.

ETAT DES LIEUX DES ETUDES ET DES

RECHERCHES SUR LES PUBLICS D’INDIVIDUELS

DES MUSEES DE SCIENCES.

Dans cette partie, nous verrons une présentation sommaire des études réalisées dans le

cadre d’enquêtes, plus vastes ou non, sur les publics d’individuels des musées de sciences.

Il s’agit d’une analyse critique qui vise à exposer les problématiques, les méthodologies, les

principales conclusions et les limites ou critiques de chaque étude.

De plus, nous ferons un rapide résumé de toutes les catégories d’études, selon une logique qui

va de l’étude la plus générale sur les publics des musées de sciences à une sociologie très

précise des motivations des publics d’individuels. Cette dernière étude est la plus intéressante

et mérite une attention particulière. En effet, elle donne les motivations de chaque catégorie

de publics d’individuels, à partir du vocabulaire précis employé par les personnes interrogées.

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A) DANS LE CADRE D’UNE ETUDE GLOBALE

SUR LES PRATIQUES CULTURELLES DES

FRANÇAIS.

La visite des lieux d’exposition est la partie de l’étude qui s’intéresse aux musées de

sciences, notamment à « un parc comme la Villette », la Cité des sciences ou le Futuroscope,

qu’un tiers des français ont déjà visité, à la date de parution des résultats, soit en 1998.

Plus précisément, entre 1996 et 1997, 1 français sur dix, dont 38% de parisiens.

L’étude amène les auteurs à la conclusion que la fréquentation des lieux d’exposition a peu

évolué entre 1989 et 1997. De plus, le public est sensiblement le même.

La fréquentation des musées est en progression, mais la fréquence moyenne des visites

a diminué durant la même période. En un an, elle est passé de 4 visites à 3 et les personnes qui

-O. Donnat et D. Cogneau.

-1998 ;

-Paris, Ed la Découverte ;

-Réalisée par le département Etudes

et Prospective du Ministère de la

Culture, pour lui-même.

-Etude quantitative.

Les pratiques culturelles des

français : 1990-1997.

Chapitre : La fréquentation des

équipements culturels. (Pages 257

à 266) La visite des lieux d’exposition.

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WATTINNE Amélie - 12 -

avaient un nombre de visites de 5 par an en moyenne sont passées de 19% à 15% des

personnes interrogées.

La fréquentation des musées de sciences, par l’exemple de La Villette, nous montre

que 90% de la population ayant visité le lieu au cours des 12 derniers mois, y sont allés 1 ou 2

fois, contre 10 % 3 fois et plus.

Il est difficile de donner des conclusions sur les types de musées visités car les parcs comme

la Cité des Sciences ou le Futuroscope n’apparaissaient pas dans le questionnaire en 1989.

Cependant, en 1997, 11% des personnes interrogées avait déjà visité un tel lieu.

Cette légère progression de la fréquentation en règle générale est surtout liée à l’augmentation

des visites de proximité : 19% des français ont visité un musée dans leur commune en 1997,

contre 14% en 1989.

Les deux modalités de visites les plus courantes sont celles effectuées avec les enfants

ou en couple. Les conditions de visite évoluent cependant avec l’âge et l’avancement dans le

cycle de vie. Les individus de moins de 20 ans effectuent surtout leur visite dans le cadre

scolaire, donc en groupe. Les 20-24 ans vont visiter un musée entre amis. Les 35-44 ans y

vont avec les enfants et les plus de 44 ans y vont en couple. Cette catégorisation des publics

selon l’âge est rapide, et n’est pas vraiment précise. Il ne s’agit que d’une ébauche.

Nous pouvons également donner certaines conclusions en ce qui concerne les statistiques du

détail des questions.

!"Question : ne sont jamais allés visiter un parc comme La Villette au cours de

leur vie.

68% des personnes interrogées n’ont jamais visité un parc comme La Villette en 1997,

dont 65% des hommes et 70% des femmes.

Les plus nombreux, selon l’âge, sont les personnes de 65 ans et plus (79% de la proportion).

Les moins nombreux à n’avoir jamais visité un tel musée de sciences sont les 15 -19 ans.

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Selon la PCS, les ouvriers non qualifiés (79%) sont ceux qui ont le moins visité La

Villette en 1997. Les cadres et les professions intellectuelles supérieures représentent la

proportion des personnes interrogées ayant le moins négligé la visite d’un tel complexe en

1997. Il en est de même pour les personnes ayant effectué des études supérieures (36%) par

rapport à celle n’ayant aucun diplôme (82%).

!"Question : Sont allés dans un parc comme La Villette depuis moins d’un an.

Cette catégorie représente 11% de l’ensemble, dont 10% des hommes interrogés et 11%

des femmes interrogées.

Les plus nombreux sont les plus jeunes, i.e. : de 15 à 19 ans, les personnes appartenant aux

PCS hautes, celles habitant à Paris (38%), et également celles qui ont fait des études

supérieures.

Ces conclusions nous donnent des constats établis sur la fréquentation d’un parc

comme La Villette ou le Futuroscope, mais ne nous donnent aucune explication sur les

habitudes des visiteurs, et aucun facteurs explicatifs de leurs comportements.

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Les conclusions générales de cette étude proviennent de deux constats : la vocation

première des musées de sciences, soit stimuler l’intérêt des publics de tels établissements pour

les Sciences, et le fait que la curiosité est au centre des rapports entre les musées de sciences

et leurs publics. La soif de développer ses connaissances ou sa compréhension des sciences

n’est jamais acquise : celle-ci est constament réveillée.

L’auteur a développé une problématique d’étude afin de savoir si l’intérêt pour les

sciences est différent selon le sexe, l’âge, la CSP…, mais aussi de savoir si les sujets de

curiosité sont également répartis dans la population française, et si les pratiques culturelles

sont en relation avec les centres d’intérêt.

Pour cela, il répond à deux questions :

- A. de Mengin, A. Suillerot et J.P.

Rivet ;

- Avril 1991, Paris ;

- Réalisée par le département

Evaluations et Prospectives de La

Cité des Sciences et de l’Industrie,

pour elle-même ;

- Etude qualitative ;

- Méthode des quotats : 1111

personnes, agées de 15 ans et plus,

interrogées à leur domicile.

Les sujets de curiosité

scientifiques et techniques

des français.

La lettre de L’OCIM, n°55, janvier-

fevrier 1998, P. 39 à 45, Ed OCIM, Dijon

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WATTINNE Amélie - 15 -

!"Peut-on parler d’intérêt pour les sciences et techniques en

général ?

A la première question :

D’après vos goûts personnels, le domaine « sciences et techniques » vous intéresse :

a) beaucoup

b) assez

c) pas tellement

d) pas du tout,

17% de la population interrogée a répondu « beaucoup ». C’est plus que le domaine

« politique » (10%), « arts plastiques » (12%), mais moins que « littérature » (23%), « sports »

(26%), « musique » (37%).

Cependant, les personnes interrogées incluent-elles dans le domaine « sciences et

techniques », qui aux premiers abords est très vaste, la médecine par exemple ? Ont-elles une

idée précise de ce qu’englobe ce domaine ? Pas toujours puisque 29% d’entre-elles veulent

développer leurs connaissances dans ce domaine.

L’auteur a donc mis en évidence le fait qu’il existe de nombreuses personnes pour lesquelles

coexistent une curiosité forte pour certains domaines scientifiques ou techniques particuliers

et un intérêt modéré pour les sciences et techniques en général.

Grâce à cet ensemble de préoccupations, l’auteur a mis en relief une typologie de

l’ensemble de la population divisée en six classes, en fonction des centres d’intérêt. Il a

également pu confirmer l’existence de « curieux » (54%) et de « moins curieux » (32%).

!"Les curieux de toutes les sciences, sauf les sciences humaines et sociales,

regroupant 75% de curieux

Il s’agit plutôt d’hommes (73%), jeunes, de formation scientifique ou technique.

!"Les curieux de la terre, l’écologie et les sciences humaines, dont 75% de curieux.

Il s’agit plutôt de femmes (79%), de niveau de vie supérieur.

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!"Les curieux de sciences humaines, médecine, astronomie et informatique, dont

61% de curieux.

Il s’agit de femmes (73%), jeunes, actives, ayant fait des études supérieures.

!"Les curieux de mécanique et techniques urbaines, à l’exclusion des autres

domaines, dont 48% de curieux.

Il s’agit d’hommes (76%), d’âge supérieur à la moyenne.

!"Les curieux de médecine et de botanique, à l’exclusion des autres domaines, dont

40% de curieux.

Il s’agit de femmes (86%), de milieux populaires.

!"Les curieux de techniques agricoles et artisanales, faune et flore, à l’exclusion des

autres domaines, avec 36% de curieux.

Il s’agit plutôt des personnes habitants en zone rurale et âgées.

La curiosité pour la science recouvre donc des centres d’intérêts hétérogènes.

!"Les centres d’intérêt des français se transforment-ils ?

Ces observations ont été recoupées aux résultats d’une réflexion orchestrée par le

groupe de prospectives de la Cité des Sciences et de l’Industrie. Ce sont des tendances

analysées à l’horizon 2005, et plusieurs correspondent.

Il est vraisemblable que l’on assistera à une perte de vitesse de l’intérêt des publics porté à la

religion, aux idéologies politiques, à la croyance au progrès technique. Mais ces intérêts ne

seront pas remplacés par de nouvelles visions globales du monde.

Les individus préfèrent des informations minuscules et ponctuelles qui préciseraient leurs

connaissances sur les questions qu’ils se posent, à des constats généraux, précis et qui

ressembleraient à des vérités formelles. En fait, les visiteurs développent une préoccupation

éducative mélée à celle de se divertir. Ils veulent apprendre, mais plutôt préciser, compléter,

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WATTINNE Amélie - 17 -

mettre à jour, contredire et uniquement dans des domaines qui les intéressent. On parle de

micro-révélations, et ce dans la vie quotidienne.

On assistera également à une liaison croissante entre les centres d’intérêts liés à la vie

professionnelle et ceux liés à la formation et à la vie sociale.

On a également une montée des préoccupations liées à l’éthique, avec, par exemple, des prises

de conscience sur les OGM, les avancées de la biologie, les politiques de santé…

On parle d’arbitrages entre éthique collective et individuelle.

Les préoccupations écologiques vont continuer à s’amplifier, avec notamment des questions

que l’on posera directement aux scientifiques et non plus aux politiques.

La science se trouve investie de la responsabilité de comprendre, de fixer des seuils ou des

normes. Mais l’opinion se rend compte que la science est incapable de fournir des réponses

précises ou de proposer des solutions. Parlera-t’on de scepticisme ou de suspicion ?

!"Critiques et limites de l’étude

Il serait réducteur de mesurer la curiosité scientifique uniquement à l’intérêt pour les

sciences et les techniques dans une formulation très générale.

Les musées de sciences, comme la presse de vulgarisation scientifique, s’appuient sur la

diversité des centres d’intérêts, considérés comme des voies d’accès à la curiosité scientifique.

Dans cette étude, il est impossible de donner d’explications précises à la répartition des

centres d’intérêt, puisque la méthodologie de l ‘étude n’implique pas d’entretiens approfondis

individualisés.

L’auteur émet cependant certaines hypothèses :

- Ils peuvent être liés à l’histoire personnelle de l’individu, et à son histoire

scolaire.

- Ils peuvent être liés au nombre d’années de formation pour l’intérêt ou le

rejet des sciences…

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B) DANS LE CADRE D’UNE ETUDE SUR LES

MUSEES DE SCIENCES.

Dans un article sur les publics de musée, Olivier Donnat3 a mis en évidence l’existence

d’un public propre aux musées de sciences et techniques. Selon lui, les personnes moins

familières de la culture préféreraient souvent les musées de sciences et techniques aux musées

traditionnels d’arts.

3 Olivier Donnat, Les publics des musées en France, revue Publics et Musées, Du public aux visiteurs, n° 3, juin 1993, p 29 à 43, Presses universitaires de Lyon, Lyon.

- M.C. Habib, A. Suillerot et A. De

Mengin ;

- Avril 1997, Paris ;

- Département Evaluation et Prospective

de La Cité des Sciences et de

l’Industrie ;

- Travail d’analyse à partir des enquêtes

annuelles « fréquentation, notoriété et

attraction de 12 établissements

culturels parisiens », réalisée auprès

d’un échantillon représentatif de la

population française de 15 ans et plus

de 2464 personnes, et notamment de

1992 à 1994.

Les publics des musées de

sciences parisiens se

ressemblent-ils ?

Palais de la Découverte, Muséum

d’Histoire naturelle, Musée de

l’Homme, Musée National des

Techniques, Cité des Sciences et de

l’ Industrie.

Ministère de l’Education Nationale,

Direction de l’information scientifique, des

technologies nouvelles et des

bibliothèques.

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WATTINNE Amélie - 19 -

La problématique de cette étude reprend cette hypothèse, et tente de la valider dans les

musées de sciences parisiens. C’est la première partie de l’étude qui nous intéresse ici,

puisqu’elle décrit avec précision la composition des publics des musées de sciences, en

comparaison avec les publics des musées traditionnels.

!"Les publics de ces 5 établissements forment plutôt une somme de publics singuliers, ce

constat réfutant l’hypothèse d’Olivier Donnat : il n’existe pas de public spécifique des musées

de sciences.

Il y a quand même une impression de cohérence car ces 5 établissements ont été visités par

1/5ème de la population française. De plus, pour les 4 plus anciens musées, la notoriété

(population déclarant connaître au moins de nom l’établissement) est stable et élevée et le

taux de fréquentation (population déclarant avoir visité au moins une fois l’établissement)

évolue lentement. La Cité des Sciences et de l’Industrie, quant à elle, est plus récente, et sa

notoriété augmente donc. La composition du public en ce qui concerne les critères socio-

démographiques est identique pour ces 5 musées : les visiteurs sont surtout des cadres et des

professions intellectuelles, et ils sont parisiens pour la majorité.

Un point pourrait cependant les différencier : les visiteurs masculins ont plus d’inclination à

visiter les musées de sciences que les visiteuses.

On parle de recoupement dans les publics mais on ne peut pas parler de réseau ou de circuit

de fréquentation. Jacqueline Eidelman4 propose une loi de la fréquentation des musées de

sciences, selon les liens de corrélation observés entre trois d’entre eux. La visite récente de

l’un des 3 musées que la loi étudie est un indice de la visite récente d’un au moins des 2

autres. Cela n’implique nullement l’existence d’un public spécifique des musées de sciences.

La notion de recoupement s’applique à une logique de fréquentation qui concerne l’ensemble

du champs muséal. Ces 5 musées, tout comme les autres sont plus souvent visités par un

public « plus éclectiques », i.e. : ont visité de 6 à 7 établissements différents parmi les 12

étudiés dans l’enquête de référence au cours des 5 dernières années, et représentent 5 % de la

population française. Il s’agit surtout des jeunes de moins de 25 ans.

On parle également de public « moins éclectiques », qui ont visité pendant le même laps de

temps 4 à 5 établissements. Ils représentent 11% de la population. Isoler les musées de

4 J. Eidelman, Qui fréquente les musées de sciences à Paris, revue Public et musées, n°2, p30, Presses universitaires de Lyon, janvier 1993, Lyon.

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WATTINNE Amélie - 20 -

sciences provient simplement du fait que leur offre est considérée comme un tout parce qu’ils

traitent tous essentiellement de Sciences.

Les 5 entités étudiées ont chacune leurs publics, du fait de leur histoire ou de leur

problématique particulière.

Une forte motivation pour les sciences et les techniques ne se révèlent pas être un point

commun entre les visiteurs des musées de sciences. Cette motivation ne peut être considérée

comme unique critère fédérateur. Cette idée a été développée dans l’étude sur les sujets de

curiosité scientifique et technique des français.

La variété des publics à l’intérieur d’un cadre socio-démographique commun ne permet pas

de distinguer un public- type des musées de sciences.

!"Dans le public des musées de sciences, il existe des non visiteurs, difficiles à attirer, et des

amateurs, anciens ou actuels.

Les non visiteurs sont constitués des non visiteurs absolus (39% de la population

française) et des personnes qui n’ont visité qu’un seul établissement en 5 ans (33% de la

population). Pour ces derniers, il faut développer la logique de l’exceptionnel, en créant des

événements. Il faut que le musée soit le lieu à voir.

Les non visiteurs invoquent le manque d’intérêt ou des raisons de santé pour expliquer leur

fréquentation nulle depuis 5 ans.

Les anciens amateurs ont visité plusieurs musées mais pas depuis 5 ans (11% de la

population française). Les inciter à revenir est un moyen d’élargir les publics des musées de

sciences. S’ils ne viennent pas, c’est à cause du manque de temps, des enfants, ou des autres

activités pour la plupart.

Les amateurs actuels ( 7% de la population) sont le cœur vivant des publics de ces musées. Ils

ont des exigences d’habitué. L’événement actualise la visite du musée de sciences. S’ils ne

viennent pas, c’est parce qu’ils sont mal informés, qu’ils craignent l’affluence, qu’ils

manquent de temps, ou qu’ils ont d’autres activités. Il faut renouveler leur intérêt par un

événement culturel assorti d’une campagne médiatique.

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WATTINNE Amélie - 21 -

Les relations entre ces 5 établissements diffèrent selon le type de visiteurs : les

visiteurs les moins éclectiques prennent comme référence leur première visite dans un musée

de sciences. Dans ce cas là, le visiteur met les musées de sciences en concurrence.

Pour les visiteurs les plus éclectiques, la visite récente d’un musée de sciences ranime le

projet d’en visiter un autre. On parle alors de complémentarité entre les établissements.

La capacité de l’établissement à faire parler de lui comme actuel est le moyen pour un

musée de sciences de se valoriser aux yeux de ses publics et de susciter son intérêt.

Cet article expose le contexte général auquel sont confrontés les musées de sciences et

donne des idées premières sur les publics des musées de sciences en France.

L ‘augmentation de la fréquence des visites des musées en France et pendant les années 1970-

1980 a été profitable aux musées de sciences et des techniques, et ce jusque 1994.

Mais en 1995 et par rapport à 1990, la tendance s’inverse et on assiste à un retard de

fréquentation cumulé de 11% pour un ensemble de 2755 établissements culturels, toutes

catégories confondues. Selon l’auteur, le spectre de la « démocratisation impossible » est à

nouveau d’actualité. Les causes les plus fréquemment citée en matière de fréquentation des

5 Selon Muséostats, basé sur un panel de 275 musées, le tout correspondant à une fréquentation totale de 30 millions de visiteurs. Cf .

L’espace muséal scientifique et ses publics.

Jacqueline Eidelman

Article d’introduction de La lettre de

l’OCIM, n°55, janvier -février 1998,

Ed OCIM, Dijon, p 3 à 5.

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WATTINNE Amélie - 22 -

musées de sciences sont les pesanteurs sociales et le contexte économique. Cependant, il en

existe d’autres, telles que le projet d’établissement ou la mobilisation des acteurs.

Aujourd’hui, soit depuis 1998, dans tous les musées, il y a 60 millions de visites par an. Mais

quelle est la part des musées de sciences ? Les grands musées scientifiques parisiens reçoivent

plus de 100 000 visiteurs par an. Les touristes étrangers ne fréquentent pas les musées de

sciences autant que les musées traditionnels. En effet, ils représentent 20% de la clientèle des

gros musées de sciences parisiens, au lieu de 50% pour les autres catégories de musées. Une

enquête nationale6, menée de 1990 à 1993 attribuent 8% des visites des personnes interrogées

aux musées scientifiques, 10% aux écomusées, 10% aux musées spécialisés, et 23% aux

musées d’histoire et de préhistoire.

L’auteur se pose également la question de l’existence de publics des musées de science

et non d’un public spécifique à ces établissements.

O. Bouquillard a réalisé une étude 7 des types de musées vers lesquels vont les préférences des

français. Il distingue les forts pratiquants des faibles pratiquants, car ceux-ci orientent leurs

choix différemment. Ces choix dessinent des « espaces de préférence thématique » : « les

personnes préférant les musées de sciences et techniques sont généralement les mêmes qui

manifestent leur intérêt pour l’ethnographie, les musées spécialisée, ou encore les écomusées,

mais elles ne semblent guère attirées par les beaux –arts, l’art du 20ème siècle, ni l’histoire.

Seul l’attrait pour la Préhistoire paraît compatible avec tous les autres sujets. »

O. Donnat a émis la même hypothèse (cf. son article, note 3), i.e. : l’existence d’un public

spécifique aux musées de sciences.

Mais cette approche des publics a été réfutée par 3 chercheurs du département Evaluation et

Prospective de La Cité des Sciences et de l’Industrie :

!"On a des recoupements entre publics de tels musées mais pas de circuits ou de réseaux de

publics dans de tels musées.

6 O. Donnat et O. Bouquillard, Un nouveau regard sur les musées, Développement culturel, n° 105, octobre 1994. 7 O. Bouquillard, Public des musées d’histoire ou amateurs d’histoire dans les musées ?, Communication écrite au colloque « les musées d’histoire, pour qui ? pour quoi ? », Péronne, novembre 1996.

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WATTINNE Amélie - 23 -

!"La distribution des visiteurs sur l’ensemble de la sphère muséale semble

s’accompagner d’effets de polarité de tel ou tel type d’institution, selon

telle ou telle fraction sociale.

!"Cette distribution n’est pas statique.

L’auteur amène également la notion de versatilité des publics. Les publics sont hétérogènes

divers et volatiles.

Ce constat admet donc que rien n’est vraiment acquis en matière de publics pour les musées

de sciences. Cela n’a cependant pas révolutionné les pratiques marketing en matière de

musées de sciences, ni les industries culturelles. La notion de service public devient donc

centrale.

On parle aujourd’hui de perfectionnement des instruments de connaissances des publics et

d’amélioration de leur rendement, et on assiste en même temps à l’engagement des

institutions muséales scientifiques sur la voie de la professionnalisation. Il faut profiter au

maximum du capital de la connaissance des publics pour en tirer le meilleur parti de son

« cœur de métier ».

Cet article est réellement une vue d’ensemble complète des problématiques

développées actuellement en matière de publics de musées de sciences.

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WATTINNE Amélie - 24 -

C) DANS LE CADRE D’UNE ETUDE SUR UN

MUSEE DE SCIENCES SPECIFIQUE.

Le public du Palais de la Découverte de Paris est relativement cultivé puisque les

visiteurs en majorité proviennent des classes moyennes et supérieures, et que les ouvriers et le

monde agricole sont faiblement représentés.

Un musée de science est un véritable outil culturel. Il doit donc être ouvert à tous et est

destiné à tous. Chaque personne doit trouver une raison de venir au musée. Il faut persuader le

public (et lui prouver) « qu’à chaque instant, il se passe quelque chose qui le concerne ».

Il faut prendre en compte la nature sociologique du public mais également ses différents types

de comportement. Celui-ci peut être divisé en 3 catégories auxquelles le musées peut apporter

3 types de réponses. A chaque catégorie de comportement, il n’existe pas un profil type de

visiteur. En effet, une personne peut, lors de la même visite et en quelques minutes, passer

d’une catégorie à une autre.

!"Attitude active, public motivé et exigeant.

Eléments de réflexion sur les

musées scientifiques et

techniques. Le Palais de la Découverte. Ch 4 : Un musée pour tous les publics.

Supplément de la Revue du Palais de la

Découverte, p 15 à 18, décembre 1981,

Paris.

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WATTINNE Amélie - 25 -

Le visiteur est poussé par un certain appétit culturel, ou par des raisons plus spécifiques, telles

que professionnelles. Ce visiteur est prêt à un important effort de réflexion, puisqu’il vient

avec des questions précises.

Il veut des expériences, des exposés, des animations, une possibilité de dialogue approfondi,

avec par exemple des animateurs ayant une large connaissance du sujet. Il demande même des

ateliers équipés où il pourrait réaliser lui-même certaines expériences fondamentales.

!"Attitude éveillée, public curieux.

Le visiteur est prêt à moins de réflexion soutenue, mais il veut quand même agir, toucher.

Les animations à mettre en œuvre sont moins approfondies mais plus délicates par la qualité

du contact qu’elles impliquent. Il faut des expériences commandées à distance, des

synoptiques animés, de courts spectacles audio- visuels, des jeux questions- réponses.

Il faut au visiteur des expériences très spectaculaires et motivantes pour le contenter.

!"Attitude passive, public contemplatif.

Le public se satisfait d’un contact sans échanges avec l’objet, pour des raisons diverses :

réserve à l’égard d’un univers inconnu, faible culture scientifique, rôle d’accompagnateur…

Cette attitude est stérile et s’accompagne d’une démarche intellectuelle intérieure très

profitable. Les présentations doivent donc être susceptibles de déclencher un processus de

réflexion, par le choc émotif et esthétique qu’elles suscitent. On peut, par exemple, présenter

des maquettes imposantes, des collections attrayantes.

Il faut déclencher l’analyse pour ce visiteur.

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Il est assez facile de faire venir un visiteur sur place, mais il est plus délicat de le faire

rester. En fait, le public mieux préparé à l’animation et à l’exposé pose des questions précises

et manifeste une attention plus soutenue.

En conclusion, cette connaissance des attitudes conditionne le service que peut rendre

le musée mais également les différents types de support utilisés pour véhiculer l’information.

Intégrer la culture scientifique à la culture générale met en évidence la responsabilité des

musées de sciences au niveau de l’image qu’ils donnent des sciences.

L’accroissement de l’offre muséale ces dernières décennies s’est déroulé au sein d’un

contexte social évolutif. On a assisté à une meilleure acculturation aux sciences et aux

techniques, due à l’augmentation du niveau d’éducation et, en même temps, à une moindre

accessibilité due à l’aggravation de la situation économique. Au regard de la mission attribuée

aux musées de sciences, soit : transmettre une culture scientifique et communiquer un

patrimoine de connaissances, on peut se demander dans quelle mesure cette évolution se

répercute sur les modalités de fréquentation des publics ?

En fait, il s’agit d’un débat plus général, autour d’une double question concernant

l’élargissement quantitatif de l’audience des musées et la diversification de leurs clientèles.

L’évolution du public du Palais

de la Découverte.

J.P. Cordier et T. Zarka – Grunvald.

Article de La Lettre de L’OCIM, n° 55,

janvier – février 1998, Ed OCIM,

Dijon, p. 26 à 35.

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L’étude sur « Les Pratiques culturelles des français », déjà mentionnée, aboutit à la conclusion

qu’il existe une permanence du type de clientèle qui fréquente les musées : si il y a d’avantage

de visiteurs, ce serait à peu près les mêmes catégories de personnes qui satisferaient un

surcroît d’appétit culturel, stimulé par l’augmentation des institutions muséales.

Pour répondre à ce débat posé par les auteurs8, il existe une étude sur les publics du Palais de

la Découverte depuis le début des années 1970 jusqu’en 1995, étude qui relève les principaux

changements, ou, au contraire, les principales permanences des caractéristiques des publics,

basée sur les catégories sociographiques traditionnelles.

Il faut savoir que la situation de ce musée de sciences est particulière : c’est un

établissement qui subit, au niveau fréquentation, le contrecoup de la création et du

développement d’autres institutions muséales, telle que la Cité des Sciences.

Entre 1970 et 1985, on a une augmentation progressive de la fréquentation, suivie par une

brusque décroissance, qui se poursuit jusqu’en 1993, où le nombre de visiteurs tend à se

stabiliser à un niveau proche de celui du début des années 1970. On peut donc faire, à partir

de ce constat, l’hypothèse d’un faible changement de la composition du public à long terme,

voir même d’un retour à la clientèle archétype de cet établissement : on a la présence

d’anciens visiteurs fidèles (60% des publics), hautement qualifiés, de catégorie sociale

supérieure, et pour 2/3, des franciliens. On a également la présence de nouveaux visiteurs,

avec un profil proche de celui des anciens, mais qui sont en majorité des femmes, des jeunes

de 18 à 25 ans, et pour moitié des provinciaux.

Une dizaine d’enquête9 ont été utilisées pour retracer cet article entre 1970 et 1995,

généralement des sondages effectués au sein de l’établissement. Les résultats ne sont valables

que pour des visiteurs libres, et non les publics de groupes.

!"Pour caractériser les publics, déterminer le taux de renouvellement entre les nouveaux et

les anciens visiteurs est essentiel.

8 J.P. Cordier est ingénieur d’études à l’URA 887 – CNRS, spécialiste des pratiques culturelles en matière de sciences et techniques chez les jeunes. T. Zarka – Grunvald est le chargé d’études du Palais de la Découverte. 9 Voir la partie limites et critiques des résultats.

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Jusqu’en 1980, on a un surcroît des nouveaux publics (le taux de renouvellement adultes

est de 55%), mais en 1990, ce taux passe à 70% pour les anciens visiteurs.

Entre 1990 et 1995, on observe un regain progressif des nouveaux visiteurs mais sans

atteindre le niveau de 1980. De même pour le jeune public ( moins de 18 ans) : les

nouveaux visiteurs augmentent, au détriment d’une proportion a peu près égale d’anciens

visiteurs.

!"L’âge : de 1980 à 1995, on assiste à un rajeunissement des jeunes tranches d’âge et à un

vieillissement des tranches d’âge plus âgées. Ce rajeunissement ralentit cependant à partir

de 1996.

L’âge médian en 1993 était de 32 ans et 9 mois, pour passer à 29 ans et 8 mois en 1995.

!"Le sexe : entre 1990 et 1995, la part du public féminin augmente (surtout chez les moins

de 26 ans) mais les hommes restent majoritaires en général. Chez les moins de 18 ans, le

public libre est masculin en majorité mais dans les publics de groupes scolaires, les filles

sont plus nombreuses. Chez les anciens publics, on a également plus d’hommes et chez les

nouveaux visiteurs, on y trouve plus de femmes.

!"Le niveau de formation : depuis 1980, les visiteurs sont plus fortement diplômés et cette

tendance s’accélère en 1990. En 1995, plus de la moitié des visiteurs ont un niveau

d’études équivalent à la licence universitaire.

!"La filière de formation : depuis 1980, le public adulte d’une formation technique ou

scientifique est prépondérant, et, à partir de 1990, la proportion des techniciens

augmente au détriment de la formation générale.

Entre 1990 et 1995, les détenteurs de formation générale et les techniciens deviennent de

moins en moins nombreux à l’avantage des scientifiques.

!"La profession : on assiste à une véritable érosion de la population ouvrière depuis les

années 1980, et en 1995, les cadres et professions intellectuelles supérieures sont toujours

les plus nombreux (comme en 1971).

On en conclut un renforcement de la différentiation sociale, au bénéfice des catégories

supérieures.

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!"Le lieu de résidence : pour les seuls francophones, les publics de la région parisienne sont

majoritaires mais les publics de province sont en constante augmentation, et ce, depuis

1990.

!"Le contexte relationnel de la visite : de 1971 à 1980, on assiste à une nette érosion des

visites familiales au profit des visites en solitaire.

De 1980 à 1995, les visites entre amis augmentent.

Depuis 25 ans, les visites familiales, même en restant les plus nombreuses, ont diminué au

profit des visites entre amis ou en solitaire. La raison en est que le Palais attire de plus en

plus un public d’adultes.

!"Les motifs de visites : les adultes, entre 1971 et 1990 venaient au Palais pour un

apprentissage didactique et non pour un loisir cultivé. Entre 1990 et 1995, la tendance

s’est confirmée avec une augmentation des visites à caractère ludique.

Sur le long terme, les motifs associés au divertissement et à la satisfaction d’une simple

curiosité prennent de plus en plus d’importance. Inversement, les motifs qui relèvent de

l’éducation non formelle diminuent quand la dominante est culturelle et restent stables

pour les projets d’apprentissage.

Les jeunes sont moins désireux de satisfaire une curiosité touristique que de se divertir. Ils

ont, de plus en plus, des attentes culturelles et non plus didactiques qui ressemblent trop à

la situation scolaire.

Conclusions de l’article.

On assiste à un ralentissement du renouveau du public du Palais de la Découverte par

rapport à 1970. De plus, la quête de loisirs cultivés n’est plus le premier motif de visite.

Aujourd’hui, on parle plus de visites studieuses ou distrayantes. Le cadre des visites est moins

familial, et les visites se font de plus en plus en solitaire.

L’identité des visiteurs diffère également, puisqu’ils sont plus scientifiques, même si

les littéraires sont aussi présents que les formations techniques. Le public est également plus

jeune depuis 1971, la proportion des 18-24 ans augmentant. Le niveau de formation évolue

fortement et on a une suprématie des cadres et des professions intellectuelles ainsi que des

supérieurs.

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On a bien une différence significative entre les publics de 1971 et ceux de 1995, mais

on sait que la population en général a évolué entre 1971 et 1995, sauf peut-être en ce qui

concerne l’âge.

L’évolution du public du Palais de la Découverte depuis 1971 a suivi l’évolution

générale de la population française.

Limites et critiques des résultats.

Les sources de cet article proviennent de résultats d’études ponctuelles, de sondages

annuels et de travaux de recherche ayant une finalité académique. Seules les résultats

concernant des échantillons représentatifs de la population ont été retenus, de par leur taille ou

de par leur mode de définition. Il a également été nécessaire de restreindre le corpus des

travaux auxquels se référer, afin de tenir compte d’évènements particuliers ou de modalités

spécifiques d’enquêtes dont l’influence grève la pertinence des comparaisons.

De plus, les données sur certaines variables sont lacunaires, tel le statut sexuel des visiteurs,

ignoré ou traité comme une variable contrôlée (selon la définition d’un quota de 50/50).

Pour des analyses relativement anciennes, la difficulté principale provient du fait qu’il

n’existe pas de séries continues de données, afin de raisonner en termes de valeurs moyennes.

Les sources utilisées sont donc :

!"Année 1971 : enquête sur la vulgarisation scientifique et son public

(questionnaire sur un échantillon de 910 personnes).

!"Année 1980 : enquête sur le public de l’exposition « Einstein » ( sondage

sur 187 personnes)

!"Année 1990 : 2 sondages mensuels (mars : 262 personnes et juillet : 276

personnes)

!"Année 1993 à 1995 : 3 sondages annuels sur respectivement 951, 774, et

1034 personnes.

Les études ne portaient pas sur les visites de groupes (notamment scolaires), mais sur

les visiteurs libres.

La Lettre de l’OCIM, n°55, janvier –

février 1998, p 45 à 52, Ed OCIM,

Dijon.

Le musée avant le musée :

représentation et intentions

M.C. Habib

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WATTINNE Amélie - 31 -

Cet article est intéressant car c’est la seule étude sur le sujet des motivations des

individuels des publics des musées de sciences qui soit une analyse de contenu. En effet, les

réponses aux questions ouvertes posées ont été analysées en terme de vocabulaire.

Les deux questions proviennent de deux enquêtes par sondages auprès de la population

française âgée de 15 ans et plus, et réalisées en 1992 et en 199410.

La première question permet de percevoir l’imbrication entre les intérêts pour les

sciences ou les nouvelles technologies, les motivations préalables à une sortie dans un musée

ou d’autres motivations culturelles, lorsqu’il s’agit d’un musée de sciences. Cela a également

permis de classer différentes motivations, contextes, centres d’intérêts, préférences artistiques.

La question a été posée à 41 % de la population française qui a déclaré être beaucoup ou assez

intéressé par une visite à la CSI d’ici un an. Les réponses à cette question posée en 1994 ont

été comparée à la même posée en 1992.

Il en va de même avec la deuxième question, posée à 39 % de la population déclarant

avoir visité un musée ou une exposition artistique, historique ou scientifique au cours des 12

derniers mois. Cette question visait à condenser les raisons qui conduisent les visiteurs dans

les musées, les goûts qui favorisent cette pratique occasionnelle.

L’exploitation des corpus (819 pour la première question et 1083 pour la deuxième)

nous donne des informations sur la manière différentiée dont s’expriment les intentions, les

préférences, les goûts, les choix des visiteurs d’un musée de sciences particulier et celui des

musées ou lieux d’exposition..

Rapprocher les deux enquêtes, même si elles ont trois ans d’écart, est possible

puisqu’elles ont les même échantillons, la même méthodologie et que les populations

auxquelles étaient posées les questions se recoupent largement. Le seul souci fut de regrouper

les populations en sous –ensembles homogènes donc il fut réalisé une comparaison des

réponses de 8 segments selon des critères d’âge et de sexe.

10 Enquêtes auprès de 2000 personnes, baromètre de notoriété et d’attraction de 12 établissements culturels parisiens, réalisées à domicile.

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WATTINNE Amélie - 32 -

Les 8 segments sont : les 15 à 24 ans, les 25 à 39 ans, les 40 à 59 ans, les plus de 60

ans, tout cela divisé selon le sexe : homme ou femme.

On étudie le vocabulaire employé par ces segments, sachant qu’il est le reflet des

intentions exprimées.

!"Les représentations d’un musée de sciences dans l’esprit du

public.

Il s’agit des attentes et des représentations d’un tel établissement culturel. Ce qu’on s’attend à

trouver, notamment à la Cité des Sciences sont les « inventions », « les nouvelles techniques

et les technologies », « les sciences », et « l’industrie ». Les domaines plus précis, le plus

fréquemment cités sont : « l’informatique », « l’espace », « la médecine », « les expériences »,

« le futur ».

On ressent en plus un attrait pour la « nouveauté » de ce que l’on ne connaît pas, « les

sciences », « les découvertes », « les évolutions », et ceci « par intérêt », « par curiosité »,

pour « voir ». Il faut souligner également une certaine méconnaissance pour ce que l’on va y

voir vraiment. Les personnes interrogées parlent aussi de « choses intéressantes à

découvrir », « des expositions », « des expériences ».

!"Différentiations.

Il s’agit ici de la différentiation entre hommes et femmes, qui dès le départ font penser à des

représentations contrastées, et des affinités différentes.

!"LES 15- 24 ANS.

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WATTINNE Amélie - 33 -

Les femmes Les hommes

Veulent être étonnées, impressionnées.

Par « curiosité », pour l’ »impression que ça

donne ».

Veulent « apprendre » et « comprendre ».

Intérêt particulier pour ce qui est nouveau,

veulent « voir » et « essayer ».

!"LES 25- 39 ANS.

Les femmes Les hommes

Associent en premier les enfants

« Par curiosité », « visiter », « culture et

évolution ».

Surtout « la médecine », pour « les progrès »

et « la modernisation ».

Intérêt pour un sujet ou un domaine

« scientifique » ou « technique ».

Ils sont beaucoup plus précis quant à leurs

intérêts : « sujet », « thèmes », « métiers »,

dans « l’informatique », « les techniques »,

« l’image ».

Sujets plus « biologiques » que

« techniques » : sur l’homme.

Ils ont une approche plus claire de la science.

!"LES 40- 59 ANS.

Les Femmes Les Hommes

Souci éducatif ou pédagogique pour les

enfants, mais aussi pour elles.

« Etre au courant », « apprendre »,

« connaître », « découvrir ».

Pas de thématiques particulières

Les enfants aussi.

Thèmes précis : « la recherche », « les

recherches », « l’avenir », « le futur ».

!"LES 60 ANS ET PLUS.

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WATTINNE Amélie - 34 -

Les Femmes Les Hommes

Leur langage est plus vague : « choses ».

Thèmes de prédilection : « le temps », « les

évolutions », « la médecine », « les choses

humanitaires ».

Evoquent rarement les enfants et les

technologies, mais plutôt : « les découvertes

médicales », « l’amélioration de la vie », « la

sauvegarde de la planète ».

Vocabulaire vague pour les thèmes de

prédilection : « machines », « projets », « des

choses », « voir tourner le monde ».

Emettent des souhaits : « j’aimerai »

Evoquent aussi « les découvertes » et « les

inventions ».

!"CONCLUSIONS.

Toutes ces réponses sont données lorsque l’on cite l’établissement en référence, en

l’occurrence la Cté des Sciences, musée de sciences par excellence.

On aboutit à une approche et à une construction plus élaborée des motivations de visite d’un

musée de sciences comme la Cité.

Les motivations sont plus précises lorsque l’on cite l ‘établissement concerné. Les

représentations associées à un musée particulier sont repérées, notamment son image au

niveau du public, et son identité dans le champs muséographique.

La Cité des Sciences se situe plutôt du côté des de l’actualisation, de l’évolution, de l’intérêt

plus marqué pour un sujet. Elle se situe au niveau de la nouveauté. Les visiteurs veulent

suivre les évolutions. Les plus jeunes expriment un intérêt marqué pour les nouvelles

expériences et les nouvelles technologies. Les besoins d’actualisation des connaissances et

d’informations s’affirment.

Lorsque l’on ne cite pas l’établissement, les différences de langage et de centre d’intérêt sont

significatives et l’on peut ainsi établir des conclusions sur la visite d’un musée en particulier.

Dans ce cas, on parle de visites studieuses pour les 15- 24 ans qui relient la pratique de visite

de musée à l’école, à leurs études.

Pour les autres tranches d’âge, on parle de visites d’agrément, dans lesquelles le musée est un

moment agréable, que l’on visite à l’occasion d’une sortie. Les personnes interrogées

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WATTINNE Amélie - 35 -

n’insistent pas sur les œuvres en elles-mêmes mais ont tendance, en général, à rationaliser

leurs affects en mettant en avant le contexte culturel et pédagogique. Les hommes parlent plus

fréquemment des sciences et des techniques, même si le musée est considéré comme un

univers féminin. Leur intention de visite est « la curiosité », ou « pour faire découvrir les

enfants ». Les femmes, elles, ont une intention plus personnelle d’aller au musée : « par

plaisir ». Les enfants sont aussi déterminants dans la décision de visiter un musée pour le

loisir.

On peut également décliner un ensemble de motivations selon la personne à qui est associé

l’idée de musée :

!"Pour soi, pour son enrichissement personnel, parce que la visite

implique des dispositions d’amateur et que les motivations se

situent du côté des affects, du plaisir, du rêve, de l’évasion.

!"En famille, pour les enfants. Il s’agit de vouloir leur faire

comprendre, de leur faire découvrir, pour les accompagner.

!"Entre amis, car le musée est un lieu de socialisation et de rencontres

mais aussi d’informations, d’apprentissage.

Un déplacement s’opère dans les habitudes culturelles. On a les visiteurs amateurs, les rêveurs

qui parlent de notions abstraites telles que la beauté ou l’amour. Et on a les éducateurs et les

adeptes qui sont à l’affût des connaissances et qui mobilisent une curiosité active.

Les sujets et les thématiques sont un prétexte de renouvellement des visites ou de

l’intensification des pratiques.

Le musée amène une implication des visiteurs. Les différentes motivations, intentions,

et représentations semblent s’intriquer naturellement.

DEUXIEME PARTIE

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WATTINNE Amélie - 36 -

ETUDE SUR LE TERRAIN :

EVALUATION DES MOTIVATIONS DES PUBLICS

D’INDIVIDUELS AU FORUM DES SCIENCES.

Avant d’évaluer les motivations du public du Forum des Sciences de Villeneuve

d’Ascq, il s’agit au préalable d’en faire une présentation et d’expliquer pourquoi ce musée a

été crée, dans quel but et quelle mission il a par rapport à un établissement comme la Cité des

Sciences et de l’Industrie.

L’enquête menée au Forum des Sciences est un questionnaire administré sur place au

mois De juillet. O. Donnat a écrit un article dans le 3ème numéro de Public et musée qui

retrace les méthodologies employées en terme de mesure de fréquentation et de profil des

visiteurs et qui donne de grandes idées sur l’évolution de la fréquentation. Il me paraît

judicieux de mentionner les différentes préconisations et remarques qu’il a émies sur le sujet

puisqu’une partie de mon questionnaire porte sur la fréquentation des visiteurs interrogés.

Il conviendra enfin de présenter les résultats du questionnaire administré, tout en

justifiant la méthodologie employée pour cette étude. Nous verrons également si les

motivations des publics des individuels du Forum des sciences obéissent aux lois des

motivations étudiées dans l’état des lieux de la première partie de ce mémoire.

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WATTINNE Amélie - 37 -

A) PRESENTATION DU FORUM DES SCIENCES

Le Forum des Sciences a ouvert à Villeneuve d’Ascq en décembre 1996. Cet

établissement est géré par l’Association ALIAS (Association Lilloise d’Informations et

d’Activité Scientifique), qui elle existe depuis 15 ans. C’est une petite structure qui est vite

devenue un référent en matière de vulgarisation scientifique. La création du Forum découle

d’une constatation : la science était moins accessible à tous et était bien trop fragmentée. Il y

avait trop de spécialisation dans un milieu de plus en plus restreint. Il fallait rendre la science

au grand public et développer son côté ludique et non pas seulement son côté pédagogique,

rébarbatif pour un public moyen. Le forum était inscrit dans un projet ( datant de 1983) qui

voulait régionaliser les centres de culture scientifiques. Pour la région Nord, ALIAS fut

mandatée pour une réflexion sur la configuration d’un gros centre permanent de sciences. La

décision de construction fut prise en 1991.

Les objectifs du Forum étaient :

!"Faire découvrir la science au plus grand nombre,

!"Etablir des passerelles entre les différents domaines de la science,

!"Plus de rayonnement extérieur que de rayonnement interne avec des

expositions itinérantes,

!"Il faut secouer des consciences, susciter la réflexion par rapport à des

disciplines scientifiques.

Ces objectifs sont différents de ceux de la Villette, par exemple, qui est plus une vitrine de la

recherche en sciences. Il s’agit de répondre à la question : Comment ça marche ? Le forum ne

veut pas mettre en place des démonstrations mais plutôt veut resituer un problème scientifique

en déterminant les limites de la science, ses avantages et ses inconvénients. Il faut que les

visiteurs se fassent une opinion par eux-mêmes, qu’ils pèsent le pour et le contre des

problèmes qu’on leur soumet. Le principe fondamental du Forum des sciences est que même

si les arguments scientifiques sont détournés ou non, ils ne doivent pas mener le monde. Par

exemple : la race est- elle un problème de sciences ?

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WATTINNE Amélie - 38 -

On peut se demander si la science ne sert pas à cautionner certaines idées et c’est ce que veut

démontrer le Forum à ses publics.

1) Les activités du Forum des sciences.

Le planétarium est un outil ludique de transmission au grand public de notions

astronomiques de base. Il montre les phénomènes naturels pour que les publics cherchent à

mieux les comprendre : il doit soulever des questions sur l’Univers. L’accessibilité de cette

activité est assurée par de nombreuses séances qui ne concernent pas les mêmes sujets et donc

les mêmes publics.

Le hall d’exposition fait 1200 m2 et propose de nombreux thèmes scientifiques divers. Il

s’agit de ce que l’on appelle au Forum le « Plateau ». Les thèmes sont abordés selon une

multiplicité d’approches : culturelle, scientifique, économique… L’intérêt est de décloisonner

les sciences et de leur rendre l’intérêt et la motivation du public. La découverte du plateau est

active, grâce à des manipulations, des mises en espace et en perspective. Les séances sont

présentées par des animateurs et accompagnées d’ « espace lecture ». Les expositions sont

temporaires et se visitent en général à partir de 7 ans. Les thèmes sont changés deux fois par

an.

Le petit Forum est l’espace réservé aux enfants de 3 à 6 ans et leurs accompagnateurs (

obligatoires), sur 120 m2. Les expositions sont également temporaires et changées tous les 9

mois. C’est un lieu de découverte où l’on traite des sujets qui prennent en compte les besoins

des jeunes enfants et leurs caractéristiques psychologiques et socio- affectives.

Ces activités sont payantes, une par une ou couplées, voire même les trois.

Il y a de plus une cafétéria et un « espace actu » de 100 m2, dont l’accès est libre et

gratuit et situé dans le hall d’accueil. Il s’agit d’une exposition en panneaux sur un sujet

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WATTINNE Amélie - 39 -

d’actualité. Par exemple : l’utilisation de la science dans la publicité des produits cosmétiques.

Le sujet est modifié tous les trois ou quatre mois.

Le Forum dispose également d’un centre de documentation, uniquement le samedi

pour le grand public, qui ne peut cependant pas emprunter les ouvrages mais qui peut les

consulter sur place. Il est possible d’y avoir des conseils de lecture, d’abonnements… Cet

espace accueille les enseignants et les responsables éducatifs le reste de la semaine. Ils

viennent chercher les documents voire même les idées dont ils ont besoin pour présenter la

science à leurs élèves. Ainsi, des mallettes de documents ( « valises » ) ont été mises à leur

disposition, sur des thèmes précis.

Le samedi, le dimanche et le mercredi après- midi, des ateliers sont crées, ils sont

payants ou gratuits selon l’activité qui y est développée.

Les entreprises peuvent se mettre en rapport avec le Forum pour louer la salle de

conférence, voire même la totalité de l’établissement qui met en œuvre également des séances

de planétarium à la demande.

Des événements autour de programmations sont également organisés. Il s’agit de

conférences, de débats, de rencontres totalement gratuites. Ces activités visent à mettre en

débat l’actualité des applications des sciences et des techniques dans des domaines aussi

variés que la médecine, l’alimentation, l’informatique…Il s’agit également de confronter les

disciplines, les médias, les artistes…On parle également de rencontres « actu », à thèmes

différents tous les mois et qui ne reprend pas forcément le thème de l’exposition actualité.

Ces activités sont diverses et variées et reprennent des thèmes qui concernent pour beaucoup

la vie quotidienne.

Le Forum trouve sa place dans le milieu culturel de la région Nord Pas de Calais. Mais

à la fin de l’année 1998, 4 axes privilégiés de travail ont été déterminés pour éviter le manque

de cohérence du aux missions diverses que le Forum mène.

!"Diffuser la culture scientifique comme un moyen de mieux appréhender la vie

quotidienne

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WATTINNE Amélie - 40 -

!"Familiariser chacun avec les enjeux de la recherche et les nouvelles technologies

!"Alimenter la réflexion sur les rapports science et société

!"Valoriser la recherche régionale et, lorsque cela est possible, le patrimoine

régional.

Cette base de mission se fera dans un souci de recherche des formes les plus adaptées à

favoriser la curiosité, l’étonnement pour aboutir à la lucidité du public.

2) Le Forum des Sciences en chiffres

Le Forum reçoit plus de 100 000 visites par an, visites réparties de la façon suivante :

!" 30 % d’individuels, soit 30 000 personnes,

!" 36 % de groupes scolaires, soit 36 000 personnes,

!" 34 % de groupes de loisirs, soit 34 000 personnes.

En tenant compte des activités extérieures, le Forum des Sciences a touché plus de 140 000

personnes en 1999, au travers de 196 expositions, valises, ateliers itinérants, ou conférences

extérieures.

Les activités internes les plus fréquentées en 1999 sont le planétarium et le plateau,

surtout au mois de juin. Sur un ensemble de 101 355 visites en 1999, le mois de juin voit une

fréquentation de pratiquement 14 000 personnes. Les mois de juillet et de février (près de 12

000 entrées sur chacun de ces deux mois) sont les moments privilégiés également de

fréquentation. Le trimestre d’hiver n’accueille pas plus de 7500 personnes par mois.

Même si le planétarium et le plateau connaissent des variations dans leur

fréquentation, le petit forum a une fréquentation mensuelle de 2000 personnes en moyenne

sur l’année.

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WATTINNE Amélie - 41 -

Les tarifs peuvent être liés à des billets concernant une activité ( représentent 71 % des

ventes sur place en 1999 ), pour deux activités ( billets couplés dans 28 % des cas), et

également pour trois activités ( 1 % seulement de l’ensemble des billets vendus).

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WATTINNE Amélie - 42 -

B ) COMMENTAIRES SUR LA METHODOLOGIE DES

ENQUÊTES DE FREQUENTATION ET DE PROFIL

DES VISITEURS SELON O. DONNAT

Ces recommandations proviennent d’un article d’Olivier Donnat, paru dans Publics et

musées, « Du public aux visiteurs », n° 3, juin 1993, p. 29 à 40.

L’article, intitulé : Les publics des musées en France, traite des méthodologies employées

pour les enquêtes de fréquentation et de profil des visiteurs en premier lieu, et donne

également des grandes tendances d’évolution de fréquentation, dans une seconde partie, en

expliquant les éventuelles erreurs possibles dans l’enquête « Pratiques culturelles des

français : 1990- 1997 » de par la mauvaise lecture des chiffres.

1) L’image des visiteurs.

Pour évaluer le niveau de fréquentation des musées et le profil des visiteurs, il y a 3

méthodes :

!"Le dénombrement des entrées

!"La réalisation d’enquêtes sur le lieu de visites pour évaluer les

caractéristiques socio- démographiques du public.

!"Les enquêtes nationales par sondages pour évaluer la fréquentation des

français généralement sur une période de 12 mois.

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!"Le nombre d’entrées et enquêtes sur le lieu de visite.

La technique la plus élémentaire pour mesurer la fréquentation et le profil des visiteurs,

i.e. ce qui concerne les deux premières méthodes citées ci- dessus, est le dénombrement des

billets vendus à l’entrée. Mais il n’est pas facile d’obtenir, par cette méthode, une estimation

globale de la fréquentation des musées en France car seuls les musées nationaux ont un

dispositif de suivi permettant de connaître les évolutions de fréquentation d’une année sur

l’autre. Cette information existe depuis peu pour la majorité des musées classés et contrôlés

mais n’est à ce jour pas réunie dans le cas des musées privés. En effet, ces dispositifs sont

coûteux en terme d’investissement et les petites structures ne peuvent pas se le permettre.

Pour pallier ces carences, un enquête a été réalisée en 1989 sur la base d’un recensement

des lieux d’expositions existant en France (1600 musées sur un total de 2000 ont fourni des

réponses sur leur fréquentation ) dont les résultats conduisent à penser que la fréquentation

globale des musées français se situe à un niveau de l’ordre de 50 à 60 millions d’entrées

réparties de la manière suivante : 35 % pour les musées nationaux, 15 % pour les musées

privés et 50 % pour les musées publics. Il convient de préciser la très forte concentration sur

la région parisienne qui réunit 41 % des entrées et même sur Paris qui, avec 5 % des musées

recensés, enregistre le tiers des entrées de la France entière. Les musées de province ont,

quant à eux, une fréquentation moyenne de 24 000 entrées quand ils sont publics et de 19 000

entrées lorsqu’ils sont privés.

Ces chiffres sur les entrées, qui concernent les visites et non les visiteurs, ne permettent

pas d’apprécier le volume de ceux- ci, car ils peuvent être comptabilisés deux fois, ni de

connaître leur profil. Pour mieux définir les contours du public, ses caractéristiques socio-

démographiques, ses usages du musée ou ses attentes, il est nécessaire de procéder à des

enquêtes par sondages, sur le lieu d’exposition, soit en laissant un questionnaire à la

disposition du public, soit en l’administrant à un échantillon de visiteurs avec l’aide

d’enquêteurs professionnels. Dans un cas comme dans l’autre, la validité des résultats est liée

à la représentativité de l’échantillon choisi. En effet, répondent ceux qui le veulent et souvent

sont les plus motivés, les plus mécontents…

Pour une bonne représentation de l’échantillon, on doit connaître la structure du public

interrogé au préalable, notamment par exemple, les variations de fréquentation liées à la

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WATTINNE Amélie - 44 -

fréquentation des week- ends, des vacances… Il faut de plus, s’assurer de l’équilibre entre les

publics d’individuels ou de groupe, ou entre les différentes nationalités.

Plusieurs enquêtes de fréquentation de ce type ont été menées ces dernières années,

notamment dans les grands musées d’art de la région parisienne. Des tendances souvent

convergentes ont été définies :

!"La majorité des visiteurs des grands musées de la région parisienne sont

des touristes étrangers

!"L’image du public des musées à travers les différents résultats est assez

conforme aux « lois » que met souvent en avant la sociologie de la

culture : les bacheliers et les diplômés de l’enseignement supérieur

habitant les grandes villes sont sur- représentés. Le public des musées en

général est composé pour un tiers d’élèves et étudiants, pour un tiers de

cadres supérieurs et d’un tiers des autres catégories de la population.

!"La visite de musée dans les enquêtes « Pratiques culturelles des

Français. »

Ces enquêtes nous permettent de caractériser globalement la visite muséale.

Elle est relativement répandue, elle présente pour un peu plus de la moitié des visiteurs un

caractère exceptionnel, elle est majoritairement familiale, elle est souvent associée à un

déplacement.

L’idée selon laquelle le public des musées change en fonction de la « nature » des

collections est couramment admise : on a l’habitude de considérer que les musées de sciences

et techniques attirent un public plus diversifié, moins élitaire que celui des musées des beaux-

arts par exemple. Or pour l’auteur, il est prouvé, de par de nombreux résultats, qu’il existe un

public propre aux musées de sciences et techniques. Pour lui, il faut retenir que les publics des

différentes sortes de musées se recoupent assez largement, parce que, d’après les résultats, les

visiteurs des musées des beaux-arts se rendent également très majoritairement dans les

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WATTINNE Amélie - 45 -

musées de sciences et techniques.. Les personnes moins familières de la culture ont

effectivement plus tendance à aller dans ces derniers, ce qui ne doit pas conduire à penser

qu’ils fonctionnent massivement comme une ouverture vers les musées d’art.

Cette hypothèse a été largement réfutée, comme nous l’avons vu dans la première partie.

Pour Olivier Donnat, plutôt que de rechercher une segmentation des musées selon la

nature des collections, il serait plus judicieux pour tenter de renouveler les représentations en

termes de public indifférencié, de prendre en compte le clivage entre pratiquants occasionnels

et pratiquants réguliers.

!"Public assidu et public occasionnel

Il s’agit de dépasser la fausse évidence entre public et non public.

Il distingue donc les visiteurs réguliers ( 6 % de la population française) qui se sont rendus

dans un musée 5 fois et plus en un an, et les visiteurs occasionnels, qui ont visité des

établissements culturels 1 ou 2 fois par an.

Les réguliers présentent un profil socio- démographique plus accentué : les cadres, les

professions intellectuelles supérieures et les parisiens sont deux fois plus nombreux que chez

les occasionnels. Ils témoignent d’un niveau d’investissement dans chacun des domaines de la

vie culturelle deux fois plus important que chez les occasionnels.

Les visiteurs occasionnels n’ont pas un comportement en matière culturelle

fondamentalement différent des non visiteurs.

Cette analyse permet de montrer que le fait de visiter un musée occasionnellement est

plutôt associé aux pratiques de sorties que l’on peut qualifier de « familiales » et traduit plus

une ouverture sur le monde extérieur qu’un réel investissement dans les activités culturelles.

Le fait de fréquenter régulièrement les musées entretient par contre de fortes affinités avec la

« culture des sorties » ( aller au théâtre, aux spectacles de danse, de musique classique…),

définie comme telle par Mr Donnat et Mr Cogneau en 1990.

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2) Evolution de la fréquentation.

Ces résultats des enquêtes qualitatives n’apparaissent pas fondamentalement différents

de l’étude de P. Bourdieu il y a plus de 20 ans, sur l’amour de l’art.

En effet, la proportion des français fréquentant les musées n’a que faiblement évolué

en 15 ans. Elle est passée de 27 % à 30 %. Les disparités sociales et géographiques n’ont, par

contre pas diminuées, elles s’accentuent même.

Les facteurs explicatifs de la fréquentation sont les mêmes qu’auparavant, mais les détentions

de diplômes, les origines sociales et le lieu d’habitation ne sont plus aussi explicatifs en terme

de fréquentation.

Ce constat est contradictoire avec les chiffres des entrées dans les musées nationaux qui eux

démontrent une progression spectaculaire de la fréquentation, surtout dans la deuxième partie

des années 80. Ce constat va également à l’encontre de l’idée d’explosion des pratiques

culturelle développée par Mendras en 1988 dans le chapitre « Explosion culturelle », avec

notamment « la ruée vers l’art » et un engouement massif des français pour les musées.

La question est de savoir comment il peut y avoir un tel décalage entre ces résultats, et surtout

comment il faut l’interpréter. Il s’agit prioritairement des procédures de recueil des données,

c’est à dire de la méthode.

!"La démocratisation

Le caractère souvent confus des débats sur les transformations du public des musées et

plus largement sur la question de la démocratisation renvoie un certain nombre de dérives

sémantiques provenant de l’usage non maîtrisé des chiffres.

Cinq remarques sont essentielles pour comprendre les différences d’appréciation que peuvent

susciter la lecture des résultats de l’enquête « Pratiques culturelles des français » et celles des

chiffres d’entrées dans les musées11.

11 Les remarques qui suivent ne s’appliquent pas qu’au cas des musées mais à tous les débats sur l‘ évolution des activités culturelles. Leur prise en compte constitue aux yeux de l’auteur un préalable à toute réflexion sur le thème de la démocratisation.

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Il s’agit de distinction qu’il faut faire pour ne pas fausser la lecture des résultats.

1) Les français et les étrangers.

Les enquêtes sur le lieu de visite tiennent compte des visiteurs étrangers ainsi que des

enfants, qui ne sont pas pris en compte dans les enquêtes nationales par sondages. Cet aspect

est important car le comportement des français peut ne pas évoluer alors que dans les chiffres,

la fréquentation des musées augmente. Cela peut être du à une augmentation du tourisme

international ou de l’augmentation du nombre de visiteurs étrangers.

2) Les visites et les visiteurs.

Dans l’hypothèse où le public des musées intensifie la fréquence de ses visites, on peut

enregistrer une progression des visites sans que le nombre de visiteurs ait augmenté.

3) Evolution des comportements et renouvellement des

représentations.

Lors d’enquêtes sur le lieu de visite, il s’agit de pratiques effectives puisque les

personnes interrogées sont sur place. Lors d’enquêtes nationales, il s’agit d’enregistrer des

déclarations de pratiques, sans disposer des moyens de vérification de la réalité de ces

déclarations.

Les personnes interrogées peuvent oublier de comptabiliser les visites des musées les moins

prestigieux ou au contraire peuvent avoir tendance à les surévaluer.

4) Taux de pénétration et structure.

Les résultats des enquêtes par sondage estiment la fréquentation en terme de taux de

pénétration, par exemple des étudiants. Dans les enquêtes nationales, on tient compte de

l’évolution de la structure dans la population française des étudiants, par exemple, durant la

même période. Ainsi, les étudiants sont plus nombreux à l’heure actuelle, non pas parce qu’on

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WATTINNE Amélie - 48 -

a réussi à atténuer leurs réticences, mais parce qu’ils sont plus nombreux dans la population

française.

5) Evolution de la demande et effets d’offre.

Toute évolution enregistrée au plan de la demande d’un bien ou d’un service doit être reportée

aux éventuelles transformations de l’offre au cours de la même période. Dans le cas des

musées, il peut y avoir hausse de la fréquentation globale sans que la fréquentation

n’augmente dans aucun autre musée de France, il s’agit notamment de l’ouverture d’un

nouveau musée. Le cas du Musée d’Orsay inauguré en 1980 peut être cité, tout comme la

Villette…

!"Les facteurs explicatifs de l’augmentation de la fréquentation.

L’augmentation de la fréquentation des musées est incontestable au cours de la

deuxième moitié des années 1980, mais elle s’est faite sans que les disparités sociales ou

géographiques diminuent de manière sensible, sans que le mouvement de conquête de

nouveaux publics ne soit réellement significatif.

Il paraît donc difficile de parler de démocratisation. On pourrait parler de « moyennisation »

du public, sachant que le phénomène qu’elle décrit est une simple conséquence de l’évolution

structurelle de la société française.

L’augmentation de la fréquentation est le résultat de trois phénomènes :

!"La population française a augmenté ces 15 dernières années (à la date de

1993 mais ce constat est encore valable de nos jours) et a été l’objet de

transformations structurelles importantes, notamment avec la scolarisation.

!"Le tourisme international s’est fortement développé sur la même période

notamment sur la région parisienne.

!"Le public des musées, guidé par une logique de l’exceptionnel ou de

l’occasion a augmenté légèrement la fréquentation moyenne de ses visites.

Les médias ont un rôle important dans ce phénomène. Ils ont tendance à

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médiatiser l’ouverture de nouveaux musées ou font de certaines expositions

des « phénomènes de société », que les visiteurs ne veulent pas manquer…

Ils ont contribué à faire des visiteurs occasionnels des habitués des grands

rendez-vous muséaux, sans en faire des visiteurs réguliers.

Ces trois phénomènes vont s’amplifier dans les années à venir selon l’auteur. En 1993, ce

constat est véridique puisque les médias ont un rôle important en tant que prescripteurs de

visites des musées, comme il est expliqué dans la troisième partie.

Il est également possible de parler d’effets de mode qui risquent de s’émousser

rapidement par la suite.

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C) ETUDE SUR LE TERRAIN : METHODOLOGIE

1) Problématique et hypothèses

L’étude exploratoire qui suit a pour problématique : l’intérêt pour les sciences et les

techniques est –il la motivation principale de visite d’un individuel dans un musée de

sciences ?

Cette problématique met en relation des éléments comportementaux, à savoir les

pratiques de visites (accompagnement pour la visite au musée de sciences, la fréquence des

visites), avec des facteurs psychocognitifs, tels que les motivations, et la signalétique des

visiteurs, c’est à dire leur profil.

Selon les apports théoriques concernant ce sujet dans la première partie, les hypothèses

qui découlent de cette approche exploratoire sont :

!"Les motivations sont différentes selon le profil du visiteur.

!"Les pratiques de visites sont différentes selon le profil du visiteur.

Les motivations sont la détente, la distraction, la curiosité, se cultiver et apprendre, l’intérêt

pour les sciences et les techniques, la matière à discussion, l’intérêt porté au thème exposé, le

coté esthétique du musée, se donner des réponses, connaître les techniques de demain,

actualiser ses connaissances, transmettre un savoir aux enfants, occuper les enfants, ou

s’occuper soi- même un instant.

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Les pratiques de visites concernent essentiellement l’accompagnement dans la visite : le

visiteur est- il venu seul, en couple, entre amis, avec les enfants ou les petits enfants ?

Le profil du visiteur est déterminé par la signalétique : âge et sexe étants les variables

prépondérantes retenues.

2) Questionnaire.

2.1. Justification du questionnaire

Tout d’abord, aucune étude n’a été réalisée au Forum des Sciences en ce qui concerne

les motivations des publics d’individuels, et il paraît intéressant de tester une motivation que

l’on pourrait considérer comme principale, voire même absolue dans un établissement dont la

mission première est liée à la science : l’intérêt pour les sciences et les techniques.

J’ai retracé précisément les différentes motivations que l’on peut imputer aux visiteurs

individuels d’un musée de sciences, en partant des différentes études réalisées sur le sujet.

La signalétique était également importante car elle me permettait par la suite de recréer des

sous-ensembles homogènes de publics en partant des tranches d’âge et du sexe, puisque l’on a

vu avec M.C. Habib que les motivations étaient différentes selon le sexe et l’âge des visiteurs.

Elle a également mis un constat en évidence : il faut citer l ‘établissement pour que les

réponses quant aux motivations soient très précises. Beaucoup d’études rendent compte des

catégories socioprofessionnelles prépondérantes des visiteurs et de la zone géographique

d’attraction du musée concerné.

Selon O. Donnat, la meilleure méthodologie d’administration des questionnaires est sur place,

sur le lieu de visite, de façon à ce que la description de la pratique de visite soit effective et

non pas idéale selon la personne interrogée. Administrer soi- même le questionnaire est

également plus efficace de façon à ne pas biaiser la compréhension des questions par certaine

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WATTINNE Amélie - 52 -

personne. Il faut savoir resituer le contexte au cours de l’interrogation, en laissant le visiteur

exprimer ses idées mais sans l’influencer dans ses réponses.

La fréquence des visites et l’accompagnement du visiteur sont des données qui permettent

également de déterminer le cadre des visites et l’investissement dont fait preuve le visiteur

quant aux pratiques culturelles de visite de musée de science.

2.2. Pré- test

Ce questionnaire a été administré à 20 personnes pour déterminer sa compréhension et

pour vérifier que l’échelle de Lickert à 5 items utilisée était valable.

!"Résultats statistiques du pré- test.

Suite aux résultats statistiques, il a été démontré qu’il fallait changer l’intensité des

modalités de réponses des motivations. En effet, toutes les moyennes des items ne suivent pas

la loi Normale, il est donc nécessaire de les recentrer. Cependant, les moyennes situées entre

2.45 et 3.50 sont acceptées.

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WATTINNE Amélie - 53 -

20 0 32,95 11,98

20 0 2,80 1,15

20 0 2,40 ,99

20 0 2,00 1,12

20 0 2,35 1,18

20 0 3,90 ,72

20 0 2,45 1,05

20 0 4,05 ,83

20 0 3,85 ,81

20 0 2,10 1,07

20 0 3,00 1,92

20 0 3,10 ,91

20 0 2,75 1,74

20 0 2,60 1,05

20 0 3,20 ,83

AgeActualiser vosconnaissancesen matière desciencesvous cultiver etapprendreSatisfaire votrecuriositévous détendreavoir de lamatière àdiscussionpar puredistractionLe côtépurementesthétiquepar pur intérêtpour la scienceOccuper unejournéeOccuper lesenfants/ petitsenfants defaçon culturelleDonner desréponses auxquestions quevouv vousposezTransmettre unsavoir auxenfantsConnaître lestechniques dedemainL'intérêt quevous portez authème

Valide ManquanteN

Moyenne Ecart-type

Statistiques

!"Modifications :

Lors de l’administration, des personnes dont la catégorie socio-professionnelle était

« Cadre » n’arrivaient pas à se situer. Je l’ai donc rajouté entre « Cadre supérieur » et

« Profession libérale ».

Etant donné que je désirais tester les motivations des publics d’individuels, j’ai éliminé la

catégorie « En groupe » dans la première partie du questionnaire qui mesure

Moyennes A recentrer

Moyennes A recentrer

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WATTINNE Amélie - 54 -

l ‘accompagnement dans la visite. J’ai éliminé par moi- même (lors de l’administration du

questionnaire) les visiteurs qui se présentaient en groupe, c’est à dire lors d’un voyage

organisé, avec une association…

J’ai rencontré un autre problème : les personnes qui venaient en couple et avec leurs enfants.

Pour le pré-test, j’ai positionné ces personnes dans la catégorie « Avec les enfants » mais j’ai

transformé cette catégorie en : avec les enfants, en couple ou non, en famille. J’ai eu

l’occasion d’interroger également des frères, et c’est pour cette raison que j’ai rajouté la

mention « En famille ».

Avec ces modifications, j’ai déterminé un nouveau questionnaire, objet définitif de mon étude

sur les motivations.

2.3. Le mode d’administration

L’administration du questionnaire s’est fait en face à face, auprès de 101 personnes.

Elle s’est réalisée devant l’entrée du Forum des Sciences, mais à l’extérieur du complexe.

Pour accéder au Forum, il y a un escalier imposant permettant d’arriver dans le hall d’accueil.

J’ai administré moi- même ces questionnaires en bas des escaliers, avant que les visiteurs ne

prennent leur place pour telle ou telle activité. Il ne fallait pas que le choix d’activités qu’ils

avaient déterminés interviennent dans leurs motivations. De plus, certains visiteurs se

rendaient sur place sans connaître précisément le sujet de l’exposition et dans ces cas là, le

thème de l’exposition ou l’intérêt pour le sujet présenté n’était pas une motivation de visite, et

ne devait pas le devenir de par la visualisation dans le hall des panneaux de présentation des

expositions.

Je m’y suis rendue le vendredi 21 juillet l’après midi pour le pré- test, ainsi que le

samedi 22 et le dimanche 23 juillet, et également l’après midi. Ces trois demis journées ont

été suffisantes pour mener l’administration à terme.

Je n’ai pas interrogées toutes les personnes appartenant au même groupe d’amis ou à

la même famille systématiquement, par égard au temps qu’elles souhaitaient me consacrer.

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WATTINNE Amélie - 55 -

3) L’échantillon

L’âge moyen des 101 personnes interrogées est de 38 ans, entre 15 et 67 ans et sont autant des

hommes (47.5%) que des femmes (52.5%).

48 47,5 47,553 52,5 100,0

101 100,0

masculinfémininTotal

FréquencePourcentage

validePourcentage

cumulé

Tableau de fréquences Sexe

En majorité, les visiteurs sont étudiants ( 26.7 %), employées (21.8 %) et sans

profession ( 18.8 %) ; cette dernière catégorie concernant des mères au foyer. La proportion

de retraités et de cadre est la même soit 9.9 %.

2 2,0 2,0

10 9,9 11,9

7 6,9 18,8

22 21,8 40,64 4,0 44,6

19 18,8 63,4

10 9,9 73,327 26,7 100,0

101 100,0

CadresupérieurCadrePrefessionlibéraleEmployéOuvrierSansprofessionRetraitéEtudiantTotal

FréquencePourcentage

validePourcentage

cumulé

Tableau de fréquences CSP

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WATTINNE Amélie - 56 -

Plus de la moitié des visiteurs habitent la banlieue de Lille (61.4 %) et un tiers environ (32.7

%) habitent à Lille même. Les étrangers venant souvent en groupe, je ne les ai pas interrogés.

Pour répondre au mieux à la problématique, j’ai réalisé des tranches d’ages :

!"Les 15- 24 ans, qui représentent 27.7 % des personnes interrogées,

!"Les 25- 39 ans, qui représentent 28.7 %

!"Les 40- 59 ans qui représentent 30.7 %,

!"Les 60 ans et plus qui ne représentent que 12.9 %, soit la moitié des autres tranches

d’âge en général.

28 27,7 27,7

29 28,7 56,4

31 30,7 87,1

13 12,9 100,0

1: 15-24ans

2: 25-39ans

3: 40- 59ans

4: Plus de60 ans

FréquencePourcentage

validePourcentage

cumulé

Tableau de fréquences des tranches d'âge

Ces tranches d’âge sont ensuite réparties selon le sexe et on obtient donc 8 sous- ensembles de

population homogènes:

!"1 : Les femmes de 15- 24 ans

!"2 : Les hommes de 15- 24 ans

!"3 : Les femmes de 25- 39 ans

!"4 : Les hommes d e25- 39 ans

!"5 : Les femmes de 40- 59 ans

!"6 : Les hommes de 40- 59 ans

!"7 : Les femmes de plus de 60 ans

!"8 : Les hommes de plus de 60 ans

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WATTINNE Amélie - 57 -

11 10,9 10,9

17 16,8 27,7

15 14,9 42,6

13 12,9 55,4

19 18,8 74,3

13 12,9 87,1

7 6,9 94,1

6 5,9 100,0

101 100,0

Lesfemmes

de 15- 24ans

Les hommesde 15- 24

ansLes

femmesde 25- 39

ansLes

hommesde 25- 39

ansLes

femmesde 40- 59

ansLes

hommesde 40- 59

ansLes

femmesde 60 ans

et plus

Leshommesde 60 ans

et plus

Total

FréquencePourcentage

validePourcentage

cumulé

Tableau de fréquences des sous populations homogènes

Les femmes de 40 à 59 ans sont les plus nombreuses, elles représentent 18.8 % de

l’échantillon. Puis viennent les hommes de 15 à 24 ans ( 16.8 %). Les moins nombreux sont

les hommes de 60 ans et plus ( 5.9 %).

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WATTINNE Amélie - 58 -

4) Résultats de l’étude

4.1. Test de fiabilité de l’échelle mesurée. !"Résultat de la première ACP :

1,000 ,584

1,000 ,757

1,000 ,644

1,000 ,768

1,000 ,751

1,000 ,538

1,000 ,667

1,000 ,701

1,000 ,645

1,000 ,537

1,000 ,657

1,000 ,881

1,000 ,863

1,000 ,698

vous détendrepar puredistractionSatisfaire votrecuriositévous cultiver etapprendrepar pur intérêtpour la scienceavoir de lamatière àdiscussionL'intérêt quevous portez authèmeLe côtépurementesthétiqueDonner desréponses auxquestions quevouv vousposezConnaître lestechniques dedemainActualiser vosconnaissancesen matière desciencesTransmettre unsavoir auxenfantsOccuper lesenfants/ petitsenfants defaçon culturelleOccuper unejournée

Initial Extraction

Qualité de représentation

Méthode d'extraction : Analyse desprincipaux composants.

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WATTINNE Amélie - 59 -

Tous les items étudiés seront conservés lors de la deuxième ACP, car aucun d’entre eux n’a

une qualité de représentation inférieure à 0.5.

!"Deuxième ACP :

Les items convergent en 5 facteurs, qui nous apportent 69.22 % d’informations. Ce résultat est

valide car il met en évidence le peu de pertes d’informations.

Composition des 5 facteurs :

!"Facteur 1 : Connaissances pour soi.

!"Facteur 2 : Motivations pour les enfants

!"Facteur 3 : Loisir

!"Facteur 4 : Valorisation par rapport à autrui

!"Facteur 5 : Occuper une journée.

3,576 25,542 25,542 3,576 25,542 25,5422,468 17,626 43,168 2,468 17,626 43,1681,401 10,008 53,176 1,401 10,008 53,1761,140 8,142 61,317 1,140 8,142 61,3171,107 7,904 69,222 1,107 7,904 69,222,842 6,016 75,237,669 4,778 80,016,657 4,690 84,706,517 3,693 88,399,464 3,317 91,716,446 3,184 94,900,362 2,585 97,484,253 1,806 99,290

9,934E-02 ,710 100,000

Composante1234567891011121314

Total

% de lavariance

==%

cumulés Total

% de lavariance

==%

cumulés

Valeurs propres initiales Sommes des carrés chargées

Variance expliquée totale

Méthode d'extraction : Analyse des principaux composants.

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WATTINNE Amélie - 60 -

,225 -,336 ,646 -4,91E-02 -7,08E-04

-7,85E-03 4,066E-02 ,646 3,580E-02 1,441E-02

,621 ,257 8,278E-02 4,794E-02 -,428

,401 ,480 ,196 -,509 -,282

,785 -,312 5,070E-02 -,129 ,134

,285 ,168 9,142E-02 ,622 ,182

,717 -9,95E-02 -,269 1,903E-02 ,265

-,190 ,179 -3,94E-02 ,704 -,368

,682 ,127 ,303 ,213 -,165

,712 -4,09E-03 ,101 -5,53E-02 -,128

,757 ,250 9,693E-02 4,315E-03 ,107

8,459E-02 ,916 -,112 ,121 8,621E-02

-2,99E-02 ,900 -7,88E-02 ,150 ,152

1,636E-02 ,252 2,578E-02 -1,44E-03 ,796

Vous détendrePar puredistractionSatisfaire votrecuriositéVous cultiver etapprendrePar pur intérêtpour la scienceAvoir de lamatière àdiscussionL'intérêt quevous portez authèmeLe côtépurementesthétiqueDonner desréponses auxquestions quevouv vousposezConnaître lestechniques dedemainActualiser vosconnaissancesen matière desciencesTransmettre unsavoir auxenfantsOccuper lesenfants/ petitsenfants defaçon culturelleOccuper unejournée

1 2 3 4 5Composante

Matrice des composantes après rotationa

Méthode d'extraction : Analyse en composantes principales. Méthode de rotation : Varimax avec normalisation de Kaiser.

La rotation a convergé en 8 itérations.a.

L’item « Vous cultiver et apprendre » est anti-corrélé, il reste dans le facteur 2 pour l’analyse.

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WATTINNE Amélie - 61 -

!"Alpha de Cronbach et conclusions sur la fiabilité de l’échelle.

Facteur 1 : connaissances pour soi 1. CURIOSIT Satisfaire votre curiosité 2. INTÉRÊT par pur intérêt pour la science 3. THÈME L'intérêt que vous portez au thème 4. RÉPONSES Donner des réponses aux questions que… 5. TECHNIC Connaître les techniques de demain 6. CONNAISS Actualiser vos connaissances en matière Item-total Statistics Scale Scale Corrected Mean Variance Item- Squared Alpha if Item if Item Total Multiple if Item Deleted Deleted Correlation Correlation Deleted CURIOSIT 12,4752 8,1319 ,4939 ,3393 ,7962 INTÉRÊT 11,3663 6,1945 ,6447 ,4959 ,7711 THÈME 12,1188 7,6657 ,5299 ,3613 ,7895 RÉPONSES 12,1584 7,8947 ,5988 ,4280 ,7765 TECHNIC 12,3564 7,9917 ,5855 ,3845 ,7796 CONNAISS 12,3465 7,5687 ,6341 ,4107 ,7675 _ Reliability Coefficients 6 items Alpha = ,8102 Standardized item alpha = ,8172

Pour les items de départ de ce facteur, on obtient un alpha de 0.8102, soit supérieur à 0.80, ce

qui prouve que l’on a bien mesuré ce que l’on voulait mesurer. CE facteur et les items le

composants sont fiables.

Facteur 2 : Motivations pour les enfants 1. CULTIVER vous cultiver et apprendre 2. SAVOIR Transmettre un savoir aux enfants 3. OCCUPER Occuper les enfants/ petits enfants

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WATTINNE Amélie - 62 -

Item-total Statistics Scale Scale Corrected Mean Variance Item- Squared Alpha if Item if Item Total Multiple if Item Deleted Deleted Correlation Correlation Deleted CULTIVER 5,1782 10,6479 ,2517 ,0785 ,9283 SAVOIR 4,6238 4,2970 ,8669 ,7846 ,2371 OCCUPER 4,2178 3,2521 ,8214 ,7781 ,3267

Reliability Coefficients 3 items

Alpha = ,7423 Standardized item alpha = ,7175

Si l’on évince du facteur 2 l’item « se cultiver et apprendre », l’alpha est supérieur au résultat

du facteur avec toutes ces composantes. L’alpha est donc de 0.9283 et la fiabilité du facteur

s’en trouve améliorée. Les facteur est donc composé de deux variables fiables.

Facteur 3 : loisirs.

1. DÉTENTE vous détendre 2. DISTRACT par pure distraction

Item-total Statistics Scale Scale Corrected Mean Variance Item- Squared Alpha if Item if Item Total Multiple if Item Deleted Deleted Correlation Correlation Deleted DETENTE 1,9604 ,3584 ,3082 ,0950 . DISTRACT 2,8614 ,7006 ,3082 ,0950 . Reliability Coefficients 2 items Alpha = ,4517 Standardized item alpha = ,4712

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WATTINNE Amélie - 63 -

La fiabilité du facteur est insuffisante pour mesurer ce que l’on veut mesurer.

Facteur 4 : valorisation par rapport à autrui. 1. DISCUSS avoir de la matière à discussion 2. ESTHÉTIC Le côté purement esthétique

Item-total Statistics Scale Scale Corrected Mean Variance Item- Squared Alpha if Item if Item Total Multiple if Item Deleted Deleted Correlation Correlation Deleted DISCUSS 3,0594 ,9964 ,0990 ,0098 . ESTHÉTIC 3,6238 1,0770 ,0990 ,0098 .

Reliability Coefficients 2 items Alpha = ,1801 Standardized item alpha = ,1802

La fiabilité du facteur est insuffisante. Facteur 5 : Occuper une journée.

Ce facteur était composé d’un seul item et le calcul de sa fiabilité n’est pas possible.

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WATTINNE Amélie - 64 -

Les facteurs 1 et 2 sont suffisants pour mesurer ce que l’on voulait mesurer avec cette

échelle. Ils regroupent les items suivants et assurent la validité du questionnaire :

!"Satisfaire votre curiosité

!"Par pur intérêt pour la science

!"L’intérêt que vous portez au thème

!"Donner des réponses aux questions que vous vous posez

!"Connaître les techniques de demain

!"Actualiser vos connaissances en matière de science

!"Transmettre un savoir aux enfants

!"Occuper les enfants de manière culturelle.

Les items composants les facteurs 3, 4 et 5 ne sont donc pas fiables pour mesurer les

motivations. Ils altèrent la fiabilité de la mesure. Il s’agit de :

!"Vous détendre

!"Par pure distraction

!"Avoir de la matière à discussion

!"Le coté purement esthétique

!"Occuper une journée.

Le reste de mon analyse ne portera que sur les items contenus dans les facteurs 1 et 2.

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WATTINNE Amélie - 65 -

4.2. Fréquences et accompagnement dans la visite.

Analyse univariée.

Dans 69.3 % des cas, il s’agit de la première fois que les visiteurs viennent au Forum

des Sciences. Seuls 2 % de la population interrogée est venue plusieurs fois en un an. 11.9 %

des visiteurs sont venu il y a moins de deux ans et 9.9 % sont venus il y a plus de deux ans.

70 69,3 69,3

7 6,9 76,2

2 2,0 78,2

12 11,9 90,1

10 9,9 100,0

C'est lapremièrefois quevousvenezVenu unefois, il y amoinsd'un anVenuplusieursfois en unanPas venul'annéedernièremais il y amoins de2 ansPas venul'annéedernièremais il y aplus de 2ans

FréquencePourcentage

validePourcentage

cumulé

Fréquences des visites

On ne peut donc pas dire que le Forum à un public assidu, mais celui- ci serait plutôt

occasionnel. Il ne s’agit pas d’un public éclectique, mais nous ne possédons aucune données

quant à leurs habitudes de fréquentation d’autres établissements culturels.

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WATTINNE Amélie - 66 -

25 24,8 24,8

1 1,0 25,715 14,9 40,6

45 44,6 85,1

15 14,9 100,0

EntreamisSeulEn coupleAvec lesenfants (en coupleou seul) ,en familleAvec lespetitsenfants(en coupleou seul),en famille

FréquencePourcentage

validePourcentage

cumulé

Tableau de fréquences pratique de visite

Les visiteurs font des visites en famille, c’est à dire généralement avec les enfants, en

couple ou non ( dans 44.6 % des cas) et entre amis dans 24.8 % des visites. Les visites en

couple ou avec les petits enfants représentent chacune une proportion de 14.9 % des cas.

Les visites en famille sont donc prépondérantes au Forum des sciences.

A la vue de ces premiers résultats l’hypothèse développée par O. Donnat et selon laquelle

visiter un musée occasionnellement est plutôt associé aux pratiques de sorties dites

« familiales » est vérifiée.

Analyse bivariée.

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WATTINNE Amélie - 67 -

Sous populations

Les hommes de 60 ans

Les femmes de 60 ans

Les hommes de 40- 59

Les femmes de 40- 59

Les hommes de 25- 39

Les femmes de 25- 39

Les hommes de 15- 24

Les femmes de 15- 24

Effe

ctif

16

14

12

10

8

6

4

2

0

fréquence de visite

Première visite

venu une fois

moins d'un an

Plusieurs fois

en un an

Moins de 2 ans

Plus de 2 ans

Le test de dépendance entre le profil des visiteurs (déterminé par sa catégorie

d’appartenance aux sous- populations homogènes définies) et la fréquence des visites a mis en

évidence que les pratiques de visites sont différentes selon l’âge et le sexe des individus.

Ces résultats nous prouvent que les femmes et hommes de n’importe quelles

catégories sont venus en majorité pour la première fois.

Cependant, la majorité des personnes venues au mois une fois en mois d’un an sont les

femmes de 25 à 39 ans et les hommes de 40 à 59 ans.

Les femmes de 15 à 24 ans sont les seules à être venues au Forum plusieurs fois en un an.

La majorité des personnes venues il y a moins de 2 ans sont les femmes de 25 à 39 ans et

celles venues il y a plus de 2 ans sont celles de 40 à 59 ans.

Les personnes les plus régulières en matière de visites au Forum sont donc les femmes de 15 à

59 ans en général.

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WATTINNE Amélie - 68 -

Sous populations

Les hommes de 60 ans

Les femmes de 60 ans

Les hommes de 40- 59

Les femmes de 40- 59

Les hommes de 25- 39

Les femmes de 25- 39

Les hommes de 15- 24

Les femmes de 15- 24

Effe

ctif

14

12

10

8

6

4

2

0

but de la visite

entre amis

seul

en couple

avec les enfants

avec les petits

enfants

Le test de dépendance effectué sur le profil de visiteurs et leur fréquence de visite est

concluant : la fréquence des visites dépend de la sous population d’appartenance de

l’individu.

Les hommes et femmes de 40 à 59 ans et celles de 60 ans et plus pratiquent en

majorité les visites familiales, avec une prépondérance chez les femmes de 40 à 59 ans.

Les hommes et femmes de 25 à 39 ans viennent en couple, mais également en famille et les

visites entre amis sont l’attribut des jeunes : c’est à dire les hommes et femmes de 15à 24 ans,

avec une majorité pour les hommes.

Les visiteurs du Forum des sciences sont venus en majorité pour la première fois et dans un

contexte de visite familial.

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WATTINNE Amélie - 69 -

4.3. Motivations.

!"Satisfaire votre curiosité

Sous populations

Les hommes de 60 ans

Les femmes de 60 ans

Les hommes de 40- 59

Les femmes de 40- 59

Les hommes de 25- 39

Les femmes de 25- 39

Les hommes de 15- 24

Les femmes de 15- 24

Effe

ctif

16

14

12

10

8

6

4

2

0

Curiosité

Tout à fait d'accord

D'accord

Ni d'accord, ni pas

d'accord

Pas d'accord

La curiosité est très importante en terme de motivation chez les hommes de 60 ans et

plus. Elle est importante chez les femmes de 40 à 59 ans et les hommes de 15 à 24 ans.

La proportion la plus importante de personnes considérant que la curiosité n’est

absolument pas une motivation pour elles est la catégorie des femmes de 15 à 24 ans, même si

celles ci sont d’accord dans l’ensemble avec le fait que la motivation de leur visite est la

curiosité.

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WATTINNE Amélie - 70 -

!"Par pur intérêt pour les sciences et les techniques

Sous populations

Les hommes de 60 ans

Les femmes de 60 ans

Les hommes de 40- 59

Les femmes de 40- 59

Les hommes de 25- 39

Les femmes de 25- 39

Les hommes de 15- 24

Les femmes de 15- 24

Effe

ctif

12

10

8

6

4

2

0

Intérêt pour science

Tout à fait d'accord

D'accord

Ni d'accord, ni pas

d'accord

Pas d'accord

Pas du tout d'accord

Il y a bien une dépendance entre le profil des visiteurs et la motivation pour les

sciences et les techniques.

En règle générale, cet aspect n’est pas la motivation principale de visite pour les

personnes interrogées.

Seuls les hommes émettent un avis contraire à ce postulat en majorité, surtout ceux de 15 à 24

ans.

Les femmes de 25 à 39 ans sont totalement indifférentes aux sciences et aux techniques en

terme de motivation, ainsi que celles de 15 à 24 ans.

Page 71: L’intérêt pour les sciences et les techniques est-il la ...mvmemoire.free.fr/m%E9moires/Les%20m%E9moires/wattine.pdf · présentation d’éléments de culture technique, jusque

WATTINNE Amélie - 71 -

!"L’intérêt que vous portez au thème

Sous populations

Les hommes de 60 ans

Les femmes de 60 ans

Les hommes de 40- 59

Les femmes de 40- 59

Les hommes de 25- 39

Les femmes de 25- 39

Les hommes de 15- 24

Les femmes de 15- 24

Effe

ctif

14

12

10

8

6

4

2

0

Thème

Tout à fait d'accord

D'accord

Ni d'accord, ni pas

d'accord

Pas d'accord

Pas du tout d'accord

Le profil du visiteur interfère sur la motivation liée au thème exposé au Forum des

sciences.

En effet, ce thème est indifférent aux femmes de 40 à 59 ans et à celles de 15 à 24 ans

pour la majorité d’entre elles. Par contre, il est source de motivation pour les hommes de

toutes les catégories, surtout chez les hommes d e60 ans et plus, totalement d’accord avec

l’idée que la visite dépend du thème exposé.

Page 72: L’intérêt pour les sciences et les techniques est-il la ...mvmemoire.free.fr/m%E9moires/Les%20m%E9moires/wattine.pdf · présentation d’éléments de culture technique, jusque

WATTINNE Amélie - 72 -

!"Donner des réponses aux questions que vous vous posez

Sous populations

Les hommes de 60 ans

Les femmes de 60 ans

Les hommes de 40- 59

Les femmes de 40- 59

Les hommes de 25- 34

Les femmes de 25- 34

Les hommes de 15- 24

Les femmes de 15- 24

Effe

ctif

14

12

10

8

6

4

2

0

Donner des réponses

Tout à fait d'accord

D'accord

Ni d'accord, ni pas

d'accord

Pas d'accord

Pas du tout d'accord

Cette motivation est prépondérante chez les hommes de plus de 40 ans ( soit deux sous

populations).

Dans le reste des personnes interrogées ; qu’elles soient hommes ou femmes, la moitié

environ est d’accord pour énoncer que donner des réponses aux questions qu’elles se posent

est motivant pour la réalisation de la visite, et l’autre moitié y est indifférente.

Aucune personne n’a mentionné la modalité « Pas du tout d’accord » quant à cette

motivation.

!"Connaître les techniques de demain

Page 73: L’intérêt pour les sciences et les techniques est-il la ...mvmemoire.free.fr/m%E9moires/Les%20m%E9moires/wattine.pdf · présentation d’éléments de culture technique, jusque

WATTINNE Amélie - 73 -

Sous populations

Les hommes de 60 ans

Les femmes de 60 ans

Les hommes de 40- 59

Les femmes de 40- 59

Les hommes de 25- 39

Les femmes de 25- 39

Les hommes de 15- 24

Les femmes de 15- 24

Effe

ctif

14

12

10

8

6

4

2

0

Techniques demain

Tout à fait d'accord

D'accord

Ni d'accord, ni pas

d'accord

Pas d'accord

Sont parfaitement d’accord avec cet aspect des motivations, les hommes de15 à 24

ans, ainsi que ceux de 60 ans et plus, et ceux de 40 à 59 ans.

Les femmes, hormis celles de 60 ans et plus et celles de 40 à 59 ans sont partagées sur le

sujet.

Cette motivation n’a pas fait l’objet de réponse « Pas du tout d’accord ».

!"Actualiser vos connaissances des sciences

Page 74: L’intérêt pour les sciences et les techniques est-il la ...mvmemoire.free.fr/m%E9moires/Les%20m%E9moires/wattine.pdf · présentation d’éléments de culture technique, jusque

WATTINNE Amélie - 74 -

Sous populations

Les hommes de 60 ans

Les femmes de 60 ans

Les hommes de 40- 59

Les femmes de 40- 59

Les hommes de 25- 39

Les femmes de 25- 39

Les hommes de 15- 24

Les femmes de 15- 24

Effe

ctif

12

10

8

6

4

2

0

Connaissances

Tout à fait d'accord

D'accord

Ni d'accord, ni pas

d'accord

Pas d'accord

Les femmes de 15 à 39 ans sont indifférentes à cette motivation.

Les hommes de toutes les catégories sont d’accord pour dire que l’actualisation de leurs

connaissances en matière de sciences est un motif prépondérant de visite, surtout ceux de 60

ans et plus.

!"Transmettre un savoir aux enfants

Page 75: L’intérêt pour les sciences et les techniques est-il la ...mvmemoire.free.fr/m%E9moires/Les%20m%E9moires/wattine.pdf · présentation d’éléments de culture technique, jusque

WATTINNE Amélie - 75 -

Sous populations

Les hommes de 60 ans

Les femmes de 60 ans

Les hommes de 40- 59

Les femmes de 40- 59

Les hommes de 25- 39

Les femmes de 25- 39

Les hommes de 15- 24

Les femmes de 15- 24

Effe

ctif

16

14

12

10

8

6

4

2

0

Savoir aux enfants

Tout à fait d'accord

D'accord

Ni d'accord, ni pas

d'accord

Pas d'accord

Pas du tout d'accord

Cette motivation est celle pour laquelle l’avis est unanime à partir de 25 ans :

transmettre un savoir aux enfants est un motif prépondérant de visite, surtout chez les hommes

et les femmes de 40 à 59 ans (ceux qui effectuent le plus de visites familiales).

Les personnes de 15 à 24 ans ne sentent pas concerné par le sujet, ce qui est tout à fait

logique.

!"Occuper les enfants de manière culturelle

Page 76: L’intérêt pour les sciences et les techniques est-il la ...mvmemoire.free.fr/m%E9moires/Les%20m%E9moires/wattine.pdf · présentation d’éléments de culture technique, jusque

WATTINNE Amélie - 76 -

Sous populations

Les hommes de 60 ans

Les femmes de 60 ans

Les hommes de 40- 59

Les femmes de 40- 59

Les hommes de 25- 39

Les femmes de 25- 39

Les hommes de 15- 24

Les femmes de 15- 24

Effe

ctif

20

10

0

Occuper les enfants

Tout à fait d'accord

D'accord

Ni d'accord, ni pas

d'accord

Pas d'accord

Pas du tout d'accord

Les hommes et les femmes de 15 à 24 ans ne sont pas concernés par le sujet, leur

réponse n’a donc pas de valeur explicative en ce qui concerne cette motivation.

Cependant, elle est unanime également pour toutes les autres catégories, surtout à partir de 40

ans.

!"Conclusions.

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WATTINNE Amélie - 77 -

Les hypothèses émises suite à la théorie développée dans la première partie sont vérifiées. Au

Forum des sciences, les visiteurs, classés en sous populations selon leur âge et leur sexe,

développent des motivations différentes d’une part, mais également des fréquences et des

pratiques de visites divergentes d’autre part.

J’ai réalisé une sociologie des motivations de visites au Forum des sciences :

Les femmes de 15- 24 ans Viennent pour la 1ère fois

Viennent entre amis

Les hommes de 15- 24 ans 1ère fois

Entre amis

La curiosité

Indifférence aux réponses aux questions

qu’elles peuvent se poser

Indifférence à la connaissance des techniques

de demain

Indifférence à l’actualisation de leurs

connaissances scientifiques.

La curiosité est importante

L’intérêt pour les sciences et les techniques

Le thème exposé

Les techniques de demain

Actualisation de leurs connaissances

scientifiques.

Les femmes de 25 à 39 ans Au moins une fois en un an

En couple et en famille, avec les enfants

Les hommes de 25 à 39 ans 1ère fois

En couple et en famille

La curiosité

Transmettre un savoir aux enfants

Occuper les enfants de façon culturelle

La curiosité

L’intérêt pour les sciences et les techniques

Le thème exposé

Donner des réponses aux questions qu’ils se

posent

Actualisation de leurs connaissances

scientifiques

Transmettre un savoir aux enfants

Occuper les enfants de façon culturelle

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WATTINNE Amélie - 78 -

Les femmes de 40 à 59 ans 1ère fois

Avec les enfants

Les hommes de 40 à 59 ans 1ère fois

Avec les enfants

La curiosité

Les techniques de demain

Actualisation de leurs connaissances

scientifiques

Transmettre un savoir aux enfants

Occuper les enfants de façon culturelle

La curiosité

L’intérêt pour les sciences et les techniques

Le thème exposé

Donner des réponses aux questions qu’ils se

posent

Les techniques de demain

Actualisation de leurs connaissances

scientifiques

Transmettre un savoir aux enfants

Occuper les enfants de façon culturelle

Les femmes de 60 et plus 1ère fois

Avec les petits enfants

Les hommes de 60 ans et plus Au moins une fois il y a plus de 2 ans

Avec les petits enfants

La curiosité

Les techniques de demain

Actualiser leurs connaissances

Transmettre un savoir aux enfants

Occuper les petits enfants de façon culturelle

La curiosité

L’intérêt pour les sciences et les techniques

Donner des réponses aux questions qu’ils se

posent

Les techniques de demain

Actualiser leurs connaissances scientifiques

Transmettre un savoir aux enfants

Occuper les enfants de façon culturelle

Les hommes en règle générale développent des motivations plus précises et plus en

relation avec les sciences que ne peuvent le faire les femmes.

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WATTINNE Amélie - 79 -

5) Discussion

La théorie liée à cette étude est la réalisation d’une sociologie de motivation pour le

public d’individuel du Forum des sciences. Connaître ses publics est une chose importante de

façon à pouvoir répondre au mieux à leurs attentes. Connaître les motivations de ses publics

permet à un musée des sciences tel que le Forum de pouvoir communiquer sur les éléments de

réponses qu’il peut apporter aux attentes de ses publics.

Cette typologie a été réalisée avec les apports de la théorie développée dans la première

partie. Il existe de nombreux écrits sur les musées en général, mais le domaine des musées de

sciences est restreint, et le volume des écrits sur les publics de ces établissements n’est pas

très étoffé. L’actualisation des textes et des données en ce qui concerne la mesure de la

fréquentation des musées de sciences est déficiente. De nombreux chiffres datent des années

1990 mais ne sont pas remis à jour régulièrement. Beaucoup de données chiffrées sont

actualisées pour les musées nationaux et leur fréquentation, mais pas pour les musées de

sciences.

La sociologie des motivations que j’ai réalisé au Forum et celle que Mme M. C. Habib

a mis en place à la Cité des Sciences ne peuvent pas se comparer. En effet, l’échantillon de

départ n’est pas identique. De plus, la méthode d’analyse diverge : celle de Mme M. C. Habib

concerne des corpus libres, dont le vocabulaire a été très précisément exploité. Il s’agissait

d’entretien semi-directifs, dans lesquels il faut laisser parler l’individu interrogé. Les réponses

sont plus précises et les motivations plus détaillées.

Cependant, on voit quand même apparaître des similitudes, de par l’âge et le sexe. Les

femmes se préoccupe en prioritéde leurs enfants, par souci pédagogique, mais développe

également une envie d’actualisation de leurs connaissances. La curiosité est une motivation

récurrentes chez les femmes, quelque soit leur âge. Les hommes sont motivés par le domaine

des sciences, que ce soit pour actualiser leurs connaissances ou pour le thème exposé. Ils

citent souvent les enfants comme but de visite.

Cette étude a permis de répondre à la problématique : les sciences et les techniques ne sont

pas la motivation principale de visite.

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WATTINNE Amélie - 80 -

Une correspondance entre les profils des visiteurs et les thèmes de prédilection qu’ils

souhaiteraient voir aborder au Forum des Sciences nous manque pour réaliser une étude plus

concrète.

Cette étude possède une limite de validité interne qu’il est nécessaire de mettre en évidence.

Les questionnaires ont été administrés au mois de juillet ( la deuxième quinzaine ), en période

de vacances. La fréquentation de l’établissement est importante pendant cette période, mais

n’est pas représentative de la fréquentation de l’année en général. Il faudrait appliquer un

coefficient de saisonnalité à ces données pour les actualiser. Le fait que les questionnaires

aient été administrés pendant les vacances scolaires explique peut-être le nombre important de

premières visites.

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WATTINNE Amélie - 81 -

TROISIEME PARTIE.

LA REPONSE DES MUSEES DE SCIENCES AUX

ATTENTES DE LEURS PUBLICS POUR VALORISER

LEURS MOTIVATIONS.

Lors de la première partie, de nombreux résultats d’études et de recherches sur les

publics de musées de sciences ont été présentés.

Il a été prouvé qu’il n’existait pas un public- type des musées de sciences mais des publics,

dont la motivation principale est l’intérêt pour les sciences et les techniques. Or, ce domaine

est vaste et implique de nombreuses disciplines.

Grâce à l’étude menée au Forum des Sciences de Villeneuve d’Ascq, il a été mis en évidence

que l’idée de motivations multiples de la visite d’un individuel dans un musée de sciences est

vérifiée. La curiosité pour la Science recouvre en réalité des centres d’intérêts hétérogènes.

Il a également été dit que rien n’est acquis en matière de publics pour les musées de

sciences car ces publics sont versatiles, hétérogènes, divers et volatiles. La notion de service

devient essentielle et il est légitime de se demander quelle réponse peut être mises en place

par les musées de sciences pour répondre aux attentes de leurs publics.

La réponse des musées de sciences français est différente de celles développées par les autres

pays européens, notamment l’Angleterre. Elle est également différente de la réponse

développée par le Canada, le pays considéré comme la référence en matière de muséologie.

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WATTINNE Amélie - 82 -

A) LA REPONSE DES MUSEES DE SCIENCES FRANÇAIS.

La médiation culturelle10 pourrait se définir comme étant l’intérêt qu’un établissement

culturel porte à son ou à ses publics. Il a été dit que les musées de sciences n’avait pas un

public unique mais une somme de publics singuliers. La notion de médiation culturelle prend

donc plus d’ampleur, et même si elle apparue tardivement en France (il y a environ une

quinzaine d’années), elle est plus récente qu’en Amérique du Nord par exemple.

Après avoir admis l’importance de la connaissance de ses publics, les musées de sciences

français ont développé plusieurs réponses.

10 Article provenant de la revue Musées et collections publiques de France, n° 216, 1997-3, Ed OCIM, Dijon, p. 31 à 35.

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WATTINNE Amélie - 83 -

1) La vulgarisation scientifique.

!"Définition.

Vulgariser les problèmes et les avancées de la science est une mission confiée aux

personnels de la recherche publique. Ils doivent assurer la « diffusion de l’information et de

la culture scientifique, technique et industrielle dans toute la population et notamment parmi

les jeunes ».

Ceci dans un double souci : culturel et civique. Culturel car la science et les techniques font

parties de la culture au même titre que les autres connaissances . Partager le savoir, c’est

permettre au plus grand nombre de participer à l’aventure scientifique et technique. Civique

car l’aventure culturelle et technique n’est pas uniquement culturelle car science et technique

marquent profondément notre vie quotidienne et notre environnement. Un bagage scientifique

minimal est impératif pour participer en toutes connaissances de cause aux choix politiques

qui engagent l’avenir de la planète.

Les jeunes, par exemple, sont un auditoire privilégié. L’explication des connaissances de

pointes va leur permettre de satisfaire leur curiosité pour la science et les inciter à approfondir

leurs connaissances.

!"Les vulgarisateurs.

Ils sont les scientifiques eux-mêmes. Ils doivent trouver les moyens de communiquer

avec le plus grand nombre et ils doivent savoir prendre le temps d’expliquer d’une manière

simple et accessible au grand public.

Vulgariser, une périlleuse nécessité.

Article de la revue Musées et

collections publiques de France,

n°206, 1995-1, Ed OCIM, p. 36,37.

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WATTINNE Amélie - 84 -

Ils sont les témoins aussi du fait que la science ambitionne de décrire le savoir mais que la

vérité n’est jamais atteinte. Ils marquent aussi clairement la différence fondamentale qui

caractérise la démarche scientifique et la croyance.

Leur rôle est véritablement important puisqu’ils replacent les sciences et les techniques à leur

juste valeur, sans trop de mystification.

!"Vulgariser est difficile.

Vulgariser est difficile car la traduction en termes simples de connaissances souvent

pointues n’est pas facile.

Pour expliquer, il faut impérativement simplifier en acceptant le risque de fausser quelque peu

le message : ce risque n’est pas souvent pris car l’écart entre le fait scientifique brut et sa

version publique est trop important. Le développement rapide de la science complique encore

ce risque. De plus, il existe des difficultés liées aux relais médiatiques professionnels utilisés lors de la

vulgarisation. La presse, la radio, la télévision sont les moyens les plus efficaces pour traduire

largement les faits scientifiques, mais les médias privilégient souvent le spectaculaire et le

sensationnel, alors que les caractéristiques dominantes de l’approche scientifique sont la

patience et le doute.

La télévision représente pour 45% des français le moyen préféré pour obtenir des

informations scientifiques mais est également le moyen de communication le plus difficile à

gérer en terme de vulgarisation :

!"La hantise du zapping et l’obsession de l’audimat entraîne une dégradation du

discours scientifique aux heures de grande écoute.

!"Il est difficile de savoir si le message diffusé dans ce contexte est parfaitement

perçu par l’auditoire ou ne sert qu’à la promotion de l’émission.

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WATTINNE Amélie - 85 -

La radio est le lieu privilégié ou les scientifiques peuvent s’exprimer sans contraintes.

La presse écrite est un autre lieu privilégié car elle s’adresse à un lecteur qui a choisi

son support médiatique et qui doit donc s’y tenir. Pour une communication efficace, une

collaboration doit s’établir entre le scientifique et le journaliste, sous forme de binôme.

Le livre, quant à lui, est un espace de libertés absolues, mais est réservé à quelques

rares privilégiés.

En terme de vulgarisation, l’idéal serait que le scientifique partage l’émotion avec le

public. Cela donnerait à la science une dimension véritablement artistique.

Le musée de sciences est un vulgarisateur par excellence, car lors de la conception de

ses expositions, il se voit dans l’obligation de simplifier au maximum les informations

scientifiques qu’il désire transmettre à ses publics.

Au niveau du musée de sciences, la vulgarisation se pose à deux niveaux : les médias

et l’enseignement.

Vulgarisation

Préoccupation constante des

musées de sciences.

Eléments de réflexion sur les musées

scientifiques et techniques.

Revue du Palais de la Découverte, supplément, décembre 1981, Paris,

p.11 à 13.

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WATTINNE Amélie - 86 -

!"Vulgarisation et médias.

La forme et le sujet de la vulgarisation dépendent de la nature du support utilisé : les

préoccupations sont différentes pour un écrivain scientifique, un chercheur, un enseignant, ou

un responsable de musée.

Ainsi, un journaliste scientifique va traiter du sujet des bébés éprouvette ou de l’engineering

génétique, alors que le musée de sciences devra, en plus, traiter les grands principes de la

génétique , au risque de paraître trop scolaire, trop didactique, trop ennuyeux. Il faut que le

musée de sciences fournisse de manière permanente les informations – clef permettant aux

publics de recevoir et d’assimiler l’information instantanée que la souplesse des autres médias

(presse, radio…) permet de diffuser très rapidement.

Lorsque le sujet est bien délimité, la vulgarisation peut se situer à des niveaux distincts

dépendants des buts poursuivis, ie : attirer le public au musée de sciences, informer, ou

fournir un début de formation. Entre la citation du « fait brut » et l’acte formateur de

l’enseignement, le vulgarisateur peut emprunter des voies différentes.

!"Vulgarisation et enseignement.

La vulgarisation n’est en aucun cas un substitut de l’enseignement, mais en est plutôt

un complément. En effet, elle ne propose pas de former des spécialistes d’une science ou

d’une technique.

La vulgarisation ne doit pas se cantonner à un rôle illustrateur postérieur à l’enseignement.

Elle devrait l’anticiper et jouer un important rôle incitatif. Le vulgarisateur n’est pas tenu de

détailler tous les outils théoriques nécessaires à une description précise des phénomènes. Le

discours est plus qualitatif que quantitatif, et le résultat en est une simplification du langage

qui élargit l’audience. Une simplification abusive permet souvent de retrouver l’intuition

physique du phénomène.

Le langage, libéré de certains obstacles à la communication, permet au vulgarisateur de

pousser la description des phénomènes ou la description des idées qui ont conduit aux grandes

découvertes. La simplification ne peut se faire, évidemment, qu’après consultation des

spécialistes de la discipline vulgarisée.

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WATTINNE Amélie - 87 -

La collaboration entre scientifiques et concepteurs11 des expositions du musée de

sciences est essentielle. Le mode de présentation choisit dépend largement de la nature du

public accueilli et de son désir de participation.

11 Revue Publics et musées, n°3, décembre 1993, Ed Presses universitaire de Lyon, Lyon.

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WATTINNE Amélie - 88 -

2) Les moyens de communication des musées.

Que ce soit les musées de sciences ou les musées traditionnels, les mêmes moyens de

communication sont utilisés. Un exemple au Louvre donnera un compte rendu de la situation

de l’ensemble de l’impact des éléments de communication dont dispose un musée en général.

Par la suite, une présentation de la communication développée par la Villette nous démontrera

qu’elle est semblable à celle du Louvre, entre autre.

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WATTINNE Amélie - 89 -

Les musées ont développé depuis quelques années leur communication, en créant

notamment dans les services internes de chaque établissement un service de communication.

Cette cellule a pour mission de concevoir et de diffuser l’information sur le musée et ses

activités au moyen, notamment, de relations avec la presse, de la publicité, et des relations

publiques. Le service de communication doit également rechercher le mécénat des entreprises

et développer la communication interne.

Lorsque le service de communication mène des enquêtes, il désire mesurer l’impact

d’une campagne de communication. Dans ces sondages, et notamment au Louvre, exemple de

référence en la matière, la question de départ est souvent la même : « Comment avez-vous eu

connaissance de l’exposition ? ». Cette question est immédiatement redoublée par une autre

qui cite les moyens de communication éventuels. Les réponses spontanées données par la

première question ont des scores moins importants que ceux obtenus par les réponses à la

deuxième question, en assisté.

Lors de l’exposition « Egyptomania » du Louvre, le département a voulu mesurer l’impact des

moyens de communication sur les différents publics présents.

Les éléments dont le Louvre dispose sont identiques à ceux développés aussi bien par un

musée traditionnel qu’un musée de sciences comme la Villette. Il s’agit d’affiches 4 par 3, de

bannières, d’agendas annuels et saisonnier distribués sur place, ou dans les offices de

tourisme, d’affiches dans le métro, d’articles et d’encarts dans la presse écrite, d’apparition

dans la presse audio- visuelle, et du bouche à oreille.

Dans cette exposition, 30% des personnes interrogées prétendaient avoir reçu l’information de

plusieurs moyens de communication, 21% de la presse écrite, 19% de la revue du Louvre

intitulée « Informations Louvre », 13% des affiches dans le métro, 9% du bouche à oreille,

6% de la presse audio – visuelle. Seules 2% d’entre elles déclaraient ne s’être inspirées

d’aucun moyens de communication.

Des opérations de communications aux moyens

d’information : Exemple au musée du Louvre

Musées et collections publiques de

France, n°216, 1997-3, Ed OCIM, Dijon, p.31 à 35.

Page 90: L’intérêt pour les sciences et les techniques est-il la ...mvmemoire.free.fr/m%E9moires/Les%20m%E9moires/wattine.pdf · présentation d’éléments de culture technique, jusque

WATTINNE Amélie - 90 -

Le public présent à l’exposition était un public tendanciellement assidu des musées en

général. 38% d’entre lui avait, l’année d’avant, visité 1 à 5 établissement(s) culturel(s) et 26

%, 6 à 12. Seulement 3% des personnes interrogées n’en avait visité aucun.

Ce public était également fortement diplômé, puisque 37 % du public avait un niveau d’études

de « au moins Bac + 4 ». Seul 21% du public déclarait ne pas avoir le niveau « Bac ».

Les visiteurs assidus avaient eu l’information par plusieurs sources et/ ou la presse écrite.

L’impact des affiches dans le métro et du bouche à oreille s’était fortement ressenti sur les

personnes moins familières du musée.

Ces résultats ont été depuis fortement validés. Il est nécessaire pour un musée de

développer de nombreux moyens de communication afin de mettre en place une

communication ciblant les publics hétérogènes des musées aujourd’hui.

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WATTINNE Amélie - 91 -

3) Développer la collaboration.

Les notions de concurrence et de complémentarité entre les musées de sciences ont

déjà été évoquées par la différentiation existant entre les visiteurs plus ou moins éclectiques.

On parle de complémentarité lorsque le public est éclectique, ie : visite de 6 à 7

établissements en 5 ans. Cependant, la politique de complémentarité entre les musées de

sciences est nécessaire car elle permet de répondre aux attentes multiples et variées de tous les

publics. Il s’agit de transformer les visiteurs les moins éclectiques en visiteurs plus

éclectiques. A ce stade, intervient la notion de démocratisation de l’accès au musée de

science. Elle est possible par la conquête de nouveaux publics, difficile à atteindre, et par

l’intensification des pratiques des publics déjà séduits. Cette intensification aura plus d’impact

si elle se situe au niveau de plusieurs musées.

Il est possible qu’une ou deux expériences nouvelles changent le rapport du visiteur moins

éclectique à la pratique muséale, et lui donne le goût de découvrir un nouveau musée.

Les centres d’intérêt des publics en sciences et techniques sont différents. L’offre des

musées n’est pas parfaitement substituable. Chaque musée a sa notoriété, son style, son

image, son public propres.

De plus, le public n’est pas une entité figée, i.e. que les actions faites des années auparavant

peuvent être réactivées des années après. La réussite d’une visite peut inciter à une pratique de

visite plus intensive, plus ouverte.

Concurrence ou

complémentarité ?

Conclusions de l’étude « Les publics

de sciences parisiens se ressemblent-

ils ? »

Cf 1ère partie, B) dans le cadre d’une

étude sur les musées de sciences.

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WATTINNE Amélie - 92 -

Les musées ont tout à gagner d’un partenariat qui consiste à faire savoir et à valoriser

dans chaque établissement ce que font les autres, dans l’idée d’une circulation des publics et

d’un développement qualitatif des pratiques de visite. De plus, chaque musée peut observer et

apprendre des publics des autres établissements. Ils peuvent s’inspirer des réussites des autres

musées, et pas seulement des musées de sciences et unir leurs forces pour sensibiliser leurs

publics au renouvellement de l’offre muséale.

On rejoint ainsi les recommandations de F Héritier– Augé12, qui, en 1991, proposait de

développer des synergies, un couplage en réseau, une concertation entre ces musées.

Depuis 1984, le CCSTI (Centre de Culture Scientifique, Technique et Industrielle)

essaye de rendre accessible au plus grand nombre l’univers parfois complexe des sciences et

des techniques.

Il met la science en culture au travers d’expositions variées. Ces dernières bénéficient d’un

espace original, l’Espace des Sciences à Rennes, au cœur de centre commercial Columbia.

Cette situation lui permet de toucher de nouveaux publics puisque 25 %13 des visiteurs

admettent qu’ils ne fréquenteraient plus l’espace si il se situait dans un autre lieu. Il est

12 Fhéritier_ Augé, Les musées de l’Education Nationale, chapitre : Le statut des institutions et les synergies à développer, p 68 à 74. 13 Enquête de notoriété de l’Espace des Sciences auprès des visiteurs de la galerie marchande Columbia, 1992.

Exemples de Collaboration avec le CCSTI.

Musées et collections publiques de

France, n°206, 1995- 1, Ed OCIM,

Dijon, p 19 à 21. Article de A. Brack, dans la

rubrique : Musées et collections scientifiques.

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WATTINNE Amélie - 93 -

possible de consulter ou d’emprunter l’abondante collection scientifique, ou visiter une

exposition temporaire présentée pendant un trimestre avant de devenir itinérante.

Ces expositions font l’objet d’événements ( par exemple les J. O. d’Albertville ), d’animations

journalières, de conférences, de jeux, de démonstration dans la galerie commerciale. Il lui est

possible de présenter de nombreux thèmes et donc d’attirer sans cesse de nouveaux publics,

tout en fidélisant les plus intéresses par les avancées scientifiques. La fréquentation est

importante : 50 à 70 000 visiteurs par an, il est même le lieu culturel le plus fréquenté de

Rennes.

Les activités de culture scientifiques et techniques connaissent un fort développement

sur l’ensemble du territoire français, ceci en réponse à une demande croissante du public. On

a donc développé différentes structures, notamment dans les régions.

Souvent dans les musées, le visiteur est confronté à la présence de collections scientifiques et

techniques qui sont conservées et valorisées à travers des expositions, des conférences ou des

animations. Elles ont un intérêt pour les études et la recherche et peuvent même avoir une

valeur patrimoniale. Les CCSTI sont des organismes récents qui n’abritent pas de collections

mais qui proposent des produits polythématiques en liaison avec l’actualité, qu’ils diffusent

dans leurs propres lieux ou à l‘extérieur. Il paraît évident que des synergies peuvent être

obtenues entre ces deux sortes d’établissements. En exemple, un muséum peut concevoir ou

héberger une exposition temporaire sur un thème scientifique, ou un CCSTI peut emprunter et

mettre en valeur des collections d’un musée, afin d’enrichir une exposition qu’il propose au

public. Les CCSTI peuvent mettre en valeur des éléments de collection, même si cette activité

ne constitue pas l’essence même de ces centres de sciences. En effet, même si de nombreuses

expositions sont démonstratives et font appel à des maquettes, présenter des objets pour

l’illustration peut être judicieux : pour le visiteur le contact avec un objet est émotionnel.

Selon C. Levi- Strauss, et il l’affirme avec force dans un entretien paru dans la revue Le débat

(n° 70, mai à août 1992), « les musées sont faits d’abords pour les objets et ensuite seulement

pour les visiteurs ».

Comme exemple d’association et de collaboration, on peut citer le CCSTI et

l’université de Rennes 1 qui possède des collections en scientifiques en zoologie, en

minéralogie, en géologie…

Un autre exemple peut illustrer la collaboration entre deux établissements de culture

scientifique aux missions différentes : le CCSTI et le muséum d’histoire naturelle de Nantes,

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WATTINNE Amélie - 94 -

collaboration qui a été un véritable succès, au point de se demander si les muséums ne

devraient pas devenir de véritables musées de sciences.

Des conventions entre CCSTI et des établissements dépositaires de collections pourront donc

être conclues, pour organiser et définir ces échanges.

Ces exemples illustrent la volonté de ces établissements à travailler ensemble autour d’une

même préoccupation : diffuser plus largement la culture scientifique, afin de satisfaire au

mieux la demande du public.

Le public est aujourd’hui un spectateur passionné pour les sciences mais il peut en

devenir un acteur et soutenir les efforts qu’implique le développement des activités de culture

scientifiques et techniques.

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WATTINNE Amélie - 95 -

4) L’accessibilité

L’idée de rendre accessible l’environnement bâti a émergé au milieu des

années 60, dans le cadre des revendications formulées par les personnes handicapées qui

représentent dans les pays européens 10% de la population.

En France, la Loi d’Orientation du 30 juin 1975 a institué l’obligation d’accessibilité

pour les bâtiments ouverts au public et les logements des bâtiments collectifs neufs

d’habitation (article 49) ainsi que pour les transports (article 52).

L’accessibilité a sensiblement progressé dans les pratiques urbanistiques et architecturales.

Les pouvoirs publics ont adopté en 1990 un programme en faveur de l’accessibilité de la ville

et de l’habitat et la loi du 13 juillet 1991 a étendu son champ d’application aux locaux de

travail. La notion d’accessibilité évoque d’abord un ensemble de dispositifs techniques

facilitant l'accès aux bâtiments, au matériel roulant et à la circulation verticale et horizontale,

dans tous les espaces, ainsi que la compréhension et l’utilisation de leurs fonctions.

L’accessibilité revêt une dimension symbolique fondamentale : elle signe la

reconnaissance de l’existence des personnes handicapées et affirme la valeur de leur

participation sociale.

L’accessibilité a été reconnue lors de la Conférence Mondiale de l’ONU à Stockholm,

comme critère universel de la qualité de l’environnement.

A cela s’ajoute dans le champ culturel, un souci de médiation : comment permettre à tous les

publics, personnes handicapées comprises, de partager le patrimoine commun ?

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WATTINNE Amélie - 96 -

Dans les musées, la réflexion s’est élaborée de manière ponctuelle dès la fin des

années 40 particulièrement avec le public handicapé visuel porteur d’un paradoxe dynamique

celui de la confrontation à l’art sans la vision : « quels outils de médiation pourrait-on mettre

en place utilisables par tous ? »

Cette recherche avec les personnes handicapées visuelles demeure encore aujourd’hui

prépondérante.

L’obligation de rendre les bâtiments publics accessibles aux personnes handicapées

moteur a permis de mesurer combien l’idée de confort dans les musées pouvait s’en trouver

améliorée pour tous.

De là se dégage l’apport culturel de l’accessibilité : le musée reconnaît aux personnes

handicapées le droit de partager le patrimoine commun et les personnes handicapées suscitent

une autre démarche pour l’approche des œuvres. En prenant en compte ses différents publics,

le musée peut espérer participer à la réduction de la fracture sociale et à l’évolution du regard

porté sur les personnes handicapées.

La Direction des Musées de France a pris une série d’initiative pour permettre le

développement de l’accessibilité. L’initiative des musées en région est souvent venue enrichir

l’action menée par la DMF.

En 1992, le Département des publics de la DMF a mené une enquête, sur la question

de l’accessibilité, auprès des 1500 musées classés et contrôlés qui relèvent de son champ de

compétence. Il s’agit d’un échantillon bien diversifié qui inclut tous les types de musées selon

les critères :

!"de la taille avec les petits (jusqu’à 10.000 entrées), les moyens (de 10.000 à

25.000 entrées), les gros (plus de 25.000 entrées).

!"de l’orientation des collections avec les musées encyclopédiques ou les

musées spécialisés.

Revue Ouverture, Ministère de la

culture, Direction des Musées de

France, 02- 05.

L’accessibilité des musées en

France.

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WATTINNE Amélie - 97 -

Les éléments clefs de l’enquête :

!"Le stationnement, les abords et l’entrée du musée : les parkings, les places adaptées.

!"Les déplacements à l’intérieur du musée : les ascenseurs.

!"L’accès aux collections : la vision des œuvres et des objets.

!"Les aides spécifiques à la visite : un plan du musée, des documents spécifiques en

gros caractères, des documents d’information en braille.

!"Les éléments de confort et l’accessibilité des services : l’éclairage et l’acoustique

des locaux.

Synthèse et conclusions de l’étude.

Le musée se doit d’offrir les meilleures conditions d’accueil pour faciliter la rencontre

des œuvres et des visiteurs tout en proposant un moment de plaisir et de convivialité. Le

public doit se sentir en confiance et avoir envie de partager avec d’autres les découvertes qu’il

y a faites.

L’enquête a mis en évidence combien cet accueil, problématique pour les personnes

handicapées, pouvait révéler des manques pour tous en ce qui concerne le confort physique,

psychologique, ergonomique et intellectuel.

On distingue trois moments clefs20 : l’invitation au musée, l’arrivée au musée et la

visite proprement dite.

L’enquête n’a pas abordé le thème de l’invitation à aller au musée pour les personnes

handicapées. Les dépliants d’information générale édités par les musées ne portent mention ni

de l’accessibilité du lieu aux personnes handicapées moteur ni des services offerts aux

personnes handicapées sensorielles ou mentales. Ces documents existent mais sont distribués

sur place et uniquement à la demande des visiteurs.

20 Depuis les travaux de Mironer sur l’Observatoie Permanent des publics.

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WATTINNE Amélie - 98 -

L’arrivée au musée soulève forcément la question du stationnement. La moitié des

musées ne disposent pas de parking propre et sur l’autre moitié, seul un tiers offrent des

places spécialement aménagées mais pas toujours signalées. Les espaces à parcourir avant

l’entrée du musée est généralement problématique dans 45% des cas, notamment à cause des

allées en gravier. L’entrée du musée n’est totalement accessible sans aide dans 36 % des cas.

Enfin, les services supplémentaires comme les boutiques ou même les toilettes sont adaptés

dans seulement un musée sur trois.

Le confort de la visite est réduit dans 76 % des cas par manque d’ascenseurs. Des

améliorations sont également à envisager en ce qui concerne l’éclairage, le passage des portes,

les aires de repos et les acoustiques des portes. Les documents en braille ou en gros caractère

ne sont proposés que par moins de 20 % des musées.

Cette étude montre le chemin qui reste encore à parcourir pour que les visiteurs

handicapés soient considérés comme un public à part entière, et que les musées les prennent

en compte dans leur politique générale. Elle témoigne en même temps que la préoccupation

de l’accessibilité a beaucoup évolué depuis la fin des années 1980.

L’accessibilité aux personnes handicapées (handicapés moteurs, mal et non-voyants,

sourds, handicapés mentaux...) a été prise en compte dès la conception de la Cité. Début 1986,

Un exemple marquant

d’accessibilité dans un musée

de sciences : La Cité des

Sciences et de L’Industrie.

Dossier Information Presse,

Présentation générale, Cité des Sciences et de l’Industrie, juin 2000.

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WATTINNE Amélie - 99 -

le service accessibilité a été crée, avec pour objectif de rendre les visiteurs handicapés les plus

autonomes possibles.

L’intégralité ou presque des espaces d’exposition et des services a été conçue pour être

accessible aux visiteurs handicapés moteurs. Des adaptations ont été réalisées pour les

aveugles et malvoyants (schémas en relief et textes en braille). Des visites en langue des

signes sont proposées aux visiteurs sourds ainsi que des stages de formation sur des thèmes

spécifiques pour des enseignants sourds. Une aide à l’organisation de la visite est même

proposée aux accompagnateurs de groupe de handicapés mentaux.

Le service accessibilité travaille également à sensibiliser le personnel et le public de la

Cité à l’accueil des personnes handicapées ainsi qu’aux modes de communication propres qui

leur sont associés.

Le 8 décembre 1989, la Cité a été primée par la Communauté économique européenne

pour son accessibilité aux visiteurs handicapés. Cette récompense était plus que méritée. En

effet, lorsque je me suis rendue sur place, il m’a été possible de constater toutes ces mesures

mises en place pour favoriser la visite des personnes handicapées. Le sol du hall est par

exemple muni de bandes jaunes rugueuses qui permettent aux mals et non- voyants de se

diriger afin d’accéder aux caisses ou aux escaliers qui vont vers les étages.

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WATTINNE Amélie - 100 -

B) PREOCCUPATIONS DES MUSEES ETRANGERS EN

MATIERE DE PUBLICS.

En Angleterre, le visiteur n’est pas considéré de la même façon qu ‘en France et les

avancées en terme de publics et de prise de conscience de ces mêmes publics sont différentes

de celles constatées en France. Nous analyserons un article de Sharon Macdonald qui essaye

de déterminer la nature des changements établis au sein des musées en terme de public en

Angleterre et qui décrit les futures évolutions à attendre.

La muséologie scientifique québécoise connaît un succès croissant, conforté par

l’ouverture, en janvier 2000 à Montréal, du « carrefour permanent de la science et de la

technologie ». Nous verrons donc un article qui analyse la fréquentation des musées

scientifiques au Quebec, et qui la replace dans l’ensemble du champs muséal québécois.

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1) Le modèle anglais

A l’origine, les visiteurs qui souhaitaient visiter le British Museum en respectant ses

règlements devaient écrire au musée pour prouver qu’ils étaient « curieux et studieux », et

bien dans la « norme »15. Après deux semaines au moins, le temps minimum pour l’examen

de la candidature, le visiteur pouvait faire une très courte visite d’une demi-heure, sans

aucune information préalable. Ces visites n’avaient lieu que certains jours de la semaine, à des

horaires bien précis. Ces règlements datent de la fin du 18ème siècle et n’ont officiellement

changé qu’en 1963 mais de nombreux musées anglais semblent avoir gardé pendant

longtemps l’attitude adoptée par ce British museum et certains pensent que c’est encore le cas

dans certains musées aujourd’hui, selon les diverses expériences de l’auteur.

A l’heure actuelle, la majorité des musées attachent une importance primordiale au

public, du moins dans leurs déclarations d’intention, ils s’intéressent de plus en plus à leurs

visiteurs. L’article essaye de définir certaines évolutions qui ont lieu au sein des musées , en

particulier au niveau de la construction du « corps des visiteurs », et cherche à les resituer

dans un cadre social et culturel. Par « corps des visiteurs » l’auteur s’intéresse à la fois aux

publics compris comme corpus des visiteurs de chaque musée, et à la manière dont le corps

physique du visiteur s’inscrit dans l’exposition, à travers ses mouvements et son

15 Wittlin, The museum : its history and its Tasks in Education, p 113, Ed Routledge and Kegan Paul, Londres.

Un nouveau « corps des

visiteurs » : musées et

changements culturels.

Shanon Macdonald

Publics et musées, Du public aux

visiteurs, n°3, juin 1993, Ed Presses

Universitaires de Lyon, Lyon.

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WATTINNE Amélie - 102 -

comportement. L'exposition de référence est permanente et s’intitule « Food for Though : the

Sainsbury Gallery » qui a ouvert au musée de sciences de Londres en 1989. Cette exposition

était caractérisée par une possibilité d’investissement importante de la part du public, et le

maximum d’éléments étaient interactifs. Le public était libre de voir ce qu’il voulait voir etce,

sans cordes empêchant de s’approcher trop près des objets exposés ou sans panneaux « ne pas

toucher » aux abords des vitrines, concepts couramment employés dans les musées anglais

avant.

Dans le musée traditionnel anglais, le visiteur était passif face au savoir, reconnu

comme une somme d’informations. Dans l’exposition du musés de sciences, le public était

extrêmement actif et l’activité du visiteur était elle-même reconnue comme diversifiée. La

multiplicité des activités conduisait à une parcellisation du corps des visiteurs. Il n’était pas

considéré comme homogène mais comme étant subdivisé en plusieurs groupes selon le sexe,

l’âge, la classe sociale, l’appartenance à un groupe ethnique et selon leurs goûts individuels.

Le public et l’information n’étaient pas considérés comme immuables, et on parlait de critères

évolutif au grès du temps et des modes et non pas de critères absolus.

Tout le monde s’accorde à dire qu’il y a eu des évolutions considérables dans les musées (et

en premier dans les musées de sciences) depuis quelques années ( Vergo en 1989, The New

Museology, Ed Reaktion books, Londres ou Boylan, en 1992, Museums 2000, Ed Routledge,

Londres). Il s’agit surtout d’un nouveau corps de visiteurs, actif et non plus passif, flexible et

non plus ordonné, fragmenté et non plus collectif.

On peut intégrer ces nouveaux processus à un changement culturel et économique, pas

seulement dus au fait que les musées innovent ou prennent leur public en compte. Ces

changements proviennent également du feed- back concernant les visiteurs actuels ou

potentiels, obtenus lors de recherches sur le public. L’ensemble des paramètres dont dépend

cette « inscription » comprend la situation économique et politique du musée, de la formation,

de l ‘expérience et des cadres de référence du personnel, des médias que le public utilise et

ceux avec lesquels ils sont comparés et mis en compétition.

Il y aura toujours des stratégies alternatives que des musées ou des expositions adopteront

pour trouver leur identité au sein de cette évolution culturelle complexe. Une approche

marketing va se développer pour cibler des tranches de population plus variées et plus

spécifiques étant donné que l’économie est de plus en plus tourné vers le consommateur.

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WATTINNE Amélie - 103 -

Selon R. Lumley, en Angleterre, le visiteur est considéré comme un

« consommateur », alors qu’en France il est encore considéré comme un « citoyen ». Cette

remarque provient de l’ introduction de the museum Time Machine, Ed Routledge, Londres et

date de 1988. Depuis les choses ont changé et cette remarque n’est plus vraie. Il y a eu

également de nombreuses transformations dans la vision française des publics et des visiteurs

comme on a pu le voir dans la première partie de ce mémoire.

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WATTINNE Amélie - 104 -

2) Le modèle canadien

Le réseau muséal québécois a connu une croissance rapide au cours des vingt dernières

années : de 58 institutions muséales en 1958, le nombre passait à 135 en 1973, pour atteindre

461 en 1996. Depuis les années 1970, l’explosion des centres d’exposition notamment, a

permis une meilleure répartition territoriale des équipements muséologiques. Mais certaines

disciplines restent très peu représentées, c’est le cas des musées scientifiques et surtout des

musées de sciences et techniques, même si le public semble nombreux à s’y intéresser.

La répartition des institutions muséales par champs disciplinaire révèlent que seuls 11 musées

sont consacrés aux sciences et aux techniques, contre 159 pour l’histoire. L’une des

caractéristiques du réseau muséal québécois réside en l’absence d’infrastructures culturelles

d’envergures consacrées aux sciences, aux technologies et aux industries. Par contre, les

choses sont différentes lorsque l’on parle de sciences de la nature, puisqu’il existe plusieurs

institutions à rayonnement national dans ce domaine. Il n’existe donc pas, ni dans la région

de Montréal ni dans aucune autre ville de province de véritable musée de sciences et des

technologies. La préoccupation d’un rééquilibrage du paysage muséal a donc poussé le

Ministère de la culture à placer la muséologie scientifique en priorité, pour les années à venir.

C’est pour cela qu’en septembre 1997 a été annoncé l’aménagement d’Expotec- Canada à

La lettre de L’OCIM, n°55, janvier-

fevrier 1998, p. 75 à 78, Ed OCIM, Dijon La fréquentation des musées

scientifiques au Quebec

C. Tarpin et R. Pitre.

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WATTINNE Amélie - 105 -

Montréal, le carrefour permanent de la science et des technologies et qui accueille

annuellement un million de visiteurs. Il aura pour objectif « de faire connaître l’expertise des

institutions canadiennes oeuvrant en science et technologie, de contribuer à l’essor de

l’industrie touristique de Montréal ainsi que de développer le goût des carrières scientifiques

et technologiques.

!"Fréquentation

En 1994, les québécois sont 37 % à avoir fréquenté au moins un musée dans l’année,

cette fréquentation étant légèrement en baisse par rapport à 1989 (39%).

Lorsque l’on compare cette fréquentation des musées avec les autres pratiques culturelles, on

constate qu ‘elle se porte bien : en 1996, elle est presque équivalente à la fréquentation des

matchs sportifs par exemple ( 37.4 %) et est légèrement supérieure à celle des sorties au

théâtre. La proportion des québécois âgés de plus de 15 ans ayant fréquenté des musées autres

que les musées d’art au cours d’une année est en moyenne de 20%. Elle était de 24.4 % en

1989. Pour les musées d’art et pour la même tranche d’âge, la proportion est de 27.1 % avec

25 % de personnes âgées de 55 ans et plus. Cela montre donc que les personnes les plus

jeunes fréquentent moins les musées liés à l’art.

En 1993, la direction de la Recherche, de l’Evaluation et des Statistiques du Ministère de la

Culture a donné des prospectives d’évolutions dans le domaine des arts et de la culture, et ce

de 1991 à 2011. Selon lui, les publics des musées autres que les musées d’art atteindront une

fréquentation moyenne en 2011 de 31.3 %, soit environ 2.2 millions de visiteurs. Compte tenu

de l’évolution démographique, le public sera plus agé en 2011.

!"Les principales institutions muséologiques en sciences dans la

région de Montréal

4 d’entre elles concernent les sciences de la nature :

!"Le jardin botanique de Montréal

!"L’insectarium de Montréal

!"Le Biôdome de Montréal

!"La biosphère.

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WATTINNE Amélie - 106 -

Et les deux derniers établissements sont :

!"Le planétarium de Montréal : il est ouvert depuis 1966 et présente des

spectacles sur l’astronomie pour une prise de conscience du public de la

complexité de l’univers. Il a pour mission d’acquérir et de diffuser des

connaissances en astronomie et en sciences et technologies connexes. La

fréquentation annuelle moyenne sur les cinq dernières années a été de 150

000 visiteurs.

!"Le Cosmodôme : il est ouvert depuis 1994. Il abrite un camps spatial et le

Centre des sciences de l’espace. Il est le premier musée interactif dédié à

l’histoire de l’exploration spatiale et des technologies reliées aux sciences

de l’espace. Sa mission est de sensibiliser et intéresser les visiteurs aux

enjeux de la recherche en astronautique. La fréquentation annuelle

moyenne est de 150 000 visiteurs.

La muséologie québécoise devra connaître un succès croissant dans les années à venir,

avec en janvier 2000 l’ouverture du « Carrefour permanent de la science et de la technologie »

à Montréal. Ce nouvel établissement n’est pas prévu pour nuire à la fréquentation des autres

établissements de la région. De plus, la préoccupation prioritaire du gouvernement pour le

domaine des sciences laisse entrevoir de bonnes perspectives de développement, notamment

au niveau des immenses collections scientifiques et techniques qui ne sont pas encore

présentées aux publics. Ce réseau développe des collaborations et partenariat avec des

intervenants impliqués dans la diffusion de la culture scientifique et technique. Il développe

également le principe de réseaux d’échange et de soutien. Depuis peu, un groupe d’intérêts

spécialisés en muséologie scientifique et technique ( GIS MUST) a vu le jour afin de

promouvoir efficacement ce secteur muséal.

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WATTINNE Amélie - 107 -

CONCLUSION Il a été possible de créer une typologie de motivations pour le public du Forum des

Sciences, dans laquelle les motivations sont multiples. Ceci est donc la preuve que les

sciences et les techniques ne sont pas la motivation principale de visite développée par les

publics des musées de sciences. Le thème généralement mis en avant lors des expositions de

ces établissements à toujours un rapport avec ce domaine mais il est tellement vaste que les

visiteurs ne le considèrent pas forcément comme primordial à leur visite. De plus, au Forum

des sciences, certains visiteurs, même si cette affirmation n’a pas été testée, pouvaient se

déplacer sans connaître réellement le sujet de l’exposition.

Les motifs de visite d’un musée de sciences évoluent selon le cycle de vie de

l’individu, selon la période dans laquelle il se situe. Il développe des profils de visiteurs

différents, et il est possible de les segmenter, comme nous l’avons vu avec l’étude terrain. Par

sous populations homogènes, il est possible de déterminer des motivations prépondérantes et

récurrentes à la visite.

Au Forum des Sciences, les efforts sont intenses au niveau des publics scolaires. Ces

groupes sont importants pour cet établissement (ils représentent 34 % des visites), et de

nombreux concepts visant à toucher les prescripteurs de tels publics ( les enseignants) ont été

mis en place. Tout est fait pour que l’accès de leurs élèves au Forum des Sciences soit

possible, même à l’extérieur.

Les publics de groupe (loisirs) sont à l’heure actuelle sujets de remise en question au

Forum. En effet, aucune étude n’a été menée jusqu’à aujourd’hui sur ces publics, et pourtant

les efforts développés sont importants. Ce n’est pas tant le public en lui- même qui pose

problème, mais plutôt les prescripteurs de ces publics, i.e. les autocaristes, les Comité

d’Entreprise…Ils achètent des billets en nombre et à l’avance mais ils éprouvent des

difficultés à les revendre et à les proposer à leurs clients finaux. La principale cause énoncée

pour expliquer ce problème serait l’accessibilité : les horaires de séances de planétarium par

exemple sont précis et ne concernent que certains publics. Cette organisation serait source de

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complications quand les horaires mis à la disposition des publics ne peuvent correspondre à

des horaires de voyages organisés. De plus, les documents explicatifs du fonctionnement du

Forum ne sont pas forcément adaptés aux publics qu’ils concernent. La location de la salle de

conférence et l’organisation des séances sont dans la même plaquette.

Répondre à cette problématique est primordial car si les résultats développés par ces

publics ne sont pas satisfaisants, le Forum pourrait peut-être envisager de diminuer les efforts

faits à l’égard de ces prescripteurs de visites de groupes de loisirs, au profit des groupes

scolaires, dont la fréquentation va évoluer à la hausse dans les années à venir.

La problématique quant aux publics de jeunes et aux groupes scolaires se résume en

quelques lignes, selon O. Bouquillard : « passé l’âge des visites scolaires, les jeunes

« bouderaient » massivement les musées, suspects d’être peu conformes aux canons de la

culture jeune ».17

Ce constat peut néanmoins être démenti par les faits. Les jeunes fréquenteraient en réalité plus

les musées que ne le font les adultes. Tout indique qu’à la fin de l’adolescence, autour de

l’age de 18- 19 ans a lieu un changement dans les représentations et les pratiques des jeunes

face aux musées.18Il existe vraisemblablement une fraction appréciable des 18- 25 ans,

environ la moitié qui sont motivés ou motivables pour visiter les musées ou surtout de le faire

davantage. Cette conclusion rejoint celle d’une étude sur « les jeunes et les sorties

culturelles »19, dont l’auteur estime que « l’intérêt pour les musées d’art et les autres musées

est plus fort entre 20 et 25 ans qu’avant 20 ans, et qu’il existe parmi les jeunes une forte

demande potentielle pour les musées quelque peu velléitaire, mais réelle, qui doit être d’autant

plus facile à satisfaire que le désintérêt absolu pour les musées n’est pas le fait d’une majorité

écrasante ».

Cette propension à développer sa « pratique muséale », pour un jeune sur deux environ,

tiendrait à une double condition :

17 Il s’agit de l’idée principale de la contribution de l’auteur à la journée d’étude des services culturels de musées nationaux, organisée le 13 juin 1997, par la DMF. 18 La statistique, établie selon les tranches d’âge, situe ce changement entre 19 et 20 ans ; mais en moyenne il serait probablement antérieur, autour de 18 ans. 19 Les jeunes et les sorties culturelles, fréquentation et image des lieux de spectacle et de patrimoine dans la population française âgée de 12 à 25 ans, sous la direction de J.M. Guy, Département des Etudes et de la prospective de la DMF.

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!"Désenclaver les musées et leur image globale par des offres combinées

s’appuyant sur les préférences culturelles des jeunes, tout en restant

compatible avec le niveau des musées.

!"Aménager les politiques tarifaires en tenant compte du pouvoir d’achat

restreint des jeunes.

Pour l’autre moitié, cette politique ne suffira pas pour surmonter le préjugé défavorable de par

le système des représentations dépréciatives.

Cela met en évidence deux publics différents qu’il faut solliciter de manière différente. La

cible idéale qui pourrait diffuser une politique de compensations des inégalités culturelles

menée par les musées et qui peut en même temps jouer le rôle de prescripteur est les

étudiants. En effet, cette population possède les 4 qualités essentielles permettant de mener ce

projet à terme :

!"Etre dans l’ensemble plutôt motivé ou motivable pour la culture,

!"Etre cependant assez large pour ne pas encourir le reproche d’élitisme,

!"Coïncider avec un milieu propice à la propagation de comportements culturels

!"Présenter des relais capables de diffuser cette politique et de jouer le rôle de

prescripteur.

Cette évidence amène donc une réponse à la question problématique que se pose le

Forum des Sciences : intensifier les efforts sur le jeunes et les groupe scolaires est primordial.

Il est évident que cette affirmation demande une étude plus approfondie, qu’il faudrait réaliser

au sein des publics du Forum des Sciences.

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ANNEXES