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La réforme Barrette et ses effets dans le Un système exemplaire écorché Rapport préparé pour Santé Outaouais 2020 par : Gilbert Langelier Paul-Émile Leblanc Michel Légère Novembre 2017 SANTÉ OUTAOUAIS 2020

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  • La réforme Barrette et ses effets dans le

    Un système exemplaire écorché

    Rapport préparé pour Santé Outaouais 2020 par :

    Gilbert Langelier Paul-Émile Leblanc Michel Légère Novembre 2017

    SANTÉ OUTAOUAIS 2020

  • SANTÉ OUTAOUAIS 2020

    LA RÉFORME BARRETTE ET SES EFFETS DANS LE PONTIAC

    UN SYSTÈME EXEMPLAIRE ÉCORCHÉ

    Rapport préparé pour Santé Outaouais 2020 par

    Gilbert Langelier, Paul-Émile Leblanc et Michel Légère

    Novembre 2017

  • TABLE DES MATIÈRES

    SOMMAIRE PAGE 3

    1. INTRODUCTION PAGE 5

    2. MÉTHODOLOGIE PAGE 6

    3. LA RÉGION DU PONTIAC PAGE 6

    4. LA LOI 10 PAGE 9

    5. ÉCHOS DU PONTIAC SUR LA RÉFORME BARRETTE PAGE 10

    6. LES EFFETS À LONG TERME PAGE 15

    7. QUE PROPOSENT LES PERSONNES INTERROGÉES PAGE 16

    8. LE POINT DE VUE DU CISSSO PAGE 16

    9. CE QUE NOUS RETENONS PAGE 20

    10. RECOMMANDATIONS PAGE 22

    ANNEXE I : LISTE DES PERSONNES INTERVIEWÉES PAGE 23

    ANNEXE II : QUESTIONNAIRE POUR LES INTERVENANTS PAGE 24

    ANNEXE III : QUESTIONNAIRE POUR LES REPRÉSENTANTS DU CISSSO PAGE 26

  • SOMMAIRE

    La réforme découlant de la Loi 10 a entraîné des bouleversements importants dans le système de santé du Pontiac.

    La très grande majorité des personnes interviewées dans le cadre de notre examen ont mentionné que la région du Pontiac s’était donné un modèle de médecine que l’on voulait efficace et qui correspondait aux besoins de la population. Le système était bien intégré. Il était flexible, fondé sur les valeurs de solidarité rurale et d’une population dispersée sur un grand territoire. Il était proactif et donc en mesure de prévoir les problèmes et d’agir rapidement pour les régler. La présence des cadres à l’hôpital et aux points de service contribuait pour beaucoup à cette proactivité. La bureaucratie était minimale et on ne tolérait pas les silos. Grâce à la souplesse administrative, le système était capable d’innover, comme en témoigne la création d’une clinique de patients orphelins en 2010. Cette initiative a contribué à faire en sorte qu’une proportion élevée de la population a un médecin de famille. Le système avait ses imperfections, notamment l’impossibilité d’avoir une permanence de services de spécialistes sur place.

    La réorganisation, découlant de la Loi 10, a entraîné la fusion du CSSS du Pontiac avec les quatre autres CSSS de la région pour former une seule organisation, le Centre intégré des services de santé et sociaux de l’Outaouais (CISSSO). Ce changement a mis à mal le modèle qui était en place. En raison de son étendue et de son aspect centralisateur, il a entraîné une perte de proximité avec les établissements et un manque de souplesse dans la prestation des services. La population a, dans certains cas, de la difficulté à identifier les services auxquels s’adresser et se fait souvent transférer d’un service à l’autre.

    Selon la plupart des interviewés, le nouveau système n’est pas adapté à la réalité rurale, fondé sur la proximité de la population avec les institutions publiques. La proximité des décideurs est disparue, la centralisation de services à Gatineau a créé une bureaucratisation de la gouvernance. La diminution marquée de la collaboration directe avec le milieu scolaire rend plus difficiles le dépistage et l’évaluation des problèmes de santé mentale. Le système mis en place pour s’occuper des problèmes des jeunes connaît des ratés importants. Les intervenants sont maintenant localisés à Gatineau et ils connaissent souvent mal la réalité du Pontiac, ce qui crée des délais dans la prestation des services, alors qu’il s’agit souvent de cas urgents. Le Guichet d’accès jeunesse compte seulement deux intervenants pour tout l’Outaouais. Ceci entraîne un délai de plus de trois semaines avant que les travailleurs sociaux du Pontiac ne reçoivent les dossiers. Les écoles doivent souvent compenser avec leurs intervenants et leur responsabilité est devenue très lourde. Les services de proximité ont été grandement diminués.

    La politique d’accueil en français seulement dérange la population anglophone du Pontiac et l’absence de représentant de la région au conseil d’administration du CISSSO ne permet pas à la voix du Pontiac de se faire entendre.

    L’attente interminable dans les urgences des hôpitaux de Hull et de Gatineau fait que de plus en plus de patients de ces secteurs se rendent à l’hôpital de Shawville pour se faire soigner. Environ 40% des patients qui se rendent à cette urgence viennent de Gatineau. Certains interviewés craignent que le statut et les attributions de l’hôpital de Shawville et du CLSC de Fort-Coulonge ne soient encore réduits, ce qui leur fait craindre de perdre leur centre hospitalier.

    Un point positif très important a été mentionné par de nombreux interviewés, soit la création récente d’une unité d’hémodialyse financée par la Fondation de l’hôpital (660 000 $) et la participation du gouvernement du Québec (2,1 millions), qui permettra de traiter sur place une dizaine de patients qui devaient se déplacer à Hull ou à Renfrew trois fois par semaine. La création de ce service permettra de créer ou de transférer de Gatineau de six à huit postes.

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  • Le CISSSO reconnaît que le système en place avant la réforme avait une plus grande souplesse et un fonctionnement axé sur la proximité et que le taux de satisfaction de la population à son égard était beaucoup plus élevé que le taux actuel. Pour satisfaire les objectifs fixés par le ministère de la Santé, le CISSSO se devait de réduire le nombre de cadres et de centraliser des services à Gatineau. Comme la région est fragile sur le plan socio-économique, la perte d’employés et surtout de neuf cadres (sept cadres supérieurs et deux cadres intermédiaires) à laquelle s’ajoutent cinq cadres intermédiaires qui doivent partager leur temps entre le Pontiac et l'extérieur du territoire augmente les craintes de la population. Ce qui nuit le plus, c’est que tous les postes de cadres supérieurs (six plus le directeur général) ont été abolis. Les données détaillées à ce sujet se trouvent dans le tableau de la page dix.

    Le CISSSO fait valoir que le Pontiac bénéficie des possibilités qu’offre une plus grande entente, notamment dans l’accès aux services spécialisés. Les conventions collectives (quatre accréditations syndicales au CISSSO) entraînent une rigidité dans le déploiement des services, alors qu’il existait une plus grande souplesse au CSSS du Pontiac avant la réforme. Le CISSSO est conscient des valeurs de proximité et de ruralité du Pontiac, par exemple dans le soutien à domicile. Il veut porter ses efforts sur le développement du secteur clinique plutôt que sur le volet administratif. Une étude est en cours pour maximiser l’espace opératoire et le CISSSO a annoncé récemment des mesures pour renforcer le volet clinique. Il mentionne que l’augmentation du volume de patients à l’urgence a un effet positif, soit le développement de l’urgence par l’ajout d’équipement et de personnel. Il n’est pas question de diminuer les attributions de l’hôpital; c’est un centre de traumatologie qui doit être maintenu.

    Le CISSSO reconnaît qu’il doit être davantage à l’écoute de la population et la tenir au courant des changements opérés pour qu’elle retrouve ses points de repère, suite à la réorganisation du système. Il se dit conscient des particularités de la région et veut respecter l’esprit de proximité dans la prestation des services.

    Le CISSSO affirme avoir pris, ou planifié, plusieurs mesures pour améliorer ses services dans les domaines suivants : hémodialyse, soutien aux personnes âgées et soutien à domicile, services à la jeunesse et santé mentale, notamment en ajoutant du personnel infirmier et professionnel.

    Néanmoins, compte tenu des observations ci-haut et celles du rapport, nous arrivons à la conclusion que le système mis en place dans le Pontiac, dans le contexte de la réforme découlant de la Loi 10, n’atteint pas plusieurs des objectifs de la réforme, notamment la simplification de l’accès aux services et l’amélioration de la qualité des soins. Il ne tient pas suffisamment compte « des spécificités culturelles, linguistiques, locales et historiques de certains établissements, ainsi qu’une meilleure prise en compte des réalités régionales et habitudes de consommation en soins et services des populations pour la délimitation des territoires».

    On ne peut malheureusement pas revenir en arrière et recréer le modèle d’avant la réforme, mais il est possible de renforcer les services et de s’inspirer des caractéristiques du modèle d’avant la réforme dans le fonctionnement de l’hôpital et des autres établissements du Pontiac. Il est donc important que le CISSSO continue de renforcer le volet clinique des services, en faisant connaître l’échéancier des autres mesures qu’il prévoit pour cette région.

    Face à la situation relevée dans notre évaluation, nous formulons neuf recommandations (qui se retrouvent à la fin du rapport) afin d’améliorer cette situation.

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  • 1. INTRODUCTION

    Santé Outaouais 2020

    Santé Outaouais 2020 (SO2020) est un mouvement citoyen bénévole, créé en 2008, qui œuvre à améliorer les services de santé en Outaouais. Il n’a aucun parti pris et il vise à évaluer les situations touchant les services de santé de façon impartiale. SO2020 a notamment mené en 2013 une étude sur la situation générale des soins de santé en Outaouais, qui a abouti à la publication d’un rapport, intitulé Au-delà des petits pas. Le rapport avait été fait de façon objective, en faisant référence à la fois aux succès et aux faiblesses du système de santé dans la région. Il se voulait également constructif en formulant des recommandations qui visaient à apporter des correctifs aux lacunes observées. C’est le même esprit qui nous guide dans le présent examen de la situation des services de santé et sociaux dans le Pontiac.

    Le conseil d’administration de SO2020 nous a demandé d’examiner la situation, suite aux préoccupations de la population de cette région quant à la diminution des services, dans le contexte de la disparition du Centre de santé et des services sociaux (CSSS) du Pontiac et du regroupement de celui-ci avec les quatre autres CSSS de la région en une seule organisation, appelée Centre intégré des services de santé et sociaux de l’Outaouais (CISSSO).

    Le conseil d’administration de SO2020 a choisi de nous désigner comme coresponsables de l’étude, sans lien avec ce dernier pour l’exécution de cette tâche afin de souligner notre indépendance par rapport au conseil d'administration. Nous ne prétendons pas être des experts dans le domaine de la santé, mais notre expérience avec le rapport Au-delà des petits-pas et nos rencontres régulières avec les autorités et les intervenants du réseau de la santé en Outaouais nous ont donné une bonne expérience dans ce domaine. De plus, le présent rapport se fonde largement sur les faits et les observations des 15 personnes interviewées, dont plusieurs proviennent du secteur de la santé.

    Notre approche pour l’étude se fonde sur le principe de citoyens bénévoles à l’écoute de la population et des acteurs impliqués dans le domaine de la santé en Outaouais, dans le but de contribuer au bien-être de la société.

    Problématique

    Au début de l’hiver 2017, la population du Pontiac a dénoncé la perte de services de santé dans la région et sa crainte d’en perdre d’autres, suite à la réorganisation énoncée ci-haut. Afin de comprendre les préoccupations de la population et d’expliquer les changements apportés pour répondre aux attentes du ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, le PDG du CISSSO a participé à une réunion regroupant une centaine de personnes à Bristol, au tout début du printemps. Bien qu’il ait réussi dans une certaine mesure à rassurer les citoyens concernant certains services que la population craignait de perdre, comme la fermeture du service de laboratoire et des salles d’opération, les gens avaient toujours des craintes à cet égard. Ainsi, il n’était pas clair si les services en pédopsychiatrie aux jeunes en difficulté et ceux en santé mentale continueraient à être offerts dans le Pontiac. On craignait aussi que la disponibilité des spécialistes ne soit diminuée. Le rapatriement d’une bonne partie des cadres en milieu urbain faisait craindre la perte de proximité et d’accès à ces cadres.

    Étant donné la persistance des préoccupations parmi la population du Pontiac et l’existence de divergences quant aux services offerts entre celle-ci et le CISSSO, SO2020 a décidé de faire un examen de la situation pour obtenir un éclairage juste de la réalité et, au besoin, de faire des propositions au ministre Barrette et aux dirigeants du CISSSO pour apporter les ajustements nécessaires à l’organisation des services.

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  • 2. MÉTHODOLOGIE

    Le groupe chargé de l’examen de la situation a recueilli l’information nécessaire à ses travaux de la façon suivante :

    Des entrevues structurées avec des questions s’adressant à tous les interviewés provenant tous de la région du Pontiac. Les questions avaient été remises à l’avance aux interviewés. Ces personnes ont un intérêt marqué par rapport à la situation des services de santé dans leur région. Ils ont aussi une connaissance des enjeux en question, à des degrés divers. Au total, 14 personnes ont été interviewées dans ce groupe. Elles provenaient de plusieurs secteurs d’activité : anciens employés, personnel travaillant toujours dans le réseau de la santé de cette région, personnes faisant partie du domaine de l’éducation, dirigeants au niveau municipal et d’autres du réseau communautaire.

    Une entrevue avec un représentant du CISSSO, désigné par la haute direction pour répondre à nos questions. Un questionnaire a été élaboré et aussi remis à l’avance au porte-parole de l’organisme.

    La liste des personnes interviewées figure à l’annexe I du rapport. Les questionnaires utilisés pour les entrevues apparaissent aux annexes II et III du texte.

    Une analyse de la documentation et des rapports remis par les représentants des divers organismes rencontrés ou provenant d’autres sources (MRC du Pontiac, CISSSO et documents touchant les hôpitaux en milieu rural).

    Une analyse d’articles ou nouvelles touchant la santé dans le Pontiac, en Outaouais et dans la province, provenant surtout du journal Le Droit, de la station de Gatineau/Ottawa de la Société Radio-Canada et du Pontiac Journal du Pontiac.

    Les sites Internet de l’Institut de la statistique du Québec et de Statistique Canada.

    L’étude « Panorama des régions du Québec » de l'Institut de la statistique du Québec.

    Afin de confirmer les faits et d’obtenir les réactions des interviewés concernant les observations contenues dans le rapport, nous leur avons soumis celui-ci sous forme d’ébauche. Nous avons soigneusement tenu compte des commentaires en rédigeant la version finale du rapport.

    Nous tenons à remercier toutes les personnes rencontrées qui ont accepté de prendre le temps voulu pour répondre à nos questions, en ajoutant leur éclairage personnel, ou pour commenter l’ébauche du rapport. Toutes ont à cœur le bien-être de la population du Pontiac, dans un contexte souvent difficile.

    Nous tenons aussi à remercier Henriette Levasseur, qui a fait la révision du rapport, et Diane Blondin qui a fait la mise en page et l’intégration des parties de textes rédigées par les trois auteurs.

    3. LA RÉGION DU PONTIAC

    Le territoire

    Au premier abord, l’observateur est frappé par la dimension du territoire. Le Pontiac est une municipalité régionale de comté (MRC) de la région administrative de l'Outaouais. Sa superficie est de 14 170 km2, deux fois et demie celle de l’Île-du-Prince-Édouard et plus de quatre fois si on inclut le territoire non organisé. Le chef-lieu de la MRC de Pontiac est Campbell’s Bay.

    Sa population cependant est petite : 14 062 personnes en 2016, soit à peu près 3 p. cent de la population de l’Outaouais. Mansfield-et-Pontefract est la municipalité la plus populeuse avec ses 2 039 habitants. La municipalité de Sheenboro est la moins populeuse avec 73 habitants. Des 18 municipalités ayant une population permanente, une seule compte plus de 2000 habitants. Cinq municipalités ont

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  • entre 1 000 et 1 999 habitants, quatre municipalités en ont entre 500 et 999, et huit municipalités ont moins de 499 habitants.

    Depuis les années 1970, la population de la MRC de Pontiac a subi une décroissance constante. Selon l’Institut de la statistique du Québec, la région a connu une baisse significative de 5,7 personnes sur 1 000 entre 2011 et 2016. En 2009, 10 des 18 municipalités ont subi une diminution de leur population par rapport à 2001.

    Chacune des municipalités a un maire qui siège à la MRC de Pontiac. Auparavant, les maires élisaient le préfet parmi les leurs. Au cours des élections de novembre 2017, le préfet a été élu par suffrage universel pour la première fois.

    Il ne faut pas confondre la MRC de Pontiac avec la Municipalité de Pontiac qui, elle, est située dans la Municipalité régionale des Collines-de-l’Outaouais.

    Le Centre de santé et des services sociaux de l’Outaouais couvre les municipalités de la MRC de Pontiac, mais aussi la municipalité éponyme de Pontiac qui est formée des anciennes localités d’Onslow-Sud, Onslow-Nord, Luskville, Quyon et Eardley. Celles-ci ont été amalgamées en 1975. En 2016, elle comptait 5 850 habitants avec une superficie de 448,5 km2. Ainsi le CISSSO dessert une population de 20 101 habitants dans la grande MRC de Pontiac.

    La municipalité de Rapide des Joachim est enclavée. Il faut passer par la province de l’Ontario pour s’y rendre.

    Économie

    Selon le Panorama des régions de l’Institut de la statistique du Québec, le taux des travailleurs de la population active est de 63,3%, le taux de familles à faible revenu de 11,3% et le revenu disponible de 22 306$ (26 657$ pour l’ensemble du Québec et 25 610$ pour l’Outaouais). Le revenu per capita est un des plus bas au Québec.

    Le Pontiac fut durement touché ces dernières années par la fermeture de ses grandes usines employant des centaines de travailleurs. Le Pontiac vit intensément la crise forestière. Son taux de chômage est de 11,9% et, si on y ajoute les personnes recevant des prestations d’assistance publique, la situation est des plus difficiles.

    Le secteur public (soins de santé, assistance sociale et éducation) est celui qui procure le plus grand nombre d’emplois. Le seul secteur de la santé et des services sociaux emploie 473 employés syndiqués. Ce chiffre n’inclut pas les médecins. En comptabilisant ces derniers, on arrive à environ 500 personnes.

    Plusieurs travailleurs trouvent un emploi en Ontario. Les consommateurs québécois alimentent de façon assez importante l’économie des régions ontariennes frontalières de Pembroke et Renfrew.

    Les dirigeants municipaux travaillent à relancer l’économie du Pontiac, dans des domaines tels que :

    le développement de la fibre optique; l’implantation de nouveaux produits touristiques, tels que la route « Les Chemins d’eau »; le développement de programmes d’aide à l’accueil et l’implantation de nouveaux agriculteurs; le développement d’outils de démarchage pour attirer des investisseurs; la réalisation d’initiatives issues du partenariat « Cap sur l’Ouest » avec les MRC de la Vallée-de-la-

    Gatineau et de Témiscamingue;

    l’accompagnement, par l'entremise du Groupe tactique d’intervention, d’une vingtaine de projets de développement.

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  • La région du Pontiac dispose de plusieurs atouts intéressants, notamment dans le domaine récréotouristique (vélo route Cycloparc qui fait partie de la Route verte nationale, architecture religieuse, sites historiques, événements sportifs d’envergure tels que le Championnat canadien de courses de chien, une compétition d’envergure internationale). Elle a trois centrales d’hydro-électricité et des terres agricoles parmi les plus fertiles du Québec.

    Les citoyens du Pontiac ont une force persistante démontrée plus particulièrement par sa contribution de 660 000$ à l’achat de l’équipement pour l’hémodialyse.

    Indicateurs de santé

    En général, les indicateurs de la santé de la population du Pontiac provenant de sources officielles ne sont pas très positifs.

    Indicateurs RLS du Pontiac (%)

    RLS du Pontiac (nb)

    Région de l’Outaouais (%)

    Région de l’Outaouais (nb)

    Québec (%)

    Perception de la santé (mauvaise ou passable)

    17,1 2 900 12,6 40 100 10,1

    Limitation dans la participation à des activités (souvent)

    21,3 3 200 18,1 51 500 Pas disponible

    Surplus de poids (embonpoint et obésité)

    67,8 10 900 58,5 176 000 55,0

    Perception de la santé mentale (mauvaise et passable)

    5,5* 900 6,8 20 000 4,5

    Détresse psychologique (niveau élevé)

    26,2 4 400 29,4 93 100 28,3

    Seuil de faible revenu

    17,8 2 400 14,9 42 600 Pas disponible

    Locataire 14,1 2 300 26,5 77 600 Idem.

    Perception d’être pauvre

    19,5 3 300 15,5 49 100 14,9

    Consommation de cigarettes

    26,4 4 500 24,2 76 800 19,2

    Consommation excessive d’alcool

    29,7 4 800 24,5 72 000 21,6

    Stress quotidien (assez et extrêmement)

    18,8* 3 000 23,0 67 200 ESSOR, 2013

    Sources : Enquête québécoise sur la santé de la population. Personnes âgées de 15 ans et plus (2014-2015). Enquête sociale et de santé outaouaise régionale. Personnes âgées de 18 ans et plus (2013). *Coefficient de variation entre 15% et 25%. Il faut interpréter l’estimation avec prudence.

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  • Comme le démontre le tableau, le surplus de poids, le tabagisme et la consommation excessive d’alcool sont élevés. Les habitants ont une perception négative de leur état de santé. Cependant presque tous ont un médecin de famille et le stress quotidien est moins élevé que dans les villes. On y retrouve une proportion beaucoup moins élevée de locataires et de détresse psychologique que la moyenne de l’Outaouais.

    Aspect linguistique

    42% de la population de 15 ans et plus ne parlent que l’anglais, 6,5% le français et 50,8% le français et l’anglais. Quarante pour cent de la population a le français comme langue maternelle et 60% l’anglais. 4. LA LOI 10

    L’adoption de la Loi 10, en février 2015, a amené des changements majeurs dans l’organisation et la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux du Québec. Les agences de santé régionales ont été éliminées, réduisant ainsi la gestion du réseau à deux niveaux d’autorité au lieu de trois. Par ailleurs, les centres de santé et de services sociaux (CSSS) ont été fusionnés. Le nombre d’établissements dans le réseau est passé de 182 à 34. Le ministre Gaétan Barrette estimait que cette réforme permettrait de dégager 220 millions $ par année en, entre autres, éliminant 1 300 postes de cadres dans le réseau québécois. Chacun des 34 nouveaux établissements est dirigé par un président-directeur général (PDG), nommé par le ministre. La loi précise la composition des conseils d’administration des nouveaux établissements, dont les membres en majorité indépendants sont nommés par le ministre. Cette formule a éliminé la participation citoyenne que permettait le modèle précédent des conseils d’administration.

    La Loi accorde de nouveaux pouvoirs au ministre Gaétan Barrette à l’égard des établissements régionaux et suprarégionaux, notamment « à la structure organisationnelle de leur direction et celui d’intervenir auprès de la direction des établissements, si des gestes incompatibles avec les règles de saine gestion sont posés». Ces nouveaux pouvoirs laissent une grande latitude au ministre.

    Parmi les amendements apportés au projet de loi, qui sont d’ailleurs soulignés dans le communiqué de presse du ministre annonçant l’adoption du projet de loi no 10, notons «la reconnaissance de spécificités culturelles, linguistiques, locales et historiques de certains établissements, ainsi qu’une meilleure prise en compte des réalités régionales et habitudes de consommation en soins et services des populations pour la délimitation des territoires».

    Cette nouvelle gouvernance vise à simplifier le parcours de soins pour les patients en le rendant plus fluide, à contribuer à l’amélioration de la qualité des soins et de la sécurité des soins, et d’accroître l’efficience et l’efficacité du réseau de la santé par une réduction des structures et de la bureaucratie.

    Notre examen de la situation dans le Pontiac s’est fait par rapport à ces objectifs fixés par le ministre Gaétan Barrette lors de l’annonce de la réforme du réseau de la santé. En d’autres termes, est-ce que la réalité particulière du Pontiac a été prise en compte dans le contexte de l’aménagement du CISSSO et est-ce qu’il y a eu une amélioration dans la prestation des services de santé à la population ?

    La mise en œuvre de la Loi 10 a apporté des changements importants dans la gouvernance du réseau de la santé dans l’Outaouais. Les cinq CSSS existants ont été fusionnés en une seule organisation, appelée Centre intégré des services de santé et sociaux de l’Outaouais (CISSSO). La direction du Centre est assurée par le PDG, Jean Hébert, qui a été nommé par le ministre. Le CISSSO chapeaute tous les établissements de santé et de services sociaux de la région, notamment les hôpitaux, les centres d’hébergement, les CSLC et les centres jeunesse. Il compte 86 points de service. La nouvelle organisation

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  • compte près de 9 500 employés et médecins et quelque 400 cadres. Son budget équilibré est de 790 millions de dollars pour l’année 2017-2018.

    Pour le Pontiac, le nombre d’employés est de 473 et environ 500 si l’on inclut les médecins.

    Un des résultats de la réorganisation a été la centralisation de services à Gatineau et le transfert de plusieurs cadres dans cette ville pour diriger les services au plan régional, alors qu’ils s’occupaient des tâches similaires dans les CSSS. Ainsi, avant la réforme, il y avait au CSSS du Pontiac 19 postes de cadres supérieurs et intermédiaires. La réforme a fait passer ce nombre à cinq, auquel s’ajoutent les cinq cadres intermédiaires qui partagent leur temps entre le Pontiac et l’extérieur de ce territoire. Les sept postes de cadres supérieurs, incluant celui de directeur général, ont été abolis.

    Postes de cadre

    Pontiac

    Avant la réforme Après la réforme

    Cadres supérieurs et dg: 7 0

    Cadres intermédiaires dans le Pontiac: 12 5 – Pontiac

    5 - Pontiac et autres territoires

    2 - Territoire de Gatineau

    5. ÉCHOS DU PONTIAC SUR LA RÉFORME BARRETTE

    Avant la réforme

    Tous nous ont affirmé qu’au fil des années, la région du Pontiac s’était dotée d’un système exemplaire reconnu. Il avait ses lacunes, bien sûr, mais le système correspondait aux besoins de la population, qui l’appréciait. Le système était flexible, fondé sur les valeurs de solidarité rurale, proactif et donc en mesure de prévoir les problèmes et d’agir rapidement en amont pour les régler. La bureaucratie était minimale, on savait à qui s’adresser en tout temps. La culture organisationnelle privilégiait une approche horizontale et ne tolérait pas les « silos ». L’accès aux professionnels, autant du côté médical que du côté des services sociaux, était très bon, les attentes aux urgences, minimales.

    À l’ancien Centre de santé et de services sociaux du Pontiac, chacun des gestionnaires de ligne avait, en plus de ses responsabilités directes (par ex. les ressources humaines) celles d’un point de service dans la région (par ex. la région d’Otter Lake), de telle sorte que l’équipe de gestion avait une vision large des problématiques. On fonctionnait en collégialité et en multidisciplinarité. Il s’agissait d’un modèle de santé bien intégré.

    La relation avec le syndicat des employés était simple. La proximité avec les décideurs facilitait le règlement des questions. Contrairement à la situation souvent vécue dans les grands centres, un esprit d’équipe animait les travailleurs et les dirigeants. Au cours des vingt années avant la réforme, seulement sept griefs ont été déposés. On réglait les problèmes avant le dépôt d’un grief. Par ailleurs, les dossiers de plaintes étaient traités localement, simplement et avec efficacité.

    Le CSSS de Pontiac gérait de façon serrée ses ressources financières et était en situation d’équilibre budgétaire. La direction avait la souplesse voulue pour réallouer certains postes budgétaires afin de répondre à des besoins inattendus ou à des circonstances particulières, par exemple, aider les travailleurs après la fermeture des usines. Justement, pour faire face à cette épreuve, la collaboration de

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  • la direction du CSSS a permis la mise sur pied du groupe AutonHomme Pontiac, un centre de ressources pour hommes soumis au stress des mises à pied.

    L’approvisionnement s’effectuait avec rigueur en faisant appel à la fois à des achats collectifs et à des achats locaux pour contribuer à l’économie locale.

    Le système était capable d’innover, comme en témoigne la création d’une clinique de patients orphelins. Cette innovation mérite d’être signalée puisqu’elle fut menée par un médecin du Pontiac, la Dre Ruth Vander Stelt, qui a reçu en 2010 une reconnaissance prestigieuse de l’Association des médecins du Québec pour la réalisation du projet Accès à un médecin de famille à la Clinique de transition du Pontiac. Grâce à cette clinique de transition, les deux tiers des patients orphelins qui y ont été reçus avaient trouvé un médecin de famille.

    Ces constats positifs correspondent à la perception des auteurs de rapport de 2013 de Santé Outaouais 2020 - Au-delà des petits pas, qui avaient été impressionnés par la qualité des services offerts par le CSSS du Pontiac.

    Après la réforme

    Au cours du printemps 2017, certains intervenants, dont l’ancien préfet de la Municipalité régionale du Pontiac, Raymond Durocher, et la porte-parole officielle de Voix du Pontiac, Josey Bouchard, ont exprimé publiquement leurs critiques quant aux impacts de la Loi 10.

    Déjà, le 16 février 2017, Radio-Canada citait le préfet : « On répondait à des besoins. Actuellement, ce lien-là se brise. Assez, c’est assez. On existe le monde rural. On veut que la réalité soit adaptée à la nôtre. » De son côté, madame Bouchard affirmait : « La seule chose qu’ils sont en train de réaliser, c’est la désorganisation de nos services. »

    À ces échos se sont ajoutés les commentaires que nous ont communiqués des personnes connaissant intimement la région du Pontiac et son système de santé et de services sociaux au cours d’entrevues formelles tenues entre les mois de mai et août 2017. Ces personnes ont une expérience de terrain vécue avant et après la réforme Barrette. Au cours des entrevues, elles nous ont fourni de précieux renseignements qui, globalement, correspondent aux propos du préfet et de la porte-parole officielle de Voix du Pontiac.

    Face aux résultats de la réforme à ce jour, la déception des gens de la communauté est palpable. C’est un véritable cri du cœur qu’ils nous ont lancé. Nous reprendrons chacune de leurs critiques spécifiques, mais elles tournent autour d’une idée centrale : la réforme Barrette a mis à mal, voire démoli, un système qui fonctionnait très bien! En a résulté un climat de morosité dans une région qui a son lot de défis à relever depuis la fermeture des usines de transformation du bois.

    L’écho principal est que le nouveau système n’est pas adapté à la dimension rurale où tout impact est ressenti plus vivement que dans des grands centres peuplés et riches en ressources de toutes sortes. Dans la région du Pontiac, une infirmière peut être appelée à faire 200 kilomètres par jour pour accomplir ses tâches; la mesure de l’efficacité doit en tenir compte. La perte des sept cadres supérieurs, incluant le DG du CSSS et le transfert de deux cadres intermédiaires à Gatineau a fait perdre à la région des leaders qualifiés et engagés dans la communauté, créant ainsi un vide qui n’a pas été comblé. Perdre une dizaine de cadres dans une région de 15 000 à 20 000 personnes a beaucoup plus de conséquences que d’en perdre un nombre semblable dans une agglomération de 275 000 habitants.

    Étant dirigés par les cadres supérieurs du CISSSO à Gatineau, les dix cadres intermédiaires qui travaillent dans le Pontiac ont peu d’autorité et de marge de manœuvre. Sur ces dix cadres, cinq ont aussi des responsabilités à l’extérieur du Pontiac.

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  • « Nobody seems to be in charge », Sandra Murray, Mayor, Shawville

    Les griefs un à un

    La proximité avec les décideurs est disparue. Jadis, on avait un accès facile et immédiat à la personne responsable des soins médicaux ou des services sociaux. De plus, le conseil d’administration du CSSS était composé de bénévoles, de gens de la communauté environnante. Les problèmes venaient vite à leurs oreilles et les solutions innovatrices ne tardaient pas. L’abolition de ce conseil d’administration a été une grande erreur, nous a-t-on dit. Cette facilité d’accès est disparue et est vécue comme un grand manque.

    « Le personnel était plus attentif, il répondait aux besoins du milieu, maintenant on répond à la machine.» Raymond Durocher, ancien Préfet, Municipalité régionale de Pontiac

    La bureaucratisation du système est décriée. Auparavant les cadres de l’hôpital de Shawville avaient l’habitude de s’occuper de multiples tâches, selon une approche de collaboration étroite entre services (l’horizontalité). Tout est maintenant centralisé à Gatineau où les responsables sont pris dans des « silos » bureaucratiques. On fait face à une bureaucratie qui a une vie en elle-même.

    «Il n’était pas question de structure, mais de culture, de culture axée sur le client. » Un intervenant. «L’équipe de gestion était très mobilisée, on couvrait tout le monde. On avait le support du directeur général. » Un intervenant.

    Un petit exemple des effets de la centralisation à Gatineau nous a frappés. L’hôpital de Shawville possédait auparavant sa propre timbreuse pour son courrier. Un jour, sans avertissement préalable, la timbreuse disparut. On apprend que le timbrage se fera dorénavant à Gatineau pour l’ensemble du territoire du CISSSO. Les installations du Pontiac doivent dorénavant transporter leur courrier à Gatineau pour y être timbré et posté; une bonne partie du courrier revient ensuite dans le Pontiac. Inutile de dire que cette nouvelle pratique en fait sourciller plus d’un.

    On nous a aussi dit que les commandes de fournitures, maintenant centralisées, ne sont remplies qu’après de longues attentes, des mois parfois, alors qu’elles étaient réglées en moins de deux semaines sous l’ancienne administration. Il n’y a pas de politique d’achat local.

    Les suppressions de postes ont eu un effet négatif sur les employés. Ils sont à bout de souffle à cause de la pénurie de personnel, et ce dans tous les groupes d’emploi. « Pour une première fois, on doit faire appel à des agences, généralement en situation critique seulement, car les agences coûtent plus cher », nous ont dit une intervenante et les syndicalistes Richard Romain et Carole Ménard. Avant la réforme, le recrutement se faisait dans la région du Pontiac à l’endroit où le poste était à combler. Maintenant, il se fait à partir de Gatineau, les entrevues et les examens se font dans cette ville.

    L’étroite collaboration avec le milieu scolaire pour le dépistage précoce des problèmes de santé mentale chez les élèves s’est nettement affaiblie. Un enseignant qui remarquait un problème chez un élève pouvait facilement parler avec une travailleuse sociale pour trouver des stratégies. La nouvelle organisation rend ces collaborations plus ardues.

    «Une maman dont l’enfant a un problème trouve cela difficile de décrire sa situation à une personne qui vit à Gatineau. Lui expliquer notre réalité rurale est difficile. » Kim Laroche, L’Entourelle, Maison d’hébergement pour femmes violentées ou en difficulté

    «Même si on répond, on n’agit pas vite. On ne sait pas qui appeler. On n’arrive jamais à parler à la même personne.» Gisèle Mousseau, L’Entourelle.

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  • Une intervenante, faisant partie du milieu de l’éducation, fait état de problèmes semblables :

    Le numéro 811-option 2 : le milieu scolaire doit aussi passer par le 811, option 2 avec le parent. L’école ne peut plus référer des cas directement. Ce système connaît des ratés importants pour les écoles et celles-ci vivent des situations très frustrantes. On mentionne que les intervenants sont très gentils, mais qu’ils ne connaissent pas le milieu et l’emplacement de l’école. Les appelants sont mis en attente deux à trois fois par appel, puisque les intervenants doivent consulter les superviseurs. On ne connaît pas les services qui sont offerts dans la région. Ces situations ajoutent des étapes pour obtenir de l’aide, alors qu’il s’agit de cas urgents.

    Le service fonctionne mal pour les parents aussi. Un parent qui voulait de l’aide a téléphoné trois fois pour savoir quand elle pourrait en obtenir. Après un mois, il apprend que le dossier est égaré. Le cas s’est beaucoup aggravé avant que l’aide arrive. En situation de crise, l’école ne peut plus contacter directement le CLSC .Il faut passer par le 811-option 2 pour gérer la crise par téléphone. Comme conséquence, l’école préfère ne plus téléphoner, car le service les laisse à eux-mêmes.

    Guichet d’accès jeunesse : Le 811 envoie les demandes à ce guichet, qui compte seulement deux personnes pour traiter les demandes de l’Outaouais. Il y a un délai de plus de trois semaines avant que les travailleurs sociaux du Pontiac ne reçoivent les dossiers et ceux-ci n’ont pas le droit de rencontrer ces jeunes avant de recevoir les dossiers, même si c’est urgent. Le mode d’intervention auprès des clients vulnérables comporte donc des lacunes sérieuses; les services sont très lents et il y a un manque de lien direct avec les intervenants. Comme conséquence, l’école doit pallier les pertes de services en intervenant auprès des jeunes avec des techniciennes en éducation spécialisée, les préposés et les psychologues. Il en découle une charge de travail additionnelle, puisque les médecins font des prescriptions d’évaluation psychologique, sachant que l’école dispose de ces services.

    Les directions d’école du Pontiac partagent la même conclusion : la responsabilité des services sociaux est devenue très lourde pour le personnel des écoles et le nombre d’élèves avec des besoins d’aide augmente et il y a une grande réduction dans les services du CISSSO pour aider les familles. Ainsi, les huit écoles francophones n’ont plus qu’une seule travailleuse sociale. L’élève en souffre.

    On fait valoir que trop de services sont déménagés en ville. Certains parents n’ont pas les moyens de se déplacer en ville. Le fait que les références se rendent à Gatineau pour ensuite revenir dans le Pontiac est une perte de temps et d’autonomie. Les services de proximité ont été grandement diminués.

    En résumé, le personnel est inquiet, frustré et épuisé. La région du Pontiac a subi une grande perte d’autonomie. Il y a eu des pertes d’emploi qui ont un impact direct sur la clientèle scolaire, qui a diminué.

    La distance que doivent parcourir les gens du Pontiac pour se faire soigner à Gatineau est un lourd fardeau à porter, même si on peut compter en partie sur TransporAction Pontiac, un organisme à but non lucratif qui offre le transport accessible aux personnes ayant une déficience à l’aide de deux minibus et deux fourgonnettes adaptés. Pour plusieurs cependant, le recours à la voiture est inévitable et ils doivent en assumer les coûts. Nous avons appris que la survie de TransporAction est menacée. Même si la situation s’était stabilisée, il s’agit là d’un service qui demeure fragile.

    « Ce qui aurait pris deux heures ici prend maintenant une journée. » Kim Laroche, L’Entourelle

    Le départ des gestionnaires de l’ancien CSSS du Pontiac et de professionnels de la santé (travailleurs sociaux, psycho éducateurs et autres) a eu un impact social et économique dévastateur, dont le

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  • ministère de la Santé et des Services sociaux n’a pas bien saisi la portée. D’une part, le transfert vers Gatineau des cadres a un effet négatif sur l’accessibilité aux décideurs et les possibilités de régler les problèmes simplement et rapidement. Mais il y a aussi le départ d’un groupe de personnes qui contribuait fortement à la communauté du Pontiac. C’étaient des personnes occupant des postes responsables dans des organismes communautaires, les présidents ou présidentes d’organismes communautaires, les bénévoles qui animent les associations. Ensemble, la masse salariale des cadres était autour de 1,5 million de dollars qui étaient dépensés surtout dans la région du Pontiac.

    Les résidents étaient fiers que le CSSS du Pontiac fût en situation d’équilibre budgétaire, résultat d’une saine gestion des argents mis à sa disposition. Or, son budget équilibré fut intégré à celui du CISSSO qui était déficitaire et faisait l’objet d’une tutelle. Les résidents du Pontiac ont eu l’impression de « se faire avoir ».

    «Le budget était équilibré et puis regroupé dans une situation de déficit.» Sandra Murray, Mayor of Shawville

    Comme on l’a dit, la population du Pontiac est majoritairement de langue anglaise, et ce, depuis plusieurs générations. Or, en vertu de la politique linguistique du CISSSO, l’accueil aux centres de santé de Gatineau ne se fait qu’en français. On souhaiterait que la politique linguistique soit appliquée en conformité avec l’énoncé qui parle de «la reconnaissance de spécificités culturelles, linguistiques, locales et historiques de certains établissements.»

    «Chat échaudé craint l’eau froide». Ce vieux dicton illustre les craintes de plusieurs intervenants que le statut et les attributions de l’hôpital de Shawville (qui est passé de celui d’un « établissement » à celui « d’installation ») ne soient encore réduits. On exprime des craintes semblables par rapport à la clinique de Fort-Coulonge : les heures d’ouverture seront-elles réduites?

    On a craint que les argents de la Fondation du CSSS du Pontiac soient versés dans la Fondation Santé Gatineau. Heureusement, et grâce à la forte mobilisation de la population du Pontiac, cela ne s’est pas produit. Il demeure que la crainte que les argents du Pontiac soient remis à Gatineau refroidit la générosité de la population.

    L’insatisfaction de la population serait à l’origine d’une croissance de fréquentation des centres de santé situés de l’autre côté de la frontière, en Ontario. Cette tendance se remarque aussi dans le domaine scolaire francophone alors que 45 élèves fréquentent des écoles ontariennes de Pembroke et de Renfrew, qui sont à une courte distance des villages du Pontiac.

    Devant les attentes interminables aux urgences des hôpitaux de Hull et de Gatineau, de plus en plus de Gatinois font le trajet d’une heure et demie pour se rendre à l’urgence de Shawville. On estime que 40 p. cent des personnes se rendant à cette urgence viennent de Gatineau. Les habitants du Pontiac font donc face à de plus longues périodes d’attente (bien que le temps nécessaire pour voir un médecin soit encore beaucoup moins long qu’en ville). Un point de fierté : le centre du Pontiac est arrivé en tête de liste des centres où le temps passé sur civière est conforme aux cibles du ministère de la Santé et des Services sociaux. On reconnaît aussi qu’un plus fort achalandage à l’urgence de Shawville justifie le maintien de ce service.

    On dénonce enfin le fait que la région du Pontiac n’a pas de représentant(e) au conseil d’administration du CISSSO. La voix de cette région ne se fait donc pas entendre directement lors des délibérations du conseil d’administration.

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  • « On est en train de détruire un système qui fonctionnait bien. » docteur Thomas O’Neill, centre hospitalier du Pontiac

    Les personnes rencontrées nous ont dit, à plusieurs reprises, que les responsables du CISSSO ont une bonne écoute. Ils font preuve de compréhension, certains ont travaillé sur le terrain et connaissent bien la communauté. Cependant, on répète que les dirigeants n’ont pas la marge de manœuvre voulue pour exercer une plus grande souplesse et pour sortir des sentiers étroits tracés par le ministère de la Santé et des Services sociaux, dirigé par Gaétan Barrette.

    « On nous écoute beaucoup, mais rien n’arrive.» Un intervenant

    Est-ce à dire que la population du Pontiac reçoit moins de services ou des services de moindre qualité depuis la réforme? Nul doute que le sentiment de proximité, l’aisance des communications, tout ce qui humanisait le système a été mis à mal. En outre, on nous a dit à plusieurs reprises que les services en santé mentale, les services pour la jeunesse, pour les personnes âgées, pour le soutien à domicile ont été sensiblement transformés et diminués par l’ajout d’autres tâches et par l’érosion de l’interdisciplinarité qui faisait la force du système avant la réforme. En prévention, nous dit-on, presque plus rien ne se fait. La qualité des services de la Direction de la protection serait moindre qu’avant.

    L’introduction du Centre de répartition des demandes de services (CRDS) éprouve des difficultés de démarrage. Par exemple, nous a-t-on dit, on envoie les patients à Gatineau alors que les services sont disponibles dans le Pontiac.

    Notons par ailleurs qu’une visite du Centre hospitalier de Shawville, par exemple, fait voir la propreté des lieux ainsi que la gentillesse et le professionnalisme du personnel.

    « Nous étions un pôle d’excellence en médecine. C’est perdu.» Josey Bouchard, Voix du Pontiac

    Nous avons demandé à nos intervenants s’ils connaissaient d’autres régions au Québec où la réforme avait donné de meilleurs résultats. Quatre d’entre eux étaient au courant de la situation ailleurs que dans le Pontiac. Il n’y a pas de région où l’on constate des succès. Toutes les régions, comme celles de Maniwaki et des Collines, souffrent, selon un d’eux. Les grands gagnants sont les régions urbaines, selon un autre. Ce sont les petites régions qui souffrent, affirme un autre, à l’exception de celle du Lac-Saint-Jean, on a partout un sentiment de soumission. Un autre intervenant dit : « On n’a pas tenu compte de la dimension rurale. »

    6. LES EFFETS À LONG TERME

    Qu’adviendra-t-il du modèle Pontiac à plus long terme? Parmi les personnes interviewées, plusieurs prévoient que la situation se transformera ni plus ni moins en désastre. D’autres expriment la peur de perdre leur centre hospitalier. Le secteur de la santé étant un moteur économique essentiel dans le Pontiac, tout affaiblissement a des conséquences socio-économiques graves sur une petite population. Un intervenant résume ce qu’il prévoit en quelques mots:

    ralentissement économique; diminution de l’accès aux spécialités; le rapatriement va souffrir; dysfonction accrue; perte d’identité de notre centre de santé.

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  • En résumé, les interviewés estiment presque tous que la réforme ne respecte pas ses objectifs de simplifier le parcours des soins pour le patient et de faciliter le travail du personnel soignant. Ils ne croient pas non plus que l’objectif suivant, énoncé dans le communiqué annonçant l’adoption de la Loi 10, le 7 février 2015, ait été atteint :

    Parmi les amendements apportés au projet de loi, notons « la bonification de la représentativité au sein des conseils d'administration, la reconnaissance de spécificités culturelles, linguistiques, locales et historiques de certains établissements, ainsi qu'une meilleure prise en compte des réalités régionales et habitudes de consommation en soins et services des populations pour la délimitation des territoires. »

    7. QUE PROPOSENT LES PERSONNES INTERROGÉES

    Les personnes interrogées ont plusieurs fois demandé que l’on revienne à l’ancien modèle. « On se faisait dire qu’on travaillait bien », dit l’une d’elles. « Il faut rétablir la structure d’il y a deux ans », lance une autre. « Avant, dans le Pontiac, les jeunes et les aînés étaient prioritaires, revenons à l’ancien système, surtout qu’on n’était pas déficitaires. »

    L’autre son de cloche se veut plus réaliste : on ne peut pas revenir en arrière, améliorons plutôt le système actuel. Plusieurs suggestions tournent autour de l’idée de redonner une gouvernance locale aux établissements de santé et de services sociaux. Cette gouvernance locale veut dire :

    un budget local; une direction générale au centre hospitalier de Shawville; la récupération de certains postes de cadres; la délocalisation de certains services de Gatineau vers le Pontiac.

    Si les énoncés du ministère veulent dire quelque chose quant à la spécificité locale, voilà des mesures à mettre en place, disent nos interlocuteurs.

    8. LE POINT DE VUE DU CISSSO Les responsables de l’étude ont rencontré Benoît Gauthier, adjoint au président-directeur général qui a été mandaté par la direction du CISSSO pour nous rencontrer. Ses propos sont regroupés comme suit :

    Le point de vue de la population

    M. Gauthier admet d’emblée que le système de santé et de services sociaux en place avant la Loi 10 avait une plus grande souplesse et une gouvernance axée sur la proximité. Le taux de satisfaction de la population avant la réforme était très élevé. Un sondage tenu aujourd’hui ne révélerait pas la même satisfaction, concède-t-il. Il précise que le taux de prise en charge médicale de première ligne est également très élevé grâce à une bonne équipe médicale dans la région. Quatre-vingt-quinze p. cent des gens (chiffre du CISSSO) et 84% (chiffre du Ministère de la Santé et des services sociaux) du Pontiac ont un médecin de famille. Les médecins du Pontiac couvrent bien la population. Le CISSSO offre des services fluides à la MRC du Pontiac ainsi qu’à la municipalité de Pontiac sans s’empêtrer dans des enjeux de juridictions strictement municipales. L’accès aux spécialistes demeure problématique; il n’est pas meilleur qu’avant la réforme ni pire. Pourquoi le statu quo ? Question d’organisation du travail et de rémunération, nous a-t-il dit. À court terme, on déploie des professionnels, c’est plus difficile du côté administratif.

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  • La réduction du nombre de cadres dans le Pontiac

    Selon M. Gauthier, la réduction du nombre de cadres étant prescrite, plusieurs leaders dans le Pontiac ont dû partir (comme dans d’autres régions telles que Maniwaki) et il en est résulté un vacuum. La région du Pontiac a vivement ressenti le départ d’une dizaine de cadres qui travaillaient à l’ancien CSSS. Plusieurs postes ont été transférés à Gatineau et quelques cadres ont choisi de prendre leur retraite. Le départ de l’ancien directeur général, qui avait contribué à développer le modèle de l’hôpital, a été ressenti comme une perte importante pour la communauté. Le CISSSO ne verrait pas d’un mauvais œil la relocalisation de certains services dans le Pontiac, mais les conventions collectives en empêcheraient la réalisation. Le problème n’est pas que le nombre de postes de cadres a été réduit, dit-il, mais plutôt que le recrutement s’avère difficile. Attirer des infirmières et des professionnels n’est pas simple, le marché est concurrentiel. Le recours de plus en plus grand à l’assurance emploi fait que tous les employeurs ont de la difficulté à pourvoir des postes. Le CISSSO a maintenu quatre postes administratifs. M. Gauthier précise que le Pontiac jouit des possibilités qu’offre une plus grande entente, le déploiement de services spécialisés ou encore de compétences «in-house», mais que les conventions collectives (il y a quatre accréditations syndicales au CISSSO) sont nombreuses et entraînent une certaine rigidité.

    Les valeurs de proximité

    Les valeurs de proximité du Pontiac nous inspirent, dit-il. Il ajoute que le CISSSO veut maximiser les blocs opératoires de l’Hôpital du Pontiac. Il y a davantage d’heures travaillées au niveau clinique qu’avant la réforme. On tient compte de la réalité rurale dans le soutien à domicile et on continue de développer des services dans le Pontiac. M. Gauthier précise que l’accueil des nouveaux employés, le processus de dotation et d’embauche se font dans le territoire, on y déplace les équipes responsables. On développe des services en langue anglaise. Il faut faire davantage de suivis avec le préfet, le député, aller vers le public, ajouter des services de proximité. Cela a beaucoup à faire avec les communications. L’impact du CISSSO a été positif, il faut le démontrer, dit-il. Les indicateurs de qualité et de quantité progressent.

    L’approvisionnement

    L’approvisionnent prend plus de temps, mais se fait avec plus de rigueur administrative. On doit passer par un de trois grands bureaux d’approvisionnement, ce qui ralentit la cadence, mais c’est un domaine où on peut s’améliorer. Le CISSSO n’a pas de politique d’achat local.

    Une embellie budgétaire

    Pour la première fois depuis la réforme, le CISSSO jouit d’une meilleure marge de manœuvre financière. Il n’y aura pas de compressions cette année. Cette situation permet de nouveaux développements. La performance budgétaire du Pontiac a été exceptionnelle et fut reconnue comme telle. Le CISSSO n’a pas fait de compressions budgétaires dans le Pontiac. Il vante les mérites du projet Accueil Intégré qui permet au citoyen de se faire diriger vers le service approprié pour accéder aux professionnels de la santé.

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  • Cela n’empêchera pas le développement de l’Hôpital du Pontiac. Une étude est en cours sur les moyens de maximiser l’espace opératoire. Il n’y a pas de danger que la clinique de Fort-Coulonge soit éliminée ou que ses services soient réduits.

    Enjeux linguistiques

    Les enjeux linguistiques demeurent. Les citoyens de langue anglaise acceptent mal d’être accueillis en français à Gatineau, mais il y a aussi beaucoup de plaintes de la part de francophones qui n’ont pas de services dans leur langue dans le Pontiac.

    Impacts de la réforme

    Selon M. Gauthier, il est faux de prétendre que les citoyens du Pontiac sont de plus en plus nombreux à se faire soigner en Ontario, à Renfrew et Pembroke. La réforme Barrette n’est pas responsable du climat de morosité dont nous ont parlé nos invités du Pontiac. Ce climat existe depuis la fermeture des usines de produits de la forêt. Le secteur de la santé demeure le plus gros employeur de la région. Le CISSSO est sensible au développement communautaire.

    Le conseil d’administration du CISSSO

    À la critique exprimée qu’il n’y a pas de représentant du Pontiac au conseil d’administration du CISSSO, M. Gauthier répond que le conseil n’a aucun représentant régional, qu’il s’agisse de Papineau, des Collines-de-l’Outaouais ou de Gatineau. La composition du conseil d’administration est formée de membres désignés par le ministre, de conseillers professionnels, de représentants des départements, de l’UQO et d'autres instances. La géographie n'est pas un critère.

    La souplesse du cadre administratif Le cadre actuel dans lequel œuvre le CISSSO est-il assez souple pour répondre aux besoins de la région qui privilégie la proximité ? Non, de dire M. Gauthier, il y a des ajustements préalables à faire, par exemple dans les conventions collectives. Mais on ne veut pas que les usagers du Pontiac se fassent soigner à Gatineau. On est d’accord avec l’importance de la proximité. On comprend que le citoyen et même l’employé puissent se sentir perdus. Il faut créer des repères. Québec est préoccupé par l’aspect financier de la réforme et par la mise en œuvre de la Loi 20 dont le but est d’améliorer l’accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée. La marge de manœuvre est limitée par les normes d’approvisionnement, mais le CISSSO est ouvert au développement dans tous les domaines. Québec n’intervient pas, sauf pour exiger de bons plans, souligne M. Gauthier.

    Perspectives d’avenir

    Le représentant du CISSSO estime essentiel de développer une logique de service à la clientèle dans tous ses services à la population. Il faut être davantage à l’écoute de la population. Un plan de communication est en voie de développement. On doit continuer à développer des services de proximité, la population va s’en apercevoir. Et l’impact à plus long terme ? Plus de services cliniques, moins d’administration. Il n’existe aucune volonté de diminuer le pôle du Pontiac, à preuve le transfert de postes de dialyse. L’Hôpital du Pontiac est un centre de traumatologie, il faut le maintenir. Les spécialités vont se développer dans les grands pôles, la région en profitera. Comme suite à notre demande de plus de détails sur les initiatives prises ou à prendre, le CISSSO nous a fourni des informations additionnelles que nous traitons de façon séparée de la partie précédente parce qu’elles sont très détaillées, alors qu’on parle ci-dessus d’observations générales.

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  • Hémodialyse

    La création des services d’hémodialyse à Shawville va permettre l’ajout de 6 à 8 personnes, dont deux à quatre infirmières provenant du centre hospitalier de Hull, ce qui permettra d’offrir un service sur place, évitant à dix patients de venir à Hull trois fois par semaine et à trois autres de se rendre à Renfrew pour l’obtention de ce service. L’hôpital du Pontiac pourra traiter jusqu'à 30 personnes ayant besoin de dialyse. La création de ce service a été rendu possible grâce à une contribution de 660,000 $ provenant de la Fondation de l’ancien CSSS du Pontiac et une contribution de 2,1 millions du ministère de la Santé et des Services sociaux. La population a très bien accueilli la création de ce service.

    Soutien aux personnes âgées et soutien à domicile

    Le CISSSO prévoit créer sous peu un nouveau poste de chef d’unité (cadre intermédiaire) à la Direction des personnes âgées (SAPA). En lien avec les nouveaux investissements pour les personnes âgées, le CISSSO est en train d'embaucher une quinzaine de personnes réparties entre des infirmières, des infirmières auxiliaires et des préposés aux bénéficiaires. Il a aussi augmenté le nombre d’heures travaillées par semaine d’une quarantaine d’infirmières auxiliaires et de préposés aux bénéficiaires. Ainsi, un certain nombre de postes ont été rehaussés de temps partiel à temps plein. Pour le soutien à domicile, on a notamment ajouté un poste d’infirmière et un autre de travailleur social. Ces deux postes sont en cours de dotation.

    Services à la jeunesse

    Depuis la création du CISSSO, la Direction des programmes jeunesse (DJ) a créé une équipe de services jeunesse intégrée dans le Pontiac, gérée par une chef d’équipe. Celle-ci est venue maintenir dans le territoire du Pontiac, l’ensemble des services multidisciplinaires pour la jeunesse, et ce à travers les quatre CLSC. Pour offrir des services de proximité et mieux suivre la population vulnérable, on a ajouté à cette équipe (dans le Pontiac) trois professionnelles de l’application des mesures. Il s’agit d’une nette amélioration, puisque ces services étaient auparavant offerts à partir du territoire urbain. Par ailleurs, des spécialistes en activités cliniques se déplacent de Gatineau afin de soutenir les équipes cliniques dans des interventions auprès de certaines situations familiales complexes. D’autres services ont aussi été améliorés. Il y a eu la création d’une clinique itinérante de dépistage des ITSS, pour l’ensemble du Pontiac. Deux psychoéducatrices ont été formées pour faire passer dans le Pontiac les tests cliniques visant à diagnostiquer les troubles du spectre de l’autisme. Auparavant ces services étaient offerts à Gatineau.

    Santé mentale

    Le CISSSO procède présentement à la transformation de postes en soutien intensif, de postes à temps partiel en postes à temps plein. Une infirmière de liaison se rendra bientôt à l’hôpital de Shawville pour favoriser la liaison entre les équipes cliniques et identifier les besoins des usagers. Les mesures mentionnées ci-haut confirment la priorité que le CISSSO accorde au développement de services cliniques auprès des milieux locaux.

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  • Effectifs

    En date de septembre 2017, il y a 473 employés dans le Pontiac comparativement à 477 au moment de la création du CISSSO au printemps 2015. Il y a eu diminution du personnel administratif, baisse qui fut compensée par l’ajout de professionnels dans le secteur du Pontiac. 9. CE QUE NOUS RETENONS

    Nous avons constaté l’existence de deux visions très différentes de l’administration des soins de santé et de services sociaux dans la région du Pontiac. La première est la vision communautaire et sociale bien implantée dans la région avant la réforme Barrette, vision fondée sur la proximité entre les soignants et les usagers, la souplesse et la débrouillardise. Le système fut bâti graduellement au cours des années, grâce au dévouement du personnel médical, professionnel et syndical et à sa volonté de s’ajuster aux besoins de la population, grâce aussi à l’esprit de solidarité qui caractérise les communautés rurales. Le système reconnu pour son efficacité faisait la fierté des résidents d’une immense région peu peuplée et souffrant de divers enjeux économiques.

    Encouragé par des cadres supérieurs motivateurs, le personnel offrait non seulement de bons services, mais innovait (la clinique des patients orphelins). Les cadres, en plus de leur compétence professionnelle, étaient reconnus pour leur engagement dans plusieurs sphères de la société, par exemple l’éducation et la gestion des organismes de la communauté. De plus, le système était en équilibre budgétaire.

    Il serait faux de prétendre que tout était parfait. Une intervenante a rapporté que des spécialistes en lien avec les plus grands besoins de la population (orthopédistes, pédopsychiatres, etc.) se rendaient dans le Pontiac. Toutefois, l’accès aux spécialistes est, dans l’ensemble, depuis longtemps problématique. Les longues distances à parcourir ont toujours existé. Mais on peut dire que la région s’était magnifiquement tirée d’affaire dans le domaine des soins de santé et des services sociaux et était vue comme un modèle par de nombreux observateurs avertis. Un modèle de grande qualité, humain, bien intégré et taillé sur mesure pour répondre aux besoins de sa communauté.

    Alors donc, pourquoi chambouler ce système au lieu de continuer à le bonifier. Pour reprendre une expression anglaise, « If it isn’t broken, why fix it? » (Pourquoi réparer ce qui n’est pas brisé?).

    Pour répondre à cette question, il faut s’en remettre à la deuxième vision, celle de l’administration centrale du système.

    La réforme Barrette comporte plusieurs objectifs, mais celui de mieux contrôler les dépenses en est un des principaux. C’est ce qui mena à l’élimination de nombreux postes de cadres, de structures lourdes (les agences de la santé), ainsi que la réduction du nombre de Centres de santé et des services sociaux. La réforme comporte une forte centralisation des pouvoirs dans les mains du ministre et des CISSS dont il nomme les directeurs généraux.

    Les grandes administrations publiques sont souvent tributaires de modes de gestion, parfois centralisatrices, parfois décentralisatrices. (Cette dernière semble se manifester de nos jours dans le domaine de l’éducation.) La réforme Barrette s’inscrit directement dans le moule centralisateur avec ce que cela comporte d’avantages et d’inconvénients.

    Les témoignages de certains de nos intervenants nous portent à croire que la réforme a possiblement affecté les autres régions rurales du Québec d’une manière aussi négative. La région du Pontiac serait donc probablement un microcosme d’une problématique à l’échelle de la province qui mériterait la réalisation d’une étude approfondie pour en déterminer l’étendue et les mesures correctives à prendre.

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  • Nous pouvons dire que la région du Pontiac fait partie des dommages collatéraux de la réforme. Une « écologie » de soins de santé et de services sociaux soigneusement nourrie au cours des années a été la victime de la méthode forte de la réforme Barrette. Les réformes basées sur le principe de la centralisation ont souvent pour effet de dévitaliser les zones rurales et périphériques, puisque dans ces secteurs, les établissements de santé sont un moteur économique et social important. La centralisation attire(ou force) les leaders locaux vers les centres de décision régionaux. Ces changements privent ces régions de retombées économiques importantes et créent une érosion du leadership communautaire. Dans ce sens, la réorganisation n’a pas tenu compte de l’objectif énoncé dans la mission du ministère, à savoir « de contribuer au développement social et économique du Québec ». Le Pontiac a plutôt été victime d’une perte dans son réseau de santé, auparavant exemplaire.

    Les dommages dont on nous a parlé au cours de nos rencontres sont considérables : perte de cadres, perte d’autonomie décisionnelle, perte du sens de la proximité, perte de repères, obligation de naviguer dans les méandres et les silos d’une bureaucratie lointaine. Tout cela fait que la population n’est pas satisfaite.

    Le personnel médical, professionnel et administratif est souvent désarçonné. La population ne comprend pas pourquoi il fallait changer un système qui fonctionnait bien. Ce n’est pas comme si la situation d’avant la réforme avait été perçue comme si mauvaise qu’une réforme s’imposait.

    Le CISSSO n’a pas encore fait la démonstration que la réforme a entrainé des bienfaits notables. On souligne, bien sûr, la décentralisation du service de dialyse, mais des interviewés se demandent dans quelle mesure la réforme y est pour quelque chose, les argents de la communauté ayant joué pour beaucoup dans la décision du ministre. On nous a parlé de plans de développement pour la région, de l’intention de la nourrir adéquatement en ressources, de bonifier les salles d’opération, de mesures prises récemment pour améliorer les services dans les domaines du soutien aux personnes âgées et du soutien à domicile, des services à la jeunesse et de la santé mentale. Ces améliorations n’ont pas toutefois attiré l’attention des personnes que nous avons interviewées. Soit qu’elles sont trop récentes, soit qu’elles n’ont pas encore démontré des progrès visibles et mesurables.

    On nous a vanté les avantages de faire partie d’une grande entité et des ressources considérables dont elle dispose. La démonstration n’a pas encore été faite.

    Le CISSO est conscient des valeurs de proximité et de ruralité du Pontiac, par exemple dans le soutien à domicile. Il veut porter ses efforts sur le développement du secteur clinique plutôt que sur le volet administratif. Une étude est en cours pour maximiser l’espace opératoire et le CISSSO doit annoncer sous peu des projets pour renforcer le volet clinique. Il n’est pas question de diminuer les attributions de l’hôpital, c’est un centre de traumatologie qui doit être maintenu. L’échéancier n’a pas été établi.

    Le CISSSO reconnaît qu’il doit être davantage à l’écoute de la population et la tenir au courant des changements effectués pour qu’elle retrouve ses points de repère, suite à la réorganisation du système. Il se dit conscient des particularités de la région et veut respecter l’esprit de proximité dans la prestation des services.

    En outre, comme nous venons de le dire, le CISSSO affirme avoir pris, ou planifié, plusieurs mesures pour améliorer ses services dans les domaines suivants : hémodialyse, soutien aux personnes âgées et soutien à domicile, services à la jeunesse et santé mentale, notamment en ajoutant du personnel infirmier et professionnel. Il faut cependant qu’il y ait un meilleur dialogue avec les écoles, car la perception du CISSSO et celle des écoles sur les services offerts diffère.

    Néanmoins, et compte tenu des observations ci-haut, nous arrivons à la conclusion que le système mis en place dans le Pontiac, dans le contexte de la réforme découlant de la Loi 10, n’atteint pas un des

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  • grands objectifs de la réforme, soit la simplification de l’accès aux services et l’amélioration de la qualité des soins. Il ne tient pas non plus suffisamment compte « des spécificités culturelles, linguistiques, locales et historiques de certains établissements, ainsi qu’une meilleure prise en compte des réalités régionales et habitudes de consommation en soins et services des populations pour la délimitation des territoires ».

    On ne peut malheureusement revenir en arrière et recréer le modèle d’avant la réforme, mais il est possible de renforcer les services, en s’inspirant des caractéristiques du modèle préréforme. Une de ces caractéristiques était la décentralisation du système pour assurer une proximité dans les services à la population et tenir compte des besoins des régions rurales.

    Le CISSO doit compléter le plus rapidement possible son étude sur les moyens de renforcer le bloc opératoire de l’hôpital. Il doit réviser la structure en place pour s’assurer qu’il y ait des cadres dans le Pontiac avec un pouvoir réel pour représenter cette région auprès des hautes instances du CISSSO. Le ministre de la Santé et des Services sociaux doit aussi remédier au fait que cette région rurale (et les autres en Outaouais) n’a pas de représentant au conseil d’administration du CISSSO. Pour ce faire, le ministre doit repenser la formule de nomination des membres des conseils d’administration des CISSS. La participation à un conseil d’administration, dans une structure décentralisée, permet l’expression de la démocratie locale.

    10. RECOMMANDATIONS

    Afin d’améliorer le système de santé dans la région du Pontiac, nous recommandons au ministre de la Santé et des Services sociaux et à son entité régionale, le CISSSO de :

    1. Adopter une approche fondée sur les valeurs de proximité et d’interdisciplinarité, et ce, en conformité avec le caractère spécifique du Pontiac et de son système de santé précédant la réforme Barrette.

    2. Délocaliser certains services, ou parties de service, vers le Pontiac et y assigner des cadres ayant une réelle autorité.

    3. Trouver les moyens, en discussion avec les spécialistes, de fournir sur place les services spécialisés les plus utilisés.

    4. Compléter le plus rapidement possible les projets en développement, pour renforcer le volet clinique, dont l’espace opératoire de l’hôpital du Pontiac.

    5. Donner une impulsion majeure aux initiatives prises récemment pour continuer d’améliorer les services dans les domaines du soutien aux personnes âgées et du soutien à domicile, de la jeunesse et de la santé mentale, en y consacrant les ressources nécessaires.

    6. Revoir l’efficacité des procédures pour offrir des services adéquats aux jeunes en communiquant avec les écoles, pour bien évaluer leurs besoins et améliorer les services en conséquence.

    7. Mettre en place un mécanisme efficace de consultation de la population et des employés, afin d’être à l’écoute de leurs besoins et d’être transparent dans ses plans à l’égard des services de santé dans le Pontiac.

    8. Nommer un représentant au conseil d’administration du CISSSO pour représenter les régions rurales de l’Outaouais.

    9. Établir, pour chacun des éléments proposés ci-dessus, un échéancier et un cadre d’évaluation de la performance.

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  • ANNEXE I

    Liste des personnes interviewées

    Raymond Durocher Ex-préfet, Municipalité régionale du Pontiac

    Intervenant* Région du Pontiac

    Intervenant* Région du Pontiac

    Dr. Thomas O’Neill Médecin, Centre hospitalier du Pontiac

    Intervenant* Région du Pontiac

    Intervenant* Région du Pontiac

    Gisèle Mousseau Directrice, l’Entourelle

    Kim Delaroche Intervenante communautaire, l’Entourelle

    Benoît Paré Ex-directeur, Bureau des plaintes, CSSS du Pontiac

    Sandra Murray Mairesse de Shawville

    Michel Laporte Organisateur communautaire, CISSSO

    Josey Bouchard Voix du Pontiac/Pontiac Voice

    Carole Ménard Agent d’administration, CISSSO

    Richard Romain Agent de grief, CSN

    Benoît Gauthier Adjoint au PDG, CISSSO

    *Ces personnes interviewées ont préféré de ne pas révéler leur identité.

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  • Annexe II

    Questionnaire pour les intervenants

    Étude

    L’étude de Santé Outaouais 2020 porte sur l’impact de la réforme du ministre de la Santé et des Services sociaux sur les services de santé et les services sociaux dans la région du Pontiac.

    La loi 10

    Dans son communiqué de presse du 7 février 2015 annonçant l’adoption de la loi 10 (Loi modifiant l’organisation et la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux notamment par l’abolition des agences régionales), le ministre de la Santé et des Services sociaux affirme :

    « Nous venons de poser les premiers jalons d'une importante réorganisation non seulement par son ampleur, mais aussi par les avantages qui en découleront … Cette réorganisation du réseau simplifiera le parcours de soins pour les patients et facilitera le travail du personnel soignant. Elle aura également pour effet d'accroître l'efficience des établissements de santé et de services sociaux par une réduction des structures et de la bureaucratie ainsi que de favoriser une saine et rigoureuse gestion administrative.

    « Parmi les amendements apportés au projet de loi, notons la bonification de la représentativité au sein des conseils d'administration, la reconnaissance de spécificités culturelles, linguistiques, locales et historiques de certains établissements, ainsi qu'une meilleure prise en compte des réalités régionales et habitudes de consommation en soins et services des populations pour la délimitation des territoires. »

    En février 2017, un groupe de citoyens du Pontiac (la Voix du Pontiac) a dénoncé la centralisation et la réduction des services du Centre intégré de Santé et Services Sociaux (CISSS) de l’Outaouais. Le maire de Fort-Coulonge et préfet de la MRC de Pontiac, Raymond Durocher, a fait état de la frustration dans le milieu de la santé et des services sociaux.

    Questions

    1. Quelles étaient les forces et les faiblesses du système de santé en place dans la région du Pontiac avant la réforme ?

    forces; faiblesses.

    2. Quel était le degré de satisfaction de la population quant à la qualité des services de santé et des services sociaux dans la région du Pontiac avant la réforme ?

    3. La mise en œuvre de la réforme reflète-elle :

    La reconnaissance de spécificités culturelles, linguistiques, locales et historiques dans la région du Pontiac ?

    Une meilleure prise en compte des réalités régionales et habitudes de consommation en soins et services de la population ?

    4. Quels changements la loi et sa mise en œuvre ont-ils apportés dans la région du Pontiac?

    changements positifs; changements négatifs.

    5. Les impacts de la réforme varient-ils d’une partie à l’autre de la région du Pontiac ?

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  • 6. Quelles sont les malaises qui sont le plus souvent évoqués par rapport à la réforme ? À titre d’exemples :

    Pertes de services ? Dans quels domaines ? Exemples. Accès plus difficile aux médecins généralistes ? Spécialistes ? Plus longues attentes à l’urgence ? Clientèles particulièrement touchées : santé mentale, personnes âgées, malades chroniques,

    jeunes, autres.

    Pertes de postes de cadre? Lequel ou lesquels de ces malaises est ou sont le(s) plus importants à vos yeux ?

    7. À votre connaissance, il y a-t-il des régions administratives au Québec ressemblant à celle du Pontiac où la réforme est perçue comme un franc succès ?

    8. Quelles mesures ont été prises pour apporter des correctifs ou des ajustements suite aux représentations des divers intervenants du Pontiac, par exemple suite à la rencontre en mars dernier avec le PDG du CISSO ?

    9. Quelles mesures devraient être prises pour assurer une conformité avec les énoncés exprimés dans le communiqué annonçant l’adoption de la loi 10 ?

    10. Existe-t-il suffisamment de volonté chez la population et les instances gouvernementales pour atteindre cette conformité ?

    11. Quel sera l’impact de la réforme sur la région à plus long-terme?

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  • Annexe III

    Questionnaire pour les représentants du CISSSO

    Étude

    L’étude de Santé Outaouais 2020 porte sur l’impact de la réforme du ministre de la Santé et des Services sociaux sur les services de santé et les services sociaux dans la région du Pontiac.

    La loi 10

    Dans son communiqué de presse du 7 février 2015 annonçant l’adoption de la loi 10 (Loi modifiant l’organisation et la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux notamment par l’abolition des agences régionales), le ministre de la Santé et des Services sociaux affirme :

    «Nous venons de poser les premiers jalons d'une importante réorganisation non seulement par son ampleur, mais aussi par les avantages qui en découleront. Cette réorganisation du réseau simplifiera le parcours de soins pour les patients et facilitera le travail du personnel soignant. Elle aura également pour effet d'accroître l'efficience des établissements de santé et de services sociaux par une réduction des structures et de la bureaucratie ainsi que de favoriser une saine et rigoureuse gestion administrative.»

    « Parmi les amendements apportés au projet de loi, notons la bonification de la représentativité au sein des conseils d'administration, la reconnaissance de spécificités culturelles, linguistiques, locales et historiques de certains établissements, ainsi qu'une meilleure prise en compte des réalités régionales et habitudes de consommation en soins et services des populations pour la délimitation des territoires. »

    En février 2017, un groupe de citoyens du Pontiac (la Voix du Pontiac) a dénoncé la centralisation et la réduction des services du Centre intégré de Santé et Services Sociaux (CISSS) de l’Outaouais. Le maire de Fort-Coulonge et préfet de la MRC de Pontiac, Raymond Durocher, a fait état de la frustration dans le milieu de la santé et des services sociaux. En mars 2017, le président-directeur général du CISSSO a rencontré un groupe composée d’une centaine de personnes à Bristol.

    Questions

    1. Quelles étaient les forces et les faiblesses du système de santé et des services sociaux dans la région du Pontiac avant la réforme?

    Forces Faiblesses

    2. Quel était le degré de satisfaction de la population quant à la qualité des services de santé et des services sociaux dans la région du Pontiac avant la réforme ?

    3. Quels changements positifs la loi, et sa mise en œuvre, ont-ils apportés dans la région du Pontiac? 4. D’après les renseignements dont nous disposons, la population du Pontiac ressent de nombreux

    malaises suite à la réforme ? Quelle est le point de vue du CISSSO sur la validité des perceptions suivantes :

    un système exemplaire qui était fondé sur la proximité, sur une approche proactive et horizontale a été fortement perturbé;

    la réforme est basée sur un modèle urbain; la réalité rurale n’a pas été prise en compte; on a perdu ses repères : qui est responsable de quoi ? On ne sait plus à qui s’adresser; avant la réforme, on anticipait les problèmes (par exemple en santé mentale) et on agissait tout

    de suite; maintenant on tombe dans la bureaucratie mal renseignée et lente;

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  • l’accès aux médecins généralistes et spécialistes est devenu plus compliquée; les citoyens du Pontiac doivent de plus en plus faire un important trajet vers Gatineau pour

    obtenir des soins;

    le citoyen du Pontiac et les responsables des centres de santé sont confrontés aux silos en place à Gatineau : les communications sont très difficiles, on nous renvoie d’un service à l’autre;

    le départ des gestionnaires de l’hôpital de Shawville a eu impact négatif sur la qualité des services offerts; les gestionnaires étaient sur les lieux, accessibles pour répondre immédiatement aux problèmes soulevés par le personnel, l’approche était proactive;

    le départ des gestionnaires de l’hôpital de Shawville a aussi eu un impact social et économique dévastateur dont le ministère de la Santé et des Services sociaux n’a pas bien saisi la portée

    on craint que les attributions du centre hospitalier de Shawville soient encore davantage réduites;

    on craint que la clinique de Fort-Coulonge soit éliminée ou que ses services soient rétrécis; la performance financière exceptionnellement bonne de l’hôpital de Shawville n’a pas été

    reconnue; on était en état de surplus budgétaire et ce surplus est allé à Gatineau qui était en déficit budgétaire;

    la population anglophone du Pontiac n’est accueillie qu’en français à Gatineau; on fréquente encore davantage les établissements ontariens près de la frontière entre les deux

    provinces;

    l’urgence de Shawville est davantage envahie par les Gatinois (40 p. cent de la clientèle de l’urgence), causant ainsi des attentes plus longues pour les citoyens du Pontiac;

    la centralisation des services a créé un climat de morosité dans une région déjà fragile sur les plans social et économique;

    les responsables du CISSSO ont une bonne écoute mais n’agissent pas pour répondre aux préoccupations exprimées par la population du Pontiac (on reconnaît d’emblée l’apport récent en hémodialyse en soulignant toutefois la contribution financière de plus de 660 milles dollars provenant de la communauté);

    la région du Pontiac n’a pas de représentant(e) au conseil d’administration du CISSSO. 5. Suite à ces constats et critiques, quelles mesures ont été prises, ou seront prises, pour répondre aux

    attentes de la population du Pontiac ? 6. Le CISSSO a-t-il des plans pour décentraliser d’autres fonctions comme l’hémodialyse? Une

    décentralisation accrue vers le Pontiac est-elle une approche valable? Dépend-elle de contributions financières de la communauté comme ce fut le cas pour le service d’hémodialyse?

    7. Le cadre actuel dans lequel œuvre le CISSSO offre-t-il assez de souplesse et de flexibilité pour répondre aux besoins d’une région qui privilégie la proximité et estime que la qualité du système qu’elle avait érigé s’est grandement détériorée? Le cas échéant, de quelle manière?

    8. Globalement, dans quelle mesure la mise en œuvre de la réforme reflète-elle :

    La reconnaissance de spécificités culturelles, linguistiques, locales et historiques dans la région du Pontiac ?

    Une meilleure prise en compte des réalités régionales et habitudes de consommation en soins et services de la population ?

    9. Comment mobiliser les partenaires du CISSSO et de la communauté pour que, dans un esprit de partenariat, on puisse améliorer les soins de santé et de services sociaux dans le Pontiac ?

    10. Quel sera l’impact de la réforme sur la région du Pontiac à plus long-terme?

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