la protection de l'enfance - la parole des enfants et … · sous la direction de carl...

25
Sous la direction de CARL LACHARITÉ, CATHERINE SELLENET et CLAIRE CHAMBERLAND La parole des enfants et des parents ENFANCE PROTECTION La de l’

Upload: vuonganh

Post on 16-Sep-2018

217 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Sous la direction deCARL LACHARITÉ,CATHERINE SELLENET et CLAIRE CHAMBERLAND

La parole des enfants et des parents

ENFANCEPROTECTIONLa

de l’

ENFANCEPROTECTIONLa

de l’

La Loi sur le droit d’auteur interdit la reproduction des œuvres sans autorisation des titulaires de droits. Or, la photocopie non autorisée – le « photocopillage » – s’est généralisée, provoquant une baisse des ventes de livres et compromettant la rédaction et la production de nouveaux ouvrages par des profes-sionnels. L’objet du logo apparaissant ci-contre est d’alerter le lecteur sur la menace que représente pour l’avenir de l’écrit le développement massif du « photocopillage ».

Mem

bre

de

Presses de l’Université du Québec Le Delta I, 2875, boulevard Laurier, bureau 450, Québec (Québec) G1V 2M2 Téléphone : 418 657-4399 Télécopieur : 418 657-2096 Courriel : [email protected] Internet : www.puq.ca

Diffusion / Distribution :

Canada Prologue inc., 1650, boulevard Lionel-Bertrand, Boisbriand (Québec) J7H 1N7 Tél. : 450 434-0306 / 1 800 363-2864

France AFPU-D – Association française des Presses d’université Sodis, 128, avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, 77 403 Lagny, France – Tél. : 01 60 07 82 99

Belgique Patrimoine SPRL, avenue Milcamps 119, 1030 Bruxelles, Belgique – Tél. : 02 7366847

Suisse Servidis SA, Chemin des Chalets 7, 1279 Chavannes-de-Bogis, Suisse – Tél. : 022 960.95.32

Sous la direction deCARL LACHARITÉ,CATHERINE SELLENET et CLAIRE CHAMBERLAND

La parole des enfants et des parents

ENFANCEPROTECTIONLa

de l’

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Vedette principale au titre :

La protection de l’enfance : la parole des enfants et des parents

Comprend des références bibliographiques.

ISBN 978-2-7605-4253-2

1. Enfants – Protection, assistance, etc. 2. Enfants – Psychologie. 3. Parents – Psychologie. I. Lacharité, Carl, 1959- . II. Sellenet, Catherine. III. Chamberland, Claire, 1953- .

HV713.P762 2015 362.7 C2015-940060-0

Les Presses de l’Université du Québec reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada et du Conseil des Arts du Canada pour leurs activités d’édition.

Elles remercient également la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) pour son soutien financier.

Conception graphique Michèle Blondeau

Image de couverture iStock

Mise en pages Info1000Mots

Dépôtlégal:2etrimestre2015 › Bibliothèque et Archives nationales du Québec › Bibliothèque et Archives Canada

©2015–Pressesdel’UniversitéduQuébec Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés

Imprimé au Canada

TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1Catherine Sellenet, Carl Lacharité et Claire Chamberland

PARTIE 1.CE QUE PARLER VEUT DIRE POUR LES ENFANTS ET LES PARENTS DE LA PROTECTION DE L’ENFANCE

CHAPITRE 1. Dites-leur qu’on n’est pas des sauvages ! . . . . . . . . . . . . . . . . . 9Catherine Sellenet

1.1. Quel statut donner à la parole des gens ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

1.1.1. La parole des gens, un réservoir d’opinions et d’anecdotes . . . . . . . . . . . . 11

1.1.2. La parole transparente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

1.1.3. La parole comme porte d’entrée dans le monde vécu de l’interviewé . . . . . 13

1.1.4. Pouvoir raconter et se raconter, une forme d’émancipation ? . . . . . . . . . . . 15

1.2. L’univers vécu des parents en protection de l’enfance . . . . . . . . . . . 17

1.2.1. Le temps de la déchirure, basculer dans la dépréciation de soi . . . . . . . . . 18

1.2.2. Le temps de l’invisibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

1.2.3. Le temps de l’installation dans une posture de parent d’enfant placé . . . . . 20

1.2.4. Le temps de la reconquête . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

CHAPITRE 2. Par-delà les silences, « faire savoir » avec des familles en irrégularité de séjour : une enquête en terrain sensible . . . . . . . . . 23Pascale Jamoulle

2.1. L’ethnographie de la précarité et de l’exil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

2.1.1. Les enjeux d’un terrain « sensible » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

2.1.2. L’ajustement à ce terrain sensible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

LA PROTECTION DE L’ENFANCEVIII

2.2. « La vie de famille » en irrégularité de séjour . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

2.2.1. Le travail de l’exil en grande précarité d’existence . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

2.2.2. La précarité des liens familiaux en irrégularité de séjour . . . . . . . . . . . . . 30

2.3. La légitimité des enquêtes auprès des familles précaires et immigrées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

2.3.1. Du sens pour la recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

2.3.2. Du sens pour l’intervention sociale et les politiques publiques . . . . . . . . . . 34

2.3.3. Du sens citoyen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

2.3.4. Du sens narratif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

CHAPITRE 3. Les familles et la vulnérabilité : captation institutionnelle de la parole de l’enfant et du parent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37Carl Lacharité

3.1. Cadrage théorique et approche méthodologique . . . . . . . . . . . . . . . . 38

3.2. L’inscription institutionnelle des enfants et des parents et le concept de vulnérabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

3.3. Des actes de résistance et une pratique participative . . . . . . . . . . . 45

3.3.1. Une centration sur l’expérience . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46

3.3.2. Des descriptions dialogiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47

3.3.3. Une posture réflexive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48

3.3.4. La construction de relais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48

3.3.5. Des engagements formels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48

3.4. Remarques conclusives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

CHAPITRE 4. Les récits narratifs : un regard privilégié sur l’enfant et la famille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51Mélanie Bélanger et Tristan Milot

4.1. La recherche sur la négligence envers l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

4.2. La perspective basée sur les forces et l’empowerment . . . . . . . . . . . 54

IXTABLE DES MATIÈRES

4.3. La tâche des récits narratifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

4.4. Le résultat de l’analyse du contenu des récits . . . . . . . . . . . . . . . . . 57

CHAPITRE 5. Le « Lost in Translation », ou la faiblesse des supports identificatoires en contexte de disqualification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65Pierrine Robin, Marie-Pierre Mackiewicz, Bénédicte Goussault et Sylvie Delcroix

5.1. Des récits pluriels et dialogiques, supports à l’identification . . . . . . 68

5.1.1. Un recueil en proximité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68

5.1.2. Un recueil dans l’interaction : des récits dialogiques . . . . . . . . . . . . . . . . 69

5.1.3. Des récits, supports à l’identification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

5.2. Quels supports d’identification à l’âge adulte en contexte de disqualification ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

5.2.1. Des parcours en transit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

5.2.2. Un cumul de discriminations et de stigmatisations . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72

5.2.3. Le passage à l’âge adulte, une nouvelle forme de transition rapide et brutale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73

5.2.4. L’éthos de la distance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74

5.2.5. La solitude au cœur des liens, où le sentiment que rien n’est partageable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76

PARTIE 2.LA PAROLE DES ENFANTS

CHAPITRE 6. Le recueil de la parole de l’enfant victime dans un cadre judiciaire : construire un dispositif dédié . . . . . . . . . . . 83Sarra Chaïeb, Cédric Fourcade et Gilles Séraphin

6.1. La méthode de l’étude menée dans les unités d’accueil médico-judiciaire (UAMJ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85

6.2. Un dispositif émergent : les UAMJ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86

6.3. La prise en compte de la parole ou de la souffrance : vers l’élaboration d’un dispositif dédié . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87

6.3.1. La pluralité et la variabilité des missions et des unités . . . . . . . . . . . . . . . 89

6.3.2. Les UAMJ : une réponse à la demande judiciaire ou à la prise en compte de la souffrance de l’enfant ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90

LA PROTECTION DE L’ENFANCEX

6.4. L’influence des enjeux organisationnels sur la prise en compte de la parole de l’enfant et de sa souffrance . . . . . . . . . . 92

6.4.1. Le financement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

6.4.2. Le pilotage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

6.5. Les conflits autour des territoires professionnels, ou « qui est le mieux habilité à recueillir la parole de l’enfant victime ? » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95

CHAPITRE 7. La parole… de l’enfant à son parent : regards et représentations croisés en accueil familial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99Nathalie Chapon et Caroline Siffrein-Blanc

7.1. Une parole, ma parole… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100

7.2. Le basculement de la parole vers le consentement . . . . . . . . . . . . . 101

7.3. La nécessité d’associer l’enfant aux décisions institutionnelles et parentales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102

7.4. La parole des enfants confiés et de leurs parents en protection de l’enfance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105

7.4.1. La parole des enfants confiés, est-elle audible ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105

7.4.2. De la parole de l’enfant à celle du parent… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106

CHAPITRE 8. L’enfant placé : parole et objet de relation : la production d’un « livre des souvenirs » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111Marie Bongard, Denis Mellier et Cécile Mandrillon

8.1. Les épreuves, les productions et la parole de Loïc . . . . . . . . . . . . . . 115

8.1.1. Quelques éléments d’anamnèse, ses épreuves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115

8.1.2. La parole de Loïc lors des entretiens avec la psychologue, « quand j’étais avec maman » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116

8.1.3. Le « livre des souvenirs » et l’accompagnement psychologique par la parole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116

8.1.4. Le « livre des souvenirs » comme espace de rencontre en entretien familial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117

8.2. L’utilisation du « livre des souvenirs » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118

8.2.1. Fonctions d’extériorisation et de pare-excitation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118

8.2.2. Un travail de représentation et de mise en mots . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119

8.2.3. Une utilisation à deux voix… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119

8.2.4. … puis à trois voix : la possibilité d’aborder le passé avec son père . . . . 120

XITABLE DES MATIÈRES

8.3. L’aménagement du dispositif, le soutien de la parole et la narration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121

8.3.1. Des objets « trouvés-créés » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121

8.3.2. Des objets dans un dispositif symbolisant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122

8.3.3. Des objets soutien d’un processus de représentation et de symbolisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122

8.3.4. Des objets « parlant » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123

8.3.5. La narration et la discontinuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123

8.3.6. Le Livre de vie et le processus narratif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123

CHAPITRE 9. La parole vivante et la parole morte : le parcours accidenté de la parole des enfants et des parents vers l’action . . . . . 125Paola Milani, Sara Serbati et Marco Ius

9.1. Problématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125

9.2. Contexte : le Programme d’intervention pour prévenir l’institutionnalisation de l’enfant (PIPPI) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127

9.3. Cadre de référence : Le monde de l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129

9.4. Exemples de pratiques : parole morte et parole vivante . . . . . . . . . . 132

9.4.1. Première séance avec la famille de M. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132

9.4.2. Seconde séance avec la famille de M. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135

CHAPITRE 10. Le conflit de loyauté et l’exposition à la violence conjugale : la perspective de l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143Sarah Dufour et Nicole Maillé

10.1. État des connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144

10.2. Méthode . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146

10.2.1. Les situations à l’étude et le recrutement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146

10.2.2. Les outils de collecte de données et le déroulement . . . . . . . . . . . . . . . . . 147

10.2.3. L’analyse des données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148

10.3. Résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148

10.3.1. La nature du conflit de loyauté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148

10.3.2. Les émotions suscitées par le conflit de loyauté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150

10.3.3. Le sens du conflit de loyauté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150

10.3.4. Les conséquences du conflit de loyauté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151

10.3.5. Les groupes d’enfants selon leur discours sur le conflit de loyauté . . . . . . 152

LA PROTECTION DE L’ENFANCEXII

10.4. Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156

10.4.1. La déconstruction du conflit de loyauté en contexte de violence conjugale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156

10.4.2. La valeur d’une pluralité de points de vue sur l’expérience des enfants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157

10.4.3. Les forces et les limites de la recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158

10.4.4. Les implications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159

CHAPITRE 11. Les plans et les rêves de vie formulés par des jeunes suivis en protection de la jeunesse : facteurs de stabilité et de changements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161Claire Malo et Josiane Lamothe

11.1. L’étude initiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163

11.2. Les résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164

11.3. L’influence des services de protection sur les aspirations des jeunes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169

11.4. Le besoin de parole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170

PARTIE 3.LA PAROLE DES PARENTS

CHAPITRE 12. La participation des parents en protection de l’enfance : une injonction paradoxale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173Isabelle Lacroix, Anne Oui et Gilles Séraphin

12.1. La participation parentale : du cadre juridique à sa mise en œuvre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175

12.1.1. L’encadrement du droit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175

12.1.2. Les techniques de mobilisation parentale : « faire avec » les familles et « faire ensemble » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178

12.1.3. Des principes d’action aux pratiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180

12.2. Les spécificités de la participation en protection de l’enfance : un cadre contraint . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181

12.2.1. La recherche de participation voile la prise en compte et l’explicitation du contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181

12.2.2. Des capacités inégales des parents face à la question de la participation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183

XIIITABLE DES MATIÈRES

CHAPITRE 13. Les paroles de parents sur l’accès et l’adhésion aux services de la pédiatrie sociale en communauté . . . . . . . . . . . . . . 187Marie-Ève Clément, Annie Bérubé, Daphné Fallu et Caroline Gosselin

13.1. Objectifs de l’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190

13.2. Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190

13.2.1. Le contexte de la recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190

13.2.2. Les familles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191

13.2.3. Le guide d’entretien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192

13.2.4. Les stratégies d’analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192

13.3. Résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192

13.3.1. Le choix des CPSC par les parents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193

13.3.2. L’adhésion des parents aux services des CPSC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194

13.4. Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198

CHAPITRE 14. La reprise du pouvoir sur sa vie lorsqu’on perd la garde de son enfant ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205Julie Noël et Marie-Christine Saint-Jacques

14.1. Problématique et recension . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206

14.2. Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208

14.3. Résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209

14.3.1. La perception des motifs ayant mené au placement ou à l’adoption de l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209

14.3.2. L’adoption ou le placement d’un enfant : un événement qui suscite des sentiments douloureux et de vives réactions . . . . . . . . . . . 209

14.3.3. La stigmatisation sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211

14.3.4. Leurs besoins et les ressources présentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212

14.3.5. La reprise du pouvoir sur leur vie : quelques facilitateurs . . . . . . . . . . . . . 213

14.4. Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 214

CHAPITRE 15. Le placement en famille d’accueil en vue d’adoption : un quatuor de parents sans voix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219Geneviève Pagé et Marie-Andrée Poirier

15.1. Le programme québécois Banque mixte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220

15.2. La redéfinition des axes de la filiation provoquée par l’adoption . . . . 221

15.3. Quelques éléments méthodologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222

LA PROTECTION DE L’ENFANCEXIV

15.4. Le sentiment d’être plus qu’une « simple » famille d’accueil . . . . . . 224

15.5. L’absence de droits et de pouvoir de décision en tant que parents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225

15.6. L’expérience du morcellement de la filiation : deux profils de parentalité distincts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227

15.7. Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228

CHAPITRE 16. L’expérience parentale des pères impliqués dans une problématique de négligence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233Denise Côté et Carl Lacharité

16.1. But et question de recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234

16.2. Méthode . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235

16.2.1. Les participants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235

16.2.2. L’entretien sur l’expérience paternelle (EEP) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235

16.2.3. Le cadre d’analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235

16.3. Présentation des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 236

16.3.1. La perception qu’ont les pères de leurs enfants et de leur relation père-enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 236

16.3.2. Le réseau social des pères . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240

16.3.3. Les obstacles dans la relation père-enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241

16.3.4. L’arbre thématique de l’expérience paternelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242

16.4. Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243

CHAPITRE 17. « Can You Hear Me, Major Tom ? » : les liens entre les intervenants et les pères dont les enfants sont sous les soins des services de protection de l’enfance . . . . . . . . 249Annie Devault, Marie-Claude Huard-Fleury, Maxime-Florence Monette-Drévillon, Carl Lacharité, Francine de Montigny et Diane Dubeau

17.1. Les enjeux relatifs à la masculinité en contexte de services sociaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 251

17.2. Les liens entre les pères et les intervenants en centres jeunesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253

XVTABLE DES MATIÈRES

17.3. Les caractéristiques aidantes des intervenants selon les pères . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254

17.3.1. La considération et l’écoute . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254

17.3.2. La confiance que les intervenants démontrent envers la contribution des pères . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255

17.3.3. La sincérité et la transparence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 256

17.4. Les attitudes des pères qui semblent favoriser la qualité du lien avec les intervenants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 257

17.5. Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 258

CONCLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263Carl Lacharité, Catherine Sellenet et Claire Chamberland

RÉFÉRENCES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267

NOTICES BIOGRAPHIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 291

INTRODUCTION

DANS LE cadre d’un partenariat de recherche Québec-France, initié et dirigé par Carl Lacharité (Université du Québec à Trois-Rivières) et Catherine Sellenet (Université de Nantes), nous proposons de faire entendre la voix des enfants et des parents en protection de l’enfance.

En 1982, Pierre Bourdieu publiait un essai intitulé Ce que parler veut dire. Économie des échanges linguistiques, où il examinait la fonction sociale du langage et ses possibilités de violences symboliques. Si l’analyse de l’époque s’intéressait principalement à la parole dominante, Pierre Bourdieu fera aussi entendre dans La misère du monde, écrit en 1993, des témoignages de personnes qui souffrent directement ou indirectement des conditions défa-vorisées du système politique, social ou économique dans lesquelles elles vivent. Depuis, d’autres auteurs se sont intéressés à cette parole, dont Payet, Giuliani et Laforge (2008) qui la qualifient de « voix des acteurs faibles ». En regroupant, sous ce vocable, toutes les personnes disqualifiées, privées de reconnaissance, affaiblies par une catégorisation de l’action publique, les auteurs nous invitent à relire autrement le rapport dominant-dominé. Faibles,

CATHERINE SELLENET CARL LACHARITÉ CLAIRE CHAMBERLAND

LA PROTECTION DE L’ENFANCE2

les parents et les enfants de la protection de l’enfance le sont, car discriminés, mais ils possèdent aussi des espaces d’autonomie, y compris celui de dire ou de ne pas dire, de répondre ou non à l’invite du chercheur qui sollicite une narration de son histoire. Le terme « faible » est emprunté à Michel de Certeau (1980), et celui d´« acteur faible » s’inscrit dans la volonté de réhabiliter les capacités et ressources d’action d’individus dominés, stigmatisés.

Rendre audibles les voix oubliées en protection de l’enfance, tel est sans doute l’objectif central de ce livre, mais il est aussi d’interroger les pratiques des chercheurs, leurs propres capacités ou incapacités à rendre compte d’un univers vécu qui n’est pas le leur, en n’oubliant pas qu’ils peuvent, à leur corps défendant, participer à la domination dénoncée. Nous avons ainsi préféré parler d’enfants et de parents, plutôt que d’acteurs, tant certains témoignages inscrits dans ce livre révèlent la faiblesse des marges de l’action. C’est sur ces marges que nous sommes allés repérer les enjeux de la recherche dans ce domaine qui est le nôtre : la protection de l’enfance. Mais nous ne méconnais-sons pas, au-delà de l’humanité développée dans ces rencontres par entretiens, que la dissymétrie entre le chercheur et l’interviewé persiste, que ce dernier reste du mauvais côté de la barrière et que la notion d’acteur qui lui est octroyée n’est souvent qu’une illusion masquant la domination qui persiste. Ne parle pas qui veut ni qui peut, mais plutôt celui qui est parfois désigné pour le faire par l’institution, aussi ne sommes-nous pas dupes des enjeux qui traversent les recherches présentées dans cet ouvrage.

Ces enjeux se sont révélés multiples tant pour les témoins que pour les chercheurs. Personne ne sort totalement indemne de l’aventure de se dire, d’approcher au plus près des parcours de vie accidentés. Sept types de difficultés ont été repérés, tous présents dans les textes proposés, sans que ce nombre de sept vise une quelconque exhaustivité et fasse référence à la magie de ce chiffre. Sept serait plutôt ici la représentation du terrain miné qu’il faut parcourir pour donner corps à une recherche dont on ne sait jamais quel usage en feront les pouvoirs institutionnels et politiques qui l’ont parfois financée.

Le premier enjeu est éthique pour des chercheurs qui se réclament d’une sociologie engagée visant à modifier les pratiques des professionnels en direction des populations stigmatisées, dites aussi « vulnérables » par un phénomène d’euphémisation. Mais celles-ci le sont plus que d’autres puisque massivement elles font l’objet d’interventions le plus souvent judiciaires. Elles ont dû, plus que d’autres, se mettre à nu pour répondre de leurs actes, raconter leur vie pour obtenir tel ou tel subside, entrer dans des cases, des dénomi-nations qui catégorisent et problématisent. En demandant à ces enfants et parents de témoigner, nous sommes conscients du risque de renforcement du stigmate, de rendre nos interlocuteurs de nouveau captifs d’une image que

3INTRODUCTION

nous cherchons pourtant à combattre. Jusqu’où le chercheur, sous prétexte et au nom de la recherche, peut-il s’autoriser à ouvrir de nouveau certaines blessures, à pénétrer dans des histoires de vie déjà largement exposées ?

Le second enjeu est identitaire tant pour le chercheur qui peut se définir comme le bras armé des sans-voix, le dépositaire d’une parole, son protecteur, un libérateur de mots, un passeur entre deux mondes, un maïeuticien… que pour l’enfant et le parent qui témoignent de leur existence et qui ont à faire des choix, pas toujours conscients, des facettes de leur identité qu’ils voudront bien dévoiler et reconstruire dans et par le récit. Mais plus important encore, quelle écoute et quelle lecture aura le chercheur de ce qui se dévoile, ne sera-t-il intéressé que par l’identité blessée qui fascine ou par les axes de résistance, les refus, les stratégies de contournement, les silences, les zones d’ombre ? En d’autres termes, la recherche contribuera-t-elle à fixer le parent et l’enfant sous une image figée « d’enfant et de parent de la protection de l’enfance », sous une image unique « d’acteur faible », ou saura-t-elle dessiner des portraits en couleurs et des trajectoires adaptatives variées ? La notion d’acteur faible, malgré son intérêt, a été abandonnée pour cette raison. Nous préférions garder l’idée de rencontre avec des parents et des enfants de chair.

Le troisième enjeu est méthodologique, non seulement dans la sélec-tion du type d’entretien, mais aussi dans le choix d’une approche déductive ou inductive, dans les thématiques adoptées, dans les tris jamais nommés entre ce qui est « entendable » et ce qui ne le sera pas. Le recueil de la parole des enfants pose encore d’autres problèmes liés à l’âge, au développement cognitif, au bagage linguistique. Le chercheur doit-il innover, proposer des outils plus ou moins standardisés ? Faut-il, comme le propose l’un des textes présentés, instituer des groupes de « chercheurs en herbe » constitués de jeunes, sortes d’intermédiaires entre le monde de la recherche et ceux qu’on veut rejoindre ? Mais ne crée-t-on pas ainsi un artéfact, un groupe artifi-ciel, dont rien n’est dit des attentes personnelles, moteur de cette partici-pation ? Qui sont ces jeunes qui coopèrent et, plus largement, tous ceux qui témoignent ? Pour eux quels sont les enjeux, les risques à s’exposer ainsi, mais aussi les avantages ?

Bien que ces recherches ne soient pas directement ancrées dans la clinique et la thérapie, nous ne pouvons méconnaître les risques liés à l’ex-position de soi. Risques immédiats, mais aussi dans le temps, car l’anonymat respecté par les chercheurs n’interdit pas au lecteur de se reconnaître, de mesurer l’écart entre ce qu’il a voulu dire, cru dire, et ce qui a été entendu. Si la recherche peut permettre un renforcement narcissique, elle peut aussi déposséder celui qui s’est prêté au jeu.

LA PROTECTION DE L’ENFANCE4

Le cinquième enjeu est institutionnel et à ce titre non anodin. Les enjeux sont souvent majeurs pour l’institution qui met en jeu son image, qui attend un retour de ces témoignages, qui espère parfois la confirmation de son action. Mais les enjeux sont aussi du côté des témoins, qui ne mesurent pas toujours les répercussions de leur parole. Accéderont-ils par elle à une plus grande reconnaissance, à une meilleure visibilité, ou au contraire à une méfiance renforcée, voire à un retour au silence et à l’invisibilité, une fois le rideau de la scène participative refermé ?

En sixième lieu, les enjeux sont politiques, car le plus souvent les études sont commanditées pour les besoins de l’action. Recherches tiroirs, aussitôt oubliées parce que venant bousculer l’ordre établi, recherches instrumentalisées dont on ne ponctionnera que l’utilement « correct », recherches créatrices d’autres pratiques… Le spectre est large et imprévi-sible, mais pour les témoins, c’est souvent l’invisible qui surgit, l’incapacité à connaître les effets de cette parole confiée. Don sans contre-don, du moins dans ce champ politique qui reste opaque et inaccessible, d’où la nécessité pour le chercheur de penser à l’après, à la restitution peut-être, mais pas toujours, d’au moins son écho pour dire à celui qui a parlé qu’il ne l’a pas fait pour rien.

Enfin, l’idée qui anime tous les contributeurs de ce livre est que cette voix des enfants et des parents revêt une valeur inestimable, en matière de savoirs d’expérience, des savoirs qui échappent à toute personne hors de cet univers vécu. C’est à partir de ces savoirs que nous espérons alimenter la réflexion des professionnels du terrain, pour conforter, valider, alimenter, transformer ou interroger leurs pratiques. C’est notre septième enjeu, non le moindre.

Nous avons regroupé les contributions en trois parties. La première interroge les méthodes et les questions d’éthique de ce type de recherches qui proposent aux enfants et aux parents de prendre la parole. Le chapitre de Sellenet met en perspective le positionnement éthique et social du chercheur face aux parents de la protection de l’enfance qui se livrent dans le cadre d’entretiens qualitatifs. Dans le chapitre 2, Jamoulle décrit les jeux de tension, les risques éthiques et les ajustements méthodologiques liés à une enquête ethnographique auprès de familles immigrées, précaires et banlieusardes. Lacharité, dans le chapitre 3, présente une analyse de dispositif de la protec-tion de l’enfance en tant que contexte institutionnel qui transforme plus ou moins radicalement la parole des enfants et des parents ainsi qu’une descrip-tion des actes de résistance de ces derniers qui servent de fondements à une pratique professionnelle participative. Le chapitre 4 permet à Bélanger et Milot de faire état d’une méthode d’analyse des échanges verbaux entre de jeunes enfants et leur mère et d’explorer l’utilité de ces récits narratifs dans

5INTRODUCTION

le contexte de la protection de l’enfance. Le dernier chapitre de cette partie, rédigé par un collectif d’auteurs sous la responsabilité de Robin, décrit les principaux enjeux liés à la participation de jeunes de la protection de l’enfance non seulement comme sujets de recherche, mais également comme acteurs et coconstructeurs de cette recherche.

La seconde partie, composée de six chapitres, rend compte de certaines recherches directement centrées sur la parole des enfants en protection de l’enfance. Les trois premiers chapitres sont ancrés dans le contexte français. Chaïeb, Fourcade et Séraphin décrivent les Unités d’accueil médico- judiciaire (UAMJ) en tant que dispositif permettant de soutenir la prise de parole des enfants et de formaliser le recueil de celle-ci. Chapon et Siffrein-Blanc s’inter-rogent sur la parole de l’enfant, son expression, sa mise en œuvre au regard de celle de son parent dans le contexte de l’accueil familial. Bongard, Mellier et Mandrillon, quant à eux, présentent une modalité clinique, le « Livre des souvenirs », qui permet au psychologue de soutenir la parole de l’enfant placé en tenant compte des formes d’adversité auxquelles il a été exposé et qui affectent sa capacité psychologique à rendre compte de son vécu expérientiel. Le chapitre suivant décrit une expérience italienne, menée par Milani, Serbati et Ius, à l’intérieur de laquelle un outil graphique, Le monde de l’enfant, est utilisé pour soutenir les enfants (et aussi leurs parents) dans l’analyse de leurs propres besoins, de la réponse que leurs parents apportent à ceux-ci et des facteurs environnementaux qui les touchent directement. Les deux derniers chapitres de cette partie présentent des travaux ancrés dans le contexte québécois. Dufour et Maillé se sont penchées sur les défis du recueil de la parole des enfants qui sont exposés à la violence conjugale et sur la contribution de leur perspective à la compréhension de la complexité relationnelle inhérente à ces situations familiales. Malo et Lamothe, de leur côté, s’attardent à faire état de la perspective qu’ont des adolescents suivis en protection de l’enfance sur les rêves qu’ils ont et les plans d’avenir qu’ils font à propos d’eux-mêmes.

Enfin, la dernière partie se centre sur la parole des parents. Elle est composée de six chapitres, dont le premier permet à Lacroix, Oui et Séraphin de présenter une analyse qui articule les dimensions juridiques de l’action publique et du travail social dans le but de rendre compte des principaux enjeux liés à la participation des parents en protection de l’enfance adminis-trative en France. Les autres chapitres de cette partie sont tirés du contexte québécois. Dans le collectif sous la responsabilité de Clément, le dispositif de pédiatrie sociale qui vise les enfants et les familles « vulnérables » est examiné sous la perspective qu’en ont les parents qui ont été en relation avec les professionnels qui y œuvrent. Les deux autres chapitres se penchent

LA PROTECTION DE L’ENFANCE6

sur la perspective des parents lorsque l’enfant est placé en famille d’accueil au Québec. Noël et Saint-Jacques abordent la perspective des mères des familles d’origine de ces enfants, et Pagé et Poirier, par un effet de miroir, font état de la perspective des parents qui accueillent ces derniers et qui font partie de ce qui est appelé la « banque mixte » des centres jeunesse. Les deux derniers chapitres de cette partie présentent les résultats d’études menées auprès d’un personnage souvent oublié de la protection de l’enfance : le père. Côté et Lacharité ont permis à ces pères de s’exprimer sur leur expérience paternelle, la relation avec leurs enfants de même que sur le soutien et les obstacles qu’ils rencontrent dans l’exercice de leur rôle au regard du dispo-sitif de protection de l’enfance. Le collectif sous la responsabilité de Devault, quant à lui, examine plus particulièrement la perspective que ces pères ont de l’organisation institutionnelle à l’intérieur de laquelle ils se retrouvent et les conditions qui favorisent l’expression et la prise en compte de leur parole à l’intérieur de celle-ci.

L’ouvrage se termine par une brève conclusion qui propose aux lecteurs certains grands débats qui demeurent d’actualité dans la prise en compte, le recueil, l’interprétation et les répercussions de la parole des enfants et des parents en protection de l’enfance. Elle les invite notamment à se poser un ensemble de questions qui demeurent en suspens.

Carl Lacharité est professeur titulaire au Département de psychologie de l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il dirige le Centre d’études interdisciplinaire sur le développement de l’enfant et la famille.

Catherine Sellenet est professeure des universités en sciences de l’éducation à Nantes, psychologue, sociologue et titulaire d’un master de droit (France). Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages sur l’enfant, la parentalité et la protection de l’enfance.

Claire Chamberland est professeure émérite à l’Université de Montréal. Ses recherches ont notamment porté sur l’épidémiologie de la maltraitance et sur le développement et l’évaluation d’innovations sociales pour promouvoir le développement de jeunes vulnérables.

NE PARLE PAS QUI VEUT NI QUI PEUT, mais souvent celui qui est désigné par l’institution pour le faire. Dans le contexte de la protection de l’enfance, la parole des enfants et des parents est rarement entendue, et les marges d’action qui en découlent sont souvent réduites. Rendre au-dibles ces voix oubliées, tel est l’objectif central de cet ouvrage. Ce sont en effet sur celles-ci que se sont appuyés les auteurs pour repérer les enjeux de la recherche et de la pratique en protection de l’enfance. Conscients qu’ils peuvent eux aussi, à leur corps défendant, participer à la domina-tion qu’ils dénoncent, ils ne négligent pas de s’interroger sur leurs propres pratiques de chercheur, sur leurs capacités ou incapacités à rendre compte d’un univers vécu qui n’est pas le leur.

L’ouvrage présente ainsi les principaux défi s soulevés par le recueil et la prise en compte de la parole des enfants et des parents qui gravitent dans l’orbite du dispositif de protection de l’enfance. Il comporte une série d’études mettant en relief l’enfant ou le jeune qui s’exprime sur lui-même et sa vie, de même que le point de vue des parents, autant ceux qui bénéfi cient des divers services en protection de l’enfance que ceux qui participent à cette protection en accueillant un enfant en danger.

La protection de l’enfance

La parole des enfants et des parents

Avec la collaboration de Mélanie Bélanger, Annie Bérubé, Marie Bongard, Sarra Chaïeb, Claire Chamberland, Nathalie Chapon, Marie-Ève Clément, Denise Côté, Sylvie Delcroix, Francine de Montigny, Annie Devault, Diane Dubeau, Sarah Dufour, Daphné Fallu, Cédric Fourcade, Caroline Gosselin, Bénédicte Goussault, Marie-Claude Huard-Fleury, Marco Ius, Pascale Jamoulle, Carl Lacharité, Isabelle Lacroix, Josiane Lamothe, Marie-Pierre Mackiewicz, Nicole Maillé, Claire Malo, Cécile Mandrillon, Denis Mellier, Paola Milani, Tristan Milot, Maxime-Florence Monette-Drévillon, Julie Noël, Anne Oui, Geneviève Pagé, Marie-Andrée Poirier, Pierrine Robin, Marie-Christine Saint-Jacques, Catherine Sellenet, Gilles Séraphin, Sara Serbati et Caroline Siffrein-Blanc.

PUQ.CA

ISBN 978-2-7605-4253-2

,!7IC7G0-fecfdc!