la lente adoption du trunk sip en france

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Mutualisation des abonnements, flexibilité des capacités face aux besoins, | ouverture aux outils numériques de communication et collaboration... mm Malgré les nombreux avantages qu'apporte le SIP,son pourvoyeur, le Trunk, peine à se généraliser en France. Notamment du côté des PME. MÊ^^^^m La lente adoption du Trunk SIP en France ubliés les débuts calami- teux, il y a 10 ans, de la m voix sur IP (VoIP). «A H cause du réseau data en France qui n'était pas ^^^r stable, soutient Laurent Marchai, directeur des ventes chez Keyyo. Le protocole SIP est vite de- venu assez stable. » Et donc capable d'offrir une qualité voix aussi bonne que celle de la téléphonie tradition- nelle sur ligne analogique du réseau historique RTC et Numéris (T0 et T2). Rappelons que le protocole standardisé SIP (Session Initiation Protocol) s'ins- crit comme une couche d'abstraction du support pour faire dialoguer en IP deux équipements hétérogènes. Un service que l'opérateur met en en déployant un Trunk SIP (ou SIP Trunk). Un « tuyau » virtuel qui relie deux systèmes (IPBX ou autres) depuis le réseau de l'entreprise à celui de l'opé- rateur en vue de remplacer les lignes analogiques et T0/T2. Un compte SIP fait donc transiter les appels à partir d'une connexion Internet haut débit xDSL, fibre ou même potentiellement hertzienne (GSM, 3G/4G). « Le Trunk SIP permet defaire de la VoIP de bout en bout », résume Pierre-Alexandre Fuhrmann, responsable technique EMEA chez Mitel. des PME auraient commencé à migrer vers la VoIP,; selon Innou Research des entreprises utilisent des solutions de VoIP, d'après Scholé Market Tous droits de reproduction réservés PAYS : France PAGE(S) : 32,33,34,35 SURFACE : 735 % PERIODICITE : Mensuel DIFFUSION : (30000) 1 novembre 2016 - N°290

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Page 1: La lente adoption du Trunk SIP en France

Mutualisation desabonnements, flexibilité descapacités face aux besoins, |ouverture aux outils numériques de communication et collaboration... mmMalgré les nombreux avantagesqu'apporte le SIP,son pourvoyeur, le Trunk,peine à segénéraliser en France. Notamment du côté des PME. MÊ^^^^m

La lente adoptiondu Trunk SIPenFrance

ubliés les débuts calami-teux, il y a 10 ans, de la

m voix sur IP (VoIP). « AH cause du réseau data en

^Ê France qui n'était pas^^^r stable, soutient Laurent

Marchai, directeur desventes chez Keyyo. Leprotocole SIP est vite de-

venu assez stable. » Et donc capabled'offrir une qualité voix aussi bonneque celle de la téléphonie tradition-nelle sur ligne analogique du réseauhistorique RTC et Numéris (T0 et T2).Rappelons que le protocole standardiséSIP (Session Initiation Protocol) s'ins-crit comme une couche d'abstractiondu support pour faire dialoguer en IPdeux équipements hétérogènes. Unservice que l'opérateur met en œuvre

en déployant un Trunk SIP (ou SIPTrunk). Un « tuyau » virtuel qui reliedeux systèmes (IPBX ou autres) depuisle réseau de l'entreprise à celui de l'opé-rateur en vue de remplacer les lignesanalogiques et T0/T2. Un compte SIPfait donc transiter les appels à partird'une connexion Internet haut débitxDSL, fibre ou même potentiellementhertzienne (GSM, 3G/4G). « Le TrunkSIP permet defaire de la VoIP de bouten bout », résume Pierre-AlexandreFuhrmann, responsable techniqueEMEA chez Mitel.

desPMEauraient commencéà migrer vers la VoIP,;selon Innou Research

desentreprisesutilisent des solutionsde VoIP, d'aprèsScholé Market

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« L'écrasante majoritéde ce qui existe en parcinstallé est encore surlignes analogiqueset Numéris ».

Christophe Mathiolon, responsablemarketing produits chezAlcatel-Lucent Entreprise

LA VOIP, C'EST COMME PASSER

DU NOKIA 3310 À L'IPHONE

À cette flexibilité s'ajoute la richessed'un outil, le PBX, capable d'offrirdes centaines de fonctionnalités quel'entreprise pourra exploiter pour amé-liorer son fonctionnement interne etsa relation client. Mais « la vraie révo-lution industrielle, ce sont les usagesqu'on met autour de la VoIP : mobilité,communications unifiées, messagerie,synchronisation des appels sur les fixeset mobiles, etc. C'est comme passer duNokia 3310 à ViPhone », assure LaurentMarchai. « Le métier de l'opérateurchange, il devient un vrai partenaire del'entreprise dans le développement deson chiffre d'affaires avec l'intégrationdu CRM, de la messagerie unifiée, desoutils statistiques », estime AlexandreNicaise le p-dg d'Alphalink. Lancerun appel téléphonique depuis un CRMdevient une commodité.

Le Trunk SIP s'inscrit aussi dans unevision économique avec la convergencedes services et leur mutualisation surune seule infrastructure. « On constateun écart type de 15-20%, voire 60-70%sur des vieux contrats en cours sur leréseau RTC de l'opérateur historique »,soutient Alexandre Nicaise. Le TrunkSIP s'impose surtout auprès des entre-prises multi sites. « Pas tant sur le prixde la minute désormais très bas, maissur la mutualisation des abonnementsen un seul », confirme Bruno David,directeur général de Foliateam. Deséconomies sur le coût des communi-cations sont néanmoins possibles àl'international. Interoute, qui exploiteson propre réseau en Europe, proposela portabilité dans 44 pays. « Le TrunkSIP apporte des sources d'économies,notamment en proposant des appelsà l'international inter sites à des coûtslocaux », justifie Raphaël Salmon,directeur commercial de l'opérateurd'infrastructure. Mieux, l'entreprisepeut choisir plus facilement son opéra-teur. « Lesgrandes entreprises installentleur sessionborder controller (un firewall

Les avantages du « Trunk », et destechnologies IP, sont nombreux. « Enanalogique, quand on veut ajouter descanaux de communication, il faut ins-taller une carte T2 de 30 canaux et lesabonnements qui vont avec. Avec leTrunk SIP, on peut commander de laconnectivité au canal près, confirmeGuillaume Prince-Labille, directeurmarketing chez Nerim. C'est simple et

souple car on s'affranchit de la dimen-sion matérielle. » Autrement dit, leTrunk SIP permet à l'entreprise d'adap-ter ses capacités d'appels téléphoniquesà ses besoins du moment. À conditionde disposer d'une liaison suffisam-ment dimensionnée pour supporter lesbesoins évolutifs de l'entreprise (envi-ron 1 Mbit/s pour 10 appels simultanésnon compressée en G711).

La migration vers la VoIP est lente. Lesgrandes entreprises et les ETI tardentà se convertir à cette technologie.

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voix qui permet de sécuriser le réseauet créer un point de démarcation avecle réseau de l'opérateur, ndlr) dans des

despoints de concentra-tion réseau desdatacenters, pour accéderà des centaines d'opérateurs, expliqueGuillaume Boulle, spécialiste interopé-rabilité chez Nextiraone. Il y a juste unbout de câble à louer, un cross connect,entre le SBC et celui de l'opérateur. »Ou comment le basculement simple etrapide d'un opérateur à l'autre renforcela pression concurrentielle pour négo-cier les contrats.

UNE ADOPTION ENCORE TIMIDE

Malgré ces avantages et la maturité duprotocole de VoIP, force est de constaterque le Trunk SIP est loin d'avoir

« Avec le Trunk SiP,on.peutcommander de la connectivité aucanal près. C'estsimple et souple car ons'affranchit de la dimension matérielle »

Guillaume Prince-Labille, directeur marketing chez Nerim

submergé les entreprises en France.Selon Innov Research, 57% des PMEauraient commencé à migrer versla VoIP. Un chiffre qui tombe à 50%pour les ETI et grandes entreprises.Mais il s'agit d'une vue qui mixte àla fois migration des PABX vers lesIPBX et celle des canaux voix vers l'IP.Du coup, « seuls 25 % des canaux voixont été migrés en IP », précise OlivierMenez, directeur marketing commu-nications unifiées et collaboration chezOrange Business Services (OBS). Deson côté, Scholé Market recense 58 %des entreprises en VoIP aujourd'hui.« Des entreprises à partir de 1 salarié »,souligne Nicolas Amestoy, responsabledu cabinet d'études. Un taux qui intègredonc les petits commerces de proxi-mité souvent équipés de box grandpublic. D'autres chiffres circulent,probablement plus proches de la réalité.Environ un tiers des entreprisesauraient adopté desoffres de VoIP, dont28% sur site via un IPBX (ou PABXenrichi de passerelles IP) et 5% encloud PBX (ou Centrex/standardhébergé).

« L'écrasante majorité de ce qui existeen parc installé est encore sur lignesanalogiques et Numéris », confirmeChristophe Mathiolon responsablemarketing produits chez Alcatel-Lucent Entreprise, dont deux-tiersdes ventes en direction des PME sefont encore en analogique. « On voitclairement une hausse des raccorde-

Pour le patrond'Alphalink, le

rôle de l'opérateurévolue. Lesbrique voix

sont désormaisdes briques de

solutions CRM.

ChezThaïes,le Trunk SIPne fait pastoutLe groupe Thaïes a commencé

mi-2013 à migrer ses postes

analogiques vers l'IP pour48 des 57 sites en France.

Soit près de 54 000 postes,précise Philippe Excoffier,

responsable projets.

Le JDT : Quels avantageset inconvénients constatez-vous avec le Trunk SIP ?

PE : Les principaux avantagessont ceux de la flexibilité,

l'évolutivité, la centralisationdes liens, la massification descoûts. Mais il est impérieux

de réaliser un audit completdu périmètre pour réévaluer lesbesoins métiers pour prendre

en compte les contraintes derésilience. La DSI de Thaïes

a maintenu des liaisons T2, àminima pour les sites critiques.

Le JDT : Quelle architecture

avez-vous déployée

pour les Trunk SIP ?PE : Nous disposons de notre

propre réseau voix privé avecdes nœuds de transit quiregroupent les sites physiques

raccordés aux PBX. La répartitiondes sites est arbitrée par leslimites des PBX. La plupart des

problèmes rencontrés ont étérésolus par des solutions de

contournement à l'aide de SBC(Session Border Controller)

en frontal des SBC opérateurs.

ments, mais ce n'est pas la majorité »,confirme son homologue chez Mitel.Et de préciser que, au global en 2016,25% (20% en 2015) des accès réseauopérateur déployés par le fournis-seur canadien se font en Trunk SIP.Un taux qui monte à 45 % dans le casdes grandes entreprises. Et 70% dumarché reste encore équipé de postestéléphoniques analogiques.

LA VOIP N'EST PASLA PRIORITÉ DES PME

La mise à niveau de l'infrastruc-ture s'inscrit comme un des freins àl'adoption du tout IP et du Trunk SIP.D'autant que « la ToIP n'est pas

forcément moins chère », concèdeGuillaume Boulle. Pour lui, « la valeurn'est pas dans la téléphonie, mais dansles usages qui apportent la flexibilitéde configuration réseau, la mobilité duposte téléphonique, et évitent le doublecâblage. Mais cela nécessite un réseaud'entreprise prêt pour l'IP. » Des coûtsde câblage parfois trop lourds pourbasculer au tout IP. Et « la préoccupa-tion première desPME/PMI estde factu-rer. La téléphonie est le moindre de leursouci, tant que ça marche », constateNicolas Amestoy.

Dans quelques années, elles de-vront néanmoins s'en préoccuper. Ennovembre 2015, Orange a annoncél'arrêt de la commercialisation deslignes analogiques RTC pour fin2018. Et pour fin 2019 celle des lignesNuméris T0 et T2. Puis, à partir de la

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mi-2021, un arrêt progressif parplaques de l'exploitation des lignesconcernées. « Cela s'effectuera surplusieurs années », rassure le respon-sable chez OBS. De quoi laisser auxentreprises letemps de voir venir. Celleséquipés d'un PABX devront, a minima,y ajouter des boîtiers de conversionanalogique-numérique. Celles dotéesd'IPBX de moins de 10 ans pourrontprobablement basculer directement enIP. À condition de certifier la confor-mité de leur standard téléphonique etl'ensemble des équipements (termi-naux, messagerie, logiciels...) avec leTrunk SIP de l'opérateur. Fax, modem,services de télémaintenance, badgeuses,machines à affranchir, ascenseurs etautres terminaux de cartes bancairessur lignes analogiques devront bas-culer sur des solutions IP. Certainesexistent déjà (comme le protocole T38pour les fax ou l'interconnexion auréseau mobile pour les ascenseurs...).« Des développements de solutions sonten cours », assure Olivier Menez qui atout lieu de penser qu'elles seront prêtespour l'échéance « sinon on ne pourrapas migrer ».

LA FIN DU RTC, UNEFORMIDABLE OPPORTUNITÉ

Des équipementiers aux opérateursen passant par les intégrateurs, tousles acteurs que nous avons interrogésconsidèrent que la fin du RTC est uneformidable opportunité. « Il n'y a pasvraiment d'alternative au Trunk SIP »,

Trunk SIPvs IPBX Cloud

« Onne met pas de Trunkavec un Centrex », expliqueLaurent Marchai de Keyyo.

« Un Trunk SIPsert à connecterl'intelligence de l'IPBX au réseaude l'opérateur. Avec le Centrex,c'est l'opérateur qui gère cetteintelligence. Ona juste besoind'un lien. » Le modèle Centrex,

ou IPBX Cloud, devrait s'imposertant auprès des petites que

des grandes entreprises.Pour des raisons économiques.

« Pourquoi utiliser une machineà 20% de ses capacitésquand on peut la mutualiserpour plusieurs clients ? »,s'interroge-t-il.

« La tendance est d'externaliserl'IPBX au sein d'un hébergementtiers, renchérit Raphaël Salmon

chez Interoute. L'entreprises'affranchit ainsi des contraintesmatérielles. » Un avantagepoussé par le développementdes communications unifiées.

«Il y a indéniablement uneévolution vers le cloud, estimeOlivier Menez chez OBS. Le

tout IP va favoriser ce typed'installation. » Reste à savoir

quand. « Personnellement, je neme prononce plus sur l'évolutionde cette offre, ça fait 10ansqu'on dit qu'elle va exploser »,souligne Laurent Marchai.

Laurent Marchai, directeurdes ventes chez Keyyo

selon Grégoire Boutonnet, directeurmarketing de l'éditeur de solutionsde téléphonie Cirpack. « Une oppor-tunité qui va pousser les entreprises àréfléchir aux bénéfices de la VoIP et sesservices», avance-t-on du côté de Mitel.Lesalternatifs entendent également tirerparti de la situation. « L'arrêt du RTCva pousser les gros acteurs à communi-quer sur une nouvelle technologie. Si jene récupère que les miettes d'Orange,ce sera déjà énorme », illustre LaurentMarchai chez Keyyo. « La pressionconcurrentielle est un fait, mais elleétait déjà bien présente sur les offres deraccordements RNIS »,nuance-t-on ducôté de SFR (filiale d'Altice, au même

titre que le Journal des télécoms, ndlr.)qui néanmoins observe « une belledynamique sur les offreurs de TrunkSIP,notamment sur le basdu marché. »Une dynamique qui pourrait amenerà un mouvement de concentrationoù les opérateurs de taille moyennerachèteraient les plus petits ou lesplus spécialisés. Comme on a pu levoir avec Foliateam qui a absorbéAcropolis en novembre 2015 et CirqueFrance l'été dernier. Avant de se voirà leur tour racheter par les plus gros ?Avec le tout IP, la prochaine décenniepromet de belles batailles enperspective sur le marché français destélécoms. • EDMOND ARCAY

IBSSolutions : le Trunk SIPpour la fiabilitéInstallé à Lille, IBS Solutions

loue des espaces de bureauxavec une quarantaine d'accès

voix en architecture Trunk SIP.

Le JDT Vous êtes passé

du Centrex au Trunk SIP

sur site. Pourquoi ?

Denis Thellier (gérant) :Pour des questions de fiabilité.Le Centrex nécessite une très

bonne connexion Internetet certaines fonctionnalités

indispensables pour nousn'étaient pas disponibles.Le Trunk SIP apporte la

souplesse de l'IP avec lafiabilité de l'analogique.

Le JDT Comment opérez-vous la gestion de l'IPBX ?

DT : Installé dans la baie

informatique le matériel ne

DenisThellier,gérantd'IBSSolutions

demande pas de maintenance

particulière. Je gère moi-même le paramétrage des

numéros depuis l'interfacemanager. Quand je suis bloqué,l'opérateur m'assiste à distance.

Le JDT Quelle liaisonavez-vous choisi ?

DT : Nous avons fait tirer

une fibre optique par Nerim.C'est largement suffisant pour

nos besoins et nous a permis

d'économiser plus de 50 %sur les coûts d'abonnements.

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